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11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 15:20

 

Source : www.reporterre.net

 

OGM : la majorité des Etats européens vote contre l’autorisation à la culture du maïs transgénique - mais la Commission pourrait l’autoriser

Philippe Desfilhes (Reporterre)

mardi 11 février 2014

 

 

 

 

Les Etats européens ont voté aujourd’hui à la majorité contre l’autorisation à la culture du maïs transgénique 1507. Mais comme ce n’est pas une "majorité qualifiée", la Commission pourrait quand même autoriser ce maïs.. Enjeu caché : faciliter les négociations de libre-échange avec les Etats-Unis dans le traité TAFTA

 


 

Incertitude sur l’autorisation du maïs 1507 de Pioneer

- Actualisation à 15h24

Les Etats européens ont voté à la majorité de dix neuf voix contre l’autorisation à la culture du maïs transgénique TC 1507 de la firme Pioneer. Mais selon les règles de la décision bruxelloise, comme il n’y a pas de majorité "qualifiée", la décision revient à la Commission. Qui a vingt-quatre heures pour la prendre. Incertitude : elle serait en principe obligée d’accorder l’autorisation, mais selon nos informations, plusieurs ministres ont jugé que, face à la majorité du conseil, une décision d’autorisation serait incompréhensible.

Voici en tout cas le tableau des votes, établi par Greenpeace :

 

 

En rouge, les pays qui ont voté CONTRE l’autorisation de culture, en vert, ceux qui ont voté POUR, en jaune ceux qui se sont ABSTENUS. Pas très simple à lire, hein ? Comme les règles européennes : pas très simples à comprendre...

 


 

OGM : la bataille est relancée à Bruxelles

- Mis en ligne à 09 00 mardi 11 février

Le Conseil des ministres de l’Union européenne rendra ce mardi, son verdict en ce qui concerne l’autorisation ou non de la mise en culture d’un nouvel OGM en Europe, le maïs TC-1507 de Pioneer. Le Conseil, qui réunit les ministres « en Affaires générales », « devait se prononcer à la majorité qualifiée avant le 12 février pour respecter une décision de la Cour de Justice de l’Union européenne, sinon, de facto, le 1507 était autorisé à la culture en Europe », explique Eric Meunier, de l’association de veille sur les organismes génétiquement modifiés Inf’OGM.

Lundi, la messe semblait dite. « Sauf surprise, les pays qui voteront contre le maïs de Pioneer n’obtiendront pas la majorité requise pour son interdiction en Europe », estime Delphine Guey, responsable des affaires publiques du Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS) qui suit de très près le dossier.

Selon les informations de Reporterre, quinze pays au moins devraient voter contre, sans pour autant atteindre la majorité requise. Aux côtés des pays acquis aux OGMs (le Royaume-Uni, la Suède, la Finlande, le Portugal , l’Espagne) plusieurs pays dont l’Allemagne devraient en effet s’abstenir.

Explication de ce paradoxe, qui voit que la majorité n’emporte pas la décision : la procédure veut que, lorsque le Conseil ne statue pas sur une proposition de la Commission, ce qui est le cas avec le Pioneer TC-1507, la majorité qualifiée doit atteindre au moins 72 % des États membres représentant au moins 65 % de la population. En l’absence de majorité qualifiée pour rejeter le nouvel OGM, la Commission n’aura d’autre choix que de l’accepter.

Les opposants aux organismes génétiquement modifiés ne se faisaient lundi plus guère d’illusions. « Comment Angela Merkel s’est-elle laissée convaincre de laisser son pays abstenir sur ce vote alors que l’Allemagne applique une interdiction de la culture du maïs MON810 de Monsanto ? », s’interroge-t-on dans l’entourage de José Bové, député Verts-ALE à Bruxelles et vice-président de la commission de l’agriculture du Parlement européen. « La décision de l’Allemagne de s’abstenir équivaut à voter pour l’autorisation du maïs de Pioneer », regrette aussi Corinne Lepage, députée ALDE au Parlement européen.

 

En France, un imbroglio juridique

La France, elle, votera contre cette autorisation de mise en culture. Et conformément à ses intentions, le gouvernement met tout en œuvre pour empêcher la mise en culture d’OGM sur le sol français. En concertation avec les ministères de l’Agriculture et de l’Ecologie, le sénateur PS de l ‘Aveyron, Alain Fauconnier a déposé mardi 4 février une proposition de loi « relative à l’interdiction de la mise en culture du maïs génétiquement modifié MON810 ». « L’intitulé de la proposition va être modifié car il s’agit bien d’interdire la mise en culture des variétés de maïs génétiques quelle qu’elles soient. Cette loi fera l’objet d’une procédure d’urgence et sera examinée le 12 février par la Commission des affaires économiques en séance publique le 17 février », indique Doris Niragire, assistante parlementaire du sénateur.

Mais les vacances de l’Assemblée nationale (en raison des élections municipales, les parlementaires interrompent leurs séances du lundi 3 mars au lundi 7 avril) ne garantissent pas l’entrée en vigueur de la loi avant les premiers semis. Le gouvernement devra donc très probablement prendre rapidement deux mesures d’interdiction, contre le MON810 et le Pioneer TC-1507, mesures qui risquent d’être retoquée par le Conseil d’Etat (celui-ci a déjà annulé en 2011 puis en 2012 deux interdictions de mise en culture du MON810 pour non conformité au droit européen tel qu’interprété par la Cour de Justice de l’Union européenne).

C’est sur cette question que continuent de travailler les services des ministères de l’Agriculture et de l’Ecologie. « Nous sommes en pleine ingénierie juridique pour trouver une solution qui sécurise la situation », indique-t-on au ministère de l’Ecologie.

 

Faire avaler les OGM pour faciliter le TAFTA


 

L’Europe a jusqu’ici bien résisté aux semences OGM. « Le maïs MON810 est le seul OGM à être autorisé à la culture », rappelle Eric Meunier. Il l’a été en 1998, avant la première mandature de José Barroso, président de la Commission. « Celui-ci voulait autoriser massivement les OGMs mais il a échoué », se félicite Corinne Lepage.

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 21:43

CADTM

 

Source : cadtm.org

 

Le choix de l’austérité met en danger les acteurs publics locaux et leurs missions au service de la population

10 février par Patrick Saurin

 


Le budget 2014 prévoit une baisse de 15 milliards d’euros des dépenses de l’État et des collectivités locales. Ces dernières verront leur dotation globale de fonctionnement amputée de 1,5 milliard, dont 840 millions d’euros pour les communes et leurs groupements, 476 millions d’euros pour les départements et 184 millions d’euros pour les régions. De plus, les remboursements effectués par l’État sur la TVA payée par les collectivités locales sur leurs investissements ne prendront pas en compte l’augmentation du taux prévue en 2014, ce qui pourrait représenter une perte supplémentaire de 200 à 250 millions d’euros.

À l’instar de l’État, ce sont tous les acteurs publics locaux, collectivités, établissements publics (les hôpitaux en particulier), organismes de logement social qui sont sollicités pour prendre en charge une large part de la socialisation des pertes des banques et du manque à gagner de la fiscalité. Ce coût va bien au-delà du 1,5 milliard de dotation supprimé, car il faut ajouter à cette somme un surcoût annuel de 1 milliard d’euros réglés directement aux banques par les acteurs publics locaux au titre des prêts toxiques.

Concrètement cette politique d’austérité se traduit par des plans draconiens de suppressions d’emplois. Dans les collectivités locales, Jean-Marc Ayrault et son gouvernement envisagent l’instauration de plafonds d’emplois territoriaux pour mettre fin à la tendance régulière à la hausse du nombre d’emplois dans la fonction publique territoriale. Dans les hôpitaux publics, ce sont plus de 20 000 emplois, l’équivalent de la population totale de la ville de Cahors, qui ont été supprimés en 2013, et 15 000 autres emplois, l’équivalent de la population totale de Brignoles, devraient disparaître en 2014. Enfin, cette détérioration touche également le secteur de l’habitat, puisque le nombre de logements sociaux diminue de façon régulière depuis 2010. En 2012, 102 000 logements sociaux seulement ont été financés sur les 120 000 prévus (le programme du candidat Hollande avait fixé un objectif de 150 000 logements sociaux par an).

La fusion ou la suppression de collectivités sont une autre façon de faire des économies d’échelles, notamment en matière d’emplois, mais avec pour contrepartie une moindre proximité des services publics et une dégradation de la qualité du service rendu aux usagers. C’est cette même logique destructrice d’emplois et de lien social que l’on voit à l’œuvre dans la sphère privée. Ainsi, les banques ont largement fait payer le prix de la crise à leurs salariés. Entre 2008 et 2012, le groupe BPCE a détruit plus de 11 000 emplois, soit une diminution de 8,9 % de l’effectif total. Dernièrement, le groupe Crédit Agricole a annoncé la fermeture de 50 agences sur les 325 que compte son réseau en Ile-de-France. Le développement de la banque à distance et des nouvelles technologies vont prochainement infliger de nouvelles coupes dans les effectifs.

