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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 16:10

 

Source : blogs.rue89.nouvelobs.com

 

Le coup d’Etat ukrainien a bien été piloté par les Etats-Unis : la preuve
Le Yéti - voyageur à domicile

Publié le 11/03/2014 à 16h08

 

 

« L’arroseur arrosé », rigole Olivier Berruyer sur son site les-crises.fr en transcrivant la fameuse discussion téléphonique piratée entre Olivia Nuland, sous-secrétaire d’Etat américaine pour l’Europe et l’Eurasie d’Obama, et l’ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt. Dire qu’il y en a encore pour croire que Poutine est le seul responsable de la crise ukrainienne !

Cet enregistrement, datant vraisemblablement de fin janvier 2014, est disponible sur le web. Le fait qu’il ait été révélé par les autorités russes ne le rend pas moins crédible.

 

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L’enregistrement de la conversation Nuland-Pyatt (en anglais)

On s’étonnera juste – ou au contraire, on ne s’étonnera pas du tout – qu’aucun média occidental n’ait jugé bon de mettre l’ensemble du texte un peu plus en évidence (à part le savoureux « fuck the EU ») tant il est accablant pour les autorités américaines.

Vous voulez juger par vous-mêmes ? Voici la transcription en français de la conversation entre une ministre américaine et un ambassadeur en poste dans un secteur très sensible.

« Je ne pense pas que Klitsch devrait être dans le gouvernement »

Victoria Nuland  : Que pensez-vous ?

Geoffrey R. Pyatt : Je pense que nous jouons. La pièce Klitschko [ex-boxeur et leader des émeutiers de la place Maïdan, ndlr] est évidemment l’électron le plus compliqué ici, en particulier le fait qu’on l’ait annoncé comme vice-Premier ministre. Vous avez vu mes notes sur la difficulté du mariage en ce moment, nous essayons d’obtenir une lecture très rapide pour savoir s’il fait partie de l’équipe. Mais je pense que votre raisonnement à son sujet, que vous aurez besoin de lui dire – je pense que c’est le prochain coup de téléphone que vous souhaitez organiser – est exactement celui que vous avez fait à Yats [surnom de Iatseniouk, actuel Premier ministre ukrainien]. Je suis heureux que vous l’ayez mis sur la sellette (…) Il s’inscrit dans ce scénario. Et je suis très heureux qu’il a dit ce qu’il a dit.

Victoria Nuland  : Bon. Je ne pense pas que Klitsch [surnom de Klitschko] devrait être dans le gouvernement. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire, je ne pense pas que ce soit une bonne idée .

Geoffrey R. Pyatt : Oui, je veux dire… je suppose… Pour ce qui est de sa non-participation au gouvernement, je serais d’avis de le laisser en dehors pour qu’il se consacre à ses obligations politiques. Je ne fais que réfléchir, pour trier les options pour avancer, nous voulons garder ensemble les démocrates modérés. Le problème sera avec Tyahnybok [leader du parti ultranationaliste Svoboda] et ses gars. Et, vous savez, je suis sûr que cela fait partie du calcul de Ianoukovytch [président ukrainien déchu].

« Je pense Yats, c’est le gars »

Victoria Nuland  : Je pense Yats, c’est le gars. Il a de l’expérience économique et de l’expérience de gouverner. C’est le gars. Vous savez, ce qu’il a besoin, c’est que Klitsch et Tyahnybok restent à l’extérieur. Nous aurons besoin de leur parler quatre fois par semaine. Vous savez, je pense juste que si Klitschko entre, il va devoir travailler à ce niveau avec Iatseniouk, c’est juste que ça ne va pas marcher…

Geoffrey R. Pyatt : Ouais, ouais , je pense que c’est vrai. Ok , bon. Souhaitez-vous que nous organisions un appel avec lui comme prochaine étape ?

Victoria Nuland  : Ma conception de l’appel dont vous parlez, c’est que les trois grands participent à leur propre réunion et que Yats leur propose dans ce contexte. Vous le savez, une conversation « trois plus un » ou « trois plus deux » si vous participez. C’est ainsi que vous le comprenez ?

Geoffrey R. Pyatt : Non, je pense que c’est ce qu’il a proposé, mais connaissant leur dynamique interne lorsque Klitchko était le chien dominant, il va prendre son temps avant de se pointer à une de leurs réunions et doit déjà être en train de parler à ses gars. Donc je pense que si vous vous adressiez directement à lui, cela aiderait à faire de la gestion de personnalités parmi les trois. Cela vous donne également une chance d’agir vite sur tout cela et nous permettra d’être derrière avant qu’ils s’assoient et qu’il explique pourquoi il n’est pas d’accord.

Victoria Nuland  : Ok. Bon. Je suis heureuse. Pourquoi ne le contacteriez-vous pas pour voir si il veut parler avant ou après.

Geoffrey R. Pyatt : Ok, je vais le faire. Merci.

« Nous pourrions faire tomber la crêpe du bon côté »

Victoria Nuland  : Je ne me souviens pas si je vous ai dit ou si je n’en ai parlé qu’à Washington : quand j’ai parlé à Jeff Feltman [sous-secrétaire des Nations unies pour les Affaires politiques] ce matin, il avait un nouveau nom pour le type de l’ONU : Robert Serry [envoyé de l’ONU en Crimée, renvoyé comme un malpropre]. Je vous ai écrit à ce sujet ce matin.

Geoffrey R. Pyatt : Oui, j’ai vu cela.

Victoria Nuland  : Ok. Il a obtenu aujourd’hui, à la fois de Serry et de Ban Ki-moon (secrétaire général de l’ONU), que Serry vienne lundi ou mardi. Ce serait formidable, je pense, ça aiderait à souder ce projet et d’avoir l’aide de l’ONU pour le souder et, vous savez quoi, de baiser l’Union européenne [le fameux « fuck the EU »].

Geoffrey R. Pyatt : Non, exactement. Et je pense que nous devons faire quelque chose pour le faire coller à nous, parce que vous pouvez être sûre que s’il commence à prendre de l’altitude, les Russes vont travailler dans les coulisses pour essayer de torpiller. Et encore une fois le fait que c’est sur la place publique en ce moment, dans ma tête, je suis encore à essayer de comprendre pourquoi Ianoukovytch (…) ça. En attendant, il y a actuellement une réunion d’un courant du Parti des Régions et je suis sûr qu’il y a un débat très animé dans ce groupe à ce sujet. Mais de toute façon , nous pourrions faire tomber la crêpe du bon côté si nous nous agissons rapidement. Alors laissez-moi travailler sur Klitschko et si vous pouvez juste conserver… Je pense que nous devrions juste chercher à trouver quelqu’un avec une personnalité internationale pour accoucher de notre projet. L’autre question concerne Ianoukovytch, mais nous en reparlerons demain, nous verrons comment les choses commencent à se mettre en place.

Victoria Nuland  : Donc, sur ce point, Jeff, quand j’ai écrit la note, Sullivan [conseiller à la sécurité nationale du vice-président américain] m’a répondu d’une manière très formelle en disant que j’avais besoin de Biden [vice-président des Etats-Unis] et j’ai dit probablement demain pour les bravos et pour réussir à faire coller les détails. Donc, Biden est prêt.

Geoffrey R. Pyatt : Ok. Très bien, merci.

Et le coupable est...

