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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 15:49

 

Source : www.mediapart.fr

 

La droite réac fait plier le gouvernement

|  Par Lénaïg Bredoux et Mathieu Magnaudeix

 

 

 

Au lendemain d'une manifestation de la Manif pour tous, le gouvernement a cédé. La loi famille, initialement prévue pour avril, ne sera pas déposée avant 2015. Quant à la procréation médicalement assistée, le président du Comité consultatif national d'éthique estime qu'il devrait rendre son avis sur le sujet « d'ici un an ». Une nouvelle illustration du désintérêt de François Hollande pour les questions de société.

Reculer pour mieux se renier. Face à la mobilisation de la droite réac, le gouvernement a choisi de renoncer à plusieurs de ses engagements : il a annoncé lundi qu’il s’opposerait à la PMA dans la future loi famille, elle-même en passe d’être purement et simplement enterrée. Et même sur la question du genre, l’exécutif est sur la défensive.

La chronologie des faits, lundi, est confondante : après les manifestations massives de la Manif pour tous, c’est d’abord Manuel Valls qui sonne la charge et annonce, en lieu et place des ministres concernés et du premier ministre, que le gouvernement s’opposera à tout amendement incluant la procréation médicale assistée (PMA) pour les femmes seules et les couples de femmes. Le patron des députés socialistes Bruno Le Roux s’agace et dément. Mais quelques minutes après, Matignon est contraint d’embrayer pour confirmer les propos du ministre de l’intérieur.

Les services du premier ministre vont encore plus loin et infligent un véritable camouflet à Dominique Bertinotti. Vendredi encore, dans un entretien à Mediapart, la ministre déléguée à la famille jurait que sa loi famille, promise depuis plus d’un an et demi, serait examinée en conseil des ministres en avril, après les municipales, puis par l’Assemblée au second semestre 2014. Las, Matignon annonce lundi qu’il abandonne toute loi famille en 2014. Une annonce qui sonne comme un enterrement définitif de ce projet de loi qui devait, entre autres, accorder un statut au beau-parent, créer de nouveaux outils juridiques pour faciliter la vie des familles recomposées ou faciliter le recours à l'adoption simple.

La droite peut triompher ; la "Manif pour tous" a remporté une victoire.

La PMA était une promesse de campagne de François Hollande – elle ne figure pas parmi les 60 engagements mais le candidat s’y était dit favorable à plusieurs reprises. Surtout, sa majorité s’est fortement mobilisée sur le sujet à l’occasion du débat sur le mariage pour tous : le groupe socialiste à l’Assemblée y était favorable, soutenu par le très hollandais Bruno Le Roux. Mais face à la mobilisation des anti (déjà !), Jean-Marc Ayrault avait tordu le bras de sa majorité pour l’empêcher de déposer un amendement PMA dans le projet de loi de Christiane Taubira. En échange, il avait promis qu’elle figurerait dans la loi famille.

Mais cette position a à peine tenu un mois. Fin janvier 2013, juste avant une manifestation de la "Manif pour tous", François Hollande prenait ses distances avec son premier ministre et avec la promesse de la PMA : c’est lui qui a demandé que soit d’abord consulté le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et annoncé que le gouvernement suivrait son avis. Son président Jean-Claude Ameisen a annoncé lundi à Mediapart que sa décision n’interviendrait sans doute pas avant un an.

Pour la majorité, c’est une nouvelle pilule difficile à avaler. « Le débat sur la PMA n'est pas clos. Cet engagement de campagne devra être tenu dans le quinquennat. Attendons l'avis du CCNE », veut croire le secrétaire national du PS aux questions de société, Marc Coatanéa, qui a réagi sur Twitter. Le président du groupe PS, Bruno Le Roux, pris de cours lundi matin par les annonces de Manuel Valls, espère désormais que la loi famille sera votée avec la PMA, après l’avis du CCNE. « Différer un texte où il n'y avait pas la PMA est une bonne décision », a-t-il dit sur Twitter.

Mais d'autres ne cachent pas leur déception. « Bien sûr, il ne faut pas heurter, brusquer. Mais être de gauche, c'est être toujours aux avant-postes de l'ouverture des droits, dans la conquête du progrès. Nous ne l'assumons pas forcément », déplore pour sa part le député PS Thomas Thévenoud, un proche d’Arnaud Montebourg. « La position du PS a été fixée il y a plusieurs années, le groupe PS a voté très majoritairement pour la PMA fin 2012, et leur conviction n'a pas changé, rappelle Patrick Bloche, président PS de la commission des affaires culturelles de l'Assemblée. J'espère qu'il y aura un dialogue constructif entre le gouvernement et sa majorité. » Le député de Paris regrette par ailleurs « l'amalgame » fait par Matignon et Manuel Valls entre la PMA et la gestation pour autrui (GPA). « Ce sont deux débats très distincts, ce n'est pas opportun de les lier. » « Les femmes espagnoles viendront avorter en France, et les femmes françaises iront en Espagne faire une PMA », résume un député PS, abasourdi.

Pour EELV, il s’agit d’un « recul inacceptable qui loin de calmer le jeu, ne peut que galvaniser les mouvements réactionnaires et conservateurs qui manifestent contre l’égalité ». Même tonalité chez les associations mobilisées sur ce dossier, comme Osez le féminisme qui dénonce un « véritable bal des renoncements » ou le collectif Oui oui oui, qui a tenu lundi à « féliciter les socialistes de leur lâcheté ».

Valls, « vice-premier ministre »

En réalité, ces cafouillages invraisemblables en disent long sur la radicalisation d’une partie de la droite, mais aussi sur le gouvernement, sa communication, son fonctionnement et sa ligne politique. Depuis le 17 novembre 2012 et la première grande manifestation des opposants au mariage pour tous, le gouvernement a dû faire face à la constitution d’un mouvement social à droite auquel il n’était pas préparé.

 

"Manif pour tous", dimanche 2 février"
Manif pour tous", dimanche 2 février © Nicolas Serve

Il n’en est pas à l’origine et c’est bien l’UMP qui, par calcul électoraliste, en est la première responsable. Mais les hésitations de l’exécutif ont également contribué à alimenter la machine folle de la droite réac. Elles relèvent à la fois d’erreurs de communication : les polémiques sur le genre à l’école l’ont démontré, comme lorsque le ministre de l’éducation nationale Vincent Peillon reprend l’expression de « théorie du genre », ou que Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des droits des femmes, semble parfois bien seule à défendre ses textes. La semaine dernière, alors que des mouvements aussi disparates que la Manif pour tous et Farida Belghoul dénonçaient les ABCD de l’égalité instaurée par les deux ministres, plusieurs de ses collègues du gouvernement savaient à peine de quoi l'on parlait.

Ainsi Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, rencontré vendredi, semblait-il complètement dans le flou : « Dans les discussions sociétales, les couches populaires ont des représentations qu’il est difficile de faire évoluer. On n’a pas forcément les mots, le discours qui va avec. Cela ne date pas d’aujourd’hui… Et puis on ne peut pas tout faire tout le temps. C’est compliqué. Et si l'on en fait trop, on nous reproche de délaisser le social. »

Une autre ministre du gouvernement, sous couvert d’anonymat, confiait de son côté en début de semaine dernière, à propos de la PMA : « Hollande a raison, ce n’est pas notre engagement. Et puis moi je l’ai toujours dit : un couple de lesbiennes qui veut un enfant, elle peut le faire naturellement ! Ce n’est pas à la loi de gérer ça, cela va trop loin. » Une troisième enfin soufflait son exaspération à l’encontre de Vallaud-Belkacem, accusée d’avoir privilégié les coups de communication au risque de piéger l’ensemble du gouvernement. Ambiance.