La diminution de l’endettement des acteurs publics locaux est une autre possibilité de maîtriser leur équilibre budgétaire. Pour certaines collectivités, une telle diminution ne sera pas un choix mais une obligation car les collectivités sont soumises au principe d’équilibre budgétaire qui impose que le remboursement du capital des annuités de la dette (inscrit à la section d’investissement) soit couvert par des ressources propres et non par l’emprunt. La baisse des dotations de l’État, la stagnation des recettes fiscales, et pour certains acteurs locaux les surcoûts des emprunts toxiques vont contribuer à mettre en danger l’épargne de gestion (égale aux recettes de fonctionnement moins les dépenses de fonctionnement) et l’épargne brute (l’épargne de gestion moins les intérêts de la dette) des collectivités. Sachant que l’autofinancement est la principale ressource des collectivités, une diminution de celui-ci aura pour conséquence un ralentissement significatif des investissements des acteurs publics locaux qui, à la différence de l’État, sont soumis à la règle de l’équilibre budgétaire. C’est précisément pour tenter de maintenir les investissements des collectivités que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault veut instaurer pour celles-ci un plafond d’emplois territoriaux. Une diminution des investissements des collectivités aurait des conséquences désastreuses car elles assurent en France plus de 70 % de l’investissement public national et font vivre de très nombreuses entreprises.

Même s’il a augmenté en 2012 par rapport à 2011 et 2010 en atteignant près de 18 milliards d’euros, le recours à l’emprunt reste sensiblement inférieur à celui d’avant la crise. On observe en cette matière un changement important : les banques se désengagent et laissent le champ libre aux marchés financiers. En 2012, les collectivités locales ont levé 2,5 milliards d’emprunts obligataires, trois fois plus qu’en 2011. Une note rédigée à la demande de Mme Bresso, présidente ad intérim de la commission ad hoc temporaire sur le budget de l’UE, intitulée « impact de l’austérité budgétaire sur les finances et les investissements locaux » |1|, a souligné il y a quelque temps les dangers que font courir aux collectivités publiques européennes les politiques d’austérité actuellement mises en œuvre.

En définitive, le choix du gouvernement et du parlement pour une politique d’austérité est injuste socialement et de plus inefficace économiquement. Le choix de l’austérité appliqué en Europe produit partout les mêmes effets. La réduction des dépenses publiques a des conséquences extrêmement dommageables en matière d’emploi, d’éducation, de santé, de logement, de justice et même d’accès à la nourriture et à l’eau. Ainsi, pour ne prendre que deux exemples, aujourd’hui en Grèce 10 % des enfants souffrent de malnutrition et en Irlande une partie de la population a des difficultés d’accès à l’eau potable. Ce bilan désastreux a été dressé par Nils Muiznieks, le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, dans un rapport de novembre 2013 intitulé, « Safeguarding human rights in time of economic crisis », « Préserver les droits de l’homme en temps de crise économique » |2|. Un juriste éminent, le professeur Andreas Fischer-Lescano du Centre d’études juridiques et politiques (ZERP) de l’Université de Brême, dépasse le stade du simple constat. Selon lui, « La politique d’austérité de l’UE est illégale », comme il l’a affirmé dans un rapport du 22 décembre 2013 |3| préparé pour la Fédération syndicale autrichienne (ÖGB), la Chambre fédérale autrichienne du travail (BAK), la Confédération européenne des syndicats (CES) et l’Institut syndical européen (ETUI).

L’austérité n’est donc pas la réponse appropriée à la crise. La solution de celle-ci passe en premier lieu par une réforme fiscale radicale. En effet, il est urgent de mettre un terme à la fraude et à l’évasion fiscale et de taxer le capital des grosses sociétés et celui des grandes fortunes privées largement exonérés jusque-là. Cette réforme doit s’accompagner d’une plus juste répartition de la valeur ajoutée, donnant au travail la part qui doit lui revenir. La réduction significative du temps de travail pour partager le travail entre tous est une autre mesure indispensable. La socialisation de l’intégralité du système bancaire est une autre priorité. Enfin, la production doit être réorientée vers la transition écologique, et le développement d’activités socialement utiles doit remplacer au plus vite le mode de production calamiteux que nous connaissons aujourd’hui, uniquement motivée par le profit, et dont les effets délétères sont la mise à sac des ressources et de l’écosystème de la planète, l’exploitation et l’aliénation des individus, avec pour toile de fond la marchandisation toujours plus étendue des relations sociales. Plus que jamais, le refus de l’austérité et la mise en œuvre d’une autre politique nécessitent un vaste mouvement citoyen solidaire, unitaire et déterminé dépassant le cadre des frontières. Chaque jour qui passe, la nécessité de changer de système apparaît de plus en plus impérative et fait aujourd’hui de l’anticapitalisme non pas un choix parmi d’autres voies, mais le passage obligé qui exige le devoir citoyen de chacun.

Patrick Saurin (porte-parole de SUD BPCE, membre du CADTM et du Collectif d’audit citoyen)

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 21:35

CADTM

 

Source : cadtm.org

 

Les banques spéculent sur les matières premières et les aliments

10 février par Eric Toussaint

 

 


Via leurs activités de trading, les banques sont les principaux spéculateurs sur les marchés de gré à gré et à terme de matières premières et de produits agricoles car elles disposent de moyens financiers nettement plus élevés que les autres protagonistes en jeu. Une petite visite sur le site du Commodity business awards |1| permet de découvrir une liste de banques et de courtiers qui jouent un rôle de premier plan sur le marché des commodities |2| (que ce soit le marché où les matières premières s’achètent et se vendent physiquement), ou sur celui des dérivés qui ont pour sous-jacent des commodities. Parmi ces banques, on retrouve le plus souvent BNP Paribas, Morgan Stanley, Crédit Suisse, Deutsche Bank et Société Générale. Certaines banques vont d’ailleurs plus loin et se dotent d’instruments pour influer directement sur des stocks de matières premières. C’est le cas du Credit Suisse qui est associé à Glencore- Xstrata, la plus grande société mondiale de courtage en matières premières |3|. Parmi les banques européennes, BNP Paribas est avec Deutsche Bank une banque des plus influentes sur le marché des commodities, elle joue un rôle clé dans le secteur des dérivés sur les matières premières |4|.

Plusieurs banques des États-Unis sont allées plus loin que les européennes dans la stratégie de contrôle d’une part du marché des commodities, il s’agit de JP Morgan, Morgan Stanley et Goldman Sachs. Par exemple, JP Morgan a importé aux États-Unis 31 millions de barils de pétrole au cours des quatre premiers mois de l’année 2013 ! Les banques des États-Unis sont propriétaires de raffineries de pétrole, de centrales électriques, de réseaux de distribution d’énergie, d’entreprises de stockage de métaux, de stocks de produits agricoles, d’entreprises d’exploitation de gaz de schiste… Comment en est-on arrivé là ? La Fed a autorisé en 2003 la banque universelle Citigroup à acheter la société de courtage Phibro en expliquant qu’il était normal de compléter l’activité de la banque sur le marché des dérivés de commodities par la détention physique de stocks de matières premières (pétrole, grains, gaz, minerais…). Quant à Morgan Stanley et Goldman Sachs qui jusqu’en 2008 |5| avaient le statut de banque d’affaires, elles ont pu dès 1999, grâce à la loi de réforme bancaire qui a complété l’abrogation du Glass Steagall Act, faire l’acquisition de centrales électriques, de tankers pétroliers et d’autres infrastructures. C’est ainsi que Morgan Stanley possède des barges, des tankers, des pipelines, des terminaux pétroliers et gaziers ! De son côté, JP Morgan a acheté la division commodities de RBS en 2010 pour 1,7 milliard de dollars, ce qui lui a permis d’acquérir 74 entrepôts de stockage de métaux au R-U comme aux États-Unis, tandis que Goldman Sachs en détient 112. Ces deux banques détiennent donc ensemble plus d’entrepôts de stockage de métaux que Glencore (qui en possède 179). Détenir des entrepôts de stockage est fondamental notamment si une société ou un cartel de plusieurs sociétés (par exemple des banques) veut spéculer sur les prix en stockant au maximum pour faire monter les prix ou en déstockant pour les faire baisser. C’est ce qui s’est passé concrètement par exemple sur le marché de l’aluminium depuis 2008. Selon une enquête menée par le New York Times, depuis que Goldman Sachs a racheté en 2010 les entrepôts d’aluminium à Detroit, le temps d’attente pour être livré en barres d’aluminium est passé de 6 semaines à 16 mois. Les prix ont nettement augmenté (alors que l’offre et les stocks d’aluminium sur le marché mondial se sont accrus), ce qui a provoqué de fortes réactions d’entreprises comme Coca-Cola et le brasseur Miller, gros consommateurs d’aluminium pour la fabrication des canettes… Rien qu’en revenus de stockage d’aluminium à Detroit, Goldman a engrangé 220 millions de dollars |6|.

