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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 14:17

 

 

Stop au camp de la honte !

 

 

Il y a soixante ans, presque jour pour jour, l’Abbé Pierre lançait cet appel sur les ondes :
« Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l’avait expulsée… »
Aujourd’hui nous faisons appel à tous les responsables associatifs, religieux, politiques et à tous les citoyens de la France des droits de l’homme et nous leur disons :
« Nos amis, au secours ! Cette nuit 10 familles, avec 21 enfants dont le plus petit a tout juste
9 mois, vont s’endormir gelés, entassés dans quelques caravanes et abris de fortune expulsés sur un terrain boueux de la commune de Nîmes… »


La situation de ces familles est intolérable :
·  Parqués sur ce terrain insalubre ces familles n’ont aucun accès à de l’eau potable ni même non potable (alors que l’OMS préconise pour les pays défavorisés un minimum vital de 4,5l d’eau potable et 20l d’eau pour l’hygiène par jour et par personne !).
·  Ce terrain n’est qu’un champ de boue, isolé à 10 km du centre ville de Nîmes, sans aucun abri, sans aucun lieu intime et il n’est, évidemment, pas équipé en sanitaires ni en électricité.
·  Les risques liés à la santé des familles et des enfants sont multiples et extrêmes.
·  Les enfants sont dans l’impossibilité de se rendre à l’école et courent aujourd’hui de graves dangers pour leur développement psychologique, affectif et social.

 

Accepter sans rien dire que le seul terrain proposé aujourd’hui soit ce champ
de boue insalubre nous rend complice d’une atteinte à la dignité des personnes

 

Devant cette situation sur le territoire même de notre commune, l’appel de l’Abbé Pierre résonne encore jusqu’à nous :« devant leurs frères dans la misère, une seule opinion doit exister entre les hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure »

 

Et cette volonté est de la responsabilité de chacun !

 

C’est pourquoi, vous qui êtes responsables politiques ou syndicaux, responsables religieux ou associatifs, ou encore de simples citoyens, nous vous appelons à intervenir auprès des institutions de la république responsables de la protection des citoyens européens qui logent sur notre territoire.
Avec toute la force par la conviction que cette situation doit cesser tout de suite, demandez à la
Préfecture, au Conseil Général et à la Mairie de Nîmes de se concerter pour tout mettre en oeuvre dans les plus brefs délais afin qu’une solution humaine et durable soit enfin proposée à ces familles.

 

 

Le Collectif Solidarité Roms de Nîmes

 

 

Vous pouvez contacter le Collectif Solidarité Roms par mail :

collectif.solidarite.roms@orange.fr

 

 

 

 

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 18:17

 

CADTM

Source : cadtm.org

 

État espagnol : La lutte paie !

8 février par Esther Vivas

 

 


On nous le répète sur tous les tons : « lutter ne sert à rien ». « Tant d’années de crises et tant de protestations, et tout ça pourquoi ? », insistent d’autres, inoculant ainsi l’apathie et la résignation. « Ce qui viendra après pourrait être pire encore » dit la machinerie de la peur. Ils nous veulent soumis, tête baissée. Interdiction d’avoir des rêves de changement. Néanmoins, l’histoire se rebelle, indomptable. Et elle nous montre, en dépit de certains, que la lutte paie. La victoires contre la privatisation de la santé publique à Madrid, la lutte des voisins de Gamonal, celle des travailleurs du secteur du nettoyage de la Municipalité de Madrid, et le combat contre les expulsions de locataires en sont de bons exemples.

Il n’est pas facile d’obtenir des victoires concrètes quand la politique politicienne trahit nos droits et se vend au capital. Difficile de vaincre, quand l’appareil d’Etat défend ceux qui ont le plus et brise les droits et les libertés démocratiques. Tâche ardue que celle du changement quand les médias sont aux mains d’intérêts privés. Mais, malgré tout cela, il y a des victoires, petites et grandes, qui nous montrent la voie.

La marche arrière des autorités de la Communauté de Madrid dans leur volonté de privatiser six hôpitaux publics en est une. Ces autorités se sont vues forcées d’abandonner ces « externalisations » après 15 mois de protestations et la décision du Tribunal Supérieur de Justice de Madrid de suspendre préventivement ce processus de privatisation car il pourrait supposer des « dommages graves et irréparables ». Ce furent des mois de manifestations, de grèves, un référendum populaire avec près d’un million de votes contre ces mesures, l’occupation d’hôpitaux, des plaintes judiciaires… Un triomphe qui a emporté le principal promoteur du projet, le conseiller à la santé Javier Fernández-Lasquetty, qui s’est vu obligé de démissionner. La lutte paie !

Gamonal, autre grande victoire. A Burgos, après un peu plus d’une semaine d’intenses protestations entre le 10 et le 17 janvier contre la construction d’un boulevard dans le quartier de Gamonal, le maire de la ville, Javier Lacalle, n’a pas eu d’autre choix que de cesser définitivement les travaux. Le conflit venait cependant de plus loin. Un chantier coûteux, avec des profits juteux pour les entreprises de la construction et les politiciens en place, dans un quartier manquant cruellement d’équipements et d’investissements. Le conflit « urbanistique » de Gamonal s’est transformé en fer de lance de la lutte contre la corruption, la spéculation immobilière et la crise. Des manifestations dans tout l’Etat espagnol ont exprimé la solidarité avec les habitants de ce quartier. Ni les tentatives de criminalisation, ni celles de désinformation n’ont pu en finir avec eux. La lutte paie !

13 jours de grève et des tonnes d’ordures dans tout Madrid ont été nécessaires pour éviter les 1.134 licenciements dans le secteur du nettoyage de la voirie, des parcs et des jardins, de la Municipalité de Madrid. Une grève illimitée qui a mis dans les cordes la direction, qui voulait non seulement jeter à la porte des centaines de travailleurs mais aussi raboter de 43% leurs salaires. Au final, une victoire partielle car les travailleurs ont du accepter une procédure de suspension des contrats de travail de 45 jours par an et par travailleur ainsi que le gel des salaires jusqu’en 2017. Mais, même ainsi, cela n’enlève rien au mérite d’une grève illimitée, tristement inédite par les temps qui courent, et qui est parvenu à préserver tous les postes de travail. La lutte paie !

Le combat contre les expulsions de locataires constitue sans aucun doute jusqu’ici la plus forte expression de résistance collective face à la crise. Contre l’avarice sans limite des banques, il y a l’auto-organisation d’en bas à travers la Plateforme des Victimes des Hypothèques (PAH). Tout au long de ces quatre dernières années, elle est parvenue à stopper 936 expulsions et à reloger 712 personnes dans des immeubles vides d’entités financières, aujourd’hui occupés par l’œuvre Sociale de la PAH. Elle est également parvenue à négocier avec des banques des centaines de compromis de paiement et de loyers sociaux. Certains diront que c’est peu en comparaison avec l’offensive globale. C’est clair. Néanmoins, demandez-le à toutes ces personnes qui, grâce à la PAH, ont un toit sous lequel vivre. La lutte paie !

Depuis l’émergence du Mouvement du 15-M, nous sommes passés du slogan « Ils ne nous représentent pas ! » à « Oui, on peut ! ». Nous avons récupéré la confiance en nous-mêmes. L’offensive du capital ne s’arrête pas, mais l’indignation, le ras-le-bol et la désobéissance augmentent. Les victoires sont le carburant nécessaire pour en obtenir d’autres encore. Lutte est indispensable pour changer les choses. Prenons-en bonne note : si on lutte, on peut gagner.

 

*Article publié dans Publico.es, 30/01/2014.
**Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera.

http://esthervivas.com/francais/

                                                                                                                                                                                                                            Source : cadtm.org


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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 18:01

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Toxicité 09/02/2014 à 10h40
Les pesticides, « deux à mille fois plus toxiques » qu’annoncé, dit une étude
Antonin Iommi-Amunategui | Blogueur, auteur

 

 


Un viticulteur épand des pesticides sur des vignes à Meursault (SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA)

 

Le biologiste Gilles-Eric Séralini, déjà à l’origine de l’étude controversée mettant en cause le maïs OGM NK 603 et le pesticide Roundup de Monsanto en 2012, remet le couvert. Avec ses collègues de l’université de Caen et du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen), il signe cette fois une étude sur la toxicité des pesticides sous leur forme commerciale – c’est-à-dire assaisonnés d’adjuvants – et non plus limitée à la substance active, jusqu’alors seule prise en compte.

