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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 16:19

 

Source : mediapart.fr

 

Madagascar : le coup de force sans scrupule du Crédit agricole

|  Par Laurent Mauduit

 

 

Malgré le veto des autorités politiques et financières de Madagascar, le Crédit agricole est en passe de vendre la principale banque du pays, la BNI, à un groupe d'investisseurs qui n'a ni compétence ni expérience bancaire. 

Alors que les autorités de Madagascar s'y sont opposées à de nombreuses reprises, le Crédit agricole veut vendre sa participation majoritaire dans la plus grande banque du pays à des investisseurs qui ne présentent pas les garanties suffisantes. Et le passage en force est peut-être en passe de réussir : selon un communiqué que vient de publier le premier ministre de ce pays et d'après les différentes autorités de tutelle, l’opération de cession avance. Sans scrupule, la banque française pourrait donc se délester sans la moindre précaution d’une participation dont elle ne veut plus, dans un pays qui est pourtant miné par l’affairisme.

Ce projet de cession par le Crédit agricole des 51 % qu’il détient dans l’une des deux principales banques du pays, la BNI Madagascar, à un groupe d’investisseurs qui n’ont quasiment aucune expérience bancaire, Mediapart en a tenu la chronique ces dernières semaines. On peut en retrouver les plus récents rebondissements dans nos deux dernières enquêtes : Madagascar : l’insoutenable légèreté du Crédit agricole et Le Crédit agricole essuie un camouflet éthique à Madagascar.

En résumé, les principales instances de régulation du système bancaire à Madagascar se sont à plusieurs reprises opposées à ce projet de cession, estimant que les candidats au rachat ne présentaient pas les garanties suffisantes ni ne disposaient de l’expérience bancaire nécessaire. Mais à chaque fois, la banque française a passé outre ces injonctions, bien que l’ambassadeur de France à Madagascar ait plaidé le 14 juillet dernier pour un « assainissement radical du climat des affaires ».

Cette opposition au projet a même pris récemment une forme spectaculaire puisque le premier ministre du pays, Jean-Omer Beriziky, a adressé une lettre en date du 2 novembre 2013, que Mediapart a révélée, aux principales autorités de tutelle du secteur bancaire, expliquant les raisons de son veto. Le premier ministre faisait en particulier ces observations : « Dans un souci majeur de préserver de façon pérenne la solidité du système bancaire et financier à Madagascar, il me paraît urgent et crucial d’intégrer cette notion de banque de référence internationale/banque de premier ordre parmi les critères techniques fondamentaux d’agrément des banques dans notre pays. Le consortium qui postule actuellement au rachat de la BNI ne dispose pas de cette expérience. Par ailleurs, ses membres opèrent dans plusieurs domaines d’activité, dont l’immobilier, la téléphonie mobile, l’import-export, la concession automobile, etc. Il est évident que les principaux clients de la BNI qui exercent dans les mêmes secteurs éprouveront de la réticence à soumettre leurs dossiers confidentiels à une banque détenue par la concurrence (…) Il y a de fortes chances pour que cette situation aboutisse à la fuite de ses gros clients, dont les dix premiers, à eux seuls, génèrent plus de 80 % des résultats de la BNI, ce qui fragilisera dangereusement et rapidement la situation financière de la banque et créera même une perturbation du système financier en général. »

Et pour conclure cette lettre, le premier ministre ajoutait : « L’État, en tant que tutelle du secteur, encourage la recherche de partenaires ou l’introduction de nouvelles banques à Madagascar mais suggère la mise en œuvre d’un dossier d’appel d’offres ouvert en ce qui concerne le cas de la BNI. » C’était donc dit clair et net : le dossier a été jusqu’à présent traité en dépit du bon sens ; il est urgent d’arrêter de faire n’importe quoi, en tolérant d’invraisemblables conflits d’intérêts, qui risquent d’enfoncer le pays un peu plus dans l’affairisme.

L’opposition du premier ministre malgache à cette opération se comprend sans peine car les candidats au rachat ne sont pas du tout issus du monde de la banque. Il s’agit d’une part d’un consortium dénommé Ciel, qui fait partie du groupe mauricien Indian Ocean Financial Holdings Ltd ; et d’autre part, d’un autre homme d’affaires, dénommé Hassanein Hiridjee, dont la holding dénommée Trielite est immatriculée aux îles Vierges britanniques. De nationalité française, ce « Karan » – comme on appelle à Madagascar ceux qui sont originaires d’Inde – est un proche du président de la Transition, Andry Rajoelina. L’homme d’affaires Hassanein Hiridjee contrôle par ailleurs First Immo, une grosse société de développement immobilier opérant à Tananarive. Le même homme d’affaires a, enfin, mis la main dans des conditions controversées sur le principal opérateur téléphonique de Madagascar, Telma (les anciens Téléphones de Madagascar), lors de la privatisation des réseaux téléphoniques, société Telma qui est aujourd’hui lourdement endettée. Pour la petite histoire, ce même Hassanein Hiridjee est aussi une connaissance de Bernard Tapie avec lequel il avait un temps songé à s’associer pour faire une offre pour la BNI.

On comprend donc les craintes du premier ministre malgache et le ton très ferme de son communiqué. Or, cette fois encore, le Crédit agricole, au lieu de chercher un nouvel acquéreur comme il y était invité, a choisi de tenter de passer en force. Et cela est peut-être en train de réussir.

Que s’est-il passé dans les jours qui ont suivi le 2 novembre ? Dans les coulisses du pouvoir et des milieux d’affaires malgaches, quelles intrigues nouvelles se sont-elles nouées ? Et, à la veille du second tour de l’élection présidentielle malgache, qui doit avoir lieu le 20 décembre, le Crédit agricole, a-t-il fait le calcul d’aller vite, de peur que son projet ne puisse rencontrer de nouvelles difficultés au lendemain du scrutin ? En tout état de cause, le fait est là : en quelques jours, le projet d’acquisition, qui semblait enterré, a presque abouti. Le 13 décembre, le premier ministre de Madagascar, le ministre des finances, la direction générale du Trésor et la Commission de supervision bancaire et financière de ce pays ont publié un communiqué commun, signalant que trois jours plus tôt, une réunion avait été organisée entre toutes les parties prenantes de l’opération. Et le communiqué ajoutait : « À l’issue d’un examen approfondi et d’un débat de fond, l’ensemble des représentants de l’État et des autorités de tutelle a avalisé le principe de la cession du contrôle de la BNI. »

Magique, non ? Sulfureux, le projet de cession est subitement devenu tout à fait présentable…

L’affaire n’est peut-être pas totalement bouclée. Car, au lendemain de l’élection présidentielle, il ne faut pas exclure d’ultimes rebondissements. Mais la morale de l’histoire est déjà transparente : l’ancienne puissance coloniale qu’est la France, et qui dans le passé s’est si mal comportée à l’égard de Madagascar, avait une obligation d’exemplarité – une obligation d’autant plus forte que la Grande Île est un pays ravagé par la misère et l’affairisme.

Et pourtant, la France s’est affranchie de cette obligation sans le moindre scrupule, laissant le Crédit agricole faire à sa guise ses petites affaires à Madagascar. Il aurait suffi d’un mot du ministre français des finances, Pierre Moscovici, ou de celui des affaires étrangères, Laurent Fabius, à l’adresse de Xavier Musca (ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy), qui gère ce dossier à Paris pour le Crédit agricole, pour que la banque française rentre dans le rangs. Ce mot n’est visiblement jamais venu…

 

 

Source : mediapart.fr

 

 

 

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 16:13

 

 

Source : rue89lyon.fr

 

  • 9:15 - 11 décembre 2013
  • par Laurent Burlet

 

Ouvrir des squats : une solution pour héberger les SDF ?

 

La semaine dernière, des militants du droit au logement ont ouvert un squat dans le 4e arrondissement de Lyon pour héberger trois familles SDF. Ils l’ont fait avec l’appui de la maire du premier (en congé du PS). Nathalie Perrin-Gilbert justifie cette violation de la loi par une autre loi, le droit inconditionnel à un hébergement. 

Ce samedi, ils étaient entre 50 et 80 personnes à répondre à un appel du « Collectif logement » de Lyon pour aller « officialiser » un squat ouvert sur le plateau de la Croix-Rousse. Le but était de reloger trois familles de Roms expulsées le lundi quai Perrache d’un autre bâtiment occupé. Ce samedi, une dizaine de camionnettes de CRS se sont également déployées sur les lieux. Mais ce samedi soir, la police n’a pas bougé.

Le lendemain en début d’après-midi, changement de stratégie. La police a finalement procédé à l’expulsion de cette maison inoccupée, située rue Henri Gorjus, remettant à la rue une vingtaine de personnes. Une famille avec enfants de moins de trois ans aurait été relogée selon la préfecture.

Concernant la légalité de l’expulsion, la préfecture du Rhône considère, au terme d’une enquête de voisinage, que la présence depuis plus de 48 heures n’était pas attestée. La police était donc fondée à expulser immédiatement les occupants, sans avoir à passer devant un tribunal. Une décision de justice est en effet nécessaire si des squatteurs sont installés depuis plus de 48 heures dans un lieu.

Cette version de la préfecture est contredite par les membres du « Collectif logement », à l’origine de l’ouverture de ce squat, qui parlent « d’expulsion illégale ». Comme preuve, ces spécialistes des ouvertures de squats disent avoir fait envoyer une lettre recommandée réceptionnée jeudi par une des familles. Ce qui prouverait leur présence depuis au moins cette date-là.

squat-52-rue-henri Gorjus-Lyon4

La maison du 52, rue-henri Gorjus (Lyon 4e) squattée brièvement la semaine dernière. Capture d’écran Google View.

