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18 avril 2014 5 18 /04 /avril /2014 18:14

 

 

 

 

La lettre d’ATTAC Nîmes
 
Avril 2014

   

 

Sommaire :
 
1/ Samedi 19 avril à 15h à Nîmes : Stop TAFTA (Non aux accords de libre-échange USA/Europe), besoin de monde pour action d’information !
2/ Mardi 22 avril à 20h30: Suite de Mars ATTAC – projection-débat « la 4e révolution, vers l‘autonomie énergétique » avec Simon COSSUS, Enercoop LR
3/ Mercredi 23 avril à 20h30 à Alès : Les mésaventures de la taxe européenne sur les transactions financières avec Frédéric Lemaire, commission banques-finances, Attac France (par ATTAC Alès) 
4/ Jeudi 24 avril à 19h15 à St Cômes et Maruéjols : réunion publique « TAFTA / accord de libre échange USA/Europe » avec Attac Nîmes et Stop TAFTA 30 (organisée par Abeille et biodiversité)
5/ Vendredi 25 avril à 18h30 à Sommières, réunion publique « TAFTA / accord de libre échange USA/Europe » (organisé par les collectifs : Stop TAFTA, Non au Gaz de Schiste Garrigue Vaunage, Territoires en Transition Vidourle Vaunage, Café repère petite Camargue)
6/ Mardi 6 mai à 19h à St Géniès de Malgoires : Réunion du collectif Stop TAFTA 30
7/ Prochaine réunion mensuelle du groupe ATTAC Nîmes : mardi 20 mai à 19h
8/ Université européenne des mouvements sociaux initiée par le réseau Attac du 19 au 23 août à Paris ! 
9/ Nouveau livre ATTAC/Fondation Copernic : « Que faire de l’Europe ? Désobéir pour reconstruire »
10/ Sur le site d’ATTAC France : « La bonne vie pour tous ? » (Thomas Coutrot) et « La taxe, l’aéroport, les requins : Attac ne lâche rien ! »,… 
11/Et toujours : pour recevoir les infos d’ATTAC France et les meilleurs émissions à la télé, ATTAC pour les Nuls, les lectures ATTAC, pour voir ou revoir le documentaire « Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde », pour changer de banque…
1/ Samedi 19 avril à 15h à Nîmes (Place de l’Horloge) : Stop TAFTA - Non aux accords de libre-échange USA/Europe), besoin de monde pour action d’information !
Action de rue, information et distribution de quizz par le collectif Stop TAFTA 30 auquel participe ATTAC Nîmes.
Besoin de monde, venez vous informer, venez nous aider !
2/ Mardi 22 avril à 20h30: Suite de Mars ATTAC – projection-débat « la 4e révolution, vers l‘autonomie énergétique » avec Simon COSSUS, Enercoop LR
Mars ATTAC se prolonge en avril…les places sont en vente !
Projection-débat au cinéma le Sémaphore.
Plus d’infos sur la soirée : http://gard.demosphere.eu/rv/1381
Sur Enercoop LR (fournisseur éthique d’électricité verte): http://www.enercoop-languedoc.fr/
3/ Mercredi 23 avril à 20h30 à Alès (Bourse du Travail) : Les mésaventures de la taxe européenne sur les transactions financières avec Frédéric Lemaire, commission banques-finances, Attac France (par ATTAC Alès) 
Débat public « LES MESAVENTURES DE LA TTF - Taxe européenne sur les transactions financières »
avec Frédéric LEMAIRE, commission banques-finances, Attac France
(covoiturage possible par ce lien)
4/ Jeudi 24 avril à 19h15 à St Cômes et Maruéjols (foyer culturel) : réunion publique « TAFTA / accord de libre échange USA/Europe »
Débat public animé par avec Attac Nîmes et Stop TAFTA 30, et organisée par Abeille et biodiversité)
(covoiturage possible par ce lien)
5/ Vendredi 25 avril à 18h30 à Sommières, réunion publique « TAFTA / accord de libre échange USA/Europe » (organisé par les collectifs : Stop TAFTA, Non au Gaz de Schiste Garrigue Vaunage, Territoires en Transition Vidourle Vaunage, Café repère petite Camargue)
 
(covoiturage possible par ce lien)
6/ Mardi 6 mai à 19h à St Géniès de Malgoires : Réunion du collectif Stop TAFTA 30
 
Pour rejoindre le collectif et la liste d’échanges : envoyer un message à info@stoptafta30.fr 
 
Le collectif Stop TAFTA 30 :
-          A envoyé une lettre ouverte interpellant le Conseil Général et le Conseil Général pour leur demander de se déclarer « territoire hors TAFTA », comme l’ont déjà fait entre autre l’Ile de France, PACA,…
La lettre au Conseil Régional est signée des différents collectifs Stop TAFTA du Languedoc-Roussillon, et autres organisations ou collectifs soutenant cette initiative.
 
-          Est composé à ce jour de:
Les Alternatifs 30, ATTAC Alès, ATTAC Nîmes, ATTAC Uzège, CADTM 30, Convergence citoyenne pour  la Transition énergétique, EELV 30, Energies citoyennes du Gard, Ensemble 30, FSU 30, Mouvement des Objecteurs de Croissance,  NPA 30, Pacte Civique 30, PCF 30, PG 30, collectif anti gaz de schistes AJC Les Mages, collectif anti gaz de schistes Auzonnet-Cèze-Ganière, collectif anti gaz de schiste Gardonnenque/petite Camargue, collectif anti gaz de schistes Hautes Cévennes, collectif anti gaz de schistes Nîmes Anti-Schistes et d’individus 
 
Pour en savoir plus :
-          L’appel national et les organisations signataires: Le grand marché transatlantique ne se fera pas
-          le « guide de navigation pour affronter le grand marché transatlantique » (ATTAC) : http://france.attac.org/nos-publications/brochures/articles/guide-de-navigation-pour-affronter-le-grand-marche-transatlantique?id_rub=?id_mo=
-          D’autres ressources aussi sur le site d’ATTAC Nîmes : conférences audio, vidéo, diaporama.
-          Autre site d’infos : http://stoptafta.wordpress.com
-          Un article à lire (Le traité transatlantique, un typhon qui menace les Européens de Lori Wallach, le Monde Diplomatique) : http://www.monde-diplomatique.fr/2013/11/WALLACH/49803
7/ Prochaine réunion mensuelle du groupe ATTAC Nîmes : mardi 20 mai à 19h
 
Les réunions mensuelles du groupe ATTAC Nîmes se tiennent le 3e mardi de chaque mois.
 
Réunion du CA (conseil d’administration) d’ATTAC Nîmes : pour participer à la vie de l’association au niveau local et décider des initiatives locales.
Au 6, rue Porte d’Alès (1er étage) à Nîmes.
Réunion qui se finit en une conviviale « auberge espagnole » : chacun amène de quoi grignoter, boire un coup et on partage tout.
Ces réunions sont ouvertes à tout le monde.
 
N’hésitez pas à venir nous rencontrer, l’actualité est chargée,
tous les coups de main sont les bienvenus !
 

8/ Université européenne des mouvements sociaux initiée par le réseau Attac du 19 au 23 août à Paris ! 
 
