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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 22:59

 

Source : 20minutes.fr

 

 

Nantes: un hypermarché Carrefour fermé après une action d'«anti-capitalistes»

Jacques Demarthon AFPUne cinquantaine de militants se disant "anti-capitalistes" ont investi un hypermarché nantais mardi après-midi, entraînant sa fermeture au public à quelques heures du réveillon, avant d'en être évacués par les forces de l'ordre en début de soirée, a constaté une journaliste de l'AFP.

Une cinquantaine de militants se disant «anti-capitalistes» ont investi un hypermarché nantais mardi après-midi, entraînant sa fermeture au public à quelques heures du réveillon, avant d'en être évacués par les forces de l'ordre en début de soirée, a constaté une journaliste de l'AFP.

Selon les témoignages de plusieurs clients, les manifestants, dont certains étaient déguisés et grimés avec des nez rouges, sont arrivés vers 15H15, groupés et avec des chariots vides qu'ils ont commencé à remplir en critiquant la société de consommation.

«Suite au blocage des caisses, une intervention de police a eu lieu et des violences ont été commises», a de son côté indiqué la préfecture de Loire-Atlantique. «Tous les moyens vont être mis en oeuvre pour interpeller les auteurs de ces violences», a-t-on précisé de même source.

A 18H45, une dizaine de véhicules de police étaient garés devant l'entrée principale de l'établissement, qui a été fermé au public à partir de 17H00.

Seuls les clients déjà présents dans cet hypermarché situé au nord de Nantes ont été autorisés à finir leurs courses et à sortir.

Plusieurs commandes comme des plateaux de fruits de mer ont ensuite dû être servies aux clients à la porte du centre commercial par des employés qui revenaient escortés par les policiers.

«Le magasin est fermé, ils ont tout foutu en l'air», a affirmé une responsable du magasin vers 18H30.

Après l'arrivée d'un important renfort de gendarmerie portant l'effectif des forces de l'ordre sur place à plus d'une centaine d'hommes, une opération d'évacuation, un par un, des manifestants qui étaient restés bloqués dans l'hypermarché, a été menée à partir de 20h.

A cette occasion, au moins l'un des manifestants a été blessé au visage, a constaté l'AFP.

Trois militants ont été interpellés tandis que les manifestants, restés aux abords de l'entrée huaient les gendarmes et imitaient des cris de loups.

Plusieurs d'entre eux se sont dits «zadistes», surnom des opposants anticapitalistes à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes situé à une dizaine de km au nord de Nantes mais ils ont souligné que leur action, visant à dénoncer la société de consommation et à sensibiliser les clients à leur cause, n'était pas liée à l'aéroport.

Vers 21h ils avaient tous été évacués du centre commercial mais plusieurs dizaines restaient devant l'entrée, face aux gendarmes.

 

 

Source : 20minutes.fr

 

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 22:57

 

Source : www.humanite.fr

 

 

Social-Eco - le 26 Décembre 2013

Profits

Hausse des tarifs bancaires: Les démunis payent les étrennes des banquiers

La hausse des tarifs bancaires, le 1er janvier prochain, touchera d’abord des services de base, donc les plus modestes. L’Association française des usagers de banque (Afub) appelle ni plus 
ni moins à 
« se révolter ».

Le père Noël des banques n’est passé que pour les riches. Les établissements bancaires vont augmenter leurs tarifs au 1er janvier, et surtout pour leurs prestations de base. Ce sont donc les plus pauvres qui devront payer plus, au point qu’une association de consommateurs appelle à « se révolter ». Dans quatre des principales banques françaises (Caisse d’épargne, Crédit agricole, Société générale et CIC), le prix de la carte à autorisation systématique, la moins chère du marché, augmente bien au-delà de l’inflation, entre 1 % et 3 %. Si son prix est stable à La Banque postale à 28,50 euros par an, elle culmine à 39,15 euros à la banque de l’écureuil. Parallèlement, la carte internationale à débit différé, la plus chère et uniquement utile aux plus riches, reste, elle, stable autour de 45 euros par an.

Les banques impunies

Les virements suivent la même logique. Si tous les établissements les proposent désormais gratuitement sur Internet, ils augmentent à la Caisse d’épargne, à la Société générale et au CIC, pour s’établir à près de quatre euros en moyenne par opération. Sous couvert d’évolution technologique, ce sont là aussi des inégalités qui se creusent. La fracture numérique touche avant tout les catégories fragiles (plus modestes, plus âgés) tandis que les classes supérieures, dotées des derniers outils (Smartphones...), ont beaucoup moins de mal à s’adapter à ces innovations.

Forcément, l’Association française des usagers de banque (Afub) est en colère. Serge Maître, son secrétaire général, ne mâche pas ses mots. « Ce qui est exécrable, c’est que ça va concerner les produits du quotidien, pas des produits exceptionnels (…) mais les virements, les prélèvements, les tenues de la carte bancaire de base. La carte de luxe, elle, est en baisse. » Chargé de mission banque-assurance à l’UFC Que-choisir, Maxime Chipoy, trouve lui aussi « choquant » que « ces évolutions touchent les plus modestes ». Déjà dénoncés par l’UFC en juin 2013, ce sont surtout les « frais de tenue de compte » qui le préoccupent. « Ces nouveaux frais, généralisés à toutes les banques alors que la plupart d’entre elles n’en appliquaient pas encore il y a trois ans, ne renvoient à aucun service identifiable. Cette opacité semble cacher quelque chose et appelle les pouvoirs publics à imposer une transparence dans leur définition. » En 2013, ils étaient de l’ordre de 22 euros par an en moyenne, un chiffre en progression de 56 % (!) par rapport à 2010. Et ils vont encore lourdement augmenter en 2014. Ainsi, la Banque populaire, qui ne les faisait pas payer jusqu’à présent, va ponctionner 1,50 euro par mois au titre de ces frais, pour tous les clients non titulaires d’une convention de relation – donc, à nouveau, les moins aisés.

La loi bancaire votée en juillet dernier par le Parlement entend mieux encadrer les activités et les tarifs. Outre une harmonisation des termes utilisés par les banques, et une plus grande facilité pour changer d’établissement, ce texte « prévoit un plafonnement des commissions d’intervention, prélevées lors d’incidents de paiement et qui peuvent s’accumuler à grande vitesse pour les ménages à découvert », se défend le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici. « Ces commissions sont désormais plafonnées pour tous les clients (à 80 euros par mois – NDLR) et, ajoute le ministre, un plafond plus bas s’appliquera aux plus vulnérables », selon des critères qui seront fixés par décret. Jusqu’à présent, les commissions d’intervention rapportaient aux banques françaises plus de trois milliards d’euros chaque année...

Pour autant, le texte n’a pas tenu toutes ses promesses. « Le changement d’établissement bancaire est loin d’être aussi facile qu’annoncé, c’est une grosse lacune de la loi », estime Maxime Chipoy, qui considère que « la galère pour faire transférer un compte joue en faveur d’une impunité des banques ». Serge Maître va plus loin et voit dans cette loi la source même de l’importance des hausses au 1er janvier. « Les appétits tarifaires se déplacent chaque fois que l’on plafonne », estime le responsable de l’Afub, regrettant que la loi n’intervienne pas sur les hausses annuelles. En attendant une « régulation durable des tarifications », il appelle les usagers à « se révolter ». « Ces hausses ne sont pas une fatalité , assure-t-il. Depuis 2009, le banquier qui veut vous imposer sa nouvelle tarification doit vous envoyer sa plaquette tarifaire, mais surtout il doit ajouter une lettre. Et il ne le fait jamais. Nous pouvons donc résister. »

Recherche super-rentabilité désespérément
Contraintes d’augmenter leur niveau de fonds propres et de liquidités, avec la mise en application de la nouvelle réglementation, connue sous le nom de Bâle 3, les banques mettent les bouchées doubles pour retrouver leur rentabilité à deux chiffres d’avant la crise. Et c’est la banque de détail qui devient la vache à lait des banques françaises. Pour accroître leurs performances, elles n’hésitent pas à se restructurer, en supprimant des postes, en fermant des agences, à augmenter leurs tarifs de « tenue de comptes », à multiplier les assurances. Et les résultats sont là. À l’instar de la Société générale, qui affiche une rentabilité groupe avant impôt de 6 %, alors que sa banque de détail affiche 24 % de rentabilité. En moyenne, ce taux s’établit à 14 % pour les banques de détail européennes, selon une étude qui porte sur neuf pays (France, Allemagne, Italie, Russie, Espagne, Suède, Suisse, Turquie et Royaume-Uni).

Benoit Delrue

 

 

Source : www.humanite.fr

 

 


 

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 22:49

 

Source : www.challenges.fr

 

 

Taxe sur les transactions financières attention danger selon Christian Noyer

 

Publié le 28-10-2013 à 12h46 - Mis à jour à 17h04

Le gouverneur de la Banque de France estime que les pays qui veulent appliquer cette taxe, comme la France, prennent un énorme risque.