Bon, ça va, vous avez compris ? Qui osera dire après ça que les Etats-Unis d’Obama n’ont pas récupéré ce qui était au départ un mouvement de révolte populaire pour piloter directement le coup d’État ukrainien ? On notera qu’en s’excusant officiellement pour sa sortie sur ses pâles comparses européens, Victoria Nuland a de fait authentifié la réalité de cette conversation.

Les anglophones auront de plus apprécié le langage trivial employé par Mrs Nuland. A peu près aussi vulgaire que celui tenu par un ex-président français placé sous écoute par la justice de son propre pays. C’est qu’on se s’embarrasse guère de délicatesse chez les voyous.

Reste qu’il se trouvera toujours des sceptiques – ou affectant de l’être – qui hurleront au complotisme, ou en appelleront à la présomption d’innocence, ou tenteront de détourner l’attention sur les méfaits du vilain Poutine.

Je renvoie ceux-là à l’ensemble des billets consacrés à la crise ukrainienne par Olivier Berruyer qui, en bon actuaire, n’est pas du genre à avancer des affirmations sans sérieux biscuits.

 

Source : blogs.rue89.nouvelobs.com

 

 

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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 15:54

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Ce qui nous arrive sur la Toile 11/03/2014 à 11h40
Données persos : Européens, lisez bien la petite histoire de ce père américain
Xavier de La Porte | France Culture

 

 

Les négociations des accords de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne (accords dits TTIP) ont donc commencé lundi. Parmi les questions abordées, celle des données personnelles. L’enjeu est à peu près le suivant : les gros acteurs américains de l’Internet (Google et Facebook) aimeraient que les négociateurs américains obtiennent un allègement des règles de protection des données personnelles en Europe, estimant que ces règles sont trop rigides et donc un frein à leur activité.

Avant de se demander si les revendications américaines sont légitimes, il y a deux obstacles majeurs au fait même que cette négociation puisse avoir lieu. Le premier obstacle est évident : vues les révélations apportées par l’affaire Snowden, et notamment le fait que les données personnelles récoltées par ces grands acteurs numériques américains soient légalement et illégalement siphonnées par les services de renseignement américain à des fins obscures, ce fait engage assez peu à un allègement de règles de protection.

Second obstacle, a lieu depuis des mois au sein des institutions européennes un débat autour des données personnelles et de leur protection et pour le moment, rien n’a été voté, des voix s’élèvent donc logiquement pour avancer qu’il est absurde d’intégrer dans des négociations une question sur laquelle l’Europe n’a pas encore de position arrêtée. Ces voix ont-elles été entendues ? Je ne sais pas. Manifestement pas. La protection des données personnelles a l’air de faire partie des négociations. Mais quel est le mandat des négociateurs ? Quelle est leur marge de manœuvre ? On n’en sait rien. C’est « restricted », comme on dit dans le langage de la Commission.

Vous me direz, de toute façon on n’y comprend rien à ces questions d’accords de libre-échange, de données personnelles, qu’est-ce que change que l’on négocie ou pas sur les données personnelles ?

Ce que mon magasin sait de moi

Eh bien, ça change pas mal et pour vous en convaincre, je vais vous raconter une histoire. Elle s’est déroulée il y a deux ans aux Etats-Unis, dans la banlieue de Minneapolis. Un homme en colère demande à voir le directeur de sa grande surface habituelle, un Target (une chaîne de grands magasins qui, vous allez voir porte merveilleusement son nom). Il est très énervé parce sa fille, qui a 16 ans, qui est encore au lycée, reçoit des publicités provenant de Target lui vantant des habits de bébé et des couches. « Vous voulez la pousser à tomber enceinte ? » demande-t-il au directeur, qui ne sait pas bien quoi répondre, et qui est gêné au point que deux jours plus tard, il appelle l’homme pour s’excuser à nouveau.

 


Un chariot plein de jouets, dans un Target de Miami (Floride), décembre 2013 (Joe Raedle/Getty Images/AFP)

Sauf que cette fois-ci, c’est l’homme qui s’excuse :

« J’ai parlé avec ma fille. Il se passait chez moi des choses dont je n’étais pas au courant, elle est enceinte. C’est pour août. »

Tout cela a donné lieu à une vaste enquête sur les méthodes de la chaîne Target. Où on s’est aperçu que la chaîne avait un système de publicité ultraciblée, le document papier envoyé au domicile pouvant être personnalisé quasiment à l’unité. Où on s’est aperçu que cette publicité ultraciblée était le fruit d’un travail très précis et très savant de récolte de données et de travail de données, un travail dû à un jeune statisticien du nom de Andrew Pole.

Le principe est simple : en faisant vos courses, vous donnez un nombre incalculable d’informations sur vous-mêmes, en prenant une carte de fidélité vous permettez qu’elles soient associées à un nom, à une adresse. Et le tour est joué. Ensuite, il suffit de faire un gros travail statistique, de construire les algorithmes qui font le lien entre des habitudes d’achat, l’évolution dans ces habitudes et des changements dans la vie (le fait d’avoir un gigantesque corpus permet de faire des liens de corrélation très fins, entre par exemple le changement de type de savon acheté et la grossesse, le fait de ne plus acheter tel type d’aliment et une maladie, etc.). Ainsi, le magasin sait du client ce que ses proches peuvent ignorer.

Le pouvoir de nous rendre prévisibles

La négociation sur la protection des données personnelles pose des questions simples : dans quel monde voulez-vous vivre ? Voulez-vous qu’on vous dise ce dont vous allez avoir envie avant même vous ne le sachiez ? Voulez-vous vivre dans un monde où vous recevez une publicité pour des obsèques parce que vous avez reçu des résultats d’examens médicaux par e-mail et que les algorithmes sont moins précautionneux que votre médecin ? Etes-vous d’accord pour donner à ceux qui peuvent récolter les données et les travailler le pouvoir gigantesque de vous rendre prévisible ? Il s’agit là de questions de philosophie politique.

Alors voilà, je le dis franchement. Ces questions, j’aimerais autant qu’on en discute avant, plutôt que n’y réponde un accord qui s’occupe trop de commerce pour s’intéresser à la philosophie politique. Ou alors, le commerce tient lieu de philosophie politique, mais là, on n’a plus grand-chose à dire.

 

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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 15:37

 

Source : www.lesechos.fr

 

« Big Business » contre Etats, la grande polémique autour du traité de libre-échange UE-USA
Par Renaud Honoré | 09/03 | 21:30

 

 

 

(De notre correspondant à Bruxelles) + RAPPORT - Avec le traité transatlantique, les Etats seraient sous la menace judiciaire des multinationales. C’est ce que craignent les ONG, notamment CEO avec un rapport très critique.

La « menace judiciaire des multinationales » est devenue centrale dans le débat autour du traité de libre échange négocié entre l’Europe et les Etats-Unis. - AFP
La « menace judiciaire des multinationales » est devenue centrale dans le débat autour du traité de libre échange négocié entre l’Europe et les Etats-Unis. - AFP

 

Une grande multinationale américaine pourra-t-elle traîner en justice un Etat européen et obtenir des centaines de millions d’euros d’amende pour une législation qui ne lui plaît pas ? Cette crainte est devenue centrale dans le débat autour du traité de libre échange négocié entre l’Europe et les Etats-Unis (TTIP, dans son acronyme anglais), au point que la Commission européenne a été obligée de mettre la sur cette disposition qui pourrait devenir un enjeu de la campagne électorale continentale. L’étude que l’ONG bruxelloise CEO (spécialiste des questions de lobbying) dévoile lundi – et dont « Les Echos » ont obtenu une copie – devrait alimenter cette polémique, très vive notamment en Allemagne.