Ces prises de position rappellent en tout cas furieusement les débats qui agitaient le PS quand il était dans l’opposition. Comme beaucoup de formations politiques, il n’a pas échappé à la règle qui veut que les sujets de société, l’égalité homos-hétéros ou l’égalité femmes-hommes ou les discriminations de couleur et d’origine, soient jugés périphériques.

« Les sujets de société, ce sont les sciences molles de la politique. Ce ne sont pas des matières nobles comme l’économie, le budget ou la défense… Ils sont donc laissés à ceux que ça intéresse, témoigne Laurence Rossignol, porte-parole du PS et ancienne secrétaire nationale aux droits des femmes. Pendant des années, j’ai entendu : “Tu nous fais chier avec tes trucs !” Et quand on discutait de ces sujets en bureau national, beaucoup d’hommes parlaient d’autre chose ou sortaient téléphoner ! » En 2008, 14 grosses fédérations socialistes avaient même demandé à ce que la nouvelle déclaration de principes du PS soit amendée pour enlever le terme de féminisme. Peine perdue. Mais elles avaient pu compter sur le soutien d’un certain François Hollande.

Le président de la République n’est pas contre plus d’égalité (la loi en cours d’adoption sur l’égalité femmes-hommes ou la mise en place de dispositifs sur la parité le montrent), mais il n’a aucune appétence particulière pour ces sujets, à part sur la fin de vie. Si elles provoquent de fortes contestations ou renforcent son impopularité, il n’a aucun mal à y renoncer, lui qui avait fait campagne sur l’apaisement de la société après cinq ans de sarkozysme. Les reculs, même officiellement provisoires, sur le droit de vote des étrangers, les contrôles au faciès ou, aujourd’hui, la PMA, l’attestent. « Tant qu’elle n’a pas fait de vagues, Vallaud-Belkacem a pu avancer… Elle avait carte blanche et le soutien de l’Élysée et de Matignon », dit aussi un pilier de la majorité.

En face, aucun poids lourd du gouvernement ne s’est franchement affirmé sur ces dossiers : Valls a bâti sa popularité sur la sécurité, Montebourg sur Florange et l’industrie mais Peillon, qui aurait pu s’imposer comme un contrepoids au conservatisme élyséen, peine à trouver sa place politique et médiatique. Même chose pour Pierre Moscovici. Quant à Jean-Marc Ayrault, s’il a laissé carte blanche à Najat Vallaud-Belkacem et soutient ses initiatives, il souffre toujours d’un déficit de conviction dans ses interventions publiques.

À tel point que c’est de nouveau Manuel Valls qui est monté au créneau depuis dimanche. Dans le JDD dimanche puis sur RTL lundi, où il a annoncé en avant-première le premier recul du jour sur la PMA. Certes, le ministre de l’intérieur est chargé de l’ordre public, et donc des manifestations, et il reçoit les alertes des préfets sur les mouvements d’extrême droite qui inquiètent légitimement le pouvoir en place. Mais une fois de plus, Manuel Valls est allé bien au-delà de son périmètre ministériel.

« Nos institutions évoluent… Il y a un vice-premier ministre. Le changement c’est maintenant ! », ironise un parlementaire socialiste, dépité. À chaque fois, le même mécanisme se met à l’œuvre : une politique publique devient une polémique ; Matignon peine à organiser la riposte, semblant souvent sous-estimer les mobilisations sociales contre sa politique ; quelques ministres vont sur les plateaux télé mais restent inaudibles car méconnus (par exemple, Dominique Bertinotti) ; Valls s’engouffre dans la brèche, va au feu et mord sur la ligne politique collective, avec l’accord de l’Élysée. Le ministre de l’intérieur est encore et toujours le symptôme de l’espace laissé vacant par ses camarades, et de leurs hésitations sur le fond.

 

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Source : www.mediapart.fr

 

 

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 21:20

 

Source : www.liberation.fr

 

 

Un médecin au service des labos vide son sac
Yann PHILIPPIN 3 février 2014 à 21:36

Photo DR.Photo DR.

ENQUÊTE

Après vingt ans de collaboration, le Dr Dalbergue publie un livre accusateur contre l’industrie pharmaceutique.

 

C’est un témoignage coup de poing qui va faire mal à l’industrie pharmaceutique, à peine remise des scandales du Mediator ou des pilules contraceptives. Dans un livre qui paraît mercredi, le Dr Bernard Dalbergue, 55 ans, dénonce les «pratiques douteuses» d’une industrie où il a passé deux décennies, dans plusieurs firmes différentes. C’est la première fois en France qu’un ancien cadre dissèque de l’intérieur, documents et histoires vécues à l’appui, la manière dont les labos manipulent les médecins, voire les autorités.

Bernard Dalbergue a longtemps été un bon soldat. Jusqu’à ce qu’il soit «révolté» par ce qu’il a vu chez son dernier employeur, l’américain Merck, qu’il accuse d’avoir «foulé aux pieds l’éthique».«Si je parle aujourd’hui, c’est pour contribuer à réduire les accidents médicamenteux, qui tuent au moins 18 000 personnes par an en France, et pour proposer des pistes de réflexion pour réformer le système», explique Dalbergue. Il se définit comme un «lanceur d’alerte», mais refuse l’étiquette de «repenti».«La majorité des labos sont honnêtes. Et j’ai aimé mon métier.»

«Dorloter». Son job ? Manipuler les médecins. Il décrit une industrie obsédée par «l’argent», servie par une «armée» de salariés «conditionnés» pour faire grimper les ventes, en passant sous silence les effets secondaires. «Nos médicaments n’ont que des qualités, inutile de parler des aspects moins glorieux : il n’y en a pas. […] Voici comment faire pour inciter les médecins à prescrire», écrit-il. En tant que cadre au marketing puis aux affaires médicales, Dalbergue était chargé de «dorloter» les «leaders d’opinions», ces prestigieux médecins hospitaliers capables de faire ou défaire la carrière d’une molécule. C’est-à-dire d’«inventer les moyens les plus tordus pour les acheter en toute discrétion», à coup de déjeuners, d’invitations grand luxe à des congrès, de contrats de consultants ou de participation à des travaux scientifiques. Bref, entretenir les fameux «conflits d’intérêts», que l’on retrouve régulièrement pointés du doigt dans tous les scandales médicamenteux (Vioxx, Mediator, etc.).

A chaque fois, les médecins mis en cause assurent que l’argent n’altère pas leur indépendance. Le témoignage de Bernard Dalbergue met à mal cette ligne de défense. «Très peu de médecins m’ont résisté. A force de travailler main dans la main avec nous, ils perdent leur objectivité, même si la grande majorité ne s’en rend pas compte.»

Il raconte dans son livre comment il a convaincu un grand professeur de censurer son discours à un congrès, en y retirant un passage sur les effets secondaires d’une molécule. Il y a aussi l’histoire de cette délégation de mandarins venue bouder ostensiblement face au patron de son labo, pour protester contre la baisse de leurs financements - la firme les a immédiatement rétablis. Ou encore la manière dont Dalbergue a, avec l’aval de l’Etat, activé ses réseaux de médecins pour minimiser les dérives liées au Subutex (trafic, prise par injection…), un produit de substitution à l’héroïne.

Bref, le Dr Dalbergue est devenu, au fil des ans, «un sacré roi de l’embrouille».«Ces pratiques d’influence sont moralement discutables et coûtent cher à la Sécu, mais elles sont autorisées par la loi, précise-t-il. Et elles n’ont pas de conséquences sanitaires tant que les molécules dangereuses ne sont pas commercialisées ou maintenues sur le marché.»