Réservez ces dates…pas d’université d’ATTAC France cette année, mais une université d’été européenne en France, à Paris !
 
Attac est née il y a maintenant 15 ans pour lutter contre la domination de la finance sur tous les aspects de la vie sociale.
Aujourd’hui, la crise économique, financière et sociale est toujours plus destructrice.
Elle fait quotidiennement de nouvelles victimes. Le chômage, la pauvreté et la précarité explosent, tandis que les services publics et la protection sociale sont démantelés, portant atteinte aux droits humains les plus fondamentaux.
Nos gouvernements en profitent pour refuser de faire face à l’urgence du changement climatique, et avancent main dans la main avec les multinationales dans leur refus de la transition ambitieuse dont nous avons besoin.
Le manque de solidarité en Europe et dans le monde est une impasse. Pourtant, les institutions économiques et financières, relayées par les gouvernements et l’Union européenne continuent à nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternative : l’austérité, l’expansion du libre-échange et la compétitivité seraient les seules issues à la crise.
Il y a des alternatives : celles que nous construisons !
 
Plus d’infos : http://www.esu2014.org/
9/ Nouveau livre ATTAC/Fondation Copernic : « Que faire de l’Europe ? Désobéir pour reconstruire »
 
Que faire de l’Europe ? Désobéir pour reconstruire (14€)
L’Europe n’a pas la cote. Pour beaucoup d’européens, l’Union est devenue un monstre hostile. Même dans la gauche critique, l’idéal européen recule, et l’idée se répand que seul reste le niveau national pour changer les choses.
Pourtant, quel pays européen isolé, s’il refusait la loi de la finance, pourrait durablement résister au capital mondialisé ? Ou peser dans les négociations climatiques pour enrayer la catastrophe annoncée ?
Les citoyens européens ont donc raison de demeurer attachés à l’idée d’un destin commun. Pourtant tout indique que l’Union européenne s’achemine vers la dislocation. Comment rompre avec cette Europe sans sacrifier l’idée européenne ? Comment s’appuyer sur des ruptures nationales sans renforcer les replis nationalistes ?
À partir d’une analyse fine des mouvements sociaux et des rapports de force européens, cet ouvrage explore une stratégie de la ligne de crête, en équilibre entre luttes nationales et européennes, entre ruptures par en haut et changements par en bas. Il faudra désobéir à l’Union européenne pour redonner sa chance à l’Europe.
 
Vous pouvez vous le procurer auprès d’ATTAC Nîmes (nimes@attac.org) ou sinon dans toutes les bonnes librairies !
10/ Sur le site d’ATTAC France : « La bonne vie pour tous ? » (Thomas Coutrot) et « La taxe, l’aéroport, les requins : Attac ne lâche rien ! »,… 
 
La bonne vie pour tous ? (Thomas Coutrot) :
C’est l’évidence, la société française étouffe. Mais l’exaspération peut porter le pire ou le meilleur.
 
La taxe, l’aéroport, les requins : Attac ne lâche rien !
Après le pacte budgétaire, ratifié sans en changer un mot malgré les promesses électorales du candidat socialiste. Après la reculade de la non-réforme bancaire, dont les banques françaises se sont félicitées. Après les déclarations d’amour de Pierre Moscovici au Medef (« Bercy est la maison des entreprises »), qui ne sont pas restées platoniques mais ont donné naissance à l’Accord national interprofessionnel (ANI) et la loi « compétitivité-emploi », à la réforme des retraites, au « Crédit d’impôt compétitivité emploi », à la « TVA sociale », et maintenant à l’inepte « Pacte de responsabilité ». Après l’abandon du droit de vote des étrangers... Après tant de renoncements, il ne restait plus vraiment d’espoir…
11/ Et toujours :
 
> Pour recevoir directement la lettre d’ATTAC Nîmes (1 à 2 par mois en général), merci de nous le demander en écrivant à nimes@attac.org
 
> Pour recevoir les infos d’ATTAC France :
Il existe 2 listes auxquelles vous pouvez vous inscrire :
 > La Lettre générale :
Liste de diffusion générale d'Attac France. Vous recevrez directement les communiqués, déclarations et autres informations de l’association (en moyenne 3 à 4 messages par semaine).
 > La revue du Conseil Scientifique :
Nouvelle revue « les possibles » gratuite et trimestrielle à l’initiative du Conseil Scientifique d’Attac France et de ses membres.
 
> Pour recevoir une sélection des meilleurs documentaires et films (pour qui n’a pas encore jeté sa télé…)
Super initiative prise par un copain d’ATTAC Isère - St Marcellin : inscrivez-vous et vous recevrez une sélection des meilleurs documentaires et films programmés à la télé.
Pour s’inscrire, rien de plus simple : https://list.attac.org/wws/subscribe/cinema.attac38
 
 > Les lectures ATTAC :
Les dernières parutions :
-          Que faire de l’Europe ? Désobéir pour reconstruire NOUVEAU !
-          Petit manuel de la transition, pour toutes celles et ceux qui aimeraient mais doutent qu’un autre monde soit possible (ATTAC)
-          Leur dette, notre démocratie (ATTAC)
-          Changer l’Europe ! (les économistes atterrés)
-          Le féminisme pour changer la société (ATTAC – Fondation Copernic)
-          La richesse, la valeur et l'inestimable - fondements d'une critique socio-écologique de l'économie capitaliste (Jean-Marie Harribey)
-          L’Europe mal-traitée (les économistes atterés)
-          La nature n’a pas de prix ! Les méprises de l’économie verte (ATTAC)
-          15 idées reçues sur la fiscalité (ATTAC)
-          Le piège de la dette publique, comment s’en sortir (ATTAC)
Plus d’infos et les autres livres conseillés : http://france.attac.org/nos-publications/livres/
 
 
 > Visitez le site d’ATTAC France !
Régulièrement des nouveautés en ligne, de nouvelles courtes vidéos, interviews, communiqués…sur http://www.france.attac.org/
 
> Le coin vidéo :
- nouvelles vidéos en ligne dont les interviews d’ATTAC TV France à l’Université d’été d’Attac France à Nîmes en juillet 2013 !
Conférences filmées et les toutes dernières courtes interviews d’ATTAC TV France (souvent de 2 à 4 minutes) :
 
- « Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde » (diffusion Arte)
Depuis cinq ans, Goldman Sachs incarne les excès et les dérives de la spéculation financière. Anatomie d’un pouvoir qui ne connaît ni frontières ni limites et menace directement les démocraties.
La suite et le documentaire ici : http://local.attac.org/attac30/spip.php?article914
 
- « Ne vivons plus comme des esclaves » (Grèce) : Un grand bol d’air frais, d’enthousiasme et d’utopies en marche, venu de la mer Égée. A voir ici : http://nevivonspluscommedesesclaves.net/
 
> Changer de banque ?
Les banques françaises au banc d’essai par ATTAC et les Amis de la Terre :
Synthèse du rapport :
 
> « ATTAC pour les Nuls » par notre groupe local.
N’hésitez pas à le faire connaître !
 
