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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 17:35

 

Transmis par "Les alternatifs30"

Pour communiquer vos dates, contacter : 

30@alternatifs.org

 jmarneguy@wanadoo.fr

 

 


 

 

 

LES INDIGNE/E/S -  AG chaque mercredi 18h et samedi  13h - Maison Carrée


Mercredi 18h RESF Nîmes au local de l’APTI


Agenda Démosphère Gard-Cévennes http://gard.demosphere.eu

 

 


Dates

Evènement

Lieu

heure

Mardi 18/2

Bilan de 13 ans de J.P.Fournier avec la liste Vivons Nîmes Ensemble ,et Sylvette Fayet

Cercle de l’avenir

Rue Nicot

18h30

Mardi 18/2

Collectif soutien aux Roms

APTI

18h

Mardi 18/2

Café Peuple : le recyclage et réunion du SEL

Instant T

19h

Mardi 18/2

ATTAC Nîmes

Local Solidaires

19h

Mercredi 19/2

Réu publique :20 ans de soulèvement ZAPATISTE au CHIAPAS au Mexique

Pablo Neruda

19h

Jeudi 20/2

Ateliers d’écriture adultes /enfants Rencontre avec un auteur de BD Philippe Lafon CORCAL

Maison Dumond à St Mamert

18h30

Jeudi 20/2

AG Association Croco Vélo

Centre Pierre Gamel

18h30

Vendredi 21/2

Journée IMAGE avec « Ames vagabondes » de Lara PRADAL, la Psychothérapie institutionnelle

IFME Nîmes

9 à 17h

Vendredi 21/2

Repas Assoc AZUR

Centre Social Valdegour

12h

Vendredi 21/2

Soirée Chansons à textes de Danielle Morales + soirée soupe et crêpes

Salle Castanet 6B impasse des Pélicans

19h

Samedi 22/2

Rassemblement anti aéroport :covoiturage jusqu’à Toulouse + bus

Notre Dame des Landes

 

Samedi 22/2

Réunion publique Liste VIVONS NIMES ENSEMBLE

Salle L.Vergnolles (ancienne école Wallon) Pissevin

14h30

Samedi 22/2

-          Femmes en Noir pour la Palestine

-          Présence AFPS

Place de l’Horloge

Carré d’Art

11 à 12h

15 à 17h

Dimanche 23/2

 

 -Concert de chorales : Chansons Celtes, et chansons sur un quai de gare avec le  SPF(Secours Populaire Français)

Théâtre C.Liger

15h

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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 19:54

 

 

Source : nevivonspluscommedesesclaves.net

 

COMME PROMIS, VOICI LE FILM EN INTÉGRALITÉ !


Trois remarques :
- Internet ne nous permet qu’une qualité moyenne tant au niveau du son que de l’image, c’est pourquoi nous vous invitons à venir nous retrouver : rien ne vaut les projections-débats pour savourer l’ambiance, entrer dans l’image, vivre les situations, se laisser porter par les nombreuses chansons, assister ou participer aux débats (détails dans la rubrique Agenda projections-débats).
- Le bilan comptable du film affiche un déficit de 1715 euros au 25 septembre. La souscription continue pour boucler à l’équilibre cette aventure bénévole (détails dans la rubrique "Souscription de soutien").
- Nous avons sorti le film en version grecque avec un mois d’avance, le 28 août :
voir ici l’accueil du film en Grèce

 

 

 

Pour améliorer la qualité de l’image, lancez la vidéo, puis cliquez en bas à droite sur le rouage et choisissez 720pHD, avant de mettre en plein écran

 

PARUTION DU LIVRE "EXARCHEIA LA NOIRE, AU CŒUR DE LA GRÈCE QUI RÉSISTE"
Premier livre francophone sur l’incroyable quartier d’Athènes
signé Maud Youlountas (photos) et Yannis Youlountas (textes)
préface de Mimi et Vangelis (habitants d’Exarcheia et intervenants du film)
en savoir plus et/ou le commander :
http://nevivonspluscommedesesclaves.net/spip.php?rubrique23
ou http://youlountas.net/spip.php?article487


"Paris a son Quartier Latin, mémoire de mai 1968. Athènes a Exarcheia, où s’écrit, en ce moment même, l’Histoire. Nouveau bastion de la révolte et des utopies, au crépuscule d’une Europe qui s’enfonce dans la tyrannie économique. Rempart fraternel contre le retour du nazisme qui rôde partout ailleurs en Grèce. Berceau du slogan Ne vivons plus comme des esclaves. Plus qu’un quartier désormais. Un mythe."


ON RECHERCHE : toutes les traductions possibles uniquement de la phrase "Ne vivons plus comme des esclaves" (projet d’autocollant multilingue).


ON RECHERCHE : traduction intégrale du film en arabe, hébreu et turc, car très demandées, mais non proposées pour l’instant (bientôt disponibles : versions anglaise, espagnole, allemande, italienne...).


FESTIVALS (suite). Encore deux sélections : Festival Images mouvementées (Attac) le 24 octobre à Paris et Festival du Film Méditérrannéen le 7 décembre à Bruxelles.


Contact, diffusion : maud@nevivonspluscommedesesclaves.net


Les projections sont précédées d’un hommage à notre ami et camarade Pavlos,
assassiné par les fascistes ce 18 septembre au Pirée.

 

 

 

 

Καλο ταξίδι φίλε... Γεια σου ρε Παυλο
Δεν ξεχναμε, δε συγχωρουμε

Voir le film en grec, anglais, allemand :

ΝΑ ΜΗΝ ΖΗΣΟΥΜΕ ΣΑΝ ΔΟΥΛΟΙ (GR)
http://nevivonspluscommedesesclaves...
ou lien direct : http://youtu.be/neRt6XS05b0

LET’S NOT LIVE LIKE SLAVES (EN)
Désormais disponible sur
http://www.x-pressed.org/?xpd_artic...
(choisir la langue avec le bouton sous-titrage)

Plusieurs versions dans d’autres langues ont commencé.
Si vous désirez proposer une autre langue, contactez la coordination des traductions du film :
maud@nevivonspluscommedesesclaves.net ou info@x-pressed.org

 

 

Source : nevivonspluscommedesesclaves.net

 

 

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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 19:35

 

Source : www.reporterre.net

 

Des milliers d’ordinateurs à recycler - et un savoir à transmettre

Jean-François Rolez et Sarah Trichet-Allaire (Snalis)

samedi 15 février 2014

 

 

 

 

Les déchets électroniques et téléphoniques s’accumulent d’autant plus vite que les constructeurs organisent leur obsolescence rapide. En fait, il est relativement facile de prolonger leur existence, comme le montre l’association Snalis à Saint Nazaire.

 


 

- Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), correspondance

Il est facile de prolonger la durée de vie des ordinateurs de bureau grâce à la possibilité de changer des composants relativement standardisés. Plusieurs associations proposent une alternative à ce sytème, en récupérant des ordinateurs auprès de particuliers, d’entreprises ou de collectivités, puis en les redistribuant pour une somme modique.

Elles sont regroupées sous le label national Ordi 2.0 qui, malgré le manque d’intérêt de l’État, permet une mise en réseau et une valorisation de cette lutte contre l’obsolescence programmée.

Une des ces associations, basée à Nantes, proposait un modèle permettant un essaimage sur tout le territoire : il s’agissait d’ALIS 44 (Association Libre Informatique Solidaire). Elle a inspiré la naissance de SNALIS (Saint-Nazaire Association Libre Informatique Solidaire), CALIS (Cholet Association Libre Informatique Solidaire) et NÂGA à Rezé.

Les ALIS sont des associations de petite taille n’ayant pas pour but de croître, mais de se multiplier, permettant une gestion à taille humaine. Cette multiplication permet aussi une diversité des modes de fonctionnement et de modèle économique en fonction des affinités et expériences de chacun-e.

Voici par exemple comment fonctionne Snalis.

 

Le don est au centre de l’association

Snalis récupère des ordinateurs, essentiellement auprès des entreprises, et, sans communication, le nombre d’ordinateurs est largement suffisant. Nous sommes dans un modèle de profusion des déchets, qui fait de l’ordinateur un objet « sans valeur ».

L’association donne ensuite ces ordinateurs à ses adhérent-es.

Le problème principal de la fracture numérique, et c’est un constat largement partagé, est moins une fracture sur l’acquisition du matériel que sur les usages. C’est pourquoi, pour une adhésion de 20 € par an (80 € pour les personnes qui le souhaitent), Snalis organise le don au sein d’un « atelier du don » de trois heures permettant une première prise en main de l’ordinateur. Ces ateliers se déroulent dans les maisons de quartier de la ville, participant ainsi à la vie de quartier. Une information sur les DEEE et sur les logiciels libres y est également présentée.

En effet, l’association a fait le choix d’un système d’exploitation libre, à la fois pour des raisons éthiques et pratiques. Éthique car les logiciels libres sont basés sur le partage des connaissances. Pratique car des ordinateurs de trois-quatre ans fonctionnent mieux sous un système libre GNU/Linux et sont plus simples d’utilisation pour des personnes débutantes

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 19:20

 

Source : www.reporterre.net

 

 

Le conseil régional d’Ile-de-France s’oppose au Grand marché transatlantique

Camille Martin (Reporterre)

samedi 15 février 2014

 

 

 

 

Le Conseil régional a voté une motion déclarant l’Ile-de-France "Zone hors TTIP". Parti de gauche et écologistes se sont alliés, joints par le PC, tandis que les conservateurs (PS et UMP) s’abstenaient.

 


 

C’est une première : le Conseil régional d’Ile-de-France a voté vendredi 14 février une motion rejetant le projet de Traité de libre-échange transatlantique, alias TAFTA, TTIP, ou Grand Marché Transatlantique. Ce traité, dont la négociation se déroule en secret, vise à abaisser les normes sur les importations (par exemple sur les OGM ou l’alimentation) et à donner plus de pouvoir aux multinationales pour attaquer les Etats. Il suscite une mobilisation croissante, qui a atteint la scène politique vendredi.

La motion a été proposée par François Delapierre, du Parti de Gauche, soutenu par Europe Ecologie Les Verts (EELV) et le Parti communiste.

Elle demande :
"- l’arrêt des négociations sur le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) dit Grand Marché Transatlantique (GMT) du fait de l’absence de contrôle démocratique et de débat public sur les négociations en cours.

- la diffusion publique immédiate de l’ensemble des textes relatifs aux négociations du TTIP qui représentent une attaque sans précédent contre la démocratie.

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 19:12

 

Source : www.reporterre.net

 

A Notre Dame des Landes, les Naturalistes en lutte ont changé la donne

Isabelle Rimbert (Reporterre)

samedi 15 février 2014

 

 

 

 

Dans le combat qui se mène à Notre Dame des Landes, on avait presqu’oublié un enjeu essentiel : la nature. Jusqu’à ce qu’émergent les Naturalistes en lutte : un collectif spontané, mêlant experts et citoyens. Leur expertise scientifique corrige les sidérantes lacunes des études officielles.

 


 

- Notre Dame des Landes, reportage

Dimanche 2 février, Zad de NDDL, hangar « la VacheRit », 14h15. Il y a là quelques 200 personnes, deux fois plus de bottes en caoutchouc, et un petit air de printemps. Comme tous les premier dimanche du mois depuis janvier 2013, les Naturalistes en lutte viennent ratisser le terrain et faire découvrir le bocage à un public familial et curieux. Mais ce jour est un peu particulier, c’est la « journée mondiale des zones humides ». Et cette sortie fait suite à une soirée spéciale à Nantes, au cours de laquelle les Naturalistes présentaient les résultats de leurs travaux devant une salle comble.

 

En un peu plus d’un an, l’équipe des Naturalistes est devenue un acteur clé de la lutte contre l’aéroport.

 

Ce collectif s’inscrit dans le courant de la recherche participative, qui fait partie des nouveaux modes d’exercice de la citoyenneté en plein essor depuis une vingtaine d’années. Parmi ceux-ci, on trouve des réseaux de citoyens lanceurs d’alerte concernant la protection de la nature. Ces programmes permettent d’associer des scientifiques aux amateurs mobilisés individuellement ou autour d’associations, et les enjeux concernent l’élaboration ou la remise en cause de politiques publiques.