Après avoir fait de plantureux bénéfices en manipulant les cours, les banques les plus présentes sur le marché physique des commodities ont adopté une stratégie de sortie. Trois raisons principales les ont poussées dans cette direction. Primo, les autorités de contrôle se sont rendu compte des manipulations auxquelles se sont livrées plusieurs banques. JP Morgan, Barclays, Deutsche Bank ont dû payer des amendes dans plusieurs affaires concernant notamment la manipulation du marché de l’électricité de Californie. JP Morgan a ainsi accepté de payer une amende de 410 millions de dollars dans cette affaire qui n’est pas terminée |7|. Les autorités américaines, sous la pression de sociétés concurrentes des banques et face à l’impopularité des banquiers en général auprès du grand public, envisagent sérieusement de limiter les activités des banques sur le marché physique des commodities. Secundo, les bénéfices que tirent les banques de leurs activités sur ce marché ont commencé à baisser depuis 2011-2012, les prix des matières premières ont d’ailleurs tendance à se contracter. Tertio, le capital dur (Core Tier 1) requis pour les investissements dans les entreprises de courtage pèse plus lourd que d’autres investissements (dettes souveraines par exemple). Du coup, comme les banques doivent augmenter leur ratio fonds propres/actifs pondérés, elles font le calcul qu’il vaut mieux se délester en tout ou en partie des investissements dans le marché physique des commodities |8|. Affaire à suivre. Il n’en demeure pas moins que les banques resteront très actives sur les marchés des dérivés de commodities et sur tous les segments des marchés financiers qui sont concernés par les matières premières. Leur capacité de nuisance est et restera tout à fait considérable si des mesures radicales ne sont pas prises.

Ces banques sont des acteurs de tout premier ordre dans le développement de la bulle spéculative qui s’est formée sur le marché des commodities |9|. Quand elle éclatera, l’effet boomerang sur la santé des banques provoquera de nouveaux dégâts. Il faut également prendre en compte le réel désastre, bien plus grave, pour les populations des pays du Sud exportateurs de matières premières. L’ensemble des peuples de la planète seront affectés d’une manière ou d’une autre.

Retour sur le rôle fondamental de la spéculation dans l’envolée des prix des aliments et du pétrole en 2007-2008

La spéculation sur les principaux marchés des États-Unis où se négocient les prix mondiaux des biens primaires (produits agricoles et matières premières) a joué un rôle décisif dans l’accroissement brutal des prix des aliments en 2007-2008 |10|. Cette hausse des prix a entraîné une augmentation dramatique, de plus de 140 millions en un an, du nombre de personnes souffrant de malnutrition. Plus d’un milliard d’êtres humains (une personne sur sept) ont faim. Les affameurs ne sont pas des francs-tireurs, ce sont les investisseurs institutionnels (les zinzins : les banques |11|, les fonds de pension, les fonds d’investissement, les sociétés d’assurances), les grandes sociétés de trading comme Cargill. Les hedge funds ont aussi joué un rôle, même si leur poids est bien inférieur à celui des investisseurs institutionnels |12|.

Michael W. Masters, qui dirigeait depuis douze ans un hedge fund à Wall Street, a explicité le rôle néfaste de ces institutionnels dans un témoignage qu’il a présenté devant une commission du Congrès à Washington le 20 mai 2008 |13|. A l’occasion de cette commission chargée d’enquêter sur le rôle possible de la spéculation dans la hausse des prix des produits de base, il a déclaré : « Vous avez posé la question : Est-ce que les investisseurs institutionnels contribuent à l’inflation des prix des aliments et de l’énergie ? Ma réponse sans équivoque est : OUI » |14|. Dans ce témoignage, qui fait autorité, il explique que l’augmentation des prix des aliments et de l’énergie n’est pas due à une insuffisance de l’offre mais à une augmentation brutale de la demande venant de nouveaux acteurs sur les marchés à terme des biens primaires (« commodities ») où l’on achète les « futures ». Sur ce marché (également appelé contrat à terme), les intervenants achètent la production à venir : la prochaine récolte de blé, le pétrole qui sera produit dans 6 mois ou dans 5 ans, etc. Dans le passé, les principaux intervenants sur ces marchés étaient des entreprises qui avaient un intérêt spécifique - lié à leur activité - pour un de ces biens primaires. Il pouvait s’agir par exemple d’une compagnie aérienne qui achète le pétrole dont elle a besoin ou d’une firme alimentaire qui se procure des céréales. Michael W. Masters montre qu’aux États-Unis, les capitaux alloués par les investisseurs institutionnels au segment « index trading » des biens primaires des marchés à terme sont passés de 13 milliards de dollars fin 2003 à 260 milliards en mars 2008 |15|. Les prix des 25 biens primaires cotés sur ces marchés ont grimpé de 183 % pendant la même période. Il explique qu’il s’agit d’un marché étroit et qu’il suffit que des investisseurs institutionnels comme des fonds de pension ou des banques allouent 2 % de leurs actifs pour en bouleverser le fonctionnement. En 2004, la valeur totale des contrats futurs concernant 25 biens primaires s’élevait seulement à 180 milliards de dollars. A comparer avec le marché mondial des actions qui représentait 44 000 milliards, environ 240 fois plus. Michael W. Masters indique que cette année-là, les investisseurs institutionnels ont investi 25 milliards de dollars dans le marché des futurs, ce qui représentait 14 % du marché. Il montre qu’au cours du premier trimestre 2008, les investisseurs institutionnels ont augmenté de manière très importante leur investissement dans ce marché : 55 milliards en 52 jours ouvrables. De quoi faire exploser les prix !

Le prix des biens primaires sur le marché à terme se répercute immédiatement sur les prix courants de ces biens. Ainsi, quand les investisseurs institutionnels ont acheté des quantités énormes de maïs et de blé en 2007-2008, la flambée des prix de ces produits a été immédiate.

A noter qu’en 2008 l’organe de contrôle des marchés à terme, la Commodity Futures trading Commission (CFTC), a estimé que les investisseurs institutionnels ne pouvaient pas être considérés comme des spéculateurs. La CFTC définit les zinzins comme des participants commerciaux sur les marchés (« commercial market participants »). Cela lui permet d’affirmer que la spéculation ne joue pas un rôle significatif dans l’envolée des prix. Une sévère critique de la CFTC est faite par Michael W. Masters, mais surtout par Michael Greenberger, professeur de droit à l’université de Maryland, qui a témoigné devant la commission du Sénat le 3 juin 2008. Michael Greenberger, qui a été directeur d’un département de la CFTC de 1997 à 1999, critique le laxisme de ses dirigeants qui font l’autruche face à la manipulation des prix de l’énergie par les investisseurs institutionnels. Il cite une série de déclarations de ces dirigeants dignes de figurer dans une anthologie de l’hypocrisie et de la bêtise humaine. Selon Michael Greenberger 80 à 90 % des transactions sur les Bourses des Etats-Unis dans le secteur de l’énergie sont spéculatives |16|. Son expertise est donc sans appel.

Le 22 septembre 2008, en pleine tourmente financière aux États-Unis, alors que le président Bush annonçait un plan de sauvetage des banques qui consistait à leur remettre 700 milliards de dollars (sans compter les liquidités qui ont été mises à leur disposition massivement), le prix du soja faisait un bond spéculatif de 61,5 % !

Jacques Berthelot montre lui aussi le rôle crucial joué par la spéculation des banques dans la montée des prix agricoles mondiaux |17|. Il donne l’exemple de la banque belge KBC, qui a mené une campagne publicitaire pour vendre un nouveau produit commercial : un investissement des épargnants dans six matières premières agricoles. Le fonds de placement « KBC-Life MI Security Food Prices 3 » racole des clients avec un slogan cynique : « Tirez avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires ! ». Cette publicité présente comme une « opportunité » la « pénurie d’eau et de terres agricoles exploitables » ayant pour conséquence « une pénurie de produits alimentaires et une hausse du prix des denrées alimentaires » |18|.

Du côté de la justice américaine, les spéculateurs sont dans leur bon droit. Paul Jorion, dans une opinion publiée dans Le Monde, met en cause la décision d’un tribunal de Washington qui a invalidé le 29 septembre 2012 des mesures prises par la CFTC « qui visaient à plafonner le volume des positions qu’un intervenant peut prendre sur le marché à terme des matières premières, afin qu’il ne puisse pas, à lui seul, le déséquilibrer » |19|.

