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16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 19:06

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/edwy-plenel

 

 

« Dire non », un appel au sursaut

Dire non, qui paraît jeudi 13 mars aux éditions Don Quichotte, est un appel au sursaut afin de trouer l’épais brouillard qui, aujourd’hui, voile l’espérance. Dire non pour inventer, tous ensemble, notre oui. Ce livre est dédié à Stéphane Hessel qui fut membre de la Société des Amis de Mediapart. En voici un avant-goût avec ses premières et ses dernières lignes.

La France ressemble ces temps-ci à un Titanic dont l’équipage irait droit vers l’iceberg, le sachant et le voyant mais ne trouvant rien pour l’empêcher. Economique, sociale, démocratique, européenne, culturelle, écologique, etc. : les crises s’accumulent dans une confusion du sens et une perte de repère dont aucune force ne semble capable de dénouer les fils, à l’exception des tenants de la régression la plus obscure vers le plaisir de détester ensemble – les Juifs, les Musulmans, les Arabes, les Noirs, les Roms, les étrangers, le monde, l’Europe, mais aussi les homosexuels, sans oublier les femmes, bref les autres, tous les autres. Passions tristes de l’inégalité, des hiérarchies et des discriminations ; passions dangereuses et ravageuses qui, inéluctablement, en viennent à trier, séparer et sélectionner, parmi notre commune humanité. Passions qui ruinent l’espérance d’émancipation, dont l’égalité des droits et des possibles a toujours été le moteur.

 

 

Nous ne sommes pas condamnés à cette fatalité. Urbaine, diverse et mêlée, dynamique et inventive, la France telle qu’elle est et telle qu’elle vit n’est pas conforme à cette image de régression, de division et de repli. Mais, entre cette réalité vécue et la politique supposée la représenter, le gouffre ne cesse de se creuser. Aussi la crise française est-elle d’abord une crise politique, crise de représentation, essoufflement des institutions, fin de régime. Celle d’une République épuisée, à bout de souffle, impuissante et illisible, condamnée à vivre dans l’instant sans que le passage de l’hystérie sarkozyste à l’activisme hollandais change fondamentalement  la donne. D’un République fatiguée à force d’avoir été confisquée, réduite au pouvoir d’un seul et, de ce fait, affaiblie, étouffant ses vitalités démocratiques, démobilisant ses forces vives, démoralisant son peuple souverain.

Allons-nous continuer à subir ou nous décider enfin à réagir ? Dans la diversité de nos attentes et de nos espoirs, de nos conditions et de nos territoires, de nos croyances et de nos origines, ne nous revient-il pas de relever la France en réinventant sa République, une République enfin conforme à sa promesse de liberté étendue, d’égalité approfondie et de fraternité retrouvée ? Ne sommes-nous pas requis, sauf à définitivement accepter cette servitude volontaire des peuples qui ne savent plus dire « non » ? Et, en l’occurrence, non à cette haine de soi qui est au ressort de la haine de l’autre, cette hantise du déclin et de la chute dont l’infinie quête de boucs émissaires dit le refus de la France réelle, France qui se cherche et qui s’invente, France tissée d’ailleurs et de lointains, France du divers et du pluriel, France de l’égalité sans distinction d’origine ou de sexe, d’apparence ou de croyance, notre France.

Dire non est cet appel au sursaut, un sursaut démocratique et social qui rassemble et conforte afin de trouer l’épais brouillard qui, aujourd’hui, voile l’espérance.

(…)

Nous n’avons peut-être que nos idées, que nos mots. Mais ils dressent un idéal français. D’une France qui ne serait pas fermée à elle-même en se fermant aux autres. Et, dans la bataille d’imaginaire où se jouera l’idée que se fait notre peuple de lui-même, ces mots, ces idées sont des forces matérielles. Car il arrive que la liberté dépende d’un mot, d’un seul. Au début des Essais, écrits dans des temps de transition et de métamorphose dont les passions et les doutes évoquent les nôtres, Montaigne rappelle ce passage des Vies parallèles de Plutarque où l’on apprend « que les habitants d’Asie servaient à un seul, pour ne pas savoir prononcer une seule syllabe qui est Non ». Et c’est alors qu’il ajoute cette précision où, pour la première fois, il mentionne celui dont l’absence l’accompagnera toujours, son ami Etienne de La Boétie : la mention par Plutarque de cette soumission par incapacité à dire non, explique-t-il, « donna peut-être la matière et l’occasion à La Boétie de sa Servitude volontaire ».

Ecrit par Etienne de La Boétie (1530-1563) alors qu’il avait seize ou dix-huit ans, selon le témoignage variable de Montaigne, le Discours de la servitude volontaire a traversé les siècles comme le Sésame des émancipations, indépendamment des lieux et des circonstances. « C’est un extrême malheur d’être sujet à un maître, duquel on ne peut jamais assurer qu’il soit bon, puisqu’il est toujours en sa puissance d’être mauvais quand il voudra », lance dès les premières lignes La Boétie qui s’étonne que « tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a puissance que celles qu’ils lui donnent ». Pensant la liberté contre le pouvoir, son propos n’est pas de déploration ou de lamentation, mais d’interpellation de ceux-là mêmes qui, par leur silence ou leur obéissance, font la servitude possible. Mais aussi par envie d’être maîtres à leur tour, oppresseurs et dominateurs, tant le ressort secret de la servitude volontaire, c’est, selon le mot de Claude Lefort, que « la tyrannie traverse la société de part en part ».

Les monstres contre lesquels se dresse ce livre aiment la servitude, au point de s’identifier avec les tyrans dans le désir d’être à leur tour maîtres d’un autre. Le non que nous leur opposons n’est pas de simple indignation, mais d’invention, dans l’intelligence de ce qui, hier, les a libérés et de ce qui, aujourd’hui, les prolonge. Un non de création, animé par la certitude que, selon les mots d’Edouard Glissant et de Patrick Chamoiseau, « le temps viendra où le désir de dominer, de dicter sa loi, de bâtir son empire, la fierté d’être le plus fort, l’orgueil de détenir la vérité, seront considérés comme un des signes les plus sûrs de la barbarie à l’œuvre dans l’histoire des humanités ». Ces lignes sont extraites de la protestation qu’ils avaient lancé en 2007 depuis les Caraïbes contre la création d’un Ministère de l’identité nationale, « contre ce mur-ministère qui tente de nous accommoder au pire, de nous habituer peu à peu à fréquenter l’insupportable, de nous mener à fréquenter, en silence et jusqu’au risque de la complicité, l’inadmissible ».

Et d’ajouter, pour finir : « Tout le contraire de la beauté ». Car c’est aussi ce qui se joue ici : la beauté du monde, la bonté des hommes. Le poème préféré de Stéphane Hessel, ce juste dont le souvenir accompagne ce livre, était La Jolie rousse de Guillaume Apollinaire, testament poétique publié le 15 mars 1918 d’un homme « blessé à la tête trépané sous le chloroforme », victime de la folie guerrière provoquée par nos passions dominatrices. S’il le récitait volontiers en entier, il aimait aussi en citer un vers, un seul, pensant, expliquait-il, qu’il « aidera les jeunes générations à entreprendre, poétiquement et politiquement, la construction d’une société radicalement nouvelle par rapport à celle dont nous déplorons l’existence tous les jours ».

Le voici : « Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait. »

Or Nouvelle Bonté est précisément le titre du poème d’Aimé Césaire où figure la mise en garde placée en exergue de ce manifeste : « Il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube. » D’un poète l’autre, comme l’on irait d’inquiétude en espérance, nous entrevoyons le chemin du sursaut. Dire non à cette laideur, cette méchanceté. Dire non à l’abaissement de la France par ceux qui la défigurent en ne l’aimant pas telle qu’elle est et telle qu’elle vit. Dire non pour relever ce pays en élevant son langage. Dire non pour inventer notre oui.

Dire non, 188 p., 14 euros. En vente en librairie ou ici sur Mediapart. Voir la présentation du livre sur le site des éditions Don Quichotte, accompagnée de cette vidéo:

 

 

Voici le sommaire de cet essai :

Un appel

1. Les monstres

2. L’abîme

3. La démobilisation

4. La tragédie

5. L’horizon

6. La trace

Annexe

L’adresse au président

Références

 

 

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/edwy-plenel

 

 


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16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 18:57

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

Prothèses PIP: les chirurgiens savaient tout, ou presque

|  Par Michel de Pracontal

 

 

Bien avant que la fraude de PIP ne soit épinglée par l'Afssaps en 2010, les chirurgiens clients de l'entreprise savaient à peu près tout de ses dysfonctionnements et certains soupçonnaient que les contrôles étaient truqués. C'est ce que démontrent des documents inédits révélés par Mediapart.

 

Fin 2013, Jean-Claude Mas, patron-fondateur de PIP, et quatre dirigeants de sa société ont été condamnés pour tromperie aggravée par le tribunal de Marseille. Les médias ont décrit en détail la manière dont la société de La Seyne-sur-Mer, épinglée en mars 2010 pour avoir vendu des prothèses mammaires remplies d’un gel de silicone frauduleux, avait truqué les contrôles pour masquer l’utilisation d’un gel non médical. En revanche, on ne savait à peu près rien des relations entre PIP et sa clientèle de chirurgiens plasticiens, opérant dans des cliniques privées ou dans des hôpitaux publics, qui ont acheté et posé les prothèses frauduleuses, parfois au rythme de plusieurs centaines par an.

Mediapart a pu se procurer l’ensemble des rapports mensuels d’activité établis par la direction commerciale de PIP entre début 2005 et fin 2009, juste avant la liquidation de l’entreprise. A l'exemple de ces lignes, rédigées en novembre 2005 par un représentant commercial de PIP :

« La situation des ruptures (de stocks) est totalement incompréhensible et dure depuis… 2002. Le cas du docteur Delgove est symptomatique, plusieurs commandes non honorées, les prothèses commandées en MX remplacées par des TX (alors qu’il n’en souhaite plus…)… Tout ceci alors que la concurrence effectue le “forcing” pour nous déloger… Le Dr Delgove a posé plus de 180 paires PIP en 2004 !! À titre d’information, je viens de régler, la semaine dernière, pour lui près de 1100 € à l’occasion du congrès de la Sofcpre (société française de chirurgie plastique et reconstructrice)… ceci pour que la semaine suivante, il soit contraint de passer commande ailleurs faute de pouvoir se faire livrer par PIP. »

Ces documents internes, inédits jusqu’ici, éclairent l’affaire d’un jour nouveau. Ils montrent que lorsque la fraude a été découverte, le manque de fiabilité de PIP était depuis longtemps un secret de Polichinelle dans le milieu des chirurgiens plasticiens. Les rapports des commerciaux montrent de fortes tensions entre PIP et ses clients exaspérés par les dysfonctionnements chroniques de l’entreprise : mauvaise gestion des stocks, suivi irrégulier des commandes, qualité de fabrication instable, etc. Ils font apparaître que dès 2006 et surtout à partir de 2007, les commerciaux se sont sérieusement inquiétés de la multiplication des ruptures de prothèses. Ils révèlent que certains chirurgiens ont mis en cause le gel PIP dès 2007, et ont soupçonné une fraude aux contrôles au moins un an avant qu’elle ne soit mise en évidence, en mars 2010, par une inspection de l’Afssaps (Agence française pour la sécurité sanitaire des produits de santé, devenue l’Ansm). On découvre, enfin, que PIP a su s'assurer le soutien de certains experts et a entretenu des relations suivies avec les centres anti-cancer, qui ont continué d'acheter ses prothèses alors que de nombreux chirurgiens se détournaient de la société de Mas.

 

Le site de PIP à La Seyne-sur-Mer 
Le site de PIP à La Seyne-sur-Mer © Reuters

 

• Dès 2005, nombreux défauts de qualité ou dysfonctionnements de gestion chez PIP

En mars 2005, les commerciaux de PIP craignent de perdre un important client, le docteur Guy-Henri Muller, à Strasbourg : « Suite à de nombreux problèmes rencontrés avec PIP (extrusions, cas de formation de liquide séreux important lors de reconstructions, ruptures de stock à gérer), ce très gros client a laissé sous-entendre qu’il pourrait très prochainement aller à la concurrence. Ceci serait fort dommageable car Dr Muller a une très forte notoriété. »

Des clients de PIP protestent contre la présence, sur l’enveloppe de nombreuses prothèses, de cheveux, de bulles, de peluches, de taches ou de traces de silicone. En février 2007, à propos d’une réclamation d’un fidèle client – le docteur Dominique Antz, de Mulhouse –, concernant des défauts de texturation, le représentant pose la question : « Comment des enveloppes avec ce type de défaut peuvent-elles franchir le contrôle qualité ? » Le même rédacteur déplore que le chirurgien ait été réduit à « ouvrir 7 boîtes d’implants PIP… pour en éliminer 5… et en poser 2 !! ».

Les représentants signalent de nombreux retards de livraison et des problèmes récurrents de conditionnement ou d’étiquetage. En septembre 2005, le docteur Richard Abs, de la clinique Phénicia à Marseille, « est très mécontent de ne pouvoir obtenir des prothèses de fesses (xième relance) ». En novembre 2007, le CHU de Toulouse reçoit des « livraisons catastrophiques » de gabarits gonflables, conditionnés de façon anarchique : « Parfois, on en met 2 dans une mallette en plastique, parfois 1 seul. Ils sont parfois envoyés dans des valisettes transparentes à fond bleu. Sur une même livraison, les 2 mallettes différentes peuvent être utilisées ! Parfois, ils sont livrés sans valisette, en vrac, dans des cartons. » Avril 2008 : « Le docteur Mage a ouvert une 205 cc à la clinique Antoine de Padoue à Bordeaux. À l’intérieur, une 470 cc !… » Moins d’un an après, le même médecin subira la même mésaventure…

En avril 2005, un problème d’une autre nature : le docteur Alfred Fitoussi, qui travaille à l’institut Curie et à la clinique Saint-Jean-de-Dieu, « a réclamé à nouveau ses honoraires concernant une communication faite au congrès d’Israël en accord avec le distributeur local ». Fitoussi n’en continue pas moins à travailler sur des présentations ou des ateliers pour PIP, même si, en février 2006, il est toujours « très mécontent » de n’avoir aucun règlement.

Dans le compte rendu de mai 2005, on apprend que le docteur Fitoussi « a réitéré sa demande sur les tailles réelles de prothèses asymétriques ». Exclusivité PIP, les prothèses asymétriques sont surtout destinées à le reconstruction mammaire pour les patientes opérées lors d’un cancer du sein. Elles permettent parfois d’obtenir de meilleurs résultats que les prothèses classiques rondes, mais les clients de PIP se plaignent souvent du fait que la gamme soit trop étroite et ne comporte pas assez de tailles. Qui plus est, dans certains cas, ces prothèses asymétriques deviennent rondes…

« Un jour, l'Afssaps va trouver cela bizarre »

La raison pour laquelle Fitoussi demande les tailles réelles de ces prothèses apparaît dans le rapport d’octobre 2006, qui mentionne un échange entre chirurgiens lors d’un congrès organisé par Astra Zeneca. Un chirurgien expose qu’il a choisi un certain modèle de prothèse en se basant sur le catalogue PIP : « Le Dr Fitoussi répond que PIP lui a dit que les cotes des implants étaient fausses et que le cotes officielles avaient été définies pour l’homologation à l’Afssaps sans tenir compte des mesures réelles. » Si l’on comprend bien, le catalogue ne donne pas les vraies mesures des prothèses. L’incident en dit long sur le sérieux avec lequel la société PIP traite les aspects réglementaires.

Les rapports des commerciaux mentionnent plusieurs études cliniques sur le gel de silicone des prothèses PIP. En mai 2005, le représentant indique : « Il devient urgent de faire un point sur les dossiers d’études cliniques (gel de silicone). Médecins concernés : Dessapt et Muller. Les études ont débuté en 2001 pour une durée de deux ans ! Plusieurs demandes ont été faites au service qualité, sans succès… » En juillet, rien n’a changé : « Je relance ce jour le service Qualité pour avoir une situation des études cliniques en gel de silicone sur ce secteur (toujours pas de réponse…). »


Jean-Claude Mas 
Jean-Claude Mas © Reuters

Le gel a aussi été étudié par le docteur Maurice Félix, de la clinique Phénicia à Marseille, l’un des plus gros clients de PIP. En septembre 2005, le docteur Félix « a rendu ses dossiers “suivi patientes” concernant l’étude des gels. Demande le règlement (305 € par dossier × 29 soit un total de 8845 € ». Cette étude n’a manifestement pas détecté la composition frauduleuse du gel. En février 2006, une des patientes de Félix est victime d’une rupture de prothèse avec siliconome (inflammation due au gel), et menace d’un procès, ce qui conduit PIP à prendre en charge tous les frais de réintervention. Début 2007, Maurice Félix sera l’un des premiers à mettre en cause le gel PIP, qu’il juge insuffisamment « cohésif ».