Structure informelle organisée, les Naturalistes en lutte regroupent des membres de plusieurs associations de protection de l’environnement (dont : France Nature Environnement, Ligue de Protection des Oiseaux - LPO -, Bretagne Vivante, Groupe Mammalogique Breton, Eau et Rivières de Bretagne…), des étudiants en biologie et sciences naturelles de l’université de Rennes I, des personnes travaillant dans des bureaux d’études et de simples citoyens amoureux de la nature.

« C’est, à ma connaissance, un cas sans précédent », dit Loïc Marion, chercheur en écologie au CNRS à l’université Rennes I. « On a là un groupe de plus de deux cents naturalistes bénévoles, dont le travail va pallier les insuffisances des études officielles. Cette mobilisation citoyenne a permis de démontrer les faiblesses de l’inventaire du bureau d’études Biotope mandaté par l’Etat. Sur la méthode d’investigation pratiquée par les Naturalistes en lutte, il n’y a rien à redire. C’est un travail de grande valeur scientifique ».

Ornithologue échange savoir avec entomologiste


 

Jumelles en bandoulières, Guy Bourles fait partie de ces irréductibles, omniprésents sur le terrain. Pêcheur professionnel, il est naturaliste à la LPO depuis plus de 25 ans, et anime des groupes au sein des naturalistes en lutte. « A cette échelle de moyens et de compétences, c’est la première fois que je vois une mobilisation pareille », résume-t-il.

« Cela nous a surpris nous-mêmes. Nous sommes un milieu relativement cloisonné. Il est rare qu’un spécialiste des insectes échange régulièrement en co-étude avec un spécialiste des oiseaux. C’est ce qui se passe ici ; au-delà du travail d’inventaire, on propose un véritable échange des savoirs. Et sur les deux cents personnes, on a un noyau dur d’au moins cinquante personnes qui sont des experts dans leurs domaine. Il faut dire que dès le départ, on a pressenti ce qui se jouait à NNDL : une sorte de laboratoire de déformation de la loi sur l’eau qui faciliterait la destruction des zones humides ».

François de Beaulieu, investi dans l’association Bretagne Vivante, est porte-parole des Naturalistes en lutte : « Chacun avait conscience qu’on avait affaire à une nature d’une exceptionnelle richesse. En novembre 2012, on a lançé un appel sur nos réseaux associatifs. En décembre le blog et la boite mel étaient ouverts, et on a donné rendez-vous pour le premier dimanche de chaque mois afin de commencer les inventaires naturalistes. Le message est passé de façon… virale ! »


- François de Beaulieu -

 

En effet, pas moins de 220 personnes se sont retrouvées lors du tout premier rendez-vous. « Les plus réguliers habitent dans un rayon de cent kilomètres en moyenne. Les personnes sont d’âges et de milieux sociaux extrêmement divers, ce qui fait beaucoup pour la richesse du débat ».

 

Suite de l'article sur reporterre


 

Source : www.reporterre.net

 

 


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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 18:59

 

Source : www.mediapart.fr

 

Nucléaire : un tiers du parc connaît des défaillances de sûreté

|  Par Jade Lindgaard

 

 

 

Des disjoncteurs électriques refusent de se fermer, ce qui entraîne un « accroissement non négligeable du risque de fusion du cœur » des réacteurs nucléaires. Sommé par l’autorité de sûreté, EDF doit mettre en œuvre un plan d’action et des mesures compensatoires.

Près d’un tiers du parc nucléaire français connaît des défaillances de sûreté. Cette fois, ce n’est pas un document interne à EDF qui le dit mais des notes officielles, publiées par l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) et son réseau d’experts, l’IRSN (à lire ici, et encore là). Mis en ligne dans la plus grande discrétion sur leurs sites internet respectifs, ces documents passent inaperçus la plupart du temps.

Des disjoncteurs électriques refusent de se fermer, ce qui entraîne un « accroissement non négligeable du risque de fusion du cœur » des réacteurs nucléaires, selon un avis de l’IRSN du 27 septembre 2013. Pour EDF, ce défaut est générique et concerne toutes les tranches de 1 300 mégawatts (MW) – à l’exception de Saint-Alban, dans l’Isère –, soit dix-huit réacteurs. Cela représente près d’un tiers du parc – qui en compte cinquante-huit. Ils sont répartis sur sept sites, indiqués sur la carte ci-dessous :

 

Carte des centrales de 1 300 MW concernées par les problèmes de disjoncteur (© Arthur Pivin). 
Carte des centrales de 1 300 MW concernées par les problèmes de disjoncteur (© Arthur Pivin).

L’électricien peine à expliquer la cause de ces défaillances. Dans un premier temps, les défauts de fermeture ont été attribués au graissage inadéquat d’une pièce. Mais les problèmes ont persisté (l’IRSN relève onze récurrences de défaillances au premier semestre 2013), malgré la mise en place de procédures de dégraissage. Cela « démontre que la caractérisation de l’écart n’est pas totalement établie », explique l’IRSN. Autrement dit, que l’on ne comprend toujours pas très bien ce qui dysfonctionne. « La totalité des causes conduisant à des refus de fermeture des disjoncteurs n’est pas connue et le seul dégraissage n’est pas de nature à résorber cette anomalie », poursuivent les experts dans leur avis, qui insistent sur « l’importance pour la sûreté de cet écart ».

Pourquoi ce problème technique est-il si important pour la sûreté ? Parce que ces disjoncteurs servent notamment à basculer l’alimentation en électricité de la centrale depuis la source externe principale vers la source auxiliaire interne, en cas de rupture d’alimentation du réseau (comme cela s’est produit par exemple à Flamanville, du fait des intempéries, lors du week-end des 8 et 9 février 2014). Un refus de fermeture de disjoncteurs peut se traduire par la perte de tableaux électriques, qui alimentent eux-mêmes un grand nombre d’équipements, notamment les pompes du système d’injection de sécurité. Or ce sont elles qui injectent l’eau servant à refroidir le cœur du réacteur, c’est-à-dire son combustible, en cas de problème. C’est un système de sauvegarde.

Depuis près de quatre ans, EDF rencontre des difficultés de fermeture de ces appareils. Entre août et septembre 2010, trois événements significatifs de sûreté ont dû être déclarés pour cette raison. Un an plus tard, en août 2011, à la suite de nouveaux refus de fermeture, EDF a considéré que le problème était générique au palier des 1 300 MW. En février 2012, nouvel événement significatif de sûreté. « Il y a deux voies redondantes d’alimentation électrique par centrale, équipées du même type de disjoncteur, explique Thierry Charles, directeur général adjoint de la sûreté à l’IRSN. La question est : en cas de perte d’alimentation extérieure, quel est le risque que ces deux disjoncteurs ne fonctionnent pas ? C’est un problème important. »

 

Système d'injection de sécurité dans une centrale nucléaire (IRSN). 
Système d'injection de sécurité dans une centrale nucléaire (IRSN).

Fabriqués par le groupe français Schneider Electric, ces disjoncteurs ont été installés à partir de 2010, en remplacement d’appareils plus anciens. La moyenne d’âge des réacteurs de 1 300 MW atteint 25 ans. Ils sont loin d’être les plus anciens du parc : la moyenne d’âge des 900 MW est de 31 ans. La centrale de Fessenheim, la plus vieille, a commencé à produire de l’électricité en 1977, il y a 37 ans.

Le ton est monté, début décembre, entre l’exploitant et son contrôleur. « Compte tenu des difficultés (rencontrées) jusqu’à présent pour identifier et traiter les causes des refus récurrents de fermetures observés depuis quatre ans », Thomas Houdré, directeur du contrôle des centrales nucléaires à l’ASN, a exigé qu’EDF fournisse dans les deux mois plusieurs réponses : un plan d’action pour identifier les causes des défaillances, des mesures compensatoires pour limiter l’impact en cas d’incident ou d’accident. Et aussi que le groupe engage « dès à présent » la recherche de matériel de remplacement. Avec une semaine de retard, la réponse d’EDF est finalement arrivée le 12 février au soir, alors que Mediapart enquêtait sur le sujet.

Joint au téléphone, Philippe Dupuy, directeur adjoint du contrôle des centrales nucléaires, temporise : « Nous ne sommes pas inquiets, nous sommes mobilisés et vigilants. » Selon lui, et contrairement à ce qu’écrit l’ASN dans sa lettre à EDF en décembre 2013 : « Ce n’est pas une défaillance mais une défiabilisation. » Le défaut de fermeture des disjoncteurs a été classé au niveau 0 de l’échelle INES de classification des incidents. « Ce n’est pas grave, le risque n’est pas énorme », insiste Philippe Dupuy.

Dans ses nouvelles réponses, EDF indique que les défaillances de disjoncteurs ne proviennent pas de causes communes mais de problèmes « différents et très localisés », comme l'explique l’ASN. Et propose, en guise de mesures compensatoires, de renouveler plusieurs fois les commandes et d’actionner les appareils manuellement, le cas échéant.

Qu’est-ce qui garantit que ces problèmes ponctuels ne se reproduisent pas sur tous les disjoncteurs des centrales concernées ? « Rien, répond Philippe Dupuy, d’où la régularité des essais sur ce matériel. »


Pierre-Franck Chevet, président de l'ASN, auditionné à l'Assemblée nationale, le 13 février 2014. 
Pierre-Franck Chevet, président de l'ASN, auditionné à l'Assemblée nationale, le 13 février 2014.

Selon le groupe, joint par Mediapart, « les expertises menées ont permis de démontrer que les défauts sur certains disjoncteurs sont des cas isolés. Les disjoncteurs concernés par ces défauts se remettent en service sur relance en manuel ». De nouveau contacté, après les réponses d’EDF, Thierry Charles de l’IRSN confirme que « c’est un sujet important. En revanche, il y a des parades : réarmer la commande ou y aller manuellement ». Il insiste aussi : « Un appareil doit remplir ses fonctions dès la première sollicitation. Il se peut qu’il fonctionne après plusieurs, mais ce n’est pas pour autant un bon fonctionnement. »

Ces échanges entre EDF et ses contrôleurs interviennent alors que Pierre-Franck Chevet, le nouveau président de l’ASN, s’inquiète ouvertement de l’incapacité d’EDF à conduire correctement les opérations de maintenance dans ses installations nucléaires. L’électricien est « débordé », s’est inquiété Chevet, lors d'une audition devant la commission d'enquête parlementaire sur la filière nucléaire (voir ici la vidéo) : « En cinq ans, le volume des travaux réalisés pendant les arrêts de tranche a été plus que doublé ! », a noté le président de l’ASN. « On constate, et EDF aussi, qu'entre la prévision de planning initial d'EDF et celui effectivement réalisé, il y a un écart de plus de 50 % » en termes de délai. « Il y a donc un problème d'organisation des travaux », qui met en cause la qualité de la réalisation, avec un risque potentiel pour la sûreté des installations, a-t-il résumé.

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 



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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 18:52

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Tentative de putsch chez Veolia, saison 3

|  Par martine orange

 

 

 

Depuis sa nomination à la tête de Veolia, Antoine Frérot fait l’objet d’un procès permanent en illégitimité. Cette fois-ci, c’est la famille Dassault, actionnaire du groupe, qui mène l’attaque. Elle veut profiter du renouvellement de son mandat pour imposer à sa place le président de l’APE, David Azéma. Objectif : faire remonter le cours de la Bourse pour pouvoir mieux vendre.

Cela a commencé par une rumeur dans le petit monde parisien des affaires, comme d’habitude : les jours d’Antoine Frérot, P-DG de Veolia, seraient comptés, répétait-on d’un air de conspirateur. « Cela fait une dizaine de jours que le bruit circule. Son départ a l’air d’être considéré comme acquis, tout comme celui de Luc Oursel chez Areva d’ailleurs », commente un des habitués du microcosme parisien. Jeudi, le Point rendait publique la rumeur, en révélant le projet d’évincer le P-DG de Veolia pour le remplacer par David Azéma, qui dirige aujourd’hui l’agence des participations de l’État (APE).