Différence notable : un institut public légitime cette nouvelle étude.

Jusqu’à « 1056 fois plus toxique » qu’annoncé

Le plan Cancer d’Hollande zappe les facteurs environnementaux

Pendant ce temps, François Hollande a dévoilé le plan Cancer 2014-2018 qui « zappe » les facteurs environnementaux, tels que les pesticides.

Les résultats de l’étude de Séralini en mettent à nouveau plein la vue : dans leur composition intégrale, les pesticides seraient de « 2 à 1 000 fois plus toxiques » pour les cellules humaines que lorsqu’ils sont considérés à partir de leur seule substance active.

Elle conclut que sur neuf des « principaux » pesticides utilisés dans le monde (dont le Roundup), « huit formulations sont clairement en moyenne des centaines de fois plus toxiques que leur principe actif ». Et jusqu’à « 1 056 fois plus toxique » pour le pesticide à base de tébuconazole (un fongicide autorisé en France).

En cause, selon Séralini et ses équipes, les adjuvants, qui « sont souvent confidentiels et déclarés comme inertes par les fabricants ».

Une étude automatiquement controversée

Les résultats de cette nouvelle étude pâtissent du statut controversé du professeur Séralini, dont la précédente étude choc avait été publiée puis retirée de la revue Food and Chemical Toxicology, celle-ci estimant que « les résultats présentés, s’ils ne sont pas incorrects, ne permettent pas de conclure ».

De même, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) en avait contesté les protocoles, le nombre de sujets étudiés (200 rats) étant jugé trop faible.

L’Anses notait néanmoins alors « l’originalité de cette étude » abordant le sujet, « jusqu’ici peu étudié », des effets à long terme (deux ans, en l’occurrence) des OGM associés aux pesticides.

Séralini affirmant de son côté que la marche arrière de Food and Chemical Toxicology était motivé par l’arrivée dans le comité éditorial de la revue de Richard Goodman, un biologiste ayant travaillé pour Monsanto.

L’Inserm alerte sur la question des adjuvants

 

Voir le document

(Fichier PDF)

 

Mais cette nouvelle étude de Séralini sur la toxicité effective des pesticides en formulation, publiée dans la revue Biomed Research International, fait cette fois écho au récent rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

En juin dernier, dans une longue publication [PDF] consacrée aux effets des pesticides sur la santé, l’Inserm avait déjà alerté sur la question des adjuvants, confirmant que ces derniers « peuvent posséder leur propre toxicité ou interférer avec la substance active ».

Ce que l’étude de Séralini prétend aujourd’hui brutalement démontrer. Ce qui contredit également Eugénia Pommaret, directrice de l’Union des industries de la protection des plantes (Uipp), perçue comme le « lobby des fabricants de pesticides », lorsqu’elle déclare :

« Tous les pesticides étudiés dans la publication [de Séralini] ont déjà été pleinement évalués avec des études de toxicité in vivo. Ces études doivent confirmer l’absence d’augmentation significative de la toxicité de la formulation par rapport à la toxicité de la substance active seule. »

« Ce qui est testé n’est pas ce qui est employé »

L’association Génération Futures, qui mène un combat de longue date contre les pesticides, s’est félicitée de cette nouvelle étude :

« [Elle] remet en cause le mode de calcul des doses journalières admissibles calculées aujourd’hui à partir de la toxicité de la substance active seule, ainsi que la procédure d’évaluation du risque des pesticides qui ne prévoit pas l’obligation de tests pour la toxicité chronique des pesticides en formulation. »

Son porte-parole, François Veillerette, a ensuite réagi à la communication de la directrice de l’Uipp :

« C’est d’autant plus inacceptable que l’Anses elle-même a relevé le manque des tests sur les effets chroniques des pesticides tels qu’ils sont vendus et utilisés. Ce qui est testé n’est pas ce qui est réellement employé par les agriculteurs. »

Pesticides : un manque de transparence avéré

Au terme de son rapport de 150 pages, l’Inserm – établissement public hors de tout soupçon de partialité – soulignait déjà « le manque de transparence en termes de composition intégrale des produits (adjuvants) pour des raisons de secret industriel ».

Joint au téléphone, Xavier Coumoul, cosignataire de ce rapport, spécialisé en pharmacologie et toxicologie, confirme la légitimité de l’étude de Séralini :

« Il est évident qu’il est nécessaire d’avoir accès à la formulation précise des pesticides. Et si Séralini en arrive à des résultats d’une telle ampleur, ça légitime qu’on y ait accès. Pour ma part, je n’ai jamais eu complètement accès aux formulations. »

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 17:58

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

Pin’s 09/02/2014 à 13h39
Pacte de responsabilité : l’aile gauche grince, Sapin la moque
Rémi Noyon | Journaliste Rue89

 

 


Michel Sapin à l’Assemblée nationale, le 4 février 2014 (WITT/SIPA)

Le patron du Medef adore les pin’s. Depuis des semaines, il arbore fièrement un petit bout de plastique sur lequel on peut lire « 1 million d’emplois ». Le chiffre fait référence aux créations de postes qu’il envisage si le gouvernement baisse drastiquement les « charges » sur les entreprises.

Le Canard enchaîné raconte, dans son édition du 29 janvier, une rencontre aigre-douce entre Pierre Gattaz et le ministre du Travail, Michel Sapin. Avisant le fameux pin’s, ce dernier lance, taquin :

« C’est un engagement ? »

Réplique de Gattaz, pince-sans-rire :

« Ce n’est pas un engagement, c’est un pin’s. »

Baisse de 30 milliards

Voilà qui résume le dialogue à trois voix entre le gouvernement, les entreprises et l’aile gauche de la majorité, après l’annonce par François Hollande, lors de sa conférence de presse du 14 janvier dernier, d’un « pacte de responsabilité » avec le patronat : une baisse de 30 milliards des cotisations, en échange de créations d’emplois.

Le Parti socialiste, aiguillonné par l’aile gauche de la majorité, demande des engagements précis. Emploi, formation et, pourquoi pas, une baisse des « charges » par étapes. Le Medef répond que ce n’est pas comme cela que fonctionne l’économie et le gouvernement acquiesce discrètement.

Ce week-end, la gauche du PS – représentée notamment par la sénatrice Marie-Noël Lienemann – fait savoir son mécontentement. Elle ne se satisfait pas des engagements flous du patronat dont le gouvernement semble, lui, être prêt à se contenter.

« Un véritable show »

Dans une lettre envoyée à Harlem Désir, que Le Journal du dimanche a pu se procurer, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann et le vice-président du conseil régional d’Ile-de-France, Julien Dray, critiquent l’organisation du séminaire prévu lundi par le Parti socialiste.

Ces travaux doivent permettre de préciser les contreparties souhaitées, mais l’aile gauche a l’impression d’être tenue à l’écart :

« A notre grand déplaisir, nous constatons que ce qui devait être logiquement une réunion de travail pour construire ensemble des solutions politiques se transforme en fin de compte en un véritable show. »

Ce courant, incarné également par Emmanuel Maurel, lui aussi au conseil régional d’Ile-de-France, devrait rendre public un texte critiquant la mise en place du fameux pacte. Le titre a des accents « mélenchoniens » : « Il n’y a pas qu’une seule politique possible ! »

Certains proposent même le remboursement des allègements de « charges » si les objectifs d’embauches ne sont pas tenus. Les parlementaires n’ont pas non plus apprécié les menaces disciplinaires qu’impliquent un vote de confiance à l’Assemblée. Le JDD cite à cet égard un passage du document :

« Tout ne procède pas du Président. On ne règle pas les problèmes politiques en brandissant la menace de mesures disciplinaires ou en mettant les parlementaires au pied du mur. »

« Regarder tomber la pluie du ciel »

Vendredi, le Medef était reçu par le Parti socialiste. Face à un Harlem Désir qui fait mine d’exiger des « contreparties claires et écrites », Pierre Gattaz a prévenu :

« Si les contreparties deviennent des contraintes, vous êtes à l’inverse de la marche du monde. »

Le patron du Medef reçoit ce dimanche le soutien implicite de Michel Sapin, qui, dans Le Parisien, moque ceux qui seraient « déboussolés » par ce pacte avec les entreprises :

« Cela peut déboussoler certains idéologues qui croient que la richesse se crée en regardant tomber la pluie du ciel. [...]