Pour conserver sa clientèle, la société de Jean-Claude Mas a accordé à un certain nombre de chirurgiens des rabais très importants ou des délais de paiement. Les commerciaux de PIP se plaignent de l’incohérence de la politique tarifaire de l’entreprise et de l'absence de grilles de tarif en fonction des quantités commandées. En septembre 2005, PIP a des difficultés avec deux de ses clients parisiens, les frères Sidney et Jacques Ohana (clinique Pétrarque) : le représentant se plaint du fait que les frères Ohana font travailler d’autres chirurgiens avec les tarifs préférentiels que PIP leur a accordés. L’affaire finit par s’arranger. En janvier 2008, le docteur Sidney Ohana est toujours client de PIP, mais un autre incident se produit : alors que le chirurgien « enregistrait une intervention pour une émission télévisée, un implant PIP s’est rompu à l’implantation… il a finalement posé une paire d’implants de marque Sebbin ».

 

• À partir de 2006, la multiplication des ruptures d’implants PIP

En première ligne face aux chirurgiens, les représentants sont les premiers à détecter l’augmentation des cas de ruptures d’implants PIP, qui donnent souvent lieu à des réinterventions dont le fabricant assume les frais. Mai 2006 : « Vu les cas de plus en plus fréquents de ruptures des pmi en gel, l’explication que l’épaisseur est conforme aux normes n’est pas appropriée ni justifiée. Les chirurgiens parlent entre eux », écrit le représentant. Plusieurs chirurgiens signalent des cas de ruptures de prothèses avec siliconomes.

La tendance s’accentue l’année suivante. En février 2007, un représentant exprime sa crainte d’une méfiance croissante des clients, chez qui « commence à faire son chemin » l’idée que les ruptures des prothèses PIP sont dues à des défauts de l’enveloppe. Le représentant redoute que certains chirurgiens soient, « je cite, intimement convaincus d’avoir implanté des dispositifs limite ou douteux… ».

En avril 2007, un autre commercial écrit : « Nous sommes handicapés par l’instabilité des produits PIP. Les nombreuses ruptures d’implants affectent gravement notre image de marque près des chirurgiens plasticiens. Sur le secteur sud-ouest un grand nombre de chirurgiens ne souhaitent plus recevoir PIP. »

Juin 2007 : un chirurgien évoque les ruptures de prothèses alors qu’il n’en a pas personnellement subi, « preuve, si besoin était, que les informations relayées de multiples manières circulent et qu’il serait en conséquence parfaitement inconscient de mésestimer leur portée », note un représentant.

Un de ses collègues enfonce le clou : « Depuis 2 ans, je tire la sonnette d’alarme sur les problèmes de ruptures d’enveloppes : plusieurs mails à la direction et aux services concernés (qualité, R et D, production). Pas une seule fois, on ne m’a répondu. Je pense que cette année, nous allons approcher la centaine de ruptures. C’est grave et les conséquences peuvent être dramatiques pour nous. À chaque fois il y a une DMV (déclaration de matériovigilance) : un jour l’Afssaps va trouver (cela) bizarre ! Plus grave, les chirurgiens parlent entre eux : au niveau national, ils ont maintenant un forum de discussion via le net et pour avoir pu chez un client lire un échange entre eux : ils y vont bon train !! Au niveau régional : l’ACPO (45 plasticiens de l’ouest) : 2 réunions par an, plusieurs de mes clients en ont déjà parlé ! Bref je vous laisse imaginer les dégâts… »

L’inquiétude des commerciaux de PIP contraste avec l’apparente sérénité de l’Afssaps qui ne s’étonne pas de l’augmentation des déclarations d’incidents. À noter que l’un des experts en matériovigilance de l’Afssaps, le professeur Jean-Pierre Chavoin, chef de service au CHU de Toulouse, est un client de PIP. Le représentant responsable du secteur sud-ouest le cite à plusieurs reprises. En novembre 2005, il rapporte que le professeur lui a dit être « l’objet d’une cour assidue (du concurrent) Mac Gahn qui lui présente des implants nouveaux à tester pour en devenir l’expert France, et lui fait miroiter une aide exceptionnelle pour sa manifestation de vidéo-forum de 2007 » ; en octobre 2006, le commercial mentionne une vidéo sur les prothèses asymétriques en cours de réalisation par l’équipe du professeur Chavoin au CHU de Toulouse ; en mars 2007, on apprend que le marché du Centre hospitalier d’Albi a échappé à PIP, « alors que sur les conseils de JP Chavoin le gynéco était prêt à poser des (prothèses) asymétriques en reconstruction » ; en septembre 2007, il est à nouveau question de réaliser un film au CHU de Toulouse.

« Mon chiffre d'affaires s'est maintenu, mais jusqu'à quand ? »

Début 2008, le professeur Chavoin, qui était expert en matériovigilance depuis le début des années 2000, est nommé membre de la commission nationale de sécurité sanitaire des dispositifs médicaux de l’Afssaps. À la même époque, un médecin de son service, le docteur Dimitri Gangloff, vérifie l’état d’une prothèse PIP qu’il s’apprête à utiliser. L’implant lui éclate dans les mains. Une déclaration de matériovigilance est faite, et la prothèse rompue est envoyée à l’Afssaps. Mais l’agence ne réagit pas à ce signalement, pourtant effectué par l’un de ses experts ! Quant au professeur Chavoin, il finit par abandonner les prothèses PIP, son service ayant mis au point un logiciel pour réaliser des implants sur mesure fabriqués par la marque concurrente Pérouse.

 

Christian Marinetti 
Christian Marinetti © DR

 

• En 2008, l’alerte des chirurgiens de Marseille

En avril 2008, le commercial qui s’occupe du secteur sud-est signale que le docteur Félix, de la clinique Phénicia de Marseille, ne posera plus les prothèses PIP « tant que nous ne lui aurons pas apporté la preuve de l’amélioration de nos enveloppes et de notre gel (car pour lui, non seulement nous devons résoudre le problème des ruptures d’enveloppes mais également celui du gel qui, selon lui, n’est absolument pas cohésif) ». Ce chirurgien avait mis en cause le gel des prothèses PIP dès janvier 2007. Cela n’a pas empêché la clinique Phénicia de rester l’un des gros clients de PIP : elle a acheté 150 paires d’implants en octobre-novembre et détient, en 2008, un stock de prothèses PIP pour environ 50 000 €.

Mais les ruptures d’implants se poursuivent chez les patients des trois chirurgiens opérant à la clinique Phénicia, les docteurs Richard Abs, Maurice Félix et Christian Marinetti (principal actionnaire de la clinique). Les rapports entre PIP et la clinique de Marseille se tendent. Marinetti indique à Jean-Claude Mas qu’il ne veut pas garder son stock de prothèses PIP.  En mai 2008, une patiente du docteur Félix doit être opérée en urgence parce que les médecins craignent qu’elle n’ait des métastases. En fait, la patiente souffre de nombreux siliconomes, effet récurrent du gel.

À la même époque, le docteur Abs se propose de créer une base de données sur les incidents liés aux prothèses, qui serait consultable sur « Tam-tam », le forum internet des chirurgiens plasticiens. Sur ce forum, les commentaires négatifs à propos de PIP se multiplient. Les commerciaux sont de plus en plus inquiets : « Mon CA (chiffre d’affaires) s’est maintenu, mais jusqu’à quand ? » s’interroge l’un d’eux en juin 2008 ; un autre lui fait écho : « Mon CA ne tient qu’à mes relations avec (les) chirurgiens. »

En septembre 2008, Christian Marinetti parle d’un « gel toxique ». Il envoie un mail à l’Afssaps en novembre 2008, demandant à l’agence de faire une analyse physico-chimique du gel des prothèses PIP. Cet alerte n’aura pas plus d’effet que les signalements antérieurs, notamment celui de Jean-Pierre Chavoin.

Selon un rapport de février 2009, Jean-Claude Mas a racheté pour 42 000 € le stock de prothèses PIP de la clinique Phénicia. En mars 2009, Richard Abs, le collègue de Marinetti, rencontre un représentant de PIP. D’après ce dernier, Abs « a découvert qu’il existait différentes qualités de silicone médical et que les coûts étaient considérablement plus bas… ces différences (qu’il ignorait jusqu’à présent) lui ont mis un doute à notre sujet, il se demande si l’explication des siliconomes en grand nombre, à chaque rupture, n’est pas là… de ce fait ayant un certain doute il ne posera plus de PIP. Je lui ai expliqué que nous étions soumis à des contrôles rigoureux, ce à quoi il m’a répondu qu’il était possible de présenter des dossiers et des échantillons corrects et de faire ensuite différemment ! qu’il serait intéressant de faire analyser une prothèse rompue ayant entraîné des siliconomes, par un laboratoire spécialisé dans ce type de recherche, et non par nous-mêmes. Cependant, il m’a dit qu’il ne ferait pas part de ses soupçons sur Tam-tam. Le docteur m’a demandé que cette conversation reste entre lui et moi… ».

Ce récit suggère fortement que le chirurgien marseillais soupçonnait PIP de falsifier les contrôles. Mais il n’a pas ouvertement fait part de ses soupçons à l’Afssaps. En octobre 2009, Christian Marinetti envoie un courrier recommandé à la direction de l’agence, sans évoquer de fraude. À la même époque, l’Afssaps reçoit un courrier anonyme comportant des photos qui prouvent la présence sur le site PIP de produits non conformes. Il faudra encore attendre jusqu’à mars 2010 pour que l’agence se décide à effectuer une inspection sur place…

 

• Le marché des centres anti-cancer

En juin 2008, PIP remporte de haute lutte le marché des prothèses pour les centres anti-cancer (plus précisément, pour 14 CAC regroupés en une centrale d’achat qui a été créée début 2008). Ce succès inespéré survient alors que PIP est en train de perdre de nombreux clients, est en conflit avec la clinique Phénicia et fait l’objet d’une campagne de dénigrement sur le forum Tam-tam des chirurgiens plasticiens. On peut s’étonner que les centres anti-cancer, censés se montrer particulièrement rigoureux dans leurs choix de prothèses, aient retenu la candidature de PIP. Deux facteurs ont joué un rôle important : d’une part, PIP est le seul fabricant à proposer, en plus des prothèses rondes, des prothèses « asymétriques » ; d’autre part, l’entreprise de Jean-Claude Mas entretient de longue date des relations avec des chirurgiens travaillant ou ayant travaillé pour les centres anti-cancer.

« Suite à certaines rumeurs… »

Les prothèses asymétriques sont une invention de deux chirurgiens, Marie-Christine Missana et Arnaud Rochebilière. La première a exercé dans le plus grand centre anti-cancer français, institut Gustave-Roussy (IGR) de Villejuif, avant de rejoindre une clinique à Monaco ; le second possède un cabinet à Toulon. L'invention étant brevetée, PIP a régulièrement versé des royalties aux deux médecins (d’après un document comptable que Mediapart a pu consulter, ces royalties s’élevaient en 2005 à 19 700 € pour chacun des deux inventeurs).

 

Prothèse PIP défectueuse 
Prothèse PIP défectueuse © Reuters

Par ailleurs, l’entreprise de Jean-Claude Mas a entretenu des relations suivies avec plusieurs centres anti-cancer. Ainsi, PIP a travaillé avec des chirurgiens ayant exercé à l’institut Curie (Paris), notamment le docteur Alfred Fitoussi, déjà mentionné, et le docteur Krishna Clough, qui a créé l’Institut du sein à Paris. Les comptes rendus des commerciaux montrent que le docteur Fitoussi a effectué des présentations ou des ateliers pour PIP. Par exemple, à propos d’un congrès tenu en juin 2006 au Centre anti-cancer Léon-Bérard, à Lyon, le commercial de PIP note : « Lors de ce congrès, le docteur Fitoussi a fait une très bonne présentation sur nos prothèses asymétriques. Le professeur Chavoin a pris la parole pour dire qu’il était pleinement satisfait de ces implants. »

Lors d’un séminaire d’oncoplastie en mars 2007, dont PIP a subventionné le buffet, le docteur Fitoussi a fait un exposé, de même que ses collègues de l’IGR, les docteurs Marie-Christine Missana et Lise Barreau. Ces exposés ont été accompagnés de films d’interventions chirurgicales.

Il semble que PIP ait eu quelques difficultés à s’implanter à l’institut Gustave-Roussy, malgré la présence du docteur Missana, associée par son brevet à l’entreprise de Mas. D’après les rapports des commerciaux, le service pharmacie de l’IGR s’est dans un premier temps opposé au choix de PIP. Le rapport de décembre 2005 indique que le docteur Missana et sa collègue Lise Barreau avaient d’abord refusé de recevoir le représentant de PIP, qui a finalement pu présenter sa gamme de produits après une intervention de Rochebilière. Le feu vert est donné en 2006 et, en mai 2007, l’IGR est devenu le client n°1 de son secteur, avant la clinique Pétrarque du docteur Sidney Ohana…

Un troisième centre anti-cancer client de PIP est l’institut Claudius-Regaud (ICR), à Toulouse. Des chirurgiens de cet institut, le docteur Ignacio Garrido et le docteur Hélène Charitanski, ont travaillé avec PIP. Garrido a dirigé un atelier sur les prothèses asymétriques lors d’un congrès en 2006.

Par ailleurs, Françoise de Crozals, pharmacienne à l’ICR, était la coordinatrice de la centrale d’achat des centres anti-cancer en 2008. Le service commercial de PIP est entré en relation avec elle début 2008, et a ainsi pu obtenir les informations nécessaires pour répondre à l’appel d’offres.

Si PIP a remporté cet appel d’offres, la situation se gâte début 2009. Un rapport de janvier note que l’institut Claudius-Regaud « ne pose quasiment plus d’asymétriques », notamment parce que les implants se déforment et sont sujets à des rotations « en aussi grand nombre que les anatomiques ». En novembre 2009, Françoise de Crozals, la pharmacienne responsable de la centrale d’achats, se fâche. Lors d’une réunion avec les cadres de PIP, elle se plaint de ce que le gel des prothèses ne serait plus le même qu’au début du marché. Puis elle adresse à la direction de l’entreprise une lettre dans laquelle elle demande, « suite à certaines rumeurs », les éléments complets du dossier, comportant « l’assurance qualité relatif à l’origine des gels de silicone constitutifs de vos prothèses ». Bref, la confiance n’est plus au rendez-vous. Mais le marché avec les centres anti-cancer aura tout de même fonctionné plus d’un an, après avoir été conclu au moment précis où bon nombre des clients de PIP se tournaient vers la concurrence. Une anomalie parmi de nombreuses autres dans cette affaire tortueuse que la justice n’a fait jusqu’ici qu’effleurer.

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 19:24

 

Source : news.radins.com

 

Les alternatives à EDF et GDF Suez progressent

Ajouté le14 mars 2014

 

La concurrence s'accélère dans le domaine de l'électricité et du gaz. La hausse des tarifs réglementés d'EDF a fait progresser les opérateurs alternatifs.

EDF et GDF Suez perdent des clients

Concernant l'électricité, le rythme d'ouverture du marché s'accélère avec 133.000 clients supplémentaires en offre de marché, contre 67.000 au troisième trimestre, a indiqué l'observatoire trimestriel de la Commission de régulation de l'énergie (CRE).

Cette hausse s'explique incontestablement par la hausse de 5 % des tarifs réglementés d'EDF. Une nouvelle hausse similaire est d'ores et déjà prévue pour l'été 2014.

Les fournisseurs alternatifs assurent désormais 18 % de la consommation d'électricité en France. Ils ont déjà ont conquis 2,47 millions de ménages, sur un total de 31,2 millions.

Des tarifs de gaz moins chers

Le rythme d'ouverture à la concurrence du gaz naturel est resté soutenu, avec 238.000 clients supplémentaires au quatrième trimestre, contre 240.000 sur les trois mois précédents. Résultat : les fournisseurs alternatifs assurent 39 % de la consommation de gaz.

Le fournisseur alternatif belge Lampiris, conseillé par l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, a déjà séduit plus de 70.000 consommateurs. Cette offre permet de bénéficier d'une remise de 13 à 15% par rapport aux tarifs réglementés, soit une économie de 156 € sur la facture moyenne annuelle d'un foyer se chauffant au gaz.

Par Sylvain Leleu


En savoir plus sur http://news.radins.com/actualites/les-alternatives-a-edf-et-gdf-suez-progressent,7621.html#hfyucAkpqIaECHto.99

 

 

Source : news.radins.com

 

 

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Source : www.lemonde.fr

 

UFC-Que Choisir promeut le gaz moins cher

Le Monde.fr | 15.10.2013 à 17h49 | Par Jean-Michel Bezat

 

 

Les tarifs réglementés du gaz concernent près de 9 millions de foyers clients de GDF Suez et d'une poignée de régies locales, sur environ 11 millions de ménages français abonnés au gaz, soit près de 92 % du marché des particuliers.