Jean Ziegler, ex-rapporteur des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, exprime les choses sans détour : « La crise financière de 2007-2008 provoquée par le banditisme bancaire a eu notamment deux conséquences. La première : Les fonds spéculatifs (hedge funds) et les grandes banques ont migré après 2008, délaissant certains segments des marchés financiers pour s’orienter vers les marchés des matières premières, notamment celui des matières premières agricoles. Si l’on regarde les trois aliments de base (le maïs, le riz et le blé), qui couvrent 75 % de la consommation mondiale, leurs prix ont explosé. En 18 mois, le prix du maïs a augmenté de 93 %, la tonne de riz est passée de 105 à 1010 dollars et la tonne de blé meunier a doublé depuis septembre 2010, passant à 271 euros. Cette explosion des prix dégage des profits astronomiques pour les spéculateurs, mais tue dans les bidonvilles des centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants. Une deuxième conséquence est la ruée des hedge funds et autres spéculateurs sur les terres arables de l’hémisphère sud. Selon la Banque mondiale, en 2011, 41 millions d’hectares de terres arables ont été accaparés par des fonds d’investissements et des multinationales uniquement en Afrique. Avec pour résultat, l’expulsion des petits paysans. » |20|

En février 2013, dans un rapport intitulé « Ces banques françaises qui spéculent sur la faim », l’ONG Oxfam France indique que les quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole et Natixis (BPCE) – géraient, pour leurs clients, en novembre 2012, au moins dix-huit fonds qui spéculent sur les matières premières.

« Il y a deux façons de spéculer, explique Clara Jamart, responsable de la sécurité alimentaire chez Oxfam France. En prenant des positions sur les marchés de produits dérivés de matières agricoles. Ou par ces fonds indiciels, qui suivent les prix des matières premières agricoles et les poussent à la hausse. » |21| La majorité de ces fonds ont été créés une fois qu’avait commencé en 2008 la crise alimentaire, dans le but manifeste de faire des profits en spéculant sur les aliments et d’autres commodities.

À Bruxelles, le Réseau financement alternatif a également dénoncé en 2013 l’implication de six banques actives en Belgique dans la spéculation sur la faim dans le monde. Environ 950 millions d’euros provenant de clients de banques belges servent à spéculer sur les matières premières alimentaires |22| Il faut mettre fin à cet ordre des choses, voici 22 propositions afin de mettre en place une alternative à la crise alimentaire |23|.

  • Interdire la spéculation sur l’alimentation ; spéculer sur la vie des gens est un crime, c’est pourquoi les gouvernements et les institutions internationales doivent interdire les investissements spéculatifs sur les produits agricoles.
  • Interdire les dérivés sur les commodities.
  • Interdire aux banques et autres sociétés financières privées d’intervenir sur le marché des commodities.
  • Socialiser sous contrôle citoyen la banque en lui donnant notamment comme mission de financer les projets agricoles favorisant la souveraineté alimentaire et donnant la priorité aux petites exploitations familiales, aux coopératives et au secteur agricole public
  • Établir ou rétablir des organisations internationales de régulation des marchés et des productions des principaux produits d’exportation (cartels de pays producteurs par exemple dans les secteurs du café, du cacao, des bananes, du thé...) pour assurer des prix stables au niveau international.
  • Mettre fin aux plans d’ajustement structurel (PAS) qui obligent les États à renoncer à leur souveraineté alimentaire.
  • Proscrire l’accaparement des terres.
  • Mettre en place des réformes agraires globales (sur la terre bien sûr, mais aussi l’eau et les semences) pour assurer que les paysans et les paysannes qui produisent l’alimentation pour les populations aient accès aux ressources agricoles, plutôt que les grandes entreprises qui produisent pour l’exportation.
  • Inscrire le droit à la souveraineté alimentaire dans le droit international pour que le droit de chaque pays à développer ses propres politiques agricoles et à protéger son agriculture, sans nuire aux autres pays, soit reconnu (notamment dans la Charte des droits économiques, sociaux et culturels)
  • Mettre fin aux mécanismes asservissants de la dette publique extérieure ou intérieure dominée par les banques privées, de même mettre fin à l’asservissement des familles paysannes par les prêteurs privés
  • Mettre en place un moratoire sur les agro-combustibles industriels, proscrire les organismes génétiquement modifiés
  • Réformer la Politique agricole commune de l’UE et le Farm Bill des États-Unis qui ont des effets dévastateurs sur l’équilibre des marchés agricoles
  • Ne pas signer et le cas échéant dénoncer les accords de libre-échange multilatéraux et bilatéraux (ALE et APE) qui contredisent la souveraineté alimentaire
  • Établir ou rétablir des protections douanières face aux importations agricoles
  • Reconstituer des réserves alimentaires publiques dans chaque pays
  • Rétablir des mécanismes de garantie des prix agricoles
  • Développer des politiques de maîtrise de la production pour stabiliser les prix agricoles
  • Contrôler les marges des intermédiaires

La sécurité alimentaire de tous passe par des prix agricoles stables qui couvrent les coûts de production et assurent une rémunération décente pour les producteurs. Le modèle des prix agricoles bas, promus par les gouvernements pour augmenter la consommation de masse de produits manufacturés et des services (tourisme, divertissement, télécommunications, etc.), n’est pas durable, ni sur le plan social ni sur le plan environnemental. Ce modèle bénéficie essentiellement aux grandes entreprises de l’agro business, aux banques privées et, en détournant les attentes démocratiques des populations vers la consommation de masse, aux élites politiques et économiques des pays qui confisquent ainsi le pouvoir.

Face aux crises alimentaires et environnementales actuelles, des changements radicaux sont indispensables et urgents. Les propositions ci-dessus offrent des pistes pour des politiques agricoles et commerciales basées sur la souveraineté alimentaire et qui permettraient une stabilisation des prix agricoles à des niveaux capables d’assurer une production alimentaire durable dans la grande majorité des pays du monde.

Sur le plan local, il convient d’ajouter :

  • Soutenir la production agricole locale, notamment en soutenant l’activité agricole et en facilitant des mécanismes de crédit pour les petits producteurs, hommes et femmes
  • Soutenir et développer les circuits de commercialisation directs/courts entre producteurs et consommateurs pour assurer des prix rémunérateurs pour les paysans et abordables pour les consommateurs
  • Encourager la consommation de produits locaux
  • Soutenir des modes de production plus autonomes par rapport aux intrants chimiques et ainsi moins sujets aux variations des coûts de production (élevage à l’herbe plutôt qu’au maïs/soja par exemple).

Notes

|1| http://www.Commoditybusinessawards.com/winners/winners-2013.html

|2| Les commodities regroupent le marché des matières premières (produits agricoles, minerais, métaux et métaux précieux, pétrole, gaz…). Les commodities, comme les autres actifs, font l’objet de négociations permettant la détermination de leurs prix ainsi que leurs échanges sur des marchés au comptant, mais aussi sur des marchés dérivés.

|3| Glencore-Xsrata est une compagnie de négoce et courtage de matières premières fondée par le trader Marc Rich. Elle est basée en Suisse, à Baar, dans le canton de Zoug, paradis fiscal bien connu par les fraudeurs de haut vol. Marc Rich (décédé en 2013) a été poursuivi à plusieurs reprises pour corruption et évasion fiscale. Il a été amnistié par le président Bill Clinton le dernier jour de son mandat présidentiel, ce qui a provoqué un scandale considérable. Glencore-Xsrata possède en tout ou en partie 150 mines et sites métallurgiques. Selon les données disponibles, avant la fusion avec Xsrata qui a eu lieu en 2013, Glencore contrôlait environ 60 % du zinc mondial, 50 % du cuivre, 30 % de l’aluminium, 25 % du charbon, 10 % des céréales et 3 % du pétrole. Cette société très controversée a reçu en 2008 le prix du Public Eye Awards de la multinationale la plus irresponsable. Glencore-Xsrata est présente dans 50 pays et emploie 190 000 personnes (voir http://www.glencorexstrata.com/about-us/at-a-glance/ et http://www.glencorexstrata.com/assets/Uploads/20130711-GlencoreXstrata-Factsheet.pdf). Le patron et principal propriétaire de Glencore-Xsrata (il détient 16 % des actions), Ivan Galsenberg, aurait perçu une rémunération d’environ 60 millions de dollars en 2013 (voir : http://lexpansion.lexpress.fr/economie/les-remunerations-des-patrons-de-glencore-xstrata-et-credit-suisse-epinglees_399326.html). Crédit Suisse et Glencore-Xsrata collaborent étroitement sur le marché chinois. Les autres grandes sociétés spécialisées dans le courtage (trading) de commodities (en dehors des banques qui y sont très actives) sont Vitol (Pays-Bas), Cargill (Etats-Unis), Trafigura (Pays-Bas), Noble Group (Hong-Kong/Singapour), Wilmar (Singapour), Louis Dreyfus commodities (France), Mitsui (Japon), Mitsubishi (Japon), ADM (États-Unis). Le revenu cumulé de Glencore et de ces 9 sociétés s’est élevé à la somme colossale de 1200 milliards de dollars en 2012. Voir Financial Times, « Tougher times for the trading titans », 15 avril 2013.

|4| Voir son site spécialisé : http://cib.bnpparibas.com/Products-services/Managing-your-risks-and-assets/Commodity-Derivatives/page.aspx/100

|5| Morgan Stanley et Goldman Sachs ont obtenu leur licence de banque universelle en pleine crise afin de bénéficier d’un plus fort soutien de l’État et éviter le sort de la banque d’affaire Lehman Brothers.