> Quelques bonnes sources d’informations :
 
% Deux blogs à suivre de près :
• Blog de Jean-Marie Harribey (ex-co-président d’ATTAC France, membre du Conseil Scientifique d’ATTAC France et co-président des Economistes Atterrés) : http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/
 
• Blog de Jean Gadrey (économiste, membre du Conseil Scientifique d’ATTAC France et auteur de « Adieu à la croissance ») : http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/
 
% BASTA ! sur bastamag.net !
Inscrivez-vous pour recevoir la lettre mensuelle de Basta (inscription gratuite mais soutien possible). De très bons articles sur les questions environnementales et sociales, à découvrir d’urgence si ce n’est déjà fait !
Par exemple, la dernière livraison : http://www.bastamag.net/Loi-d-avenir-agricole-modele
 
% Rezo.net :
Une sélection des meilleurs articles de la presse, des blogs, des dépêches…
 
% Politis :
Hebdomadaire qui est aussi un des membres fondateurs d’ATTAC.
Dans toutes les bonnes librairies ou sur le net sur abonnement.
 
% Emission radio « là-bas si j’y suis » (France inter – Daniel Mermet) :
Toutes les émissions depuis 2002 à retrouver sur ce site : http://www.la-bas.org/
Classement par date, par thème, par popularité,…une mine d’informations !



        
Pour recevoir directement les infos d'attac Nîmes, merci de nous laisser votre adresse à  nimes@attac.org site ATTAC France : http://france.attac.org site ATTAC Gard : http://local.attac.org/attacnimes

 

 

 

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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 22:53

 

Source : www.lemonde.fr/les-decodeurs

 

Banques : le salaire des patrons évolue parfois... en sens inverse aux résultats

Le Monde.fr | 17.04.2014 à 18h05 • Mis à jour le 17.04.2014 à 21h04 | Par Mathilde Damgé

 
 

107,3 millions de dollars

Les banques américaines publient ces derniers jours des résultats relativement anémiques pour le premier trimestre. Les patrons de ces établissements sont-ils incités à redresser la barre, comme tout chef d'entreprise ? Pas sûr... Les émoluements des patrons des six plus grosses banques (Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan, Morgan Stanley, Wells Fargo) ont atteint un record en 2013, équivalent à 77,7 millions d'euros (107,3 millions de dollars).

Lire aussi : Arnaud Montebourg veut parler avec les dirigeants des banques de leurs rémunérations « indécentes »

 

Leurs salaires ont augmenté de 24 % en moyenne par rapport à 2012. Problème, cette hausse n'est pas proportionnelle avec le chiffre d'affaires, ni même avec les bénéfices (le résultat net). Loin s'en faut dans certains cas.

Les patrons de JPMorgan (Jamie Dimon, qui était à la manœuvre au moment de l'affaire de la Baleine de Londres) et de Bank of America (Brian Moynihan) ne brillent pas par leur vertu et s'attribuent une augmentation nettement plus forte que leurs performances. M. Moynihan a vu son salaire augmenter de 58 % alors que le chiffre d'affaires de BofA n'augmentait que de 7 %. Chez JPMorgan, le résultat net a reculé de 16 % tandis que le salaire du dirigeant était en hausse, lui, de 74 % !

Quant au nouveau patron de Citigroup Michael Corbat, il a été gratifié d'une amélioration de 42 % de sa fiche de paie, pour un chiffre d'affaires en baisse de 11 %. En fait, seule la Bourse semble y croire encore : le cours des actions des six groupes bancaires a grimpé de 39 % en un an.

 

En montant absolu, c'est Lloyd Blankfein, à la tête de Goldman Sachs, qui empoche la plus grosse enveloppe, avec 23 millions de dollars. Cependant, l'évolution de son salaire est moins éloignée de celle des bénéfices de la « pieuvre » (surnom de la banque) – une mesure prudente, puisque les chiffres du premier trimestre de l'année ont fait état, jeudi 17 avril, d'un effritement des résultats par rapport à l'an passé.

John Stumpf, chez Wells Fargo, suit non loin avec 19,3 millions de dollars, accusant toutefois une sérieuse reculade sur sa fiche de paie par rapport à l'an passé, alors que l'activité du géant bancaire de San Francisco a été fructueuse, tant au niveau du chiffre d'affaires, des bénéfices, que du cours de Bourse.

En matière de rémunération, les actionnaires ont leur mot à dire. Ils peuvent s'opposer à un aspect de la gouvernance de leur entreprise qu'ils désapprouvent. Ce qu'ils ne se sont pas privés de faire chez Citigroup : en 2010, le dirigeant de Citigroup a été rémunéré 1 dollar pour sa mauvaise gestion pendant la crise, alors que ses adjoints touchaient entre 5 et 8 millions d'euros. En 2012, après deux ans de salaire « punitif », le patron de la banque en grande difficulté financière, Vikram Pandit, n'a pas réussi à obtenir les 15 millions de dollars qu'il convoitait et a été remplacé.

Lire :  Les frondes contre les rémunérations des dirigeants se multiplient

Un ratio de 1 à... 473

Le PDG n'est donc pas toujours le mieux payé de son entreprise. A cet égard, le gendarme boursier américain, la Securities and exchange commission (SEC), a proposé l'an dernier que soit rendue publique la différence entre le salaire médian de l'entreprise et celui du dirigeant le mieux payé.

Si l'on regarde le classement réalisé par l'agence Bloomberg, les banques ne sont pas les plus injustes par rapport aux autres entreprises américaines : Wells Fargo est la première banque citée et n'arrive qu'en 33e position, derrière Abercrombie & Fitch, Starbucks ou encore Ralph Lauren.

Au sein de cet établissement bancaire, le ratio entre le salaire médian et celui de son patron atteint 473 ; c'est-à-dire qu'il faut 473 salaires médians pour atteindre l'équivalent de la fiche du paie du mieux payé de l'entreprise.

Des chiffres impressionnants quand on les compare avec d'autres industries, mais encore inférieurs à leurs confrères des fonds spéculatifs (hedge funds). James Levin, jeune patron de 31 ans du fonds Och-Ziff Capital Management, s'est ainsi vu attribuer cette année un salaire de 119 millions de dollars. Soit 2 300 fois le salaire médian de son entreprise.

 Mathilde Damgé
De l'éco, du décryptage et une pincée de data

 

 

Source : www.lemonde.fr/les-decodeurs

 

 


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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 21:57

 

Source : www.lemonde.fr

 

Il pourrait changer la face de l'Europe : le traité transatlantique décodé

Le Monde.fr | 15.04.2014 à 14h44 • Mis à jour le 16.04.2014 à 11h23 | Par Maxime Vaudano

 
 

 

Le traité transatlantique TAFTA vise à établir une zone de libre-échange entre l'Union européenne et les Etats-Unis, créant un gigantesque marché de plus de 800 millions de consommateurs.

 

Négocié dans le plus grand secret par les Américains et les Européens depuis bientôt un an, le traité de libre-échange transatlantique suscite une opposition de plus en plus virulente de la part des ONG et des partis politiques. En France, le Front de gauche a même décidé de placer le combat contre TAFTA au coeur de sa campagne pour les élections européennes en mai, qu’elle entend transformer en référendum pour ou contre le traité. Dans une moindre mesure, les écologistes et le Front national se sont également saisis du dossier, alors que l’UMP, le PS et François Hollande restent très discrets sur le sujet.