 

 

 

Christian Noyer est le directeur de la Banque de France. (c) Sipa

Christian Noyer est le directeur de la Banque de France. (c) Sipa

 

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Le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer estime que la future taxe sur les transactions financière, telle qu'elle a été conçue par Bruxelles, pose "une énorme risque" pour les pays qui l'appliqueraient et doit être réécrite.

"Le projet de la Commission n'est pas viable et doit être entièrement revu", souligne Christian Noyer dans un entretien au quotidien Financial Times de lundi 28 octobre.

"Je ne pense pas que cela ait été à un quelconque moment l'intention du gouvernement français de faire quelque chose qui déclencherait la destruction de pans entier de l'industrie financière française, provoquerait une délocalisation massive d'emplois et porterait atteinte globalement à la reprise", fait valoir Christian Noyer, interrogé par le journal britannique.

Onze pays emmenés à l'origine par la France et l'Allemagne se sont dit d'accord pour taxer les transactions financières selon le modèle développé par l'économiste américain James Tobin.

35 milliards d'euros par an

La Commission européenne leur a présenté en février un projet de taxe très large, pouvant rapporter jusqu'à 35 milliards d'euros par an.

Mais le gouvernement français estime que ce projet va trop loin car il menace certaines spécialités financières françaises, comme les fonds monétaires.

Paris Europlace, association qui défend les intérêts de la place parisienne, estime qu'en détournant les transactions par exemple vers la Grande-Bretagne, qui ne fait pas partie des pays volontaires, la taxe imaginée par la Commission pourrait coûter 30.000 emplois rien qu'en France.

Le ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici n'a de cesse de réclamer publiquement une mesure européenne "ambitieuse" mais, au sein de son administration, la taxe a de nombreux détracteurs, qui jugent qu'elle devrait rester "symbolique".

Une taxe qui rapporte moins que prévu en France

Au niveau national d'ailleurs le gouvernement français s'applique à contenir les effets de la "taxe Tobin" à la française, déjà en vigueur.

La semaine dernière, les députés ont ainsi renoncé à une initiative visant à durcir cette taxe française, qui rapporte beaucoup moins que prévu (600 millions d'euros par an au lieu des 1,6 milliard d'euros escomptés). Au grand dam des associations, car l'instrument, censé avoir des vertus anti-spéculatives, doit aussi financer l'aide au développement et la lutte contre le réchauffement climatique. 

La France n'est pas seule à s'inquiéter des conséquences d'une taxe européenne vigoureuse sur les transactions boursières. C'est aussi le cas de l'Allemagne, pays qui s'est beaucoup fait prier avant de rallier l'idée d'une taxe appliquée seulement à un groupe restreint de pays.

L'opérateur de la Bourse de Francfort, Deutsche Börse, n'a de cesse de pourfendre tout "cavalier seul" en matière de taxe. Il met aussi en garde contre toute taxation des produits dérivés, susceptible selon lui de "compromettre la couverture des risques de l'économie réelle".

Des banques encore plus dépendantes aux aides ? 

A la Bundesbank, même si le ton est plus mesuré qu'à la Banque de France, la critique est aussi là. Joachim Nagel, membre du directoire de l'influente banque centrale allemande, met en garde contre d'éventuelles "conséquences négatives": une taxation des transactions, si elle rendait le marché inter-bancaire moins attractif, pourrait aggraver la dépendance de certaines banques aux mesures d'aides exceptionnelles de la Banque centrale européenne, fait-il valoir.

Les sociaux-démocrates allemands, qui négocient actuellement leur entrée au gouvernement d'Angela Merkel, sont favorables en principe à une "taxe Tobin". Mais jusqu'ici ils n'en font pas une revendication de premier plan, et semblent concentrer leur stratégie face à la chancelière conservatrice sur l'introduction d'un salaire minimum généralisé en Allemagne.

Face à ce manque d'enthousiasme généralisé, l'économiste Megan Greene (Maverick Intelligence) s'amusait récemment sur Twitter d'une "FTT - Financial Transaction Tax" qui s'apparente de plus en plus à une "FTT - Fairy Tale Tax", une taxe de conte de fées.

(Avec AFP)

 

 

Source : www.challenges.fr

 


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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 22:38

 

 

Source : www.challenges.fr

 

 

Hausse de la TVA : lobbys qui rient, lobbys qui pleurent

 

Publié le 01-01-2014 à 11h59 - Mis à jour à 13h25

DECRYPTAGE A partir de ce 1er janvier, les Français vont payer plus cher de nombreux biens et services. Mais cette refonte des taux n'est pas tout à fait conforme à ce qui avait été prévu.

 

 

 

TVA / Cinéma : ceux qui ont réussi à passer de 7 à 5,5% Sipa

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La "remise à plat du système fiscal" voulue par Jean-Marc Ayrault n’y aura rien changé. A compter de ce mercredi 1er janvier 2014, la plupart des biens et services sont soumis à des taux de TVA plus élevés. Après avoir abrogé la TVA sociale de Nicolas Sarkozy, François Hollande assume maintenant la sienne, pour financer le crédit d’impôt CICE aux entreprises.

Mais le gouvernement insiste sur ses modalités, différentes. La version de droite prévoyait de monter le taux principal de 19,6% à 21,2% et donc de taper un peu sur tout le monde. La version de gauche préfère limiter la hausse du taux normal, à 20%, et relever avant tout le taux intermédiaire, de 7 à 10%, ne pénalisant que quelques secteurs mais plus lourdement.

Pourquoi jouer sur le taux intermédiaire ?

L’avantage: cibler le taux intermédiaire, ne visant que quelques produits et services qui ne font pas partie des dépenses essentielles des ménages (principalement les restaurants et hôtels, les travaux de rénovation dans les logements), c’est rendre ce relèvement de TVA moins injuste. Un argument massue pour les socialistes, qui n’aiment pas beaucoup cet impôt forfaitaire à la consommation connu pour pénaliser comparativement plus les pauvres que les riches. De fait, selon les calculs de l’Institut des politiques publiques (Ecole d’économie de Paris), ce relèvement-là aura même un effet "légèrement redistributif", impactant plus le pouvoir d’achat des plus aisés que celui des plus modestes.

L’inconvénient: concentrer le feu sur quelques secteurs leur rend forcément la facture très douloureuse… d’autant qu’elle avait déjà été salée par un premier réhaussement de leur taux il y a deux ans, de 5,5 à 7%. Du coup, leurs lobbies -associations, fédérations, syndicats professionnels- se sont déchaînés dans la rue, les médias et en coulisses, dans les étages des ministères et les couloirs de l’Assemblée nationale et du Sénat, jusqu’au sommet de l’Etat. Leur bataille: échapper à la hausse en réclamant… une baisse, c’est-à-dire de passer au taux réduit de TVA, de 5,5%, a priori réservé aux produits de première nécessité (alimentation, eau…).

"A chaque budget, nous subissons la pression des lobbies, mais sur la TVA, le harcèlement a atteint des sommets!" soupire Christian Eckert, particulièrement exposé à son poste stratégique de rapporteur de la commission des finances de l’Assemblée. Tout a été bon pour argumenter, chantage à l’emploi ou plaidoyer d’utilité publique…

Le secteur du bâtiment a bien défendu ses intérêts

Deux grands secteurs sont concernés au premier chef par la montée de la TVA à 10% : la restauration et hôtellerie, et les travaux dans les logements. Pour les hôteliers et restaurateurs, la partie était perdue d’avance : Sarkozy les avait choyés en 2009 en descendant leurs tarifs du taux normal (19,6 %) au taux réduit (5,5 %) ; l’opposition n’avait alors cessé de dénoncer ce choix coûteux, sans que les engagements pris par la profession aient été entièrement tenus. Du coup, le principal syndicat d'hôteliers et de restaurateurs, l’Umih a tempêté pour la forme contre le "matraquage fiscal", alerté sur le "suicide annoncé, alors qu’il n’y a jamais eu autant de défaillances de nos entreprises", sur le fond, il s’est résigné. Le pire eut été de revenir au taux normal !

Les artisans du bâtiment ont bien mieux tiré leur épingle du jeu. La Fédération française du bâtiment (FFB) et, surtout, la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) ont mobilisé leurs troupes pour des manifestations dans tout le pays le 13 septembre contre la "sur-pression fiscale" alors que leur secteur est frappé de plein fouet par la crise, des centaines de plombiers, carreleurs et autres électriciens sont allés occuper le viaduc de Millau.

Sans coup férir, ils ont obtenu le coup de pouce quémandé. Le ministre de l’Ecologie, Philippe Martin, a annoncé un abaissement à 5,5% pour les travaux de rénovation thermique des logements… dont le périmètre n’a cessé, au fil des annonces, de s’élargir ! Au départ, il s’agissait des seuls travaux d’isolation thermique, puis de tous les travaux de rénovation thermique, incluant les nouvelles chaudières et autres chauffages, puis le rabais s’est étendu aux travaux dits "induits, comme les destructions de cloisons, l’enlèvement de parquets ou de vieilles fenêtres.