Et je ne pense absolument pas que la gauche se sente en opposition avec ce qu’on appelle dans un jargon incompréhensible la politique de l’offre. »

Plus loin dans l’entretien, le ministre ironise sur le pin’s de Gattaz et le « chiffre global » qui « semble spectaculaire mais est peu opérationnel ». En revanche, il reste très flou sur l’effort qui sera demandé aux entreprises :

« On affiche ou on fait ? Moi, je pense qu’il faut moins afficher mais faire plus, et regarder plusieurs dimensions et pas une seule.

Dans certains secteurs, l’enjeu, c’est d’éviter des destructions d’emplois. Dans d’autres, d’en créer le plus possible.

Il faut que les engagements soient réels, mesurables et vérifiables. Le Premier ministre a souhaité que les partenaires sociaux se rencontrent pour en discuter entre eux. »

Le ministre du Travail n’est pas plus précis sur l’articulation du nouveau dispositif avec le Crédit d’impôt-compétitivité (CICE) qui est déjà en place :

« Quel que soit le mécanisme retenu, la volonté du président de la République, c’est qu’au total, CICE maintenu ou pas, la diminution progressive du poids des prélèvements sur le travail représente de l’ordre de 30 milliards. L’équivalent de ce que coûtent aux entreprises, les cotisations dites famille. »

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 17:50

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

Le grand entretien 09/02/2014 à 17h08
« Les lanceurs d’alerte prennent des risques pour nous tous »
Pierre Haski | Cofondateur Rue89

 

 


Manifestation en soutien à Bradley Manning à Fort Meade, dans le Maryland (Etats-Unis), le 1er juin 2013 (NICHOLAS KAMM/AFP)

 

 

Ellsberg, Vanunu, Manning, Snowden, Frachon, Vasseur... Les noms des lanceurs d’alerte, (traduction française du « whistle blower » américain) ont progressivement pris une place centrale dans l’actualité. Les révélations d’Edward Snowden sur l’espionnage de masse de la NSA américaine en sont la dernière illustration.

Pour autant, le phénomène des lanceurs d’alerte reste mal compris et objet de controverse. Au moment des révélations de WikiLeaks, on a pu entendre le mot de « délation », Snowden est accusé de « trahison »...

Florence Hartmann a choisi de raconter les parcours, les histoires, les motivations d’une série de lanceurs d’alerte dans un livre paru cette semaine. Cette ancienne journaliste du Monde sait de quoi elle parle : en 2008, elle a été jugée par le Tribunal pénal international où elle a un temps travaillé au bureau du procureur, pour avoir violé la confidentialité de décisions de la cour.

Making Of
En 2009, Rue89 a soutenu Florence Hartmann lors de son procès au TPI, en republiant notamment les pages de son livre visées par les poursuites. Je connais personnellement cette journaliste, et l’interview a été conduite sur le mode du tutoiement. Pour des raisons évoqués ici, l’entretien a été retranscrit sur le mode du vouvoiement. Pierre Haski.

Elle est toujours sous le coup d’une condamnation à une amende qu’elle a refusé de payer, transformée en sept jours de prison qu’elle refuse, et la France avec elle, d’aller effectuer dans la même prison que les criminels de guerre d’ex-Yougoslavie qu’elle dénonçait dans ses reportages...

Florence Hartmann ne se considère pas comme une « lanceuse d’alerte », mais cet épisode l’a assurément poussée à s’intéresser à ce phénomène déjà ancien – le concept a été forgé dans les années 70, lorsque l’Américain Daniel Ellsberg a révélé les documents du Pentagone sur la guerre du Vietnam –, mais qui a pris de l’ampleur ces dernières années avec les révélations de WikiLeaks ou celles de Snowden, en passant, en France, par la révélation des effets du Médiator ou les conditions de vie en prison.

Symbole des lanceurs d’alerte, cette vidéo envoyée par le soldat Bradley (désormais Chelsea) Manning à WikiLeaks, montrant l’action d’un hélicoptère de combat américain à Bagdad, une affaire sur laquelle l’armée américaine avait menti. Manning a été condamné à 35 ans de prison pour avoir lancé l’alerte sur ces actes illégaux.

 

 

La vidéo d’Irak rendue publique par WikiLeaks

 


Florence Hartmann (Sophie Daret)

 

Rue89  : Qui « parle » dans ce livre, est-ce Florence Hartmann la lanceuse d’alerte ? ...

Florence Hartmann : Non, j’ai fait une postface pour expliquer que je ne suis pas une lanceuse d’alerte !

Le lanceur d’alerte, c’est vraiment quelqu’un qui prend un risque, qui fait le choix, que sa carrière ou sa loyauté pousseraient plutôt à ne pas faire, de nous alerter sur des choses dangereuses.

Tandis que pour le journaliste, ou pour les ONG, l’alerte est un métier. Il n’y a pas de prise de risque, ça fait même partie de ce qu’on attend de vous.

Autre manière de poser la question : est-ce parce que vous avez été confrontée au secret dans une instance internationale que vous avez décidé d’écrire ce livre ?

Je l’ai écrit parce que je pense que la question des lanceurs d’alerte, qui est très présente dans l’actualité, est un sujet important souvent simplifié dans le débat public sous la forme : « traître ou héros ? » Je pensais qu’il fallait l’expliquer.

La question du secret vient après. C’est le cas dans l’institution où j’ai travaillé, mais aussi dans les crimes que j’ai pu couvrir précédemment en tant que journaliste.

 


« Lanceurs d’alerte » de Florence Hartmann

 

Je voulais rappeler que, dans les démocraties, nous avons un système qui prévoit ce genre de situations : certaines choses ont légitimement le droit d’être tenues secrètes, d’autres non. Mais on s’y perd, le public ne sait plus vraiment.

C’est évidemment très convaincant quand un diplomate, un politique ou un chef d’entreprise dit qu’un secret diplomatique ou commercial doit le rester, qu’on ne peut pas tout étaler en public. C’est légitime.

Sauf que le citoyen finit par oublier ce qui est prévu ou pas dans la loi, comme on l’a vu aux Etats-Unis, sur la question du terrorisme notamment.

Le secret n’est pas la règle, c’est l’exception, c’est ce que je voulais rappeler.

Parlons définition : qu’est-ce qu’un lanceur d’alerte ?

Le lanceur d’alerte est une personne qui apprend, dans le cadre de son exercice professionnel, une information à laquelle elle est tenue au secret, mais qui est d’une importance pour la société, et qu’elle décide de rendre publique parce que ce secret correspond à un abus ou un crime.

C’est la démarche d’un individu, une démarche de bonne foi, ce qui exclut l’acte diffamatoire ou intéressé.

Le lanceur d’alerte met en débat ses obligations de réserve professionnelles face à l’obligation de faire connaître un délit ou un crime. C’est prendre un risque pour rendre service à la société.

Vous faites observer que dans le débat français on fait souvent le parallèle avec la délation.

Chaque société a son passif. Dans les sociétés anglo-saxonnes, on rémunère par exemple les informations relatives aux fraudes aux deniers publics. En France, et pas que là, on a tendance à associer la dénonciation à une délation.

Or, quand on l’explique à travers des cas précis, on voit bien que ce n’est pas de la délation. Ce n’est pas destiné à nuire. Ça nuit évidemment à ceux qui voulaient garder le secret, mais pas à un individu en particulier et, surtout, ça participe d’une société qui veut faire ses choix de manière libre et consciente.

Chaque fois qu’il y a eu des débats en France, notamment lorsqu’il a fallu définir des règles pour protéger les lanceurs d’alerte, des députés ont évoqué la délation. Tout le monde a peur de la délation. Mais ce n’est pas de ça qu’il s’agit ici, il fallait l’expliquer.

On comprend bien que la société qui produisait le Médiator n’avait pas envie que ses secrets soient étalés, mais on comprend aussi que c’est dans l’intérêt de tous que le risque sanitaire soit connu. L’alerte est nécessaire.

