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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 22:17

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

Le FMI admet qu'il n'existe pas de seuil critique de la dette publique

Le Monde.fr | 18.02.2014 à 13h13 | Par Marie Charrel

 
 
L'étude publiée par les experts du FMI a passé en revue près d'un siècle d'indicateurs économiques provenant de trente-quatre pays.

La croissance d'un pays ne ralentit pas automatiquement lorsque sa dette publique dépasse le seuil de 90 % du PIB. C'est la conclusion à laquelle parviennent Andrea Pescatori, Damiano Sandri et John Simon dans une étude qu'ils viennent de publier sur le sujet, et intitulée « Dette et croissance : y a-t-il un seuil magique ? » (« Debt and Growth: Is There a Magic Threshold? »).

Ces trois chercheurs du Fonds monétaire international (FMI) apportent ici une nouvelle pierre à la polémique qui a violemment agité le monde académique – et politique –à l'été 2013.

L'affaire remonte à 2010, lorsque deux pointures de Harvard, Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, publièrent un article assurant qu'un taux d'endettement public supérieur à 90 % du PIB entraîne systématiquement une baisse du taux de croissance. Et ce, quel que soit le niveau de développement du pays.

Leur démonstration eut une influence majeure sur la conception des plans d'ajustement mis en œuvre dans les pays du sud de l'Europe. Olli Rehn, le Commissaire européen aux Affaires économiques, cita ainsi à de nombreuses reprises l'article afin d'encourager les pays en difficulté dans la zone euro à prendre des mesures de rigueur.

Problème : une partie des équations des deux économistes était fausse ! En 2013, deux étudiants de l'université Amherst du Massachussetts ont ainsi identifié plusieurs erreurs grossières dans les formules de calculs Excel qu'ils ont utilisées.

De plus, les données de certains pays, la Nouvelle-Zélande, le Canada et l'Australie, ont été exclues sans motif justifiable du champ de leur enquête.

Lire également : Le désaveu de deux économistes américains met à mal les partisans de l’austérité (édition abonnés)

Face au tollé, M. Reinhart et M. Rogoff ont reconnu leurs erreurs, tout en maintenant que leur constat était toujours valable.

 

LA TRAJECTOIRE AUSSI DÉTERMINANTE QUE LE NIVEAU

La nouvelle étude publiée par les experts du FMI sonne donc comme un nouveau coup de semonce pour les deux stars de Harvard. Les auteurs y passent en revue près d'un siècle d'indicateurs économiques provenant de trente-quatre pays.

« Nous n'avons trouvé aucune preuve d'un seuil particulier d'endettement au-dessus duquel les perspectives de croissance à moyen terme seraient significativement compromises », attestent-ils. Selon eux, la trajectoire suivie par l'endettement public est aussi déterminante que son niveau absolu.

« Les pays ayant une dette publique élevée mais en voie de diminution affichent en effet des taux de croissance similaires à ceux de pays beaucoup moins endettés », commentent-ils.

Une conclusion plutôt encourageante pour la zone euro, qui a vu son endettement se réduire de 93,4 % à 92,7 % du PIB au troisième trimestre 2013, soit la première baisse enregistrée depuis 2007.

Les auteurs soulignent néanmoins qu'un niveau élevé de dette publique rend le PIB plus volatil, notamment à cause de la pression des marchés et des mesures d'austérité mises en place pour tenter de redresser les finances publiques.

Cette étude illustre une nouvelle fois les débats régnant au sein même du FMI sur la question de la dette et de l'austérité. En janvier 2013, son économiste en chef Olivier Blanchard avait ainsi admis que l'institution a sous-estimé l'impact récessif des mesures d'austérité mis en œuvre pendant la crise.

  • Marie Charrel
    Journaliste au Monde

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 18:17

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/yves-faucoup

 

Pourquoi la Bourse monte et le chômage aussi

On nous annonce depuis quelques jours un « frémissement » : la croissance pourrait être légèrement plus élevée que prévu, les start-up ont le vent en poupe (le patron des Pigeons fait même la bise à François Hollande), l’investissement repart, le commerce extérieur s’améliore, la consommation des ménages ne faiblit pas (1).

 

Pourtant, le chômage pointe à 3,3 millions de personnes, 5 millions en réalité si l’on compte toutes les catégories. La pauvreté est à un niveau très élevé, les minima sociaux sont versés à toujours plus de foyers.  Le commerce extérieur reste tout de même nettement déficitaire, l’industrie est en berne, depuis tant d’années. Et dans un tel contexte, qu’est-ce qu’elle fait la Bourse depuis de nombreux mois, sans attendre le « frémissement » ? Elle monte tranquillement, inexorablement. L’indice du CAC 40 a dépassé les 4300 points (soit 34 % de hausse depuis mai 2012). Bien sûr, tout peut arriver : une chute brutale. En août 2011, elle a perdu 19 % en deux semaines. La chute était générale : Le Monde du 10 août 2011 indiquait qu’« en deux semaines, près de 7000 milliards de dollars sont partis en fumée » sur les places boursières mondiales. 7000 milliards, 20 fois le budget annuel de l’Etat français dans un trou noir !

 

 Bourse_AFP.jpg

 [Photo AFP]


Chaque jour, les radios nous informent sur les cours, comme si les auditeurs étaient des boursicoteurs. Dans cette « loterie », il y a des gagnants, ceux qui savent y faire, et des perdants, en principe des petits épargnants, dont les économies peuvent « partir en fumée » du jour au lendemain. Les tendances « haussières » succèdent aux tendances « baissières », et vice versa. Les informations diffusées nous révèlent qu’un jour on attend le rapport d’un organisme américain, un autre jour on scrute la décision de je ne sais quel gouvernement. Soit la Bourse attend la publication d’« indicateurs macro-économiques » (des rapports zofficiels aux USA), d’où la baisse, à moins qu’il s’agisse de « consolidation » ou que les investisseurs « prennent leurs bénéfices » ou « reprennent leur souffle » suite à la hausse des jours précédents. Aucune mauvaise nouvelle, mais les boursicoteurs engrangent, c’est-à-dire spéculent. En toute impunité. Difficile de savoir, d’ailleurs,  comment le journaliste de la radio peut évaluer quelle est la vraie raison d’une montée, ou d’une baisse. Le 8 janvier, elle était stable : car on attendait la publication de l’état de l’emploi privé aux USA.

 

Fin novembre 2011, rumeur de récession en Europe. Les Français retirent leurs fonds placés sur des assurances-vie. Jacques Attali annonce qu’il y a une chance sur deux qu’à Noël l’euro s’effondre. Non seulement l’euro ne s’est pas effondré, mais Attali non plus. Et que fait la Bourse en un jour (le 28 novembre 2011) : elle monte de 5 %. Quant à l’oracle, il continue à discourir, personne ne lui rappelle son intelligente prédiction (qui avait d’ailleurs une chance sur deux de ne pas être fausse).

 

Capitalisme financier : ne pas investir, mais verser des pluies de dividendes

Selon les économistes, lorsque la bourse monte c’est que les investisseurs ont confiance pour 6 ou 9 mois (même si ce n’est pas ce qu’indiquent les prévisions économiques). Traditionnellement, lorsque le chômage progresse, la Bourse chute. Or depuis deux ans, ce n’est pas le cas. Si la Bourse monte, c’est que les entreprises distribuent plus que jamais des dividendes à leurs actionnaires (80 % de leurs bénéfices, au lieu de 30 % auparavant). Le capitalisme financier ne se préoccupe pas d’investir : sa priorité c’est de verser des pluies de dividendes, tout en se plaignant de la baisse des bénéfices des entreprises et tout en réclamant à cor et à cri une baisse des charges pour être « compétitifs ». Les grands groupes ont cessé d’investir dans la recherche : « c’est une faute grave », admet un responsable de la CGPME sur France inter le 28 janvier. Et c’est bien une des raisons du marasme actuel en France. Des économistes de droite le reconnaissent mais plaident pour que l’actionnaire soit rémunéré, ce qui ne serait que justice selon eux.

 

 Graphique_bourse_Tribune.jpg 

Graphique depuis 2011 [La Tribune]


Par ailleurs, quand la Bourse de Paris se porte bien, il faut savoir que cela profite à des investisseurs étrangers, qui possèdent la moitié du capital des 40 plus grosses entreprises, celles du CAC : les autres cotées en bourse sont au nombre de 600 mais ne représentent que 20 % du volume. Ainsi, en pleine crise, le CAC 40 remonte régulièrement. Si les raisons ne sont pas limpides cela vient aussi du fait qu’il y a, parfois, manipulation : des entreprises rachètent elles-mêmes des actions pour faire monter le cours.  Enfin, les grosses entreprises du CAC font des affaires à l’étranger et leurs bons résultats ne sont pas toujours liés à leurs performances sur le sol français. Pire, les difficultés des sous-traitants, petites entreprises françaises, alimentent souvent la bonne santé des grands groupes.