Du coup, la TVA à 5,5% s’applique à plus de 40% du total des travaux de rénovation des logements. De quoi aider à atteindre l'objectif gouvernemental de 500.000 rénovations énergétiques de logements chaque année d'ici 2017. Et ce n’est pas tout. Car le gouvernement a également pour objectif de pousser à la construction de 150000 HLM chaque année. C’est pourquoi la ministre du logement Cécile Duflot n’a pas eu de mal à obtenir le même sésame des 5,5% pour la construction et rénovation de logements sociaux.

Dans les transports, seules les ambulances échappent à la hausse

Rabais au nom de l’écologie ou du social: les reculs de Bercy ne sont pas forcément injustifiés… mais restent à géométrie variable. Ainsi, le ministère des Finances a résisté à la pression des élus locaux, pourtant majoritairement socialistes, sur deux secteurs affectant les finances des collectivités territoriales, où, pourtant, l’argument écologique (et même social) était brandi à bon droit. Il s’agit d’abord de la collecte des déchets ménagers.

L'Association des maires de France (AMF) a eu beau avertir que "la nouvelle hausse, qui aboutit à un quasi-doublement de la charge de TVA en deux ans, se traduira inéluctablement par une augmentation du coût du service pour les habitants" et "considérant qu'il s'agit d'un service essentiel pour la population", revendiquer l’abaissement à 5,5%, rien n’y a fait.

Surtout, il s’agit des transports collectifs. Pas très "politically correct" d’augmenter les taxes sur ces transports, qui sont utilisés par de nombreux Français (et représente pour eux une dépense obligatoire) et dont les pouvoirs publics sont plutôt censés encourager le développement. Mais les protestations sont restées vaines. Du coup, le syndicat des transports d’Ile de France (Stif) a annoncé qu’il répercuterait strictement la hausse de TVA en relevant ses tarifs des métros, RER, tramways, métros et bus, de 3% au 1er janvier.

Même augmentation pour les billets de train, dénoncée par le président de la SNCF, Guillaume Pepy, qui culpabilise le gouvernement : "dommage que l’impôt pèse sur l'attractivité des transports collectifs!" 

Seule exception: les ambulances. Après quelques opérations escargot gyrophares allumés, les ambulanciers ont gagné. Bercy a fait pression sur la Caisse d’assurance-maladie pour qu’elle revalorise leurs tarifs de sorte à absorber la hausse de TVA. Et tant pis pour le trou de la Sécu.

Le lobby du cinéma a bien défendu sa cause

D’autres secteurs concernés, plus petits mais aux lobbies pas forcément moins puissants, ont aussi su décrocher le jackpot du taux réduit, en s’appuyant toujours sur l’argument du bien public. Ainsi, la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) n’a pas eu besoin d’élever la voix : dès mi-septembre, avant toute discussion budgétaire, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti annonçait que la TVA sur les billets de cinéma serait ramenée à 5,5%... par la grâce de la fameuse "exception culturelle", qui l’avait déjà poussée, il y a un an, à rabaisser la TVA sur les livres.

En revanche, le très actif lobby du cinéma n’a pas réussi à arracher le même rabais pour les abonnements de chaînes payantes (qui peuvent difficilement passer pour des produits de première nécessité !), malgré son soutien à Canal+, grand argentier des films français. Autre victoire facile de Filippetti : accorder le taux réduit aux importations d’œuvres d’art afin de "préserver l’attractivité de la place française dans un marché de l’art très mondial".

Les galeristes, antiquaires et maisons d’enchères, qui ont jusqu’ici gagné tous leurs combats fiscaux, peuvent encore une fois s’en réjouir. Dans l’inventaire à la Prévert des discounts de dernière minute, on trouve aussi les engrais naturels pour l’agriculture biologique. Et les préservatifs… mais les fabricants et associations anti-sida regrettent que le ministère de la Santé n’ait pas pensé à inclure dans le rabais les lubrifiants (qui vont souvent de pair), taxés, eux, à 20% !

Des reculades coûteuses pour l'Etat

Au bilan, le résultat de toutes ces reculades de Bercy vont priver le Trésor public de 1,5 milliard d’euros… qui ne seront que seulement partiellement compensés par les 750 millions que rapportent le renoncement du gouvernement à baisser, comme initialement promis, le taux réduit sur les produits de première nécessité, de 5,5 à 5%!

Reste un cas particulier, explosif tant ce lobby est redoutable en France : la filière cheval. Là, c’est la Commission européenne qui exige de faire grimper la TVA de 7 à 20%. Selon Bruxelles, le taux réduit de TVA est réservé à la vente de chevaux destinés à l’alimentation ou à la production agricole et ne peut donc s’appliquer aux chevaux de course ou utilisés pour les loisirs. La France bataille depuis 2002 avec la Commission pour garder la filière à l’abri mais, en mars 2012, la Cour de justice européenne a confirmé que la situation française n’était pas conforme à la directive TVA.

Certaines activités, comme la course et l’élevage, sont déjà passées au taux plein début 2013. Les centres équestres, jusque-là sous régime dérogatoire, devront obtempérer au 1er janvier. Une mobilisation sans précédent s’est levée pour "que la France ne cède pas au diktat de Bruxelles", dixit la Fédération française d’équitation (FFE), la troisième fédération sportive derrière le football et le tennis. La FFE, comme la Fédération nationale du cheval (FNC), la Fédération nationale des éleveurs professionnels d’équidés, le Groupement hippique national (GHN), l’association des sociétés de courses France galop, mais aussi, plus largement, la Coordination rurale, la Confédération paysanne et la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), ont tous été sur le pont.

De l'importance de faire du lobbying à Bruxelles

Des milliers de cavaliers juchés sur des chevaux et poneys ont défilé en novembre à Rouen, Dijon, Toulouse, Montpellier, Nantes, Bordeaux, Orléans, Paris… Plus d’une centaine de parlementaires, sous l’égide de Chantal Jouanno (UDI), ont écrit à Jean-Marc Ayrault pour "protéger le sport hippique et l’activité économique de ce secteur alors que, avec ce changement de taux, plus de 6000 emplois sont en péril, soit le plus grand plan social de France." 

Dernièrement, le porte-parole du collectif "Equitation en péril" est allé remettre en calèche, une pétition de 50.000 signataires à l’Elysée: "nous nous battons pour l’équitation sociale, la ruralité, pour la survie des centres équestres qui sont les derniers lieux de vie dans les campagnes"! Pour se sortir du pétrin, le gouvernement n’a pas hésité à se poser en victime des règles venues d’en haut.

Les ministres du Budget, de l’Agriculture et des Sports ont reçu des représentants de la filière. Dans la foulée, le gouvernement leur a accordé la création d’un "fonds cheval" de 20 millions d’euros, piloté par la profession, destiné à amortir le choc. Et les trois ministres font des pieds et des mains à Bruxelles (avec peu de chances) pour obtenir de maintenir le taux intermédiaire sur certaines activités en jouant sur les subtilités juridiques d’une article de la réglementation européenne accordant un taux réduit pour l’accès aux installations sportives.

Au-delà, le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, a convié les porte-paroles de la filière à rencontrer les services de la Commission et, à plus long terme, affirme vouloir "se battre bec et ongles" dans le cadre de la renégociation à venir de la directive TVA. Certes, les professionnels et amoureux du cheval n’ont pas obtenu gain de cause mais ce n’est pas faute de lobbying… de la part du gouvernement français à Bruxelles !

 

 

Source : www.challenges.fr

 

 

 

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 22:29

 

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10 prédictions pour 2014 qui font froid dans le dos

 

Publié le 18-12-2013 à 19h27 - Mis à jour à 19h41

Le CAC 40 qui chute de 40%, l'Allemagne en récession, une supertaxe européenne de 10%... Découvrez les prédictions chocs de Saxo Banque.

 

 

 

Les sombres prédictions de Steen Jakobsen pour 2014. (PHILIPPE LOPEZ/AFP)

Les sombres prédictions de Steen Jakobsen pour 2014. (PHILIPPE LOPEZ/AFP)

 

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Il y a une dizaine d'années, quand il a commencé cet exercice original, l'économiste en chef de Saxo Banque Steen Jakobsen pouvait compter les membres de son auditoire sur les doigts des mains. Mardi 17 décembre, ils étaient une centaine à se presser dans une petite salle du très huppé Cercle de l'Union interalliée à Paris. Journalistes, financiers ou encore simples épargnants écoutaient avec curiosité les "prédictions chocs" ("outrageous predictions") de l'analyste pour 2014. D'ailleurs, pour fêter l'événement, Saxo Banque s'était offert une fausse couverture en Une du Financial Times du jour, rien que ça.

Lorsque le public lui demande si ses prédictions se révèlent souvent exactes ou non, Steen Jakobsen assure que ce n'est pas le plus important. D'après lui, ces prédictions servent d'abord à faire réfléchir "outside the box", en dehors de la norme et de la pensée unique. Avant d'asséner que "de nombreuses mauvaises décisions seront prises au nom des inégalités et de la déflation".