C’est presque une question d’habitude pour Veolia. Depuis qu’Antoine Frérot, numéro deux d’Henri Proglio pendant plus de dix ans, lui a succédé à la tête du groupe de services aux collectivités locales, quand ce dernier a pris la direction d’EDF, il fait régulièrement l’objet d’un procès en illégitimité. Ni inspecteur des finances, ni polytechnicien, il n’a pas, de l’avis du petit monde du CAC 40, la stature pour diriger un groupe dont l’influence fait fantasmer le monde des affaires et politique depuis que son dirigeant historique, Guy Dejounay, l’a érigé en puissance tutélaire et mystérieuse.

 

© Reuters

Son ancien président, Henri Proglio, a lui-même intenté le procès d’Antoine Frérot lorsque celui-ci, héritant d’un groupe croulant sous les dettes, a commencé à remettre en cause la stratégie passée. Les deux amis d’hier sont devenus alors les pires ennemis. Le P-DG d’EDF a tenté de le débarquer par un putsch éclair, en faisant nommer à sa place l’ancien ministre de l’environnement, Jean-Louis Borloo. Échec (lire notre article : « Alain Minc m’a tué »). Par la suite, des discussions sur un éventuel rapprochement entre Suez environnement et Veolia ont fuité dans la presse. Le président de Veolia y a vu une nouvelle tentative de déstabilisation de son prédécesseur (lire À Veolia, la guerre Frérot-Proglio repart de plus belle).

Cette fois, de l’avis des connaisseurs du dossier interrogés, ce n’est pas lui qui est à la manœuvre même si, en coulisses, il a pu donner quelque avis. « Il a essayé de renverser Antoine Frérot, il n’y est pas parvenu. Depuis, il a décidé de se tenir à l’écart, même s’il n’en pense pas moins », dit un connaisseur du dossier. « Henri Proglio veut obtenir son renouvellement à la présidence d’EDF en octobre. Il sait que s’il se mêle à nouveau des affaires de son ancien groupe, cela ne peut que lui être défavorable », explique un de ses proches.

Mais la famille Dassault a pris le relais et est passée à l’attaque. Troisième saison de tentative de putsch chez Veolia. Entrée au capital de Veolia en 2008 à l’invitation d’Henri Proglio, elle est devenue un des premiers actionnaires du groupe avec 6,3 % du capital. La famille, cependant, n’est pas contente de son investissement : la valeur de sa participation – de 600 millions d’euros environ – a fondu comme neige au soleil : le cours de Veolia était à 22 euros quand la famille Dassault est entrée, il n’est plus qu’à 12. Même si elle a reçu, chaque année, entre 25 et 35 millions de dividendes, le compte n’y est pas du tout pour elle. 

S’il y a une chose que la famille Dassault déteste, c’est perdre de l’argent. Mais elle ne plaisante plus du tout quand il s’agit de l’argent de la famille. Car la participation dans Veolia est portée directement par le groupe industriel Marcel Dassault (GIMD), la holding familiale de tête qui contrôle l’empire. Déçue, elle voudrait bien maintenant sortir de Veolia. Mais à une condition : ne pas perdre d’argent, voire en gagner si possible. Ce qui pourrait prendre encore du temps. Et la famille, alors que Serge Dassault vieillit, que les difficultés judiciaires s’accumulent autour de lui, sans parler d’une succession qui n’est toujours pas réglée, est pressée. Elle a donc décidé de prendre les choses en main.

Même si la famille Dassault n’est qu’un actionnaire minoritaire chez Veolia, elle se considère un peu comme propriétaire en titre, comme à chaque fois où elle siège dans un conseil. Comme elle l’a fait chez Thalès, où elle a imposé par deux fois un nouveau dirigeant, elle pense qu’un nouveau président, plus attentif à ses intérêts et à ses vues, serait le bienvenu.

D’autant qu’une occasion rêvée se présente, qui peut permettre un changement naturel : le mandat d’Antoine Frérot arrive à expiration lors de la prochaine assemblée générale du groupe en juin. Un conseil d’administration est prévu le 12 mars sur la gouvernance du groupe. À cette date, les administrateurs doivent se prononcer sur le renouvellement ou non d’Antoine Frérot, ou sur le nom d’un autre candidat à présenter lors de l’assemblée générale. Il serait dommage de rater une telle occasion.

Selon nos informations, la famille Dassault a passé plusieurs semaines à consulter amis et proches pour trouver le candidat idéal. Ils ont finalement jeté leur dévolu sur David Azéma. À plusieurs occasions, notamment lors de la deuxième succession chez Thales justement et lors de la renégociation du pacte d’actionnaire chez EADS – Dassault était indirectement partie prenante puisque EADS détient 48 % du groupe, en place de l’État français –, ils ont pu apprécier les qualités du dirigeant de l’APE. Il n’a rien fait qui puisse les gêner. Au contraire, il a veillé à ce que l’État continue à se porter garant de la stabilité du groupe Dassault.

L’ancien directeur financier de la SNCF, nommé à ce poste par la gauche dès l’élection présidentielle, fait de toute façon l’unanimité chez les patrons. Tous félicitent ce haut fonctionnaire pour son pragmatisme et sa compréhension du monde des affaires. « Il comprend les problèmes. Il sait parler au marché », disent-ils. Ce qui dans la bouche des dirigeants n’est pas un mince compliment, bien que sa fonction première, en tant que représentant de l’État actionnaire, n’est peut-être pas de savoir parler au marché.

Le choix de David Azéma est aussi présenté comme une politesse faite au gouvernement de gauche par la famille Dassault. « Alors qu’il n’y a plus beaucoup de postes disponibles. À part la RATP, car Pierre Mongin ne va pas être reconduit, il ne reste quasiment rien. Choisir un haut fonctionnaire, marqué à gauche, est une façon d’envoyer un signal amical à l’Élysée », explique un connaisseur du dossier. Mais qu’aurait donc de plus à demander la famille Dassault, elle qui vit en concubinage notoire avec l’État depuis des décennies ? Une clémence judiciaire alors que le dossier de Corbeil-Essonnes devient de plus en plus explosif pour Serge ? (Voir notre dossier : le scandale Dassault.)

Courant janvier, David Azéma a été approché pour se voir proposer le poste de P-DG de Veolia en remplacement d’Antoine Frérot. Après avoir refusé, il aurait finalement accepté il y a une dizaine de jours, selon nos informations. La présidence de Veolia ne se refuse pas. Nous avons tenté de vérifier ces informations auprès de lui. Il n’a pas répondu.

Selon nos informations, l’Élysée aurait aussi été informée du possible départ du président de l’APE et n’aurait pas fait d’objection à ce qu’un membre de son équipe parte aussi rapidement. Interrogé, Emmanuel Macron, secrétaire général adjoint de l’Élysée, qui est présenté comme celui qui aurait supervisé cette affaire, répond : « L’Élysée n’a pas à donner de feu vert sur ce sujet. L’État n’est pas actionnaire de Veolia. »

Perte d'influence politique

Le fait qu’un haut fonctionnaire navigue entre public et privé ne semble poser de problème à personne : le pantouflage fait désormais partie des usages bien établis de notre

 

Charles Edelstenne et Serge Dassault  
Charles Edelstenne et Serge Dassault © Reuters

oligarchie républicaine. La commission de déontologie, selon les défenseurs de sa candidature, ne devrait mettre aucune objection à ce départ de Veolia. David Azéma n’a jamais eu à traiter un dossier concernant l’entreprise privée.

Pourtant, en dépit des assurances des uns et des autres, la situation est un peu plus complexe. David Azéma siège au conseil d’administration d’EDF en tant que représentant de l’État. À ce titre, il a eu à se prononcer sur le partage de Dalkia, la société commune entre EDF et Veolia dans la gestion de l’énergie. À l’issue de négociations compliquées, les deux groupes ont entériné leur divorce : EDF a récupéré les activités de la société en France, Veolia celles à l’international. De même, difficile de croire qu’il ait été complètement exclu des dossiers de la SNCM (transports maritimes entre la Corse et le continent), dont Veolia est actionnaire ou de Transdev, la filiale commune de transports entre le groupe privé et la Caisse des dépôts. Sans parler de la gestion des participations conjointes entre l’État et la famille Dassault dans l’industrie de défense.

Mais tout cela ne sont que broutilles, à entendre les uns et les autres. Il n’y a que les suspicieux qui voient des conflits d’intérêts partout.

Dès l’accord de David Azéma, les administrateurs représentant la famille Dassault – Thierry Dassault et surtout Olivier Costa de Beauregard – se sont mis en action pour fomenter leur coup d’État au sein du conseil. Mais cela s’est fait de façon si voyante et si bruyante que tout Paris l’a su. Comme le raconte le Point, un déjeuner, censé être secret, a été organisé avec certains membres du conseil dans un grand restaurant parisien. Des démarches ont aussi été entreprises auprès des administrateurs les plus influents afin de les convaincre de débarquer Antoine Frérot et du bien-fondé de la candidature de David Azéma.

« C’est un conseil qui ne ressemble à rien, tiraillé entre diverses parties. Chacun a son agenda, son candidat », résume un grand connaisseur du dossier, pour expliquer les querelles et les tentatives de débarquement à répétition de son président. « L’ennui pour ceux qui veulent renvoyer Antoine Frérot – et ils ne semblent pas être la majorité –, est qu’ils ne savent pas comment justifier ce débarquement. Antoine Frérot a rempli tous les objectifs que le conseil lui avait fixés », poursuit-il.

En moins de trois ans, Veolia a réduit son endettement de plus d'un tiers. Il a abandonné des métiers comme le transport, cédant progressivement sa participation dans Transdev à la Caisse des dépôts. Dans les autres activités, Antoine Frérot a mis un terme à la vieille culture du groupe, cultivant l’expansion tous azimuts et les baronnies locales. Conscient que la rente de l’eau est en voie d’épuisement, il a imposé un nouvel modèle économique : le groupe s’internationalise et vise désormais les marchés de services à l’environnement (eau, gestion des déchets, gestion énergétique) auprès de grands groupes industriels. Avec un certain succès. Veolia vient de remporter plusieurs grands contrats auprès de Shell ou Novartis. C’est exactement ce que le conseil réclamait.

Tout ceci ne se fait pas sans heurt, ni sans sacrifice. Pour la première fois de son histoire, Veolia a réduit son expansion en France, réduit ses coûts et supprimé des effectifs. Un plan social de 1 600 personnes, dont 700 départs volontaires et départs naturels, a été imposé à la filiale eau française. Un choc. En décembre, l’intersyndicale du groupe (CFDT, CFE-CGC, CGT et FO) a violemment contesté la gestion du groupe. « Sachez qu'il nous faudra bien plus que des mots, mais bien des éléments économiques chiffrés, étayés et vérifiables, pour nous démontrer que l'entreprise est contrainte d'en passer par là pour garantir sa pérennité », avaient-ils écrit dans une déclaration commune. Ils demandaient à la direction de privilégier la mise en place d’une gestion prévisionnelle des emplois « avant d’envisager tout licenciement », avant de réclamer la démission d’Antoine Frérot.

Aujourd’hui, les administrateurs représentant la famille Dassault s’appuient sur cette contestation sociale pour justifier le remplacement d’Antoine Frérot. « Si les salariés savaient ce que demandait Serge Dassault ! Il réclamait 4 000 suppressions d’emplois en France. "Moi, je supprime 10 % des effectifs au Figaro chaque année, Veolia peut bien en faire autant", expliquait-il », selon un membre du conseil.