On est dans une situation paradoxale : une soixantaine de pays, dont la France, ont adopté des législations pour protéger les lanceurs d’alerte, et pourtant chaque cas provoque polémiques et souvent répression.

Absolument, et c’est pour ça que j’ai fait ce livre. Certaines personnes prennent des risques pour faire leur devoir de citoyens, et pourtant, même dans nos démocraties, la réponse peut être en complet décalage avec le service qui est rendu à la société.

Il y a une réaction de répression, et des méthodes qui font penser à des pays non-démocratiques.

Même dans les années 70 aux Etats-Unis avec Daniel Ellsberg, on a eu une réaction plus intelligente par rapport au choc des révélations, après une première phase de colère et de répression de la Maison Blanche.

Ensuite, la démocratie a fonctionné, la justice américaine a répondu à une question claire.

 


Daniel Ellsberg, le « lanceur d’alerte » des documents du Pentagone, à sa sortie du tribunal de Los Angeles en 1973 (AP/SIPA)

 

Aujourd’hui, l’opinion internationale est prise à témoin. On voit bien, dans les cas d’Edward Snowden ou de Bradley/Chelsea Manning, que leurs actions sont dans l’intérêt de tous.

Les mesures de sécurité en principe prises dans l’intérêt public ont encouragé des abus, et la réponse est ahurissante. On a un citoyen américain de fait apatride, et un autre emprisonné pour 25 ans quand il a posé la question de la manière dont on fait la guerre ou on emploie la torture.

On a ainsi au XXIe siècle des dérives qui montrent que dans nos sociétés démocratiques, nous devons toujours nous battre pour nos droits.

 


Bradley, aujourd’hui Chelsea, Manning, au cours d’une comparution face à la justice militaire américaine en 2012 (Patrick Semansky/AP/SIPA)

 

Comment expliquer que Barack Obama ait multiplié les poursuites contre les lanceurs d’alerte (huit contre une seule sous le règne de Reagan) ?

On pensait qu’Obama allait rattraper les dérives de Georges W. Bush, et le fait qu’il ne le fasse pas pousse Snowden au passage à l’acte. Et Obama utilise une règle datant de la Première Guerre mondiale sur l’espionnage, alors qu’on voit bien qu’on n’est pas dans ce cas de figure.

Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’une démocratie comme les Etats-Unis et d’un homme comme Obama.

Pourquoi ? C’est ce qui m’a motivée dans l’écriture de ce livre. Aller au-delà du pour ou du contre mais donner tous les éléments pour évaluer les dysfonctionnements.

Il n’y aurait pas de raisons que Snowden fuie la justice si celle-ci lui permettait de mettre dans la balance son acte de révéler des documents marqués « confidentiel » et, en face, un Etat répondant de manière aussi répressive.

D’autant qu’Obama a reconnu depuis qu’il y avait une dérive et des risques dans sa machine d’espionnage.

Il a été obligé de le faire, mais il ne dit pas à Snowden de rentrer à la maison...

On voit bien qu’il y a nécessité de contrôle démocratique intelligent. C’est dans cet équilibre que la démocratie peut bien fonctionner. Actuellement, il y a un décalage évident.

Mais soyons honnêtes, un dirigeant européen aurait sans doute réagi de la même manière.

La loi peut-elle répondre à la question de la définition de l’alerte légitime par rapport au délit de la révélation de secrets ?

C’est d’abord un changement d’attitude des décideurs qui est nécessaire :

  • accepter le fait qu’on est responsable de ses actes ;
  • accepter que le citoyen a le droit de s’interroger lorsqu’il y a un décalage entre ce qui est dit et ce qui est fait ;
  • accepter que le contrôle démocratique existe bien, même s’il n’est pas sans limites.

Révéler des choses ne doit pas être encouragé systématiquement, car tout ne doit pas être nécessairement exposé. Mais en dehors du cadre de la loi, on doit être capable de voir si ça a été fait pour mieux nous protéger, pour servir la société, pour essayer d’améliorer le système.

Tout ne passe pas par la législation.

Ces affaires sont complexes. Mais quand on les raconte de manière simple, avec en plus des histoires incroyables dans lesquelles chacun peut comprendre le cheminement des individus, leurs motivations, etc., le citoyen peut mieux comprendre les enjeux, ses droits...

Où se trouve l’équilibre entre ce que certains appellent la « tyrannie de la transparence » et le droit de savoir ?

Les deux extrêmes n’existent pas. On n’a pas le droit de TOUT savoir, on n’a pas le droit de ne RIEN savoir...

Au lieu de profiter de l’affaire WikiLeaks, qui a eu un énorme écho et a attiré l’attention sur le sujet, on a posé le sujet comme deux extrêmes irréconciliables. Or, les deux extrêmes n’existent pas.

Tout ce qui existe est entre les deux. Et c’est ce qu’on a éliminé du débat, c’est-à-dire la coexistence entre les uns et les autres, là où vit la démocratie.

La règle, c’est le droit de savoir, et – la question a été posée dès Daniel Ellsberg dans les années 70 – l’exception, c’est le secret dans certains domaines.

La « dictature de la transparence », c’est évidemment dangereux, mais on nous parle d’un impossible. Ce n’est pas ce que demandent les lanceurs d’alerte, on a manipulé le débat. A quelques exceptions près, personne ne demande le droit de TOUT savoir.

Julian Assange a eu un discours public qui a sans doute brouillé le débat en disant qu’il fallait tout dire. Mais on voit que tous les lanceurs d’alerte ont eu une attitude différente : Ellsberg enlève plusieurs milliers de pages dans les documents du Pentagone, Manning a dit qu’il n’avait pas pris n’importe quel document, Snowden a lui aussi fait une sélection.

Vous écrivez que les lanceurs d’alerte émergent alors que les médias jouent moins leur rôle... Vous racontez d’ailleurs que Manning a appelé la presse sans succès avant de se tourner vers WikiLeaks. Pourquoi, selon vous ?

Les lanceurs d’alerte ne passent pas systématiquement par la presse. Parfois pas par choix car ce n’est pas si facile d’accéder à un journaliste en fonction de sa place dans la hiérarchie.

Ellsberg a une haute position et il sait comment accéder aux médias, alors qu’avec Manning, on a un petit militaire qui ne sait pas faire.

 


Irène Frachon, lanceuse d’alerte du Médiator (Jean-Claude Coutausse)

 

On voit d’autres choix encore comme Irène Frachon [affaire du Médiator, ndlr] et Véronique Vasseur [conditions de vie en prison, ndlr] en France.

Irène Frachon a choisi d’écrire un livre, non pas en raison de la difficulté de contacter ou de convaincre un journaliste, mais pour avoir plus d’espace pour s’exprimer et faire sa démonstration sans intermédiaire.

Il y a des avantages aussi à passer par la presse, notamment l’anonymat qui peut être assuré. Certains pensent que les lanceurs d’alerte doivent nécessairement mettre leur nom pour légitimer l’alerte, mais en raison des risques, il n’est pas exclu qu’ils choisissent de rester anonymes.

Dans le cas de « gorge profonde » [la source du Washington Post dans l’affaire du Watergate aux Etats-Unis, ndlr], cet anonymat a été respecté pendant plusieurs décennies.

Il y a de nouveaux acteurs, WikiLeaks, Internet... Le jeu n’est plus le même.



Le « whistle-blower », littéralement le souffleur de sifflet à l’heure numérique (illustration du Guardian)

 

Effectivement, tout cela multiplie les possibilités.

Qu’on puisse trouver plus facilement un support de publication qu’autrefois permet de communiquer plus directement avec le public, mais cela comporte aussi des risques.

Même dans l’affaire WikiLeaks, la presse a joué un grand rôle pour expliquer la portée des documents révélés. On n’a pas toujours un Snowden qui fait aussi bien le service après-vente d’explications.

Y a-t-il une différence de nature entre le lanceur d’alerte dans le système étatique et celui qui travaille dans le secteur privé ?

Dans la démarche et la question qui se pose, on est dans le prolongement de ce qu’on a appris avec la Seconde Guerre mondiale : on n’exécute pas d’ordres illégaux. C’est toujours cette question-là qui se pose sous différentes formes.

Dans la démarche, dans les sanctions, il n’ a pas de différence. Les pouvoirs publics auront une capacité de sanction ou de manipulation de l’opinion plus fortes qu’une entreprise. Mais il n’y a pas de différence.