Mais si l'on y regarde de plus près, il a parfois fait mouche par le passé. En 2009, il prévoyait la chute du taux d'intérêt des Bunds (les obligations souveraines allemandes à 10 ans) à 2,25% pour l'année d'après (la baisse sera même plus importante). En 2010, il estimait possible que le cours de l'once d'or passe la barre des 1.800 dollars en 2011, ce qui fut effectivement le cas. Et en 2011, il prévoyait une chute du cours en Bourse d'Apple de 50%. Un chiffre pas loin de la réalité : -44% pour l'action de la firme de Cupertino mais entre septembre 2012 et avril 2013.

Voici ses dix prédictions chocs pour l'année 2014 :

 

1. L'Europe vote en faveur d'une taxe sur le patrimoine de 5 à 10%

La déflation menaçante et le manque de croissance va entraîner le Vieux Continent dans une spirale infernale. Pour renflouer le système, l'Union européenne décide l'entrée en vigueur d'une taxe de 5 à 10% sur l'épargne, au-delà de 100.000 euros. 25 ans après la chute de l'URSS, le soviétisme et la fin de la propriété privée seraient de retour.

Dans ce domaine, la fiction serait déjà presque dépassée par la réalité. Après la ponction des épargnants chypriotes, l'UE a décidé la semaine dernière que les épargnants participeraient aux prochains renflouements des banques avec leurs dépôts (au-delà de 100.000 euros). Et récemment, le FMI avait aussi émis l'hypothèse d'une supertaxe de 10% sur la richesse des ménages.

Le trade à jouer pour cette prédiction : acheter de l'or via un ETF comme le SPDR et vendre des actions liées à l'industrie du luxe comme Hermes, LVMH et Sotheby's.

 

2. Une alliance anti-UE en tête au Parlement européen

En mai prochain, les Européens exprimeront leur colère et leur ras-le-bol dans les urnes. Steen Jakobsen verrait bien un raz-de-marée des partis d'extrême-droite (comme le Front national) et des hommes politiques anti-UE (comme l'Independence Party britannique). En cas de rassemblement, ils deviendraient le premier groupe européen au Parlement.

Le trade à jouer pour cette prédiction : acheter des obligations souveraines allemandes et vendre celles de l'Etat espagnol en visant une différence de taux de 300 points de base.

 

3. Les grands groupes technologiques se réveilleront avec la gueule de bois

Aujourd'hui, les actions du secteur américain des technologies de l'information sont négociées près de 15% au-dessus de la valorisation du S&P américain. On est loin de la bulle internet du début des années 2000. Mais certaines valeurs sont surcotées. Saxo Banque en a cinq dans le viseur qu'elle surnomme les "fat five" : Amazon, Netflix, Twitter, Pandora Media et Yelp.

Le trade à jouer pour cette prédiction : vendre les actions de ces groupes.

 

4. Le Japon va effacer sa dette

En 2014, la reprise économique pourrait s'essouffler, ce qui ferait plonger les actifs risqués. Les investisseurs pourraient alors se ruer sur le yen et le faire remonter. La Banque du Japon (BoJ), qui tente de sortir le pays de la déflation dans laquelle il se débat depuis près de 20 ans, serait forcée de réagir. Elle pourrait procéder à un tour de passe-passe comptable et effacer la dette gouvernementale qu'elle détient (environ 15% de la dette publique). Cela provoquera-t-il le retour de l'inflation ? Mystère.

 

5. Risques de déflation aux Etats-Unis

La fragilité du marché immobilier américain est encore prégnante. Cela pourrait entraîner dans sa chute le reste de l'économie et amorcer une phase de déflation.

Le trade à jouer : acheter des bons du Trésor américain à 10 ans (les taux d'intérêt risquent de baisser et donc, inversement, leur valeur à l'achat d'augmenter).

 

6. La Fed orientera sa politique monétaire vers l'hypothécaire

Face à un marché immobilier américain moribond et le ralentissement de la croissance, la Réserve fédérale américaine poursuit sa politique monétaire accommodante, avec un QE3 (rachats de titres) poussé à 100 milliards de dollars par mois (contre 85 milliards aujourd'hui), mais orienté à 100% vers les rachats d'emprunts hypothécaires.

 

7. Le baril de pétrole de Brent passera sous la barre des 80 dollars

Le ralentissement de la demande avec une croissance mondiale moins forte que prévu pourrait se conjuguer avec le retour de l'Iran comme producteur de premier ordre.

 

8. L'Allemagne entre en récession

Le miracle allemand se révèlera être un mirage en 2014. Le pays espère une croissance de 1,7% en 2014 mais il pourrait être largement pénalisé par plusieurs éléments. Ses excédents commerciaux sont dans la ligne de mire des autorités européennes, tandis que les autres membres de la zone euro font des efforts pour rattraper leur retard de compétitivité. Par ailleurs, avec l'abandon du nucléaire, les prix de l'énergie outre-Rhin vont être de moins en moins compétitifs, en particulier face aux Etats-Unis et leur gaz de schiste. Enfin, la nouvelle grande coalition allemande va adopter un Smic, ce qui devrait augmenter le nombre de chômeurs.

 

9. Le CAC 40 s'effondre de 40%

Les investisseurs se rendent compte que les politiques monétaires ont alimenté une gigantesque bulle sur les marchés actions. Dans le même temps, la France est très mal gérée. Les prix de l'immobilier finissent par effectuer un "saut de l'ange" et plongent, ce qui plombe un peu plus la consommation et la confiance des ménages. En outre, la Chine ralentit, ce qui pèse sur le secteur du luxe français. Le CAC 40 recule de 40%.

 

10. Les monnaies des pays émergents s'écroulent

Le flux d'argent en provenance des autres régions du monde commence à se tarir. Ce qui finit par faire imploser les monnaies des pays émergents les plus fragiles de 25% en moyenne. Les pays visés par Saxo Banque sont le Brésil, l'Inde, la Turquie, l'Afrique du Sud et l'Indonésie.

 

 

Source : www.challenges.fr

 

 

 

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 22:14

 

Source : www.lemonde.fr

 

LE MONDE | 15.12.2013 à 20h29 • Mis à jour le 17.12.2013 à 13h49 | Par Marie Charrel

 
 

 

Le siège de la Réserve fédérale (Fed) à Washington.

 

Le fameux « effet papillon » fonctionne aussi en économie. Le 22 mai, quelques mots prononcés par Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), dans une obscure salle du Congrès, à Washington, ont suffi à déclencher instantanément une tempête ravageuse à l'autre bout du monde. En quelques semaines, les cours de la lire turque, du real brésilien, des roupies indienne et indonésienne se sont effondrés de 20 %… M. Bernanke s'était pourtant contenté d'évoquer, du bout des lèvres, une possible réduction de ses mesures de soutien à l'économie américaine.

En septembre, la Fed a finalement renoncé à réduire – pour l'instant – ses injections de liquidités. Mais cet épisode a rappelé l'ampleur de son influence. « Ne cherchez pas : l'homme le plus puissant de la planète, c'est Bernanke », résume le patron d'un fonds d'investissement parisien. Ce n'est pas le Fonds monétaire international (FMI) qui dira le contraire : en octobre, il s'était inquiété des risques qu'un resserrement trop brutal de la politique de la Fed pourrait faire courir à la reprise mondiale.

Pourtant, cette vénérable maison, qui fêtera ses 100 ans le 23 décembre, ne dispose d'aucun pouvoir international. Sa seule mission consiste à veiller à la stabilité des prix, à favoriser le plein-emploi sur le territoire des Etats-Unis. Pourquoi détient-elle alors un tel pouvoir sur le reste de la planète ? Par quels canaux s'exerce-t-il ?

>> Lire sur la création de la Fed : La Réserve fédérale a 100 ans

La première source de son pouvoir tient au statut de première puissance des Etats-Unis, gagné par les armes dans la fureur des deux guerres mondiales du XXe siècle. Du militaire au politique, du politique à l'économique. « Après les crises, l'économie américaine redémarre en général six mois avant le reste du monde et donne le tempo de la reprise », rappelle l'économiste James Galbraith.

L’accès à la totalité de l’article est protégé (*accessible aux abonnés)

Marie Charrel

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 21:57

 

Source : lemonde-emploi.blog.lemonde.fr

 

« Comment la Fed est devenue maître de l’économie mondiale », dans « Le Monde » du 17 décembre

 

 

Timbre américain Alexander Hamilton 

 

La Réserve fédérale américaine fête ses 100 ans le 23 décembre. Si sa mission se limite en théorie à veiller à la stabilité des prix et au plein-emploi aux Etats-Unis, c'est aujourd'hui elle qui donne le tempo de l'économie mondiale comme de l'ensemble des marchés financiers. Et ce n'est pas près de changer... Un dossier du cahier "Eco & entreprise" du Monde daté mardi 17 décembre.


LA FED, LE DOLLAR ET LA PUISSANCE

Branle-bas de combat chez les argentiers de la planète. A Bruxelles et Washington, cette semaine, on va phosphorer sur l'avenir de l'euro, du dollar et des banques. Car tout cela est le même sujet, celui du lien indéfectible entre l'économie, la monnaie, les banques et la souveraineté des nations.