De même, les partisans du remplacement d’Antoine Frérot mettent en avant sa gestion du dossier SNCM, la société qui assure la liaison entre la Corse et le continent. Matignon, expliquent-ils, n’aurait pas apprécié les rapports orageux avec le patron de Veolia dans la gestion du dossier. Et ce serait lui qui aurait demandé son remplacement. Matignon a démenti toute intervention dans Veolia. « Antoine Frérot a hérité d’un dossier pourri. Henri Proglio n’aurait jamais dû répondre à la demande de Dominique de Villepin (alors premier ministre) et engager Veolia dans cette aventure. Maintenant, il essaie de s’en sortir le moins mal possible. Mais si l'on avait écouté les représentants de Dassault, Veolia déposait le bilan de la SNCM en juin brutalement, sans mesure d’accompagnement. Vous imaginez le désastre », poursuit cet administrateur.

Au bout du compte, si les représentants de Dassault ont un reproche à faire à Antoine Frérot, c’est de ne pas aller assez vite, assez fort dans la restructuration du groupe. Des économies partout, des plans sociaux importants sont des signaux appréciés en Bourse. Cela fait remonter le cours.

À cela s’ajoute un autre grief, plus difficile à exprimer à haute voix : certains administrateurs critiquent la gestion des relations avec les collectivités locales de la nouvelle direction. Veolia n’aurait plus la même intimité, le même rapport d’influence avec les maires. Antoine Frérot ne saurait pas y faire avec les élus, expliquent-ils à voix basse. Bref, Veolia serait en train de changer d’ADN et de se dépolitiser. Il y a encore du chemin à faire dans ce sens (voir Marseille : les 350 millions de cadeau de Gaudin à Veolia). Mais ils y voient un grand risque pour le groupe de perdre de sa valeur et de son influence.

La nomination de David Azéma permettrait de rattraper cette dérive. Lui sait ce que sont les relations avec les collectivités locales : il a été dirigeant de la SNCF. Il connaît le monde politique. Ainsi, tout pourrait redevenir comme au bon vieux temps.

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 18:38

 

Source : blogs.rue89.nouvelobs.com

 

En Italie, on empêche l’avortement et tout le monde « s’en fiche »
Flora Zanichelli - Journaliste

Publié le 16/02/2014 à 11h46

 

 

 


Affiche sur le « mur des horreurs » à Jesi : « A deux mois de grossesse : je suis parfait, comme un grand : j’ai déjà tout, même les germes de mes petites dents. » (L’Espresso)

« Je voyais [la peau, le sang et le tissu] de mon enfant emplir le bocal [posé à côté de moi]. »

Dans le département gynécologique de l’hôpital de Jesi dans les Marches, voici ce que les femmes peuvent lire sur les murs.

Indignée, une habitante a écrit à l’hebdomadaire italien L’Espresso. Ces mots ont fait depuis le tour de la Péninsule.

L’avortement est, en Italie, un thème brûlant. Même si, observent les spécialistes, « c’est un thème brûlant pour lequel personne ne fait rien ».

Avant 90 jours, et après

Dans la Péninsule, l’avortement est réglementé par la loi 194. Voici ce qu’elle stipule dans ses trois articles les plus importants :

  • article 4 : « Pendant les 90 premiers jours, les femmes dont la grossesse, l’accouchement et la maternité comporteraient un risque pour leur santé physique ou psychiatrique, en lien avec leur état de santé ou leurs conditions économiques, sociales ou familiales ou en lien avec les circonstances dans lesquelles est advenue la conception ou en prévision de malformations et anomalies, peuvent se tourner vers un centre de consultation public ou un médecin de confiance. » ;
  • article 6 : « L’interruption volontaire de grossesse, après les premiers 90 jours de grossesse, peut être pratiquée :

– quand la grossesse ou l’accouchement comporte un grave danger de mort pour la femme ;

– quand, suite à des analyses rapportant une grave malformation de l’enfant, la santé physique et psychique de la mère sont en danger. » ;

  • article 9 : « Le personnel sanitaire, sous réserve de l’avoir déclaré au préalable, n’est pas tenu de prendre part [...] aux IVG quand il soulève l’objection de conscience. Le médecin doit le déclarer auprès du médecin en chef. [...]. L’objection peut toujours être révoquée […] mais une telle déclaration ne prendra effet qu’un mois après la présentation au médecin provincial. L’objection de conscience ne peut être soulevée quand leur intervention est indispensable pour sauver la femme d’un danger imminent. »

Des médecins objecteurs de conscience

C’est surtout ce dernier article qui fait débat. Gabriella Pacini est une sage-femme indépendante. Fondatrice de l’association Vita di donna (Vie de femme), elle défend bec et ongles le droit des femmes à avorter :

« L’objection de conscience donne la possibilité aux médecins de faire prévaloir leurs principes moraux. Ce qui a pour effet de fragiliser les patientes auxquelles les soins ne sont pas prodigués de manière objective. »

Sans compter la difficulté à s’imposer dans un hôpital, une équipe, quand la majorité des collègues prend position contre l’avortement. Carlo Flamigni, gynécologue et membre du Comité national de la bioéthique, répète souvent :

« Difficile de jouer les Don Quichotte surtout quand les moulins que vous croisez sont votre chef ou le directeur de l’hôpital. »

En Italie, selon le ministère de la santé, sept médecins sur dix seraient objecteurs de conscience. Un chiffre que l’association qui rassemble les gynécologues défendant la loi 194 – la Laiga – juge « sous-estimé ».

Gabriella continue :

« Cette situation complique tout. L’accès par exemple à la pilule du lendemain, qui ne se prend que sur prescription, et que vous devez obtenir rapidement. Que faire, quand on vous la refuse ? »

Seule, j’ai hurlé « Aidez-moi ! »

Laura Fiore cherche ses mots, bute sur les souvenirs, s’excuse. Cette Napolitaine professeure d’arts a écrit un livre au titre éloquent : « Avorter au milieu des objecteurs de conscience ». En Italie, son histoire est devenue un symbole.

Elle raconte :

« Le 4 juin, cette date restera à jamais gravée dans ma mémoire ».

Ce jour-là, Laura est transférée à l’hôpital à Naples. Elle ne souhaite et ne peut pas garder son enfant, qui souffre de graves malformations. Dans la salle d’accouchement, elle se retrouve seule.

« Ils m’ont mise sur un lit, au fond d’un couloir. Mon mari n’avait pas le droit d’entrer, les médecins étaient partis s’occuper d’autres patientes. »

S’enchaînent des heures douloureuses, jusqu’à l’expulsion du fœtus, qu’elle appelle encore aujourd’hui « sa fille ». Elle se souvient :

« J’ai hurlé “Aidez-moi”, et des médecins ont fini par arriver. »

Quelques jours plus tard, Laura apprend que le médecin chef du département néonatologie a tout fait pour tenter de sauver le fœtus, en vertu d’un paragraphe de la loi 194 qui stipule que « le médecin doit tout faire pour sauver la vie d’un enfant ».

Elle poursuit :

« Même le gynécologue qui me suivait était objecteur. Il ne m’a pas informé des possibilités qui s’offraient à moi. J’ai dû avorter dans l’urgence. »

Pilules périmées et avortements à l’étranger

Mal informées, culpabilisées, les Italiennes arrivent parfois in extremis, à la fin du délai imposé par la loi qui prévoit jusqu’à 24 semaines pour avorter. A Rome par exemple, l’un des rares hôpital public dont le praticien en chef n’est pas objecteur de conscience ne les pratique que jusqu’à 23 semaines.

Alors que les statistiques font état d’une baisse des IVG en Italie, d’autres chiffres circulent, comme les 20 000 avortements clandestins estimés en 2008. « Des chiffres jamais mis à jour depuis », précise Gabriella, « mais qui traduisent une bien triste réalité ». Comme celle de cette jeune mineure, qui, après avoir tenté un avortement médicamenteux avec des pilules périmées, a échoué à l’hôpital, l’utérus dévasté.

Sur son blog, Laura recueille aujourd’hui les témoignages de ces femmes. Sur sa page, des Italiennes lui écrivent anonymement et racontent humiliations ou départs pour l’étranger, la peur au ventre. « Nous nous sommes senties isolées et jugées », assène Laura. L’Espagne, la France et la Suisse sont, pour celles qui peuvent se le permettre, les destinations les plus prisées.

« C’est comme si on s’en fichait »

Dans son cabinet de consultation, Gabriella recueille elle aussi tous les jours ce type de témoignages. Elle qui pilote plusieurs associations et organise des conférences, se heurte à une administration hermétique aux problèmes des femmes, des adolescentes, des étrangères, surtout, privées de repères et parfois en grande difficulté financière :

« C’est comme si on s’en fichait. »


Lors d’une marche antiavortement le 13 mai 2012 à Rome (MISTRULLI LUIGI/SIPA)

Tous les jours, elle court les écoles et les services hospitaliers pour parler de contraception, d’IVG, de droits, même si les faire appliquer relève du parcours du combattant. Gabriella fait tout bénévolement. Non sans une certaine amertume :

« En Italie, dans certains établissements, on enseigne le catéchisme toutes les semaines, mais pour expliquer comment on utilise un préservatif, il faut demander l’autorisation aux parents, se battre pour obtenir une ridicule petite heure. »

Le 6 juin prochain, l’autre association qu’elle gère, « Le Bon médecin est celui qui n’objecte pas », organisera une rencontre avec les autorités concernées. « Nous avons désespérément besoin que les institutions nous soutiennent », soupire-t-elle. « Seules, nous ne sortirons jamais de l’ombre. »

 

 

Source : blogs.rue89.nouvelobs.com

 

 

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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 20:13

 

Source : collectiflieuxcommuns.fr

 

Contre la Constituante (1/2)
La démocratie directe sans le peuple ?
jeudi 6 février 2014
par  Collectif
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ContreLaConstituante

« C’est ainsi qu’avance l’histoire, en se bouchant la mémoire comme on se bouche les oreilles. (…)
Mais quoi ? l’histoire n’est amère qu’à ceux qui l’attendent sucrée...
 »

Sandor Krasna, Sans Soleil, Chris Marker, 1983

 

Depuis quelques années, le relatif regain d’intérêt pour la démocratie directe a en­gendré une multi­tude d’ini­tiatives, essentiellement par l’intermédiaire de sites web, de blogs, de forums ou de listes de diffusion indépen­dants des groupuscules et partis politiques. Ces individus ou collec­tifs, issus ou non du mouvement des « indi­gnés » français du printemps 2011, pourraient à l’avenir former un milieu politique fertile, à condition de rompre leur isolement réciproque pour éprouver leurs positions [1].
Depuis peu s’y développe un courant d’idées bien par­ticulier, gravitant autour d’une idée cen­trale : la voie vers la démocratie directe passerait par la convocation d’une assemblée Constituante composée de personnes tirées au sort parmi la population et chargées d’établir une nouvelle constitution française.
Cette approche rompt, salutairement mais sans le dire, avec de nombreux présupposés idéologiques hérit­és des mouvement politiques qui ont ravagés le XXe siècle et qui visaient, eux aussi, un changement radi­cal de so­ciété. Mais c’est, nous semble-t-il, pour retomber dans d’autre illusions. C’est donc à la discussion de celles-ci que ce texte voudrait inviter.

Le courant pro-Constituante

La nébuleuse dont il est ici question paraît large­ment s’inspirer d’Étienne Chouard. Celui-ci s’est poli­tisé et fait connaître lors du référendum pour le Traité Constitutionnel Européen de 2005. Il avait alors pré­senté un contre-argumentaire qui avait rencontré un écho important. Prenant acte de la victoire du « non », et à re­bours du vide politico-intellectuel contempo­rain, il a depuis entrepris une réflexion visant à avan­cer une alternative à l’Europe techno-bureaucratique. Cela l’a amené, de manière très cohé­rente et en décou­vrant l’histoire politique de la Grèce Antique, à cette proposition de Constituante tirée au sort, moyennant un blog prolifique (« Le plan C ». Peu-à-peu, d’autres initiatives lui ont emboîté le pas (« Le Mes­sage », «  Gentils Virus », etc) ou s’en sont inspiré plus ou moins explicitement (« Vraie démocratie », « Ob­jectif dé­mocratie », « La Constituante en marche », « La démocratie », « Les citoyens constituants », etc).
Ce courant nous est proche à trois égards : d’abord, il part d’une critique du régime actuel, du mode élec­toral et du gouvernement représenta­tif, per­çus comme l’expression politique de l’oligarchie qui domine la société. Cette contestation se fait dans des termes très proches de ceux que nous employons depuis des an­nées. De même, sa référence à la Grèce Antique lui fait très clairement concevoir la démocratie directe à travers des notions ou­bliées : assemblées générales souveraines, mandats impératifs, destitution des délégués, tirage au sort, rotation des siège ou reddi­tion des comptes. Enfin, son approche détone d’avec l’encombrant héritage marxiste-léniniste qui imbibe toujours, mezzo voce, les franges gauchisantes rêvant d’un Grand Soir organisé pour porter au pouvoir quelques déten­teurs de la Vérité Historique — ou d’avec son symétrique, un spontanéisme anarchisant misant angéliquement sur le surgissement soudain de rapports sociaux harmonieux et apaisés. Ces formes de messianisme allant de pair avec le fait de re­mettre toujours à plus tard la conception d’une autre organi­sation de la société, leur refus permet donc — à nous comme au courant pro-Constituante — l’ouverture de véritables chantiers politiques.