 

Un État stratège est un État qui peut soutenir une politique de l’offre mais sans se désengager. Bien au contraire. Son rôle est de jouer à fond la carte d’une politique publique d’investissement, en particulier dans la transition écologique, ce que le marché ne sait pas faire. Bien sûr, les prétendus « experts » ultra-libéraux hurleront, parce qu’ils sont là pour servir le capitalisme financier, à rentabilité immédiate, mais les vraies entreprises ne peuvent qu’y gagner, et, avec elles, tous les salariés et ceux qui espèrent le devenir.

 

Copie_de_DSCN5750.JPG 

[Photo YF]

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(1)   Le Monde a titré, le 15 février, « La reprise, c’est (peut-être) maintenant ». Quelques indices étaient perceptibles déjà au milieu de l’année dernière avec une croissance, par exemple, au deuxième trimestre, à 0,6 % (ce qui n’était pas prévu). J’avais publié un billet ici le 30 août dernier : « François Hollande va gagner son pari de la reprise… à quel prix ? »

http://blogs.mediapart.fr/blog/yves-faucoup/300813/francois-hollande-va-gagner-son-pari-de-la-reprise-quel-prix

 

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Source : blogs.mediapart.fr/blog/yves-faucoup

 

 


 

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 18:05

 

 

Source : www.slate.fr

 

 

Publié le 18/02/2014
Mis à jour le 18/02/2014 à 12h30

 

L'union des prolétaires de tous les pays, c'est pour bientôt

 

 

A mesure que la technologie et le commerce nivellent les terrains de jeu et rapprochent les êtres humains, les 3,5 milliards de travailleurs prévus vont peut-être finir par comprendre à quel point ils ont plus de choses en commun les uns avec les autres qu’avec les élites ultra-riches de leurs pays respectifs.

 

 

Dans une petite ville de la province du Henan, en Chine, en 2012. REUTERS/Jason Lee

- Dans une petite ville de la province du Henan, en Chine, en 2012. REUTERS/Jason Lee -

 

«Travailleurs de tous les pays, unissez-vous.» Telle est l’inscription qui orne la tombe de Karl Marx au cimetière londonien de Highgate. Comme tout le monde le sait, ce n’est pas ce qui s’est passé. Le mouvement des Indignés a beau avoir fait beaucoup de bruit durant quelques mois, le silence qui règne autour est aujourd’hui assourdissant. Et il est rare d’entendre parler d’ouvriers de Detroit faisant cause commune avec leurs homologues chinois de Dalian contre le grand patronat.

A vrai dire, les sociétés multinationales ayant réduit à peau de chagrin le pouvoir de négociation de leurs employés, les ouvriers des pays riches comptent désormais parmi les moins enclins à aider leurs camarades des pays pauvres. Toutefois, il existe une école de pensée (et non, il ne s’agit pas uniquement de quelques vieux universitaires trotskystes) qui prévoit le retour d’une certaine forme de politique de classes à l’échelle mondiale.

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Si tel est le cas, les élites mondiales peuvent commencer à trembler. Certes, cela peut sembler moins effrayant que l’appel aux armes d’origine, mais une nouvelle menace pourrait bientôt peser sur les «1%» du monde: l’activisme de classe moyenne.

Karl Marx voyait une logique apocalyptique dans la lutte des classes. La lutte des masses populaires contre une petite ploutocratie devait aboutir à une conclusion inévitable: Travailleurs 1, Riches 0. Marx affirmait que l’impulsion révolutionnaire prolétarienne était fondamentalement mondiale –que les classes ouvrières s’uniraient au-delà des frontières et des océans, car elles partageaient la même expérience de la pauvreté et de l’inhumanité du travail en usine.

A l’époque où Marx écrivait, l’idée selon laquelle les pauvres étaient plus ou moins les mêmes d’un pays à l’autre (ou du moins qu’ils allient bientôt le devenir) semblait parfaitement raisonnable. D’après Branko Milanovic, économiste à la Banque mondiale, lorsque le manifeste communiste fut écrit en 1848, la plupart des inégalités de revenus au niveau mondial étaient dues à des différences de classes à l’intérieur des pays. Même si certains pays étaient clairement plus riches que d’autres, le revenu faisant qu’un homme était riche ou pauvre en Angleterre était à peu près équivalent en France, aux États-Unis et même en Argentine.

«Divergence, big time»

Mais durant le siècle suivant, à mesure que la Révolution industrielle s’accentuait, cette parité a radicalement changé –l’une des raisons pour laquelle la prévision marxiste d’une révolution prolétarienne mondiale s’est avérée si erronée. Quelques années seulement après la publication du manifeste communiste, les salaires des ouvriers britanniques ont commencé à grimper. La tendance s’est propagée au reste de l’Europe et à l’Amérique du Nord.

Le monde est alors entré dans une période de ce que l’économiste de Harvard Lant Pritchett a élégamment qualifié de «divergence, big time» («différenciation avec un grand D»). La base de données de statistiques historiques du Maddison Project indique que le PIB par habitant en 1870 (en dollars de 1990, ajustés par rapport au pouvoir d’achat) était d’environ 3.190 dollars en Grande-Bretagne et que le PIB moyen par habitant en Afrique était de 648 dollars. Si l’on reprend les mêmes chiffres aujourd’hui, le PIB moyen par habitant en Grande-Bretagne en 2010 était de 23.777 $, contre 2.034 $ en Afrique. Il y a 140 ans, la richesse d’un Africain représentait en moyenne un cinquième de celle d’un Britannique; aujourd’hui, elle en représente moins d’un dixième.

A l’heure où de nombreuses personnes s’énervent contre les salaires mirobolants des PDG et les bonus des fonds de pension, on oublie souvent un fait: lorsque l’Occident est entré dans une phase de croissance soutenue, les écarts de revenus entre les pays ont commencé à réduire ceux existant à l’intérieur des pays.

Cela veut dire qu’une intérimaire de l’Est londonien peut encore avoir du mal à joindre les deux bouts, mais téléportez-la au Lagos et elle vivra comme une reine. La prochaine fois que vous aurez envie de pleurer sur le fait que vous ne touchiez aucun bonus en fin d’année, pensez à cela: Milanovic estime que le revenu moyen des 5% les plus riches en Inde est à peu près le même que celui des 5% les plus pauvres aux États-Unis.

Comme les banques et les multinationales, la richesse et la pauvreté sont aujourd’hui mondialisées. Les employés municipaux les plus pauvres en Europe et aux États-Unis sont bien plus riches que leurs collègues des pays en voie de développement (même en tenant compte du pouvoir d’achat) et ils sont presque infiniment plus riches que la majorité des habitants de ces pays, qui survivent uniquement grâce aux maigres revenus de petites fermes ou microentreprises.

Désolé, Karl: c’est parce que les pauvres en Europe et aux États-Unis ont des revenus qui les classeraient parmi les riches en Afrique et en Asie du Sud que tous les travailleurs du monde ne se sont pas encore unis. En 1920, le deuxième congrès de l’Internationale communiste avait condamné «l’infâme trahison» de nombreux socialistes européens et américains «chauvins» qui avaient, selon elle, durant la Première Guerre mondiale, «qualifié du nom de “défense nationale” la défense desdroitsde “sa bourgeoisie” à l’asservissement des colonies».

L’assemblée des représentants avait alors conclu que les préjugés ainsi générés ne pouvaient «disparaître qu’après la disparition du capitalisme dans les pays avancés et après la transformation radicale de la vie économique des pays arriérés».

Les inégalités entre les pays vont se réduire

Pourtant, tout cela pourrait bientôt changer. La mondialisation a beau avoir été le mot d’ordre des années 1990, elle a toujours cours. A mesure que les marchés mondiaux interconnectés deviennent de plus en plus interconnectés, les revenus moyens convergent. Ces dix dernières années, les pays en développement ont connu une croissance bien plus rapide que les pays riches, réduisant l’écart entre les revenus moyens.

L’économiste Arvind Subramanian estime que la Chine sera en 2030 à peu près aussi riche que toute l’Union européenne aujourd’hui et que le Brésil ne sera pas loin derrière, avec un PIB par habitant d’environ 31.000 $. L’Indonésie, selon lui, aura un PIB par habitant de 23.000 $, soit l’équivalent de celui de la Corée du Sud aujourd’hui.

Pour dire les choses simplement, cela veut dire qu’en l’espace d’une génération à peine, une bonne partie du monde sera rapidement devenue riche, ou au moins de classe moyenne. D’après les prédictions que j’ai élaborées avec Sarah Dykstra, ma collègue du Center for Global Development (Centre pour le développement mondial), 16% environ de la population mondiale vit dans des pays assez riches pour être classés «à hauts revenus» par la Banque mondiale.