C’était important de montrer à quel point ces gens prennent des risques pour nous tous. Et d’insister sur le fait que si l’alerte est le travail des journalistes ou des ONG, il y a dans leur cas un vrai choix à faire, ce n’est pas leur travail.

Un journaliste peut être poursuivi en diffamation et devra prouver que ce qu’il a dit ou écrit est vrai. Mais dans le cas des lanceurs d’alerte, il en va autrement. Prenez le procès Manning : on ne s’interroge pas sur les crimes qu’il a dénoncés, c’est la désobéissance qui est jugée.

Pourquoi ce mot de « mauvaise conscience » dans le sous-titre du livre pour parler des lanceurs d’alerte ?

Parce que les histoires que je raconte font apparaître les dysfonctionnements de nos démocraties.

Les lanceurs d’alerte révèlent ce que personne ne veut voir étaler, ni les Etats, ni les entreprises privées. Ils montrent un visage pas satisfaisant de nos démocraties. Leur méthode est brutale, mais elle est portée au jugement de la société car ça concerne tout le monde.

J’ai voulu ramener tout ce qu’on a essayé d’évacuer du débat. Sur tous les acquis démocratiques, on doit se battre, et on a le droit de le faire. Le but est de faire réfléchir, chacun peut apporter sa pierre.

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 


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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 17:34

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

En finir avec le clientélisme féodal de la réserve parlementaire

|  Par Stéphane Alliès

 

 

Grâce à l'effort de transparence mené sur les « fonds secrets » de l’Assemblée nationale, tout le monde peut désormais constater l’aberrant saupoudrage de subventions que s’autorisent les représentants de la nation, réduits à de vulgaires barons locaux.

Se réjouir, puis s’abasourdir. Un an après l’affaire Cahuzac, les réformes de transparence et de modernisation de la vie politique commencent à prendre effet. Mais comme pour la réforme des cumuls des mandats, qui laisse de côté le cumul dans le temps, et avant la communication des déclarations d’intérêts et de patrimoine des députés (déposées la semaine dernière à la Haute Autorité de la transparence de la vie publique), la publication de la réserve parlementaire laisse un goût d’inachevé, une fois que l'on a constaté le progrès réalisé.

Grâce à la majorité socialiste et écologiste, les montants des presque 11 000 subventions octroyées par les 577 députés français, qui atteignent un total de 81,6 millions d’euros, sont donc désormais consultables par tous sur le site internet de l'Assemblée (cliquer ici). On peut aussi se féliciter que le président de l’Assemblée, Claude Bartolone, ait décidé une baisse de 10 % de l’enveloppe totale par rapport à 2012. De même que du fait qu’il ait jugé utile de remettre à plat les dotations de chacun afin de réduire les écarts entre députés (ceux de base peuvent ainsi dépenser 130 000 euros ; les dignitaires – questeurs, vice-présidents de l’Assemblée, présidents de groupe – entre 200 000 et 300 000 euros).

 

Claude Bartolone 
Claude Bartolone © Reuters

Modernisateur de la fonction de député, le président de l’Assemblée a fait attention à respecter certaines dotations historiques et a même respecté le primat historique du président de la commission des finances, Gilles Carrez, en matière de distribution discrétionnaire de sous pour tous : le premier dispose de 520 000 euros, contre 786 500 euros pour le second. Le temps est désormais loin où ils n’étaient que quelques-uns à piocher dans une cagnotte. L’an dernier, Gilles Carrez détenait encore un « pouvoir de distribution » de 3,85 millions d’euros.

Cependant, Claude Bartolone dispose aussi de la « réserve institutionnelle » de l’Assemblée, approchant les 5,5 millions d’euros, et dont on découvre à cette occasion que, malgré les alertes de la Cour des comptes depuis 2008 (lire ici l’analyse de Denys Pouillard, de l'Observatoire de la vie parlementaire), elle demeure une « machine à subventions » non négligeable de grandes institutions. Les mieux servis sont ainsi le Conseil d’État et la Cour des comptes (250 000 euros chacun).

Une large part de ces 5,5 millions de la « réserve institutionnelle » contribue à financer les principaux think tanks à la française (dans des proportions moindres que par le passé). Fondapol et Institut Montaigne (160 000 et 30 000 euros, proches de l’UMP), Gabriel-Péri (130 000 euros, proche du PCF tendance Robert Hue), Res Publica (90 000 euros, proche de Jean-Pierre Chevènement), Jean-Jaurès et Terra-Nova (170 000 et 30 000 euros, proches du PS). La fondation Nicolas-Hulot perçoit de son côté 30 000 euros, ajoutés aux 10 000 euros versés par le groupe écologiste. Ce dernier finance aussi pour 50 000 euros, mais sur sa propre réserve, la fondation de l’écologie politique.

D’autres fondations profitent de cette « réserve institutionnelle » : Claude-Pompidou (100 000 euros), Charles-de-Gaulle (30 000 euros), Danielle-Mitterrand (100 000 euros), Institut François-Mitterrand (50 000 euros). On trouve aussi parmi les montants les plus importants une subvention aux Restos du cœur (200 000 euros, plus une multitude d’aides individuelles et locales de députés dans leurs circonscriptions). On note aussi que la Ligue des droits de l’Homme perçoit 13 000 euros du groupe radical et 7 000 du groupe écolo. Mais du PS, rien.

Inventaire «à la pervers»

Tout en saluant l’effort de transparence accompli, l’effet produit par une promenade dans le moteur de recherche du site de l’Assemblée nationale spécialement conçu, a des airs d’inventaire « à la pervers ».

On voit ainsi défiler les aides aux diverses confessions, bien plus nombreuses à être financées que les amicales laïques. La religion catholique n’a définitivement pas à se plaindre de la Ve République parlementaire, quand on voit défiler les milliers d’euros aux “amis d’abbayes” diverses, voire les aides aux traditionalistes scouts unitaires de France (profitant de 5 000 euros du député UMP Pierre Morange) ou aux intégristes scouts d’Europe (1 500 euros donnés par l’UMP Dominique Tian). À ce titre, juifs et musulmans peuvent dès maintenant se décider à entamer un plus ardent lobbying, car ils ne sont qu’une poignée d’élus à leur accorder similaire importance, comme l’UMP Thierry Solère, qui accorde 10 000 euros au Beth Loubavitch de Boulogne, ou le PS Vincent Feltesse, qui octroie 50 000 euros à la fédération musulmane de Gironde.

En termes de communautarisme, mention spéciale également au député socialiste René Rouquet, longtemps maire d’Alfortville et tellement fidèle à la « petite Arménie » qu’il consacre la totalité de sa réserve (130 000 euros) au Fonds arménien de France. Seul autre élu à consacrer la totalité de sa réserve à un seul destinataire : Patrick Balkany et le Sporting club de Levallois, qui hérite aussi de 130 000 euros. Au moins cette donation n’intriguera-t-elle pas la justice, elle qui s’intéresse, entre autres, aux relations entre l’édile et l’institution sportive (lire ici).

Dans un autre genre, on constate combien le clientélisme n’a pas de couleur politique, chacun satisfaisant son électorat, à coups de saupoudrage de quelques centaines d’euros (les écolos sont souvent fidèles aux paysans bio, les députés de droite oublient rarement de venir en aide aux scouts). Certains choisissent de saluer leurs engagements de jeunesse. Ainsi en va-t-il de trois anciens dirigeants du syndicat étudiant Unef : Pascal Cherki y consacre 70 000 euros de sa réserve, Pouria Amirshahi 10 000 euros, comme Mathieu Hanotin, qui ajoute 20 000 euros pour l’union des étudiants algériens de France. À droite, on n’est pas en reste, puisque Jean-François Copé structure son réseau jeune à l’UNI (lire ici), la “droite étudiante” vers laquelle il flèche 60 000 euros de sa réserve (Gilles Carrez complète l’attention, mais à hauteur de 10 000 euros seulement).

Une capture d'écran "au hasard", dans la longue liste des communes aidées par la réserve 
Une capture d'écran "au hasard", dans la longue liste des communes aidées par la réserve © www.assemblée-nationale.fr

Au fil de l’énumération des subsides, on remarque aussi combien la grande majorité des 81,6 millions d'euros est directement reversée aux budgets des communes, ou aux communautés de communes et autres syndicats intercommunaux. Souvent, le député choisit de répartir l’intégralité de sa réserve aux villes de sa circonscription, sans critère vraiment précis, certains imaginant une clé de répartition selon la pauvreté de celles-ci, d’autres en fonction du nombre d’habitants.