Il écrit que tout a basculé lorsqu’il a eu la conviction que son dernier employeur avait franchi la ligne rouge. D’abord en «mettant en danger les patients» avec le Viraferonpeg, traitement de l’hépatite C. En avril 2011, Merck découvre que le stylo injecteur pouvait ne pas délivrer la dose, et donc priver les patients de chances de guérir de cette maladie, potentiellement mortelle. Pourtant, Merck n’a pas prévenu les autorités. Après son départ du labo, Bernard Dalbergue a alerté Libération, qui a révélé l’affaire le 8 février 2012. Résultat : Merck a été convoqué à l’Agence du médicament et a remplacé le stylo fin 2013.

Couvrir. Il y a ensuite l’affaire du Victrelis. Comme nous le révélons, Merck a payé des experts de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, ex-Afssaps) impliqués dans l’évaluation de cet autre traitement de l’hépatite C du labo. Selon Bernard Dalbergue, c’est parce qu’il a refusé de couvrir ces faits qu’il a été viré en 2011. Merck n’a pas souhaité nous donner sa version. Dans la lettre de licenciement du Dr Dalbergue, le labo lui reproche d’avoir ignoré des instructions, refusé de participer à des réunions, et de ne pas avoir recadré une collaboratrice. S’il est en conflit avec Merck à ce sujet, Dalbergue assure n’avoir «aucune volonté de revanche» : «Mon procès aux prud’hommes est prévu le 27 février. La justice tranchera.»

Version longue + documents Retrouvez une version longue de cette enquête dans notre zone abonnés

Par Yann Philippin Photo Frédéric Stucin
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Source : www.liberation.fr

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 19:25

 

Source : www.acrimed.org

 

La fabrication du consentement, 25 ans après

le 16 janvier 2014

 

 

 

Nous publions ci-dessous, avec l’accord de The Real News Network, site américain d’information alternative (classé à gauche), la traduction d’un entretien vidéo avec Edward S. Herman, réalisé à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la parution de Manufacturing Consent, ouvrage dont il est co-auteur avec Noam Chomsky et que nous avions recensé lors de sa réédition en France. (Acrimed)

- Paul Jay, rédacteur en chef à The Real News Network  : Bienvenue sur The Real News Network, je m’appelle Paul Jay, et vous parle depuis Baltimore. Il y a vingt-cinq ans, un livre intitulé La Fabrique du consentement, coécrit par Noam Chomsky et Edward S. Herman, renouvela l’analyse des médias et mit en lumière ce qu’ils appelèrent le « modèle de propagande ». Edward S. Herman est justement en ligne avec nous pour revenir sur le sens - hier comme aujourd’hui - de ce livre. Il est économiste, observateur des médias et auteur de nombreux ouvrages. Il a longtemps enseigné à la Wharton School au sein de l’université de Pennsylvanie. La Fabrique du consentement, Génocide et propagande et Corporate Control (non traduit) figurent parmi ses ouvrages les plus connus. Merci beaucoup d’être avec nous Edward.

- Edward Herman  : Avec plaisir.

- Paul Jay  : Selon vous, pourquoi le livre a-t-il eu un tel retentissement ? Vous y attendiez-vous quand vous l’avez écrit ? Malgré son succès considérable auprès du grand public, le considériez-vous davantage comme un travail d’universitaire ? Il est même à l’origine d’un documentaire. Et c’est l’un des ouvrages de référence de ces 25 dernières années.

- Edward Herman  : Il n’a pas fait tant de bruit que cela dans les grands médias. Il a fait du bruit à gauche. Cependant, même là, il y eut un débat car l’idée selon laquelle il existe un modèle structurel qui explique que les médias font ce qu’ils font en raison de facteurs structurels profonds et l’idée selon laquelle il allait être difficile d’agir sur eux allait à l’encontre de ce que beaucoup pensaient à gauche ; ils pensaient que l’on pouvait réformer les médias assez facilement en légiférant avec discernement, ce qui aboutirait à un système plus juste. Mais il y a un véritable modèle de propagande : La Fabrique du consentement montre qu’il y a des facteurs profondément enracinés à tout cela qui ne peuvent être modifiés par quelques réformes progressistes.

- Paul Jay  : Pouvez-vous nous en dire plus sur ces facteurs profonds ? Existent-ils toujours ou bien ont-ils varié au fil du temps ?

- Edward Herman  : Le modèle de propagande est un modèle structurel selon lequel les médias sont caractérisés par leur propriétaire – qui les possède –, et par le fait que leur source principale de financement est la publicité. Aux États-Unis, ces sources sont des gens puissants, à savoir des responsables du Pentagone, des chefs de grandes entreprises, etc. Ce qui compte aussi dans ce modèle, c’est que les retours négatifs – critiques en règle – sont aussi le fait des puissants. Enfin, autre élément de ce modèle : l’idéologie très américaine qui le sous-tend, à savoir l’anticommunisme et la foi dans un marché libre et non faussé, dogmes acceptés par tous et partout dans les médias dominants.

C’est donc cet ensemble de facteurs non négligeables qui constitue le modèle de propagande. Et ils sont toujours d’actualité. Certains estiment que les nouveaux médias, qui se sont plus ou moins substitués aux anciens, vont amener le changement. Mais les anciens médias faisaient beaucoup de journalisme, certes assez médiocre, mais il y avait, notamment dans les journaux et les magazines, des journalistes qui enquêtaient. Or l’avènement des nouveaux médias, c’est l’avènement de la publicité qu’ils ont largement absorbé, plongeant un peu plus dans la crise les anciens médias qui perdent ainsi des recettes publicitaires et licencient des journalistes à tour de bras sans que les nouveaux médias ne prennent le relais.

Pourtant moi comme beaucoup d’autres pensions que les nouveaux médias ne pourraient qu’être plus démocratiques. C’était sans compter sur la concentration croissante dans les nouveaux médias. Beaucoup de ces nouveaux médias sont les médias sociaux qui génèrent sans doute des liens personnels et des égos boursouflés, mais peu de journalisme d’investigation. Google, Facebook et consorts font tout sauf du journalisme d’investigation. Au mieux, ils compilent ce que font les autres et le vendent, notamment aux annonceurs. Il y a donc dans les nouveaux médias une concurrence avec les anciens médias pour les recettes publicitaires, et ces nouveaux médias passent le plus clair de leur temps à se demander où et comment placer des annonces.

- Paul Jay  : Si l’on se penche sur les salles de rédaction des grands médias – et comme vous le savez, j’en ai fait partie pendant des années –, ce qui m’a toujours frappé, notamment aux États-Unis, c’est qu’il semble y avoir une croyance partagée par les journalistes selon laquelle la politique étrangère américaine ne peut qu’être pétrie de bonnes intentions. Par définition, elle promeut une certaine forme de démocratie, lutte contre certaines formes de tyrannie et même s’il y a bien quelques actions politiques déplorables, ce ne sont que des erreurs émanant des individus ou d’un gouvernement particulier – au moins celui de Bush. Reste que depuis Truman jusqu’à aujourd’hui, il y a nécessairement volonté de bien faire. Comment articuler cela aux facteurs structurels que vous évoquiez ?