Si les taux de croissance continuent sur leur lancée de ces dix dernières années, 41% de la population mondiale se retrouvera dans la catégorie des «hauts revenus» d’ici 2030. En bref, si les pays en développement gardent une croissance semblable à celle qu’ils ont connue récemment, les inégalités entre les pays vont se réduire (et les inégalités à l’intérieur des pays vont redevenir la principale source mondiale d’inégalités).

Cela veut-il dire que Marx avait raison, mais qu’il était juste en avance de quelques siècles par rapport à son époque? Pas vraiment.

La réalité est que cette nouvelle classe moyenne aura un niveau de vie qui aurait fait rêver les classes ouvrières de l’époque victorienne. Ils travailleront dans des ateliers et des bureaux avec éclairage aux LED, et non dans des usines sombres et infernales. Ils auront aussi une espérance de vie plus longue de 40 ans par rapport à la moyenne de 1848. Mais feront-ils pour autant cause commune avec les autres travailleurs des pays lointains?

Peut-être, mais pas parce que la seule solution est de monter aux barricades. Marx avait prévu que la classe ouvrière mondiale s’unirait dans la révolte parce que les revenus seraient partout maintenus au minimum vital. Mais avec l’augmentation et le nivellement des revenus autour du monde, le fléau habituel du prolétariat (travail difficile, maigres revenus) correspond aujourd’hui à des tâches plus faciles et mieux payées.

Attention les riches, les travailleurs vont faire pression

Et, rien qu’en Chine, cela sort des centaines de millions de personnes de la pauvreté. Pour le dire clairement, les révolutions communistes de la première moitié du XXe siècle se sont avérées bien, bien pires pour le niveau de vie que les marchés bien régulés des cinquante années suivantes.

Mais que Warren Buffett ne se rassure pas trop vite. A vrai dire, c’est exactement parce que les riches et les pauvres vont paraître très semblables au Lagos et à Londres qu’il est plus probable de voir les travailleurs du monde s’unir en 2030. A mesure que la technologie et le commerce nivellent les terrains de jeu et rapprochent les êtres humains, les 3,5 milliards de travailleurs prévus vont peut-être finir par comprendre à quel point ils ont plus de choses en commun les uns avec les autres qu’avec les élites ultra-riches de leurs pays respectifs.

Ils vont pousser leurs gouvernements à collaborer, afin de s’assurer que leur sueur et leur sang n’iront pas enrichir une petite élite capitaliste mondiale. Ils vont s’arranger pour fermer les paradis fiscaux où les ploutocrates du monde vont cacher leurs fortunes et ils vont défendre des traités destinés à prévenir un «nivellement par le bas» du droit du travail et des taux d’imposition destinés à attirer les sociétés.

Ils feront pression pour s’assurer que les plus riches ne soient pas les seuls à profiter de la mondialisation – en luttant pour accéder à la libre circulation de la main d’œuvre pour tous, non pas uniquement à l’intérieur des pays, mais entre eux. Certes, ce n’est pas vraiment la révolution prolétarienne. Mais la classe moyenne n’a jamais donné les révolutionnaires les plus ardents. Juste les plus efficaces. La prochaine décennie ne verra pas tant les politiques s’attaquer à la pauvreté et à la ploutocratie que la classe moyenne reprendre son dû. Cela aurait tout de même de quoi faire sourire le fantôme de Marx.

Charles Kenny

Traduit par Yann Champion

 

Source : www.slate.fr

 


 

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 18:00

 

 

Source : www.mediapart.fr

Au Maroc, le sit-in des habitants d'Imider contre l'exploitation de la mine

|  Par Ilhem Rachidi

 

 


Depuis deux ans et demi, les habitants de la commune d’Imider, au sud-est du Maroc, observent un sit-in permanent contre l’exploitation d’une mine d’argent appartenant au holding de la famille royale. Aujourd'hui mardi, deux jeunes militants, arrêtés dans des circonstances obscures fin décembre, ont été condamnés à 10 et 18 mois de prison ferme. Correspondance du Maroc.


 Maroc, correspondance

Depuis deux ans et demi, les habitants d’Imider, au sud-est du Maroc, observent un sit-in permanent contre l’exploitation d’une mine d’argent, située à deux kilomètres de la commune, par la Société métallurgique d’Imider (SMI), une filiale du groupe minier Managem, du holding royal SNI. À 1 400 m d’altitude, au sommet du mont Alebban dans le Haut-Atlas, ils se relaient pour surveiller la vanne qu’ils ont fermée le 23 août 2011 pour couper l’alimentation en eau du principal forage vers la mine, après avoir constaté une baisse considérable du débit en eau dans les villages. Depuis, les niveaux d’eau sont remontés, d'après les habitants.

 

En août 2013, à Imider 
En août 2013, à Imider

Les habitants accusent la société métallurgique de pomper leurs réserves d’eau et de polluer la nappe phréatique. Ils estiment aussi que leur commune doit bénéficier de ses ressources naturelles et que la SMI doit employer davantage de population locale dans la mine. Cette mine est le septième producteur mondial d’argent. Son chiffre d’affaires, en hausse l’année dernière, s’élevait en 2011 à 75 millions d’euros et ses bénéfices à 32 millions d’euros.

En face, la population locale vit dans la pauvreté, dans une région où les infrastructures sont quasi inexistantes, l’État y étant totalement absent. Les dirigeants de la SMI soutiennent ne pas être responsables de cette situation et qu’au contraire, ils compensent autant que possible ce retard de développement de la commune (fournitures et transport scolaire, médecin pour le dispensaire, systèmes d'irrigation).

Mais les militants du mouvement n’en démordent pas. Ils continent à s’opposer non seulement à la SMI, mais aussi à une politique d’État qui, d'après eux, a laissé cette région à l’abandon. Depuis le début de ce mouvement, troisième du genre, baptisé le Mouvement sur la voie de 96 – en référence à un mouvement de 48 jours dispersé par la force en 1996 –, plus d’une douzaine de militants ont été incarcérés. Le plus connu, Mustapha Ouchtoubane, qui travaillait dans une des usines sous-traitantes de la SMI, a été arrêté le 5 octobre 2011 puis condamné à quatre ans de prison pour vol : 18 g d’argent avaient été retrouvés dans son véhicule de fonction. Mardi 13 février, Ichou Hamdane et Hamid Berka, arrêtés dans des circonstances obscures fin décembre, ont été condamnés à 10 et 18 mois de prison ferme pour « coups et blessures ». 

 

Hamid Berka et Mustupha Ouchtoubane 
Hamid Berka et Mustupha Ouchtoubane © DR

Brahim Udawd a rejoint ce qui deviendra un mouvement de contestation unique dès août 2011, alors que son village natal est en proie aux manifestations. À 27 ans, cet aide-mécanicien, qui n’a aucune expérience militante, décide de se consacrer pleinement à la lutte pour les droits économiques et sociaux des habitants d’une région pourtant riche en ressources naturelles. Pour lui, ces « procès fabriqués », ces arrestations et les pressions des autorités pour mettre un terme au sit-in n’ont pas affaibli la mobilisation des habitants, déterminés à arracher leurs droits malgré l’échec des négociations avec la SMI. 

Cela fait maintenant plus de deux ans et demi que vous observez un sit-in permanent au mont Alebban. Comment cela a-t-il commencé ?


1er août 2011. Sur les bidons, des slogans font référence à la pénurie d'eau potable. 
1er août 2011. Sur les bidons, des slogans font référence à la pénurie d'eau potable. © DR

Le mouvement a commencé à la fin de la période de travail saisonnier. Seule la moitié des étudiants (35 sur 70) a été recrutée. À chaque fin de saison, les élus promettent pourtant des postes chez les sous-traitants mais ils embauchent uniquement leurs proches. Les étudiants, ignorés par les responsables de la commune rurale, ont décidé de protester pour attirer l'attention sur leur problème. Après l’absence de réaction des responsables de la commune à une première manifestation, une marche a eu lieu le 1er août 2011. Les chômeurs se sont rendus au siège de la commune dans la matinée pour faire pression. Les femmes, de leur côté, ont préparé des bidons sur lesquels étaient inscrits des slogans faisant référence à la pénurie d'eau potable dans les villages depuis le printemps. On a organisé des manifestations de sensibilisation dans tous les villages alentour pour faire comprendre aux gens ce que nous revendiquons. Et le mouvement a commencé à prendre de l’ampleur.

Comment êtes-vous passés de ces manifestations au sit-in permanent ?