Auront-ils, tous ces banquiers et fonctionnaires en costume croisé, une pensée émue pour le flamboyant Alexander Hamilton (1757-1804), l'un des Pères fondateurs de la nation américaine ?

C'est lui qui fut à l'origine du premier embryon de banque centrale en Amérique. A l'époque, en 1791, il s'agissait de trouver une solution pour payer la dette de la guerre d'indépendance. Il fallut un siècle de plus et de nombreuses crises financières avant que n'émerge la Réserve fédérale des Etats-Unis.

Née le 23 décembre 1913 sur les décombres d'une gigantesque panique bancaire, la banque centrale américaine est investie de deux missions principales : la stabilité de l'économie et du système financier. Elle doit surveiller l'évolution des prix et du chômage, et superviser banques et institutions financières.

Ce qu'Hamilton avait perçu, il y a deux cents ans, c'est qu'une monnaie ne peut pas se développer sans un système financier puissant et régulé. Il était persuadé, comme Adam Smith (1723-1790), que les banques sont la « nurserie de la richesse nationale », celles qui transforment des stocks inertes d'or et d'argent en capital productif, irriguant l'économie et donc la prospérité d'un pays.

LE POUVOIR DES MOTS

C'est ce qu'avaient oublié les pères fondateurs de l'euro. Ils avaient bien créé une banque centrale puissante et indépendante, mais sans le pouvoir sur les banques. C'est ce qui sera corrigé, espère-t-on cette semaine à Bruxelles avec l'adoption de l'union bancaire.

Cela sera-t-il suffisant ? Pas sûr. Dans ce domaine, l'Europe évolue en territoire inconnu. Jusqu'à présent, toutes les tentatives d'établir une monnaie supranationale ont échoué. Comme le souligne l'économiste Michel Aglietta, la monnaie, qui est le langage de l'économie de marché, est indissociable de la souveraineté, qui se traduit aussi par une union politique et budgétaire.

Et son statut reflète la puissance de son maître. Le dollar s'est construit sur les ruines des deux guerres mondiales et son hégémonie (qui a remplacé celle de la livre anglaise) a été consacrée par les accords de Bretton Woods en 1944.

Aujourd'hui encore, en dépit de l'abandon de Bretton Woods au début des années 1970 et de la tourmente monétaire qui s'en est suivie, plus de 80 % des échanges mondiaux se libellent en dollar.

C'est ce qui autorise les Etats-Unis à s'endetter hors de proportion sans en payer le prix acquitté par les Européens ou les Asiatiques. C'est ce qui constitue la force de la Fed, capable de plonger n'importe quel pays du monde dans la crise par le seul pouvoir des mots.

Car le commerce international a besoin d'une monnaie de référence. Aussi, pendant encore longtemps, le dollar sera roi, et la Fed sera reine.

Philippe Escande

A lire sur le sujet, dans le cahier « Eco & entreprise » du Monde, dans l'édition Abonnés du Monde,fr ou dans Le Monde daté mardi 17 décembre :

- Comment la Fed est devenue maître de l'économie mondiale, par Marie Charrel.

- Trois scénarios pour l'après-dollar, par Marie Charrel.

- Ben Bernanke et les leçons de la crise de 1929, par Adrien de Tricornot.

 

Timbre américain de 1998 commémoration du Federal Reserve Act 

 

A lire aussi:

- La Réserve fédérale a cent ans, par Jean-Marc Daniel.

 

 

Source : lemonde-emploi.blog.lemonde.fr

 

 

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 16:08

 

Source : www.rue89.com

 

 

Alors, euro ? 01/01/2014 à 10h36
Dix choses que vous ignorez (sans doute) sur la Lettonie, désormais dans l’euro
Arthur de Boutiny | Journaliste

 

Ce 1er janvier, la Lettonie est devenue le 18e pays à adopter l’euro, dix ans après avoir intégré l’Union européenne.

Une entrée à reculons pour cet Etat balte, qui se prononce à 58% contre l’adhésion à la monnaie unique : c’est le parlement local, à Riga, qui a fait passer l’euro au forceps.

Avec le lats, c’est un peu de l’identité de la Lettonie qui s’en va aussi. La devise était arrivée pendant la brève indépendance du pays de 1921 à 1940, puis depuis l’éclatement de l’Union soviétique, en 1991.

Cette succession d’annexions et de libérations a fait que la Lettonie est un pays peu connu en France, mais voici dix éléments qui vous permettront de mieux connaître ce petit pays plus solide que le laiton.

                                                                                                                                                                                                                             1 Les pays baltes, ou l’indépendance en chantant

 

On connaît la Révolution des œillets, la Révolution de velours, la Révolution orange. Mais connaissez-vous la Révolution chantante ? C’est pourtant ainsi que trois pays, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, ont recouvré leur indépendance, perdue pendant la Seconde Guerre mondiale.

 


La Voie balte, le 23 août 1989, a réuni près de 2 millions de personnes en une chaîne humaine de 560 km, passant dans les trois pays (Wikimedia Commons)

 

Qu’on n’aille pas s’imaginer des hordes de Baltes fredonnant « Wind of Change ». Echaudés par la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, les Baltes ont utilisé les airs traditionnels et les chansons patriotiques pour affirmer leur désir d’indépendance.

Si le phénomène a été particulièrement visible en Estonie, la Lettonie ne fut pas en reste, en affluant dans les festivals de musique traditionnelle et en organisant le dépôt de fleurs devant le Monument de la liberté à Riga.

Un opéra rock, « Lacplesis », fut même crée en 1988, prenant modèle sur l’épopée nationale.

 

 

Interprétation de Gaismas Pils au Festival national letton des chants et des danses de 1985

Cette chanson, qui parle de la renaissance de la nation lettonne, était interdite pendant l’ère soviétique.

                                                                                                                                                                                                                              2 Presque un Letton sur six n’a pas de pays

 

Non, il n’y a pas d’erreur dans ce titre. Comment en arrive-t-on à cette absurdité ? Le 15 octobre 1991, la nationalité lettonne est attribuée à tous ceux qui furent citoyens lettons dans l’entre-deux-guerres, ainsi qu’à leurs descendants.

Mais que faire du million de Russes, parfois arrivés en Lettonie avant l’annexion soviétique, qui constituent la majorité dans certains endroits, comme à Daugavpils, à l’est ? Eh bien, rien. Ils deviennent apatrides. Ou plutôt, selon la loi de 1995, « non-citoyens ».

A l’heure actuelle, près de 300 000 non-citoyens vivent encore en Lettonie. Soit plus de 15% de la population.

L’interdiction d’être avocat, juge, militaire ou fonctionnaire

La procédure de naturalisation est très lourde : des examens sur la langue, la Constitution et l’histoire sont requis, ou il faut justifier d’un cursus dans une école aux enseignements en letton.

Or, une partie des russophones ne parle que très mal letton, et l’historiographie officielle crée encore le débat. Seulement 150 000 personnes ont été naturalisées depuis l’indépendance, témoignant de la lenteur des institutions.

Cette bizarrerie fait que de nombreuses différences demeurent entre citoyens et non-citoyens : parmi elles, le droit de vote et à certaines allocations, ou l’interdiction d’être avocat, juge, militaire ou fonctionnaire.

La question des non-citoyens demeure la principale pomme de discorde des organisations de défense des droits de l’homme en Lettonie. Cela ne va guère changer : plus de 40% des citoyens étaient encore opposés en 2005 à l’attribution du droit de vote des non-citoyens aux élections locales... dont 55,9% de Lettons.

                                                                                                                                                                                                                             3 Le maire de Riga est accusé d’être l’homme du Kremlin

 

 


Nils Usakovs, en 2004 (Saeima/Wikimedia Commons/CC)

 

En parlant de Russes, la capitale Riga est précisément dirigée par l’un d’eux depuis 2009 : Nils Usakovs n’a été naturalisé letton qu’en 1999, à sa sortie de l’université.

Avec son visage poupin, ses grosses lunettes, et sa coupe blonde de premier de la classe, cet ancien journaliste de 37 ans n’a rien d’une bête noire.

Il l’est pourtant aux yeux des nationalistes lettons, qui voient en lui une réplique de Poutine, le chef d’une cinquième colonne qui souhaite voir tomber les pays baltes dans l’escarcelle de Moscou.

Son parti, le Centre de la concorde, russophile, s’est vu privé de majorité par les partis lettons aux législatives de 2011. Un problème que ne connaît pas Usakovs à la mairie de Riga, qui a été réélu triomphalement en 2013.

Même s’il reste très populaire parmi les Rigois, le scandale de l’effondrement d’un supermarché (voir n°4) a vu se multiplier les appels à sa démission : le maire a désamorcé le risque en annonçant qu’un mémorial aux victimes serait construit sur les ruines.