Au départ, il y a donc un mécanisme, celui de règlement des différends, qui permet à un investisseur étranger de faire appel à une sorte de tribunal d’arbitrage international s’il estime que ses intérêts économiques sont menacés par une action entreprise par un gouvernement jugée contraire au traité de libre échange. C’est donc un cadre extérieur à la justice ordinaire, où recours ni appel n’est possible. En soi, cette disposition n’a rien de neuf. « J’ai du mal à comprendre pourquoi les gens en parlent tellement alors que c’est déjà dans de nombreux accords d’investissement signés par les Européens », s’étonnait récemment Frank Hoffmeister, le chef de cabinet adjoint de Karel de Gucht, le commissaire au Commerce, lors d’un colloque organisé par le think tank Bruegel . De fait, l’accord de libre échange conclu, fin 2013, entre l’UE et le Canada instituait ce mécanisme.

« Un piège pour avantager les intérêts privés »

Mais même avant, les pays européens en avaient chacun négocié dans leurs relations avec des pays émergents, et même entre eux. Le rapport de l’ONG CEO pointe ainsi qu’il y en a plus de 150 en vigueur entre pays européens, le plus souvent entre nouveaux et anciens membres de l’UE ! «  Les Européens étaient demandeurs de ce mécanisme pour leurs relations avec des pays dont le système judiciaire était réputé peu sûr. Mais cette raison n’a pas lieu d’être avec les Etats-Unis. Donc beaucoup redoutent que ces arbitrages soient un piège pour avantager les intérêts privés. D’autant que les firmes américaines sont de redoutables procédurières et que les Etats-Unis sont réputés n’avoir jamais été condamnés dans leur accord de libre échange avec le Mexique et le Canada, au contraire des deux autres », analyse un diplomate.

L’étude de CEO – nommée « Profiter de la crise » – dresse un premier bilan de ces tribunaux d’arbitrage. Au-delà du cas très particulier de l’Argentine – poursuivie plus de 50 fois, notamment depuis 2001 – l’ONG révèle comment ce mécanisme a pu être détourné par certains fonds spéculatifs pour frapper des pays européens touchés par la crise. En Grèce, une banque slovaque (Postova Bank) a ainsi acheté des obligations d’Etats grecques déjà bradées, tout à fait consciente du risque pris, puis a attaqué l’Etat grec devant un tribunal d’arbitrage après la restructuration de la dette hellène pour faire la culbute. En Espagne, ce sont près de 22 sociétés étrangères qui poursuivent le gouvernement espagnol, au motif que celui-ci, étranglé sur le plan budgétaire, a décidé de couper, après 2008, dans les aides aux énergies renouvelables dans lesquelles elles avaient investi, parfois juste quelques semaines avant de recourir à un arbitre. Le rapport pointe également le rôle tenu par certains cabinets d’avocats devenus spécialistes de ces litiges.

Intimidation

Mais les fonds vautours ne sont pas les seuls à détourner l’utilisation de ces tribunaux d’arbitrage. «  L’expérience du passé a pu prouver que certaines sociétés, notamment américaines, ont cherché à utiliser ce mécanisme pour contester et faire annuler des politiques publiques quand elles les jugeaient contraires à leurs intérêts, notamment dans la santé et l’environnement », explique un avocat spécialiste du commerce international. En clair, des multinationales voudraient intimider des Etats qu’elles ne s’y prendraient pas autrement. Philipp Morris a ainsi lancé des attaques contre l’Uruguay et l’Australie, au motif que leur politique anti-tabac était trop agressive. « La récente réglementation européenne sur le tabac pourrait subir le même sort, c’est un risque », reconnaît cet avocat.

Dans un autre domaine, l’énergéticien suédois Vattenfall réclame des centaines de millions d’euros à l’Allemagne depuis que celle-ci a décidé, en 2011, de sortir du nucléaire. « Nous voulons faire en sorte d’éviter que des plaintes abusives puissent à l’avenir être déposées », plaide Frank Hoffmeister, de la Commission, en expliquant que ces tribunaux restaient nécessaires «  car ils permettaient d’avoir des décisions rapidement, prises de surcroît par des experts de sujets très techniques, ce qui est plus rassurant pour les entreprises». Il n’est pas sûr que cet argument convainque complètement en France après le scandale autour de l’arbitrage Tapie/Crédit Lyonnais ...

Ces craintes gagnent les gouvernements européens. La France comme l’Allemagne ne sont guère allant sur cette disposition du TTIP. Même les pays nordiques, d’habitude les plus enthousiastes en matière de libre-échange, se posent des questions. Pour autant, personne n’a vraiment envie de jeter ces tribunaux d’arbitrage par la fenêtre. «  Nous négocions actuellement le même type de mécanisme avec la Chine. Nous aurons du mal à leur faire accepter si on renonce à le faire avec les Etats-Unis », reconnaît un diplomate. « L’intérêt de cette disposition avec les Américains est discutable, en revanche elle est indispensable vis-à-vis des Chinois, dont la justice ordinaire piétine systématiquement les intérêts des entreprises occidentales », souligne l’avocat. Une stratégie de long-terme qui aura du mal à être admise par la société civile.

 

Profiting from crisis from lesechos2

 

Écrit par Renaud HONORé

 

Source : www.lesechos.fr

 


 

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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 21:47

 

Source : www.bastamag.net

 

 

Biens publics

Privatisation de l’eau : Suez sur le banc des accusés en Indonésie et au Maroc

par Olivier Petitjean 10 mars 2014

 

 

 

À Jakarta, capitale de l’Indonésie, est actuellement en train de se tenir un procès inhabituel : celui de la privatisation de l’eau. Et aussi, d’une certaine manière, celui de Suez environnement, la multinationale française en charge du service de l’eau dans la moitié Ouest de la ville. Cédant à la pression de ses administrés, le gouverneur de Jakarta, Joko “Jokowi” Widodo, a annoncé l’année dernière son intention de remunicipaliser le service, après seize années de gestion privée. Mais il souhaite le faire à travers une transaction commerciale, en rachetant les parts du groupe français, pour un coût vraisemblablement élevé. Les plaignants – une coalition de syndicalistes et d’opposants à la privatisation – espèrent de leur côté faire annuler purement et simplement le contrat liant Suez à la ville, au motif qu’il ne respecte pas les dispositions de la Constitution indonésienne.

Au cours du procès, un représentant de la Commission indonésienne des droits de l’homme a ainsi estimé que la privatisation de l’eau de Jakarta avait occasionné des « violations des droits humains » [1]. Un autre témoin est revenu sur les conditions de passation du contrat, à la fin de la dictature de Suharto, en violation du droit indonésien et des règles internationales.

Dans le même temps, au Maroc, la Cour des comptes de Casablanca vient de publier un rapport accablant sur la gestion du service de l’eau et de l’électricité de la principale ville du Maroc par la Lydec, filiale de Suez environnement. Les magistrats évoquent une série d’opérations financières douteuses au profit de sociétés parentes, et plus généralement un système biaisé en faveur de la Lydec et de ses actionnaires, au détriment de la collectivité locale et de ses habitants.