Les femmes, les vieux et même les enfants ont rejoint le mouvement. Ce n'était plus uniquement les étudiants et les chômeurs qui protestaient. On a tenu un sit-in devant le siège de la commune pendant dix-neuf jours, avec des marches vers la mine et tous les villages. Le 19 août 2011, pour réagir au silence des responsables locaux et provinciaux, la population a décidé au terme d'une discussion collective de porter la lutte à un autre niveau : c'était la naissance du sit-in permanent au sommet d'Alebban.

Dans la commune, qui participe à ce sit-in permanent ? Comment vous organisez-vous ?

La majorité de la population de la commune participe au sit-in pendant la journée. Le soir, les femmes, les vieux et les enfants rentrent dans leurs villages et les jeunes restent la nuit pour surveiller la vanne. Nous avons construit des cabanes en terre, en pierre, sur le mont Alebban pour nous protéger des conditions climatiques difficiles. La nuit, un service de sécurité surveille. Comme le sit-in se maintient depuis longtemps maintenant, nous ne pouvons pas tous être présents sur le mont. Il y a un membre de chaque famille qui est là. Moi, je reste à Alebban 14 jours sur 15. Je suis célibataire, je vis chez ma mère et j'y retourne une fois tous les 15 jours. Ma mère aussi vient 6 jours sur 7 à Alebban.

Pourquoi avez-vous décidé de vous impliquer dans ce mouvement ?


Brahim Udawd 
Brahim Udawd © RI

Avant la reprise de la lutte Occupy Imider (la région a connu d’autres mouvements, en 1996, notamment - ndlr), je travaillais comme aide-mécanicien dans un garage à Boumalne Dadès. Mais après avoir appris ce qui se passait dans mon village natal, je n'ai pas hésité à rejoindre le mouvement le 3 août 2011. J’ai laissé tomber mon travail – qui ne répondait pas non plus à mes qualifications, car j’ai un diplôme de technicien. La commune doit en passer par ce genre de manifestations. Les habitants souffrent. Ce jour-là, nous avons constitué le comité d'organisation et le comité de dialogue. Je me suis présenté avec mes amis devant les gens dans l'Agraw (l’assemblée générale). Ce mouvement est important pour moi car les responsables politiques et industriels, à travers une politique systématique de discrimination et de marginalisation, ont retardé le développement de cette commune, qui est l'une des plus anciennes. Je veux que cela s'arrête et que l'on corrige toutes ces erreurs commises dans cette région.

Le sit-in a lieu depuis plus de deux ans et demi. La mobilisation a-t-elle baissé ?

Nous sommes toujours en sit-in, et malgré les arrestations, la désinformation et le black-out médiatique, nous résistons. Nous maintenons en permanence la surveillance sur le mot Alebban et nous organisons des marches avec le même nombre de personnes qu'au début.

Quelle a été la réaction des autorités lorsque vous vous êtes installés au mont Alebban ? Ont-elles tenté de vous déloger ?

Des représentants des autorités viennent souvent sur le mont. En septembre 2011, la SMI a déposé une plainte contre les membres du comité de dialogue qu’elle accuse d'entraver son travail par la fermeture de la vanne. On a reçu des convocations mais on ne s'est pas rendus au poste de la gendarmerie de Tinghir. Du coup, le 20 septembre 2011, quatre jeunes et moi avons été arrêtés puis libérés le jour même, après une marche gigantesque. En novembre, les autorités ont essayé de disperser une assemblée générale en faisant survoler le mont par un hélicoptère.

Depuis le début du sit-in qu’avez-vous obtenu ? Où en est le dialogue avec la SMI ?


 

On a eu 16 rounds de dialogue mais, visiblement, il y a un manque de responsabilité et de sérieux de la part des représentants de la mine et une claire absence de neutralité du gouverneur, qui est en faveur de la SMI. Ils ne veulent pas réellement résoudre le problème. La situation à Imider est le résultat d'une politique d’État visant à dépouiller l'être humain de sa dignité. La SMI, quant à elle, mène une guerre chimique contre la population, à travers la pollution de l'air avec des produits hautement toxiques (cyanure, mercure) et l’assèchement des nappes phréatiques d'une commune rurale déjà connue pour son climat aride.

Les responsables de la SMI affirment que des études environnementales ont démontré qu’il n’y a aucun danger résultant directement de l’exploitation de la mine. Ils disent aussi que la SMI n’est pas responsable de la baisse du débit d’eau et qu’il n’y a aucun lien entre la nappe qui alimente la mine et les réseaux d’irrigation utilisés par les habitants.

Ce n'est pas crédible. Dans un pays comme le nôtre, tout se marchande. Je vis près de l'usine, je vois des fumées multicolores chaque matin. L'usine est entourée de montagnes de déchets. Des métaux lourds sont aussi utilisés pour le traitement de l'argent. Les surfaces irriguées ont dangereusement chuté. Les vents emportent toutes sortes de substances toxiques en direction des terres agricoles. Ajoutons à cela l'infiltration d’une quantité considérable d'eau polluée dans les nappes souterraines en l'absence d'une gestion stricte de ces déchets dangereux.

Pour la SMI, vos revendications en termes d’emploi sont irréalisables. 

Premièrement, concernant l’emploi chez les sous-traitants, ce n'est pas nous qui disons cela mais le cahier des charges des sous-traitants qui octroie la priorité à la population locale. Concernant l'embauche dans la société mère, la population locale, ce sont les sept villages d’Imider. Actuellement, 14 % de la main-d’œuvre affectée à la mine vient de la commune d'Imider. Le reste, de partout au Maroc. Nous demandons que 75 % des postes de travail à venir à la SMI soient accordés à la population locale. La SMI est d’accord uniquement pour 20 %. Les dernières négociations ont eu lieu le 22 novembre 2013 mais il n'y a pas de progrès.

Avez-vous des revendications politiques ? 

Notre mouvement sest constitué pour défendre des droits socio-économiques. C’est un mouvement apolitique, indépendant de toute institution politique. Il a comme référence la loi nationale et internationale.

Ci-dessous, les manifestations au fil des mois


Source : www.mediapart.fr

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 17:40

 

Source : www.agoravox.fr

 

par PRCF (son site) lundi 17 février 2014   
 
Le scandale de la privatisation des routes nationales et de la liquidation du ministère de l’Equipement et de l’Environnement

 

 

 

Dans l'indiférence médiatique, les syndicats du MEDDE (ex ministère de l'Equipement) dénonce une nouvelle phase de privatisation des routes. Ce bien commun de la Nation
Car après la privatisation des autoroutes, après la décentralisation qui a vu le transfert de la plupart des routes aux conseils généraux suivi d'une externalisation massive vers le privé de leur exploitation, Hollande et son gouvernement de droite pousse les feux de la privatisation des routes nationales restante.

Remplir les poches d'actionnaires dont la richesse a explosé avec la crise en faisant celle des travailleurs du publics et du privé, brader le bien public de la Nation, le tout pour répondre aux injonctions de libéralisation de l'UE et du MEDEF voilà la politique de Sarkollande, ces serviteurs ce l'oligarchie capitaliste.

 



Nous avions eu l’occasion par le passé, par exemple au moment du limogeage de D Batho de revenir sur la liquidation en cours du service public de l’aménagement du territoire, des ministères de l’équipement et de l’environnement :

Sous la pression de la Commission européenne – garde-chiourme de l’oligarchie capitaliste – le gouvernement Ayrault n’a eu d’autre « choix » que de monter un budget encore plus austéritaire.
Et de pousser les feux de la libéralisation et de la privatisation rampantes voulues par l’Union Européenne, avec par exemple le paquet ferroviaire visant la SNCF ou encore la libéralisation des barrages hydroélectriques.

C’est donc une baisse de 7% des crédits du MEDDE qui est prévue par le prochain budget. Il est également prévu de supprimer encore près de 1100 emplois au MEDDE, ce qui fait suite aux suppressions massives sous Sarkozy (rappelons que ce ministère d’externalisation en suppressions d’emploi a vu ses effectifs passer de 95 000 agents à 60 000 entre 2007 et 2012, qui dit pire ?).

Bref, Delphine Batho (PS) qui, sans doute échaudée par le sort de son éphémère prédécesseuse Nicole Bricq (évincée après quelques semaines pour avoir oser émettre un bémol sur les permis d’exploitation d’hydrocarbures en Guyanne) était restée plus que discrète, ne pouvait faire moins que sa timide et très tiède protestation (c’est bien la même qui déclarait il y a peu que son ministère devait prendre sa part de l’austérité !) face à la poursuite de la destruction de son ministère en charge de l’aménagement et de l’équipement du territoire. Rappelons que le MEDDE, c’est le ministère qui s’occupe des grandes infrastructures du pays (routes nationales, aviation civile, voies navigables) et du transport mais c’est aussi la prévention des risques, l’énergie, la sûreté nucléaire, le contrôle des installations classées et bien sûr l’environnement ainsi que des services publics tels que Météo-France, l’IGN, l’INERIS ou le BRGM.