|6| L’Écho, "Des banques américaines accusées de manipuler les matières premières" , 24 juillet 2013, http://www.lecho.be/actualite/entreprises_finance/Des_banques_americaines_accusees_de_manipuler_les_matieres_premieres.9379357-3027.art

|7| Financial Times, « JPMorgan nears commodities sale », 6 février 2014. Barclays de son côté a payé une amende de 470 millions de dollars dans la même affaire.

|8| JP Morgan a annoncé début 2014 son intention de vendre ses activités physiques de commodities, Deutsche Bank a fait de même. Morgan Stanley a passé un accord avec le pétrolier russe Rosneft pour lui céder une partie de son business.

|9| Bien sûr, parmi les puissants protagonistes du marché des matières premières et des produits alimentaires, il faut ajouter les grandes entreprises spécialisées dans l’extraction, la production et la commercialisation des commodities : dans les minerais, Rio Tinto, BHP Billiton, Companhia Vale do Rio Doce ; dans le pétrole, ExxonMobil, BP, Shell, Chevron, Total ; dans les aliments, en plus de Cargill déjà mentionné au niveau de courtage, Nestlé, Monsanto et bien d’autres dont font partie plusieurs sociétés chinoises.

|10| J’ai analysé les causes de la crise alimentaires de 2007-2008 dans Éric Toussaint, "Une fois encore sur les causes de la crise alimentaire" publié le 9 octobre 2008, http://cadtm.org/Une-fois-encore-sur-les-causes-de Voir également : Damien Millet et Éric Toussaint, "Pourquoi une faim galopante au XXIe siècle et comment l’éradiquer ?" publié le 24 avril 2009, http://cadtm.org/Pourquoi-une-faim-galopante-au

|11| Notamment BNP Paribas, JP Morgan, Goldman Sachs, Morgan Stanley et, jusqu’à leur disparition ou leur rachat, Bear Stearns, Lehman Brothers, Merrill Lynch.

|12| Au niveau mondial, au début de l’année 2008, les investisseurs institutionnels disposaient de 130 000 milliards de dollars, les fonds souverains de 3000 milliards de dollars et les hedge funds de 1000 milliards de dollars.

|13| Testimony of Michael W. Masters, Managing Member/Portfolio Manager Masters Capital Management, LLC, before the Committee on Homeland Security and Governmental Affairs United States Senate http://hsgac.senate.gov/public/_files/052008Masters.pdf

|14| “You have asked the question ‘Are Institutional Investors contributing to food and energy price inflation ?’ And my answer is ‘YES’”.

|15| “Assets allocated to Commodity index trading strategies have risen from $13 billion at the end of 2003 to $260 billion as of March 2008”.

|16| Voir Testimony of Michael Greenberger, Law School Professor, University of Maryland, before the US Senate Committee regarding “Energy Market Manipulation and Federal Enforcement Regimes”, 3 juin 2008, p. 22.

|17| Jacques Berthelot, « Démêler le vrai du faux dans la flambée des prix agricoles mondiaux », 15 juillet 2008, p. 51 à 56. En ligne : www.cadtm.org/spip.php ?article3762

|18| http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=419336

|19| Paul Jorion, « Le suicide de la finance », Le Monde, 9 octobre 2012.

|20| Jean Ziegler, « La faim est faite de main d’homme et peut être éliminée par les hommes », interview donnée à Éric Toussaint, publiée le 11 février 2012 http://cadtm.org/La-faim-est-faite-de-main-d-homme Jean Ziegler est l’auteur de Destruction massive, géopolitique de la faim, Éditions du Seuil, Paris, 2012.

|21| Voir Le Monde, Quatre banques françaises accusées de "spéculer sur la faim", 11 février 2013 http://www.lemonde.fr/economie/arti... Sur la campagne internationale d’Oxfam, voir Financial Times, « Food price peculation taken off the menu », 4 mars 2013. Voir également sur le site d’Oxfam : EU deal on curbing food speculation comes none too soon, 15 janvier 2014, http://www.oxfam.org/en/eu/pressroom/reactions/eu-deal-curbing-food-speculation-comes-none-too-soon

|22| Voir http://blogs.lecho.be/argentcontent/2013/06/des-centaines-de-millions-deuros-belges-pour-sp %C3 %A9culer-sur-la-faim.html

|23| En ce qui concerne les propositions, l’auteur est redevable des discussions auxquelles il a participé en tant que conférencier au cours du séminaire organisé aux Canaries du 21 au 24 juillet 2008 par la commission Souveraineté alimentaire de l’organisation La Via Campesina. Évidemment le contenu de la présente étude et les propositions qu’elle contient sont de l’entière responsabilité de l’auteur, il n’engage en rien les personnes et les organisations citées.

Éric Toussaint, maître de conférence à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique. Il est auteur du livre Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège, http://www.cadtm.org/Le-CADTM-recoi....

Prochain livre à paraître en avril 2014 : Bancocratie chez ADEN, Bruxelles, http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr...

Cette étude prolonge la série « Banques contre Peuples : les dessous d’un match truqué ! » parue en 2012-2013 sur www.cadtm.org ainsi que sous une autre version, la série Et si on arrêtait de banquer ?

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 21:17

 

Source : www.lemonde.fr
                                                                                                                                                                                                                         Nucléaire : les manœuvres de l'Elysée

LE MONDE | 10.02.2014 à 11h36 • Mis à jour le 10.02.2014 à 17h56 | Par Marie-Béatrice Baudet

 


L'EPR de Flamanville (Manche) en juillet 2013.

La loi sur la transition énergétique est l'un des grands chantiers du quinquennat de François Hollande. « Malheureusement, on s'achemine vers un scénario aussi désastreux que celui de la loi sur la famille », se désole un député PS informé des grandes manœuvres lancées autour du texte, que le Parlement devrait examiner d'ici à l'été ou, au plus tard, cet automne.

Pour lui, « le projet en préparation n'aura rien de vendable aux écologistes et à un certain nombre d'élus socialistes ». Attention, pas de méprise. Le sujet de la discorde ne concerne pas le gaz de schiste. Malgré le buzz entretenu par les habituelles joutes verbales entre Arnaud Montebourg et Philippe Martin, aucun revirement de M. Hollande, officiellement opposé à l'exploration et à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, n'est à l'agenda : « Le président tiendra bon sur ce point, prédit un haut fonctionnaire. Les gens ne veulent pas de forages sur leurs territoires et, économiquement, il n'y aurait aucune retombée à attendre d'ici à 2017. » Non, la polémique attendue concerne le nucléaire.

 

 RÉDUIRE LA PART DU NUCLÉAIRE

M. Martin, ministre de l'écologie, a beau avoir l'énergie dans son portefeuille, le dossier est directement piloté par l'Elysée qui organise des réunions où sont aussi conviés Pierre Moscovici (économie), Bernard Cazeneuve (bugdet) et Arnaud Montebourg (redressement productif).

Décidé à faire de la France un pays « sobre en carbone » et à diversifier son mix énergétique – notamment en faisant monter en puissance les énergies renouvelables –, M. Hollande s'est engagé à réduire de 75 % à 50 % la part de l'électricité d'origine nucléaire d'ici à 2025 et à fermer la plus ancienne centrale française, Fessenheim, en Alsace. Autant de promesses saluées par Europe Ecologie-Les Verts qui, du coup, parie sur la fermeture d'une vingtaine de réacteurs.

 

Voir : Les centrales nucléaires en France


Le plan concocté à l'Elysée risque fort de les décevoir. Son principe reprend l'esprit de l'une des phrases du discours prononcé en septembre 2013 par le chef de l'Etat, lors de la deuxième conférence environnementale : « La loi sur la transition énergétique se bornera à poser le principe d'un plafonnement à son niveau actuel de notre capacité de production nucléaire. »

Nombre d'observateurs ont considéré alors que le président de la République précisait les choses concernant la fermeture des deux réacteurs alsaciens – prévue fin 2016, mais compensée par la mise en service de l'EPR de Flamanville (Manche). En réalité, la démarche se veut plus large.

 

MAINTIEN DU PARC

Plusieurs autres centrales pourraient être fermées, celles dont le prolongement au-delà de quarante ans coûterait trop cher à EDF, sommé par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de les mettre aux normes post-Fukushima. « Nous savons bien que l'ASN mettra son veto au prolongement de certains réacteurs, sauf à y réinvestir des sommes énormes. Autant devancer, par conséquent… », confirme un industriel proche du dossier.

Des centrales stoppées donc, mais remplacées, sur les mêmes sites (ce qui permet de bénéficier du réseau des lignes à haute tension déjà en place), par des EPR de troisième ou quatrième génération, afin de maintenir une puissance du parc constante. Quant à la chute à 50 % de l'atome dans le mix électrique d'ici à 2025, le raisonnement du PDG d'EDF, Henri Proglio, a visiblement fait mouche auprès de plusieurs ministres : la part relative du nucléaire diminuera mécaniquement en raison de la hausse de la consommation d'électricité liée aux nouvelles technologies et à une population forte de 6 millions d'habitants supplémentaires.