 

C'est une première en France : l'association de consommateurs UFC-Que Choisir s'est associée avec le fournisseur de gaz belge Lampiris pour proposer une offre qui sera "au minimum" 13 % moins chère que le tarif réglementé offert actuellement par GDF Suez, seul à pouvoir proposer ces tarifs encadrés (mais pas forcément moins élevés que ceux de ses concurrents EDF, Direct Energie, Eni, Alterna et Antargaz).

Cette initiative intervient à la veille d'une hausse probable des prix, début novembre, pour les 9 millions de foyers clients de GDF Suez. Cette hausse pourrait être de l'ordre de 0,5 %. L'offre de l'association de consommateurs a été limitée à 100 000 souscriptions (via gazmoinscherensemble.fr) et le prix est garanti pendant un an, a expliqué Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir, mardi 15 octobre, au cours d'une conférence de presse.

M. Bazot estime que GDF Suez, l'opérateur historique, a " sclérosé " le marché du gaz, pourtant un peu plus dynamique que celui de l'électricité. Huit consommateurs sur dix (clients particuliers) sont restés clients de l'ex-Gaz de France, qui a fusionné avec Suez en juillet 2008 pour donner naissance à GDF Suez. A l'inverse, une entreprise sur deux (48 %) a quitté les tarifs réglementés.

 

Confirmant les enquêtes du médiateur de l'énergie ou de la Commission de régulation de l'énergie, M. Bazot rappelle que "la moitié des gens ne savent même pas qu'ils peuvent changer de fournisseur" et "le consommateur ne sait pas comment s'y prendre". Et ce, plus de six ans après l'ouverture à la concurrence du marché des consommateurs résidentiels, le 1er juillet 2007.

 

CAHIER DES CHARGES EXIGEANT

L'UFC-Que Choisir indique que Lampiris a été le seul opérateur à avoir répondu à l'appel d'offres lancé cet été par l'UFC-Que Choisir, les cinq autres s'étant, selon lui, "déballonnés" devant un cahier des charges trop exigeant à respecter.

Qu'apportera Lampiris France, filiale du groupe belge, très peu implanté en France mais bien connu en Belgique ? Un prix plus attractif, d'abord. Hors rabais, le tarif permettra une économie "comprise entre 124 et 132 euros selon la zone tarifaire" pour une consommation moyenne de 17 000 kilowattheures par an, répondent les responsables de l'UFC.

Ces 13 % sont, semble-t-il, supérieurs aux baisses consenties aujourd'hui par les concurrents de GDF Suez, qui oscillent entre 4 % et 9 %. Mais les clients l'ignorent souvent, tout comme ils ignorent qu'ils peuvent revenir au tarif réglementé si celui-ci redevient plus attractif. L'UFC n'exclut pas non plus d'obtenir un "rabais supplémentaire" si l'offre de Lampiris est souscrite par de nombreux consommateurs.

Lampiris proposera aussi une meilleure protection juridique, assure l'association. Le cahier des charges va, selon elle, au-delà des obligations fixées par la loi. Dans l'offre "Gaz moins cher ensemble", les recommandations des autorités compétentes (Médiateur de l'énergie, Commission des clauses abusives) s'appliquent de fait.

C'est le fournisseur qui a la " responsabilité unique " et qui ne peut donc renvoyer son client vers le gestionnaire du réseau de distribution, GrDF, en cas de problème. S'il y a un litige (raccordement, facture trop élevée…), l'UFC-Que Choisir s'engage aussi à s'impliquer directement auprès des consommateurs s'estimant lésés. Lancée mardi, la période pour s'inscrire court jusqu'au 25 novembre. A ce stade, le signataire ne s'engage à rien, l'offre définitive étant dévoilée le 26 novembre. Ce n'est qu'entre le 7 décembre et le 31 janvier 2014 qu'ils pourront y souscrire.

La facture de gaz des consommateurs a augmenté de 80 % depuis 2005 pour atteindre un montant moyen de 1 200 euros, selon l'UFC. Puisque concurrence il y a désormais, plaide M. Bazot, le consommateur doit trouver "un nouveau réflexe". Car il n'y a, selon lui, "aucun avantage" à être chez GDF Suez.

 

"PRINCIPE D'INDÉPENDANCE"

Répondant par avance à toute critique sur d'éventuels liens avec l'entreprise Lampiris, l'association souligne que l'opération se fait "dans le respect total de son principe d'indépendance". Elle rappelle qu'elle a "mis en concurrence l'ensemble des fournisseurs sans la moindre discrimination" et qu'elle ne touchera pas d'argent. Un commissaire aux comptes a été nommé pour veiller à la bonne tenue des opérations.

La précarité énergétique ne cesse de gagner du terrain et le gouvernement n'est toujours pas parvenu à enrayer ce phénomène qui touche plus de 8 millions de personnes modestes. Ce sont celles qui doivent consacrer au moins 10 % de leurs revenus pour leurs seules dépenses d'énergie - sans compter les ménages qui sont sous ce seuil des 10 % parce qu'ils coupent tout bonnement le chauffage faute de moyens pour payer leur facture.

Cette précarité est plus qu'un inconfort : avoir froid chez soi, c'est s'exposer à la maladie et à la dépression. Selon le site d'information Mediapart, la Fondation Abbé Pierre met actuellement la dernière main à une étude sur les effets dévastateurs de cette précarité.

En 2012, le gouvernement s'était engagé à agir pour réduire cette précarité énergétique frappant les consommateurs de gaz, d'électricité ou de fioul domestique. Un an plus tard et "après des mois d'un débat national qui a fait des recommandations fortes sur la dimension sociale de la transition énergétique, les discours du président et du gouvernement reprennent les mêmes intentions, sans plus de mesures concrètes que celles, partielles, mises en œuvre en début d'année", notamment l'extension des tarifs sociaux de l'électricité et du gaz, regrette la Fondation Abbé Pierre. En 2012, elle a lancé l'opération "Toits d'abord" pour aider à la construction de logements sociaux bien isolés, avec le concours financier d'EDF.

Jean-Michel Bezat
Journaliste au Monde

 


Source : www.lemonde.fr

 



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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 17:54

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 

 

SYRIE. 3 ans de guerre, 140.000 morts et un statu quo
Céline Lussato

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Publié le 15-03-2014 à 08h23

Le pays entame sa quatrième année de bain de sang. Un tableau catastrophique où tous les acteurs semblent figés dans un rôle dont ils ne veulent ou ne peuvent plus sortir.

 

Des hommes secourent une jeune fille blessée, à Douma, près de Damas, le 7 janvier 2014. (Bassam Khabieh / Reuters) Des hommes secourent une jeune fille blessée, à Douma, près de Damas, le 7 janvier 2014. (Bassam Khabieh / Reuters)

 

 

 

La Syrie entre ce 15 mars dans sa quatrième année de violences. De l'espoir de changement, il ne reste rien. Balayé. Comme les vies de plus de 140.000 personnes, les quartiers rasés, la volonté de la communauté internationale, aussi, de faire cesser l'horreur qui se déroule dans le pays. Portrait d'un pays en ruines.

Assad, reclu dans son palais, et candidat à sa succession 

Lorsque les premiers manifestants syriens descendent dans les rues de Damas en mars 2011 c'est, portés par la vague de ce que l'on continue d'appeler les Printemps arabes, pour demander plus de liberté. Pour les plus audacieux, il s'agit de demander que le président Bachar al-Assad, héritier du pouvoir de son père Hafez, quitte ses fonctions.

Trois ans plus tard, reclus dans son Palais, Bachar al-Assad est toujours aux commandes, même si un certain flou entoure son entourage. Il continue de promulguer des lois, comme celle, mercredi, concernant la régulation de l'entrée et la résidence des étrangers dans le pays alors même que ses forces armées ne contrôlent plus certaines zones frontalières… Une manière de montrer son opposition à l'entrée sur le sol syrien de combattants mais aussi de personnels humanitaires sans autorisation de Damas.

Une "violation de la souveraineté de l'Etat syrien", dénonce Damas qui refuse pour autant de fournir toute autorisation aux ONG qui en font la demande.

Bachar al-Assad, qui n'a aucunement l'intention de passer la main, a d'ores et déjà annoncé son intention de briguer un nouveau mandat lors du prochain scrutin. Des élections une nouvelle fois sans réelle opposition, aux résultats sans doute aussi truqués que les précédentes et, cette fois, dans un pays ravagé par la guerre.

Une opposition intérieure traquée

En trois ans de lutte, les opposants qui ont fait le choix de rester en Syrie ont soit trouvé la mort, soit croupissent en prison, soit ont disparu. L'une des dernières figures du mouvement de contestation pacifique, Razan Zaitouneh, s'est elle aussi évanouie dans la nature, arrêtée par des hommes armés à Douma où elle s'était réfugiée après des mois passés dans la clandestinité. Enlevée par les sbires de Bachar pour avoir organisé la rébellion pacifique contre lui ? Réduite au silence par les islamistes ulcérés d'entendre sa voix laïque dans la rébellion ?

Les esprits libres n'ont aucune place dans la Syrie d'aujourd'hui. Pas plus qu'il y a trois ans. Et non seulement les prisons ne désemplissent pas, mais les prisonniers politiques y subissent un sort plus atroce qu'on ne pourrait l'imaginer comme en a témoigné il y a quelques semaines un photographe employé dans l'une d'entre elle qui a fini par fuir le pays.

Non sans emporter avec lui quelque 55.000 clichés pris dans le centre pénitentiaire où il travaillait. Les images de 11.000 personnes décédées, affamées, portant des marques de tortures, de strangulation…

 

Une opposition extérieure en lambeaux 

Quant à l'opposition extérieure, minée par les divisions, sans réel contrôle sur l'Armée syrienne libre,  ayant perdu le soutien de l'intérieur du pays face à ses échecs successifs, mais aussi sans soutien financier international de poids, elle s'apparente aujourd'hui à un "machin" dont on ne sait plus quel rôle il peut bien avoir. Dernière action en date : la participation à la Conférence dite "Genève 2" : un fiasco

Non seulement, ces pourparlers n'ont abouti à rien de concret, mais ils ont en quelque sorte prouvé l'impuissance de l'opposition extérieure.

La situation sécuritaire catastrophique

La situation sur le terrain reste donc bel et bien catastrophique. Bombardements incessants, civils pris en otages au milieu des combattants, viol comme arme de guerre… la violence à son paroxysme. Les rapports successifs des ONG de défense des droits de l'homme n'y changent rien, la violence perdure dans le pays où quelque 140.000 personnes sont officiellement décédées depuis le début du conflit, des centaines de milliers blessées.

Des quartiers entiers de villes sont désormais transformés en tas de gravats soit en raison de bombardements, soit en l'absence totale de tout objectif militaire comme l'a notamment dénoncé HRW.

Le quartier de Khaldye à Homs (AFP)

Les populations civiles se retrouvent prises en otages entre forces loyalistes et djihadistes qui n'ont que faire de leurs vies.

Les combattants islamistes les plus radicaux de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) s'en prennent, de plus, directement aux populations civiles qui ne respectent pas leur vision radicales des règles de l'Islam : torture, flagellation, exécutions sommaires sont monnaie courante dans les prisons secrètes gérées par l'EIIL dans les zones qu'ils contrôlent notamment dans le nord du pays à Raqqa ou Alep.

Ces violences induisent des conditions de vies absolument catastrophiques pour l'ensemble de la population.

La situation humanitaire épouvantable

Les cas de malnutrition voire de sous-nutrition ne sont plus rares dans le pays. Conséquence des difficultés à transporter les biens de consommation dans le pays en guerre mais aussi instrumentalisation de la faim comme une arme dans le pays.

Des quartiers entiers de villes sont assiégés pour en affamer les populations. L'horreur de la vie dans le centre de Homs ou dans le camp palestinien de Yarmouk au sud de Damas sont les exemples les plus criants de cette instrumentalisation de la faim par Assad : corps émaciés, témoignages poignants, cadavres à la pelle…

Une enfant du camp de Yarmouk (AFP)

Le monde médical est aussi totalement désorganisé dans le pays. Le régime vise depuis trois ans les médecins et infirmières qui ont l'audace de soigner les blessés soupçonnés de soutenir la révolte dans le pays. Le personnel soignant est décimé et de nombreux Syriens décèdent de maladie chronique en l'absence de soin et de médicaments dont l'approvisionnement n'est plus non plus assuré.

Un immense exode est donc en cours

Selon le Haut-commissariat de l'Onu aux réfugiés, les Syriens "sont en passe de devenir les réfugiés les plus nombreux dans le monde", avec quelque 2,5 millions de personnes ayant fui les combats et la misère, dont 1,2 million d'enfants.

Des personnes qui pour beaucoup trouvent un abri dans les pays limitrophes en particulier le Liban, la Jordanie et la Turquie mais dans des conditions souvent périlleuses et misérables. Les accueils dans les plus éloignés, notamment en Europe, sont ridiculement bas et les aides de la communauté internationale d'un niveau toujours insuffisant.

L'immense camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie (AFP)

Sans travail, avec un accès limité pour leurs enfants à l'éducation, ces populations plongent dans l'anxiété. Alors qu'une écrasante majorité d'entre eux espèrent pouvoir rentrer chez eux, ils sont plus de 65%, selon une étude d'Oxfam, à craindre de ne pas pouvoir mettre leur projet à exécution.

Et leurs conditions de vie se détériorent encore dans les pays d'accueil. Selon une étude de l'Unicef par exemple, "sur les 200.000 Syriens de moins de 5 ans qui se trouvent aujourd'hui au Liban, 2.000 présentent une malnutrition sévère qui peut entraîner la mort".

Une communauté internationale impuissante

Le ballet des voitures diplomatiques du sommet de "Genève 2" qui s'est tenu en janvier dernier symbolise parfaitement l'action de la communauté internationale ces trois dernières années concernant la Syrie : de l'agitation, un peu de bruits, mais des allers-retours qui ne mènent en fait nulle part.

Le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov et le médiateur de l'Onu pour la Syrie Brahimi (AFP)

En trois années, les cartes n'ont pas été redistribuées. Deux camps indéfectibles se regardent en chien de faïence : d'une part Téhéran, Pékin et surtout Moscou qui soutiennent le régime de Damas ; de l'autre les Occidentaux et les pays arabes qui affirment soutenir l'opposition syrienne. Entre les deux, le fossé s'est creusé, aucune vision commune n'a abouti.

Si les deux camps disent vouloir le retour au calme dans le pays, ce n'est pas sous les mêmes auspices. Alors que Vladimir Poutine continue de souhaiter le maintien au pouvoir de Bachar al-Assad, le camp adverse n'a de cesse d'affirmer que le dirigeant syrien a bien trop de sang sur les mains pour rester impuni.

Les deux camps siègent au Conseil de sécurité, seule instance susceptible de permettre une intervention quelle qu'elle soit dans le pays, et bloquent toute décision.

Si l'utilisation d'armes chimiques par Bachar al-Assad contre la population syrienne a fait penser un temps aux Occidentaux (surtout les Etats-Unis et la France) qu'ils avaient l'argument pour user de la force contre Damas, il a bien fallu qu'ils remettent leurs flingues dans leurs étuis : en brandissant la carte "diplomatie", Vladimir Poutine a convaincu chacun d'opter pour le démantèlement de l'arsenal et la tranquillité pour le dirigeant syrien. Un démantèlement toujours pas effectif.

Seule résolution à avoir finalement abouti, la 2139, exige l’arrêt des violences indiscriminées contre les civils, l’arrêt immédiat des tirs d’obus et des bombardements aériens, tels que l’utilisation des barils d’explosifs. Elle exige également que l’accès des Nations Unies et des acteurs humanitaires soit facilité et demande la levée immédiate des sièges imposés aux villes. Mais elle ne prévoit, conformément à la demande russe, aucun mécanisme de sanction en cas de non-respect.


Céline Lussato - Le Nouvel Observateur 

 

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com


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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 17:43

 

Source : www.reporterre.net

 

Les faucheurs volontaires ont pénétré au coeur du lobby français des OGM

Grégoire Souchay (Reporterre)

samedi 15 mars 2014

 

 

 

Le collectif des faucheurs volontaires est intervenue pacifiquement vendredi 14 mars à l’Association Générale des Producteurs de Maïs. Le but : mettre en pleine lumière le lobby français des OGM. Reporterre suivait l’action.

 


 

- Pau, Reportage

Les téléphones portables sont éteints. Nous n’avons pour toute information qu’un rendez-vous à la sortie de l’autoroute A64. Il est 22 heures quand, sur un rond point obscur en bordure de Pau (Pyrénées-Atlantiques), s’offre à nous une scène d’embrassades chaleureuses et fraternelles. Voici que se retrouvent les Faucheurs Volontaires, de Midi-Pyrénées, Languedoc Roussillon et même de Rhône Alpes. Tous sont là pour la même chose sans savoir exactement en quoi consistera l’action.