De façon symptômatique, derrière ces baisses de crédits et ce énieme plan social qui ne dit pas son nom dans une administration dont les réorganisations incessantes ont des effets aussi terribles que ceux dénoncées chez France-Télécom, c’est par exemple concrètement un nouveau plan de désengagement des routes nationales après la décentralisation de 2003 qui est à envisager. Avec l’idée d’augmenter encore la part de réseau confiée à des exploitants privés (les sociétés d’autoroutes tenues par Bouygues, Vinci et Eiffage par exemple ; rétribués par la prolongation de leur concession, ou la mise en œuvre de péages urbains). Et l’externalisation massive des missions abandonnées au marché privé pour des coûts et des prix pourtant plus élevés (maitrise d’œuvre publique par exemple). Rappelons que c’est pour respecter les directives européennes sur la concurrence que depuis les années 2000 le ministère de l’équipement s’est massivement désengagé de l’ingénierie pour les collectivités territoriales. Il s’agissait pourtant là d’un levier puissant pour porter des politiques d’aménagement écologique du territoire, de sobriété énergétique, etc.

Dans le même temps, au ministère du logement, Cécile Duflot (EELV) vient d’annoncer sans aucune concertation et sans le moindre débat parlementaire la fin des missions d’ingénierie publique auprès des petites communes (ATESAT), dernier résidu d’une ingénierie publique permettant jusqu’à il y a peu aux collectivités publiques d’accéder à une maîtrise d’œuvre de qualité peu chère et indépendante des intérêts privés. Devant les protestations des maires de France, F. Hollande avait pourtant indiqué qu’il n’irait pas plus loin dans le jeu de massacre et qu’il n’abandonnerait pas les petites communes. Mais C. Duflot annonce aussi la décision d’arrêter l’instruction des permis de construire pour les petites collectivités (faisant fi là aussi de l’efficacité d’un service mutualisé et surtout indépendant des pouvoirs politiques locaux). Au total, c’est rien moins que 4000 emplois qui seront aussi supprimés d’ici 2015 dans les DDT (ex-DDE).

Implicitement, Batho en critiquant ce budget fait la démonstration que mener une politique de gauche – fût-elle aussi tiède et insipide que celle qu’elle propose – est absolument impossible si l’on ne brise pas les fers de cette UE capitaliste qui de par sa nature ne sert que les intérêts des marchés financiers, lançant razzia sur razzia sur les services et entreprises publics, démolissant les conquêtes sociales pour remplir les poches de l’oligarchie capitaliste.
Défendre de manière conséquente le progrès social, le maillage infrastructurel du territoire national et les acquis des travailleurs, ne peut donc se faire qu’en sortant de l’UE et de l’Euro par la gauche.

La casse de l’Equipement, le plus ancien service public d’Etat (on se souvient qu’à l’issue des guerres de Religion, pour remailler le territoire national en loques, Henri IV avait nommé Sully « Grand Voyer de France »), en dit long sur l’euro-destruction de notre pays. Résister à la casse de l’Equipement est plus que jamais un devoir central de la nouvelle résistance populaire et patriotique.

Sur le sujet, nous ne devons pas non plus méconnaitre la privatisation rampante des routes à travers le scandale d’Ecomouv’ (écomouv ou le symbole de la privatisation de l’Etat) et de l’Ecotaxe.

Oui les routes et autoroutes biens communs de la Nation doivent être renationalisées. Il faut revenir sur le démantèlement et la vente à la découpe du service public de l’aménagement du territoire, indispensable pour le développement juste et respectueux de l’environnement de notre pays.

Article à lire sur www.initiative-communiste.fr site web du PRCF
source : http://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/non-la-privatisation-des-routes-nationales/

                                                                                                                                                                                                                       Source : www.agoravox.fr

 

 

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 16:16

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/attac-france

 

24h pour sauver la taxe sur les transactions financières en Europe

A la veille d’une échéance cruciale, Attac participe à une vaste mobilisation pour que le gouvernement français cesse de saper le projet de taxe européenne sur les transactions financières.

(NB : vous pouvez envoyer la lettre ouverte à François Hollande en suivant ce lien)


 

Le 19 février prochain, la France et l’Allemagne doivent annoncer leur position commune sur le projet européen de taxe sur les transactions financières (TTF) proposé par la Commission.

Ce projet, sous la forme d’une coopération renforcée entre 11 États membres de l’Union européenne, représenterait une avancée importante pour réduire la spéculation financière et dégager des ressources publiques non négligeables.

D’après les chiffres fournis par la Commission, avec un taux de 0,1 % sur les actions et obligations et de 0,01 % sur l’ensemble des produits dérivés, cette taxe pourrait rapporter 36 milliards d’euros par an.

La proposition de TTF européenne est soutenue par l’Allemagne, mais plusieurs signaux indiquent que le gouvernement français, sous la pression des banques et lobbies financiers, cherche à affaiblir la portée de cette proposition.

Des fuites ont révélé que les négociateurs français s’opposent ainsi à l’inclusion de l’ensemble des dérivés dans l’assiette de la taxe. Pierre Moscovici a par exemple lui-même publiquement déclaré que le projet de TTF européenne était « excessif ». En fait, Bercy souhaite prendre pour modèle la prétendue « TTF » française, qui n’est qu’un simple impôt de bourse ré-introduit en 2011 sous la présidence de N. Sarkozy.

  • L’Elysée à l’écoute des banques et non des citoyens européens ?

Devant la menace de voir la France tirer vers le bas le projet de TTF européenne, 305 associations, ONG et syndicats européens ont signé une lettre ouverte à François Hollande pour l’enjoindre de ne pas céder au lobby des banques et de mettre en œuvre une véritable taxe sur les transactions financières.

En France, cette lettre a été relayée depuis trois jours par plus de 12 000 personnes qui l’ont envoyée en leur nom à François Hollande. Pourtant, à cette heure, ni Attac France ni aucun des signataires n’a reçu de réponse, même symbolique, de la part de l’Élysée.

François Hollande qui déclarait « mon véritable adversaire, c’est la finance » aurait-il oublié ses promesses de campagne en faveur d’une TTF « large » ?

À défaut de répondre à l’inquiétude des citoyens européens, il rencontre aujourd’hui grandes banques, entreprises multinationales et investisseurs internationaux pour leur promettre des aménagements aux petits soins, notamment fiscaux, afin d’attirer les investissements étrangers...

  • Ils ont dit...

Dans la perspective du sommet franco-allemand du 19 février, des organisations citoyennes allemandes et françaises (Attac, Oxfam, Weed), ainsi que la Confédération européenne des syndicats, ont organisé le 12 février dernier une conférence de presse au Parlement européen à Bruxelles afin d’interpeller les euro-députés du Parti socialiste européen (PSE), des Verts et de la Gauche unitaire européenne (GUE).

Les participants ont déploré l’offensive virulente des lobbies bancaires et financiers contre le projet de TTF européenne. Ils ont soutenu le projet de la Commission et fait part de leurs inquiétudes face aux critiques injustifiées de la directive par les autorités françaises.

- Dominique Pilhon (Porte-parole d’Attac France) :
« Les banques se mobilisent contre la taxe sur les transactions financières, car elle luttera efficacement contre la spéculation et leur enlèvera une partie de leur activité. »

- Isabelle Thomas (Députée européenne, tête de liste PS dans l’Ouest aux élections européennes) :
« Il y a eu des engagements pris, nous devons les appliquer. » (référence à la campagne du PSE pour une taxe de 0,05 % sur l’ensemble des transactions financières)

- Marie-Christine Vergiat (Députée européenne de la Gauche unitaire européenne) :
« Les États sont à la manœuvre pour détricoter la proposition de la Commission européenne, aussi minime soit-elle »

- Bernadette Ségol (Secrétaire générale de la Confédération européenne des Syndicats) :
« La taxe sur les transactions financières est un des leviers pour relancer la croissance. »

- Udo Bullmann (Député européen, membre du Parti social-démocrate allemand) :
« Nous ne pouvons fermer les yeux sur les dérives de la finance. Il nous faut la taxe sur les transactions financières. »

Dans une réponse écrite à Attac, les têtes de liste Europe-Ecologie - Les Verts pour les élections européennes ont affirmé : « Inlassablement, publiquement, concrètement, nous avons soutenu sans réserve la proposition de la Commission [...]. François Hollande et Angela Merkel doivent donc définitivement s’engager à adopter la proposition de la Commission européenne dans les plus brefs délais. »

La mobilisation européenne pour une véritable TTF en Europe ne cesse de grandir. François Hollande doit répondre aux exigences citoyennes et cesser de jouer la partition du lobby des banques !

Informations complémentaires
- Note Attac France — Taxe Tobin européenne : pourquoi veulent-ils la saboter ?
- Lettre ouverte — M. Hollande, ne cédez pas à la finance !