Les contrats de privatisation de Suez environnement à Jakarta et Casablanca datent tous les deux de la fin des années 1990. Dans les deux cas, ils ont été conclus dans des conditions opaques, directement avec les dirigeants nationaux (non élus démocratiquement). Si ces contrats se sont avérés profitables pour la multinationale française, on ne peut pas en dire autant pour les habitants des deux métropoles. À Jakarta, le taux d’accès au réseau d’eau n’a pas progressé en seize ans de gestion privée, l’eau est souvent d’une qualité exécrable, et les tarifs pratiqués sont parmi les plus élevés d’Asie. Dans le cas de Casablanca, la Cour des comptes relève que les habitants les plus pauvres, ceux qui doivent s’approvisionner auprès de bornes-fontaines collectives, sont aussi parmi ceux qui paient leur eau le plus cher : 20 dirhams (1,78 euro) par mètre cube, contre 8 en moyenne dans le reste de l’agglomération.

A lire sur l’Observatoire des multinationales :
- Eau et électricité : la Cour des comptes de Casablanca dénonce les manipulations financières de Suez environnement
- Suez à Jakarta : quinze ans de malheur ?

 

Notes

[1Source : Jakarta Post.


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Source : www.bastamag.net

 

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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 21:37

 

Source : www.reporterre.net

 

Au Japon, le lobby nucléariste veut banaliser Fukushima

Corinne Morel Darleux

lundi 10 mars 2014

 

 

 

Retour du nucléaire, oubli des politiques d’économies d’énergie, banalisation du mal radioactif : tout se met en place au Japon, avec le soutien des grands médias et du gouvernement français, pour refermer le drame de Fukushima. Alors qu’une nouvelle politique énergétique serait plus que jamais nécessaire. Analyse après un voyage sur place.


- Japon, carnet de route

Début 2012, le Premier Ministre Yoshihiko Noda assurait : « Le Japon est en train de mettre en place un nouveau modèle énergétique. Il deviendra un exemple ». Le Japon avait mis à l’arrêt ses réacteurs, provoquant de drastiques économies d’électricité. Arrêt des escalators et de certains éclairages publics, sous-vêtements thermiques, arrêt des heures supplémentaires et plans de rotation dans les entreprises. La bifurcation semblait possible. Las, début 2014 à Tokyo, à rebours de toute sobriété énergétique c’est au contraire à nouveau le règne des écrans géants, de la sonorisation en pleine rue, des néons et du zéro isolation. Dans tout le Japon le chauffage est assuré par des poêles à kérosène et des climatiseurs réversibles chaud-froid au rendement énergétique douteux. Durant la grande tempête de neige à Tokyo, j’ai même retrouvé des flocons jusque dans ma chambre.

Face aux courants d’air de nombreux bâtiments non isolés, les Japonais ont pris le parti de se chauffer eux plutôt que la pièce dans laquelle ils se trouvent. Je me suis ainsi vu offrir très naturellement de petites chaufferettes chimiques de poche à la caisse d’un café, j’ai dormi sous des couettes électriques et me suis réfugiée frigorifiée sous des tables basses chauffantes (kotatsu). Mais quand on pense à l’énergie grise, celle consommée pour fabriquer tous ces objets et les alimenter, on peut douter que ces palliatifs soient la panacée en matière d’efficacité énergétique.

De même, du côté de la production et des énergies renouvelables les efforts semblent fragiles. En zone contaminée de Fukushima on croise bien de surréalistes compteurs Geiger solaires, des coopératives photovoltaïques et des projets d’installation de panneaux solaires dans la zone rouge inhabitée. Mais ces initiatives locales sans politique nationale ambitieuse et volontariste de réduction de la consommation paraissent bien dérisoires, et dans l’ensemble on se sent bien loin du tournant de type Negawatt espéré.

Il faut dire que la volonté gouvernementale semble s’être volatilisée. Il est loin le temps où le gouverneur de Tokyo accusait l’éclairage des distributeurs de « consommer la production de plusieurs réacteurs nucléaires ». Pendant mon séjour un nouveau gouverneur pro-nucléaire a été élu à Tokyo, dans une relative indifférence et avec une abstention de 5 3%. Malgré les sondages indiquant que 70 % des Japonais sont favorables à l’abandon du nucléaire, trois ans après Fukushima, on peut craindre que la mobilisation ne s’essouffle.

Il existe pourtant des forces de résistance, comme j’en ai rencontré à l’université Meiji Gakuin autour du thème de l’écosocialisme ou au rally antinucléaire qui rassemble chaque semaine des parlementaires et citoyens engagés devant la Diète, le Parlement japonais. Ainsi à Tokyo, le candidat antinucléaire Kenji Utsunomiya, soutenu par le Parti communiste japonais et des mouvements verts et citoyens, est arrivé deuxième aux élections.

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

 

 

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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 21:29

 

 

 GRANDE FETE A UZES (30) LE DIMANCHE 16 MARS, QU'ON SE LE DISE......

Bonjour à toutes et à tous.
L'association "ensemble pour les autres" organise une fête de solidarité avec le camp d'humain venu de Roumanie et installé à Uzes depuis plus de deux ans, ce dimanche 16 mars de 12h à 17h30 (faute de lumière).
Nous aurions aimé, apprécier, voulu,... sans vouloir vous implorez que vous soyez de la fête et que vous participiez à votre façon à faire prendre conscience aux peuple d'ici et d'ailleurs, que le peuple Rome n'est pas synonyme de voleur de poules mais biens des gens humains comme nous tous(ou presque) et que s'ils ont choisi de fuir légitimement leur pays d'origine comme beaucoup de citoyens vivant en France, pour se donner une chance de vivre en paix et dans le respect , tout en s'intégrant et participant activement à la vie de la cité et non pas en vivant comme des parias dans l'indifférence et la peur.
Merci pour eux, Djamel.


C'est une grosse fête de solidarité en plein camp !
ZI DU MAS DE MEZE Ancienne briqueterie, prés de la foire fouille (route de Montaren, direction Ales au départ d’Uzes)

Le programme de la journée doit paraitre dans le midi libre et le républicain cette semaine:

10H atelier cuisine de « Gard Y Goût » gastronomie roumaine avec Mimi et Djamel
Henry le paysan boulanger fera atelier pain.

12h Repas Roumain (fait par la famille).
Buvette bio : Eau, jus, vin de grappe et d’O, Bière bio locale, café, thé,….

14H00 Concerts « Normalement Votre,  notre accordéoniste Rome Florain du camp d’Arles, la compagnie Beau Parleur (humoriste), des clowns & des surprises.
Toute la journée, expositions de photos de Fati et dessins d'Henry le boulanger.

L'ensemble des bénéfices sera reversé à la famille.
Qu’on se le dise, à dimanche.
Djamel pour « Ensemble pour les autres ».
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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 21:23

 

Source : www.bastamag.net

 

 

Agriculture

Ruée sur les terres d’Europe de l’Est : un accaparement avec la bénédiction de l’Union européenne

par Marianne Rigaux 10 mars 2014

 

 

 

 

Paradis agricole, la Roumanie est de plus en plus convoitée par les investisseurs étrangers, au risque de voir ses terres arables lui échapper. Attirés par des terres grassement subventionnées par les aides européennes et une main d’œuvre bon marché, de nombreux Européens, mais aussi des Libanais ou des Qataris, s’y sont installés ces dernières années. Bruxelles nie tout accaparement des terres : la venue des investisseurs étrangers ne serait que la suite logique de l’intégration européenne. C’est bien pourtant une nouvelle forme de spoliation qui s’est mise en place, avec la complicité, au moins tacite, du gouvernement roumain.