Certains s’embêtent moins et, cumul des mandats et/ou proximité des municipales obligent, basculent la totalité de leur enveloppe à leur propre ville, ou au moins à la principale cité de leur circonscription. Comme les communistes Jacqueline Fraysse et Huguette Bello, les socialistes Michel Françaix, François Brottes ou Dominique Raimbourg, les UMP Jean Léonetti, Jean-Jacques Guillet ou Georges Ginesta. Hors concours, l’UMP Gilles Carrez lâche 500 000 euros à sa bonne ville du Perreux-sur-Marne.

Claude Bartolone se contente, lui, d’accorder 200 000 euros à la commune du Pré-Saint-Gervais (où il entend à nouveau être éligible sur la liste PS aux municipales), et 195 000 euros à celle des Lilas, deux villes de sa circonscription de Seine-Saint-Denis (loin d’être parmi les plus défavorisées de la Seine-Saint-Denis).

L’examen du détail de la réserve parlementaire révèle aussi combien celle-ci vient pallier les défaillances de la puissance publique et des pouvoirs locaux. Restos du cœur, Secours catholique et populaire, centres sociaux recueillent une multitude de plus ou moins grosses subventions. Les alliances et écoles françaises sont systématiquement aidées par les députés des Français à l’étranger, deux députés PS subventionnent même le commissariat de police de leur circonscription (Sébastien Denaja pour 11 365 euros, 30 000 euros pour Dominique Baert).

Suppression ou réaffectation, citoyenne et participative ?

Sans même parler du fait que l’opacité demeure sur l’état de la réserve parlementaire des sénateurs, on pourrait regretter une absence de contrôle collégial sur la pratique, ou au moins de motivation des attributions de subsides. Un moyen qui nous permettrait de comprendre comment la cagnotte du groupe socialiste (chaque groupe parlementaire dispose en outre d’une réserve « non rattachée à un département ») en vient à subventionner pour 5 000 euros une association de capoeira, pour 8 000 euros le festival de Comminges, ou pour 4 500 euros l’agneau fermier du Quercy.

On pourrait regretter encore bien d’autres aspects (par exemple la nature assez peu évoluée du moteur de recherche mis en ligne sur le site de l’Assemblée), et se réjouir d’avancées liées à cette première victoire de la transparence sur les conservatismes. Mais cela ne règle en rien le problème de fond. Alors même que les députés se plaignent en permanence de leur manque de moyens pour travailler, du peu d’assistants parlementaires à leur disposition et du peu d’argent dont ils disposent pour les payer correctement, à quoi sert donc cette réserve clientéliste d’un autre âge, même rendue publique ?

Déjà que sous la Ve République, l’initiative parlementaire des députés ne brille pas par son exceptionnelle vitalité, voici donc les représentants du peuple transformés en grands-mères accordant des enveloppes aux électeurs les plus méritants, eux-mêmes transformés en petits-enfants désireux d’arrondir les fins de mois de leurs associations. Au gré des fidélités et des dépendances électoralistes, les législateurs peuvent ainsi eux aussi jouer aux barons locaux clientélistes (quand ils ne le sont pas déjà, par la grâce du cumul des mandats), jouant du carnet de chèque, à coups de 1 000 ou de 2 000 euros le plus souvent, avec les clubs de sport (spécialement les clubs de foot, judo et karaté, tennis et ping-pong), les associations de parents d’élèves, de sapeurs-pompiers ou de boulistes, les comités des fêtes ou les clubs Léo-Lagrange (pour ne citer que ceux qui reviennent le plus souvent).

Des voix s’élèvent parmi les députés, à gauche comme à droite, pour une suppression de la réserve, tout en avançant que certaines associations devraient se voir garantir un maintien de leurs subventions. Certains appellent à transférer les sommes aux préfets, charge à eux de les répartir équitablement dans les circonscriptions. D’autres imaginent des budgets participatifs ou des jurys citoyens, ainsi que quelques députés, écologistes et socialistes, l’ont esquissé localement.

Pourquoi ne pas repenser en effet l’utilisation d’une telle manne, en permettant le financement de l’expression citoyenne, sans le filtre clientélaire et discrétionnaire de l’élu ? C’est une des pistes avancées par la sociologue Marie-Hélène Bacqué et le responsable associatif Mohammed Mechmache, dans un rapport remis l’été dernier au ministre de la ville François Lamy, à propos de la participation dans les quartiers populaires (mais dont le principe pourrait être étendu à d’autres secteurs de la vie associative et citoyenne).

Via une  autorité administrative indépendante qui le gérerait, ils préconisent la mise en œuvre d’un « fonds de dotation pour la démocratie d’interpellation citoyenne ». Un fond qui serait financé par « 10 % de la réserve parlementaire », soit environ huit millions d’euros. Une miette par rapport aux budgets des grands élus, qui serait une avancée forte pour l’autonomie citoyenne, spécialement dans des quartiers souffrant des pratiques clientélistes et de l’instrumentalisation des édiles locaux. Pour l’heure, la proposition de Bacqué et Mechmache est restée lettre morte…

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 19:28

 

 

Source : www.liberation.fr

 

 

Manifestation à Madrid pour l'IVG: «l’Église ne doit pas se mêler de politique»
AFP 8 février 2014 à 17:17

 

 

A Madrid, ce samedi.A Madrid, ce samedi. (PHOTO JAVIER BARBANCHO.REUTERS)

 

Plusieurs milliers de personnes ont protesté contre le projet gouvernemental qui supprime le droit à l'avortement en Espagne.

 

Plusieurs milliers de personnes, en grande majorité des femmes de tous âges, ont manifesté à Madrid ce samedi pour la défense de l'avortement et contre le projet gouvernemental qui supprime le droit à l'IVG en Espagne.

Criant «Avortement libre», les manifestants, rassemblés à l'appel de mouvements féministes, ont défilé devant le ministère de la Justice avant de se rassembler sur une place du centre de la ville, réclamant la «démission» du ministre Alberto Ruiz-Gallardon, qui a porté ce projet de loi.

«Cette loi nous renvoie 40 ans en arrière»

«Cette loi nous renvoie 40 ans en arrière. J'ai deux filles, et elles peuvent être concernées», dénonçait Concha Merin, une manifestante âgée de 42 ans. «Je pense aux libertés de toutes les femmes. L'Eglise ne doit pas se mêler de politique», ajoutait cette femme venue spécialement d'Extrémadure, dans l'ouest de l'Espagne, à plusieurs centaines de kilomètres de là.

Le projet de loi contesté supprime le droit à l'IVG en Espagne et n'autorise l'avortement qu'en cas de danger prouvé pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, ou après un viol ayant fait l'objet d'une plainte préalable. Adopté le 20 décembre par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, ce texte supprime celui de 2010, voté sous l'ancien gouvernement socialiste, qui autorisait l'avortement jusqu'à 14 semaines de grossesse pour toutes les femmes sans justification et jusqu'à 22 semaines en cas de malformation du foetus ou de grave danger physique ou psychique pour la mère.

Excluant les cas de malformation du foetus comme motif valable pour avorter, alors que ceux-ci étaient inclus dans la première loi adoptée sous la démocratie espagnole en 1985, le projet a suscité les critiques de la gauche et des mouvements féministes, mais aussi au sein même du parti de droite de Mariano Rajoy.

Le 1er février, des milliers de personnes avaient déjà manifesté à Madrid contre le projet de loi, qui doit encore être soumis au Parlement, et s'étaient rassemblées à l'arrivée d'un «train de la liberté» parti du nord de l'Espagne avec à son bord des militantes féministes. 