Cette confiance renouvelée dans l'atome permet, selon les arguments développés par les ministères de l'économie et du redressement productif, de continuer à booster la compétitivité du tissu industriel français grâce à un prix de l'électricité inférieur à celui de nos voisins européens. Qui plus est, la construction de nouveaux EPR va faire de l'Hexagone une vitrine pour les champions industriels de la filière nucléaire (Areva, EDF, Vinci, Alstom, etc.) en quête de marchés à l'exportation. « Enfin, explique un conseiller ministériel, l'atome s'inscrit parfaitement dans la logique de la transition énergétique puisque le nucléaire est une énergie qui n'émet pas de CO2. » Les éléments de langage ont été peaufinés : la loi sur la transition énergétique est ainsi devenue « une loi sur la stratégie bas carbone ».

  

ÉCONOMIE OU ENVIRONNEMENT?

Si « à ce stade », l'Elysée ne souhaite faire aucun commentaire sur le scénario en cours, au ministère de l'écologie, on confirme « être en discussion avec la direction stratégique d'EDF » et que « le débat est bien posé en ces termes ». Mais, ajoute-t-on, « rien n'est abouti et toutes les bornes pas encore fixées ». Quid notamment de la promesse de diviser par deux la consommation d'énergie d'ici à 2050, un point-clé pour les ONG et dont le patronat ne veut pas entendre parler ?

La bataille se joue en parallèle au Parlement. La loi sur la transition énergétique sera-t-elle examinée à la lumière des enjeux économiques ? Ou de ceux de l'environnement ? Pour François Brottes (PS), président de la commission des affaires économiques, et ancien conseiller énergie du candidat Hollande, les jeux sont faits, la loi est de son ressort :  « Ma bible, c'est le règlement de l'Assemblée nationale. Article 36, alinéa 6, l'énergie relève de la compétence de la commission des affaires économiques. Point final. »

Estimant que la loi recouvre des enjeux économiques, écologiques, fiscaux et sociaux – en lien avec la précarité énergétique –, le président de la commission du développement durable, Jean-Paul Chanteguet (PS) préférerait un travail collégial du Parlement et réclame la constitution d'une « commission spéciale » (prévue par l'article 31).

 

Lire aussi : Bataille entre Montebourg et Martin sur de nouveaux permis miniers


Jeudi 6 février, il a adressé un courrier à M. Hollande, cosigné par Jean-Yves Caullet, responsables des députés PS pour la commission de développement durable, afin d'alerter le chef de l'Etat. « Au coeur même de la question énergétique, l'importance du secteur électrique ne doit pas focaliser le débat, encore moins la seule évolution du secteur nucléaire », mentionne la lettre.

Si M. Brottes ou le gouvernement s'opposaient, comme le règlement le prévoit, à la requête de MM. Chanteguet et Caullet, le président de la commission du développement durable a l'intention de demander un vote en séance publique. Ce qui obligerait chaque député à se positionner sur la nature même de la loi : un simple texte sur l'énergie ? Ou un passage vers un nouveau modèle de développement ?

Retard et surcoûts pour l'EPR de Flamanville

 

Commencée en 2007, la construction du réacteur français de 3e génération, l'EPR (réacteur pressurisé européen) de Flamanville (Manche), a pris du retard. La livraison, prévue en 2012, n'est plus attendue avant 2016. La facture devrait atteindre 8,5 milliards d'euros, deux fois et demie le coût initial. Ces surcoûts annoncés fin 2012 par EDF seraient imputables notamment aux nouvelles exigences de sécurité imposées après l'accident de Fukushima. Ces dérives mettent en cause la rentabilité et l'avenir commercial de l'EPR.

 

Source : www.lemonde.fr

 


 

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 20:26

 

Source : www.reporterre.net

 

Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit

Cécile Raimbeau (Reporterre)

lundi 10 février 2014

 

 

 

A Kiad, au Panama, les Indiens Ngäbe se battent contre un projet de barrage destructeur. Il vise à s’intégrer dans un complexe international de production d’énergie au profit d’intérêts privés.

 


 

- Kiad (Panama), reportage

Suite de notre reportage. Premier volet : Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique".

Manolo et les siens veulent préserver leur petite église où la religion Mama Tata est pratiquée depuis qu’une Indienne a reçu une révélation divine en 1962, rénovant la pratique d’un culte autochtone.

Pour la communauté de Kiad, l’école est tout pareillement sacrée : bien qu’il n’ait jamais été scolarisé, le vieux Manolo y enseigne l’écriture de la langue Ngäbe qu’il a inventée après la prophétie, en utilisant des signes semblables à des hiéroglyphes apparus cette année-là mystérieusement dans la terre.

Ces caractères ressemblent à certains des dessins gravés dans des pierres par les ancêtres. Plusieurs pétroglyphes importants pour transmettre la culture Ngäbe vont ainsi être immergés si le barrage est terminé.

Depuis l’école de Kiad, une longue file indienne s’est constituée en direction du Tabasara. La foule se tient face à un pétroglyphe sacré gravé sur un rocher au milieu du courant. La cérémonie rituelle qu’initie la cacique se déroule dans la fumée : les Ngäbes boivent à tour de rôle une tasse de cacao puisée dans une marmite cuisant au feu de bois sur la berge.

 

 

Puis ils éclaboussent de leurs mains la roche sacrée, et marchent dans la rivière pour laver leur corps et leur esprit et contempler l’art symbolique ancestral. Malgré l’intensité de leurs prières, ce pourrait bien être le dernier de ces pèlerinages.

Puisque la firme Genisa a gagné l’appel d’offre, bloquer maintenant le projet mettrait en doute la crédibilité du Panama vis-à-vis des investisseurs, selon Jorge Ricardo Fábrega, le premier ministre panaméen. Pour son gouvernement, le barrage Barro Blanco se situe en-dehors de la réserve et respecte les lois du pays.

Paradis fiscal présidé par le richissime homme d’affaires Ricardo Martinelli, le Panama, il est vrai, a mené une politique particulièrement hospitalière à l’égard des capitaux privés étrangers, souvent aux dépens de sa population. Les manifestations pour défendre le fleuve Tabasara ont systématiquement été réprimées par les forces anti-émeute qui ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur de maigres foules d’Indiens armés de banderoles. « Deux manifestants ont été tués », dénonce la cacique.

Certes, au sein de la communauté Ngäbe, les jeux de pouvoir politique entre les différentes autorités indigènes sont complexes et les voix n’ont pas toujours été unanimes : un débat existe entre ceux qui prônent un développement économique qui profite aussi aux Indiens et ceux qui privilégient la défense de la nature, l’autonomie et la culture. Clementina Perez est de ces derniers : « Le développement, c’est notre dieu Mama Tata qui le construit et nous invite à le protéger, non pas de le détruire ».

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

 

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 20:23

 

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A Dunkerque, la révolte gronde contre le grand projet inutile Arena

Didier Harpagès (Reporterre)

lundi 10 février 2014

 

 

 

 

Un stade de plus de 300 millions d’euros, en zone inondable et géré par Vinci, est-il une bonne affaire pour la ville de Dunkerque ? Ce n’est pas l’avis des citoyens et associations qui ont manifesté samedi.

 


 

- Dunkerque, correspondance

Près de 400 personnes se sont retrouvées, sous la pluie, samedi 8 février, face à l’Hôtel de ville de Dunkerque, afin de protester contre la réalisation d’un projet pharaonique, inutile et ruineux : la construction d’une salle de sport, dite Arena. Elle compterait 10 700 places afin d’accueillir des compétitions sportives (principalement basket-ball et handball), et accessoirement des spectacles.

Les associations citoyennes Arena non Merci, Adelpha et Les Amis de la Terre, qui avaient appelé à manifester, jugent ce projet disproportionné et inadapté aux besoins du territoire communautaire dunkerquois.

La Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD), présidée par Michel Delebarre, maire de Dunkerque et ancien ministre de François Miterrand, est maîtresse d’œuvre de ce projet dont le coût est évalué à 300 millions d’euros. Etant donné la réduction des subventions accordées par l’Etat et la Région Nord–Pas-de-Calais, un partenariat public-privé est envisagé : la société Vinci participera au chantier et pourra ainsi rémunérer ses actionnaires en exerçant conjointement une pression financière sur la population de la CUD durant plus d’un quart de siècle.

 


- Le projet vu par Vinci -

 

Les associations rappellent les dégâts causés aux finances locales dans beaucoup de collectivités ayant eu recours à ce type de montage financier.

 

*Suite de l"article sur reporterre


 

Source : www.reporterre.net

 

 

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 20:13

 

Source : www.reporterre.net

 

En Grèce, des jeunes inventent leur mode de vie

Juliette Kempf (Reporterre)

lundi 10 février 2014

 

 

 

Vivre de terre et de légèreté. C’est ce qu’ont voulu Nikos Kontonikas et Yiannis Papatheodorou. Tous deux nés dans des villes, ils ont choisi de tout quitter pour s’installer sur un terrain inhabité et cultiver la terre. Un projet qui s’est construit bien avant la crise et qui s’écarte fondamentalement de la société qui a amené celle-ci.