 

De quoi s’agit-il ?

Un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne, préparé depuis une dizaine d’années, et officiellement négocié depuis l’été 2013. Il a pour but de constituer un marché commun de 820 millions de consommateurs, qui représenterait la moitié du PIB mondial et le tiers des échanges commerciaux : pour ses défenseurs, il pourrait faire gagner jusqu'à 0,05 points de PIB par an aux économies américaine et européenne, boostant les échanges et les créations d'emplois.

Quatre rounds de négociation rassemblant à chaque fois une centaine de personnes ont déjà eu lieu à Bruxelles et Washington. Les négociations, menées par la Commission européenne de ce côté de l’Atlantique, sont censées aboutir en 2015. Le traité devra alors être validé par les Vingt-Huit Etats-membres de l’Union européenne, puis voté par le Parlement européen.

PTCI, TAFTA ou TTIP ?

Le traité devait originellement s’appeler TAFTA, pour Transatlantic Free Trade Area (zone de libre-échange transatlantique). Il a été depuis rebaptisé TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership), car son nom ressemblait trop à celui du traité ACTA, rejeté par le Parlement européen en 2012 à l’issue d’un long combat politique. En français, cela donne PTCI : le « partenariat transatlantique de commerce et d'investissement ». Pour autant, ses adversaires, rassemblés depuis plusieurs mois sous l'étendard #STOPTAFTA, ont décidé de continuer à utiliser son nom original.

Qu’en sait-on exactement ?

Les négociations sur le traité transatlantique se déroulant dans le plus grand secret entre les responsables européens et américains, on en sait peu sur son contenu. Les seules sources à notre disposition sont les documents qui ont fuité sur Internet ou dans la presse depuis un an :

Tout juste sait-on donc que TAFTA/TIPP vise :

  • La suppression des tarifs douaniers
  • L’harmonisation progressive des règlementations de part et d’autre de l’Atlantique
  • La mise en place d’un mécanisme de règlements des différends entre les entreprises et les Etats
4 affirmations sur TAFTA passées au crible

Pour démêler les mythes de la réalité, Les Décodeurs se sont penchés sur quatre affirmations couramment relayées, par les détracteurs et les promoteurs de TAFTA :

 Maxime Vaudano
Journaliste au Monde.fr

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

 


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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 21:48

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

Elysée: les folies du conseiller de François Hollande

|  Par Michaël Hajdenberg

 

 

 

A-t-il l’image d’un médecin intègre, adversaire de l’industrie pharmaceutique depuis son rapport sur le Mediator ? Mediapart a découvert qu’il avait travaillé en cachette pour des laboratoires pharmaceutiques, y compris à une époque où il était censé les contrôler. A-t-il la réputation d’être solidement ancré à gauche ? Il se comporte comme un « petit marquis » au Palais où il abuse des privilèges de la République. Est-il connu pour sa plume aiguisée ? Il a longtemps fait écrire ses discours par d’autres. Aquilino Morelle, conseiller politique du président et nouvel homme fort de l'Élysée, a beaucoup menti.

La première fois que David Ysebaert a ciré les chaussures d’Aquilino Morelle, c’était au Bon marché, dans le VIIe arrondissement de Paris. Il lui a laissé sa carte. Et quelques semaines plus tard, raconte le cireur, « une femme, probablement sa secrétaire, m’a appelé pour prendre rendez-vous ». Au Palais même. Depuis, tous les deux mois environ, « le temps de garantie pour un glaçage », il revient à l’Élysée s’occuper des souliers du conseiller politique de François Hollande, également directeur de sa communication. « Aquilino Morelle a 30 paires de souliers de luxe faites sur-mesure, pour son pied qui a une forme particulière. Des Davison, des Weston… Des chaussures de plein cuir toujours du même style. »

À deux reprises, explique le cireur, confirmant des informations que nous tenions de bonne source à l’Élysée, Aquilino Morelle a même fait privatiser un salon de l’hôtel Marigny afin de se faire cirer les chaussures seul au milieu de cette pièce toute en dorures. « Il y avait une urgence apparemment. Il était au téléphone, en chaussettes, au milieu de cette salle immense. Et moi j’étais face à lui en train de lui cirer ses souliers. »


 

Aquilino Morelle. 
Aquilino Morelle. © Reuters

L’épisode, qui date de mars 2013, a alimenté bon nombre de conversations dans les couloirs de l’Élysée. Il tranche quelque peu avec l’image de modestie et de normalité que souhaitait imprimer François Hollande. Mais au Palais, plus rien n’étonne dans le comportement de celui qui est devenu l’homme fort du cabinet présidentiel, depuis que son ami Manuel Valls a été nommé premier ministre, et que son ennemi, le secrétaire général de l’Élysée Pierre-René Lemas, a été remercié.

Intrigué par le comportement de ce médecin, énarque, qui fut la plume de Lionel Jospin à Matignon, puis le directeur de campagne d’Arnaud Montebourg pendant la primaire socialiste, Mediapart a enquêté pendant six semaines sur l’itinéraire de ce fils d’immigrés espagnols, présenté à longueur de portraits comme « un fils du peuple » incarnant l’aile gauche au pouvoir.

Or ce que nous avons découvert est bien plus grave qu’un comportement mégalomane ou un goût prononcé pour la transgression. Aquilino Morelle, ce conseiller de l’ombre qui n’a pris qu’une fois la lumière, lorsqu’il a signé, en tant qu’inspecteur de l’IGAS (Inspection générale des affaires sanitaires), un rapport très médiatisé sur le scandale sanitaire du Mediator, a beaucoup menti, et a beaucoup omis.

Il a l’image d’un médecin parfaitement intègre, farouche adversaire de l’industrie pharmaceutique et des conflits d’intérêts depuis ce rapport ? Mediapart a découvert qu’il avait travaillé en cachette pour des laboratoires pharmaceutiques, y compris à une époque où il était censé les contrôler, au mépris de la loi. Il a la réputation d’être un homme aux idées bien ancrées à gauche ? Il se comporte comme un « petit marquis » au Palais où il abuse des privilèges de la République. Il est connu pour sa plume aiguisée ? Il a longtemps fait écrire ses discours par d’autres, notamment à l’Élysée, où son manque de travail fait jaser.

Depuis qu’il est sorti de l’ENA en 1992, Aquilino Morelle est rattaché à l’IGAS, ce grand corps de l’État en charge des affaires sociales et sanitaires. Il a fait, depuis lors, des passages par des cabinets ministériels et par le privé, mais en 2007, il réintègre son corps d’origine. Il est, cette année-là, le rédacteur d’un rapport sur « l’encadrement des programmes d’accompagnement des patients associés à un traitement médicamenteux, financés par les entreprises pharmaceutiques ».