 

« Désobéissance civile »

Présente sur les lieux, le samedi et le dimanche, la maire du premier arrondissement affirme également avoir eu en main cette fameuse lettre recommandée.

Elue de la République, Nathalie Perrin-Gilbert défend ces personnes qui ouvrent des squats en violation de la loi. Elle parle d’une action de « désobéissance civile » et appuie le discours porté par ce « Collectif logement ». Un de ses membres, sous couvert d’anonymat, nous explique la démarche :

« A Lyon, il y a des milliers de logements vides et des milliers de personnes à la rue. Il n’y a pas de problème de logement mais un problème de volonté politique. L’Etat a les moyens juridiques de réquisitionner mais ne le fait pas. Nous, nous le faisons ».

L’« Etat », en l’occurrence la préfecture qui le représente dans le Rhône, a déjà réquisitionné des bâtiments vides ou des terrains. C’est ce que le préfet a fait en novembre pour héberger à Oullins les demandeurs d’asile qui campaient sous un pont à Perrache.

Mais cette réquisition tout comme les places d’urgence ouvertes pour le plan froid ne sont pas suffisantes pour héberger tous les SDF et les mal logés. Tous les acteurs de l’urgence le reconnaissent. Tous les jours, depuis le début de la période hivernale, on compte près de 800 personnes qui ne trouvent pas de solution en appelant le 115. Lundi 9 décembre au soir, ils étaient précisément 788 SDF à être « sans solution » d’hébergement.

Pour autant, la préfecture considère ces ouvreurs de squats du « Collectif logement » comme une trentaine « d’anarchistes fauteurs de trouble » et surtout pas comme des supplétifs de la politique d’hébergement.

 

« C’est l’Etat qui ne respecte pas la loi »

Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement de Lyon

Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement de Lyon

Si la préfecture ne veut pas entendre parler d’ouverture de squat, comment une élue parvient-elle à défendre cette démarche ?
Nathalie Perrin-Gilbert avoue qu’elle n’est pas une « fana » de ce genre d’ouverture de lieu.

Mais elle partage le diagnostic du « Collectif logement ».

Elle tranche : « c’est l’Etat qui ne respecte pas la loi », en se référant à la loi qui prévoit un droit opposable et inconditionnel à l’hébergement :

« Il ne faut pas inverser les choses. Ce ne sont pas les personnes qui défendent le droit au logement (qui ouvrent des squats, ndlr) qui sont fautifs mais l’Etat qui ne parvient pas à héberger près de 1 000 personnes tous les soirs à Lyon. Je ne peux pas reprocher à ces jeunes gens de démontrer que la réquisition est possible ».

 

« Il n’y a pas de bons squats »

Elle qui prépare activement le programme commun de son groupe de réflexion, le GRAM allié au Front de gauche, appelle de ses voeux la multiplication des réquisitions des bâtiments vides. Elle évoque notamment le bâtiment de l’ancien collège Truffaut dans le premier arrondissement.

« Le préfet peut réquisitionner. Mais on est face à un blocage politique. Le maire de Lyon ne veut pas en entendre parler pour des raisons électorales ».

Gérard Collomb ne s’en cache pas. Il n’est pas favorable à l’augmentation des capacités de l’hébergement d’urgence dans l’agglomération lyonnaise.

Au lendemain de la mort de trois personnes dans une usine squattée en mai dernier, il avait spécialement organisé une conférence de presse notamment pour fustiger ceux qui encouragent de façon « irresponsable » que de tels squats existent. Face à ce « problème des squats », Gérard Collomb avait appelé chacun à avoir une « attitude responsable » :

« La France a une grande tradition d’accueil. Mais ceux qu’elle accueille, elle doit le faire dignement. Le Grand Lyon fait beaucoup d’efforts mais nous ne pouvons pas accueillir tous ceux qui rencontrent des difficultés dans le monde ».

Il avait réaffirmé les deux axes de sa politique :

  • La poursuite des démantèlements de squats. Et même « ne pas laisser les gens s’installer car « les gens squattent au péril de leur vie ». Pour lui, il ne peut y avoir en effet de « bons squats ».
  • Résoudre « les problèmes des Roms » dans leur pays d’origine pour « qu’ils ne viennent pas à Lyon ». Avec le développement de programme de coopération décentralisée menée par le Grand Lyon à Tinca en Roumanie.

La réponse à ces deux expulsions de squats en une semaine et à la politique menée par le Grand Lyon est l’organisation d’un rassemblement ce jeudi devant le Grand Lyon pour, une fois de plus, demander la réquisition de logements vides.

D’ores et déjà, ce « Collectif logement » promet de continuer à ouvrir d’autres bâtiments vides. Depuis sa création début septembre, ce groupe revendique la création d’une dizaine de squats.

 

 

Source : rue89lyon.fr

 

 

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 16:07

 

Source : rue89lyon.fr

  • 9:00 - 17 décembre 2013
  • par Leïla Piazza
A Lyon, une boulangerie bio livre à vélo et carbure à l’autogestion

 

 

Un boulanger qui ne travaille ni la nuit ni le week-end, c’est possible. Depuis deux ans, une bande d’idéalistes fait du pain bio, livré en vélo à Lyon. Et comme si le pari n’était pas assez fou, la coopérative, « La Miecyclette » vise l’autogestion.

 


Emmanuel et Rachid au pain

Emmanuel et Rachid sortent la dernière fournée de pain du four à bois. © Leïla Piazza / Rue89Lyon


 13h30 : la dernière fournée de pain de la journée sort toute chaude du four à bois, aussitôt mise en sac et chargée sur un vélo triporteur à assistance électrique. L’idée de cette boulangerie lancée en février 2012 pouvait paraître farfelue.

Créer une entreprise qui fait du pain bio selon des techniques ancestrales (pétrin à la main, four à bois), le tout livré en vélo dans l’agglomération lyonnaise pour limiter le bilan carbone de l’entreprise.

Mais au bout de presque deux ans d’expérience, le bilan est plutôt positif, annonce fièrement Rachid, l’un des quatre membres de la Miecyclette :

« Tout ce qu’on avait idéalisé, on l’a mis en place ».

Les trois créateurs de la Miecyclette (Emmanuel, Rachid et Christophe), seront bientôt rejoints par une quatrième personne (Julien).

 

Le pain est doublement bio

Le pain est à la fois doté du label AB et certifié Nature en Progrès.

« C’est un label plus large, explique Rachid. Cela implique des critères en terme de pollution mais aussi sur la manière de travailler. »

Les ingrédients sont soigneusement choisis : farine bio moulue sur une meule en pierre, sel de Guérande d’un producteur artisanal, graines bio et locales. Même l’eau est filtrée pour enlever le chlore.

 

« Mettre la main dans le pétrin »

Mais il n’y a pas que la composition du pain qui fait la différence. A la Miecyclette, le pain est fabriqué « à l’ancienne ». C’est-à-dire avec un minimum de machines. Il est pétri à la main, avec du levain (et non pas de la levure chimique) et cuit dans un four à bois.

Un savoir-faire enseigné à Rachid par un boulanger de Villefranche-sur-Saône, lorsque celui-ci préparait son CAP boulangerie. Une méthode que Rachid a ensuite transmise à ses collègues, comme à Julien :

« Ca lui semblait évident de continuer comme ça. Mais il y a aussi des raisons plus philosophiques et politiques. On a une réflexion sur l’aliénation que représente le fait de travailler avec des machines. »

Son collègue, Christophe, explique :

« Lorsque tout est mécanisé, on ne travaille plus à un rythme humain. C’est une mini-usine. Et puis, pour sentir ce qu’on fait, il faut mettre la main dans le pétrin. On peut ressentir où en est la pâte, son niveau d’humidité, etc. »

levain Miecyclette

Ici, le pain est fait avec du levain et pas de la levure chimique. ©Leïla Piazza / Rue89Lyon

 

Pour la baguette, on repassera

Le résultat de ces techniques ? Ici, il ne faut pas venir acheter une baguette. On ne trouvera que des gros pains de 1kg, compacts, qui se conservent et vendus au poids. Et de différentes sortes : complet, demi-complet, blanc, au sésame, au tournesol et au lin, aux raisins et aux noisettes ou encore à la farine de petit épeautre…

Le mode de vente est lui aussi surprenant. Les quatre boulangers ont une boutique située dans le 8e arrondissement de Lyon, certes. Mais ce n’est pas l’essentiel de leur activité. La majorité de leurs ventes se font par le biais d’intermédiaires soigneusement choisis : des amap, des épiceries bio ou équitables, des groupements d’achats, des collectivités…

Le choix du bon produit ou l’art du compromis

Dans cette boulangerie, la balance ne sert pas qu’à peser les ingrédients. Elle permet aussi de faire l’équilibre entre idéalisme et réalisme. « On n’a pas la volonté d’être intégristes », sourit Christophe. Ils essaient plutôt de faire des « choix éclairés », comme ils disent, en privilégiant le bio et la proximité.

Pour les farines, il s’agit d’un moulin qui travaille en biodynamie dans l’Allier.

« La biodynamie  implique un cahier des charges plus exigeant que le label AB. Et aussi l’autonomie de la ferme », explique Christophe.

Bien sûr, ils auraient pu trouver plus près. Surtout que leurs blés proviennent d’assez loin.

« Là dessus on n’est pas exemplaires », reconnaît Christophe.