En Roumanie, l’agriculture est faite de paradoxes. La terre roumaine est à la fois la plus riche et la moins chère d’Europe. Elle est noire, grasse, fertile, riche en humus. En 2012, elle s’achetait encore autour de 2 500 euros l’hectare, contre 5 400 en moyenne en France, ou dix fois plus au Danemark. A l’Ouest du continent, les terres disponibles manquent pour s’installer comme agriculteur ou agrandir les exploitations. Avec 10 millions d’hectares de terres arables à bas prix – l’équivalent de la superficie du Portugal ou de la Hongrie – la Roumanie, cinquième surface agricole de l’Union européenne, attire forcément. Notamment les entreprises agro-alimentaires, comme les groupes français Limagrain, Guyomarc’h, Bonduelle, Roquette, Bongrain et Invivo. Ou les fonds d’investissement Agro-Chirnogi (Liban) ou Velcourt SRL (Grande-Bretagne).

Cet engouement risque de s’accélérer avec la libéralisation du marché foncier, depuis le 1er janvier 2014. Toute personne physique de l’Union européenne et de l’espace économique européen (incluant Islande, Liechtenstein, Norvège) peut désormais acquérir directement des terres agricoles en Roumanie. Il fallait jusqu’à présent être associé à un partenaire local dans le cadre d’une société de droit roumain. Même si elle était prévue depuis l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne en 2007, cette ouverture inquiète aujourd’hui.

 

Le prix des terres multiplié par trois

Avocate à Paris et à Bucarest, Dana Gruia-Dufaud conseille les Français qui investissent en Roumanie. Elle relativise le changement de législation : « Les restrictions jusqu’au 31 décembre 2013 n’ont pas empêché de s’installer ceux qui le voulaient ». Initialement, le gouvernement roumain souhaitait demander aux citoyens étrangers de démontrer une expérience dans l’agriculture et limiter les surfaces achetées à 100 hectares. Mais il a renoncé sous la pression des investisseurs.

L’intérêt pour la Roumanie a fait grimper le prix de l’hectare depuis quelques années. Le prix des terres agricoles a augmenté de près de 60 % entre 2012 et 2014, un hectare atteignant en moyenne 3 100 euros, selon une étude de la compagnie de services immobiliers DTZ Echinox. Depuis 2007, le prix aurait été multiplié par trois, plaçant l’investissement hors de portée pour la plupart des agriculteurs roumains. « On pensait qu’en sept ans le pouvoir d’achat roumain aurait suffisamment monté pour rivaliser avec celui des Occidentaux, mais le rattrapage a été insuffisant », constate l’avocate.

 

« Un accaparement légalisé par Bruxelles »

A Cluj, une ville au centre de la Roumanie, l’ONG EcoRuralis [1] est la seule à dénoncer l’accaparement des terres. Selon ses calculs, 700 000 à 800 000 hectares, soit 7 à 8 % des terres arables du pays (l’équivalent de la surface de 12 000 fermes françaises environ), seraient déjà aux mains d’investisseurs étrangers. Ceux venus de pays arabes, comme le Qatar, l’Arabie Saoudite et le Liban, ont investi les plaines du sud. Les Européens, Italiens (172 000 ha), Allemands (110 000 ha) et Hongrois (58 000 ha) en tête, ont pris d’assaut l’ouest du pays [2].

« J’ai étudié l’accaparement des terres en Asie et en Afrique. Les investissements du nord vers le sud sont régulièrement dénoncés, mais pas ceux au sein de l’Union européenne. C’est une sorte d’accaparement légalisé par Bruxelles », déplore Attila Szocs d’EcoRuralis. L’ONG, qui défend les intérêts des petits producteurs roumains, éprouve de vraies difficultés à se faire entendre. « Nos discussions avec les autorités locales sont limitées car le développement durable que nous promouvons est inconcevable pour eux. Quelques maires nous écoutent, mais la plupart préfèrent les gros investissements ».

 

Des investissements qui arrangent tout le monde

Autre obstacle de taille : l’incapacité des agriculteurs locaux à se défendre. En Roumanie, la majorité des 4,7 millions de paysans sont âgés, pauvres et sous-informés. Attila s’avouerait presque vaincu. « Quand on essaie de sensibiliser les paysans dans les villages, la plupart disent qu’ils vont vendre parce qu’ils sont vieux et que leurs enfants ne veulent pas prendre la relève. On leur conseille de louer plutôt que de vendre, mais souvent ils ont besoin d’argent en cash ». Des dizaines d’intermédiaires sont apparus. Ils sillonnent les campagnes pour le compte d’investisseurs qui cherchent des hectares de terres agricoles.

« Le plus tragique, c’est qu’il n’y a pas vraiment d’opposition. Tout le monde est content de vendre au final », s’indigne Judith Bouniol. Stagiaire à EcoRuralis en 2012, elle a réalisé la première vraie étude sur l’accaparement des terres en Roumanie [3]. Elle a notamment enquêté sur le cas d’Agro-Chirnogi, une firme installée par deux hommes d’affaires libanais, dans la commune de Chirnogi, au Sud-est du pays. « Les habitants ont très peu d’informations, à part la propagande des élus locaux, eux-mêmes intoxiqués par le discours des investisseurs ».

 

Accaparement et connexions politiques

L’exemple d’Agro Chirnogi est éloquent. La firme est implantée depuis 2002 à Chirnogi. Cette commune de 7 000 habitants comptaient encore 40 000 âmes en 2002. Ici, l’agriculture de subsistance disparait au fur et à mesure du vieillissement de la population. Agro Chirnogi emploie entre 600 et 700 personnes, principalement des saisonniers originaires de la région, sur 11 300 hectares. Soit plus des deux tiers des terres de la commune ! L’entreprise cultive des céréales – blé, maïs, colza, orge, tournesol, luzerne – destinées à l’export vers les pays du Moyen Orient (Liban, Syrie, Egypte).

Les deux actionnaires libanais de la maison mère, El khalil Jihad et Youness Laoun, sont proches de membres du gouvernement et des autorités locales. Agro Chirnogi a notamment financé la campagne électorale d’Adrian Năstase, Premier ministre de 2000 à 2004, condamné depuis à 4 ans de prison ferme pour corruption, et celle de Vasile Checiu, ancien maire de Chirnogi. Ils sont accusés d’être au cœur d’une affaire d’évasion fiscale, de contrebande et de blanchiment d’argent, par la Direction d’investigation des infractions de criminalité organisée et de terrorisme (DIICOT). Les habitants de Chirnogi subissent des nuisances quotidiennes : bruit des silos, poussières de maïs qui rendent l’air irrespirable et machines agricoles qui circulent dans la commune. Sans compter l’impact sur les écosystèmes de l’utilisation d’engrais minéraux, de pesticides et de fongicides par Agro Chirnogi.

 

L’attitude ambiguë des pouvoirs publics

Raluca Dan, 27 ans, militante au sein de l’association Re-generation, cherche à sensibiliser l’opinion publique. Son groupe d’activistes organise régulièrement tractages et manifestations à Bucarest. « Les gens comprennent doucement qu’ils ont le droit de se défendre. Mais les paysans se disent : "si le maire dit que c’est bien, pourquoi j’essaierais de changer les choses ?" ».

Les investisseurs étrangers se concentrent sur la production de céréales (blé, maïs, orge, colza, tournesol), exportées dans l’Union européenne. Et sur la production animale, de volaille et de porc, pour les marchés locaux, comme l’Américain Smithfield, qui avait été mis en cause dans un scandale sanitaire au Mexique et plusieurs fois condamnés aux États-Unis. Les investisseurs fournissent du travail aux populations locales dans des conditions relativement décentes pour la Roumanie. Mais avec un salaire minimum de 180 euros et salaire moyen 400 euros, les investisseurs sont aussi attirés par cette main d’œuvre roumaine à bas coût.