                                                                                                                                                                                                                               4 C’est le seul pays où l’effondrement d’un supermarché a provoqué une crise politique

 

 

Images de l’effondrement du supermarché Maxima de Riga

Images télévision lettonne et AFP

Le 21 novembre 2013, en pleine heure d’affluence, le toit d’un supermarché Maxima s’effondre. Le bilan est très lourd : 54 morts, dont 3 secouristes tués quand les restes du plafond ont suivi.

C’est la pire catastrophe qu’ait connue Riga depuis l’indépendance en 1991 : plusieurs sites, y compris le Wikipédia letton, se parent de noir et de chandelles pour saluer les disparus.

Le Premier ministre démissionne

Alors que l’enquête continue, trois causes ont été retenues pour la tragédie : la conception du bâtiment, les conditions de sa construction, et les travaux pour installer un toit suspendu. Gênant, quand on sait que le supermarché avait coûté un million d’euros et qu’il avait obtenu un prix d’architecture...

Dans la classe politique, c’est la panique : le président Andris Berzins appelle « à arrêter les coupables », tandis que son premier ministre Valdis Dombrovskis annonce sa démission le 27 novembre. Il s’estime responsable du désastre, ayant été membre du Parlement quand les règles de construction ont été assouplies durant la crise économique en 2009. A ce jour, il n’a toujours pas de successeur.

                                                                                                                                                                                                                              5 Une des langues de Lettonie s’est éteinte en 2013

 

Tous les peuples baltes ont leur pays. Tous ? Non : sur la côte, un (tout) petit peuple résiste encore et toujours. Les Lives sont d’origine finnoise et ont donné leur nom à la Livonie, mais c’est bientôt tout ce qui va rester d’eux.

En 2011, il y avait moins de 250 Lives en Lettonie, et la dernière personne qui parlait le live comme langue maternelle, Grizelda Kristina, est décédée le 2 juin 2013 au Canada, à l’âge de 103 ans. Le live est donc considéré comme une langue éteinte.

L’assimilation par les Russes puis les Lettons, la diaspora de ce peuple ont contribué à cette quasi-extinction, même si le live continue à être enseigné dans les universités des pays baltes.

 

 

Chanson de Tulli Lum, groupe estonien

La chanteuse, Julgi Stalte, parle le live

                                                                                                                                                                                                                             6 Les SS lettons faisaient l’objet d’une fête nationale

 

Le 16 mars est jour de fête, mais cette date ne fut une fête nationale que de 1998 à 2000, avant que le gouvernement ne fasse machine arrière devant les protestations de l’Union européenne.

Pourquoi un tel revirement ? C’est que le 16 mars est le jour de la Légion lettonne, les auxiliaires de la SS pendant la Seconde Guerre mondiale.

 


Défilé de la Légion lettonne en 1943 à Riga (Bundesarchiv)

 

Lutte contre les Soviétiques oblige, les Lettons ont une histoire officielle plutôt trouble.

La dictature de Karlis Ulmanis, entre 1936 et 1940, est souvent perçue comme un âge d’or, et son petit-neveu Guntis fut président du pays de 1993 à 1999.

Quant à la Légion lettonne, elle s’est répartie en deux divisions SS, formées de conscrits censés compenser les pertes de la Wehrmacht. Il s’agit de choisir le moindre mal, entre l’Allemagne nazie et l’Union soviétique, et de gagner du temps avant de retrouver l’indépendance.

« Pas impliquée dans les crimes de la Shoah »

Leur part de responsabilité dans les crimes de guerre sur le front de l’Est est encore sujette à débat ; Efraim Zuroff, le directeur du Centre Simon-Wiesenthal de Jérusalem, a affirmé à la télévision lettonne que :

« La légion lettonne n’avait pas été impliquée dans les crimes de la Shoah. »

De nombreux députés lettons se rendent encore au Monument de la liberté chaque 16 mars, protégés par un cordon policier conséquent. Les contre-manifestations ont viré aux heurts les années précédentes.

                                                                                                                                                                                                                             7 C’est le seul pays d’Europe centrale à avoir détenu un empire colonial

 

Un peu de géopolitique historique ne fait pas de mal. Le duché de Courlande, de 1561 à 1795, est un héritage de l’évangélisation de la région par les chevaliers teutoniques.

Situé dans l’ouest de la Lettonie actuelle, ce pays est donné par le roi de Pologne en apanage au grand maître des Chevaliers Porte-Glaive. Nul ne se distingue dans la dynastie Kettler, jusqu’au duc Jacob (1642-1682).

Ce dernier s’était initié au mercantilisme aux Pays-Bas, et décida d’en rapporter les fruits chez lui : la Courlande fut l’un des pays les plus prospères du XVIIe siècle, au point de se lancer dans l’entreprise coloniale.

 

 


Jacob Kettler, duc de Courlande (Wikimedia Commons)

 

En 1637, une flotte courlandaise avait déjà tenté, sans succès, de s’établir sur l’île de Tobago, dans les Antilles. Allié aux Anglais, le duc de Courlande veut se faire le bras armé du protestantisme. En 1651, le Fort Jacob est établi sur l’île de Saint-André, dans l’actuelle Gambie.

 

Trois ans plus tard, 80 familles établissent la colonie de la Nouvelle-Courlande à Tobago. On affirme même que le duc Jacob va se lancer à la conquête de l’Australie...

Hélas, la chute de la monarchie anglaise prive la Courlande de soutiens, et le duc est fait prisonnier par les Suédois de 1658 à 1660.

 

La Nouvelle-Courlande est rapidement supplantée par les Néerlandais, et doit quitter Tobago en 1666 ; quant aux forts de Gambie, ils sont cédés aux Anglais en 1664. En 1795, c’est la Courlande qui cesse d’exister, absorbée par la Russie.

                                                                                                                                                                                                                             8 Les Lettons ont prêté leur seul char de combat à leur voisin

 

Membre de l’Otan depuis 2004, la Lettonie s’est dépêchée de faire du passé table rase et de se débarrasser de son matériel soviétique : l’armée ne possède plus qu’un seul (vieux) char d’assaut T-55... qu’elle a eu la gentillesse de passer à l’Estonie en janvier 2010.

 

Ce pays n’en avait carrément pas, et en avait pourtant besoin pour des exercices militaires. Après tout, ce n’est pas plus bête que de prêter sa tondeuse à gazon à son voisin.

                                                                                                                                                                                                                             9 Les cimetières sont des lieux de promenade

 

En Europe occidentale, le décorum des cimetières est inversement proportionnel à leur taux de fréquentation : c’est pareil en Lettonie, mais dans l’autre sens.

Héritage du paganisme ou de l’austérité luthérienne, les cimetières lettons sont souvent situés en pleine forêt, et sont dépourvus d’ornements.

 

Les Lettons considèrent en effet que chacun est égal devant la mort, et se font un devoir de rendre visite à leurs défunts ; la sortie au cimetière tient encore lieu de distraction hebdomadaire.

                                                                                                                                                                                                                            10 Une économie qui joue aux montagnes russes

 

La Lettonie rejoint la zone euro, alors qu’elle est l’un des pays les plus pauvres d’Europe, avec un PIB annuel par habitant de 10 700 euros et un cinquième de sa population sous le seuil de pauvreté (2012, ministère des Affaires étrangères français).

 

C’est aussi le pays de l’Union qui enregistre la plus forte croissance annuelle (plus de 5%) depuis 2010.

 


Le premier ministre letton, Valdis Dombrovskis, à Riga le 12 septembre 2012 (Ilmars Znotins/AFP)

 

Il faut dire que l’économie lettonne revient de loin : après avoir affiché une croissance record, la crise financière de 2008 provoque la pire récession du monde à l’époque.

 

Le prix Nobel d’Economie Paul Krugman n’hésite à qualifier le pays d’Argentine de l’Europe.

 

Depuis 2010, la Lettonie s’est astreinte à une sévère cure d’austérité et Christine Lagarde, directrice générale du FMI, la cite volontiers en exemple. Ce qui n’empêche pas la Banque centrale européenne de juger préoccupante « la soutenabilité à plus long terme de la convergence économique du pays. »

Traduction : l’économie lettonne est un colosse aux pieds d’argile, et le pire est peut-être encore à venir.

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Source : www.rue89.com

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 15:53

 

Source :  www.lemonde.fr

 

Les élites débordées par le numérique

Le Monde.fr | 26.12.2013 à 16h05 • Mis à jour le 28.12.2013 à 18h30 | Par Laure Belot

 

Septembre 2013. Un bijoutier niçois tue son agresseur et reçoit, en cinq jours, plus d’un million de soutiens sur Facebook. Massif, ce mouvement numérique a laissé l’appareil d’Etat « comme une poule avec un couteau », avoue aujourd’hui un membre d’un cabinet ministériel. « Devant ces nouveaux usages en ligne, ajoute-t-il, nous avons du mal à formuler des réponses. »

Qu’il y ait eu ou non manipulation des chiffres, cette mobilisation hors norme est intéressante, quand on sait qu’un rassemblement en soutien au bijoutier, organisé à Nice le 16 septembre, n’a pas réuni plus de 1 000 personnes. « On a toujours relié manifestation physique et soutien affectif, observe le PDG d’Ipsos, Jean-Marc Lech. Or le numérique entraîne une révolution de l’appréhension sociologique. »

Surtout, ce mouvement sociétal d’un nouveau type révèle que, dans leur grande majorité, les élites tombent de l’armoire numérique et ne soupçonnent pas la lame de fond sociétale qui se forme. L’« homo numericus » avance à toute vitesse. Bien plus vite que les gouvernants, institutions et intellectuels, souvent dépassés.