Projet et critiques

Pour autant, à l’examen, le projet de ces militants pro-Constituante présente une multitude de lacunes, d’inco­hérences ou de contradictions — que les contre­-argumentaires proposés ne font qu’approfondir et multiplier — et qui ne peuvent que discréditer leurs porteurs et notre visée politique. Ce sont elles que nous allons pointer en sui­vant, étape par étape, le proto-scénario que l’on peut déduire de leurs écrits. Résumons ce­lui-ci en quelques mots :
1) La Constituante est convoquée par un moyen ou un autre (référendum, initiative du Chef de l’État...) ; 2) les délégués sont tirés au sort parmi la population ; 3) ils travaillent durant un temps déterminé à l’élabo­ration d’une nouvelle constitution française instaurant la démocratie directe ; 4) cette Constitution est sou­mise à ratifi­cation par référendum.

Voilà le projet, tel qu’il se présente dans sa version la plus répandue, et la plus sérieuse.

Mais avant d’entrer dans le détail, livrons d’emblée l’axe principal de notre critique : Les pro-Consti­tuantes veulent la démocratie directe mais sans l’acti­vité foisonnante d’un peuple visant une transformation sociale, idée à laquelle ils associent sans doute le dé­chaînement de la violence, alors que nous y entendons tout autre chose : l’auto-organisation des gens, c’est-à­-dire la formation d’institutions autonomes locales se substituant aux pyra­mides hiérarchiques actuelles. Ce refus du soulèvement populaire et de l’élaboration d’une autre société par les premiers concernés amène paradoxalement les pro-Constituante à évincer de leur scénario le principal acteur : le peuple. Option sans doute renforcée par la conscience, ou du moins l’intui­tion, que les aspirations de nos contemporains sont sensiblement éloignées de ces visés.
Cette éviction tacite des gens ordinaires porte donc les pro-Constituante à viser une action uniquement insti­tutionnelle, légaliste et technique, sans qu’il ne soit jamais exigé du peuple, relégué au statut d’entité abstraite, autre chose qu’une adhésion for­melle à l’idée surplombante d’une Constituante tirée au sort [2]. Jamais, nulle part, n’est envisagée sérieusement une pratique autonome des gens telle qu’elle a pu se déployer dans toutes les révolutions depuis deux ou trois siècles, en s’opposant à d’autres forces sociales. C’est pourtant par ce processus constituant que la collectivité invente une autre organisation sociale, et se crée elle-même en tant que sujet politique. En ne citant qu’à titre d’illustration l’histoire, l’héri­tage et l’expérience de la démocratie directe légué théoriquement par les Lumières, puis pratiquement par les révolutions, le mouvement ouvrier et ses suites, nos pro-Constituante en évacuent le trait essentiel : la praxis, ce lien indissoluble entre la pensée et l’action politique populaire, qui fonde la légi­timité de chacun à s’occuper des affaires de tous. Leur approche, on le verra, ne protège des crises et de la violence qu’au prix de l’échec et de la récupération politique. Elle s’interdit de penser réellement une auto-transforma­tion ra­dicale de la société, qui ne peut demeurer à cette heure, faut-il le préciser, qu’une interroga­tion ou­verte.

Avant d’avancer quelques pistes en conclusion, nous évoquerons les soubassements idéologiques de cette mouvance qui prône une « révolution par le haut », à l’instar des tenants du « revenu garanti », qui apporte­ront quelques éléments de compréhension quant à l’aveuglement d’É. Chouard et de ses plus proches défen­seurs vis-à­-vis des milieux d’extrême droite ou complotistes [3].

1 — Processus de convocation de la Constituante

Tel que le présente les pro-Constituante, le proces­sus amenant à la formation de l’assemblée Consti­tuante est très flou : il est question de « pression popu­laire » et/ou de l’élection d’un Président de la Répu­blique qui s’enga­gerait à convoquer ladite Consti­tuante, sans plus de détail, comme beaucoup l’ont fait depuis (Mélenchon, Montebourg,...). Un peu plus conséquents et sérieux, des sites évoquent, mais par des processus identiques, l’établis­sement préliminaire de Référen­dums d’Initia­tives Po­pulaires, consul­tations initiées par une part significa­tive de l’électorat, dont le mo­dèle suisse est le plus connu.

Improbabilité du Référendum d’Initiative Popu­laire (RIP)
Ce 19 novembre 2013, l’Assemblée Nationale a bel et bien adopté le RIP... mais en le rendant totalement in­applicable [4] ! Cet épisode laisse entrevoir ce qu’une telle initiative peut devenir dans le contexte actuel, avec d’un côté un pouvoir en panne de légitimité et de l’autre une population marquée par le chacun-pour-soi et qu’aucun projet commun ne rassemble plus. Les domi­nants seront d’autant plus enclins à récupérer ce type de consultation que dans les années qui viennent, les réactions de la population vont aller croissant face à la dégradation permanente de ses condi­tions de vie. Ces référendums ne seront alors qu’un moyen d’acheter momentané­ment la paix sociale au prix de quelques concessions, au coup par coup et sans remettre en question l’ordre social existant. Cela peut aussi de­venir un moyen effi­cace de s’allier la population par un chantage à « l’una­nimisme républicain » face aux mul­tiples crises qui convergent et commencent à faire sentir leurs effets très concrète­ment. De son côté, une population conserva­trice et pa­niquée peut transformer ce genre de consultation po­pulaire en instrument au service du maintien de ses privilèges ou à l’adoption de mesures réactionnaires. L’exemple suisse, sans être univoque, est tout de même instructif.
C’est pourquoi faire du RIP un fétiche est particu­lièrement mal venu. L’essentiel ici est moins le dispo­sitif en lui-même que l’état d’esprit de la population, qui s’en empare (ou pas) pour en faire en fait (ou pas) un ins­trument dé­mocratique au service du bien commun.

Improbabilité d’un référendum sur une Consti­tuante tirée au sort
Mais passons sur les modalités de déclenchement d’un tel référendum, et abordons la question des résis­tances que pourrait soulever une question référendaire portant sur rien moins qu’un changement de régime poli­tique.
Il semble évident que toute initiative met­tant sérieusement en cause les échelles de souveraineté en place verra se mobiliser contre elle l’État et tous ses services officiels ou secrets, tous les lobbys écono­miques internationaux, les médias et les per­sonnalités et bien entendu tous les appareils politiques et syndi­caux qui ne peuvent être qu’oligarchique par essence [5]. Si jamais une campagne de référendum pour la dési­gnation d’une as­semblée Constituante tirée au sort a lieu, elle subira une offensive de dénigrement telle qu’on en a rarement vu dans l’histoire, renouant avec des pratiques immémoriales mais oubliées des euro­péens repus (à noter que la so­ciété est à ce point déla­brée qu’il suffirait même au pouvoir de suspendre simplement ses activités de maintien de l’ordre pour voir s’ins­taurer une terreur par en bas et susciter une panique sociale). A moins qu’elle ne subisse un escamotage ulté­rieur : l’expé­rience, inaugurale pour certains, du référendum de 2005 sur la constitution européenne finalement impo­sée deux ans plus tard par le parlement est édifiante. Que la population se révolte alors et le pays se retrouvera dans une situation de crise politique in­édite. Son issue est prévisible : L’oligarchie en sortira par la voie royale ouverte par les contestataires eux­-mêmes en convoquant effectivement une Consti­tuante, mais com­posée cette fois de personnalités nommées par élections.
C’est ce que propose par exemple actuellement le Par­ti de Gauche, qui y trouvera l’occasion d’y placer de nouvelles têtes fraîchement encartés et fermement tenues par la nomenklatura. Rien n’en sortira hormis la consolidation du pouvoir de quelques-uns. L’exemple, tant van­té, de « la révolution islan­daise », et notamment sa Constituante invali­dée en 2011 après trois mois de travail, devrait servir de leçon tant le feuilleton des forfaiture des briscards de la politique y est paradigmatique.

2 — Désignation des délégués

Mais admettons que le principe initial d’une Constituante tirée au sort soit finalement adopté. Un tel mode de désignation, résolument novateur dans la France d’aujourd’hui, pose un certain nombre de pro­blème, et notam­ment celui de la représentativité, qui est pourtant le principal argument de ses partisans.

L’auto-sélectivité des délégués
Soit ce tirage se fait a priori au sein du corps élec­toral, soit il se fait parmi une liste de volontaires. Pla­çons-nous dans le second cas (ou dans les deux en ad­mettant le refus de siéger serait scrupuleusement res­pecté et qu’il sera un recours d’autant plus utilisé que chacun saura qu’il s’agit d’une magistra­ture absolu­ment dé­terminante pour l’histoire du pays et que chacun sera au centre de toutes les atten­tions) : le filtre de l’auto­-désignation sera un biais inévitable. Nous retrouve­rons donc ces biais déjà biens connus par les ju­rés d’assises, mais démulti­pliés au cen­tuple : ne siégeront que ceux qui considèrent leurs opinions présentables et s’estiment apte à siéger, c’est-à­-dire à faire partie de l’élite qui de facto dessinera l’avenir pour des décen­nies. Faut-il alors préciser que l’assemblée sera en ma­jorité composée par la classe moyenne, masculine, blanche, éduquée, insérée, va­lide, ci­tadine, etc. [6] ? Les exceptions seront ramenées à leurs statuts de déviants lors des toutes premières délibérations solennelles par les mé­canismes bien connus de disqualification et de conformisme groupal. Telle est la société actuelle et telle sera l’assemblée Constituante, si aucun processus ne vient bousculer au sein du peuple lui-même les représentat­ions sociales qui maintiennent l’organisation sociale telle qu’elle est.

Représentativité problématique
Mais faisons momentanément fi de ces considéra­tion psycho-sociologiques, et admettons que les quelques milliers de délé­gués seront « représentatifs » de la société actuelle, au pourcentage près — on atten­dra pour sa­voir les cri­tères de cette « représentativi­té ».... Ils compterons alors, comme le pointe par exemple très perti­nemment « Objectif Démocratie » sans y répondre convenablement, 7 % d’illettrés et près de 30 % ne maîtrisant pas la lecture, facteurs qui ne disqualifient certainement pas à l’exercice démo­cratique mais qui rend éminem­ment probléma­tique un travail constitutionnel de type parlementaire. Bien plus : la Consti­tuante sera, à l’image du pays, profon­dément et irrécus­ablement divisée entre classes sociales, classes d’âge, affiliation idéologiques voire appartenances religieuses ou ethniques, corpora­tions, lobbys, etc.

Sans aucun rema­niement des opinions provoqué, comme en Mai 68, par la créativité collective d’un bouillonnement social de la société , d’un peuple ex­périmentant et mettant à l’épreuve par son action même les idées, les principes et les affiliations les plus diverses, sans l’immense effort popu­laire nécessaire pour sortir des impasses idéologiques en inventant des idées nouvelles et en se réappropriant les expériences du passé, les dé­bats de l’assemblée Constituante ne pourront que s’embourber dans tous les faux clivages contemporains ou en créer de nouveaux dans lesquels la population ne se reconnaîtra pas.