Cet accaparement a plutôt pour effet de freiner un exode rural massif déjà en cours, faute de trouver du travail dans les campagnes. Ce qui explique aussi l’attitude ambiguë du gouvernement. Régulièrement, les autorités expriment leur inquiétude dans la presse, sur le thème « il ne faut pas vendre le pays ». « Un message populiste », juge Attila Szocs d’Eco-Ruralis. Le service de presse du ministre de l’Agriculture Daniel Constantin assure que « le gouvernement roumain se soucie en permanence de développer les investissements dans l’agriculture, car celle-ci fournit des emplois dans le milieu rural, et ce quels que soient les investisseurs ».

 

Une agriculture à deux vitesses

« Le gouvernement est en train de laisser les paysans mourir », tranche Raluca Dan. C’est là l’autre paradoxe de la Roumanie. Le pays compte à la fois les plus petites et les plus grandes exploitations d’Europe. L’agriculture de subsistance sur un ou deux hectares cohabite avec des complexes agro-industriels gigantesques, pouvant aller jusqu’à 50 000 hectares [4]. Entre les deux, le choix du gouvernement est clair. Dans son programme de gouvernement 2013-2016, le Premier ministre Victor Ponta indique que l’agriculture roumaine doit « augmenter sa compétitivité afin de faire face à la concurrence sur les marchés européens et internationaux » et prendre « des mesures qui conduiront à la fusion des terres et à la réduction du nombre de fermes et d’exploitations ». Aujourd’hui, la Roumanie compte près de quatre millions de fermes (contre 500 000 en France), d’une surface moyenne de 3,5 hectares (54 ha en France) [5].

Cette dualité dans l’agriculture se traduit concrètement par une répartition très inégalitaire des aides européennes. La moitié des subventions de la Politique agricole commune (PAC) destinées à la Roumanie profitent à 1 % des agriculteurs du pays, exploitant des fermes de plus de 500 hectares ! Une distorsion que le commissaire européen à l’Agriculture, le Roumain Dacian Ciolos, a essayé d’atténuer dans la nouvelle PAC 2014-2020 avec un plafonnement des aides. Sans succès.

Les subventions à l’hectare rendent le pays encore plus intéressant pour les investisseurs étrangers. Un terrain loué 100 euros l’hectare à un propriétaire roumain rapporte 160 euros d’aides à l’exploitant, avant même qu’il ait commencé à produire. La nouvelle Politique agricole commune prévoit désormais une compensation pour inciter les propriétaires de fermes et de terres agricoles non exploitées à vendre ou à louer. Objectif : exploiter la terre intensivement et adosser la croissance du pays à celle de l’agriculture, un secteur qui pèse 8 à 10 % dans le PIB roumain. Mais tous les éléments sont en place pour que l’accaparement des terres roumaines au profit d’investisseurs étrangers s’aggrave lourdement dans les prochaines années.

Marianne Rigaux

 

 

Notes

[1Eco-Ruralis est membre de la coordination européenne Via Campesina et du mouvement Arc2020 qui prône une PAC verte et sociale.

[2Source : ministère roumain de l’Agriculture, 2012.

[3Son travail a été traduit en anglais et incorporé dans une étude à l’échelle européenne.

[4La transition entre agriculture traditionnelle et agriculture industrielle a été étudiée par Elisabeth Crupi, Lauranne Debatty, Thomas Deschamps et Jean-Baptiste Lemaire.

[5Source : Eurostat, 2010.


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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 19:09

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

Edward Snowden : « La NSA met le feu à Internet, vous êtes les pompiers qui peuvent la sauver »

Le Monde.fr | 10.03.2014 à 19h01 • Mis à jour le 10.03.2014 à 19h58 | Par Luc Vinogradoff   (Austin, envoyé spécial)

 
 
Edward Snowden à SXSW à Austin, le 10 mars.

A South by Southwest, la journée de lundi 10 mars a été placée sous le sceau de la surveillance de la NSA et la protection de la vie privée. Glenn Greenwald et Barton Gellman, les deux journalistes ayant eu accès aux documents diffusés par Edward Snowden, participaient chacun à une conférence. Mais c'est la présence, via vidéoconférence, de l'ancien consultant de la NSA, qui représentait le clou du spectacle.

Intervenant depuis la Russie via une connexion précaire, traversant pas moins de 7 proxys, Edward Snowden est apparu avec, en arrière-plan, l'article 1 de la Constitution américaine avec un message clair : s'il a voulu être ici à Austin, devant « la communauté qui construit Internet », c'est pour lui dire que c'était elle qui pouvait le « sauver ». « La NSA met le feu à Internet, et vous êtes les pompiers », a-t-il lancé sous les applaudissements.

 

 « LE CHIFFRAGE DE DONNÉES FONCTIONNE »

Huit mois après les premières révélations contenues dans les documents pris à l'Agence de surveillance américaine, Snowden dit ne rien « regretter ». Au contraire, il se félicite des « réactions incroyables » du public et du débat mondial qui s'en est suivi. A en croire son analyse, et celle de Christopher Soghoian de l'Americain civil liberties union (ACLU), le temps de la surprise est passé, il faut désormais que le grand public s'organise pour se protéger en ligne.

Pour Snowden, la surveillance de masse telle que pratiquée par la NSA a montré ses limites, si ce n'est son inefficacité. « Nos services de renseignement ont connu un échec phénoménal. Nous surveillons tout le monde, tout le temps. Mais nous avons quand même raté des choses », a-t-il souligné, évoquant le cas de Djokhar Tsarnaïev, un des auteurs de l'attaque contre le marathon de Boston, passé entre les mailles du filet. « On passait notre temps à hacker Facebook ou Google. Nous avons dépensé énormément d'argent. Qu'avons-nous obtenu ? Rien », ajoute-t-il, rappelant que deux enquêtes internes menées par la Maison Blanche ont montré que la surveillance de masse de la NSA n'a jamais apporté de résultats concrets.

Snowden et Soghoian préconisent une réaction en deux temps. La première est politique. Snowden estime par exemple qu'il faut que de nouveaux organes de supervision qui surveilleraient le Congrès, puisque ce dernier ne fait pas son propre travail de supervision.

«Il ne faut plus que des personnes comme le directeur national du renseignement, James Clapper, puissent aller devant le Congrès et mentir. Et que les membres de la commission, qui savent tous qu'il ment car ils ont accès à des document secrets, l'applaudissent ».

L'autre réponse passe par les citoyens, et leur utilisation quotidienne d'Internet. « Il faut rendre la surveillance de masse plus chère, et donc moins pratique pour la NSA » résume Snowden. Pour cela, une seule réponse : le chiffrage de données. « Les gens, qu'ils soient journalistes ou citoyens, doivent avoir accès à cette technologie. Ce n'est pas une technologie qui doit faire peur, ce n'est pas un art obscur. On doit l'étudier, a-t-il expliqué. Le chiffrage de données fonctionne ».

La foule suit le discours de Snowden.

La preuve, dit-il avec un sourire, est que la celulle mise en place par le gouvernement américain n'a toujours pas pu déterminer, huit mois après, « quels documents
j'avais pris »
.