- Edward Herman  : Je crois que le lien est très étroit parce qu’en vertu des facteurs structurels – disons sur les sources par exemple – d’où vous tenez vos informations ? – vous allez chercher vos informations du côté des responsables, du ministre de l’Intérieur, du Pentagone. Et ceux qui sont en place sont des types conservateurs, très riches. Et les critiques elles-mêmes, quand il y en a, viennent de ces mêmes responsables, du Pentagone ou autres, des puissants à droite. Et l’idéologie sous-jacente à toute cette structure, c’est que le communisme, c’est (le) mal alors que le marché libre et non faussé, c’est (le) bien. Voilà ce qu’ils défendent, c’est leur but, et donc ce sont des gens bien.

Je crois que ça remonte très loin tout ça. L’idée selon laquelle nous sommes bons et même supérieurs, on la trouve déjà chez Teddy Roosevelt qui nous considérait comme naturellement supérieurs. Et cette vision du monde, elle est profondément ancrée, très profondément ancrée, mais c’est de l’idéologie et toute la structure du pouvoir le reflète. Et à mesure que l’empire se consolide, eh bien, il faut tout faire pour être bon. Les médias ne sont que le reflet de cela, font partie intégrante de l’économie politique. Ils reflètent ce que les acteurs majeurs telles que les grandes multinationales ou les responsables au gouvernement souhaitent.

- Paul Jay  : On peut aussi penser à des cas comme celui de Dick Cheney qui peut aujourd’hui encore aller sur des plateaux télé et dire le plus sérieusement du monde « oh, vous savez, toutes les agences de renseignement pensaient qu’il y avait des armes de destruction massive », comme s’il ne s’agissait pas là d’un mensonge éhonté. Mais on en sait tellement plus aujourd’hui, aussi bien du côté des services de renseignements britanniques (grâce au mémo de Downing Street) qui pensaient qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive que du côté du renseignement américain à qui on a demandé de le (faire) croire officiellement. Reste que les médias continuent de l’inviter pour dire ce genre choses, lui et beaucoup d’autres. Quant au président Obama, lui, il n’a aucun compte à rendre aux médias : il a commencé par critiquer cette guerre en la qualifiant de stupide mais n’a pas demandé de comptes ni à Cheney ni à Bush pour une guerre illégale et, pour finir, l’a même fait sienne, menant aujourd’hui la même politique. Et les médias dans tout ça ? Souvenez-vous de Gore Vidal qui parlait autrefois des États-Unis de l’Amnésie plutôt que d’Amérique. Les médias n’y échappent pas, même si les journalistes à qui l’on parle, individuellement, ne sont pas dupes.

- Edward Herman  : Effectivement, beaucoup de journalistes ne sont pas dupes ; le problème, c’est que ceux qui sont les plus visibles sont les mêmes qui endossent la vision des dominants. Donc oui, ils sont assez extra-ordinaires, ces journalistes. En dépit de ces nouveaux médias et du développement supposé de la démocratie, lorsque Bush voulut aller en guerre en 2003, il pouvait mentir, et ses mensonges passaient comme une lettre à la poste. Certes le Times et le Washington Post se sont excusés après coup de n’avoir pas été assez critiques, mais il y avait beaucoup de gens à l’époque qui avaient une vision radicalement différente, et il n’était pas difficile de montrer que les affirmations de Bush selon lesquelles l’Irak détenait des armes de destruction massive étaient fausses. Mais ceux qui pensaient ça étaient tenus à l’écart des médias.

- Paul Jay  : Donc pour revenir aux nouveaux médias (dont The Real News fait partie, me semble-t-il), il y a là une brèche qui s’est ouverte. Autrement dit, Internet permet à The Real News et à d’autres médias indépendants d’exister, et de dire le genre de choses qui ne passent pas dans les grands médias. Mais ce que vous avez raison d’ajouter, c’est que nous ne nous adressons qu’à une infime partie de la population. Le défi, pour nous, c’est donc d’accepter que le monde n’est pas prêt de changer, et les grands médias non plus. À nous, donc, de trouver le moyen de toucher le plus grand nombre.

- Edward Herman  : Tout à fait. Mais je crois que ce que vous faites est important car dans les grands médias il n’y a pas de place pour les points de vue alternatifs. Il est certain qu’il faudrait plus de journalisme d’enquête, et que si vous aviez plus de moyens, vous le feriez ici à The Real News Network. Mais à défaut de cela, encore peut-on inviter des gens qui ont mené ce travail d’enquête, ou qui à tout le moins défendent un point de vue qu’on ne lit jamais dans le New York Times. C’est là que The Real Network peut vraiment être utile – et l’est, d’ailleurs, d’ores et déjà.

- Paul Jay  : Tout à fait d’accord. Il se trouve que l’on discute en ce moment même de la création d’un regroupement d’agences de presse indépendante, où nous allons tous ensemble tenter de lever des fonds suffisants pour mener le type de travail journalistique dont vous parliez à l’instant.

- Edward Herman  : Tant mieux, c’est une belle idée.

- Paul Jay  : Pour finir, 25 ans après ce livre, que vous inspire-t-il d’autre ?

- Edward Herman  : Je crois malheureusement que l’avenir est plutôt sombre car nous sommes dans un système belliqueux où guerre et patriotisme s’entremêlent. Le gouvernement est très puissant et très belliqueux. La concentration dans les médias ne cesse d’augmenter. Quant à Internet, il a déçu jusqu’ici, même s’il reste du potentiel à exploiter. Ce dont nous avons vraiment besoin, cependant, c’est d’une vraie démocratie. Disons, une démocratie digne de ce nom. Le gros problème, c’est que les inégalités se sont creusées, ce qui n’a pas été sans effet sur le monde politique, dont le centre de gravité s’est déplacé vers la droite. Or les gens de droite ne souhaitent pas que les médias se démocratisent. Ils ne veulent même pas d’un système plus juste, encore moins d’un système d’aides aux médias indépendants, qui serait souhaitable selon moi. Ce serait formidable mais j’ai bien peur que ce ne soit pas pour demain. La question sous-jacente, c’est celle d’une démocratisation qui permettrait à l’intérêt général d’irriguer les décisions politiques. Malheureusement, c’est un cercle vicieux : si les médias sont corrompus, ils n’ont aucune raison de favoriser le processus de démocratisation. Et sans démocratisation, il est difficile d’améliorer les médias. Mais il faut continuer de se battre dans ce sens.

- Paul Jay  : Très bien. Merci d’avoir été avec nous, Edward.

- Edward Herman  : De rien, Paul.

- Paul Jay  : Et merci à vous de nous avoir rejoint sur The Real Network.

 

 

Source : www.acrimed.org

 


 

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 19:05

 

Source : http://www.huffingtonpost.fr

 

Corruption: le secteur des marchés publics est le plus corrompu de France

Le HuffPost avec AFP  |  Publication: 03/02/2014 14h38 CET  |  Mis à jour: 03/02/2014 14h45 CET

 

 


 

CORRUPTION - La corruption coûte chaque année près de 120 milliards d'euros à l'économie de l'Union européenne, selon un rapport publié lundi par la Commission européenne, qui fait la liste des secteurs où la situation pourrait être améliorée. "La corruption sape la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques et l'état de droit, elle nuit à l'économie européenne et prive les pouvoirs publics des recettes fiscales dont ils ont cruellement besoin", a souligné dans un communiqué la commissaire européenne chargée des Affaires intérieures, Cecilia Malmström.

"Les Etats membres ont beaucoup fait au cours des dernières années pour lutter contre la corruption, mais le rapport publié aujourd'hui montre que ces efforts sont loin d'être suffisants", selon elle. Ce rapport, le premier du genre, n'établit pas de classement entre pays européens en matière de corruption, mais relève les principales lacunes observées dans la lutte anti-corruption au niveau européen.