MOYEN D’EXPRESSION ET DE MANIPULATION

En quinze ans, les classes dirigeantes ont compris qu’Internet a révolutionné la communication : la multiplication des tuyaux permet une diffusion rapide et mondiale de contenus plus ou moins fiables, d’idées mesurées ou radicales. Moyen d’expression et de manipulation, le Web entraîne de nouveaux risques d’atteinte à l’image. D’où, quel que soit l’endroit de la planète, l’apparition de « tweetomanies » (usage compulsif de Twitter) et autres « facebookeries » (création à la chaîne de pages Facebook à visées publicitaires) de certains leaders, partis politiques, entreprises voulant paraître de leur temps.

Lire : François Hollande exprime ses vœux de Noël sur Twitter

Pourtant, cette communication en ligne, frénétique du haut au bas de l’échelle sociale, n’aide pas les élites à percevoir la partie immergée de l’iceberg numérique. « Une véritable culture nouvelle, initiée par les “digital natives”, c’est-à-dire la “génération Y”, se répand mondialement, explique Marie Ekeland, vice-présidente de France Digitale, association qui soutient le développement des start-up. Ceux qui cantonnent le numérique à une économie à part n’ont pas compris le phénomène. »

Chez Wikipédia, 5e site le plus visité du monde et symbole de la culture collaborative en ligne, Adrienne Alix, directrice des programmes de Wikimédia, sa structure faîtière, remarque : « Un signe majeur de la déconnexion des élites est l’usage de l’expression “nouvelles technologies”. Ils parlent de “plan numérique” comme si on planifiait la récolte de blé en URSS, cherchant à contrôler des choses qui ne sont pas contrôlables. »

Lire : Wikipédia récuse l'éthique de certains de ses contributeurs

SYNDICATS ET LOBBYS COURT-CIRCUITÉS

Résultat : leurs déconvenues sont protéiformes. Aux Etats-Unis, « l’affaire Edward Snowden [l’analyste de la CIA qui a divulgué des documents top secret de la NSA] peut être vue comme une belle illustration de la déconnexion des élites », commente le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz. « Ces informations confidentielles ont été données à des centaines de destinataires, dont les supérieurs hiérarchiques n’ont pas imaginé une seconde que l’un d’entre eux pourrait avoir envie de les partager. L’Amérique de la Silicon Valley, en pointe, ne doit pas cacher celle de Washington, déconnectée, où beaucoup ont du mal à appréhender le “big data” [récolte massive de données numériques] et le partage numérique. Ils y sont même hostiles. »

Lire : Comment la NSA espionne la France

 En France, c’est à leur propre court-circuitage, par le biais de YouTube, Twitter ou Facebook, que syndicats et lobbys traditionnels ont assisté en 2013. La Fédération nationale d’équitation, au bord de la route numérique, a découvert sur Facebook la croisade des éleveurs équins contre l’« équi-taxe ». Même surprise du patronat concernant les colères fiscales des « tondus », « poussins » et « abeilles », inspirées de celle des « pigeons », en novembre 2012, mouvement rejoint tardivement par un Medef dépassé. « C’est le bas qui pousse, estime Jean-Marc Lech. Cette société de liberté déborde toutes les élites, sans aucune culpabilité. »

« LES CITOYENS RÉINVENTENT LA SOCIÉTÉ À LEUR ÉCHELLE »

Massivement, et mondialement, l’outil Internet engendre de nouvelles pratiques économiques et sociétales. Les internautes tissent des liens horizontaux, achètent et vendent sur Leboncoin.fr, pratiquent le covoiturage grâce à BlaBlaCar, conduisent la voiture de leur voisin au moyen de Ouicar.fr, s’entraident sur Craigslist.org, se logent sur Airbnb.com…

« On pourrait dire que ces usagers court-circuitent les intermédiaires, mais ce terme signifierait qu’ils y mettent une volonté politique. Or ces pratiques ne sont pas clivantes au sens droite-gauche. Issus de tous bords, les citoyens s’emparent d’Internet pour agir différemment et réinventent la société à leur échelle. Sans même le chercher, ils questionnent l’organisation pyramidale gouvernée par les “sachants” », explique Antonin Léonard, cofondateur de la communauté OuiShare.

Cette société civique qui s’auto-organise a déjà ses têtes de pont, prêtes à jouer dans la cour mondiale des grands : OuiShare, catalyseur des pratiques collaboratives, a des relais à Rome et Berlin ; le réseau Sandbox fédère, de San Francisco à Pékin, un millier d’entrepreneurs de moins de 30 ans qui réseautent et s’entraident ; du Brésil aux Philippines, Plus Social Good rassemble ceux qui « cherchent des solutions collaboratives aux problèmes sociaux », explique le polytechnicien Ismaël Le Mouël, fondateur de Helloasso.com, qui a déjà récolté 4 millions d’euros pour 2 000 associations.

« LES BANQUES : INTERMÉDIAIRES INÉVITABLES »

Sans centre, sans frontières, ces pratiques déstabilisent. Et pour cause : « Dans l’histoire, ce sont les puissants qui se sont organisés en réseaux larges, pas vraiment le socle de la société », explique l’historienne Marjolaine Boutet. Ainsi de l’essor mondial du financement participatif ou crowdfunding. « La récente étude de la Banque mondiale, évaluant le marché à 10 milliards de dollars [7,3 milliards d’euros] en 2025, a été un électrochoc pour le milieu bancaire français », note Vincent Ricordeau, fondateur du site Kisskissbankbank.com, qui aide à financer clips, films, musique… « Nous sommes désormais approchés par des groupes financiers, mais leurs réactions oscillent entre tentatives de récupération ou d’intimidation. La créativité culturelle est aux mains d’un très petit nombre de gens, les élites. Le monde ne pourra changer que si chacun peut avoir accès à sa propre créativité. »

Toujours dans le domaine financier, l’ex-banquier d’affaires de BNP Paribas Charles Egly a créé avec son camarade de HEC Geoffroy Guigou la banque de particuliers à particuliers Prêt d’union… pour donner du sens à son travail. « J’avais un poste très intéressant intellectuellement, mais aride humainement », résume-t-il. Son site vient de recevoir un soutien financier de taille. Non du secteur financier classique –: « On m’y a expliqué que les banques étaient des intermédiaires inévitables depuis cent cinquante ans et qu’il n’y avait pas de raison que cela change » –, mais du norvégien Schibsted, maison mère du Boncoin.fr, qui vient de miser plusieurs millions d’euros.

« Nous assistons à une bataille mondiale entre les élites 1.0, prises à rebours par la base et ses idées, et les élites 2.0, qui se positionnent sur cette nouvelle économie et remettent en cause les vieux modèles », estime Jean-Michel Billaut, pionnier de l’Internet en France élu personnalité de l’année par l’Association pour le commerce et les services en ligne. Signe d’une (tardive) prise de conscience ? Pour remettre à niveau ses têtes pensantes, BNP Paribas démarre un « coaching digital international » pour les « G100 » (ses 100 premiers dirigeants) intitulé « Diffusion des usages digitaux ».

« PROBLÈME GÉNÉRATIONNEL VIOLENT »

La rapidité des changements numériques a laissé nombre de dirigeants et penseurs sur la touche. « Une partie de notre travail est de rappeler des évidences à des clients qui ne vivent pas avec ceux auxquels ils s’adressent. Les consommateurs sont ultraconnectés. Alors qu’en face, ces élites voient Leboncoin.fr comme un épiphénomène et sont dubitatives sur l’essor du crowdfunding », explique Dominique Lévy-Saragossi, directrice générale d’Ipsos France.