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/attac-france

 


 

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 16:03

 

 

Source : www.confederationpaysanne.fr

 

COMMUNIQUE DE PRESSE 

OGM : le Sénat vote contre l’opinion publique

18.02.2014

 


Le gouvernement, par l'intermédiaire du sénateur Fauconnier, a eu le courage de proposer une loi légitime pour bousculer une réglementation européenne totalement illégitime et déconsidérée aux yeux de tous. Hier soir, le Sénat s'est réfugié derrière des arguties de procédure juridique pour la rejeter. Il a donc, à une courte majorité, choisi de justifier :

  • des OGM dont la population ne veut pas ;
  • une réglementation européenne qui oblige la Commission européenne à autoriser des OGM contre l'avis du Parlement et de la grande majorité des États européens ;
  • des autorisations d'OGM fondées sur la "science" des seules multinationales semencières qui choisissent et dictent les résultats scientifiques.

Certes, cette loi n'aurait pas pu être validée par l'Europe sans un changement profond de ses propres réglementations. C'est justement cette remise en cause que le Sénat n'a pas eu le courage d'assumer !
Il reste aujourd'hui au gouvernement français la charge d'appliquer l'article 2 de la loi OGM de 2008 qui ne permet la culture d'OGM que dans le respect des cultures sans OGM. Aucun maïs OGM ne peut aujourd'hui être cultivé en France sans remettre en cause les productions de miel ou de maïs et de semences de maïs populations "sans OGM". L'Europe n'a jamais contesté cette loi et le Sénat ne pourra pas refuser son application. La Confédération paysanne n'acceptera pas que des OGM soient cultivés.


Contacts :
Guy KASTLER - Commission semences - tél: 06 03 94 57 21
Laurent PINATEL - Porte-parole de la Confédération paysanne - tél: 06 80 58 97 22
Elina BOUCHET - Chargée de communication - tél: 06.95.29.80.78

 


                                                                                                                                                                                                                          Source : www.confederationpaysanne.fr

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 15:48

 

Source : www.bastamag.net

 

 

Rénovation urbaine

Quartiers populaires : des habitants mobilisés contre les briseurs de rêves

par Cécile Canpolat, David Gabriel 18 février 2014

 

 

 

 

 

Les habitants du quartier de la Villeneuve à Grenoble se rebiffent. La diffusion fin septembre d’un reportage de France 2 « La Villeneuve, un rêve brisé » a suscité émoi et colère dans la population. Des réactions d’autant plus fortes que depuis de longs mois une mobilisation locale se fait jour pour proposer un projet social et urbain pour le quartier. Loin des clichés d’un quartier dévasté, les habitants se veulent force de propositions, sur l’habitat, l’éducation, la culture.

Le reportage diffusé par « Envoyé spécial » sur France 2, le 26 septembre dernier, sur le quartier de La Villeneuve, à Grenoble, a réellement de quoi faire peur. Comme l’indique d’emblée la journaliste, cette cité modèle construite au début des années 1970 serait aujourd’hui « synonyme de ghetto », « une forteresse qui rend difficile l’intervention de la police ». Chiffres des voitures brûlées, trafic d’armes et de stupéfiants, familles recluses, habitants qui refusent de témoigner… Rien n’est épargné au sensationnalisme. Certes, ce quartier populaire de Grenoble est marqué par des phénomènes de violence, mais les habitants sont-ils condamnés à être présentés soit comme des truands, soit comme des victimes sans avenir ? C’est loin d’être l’avis d’une grande partie d’entre eux.

« Choqués, blessés et indignés par le reportage », ils ont immédiatement réagi en lançant une pétition, dans le cadre d’une assemblée populaire réunissant 300 personnes.« Nous sommes en colère, car ce reportage ne montre qu’une face de notre quartier. En colère, car il cède à la facilité et au sensationnel. Il est tendancieux, ce qui est indigne de notre service public de l’audiovisuel. Ce reportage ruine des années d’efforts déployés par des habitants, des professionnels et des élus de notre quartier. C’est inadmissible. »

Des ateliers populaires d’urbanisme

Début janvier, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a lui-même estimé que le reportage avait « manqué aux obligations déontologiques ». « Seuls les aspects négatifs ont été mis en avant, stigmatisant l’ensemble du quartier. (…) Les rares éléments positifs abordés à l’antenne ont été systématiquement dévalorisés par la mise en avant de la violence et du climat hostile qui règneraient dans le quartier », pointait le CSA. Les actions citoyennes ne manquent pourtant pas à la Villeneuve. Des habitants ont ainsi pris au mot les propos de la ministre de l’Égalité des territoires et du Logement, Cécile Duflot, formulés lors de son discours d’investiture en mai 2012 : « Ce qui se fait sans les habitants, pour les habitants, se fait le plus souvent contre eux. » Un groupe s’est alors lancé dans des ateliers populaires d’urbanisme. Mobilisés pour faire face à des démolitions dans leur quartier, ces habitants ont construit une réelle alternative au projet de renouvellement urbain mis en œuvre par l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru).

La Villeneuve est une cité pionnière en matière de community organizing en France. Portée par un petit groupe de militants décidés à renouveler les pratiques de participation des habitants, cette initiative – soutenue notamment par des fondations privées – s’inspire des méthodes du sociologue états-unien Saul Alinsky [1] développées à Chicago à partir des années 40. Adaptée au grand ensemble, elle a porté ses fruits. Plusieurs revendications ont obtenu gain de cause : baisse des charges dans le logement social, amélioration des conditions de travail des femmes de ménages dans les ensembles HLM, avec l’obtention de plusieurs CDI, et l’interdiction de la sous-traitance sur l’ensemble du parc de Grenoble Habitat (environ 2500 logements), accès facilité aux équipements culturels, obtention de nouveaux guichets pour les étudiants étrangers, reconstruction de l’école des Buttes à la Villeneuve qui avait brûlé… Fort de cette expérience, une Alliance citoyenne de Grenoble a vu le jour fin 2012, regroupant une cinquantaine d’associations.

« Un projet urbain démocratique »

Un collectif a souhaité aller plus loin. Et expérimenter des méthodes de « planification populaire » pour inventer des alternatives au projet de rénovation – et de démolition – urbaine, mis en œuvre par la mairie, pour un coût annoncé de 75 millions d’euros. Le point de départ de ces ateliers populaires d’urbanisme a été la destruction du « 50 Galerie de l’Arlequin », un immeuble de 17 étages comprenant 68 logements. Sa démolition est programmée après les quatre jours d’émeutes, mi-juillet 2010, en réaction à la mort d’un jeune de 26 ans, tué par la police suite au braquage d’un casino. Elle est censée « ouvrir » la cité. L’Anru effectue ainsi une percée dans un ensemble de plus de 2 000 logements, et long de 1,5 km. Ce qui facilitera le déploiement des forces de l’ordre dans cette « forteresse » décrite par l’émission Envoyé spécial.

Cette démolition faisait pourtant débat. Une majorité des habitants de l’immeuble s’y est opposée. « Mes parents habitent le quartier et l’appartement 217 de ce même immeuble depuis 38 ans. Ils y ont construit leur vie, ils y ont vu naître et grandir leurs enfants, ils y ont rencontré leurs amis et ont participé activement à la vie sociale du quartier », écrit un résident, à l’attention du maire Michel Destot (PS). « La destruction du 50, le morcellement de la galerie piétonne, sous prétexte d’ouvrir la Villeneuve, la perspective de voir voitures et camions entrer dans le parc (....) nous paraissent aller dans le mauvais sens », jugent alors d’autres habitants. Les équipes professionnelles mandatées pour réaliser le diagnostic urbain se sont elles aussi opposées à la démolition, prônant plutôt une intervention « par petites touches ». Ce qui n’a en rien fait évoluer la décision municipale.

Urbanisme sécuritaire

« Les habitants sont attentifs à la définition de la politique nationale urbaine. Le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy en 2010 a marqué un infléchissement considérable de cette politique nationale, alliant la généralisation des privatisations à un urbanisme sécuritaire », observe Gustave Massiah, ingénieur et économiste, membre du Conseil scientifique de l’association altermondialiste Attac. « Les habitants ont constaté que la réponse à la violence et la délinquance sert à imposer une idéologie sécuritaire confirmée par l’arrivée de forces spéciales dans les quartiers. » Côté privatisation des opérations d’urbanisme, le quartier de La Villeneuve est en première ligne : la multinationale Vinci a été choisie pour la gestion des futurs parkings et 150 logements sociaux ont été vendus sans concertation à des propriétaires privés.