AFP
Sur le même sujet
Source : www.liberation.fr


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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 18:30

 

Source : www.reporterre.net

 

Alternatives

Je te prête mon jardin, tu me prêtes ta main verte

Sébastien Iwansson (Midi : onze)

samedi 8 février 2014

 

 

 

D’un côté, des particuliers ayant un jardin, mais pas le temps ni l’envie de s’en occuper. De l’autre, des passionnés à la main verte n’ayant pas de terrain. Le site Internet Savez-vous planter chez nous propose de les mettre en relation. Une initiative maligne (et non lucrative !) qui remet l’échange et la nature au cœur du lien social…

 


 

Alex Broner, un Toulousain mordu de jardinage, s’est retrouvé bien désemparé après son emménagement dans un appartement du centre-ville. Un saut sur plantezcheznous.com et quelques clics plus tard, il rencontrait Lucien, ancien jardinier expérimenté dont l’âge avancé ne lui permet plus de s’occuper de son potager. En plus d’assouvir son besoin de nature, Alex fera, de son propre aveu, une très belle rencontre.

« À travers le jardinage, je cherchais aussi un contact avec d’autres personnes, raconte-t-il. Avec Lucien on s’est immédiatement tutoyé, c’est quelqu’un qui sait rester simple. Il m’a même offert un double des clés pour que je puisse venir quand je le souhaite. En contrepartie, je lui sélectionne de belles tomates et blettes quand j’ai des récoltes ».

Si le site n’impose pas de règles et se contente avant tout d’aider ces gens à se rencontrer par un système de petites annonces, il propose aussi des exemples de contrats pour ceux qui souhaitent cadrer leurs échanges. Ainsi certains propriétaires prêtent leurs terres en échange d’une partie des récoltes ou d’un coup de tondeuse à gazon, alors que d’autres sont simplement contents d’avoir quelqu’un pour tailler le bout de gras et faire revivre un peu leur jardin.

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 


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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 18:07

 

Source : www.latribune.fr

 

 

Séparation bancaire : la défaite de la démocratie

 

La chronique des Livres et des Idées
L'exécutif français a cédé devant le lobby bancaire. Mais comment ?
L'exécutif français a cédé devant le lobby bancaire. Mais comment ?

 

Romaric Godin  |  31/01/2014, 11:12 

 

 


Dans un ouvrage paru récemment, trois auteurs dévoilent les ressorts de la loi bancaire fantoche adoptée par le gouvernement français. Un cas d’école sur les rapports entre pouvoir démocratique et pouvoir financier.

 

Le conflit entre les choix politiques et les intérêts économiques a pris une nouvelle dimension avec la crise financière, puis économique, qui a débuté en 2007. Pressés par le poids de la dette, par le chômage et par le constat de leur propre impuissance, les politiques ont montré une volonté de « moraliser le capitalisme » comme en son temps Nicolas Sarkozy, autrement dit de faire revenir à plus de raison la « finance casino. » Face à ces manœuvres des politiques, le monde financier, qui a subi lui aussi son lot de misères dans la crise, s'est cabré en arguant de son rôle dans « l'économie réelle », dans la création d'emploi et dans le financement des entreprises.

Récit d'un renoncement

C'est une bataille de cette guerre entre le pouvoir démocratique et le pouvoir économique que décortiquent avec beaucoup de minutie trois auteurs, Mathias Thépot (journaliste à La Tribune), Frank Dedieu et Adrien de Tricornot, dans leur ouvrage* "Mon Amie, c'est la Finance". Cette bataille est celle qui a conduit l'exécutif français issu des élections présidentielles de mai 2012 à adopter une législation bancaire qu'il faut bien qualifier de « pacotille. » Du discours du Bourget de François Hollande avec son fameux slogan « Mon ennemi, c'est le monde de la finance » jusqu'aux pressions sur les députés socialistes pour faire adopter une loi fort au goût du lobby bancaire, on suivra avec amusement et souvent avec désolation l'histoire d'un renoncement et d'un reniement.

Une réforme nécessaire

Les auteurs soulignent combien la proposition - formulée au Bourget - d'une séparation des activités bancaires entre banque de dépôts et banque d'investissement, autrement dit entre la finance « réelle » et la finance « casino », semblait appropriée. Avec justesse, ils pointent comment le fameux modèle de la « banque universelle » protège la finance « folle. » Car pour ne pas provoquer de pertes pour les déposants, autrement dit pour les électeurs, l'État apporte sa garantie implicite à l'ensemble des activités de la banque. On l'a vu en 2008-2009 : les États se sont précipités pour « sauver les banques » mises à mal par leurs activités de marché. Les déficits ont gonflé et la crise de la dette a suivi. Quoi de plus normal alors que l'État se protège en isolant l'activité qui l'intéresse, celui des dépôts garantissant les prêts à l'économie réelle.

Battre en retraite avant de combattre

C'était déjà l'esprit du fameux Glas-Steagall Act qui, aux Etats-Unis, a imposé cette division entre les années 1930 et 1999. C'est aussi - en beaucoup plus modéré - l'esprit du rapport rendu en 2012 par le gouverneur de la banque de Finlande Erik Liikanen. Cette semaine, Michel Barnier a également présenté un projet plus ambitieux que celui de la loi qui a été adoptée en France. François Hollande n'était donc ni illégitime ni irresponsable en proposant cette séparation. Mais il engageait un combat avec le secteur bancaire français, tant attaché au modèle de la banque universelle. Ce combat s'annonçait rude. En réalité, et c'est ce que montre fort bien cet ouvrage, il n'a pas été livré. Le candidat devenu président a rapidement - presque immédiatement - battu en retraite, ne cherchant qu'à ménager les apparences en faisant adopter une loi qui contraint les banques françaises à filialiser une partie infime de leurs activités.

Plongée dans les causes du renoncement 

L'ouvrage - et c'est son intérêt principal - va cependant plus loin que le simple récit de la pression du lobby bancaire sur un gouvernement dépassé par ses propres promesses. Il souligne les causes de cet échec et analyse les ressorts et la dynamique du reniement des promesses. Le premier de ces ressorts, c'est l'aspect technique du sujet. On découvre ainsi un Pierre Moscovici effrayé par l'âpreté du sujet et, de ce fait, souvent soucieux d'en finir le plus vite possible. Pour le lobby bancaire, cette pusillanimité est une bénédiction. Les banques vont s'engouffrer dans les détails techniques pour désamorcer la loi et décourager les politiques.

« La pensée Trésor »

En cela, les banques seront soutenues par un allié puissant : le Trésor. C'est le second ressort du renoncement, là encore fort bien analysé par les auteurs : « la pensée Trésor. » Cette « pensée » est un mélange d'ultralibéralisme issu des années 1980 et d'opportunisme. Les hauts fonctionnaires du Trésor deviennent volontiers des cadres dirigeants du secteur bancaire. Ils ont donc à cœur de protéger les intérêts de leurs futurs employeurs. Devant des politiques terrorisés par la difficulté du sujet, rien n'est donc plus aisé à ces fonctionnaires qui préparent la loi que de convaincre les élus qu'ils se doivent de faire preuve de la plus grande prudence et de la modération la plus avisée. Et les élus veulent bien le croire.

L'arme de la dette

Pourquoi ? Parce que les banquiers usent d'une arme décisive dans le contexte actuel : celui de la dette. C'est là le dernier ressort du renoncement. Si l'État cesse de garantir implicitement les activités de marché des banques universelles, le secteur bancaire menace le gouvernement d'une hausse des taux. Les auteurs montrent combien cette menace est illusoire, mais avec l'appui du Trésor, elle a fait mouche sur des politiques terrorisés à l'idée que l'Hexagone devienne le prochain « domino » de la zone euro. Voici comment on obtient un pouvoir démocratique docile aux intérêts financiers.

Cas d'école pour la démocratie

Cet ouvrage met en évidence avec brio un cas d'école. Sa lecture est d'autant plus recommandée qu'elle ouvre de nouvelles perspectives sur la nature du pouvoir démocratique aujourd'hui. Ce livre est celui de la démocratie désarmée et impuissante. Aussi est-il un ouvrage salutaire qui met à jour deux cruelles vérités sur l'état de notre régime.