« On fait confiance aux copains », souffle Elsa. On nous guide plus loin vers la communauté d’Emmaüs Lescar-Pau où la troupe sera hébergée pour la nuit. Et comme de coutume chez les Faucheurs, tout commence avec un bon repas, préparé par les volontaires de la communauté pour la trentaine d’invités du soir. Enfin, minuit approchant, le briefing peut commencer. Jacques et Jacky détaillent le plan d’action, la communication et le mode opératoire. A peine l’exposé a-t-il commencé qu’on entend fuser ça-et-là une blague et l’assemblée se met à rire de bon cœur.

Ainsi sont les Faucheurs Volontaires, collectif hétéroclite d’activistes né sur le plateau du Larzac durant l’été 2003. Ils ont mené alors des actions communes d’arrachage de cultures OGM, avec pour figure de proue José Bové, jusqu’à ce que celui-ci devienne député européen. Depuis, les actions se sont diversifiées mais le fonctionnement reste inchangé.

« Ce que j’aime ici c’est la capacité du groupe à trouver des solutions même quand on a des désaccords profonds », souligne Zita, militante toulousaine. Et effectivement nous sommes surpris par la facilité avec laquelle tout s’organise. « Il y a beaucoup d’habitués pour cette action. Quand on est 150, c’est une autre paire de manche ! », tempère une militante. Finalement, tout le monde finit par aller se coucher dans un wagon aménagé pour l’occasion par les volontaires d’Emmaüs.

 

L’AGPM : un lobby qui ne dit pas son nom


L’esprit qui présidait la réunion de la veille est toujours aussi vivace au petit déjeuner. Avec les arrivées nocturnes, quarante personnes sont maintenant prêtes à partir à l’action. La cible du jour : l’Agrosite de Pau-Montardon et plus précisément l’AGPM, Association générale des producteurs de maïs. Après les faits d’armes des Faucheurs à Trèbes en janvier dernier, l’objectif veut cette fois rendre visible le rôle de l’AGPM dans la promotion de la culture des OGM. 

 

 

« Pas tous les OGM, nuance-t-on à l’AGPM, interrogé plus tard par Reporterre, il ne s’agit que des innovations qui ont démontré un intérêt pour les producteurs. Nous ne sommes pas un lobby pro-OGM ». Mais selon Jacques Dandelot, du collectif anti-OGM 31, « l’AGPM fait partie des structures qui ont systématiquement attaqué en justice les décrets interdisant la culture de maïs transgénique. » Qui plus est, l’un de ses membres, Claude Ménara, exploitant agro-industriel dans le Lot-et-Garonne affirmait ouvertement le mois dernier au salon de l’Agriculture qu’il venait « faire du lobbying » en faveur des OGM, qui permettent selon lui de « produire plus, produire mieux, varié, utile, en répondant aux exigences des industriels et des consommateurs ».

- Ecouter l’ITV de Jacques Dandelot.

Mais l’AGPM n’est pas la seule à agir ainsi. Sur le même site de Pau-Montardon, on trouve les locaux de la Fédération des Oléagineux et Protéagineux (FOP), qui défend l’utilisation d’OGM pour les agro-carburants, ainsi que le laboratoire Arvalis, spécialisé dans l’expérimentation végétale et qui a conclu à la nécessité « scientifique » de l’utilisation des OGM par les agriculteurs.

L’AGPM est elle-même, comme l’indique sa communication, « une association spécialisée de la FNSEA », syndicat agricole fortement engagé dans la promotion des OGM et des biotechnologies productivistes. Christophe Terrain, président de l’AGPM est pour sa part administrateur FNSEA, président de la confédération européenne des producteurs de maïs (Maiz’Europ) et de l’Institut du végétal (Arvalis). Rappelons par ailleurs que le président de la FNSEA, Xavier Beulin, est également président de la FOP et de la multinationale Sofiprotéol, engagée dans le monde entier dans les cultures OGM.

Chronique d’une occupation tranquille

C’est donc pour mettre en lumière le rôle de l’AGPM dans le lobbying en faveur des OGM que les faucheurs Volontaires ont décidé d’occuper ce vendredi 14 mars les locaux de l’association de producteurs.

L’effet de surprise est quasi-total, les activistes n’étant jamais intervenu sur ce site. « OGM : Citoyens contre agrobusiness, Non aux brevets sur le vivant ». En quelques minutes, les banderoles sont installées un peu partout, une délégation est envoyée pour discuter avec la direction. Un groupe occupe le hall, un autre discute avec la presse et un troisième attend à l’extérieur l’arrivée de la gendarmerie. Dans les locaux, le groupe décide d’occuper l’entrée sans pour autant bloquer le passage ni investir les bureaux.

 

 

L’objectif est de donner une visibilité médiatique, pas de faire un coup de force. Deux membres du personnel de l’AGPM de passage se retrouvent à discuter avec les manifestants. Juste à côté, dans une vitrine, on trouve bien en évidence le livre Faucheurs de science, écrit par Gil Rivière-Wekstein, pamphlet contre les faucheurs qui prétend dénoncer les coulisses du mouvement. Sauf qu’aucun des faucheurs présents, pourtant habitués des actions, n’a jamais rencontré l’auteur de cette prétendue enquête.

Après une heure d’occupation tranquille, les gendarmes arrrivent sur les lieux. Se déroule alors un rituel habituel des faucheurs : chacun (selon son souhait) écrit son identité et ses coordonnées sur une feuille, qui pourra être remise à la gendarmerie en cas d’arrestation. « Cela permet d’éviter que l’un d’entre nous soit choisi au hasard », m’explique-t-on. Et les poursuites juridiques se font collectivement : c’est pour cette raison que ce sont cinquante-sept faucheurs qui comparaitront en appel au tribunal de Colmar la semaine prochaine pour une autre action.

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

 

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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 17:21

 

Source : pourdestransportsgratuits.wesign.it

 


 

Pollution : Nous voulons des transports gratuits toute l'année !
Pollution : Nous voulons des transports gratuits toute l'année !

 

Nous, citoyens, tenons à porter à la connaissance des ministres de l'écologie et de la santé que la pollution a lieu toute l'année.
 
Nous exigeons une série de mesures de lutte durable contre la pollution :
 - la gratuité dans les transports en commun,
 - la mise en place d'un chèque vélo permettant à chaque habitant d'accéder à un vélo avec ou sans assistance électrique,
 - le lancement d'états généraux de la circulation automobile afin de sortir du tout voiture, cause des politiques publiques de ces 30 dernières années.
 
Merci de signer cet appel et de le diffuser au plus grand nombre.
Même avec la gorge prise nous pouvons nous faire entendre.
Depuis quelques jours les conditions météorologiques ont provoqué un pic de pollution, relevant le niveau d'alerte dans une trentaine de départements.
 
Ce jeudi 13 mars, le ministre de l'écologie, Philippe Martin, a annoncé comme mesure exceptionnelle de lutte contre la pollution la gratuité des transports du vendredi 14 mars au dimanche 16 mars.
 
Nous, citoyens, tenons à porter à la connaissance des ministres de l'écologie et de la santé que la pollution a lieu toute l'année. 
 
Si elle est médiatisée aujourd'hui suite à des conditions météorologiques particulières, chaque jour des millions de personnes respirent l'air pollué dans les rues et les faubourgs de nos grandes villes. Ce sont bien les activités humaines qui sont la cause de la pollution, elles doivent donc être régulées. 
 
Nous exigeons une série de mesures de lutte durable contre la pollution :
 - la gratuité dans les transports en commun,
 - la mise en place d'un chèque vélo permettant à chaque habitant d'accéder à un vélo avec ou sans assistance électrique,
 - le lancement d'états généraux de la circulation automobile afin de sortir du tout voiture, cause des politiques publiques de ces 30 dernières années.
 
Merci de signer cet appel et de le diffuser au plus grand nombre.
Même avec la gorge prise nous pouvons nous faire entendre.
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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 16:54

 

Source : www.mediapart.fr

 

Comptes de l’UMP : ce qui pourrait intéresser la justice

|  Par Mathilde Mathieu et Ellen Salvi et Marine Turchi

 

 

Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris à la suite des révélations du Point sur les contrats passés entre l’UMP et le groupe Bygmalion, détenu par des proches de Jean-François Copé. Mais la justice pourrait ratisser plus large encore.

 

« C’est une affaire pour la presse, mais pas pour la justice », « il n’y a aucun acte illégal là-dedans », « rien de pénalement répréhensible à faire bosser ses amis »… Voilà ce que répétaient en boucle les responsables UMP à Mediapart depuis le début de l’affaire Copé, révélée par Le Point. C’est pourtant bien à la justice que le parti d’opposition va devoir désormais rendre des comptes. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire le 5 mars sur les liens financiers entre l’UMP et le groupe Bygmalion, fondé en 2008 par deux proches de Jean-François Copé, Bastien Millot et Guy Alves.

Selon Le Monde, les investigations, confiées à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, visent à identifier d'éventuelles infractions de « faux », « abus de biens sociaux » et « abus de confiance ». « L’UMP accueille avec sérénité l’ouverture de cette enquête qui permettra de tordre le cou aux allégations calomnieuses et mensongères du Point, a fait valoir le parti dans un communiqué. L’intégralité des comptes de l’UMP (que Jean-François Copé a placés sous scellés le 3 mars – ndlr) est à la disposition de la justice française. »

Le directeur de cabinet de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux, a quant à lui déclaré au Monde n’avoir « rien à cacher et rien à nous reprocher » et qu’il n’y avait « aucun problème et pas matière à stresser ». En accédant à ces comptes, les enquêteurs vont donc chercher à déterminer si le patron de l’UMP a effectivement favorisé certains de ses amis au détriment du parti qu’il dirige depuis novembre 2010. Et qui a reçu près de 20 millions d’euros de fonds publics en 2013. Mais ils pourraient ratisser plus large encore.

 

Jean-François Copé le 5 mars lors d'un meeting à Strasbourg.Jean-François Copé le 5 mars lors d'un meeting à Strasbourg. © Reuters

 

  • De Bygmalion au Sarkothon

Déjà prestataire de tous les grands événements organisés par l’UMP (universités d’été, journées parlementaires, conseils nationaux…), le groupe Bygmalion a joué un rôle clé dans l’organisation de la campagne de 2012, via l’une de ses filiales, Events & Cie. Selon Le Point, cette dernière aurait empoché 8 millions d’euros au total pendant la course à l’Élysée.

Les enquêteurs devront vérifier si certaines des prestations ont été surfacturées, comme l’expliquait l’hebdomadaire. Une entreprise délicate. L’un des acteurs clés de la campagne de 2012, un copéiste, nous déclare : « Chez Bygmalion, ils étaient corvéables à merci. Cela a un prix : celui que le client est prêt à payer. Je ne suis pas choqué. Comment parler d’une surfacturation de 10 % ou 20 % ? » L’ancien trésorier de l’UMP, le filloniste Dominique Dord, interrogé par L’Express, en conviendrait presque : « J'avais alerté Nicolas Sarkozy : tu es sûr que tu ne laisses pas les copains de Jean-François (Copé) se gaver ? Il m'avait répondu : non ! Les surfacturations ? C'est improuvable ! Combien vaut un meeting qu’on organise dans des conditions d'urgence absolue ? Combien vaut le savoir-faire ? Certaines prestations sont très difficiles à évaluer. »

Si des surfacturations étaient établies, la justice ne manquerait pas, en tout cas, d’aller voir plus loin et de s’interroger sur l'hypothèse d'une contrepartie, rendue par l’heureux prestataire à celui qui lui a permis d'engranger de tels contrats.

 

Le communicant Bastien Millot, proche de Copé depuis de longues années, fut son directeur de cabinet et son conseiller. 
Le communicant Bastien Millot, proche de Copé depuis de longues années, fut son directeur de cabinet et son conseiller. © Vimeo

Outre cette question de surfacturations, les investigations porteront également sur l’éventualité de fausses factures et de prestations fictives. Le 6 mars, LePoint.fr pensait avoir mis la main sur l’une de ces prestations, facture Events & Cie à l’appui. Le site accusait la filiale d’avoir fait payer au conseil général des Alpes-Maritimes des jours de formation pour Olivier Bettati, formation que cet ex-adjoint de Christian Estrosi à Nice, et candidat dissident aux municipales, n’aurait jamais suivie.

« Selon nos informations, la formation est fictive, permettant à la société et au bénéficiaire de se partager ce montant », écrivait le site, avant de se raviser quelques heures plus tard en modifiant son propos : « Cela devient de l'enrichissement illégal quand la formation est fictive – ce qui est souvent le cas. » Contacté dans la foulée par Mediapart, Olivier Bettati annonçait qu’il allait porter plainte contre LePoint.fr. « Ces formations sont réelles ! » assurait-il, avant de décrire par le menu les locaux du centre de formation dans lequel il dit d’être rendu « deux fois en novembre et trois fois en décembre ». Bygmalion a également indiqué vouloir porter plainte.

Ce n’est pas la première fois que la société de Bastien Millot et Guy Alves se retrouve dans le viseur de la justice. En avril 2013, le parquet de Créteil avait ouvert une enquête préliminaire pour « favoritisme », « détournement de fonds », « prise illégale d'intérêts », « faux et usage de faux », dans le cadre d’une affaire impliquant la commune de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) et son maire UMP-UDI, le chiraquien Henri Plagnol, qui a côtoyé Jean-François Copé au gouvernement entre 2002 et 2004.

Entre décembre 2009 et décembre 2012, la ville a passé cinq contrats avec Idéepole, une autre filiale de Bygmalion, pour un montant global de 330 000 euros. L’agence devait réaliser plusieurs supports de communication municipaux (magazine, guides annuels, identité visuelle…). Or, selon un adjoint dissident cité par Le Parisien, près de 250 000 euros « ne correspondent pas à des prestations réalisées ».

En décembre 2012, une plainte a également été déposée par Anticor 06 pour « délit de favoritisme » contre le député et maire UMP de Menton, le filloniste Jean-Claude Guibal. Dans sa plainte, l’association anti-corruption estime qu’« une certaine opacité entoure l’attribution de (...) deux marchés », confiés par la ville – sans mise en concurrence – à deux sociétés : celle de Bastien Millot et Guy Alves, mais aussi COM1+, appartenant à Guillaume Peltier, vice-président de l’UMP et co-fondateur de La Droite forte. Selon les détails publiés par Marianne, Bygmalion a mené un « audit de communication accompagné de recommandations stratégiques » tandis que COM1+ a réalisé une « évaluation », un « accompagnement » et un « suivi des politiques publiques municipales ».

Parmi ses clients, Bygmalion compte aussi Génération France, le micro-parti de Jean-François Copé, créé à l’automne 2006 et dont Guy Alves fut trésorier au moins jusqu’en 2007. Pendant un temps, la société et le micro-parti ont même été domiciliés à la même adresse. Bygmalion a conçu le site internet de Génération France, mais aussi développé son application mobile et édité ses livres.

Tandis que les finances de l’UMP s’enfonçaient dans le rouge, le micro-parti de Copé, lui, battait des records de dons, passés de 116 065 euros en 2008 à 428 731 euros en 2010. Dans le même temps, les dépenses en « propagande et communication » de Génération France ont littéralement chuté (164 399 euros dépensés en 2008 contre 25 519 euros seulement en 2010). Comment échapper à cette question : le “parti de poche” a-t-il profité, après 2010 et l’arrivée de Jean-François Copé à la tête de l’UMP, de prestations directement financées par la maison-mère ?

Enfin, les enquêteurs pourraient s’aventurer du côté du “Sarkothon” et de ses coulisses, puisque les 11 millions d’euros de dons captés par l’UMP au lendemain du rejet du compte présidentiel de Nicolas Sarkozy sont incontournables dans la colonne “recettes” du parti.

  • Le juteux marché des formations

Bygmalion a aussi commercialisé des formations pour élus et militants UMP. Lorsque le parti lance, en 2011, son vaste plan de 22 formations décentralisées des militants, c’est à la société de Bastien Millot que Copé fait appel. Interrogé par Mediapart en juillet, il avait expliqué ne pas avoir effectué « la moindre prestation » pour l’UMP depuis « fin 2011 ».

Bygmalion a-t-il alors raflé le marché des formations proposées aux élus de droite par l'Association nationale pour la démocratie locale (ANDL) ? Cet organisme qui centralisait historiquement les formations des élus RPR puis UMP – payées sur les budgets des collectivités locales et souvent facturées plus de 1 000 euros par jour – a été confié en septembre 2011 par Copé à sa numéro deux, Michèle Tabarot.