 


 

- Vlachia (Grèce), reportage

Nikos Kontonikas et Yiannis Papatheodorou ont chacun grandi et vécu dans des villes, mais n’ont jamais vraiment aimé cela ni pensé qu’ils y resteraient.
En août 2012, pour 20 000 euros, les deux amis achètent ensemble un hectare de terre qui n’a jamais connu d’occupation humaine. Il se situe en Grèce centrale dans le département d’Eubée, immense île séparée du continent par le détroit de l’Euripe, que l’on traverse grâce au pont routier de Chalcis. Le massif forestier dans lequel est nichée leur nouvelle vie plonge dans la mer Egée.

 

 

 

Pour y accéder, nous avons roulé trois heures depuis Athènes. Nous avons laissé Pili derrière nous, village de mille âmes aux nombreuses petites tavernes, puis Vlachia, qui compte une centaine d’habitants, pour grimper jusqu’à l’entrée du terrain de leur ami Andréas, où nous laissons la voiture.

Andréas vit ici depuis plusieurs années, désormais bien installé : deux maisonnettes en paille, une cuisine extérieure en argile, un potager qui les nourrit, lui et sa famille. À partir de là, nous avons marché pendant une vingtaine de minutes sur d’étroits chemins de terre, alternant entre l’ombre des arbres et la puissante lumière estivale de l’après-midi, entourés par une nature aux verts époustouflants. Nous sommes au mois de juillet. À chaque pas l’odeur de sève et des herbes sauvages nous emplit davantage, et fait oublier la ville d’où nous sommes venus.

Nikos a 28 ans. Il me raconte comment il a arrêté d’étudier l’économie pour se consacrer à la recherche d’un mode de vie qui ferait sens pour lui. « Les perspectives que laissaient deviner ces années d’études m’inquiétaient vraiment. » Yiannis a 38 ans et travaillait comme ingénieur dans le bâtiment industriel, cultivant depuis longtemps le désir de s’installer à la campagne et d’y vivre en accord avec son éthique et son environnement. Natalia sa compagne, 28 ans, les a rejoints après avoir fini ses études d’architecture en Angleterre.

Pendant un an, les garçons ont vécu chez Andréas pour préparer leur terrain, qui est composé de parcelles de terre cultivable et de forêt, sur 10 000 mètres carrés de terrasses naturelles suivant le dénivelé de la montagne. Depuis le mois de mai, ils campent chez eux, protégés par les pins, et travaillent toute la journée pour faire émerger de la terre leur projet de vie commun.

Elle est creusée en plusieurs endroits, prête à recevoir les fondations de deux « chambres » de paille qui feront chacune vingt mètres carrés, à demi sur pilotis afin de créer des espaces de rangement. Ces constructions temporaires jetteront les bases du futur. Entre elles, il y aura une cuisine commune de trente mètres carrés, extérieure mais couverte. Un peu plus loin au détour d’un chemin, l’emplacement des toilettes sèches est déjà déterminé, abrité d’un côté, de l’autre s’ouvrant sur un panorama exceptionnel. Une douche de pierres, dont l’eau est réchauffée par le soleil, est joliment enclavée entre quelques arbres. Perchée à plusieurs mètres de hauteur dans un arbre légèrement isolé, une plateforme de méditation.

 

 

Natalia travaille essentiellement au plan des maisons. Les plantes, elle n’y connaît rien. Ce sont Nikos et Yiannis qui s’occupent de ce qu’ils ont planté : un petit verger de citronniers, d’orangers et de mandariniers, et un potager pour les légumes de saison. « Comment nous avons appris ? Grâce aux travaux que nous avons déjà faits, aux personnes que nous avons connues, et par des livres. Mais avant tout par la pratique. »

Ils vont bientôt prendre le statut d’agriculteurs pour des raisons administratives. Pour le moment, l’objectif est d’atteindre une production suffisante pour leur consommation personnelle, puis ils espèrent pouvoir en vendre une partie dans quelques années. Pour gagner un peu d’argent, ils envisagent aussi de faire de l’écotourisme à bas coût, ainsi que de construire des maisons en matériaux naturels, paille ou argile, chez d’autres particuliers. Nikos aimerait développer au maximum le troc avec leur voisinage proche.

Ils démarrent une expérience de culture sans eau, suivant une technique qui est utilisée tout autour de la Méditerranée. L’eau, ils auraient pu l’obtenir par le réseau du village, mais en très petite quantité. Alors ils ont choisi de se raccorder à une source naturelle, à deux kilomètres de là. Officiellement, ils auraient dû demander un permis légal. « On a préféré demander leur accord aux gens du coin, et ils nous l’ont donné. » Le flux qu’il tire est constant mais très faible, et ne déséquilibre pas le rythme naturel de la source. Un panneau solaire leur fournit de l’électricité. Ils envisagent d’en installer davantage, notamment pour pouvoir brancher un petit réfrigérateur à la saison chaude. « Mais rien de gros. Rien qui devrait excéder les véritables besoins. »

On ne cherche pas ici à éteindre et à faire redémarrer la société, mais à choisir consciemment dans ce qu’elle offre. Filtrer le règne de la quantité. Il leur serait notamment utile d’avoir une connexion à Internet, qui aujourd’hui ne vient pas jusqu’à eux. Le fait de « tout créer à partir de zéro » n’était pas forcément attendu dans le projet initial. Ils auraient aussi bien pu restaurer une vieille bâtisse abandonnée. Mais c’est le terrain ici qui les a choisis. Par contre, l’éloignement de la route pour automobiles est un véritable choix.

« Si tu en as une, il est facile de désirer des choses que tu peux apporter. Si tu n’en as pas, tu n’apportes que le nécessaire. »

Cela concerne les choses, mais pas les personnes. Les visiteurs sont toujours les bienvenus, et ils sont nombreux. Au fond de lui, Yiannis aimerait que ce lieu puisse devenir un exemple, un espace pédagogique pour tous ceux qui veulent changer leur mode de vie, mais ne savent pas comment faire. En ce sens leur projet, plutôt que politique, peut avoir un impact sociétal. Bien sûr il aimerait que davantage de monde fasse un choix similaire, mais ça reste rare.

« Et la crise, ou quoi que ce soit, comme Yiannis appelle le phénomène qu’il considère avec distance et une bonne dose d’ironie, ne change pas grand chose à cela. » Selon lui les villages de Grèce ne sont pas reconquis, ainsi que le laisse entendre une jolie rumeur qui court jusqu’à nos contrées occidentales, mais réhabités provisoirement par des jeunes en souffrance économique. « La plupart d’entre eux reviendront quand les choses seront redevenues normales, d’après ce que le système dominant prône comme étant normal. C’est la même histoire qui se répète. Il ne faut pas attendre que le mouvement se généralise. »

Elle est étrange, cette solution. Remettre les pieds sur la terre

 

* Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

 


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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 20:09

 

Source : www.reporterre.net

 

Notre Dame des Landes : les précipitations actuelles remettent en cause le projet d’aéroport

Camille Martin (Reporterre)

lundi 10 février 2014

 

 

 

Les inondations résultent de l’accroissement des précipitations conjugué à l’imperméabilisation des sols. Le changement climatique devrait augmenter les précipitations violentes, comme celles que subit l’ouest de la France. Prévenir les inondations à l’avenir implique donc de réduire l’artificialisation des terres.


Pluie, marées, tempêtes, crues : voilà ce qui constitue le quotidien de plusieurs départements bretons et d’autres en France depuis quelques semaines.


- Les environs de Malestroit -

Et qui induit une vigilance particulière, comme l’indique la [carte de Météo France consulté ce matin 10 février :

Regardons plus attentivement les départements désignés, en rouge, comme ceux pour lesquels, selon Météo France, une "vigilance absolue s’impose", parce que "des phénomènes dangereux d’intensité exceptionnelle sont prévus" :

Il s’agit des départements d’Ille-et-Vilaine, du Morbihan, et de Loire-Atlantique.

Ah, la Loire-Atlantique.

Un département où se situe le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Précisément situé, ce projet et les 1650 hectares qu’il veut artificialiser, sur deux têtes de bassin versant : c’est un plateau d’où s’écoule un chevelu de petits rus et ruisseaux qui, au nord se jettent dans l’Isac (en partie canalisé), affluent de la Vilaine (bassin de la Vilaine), et au sud, le Gesvres et l’Hocmard, qui rejoignent l’Erdre (bassin de l’Erdre), puis la Loire.

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net 

 

 

 

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 14:49

 

Source : www.mediapart.fr

 

Suisse : le fantasme des votes contre l'immigration massive

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

A l'exception de deux cantons, les zones géographiques qui ont voté majoritairement pour le projet de limitation de « l'immigration de masse », adopté dimanche 9 février, sont celles où résident le moins d'immigrés.

Les cantons qui ont le plus massivement voté « oui » au projet de limitation de l'« immigration de masse », adopté dimanche 9 février, sont paradoxalement ceux dans lesquels résident le moins d'étrangers, selon une infographie, publiée sur le blog de Martin Grandjean, historien et chercheur à l'Université de Lausanne.