Ils ont été obligés de faire un compromis, expliquent-ils, car dans le département, il n’y a pas de structure capable de fournir autant de farine avec la même qualité.

« Avant même le critère de proximité géographique, on préfère connaître les producteurs, soutient par ailleurs Julien. Il existe des plateformes bio. Mais on ne connait pas les paysans. »

A l’inverse, ils ont un sourire malicieux lorsqu’ils parlent de « Pascal le Paludier », celui qui les fournit en sel de Guérande et qui leur envoie régulièrement des lettres pour leur dire le plaisir qu’il a à travailler avec eux et à éviter ainsi les circuits de la grande distribution.

Un choix bien réfléchi, encore une fois, explique Rachid :

« A la base, on a cherché en Méditerranée. Mais tout a été racheté par La Baleine. Il a fallu aller sur la façade atlantique pour trouver des indépendants, qui travaillent de façon artisanale. »

Lorsque cela est possible par contre, ils se fournissent au plus près, comme pour les graines ou la farine de chataigne.

« On est à Lyon, commente Christophe. C’est compliqué. Quand tu t’installes en ville, tu es obligé de faire des compromis. »

 

Vélo Miecyclette

Il faut environ 2h30 de tournée chaque jour pour livrer les différents clients collectifs. Ce jour-là c’est Christophe qui s’y colle. ©Leïla Piazza / Rue89Lyon

 

Des stars locales

Ca c’est ce que tout le monde sait de la Miecyclette, entreprise largement médiatisée depuis son lancement.

Dans les premiers mois qui ont suivi sa création, tous les médias alternatifs et locaux en ont parlé. Que ce soit France 3 Rhône-Alpes, Le Progrès à plusieurs reprises ou encore Tribune de Lyon, qui a fait sa Une sur l’entreprise en mai 2012.

Encore il y a quelques jours, on parlait de l’entreprise dans les médias nationaux : La Vie y a consacré un reportage en partenariat avec l’émission de France Inter, Carnet de Campagne.

 

Une coopérative autogestionnaire

Ce que l’on sait moins c’est que la Miecyclette est une utopie alimentaire et écologique mais c’est aussi un projet social.

A l’origine, les trois associés se sont connus par le biais d’une association qui avait lancé une réflexion sur un projet de livraison de pain en vélo. Ils se sont reconnus dans cette idée et ont commencé à travailler ensemble à sa réalisation. Ils se sont finalement montés en société coopérative de production (Scop).

Cette structure juridique impose des critères de démocratie au sein de l’entreprise. Un salarié-associé = une voix. Et les bénéfices sont partagés à part égale. Des valeurs dans lesquelles se retrouvaient parfaitement Christophe, Rachid et Emmanuel. Mais ils ont voulu aller plus loin. Ils ont notamment décidé de tous se rémunérer au même niveau, celui le plus élevé. Ainsi, quelles que soient leurs qualifications, ils touchent le salaire d’un boulanger-pâtissier (1300 euros net) alors que seul Rachid avait le savoir-faire à la base.

« J’ai apporté la compétence boulangère mais d’autres ont apporté leur savoir concernant les livraisons en vélo par exemple. Chacun a des compétences utiles », tient à relativiser Rachid.

« L’autonomie, le plus important à reconquérir »

A la Miecyclette, on parle d’autogestion. Les décisions sont prises en commun. Mais pas question de voter, comme l’explique Emmanuel :

« Ca obligerait certains à travailler dans un sens qui ne leur conviendrait pas. »

Les salariés-associés organisent des réunions hebdomadaires pour prendre les décisions importantes pour l’entreprise, raconte Rachid :

« On travaille au consensus. Cela prend parfois du temps, celui de la réflexion. Mais en général ça marche pas trop mal car on a tous une approche constructive. On essaie de sortir de nos partis pris et de reconnaître lorsqu’on a tort. »

 

Julien, Emmanuel et Rachid - Miecyclette 

A la Miecyclette, tous les choix sont discutés collectivement. De gauche à droite : Julien, Emmanuel et Rachid. ©Leïla Piazza / Rue89Lyon


Et à les regarder, effectivement, l’entente semble bonne. La recette ? « Des caractères compatibles », des valeurs communes et un an de discussions avant de se lancer. Mais pour Julien, qui vient d’être embauché, il ne faut pas oublier un ingrédient majeur :

« Il y a surtout la volonté chez chacun de prendre en charge soi-même les tâches que l’on peut réaliser, sans se reposer sur les autres. Si on arrive dans ce genre d’aventure avec une mentalité de salarié, ça ne fonctionne pas. L’autonomie, pour moi c’est le plus important à reconquérir aujourd’hui. Même si ce n’est pas évident. C’est moins confortable que d’être ingénieur dans une grande entreprise. »

 

Un boulanger qui ne travaille pas le week-end et la nuit

Les quatre membres de la Miecyclette ont décidé de ne pas se tuer à la tâche. Christophe en rigole :

« Boulanger, c’est éreintant dans la tête des gens. Quand on leur dit qu’on ne travaille pas la nuit et le week-end, ils sont presque déçus. »

Ils donc décidé d’allier la qualité de production à la qualité de vie. Et comme leur pain se conserve, c’est parfait. Cela demande un peu d’organisation toutefois. En effet, la confection du pain démarre à 7h le matin. En début d’après-midi, lorsque sort la deuxième fournée de pain (180 kg sont fabriqués chaque jour), aussitôt la personne chargée des livraisons prépare les commandes, les charge sur le vélo triporteur à assistance électrique (qui transporte jusqu’à 150 kg) et file livrer le pain dans l’agglomération lyonnaise (même si la majorité des clients se trouvent en centre-ville). Et à 16h30, quatre fois par semaine, la boulangerie ouvre ses portes pour vendre directement aux gens du quartier. Une savante organisation à laquelle s’ajoute un marché du soir une fois par semaine.

 

Rotation des postes partielle

Et comme si cela n’était pas déjà assez compliqué, les quatre associés de la Miecyclette ont décidé d’établir une rotation des postes. Mais pas totale. Par exemple, certains font deux jours de boulangerie dans la semaine, d’autres un seul.

Chacun garde ses prérogatives mais petit à petit chacun apprend à réaliser toutes les tâches de l’entreprise. Christophe raconte :

« Avant, Rachid ne faisait que le pain. Maintenant, Julien le remplace. Comme ça, Rachid peut tenir le magasin une fois par semaine. C’est valorisant, il voit le résultat de son travail. »

Et Rachid d’ajouter :

« On a aussi instauré ce système car sinon, comme à la base j’étais le seul à savoir faire du pain, cela aurait été difficile pour la survie de l’entreprise si je partais. Et puis, c’est important d’avoir un regard extérieur et naïf. Cela permet de se remettre en question et de trouver de meilleures manières de faire. »

préparation commandes - Miecyclette

La préparation des commandes, une opération méticuleuse, explique Julien. ©Leïla Piazza / Rue89Lyon

« Ne pas s’exploiter soi-même »

Aussitôt, Christophe précise :

« Le but n’est pas non plus d’être totalement interchangeables comme chez Amazon. On a tous nos spécificités. Mais on est contre la spécialisation et la segmentation à outrance. »

Pas de segmentation trop forte des tâches donc, pas de travail en poste non plus.

Ils essayent également de limiter le temps de travail. « On voudrait sortir du mythe selon lequel un artisan travaille 70 heures par semaine », affirme Christophe :

« On essaie de concilier des exigences qualitatives avec un temps de travail normal. Du coup, on se restreint en terme de variété de pains. Sinon, on travaillerait 80h par semaine. »

L’entreprise est jeune, alors pour le moment ce n’est pas réalisable. Mais à terme, ils ont comme objectif d’atteindre les 35h hebdomadaires D’ailleurs, pour cela, ils imaginent déjà embaucher une cinquième personne.

Julien résume le crédo de l’entreprise en quelques mots :

« Notre équation : faire du pain bio, de qualité, le plus abordable et sans s’exploiter ou exploiter les autres. Cela n’aurait pas beaucoup de sens d’être en autogestion et de s’exploiter soi-même. »

boutique

Quelques curieux viennent observer la vitrine de la boutique. © Leïla Piazza / Rue89Lyon

 

« C’est que du pain pour bobo » ?

«  Si on n’avait pas cette volonté d’ouverture sur le quartier, le magasin serait fermé », poursuit Christophe.

Il faut dire que ce ne sont pas les ventes à la boulangerie qui font tourner l’entreprise. La Miecyclette s’est installée dans un quartier populaire du 8e arrondissement, avenue Paul Santy. Avec des tarifs plus élevés que ceux de la baguette classique (mais pas forcément plus que les pains spéciaux vendus en boulangeries et grande surfaces), la clientèle a encore du mal à y émerger.

« Mais on tient aux ventes à la boulangerie ! s’exclame Julien. On ne veut pas entretenir la critique classique, qui dit « c’est que du pain pour bobo ! » »

C’est un peu le hasard qui les a amenés dans ce quartier. A l’origine, la Miecyclette voulait s’installer à la Guillotière, où se situe l’essentiel de sa clientèle. Problème : les tarifs des commerces étaient trop élevés.