Au même moment, Aquilino Morelle travaille pour un laboratoire danois, Lundbeck. Un dirigeant du laboratoire de l’époque raconte : « Il nous avait été recommandé par un professeur de l’AP-HP (Assistance publique hôpitaux de Paris). Son profil était séduisant. On s’est rencontrés. Il m’a dit qu’il cherchait à travailler pour l’industrie pharmaceutique, qu’il avait du temps libre, que son travail à l’IGAS ne lui prenait que deux jours sur cinq, ce qui m’a semblé bizarre. Mais son profil et son carnet d’adresses nous intéressaient. »

Pour le compte du laboratoire, l’inspecteur de l’IGAS organise deux rendez-vous avec des membres du CEPS (comité économique des produits de santé), cet organisme chargé de fixer le prix des médicaments et les taux de remboursement. « Il nous a ouvert des portes, raconte le dirigeant. Et c’est un enjeu majeur : nous permettre d’aller défendre notre dossier auprès de la bonne personne. On cherchait à stabiliser le prix du seroplex, un anti-dépresseur. »

Ce dirigeant n’a cependant pas demandé à Aquilino Morelle de l’accompagner lors des rendez-vous. « J’ai pensé que ça pouvait être contre-productif. Il était dans une position tellement compliquée, si peu éthique, que ça pouvait être à double tranchant. D’habitude, ce sont plutôt des gens à la retraite qui ont ce type d’activité. »

Interrogé par Mediapart, Aquilino Morelle, n’a envoyé que des réponses par e-mail (voir la boîte noire), repoussant sans cesse le rendez-vous dont il avait convenu. Rémunéré 12 500 euros (hors taxe) pour cette prestation, il assure que tout a été fait dans les règles en vertu du fait qu’« en tant que fonctionnaire, un certain nombre d’activités annexes sont autorisées, dont l’enseignement et le conseil ».

A-t-il déclaré ce contrat auprès de son administration ? « Ces activités ont dû être déclarées à l’IGAS. Je n’en ai pas retrouvé la trace en dépit de mes recherches, nous écrit-il. Ce sont des faits anciens – sept ans – et banals. »

Sollicitée sur ce ménage auprès d’un laboratoire, l’IGAS nous a d’abord répondu que « l’article 25 de la loi du 13 juillet 1983 permet aux fonctionnaires d'exercer certaines activités annexes. À ce titre l'expertise, la consultation, les activités littéraires et scientifiques, les enseignements peuvent être autorisés par le chef de service. C'est ce qui a été fait en 2007. »

Nous avons donc retrouvé le chef de service (c’est-à-dire le directeur) de l’IGAS à l’époque, André Nutte, aujourd’hui en retraite. « J’ai franchement une bonne mémoire, explique-t-il après avoir cité dans l’instant les différents rapports écrits par Morelle à l’époque. Mais je ne me souviens pas avoir signé une telle autorisation. Si l’IGAS a une pièce, qu’ils la sortent. On verra bien qui a signé. Car ça n’a pas de sens. C’est comme si on accordait le droit à un directeur d’hôpital entré à l’IGAS d’aller travailler parallèlement dans une clinique privée. Ou à un inspecteur du travail de conseiller une entreprise. »

Nous avons rapporté l’échange à l’IGAS, qui a du coup changé de discours ce 16 avril. En réalité, explique l’institution, une autorisation n’a été donnée en 2007 que pour donner des cours à l’université Paris 1. Aucune autre autorisation n’a été retrouvée.

Il faut dire que permettre un tel cumul aurait été une aberration selon Michel Lucas, directeur de l’IGAS de 1982 à 1993, à l’origine des révélations sur les millions de francs détournés à l’ARC (association pour la recherche sur le cancer) : « Ces deux fonctions sont incompatibles. On n’autorise jamais un inspecteur à travailler pour une entreprise privée. Alors un laboratoire pharmaceutique… »

L’article 25 de la loi du 13 juillet 1983 est d’ailleurs clair : « Les fonctionnaires et agents non titulaires de droit public consacrent l'intégralité de leur activité professionnelle aux tâches qui leur sont confiées. Ils ne peuvent exercer à titre professionnel une activité privée lucrative, de quelque nature que ce soit. » À défaut de dérogation spécifique, « la violation (de cette règle) donne lieu au reversement des sommes indûment perçues, par voie de retenue sur le traitement ».

Pis, au vu de l’article 432-12 du code pénal, cette double activité pourrait être considérée comme une prise illégale d’intérêts. En 2007, au moment des faits, le délit était puni de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

Chantre de la transparence… pour les autres

Aquilino Morelle a visiblement tout tenté pour dissimuler ces faits. L’argent qu’il a gagné pour ces activités a été encaissé via une société, l'EURL Morelle, qu’il a créée en 2006, et qui a été radiée par le tribunal de commerce en mars 2013. Mais les comptes n’ont jamais été déposés à ce même greffe en dépit des obligations légales.

Le 28 février 2007, le jour même où il réintègre l’IGAS, Aquilino Morelle, unique actionnaire de son entreprise, se démet de son rôle de gérant et y place son frère cadet Paul. Le profil de Paul Morelle, qui ouvrira deux ans plus tard, en 2009, un magasin de fleurs, vins et chocolats dans le XVe arrondissement de Paris, ne semble pas coller avec celui d’un expert en médicaments. Mais la démarche est utile : dès lors, plus aucune société n’est directement associée au nom d’Aquilino Morelle lors d’une recherche au greffe.

Jamais dans son histoire, Aquilino Morelle n’a fait référence à son travail pour l’industrie pharmaceutique. « Aucune règle ne disposait que je doive “faire état” de ces contrats », nous répond-il aujourd’hui.

C’est pourtant lui, qui, sur les plateaux de télévision, et lors de multiples émissions de radio, claironnait partout, au moment de son rapport sur le Mediator, que la transparence était nécessaire, comme ici lors d’un passage à France Info le 24 juin 2011 :

 


 

 

« (Il faut) que chacun soit au clair avec lui-même et avec les autres. Il n’y a pas d’interdiction d’avoir un rapport avec l’industrie pharmaceutique pour un médecin. Ça peut se comprendre. Ce qui est obligatoire, c’est de rendre public cela. Il faut que ces contacts soient publics. Quand vous publiez vos relations, vous êtes transparent et chacun peut regarder si (…) il n’y a pas quelque chose qui peut poser un problème en termes d’indépendance. C’est juste ça. Mais c’est énorme. (Si) on a un rapport avec l’industrie pharmaceutique, il faut que tout le monde le sache. On aboutit à des situations où les experts sont parties prenantes. Juge et partie. Il faut en finir avec ça. »

Lors d’un chat à Metronews, il synthétise assez bien ce qu’il martèle partout à l’époque : « Oui, il est exact que l'industrie pharmaceutique a une forte influence sur la politique actuelle du médicament. (…) La culture dominante considère que les laboratoires pharmaceutiques auraient une sorte de "droit" à commercialiser leurs produits, comme s'il s'agissait d'une "marchandise" comme les autres... Il faut changer cet état des choses. »

À la question d’un internaute : « Pouvez-vous citer les noms des laboratoires qui font le plus de lobbying auprès des hommes/femmes politiques? », il répond : « Toute l'industrie pharmaceutique est concernée. » L’internaute est probablement loin de s’imaginer qu’il parle en toute connaissance de cause.