3 — Travail de la Constituante

Mais passons outre une fois de plus : voilà nos dé­légués lambda assis sur leurs sièges de l’assemblée, tra­vaillant pour le bien du peuple, mais sans aucun contrôle de celui-ci... La situation rappelle celle dénoncée : Car on retrouve ici intacte l’idée selon la­quelle le pou­voir de décision repose toujours entre les mains de quelques-uns, tandis que le peuple est invité à per­durer dans sa passivité, selon le prin­cipe fondamental du système représentatif [7].

Des délégués incontrôlables
Car que la population se passionne pour ces débats ou en attende patiemment des solutions à ses pro­blèmes, elle n’a rien à en dire, ces tirés au sort étant absolument souverains de leur jugement, s’informant, dé­libérant et décidant en leur for intérieur. Il faut être clair : Ils ont été nommés, eux, pour élaborer une nou­velle constitu­tion, et on ne voit pas au nom de quoi ils auraient des comptes à rendre quant à leurs choix, ni à qui, pendant leur mandat comme après. Certes, cer­tains parlent « d’ateliers constituants lo­caux » compo­sés de ci­toyens chargé d’épauler les délégués dans leur travail. Mais si ces délégués décident sous influence, alors ces « ateliers », qu’ils soient de gauche ou d’extrême-droite, seront de bien peu de poids face aux pressions extraordinaires auxquelles seront soumis nos élus, de la part de tout ce que l’oligarchie compte de think tanks, de groupes d’intérêts, de ré­seaux d’influence, de lobbys plus ou moins officiels, de circuits de corruption, de pressions mafieuses, etc. C’est, très exactement, ce qu’ont vécu les tunisiens, ou même les français devant le spectacle régulier de l’ascension hiérarchique dans l’entreprise ou dans les institutions républicaines... A moins d’isoler totale­ment les délégués de toute in­fluence, donc de les couper radicalement d’une vie sociale qui faisait d’eux autre chose que des profes­sionnels de la poli­tique.

Une constitution enfin démocratique ?
Ces quelques milliers de personnes chargées d’écrire « seules » une constitution pour la France ont été désignées parce qu’elles ne sont jus­tement pas spécialistes de la poli­tique. Sans aucune prépara­tion et provenant d’un peuple vivant dans l’apathie depuis des générations, sans aucune expé­rience du pou­voir réelle­ment démocratique, ni même de pratiques sociales ou politiques un tant soit peu dé­gagées de la mentalité oligar­chique, elles auront à fixer l’organisation de la vie politique d’un pays habité par 70 millions d’habitants et comptant parmi les dix grandes puissances mondiales. En­fants de De Gaulle, de Mitterrand et de Sarkozy, on voit mal nos délégués systématiser l’amateurisme en politique, instituer des assemblées sou­veraines, et dé­manteler l’État comme organe séparé du corps social, re­quisit minima pour parler raisonnablement de démo­cratie di­recte.
Il y a fort à pa­rier que nos repré­sentants ne façonneront qu’une constitution qui ressemblera fort à celles que nous avons connues, sans doute agré­mentée de quelques organes consultatifs ou contre­-pouvoirs citoyens — c’est d’ailleurs la perspective ex­plicite d’E. Chouard lui-même [8].

(.../...)

Voir la seconde partie

 

[1] On lira à ce propos l’Introduction générale dans la brochure Démocratie directe : principes, enjeux perspectives, première partie : Contre l’oligarchie, ses fondements politiques, sociaux et idéologiques, Avril 2013, disponible sur note site : https://collectiflieuxcommuns.fr/sp...

[2] On lira par exemple « Objections contre une Assemblée Constituante Tirée au Sort » http://projetgentilsvirus.ouvaton.o...

[3] Même sans avaliser l’hystérie collective des prétendus « anti­fascistes » qu’unit la haine gauchiste pour les réalités popu­laires, il est difficile d’admettre que l’inté­ressé refuse explici­tement de clarifier ses positions vis-à-vis de gens tels qu’Alain Soral, Robert Mé­nard, Yvan Blot ou en­core Robert Faurisson, par exemple.

[4] Cf. l’article de Hélène Bekmezian dans Le Monde du 19.11.13 (repris sur notre site : https://collectiflieuxcommuns.fr/sp...), sobrement intitulé : « Le référendum d’initiative partagée, trop com­pliqué pour être vraiment efficace », et celui de Ro­seline Letteron du site Contrepoints.org] dont l’intitulé est plus évoca­teur : « Adoption du référendum d’initiative popu­laire, sans initiative populaire ». La nou­velle n’a étrange­ment pas été re­layée sur les sites en question.

[5] Voir l’inusable R. Michels Les partis politiques - Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, (1914, Flam­marion, 1971), dont un chapitre est disponible sur notre site.

[6] On lira par exemple avec intérêt « La Cour d’assises en exa­men. Réflexion-témoignage d’un juré sociologue » d’André­-Marcel d’Ans, paru dans la revue Droit et Société n° 54, 2003, pp. 403 — 432, consultable ici : http://www.reds.msh-­paris.fr/publ...

[7] On nous pardonnera de renvoyer les pro-Constituantes à leur bible, Principes du gouvernement représentatif de B. Manin (1995, Flammarion 1996), qui, rappelons-le, comporte plu­sieurs parties, dont certaines traitant de « la marge d’indépen­dance des gouver­nements ».

[8] « Les grands principes d’une bonne Constitution, qui prou­veraient la guérison de notre démocratie », octobre 2005 — 2007, pp. 7 sqq. consultable ici : http://etienne.chouard.free.fr/Euro.... Ou alors, comme l’intéressé l’envi­sage, nos délégués n’auront pas à se « renseigner » eux­-mêmes sur toutes ces questions, mais seront « conseillés » par « des parlementaires et ministres » (id.)... Est-ce sérieux ?

 

 

Source : collectiflieuxcommuns.fr

 

 

 

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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 19:14

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Vladimir Poutine : combien de milliards ?

|  Par Agathe Duparc

 

 

 

En 2012, le président russe a déclaré 100 000 euros de revenus. Mais au vu de l'enrichissement fulgurant de ses anciens camarades et proches, sa fortune pourrait atteindre des milliards. Tour d'horizon des épisodes et affaires troubles qui ont rythmé la carrière de Vladimir Poutine.

Quatorze ans de pouvoir et toujours les mêmes interrogations et les mêmes soupçons sur la fortune du président russe. « L’homme le plus riche d'Europe », selon les rares francs-tireurs qui osent s’aventurer sur ce terrain. Doublé d’un businessman hors pair. Depuis son parachutage en qualité de président par intérim le 31 décembre 1999, puis sa première élection en mars 2000, le faisceau de présomptions n’a fait que se renforcer. À mesure que ses anciens camarades, pour la plupart natifs de Saint-Pétersbourg et anciens du KGB, devenaient eux-mêmes milliardaires, aujourd’hui à la tête d’empires dans la banque, les matières premières, les médias, etc. Et que son premier cercle noyautait toutes les plus grandes entreprises d’État.

 

Vladimir Poutine à Sotchi 
Vladimir Poutine à Sotchi © Reuters

Fin 2007, le politologue Stanislav Belkovski avait été le premier à articuler un chiffre, estimant que Vladimir Poutine, businessman de l’ombre, pesait près de 40 milliards de dollars à travers diverses participations secrètement détenues dans des sociétés pétrolières et gazières. Sans cependant fournir ni preuves, ni documents.

Depuis, certaines pièces du puzzle sont apparues. Comme celles apportées fin 2010 par un ancien homme d’affaires, Sergeï Kolesnikov, qui fut directement impliqué dans d’opaques montages autour d’une société d’importation de matériel médical – Petromed – qui aurait permis d’alimenter en centaines de millions les comptes du président dans des paradis offshore. Il a raconté son histoire dans de nombreux médias, révélant l’existence du « palais de Poutine » : une forteresse à la James Bond construite au bord de la mer Noire. Il a créé son propre site internet. Mais dans aucun des nombreux documents (lire ici) qu'il met en ligne ne figure le nom de Poutine, preuve qu'il s'agit d'un des secrets les mieux gardés.

En 2010, la fuite de câbles diplomatiques dans Wikileaks a montré à quel point les Américains disposaient de peu d’informations, reprenant celles publiées dans les médias sur la possible « fortune secrète » de Poutine, ses liens avec certains hommes d’affaires, ou encore son amitié particulière avec Silvio Berlusconi, sur fond de mirobolants contrats entre les géants gaziers Eni et Gazprom (voir la liste des câbles consacrés à Poutine).

Les jeux Olympiques de Sotchi et leur débauche de dépenses (37 milliards d'euros) au profit d’oligarques poutiniens (voir ici le rapport en anglais de l’opposant Boris Nemtsov sur les coûts des JO), ravivent la question du magot du président russe.

Tour d’horizon des principaux épisodes troubles de la carrière de Vladimir Poutine, pour la plupart relatés dans les médias russes.

UNE « VIEILLE » AFFAIRE DE TROC À SAINT-PÉTERSBOURG

C’est le scandale, déjà largement prescrit du point de vue de la justice, qui a marqué le début de la carrière de Vladimir Poutine, alors qu’il était adjoint du maire « démocrate » Anatoly Sobtchak, et dirigeait le Comité des relations extérieures de Saint-Pétersbourg.

 

Vladimir Poutine, officier du KGB 
Vladimir Poutine, officier du KGB

En 1991, l’ex-officier du KGB, ancien élève du professeur Sobtchak à la faculté de droit, découvre le pouvoir et les affaires. Le voilà autorisé par le vice-premier ministre Egor Gaïdar à recevoir des quotas pour l’exportation de produits pétroliers et de matières premières, dans le cadre d’une vaste opération de « barter » (troc). Alors que l’URSS vient de disparaître et que les réseaux d’approvisionnement sont totalement désorganisés, le but est d’obtenir en échange des produits alimentaires pour les habitants de la ville.

L’opération prévoit l'exportation de 150 000 tonnes de produits pétroliers, 750 000 m3 de bois, des métaux rares et ferreux, de l'aluminium, du ciment et du coton. Soit l'équivalent de 124 millions de dollars. En échange, la ville recevra, en janvier, février et mars 1992, de la viande, du beurre et de l'huile, du lait en poudre, de la nourriture pour enfants, du sucre, des pommes de terre.

Tout aurait pu se passer à l’abri des regards si, en 1992, la députée du soviet local Marina Salié – disparue en mars 2012 – n’avait décidé d’y mettre son nez. La commission d’enquête parlementaire qu’elle préside obtient alors une partie des contrats signés entre le Comité des relations extérieures de Poutine et douze sociétés intermédiaires chargées de mettre en place le troc, choisies sans appel d’offres.

 

Anatoly Sobtchak et Vladimir Poutine, années 90 
Anatoly Sobtchak et Vladimir Poutine, années 90

Le rapport qu’elle rédige le 23 mars 1992, avec le député Iouri Gladkov, relève une accumulation d'« infractions » ou d'« étrangetés » (voir ici). Les contrats de troc sont lacunaires et imprécis. Certains ne comportent aucune indication sur les prix et bénéfices escomptés, ne sont ni datés, ni signés. Dans le barter n° 11 (métaux rares contre viande), signé avec la société Djikop (qui a été enregistrée fin octobre 2001), les prix des métaux à l'exportation sont 7, 10, 20 et 2 000 fois inférieurs à ceux pratiqués sur le marché mondial. Une différence de plus de 8 millions de dollars. Dans nombre de contrats, les sanctions en cas de non-respect du contrat sont ridicules, et les commissions perçues par les sociétés intermédiaires exceptionnellement élevées, de 25 à 50 % des bénéfices en devises. Un contrat au moins porte la signature de Vladimir Poutine (voir ci-dessous). 