D’après son site, « plus de 2 000 élus UMP, UDI et Divers Droite » ont participé en 2012 à des formations dispensées par l’ANDL (prise de parole, finances publiques locales, etc.). « Rien n'a jamais été signé avec l'ANDL, même si sa présidente est une amie », a assuré Bastien Millot au Point.

 

Jean-François Copé et la secrétaire générale de l'UMP, Michèle Tabarot, députée et maire du Cannet (Alpes-Maritimes).Jean-François Copé et la secrétaire générale de l'UMP, Michèle Tabarot, députée et maire du Cannet (Alpes-Maritimes). © Reuters

Plusieurs fillonistes et sarkozystes affirment à Mediapart que la nouvelle patronne de l’ANDL avait pour mission de « mettre en sommeil » l’organisme et de « réorienter » les formations vers Bygmalion. Seront-ils prêts à détailler ce mécanisme devant la justice ? Ces accusations ont en tout cas été niées par le groupe. « Cela ne s’appuie sur rien. Nous allons chercher nos clients nous-mêmes », s’était déjà défendu Bastien Millot lorsque nous l’avions interrogé en juillet, en assurant qu’il n’y avait pas « d’envolée du chiffre d’affaires » de Bygmalion.

La société a également travaillé pour le groupe UMP à l’Assemblée nationale, présidé par Jean-François Copé jusqu’en novembre 2010 (puis par son bras droit Christian Jacob). Ces prestations ont pu être directement financées par les fonds du groupe (dont les comptes n’ont jamais été rendus publics), ou ponctuellement prises en charge par l’Assemblée nationale (qui mettait jusqu’en 2012 un petit budget à disposition des parlementaires pour des séances de “media training”). Sa filiale Edition avait réalisé en 2008 des plaquettes personnalisées pour chacun des 320 députés UMP, qui présentaient leur bilan.

 

  • Du Cannet à Levallois

Bygmalion – et notamment sa filiale Idéepole – ont aussi décroché plusieurs marchés de collectivités locales UMP, souvent dirigées par des copéistes. C’est le cas du Cannet, ville de la secrétaire générale de l’UMP, Michèle Tabarot. En 2011, la mairie a attribué deux marchés publics (à hauteur de 60 000 euros) à Bygmalion pour la « recherche de mécénat », le « conseil en communication » et la « relation presse » du tout nouveau musée Bonnard. « Bygmalion a été la mieux-disante au regard des critères de la consultation engagée », avait justifié Michèle Tabarot, interrogée par Mediapart en juin.

On retrouve aussi le groupe Bygmalion en Seine-et-Marne, département où est élu Jean-François Copé. Il a réalisé le magazine municipal et le site web à Coulommiers et la communication des fêtes médiévales à Provins, les villes de deux lieutenants de Jean-François Copé : le secrétaire général adjoint de l’UMP, Franck Riester, et le patron des députés UMP, Christian Jacob. À Montereau, le député et maire UDI Yves Jégo a sollicité Bygmalion pour gérer les relations presse de son festival, en 2012.

Idéepole a également assuré des prestations pour la ville de Maisons-Alfort (le magazine municipal), dont le maire, Michel Herbillon, proche de Copé, est devenu secrétaire général adjoint de l’UMP en février 2013. À Levallois, ville de Patrick Balkany, Bygmalion s’est vu attribuer un marché de « conseil et d’accompagnement » en communication de 192 000 euros. Candidat à sa propre succession, l’élu sarkozyste a aussi confié à l'entreprise de communication la « création graphique » de certains documents de campagne.

Outre Menton et Saint-Maur-des-Fossés citées plus haut, d’autres collectivités ont fait appel aux services de Bygmalion. À Dreux (Eure-et-Loir), le maire Gérard Hamel, secrétaire national de l’UMP, a accordé à la société en juillet 2012 un marché de « conseil en communication politique de la ville » à hauteur de 107 640 euros. Le 5 mars, l’opposition de gauche lui a demandé « toute la transparence » sur ce service de « conseil en communication ». La ville de Dreux « n'a effectivement payé que 48 000 euros » pour « des prestations effectivement réalisées », avait indiqué le directeur de communication de la mairie, Éric Madelon. Pour l'opposition municipale de gauche, « le montant (de la facture est) anormalement élevé au regard de prestations floues ».

Bygmalion a réalisé le magazine municipal de plusieurs communes de Seine-et-Marne – dont Melun et Esbly –, de l'Oise (Beauvais, où Bastien Millot a été adjoint) et du Val-d’Oise, comme Soisy-sous-Montmorency et Saint-Gratien. Le groupe a également fourni des prestations à la ville d’Annecy (magazine municipal) et à deux départements, le Rhône (communication du musée gallo-romain de Lyon-Fourvière) et la Côte-d’Or (magazine du conseil général). Des élus proches de Jean-François Copé ont aussi fait appel à Bygmalion pour concevoir leur site internet personnel.

Y aurait-il un renvoi d’ascenseur pour les élus travaillant avec Bygmalion ? Plusieurs fillonistes et sarkozystes relèvent la chronologie troublante de certaines nominations à l’UMP. Exemple avec le député et maire du Val-de-Marne, Michel Herbillon. Le 3 janvier 2013, sa ville attribue un marché à Bygmalion. Un mois plus tard, il devient l’un des secrétaires généraux adjoints de l’UMP à l’occasion de l’élargissement de la direction du parti.

De fait, les postes ne manquent pas dans la direction pléthorique de l’UMP. Partagée entre fillonistes et copéistes, elle compte 20 vice-présidents, 12 secrétaires généraux adjoints, 13 délégués thématiques, 52 conseillers politiques et 263 secrétaires nationaux. Un candidat sarkozyste raconte que les dirigeants de Bygmalion lui ont gracieusement proposé leurs services pour l’aider dans sa campagne municipale. Les amis de Jean-François Copé savent que les candidats d’aujourd’hui sont susceptibles d’octroyer demain des marchés de communication.

 

  • Sarkozy à l’horizon
Nicolas Sarkozy à Nice, le 10 mars. 
Nicolas Sarkozy à Nice, le 10 mars. © Reuters

Mais au-delà du camp Copé, l’ouverture de cette enquête préliminaire pourrait inquiéter jusqu’à Nicolas Sarkozy. Car pour comprendre la trésorerie de l’UMP, les enquêteurs devront s’immiscer dans le compte de campagne présidentielle de l’ancien chef de l’État. C’est inévitable : pour 2012, dans la colonne dépenses du parti, 4,9 millions d’euros correspondent à des frais de campagne de Nicolas Sarkozy directement réglés par l’UMP (salaires de “petites mains”, frais de meeting et de communication, etc.). Bygmalion a facturé tantôt à l’un, tantôt à l’autre, sans que la clef de répartition soit toujours compréhensible.

 

En 2012, pour le meeting à Villepinte, Bygmalion a facturé 444 206€ à Sarkozy. La même somme avait été prise en charge par l'UMPEn 2012, pour le meeting à Villepinte, Bygmalion a facturé 444 206€ à Sarkozy. La même somme avait été prise en charge par l'UMP © DR

Après le meeting de Marseille du 19 février 2012, Franck Louvrier, conseiller communication à l’Élysée, serait intervenu pour imposer une seconde société d’événementiel, Agence Publics, plus proche de Nicolas Sarkozy.

Pour l’ancien chef de l’État, la perspective de voir des magistrats et policiers spécialisés plonger leur nez dans ses petites affaires est autrement plus inquiétante que de subir les vérifications comptables de la Commission nationale des financements politiques et du Conseil constitutionnel. Les “Sages” ont certes rejeté son compte, lui infligeant une amende et le privant du remboursement par l’État d’environ 11 millions d’euros, mais eux n’avaient pas les pouvoirs d’enquêter pour identifier d’éventuelles infractions pénales. La Commission nationale a bien le pouvoir de saisir la justice quand elle soupçonne la commission d’un délit, mais n’en a rien fait en 2012. Cette fois, pour Nicolas Sarkozy, c’est une autre musique.

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 16:41

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/pierre-caumont

 

Que la République garde Christiane Taubira !

Christiane Taubira est non seulement une femme d’une rare pugnacité mais une garde des Sceaux d’une grande probité pour une rigueur tout aussi grande, ce qui est rare, en ces temps où, de manière générale, la corruption prospère.

Interrogée sur France-Info sur la question des écoutes concernant Nicolas Sarkozy et son ami et avocat Thierry Herzog, des écoutes qui impliqueraient aussi un haut magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert (lequel aurait instruit les deux intéressés des progrès de la Justice sur l’affaire Bettencourt), une question d’autant plus brûlante depuis que l’UMP crie au complot (sous la houlette de Brice Hortefeux notamment ou encore de Luc Chatel, ex-ministre très capillaire de l’Éducation nationale) et que quatre cents avocats ainsi que le bâtonnier du barreau de Paris protestent contre le fait qu’un de leur confrère a été placé sur écoute, arguant de la confidentialité des rapports entre les avocats et leurs clients, la garde des Sceaux vient de le rappeler : confidentialité ne rime pas avec impunité, et s’il était avéré que l’avocat de Nicolas Sarkozy avait effectivement violé la loi, à plus forte raison la Justice se devait de tendre l’oreille.  

Et pour répondre au président du Syndicat de la Magistrature, lequel s’insurge contre cette intrusion d’un juge d’instruction dans la relation sacro-sainte entre un avocat et son client en alléguant que les motifs sont insuffisants pour justifier pareille intervention, la garde des Sceaux, imperturbable, s’étonne de ce que le magistrat puisse avancer cet argument-là dans la mesure où, n’ayant pas accès aux pièces justifiant la décision du juge d’instruction, il n’est pas en mesure d’évaluer le bien-fondé de l’action de ce dernier. Et Christiane Taubira de manifester sa surprise devant la réaction de ce même magistrat, qui en appelle au chef de l’État, lequel, justement, n’a pas à juger du bien-fondé des initiatives de juges d’instruction depuis la séparation entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif. Car il s’agit bien de cela, en définitive, de la question de l’indépendance de la justice. À tous ceux qui n’en auraient pas encore pris la mesure Christiane Taubira déclare solennellement que l’on a changé d’époque et que la Justice, dans le cadre du droit et des règles qui encadrent les règles de procédure, travaille en toute indépendance. À tous ceux qui s’inquiètent de la décision de placer sur écoute un avocat avec son client, elle le répète, inlassablement, que la loi encadre toutes les règles de procédure, et que, au cas où la décision du juge d’instruction ne serait pas fondée, une instance judiciaire se chargerait d’annuler purement et simplement son action. Christiane Taubira le déclare, la loi a tout prévu en la matière, aussi, qu’on laisse la Justice faire son œuvre en toute sérénité sans passer son temps à jeter le soupçon sur telle ou telle action dès lors qu’elle met en péril un clan politique. De quoi tout cela est-il le signe manifeste, sinon que sous le règne de la droite, et tout particulièrement sous le règne deNicolas Sarkozy et de son clan, pour ne pas dire de sa clique, la Justice a toujours été muselée s’agissant des affaires sensibles, autrement dit, des affaires touchant de près les concernés. Que dit Christiane Taubira ? Que la gauche, depuis qu’elle est au pouvoir, s’emploie à retirer la muselière de la Justice, non pas pour qu’elle morde à tout-va les justiciables, petits et grands,  mais pour que, enfin, elle ait la truffe à l’air libre pour flairer sans entrave ce qui doit l’être. Et Nicolas Sarkozy, plus que tout autre, a de quoi affoler la truffe des juges si l’on en juge par le nombre d’affaires dans lesquelles est impliqué l’ancien président de la République, comme le rappelle opportunément l’article de Fabrice Arfi :

  http://www.mediapart.fr/journal/france/070314/sarkozy-un-homme-en-bande-organisee, de l’affaire Karachi à l’argent sale de Kadhafi, en passant par l’abus de faiblesse de Liliane Bettencourt ou encore les dessous de l’affaire Bernard Tapie. Il y a tellement d’affaires cachées par Nicolas Sarkozy qu’elles finissent par déborder de toutes parts. La part cachée devient de plus en plus visible chez l’ex-président de la République, et les enregistrements clandestins de son conseiller occulte, Patrick Buisson, participent d’ailleurs à faire remonter tout cela à la surface. Il n’y a que les affidés de Nicolas Sarkozy pour refuser de mesurer la partie immergée de l’iceberg, il n’y a que les gens de l’UMP dont le sort est lié à leur ancien chef pour verser dans le déni et affirmer que rien de cela n’est vrai, que tout cela n’est que complots et affabulations, comme Nathalie Kosciusko-Morizet, qui défend l’ancien président comme s’il était un chevalier blanc. Nicolas Sarkozy, s’il n’est pas le Dark Vador de la scène politique française, n’en est pas moins un personnage passablement trouble et inquiétant dont la part d’ombre est si ample qu’elle constitue déjà une sorte de trou noir où tombe la mémoire des responsables politiques de droite de ce pays.

 

 

(1 commentaire parmi d'autre dont je partage plutôt le point de vue...)

10/03/2014, 17:52 | Par Roger Bacon

En désaccord profond sur la politique économique et sociale de ce gouvernement dit de gauche (sans le soutien faut il le préciser du front de gauche...qui prive donc ladite gauche d'une de ses "jambes"), je ne peux que soutenir la Garde des sceaux Christiane  Taubira , authentique républicaine,courageuse,qui, sans démagogie , allie  humanisme et fermeté dans un équilibre de bon aloi...

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/pierre-caumont

 


 

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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 16:21

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/patrick-saurin

 

POURQUOI LES EMPRUNTS TOXIQUES SONT DES EMPRUNTS SPÉCULATIFS

Patrick Saurin*

 

 

 * Porte-parole de Sud BPCE, membre du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM)
et du Collectif d’audit citoyen de la dette publique

 

 

« Si les hommes prudents ont pour caractère propre le fait d’avoir bien délibéré, la bonne délibération sera une rectitude en ce qui concerne ce qui est utile à la réalisation d’une fin, utilité dont la véritable conception est la prudence elle-même. » (Aristote, Éthique à Nicomaque, VI, 10, 1142b)

 

 

La question de savoir si les emprunts toxiques ont un caractère spéculatif est essentielle, car si la réponse apportée est affirmative, ces emprunts doivent être considérés comme illégaux avec toutes les conséquences qui en découlent.

Pour tenter d’apporter une réponse à cette question, nous allons procéder par étapes. Nous donnerons tout d’abord une définition de la spéculation, puis nous dresserons un état des lieux de la réglementation concernant les acteurs publics locaux sur ce sujet, ensuite nous ferons le point sur la jurisprudence actuelle en la matière avant de dresser l’état des lieux de la doctrine, enfin nous analyserons les contrats proposés par les banques à ces acteurs publics pour vérifier s’ils ont un caractère spéculatif. Au terme de nos investigations, nous serons en mesure de répondre à notre question.

1.     Définir la spéculation

La spéculation peut être définie par trois éléments qui se cumulent et se complètent. La spéculation se traduit par la prise d’un risque consistant à parier sur l’évolution future d’une valeur ou d’un actif en vue d’en tirer profit. Risque, pari et profit escompté sont les trois principes sur lesquels repose la spéculation. Celle-ci peut être financière, lorsqu’elle concerne des titres de propriétés et de créances, monétaire lorsqu’elle s’applique à la parité des monnaies où à des taux d’intérêt, enfin elle peut également porter sur des marchandises ou des matières premières. Ces trois secteurs peuvent bien sûr se combiner.

Selon les tenants du système capitaliste, la spéculation serait utile. Tout d’abord, le spéculateur assumerait des risques que les autres intervenants sur les marchés ne veulent pas porter. Ensuite, la spéculation permettrait d’assurer une certaine liquidité des marchés. Enfin, elle donnerait la possibilité à certains acteurs de « se couvrir », c’est-à-dire de se protéger contre une évolution défavorable des prix des actifs, des prix des marchandises, des taux de change et des taux d’intérêts.