Aquilino Morelle s’interroge-t-il sur le bien-fondé de la démarche après que Lundbeck a choisi de mettre fin à leur relation commerciale en décembre 2007 ? Aucunement. En 2008 et 2009, il continue de vouloir travailler pour l’industrie pharmaceutique. Chez Sanofi, un haut dirigeant nous raconte l’avoir reçu. Et chez Servier, le laboratoire qu’il a démoli dans son rapport sur le Mediator et dont le patron Jacques Servier est mort ce 16 avril, on nous explique avoir également reçu sa candidature à cette époque. Il est vrai que le scandale sanitaire n’avait pas encore éclaté. Mais dans le milieu, la réputation de Servier, son recours systématique à de jeunes visiteuses médicales ou encore ses recherches approfondies sur les appartenances politiques de ses futurs salariés, sont déjà archi-connus.

À l’époque, de l’avis de différents laboratoires qui ont reçu sa candidature, Aquilino Morelle cherche un emploi à plein temps. Ou plus exactement une rémunération, pour accompagner son parcours politique, plutôt qu’une réelle activité. Ce qui n’intéresse pas les laboratoires. Il fait chou blanc.

 

 

Aquilino Morelle n’a cependant pas attendu la fin des années 2000 pour bien connaître l’industrie pharmaceutique. En 1992, il sort de l’ENA. Non pas à la 2e place comme il le raconte à Laurent Binet en 2012 dans le livre Rien ne se passe comme prévu. Mais à la 26e. Lors du grand Oral, il est repéré par Pierre Moscovici, et, assez vite, il intègre le cabinet de Bernard Kouchner, alors ministre de la santé.

Là non plus, nous n’en avons pas retrouvé trace dans ses biographies, mais Aquilino Morelle occupe un poste bien spécifique : conseiller technique en charge du médicament. La même fonction que celle occupée par Jérôme Cahuzac deux ans auparavant (voir notre article sur la corruption à ce poste à cette époque). Le rôle est si central qu’il permet de se faire en quelques mois un carnet d’adresses fourni dans le milieu pharmaceutique.    

Après la défaite de la gauche aux législatives de 1993, Aquilino Morelle réintègre l’IGAS, où il laisse un souvenir très mitigé. Vingt ans plus tard, des inspecteurs parlent encore de la façon dont il s’est servi d’une mission et d’un rapport collectif sur le don du sang en milieu pénitentiaire pour nourrir abondamment un livre personnel sur l’affaire du sang contaminé, La Défaite de la santé publique, qui lui vaudra un début de notoriété. À l’époque, il n’est pas vu comme tire-au-flanc. Mais comme un touche-à-tout, qui, du coup, a tendance à bâcler son travail d’inspecteur.

En 2002, après cinq années à Matignon auprès de Lionel Jospin, il est d’office réintégré à son corps d’origine. Il a perdu aux municipales de 2001 (Nontron), aux législatives de 2002 (Vosges), comme il perdra en 2007 (Seine-Maritime) : sa carrière politique est au point mort, et il veut gagner de l’argent. Euro RSCG, via Stéphane Fouks, qui a participé à l’échec de la campagne de Lionel Jospin, lui offre une porte de sortie, avec la bénédiction de la commission de déontologie.

À Euro RSCG, pourtant, il s’occupe très vite de l’industrie pharmaceutique. Du côté marketing dans la branche Healthcare. Et du côté Corporate, on lui demande de travailler sur l’image des laboratoires, de conseiller sur les stratégies de communication, de réfléchir à la façon d’améliorer l’image des médicaments auprès des consommateurs et des médecins. À l’époque, les principaux clients d’Euro RSCG dans ce secteur s’appellent Pfizer, Lilly, Aventis, Sanofi. Mais il ne donne pas satisfaction, visiblement jaloux de son carnet d’adresses, peu travailleur et pas bien doué pour les relations commerciales selon ses anciens collègues.

L’inspecteur en disponibilité décide alors de faire fructifier son carnet d’adresses pour son propre compte. Parallèlement à sa campagne pour le non au référendum européen aux côtés de Laurent Fabius en 2005, à des fonctions peu prenantes au Génopôle d’Évry puis au Pôle de compétitivité de Medicen, il met en place l’EURL Morelle. Le laboratoire américain Lilly le rémunère 50 000 euros (3 fois 12 500 euros hors taxe), essentiellement pour organiser des déjeuners dans de très bons restaurants du VIIIe arrondissement.

Un haut dirigeant de l’époque se souvient : « Il m’a fait rencontrer des parlementaires de gauche comme Marisol Touraine (aujourd'hui ministre des affaires sociales), Jean-Marie Le Guen (aujourd'hui secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement) ou Jérôme Cahuzac. Ainsi que des journalistes. » Autant de personnes qui savent donc pertinemment qu’Aquilino Morelle a travaillé pour l’industrie pharmaceutique… 

« Il participait au travail de lobbying habituel, raconte ce dirigeant. Il appuyait mon discours – forcément, on le payait pour – sur la place des génériques, sur l’emploi, sur la place à faire à de nouveaux médicaments innovants. En tant qu’administrateur du LEEM (syndicat des entreprises du médicament), je tenais un discours classique. Et lui, intellectuel, cultivé, agréable dans le contact, savait y faire pour appuyer. » À notre demande, Lilly a retrouvé dans ses archives l’intitulé du contrat : « mission d’analyse et de conseil sur l’image de Lilly, et préparation à la communication de crise ». À cette époque, Lilly doit d’ailleurs gérer une crise importante avec le scandale du Zyprexa, ce médicament pour les psychotiques qui génère des milliers de plaintes dans le monde en raison de risques connus du laboratoire mais cachés au public.

Abus en tous genres

Au vu de nos découvertes sur son parcours, cette expertise supposée en communication de crise pourrait lui être bien utile. D’autant qu’à l’Élysée, les langues se délient. Au cours de notre enquête, nous avons rencontré de très nombreuses personnes officiant au Palais. Nous avons pris soin de recouper et vérifier chaque information, surtout en raison des bouleversements actuels au cabinet, susceptibles d’attiser les règlements de comptes. D’ailleurs, le service communication a déjà commencé à faire passer le message qu’il « ne s’agit que de rumeurs malveillantes ». Nous n’avons pas pu poser de questions précises à Aquilino Morelle sur ces sujets, mais alerté du fait que nous souhaitions parler de ses abus, il évoque lui aussi des « affirmations dénuées de tout fondement, qui visent uniquement à me salir. Il arrive dans la vie politique que certaines personnes aient intérêt à jeter la suspicion sur une autre ».

Bien sûr, dans un univers compassé, le goût du luxe très assumé d’Aquilino Morelle surprend. Mais où est le mal ? D’autant qu’Aquilino Morelle ne manque jamais de rappeler ses origines modestes, sa famille nombreuse immigrée espagnole, sa mère parlant mal le français, son père ouvrier affûteur chez Citroën. On peut être riche, de gauche, « foncièrement de gauche » selon Les Échos, passer beaucoup de temps au Flore, et trouver que « ce qui est dur, c'est de voir les ouvriers pleurer », ainsi qu’il le déclarait au quotidien.