La première, c'est évidemment la « servitude volontaire » dans laquelle le pouvoir élu se tient face aux puissances financières. Une servitude fondée sur la peur, l'ignorance et la prédominance de la logique financière. Dans sa passionnante préface, l'économiste Gaël Giraud souligne combien « un peuple qui agonise sous les dettes de ses banques n'a plus le loisir de résister au chantage politique de ses créanciers. »

Une cinquième république peu adaptée aux défis de la démocratie

La seconde vérité est sans doute plus proprement française. Ce livre fait le récit des pressions de l'exécutif sur les parlementaires français pour qu'ils ne gênent pas le faux compromis avec le secteur bancaire bâti par le Trésor. Là encore, cette « économie de la peur » domine les choix d'un parlement français réduit plus que jamais à celui d'une chambre d'enregistrement des décisions du prince. Certaines scènes ne manquent pas de piquant, comme lorsque cette députée socialiste attaque l'ONG Finance Watch - qui lutte contre les excès de la finance - en l'accusant de soutenir le « modèle Goldman Sachs. » L'esprit de cour ne connaît pas de limite. Au final, on perçoit combien la structure institutionnelle de notre pays est peu adaptée aux défis démocratiques de notre temps.

Comment alors s'étonner que la démocratie, faisant ainsi la preuve de son inutilité, ne devienne elle-même la cible des citoyens ? Comment s'étonner alors que ceux qui entendent la mettre à bas soient davantage écoutés ? Le livre de Mathias Thépot, Frank Dedieu et Adrien de Tricornot invite à ces réflexions salutaires. Il appelle à un sursaut démocratique sans doute bien plus nécessaire que les « réformes structurelles » dont on nous rebat chaque jour les oreilles.

* Adrien de Tricornot, Mathias Thépot, Franck Dedieu, Mon Amie, c'est la Finance, éditions Bayard, 195 pages, 17 euros.

 

Source : www.latribune.fr

 



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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 17:44

 

 

Source : www.mediapart.fr

La cour constitutionnelle allemande juge illégale la politique de la BCE

|  Par martine orange

 

 

La cour de Karslruhe estime que la politique de rachat des dettes des pays européens, mise en place par la Banque centrale européenne, est contraire au traité. En une décision, elle met à bas les rares défenses construites pour endiguer la crise de l’euro.

 

En une décision, la cour constitutionnelle allemande vient de mettre à terre les quelques digues péniblement édifiées par les responsables européens pour faire face à la crise de la zone euro. Vendredi, la cour de Karslruhe a annoncé qu’elle renvoyait le programme de rachat d’obligations (outright monetary transactions, OMT) initié par la Banque centrale européenne devant la Cour européenne de justice. La cour de Karslruhe estime que ce programme est « incompatible avec la loi fondamentale » car « il n’apparaît pas être du ressort du mandat de la Banque centrale européenne ». Mais elle préfère s'en remettre à l'interprétation finale de la Cour européenne pour savoir si la BCE n'enfreint pas les traités.

Cette décision était attendue de longue date – le jugement devait intervenir à l’automne 2013 – et redoutée. Ce programme mis en cause avait été lancé en septembre 2012 par la BCE, à un moment où la zone euro était au bord du gouffre : les taux des dettes souveraines de l’Espagne et de l’Italie étaient alors au-delà de 7 %, un taux jugé insupportable par les marchés.

Face à la menace d’explosion, le président de la BCE Mario Draghi avait alors déclaré qu’il « était prêt à tout » pour sauver la monnaie unique. Dans la foulée, la Banque centrale européenne annonçait qu’elle se tenait prête à racheter les dettes des pays souverains en difficulté, à la condition que ceux-ci se soumettent à un plan d’austérité, sur le modèle de ceux imposés par la troïka en Grèce ou au Portugal.

La menace a suffi. La BCE n’a jamais eu besoin d’intervenir sur les marchés pour voler au secours des pays de l’Europe du Sud et racheter leurs dettes. L’action de la BCE a été considérée comme décisive – Mario Draghi le rappelle à chacune de ses interventions – pour sauver la zone euro et la monnaie unique, face aux atermoiements des gouvernements de l’Union. Depuis, la situation s’est peu à peu normalisée. Au moment où les pays émergents sont à leur tour victimes de la spéculation, la dette des pays européens est même considérée comme une valeur refuge. Les taux des emprunts espagnols à 10 ans sont à 3,65 %, les taux italiens à 3,75 %.

Ce changement de politique avait été imposé par Mario Draghi dans la panique : celui-ci avait alors réussi à tordre le bras de la Bundesbank, gardienne de la doctrine, grâce à l’appui momentané d’Angela Merkel. Mais les membres de la Bundesbank, soutenus par des avocats et des personnalités allemandes, n’ont pas désarmé pour autant. Ils ont décidé de porter l’affaire devant la cour de Karslruhe, autorité suprême de la justice allemande.

Lors des débats devant les juges, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann (voir “l’Homme qui dit non” dans le Spiegel), avait expliqué que le dispositif de rachat de dettes mis en place par la BCE contrevenait au traité qui interdit à la Banque centrale d’apporter un quelconque soutien aux gouvernements. Le rachat de la dette souveraine est bien un soutien implicite aux gouvernements, ce qui est interdit, avait-il expliqué.

De leur côté, des avocats avaient souligné que la politique de la BCE mettait en danger les finances publiques allemandes et devait, au préalable, être au moins approuvée par le parlement allemand.

La cour de Karslruhe s’est rangée aux arguments de la Bundesbank : « Il y a d’importantes raisons de supposer que (ce programme) outrepasse le mandat de la politique monétaire de la Banque centrale et enfreint ainsi les pouvoirs des États membres, et que celui-ci viole l’interdiction de financer tout budget », a-t-elle statué. Elle ajoute cependant qu’il est possible que si le programme OMT était mis en place de façon très stricte, c'est-à-dire sans distordre les prix du marché et avec des limitations d'achat (mais c'est précisément le caractère illimité qui en a fait l'efficacité), « il pourrait être conforme à la loi ». Elle renvoie donc la décision finale devant la Cour européenne de justice. Celle-ci risque de ne pas se prononcer avant 18 mois.  

La BCE a réagi immédiatement. Dans un tweet, elle annonce qu’elle prend note du jugement de la cour constitutionnelle allemande mais qu’elle « réitère que le programme OMT entre dans son mandat ».

En attendant, la décision de la cour constitutionnelle allemande est lourde de conséquences : les quelques digues qu’avaient péniblement mises en place les responsables européens pour faire face à la crise de l’euro sont à terre. L’arme de dissuasion imaginée par la BCE pour contrer la spéculation est en miettes. En cas de reprise de tensions sur les dettes souveraines, la BCE pourra difficilement dire qu’elle est  prête à utiliser son programme de rachat, alors qu’il est contesté juridiquement par la justice allemande.

Dans le même temps, l’autre pilier de sauvegarde de la zone euro est aussi ébranlé. La Cour a en effet indiqué qu’elle statuerait dans les prochains mois sur la légalité du mécanisme européen de stabilité. Le dispositif avait été mis en place par les responsables européens pour aider les États face à la menace de l’effondrement de leur système bancaire. Il est aussi un des éléments centraux de l’union bancaire.  

L’Europe se retrouve donc ramenée à la case départ, mais dans une situation pire qu’en 2010, lorsqu’elle découvrait la crise irlandaise et grecque. La BCE, seule autorité capable d’agir vite, se retrouve quasiment paralysée face à la spéculation. La situation pour les spéculateurs et les amateurs de casino va être tentante. En moins d’une heure, l’euro est passé de 1,358 à 1,355 face au dollar.

Même sans cela, la BCE aura encore plus peur d’agir en dehors d’un cadre formel strict, se sachant désormais sous contrainte. Alors que la déflation menace en Europe, ses outils risquent d’être bien limités : ce n’est pas une baisse supplémentaire des taux, alors que ceux-ci sont déjà à 0, 25 %, qui pourra ranimer l’économie européenne.

Cette décision allemande pourrait aussi faire d’importants dégâts politiques en Europe et auprès des opinions publiques des autres pays européens. Car comment justifier que les décisions arrêtées collégialement par les responsables européens puissent être mises à terre par la seule justice allemande, alors que dans le même temps, les parlements nationaux de tous les autres pays se voient refuser le moindre droit d’amendement voire de regard sur les dispositifs adoptés ? De plus, que dira Berlin si la spéculation repart sur les dettes souveraines espagnoles, italiennes ou françaises ? Que les populations ont manqué de vertu et doivent être encore soumises à plus d’austérité ?

Les forces centrifuges, en sommeil depuis quelques mois, vont repartir de plus belle. À la veille des élections européennes, elles pourraient même se déchaîner.

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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