« Mais c’est intéressant, tempère Julien. On est en train de conquérir une clientèle difficile. »

Son collègue Christophe enchaine aussitôt (ici, l’un finit souvent les phrases de l’autre) :

« C’est intéressant de vendre à des personnes qui ne sont pas sensibilisées au bio. Au départ, elles voient ça comme une arnaque et disent que le pain est trop cher, qu’on fait pas de baguettes. Au final, petit à petit, on arrive à convaincre des réfractaires, qui trouvent que finalement, le pain est bon et que c’est pas si cher. »

Un travail de longue haleine, qui porte tout doucement ses fruits. Mais de là à parler de mixité sociale dans leur clientèle, il y a un pas que Rachid ne franchira pas :

« Il y a relativement peu de mélange dans le quartier. Il y a un gros clivage entre, d’un côté, des retraités de classes moyennes qui ont acheté des maisons individuelles dans les années 70-80 et une catégorie plus populaire, qui vit en immeuble. Eux, on ne les voit quasiment jamais. Il y a une distance géographique, ils sont plus proches d’autres commerces. Et puis ils ne sont pas sensibilisés au bio, trouvent ça trop cher. »

 

Rachid à la vente-Miecyclette 

La boutique est ouverte quatre soirs par semaine. ©Leïla Piazza / Rue89Lyon

Christophe, tout comme ses trois collègues, le regrette :

« On ne veut pas faire du pain que pour les riches. Mais la réalité c’est qu’on a plus des gens CSP + ou des babas-cools qui viennent par conviction… »

Pourtant, ils ne baissent pas les bras. Et cherchent des recettes. Régulièrement, ils organisent des journées portes ouvertes pour rencontrer les gens du quartier. Et puis, ils ont mis en place la vente du pain de la veille à prix libre.

Un premier coup de pédale pour un processus sans doute long et complexe.

 

Source : rue89lyon.fr

 

 

 

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 15:59

 

 

Source : bastamag.net

 

Eurovegas : le méga-projet de « Las Vegas espagnol » définitivement abandonné

par Sophie Chapelle 17 décembre 2013

 

 

 

C’est la mort d’un projet pharaonique : douze hôtels de 3000 chambres chacun, incluant casinos ou terrains de golf, à Madrid. Le groupe américain Las Vegas Sands a annoncé le 13 décembre qu’il renonçait à investir plus de 30 milliards de dollars dans ce projet controversé baptisé « Eurovegas ». Le directeur de Las Vegas Sands, Sheldon Adelson, 16e fortune mondiale, avait promis la création de 164 000 emplois directs et 97 000 indirects. La panacée pour un pays plombé par 26 % de chômage ! Mais en échange de la création de milliers d’emplois, le magnat étasunien exigeait la révision du droit du travail, de la protection sociale, et la remise en cause de la loi de prévention sur le blanchiment d’argent… (lire notre enquête).

Alors que la pose de la première pierre était prévue fin 2013, de nouvelles exigences du groupe américain ont achevé d’enterrer le projet. Des représentants du gouvernement ont évoqué « de nouvelles conditions […] de nature fiscale, de restrictions à l’entrée de nouveaux opérateurs sur le marché et de blindage juridique de son investissement ». Ni le gouvernement espagnol, ni la Commission européenne n’ont acceptées ces conditions. 

La mobilisation de la plateforme Eurovegas No a également été décisive. En publiant de nombreux rapports sur les impacts économiques et environnementaux du méga projet, elle « a contribué à ouvrir les yeux de la société » et à « arrêter un projet insensé », souligne la fédération Ecologistas en Acción. Mais leur slogan « Ni ici, ni ailleurs » demeure d’actualité. La compagnie Las Vegas Sands affirme désormais chercher des « opportunités en Asie ».

 

 

 

 

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 15:38

 

Source : politis.fr

 

Par Erwan Manac’h - Suivre sur twitter - 18 décembre 2013
Russie : les 30 de Greenpeace amnistiés

 

 

La nouvelle a été annoncée ce mercredi matin sur le site de Greenpeace : les 30 militants emprisonnés en Russie à la suite d’une action menée dans l’Arctique sont sur le point d’être amnistiés. La Douma, le Parlement russe, doit voter cette après-midi une loi d’amnistie comportant un amendement permettant la levée de toute poursuite à leur encontre.

« Dès que la loi d’amnistie aura été votée, la procédure judiciaire sera définitivement terminée et les charges de hooliganisme qui pèsent sur eux seront abandonnées », ajoute l’organisation internationale qui ne « masque [pas] un certain soulagement ».

Greenpeace rappelle toutefois que le combat continue :

« Les 30 de l’Arctique n’auraient jamais dû être confrontés à cette situation. Le combat pour l’Arctique doit continuer ! Avec vous. »

Source Greenpeace

 

 

 

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 15:34

 

 

Source : bastamag.net

 

Gaz de schiste : sur les barricades de Pungeşti, en Roumanie

par Antoine Simon, David Heller 17 décembre 2013

 

 

 

C’est devenu le cauchemar de la multinationale américaine Chevron. Depuis octobre dernier, les habitants du petit village de Pungeşti, en Roumanie, s’opposent aux travaux d’exploration des gaz de schiste. Antoine Simon et David Heller, de l’ONG Friends of the Earth Europe, étaient sur place le 7 décembre dernier. « Leur périlleux combat illustre le ton de la bataille qui commence à se mener aux quatre coins de l’Europe contre l’expansion européenne de ce nouveau type d’énergie extrême », assurent-ils. Témoignage en images.

Une fois arrivé à Pungeşti vers 10h, après cinq heures de route au nord de Bucarest dans l’est de la Roumanie, nous sommes rapidement arrêtés par le barrage policier contrôlant le moindre accès à la seule route menant jusqu’au village. La police vérifie les papiers de notre conducteur et nous autorise à continuer notre chemin. Nous apprendrons un peu plus tard que nous étions le dernier véhicule à avoir pu accéder au village cette journée-là. Des dizaines de manifestants solidaires venus de toute la Roumanie seront retenues plusieurs heures au niveau du barrage. Premier aperçu de ce quoi à ressemblera les 24 heures qui suivront, entre abus d’autorité, ingérence injustifiée et arbitraire constant des services de police déplacés sur le site.

Nous avons décidé de voyager jusqu’à Pungeşti afin de montrer aux populations locales engagées notre solidarité à l’égard du combat qu’elles mènent contre Chevron et ses projets de développement de gaz de schiste dans la région. Un combat que nous estimons justifié et fondé compte tenu des risques importants entourant cette activité industrielle (impliquant l’usage de la fracturation hydraulique) qui pollue les eaux souterraines que ces communautés rurales – non reliées aux circuits de distribution de l’eau – utilisent pour toutes leurs activités quotidiennes.

« Chevron n’a fait aucune tentative pour engager un débat »

Mi-octobre, une série de manifestations pacifiques des villageois avaient permis de mettre en échec les premières tentatives de Chevron d’accéder au site. Le géant américain s’était alors vu contraint de suspendre ses activités pendant plusieurs semaines et d’admettre l’importance du soutien des populations locales dans de pareils cas. Un campement en face du site a alors été établi par les villageois, il allait vite devenir une base de regroupement pour les opposants à Chevron et à ses projets de développement de gaz de schiste dans la région. Pourtant, aucune tentative de la part de Chevron n’a été faite pour engager un débat ou négocier avec les communautés locales. Début décembre, plusieurs centaines d’hommes de la police anti-émeute roumaine sont venues déloger manu militari les habitants du campement afin de permettre à Chevron de reprendre ses activités.

Alors que nous nous approchons des manifestations importantes organisées ce jour-là, il nous apparait rapidement que Chevron a clairement failli à s’attirer le soutien de la communauté locale. Une foule de plusieurs centaines d’opposants s’est réunie pour l’occasion et plusieurs groupes ont commencé à démonter les barrières métalliques que Chevron avait récemment installées pour délimiter la large surface dont ils avaient fait l’acquisition. Cette action est le symbole fort du refus des opposants de laisser ces opérations industrielles menacer leur vie ainsi que leurs moyens de subsistance.

 

 

Face au site, bravant le froid hivernal, les manifestants de tous âges agitent des drapeaux, étendent des bannières, chantent et scandent leur incompréhension et leur colère. Une personne qui vient de quitter son emploi à Bucarest pour rejoindre le campement d’opposants nous raconte : « Quand je serai vieux et que mes enfants me demanderont "Qu’est-ce que tu as fait quand Chevron est arrivé en Roumanie ?" Je ne veux pas leur dire que je n’ai rien fait pour protéger notre eau et nos terres ».

Double-jeu des autorités locales

On comprend facilement le sentiment de trahison et d’injustice largement partagé par toute la communauté et tout le mouvement à l’encontre des autorités censées les représenter mais qui refusent obstinément de les écouter. Le maire du village a permis à Chevron de forer un champ qu’il a acquis dans des circonstances frauduleuses. Il n’est depuis plus le bienvenu dans son village. Le préfet (représentant du gouvernement dans la région) a annulé par deux fois le référendum local qui devait se tenir à ce sujet. Au niveau national, le nouveau premier ministre a été élu en 2012 sur un programme d’opposition forte à l’égard du gaz de schiste ainsi que du projet de mine d’or Rosia Montana… avant d’opérer un demi-tour politique radical une fois élu, se faisant désormais le premier soutien de ces deux projets industriels.

Le symbole le plus marquant de ce conflit avec les autorités de tout niveau reste pourtant la présence constante et étouffante des policiers anti-émeute (Jendarmeria), envoyés dans la région à la façon d’une armée d’occupation. Ce sont ces forces policières qui sont entrées sur la propriété privée où nous nous tenons, afin d’arrêter les manifestants, souvent violemment et de façon aléatoire. Plusieurs dizaines d’opposants sont poursuivies par-delà les collines de la région par des lignes de policiers anti-émeute ultra-équipés, bouclier et bâton à la main. Ceux comme nous qui restent sur le site finissent par se laisser cerner. Pour toujours plus d’arrestations pour le moins musclées et jamais sans fondement véritable, le campement n’empêchant pas l’accès au site de Chevron.