Le contrat qui porte la signature de Vladimir Poutine, à gauche 
Le contrat qui porte la signature de Vladimir Poutine, à gauche

Combien de produits ont été exportés, et combien livrés ? Dans une première réponse à la commission d’enquête, Vladimir Poutine a affirmé que 20 tonnes de nourriture pour enfants avaient déjà été livrées. Une lettre signée par son adjoint indique qu'au 3 février 1992, deux mois après le début de l'opération, 125 tonnes d'huile sont arrivées. Les quotas, et les licences à l'exportation pour les produits pétroliers, la moitié du bois, les métaux rares, le ciment ont en revanche été distribués.

La question n’a jamais été résolue. Dans ses conclusions, Marina Salié recommande de transmettre l’affaire à la justice et d’écarter Poutine de ses fonctions. Aucune enquête n’est finalement ouverte. Mieux encore : quelques mois après, le ministre des relations extérieures, le banquier oligarque Piotr Aven, fait du Comité des relations extérieures de Poutine le seul organisme municipal autorisé à mener des opérations de commerce extérieur. Entre politique et business, la carrière de Poutine peut décoller. 

LA MYSTÉRIEUSE NOTE SUR MONSIEUR POUTINE

En 1996, après la défaite aux élections municipales de son mentor Anatoly Sobtchak, Vladimir Poutine, encore largement inconnu, est appelé à Moscou. Au sein de l’administration présidentielle, il progresse vite et le voilà nommé à la direction du contrôle, position stratégique pour garder l’œil sur les régions et accumuler des kompromaty (documents compromettants) sur les gouverneurs. Il s’acquitte si bien de cette tâche qu’il est propulsé en 1998 à la tête du FBS, à la surprise de ceux qui ont en mémoire sa terne carrière d’officier du KGB au sein de la 1re direction (contre-espionnage et surveillance des dissidents).

À l’été 1999, l’entourage de Boris Eltsine, dont le redoutable Boris Berezovski, cherche de toute urgence un successeur au président malade. Deux candidats sont pressentis : le ministre de l’intérieur Mikhaïl Rouchaïlo et Vladimir Poutine à qui les intrigants prêtent, à tort, un caractère conciliant et « fidèle ».

C’est alors qu’apparaît dans deux médias, Versia et Moskovski Komsomolets, une étrange note sur Vladimir Poutine, émanant visiblement des services de sécurité.

 

La note "blanche" sur Vladimir Poutine 
La note "blanche" sur Vladimir Poutine

Le document le dépeint déjà comme fortement impliqué dans les affaires, et couvrant de nombreuses malversations. « Selon des gens de l’entourage proche de Poutine, son désir de s’enrichir personnellement et l’absence de barrières morales (qui le caractérisent) sont apparus dès le début de sa carrière », indique la note. Outre le rappel du fameux troc à Saint-Pétersbourg, le document recense les différentes opérations qu’il aurait chapeautées. Dont le dépeçage au milieu des années 1990 de la Baltic Shipping Compagny (BMP) dont la flotte comptait, du temps de l’URSS, 170 grands cargos et navires et 46 000 employés.

Des centaines de navires russes auraient alors été vendus à des prix sous-évalués, sous le contrôle d’un proche de Poutine. La privatisation du grand hôtel Astoria, le palace de Saint-Pétersbourg, aurait permis au futur président d’empocher quelque 800 000 dollars.

Tout au long des années pétersbourgeoises, Vladimir Poutine aurait flirté avec les milieux du crime organisé, tirant toujours son épingle du jeu, et aidant même Anatoly Sobtchak à échapper à des poursuites judiciaires au lendemain de sa défaite en 1996 à la tête de la mairie de Saint-Pétersbourg.

En 2003, Boris Berezovski, de son exil londonien, avait dressé dans Kommersant (le journal qu'il contrôlait alors) « la liste des crimes de Poutine » qu’il avait lui-même contribué à installer au pouvoir. Alors fin connaisseur des turpitudes des uns et des autres dans les plus hautes sphère de l’État, il reprenait largement le contenu de la note de 1999. L'ancien intrigant du Kremlin a été retrouvé mort dans sa salle de bains le 23 mars 2013, à Londres. L'enquête a conclu à un suicide, mais nombre de ses proches estiment qu'il a été assassiné.

 

Boris Berezovski 
Boris Berezovski © Reuters

LES CAMARADES DE LA COOPÉRATIVE « OZERO »

La couverture du rapport : Poutine et la corruption 
La couverture du rapport : Poutine et la corruption

La liste des camarades, anciennes connaissances ou amis de Vladimir Poutine devenus milliardaires ou occupant des postes de premier plan est longue. L'opposant Boris Nemtsov, ancien ministre sous Eltsine et fondateur du mouvement démocratique Solidarnost, publie depuis 2008 d’épais rapports sur la question. Le dernier en date, financé en partie par les dons des internautes – Poutine et la Corruption 2 – passe en revue les mirobolantes carrières des proches du président russe.

Il y a d’abord les membres de la coopérative Ozero. En 1996, huit camarades, dont Vladimir Poutine, décidaient de créer cette structure pour se faire construire des datchas sur les bords du lac de Komsomolskoye, dans la région de Leningrad. Figure parmi eux Vladimir Iakounine, le P-DG de l'entreprise publique RJD, les chemins de fer russes, à qui l’on prête une immense fortune. Il a remporté une médaille d’or dans la carte interactive de la corruption de Sotchi – « Sotchi 2014 : l’encyclopédie des dépenses » – récemment faite par l'activiste et blogueur Alexeï Navalny.

 

Vladimir Iakounine et Vladimir Poutine, 2010 
Vladimir Iakounine et Vladimir Poutine, 2010 © Reuters

C’est Iakounine qui a supervisé la construction de la route combinée (route et chemin de fer) de 48 km qui relie la ville d’Adler, sur les bords de la mer Noire, à la station de sports d’hiver Krasnaya Polyana, où se déroulent les compétitions olympiques. Son coût a augmenté de 93 % pour arriver à la somme astronomique de 8,7 milliards de dollars. La société de construction SK-Most, dont Guennadi Timtchenko (une autre vieille connaissance de Poutine, voir ci-dessous) est actionnaire depuis 2012, a remporté une partie de ce juteux marché. 

 

Iouri Kovaltchouk, actionnaire majoritaire de la banque Rossiya 
Iouri Kovaltchouk, actionnaire majoritaire de la banque Rossiya

Autres gagnants de la coopérative Ozero : les milliardaires Iouri Kovaltchouk et Nikolaï Shamalov, qui contrôlent respectivement 33,5 % et 12,7 % de la banque Rossiya laquelle, de petit établissement, est devenu une banque de tout premier plan. La banque a pu, dès 2004, récupérer certains actifs de Gazprom dont 50 % de Sogaz, l’une des plus grandes compagnies d’assurances russes, à un prix nettement sous-évalué. Boris Nemtsov estime à 60 milliards de dollars le montant total des actifs de Gazprom ainsi transférés à la banque Rossya, ou à d’autres structures contrôlées par des proches de Poutine.

La banque Rossiya contrôle aussi la holding de presse National Media Groug, propriétaire de plusieurs chaînes de télévision, du quotidien Izvestia et de 25 % de Pervyi Kanal, la chaîne la plus regardée en Russie. Ce qui fait de Iouri Kovaltchouk une sorte de Murdoch à la russe.

Autres camarades de datcha : les frères Sergeï et Andreï Fursenko. Le premier après avoir été directeur de Lentransgaz, l’une des filiales de Gazprom, a pris de 2008 à 2010 la tête du National Media Group, et dirige aujourd'hui la Ligue de football russe. Le second est ministre de l’éducation et des sciences. 

SES AMIS LES OLIGARQUES MILLIARDAIRES

À peine propulsé au pouvoir, le président par intérim Poutine signait un oukase pour offrir à la famille Eltsine l’immunité judiciaire. À la tête du FSB, il avait déjà torpillé l’enquête du procureur général Iouri Skouratov sur l’affaire Mabetex, ce scandale de pots-de-vin lié à la restauration du Kremlin qui touchait de près les Eltsine.

Mais une fois installé dans ses fonctions, Vladimir Poutine change rapidement de cap. Il promet d’instaurer la « dictature de la loi » et de tenir à « égale distance » du Kremlin les oligarques de l’époque Eltsine, désormais interdits de politique. En 2003, l’arrestation de Mikhaïl Khodorkovski donne la mesure de sa volonté. Certains milliardaires, comme Roman Abramovitch, se soumettent aux nouvelles règles. D’autres, comme Vladimir Goussinski et Boris Berezovski, s’exilent, suivis par les principaux actionnaires de Ioukos. Alors qu’un cercle de proches de Poutine les remplace peu à peu.

Guennadi Timtchenko et Gunvor

C’est à cette époque qu’émerge la figure de Guennadi Timtchenko, actionnaire principal et fondateur du géant du négoce des matières premières Gunvor (93 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2012, voir ici la brochure du groupe), et dont la fortune s’élève aujourd’hui à 14,1 milliards de dollars selon le magazine Forbes

 

Guennadi Timtchenko en 2013 
Guennadi Timtchenko en 2013 © Journal Forbes

Le 4 juillet 2013, Guennadi Timtchenko, qui préside le conseil économique de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCIFR), a été élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur.

En 2003, le Russo-Finlandais, ancien camarade de Poutine à Saint-Pétersbourg, est encore un parfait inconnu dont il n’existe même pas une photo sur Internet. Le magazine suisse l’Hebdo est le premier média à l’avoir débusqué sur les bords du Léman, à Cologny, dans la banlieue chic de Genève où il s’est installé depuis 2001 avec sa femme et ses enfants. Il bénéficie d'un forfait fiscal et se présente alors comme un businessman peu important, retiré des affaires. 

À l'époque, les milieux genevois du pétrole bruissent d’interrogations sur ses sociétés de commerce d'hydrocarbures et de produits pétroliers – International Petroleum Products (IPP) et Gunvor, présentes à Genève – qui ne cessent de progresser, déjà partenaires privilégiés de deux compagnies pétrolières, Rosneft et Surgutnefgazet du géant Gazprom.

Les rumeurs se répandent sur ses liens privilégiés avec Vladimir Poutine. Les deux hommes se sont connus à Saint-Pétersbourg à la fin des années 1980. Ils font du judo ensemble dans le club Yavara-Neva dont Poutine est président d’honneur. Timtchenko est alors employé de la société étatique Kirishineftekhimexport, qui exporte les produits pétroliers de la raffinerie du même nom. Lors de la fameuse opération de troc (voir ci-dessus), une petite société nommée Golden Gates (créée par Kirishineftekhimexport et le Comité des relations extérieures de la ville dirigé par Poutine) avait obtenu des quotas à l’exportation de 100 000 tonnes de produits pétrolier (à l’époque 70 millions de dollars), sans qu’aucun produit alimentaire ne soit livré, selon le Financial Times. Une accusation que le fondateur de Gunvor a réfutée, dans l’une de ses nombreuses lettres de rectification adressées aux médias.

Guennadi Timtchenko se lancera ensuite dans le business privé, avec la création de Kinex qui exporte les produits de Surgutneftegaz, via deux sociétés offshore dont la fameuse Gunvor enregistrée à Chypre en 1997. En 1999, il s’installe en Finlande.

C'est pendant le second mandat de Vladimir Poutine, à partir de 2004, que sa carrière décolle. Durant la campagne électorale, le candidat Ivan Rybkine, la marionnette de Boris Berezovski, qui s’est exilé à Londres, brandit à plusieurs reprises le nom encore inconnu de Guennadi Timtcheko, qualifié de « caissier noir du Kremlin ».

Les affaires de Gunvor explosent comme prévu, alors que le dépeçage de Ioukos commence. Fin 2004, Rosneft rachète aux enchères le gisement Iougansneftegaz – l’un des joyaux de l’empire de Khodorkovski –, après qu’il est passé entre les mains d’une mystérieuse société écran : Baikal Finance Group. À partir de cette date, Guennadi Timtchenko remporte une grande partie des « appels d’offres » de Rosneft. Sa compagnie commercialise aussi le brut de Gazpromneft, de Surgutneftegaz et de BP TNK.