En classant les 26 cantons suisses selon leur nombre de « oui » et leur pourcentage d'étrangers résidents, le chercheur a établi une corrélation positive entre les « oui » au référendum et, proportionnellement, l'absence d'immigrés dans les cantons visés, révélant le caractère fantasmé de l'immigration massive.

Lire sur le blog de Martin Grandjean

 


Source : www.mediapart.fr

 

 


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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 14:30

 

lien

http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/le-spot

 


La Com' du SPOT présente

Le SPOT, lieu d'exposition et de concerts dédié aux cultures urbaines et alternatives.

 

 

 

Présentation détaillée du projet

Nos potes font des dessins sur les murs et nous, on aime ça !

 

Tout a commencé par une Expo de Ouf 2, qui a rassemblé 40 street artistes et graffeurs du coin, dans un immeuble de 500m² en plein cœur de Nîmes-city. Une vingtaine de potes se sont activés tout l’été 2013 pour redonner vie à ce bâtiment endormi depuis huit ans.

 

En septembre, l’Expo de Ouf 2 a permis à tous ces activistes de la culture street art de voir les choses en grand. Les mots d’ordre : débrouille, énergie et « do it yourself ».

 

Chantier-export2-6

 

Les 3000 visiteurs qui se sont bousculés pendant 3 semaines au SPOT ont salué avec enthousiasme cette belle synergie : 40 street artistes et graffeurs ont blasté les murs de cet immeuble en proposant des créations artistiques de qualité à destination d’un public très large. Dans les couloirs du spot on a pu croiser différents mouvements de cette culture alternative, du plus poétique au plus trash, du plus conceptuel au plus figuratif, séduisant des visiteurs de tout âge et de toute origine sociale.  

 

Devant le succès de cet événement qui a marqué le paysage culturel du grand sud, le propriétaire du lieu et notre équipe avons décidé de pérenniser le projet ! En octobre 2013, le Spot devient une association de loi 1901…

 

 

Notre objectif : poursuivre l’aventure !

 

 

 Le_spot

 

Le Spot, un musée comme à la maison !

 

La recette du succès du Spot ? Le fait que l’art est à portée de main, débarrassé de la solennité des musées. Le public a eu l’occasion unique de s’approprier les lieux comme s’il déambulait dans une maison où l’énergie positive transpire des murs. Les gens ont aimé ce rapport direct à l’œuvre et à l’artiste, ce qui a réveillé des vocations endormies chez les uns et allumé le feu créateur chez les autres. En effet, Le Spot a apporté une bouffée de fraîcheur au paysage culturel nîmois.

 Il s’agit aujourd’hui de passer à l’action et de maîtriser la mise en œuvre afin d’être libres de continuer de façonner à notre image ce lieu d’expression. Dans cette optique, nous avons repensé l’agencement du local que nous avons séparé en une partie bureaux au premier étage tandis que le rez-de-chaussée accueillera le public dans sa salle de concert, au bar ou encore dans le show room. En avant pour la visite !

 

Le show room

Nous plaçons au cœur de notre projet la diffusion et la promotion du street art. Nous tenons à mettre sur le devant de la scène une culture dite « underground » qui selon nous établit des liens forts entre notre public et les messages véhiculés par cette forme d’art populaire. Nous laissons les artistes invités s’approprier le showroom, c'est-à-dire salle de concert, cuisine, salle d’expo, ou encore la médiathèque. En effet la peinture dégoulinera des toiles. C’est l’essence-même du street art : sortir du cadre.

 

Salleluskisaacamo

 

 

Le bar cuisine

La mangeaille ? C’est le nerf de la guerre ! Sam, notre cuistot, réalise de magnifiques sandwichs avec plein d’amour dedans pour quand tu viens faire les concerts. A l’occasion de nos soirées à thème, il concoctera son fameux poulet massala, son dantesque bœuf bourguignon ou encore ses salades végétariennes gourmandes et colorées. Alors ramène la meuf que tu veux pécho dans notre décor de brocante décadente, on s’occupe du reste !

 

Pour les moins chanceux, vous pourrez consulter la carte des bières et repartir avec la blonde ou la brune de votre choix ^^. On peut siroter un jus de pommes bio de Thibault après avoir visité l’expo, discuter du quartier avec les voisins, partager les projets… Au Spot, on refait le monde !

 

Salle de concert

Notre salle de concert peut accueillir 120 personnes en délire (et 178 calmes…). Notre directeur de la programmation, Jul (à prononcer [djoul]) est un passionné de musique. Il est actuellement en train d’élaborer l’agenda 2014, à base de rock, de rockab, d’électro et de hip hop. Adepte de soupe française et de bling bling des bacs à sable, passe ton chemin…

 

Action_beat

 

Les bureaux

L’association Le Spot loue le premier étage, rénové en bureaux, à des associations culturelles et à des entreprises tournées vers le développement durable. Cela permet de financer une partie du loyer global. D’autre part, ils permettent de rassembler dans un même lieu différents acteurs culturels : l’association Kourt’échel, Bullshit, La Ruche, Come on people etc. Ce rapprochement a déjà permis d’imaginer des outils communs comme un agenda culturel collaboratif départemental, un label dédié au street art (et ce sera une première !), ou encore le prêt de matériel sono, la mise en place de résidence d’artistes dans les différents lieux d’accueil comme La Ruche.

 

Le Spot, arme de pédagogie massive

 

Le Spot se situe en plein cœur du centre-ville de Nîmes. Tu sais peut-être même pas comment l’écrire, mais t’as juste besoin de savoir que c’est à 30 minutes de Montpellier par l’A9, 3h de TGV de Paris, 1h40 de Londres en avion, et à 2h en train de Barcelone. Ou à 8h de Marseille en trottinette.

Plus précisément, le Spot fait partie du quartier populaire de Gambetta, ravi, d’après les voisins, d’accueillir un peu d’animation. Cette situation nous permet d’envisager des actions culturelles auprès de tout public, notamment la jeunesse. A ce propos, des groupes scolaires sont venus arpenter les 500m² du Spot, jusqu’à même étudier le street art en cours ! En effet, la force de notre réseau s’exprime aussi dans ce genre d’initiatives.

 

 

 

Notre force : le collectif

 

Toute cette aventure repose sur le bénévolat. Ingénieurs son, maçons du dimanche, électriciens, gestionnaires administratifs, serveurs, techniciens de surface, rédacteur-concepteurs, chargés de com’… Tout ce petit monde met à disposition ses compétences professionnelles, son expérience, son temps pour que vive le Spot ! Nous avons déjà réalisé une bonne partie des travaux grâce à la débrouille, la récup’, le système D.

Aujourd’hui, nous faisons appel à vos dons parce qu’on ne rénove pas un bâtiment avec de l’amour et de la débrouille… à un moment faut du BA13 et des clous, tu vois ?

 

Foalacaze

À quoi servira la collecte ?

Voici les postes pour lesquels il nous manque du budget :

 

La salle de concert requiert d’importants travaux d’insonorisation. Pour éviter les vibrations qui gênent le voisinage, il faut faire « une boîte dans une boîte » comme nous l’ont expliqué les garçons de l’équipe, parce que nous les filles on comprend pas trop tout ça. Nous avons donc besoin de 6000 Euros, en comptant également les différentes commissions « acoustique » et « sécurité » inhérentes à l’accueil du public.     

 

En outre, nous agrandissons la cuisine et l’équipons d’un matériel neuf ! Après estimation, nous aurions besoin de 2000 Euros supplémentaires.

 

Si votre générosité de la mort qui tue dépasse notre objectif, Jul pourra acheter pour la régie son du SPOT la console de ses rêves… qui coûte 4000€ !

 

Le Spot needs you ! 

 

 

Crédits Photo : Graphijane, Stéphane RIP, Florent Lacaze et Sadia Fellag

 

 

 

A l’origine du SPOT : l’Expo de Ouf 1 organisée par l’association Bullshit , qui eut lieu en avril 2013. Il s’agissait de permettre à des graffeurs et activistes du street art d’investir un appartement bourgeois de 300m² en plein centre de Nîmes. Succès énorme : pour la première fois, le graffiti avait pignon sur rue à Nîmes. Cette expo a permis de mettre en lumière l’attente du public et des mécènes autour de ce mouvement urbain. Le co-propriétaire de ce qui allait devenir le SPOT nous a alors contactés afin de mettre à notre disposition son immeuble pour une réédition de l’Expo de Ouf. Plus grand ? Plus de rénovation ? Plus d’artistes ? Plus ouf ? Nous relevons le défi avec enthousiasme. Tout l’été 2013, les membres de La Ruche (collectif d’artistes en résidence dans un local à Nîmes), et des associations Kourt’Echel et Bullshit se sont affairés dans les 500m² du SPOT pour donner vie à la deuxième Expo de Ouf. En septembre, l’expo cartonne. Alors on s’est dit : soyons ouf, poursuivons l’aventure et donnons à ce projet une ampleur nouvelle.

 

 

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