Cet appel à prendre les armes numériques, en quelque sorte, revient sans cesse dans toutes les discussion autour de la NSA ou de la vie privée à South by Southwest. Le constat de plusieurs spécialistes, dont l'ACLU, est que l'on est arrivé à un stade où le chiffrage de données, entre autres, est devenu évident, voire nécessaire pour se protégrer en ligne. Snowden évoque pêle-mêle des add-ons pour la navigation, comme NoScript, des protocoles de sécurisation d'échanges comme SSL ou le réseau Tor, une cible de la NSA où la navigation est anonyme y compris pour les FAI.

 

Le Monde SXSW14 @LeMonde_SXSW

La vidéoconférence de à est terminée. Discussions dans la salle : "ça valait le coup. (...) Je dois apprendre à utiliser Tor"

 

Lire nos explications Bitcoin, BitTorrent, TOR : un Internet décentralisé pour des usages centralisés ?

 

 « CRYPTOGRAPHES RADICALISÉS »

Pour Christopher Soghoian, les révélations sur le comportement des agences de renseignement qui ont eu lieu grâce à Edward Snowden ont obligé les géants du Web impliqués (Google, Facebook, Yahoo, Microsoft pour ne nommer qu'eux) a mieux protéger les données de leurs clients. Mieux, les compagnies qui proposeront de nouveaux services s'en serviront comme un argument commercial, ce qui sera bénéfique à long terme pour la vie privée du grand public, pense-t-il. La démocratisation du chiffrage de données n'est pas à l'ordre du jour, pense l'ACLU, mais c'est la tendance.

«Nous arrivons à un moment où l'on pourra bientôt proposer un service de chiffrage pour 5 dollars par mois. Je pense, par exemple, que le prochain WhatsApp devra utiliser le chiffrage, estime Christopher Soghoian. Je connais beaucoup de cryptographes, qui travaillent parfois pour de grands groupes, et certains d'entre eux ne sont pas contents du tout. Ils ont l'impression de s'être fait avoir. Certains se sont radicalisés, et je pense que les outils qui sortiront dans 6 mois ou 1 an seront par conséquence bien plus sécurisés ».

 

Le Monde SXSW14 @LeMonde_SXSW

Applaudissements debout pour qui concluent la vidéoconférence https://vine.co/v/Mqxq0Y7zdv9  


Regarder la vidéo : Comment la NSA vous surveille (expliqué en patates)

 

 

Luc Vinogradoff   (Austin, envoyé spécial)
Journaliste au Monde.fr

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

 


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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 18:38

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/attac-france

 

Profiter de la crise - comment les multinationales poursuivent les États en justice

A l’occasion du 4ème cycle de négociation de l’accord UE-US du 10 au 14 mars à Bruxelles, le Transnational Institute et le Corporate Europe Observatory sortent un rapport intitulé « Profiter de la crise » qui explique comment entreprises et avocats d’affaires font des profits au détriment des pays européens frappés par la crise. Voici une traduction du résumé du rapport (la version complète en anglais est disponible ici).


 

Les règles de protection des investissements sont particulièrement employées en situation de crise économique, et ne font pas les affaires de tout le monde : si elles protègent les spéculateurs et leurs investissements risqués, elles laissent les citoyens, dont les droits sociaux les plus élémentaires sont remis en causes par les politiques d’austérité, sans protection.

Pendant longtemps, les pays européens ont été épargnés par la vague de différends investisseur-État qui ont particulièrement affecté les pays en développement. Dans le sillage de la crise financière, les entreprises et avocats spécialistes de l’investissement se sont tournés vers de possibles opportunités de profit en Europe. Des règles de protection des investissements, dessinées en secret dans les enceintes des conseils d’administration et qui donnent aux entreprises le droit de poursuivre les gouvernements, ont peu à peu été mises en place.

« Profiter de la crise » commence par revenir sur l’histoire des poursuites entre investisseurs et État dans le cadre de crises économiques comme celles du Mexique en 1994 et de l’Argentine en 2001. Ces États ont désespérément tenté, face à la crise, de prendre des mesures pour protéger leurs économies en décomposition ; et ces mesures ont alors fait l’objet d’attaques systématiques des entreprises. Les gouvernements de ces pays ont été poursuivis pour avoir par exemple essayé de remettre en place un système financier national ou de bloquer les prix des services publics afin qu’ils restent abordables pour les populations. Des mesures, comme la restructuration de la dette publique, pourtant nécessaires aux accords de renégociations des dettes, ont-elles aussi fait l’objet de poursuites.

Ce type de de poursuites se fonde sur les plus de 3000 traités internationaux d’investissements actuellement en vigueur. Ceux-ci contiennent des dispositions très fortes en matière de protection de la propriété privée incluses dans des clauses très générales comme les clauses, de « traitement juste et équitable » ou de « protection contre l’expropriation indirecte ». Le problème étant que ces clauses sont interprétées si largement qu’elles donnent carte blanche aux entreprises pour poursuivre les États pour n’importe quelle réglementation qui affecteraient leurs profits actuels ou futurs. Les traités d’investissements garantissent aux entreprises des protections conséquentes sans donner de droits équivalents aux États pour protéger leurs propres citoyens.

« Profiter de la crise » s’intéresse tout particulièrement à la manière dont les investisseurs privés ont réagi aux mesures prises par l’Espagne, la Grèce ou encore Chypre pour protéger leurs économies dans le sillon de la crise de la dette européenne.

Ainsi la banque slovaque Postová Bank a-t-elle acheté des obligations grecques après que celles-ci ont été dégradées, bénéficié d’un très généreux accord de restructuration de dette, et néanmoins tenté d’en obtenir un meilleur en poursuivant la Grèce sur la base du traité d’investissement bilatéral (TIB) entre la Slovaquie et la Grèce.

A Chypre, un fonds de placement référencé en Grèce, Marfin Investment Group, impliqué dans une série de prêts douteux, réclame à Chypre 823 millions d’euros en compensation d’investissements perdus au motif de la nationalisation de la Laiki Bank, qui figurait dans l’accord de restructuration de la dette passé avec l’Union européenne.

En Espagne, 22 entreprises (au moment où nous écrivons), pour la plupart des fonds d’investissements, poursuivent le gouvernement devant des tribunaux internationaux pour des coupes dans les subventions aux énergies renouvelables. Ces coupes ont été aussi critiquées par les écologistes, mais seuls les investisseurs étrangers ont la possibilité de les attaquer en justice, et il va sans dire que s’ils gagnent, ce seront les citoyens espagnols, déjà largement affectés par la crise, qui paieront pour enrichir ces fonds d’investissements.

« Profiter de la crise » révèle comment :

- Après le sauvetage des banques, qui a débouché sur la crise de la dette en Europe, un second sauvetage pourrait voir le jour : celui des investisseurs spéculatifs. Les investisseurs privés ont réclamé, dans leurs poursuites, près de 700 millions d’euros à l’Espagne ; plus d’un milliard à Chypre et des sommes non connues à ce jour à la Grèce. L’addition, à laquelle s’ajoutent les frais juridiques exorbitants, sera un poids supplémentaire pour les budgets publics, alors même que l’austérité impose des coupes dans les dépenses sociales affectant directement les populations les plus vulnérables. En 2013, alors que l’Espagne dépensait des millions pour se défendre dans ces procès, les dépenses de santé étaient diminuées de 22% et les dépenses de santé de 18%.