En particulier, les contrôles internes portant sur les procédures au sein des administrations publiques sont insuffisants, et les règles relatives aux conflits d'intérêts varient d'un Etat à l'autre, de même que l'efficacité de la répression et des poursuites. Le rapport déplore aussi que la plupart des Etats de l'UE ne disposent pas de statistiques globales sur les délits de corruption, ce qui rend la comparaison et l'évaluation plus difficiles.

Il souligne enfin que l'intégrité de la vie politique reste un problème dans de nombreux Etats membres: il n'est par exemple pas courant que des partis politiques ou des assemblées élues se dotent de code de conduite en matière de corruption, et ceux qui existent manquent souvent d'effets réels. Des lacunes importantes subsistent notamment en matière de financement des partis politiques. Enfin, le secteur des marchés publics est particulièrement exposé à la corruption, note le rapport.

Le chapitre sur la France insiste en particulier sur ce dernier point, ainsi que sur les risques de corruption dans les transactions commerciales internationales. La Commission publie parallèlement un sondage Eurobaromètre qui montre que 76% des Européens pensent que la corruption est un phénomène très répandu. Ils sont 8% à affirmer avoir fait l'objet ou été témoin d'un acte de corruption au cours de l'année qui précède. En France, 68% des personnes interrogées estiment que la corruption est très répandue et 2% disent y avoir été confrontées au cours de l'année écoulée.

 

 

Source : http://www.huffingtonpost.fr

 

 

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 18:53

 

Source : www.liberation.fr

 

Comment un sondage orienté s'en prend aux chômeurs
Luc PEILLON 3 février 2014 à 07:18

 

 

A Pôle Emploi, à Nice, le 27 février 2013. A Pôle Emploi, à Nice, le 27 février 2013. (Photo Eric Gaillard. Reuters)

 

DÉCRYPTAGE

Dans une enquête BVA publiée ce week-end, l'opinion française semble favorable aux mesures drastiques de réduction des droits des chômeurs prônées par la CGPME.

 

Quatre milliards d’euros de déficit, près de 20 milliards de dette cumulée… Le régime d’assurance chômage en France n’est pas au mieux. Le résultat de la crise économique, qui conduit aujourd’hui plus de 3 millions de personnes à être privées d’emploi (5 millions en comptant les chômeurs ayant exercé une activité réduite). La conséquence de la crise, vraiment ? Et si finalement, les chômeurs ne l’étaient pas aussi, pour une bonne part, à cause de leur «paresse» ? Autrement dit, incités par un régime d’assurance chômage trop généreux, à préférer l’oisiveté plutôt que le retour à l’emploi ? Cette petite musique de fond, distillée depuis plusieurs années, notamment depuis l’ère Sarkozy sous le label «assistanat», revient en force au moment où se renégocie, depuis deux semaines, la convention Unedic. Et pour l’alimenter, rien de mieux qu’un sondage d’opinion, aux questions quelque peu orientées. A cet égard, l’enquête BVA pour I-Télé et le Parisien publiée samedi est un modèle du genre. Et pour cause, les questions posées sont directement inspirées par l’organisation patronale CGPME. Décryptage.

L’assurance-chômage, un sujet prioritaire ou important ?

En préambule des mesures testées, on découvre que «revoir l’indemnisation des chômeurs est une réforme» jugée «prioritaire» par 34% des personnes interrogées, «importante mais pas prioritaire» pour la majorité (48%), et «secondaire» par 18% des autres. Au final, nous dit BVA : «Sans être leur priorité absolue, la réforme de l’indemnisation chômage constitue un enjeu important pour huit Français sur dix (82%)». On pourrait également prendre les résultats dans l’autre sens et en conclure que «tout en étant considérée comme importante, cette réforme n’est pas jugée prioritaire par les deux tiers des Français (64%)». Même parmi les sympathisants de droite, le caractère «prioritaire» de la réforme n’est pas majoritaire (44%). Le sondage perdait néanmoins de son intérêt. Epousons donc la conclusion de BVA sur l’importance de la réforme, et donc de cette enquête.

 
 
Des indemnités plafonnées ?

Première «mesure choc d’économie» suggérée, comme les autres, par la CGPME : «Ouvrir une possibilité de plafonner volontairement l’indemnisation (qui peut aujourd’hui atteindre plus de 6 000 euros mensuels) en échange d’une baisse de cotisations». La question de cette indemnité plafond de 6 950 euros brut par mois (en 2012) n’est pas nouvelle dans le débat public. Depuis plusieurs années, d’aucuns suggèrent que ce plafond est trop élevé. Rappelons tout d’abord qu’il constitue, au mieux, 57% de l’ancien salaire, et surtout 0,06% des personnes indemnisées en France (1 400 personnes)… Autre problème : cette mesure serait tout sauf une économie. En effet, d’une manière générale, les cadres utilisent 18% du montant total des indemnités chômage, mais apportent 30% des cotisations… Ils contribuent en effet pour les autres catégories, et notamment pour les employés, qui consomment 30% des allocations, alors qu’ils n’apportent que 21% des ressources. Bref, répondre «oui» à cette question aurait plutôt comme conséquence de plomber les comptes de l’Unedic, et non pas de réaliser une «économie». L’explication, évidemment, n’est pas énoncée avant de poser la question.

Radier automatiquement après deux offres refusées ?

Seconde mesure d’économie testée, pour laquelle 64% des Français seraient «favorables» : «Radier automatiquement les chômeurs qui refusent plus de deux offres raisonnables d’emploi». Problème pour cette question : cette disposition est déjà en vigueur… Ainsi, le «refus à deux reprises sans motif légitime d’une offre raisonnable d’emploi» est un motif de radiation de Pôle Emploi. Seule différence dans la question : le caractère «automatique» de la radiation. Sauf que juger du caractère «raisonnable» de l’offre d’emploi n’a, par définition, rien d’automatique. En effet, il découle, selon le code du travail, de l’adéquation de l’offre avec, en autres, la formation, les qualifications, les expériences professionnelles, la situation personnelle et familiale du demandeur d’emploi, la zone géographique ou encore le salaire attendu. Rendre automatique la radiation nécessiterait donc de revoir la définition du caractère «raisonnable» de l’offre.

Exclure les techniciens du régime des intermittents ?

Troisième suggestion : «Exclure du régime spécifique des intermittents les techniciens du spectacle, qui pourraient être soumis au droit commun», qui séduit 61% des personnes interrogées. Le régime des intermittents, forme de soutien à la création artistique, répond à la discontinuité de l’emploi dans le secteur. Et les techniciens ne subissent pas moins cette discontinuité que les artistes eux-mêmes. Dès lors, les exclure du système reviendrait à rendre totalement bancale l’économie du spectacle résultant du régime des intermittents. D’une manière générale, ce sont évidemment les intermittents, mais aussi les CDD et l’intérim, soit l’ensemble des contrats précaires, qui «coûtent plus qu’ils ne rapportent». C’est le principe même du système assurantiel, qui est de mutualiser les risques. Et ceux qui connaissent le plus grand risque d’entrer à Pôle Emploi sont bien sûr les contrats précaires. En décembre 2013, les fins de CDD et de missions intérim représentaient ainsi 30% des motifs d’inscription à Pôle Emploi, contre 2,6% pour les licenciés économiques. Enfin, rappelait la Cour des comptes dans un rapport en septembre dernier, c’est avant tout la situation des CDI et CDD (autres qu’intermittents) qui plombe les comptes de l’Unedic depuis la crise de 2008.

Des allocs dégressives ?