Mais la spéculation compte également un grand nombre de détracteurs qui la critiquent à la fois pour des raisons morales, c’est une activité non-productive qui permet de gagner de l’argent sans produire de la valeur, mais aussi parce qu’elle contribue à l’instabilité des marchés et des crises qui en résultent. Aujourd’hui, le capitalisme ayant imposé ses valeurs, quand bien même elle continue à porter son odeur de soufre, la spéculation s’est imposée dans le fonctionnement des économies dont elle est devenue un des rouages essentiels. Le temps est révolu où Nicholas Kaldor pouvait écrire : « Tous les biens ne sont pas susceptibles d’être les supports d’une spéculation ; en réalité, la gamme des objets sur lesquels elle peut s’exercer, à une échelle non dépourvue de signification, est relativement limitée. »[1] Aujourd’hui, tout est susceptible de donner lieu à spéculation : de la dette des États (comme on a pu le voir avec la Grèce) aux CDS (credit default swap) en passant par les droits à polluer. L’importance et la gravité des conséquences que génère la spéculation contraste singulièrement avec la débilité et la trivialité des arguments avancés pour la justifier. Ainsi, après avoir rapidement relevé que si la « spéculation » est « un horrible mot que beaucoup d’imprécateurs voudraient extirper de la réalité, sinon du vocabulaire financier »[2], Bertrand Jacquillat s’empresse de développer avec emphase et prolixité :

« D’autres voient dans la spéculation consistant à acheter des valeurs financières dans l’espoir de les revendre avec profit, un mécanisme parfaitement sain, et dans les spéculateurs qui font leur miel de leur capacité à prévoir le futur, l’expression d’un comportement normal, qui tout à la fois prévoit, prend des précautions et achète (ou vend) en calculant ses risques. Les économistes justifient l’existence des spéculateurs par leur fonction régulatrice. Grâce à leurs anticipations, ils contribuent à réduire l’amplitude des variations de prix […]. Leur présence vivifie les marchés des contrats à terme […]. »[3]

Histoire d’enfoncer le clou, Jacquillat lâche cette formule sans appel : « Et puis tout le monde n’est-il pas un peu spéculateur […] ? », avant d’appeler à son secours… Émile Zola, qui opposait dans le 18e volume des Rougon-Macquart « la richesse d’hier, celle des fortunes domaniales représentant « la stagnation même de l’argent », à l’« argent moderne de la spéculation », l’« argent liquide qui coule, qui pénètre partout », « empoisonneur et destructeur », mais aussi « ferment de toute végétation sociale. »[4] On aura compris que c’est ce dernier passage qui importe à notre financier et homme de lettres, soucieux de démontrer que la spéculation est indispensable en vue d’assurer la meilleure efficience possible du système capitaliste.

Pourtant, la crise des subprimes de 2007 qui s’est prolongée dans la crise financière de 2008 lui donne tort sur toute la ligne.  Cette crise financière, loin d’être éteinte aujourd’hui, présente les dangers et les méfaits de la spéculation et aurait dû contribuer à sa remise en cause. Malheureusement, il n’en a rien été. Paul Jorion préconise de stopper la spéculation[5], en rappelant que deux articles du code pénal l’interdisaient jusqu’en 1885, date de leur abrogation sous la pression des milieux d’affaires de l’époque. L’article 421 disposait : « Les paris qui auront été faits sur la hausse ou la baisse des effets publics, seront punis d’un emprisonnement d’un mois au moins, d’un an au plus », et l’article 422 précisait : « Sera réputée pari de ce genre, toute convention de vendre ou de livrer des effets publics qui ne seront pas prouvés par le vendeur avoir existé à sa disposition au temps de la convention, ou avoir dû s’y trouver au temps de la livraison. » Paul Jorion cite également un autre article du code civil, l’article 1965 selon lequel « La loi n'accorde aucune action pour une dette du jeu ou pour le paiement d'un pari »[6].

La crise actuelle a révélé au grand jour la nocivité des activités spéculatives, mais il n’y a pas eu pour autant de réactions qui se seraient traduites par une limitation de la spéculation, à défaut de son interdiction. Si l’Assemblée nationale a jugé nécessaire de mettre en place une « commission d’enquête parlementaire sur les mécanismes de la spéculation affectant les économies », le rapport issu de ce travail[7] se résume à un constat circonstancié sans effet puisqu’il n’a donné lieu qu’à une série de propositions consistant en autant de vœux pieux. Pour preuve, dans son avant-propos, le président de la commission d’enquête, Henri Emmanuelli, après s’être félicité du souci partagé par les personnalités entendues et les membres de la commission de « rechercher les moyens de mettre le système financier au service de la production de richesse », reconnaissait désabusé : « Ce n’est hélas pas le cas aujourd’hui ! »[8]

Le lobby des forces favorables au maintien de la spéculation s’est révélé particulièrement puissant. Le 23 mai 2013, Fabrice Armand, avocat associé du cabinet d’affaires international, écrivait dans le Cercle Les Echos un article au titre sans équivoque : « Ne donnons pas une définition juridique de la spéculation »[9]. Ce juriste, vent debout contre une réforme bancaire qui n’a pas réformé grand-chose, remettait en cause la distinction prévue par la loi entre les activités bancaires économiquement utiles et celles qui ne le sont pas, en s’indignant que l’on puisse qualifier de spéculation tout ce qui n’est pas couverture. Il préconisait de remplacer par activités « risquées », l’expression activités « spéculatives », probablement trop parlante à ses yeux.

 

2.    État des lieux de la réglementation

Les acteurs publics locaux sont régis par un certain nombre de principe contenus notamment dans le code général des collectivités locales et dans des circulaires.

a)      Le code général des collectivités locales

Trois articles précisent les compétences respectives de la commune, du département et de la région. Selon l’article L. 2121-29, « le conseil municipal émet des vœux sur tous les objets d'intérêt local », l’article 3211-1 indique que « le conseil général ... statue… sur tous les objets d'intérêt départemental dont il est saisi. » Enfin, l’article L. 4221-1 énonce que « le conseil régional ... statue… sur tous les objets d'intérêt régional dont il est saisi. »

Par ailleurs, dans la mise en place et l’exécution de leur budget, les collectivités locales sont soumises à un certain nombre de principes : annualité, unité, universalité, spécialité, équilibre réel, auquel est venu est venu s’ajouter le principe de sincéritéquiinterdit la surestimation des recettes et la sous-estimation des dépenses[10] et le principe de prudence qui impose des obligations en matière d’amortissement et de provisions.

b)     La circulaire n° NOR : INTB9200260C du 15 septembre 1992

Au début des années 90, la circulaire n° NOR : INTB9200260C du 15 septembre 1992 est venue préciser les conditions de mise en place des « contrats de couverture du risque de taux d’intérêt offerts aux collectivités locales et aux établissements publics locaux ». Ce texte précise que les collectivités locales ont la possibilité de « recourir à un contrat de couverture du risque du taux d’intérêt, opération juridiquement distincte et indépendante du ou des contrats en cours (éléments couverts) »[11], en soulignant plus loin « ces contrats sont totalement dissociés de l’opération d’emprunt couverte »[12]. La circulaire ajoute cette précision importante : « Ces décisions présentent un coût direct […] et un coût indirect […]. Ces coûts doivent être dimensionnés à la taille et aux capacités financières de la collectivité. »[13]

La circulaire de 1992 prend soin d’énoncer que :

« les collectivités territoriales ne peuvent légalement agir que pour des motifs d’intérêt général présentant un caractère local. »

« L’engagement des finances des collectivités locales dans des opérations de nature spéculative ne relève ni des compétences qui leur sont reconnues par la loi, ni de l’intérêt général précité. Les actes ayant un tel objet sont déférés par le représentant de l’État au juge administratif, sur la base notamment de l’incompétence et du détournement de pouvoir. »[14]

Il est également précisé que « le contrat doit avoir pour effet de réduire le risque de variation de valeur affectant l’élément couvert (les frais financiers d’un emprunt déterminé) ou un ensemble d’éléments homogènes (les frais financiers de plusieurs emprunts existants présentant les mêmes caractéristiques de taux d’intérêt) ».[15]

La circulaire précise enfin que les contrats dont l’assiette excède l’encours réel de la dette « constituent des opérations spéculatives n’entrant pas dans les attributions traditionnelles des collectivités locales. »[16] 

Au vu de ce qui précède, on peut légitimement considérer que des opérations de couverture dont les coûts excessifs ne sont pas « dimensionnés à la taille et aux capacités financières » des collectivités et qui, loin de réduire le risque de variation de l’élément couvert l’augmentent (certaines soultes pouvant être supérieures au montant des emprunts), soient considérées comme spéculatives. Dans la circulaire de 1992, les prêts structurés ne sont pas interdits en tant que tels – ils n’existaient pas à cette époque –, mais nous pensons être fondés à soutenir que certains principes avancés à propos des instruments de couverture sont susceptibles de s’appliquer à l’ensemble des opérations concernant la dette des collectivités publiques, à savoir le recours à l’emprunt, la mise en place des instruments de couverture et les opérations de renégociation et de refinancement[17]. Ces trois principes que nous avons identifiés sont la stricte limitation à l’action des collectivités pour des motifs d’intérêt général présentant un caractère local, l’interdiction de réaliser des opérations de nature spéculatives, enfin l’interdiction de générer un risque excessif eu égard à la taille et aux capacités financières des collectivités.

c)      La circulaire n° NOR : IOCB1015077C du 25 juin 2010

La circulaire n° NOR : IOCB1015077C du 25 juin 2010 relative aux produits financiers offerts aux collectivités locales et à leurs établissements publics, venue abroger la circulaire du 15 septembre 1992, a un objet moins restrictif que cette dernière. En effet, outre les instruments de couverture, elle fait allusion à la gestion active de la dette et évoque les prêts structurés, même si elle se limite seulement à en déconseiller certains aux collectivités. La circulaire de 2010 reprend plusieurs principes et dispositions avancés par celle de 1992 selon lesquels :

« les collectivités territoriales ne peuvent légalement agir que pour des motifs d’intérêt général présentant un caractère local.    

L’engagement des collectivités locales dans des opérations de nature spéculative ne relève ni des compétences qui leur sont reconnues par la loi, ni de l’intérêt général précité. Les actes ayant un tel objet sont déférés par le représentant de l’État au juge administratif, sur le fondement notamment de l’incompétence et du détournement de pouvoir. »[18]          

La circulaire considère également que « les opérations de couverture des risques financiers répondent à des motifs d’intérêt général, même si elles présentent un aléa inhérent aux instruments financiers eux-mêmes », en précisant aussi que « le contrat doit avoir pour effet de réduire le risque de variation de valeur affectant l’élément couvert (les frais financiers d’un emprunt déterminé) ou un ensemble d’éléments homogènes (les frais financiers de plusieurs emprunts existants présentant les mêmes caractéristiques de taux d’intérêt) ».          

Il est précisé enfin que les contrats dont l’assiette « excède l’encours réel constituent des opérations spéculatives n’entrant pas dans les attributions traditionnelles des collectivités locales. »

Klopfer considère que la circulaire de 2010 marque une régression par rapport à celle de 1992, « en baptisant […] du terme gratifiant « d’instruments de couverture » les produits totalement spéculatifs que sont les ventes d’option par la collectivité à la banque, effectuées de surcroît sur plusieurs dizaines d’années, et en écrivant, à l’époque, que de tels instruments de couverture (sic) « répondent à un motif d’intérêt général (resic) même s’ils présentent un aléa » ».[19]

Pourtant, dans le même temps, la circulaire de 2010 se fonde sur l’avis du Conseil national de la Comptabilité du 10 juillet 2007[20] en précisant que les contrats dont l’assiette « excède l’encours réel constituent des opérations spéculatives n’entrant pas dans les attributions traditionnelles des collectivités locales. »[21], prendre un risque sur une base de calcul supérieure à l’encours de dette, suffirait à donner à l’opération de couverture réalisée par la collectivité un caractère spéculatif.

Dans les états de dette de certains acteurs publics locaux, nous avons relevé deux cas de figure qui contreviennent à la lettre ou pour le moins à l’esprit de la circulaire.

Le premier est édifiant sur la candeur du législateur face à la scélératesse des banques. N’ayant pas le droit de jouer sur des montants supérieurs à l’encours de la dette, les banques ont contourné l’interdiction en multipliant non pas la dette, mais le taux ! Les banques ont inventé des produits structurés avec multiplicateur ou à effet de levier pour lesquels le calcul des intérêts est effectué en appliquant des formules non linéaires, de sorte que l’évolution des taux supportés est plus que proportionnelle à l’index lui-même du fait d’un coefficient multiplicateur pouvant aller jusqu’à 10[22]. Comme le dit Michel Klopfer, pour une collectivité , « swapper cinq fois le montant de sa dette réelle (ce qui est totalement interdit depuis 20 ans) ou prendre un multiplicateur de 5 sur le taux d’intérêt aboutit rigoureusement au même résultat mathématique : faire passer un taux d’intérêt de 4 à 20 %. »[23]

La seconde situation, non évoquée par la circulaire mais tout aussi dangereuse que la première, ne concerne pas l’assiette, mais la soulte, l’indemnité due par la collectivité en cas de résiliation du contrat. L’état de la dette de la ville de Dijon annexé au compte administratif 2012 nous en donne une bonne illustration avec trois prêts n° 200709-1, 200709-2 et 200804, souscrits auprès du Crédit Foncier de France qui présentent selon l’état de la dette 2012 un coût de sortie chiffré respectivement à 3 294 207,79 euros, 809 422,45 euros et 18 126 219,04 euros, des sommes plus de deux fois supérieures au capitaux restant dus de ces prêts qui s’élèvent respectivement à  1 369 684,17 euros, 336 546,20 euros et 7 536 620,90 euros ! Ici, le coût du risque est plusieurs fois supérieur au montant couvert… cherchez l’erreur !

Même si, dans un jugement du 28 janvier 2014[24], le TGI de Paris a pu considérer que la circulaire du 15 septembre 1992 était « en elle-même dépourvue de valeur normative », il n’empêche que le principe exposé dans cette circulaire, selon lequel « L’engagement des collectivités locales dans des opérations de nature spéculative ne relève ni des compétences qui leur sont reconnues par la loi, ni de l’intérêt général précité » a une réelle valeur normative puisqu’il se réfère à la loi, au code général des collectivités locales, et qu’il a de plus été réaffirmé dans la circulaire du 25 juin 2010 abrogeant celle du 15 septembre 1992.

Les motifs avancés par les banques pour justifier le fait qu’elles aient proposé des prêts structurés risqués aux collectivités reposent sur des arguments spécieux. Les banques prétendent que la circulaire de  1992 ne concerne que les contrats de couverture, son objet étant libellé comme suit : « Contrats de couverture du risque de taux d’intérêt offerts aux collectivités locales et aux établissements publics locaux ». Quant à la circulaire de 2010, elle n’interdit pas formellement les emprunts structurés risqués, mais se borne à les déconseiller. Pourtant, le fait que ces deux circulaires ne fassent pas explicitement référence aux emprunts n’autorise pas pour autant les collectivités territoriales et leurs établissements publics à souscrire des emprunts risqués reposant sur des montages et des index spéculatifs. Le fait que certains acteurs publics tels les hôpitaux ou les organismes de logement social ne soient pas mentionnés par ces deux textes n’habilite pas non plus ces acteurs publics à souscrire ce genre de produits.

3.     La jurisprudence à ce jour

Elle est constituée par les avis et rapports de la Cour des comptes et des chambres régionales des comptes et par les décisions rendues par les juridictions civiles.

a)      La position du juge financier

Dans un rapport public de juillet 2011 intitulé La gestion de la dette publique, la Cour des comptes relève :

« Si les premiers contrats de produits dérivés souscrits par les collectivités territoriales et leurs établissements poursuivaient une finalité de couverture, les produits proposés à compter de 2006 ne se sont plus limités, pour les contrats d’échanges de taux à un échange d’un taux fixe contre un taux variable, ou inversement.

Les collectivités sont ainsi progressivement devenues vendeuses d’options, ce qui leur a permis d’encaisser une prime, mais les a obligées en contrepartie à accorder à un tiers la faculté d’opter en fonction de la cotation des indices retenus. Dès lors, c’est la collectivité qui garantit les positions prises par un tiers et qui, de manière paradoxale, « assure » sa contrepartie contre une évolution défavorable des taux.

Compte tenu des risques supplémentaires ainsi pris, les produits dérivés ne sont alors plus souscrits par la collectivité à des fins seulement de couverture mais plutôt d’optimisation financière et peuvent alors, dans certains cas, être considérés comme des produits spéculatifs. »[25]

En clair, la Cour des comptes reconnaît le caractère clairement spéculatif de certains contrats. Elle confirme cette appréciation plus loin dans le rapport en soulignant :

« Il faut tout d’abord déplorer que les engagements pris ne visent pas à supprimer expressément toute intention de spéculation sur les marchés. Ainsi, les signataires de la charte et les rédacteurs de la circulaire qui en reprend le contenu se sont focalisés sur la nature des indices et l’ingénierie financière mises en œuvre, alors qu’il aurait sans doute été également pertinent d’approfondir la question de l’intention ayant motivé la signature des contrats et les positions prises, notamment lorsque cette intention est clairement spéculative. »[26]

Une chambre régionale des comptes a été amenée à se prononcer sur un litige relatif à des prêts structurés. Lorsque le maire a constaté que les intérêts annuels de la dette de Sassenage s’élevaient à 636 992,41 euros en 2011, alors qu’ils étaient de 170 000 euros en moyenne les années précédentes, il a refusé de régler à Dexia les intérêts des deux prêts toxiques. Il a également intenté une action en justice contre la banque devant le tribunal de grande instance de Nanterre pour solliciter la nullité des deux contrats d’emprunt en cause. Dexia a alors saisi le préfet pour lui demander de procéder à un mandatement d’office des sommes litigieuses mais, préalablement à toute décision, le représentant de l’État a préféré saisir la chambre régionale des comptes pour qu’elle se pro­nonce sur le double fondement juridique invoqué par Dexia : le caractère de « dépenses obligatoires » des intérêts concernés, et le caractère insincère du budget 2012 du fait de la non-inscription au compte 66 des intérêts des emprunts.