« C’est un problème générationnel violent. La philosophie de certains nouveaux comportements, comme le partage de l’information ou l’échange, est pour eux contre-intuitive. » Cette quadragénaire particulièrement connectée reconnaît qu’elle-même doit s’adapter sans cesse : « Je me doute que certains phénomènes sont importants, mais cela me demande un véritable effort pour le concevoir. »

Agé de 70 ans, Joseph Stiglitz admet être, lui aussi, parfois dépassé. « Nous ne pouvons pas changer notre âge. Sur ces sujets, il faut parler aux plus jeunes pour comprendre », analyse l’économiste, qui confie avoir été initié au site de locations entre particuliers Airbnb.com par son neveu. « Nous faisons face à un mouvement très rapide et mondial, poursuit M. Stiglitz. La question est de savoir quel va être son impact réel et ce que nous devons faire. » Une problématique d’autant plus compliquée à appréhender que les percées de ces usages sont fulgurantes à certains endroits de la planète, mais pas à d’autres. « Nous ne sommes pas à la veille du grand soir. Il ne va pas y avoir de substitution d’un modèle à un autre », explique Louis-David Benyayer, docteur en stratégie et fondateur d’un groupe de réflexion prospectif ouvert, Withoutmodel.com, rassemblant chercheurs, entrepreneurs…

« Des voitures vont continuer à se vendre et, en même temps, des systèmes de transports collaboratifs vont émerger ailleurs. Les réalités vont se juxtaposer. » Résultat, les élites voient flou. Soit elles n’ont pas les bonnes jumelles, soit elles ne les placent pas au bon endroit. Des Roms à la burqa, « le débat public est phagocyté par de faux problèmes », estime Dominique Lévy-Saragossi. Comme si ces débats pseudo-nationaux permettaient aux élites de garder la main et d’éviter d’affronter les vrais sujets, notamment cette mutation sociétale. « L’agrégation de minorités fabrique une réalité fragmentée qui n’est plus lisible par la recherche de faits majoritaires. La notion de moyenne n’a plus de sens. Ce qui pose problème à une élite française cartésienne. »

« ÉLITE PARISIENNE UNIDIMENSIONNELLE »

De fait, le problème n’est pas seulement générationnel, mais bel et bien français. Ce qui faisait écrire à l’éditorialiste britannique Simon Kuper, le 10 mai, dans le Financial Times : « Les élites françaises n’ont pas été entraînées à réussir dans le monde, mais dans le centre de Paris. » Le constitutionnaliste Dominique Rousseau avance une explication : « Le problème en France n’est pas tant la déconnexion des élites que la nature même de l’élite, recroquevillée sur les énarques, que l’on retrouve partout, dans les banques, les assurances, les grands groupes, les cabinets d’avocats, les cabinets ministériels, à l’Elysée, à la direction des partis politiques… Cette élite parisienne unidimensionnelle, qui manque de diversité, manque aussi de capteurs pour saisir la société. Autant l’“énarchie” a été très utile pour construire la nation, autant actuellement, compte tenu de cette révolution numérique, elle devient un obstacle. » 

Pour ce membre du prestigieux Institut universitaire de France, on assiste à un double mouvement. Face à ce nouveau monde, cette élite réagit classiquement : « Elle a été formée à l’idée que la volonté générale ne peut être produite que par elle et non par la société, où il y a trop d’intérêts et de passion. C’est une culture de méfiance des risques de fauteurs de trouble, poursuit-il. Mais la déconnexion n’est pas à sens unique. En bas, la société fonctionne sur elle-même, en réseau. Elle pense, communique sans les élites, invente ses propres règles et se moque de les faire passer par le haut. Le peuple se déconnecte aussi. »

Un double mouvement exacerbé par l’attitude des « élites intermédiaires », poursuit-il. Autrement dit les intellectuels, les médias, les universitaires qui ont l’oreille des puissants. « La grande majorité d’entre eux ne jouent pas leur rôle de passeur pour raconter ce qui arrive. Ces intermédiaires rêvent d’appartenir à l’élite principale et cherchent donc à lui plaire. Ils adoptent les codes et les sujets de prédilection de celle-ci. Bien sûr, il existe des penseurs connectés, mais même s’ils ont du succès, notamment par des livres, ils n’ont pas de capacité d’influence. »

Une vision que reprend Jean-Michel Billaut, auteur de l’ouvrage Quand la Fr@nce se réveillera, dont certaines parties sont accessibles en ligne (http://billaut.typepad.com) : « Depuis la révolution agricole, il y a dix mille ans, nous sommes organisés de manière pyramidale. Nous avons eu les rois, puis les bourgeois après la révolution industrielle, puis les grandes écoles depuis la seconde guerre mondiale. Nous sommes dans une fabrique d’élite intergénérationnelle qui pousse ses dauphins pour pérenniser le passé et le pouvoir. Je viens d’interviewer 2 500 créateurs de start-up. La France 2.0 est très réveillée. Elle a un fonctionnement horizontal. Il n’y a que les élites qui ne le voient pas. »

« APPRENDRE À DIFFUSER LES INFORMATIONS, LÂCHER PRISE, COLLABORER, CO-CRÉER »

Cette déconnexion, en pleine période de crise, a de véritables conséquences économiques. « Le système financier français ne prend plus aucun risque », explique Marie Ekeland, associée du fonds Elaia-Partner, qui a aidé à financer le français Criteo, champion de l’indexation publicitaire en ligne valorisé près de 2 milliards de dollars lors de son introduction à la Bourse de Wall Street, en octobre.

Lire : Criteo « success story » de la publicité sur le Web (édition abonnés)

Une belle pousse qui cache une forêt plus sombre : « Les Français épargnent, mais nous trouvons difficilement de l’argent à investir. Dans le numérique, nous sommes obligés de financer des entreprises qui, au départ, ne génèrent pas de chiffre d’affaires. Les critères d’évaluation ont changé, et le secteur financier peine à comprendre. Les décisions d’investissement se font toujours sur le passé et à court terme. Au bout du compte, les PME françaises se financent à 92 % par de la dette, alors que ce ratio n’est que de 50 % au Royaume-Uni et de 20 % aux Etats-Unis. Dans les autres pays, les investisseurs leur font confiance. Sommes-nous réellement prêts à voir naître de nouveaux champions ? L’âge moyen des entreprises composant le CAC 40 est de 101 ans. »

Peut-on changer les choses ? Dominique Boullier, professeur de sociologie à Sciences Po, s’est attelé à cette tâche. Sa mission ? « Ne pas reproduire les mêmes élites », avance-t-il tout de go. Directeur exécutif du programme d’innovation pédagogique Forcast, il teste déjà avec ses élèves de nouvelles méthodes. « Le numérique n’a été abordé qu’en termes de média et de notoriété. On n’a rien compris de la culture qui est en train de transformer la façon de travailler, de se lier. La désintermédiation remet en cause les rentes de situation, qui sont vues comme des abus, explique-t-il. Il faut apprendre à diffuser les informations, lâcher prise, collaborer, co-créer. Cela produit un nouveau type de richesse, mais c’est une rupture culturelle : il faut faire confiance à la masse, prendre le risque d’ouvrir les vannes. Le droit de propriété est remis en cause, le principe même de l’autorité remis en question. Tout cela est déstabilisant pour le corps professoral. C’est souvent parce que l’on pense avoir une autorité que l’on n’écoute plus. Il s’agit d’un véritable défi de formation. »

« LE VIEUX, LA CRISE, PUIS LE NEUF »

« La technologie a toujours été un élément perturbateur, insiste, de son côté, Dominique Rousseau. L’imprimerie a permis a des gens qui n’étaient pas connectés de le devenir. Au numérique de jouer son rôle. Dans l’histoire, les séquences sont toujours les mêmes : le vieux, la crise, puis le neuf. Le moment est dangereux et passionnant. » Adrienne Alix, qui fut historienne, spécialiste du XVIIIe siècle, avant de travailler à Wikimédia, abonde dans ce sens : « Le climat me fait penser à la période précédant la Révolution française, quand se sont développés des livres clandestins, une façon de court-circuiter le monde de l’édition aux mains des élites. Elles considéraient ces écrits comme de la pornographie. Mais de ces auteurs sont sortis certains tribuns de la Révolution. »

Dominique Rousseau perçoit un changement de cycle. « La démocratie ne peut vivre sans élite. Elle est constituée d’un ensemble de personnages qui ont sur la société un savoir, une connaissance, une compétence. » Mais qui constituera l’élite de demain ? « A la différence du XVIIIe siècle, où Voltaire et Rousseau – fait prisonnier pour l’un, conspué par le système pour l’autre – étaient très connectés et ont produit des thèses qui ont eu un écho dans la société, les livres équivalents sur l’époque actuelle ne sont pas encore sortis. Cela va sûrement passer par les réseaux sociaux, qui vont produire ce qui est invisible aux yeux des élites. De là surgiront les intellectuels qui vont donner des mots au monde qui vient. »

Lire l'entretien avec le médiéviste Patrick Boucheron : « L’écart entre gouvernants et gouvernés atteint un maximum »


À LIRE

  • L’Age de la multitude -  Entreprendre et gouverner après la révolution numérique, de Nicolas Colin et Henri Verdier (Armand Colin, 2012).
  • Génération Y - Les jeunes et les réseaux sociaux, de la dérision à la subversion, de Monique Dagnaud (Les Presses de Sciences Po, 2011).
  • La Démocratie Internet - Promesses et limites, de Dominique Cardon (Seuil, « La République des idées », 2010).

Laure Belot
Journaliste au Monde

 

 

Source :  www.lemonde.fr

 

 



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31 décembre 2013 2 31 /12 /décembre /2013 20:15

 

 

 

 

 

 

 

Bonne et heureuse année 2014

Pleine d’Amour,

de partage,

de sérénité,

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Que chacun continue de croire à ses rêves et se rapproche plus encore du sens qu’il souhaite donner à sa vie.

 

 

 

 

 

 

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