Quatrième piste testée, qui ne séduit néanmoins plus que 59% des Français : «Rendre les allocations dégressives à partir d’un an». De fait, selon l’Unedic, la durée moyenne d’indemnisation est déjà inférieure à un an, puisqu’elle se situait, en 2012, à 10 mois. A noter, par ailleurs, que la quasi-totalité des personnes indemnisées (95%) touchent moins de 2 000 euros par mois et 50% moins de 1 000 euros. L’allocation moyenne versée n’est en réalité que de 1 108 euros brut (en décembre 2012), soit un niveau, en net, proche du seuil de pauvreté (977 euros en 2011). Une donnée qu’il eut été utile de livrer en préambule de la question, comme l’a été le montant de «6 000 euros» pour la question sur les cadres. Mais qui, du coup, n’aurait peut-être pas donné la même réponse. Ou comment, comme pour tout sondage, la manipulation réside dans l’art de bien rédiger les questions… pour s’assurer des bonnes réponses.

Luc PEILLON

Source : www.liberation.fr


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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 18:45

 

Source : www.liberation.fr

 

 

Eva Joly souhaite voir EE-LV quitter le gouvernement
AFP 3 février 2014 à 11:17

 

 

Eva Joly le 14 janvier à Paris.

 

Eva Joly le 14 janvier à Paris. (Photo Jacques Demarthon. AFP)

 

Après les européennes, il faudra faire le point et quitter le gouvernement, préconise l'ancienne candidate à la présidentielle.

 

La députée européenne Eva Joly a déclaré ce lundi être favorable à un départ d’Europe Ecologie-Les Verts du gouvernement après les élections européennes.

«Le moment est venu de faire les comptes. Je propose que nous fassions le bilan de notre participation au gouvernement après les élections européennes du mois de juin. Je suis pour quitter le gouvernement», a lancé Eva Joly sur France 2.

«François Hollande a rompu le pacte qui nous liait à lui. Nous étions d’accord pour soutenir un gouvernement de gauche avec une politique de gauche : une politique pour les quartiers, contre le chômage. Nous n’étions pas d’accord pour soutenir une politique libérale orthodoxe», a expliqué l’ex-candidate à l’élection présidentielle.

Pour Eva Joly, «la ligne de François Hollande n’est pas sociale-démocrate». «C’est un système libéral et orthodoxe, qui concentre les richesses entre peu de mains, et laisse les territoires et les quartiers difficiles tous seuls», a déclaré la députée EE-LV.

AFP

 

 

 

Sur le même sujet

 

 

Source : www.liberation.fr

 


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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 18:11

 

Source : www.okeanews.fr

 

La Troïka surveille des pays; maintenant des citoyens surveillent la Troïka


Cet article est en accès libre. En savoir plus sur les conditions d'utilisation.

(dernière mise à jour le 3/02/2014 - 11:18)

Un nou­vel obser­va­toire citoyen des poli­tiques de la Troïka a lancé offi­ciel­le­ment son pro­jet la semaine der­nière et invite les citoyens à débattre sur twit­ter avec le hash­tag #TroikaWatch. Le but de l’observatoire? Partager les der­nières nou­velles de la Troïka et des pays qui la subissent ainsi que les oppo­si­tions et résis­tances civiques contre elle.

 

TroikaWatch

Vous trou­ve­rez ci-dessous le com­mu­ni­qué de presse de l’observatoire :

 

 A lire sur le site d' okeanews

 

*Cet article est en accès libre sur le site d' okeanews (cliquer ici)

 

 

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Source : www.okeanews.fr

 

 

 

 

 

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 18:00

 

Source : www.wikistrike.com

 

Jeudi 30 janvier 2014

 

 

Sortie imminente de la voiture à air en Inde !



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Elle devait sortir fin 2013, elle arrive début 2014. Mais ne rêvez pas, certains pays ont déjà prévu de taxer l'air comme la Grande-Bretagne ou encore l'Australie. Pour info, lire plus bas, le PDG est mort il y a trois jours, il serait suicidé !


obpicnEd33Z.png Une preuve supplémentaire – si besoin en était – que les trusts pétroliers et le gouvernement nous prennent pour des cons !

 

Sortie imminente des ateliers de Tata Motors en Inde !

 

Il s'agit d'un moteur automobile qui fonctionne avec de l'air. Seulement l'air qui nous entoure.

 

Tata Motors en Inde a prévu que la voiture à air pourrait sillonner les rues indiennes courant 2014.

 

La voiture à air comprimé, développée par l'ex-ingénieur de Formule 1 Guy Nègre de MDI basée au Luxembourg, utilise l'air comprimé pour pousser les pistons de son moteur et faire avancer la voiture.

 

La voiture à air comprimé, appelée «Mini CAT» pourrait coûter autour de 365757 roupies en Inde soit 8177 $ c'est à dire 5.225 €

 

La Mini CAT qui est un simple véhicule urbain léger, avec un châssis tubulaire, un corps en fibre de verre qui est collé pas soudé et alimenté par l'air comprimé. Un microprocesseur est utilisé pour contrôler toutes les fonctions électriques de la voiture. Un petit émetteur radio envoie des instructions à l'éclairage, clignotants et tous les autres appareils électriques sur la voiture. Qui ne sont pas nombreux.

 

La température de l'air pur expulsé par le tuyau d'échappement se situe entre 0 - 15 degrés en dessous de zéro, ce qui le rend approprié pour une utilisation pour le système de climatisation intérieur sans avoir besoin de gaz ou de perte de puissance.

 

Il n'y a pas de clé, juste une carte d'accès qui peut être lue par la voiture depuis votre poche. Selon les concepteurs, il en coûte moins de 50 roupies (1€ = 69 roupies) par 100 km, c'est à peu près un dixième du coût d'une voiture fonctionnant à l’essence.

 

Son kilométrage est d'environ le double de celui de la voiture électrique la plus avancée, un facteur qui en fait un choix idéal pour les automobilistes urbains. La voiture a une vitesse de pointe de 105 km/heure (c'est parfait puisqu'il ne faut pas dépasser le 90 voire le 70 Km/h et 50 en ville) ou 60 mph et aurait une autonomie d'environ 300 km ou 185 miles. Le remplissage de la voiture aura lieu dans les stations service adaptées avec des compresseurs d'air spéciaux. Remplir ne vous prendra que deux à trois minutes et coûtera environ 100 roupies (1€= 69 roupies) et la voiture pourra faire encore 300 kilomètres. Cette voiture peut également être remplie à la maison Il faudra alors 3 à 4 heures pour remplir le réservoir, mais cela peut se faire pendant que vous dormez.

 

Le réservoir se recharge sur une simple prise électrique en 4 h pour un coût de 1,50 € et permet une autonomie de 150 km.

 

TATA MOTORS se penche actuellement sur une pompe à air comprimé, ce qui permettrait de faire un plein du réservoir en 3 minutes chrono pour un coût d'environ 2,50 €.

 

Parce qu'il n'y a pas de moteur à combustion, le changement d'huile (1 litre d'huile végétale) n'est nécessaire que tous les 50.000 km ou 30.000 miles. Grâce à sa simplicité, il y a très peu d'entretien à faire sur cette voiture.

 

Cette voiture à air semble presque trop belle pour être vraie.

 

Les groupes de pression et les hommes de pouvoir auront-ils encore le dernier mot ?

Sans compter que nous respirerions "enfin" du bon air dans les villes !

 

Qu'en pense notre ministre improductif du redressement productif ?

 

Que feront les compagnies pétrolières pour l'arrêter ? 

 

 

Les pouvoirs publics trouveront bien une parade pour ne pas homologuer ce véhicule en Europe et en Amérique du nord, et comme ça le tour sera joué ! Comme il l'est dit tout en haut, taxer l'air semble une jolie parade. Les dirigeants sont sans scrupule, la taxe, c'est l'existance... chez ces gens-là...