Le 31 mai 2012, réunie en formation plénière, la chambre régionale des comptes d’Auvergne Rhône-Alpes a rendu un avis particulièrement encourageant pour tous les acteurs publics locaux en conflit avec les banques qui leur ont fait souscrire des prêts toxiques. En effet, après avoir rappelé  « qu’une dépense ne peut être regardée comme obligatoire et faire l’objet d’un mandatement d’office que si elle correspond à une dette échue, certaine, liquide, non sérieusement contes­tée dans son principe ou son montant et découlant de la loi, d’un contrat, d’un délit, d’un quasi-délit ou de toute autre source d’obligations », la chambre a considéré que « la dépense litigieuse de 636 992,41 € (les intérêts non réglés au titre de 2011) doit être regardée comme sérieusement contestée dans son principe et dans son montant ». En conséquence, « la dépense nécessaire à l’acquittement de ladite dette ne présente pas un carac­tère obligatoire ». La juridiction financière a rendu son avis, prend-elle soin de préciser, « sans qu’il soit besoin de s’interroger sur le bien-fondé de la contesta­tion des sommes correspondant à la dette litigieuse ». En clair, elle ne se prononce pas sur le fond du litige, cette mission relevant des juridictions civiles. Enfin, sur le deuxième moyen de Dexia invoquant le caractère insincère du budget 2012 de la commune de Sassenage, la chambre a considéré que ce budget avait été voté en équilibre réel et qu’il n’y avait pas lieu, en conséquence, de proposer des mesures de redressement de l’équilibre budgétaire.

Cet avis autorise donc les acteurs publics locaux for­tement impactés par les prêts toxiques à ne pas régler aux banques prêteuses les intérêts contestés au titre de ces emprunts. De plus, ils savent désormais que le fait de ne pas inscrire le montant de ces intérêts au compte « charges financières » de leur budget ne remet pas en cause la sincérité de celui-ci. Nul doute qu’une telle décision donnera des idées à plus d’un élu.

 

b)     La jurisprudence du Tribunal de commerce

Dans une affaire opposant la Caisse d’Épargne de Midi-Pyrénées à la Société Patrimoine SA – Languedocienne d’HLM à propos d’un swap résilié par cette dernière, le Tribunal de Commerce de Toulouse a rendu en mars 2008 une décision favorable à cette entreprise de logement social[27]. Les juges ont relevé un défaut d’information pour condamner la banque et ordonner l’annulation de deux contrats portant sur des swaps, au motif que l'Écureuil n'avait pas cru bon de préciser que ses emprunts étaient « spéculatifs ». La banque a été condamnée à payer la somme de 600 000 euros en attendant qu'une expertise évalue le dommage complet causé par ces fameux  swaps. Après avoir fait appel de cette décision, la Caisse d'Épargne a préféré finalement un arrangement à l'amiable afin d’éviter un nouveau procès. Un litige du même type est intervenu entre la même Caisse d’Épargne et l’Office Public d’Habitat des Hautes Pyrénées et a été dénoué de la même façon. Dans la partie « Gestion des risques » de son rapport de gestion au 30 juin 2008 publié dans le Bulletin des annonces légales, NATIXIS évoque ces  affaires dans les termes suivants :

« Litiges concernant des opérations de swap avec les Sociétés HLM : Par décision en date du 27 mars 2008, le Tribunal de Commerce de Toulouse a prononcé la résiliation de deux contrats de swap de 7,5 et 12,5 M€ de notionnel passés avec la Société Patrimoine Languedocienne, SA d’HLM (SPL), et a reconnu la responsabilité solidaire de la Caisse d’épargne Midi Pyrénées (CEMP) et de Natixis dans la mise en place de ces swaps. Le tribunal a nommé un expert chargé d’évaluer le préjudice qui a fait l’objet d’un paiement provisionnel. Natixis a fait appel de ce jugement.

Prenant appui sur les considérants de ce jugement de première instance, la Société d’Economie Mixte de Construction de la ville de Tarbes (SEMI Tarbes) a assigné la CEMP et Natixis en juin 2008 en vue d’obtenir la résiliation d’un contrat de swap d’un notionnel de 20 M€ et l’indemnisation du préjudice prétendument subi du fait de la conclusion de ce contrat.
Les contrats de swap concernés ont été́ mis en place afin de couvrir l’exposition de la SPL et de la SEMI Tarbes à la variation du taux du Livret A, sur lequel les emprunts de ces deux sociétés sont indexés, étant précisé que la variabilité́ de ce taux est effective depuis 2004. En s’appuyant notamment sur un avis de la Compagnie Nationale des commissaires aux comptes relatif au traitement comptable de ce type de contrat, le Tribunal de Commerce de Toulouse a décidé que les swaps ont un caractère spéculatif. Les juges ont prononcé l’annulation des contrats de swap mis en cause au motif que la CEMP et Natixis auraient manqué à leurs obligations de conseil relatives aux instruments spéculatifs. »[28]

Ainsi, comme la banque le reconnaît dans son rapport, c’est bien à propos de la vente d’instruments spéculatifs qu’elle a été sanctionnée par le tribunal de commerce de Toulouse.

c)      La jurisprudence des tribunaux de grande instance et des cours d’appel

À la suite de la crise de 2007-2008, les acteurs publics locaux qui avaient souscrit des prêts structurés ont été confrontés à des situations intenables du fait d’une augmentation considérable des taux d’intérêt conjuguée à des soultes prohibitives rendant impossible une sortie de ces emprunts dans des conditions acceptables. Devant l’intransigeance des banques, refusant de renégocier les emprunts, de nombreuses collectivités ont refusé de payer leurs échéances et ont assigné leurs prêteurs en justice. Fin 2013, on estimait à 300 le nombre de procès engagés par près de 200 collectivités.

Même si à cette date aucune décision définitive n’est intervenue dans les litiges relatifs aux prêts toxiques et aux instruments de couverture, les banques ont subi plusieurs condamnations. Parmi les motifs justifiant ces décisions, on relève le défaut de la mention du taux effectif global, le manquement à l’obligation d’information, le manquement au devoir de conseil. Plus intéressant pour le sujet qui nous occupe, dans des affaires concernant des swaps de taux, des banques ont été condamnées pour avoir proposé des produits spéculatifs à une collectivité à la fois par un tribunal de grande instance et par une cour d’appel.

Un cas de figure exemplaire concerne la commune de Saint-Étienne. Le 21 février 2011, la ville saisit le tribunal de grande instance de Paris pour demander l’annulation de deux swaps[29] d’un montant de près de 18 millions, souscrits sans plafond entre 2006 et 2007[30] auprès de la Royal Bank of Scotland. Dans le même temps, elle décide de suspendre le paiement des intérêts trimestriels dus au titre de ces contrats. Cédric Grail, directeur général adjoint de la ville, déclarait : « Nous considérons ces contrats comme nuls ». Le 26 avril de la même année, la banque a fait assigner la ville devant le juge des référés. Le 24 novembre 2011, le TGI de Paris a rendu un jugement en référé déboutant Royal Bank of Scotland qui exigeait de la ville le paiement de ces intérêts. Dans les attendus de leur décision, les juges estiment que « les mécanismes de financement ou swaps vendus aux collectivités territoriales se sont révélés être des produits spéculatifs à haut risque et dont la légalité est aujourd’hui sérieusement contestée devant les juges du fond ». Et ils concluent : « Dès lors, il ne nous apparaît pas que la cessation du versement des échéances de ses emprunts par la ville de Saint-Étienne doive être considérée comme constituant un trouble manifestement illicite. »

Le 6 décembre 2011, la Royal Bank of Scotland a interjeté appel de cette décision. Dans un arrêt du 4 juillet 2012, la cour d’appel de Paris l’a une nouvelle fois déboutée. Après lui avoir reproché d’éluder le mécanisme, de dénaturer les dispositions et tenter de s’affranchir d’une condition de l’article 809 du Code de procédure civile sur lequel repose sa demande, la cour souligne que la force légale du contrat ne vaut « que pour autant que la licéité de la convention ne soit pas entachée d’une contestation sérieuse », et elle indique aussitôt :

« Que tel n’est pas le cas en l’espèce dès lors qu’il n’est pas contesté que les prêts en cause sont soumis, après une première période de taux fixe, à un taux variable, sans qu’aucun plafond de ce taux ne soit prévu, ce qui contrevient à l’interdiction pour ces collectivités de souscrire des contrats spéculatifs et renvoie aux conditions de passation de ces prêts au regard notamment de cette contrainte légale et de l’obligation de conseil de la Royal Bank. »

Ce passage est capital, car il est dit que les produits structurés sans aucun plafond peuvent être considérés comme des contrats spéculatifs, et que leur signature contrevient à l’interdiction faite aux collectivités de souscrire de tels contrats. La cour en profite pour rappeler à la banque son obligation de conseil en la matière. Du fait de cette obligation, la banque n’aurait pas dû proposer à la collectivité de signer de tels contrats et, en y contrevenant, elle a engagé sa responsabilité.

Même si en l’espèce le litige concernait des instruments de couverture, et non un emprunt, nous pensons que cette jurisprudence peut être étendue aux contrats d’emprunts structurés qui comportent des swaps ou dont les index, à l’instar de ceux des swaps, sont susceptibles de générer des taux exorbitants du fait de l’absence de plafond. C’est bien ce qui ressort de la décision de la Cour d’appel du 4 juillet 2012 qui précise :

« … dès lors qu’il n’est pas contesté que les prêts en cause sont soumis, après une première période de taux fixe, à un taux variable, sans qu’aucun plafond de ce taux ne soit prévu, ce qui contrevient à l’interdiction pour ces collectivités de souscrire des contrats spéculatifs… »

C’est bien au plafond du taux des prêts que la Cour se réfère dans son arrêt lorsqu’elle évoque l’interdiction pour les collectivités de souscrire des contrats spéculatifs.

4.     État des lieux de la doctrine

La doctrine désigne l’ensemble des écrits rédigés par des juristes et des experts qui expliquent, interprètent, analysent, commentent et discutent des questions de droit posées par la législation ou des décisions de justice rendues par les tribunaux. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous allons passer en revue quelques débats portant sur des aspects essentiels des produits structurés.

Les banques jouent sur la difficulté de distinguer couverture et spéculation. Comme le reconnaissent Delphine Lautier et Yves Simon : « il est difficile de déterminer sans ambiguïté la nature des opérations effectuées sur les marchés dérivés. Distinguer spéculation, arbitrage, couverture et investissement n’est pas simple. »[31]

Pour Emmanuel Fruchard qui possède une expérience de la finance de marché,

« La mention de la « nature spéculative » est un point primordial. En effet, les opérations de gestion de la dette peuvent être réparties en deux groupes :

-          les opérations de couverture, qui visent à réduire le risque présent ou futur en équilibrant les charges et produits dans les années à venir ; par exemple en évitant qu’un scénario de taux d’intérêt, très bas ou très élevés, ne déséquilibre les finances de la collectivité ;

-          les opérations spéculatives, qui visent à faire gagner de l’argent (ou à réduire la charge d’intérêt, ce qui revient au même). »[32]

Beaucoup de juristes considèrent que les emprunts structurés comportant une première période à taux bonifié suivi d’une seconde période au cours de laquelle le taux est déterminé à partir d’indices risqués, appartiennent sans l’ombre d’un doute à la catégorie des opérations spéculatives.

C’est ce constat sans appel que font Bruno Wertenschlag, Olivier Poindron, Isabelle Kébé et Étienne Favre[33] dans un dossier spécial du Courrier des maires intitulé « Gestion de la dette : les relations banques-collectivités », lorsqu’ils écrivent :

« … les contrats faisant supporter un taux fonction de l’évolution d’indices « exotiques » (comme par exemple les « produits de change », consistant en un pari sur l’évolution du cours de devises), en tant qu’ils présentent une volatilité très élevée, et que les ressources des collectivités locales sont par hypothèse en euro, constituent des opérations spéculatives, contraires à l’intérêt public local. »[34]

Hervé Alexandre, professeur à l’Université Paris-Dauphine partage également ce point de vue lorsqu’il avance :

« Là où la stratégie de couverture devient moins évidente, c’est lorsqu’une collectivité territoriale ajoute un produit dérivé de change à une dette. […] Associer un produit de change à une dette contractée dans sa propre devise n’est rien d’autre que de la spéculation, le delta de la couverture étant proche de 0. […]… l’absence de lien direct entre la dette et le produit dérivé contracté fait de cette position une position spéculative et non pas de couverture. »[35]

Jean-Louis Vasseur, avocat associé de la SCP Seban & Associés, est tout aussi catégorique :

« S’agissant de produits structurés comportant des instruments complexes et risqués pour une collectivité, ceux-ci peuvent être considérés comme spéculatifs… »[36]

Selon un autre spécialiste, Frédéric Marty, le caractère spéculatif des produits souscrits par les collectivités ne fait aucun doute. Pour lui, les contrats d’échange de taux d’intérêt (swap de taux) permettent à une collectivité « de parier sur la baisse des taux d’intérêts, à laquelle elle sera désormais intéressée », sur la base « d’un argument « spéculatif » »[37].

Le point de vue des analystes de l’agence de notation FitchRatings est également sans appel :

« les nombreux contrats apparus ces dernières années et qui conditionnent, par exemple, le niveau futur des charges financières au taux de change de devises étrangères, sont clairement spéculatifs. De plus, le lien entre l’intérêt général à « caractère local » avec les contrats indexés sur des devises étrangères n’est pas flagrant. »[38]

Et ces auteurs de relever cette autre incongruité :

« Il est paradoxalement plus contraignant pour une collectivité de souscrire des produits de couverture que des produits spéculatifs. »[39]

Pour Michel Klopfer, consultant réputé en finances locales, les banques portent l’essentiel de la responsabilité des problèmes générés par les emprunts toxiques « en tant que concepteurs initiaux de montages totalement spéculatifs qui ont amené des organisations publiques (collectivités, hôpitaux, organismes de l’habitat…) à leur vendre des options de taux et/ou de change… »[40]

Les consultants de Fitchratings avaient déjà relevé la perversité du montage des banques consistant en « l’association d’un prêt amortissable classique à taux fixe ou à taux variable et d’un contrat ou d’une combinaison de contrats dérivés qui incluent quasi systématiquement la vente d’un contrat d’option : contrat d’achat ou de vente à terme d’un actif sous-jacent pour un montant (valeur d’exercice) fixé au début du contrat. »[41]

La vente de cette option ne vient pas couvrir un risque mais « dégager les ressources permettant de bonifier le taux d’intérêt durant les premières années. »[42]

L’avocat Hugues Bouchetemble, se montre plus réservé. Il relève que la Cour de cassation qui ne retenait auparavant que « l’opération « structurellement » spéculative, qui, par son seul mécanisme, expose l’investisseur à un risque de perte supérieur à son investissement initial »[43], l’a par la suite étendu cette notion aux opérations « conjoncturellement » spéculatives, « pour lesquelles le risque de l’investisseur n’excède pas la limite de son apport initial […] mais l’exposent néanmoins à un fort aléas boursier »[44] , une extension que l’avocat juge contestable. Mais, lorsqu’il fait  le constat que les décisions de justice considèrent comme opération non spéculative un swap passé par une collectivité dans l’intention de couvrir un aléa en échangeant un taux variable contre un taux fixe et lorsqu’il observe que la circulaire du 15 septembre 1992 considère que le swap n’est pas une opération non spéculative lorsqu’il a pour effet de réduire le risque de variation de l’endettement et qu’il existe une corrélation entre l’élément couvert et le contrat de swap, Hugues Bouchetemble avance :

« Dans ces conditions, si ces critères devaient être maintenus par la Cour de cassation, les swaps fondés sur des sous-jacents, ou des emprunts structurés fondés sur des indices totalement décorrélés du contrat d’emprunt (autres que taux ou devises pour un emprunt multidevises) pourraient être considérés comme des opérations spéculatives. Il pourrait en être de même lorsque l’indice est corrélé à l’opération de financement, mais que le montant payable par la banque n’est pas déterminable à l’avance, notamment lorsque la collectivité, pour des raisons d’opportunité, alors qu’elle est endettée à taux fixe, décide de s’exposer à un taux variable. »[45]

Il ressort de cet état des lieux de la doctrine que la plupart des juristes de premier plan considèrent une grande partie des produits structurés comme des emprunts spéculatifs auxquels doit s’appliquer la réglementation régissant les instruments de couverture.