- Nombre de poursuites en cours contre les pays européens frappés par la crise sont lancées par des investisseurs spéculatifs. Il ne s’agissait pas d’investisseurs de long-terme puisqu’ils ont investi après le déclenchement de la crise ; ils étaient donc pleinement conscients des risques. Ils utilisent pourtant des accords d’investissement pour ne pas payer les coûts de ces investissements risqués, et soutirer de l’argent aux pays en crise. La banque Postová Bank, par exemple, a acheté des obligations début 2010 au moment où Standard & Poor’s qualifiait la dette grecque d’actif toxique. En Espagne, sur les 22 entreprises impliquées dans des poursuites, 12 ont investi après 2008 alors que les premières restrictions sur les subventions à l’énergie solaires étaient mises en place ; huit autres ont continué à investir dans le pays malgré les « menaces » sur les investissements.

- Les investisseurs impliqués dans des poursuites ont dégagé des profits considérables malgré les « menaces » sur leurs investissements dans les pays en crise. Postová Bank a ainsi annoncé un profit net de 67,5 millions d’euros en 2012 ; l’investisseur dans les énergies renouvelables Abengoa SA a annoncé une augmentation de 17% de ses bénéfices à hauteur de 5,23 milliards d’euros dans les neufs premiers mois de 2013. Cela a été une toute autre affaire pour les citoyens des pays qui ont fait l’objet de poursuites. Les grecs par exemple, sont en moyenne 40% plus pauvres qu’ils n’étaient en 2008, et on a assisté à une hausse considérable du nombre de sans logis. Un enfant sur trois (environ 600 000) vit désormais sous le seuil de pauvreté.

- Les investisseurs privés ont été soutenus et encouragés par des juristes spécialistes de l’investissement, généreusement rémunérés, qui ont continument et activement identifié les opportunités de poursuites. Dans certaines affaires, les cabinets de conseils qui organisent les poursuites envers les pays en crise conseillaient les mêmes compagnies qui ont réalisés les investissements risqués concernés par ces poursuites. Le cabinet juridique Allen & Overy basé en Grande-Bretagne, qui conseille désormais des investisseurs dans cinq des sept poursuites (au moment où nous écrivons ces lignes) contre l’Espagne en lien avec les coupes budgétaires dans le secteur de l’énergie, conseillait déjà ces investisseurs au moment où ils ont acquis des centrales électriques. Le marketing des avocats d’affaires a payé, avec une explosion des poursuites et des profits importants pour ces firmes ‘élite. Herbert Smith Freehills, qui conseille désormais l’Espagne dans au moins deux affaires, par exemple, pratique des tarifs à hauteur de 300€ de l’heure et ses profits sont estimés à 1,6 millions d’euros pour ces affaires.

- Les juristes spécialistes de l’investissement et entreprises utilisent la menace de poursuites juridiques pour modifier les politiques ou pour empêcher la mise en place de réglementations qui affecteraient leurs profits. Dans un document d’information à destination d’un client daté d’octobre 2011, le cabinet juridique K&L Gates basé aux États-Unis recommandait aux investisseurs d’utiliser la menace de poursuites comme un « levier de négociation » dans les discussions sur la restructuration de la dette avec les gouvernements. De la même manière, le cabinet britannique Clyde & Co suggérait d’utiliser la « mauvaise publicité potentielle » d’une poursuite comme « levier de négociation en cas de conflit avec un gouvernement étranger ».

- La Commission européenne a joué un rôle complice et trompeur, encourageant de fait cette vague de poursuites visant les pays frappés par la crise. Certaines de ces poursuites sont liées avec des mesures de restructurations de la dette ou du secteur bancaire prises en lien avec l’adoption de « sauvetages » à l’initiative de l’Union européenne. Par ailleurs, alors que la Commission européenne a été critique des TIB (traités d’investissements bilatéraux) entre Etats membres (ou TIB intra-UE), elle continue à promouvoir activement l’utilisation de l’arbitrage investisseur-État dans le monde, et notamment dans le cadre des négociations en cours sur le controversé accord de commerce UE-US (ou PTCI). Défendre la protection des investisseurs privés tout en remettant en cause la protection sociale, voilà la tendance problématique qui caractérise les politiques économiques et commerciales de l’Union européenne.

- Les règles de protection des investissements offrent aux investisseurs privés un statut à part et privatise la justice. Les investisseurs privés se voient dotés de droits plus importants que les entreprises nationales, les individus ou collectivités locales, quand bien même ceux-ci seraient affectés au même titre par les mesures incriminées. Les affaires sont par ailleurs jugées par un tribunal de trois avocats privés qui sont à même de prendre des décisions qui concernent la vie de millions de personnes. Des précédents montrent comment ceux-ci peuvent passer par pertes et profits les principes juridiques qui permettent aux États de violer leurs obligations internationales quand cela est nécessaire pour protéger les intérêts de leurs citoyens, en particulier dans les situations de crises.

L’approfondissement de la crise dans la périphérie de l’Union européenne a attiré de plus en plus de vautours, attirés par les profits. En 2012, le new-yorkais Greylock Capital annonçait que les obligations grecques étaient « l’affaire de l’année ». Les investisseurs payaient alors les obligations à 19 à 25% de leur valeur.

En avril 2013, le cabinet d’affaires Skadden qui représente la Cyprus Popular Bank (Laiki) dans une poursuite imminente à hauteur de plusieurs milliards d’euros contre la Grèce applaudissait « l’intérêt croissant et l’utilisation novatrice des traités bilatéraux d’investissement ». Le cabinet expliquait : « l’intérêt des tribunaux prévus dans les TIB et l’incertitude économique ambiante expliquent le recours croissant au TIB pour résoudre les conflits, et nous estimons que cette tendance devrait se poursuivre ». L’expérience de l’Argentine, qui a dû faire face à 55 poursuites par des investisseurs dans le sillage de la crise de 2001, montre combien ces initiatives sont courantes en temps de crise. Les affaires évoquées dans ce rapport ne représentent probablement qu’une première salve de poursuites contre des pays européens.

Ces différends investisseur-État s’inscrivent dans un contexte particulier révélé par la crise économique qui frappe l’Europe, dans lequel les entreprises et leurs investissements à risques sont protégés alors que les citoyens doivent subir les conséquences des coupes budgétaires ; où les pertes privées sont socialisées, les contribuables payant l’addition ; et où les entreprises se voient garantir des recours juridiques alors même que les droits fondamentaux sont mis de côté.

En Europe comme aux États-Unis, les sauvetages bancaires ont provoqué la colère du public, ce qui se conçoit aisément. Il est désormais urgent de jeter la lumière sur le sauvetage des investisseurs qui s’annonce et d’appeler à une refonte des règles internationales de protection des investisseurs.

Une première étape pourrait consister, pour les gouvernements européens, à remettre en cause les accords d’investissement existant. En particulier, les citoyens européens et élus devraient exiger que les mécanismes de règlement des différends investisseur-État soient exclus des nouveaux accords commerciaux en cours de négociation, comme l’accord de commerce UE-US. En tout, ce sont près de 75 000 entreprises enregistrées de part et d’autre de l’atlantique, avec des filiales à la fois dans l’Union européenne et aux États-Unis, qui pourront lancer des poursuites sur la base d’un tel accord transatlantique. L’exemple des spéculateurs qui tentent de tirer parti de la crise européenne, évoqué dans ce rapport, est un avertissement salutaire : les droits dont bénéficient les investisseurs devraient être revus et passer après les droits des populations.

Traduction par les Dessous de Bruxelles

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/attac-france

 

 

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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 18:32

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/attac-france

 

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