Face à l’oubli de dimensions essentielles comme l’éducation ou le soutien à des processus économiques locaux (mais non au chiffre d’affaires de grands groupes du BTP !), les habitants se sont attelés à définir eux-mêmes leur projet urbain. 300 personnes ont planché pendant plusieurs mois dans différents ateliers (réhabilitation, cadre de vie, éducation, patrimoine...). Rencontres par petits groupes dans la rue, actions de terrain, porte-à-porte et réunions publiques ont appuyé cette dynamique. Du tâtonnement initial est sorti un « projet urbain stratégique et démocratique », formulé à l’occasion du 40ème anniversaire du quartier, qui part des préoccupations des habitants tout en laissant une grande liberté d’imagination. Il en ressort un projet urbain original, avec une multitude de propositions organisées autour de cinq volets interdépendants : habitat, éducation, environnement, gouvernance et économie.

Agence immobilière coopérative

Les habitants ont d’abord souhaité faire connaître la grande qualité de leur logement. Ils ont détourné la norme HQE, en définissant leur logement comme étant de « haute qualité architecturale ». Pour défendre leurs intérêts, ils ont proposé la mise en place d’une « agence immobilière coopérative » ayant pour fonction de promouvoir la qualité des logements, tout en gardant un fort taux de logement social, seule garantie pour éviter la spéculation et le phénomène de gentrification. Situés au coeur de la métropole Grenobloise, ces logements peuvent attirer de nouveaux habitants, notamment des familles et des jeunes.

Le projet insiste également sur les coursives qui sont une caractéristique de l’habitat populaire à la Villeneuve. Elles s’inspirent des projets architecturaux du socialisme utopique, comme le familistère de Guise en Picardie. Ces rues intérieures participent au projet de vie collective de la Villeneuve. « C’est là que je rencontre mes voisins au jour le jour, s’ils ferment les coursives, c’est tout un pan de ma vie sociale qui disparaît », témoigne un habitant. Ces espaces publics intérieurs ont une fonction de circulation, d’espaces de transition et de rencontres collectives entre la rue et le logement. Problème : elles peuvent devenir vides, voir hostiles, s’il n’existe pas de vie de coursives. Alors que le projet simpliste de l’Anru s’attaque aux coursives comme si elles étaient la source de tous les maux, le projet des habitants propose au contraire d’agir dans deux directions : repenser l’aménagement des coursives en agissant sur la lumière, les matériaux, le mobilier et les couleurs, et réhabiliter la vie sociale dans ces lieux si particuliers.

Aucun investissement dans l’éducation

En étudiant le projet municipal, les habitants ont découvert qu’aucun investissement n’est prévu dans les écoles du quartier, dont certaines sont vétustes. L’incendie de l’école des Buttes en 2011 avait pourtant mis en lumière les besoins de rénovation. Après avoir obtenu la reconstruction de l’établissement, les parents d’élèves ont demandé un diagnostic de l’ensemble des écoles de la Villeneuve. Ils exigent désormais un plan d’investissement dans l’infrastructure scolaire. « Nous avons besoin de bonnes écoles à la Villeneuve, car la plupart des parents mettent aujourd’hui leurs enfants dans le privé face à la crainte de l’échec scolaire », pointe un parent d’élève.

Rénover les classes, refaire les toits des écoles, construire de nouveaux bâtiments, construire des jeux pour enfants, c’est à la fois offrir une perspective pour les enfants de la Villeneuve et se donner une chance d’attirer de nouveaux habitants. Une dimension essentielle à la transformation du quartier totalement oubliée par l’Anru. Les écoles de la Villeneuve ont pourtant connu un âge d’or. Pas moins de 10 écoles avaient été construites au cœur du quartier ainsi qu’un collège expérimental, où s’est déroulé l’une des plus importantes expériences d’éducation alternative en France dans les années 70. Depuis, plusieurs écoles ont été fermées. D’autres sont en état de quasi abandon.

De Grenoble à Barcelone

Les préoccupations écologiques ne sont pas oubliées. Les habitants proposent de créer un pôle d’agriculture urbaine, en ouvrant une ferme urbaine, où l’on puisse cultiver des plantes médicinales, et partager des savoirs communs. Car un parc de 17 hectares est situé au cœur de l’ensemble, agrémenté de multiples jardins, dont certains autogérés. Objectif : redynamiser le tissu économique. D’autres pistes sont d’ailleurs explorées comme la création d’une plateforme culturelle, des dispositifs de formation pour les emplois non qualifiés (nettoyage, aide à la personne…), des formations à destination des habitants sur la rénovation des façades et les nouveaux métiers de l’isolation thermique, ou des emplois saisonniers dans le domaine du tourisme. Bref, créer une « économie de la rénovation urbaine ».

Des expériences similaires d’appropriation démocratique des projets urbains existent ailleurs. « Cette démarche du projet alternatif s’inscrit dans une lignée internationale, celle notamment des quartiers de Bon Pastor à Barcelone, de Nuevo Alberdi à Rosario (Argentine), et encore dernièrement à Istanbul. Elle relie des pratiques et des nouvelles conceptions de la ville. Il s’agit de partir des résistances des habitants pour inscrire les pratiques de terrain dans un discours radical. Ce projet alternatif mobilise l’expertise citoyenne, celle des mouvements et celle qui se met au service des mouvements », analyse Gus Massiah.

A La Villeneuve, l’élaboration de propositions alternatives crédibles ont rouvert la porte des discussions avec les pouvoirs publics. Aidée par l’évolution du discours dans les instances de l’État, une négociation aura lieu au cours des six prochains mois pour co-construire un nouveau projet urbain. Le dialogue ne se fait plus seulement entre élus et experts, excluant les habitants. Ceux-ci, y compris les plus précaires, ne sont plus cantonnés à une « logique de guichet » pour accéder à d’éventuels financements, mais contribuent désormais à « une réforme radicale de la politique de la ville », du nom du rapport remis au ministre de la Ville, François Lamy [2] Espérons que cette dynamique populaire obtiendra des résultats.

Cécile Canpolat, Aitec et David Gabriel Bodinier, association Planning

 

 

Notes

[1Rules for Radicals : A Pragmatic Primer for Realistic Radicals (1971), Random House.

[2« Pour une réforme radicale de la politique de la ville, ça ne se fera pas sans nous. Citoyenneté et pouvoir d’agir dans les quartiers populaires. » Rapport au ministre délégué chargé de la Ville, Marie-Hélène Bacqué et Mohamed Mechmache. Juillet 2013.


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Source : www.bastamag.net

 

 

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 15:28

 

 

Source : www.marianne.net

 

Le néo-libéralisme est une «relique barbare»!
Mardi 18 Février 2014 à 05:00

 

Michel Santi*

 

Qui a pris la peine d'expliquer au chômeur en fin de droit qu'un pays à la monnaie souveraine peut entretenir des budgets déficitaires sur des périodes extrêmement longues, sans impact négatif sur sa croissance économique ?

 

Manifestation à Paris contre le chômage, décembre 2013 - MEUNIER AURELIEN/SIPA
Manifestation à Paris contre le chômage, décembre 2013 - MEUNIER AURELIEN/SIPA
Les dogmes - comme les préjugés - font des ravages sur la société et, devrait-on rajouter, sur les économies. L'austérité et l'orthodoxie budgétaire ne sont-elles pas considérées comme des vérités révélées par ceux-là même qui partent du principe - intouchable - selon lequel les récessions et le chômage élevé sont les prix à payer pour atteindre le sacro-saint équilibre des comptes publics ?

Confortés par l'immense majorité des économistes et par le petit milieu académique, la quasi-totalité de nos responsables politiques et économiques n'ont effectivement d'yeux que pour cette doctrine néo-libérale. Et n'ont que mépris pour les néo-keynésiens et autres progressistes qui opèrent une distinction nette entre le budget d'un Etat souverain...et les cordons de la bourse d'un ménage. Appliqués bêtement et à la lettre, les dogmes sont souvent cruels et destructeurs.

Qu'à cela ne tienne : nos politiques, comme nos élites intellectuelles, imposent la rigueur avec la même allégresse que les apothicaires d'antan pratiquaient les saignées. Nos nouveaux charlatans prescrivent aujourd'hui encore et toujours plus d'austérité à des citoyens d'ores et déjà étouffés par la récession ! Il est tout de même remarquable que ces fanatiques aient davantage consolidé leur emprise sur notre système, alors même que c'est leur croyance néo-libérale qui a précipité nos économies dans l'abîme. Tout en consacrant la corruption et le capitalisme sauvage au rang de divinités.
 
N'est-il pas navrant que ceux-là même qui se réclamaient, hier encore, pour la croissance et pour l'emploi se soient mus aujourd'hui en ardents défenseurs du « sang et des larmes » ? Du credo de l’équilibre budgétaire – qualifié religieusement de « règle d'or » - inlassablement récité par l'actuel exécutif « socialiste ». Aux conséquences dramatiques des réductions des dépenses budgétaires sur une économie française condamnée fatalement à se contracter. En passant par l'acte de contrition du Président de la République, consacrant notre soumission absolue et définitive à une orthodoxie qui règne désormais sans partage.