Suite à l’affaire Cahuzac, les ministres ont dû remplir une déclaration de patrimoine. « Le fils du peuple qui n’oubliera jamais d’où il vient » (dixit le JDD) leur envoie alors une tribune qu’il avait publiée en juillet 2010 dans Libération, titrée « Un homme de gauche peut-il être riche ? ». Il y développe l’idée que « la sincérité d’un engagement ou la force d’une conviction ne peuvent se mesurer à la seule aune d’un compte en banque ». Ce que personne ne dément, ni au Palais ni ailleurs.

Mais à l’Élysée, ce sont les manières qui choquent. La façon dont il s’adresse au petit personnel, l’utilise, le terrorise. Et les abus multiples. Aquilino a obtenu que ses deux chauffeurs ne soient pas versés au pool commun. Ils sont donc à sa disposition… et à celle de ses proches. Par exemple, le mardi en fin d’après-midi, comme nous avons pu le vérifier, un des deux chauffeurs véhicule son fils pour des activités personnelles dans le XVe arrondissement.

Au su de tous, Aquilino Morelle n’hésite pas non plus à demander à ses secrétaires de s’occuper de ses affaires personnelles, par exemple quand il a un souci avec un de ses nombreux locataires. D’après nos recherches dans différents cadastres de France, Aquilino Morelle, qui vit dans le Ve arrondissement à Paris, possède en effet des biens immobiliers à Paris, Saint-Denis, Sarlat, Périgueux ou encore Perpignan, la plupart acquis en indivision avec sa femme, elle-même directrice de cabinet de la ministre de la culture.

Depuis janvier, le conseiller politique se serait mis à travailler. Car jusque-là, Aquilino Morelle était parfois présenté comme un bourreau, mais jamais de travail. En mai 2013, lors de la projection à l’Élysée du documentaire « Le Pouvoir », de Patrick Rotman, une bonne partie du cabinet est présente pour se voir à l’écran. Au milieu du film, une scène montre Aquilino Morelle qui arrive à l’Élysée et monte l’escalier qui mène à son bureau. Dans la salle de projection, une voix s’élève : « Tiens, il est 11 heures ! » Éclat de rire général.

Toute l’année 2012, Aquilino Morelle s’est ainsi attribué auprès du président les discours écrits par l’ancienne plume Paul Bernard, avec qui les relations s’étaient rapidement tendues. Alerté, le président a fini par sortir le nègre des griffes du conseiller en décembre 2012.

Très souvent, le conseiller spécial s’absente. Et personne ne sait où il disparaît. Aux bains du Marais, il nous a été confirmé qu’il venait, à une époque, « pas tous les vendredis, mais très souvent en effet, au milieu de l’après-midi. Pour le sauna, le hammam, un gommage, parfois un massage ». À d’autres moments, il s’adonne aux sports de combat, avec un certain talent paraît-il, qu’il ne faut cependant pas exagérer : Aquilino Morelle est parfois présenté comme multi-champion de France de karaté. Vérification faite auprès de la fédération française, il ne l’a jamais été. Ni même finaliste. Ni même champion dans les catégories jeunes (consulter ici les palmarès complets).

Le poste de conseiller spécial du président laisserait-il tant de temps pour les activités parallèles ? Il faut le croire puisque Aquilino Morelle occupe par ailleurs un poste de professeur à mi-temps à la Sorbonne, soit « 96 heures équivalent TD par an », explique l’université. Nommé pour la première fois en 2003, il a été renouvelé pour la deuxième fois en 2012 comme l’a déjà écrit le Lab Europe1. Il dispense trois enseignements : Régulation du système de santé en Master 2, Grands problèmes contemporains en Master 1 et un cours de culture générale préparant les étudiants au concours de l'ENA. Ce qui lui procure un petit complément de salaire, de l’ordre de 2 000 euros par mois.

Le président de la République a été alerté de certains écarts de son conseiller. Pendant la première année de mandat, message a ainsi été transmis à Aquilino Morelle d’arrêter de faire monter de la cave de l’Élysée des crus haut de gamme pour de simples déjeuners ou des réunions de travail, parfois avec des journalistes. Une pratique qui passe mal quand d’autres membres de cabinet disent rembourser leurs plateaux-repas à 8 euros. Quelques semaines plus tard, François Hollande décidera d’ailleurs de limiter la consommation de bons crus, et de vendre une partie de la cave de l’Élysée.

Lors des voyages officiels de début de quinquennat, certains se plaignent aussi de son goût peu modéré pour la piscine en journée et les chambres de luxe en soirée.

Rien ne semble trop beau, trop grand pour le conseiller du président. Dans son bureau – celui qu’occupait Henri Guaino sous la présidence Sarkozy – juste à côté de celui de François Hollande, il a demandé quelques menus travaux lors de son arrivée. Puis a fait changer des meubles plusieurs fois.

En avril 2013, alors que se solde l'affaire Cahuzac et qu'apparaissent au grand jour ses relations avec l'industrie pharmaceutique, une succession d’incidents au Palais semblent sonner son heure. Il est mis en retrait pendant plusieurs mois, ne participe plus aux déplacements à l’étranger ni à certaines réunions décisives. Mais François Hollande ne prend pas la décision de s’en débarrasser.

 

 
© Reuters

Et c’est même l’inverse qui se produit, à l’automne 2013, après plusieurs ratés dans la communication présidentielle. Il revient particulièrement en grâce au moment de l’affaire Julie Gayet. Puis il est carrément promu. Artisan du rapprochement Montebourg/Valls, il n’a de cesse de militer pour que Manuel Valls remplace Jean-Marc Ayrault. Ce qui advient le 31 mars 2014. Quinze jours plus tard, plus que jamais, il est parvenu à se placer au centre du dispositif et règne en maître à l’Élysée.

 

 

Boîte noire

À l’issue de cette longue enquête de six semaines, à plein temps, j’ai sollicité Aquilino Morelle le vendredi 11 avril, afin qu’il puisse répondre à mes nombreuses questions. Il rentrait d’un voyage officiel au Mexique le samedi 12 avril. Il m’a appelé dès son retour. Mais il a rapidement voulu que l’entretien se fasse par écrit, ce qui est contraire aux règles de Mediapart. Il a alors souhaité que je lui adresse les questions à l’avance. Nouveau refus, bien évidemment.

Il a alors exigé les thématiques, de la façon la plus détaillée possible. Ce que j’ai accepté de faire, en partie. Il a alors renvoyé un e-mail avec des éléments de réponse, forcément partiels. Nous avons fixé un rendez-vous, de façon que je puisse lui poser des questions complémentaires, insister, relancer, pointer les incohérences : autant de choses impossibles par écrit, ce que sait parfaitement un directeur de communication rodé.

Mais le rendez-vous a été repoussé plusieurs fois à sa demande, au vu de sa « lourde charge de travail ». Alors que nous devions nous voir mercredi 16 avril, il m’a de nouveau fait savoir qu’il ne pourrait honorer ce rendez-vous, me proposant d'envoyer de nouvelles questions par mail. Il n'y a pas répondu.