 

 

De retour au village, nous nous réunissons dans le seul commerce local, faisant également office de bar. Les informations télévisées nous rapportent que Chevron a annoncé une nouvelle suspension temporaire de ses activités. Un peu plus tard, la police anti-émeute déboule dans le bar, ordonne au tenancier de fermer son commerce. Ceux qui quittent le bar par l’arrière sont arrêtés et violemment transportés dans les fourgons de police.

Des villageois déterminés à poursuivre leur combat

Alors que nous nous tenons à l’extérieur du bar dans le froid, nous, ainsi que plusieurs manifestants venus à Pungeşti par solidarité, recevons l’invitation chaleureuse de quelques villageois à passer la nuit chez eux. C’est un couple de vieux fermiers qui nous accueillent avec générosité et simplicité. L’homme nous explique que cette solidarité à l’intérieur du village n’a cessé de croitre durant les dernières semaines, à mesure que la population se mobilisait contre son ennemi commun.

Le jour suivant, nous nous réveillons en apprenant que Chevron a repris ses activités. La trêve n’aura duré qu’entre le coucher et le lever du soleil. Les villageois se sentent comme assiégés. Alors que nous redescendons vers la route traversant le village, nous croisons tous les cinquante mètres des groupes de policier anti-émeute stationnant ou patrouillant. On compte au moins autant de force de police que de maisons. Partout où nous allons, nous croisons et discutons avec des villageois qui ont été harcelés, arrêtés et/ou molestés par les forces de police ces deux derniers mois. Nous rencontrons notamment un garçon arrêté et battu ce matin-là alors qu’il amenait ses vaches au champ.

Le village est déterminé à continuer son combat. Les villages environnants se préparent eux à le commencer. Chevron semble s’être fait à l’idée que le soutien des populations locales est un objectif perdu. La multinationale gazière et pétrolière se concentre alors plus que jamais sur ses plans d’expansion dans la région pour extraire toujours plus de gaz, au prix d’un environnement dont elle ne semble que bien peu se soucier.

Antoine Simon et David Heller, Friends of the Earth Europe
(Témoignage initialement publié en anglais ici)

Photos : © Antoine Simon

 

Source : bastamag.net

 

 

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 15:12

 

Source : mediapart.fr

 

Le ministre des transports veut signer au plus vite avec Ecomouv

|  Par Martine Orange

 

 

 

Sans même attendre les rapports parlementaires, le ministère des transports est en passe d’homologuer le système installé par Écomouv. Cet agrément va définitivement valider le contrat de partenariat public-privé, alors que de sérieux doutes s'expriment sur la fiabilité du système.

Ils disent la même chose, paraît-il. Lors de son déplacement à Rennes, le 13 décembre, pour signer le pacte d’avenir pour la Bretagne, Jean-Marc Ayrault insistait sur sa volonté de dialogue, affirmant que le gouvernement prendrait le temps nécessaire pour trouver la bonne formule et calmer les craintes apparues avec la révolte des Bonnets rouges. « L’écotaxe ne sera mise en œuvre que s’il y a un consensus », assurait-il.

 

Manifestation sur un portique Écomouv en BretagneManifestation sur un portique Écomouv en Bretagne © Reuters

Deux jours plus tôt, le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, était entendu comme premier témoin par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’écotaxe. Il y tenait des propos beaucoup plus tranchés. Après avoir rappelé que la suspension de la taxe poids lourds représentait un manque à gagner annuel pour l'État de 802 millions d’euros, il insistait sur la nécessité de reprendre rapidement la disposition. « J’assure la continuité de l’État. Je suis là pour défendre un dispositif voté et faire respecter les engagements pris par l’État », soulignait-il. « Sauf à indemniser les acteurs, ce qui représenterait un coût de 40 euros pour chaque Français », l’État, à l’entendre, n’a pas les moyens de remettre en cause le contrat signé avec Écomouv, la société privée chargée dans le cadre d’un partenariat public-privé de percevoir l’écotaxe. Bref, tout doit continuer comme avant, en dépit des affirmations du premier ministre.

C’est en tout cas l’impression que partagent de nombreux observateurs. Avant que la commission d’enquête de l’Assemblée nationale ait statué sur l’écotaxe, avant que la commission d’enquête du Sénat chargée d’examiner les modalités du contrat d’Écomouv – une information judiciaire étant ouverte par ailleurs sur les conditions d’attribution de ce contrat – se soit même réunie, le dossier est en train d’être refermé administrativement.

Depuis quelques jours, des rumeurs récurrentes circulent aussi bien chez les transporteurs que chez les différentes parties intéressées : l’administration va délivrer son homologation au système d’Écomouv. La date du 20 décembre est citée avec insistance : elle semble assez déterminante pour la société Écomouv, qui, en l’absence d’homologation rapide, risque de voir ses banques créancières appeler ses actionnaires en garantie – Autrostrade (70 % du capital), Thales (13 %) SNCF (11 %), SFR (3 %) Steria (3 %) ) (lire notre article : Le gouvernement envisage de renégocier le contrat Écomouv).

Preuve de la tension qui règne dans la société, cette dernière ne cesse de multiplier les pressions. Après l’annonce de la suspension de l'écotaxe, la société Écomouv a adressé une longue lettre à Daniel Bursaux, ancien directeur de cabinet de Dominique Perben devenu depuis le début l’homme clé de l’écotaxe en sa qualité de directeur des infrastructures, et à Hélène Crocquevieille, directrice générale des douanes et droits indirects, pour obtenir des assurances sur l’avenir. Dans cette lettre (voir ci-dessous), la société demandait la garantie que « le contrat de partenariat (ne soit) pas modifié et que le cadre de perception de la taxe (reste) inchangé ». Bref, rien ne devait changer, malgré la volonté affichée de remise à plat du gouvernement.  

 

 

En parallèle, Écomouv a lancé une vaste campagne de presse pour dénoncer les préjudices subis par la suspension de l’écotaxe. Après avoir insisté sur le coût du report pour l’État (l’État lui devrait, selon ses dires, 20 millions d’euros par mois à partir du 1er janvier), puis souligné le sort réservé à ses salariés en chômage partiel, la société a annoncé triomphalement que toutes ses installations seraient en place fin décembre (tout aurait dû être opérationnel, selon le contrat, le 20 juillet dernier !). L’homologation par l’administration ne sera alors plus qu’une formalité, à l’en croire.

Le ministère des transports assure qu’aucune date n'est fixée pour l’approbation du système mis en place par Écomouv. « Nous prendrons le temps nécessaire pour tester la fiabilité du système », assure-t-on. Devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, s’est montré beaucoup plus pressé. La rémunération due à Écomouv « sera opposable au moment où la société sera en situation de pouvoir démontrer du caractère techniquement achevé du dispositif, c'est-à-dire vraiment très prochainement, fin décembre », a-t-il expliqué aux députés.

Mais pourquoi le ministère des transports se montre-t-il si pressé d’homologuer le système Écomouv ? N’est-ce pas préempter par avance le dossier de l’écotaxe et passer outre les recommandations des commissions d’enquête de l’Assemblée nationale, du Sénat et les décisions du gouvernement ? Car en homologuant très vite le système, le ministère des transports se prive de toute possibilité de modification : l’État va se retrouver juridiquement pieds et poings liés par ce contrat de partenariat public-privé.

Dès l'homologation, il va se retrouver dans l'obligation légale de verser, à partir du 1er janvier 2014, un loyer de 20 millions d'euros par mois à Écomouv, même si l'écotaxe est suspendue encore pendant des mois. Impossible aussi par la suite de se dédire ou de renégocier le contrat ou de demander des modifications, y compris techniques : la société sera alors en droit de réclamer 800 millions d’euros de dédit en cas de renoncement de l’État et tous les changements du système réclamés par l’État seront mis à la charge des finances publiques.

Les sociétés de télépéage contestent

 

Frédéric Cuvillier (transports), Stéphane Le Foll (agriculture) et Jean-Marc Ayrault, le 29 octobre 
Frédéric Cuvillier (transports), Stéphane Le Foll (agriculture) et Jean-Marc Ayrault, le 29 octobre © Reuters

Cette précipitation est d’autant plus inexplicable que l’État, contrairement à ce qu’affirme la société Écomouv, a plutôt une main forte. Écomouv a remporté le contrat de partenariat public-privé en proposant d’installer le système en vingt-et-un mois. Le coût du contrat est évalué à 3,2 milliards d’euros pour une durée de 13 ans et 2 mois, selon les chiffres donnés par le cabinet du ministre des transports.

Ces chiffres sont aujourd'hui contestés par Écomouv, qui parle d’un montant de 2,4 milliards d’euros pour une concession de 11,5 ans (lire son communiqué après la publication d’un article dans Le Parisien reprenant les chiffres de Mediapart). Une contestation assez étrange. Car après précision, la société Écomouv reconnaît parler en euros constants 2011 (d’où les 2,4 milliards), quand le ministère calcule en euros courants. De plus, elle déduit de la durée de la concession le temps d’installation du système.