Le lavage de cerveaux entrepris par la secte néo-libérale est couronné de succès - globalement -, puisque même la gauche française lui emboîte le pas. Secte qui, à l'instar des fanatiques religieux, refuse catégoriquement de se soumettre à l'évidence selon laquelle une nation souveraine, qui émet une monnaie souveraine (c'est-à-dire librement échangeable sur les marchés), n'est nullement soumise à des créanciers qui feraient monter les enchères sur ses frais de financement. Car une nation souveraine et des dirigeants dignes de ce nom peuvent - et doivent - dépenser plus que leurs recettes ne leur permettent, si leur objectif est bien de juguler la récession.
 
Le citoyen meurtri sait-il seulement qu'une banque centrale n'aurait qu'à appuyer sur un bouton afin de créditer des comptes, créer de la monnaie et, ce, dans le double but de ressusciter son économie et de protéger sa population des affres des marchés financiers. Qui a pris la peine d'expliquer au chômeur en fin de droit qu'un pays à la monnaie souveraine peut entretenir des budgets déficitaires sur des périodes extrêmement longues, sans impact négatif sur sa croissance économique ?

Le salarié se battant au quotidien pour assurer la subsistance de sa famille serait en effet outré d'apprendre que l'austérité (qu'il est le premier à subir) ne fait qu'aggraver le ralentissement économique. Car, comme le disait l'économiste Irving Fisher, dans le cadre d'une récession : « plus les débiteurs paient (leur dette), et plus ils doivent (de l'argent) ». Une nation et un ménage doivent donc appliquer des stratégies diamétralement opposées dès lors que leurs revenus s'effondrent : tandis que la diminution des dépenses de l'individu a un effet négligeable sur l'économie de son pays, la réduction du train de vie du secteur public a un impact désastreux sur le secteur privé comme sur la consommation.

Tout autre stratégie est donc vouée à l'échec, en dépit des déclarations empreintes de commisération des doctrinaires néo-libéraux qui expliquent que l'économie de l'Union européenne s'aggrave pour n'avoir pas opté pour encore plus de rigueur, et pour ne pas l'avoir prescrite suffisamment tôt !
 
C'est donc deux visions du monde qui s'affrontent : saigner encore plus un patient plus ou moins moribond ou renvoyer dos à dos les néo-libéraux et leur « superstition », pour reprendre le terme de Paul Samuelson, Nobel d'économie, qui qualifiait ainsi cette posture consistant à s'entêter à vouloir équilibrer le budget d'un pays. Non : les Etats-Unis, la Grande Bretagne et le Japon - qui disposent d'une monnaie qu'ils peuvent imprimer quand et comme bon leur semble - n'ont pas subi d'escalade des frais de financement de leur dette publique.

Oui : le niveau du chômage aux Etats-Unis est en nette amélioration du fait des multiples stimuli mis en place. Et, oui : la reprise de l'économie US et la diminution de leur chômage auraient été nettement plus spectaculaires si ces stimuli avaient été plus généreux, ainsi que le préconisaient les néo-keynésiens. Enfin, oui : malgré la création monétaire massive ayant eu lieu aux Etats-Unis (avec les programmes QE 1, QE 2, QE 3 et l'opération « Twist »), le déficit budgétaire américain a été réduit ces trois dernières années à un rythme sans précédent depuis la fin de la Seconde guerre mondiale ! Les économies budgétaires réalisées par l’administration Obama permettront même de réduire drastiquement la dette fédérale américaine qui devrait retomber à 83% du P.I.B. à l'horizon 2022 !
 
Après avoir enflé de multiples bulles spéculatives depuis le milieu des années 80, l'idéologie néo-libérale ravage donc aujourd'hui l'Europe, en imposant à travers le continent le feu de l'austérité et la folie destructrice des équilibres budgétaires. Il faut donc refuser tout net ces programmes insensés d'économies, comme il est impératif de s'opposer à toute réduction des dépenses sociales, dont l'efficacité est systématiquement démentie par la réalité.

Car l'Etat doit au contraire se montrer généreux et investir dans son économie - c'est-à-dire augmenter ses déficits ! - tant que perdure ce contexte récessionniste. Ne vous y trompez pas car, en fait, derrière ce débat technique, se dissimule une bataille autrement plus significative : un vrai choix de société. L'économie doit devenir un système social au service du citoyen. Et l'argent un simple instrument mis à disposition de ce système, qui doit être dosé avec pour seule préoccupation la prospérité collective. Voilà pourquoi, aujourd'hui, le néo-libéralisme n'est rien moins qu'une « relique barbare » !


(*) Michel Santi est économiste, auteur de « L'Europe, chronique d'un fiasco politique et économique »« Capitalism without conscience »   Son dernier ouvrage est  «Splendeurs et misères du libéralisme»    (l’Harmattan)

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

 

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 15:13

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

Arret sur images 18/02/2014 à 10h19
On a (peut-être) trouvé à quoi va servir le pacte de responsabilité
Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images

 


Des cartes (Ralph Unden/Flickr/CC)

 

Enfumer Bruxelles. Ce serait le but – le seul – du « pacte de responsabilité » de Hollande, annoncé à grands sons de trompe lors de sa dernière conférence de presse. Lequel Hollande saurait très bien que la France n’a aucun moyen de faire les « cinquante milliards d’économies nécessaires ».

Le « pacte de responsabilité » n’aurait donc pour but que de pérenniser les 20 milliards de baisse de cotisation du CICE, accordés au patronat sans aucune contrepartie.

De qui vient cette théorie conspirationniste ? D’un obscur internaute sur son blog ? Non. De Gaëtan Gorce, sénateur socialiste de la Nièvre, et maire de La Charité sur Loire. Lequel salue l’habileté de Hollande à tirer le meilleur parti des cartes qu’il a en main, tout en regrettant qu’il n’ait pas le courage de changer les règles du jeu.

Bref, mon ami Patrick Cohen a balancé ce matin cette théorie de l’enfumage à Montebourg, lequel s’en est sorti par une pirouette.

Tous complices ?

Gattaz-Hollande complices contre la Commission ? La théorie est séduisante. Elle expliquerait bien des incohérences apparentes. Comment Gattaz, par ses maladresses, a failli « vendre la mèche » aux Etats-Unis. Vous vous souvenez ?

Un jour, au sortir de l’avion, il s’énerve – non, il n’y aura aucune contrepartie aux baisses de charges – avant de se dédire le lendemain : bien sûr, nous allons créer un million d’emplois.

Cette théorie est vertigineuse. Si elle est exacte, c’est à dire si le décrypteur de La Charité sur Loire n’a pas seulement des intuitions, mais des informations, alors jusqu’où s’étendent les complicités ? La cohorte de brillants journalistes, comme mon confrère Patrick Roger du Monde, qui se demandent (abonnés) à longueur de paragraphes où Hollande va trouver ces 50 milliards d’économie, sont-ils les idiots utiles du jeu de rôles ?

Et les ministres comme Peillon, qui lancent des ballons d’essai sur le gel de l’avancement des fonctionnaires, pour les démentir le lendemain : complices ? Et les journalistes qui les répercutent : complices ?

Mais allons plus loin. Mélenchon, par exemple, procureur de la rigueur à la mode Hollande : complice lui aussi, tenant simplement son rôle d’opposant dans le grand jeu de rôles général ? Le Pen, dénonciatrice des capitulations européennes de Hollande : complice ? Et la Commission elle-même, cette enfumée potentielle ?

Un bombe à fragmentation

Si on lit le blog de Gaëtan Gorce à Bruxelles – et cela va bien arriver, avec la mondialisation de l’information – elle sera coincée dans une alternative impossible :

  • convoquer Hollande, et lui faire les gros yeux (« Comment ? Qu’apprenons-nous ? Vos cinquante milliards d’économie ne seraient que de la poudre aux yeux ? ») ;
  • ou bien, faire semblant de n’avoir rien entendu, nourrissant à son tour le soupçon d’être de mèche avec les enfumeurs français. Aux yeux de qui ? Des Allemands, bien entendu. Dont il faut espérer qu’ils ne lisent pas le blog du sénateur socialiste de la Nièvre.

Mais les Allemands eux-mêmes, comment pourraient-ils réagir ? En déclarant la guerre ? Même si la théorie Gorce aurait tout pour être une bombe à fragmentation, le plus probable, est qu’il ne se passera rien, tant le jeu de rôles arrange finalement tout le monde, ne présentant que l’inconvénient minime de renforcer chez le citoyen la certitude de vivre dans le faux-semblant général, dans un monde où l’habileté a supplanté toute forme de courage.

 

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