 

5.     Analyse des contrats d’emprunts structurés

 

Nous l’avons précisé au début de ce travail, la spéculation peut être définie par trois éléments qui se cumulent et se complètent : un risque, un pari et un profit escompté. Or, si l’on examine les contrats de prêts structurés proposés aux acteurs publics locaux à l’aune de ces trois éléments, la nature spéculative de ces contrats apparaît au grand jour.

Sans rentrer dans le détail de tous les types d’emprunts structurés – pour information, en 2008 Dexia commercialisait 223 contrats différents[46] – un examen synthétique de leurs caractéristiques essentielles, susceptibles d’être associées au sein d’un seul et même produit, fait ressortir leur nature spéculative[47]. Citons notamment :

-          des contrats de swaps le plus souvent sans plafond ;

-          des contrats d’option faisant notamment dépendre le taux de la parité entre des monnaies (l’euro et le franc suisse par exemple) ;

-          des contrats à terme construits sur des CMS (constant maturity swaps), des opérations d’échanges périodiques d’intérêts entre un taux long glissant et un taux court ;

-          le recours à des indices dits « exotiques », comme les matières premières (le pétrole par exemple), les actions, voire les indices propriétaires ;

-          le recours à l’effet de levier ou multiplicateur permettant de multiplier jusqu’à 5, 7 voire 10 le taux d’intérêt lorsque le sous-jacent sur lequel est indexé ce taux atteint un niveau donné ;

-          l’effet de change qui voit le taux indexé sur la parité de deux monnaies ou sur l’écart entre les parités de plusieurs monnaies ;

-          l’effet de pente qui voit l’emprunteur payer un certain taux tant que l’écart entre deux taux de maturité différente (par exemple un taux 2 ans et un taux 10 ans) n’atteint pas un certain niveau. Si ce seuil est atteint, l’emprunteur paie un autre taux avec une augmentation de marge ;

-          les produits de courbe dont le taux est déterminé par la différence entre deux indices exprimés dans des devises différentes et/ou sur des marchés différents, et n’ayant pas forcément la même maturité ;

-          les produits structurés à barrière avec lesquels l’emprunteur paie un taux fixe bonifié (par rapport aux conditions du marché), lequel est désactivé dès que l’index franchit un seuil prédéterminé, l’emprunteur payant alors l’index augmenté d’une marge ;

-          les produits à effet de structure cumulatif (ou snowball, « boule de neige ») qui présentent la particularité de comporter un effet cliquet, dans la mesure où le taux payé à chaque échéance est déterminé à partir du taux de l’échéance précédente, avec cette singularité que le taux appliqué ne peut qu’augmenter ou au mieux se stabiliser.

Ce catalogue à la Prévert est édifiant sur la capacité imaginative des banques à proposer à leurs clients des produits spéculatifs dont elles vont tirer des marges très confortables.

 

6.     Les emprunts toxiques sont-ils des emprunts spéculatifs ?

En associant un ou plusieurs contrats dérivés et un contrat de prêt amortissable au sein d’un seul et même produit structuré, les banques ont pensé soustraire les produits spéculatifs qu’elles proposaient à la circulaire du 15 septembre 1992 qui ne concernait que des contrats « totalement dissociés de l’opération d’emprunt couverte ». Les banques n’ont jamais eu l’intention de reconsidérer leur offre et de ne proposer que des produits non-spéculatifs, elles ont seulement essayé de contourner la réglementation. Ainsi que nous l’avons démontré dans cette étude, analyse confirmée par la jurisprudence et par la doctrine, les banques ont bel et bien fait souscrire aux acteurs publics locaux des contrats spéculatifs, en violation de la règlementation et des principes de prudence et de sécurité régissant l’action de ces acteurs.

En effet, même si la circulaire de 2010 se contente de déconseiller certains emprunts structurés aux collectivités locales sans aller jusqu’à les interdire, et même si ces collectivités sont autorisées à souscrire des contrats de couverture du risque de taux d’intérêt, le fait qu’elles ne puissent légalement agir que pour des motifs d’intérêt général présentant un caractère local leur interdit de fait de souscrire des contrats spéculatifs (emprunts, instruments de couverture, ou synthèse des deux à travers les produits structurés).

Dans la conception française, pour reprendre les propos des auteurs qui ont rédigé les « Réflexions sur l’intérêt général » du Rapport public 1999 du Conseil d’État, « l’intérêt général se situe, depuis plus de deux cents ans, au cœur de la pensée politique et juridique française, en tant que finalité ultime de l’action publique. »[48]Pour ces juristes, « la notion d’intérêt général […] apparaît comme la condition de légalité de l’intervention des pouvoirs publics. Une fois cette condition satisfaite, elle leur fournit les moyens spécifiques de leur intervention en fondant les principales prérogatives de puissance publique. »[49] Considérée comme condition préalable à l’action des pouvoirs publics, la notion d’intérêt général prime donc sur la liberté contractuelle des collectivités dont elle détermine les modalités d’exercice et leur interdit de s’engager dans des opérations de nature spéculative. De plus, les collectivités doivent respecter le principe de prudence dans la mise en place et l’exécution de leur budget. Il y a plus de deux millénaires, ce principe existait déjà dans la Grèce ancienne, car Aristote, que nous citions en exergue, considérait comme des « hommes prudents », « les personnes qui s’entendent à l’administration d’une maison ou d’une cité. »[50]

 

 


[1] Nicholas Kaldor, « Spéculation  et stabilité économique » (1939), Revue française d’économie, Volume 2, N° 3, 1987, p. 118.

[2] Bertrand Jacquillat, Les 100 mots de la finance, Puf, Que-sais-je ?, Paris, 2011, p. 15.

[3] Ibid.

[4] Ibid.

[5] http://www.pauljorion.com/blog/?p=57581

[6] Cette disposition s’inscrit en continuité avec l’article 138 de l’ordonnance de Louis XIII du 15 janvier 1629, dite Code Michau, qui indiquait : « Déclarons toutes dettes contractées pour le jeu nulles, et toutes obligations et promesses faites pour le jeu, quelque déguisées qu’elles soient, nulles et de nul effet, et déchargées de toutes obligations civiles ou naturelles.»

[7] Accessible par le lien : http://www.assemblee-nationale.fr/13/pdf/rap-enq/r3034.pdf

[8] Ibid., p. 12.

[9] http://lecercle.lesechos.fr/entreprises-marches/finance-marches/finances/221173392/donnons-definition-juridique-speculation

[10] Ce principe implique l’exactitude, la cohérence et l’exhaustivité des informations fournies. Les dépenses ne doivent pas avoir été sous-évaluées et les recettes surestimées. La collectivité doit pratiquer les amortissements (immobilisation des sommes correspondant à la dépréciation d’un bien et nécessaires à son renouvellement) et les provisions (notamment pour les risques afférents aux litiges, les garanties d’emprunt et les aides financières directes accordées à des entreprises en difficulté).

[11] Circulaire n° NOR : INTB9200260C du 15 septembre 1992, p. 4.

[12] Ibid., p. 6.

[13] Ibid., p. 4.

[14] Ibid., p. 7.

[15] Ibid.

[16] Ibid., p. 8.

[17] D’un point de vue comptable, une opération de refinancement de dette consiste dans le remboursement d’un emprunt auprès d’un établissement de crédit suivi de la souscription d’un nouvel emprunt. Le refinancement se distingue de la renégociation de dette, qui consiste en une simple modification des caractéristiques financières du contrat initial. La renégociation d’une dette n’entraîne donc aucun flux de trésorerie contrairement au refinancement.

[18] Circulaire n° NOR : IOCB1015077C du 25 juin 2010, p. 13.

[19] Michel Klopfer, « Emprunts toxiques : quelles pistes de sortie après la décision du Conseil constitutionnel de décembre 2013 », à paraître.

[20] Dans son « avis n° 32 relatif à la comptabilisation des options de taux d’intérêt », le Conseil national de la comptabilité « estime que ne peuvent être qualifiées d’opérations de couverture que les opérations qui présentent les caractéristiques suivantes : – les options achetées doivent avoir pour effet de réduire le risque de variation de valeur affectant l’élément couvert ou un ensemble d’éléments homogènes (risque de taux d’intérêt, dépréciation de capital, etc.)… »

[21] Circulaire n° NOR : IOCB1015077C du 25 juin 2010, p. 14.

[22] Emmanuel Fruchard donne l’exemple d’un contrat construit sur un différentiel entre un taux de swap long terme de 10 ans et un taux de swap de 2 ans. (Emmanuel Fruchard, Après les emprunts toxiques : comprendre les contrats de prêts aux collectivités locales, La Lettre du Cadre Territorial, dossier d’experts, n° 744, Territorial éditions, Voiron, 2012, pp. 171-172 ; cf. également pp. 80-81.). À l’occasion de son audition par la commission d’enquête parlementaire le 18 octobre 2011, Michel Klopfer revient sur le mécanisme des premières périodes de bonification des produits structurés en déclarant : « Les cadeaux initiaux ont été amortis à coups de multiplicateurs de 5 ou de 10. Voilà ce qui s’est passé. » (Assemblée nationale, Rapport n° 4030, commission d’enquête sur les produits financiers à risque souscrits par les acteurs publics locaux, 6 décembre 2001, p. 394).

[23] Michel Klopfer, « Emprunts toxiques : quelles pistes de sortie après la décision du Conseil constitutionnel de décembre 2013 », op. cit.

[24] Décision du 28 janvier 2014, 9ème chambre 1ère section n° RG : 10/03746.

[25] Cour des comptes, La gestion de la dette publique, rapport public thématique, juillet 2011, pp. 40-41.

[26] Ibid., pp. 70-71.

[27] Tribunal de commerce de Toulouse 27 mars 2008, Société Patrimoine Languedocienne c/ Caisse d’Epargne Midi Pyrénées e

t Société Ixis Corporate Investment Bank, JCP Entreprises, 20 novembre 2008, n° 2387, p. 22.

[28] Bulletin des annonces légales obligatoires, n° 119, 1er octobre 2008.

[29] Le swap de taux est une opération au terme de laquelle une banque s'engage à prendre en charge les intérêts dus par son client à une autre banque, le client de son côté s'engageant à payer des intérêts calculés sur la base d'un nouveau taux. Ce type de produit est utilisé par les collectivités dans le cadre de la gestion de leur dette.

[30] Il s’agissait de deux swaps « snowball » (« boule de neige »), dont la particularité est de reposer sur des taux d’intérêt cumulatifs : c’est-à-dire que les augmentations de taux d’intérêt s’additionnent et peuvent atteindre des niveaux très élevés.

[31] Delphine Lautier, Yves Simon, Les 100 mots des marchés dérivés, Puf, Que-sais-je ?, Paris, 2011, p. 66.

[32] Emmanuel Fruchard, op. cit., p. 19.

[33] Bruno Wertenschlag et Olivier Poindron sont respectivement avocat associé et consultant chez Fidal, Isabelle Kébé et  Étienne Favre sont respectivement présidente-directrice générale et chef de mission équipe marché chez FCL.

[34] Bruno Wertenschlag, Olivier Poindron, Isabelle Kébé et Étienne Favre, « Gestion de la dette : les relations banques-collectivités », Le Courrier des maires et des élus locaux, Cahier n° 53, mars 2012, n° 255, p. VII.

[35] Hervé Alexandre, « Banques, collectivités et prêts toxiques : des responsables ou des coupables ? », Option Finance, n° 1192, 15 octobre 2012, p. 9.

[36] Jean-Louis Vasseur, « Emprunts toxiques : les recours possibles devant le juge civil », Revue Lamy des collectivités territoriales, n° 83, octobre 2012, p. 62.

[37] Frédéric Marty, Crise financière et hausse du coût de la dette des collectivités locales », Cahier de recherche  GIREF, 03-2008, p. 7.

[38] FitchRatings, « La dette structurée des collectivités locales : gestion active ou spéculation ? », 16 juillet 2008, p. 3.

[39] Ibid.

[40] Michel Klopfer, « Emprunts toxiques : quel partage du coût de sortie entre contribuable local et contribuable national ? », Gestion & Finances Publiques, n° 5, mai 2013, p. 3.

[41] FitchRatings, ibid., p. 4.

[42] Ibid.

[43] Bugues Bouchetemble, « La responsabilité des prestataires des services d’investissement en matière de produits dits « toxiques ». Le cas des collectivités territoriales, Droit & Patrimoine, n° 206, septembre 2011, p. 26.

[44] Ibid.

[45] Ibid., p. 27.

[46] Rapport n° 4030 de l’Assemblée nationale, p. 302.

[47] Pour une présentation plus précise des différents emprunts structurés, voir en particulier le Rapport n° 4030 de l’Assemblée nationale (pp. 14-27), Patrick Saurin, Les prêts toxiques : une affaire d’État. Comment les banques financent les collectivités locales, Demopolis & CADTM, Paris, 2013, pp. 33-58 et Emmanuel Fruchard, Comprendre les contrats de prêts aux collectivités locales, op. cit.

[48] Didier Truchet, Jean-Éric Shoettl, Edmond Honorat, Bernard Thiry, Alexander Schaub, Jean-Jacques Laffont et Jean Barthélémy, « Réflexions sur l’intérêt général », Rapport public 1999 du Conseil d’État.

[49] Ibid.

[50] Aristote, op. cit., VI, 5 1140b.

 

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/patrick-saurin

 

 

 

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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 16:13

 

Source : zad.nadir.org

 

Vélorution sur les routes qu’ils croient élargir

mercredi 8 janvier 2014, par zadist


Fly + texte d’invitation

« LEUR PROJET NE TIENT PAS LA ROUTE ! »

Invitation à une vélorution sur les routes qu’ils croient élargir

Dimanche 16 mars 2014, 14h à St Jean du Tertre !

Malgré le retard important pris par le projet d’aéroport (inauguration de l’aérogare repoussée de deux ans, un an de retard sur les transferts d’espèces, fouilles archéologiques qui patinent...), la préfecture roule des mécaniques et annonce partout la reprise des travaux. Ici, sur la zone on les attend de pied ferme, et partout en France les comités locaux restent mobilisés !

Le mouvement de résistance multiforme qui a mis en échec les décideurs l’année passé gagne en puissance :
- Les habitats auto-construits fleurissent sur le tracé du barreau routier et sur l’emprise du projet d’aéroport, et toutes les maisons qui se vident suite aux magouilles et coups de pression d’AGO sont immédiatement réoccupées.
- La mise en culture collective des terres, avec le processus Sème ta ZAD, prend de l’ampleur et prépare le terrain pour la poursuite de la lutte sur le front foncier après l’abandon définitif du projet.
- Les entreprises impliqués dans le projet continuent de faire l’objet d’actes de sabotages et de menaces.
- Les recours juridiques et campagnes de sensibilisation suivent leur cours.

La récente publication des arrêtés préfectoraux, et la communication tous azimuts des porteurs du projet, laissent à penser que l’année qui vient sera marquée par de nouvelles tentatives d’avancer sur le terrain : transferts d’espèces, mesures de compensation, campagne de forages et/ou de fouilles, ainsi que l’élargissement des routes.

L’opposition à l’avancée du projet sur le terrain commence par là, nous ne voulons ni de l’aéroport, ni de sa desserte routière ! Comme l’affirme l’appel commun du mouvement (à l’initiative de l’ACIPA, du mouvement d’occupation, de COPAIN 44, de la coordination et des naturalistes en lutte) : « Il faut empêcher ces mesures de se réaliser : mares, transferts d’arbres et d’espèces, ainsi que l’élargissement des routes et la construction du barreau routier. »

Dans le cadre du projet d’aéroport et de sa desserte routière, la DREAL veut élargir les routes suivantes :la VC3 (route communale entre Notre-Dame-des Landes et GrandChamps des Fontaines), la route VC1-VC12 entre Notre-Dame- des-Landes et Temple de Bretagne, la D15 entre Temple de Bretagne et Fay de Bretagne, et une partie du RD326 vers Chanais. Les procédures d’expropriation sont achevés pour ce volet des travaux. Ces élargissements de routes impliquent : l’abattage des haies, le dévoiement des réseaux (notamment le déplacement de lignes électriques et téléphoniques).

Nous ne les laisseront pas faire ! C’est pourquoi, nous appelons à une ballade à vélo sur les routes que les décideurs croient pouvoir élargir, pour traduire en acte l’appel lancé par les différentes composantes du mouvement et concrétiser notre détermination à s’opposer à tout travaux. Ce sera aussi une occasion d’organiser la résistance sur le terrain.

Rendez-vous le dimanche 16 mars 2014 à 14h à St Jean du Tertre : Ballade à vélo, repérage, pose de banderoles et pancartes contre le projet, point info sur les travaux (cartes, documentation...). Ramenez votre gouter !

Documents joints

 

Source : zad.nadir.org

 

 

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