Pour faire bonne mesure, il convient d’ajouter un autre chiffre. Lors de l’attribution du contrat de partenariat public-privé en janvier 2011, Ecomouv avait affiché dans son offre, selon nos informations, un coût de 1,950 milliard d’euros, ce qui la plaçait dans la position de moins-disant. C’était à moins de 100 millions de l’évaluation (1,870 milliard d’euros) à laquelle avait abouti Noël de Saint-Pulgent, inspecteur des finances, dans un rapport qui recommandait le recours au partenariat public-privé comme la seule bonne solution pour l’implantation de l’écotaxe. Il avait intégré dans ses calculs des taux d’emprunt pour l’État plus élevés que la normale.

Le ministère des transports confirme aujourd’hui le montant de l’appel d’offres. Mais, explique-t-il, il n’y a eu aucun dérapage. Il s’agit juste d’une autre méthode comptable : la valeur actualisée. Le 1,9 milliard d’euros arrêté lors de l’appel d’offres correspond à l'entendre aux 3,2 milliards d’euros d’aujourd’hui. Trois montants différents, deux durées de concession pour un même contrat : la clarté règne !

Au-delà de ces débats sur le montant de ce partenariat, il y a un fait qu'Écomouv ne peut pas contester : la société n’a pas respecté ses obligations contractuelles, accusant déjà plus de six mois de retard par rapport à la date d’installation prévue, faute d’avoir pu mettre en place un système sûr. « La suspension de l’écotaxe décidée par Jean-Marc Ayrault a été une vraie bénédiction pour Écomouv. Car le groupe n’était pas prêt pour faire entrer en service son système au 1er janvier. Cela lui permet de cacher ses défaillances », nous disait un connaisseur du dossier en novembre. « L’État aurait eu alors tous les arguments pour annuler le contrat en toute sécurité. »

Les doutes sur la fiabilité du système mis en place par Écomouv sont loin d’être levés, y compris chez les prestataires de service qui travaillent pour elle. Les sociétés de télépéage notamment sont particulièrement inquiètes. Elles ont été associées dès le départ au déploiement de l’écotaxe en France. Six sociétés de télépéage ont accepté de travailler avec Écomouv contre une rémunération globale d’environ 50 millions d’euros par an (la rémunération annuelle d’Écomouv est de 230 millions d’euros par an). Leurs adhérents représentent à peu près la moitié des camions (800 000 environ) devant payer la taxe poids lourds en France.

Chargées de collecter les données et de percevoir la taxe avant de la reverser à la société Écomouv, elles sont financièrement responsables du paiement de leurs adhérents. D’où leur préoccupation de disposer d’un système totalement sûr. Car ce sont elles qui devront assumer les éventuelles erreurs.

Fin octobre, les trois principales sociétés de télépéage (Total Marketing, Axxess-Vinci- et Eurotoll-Sanef) adressaient une lettre, rédigée dans les mêmes termes – dont Mediapart a eu connaissance – au ministère des transports. Soulignant les changements techniques incessants, elles dénonçaient l’opacité entretenue par Écomouv autour des données et surtout l’insuffisance des tests afin de s’assurer de la fiabilité du système. Elles s’inquiétaient notamment de la performance de la chaîne de collecte des données (dit critère B1 dans leur jargon technique) : c’est-à-dire le rapport entre la taxe qui devrait être théoriquement prélevée et la taxe réellement facturée. C’est tout simplement la clé du système, qui garantit que le système est fiable.

Or, selon ces prestataires, ce rapport n’a jamais été mesuré en continu ni sur les équipements d’Écomouv ni sur ceux fournis par les sociétés de télépéage. Les doutes portent aussi sur les lieux très peuplés comme la région parisienne où, compte tenu de l'affluence, les systèmes de géolocalisation peuvent être brouillés. L’installation de balises peut permettre de remédier au brouillage. Mais Écomouv en a limité le nombre, par souci d’économies.

 

 

« Il était initialement prévu des périodes pour mettre en œuvre les principes énoncés ci-dessus (suit une énumération de procédures d’homologation –ndlr). Or force est de reconnaître que les retards accumulés sur le projet n’ont pas pu permettre de les mettre en œuvre. Il conviendra donc de planifier sur une période au minimum d’une année, permettant de mettre en œuvre l'évaluation des performances des différents systèmes GNSS (systèmes de péages satellitaires), l’optimisation des données de contexte et de l’algorithme de détection et d’implémenter des LAC (balises) aux points de tarification présentant un taux élevé de non-détection », écrivaient-ils.

Le système est-il équitable ?

Selon nos informations, plusieurs réunions se sont tenues au ministère des transports pour trancher les problèmes entre les différents intervenants. Elles se sont terminées sur un constat de désaccord, les sociétés de télépéage contestant les méthodologies et les tests mis en place par Écomouv.  

« Ce ne sont que des différends entre Écomouv et ses prestataires de service », relativise-t-on au ministère des transports, qui dit n’avoir aucun doute sur le système de perception de l’écotaxe « testé et retesté ». De son côté, la société Écomouv, par le biais de son agence de communication, dit « n’avoir aucun commentaire à faire sur le point de vue des sociétés de télépéage ». Avant d’ajouter : « Les tests avec flotte de camions ont impliqué plus de 10 000 véhicules, équipés d'un boîtier fourni par Écomouv ou une société habilitée au télépéage, ce qui a représenté plus de 4,5 millions de notifications et a permis par exemple de produire plus de 8 800 factures au mois d'octobre 2013. » Le ministre des transports avance le même chiffre de 10 000 camions participant à des tests grandeur nature, sans incident notable. C’est ce qui le convainc aujourd’hui d’homologuer rapidement un système qui semble fiable.

Des connaisseurs du dossier contestent cette analyse. Si Écomouv a bien testé son système de repérage des camions sur une base large, expliquent-ils, en revanche, la mesure de la performance du système – c’est-à-dire le suivi précis des camions pour s’assurer que le repérage et la facturation correspondent bien à la réalité des transports faits – n’a été faite que sur une petite centaine de camions, comme le prouve un document d’Écomouv.

 

La mention EE signifie équipements embarqués ou boîtiers 
La mention EE signifie équipements embarqués ou boîtiers

 

« À ce stade, on ne sait pas si le système est capable de prélever la taxe de façon équitable », insiste un proche du dossier. « En Allemagne, le gouvernement voulait être sûr d’avoir un système fiable. Il a exigé une multitude de tests. Plus de 5 000 camions ont été suivis pendant plus d’un an pour s’assurer que les facturations correspondaient bien à la réalité. La mise en place a pris seize mois de retard. Mais au final, le système n’est contesté par personne car sa fiabilité est reconnue par tous », explique-t-il. « Faute d’expérimentation suffisante, l’État risque d’ouvrir la voie à des contentieux sans fin », poursuit-il. 

Le ministère des transports assure être confiant pour la suite. Les systèmes de facturation détaillée auraient permis de contrôler que la marge d’erreur était négligeable. « Certains de nos adhérents font partie des équipes de tests. Ils ont juste reçu le montant qu’ils devaient payer sans plus d’explication. Il n’y avait aucune facture détaillée, aucun moyen de contrôle. C’est hallucinant », rapporte Gilles Mathelié-Guinlet, secrétaire général de l’organisation des transports routiers européens (OTRE), le deuxième syndicat de transporteurs, qui regroupe surtout des PME et indépendants. 

De toutes parts, les doutes et les reproches enflent sur l’opacité et les imprécisions qui entourent le système mis en place par Écomouv. « L’administration semble avoir les mêmes doutes. Mais il y a une telle pression sur leurs épaules que personne n’ose parler », rapporte un autre intervenant. À ce stade, une question s’impose : mais pourquoi le ministère des transports est-il si pressé d’homologuer le système d’Écomouv, liant de ce fait les mains de l’État par un contrat dont il ne pourra se désengager et qui pourrait s’avérer ruineux ?

 

 

Lire aussi

 

Source : mediapart.fr

 

 

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 15:03

 

 

Source : agoravox.fr

 

par VETEMENTS MADE IN FRANCE (son site) mardi 17 décembre 2013
Un salaire minimum mondial pour lutter contre l’esclavage

 

 

 

Partout dans le monde, la plupart des consommateurs et travailleurs, souhaitent l’éradication de conditions de travail proches de l'esclavage et accueilleraient favorablement l'instauration d'un salaire minimum mondial. La dernière convention internationale contre l'esclavage fut organisée par la Ligue des Nations en 1926 et signée par 99 pays.

Depuis, aucune autre mesure globale n’a été prise pour améliorer les conditions de travail et de rémunération des populations les plus fragiles. Aussi, dans un contexte de mondialisation sauvage où seul le profit fait loi, il est maintenant urgent de définir de nouvelles règles pour éradiquer des conditions de travail proches de l’esclavage.


 

UN SALAIRE DÉCENT PEUT CONSTITUER UN OUTIL DE RESPECT DES DROITS HUMAINS

L’Organisation Internationale du Travail (OIT) et des ONG (organisations non gouvernementales) dressent régulièrement des constats alarmants à propos des conditions de travail et de sécurité des ouvriers des pays à bas coûts. 

Mais les chartes éthiques signées par les groupes de distribution et les industriels locaux s’avèrent insuffisamment contraignantes et n’ont jamais permis d’améliorer significativement l’existence de populations trop souvent asservies.

Chaque année, des situations sanitaires dangereuses et de nombreux accidents continuent à tuer des milliers d’ouvriers.

Il est hélas peu certain que les donneurs d’ordres acceptent de renoncer à une part même mineure de leurs bénéfices, pour faire progresser la sécurité et la situation des ouvriers.

En effet, ceux-ci estiment souvent que cette responsabilité incombe aux sous-traitants qui, à l’opposé, affirment généralement, ne pas pouvoir financer des améliorations sans l’implication financière des grands groupes de la distribution. 