Autre parade, un tremblement de terre provoqué par HAARP comme au Japon où le séisme de mars 2011 a balayé le site japonais de construction automobile de voitures à eau qui se trouvait alors non loin de Fukushima et dont la mise sur le marché était là aussi imminente.

Mais pour commencer, il faut assassiné le PDG de Tata Motors, ce qui est fait.

 

Lu ici  avec WikiStrike

 

 

L'étrange suicide du DG de Tata Motors à Bangkok

 

Au lendemain de la mort à Bangkok du directeur général du constructeurautomobile indien Tata Motors, qui a chuté du 22e étage de son hôtel, la policethaïlandaise a indiqué lundi avoir retrouvé ce qui ressemble à une lettre de suicide dans sa chambre.


Alors que Karl Slym, Britannique de 51 ans, se trouvait dans la capitale thaïlandaise pour assister à un conseil d'administration de Tata Motors Thailand Ltd, son corps a été retrouvé dimanche sur un balcon du 4e étage de l'hôtel Shangri-La où il séjournait. « Initialement, nous ne pouvons que présumer qu'il s'est suicidé, a déclaré le lieutenant-colonel de la police Somyot Boonnakaew. La fenêtre était petite et il a fallu qu'il fasse un effort pour passer à travers. » La lettre de suicide présumée, trouvée dans la chambre, a été envoyée pour analyse, pourvérifier qu'il s'agit bien de son écriture, a-t-il ajouté.


La police pense que la femme de Slym était dans la chambre au moment de sa mort, mais a précisé qu'elle était à ce stade trop « choquée » pour répondre aux questions des enquêteurs.

Dimanche, le constructeur automobile avait annoncé que son directeur général était mort lors d'une chute, tandis que la presse indienne indiquait qu'il avait perdu l'équilibre avant de tomber dans le vide. Karl Slym avait rejoint Tata Motors en 2012 et était chargé des opérations en Inde et sur les marchés internationaux, sauf pour Jaguar et Land Rover. Diplômé de l'université américaine de Stanford, il avait été auparavant vice-président d'une coentreprise de General Motors enChine, SGMW, et président de General Motors en Inde.

 

C'est lui qui a cherché à repositionner la Nano (la voiture à 2 300 dollars  de Tata Motors) comme une « deuxième voiture », voire une alternative bon marché aux scooters, après son échec commercial, rapporte Les Echos.

 

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2014/01/27/le-dg-de-tata-motors-retrouve-mort-a-bangkok-se-serait-suicide_4355060_3216.html

  *Voir ci-dessous

 

 

Source :  www.wikistrike.com

                                                                      *********************************

 

Source : www.lemonde.fr

 

L'étrange suicide du DG de Tata Motors à Bangkok

Le Monde.fr avec AFP | 27.01.2014 à 12h13 • Mis à jour le 27.01.2014 à 12h14

 

 

Karl Slym avait rejoint Tata Motors en 2012 en tant que directeur général et était chargé des opérations en Inde et sur les marchés internationaux, sauf pour Jaguar et Land Rover.

 

Au lendemain de la mort à Bangkok du directeur général du constructeur automobile indien Tata Motors, qui a chuté du 22e étage de son hôtel, la police thaïlandaise a indiqué lundi avoir retrouvé ce qui ressemble à une lettre de suicide dans sa chambre.

Alors que Karl Slym, Britannique de 51 ans, se trouvait dans la capitale thaïlandaise pour assister à un conseil d'administration de Tata Motors Thailand Ltd, son corps a été retrouvé dimanche sur un balcon du 4e étage de l'hôtel Shangri-La où il séjournait. « Initialement, nous ne pouvons que présumer qu'il s'est suicidé, a déclaré le lieutenant-colonel de la police Somyot Boonnakaew. La fenêtre était petite et il a fallu qu'il fasse un effort pour passer à travers. » La lettre de suicide présumée, trouvée dans la chambre, a été envoyée pour analyse, pour vérifier qu'il s'agit bien de son écriture, a-t-il ajouté.

La police pense que la femme de Slym était dans la chambre au moment de sa mort, mais a précisé qu'elle était à ce stade trop « choquée » pour répondre aux questions des enquêteurs.

Dimanche, le constructeur automobile avait annoncé que son directeur général était mort lors d'une chute, tandis que la presse indienne indiquait qu'il avait perdu l'équilibre avant de tomber dans le vide. Karl Slym avait rejoint Tata Motors en 2012 et était chargé des opérations en Inde et sur les marchés internationaux, sauf pour Jaguar et Land Rover. Diplômé de l'université américaine de Stanford, il avait été auparavant vice-président d'une coentreprise de General Motors en Chine, SGMW, et président de General Motors en Inde.

C'est lui qui a cherché à repositionner la Nano (la voiture à 2 300 dollars de Tata Motors) comme une « deuxième voiture », voire une alternative bon marché aux scooters, après son échec commercial, rapporte Les Echos.

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 17:44

 

Source : www.agoravox.tv/actualites/societe

 

par Marenlapine samedi 1er février 20

Osons imaginer l’existence sociale en dehors du travail !

 

 

Extrait du documentaire de Pierre Carles, "Attention Danger Travail".

 

Loic Wacquant, sociologue, explique que la société est prisonnière de mythes économiques tels quel le plein emploi et la croissance.

 

Pourquoi la société ne parvient-elle pas à imaginer reconnaitre l'utilité d'autres activités en dehors du travail salarié et marchand ? Pourquoi pas le faire grâce à un revenu de base ?

 

 

Comment financer le revenu de base ?

Une émission de Radio Ici & Maintenant avec les éconmistes Yoland Bresson, Marc de Basquiat et Amaru Mbape qui explorent et détaillent les différentes approches de financement d’une allocation universelle en France.

 

 

 

 

Le site de la radio Ici & Maintenant : http://www.icietmaintenant.com/

 

www.agoravox.tv/actualites/societe

 


 

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 17:21

 

Source : agoravox.tv/actualites/politique

 

par mario du 38 vendredi 31 janvier 2014

Scandale : Acte de dictature en Italie !

 

 

Des évènement très très graves se sont produits ces derniers jours à l'assemblée Italienne dans un silence médiatique Français Hallucinant !!

 

Depuis 10 mois de cette législature, les incidents se succèdent avec des atteintes et transgressions sans précédent à la constitution Italienne de la part des partis majoritaires PD (Social-démocrate comme le PS quoi) et PDL (Parti de Berlusconi avant sa séparation).

 

Il semble qu'un point de non-retour sans précédent dans l'histoire de la République Italienne, ne soit arrivé dans la nuit du 29 Janvier 2014.

 

Les Grillini qui ne cessent de mettre au jour les magouilles et les corruptions des politiques, activisme des Lobbyiste au sein même du parlement et du sénat, ont été bafoué de leur droit le plus élémentaire de s’exprimer.

Un décret de loi IMU-BANKITALIA était en discussion ces derniers jours avec une échéance qui le rendait caduque si non voté avant le 29 Janvier minuit.

Ce décret, comme toujours, cachait sous l’abolition de la tranche d’impôt (IMU) pour les Italiens une ignominie.

Ce décret fourretout est dénoncé par les Grillini car il contient la privatisation, de fait, de la banque d’Italie (BANKITALIA) par l’augmentation du capital de 7.5 milliard d’euros.

Ces 7.5M$ étant pris dans les réserves de la banque, autrement dit, on vole l’argent des Italiens pour le donner aux banques privées actionnaires de BANKITALIA.