Il faudra attendre trois ans pour que ces succès fulgurants et les questions qu’elles posent sur l’implication directe de Vladimir Poutine soient relatés dans les médias. Des articles paraissent dans Le Monde, The Guardian et le Financial Times

Les diplomates américains s’y mettent avec passablement de retard. Une note datée du 24 novembre 2008 (voir ici) – publiée en 2010 sur Wikileaks – estime que « Gunvor pourrait contrôler jusqu’à 50 % du total des exportations de brut russe ». « Selon les rumeurs, la compagnie est l’une des sources de la fortune secrète de Poutine. Elle est détenue par Guennadi Timtchenko qui serait un ancien collègue du KGB de Poutine », lit-on également. Le fondateur de Gunvor vient alors de faire son entrée dans la liste du magazine américain Forbes, avec 2,5 milliards de dollars. En 1999, année de son départ de Russie, il déclarait au fisc finlandais 327 000 euros. En 2000 : 1,5 million, et en 2001 : 5 millions, selon Boris Nemtsov.

Aujourd’hui, le Russo-Finlandais ne rate jamais l’occasion de marteler qu’il ne doit en rien ses fulgurants succès aux liens d’amitié qu’il avait avec Poutine. Il met un point d'honneur à répondre à tous ceux qui l'écrivent. En 2011, il a déposé plainte pour atteinte à l'honneur contre Boris Nemtsov, obtenant d'une cour moscovite que deux phrases soient retirées du rapport Poutine 10 ans : le bilan. Dont celle qui disait que « les vieux amis de Poutine (dont Timtchenko) sont devenus des milliardaires en dollars ». Nemtsov a immédiatement lancé sur Internet un concours de périphrases pour dire la même chose. 

Dans un droit de réponse au Nouvel Observateur en 2012, Guennadi Timtchenko écrit que « Gunvor est transparente. Monsieur Poutine n'en est pas actionnaire ni directement ni indirectement et n'y a aucun intérêt. Elle est détenue à hauteur de 45 % par chacun de ses fondateurs, messieurs Guennadi Timtchenko et Torbjörn Törnqvist, le reste des parts sociales étant détenues par un trust au bénéfice des employés ». En 2007, dans une lettre au Guardian, son associé, Torbjorn Tornqvist, mentionnait à la place de ce trust, un « troisième investisseur » dont l’identité n’a jamais été formellement établie.

En septembre 2011, devant des rumeurs insistantes, Vladimir Poutine avait démenti tout lien avec Gunvor, qui aujourd'hui s'est développée bien au-delà du commerce de brut russe, s'activant dans le gaz, le charbon et le LNG (liquefied natural gas), en Afrique et en Asie. 

La structure du groupe est complexe : une holding enregistrée aux Pays-Bas – Gunvor International BV –, détenue par une offshore, Gunvor Cyprus Holding Ltd. Depuis avril 2007, cette compagnie chypriote mène, selon le Financial Times, à une autre structure enregistrée dans les îles Vierges britanniques (BVI) et nommée EIS Clearwater Advisors Corp. 

Les frères Rotenberg

Ce sont les amis d’enfance du président, ceux avec qui il a fait du judo toute sa jeunesse.

 

Poutine écolier (à gauche), Arcady Rotenberg au premier plan 
Poutine écolier (à gauche), Arcady Rotenberg au premier plan

Les frères Arcadi et Boris Rotenberg pèsent aujourd’hui respectivement 3,3 milliards et 1,4 milliard de dollars. Ils ont créé le groupe Stroygazmontazh, qui compte six sociétés de construction, spécialisées dans les pipe-lines et gazoducs, et dont le principal client est Gazprom. Ils sont aussi les actionnaires principaux de la SMP Bank


Arcady Rotenberg 
Arcady Rotenberg © Rapport "Poutine et la Corruption"

À Sotchi, les Rotenberg ont reçu des morceaux de choix. Comme l’indique la carte de la corruption d’Alexeï Navalny, une de leur sociétés a construit 17 km d’une route escarpée de Sotchi pour 2,5 milliards de dollars, ainsi qu’une partie de la route combinée rejoignant la mer à la montagne dont le montant est astronomique.

 

Boris Rotenberg 
Boris Rotenberg © Rapport "Poutine et la Corruption"

Ils sont aussi actionnaires de Mostotrest, la société qui construit la nouvelle autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg. Dès 2006, ce tracé qui traverse la forêt de Khimi a provoqué une forte résistance chez les écologistes et les habitants de la région. Un journaliste local qui dénonçait la corruption, Mikhaïl Beketov, était resté infirme après avoir été tabassé. Il est mort en avril 2013. 

LE TÉMOIGNAGE DE SERGEI KOLESNIKOV ET LE « PALAIS DE POUTINE »

C’est le premier témoin à lever le voile sur la manière dont Vladimir Poutine a pu amasser, via ses anciens camarades, une fortune considérable. En décembre 2010, Sergeï Kolesnikov, un homme d’affaires de 64 ans, quitte précipitamment la Russie. Trois mois auparavant, il avait adressé une lettre au président Dmitri Medvedev (voir ici la version en russe 1, 2, 3, 4). Il y détaille les malversations à grande échelle qui se sont déroulées autour de la société Petromed, créée en 1992 à Saint-Pétersbourg avec le concours du Comité des relations extérieures de la ville alors dirigé par Vladimir Poutine.

 

Sergeï Kolesnikov 
Sergeï Kolesnikov © New York Times

Kolesnikov est alors l’un des actionnaires. En 2000, Nikolaï Shamalov, un ancien de la coopérative Ozero (voir ci-dessus), alors représentant de Siemens AG en Europe de l’Est et en Russie, lui propose de gérer de gros contrats d’importation de matériel médical. La proposition émane de Vladimir Poutine lui-même : « Comme l’a expliqué plus tard Shamalov, la condition avancée par Poutine était que Petromed reverse 35 % du financement reçu sur des comptes à l’étranger », écrit Sergeï Kolesnikov. Il est prévu que des oligarques financent gracieusement le projet et que les 35 % accumulés sur les comptes de sociétés offshore reviennent ensuite en Russie sous forme d’investissements, sous le contrôle direct du président russe.

En 2001, le milliardaire Boris Abramovitch offre 203 millions de dollars à travers son fond Polious Nadejdi (pôle de l'espoir), créé pour venir en aide aux habitants de la Tchoukotka. Puis Alexeï Mordachov, de Servestal (le géant de l'extraction de métaux et de la sidérurgie), donne 14,9 millions de dollars. D'autres oligarques s'y mettent aussi. Soit un total de quelque 400 millions. Du matériel médical est bien livré en Russie. Comme convenu, 148 millions de dollars atterrissent sur le compte d’une offshore enregistrée à Tortola, (BVI) Rollings International, et d’une panaméenne, Santal Trading. Une compagnie d’investissement est alors créée, Rosinvest, une société avec des actions aux porteurs, ce qui permet aux bénéficiaires de rester anonymes.

 

Le cheminement de l'argent 
Le cheminement de l'argent © Sergeï Kolesnikov

Des projets sont développés, dans la construction navale et l’immobilier. Mais en 2009, toujours sur demande de Poutine, toutes les forces sont mises sur le développement d’un chantier baptisé Projet Sud. Il prévoyait au départ la construction d’une zone de repos sur les bords de la mer Noire près de Praskoveyevka, et la plantation de vignes. Dès 2009, l’ensemble prend des allures de chantier de la démesure. « Tout cela a abouti à la construction d’un énorme palais, dans le style italien, avec un casino, des théâtres, des piscines, un complexe de sport, des pistes d’atterrissage pour hélicoptères (...), des maisons pour le personnel », écrit l’ancien de Petromed, qui estime à près d’un milliard de dollars les dépenses. En 2009, tout cet ensemble passe entre les mains d’une société privée proche de Nikolaï Shamalov. Serge Kolesnikov comprend qu’il est impliqué dans une vaste opération de détournement. Il reçoit des menaces et quitte le navire.


Le "palais de Poutine" sur Google Earth 
Le "palais de Poutine" sur Google Earth

Sa lettre très détaillée adressée à Medvedev est restée sans effet. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a apporté un démenti en disant que « M. Poutine n’entretient aucun rapport avec cet édifice ». Quelque chose qui pourrait ressembler au « palais de Poutine » a été localisé sur les bords de la mer Noire à Gelendjik, près de l'endroit indiqué par Kolesnikov. Une forteresse gardée par les FSO (services d'ordre de la présidence), auxquels se sont heurtés des activistes locaux.

RuLeaks, le site russe de Wikileaks, avait en 2011 posté des photos, tout en précisant ne pas savoir s’il s’agissait bien du même palais. Aujourd’hui, les clichés sont inaccessibles à cette adresse, mais on peut les retrouver ici. 

Selon la Novaya Gazeta, le palais a finalement été vendu, en mars 2011, à Alexandre Ponomarenko, un proche des frères Rotenberg, via une compagnie chypriote.

 

Un des clichés du prétendu "palais de Poutine" 
Un des clichés du prétendu "palais de Poutine"

En prenant la fuite, Sergeï Kolesnikov a emmené avec lui des documents qui prouvent son implication dans les projets avec Nikolaï Shamalov, et de nombreux enregistrements.

Il a raconté son histoire à plusieurs médias dont le Washington Post, le New York Times, la Novaïa Gazeta et, plus récemment, il apparaît dans un reportage de l'agence Capa, La fortune cachée de Poutine, diffusé le 3 février sur Canal +. On peut aussi voir son témoignage en russe, filmé par Golos Amerika (la Voix de l'Amérique). En mai 2012, il était auditionné devant le parlement britannique (voir ici).

Mais c’est au journal New Times et à sa directrice Evguenia Albats qu’il a donné, en février 2012, les éléments les plus intéressants, dont deux heures et demie d’enregistrements effectués au siège de la société Petromed. Dans une des conversations, on entend Nikolaï Shamalov et un autre camarade de Poutine faire le point sur « l’argent de Mikhaïl Ivanovitch », soit 439 millions de dollars déposés sur les comptes de la offshore Rollings. Or, comme l’affirme Sergeï Kolesnikov, « Mikhaïl Ivanovitch » est le nom de code utilisé pour désigner le président. À ce jour, aucune poursuite n'a été lancée contre le “whistleblower” russe. Joint aux États-Unis par Mediapart, Sergeï Kolesnikov explique être désormais « obligé de changer très souvent de lieu d'habitation » pour assurer sa sécurité. 

LES GOÛTS DE LUXE DE VLADIMIR VLADIMOROVITCH

Si « Mikhaïl Ivanovitch » n’a pas été formellement identifié, les goûts de luxe du président russe apparaissent, eux, au grand jour. Dans un rapport de 2012, Boris Nemtsov s’attaque aux signes extérieurs de richesse du président, sous le titre Une vie de galérien : palais, yachts, automobiles, avions et autres accessoires (voir ici le rapport en russe).

 

La vie d'un galérien : palais, yachts, automobiles, avions et autres accessoires 
La vie d'un galérien : palais, yachts, automobiles, avions et autres accessoires © Boris Nemtsov

Toutes les résidences du président y sont recensées, ainsi que les somptueux achats faits ces dernières années par l’administration présidentielle, comme deux énormes yachts, Sirius et Olympia, acquis pour 87 millions de dollars.

Sa passion pour les montres de luxe est particulièrement connue. Le mouvement Solidarnorst a réalisé un petit film intitulé « Les Montres d’un kleptocrate » (voir ici).  

À deux reprises, en 2009, le leader russe a fait cadeau à de simples citoyens de la montre suisse qu’il portait au poignet. Un modèle qui coûte 10 500 dollars. En 2010, il en a jeté une autre dans le ciment alors qu’il visitait un chantier. Solidarnost en a recensé une quatrième du même modèle, ainsi que d’autres coûtant respectivement 65 000 et 500 000 dollars. Ce qui fait un total de 22 millions de roubles (à l’époque 545 000 euros), alors que la dernière déclaration de revenus produite en 2012 par Vladimir Poutine indique la somme de 3,6 millions de roubles (108 000 euros pour l'année 2011).

 

Déclaration de revenus du candidat Poutine en 2012

Déclaration de revenus du candidat Poutine en 2012 © Solidarnost

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

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