Il nous faut aujourd’hui penser une autre approche : des travailleurs mieux rémunérés ont davantage accès à l’information, mais aussi à des conseils et à une aide juridique pour les protéger et faire valoir leurs droits.

Si nous, marchés occidentaux de consommateurs, aidions les salariés des pays à plus faibles coûts à obtenir une plus digne rémunération de leur travail, nous leur procurerions ainsi les outils qui leur permettraient d’influer sur leurs conditions de travail, de santé et de sécurité.

Ils sauraient, n’en doutons point, engager avec leurs entreprises et pays respectifs, un dialogue qui conduirait à l’éradication de conditions d’existence proches de l’esclavage.  

 ADOPTER UNE VISION PLUS GLOBALE 

Dans un contexte de mondialisation, il convient d’appréhender avec une vision globale, la situation des salariés des pays émergents.

On peut, certes, continuer à pointer du doigt la dangerosité et pénibilité du travail ou l’extrême exploitation des ouvriers de certains pays, mais cela les expose à la délocalisation de leur production vers d’autres régions où les travailleurs sont parfois encore plus fragiles. 

Depuis l’accident de Dacca, qui à couté la vie à 1 133 personnes et causé de graves blessures et amputations à plus de 1 000 ouvrières et ouvriers parmi les 1 900 blessés, plusieurs groupes textiles, sans doute plus soucieux de leur image que du sort des ouvrières et ouvriers bangladais, transfèrent maintenant leur production vers d’autres pays d’Asie ou d’Afrique. 

Une tentative d’indemnisation des victimes du Rana Plaza a été organisée le 12 septembre 2013 à Genève sous la houlette de l’OIT. Cependant, 9 marques seulement sur les 29 impliquées se sont déplacées.

Aussi, peut-être pourrions-nous, afin de mettre fin à cette folle et meurtrière ronde, tenter d’apporter une réponse plus pertinente. 

La plupart des consommateurs occidentaux accueilleraient très favorablement l’institution d’une norme salariale mondiale. Néanmoins, la protection, les droits, la sécurité et la santé des citoyens relèvent de la responsabilité de chaque État qui, même en cas d’insuffisances, demeure souverain. Par ailleurs, l’instauration immédiate d’un salaire minimum décent pour l’ensemble des salariés de chaque pays émergent serait, le plus souvent, économiquement irréalisable. 

Aussi, Il importerait simplement, afin de remédier rapidement et durablement à des situations sanitaires urgentes et souvent dangereuses, d’organiser une convention internationale pour définir dans la concertation, un montant de rémunération minimum obligatoire spécifique à l’exportation, afin d’échanger dans un monde plus juste et plus serein. 

UNE CONVENTION INTERNATIONALE ENTRE MARCHÉS DE CONSOMMATEURS ET PAYS A BAS COÛTS 

USA et UE pourraient, en collaboration avec l’OIT et dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), proposer à l’ensemble des pays industriels à bas coûts, d’adhérer à une convention internationale. 

Cet accord prévoirait essentiellement de subordonner l’exportation vers les deux plus grands marchés de consommateurs, à l’obligation de rémunérer, selon une norme minimum mondiale négociée, les personnels qui fabriquent ces produits ou fournissent ces services. 

Il conviendrait de déterminer dans la concertation, un montant de salaire suffisamment ambitieux pour faire évoluer la situation salariale de nombreux ouvriers dans le monde mais assez raisonnable et modéré pour être agréé par le plus grand nombre de pays exportateurs.

Une discussion entre les principaux marchés de consommateurs et l’ensemble des pays exportateurs, pourrait s’engager autour de la base suivante, qui néanmoins, ne constituerait qu’une étape vers une harmonisation salariale. 

- Un salaire minimum mensuel net de 400 € ou 500 $ pour les ouvriers fabriquant des produits ou les employés fournissant des services destinés à l’exportation principalement vers les deux plus grands marchés de consommateurs que sont l’UE et les USA. 

Seraient concernés : des pays d’Asie, d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Europe. Les pays de l’Union Européenne (UE) qui ne garantissent pas de salaire minimum ou dont le montant est inférieur au seuil préconisé, devraient également se plier à cette règle pour exporter vers les autres pays membres de l’UE ou les USA. 

Il appartiendrait ensuite à chacun des États participants, de légiférer pour faire appliquer dans les entreprises locales et étrangères, les dispositions décidées lors de la convention et encadrant la rémunération des personnels travaillant pour l’exportation. 

UNE AUGMENTATION SALARIALE POSSIBLE SANS MAJORATION DU PRIX POUR LE CONSOMMATEUR 

Les groupes de distribution et du luxe, les grandes enseignes et les marques, ont bâti en à peine vingt ans de mondialisation, des empires financiers gigantesques. 

Ceux-ci distribuent chaque année des dizaines de milliards d’euros à leurs actionnaires au détriment de consommateurs abusés et d’ouvriers surexploités. Leurs milliers de palais de la consommation sont démesurés et occupent maintenant des millions de mètres carrés sur les plus belles avenues du monde.

Mais à l’autre bout de la chaine, les salaires mensuels n’atteignent que très rarement 200 € par mois et sont bien souvent inferieurs à 100 €. 

Celui d’une ouvrière bangladaise compte parmi les plus faibles au monde avec 40 € pour parfois 250/300 heures de labeur ou 23 € pour des éthiopiens qui révélaient récemment être battus par les contremaîtres. D’autre part, au sein même de l’UE, les ouvrières de certains pays perçoivent moins de 150 €. 

Pourtant, il serait parfaitement possible, dans l’ensemble des secteurs industriels, de rémunérer plus correctement les personnels qui produisent des articles destinés à l’exportation, sans majoration de prix au consommateur.

La diminution de profits n’avoisinerait le plus souvent, que quelques dizaines de cents ou quelques euros sur des articles plus chers. 

Pour exemple, la somme annuelle de travail produit par une ouvrière textile bangladaise rémunérée moins de 500 € l’an, peut participer à la réalisation d’un chiffre d’affaires atteignant parfois 200 000 ou 300 000 € par an, dépensés par les consommateurs dans les grandes enseignes de la distribution ou les boutiques de prêt à porter bas, moyen, haut de gamme et luxe.

De même, le coût en main d’œuvre d’un Smartphone n’excède guère 2 à 5 % du prix de vente, celui d’une paire de baskets de marque oscille entre 1.5 et 3 % du prix boutique et un sac de luxe confectionné en quelques heures est parfois revendu 1 000 ou 2 000 €. 

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UN CODE BARRE POUR MIEUX RESPECTER LES DROITS ET LUTTER CONTRE LA SURCONSOMMATION DE RESSOURCES NATURELLES 

Une traçabilité des produits, matérialisée par un code barre obligatoire pour exporter vers l’UE et les USA, pourrait faciliter l’application de règles sociales dans les pays d’origine. 

La production de chaque article a une conséquence directe sur l’état de la planète et l’épuisement des ressources naturelles. Peut-être ne devrions-nous plus attendre pour lutter contre le consumérisme, le réchauffement climatique et la destruction de l’écosystème. 

Un code barre conférerait une identité à chaque article. Il indiquerait le nom du donneur d’ordre, celui du fabricant et des sous-traitants, le niveau des conditions sociales des personnels de production, la conformité des substances utilisées, ainsi que l’empreinte écologique. Cela pourrait marquer le début d’une vraie gestion des ressources et des échanges. Par ailleurs, celui-ci constituerait un outil efficace de lutte envers la contrefaçon.

POUR QUE CHAQUE PAYS PUISSE BÂTIR UNE ÉCONOMIE SAINE 

Les hausses, surtout de bas salaires, ont, selon la plupart des économistes, keynésiens ou appartenant à d’autres courants de pensée, un effet macroéconomique positif certain sur le développement d’un pays.

Les effets concrets sont d’autant amplifiés sur l’économie locale lorsque le pays est émergent et produit agriculture, élevage et industrie manufacturière de biens de consommation. En revalorisant la rémunération des salariés travaillant pour l’exportation, mécaniquement, les revenus des autres citoyens et le niveau de vie du pays exportateur progresseraient.

A terme, l’augmentation de la consommation de biens indispensables, alimentaires ou matériels, générerait une croissance du marché intérieur qui pourrait contribuer à bâtir une économie plus autonome et saine, mais aussi moins orientée vers une course à la production dont, par ailleurs, les effets sur l’environnement sont souvent désastreux. 

CONSOMMATEURS OTAGES ET COMPLICES MALGRÉ NOUS

Nous, consommateurs occidentaux, n’acceptons plus d’être les otages et complices d’une politique économique spéculative qui nous berne et impose à des femmes, des hommes et parfois des enfants de 10 ans, des conditions de travail proches de l’esclavage. 

La promesse d’une mondialisation heureuse qui devait offrir bienveillamment du travail aux pays pauvres dans le respect de leurs droits et procurer des produits moins chers aux pays riches ne s’est guère réalisée : les conditions de travail des ouvriers des pays émergents se sont peu améliorées depuis le début de la mondialisation, le chômage des pays occidentaux a explosé et la plupart des prix des biens de consommation augmentent régulièrement.

Il semble aujourd’hui, que les actionnaires des grands groupes soient les principaux bénéficiaires de ce marché de dupes. Certes, les donneurs d’ordres occidentaux partagent la responsabilité de cette forme d’esclavage contemporain avec les industriels locaux et doivent également parfois composer avec des organisations mafieuses et des hommes politiques ou fonctionnaires corrompus. Aussi, l’instauration d’un salaire minimum obligatoire pour exporter, aiderait les États signataires à lutter contre une corruption qui prive travailleurs et citoyens, des fruits d’une croissance qui leur revient de droit.