De plus, le rendement de ce capital assurait 750 M$ par an aux banques. Autant d’argent qui ne va pas au budget de l’Etat pour construire des écoles, des routes, etc ...

 

Malgré les protestations des Grillini, le décret a été présenté à l’assemblée quelques jours seulement avant l’échéance. Il aurait pu être bien avant ce qui montre la volonté des évènements qui vont suivre.

Le décret n’ayant pas encore été voté ce 29 janvier, les parlementaires Grillini et d’autre de l’opposition soit 170 députés ont choisi de faire de l’obstructionnisme.

Autrement dit utiliser tout leur temps de parole (environ 10 min chacun donc près de 29 heures) pour faire dépasser le débat et louper l’échéance à minuit.

Le coup fourré est arrivé aux environs de 20H00, la présidente du parlement, en violation de tout règlement et du droit le plus élémentaire des députés, a décidé d’arrêter les débats et de faire procéder aux votes.

 

Un vrai scandale institutionnel qui a provoqué la réaction immédiate des Grillini qui ont voulu prendre les bans du parlement en signe de protestation.

Les députés de la majorité les ont alors insultés en les traitant de Fasciste et un député Grillini a même été frappé physiquement, voir la seconde vidéo.

 

 

 

L’agression du député Loredana LUPO (M5S)

 

 

 

 

Aujourd’hui les Grillini ont aussi déposé une demande d’Impeachment du Président Italien qui est normalement le garant de l’application de la constitution Italienne.

 

Au lieu de cela c’est lui qui manœuvre pour maintenir la caste politique en place pour servir les intérêts des banques et des Lobbies.

 

Par ailleurs, les parties majoritaires veulent changer la loi régissant les élections législatives déclarée anticonstitutionnelle, pour s’assurer de conserver le bipartisme !!

 

C’est juste incroyable, et aucune information ne filtre en France pour le moment.

 

Et évidement la presse Italienne, deuxième peau du système, ne cesse de montrer les Grillini comme des violents, des personnes qui ne respectent aucune loi et qui veulent faire payer plus d’impôts aux italiens.

 

Source : agoravox.tv/actualites/politique


 

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Source : www.lemonde.fr

 

Les "grillini", 162 inconnus au Parlement italien

LE MONDE | 26.02.2013 à 12h43 • Mis à jour le 27.02.2013 à 15h26 | Par Philippe Ridet

 
La liste de l'ancien comique Beppe Grillo (qui lui-même ne peut siéger au Parlement à cause d'une condamnation pour homicide involontaire après un accident de la route) va propulser 162 jeunes Italiens apolitiques, inconnus pour la plupart, sur les bancs de la députation.

Longtemps, Beppe Grillo, l'ancien comique et fondateur du Mouvement 5 étoiles, les a tenus cachés, loin des caméras et des micros. Interdiction de parler dans les débats télévisés sous peine d'excommunication. "La télé, c'est votre point G !", hurlait-il à celles et ceux qui ont tenté d'enfreindre l'interdiction. Depuis lundi 25 février et le spectaculaire résultat de sa liste à la Chambre des députés comme au Sénat, les "grillini" sont enfin devenus visibles – ils seront 162, au total, au Parlement.

C'est eux, ces jeunes pousses qui ont grandi dans son ombre jalouse, tout en profitant de son abattage, qui doivent le représenter. Beppe Grillo, condamné pour "homicide" dans un accident de voiture qui a causé la mort de trois personnes, ne pouvant entrer dans les institutions politiques en raison des règles d'honnêteté qu'il a lui même édictées, les voilà désormais seuls en scène. De leur leader, on connaissait les talents de bateleur et les propositions démagogiques (salaire citoyen de 1 000 euros pour tous, semaine de travail de 20 heures, etc.), mais eux ?

Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Luca Frusone, originaire de Frosinone (Latium), ne s'attendait pas à devenir onorevole ("honorable"), comme les Italiens appellent leurs parlementaires. A 27 ans, célibataire, il pensait pouvoir terminer sa thèse de droit sur "L'idée de dignité humaine dans les arrêts de la Cour suprême américaine". Il pensait émigrer aux Etats-Unis ou en Amérique du Sud, comme de nombreux jeunes Italiens qui ne trouvent pas de travail correspondant à leurs qualifications. "C'est sûr, ma vie va changer", explique-t-il.

Le droit international devra attendre. Engagé en politique dès la naissance du Mouvement 5 Etoiles en 2009, voilà plusieurs mois que Luca se prépare et potasse le manuel du parfait député. Il a suivi des séminaires, rencontré des économistes, s'est documenté sur Internet. "De toute façon, dit-il, je connais mieux le Parlement que ceux qui en font partie. A chaque fois que j'ai été confronté à un débat avec des élus, je me suis rendu compte qu'ils ne connaissaient rien sur les questions d'environnement ou même d'économie."


UN DANGER, LES GRILLINI ? "LE PARFUM DU POUVOIR LES CHANGERA"

Les "grillini" n'ont souvent rien à voir avec Beppe Grillo. Ce dernier se veut le "porte-voix" de ces hommes et femmes, souvent très jeunes, qui entreront par dizaines au Parlement. Ils sont aussi discrets et timides que leur leader est volubile. Politisés, mais pas politiciens, ils tiennent la droite et la gauche dans la même suspicion. Ils refusent les alliances sur tapis vert, mais se disent déjà disponibles au soutien au coup par coup.

"Si une loi est bonne, nous la voterons, explique Marta Grande, elle aussi nouvelle élue. Nous n'aurons aucun problème à voter les idées justes comme la baisse du coût de la politique, la diminution du salaire des parlementaires ou l'arrêt de la course aux armements."

Dans son programme, le Mouvement 5 Etoiles propose une indemnité de 5 000 euros brut pour les parlementaires, soit un peu moins du tiers de ce que perçoivent les élus italiens, les mieux payés d'Europe. En Sicile, les conseillers régionaux du mouvement élu en novembre 2011 se sont déjà appliqué cette règle. "Si l'Italie est ingouvernable, ce ne sera pas de notre faute", ajoute-t-elle avec l'assurance d'un vieux briscard prêt à faire retomber sur l'autre la responsabilité d'un accord manqué.

Qualifiés "d'antipolitiques" parce qu'ils voulaient renvoyer les politiciens professionnels a casa ("à la maison"), les voilà dorénavant installés dans la cabine de commandement de la République. Pour la détruire ? "Arrêtez de parler de nous comme ça !, se défend Giancarlo Cancelleri, élu en Sicile. Les voix que nous avons recueillies vont bien au-delà d'un vote de protestation. Désormais, nous sommes une force de proposition."

Déjà, les observateurs tremblent. Il y a ceux comme Aldo Cazzullo, journaliste politique du quotidien conservateur le Corriere della Sera, qui imagine les "grillini" filmer avec leur téléphone portable les débats des commissions pour les diffuser aussitôt sur Internet, le seul vecteur de communication de ce parti sans structure ni siège. D'autres, comme le politologue Piero Ignazi, parient, au contraire, sur leur "institutionnalisation". "Leur leader, explique-t-il, ne pouvant être présent au Parlement, chaque élu va devoir voter les lois en son âme et conscience. Le parfum du pouvoir les changera."

Luca Frusone, lui, a bien réfléchi. Pour la séance d'ouverture de la chambre des députés, il mettra une cravate. "Nous ne sommes pas des "aliens", quand même." Un bon signe ?

 Philippe Ridet
Journaliste au Monde

 

 

Source : www.lemonde.fr

 


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      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



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