Les gouvernements pourraient ainsi remplir leur devoir de protection envers leurs populations. 

L’adhésion à cette convention internationale, marchés de consommateurs/Pays en développement, pourrait constituer pour chacun des États signataires, une opportunité historique d’avancée économique et sociale. 

  Francis JOURNOT

 

 

Source : agoravox.fr

 

 

 

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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 22:53

 

Source : reporterre.net

 

Notre Dame des Landes : l’Etat tergiverse, la mobilisation se prépare

Nicolas de La Casinière (Reporterre)

mardi 17 décembre 2013

 

 

 

L’annonce par le préfet de Loire-Atlantique de la signature prochaine d’arrêtés autorisant les travaux est ambigue : l’Etat veut être prêt à agir, mais n’engage pas le fer. Sa base juridique est fragile, alors que sur le terrain, on se prépare à toute éventualité.


- Correspondance, Nantes

Entre Nantes et Alger, la communication des partisans du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes a semblé lundi 16 décembre marcher sur un fil. Jean-Marc Ayrault a effectué un numéro de funambule en déclarant, pourtant bien loin des enjeux locaux de son ancien fief nantais, qu’« un arrêté va être pris dans les prochains jours par le préfet de région qui répond aux exigences environnementales. C’est la poursuite des procédures. C’est un dossier qui avance pas à pas, tranquillement et sereinement ». Pour Julien Durand, porte-parole de l’Acipa (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport de Notre Dame des Landes), cette annonce est bien prudente : « Ces petits pas, ce n’est pas du tout la cadence militaire... »

Le contexte local avait pourtant fait monter la pression. Très impatient, souvent énervé sur cette question du projet d’aéroport, le président PS de la région Pays de Loire, Jacques Auxiette, réclame le démarrage des travaux du projet d’aéroport depuis des mois. Le 13 décembre, il déclare que « le débat est clos. Le retard a déjà coûté cinquante millions d’euros [ un chiffre qu’il a dit tenir du préfet]. Il est temps de signer la fin de la récré (et de) faire respecter l’Etat de droit en Loire-Atlantique » tout en s’en prenant aux« professionnels de la contestation ».

Dimanche soir 15 décembre, pensant anticiper sans risque un scénario bien attendu, Le Figaro annonce au temps présent que « les travaux démarrent malgré la contestation du projet porté par Ayrault ». Un titre péremptoire - et faux. C’était avant la conférence du préfet de Loire-Atlantique, lundi 16 décembre. On pensait que Christian de Lavernée allait annoncer la signature dans la semaine de deux arrêtés rendant possible le démarrage des travaux du futur. Un arrêté au titre de la loi sur l’eau, un autre sur les espèces protégées. Eh bien non, pas exactement.

Permis de détruire les espèces protégées

Contrairement à ce qui a pu être dit, ce second arrêté - en préparation - n’est pas une autorisation de déplacer ces animaux relevant de mesures de protection nationale ou européenne, mais un véritable permis de destruction ; plus précisément une dérogation à ces lois de protection, pour que le chantier puisse en fait faire disparaître le milieu naturel où évoluent ces batraciens, mammifères et invertébrés.

Deux préalables indispensables à une possible action sur le terrain des bulldozers et autres engins de défrichage et de préparation du chantier. Finalement, rien n’a été annoncé précisément. Rien de nouveau.

Lundi, le préfet Christian de Lavernée a annoncé, sans préciser le moindre calendrier, l’imminence de la signature des deux arrêtés, vraisemblablement avant la fin de l’année. Vraisemblablement seulement.

Petits pas et tranquillité pour Ayrault, un calendrier vraisemblable de signatures des arrêtés officiels. Le ton n’est pas vraiment à la fermeté. S’agit-il d’endormir la méfiance des opposants par des "non annonces" dilatoires ? Ou bien de donner quelques gages aux porteurs du projet indiquant publiquement que l’action de l’Etat n’est pas au point mort ? Mais l’annonce est plutôt une non annonce.

« C’est surprenant. Le préfet ne donne pas de date, alors que tout le monde, partisans comme opposants, attendait cela, commente Françoise Verchère, conseillère générale, membre du CéDpa, Collectif des élus anti aéroport. Il a même calmé les ardeurs du directeur général de l’aviation civile qui annonçait un début des travaux en 2014. Ce à quoi le préfet a répondu que l’autorité publique chercherait ’à choisir un calendrier sans se laisser imposer de contraintes ni dans le sens d’un retardement ni dans le sens d’une accélération du projet’. Autant en septembre dernier, j’avais le sentiment d’une très probable intervention rapide sur le terrain de Notre Dame-des-Landes (après signature des deux fameux arrêtés), autant aujourd’hui je ne pense pas que le gouvernement prendrait une décision aussi suicidaire... »

Mobilisation au quart de tour

« On a eu confirmation qu’une intervention officielle a été programmée en novembre dernier, et qu’elle a été arrêté par le gouvernement. Trop dangereux politiquement", dit Julien Durand. « En tous cas, la mobilisation est prête. Bien plus que l’année dernière où l’opération César nous est tombée dessus. En ce moment, toutes les réunions des comités de soutien sont bondées. Tout ça peut repartir au quart de tour. Certains ont déjà prévu qu’il ne viendront pas à Notre Dame mais il feront des actions chez eux, sur place. » Comme l’an dernier, où des mairies, des permanences de parlementaires , des péages et des parking Vinci ont été la cible d’actions de protestation, à l’époque spontanées. « Je suis tenté de dire qu’on risque d’être tranquille jusqu’au début janvier, ajoute Julien Durand. Même s’il est possible qu’une équipe vienne gratter une mare pour tester le terrain et voir comment ça réagit... »

« On les attend chaque jour »

 

*Suite de l'article sur reporterre.net, clquer  ici

 


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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 22:39

 

Source ::    reporterre.net

 

A Notre Dame des Landes, on renouvelle la démocratie

Emmanuel Daniel (Reporterre)

mardi 17 décembre 2013

 

 

 

La Zad est aussi un lieu où l’on recherche à appliquer une vraie démocratie, où chacun et chacune participent vraiment aux décisions, sans représentants. On y parvient, mais ce n’est pas facile. La liberté ne signifie pas l’absence de toute règle.


- Reportage, Notre Dame des Landes (Loire-Atlantique)

Dans le volet précédent de ce reportage, les zadistes s’interrogeaient sur l’idée de collectiviser le RSA reçu par certains d’entre eux.

Mais pour appliquer une telle mesure, il faudrait un organe légitime pour prendre des décisions qui s’imposent à tous. Sauf que, pour l’instant, « l’organisation de la ZAD est basée sur des groupes affinitaires, analyse Florian [tous les prénoms ont été changés]. Or on a besoin de structures qui dépassent les affinités, car on ne peut pas être pote avec tout le monde ».

Il existe bien une « réunion habitants » hebdomadaire, où sont discutés les enjeux du moment mais elle n’attire pas les foules. Certains dénoncent une tendance aigüe à la réunionnite, d’autres sont fatigués par les « joutes rhétoriques » qui parasitent les rencontres et les font durer des heures.

Aux assemblées en plénière, de nombreux zadistes préfèrent les regroupements informels, les réunions opérationnelles sur un sujet précis entre gens motivés, de préférence « autour d’une bière ». La gestion du quotidien dépend donc de la bonne volonté de ceux qui s’auto-mandatent pour les questions financières, le ramassage des ordures, l’organisation en cas d’expulsion ou la création d’un potager. Avec plus ou moins de succès selon la pénibilité de la tâche.

Les réunions sont également une occasion d’expérimenter les rapports de pouvoir. « Il y a une attention prêtée à ce que tout le monde puisse s’exprimer. Mais ceux qui savent mieux parler ont plus d’influence », note Camille. Des inégalités de fait qui « bloquent certains qui ont du mal à trouver leurs mots et pensent que les réunions sont réservées à l’élite », estime Jeanne, ancienne infirmière. Malgré tout, elle juge que « la volonté de fonctionner de manière horizontale permet à chacun de donner son avis sans être jugé. J’exprime plus facilement mes envies et ressentis alors qu’avant d’arriver ici, je n’arrivais pas à prendre la parole pendant les réunions ».

Apprendre à gérer la liberté

En l’absence de police, de parents, de politiciens et de patrons, chacun est appelé à se prendre en charge, autant pour assurer sa subsistance que pour ne pas entraver le fonctionnement de la vie en collectif. « Ici, tu as une liberté de ouf, ce n’est pas toujours facile à gérer quand tu n’y a pas été habitué », fait valoir Gildas, arrivé pour un week-end et toujours présent deux ans plus tard. Sur la Zad, les occupants apprennent donc à gérer cette liberté nouvelle ainsi que les responsabilités qui vont avec.

Mais à l’école de l’autogestion, tous ne sont pas logés à la même enseigne car chacun arrive avec dans son cartable le poids des habitudes, bonnes et mauvaises. « Il faut déconstruire pour reconstruire, estime Julie. L’autogestion ça commence par faire soi-même sa vaisselle. Comprendre que c’est pas ta mère qui va passer derrière toi. C’est pas facile, certaines personnes pensent que vu qu’on est sur la ZAD, on peut faire ce qu’on veut, qu’il ne doit pas y avoir de règles ».

 

Le début d’un nouveau monde ?

 

*Suite de l'article sur  reporterre.net  cliquer  ici

 

 

 

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