AJOUT: Ce jeudi 17 avril après-midi, Aquilino Morelle a publié un droit de réponse à Mediapart sur sa page Facebook. Il ne nous l'a pas spécifiquement adressé, mais comme ce message est public, nous le reproduisons en intégralité sous l'onglet Prolonger.Vous pouvez lire également en cliquant ici notre billet de blog qui répond à ce texte.

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 21:40

 

Source : www.bastamag.net

 

 

Transition énergétique ?

Les compteurs électriques « intelligents » contestés en Allemagne et au Québec

par Sophie Chapelle 16 avril 2014

 

 

 

La grogne contre les compteurs électriques dits « intelligents » se poursuit outre-Atlantique. Le 12 avril, des citoyens québécois ont manifesté devant le siège social de la Régie de l’énergie à Montréal, contre l’installation de ces compteurs par la société d’Etat Hydro-Québec. La spécificité des compteurs dit « intelligents » ou « communicants » ? Ils sont théoriquement capables de transmettre en temps réel au fournisseur d’énergie des informations sur la consommation du client. Mais pour le mouvement québécois « Refusons les compteurs », les ondes émises par ces compteurs présentent des risques potentiels pour la santé [1]. Le mouvement réclame par conséquent que la compagnie cesse de pénaliser financièrement ceux qui s’opposent à leur installation, et demande au gouvernement de décréter un moratoire (lire notre précédent article).

Du côté de l’Union européenne, une directive exige que 80 % des compteurs soient « communicants » d’ici 2020. En France, le déploiement du compteur « Linky » a été acté en juillet 2013 par le gouvernement qui le présente comme « un instrument concret en faveur des économies d’énergie et du pouvoir d’achat ». Pourtant, les enquêtes menées auprès des utilisateurs dans les zones d’expérimentations tests révèlent que la mise en place de ce compteur n’a en rien réduit la facture énergétique (voir ici). Selon l’association Que Choisir, les failles du compteur communicant pourraient même offrir un boulevard aux fournisseurs d’électricité pour augmenter les tarifs. L’opérateur Direct Énergie a par exemple lancé début janvier « l’offre Tribu » dans laquelle le service de suivi des consommations en temps réel est facturé... 6,80 € par mois !

Face à l’engouement du gouvernement français, l’Allemagne se révèle plus prudente. Le ministère de l’Économie allemand a demandé au cabinet Ernst & Young une évaluation économique du déploiement des compteurs intelligents. Or, l’audit rendu public en août 2013 indique que les coûts mis en œuvre dépassent nettement les économies réalisées par les consommateurs. « Il serait donc disproportionné et économiquement déraisonnable d’exiger de tous les consommateurs d’installer ces compteurs » souligne le ministère qui préconise pour le moment de restreindre le renouvellement aux compteurs en fin de vie.

En France, le remplacement d’ici 2020 des 35 millions de compteurs électriques est estimé par le gouvernement à 4,7 milliards d’euros. Mais les élus représentés par la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) évoquent plutôt 8 à 9 milliards. Quand le président d’EDF Henri Proglio parle lui de 5 à 7 milliards d’euros... Un audit à ce sujet serait peut-être opportun, alors que le projet de loi sur la transition énergétique devrait être présenté avant l’été en Conseil des ministres.

 

Notes

[1Le recours déposé par l’association Robin des Toits en France à ce sujet a été rejeté le 20 mars 2013 par le Conseil d’État qui considère que « les rayonnements électromagnétiques émis par les dispositifs de comptage et les câbles n’excèdent ni les seuils fixés par les dispositions du décret du 18 octobre 2006 (...) ni ceux admis par l’Organisation mondiale de la santé ». Des seuils pourtant critiqués pour leur faiblesse.


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Source : www.bastamag.net

 

 

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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 21:32

 

 

Source : www.associations-citoyennes.net

 

Nous refusons le désastre social qui s’annonce

 

Communiqué

Paris, le 16 avril 2014

 

 

Nous refusons le désastre social qui s’annonce :

L’avenir ne se construira pas sans les associations citoyennes !

Le premier ministre a annoncé la réduction des dépenses publiques de 50 milliards en 3 ans et de 11 milliards de la dotation de l’État aux collectivités d’ici 2017 (soit 3 milliards par an). Ces décisions auraient pour conséquence, si elles sont appliquées, la disparition de très nombreuses associations et de dizaines de milliers d’emplois associatifs. La diminution du montant des dotations publiques constitue en effet  la principale variable d’ajustement laissée aux collectivités territoriales pour compenser la perte de leurs ressources tout en maintenant les crédits destinés à exercer leurs compétences obligatoires. (plus de précisions ICI) Ce gouvernement, comme les précédents, semble ignorer que les richesses produites par la très grande majorité les 1 300 000 associations sont constituées avant tout de développement humain, de démocratie et de participation à la vie de la cité, de renforcement du lien social et d’épanouissement des personnes. Paradoxalement, cette annonce tombe au moment même où le premier ministre affirme qu’il a besoin des associations pour gagner la bataille de l’emploi et reconstruire l’espérance, notamment dans les quartiers et les territoires ruraux ou périurbains où le désarroi gagne chaque jour du terrain. -        Les ruptures de financements publics ont des conséquences extrêmement graves pour les associations :un recul général de leurs capacités d’agir, y compris pour celles dont l’action ne repose que sur l’engagement bénévole, – une forte dégradation des conditions de travail, tant pour les salariés que les bénévoles, – la destruction de dizaines de milliers d’emplois qualifiés, porteurs d’expérience et de savoir faire associatifs, – leur remplacement partiel par des emplois précaires et sous qualifiés, souvent en substitution de services publics territoriaux détruits par ailleurs. En particulier la signature de milliers de contrat temporaires dit « emplois d’avenir », destinés à des jeunes peu qualifiés, ne saurait masquer durablement la réalité de ce plan social déguisé, – la disparition des associations les plus porteuses de citoyenneté, de lien social et de coopération. Les associations petites et moyennes  sont les plus frappées par ces mesures et par la multiplication des appels d’offres. À cette approche comptable s’ajoutent toutes les conséquences humaines et les souffrances que cela entraîne  par la destruction progressive des liens sociaux. La réduction aveugle des subventions est un non-sens, car la suppression des actions de prévention et de lien social génère des coûts bien supérieurs de maladie, de sécurité, d’action de réparation, etc…. Le coût des cotisations sociales perdues et des prestations de chômage induites par les licenciements est supérieur au montant des subventions supprimées. Uniquement préoccupés par leurs effets d’annonce et une vision court-termiste, les pouvoirs publics ne semblent plus s’intéresser à la globalité des choses. Leur seul objectif : appliquer l’idéologie de ce capitalisme libéral dominateur en France, dans l’Union Européenne et dans le monde. Face à ces décisions inacceptables, nous appelons les associations, en lien avec les collectivités et tous les acteurs qui partagent les mêmes valeurs d’égalité, de liberté, de fraternité et de démocratie, à se mobiliser par tous les moyens, avec leurs bénévoles, leurs salariés, leurs adhérents et usagers, pour résister à leur asphyxie et à la dégradation continue de nos conditions de vie ensemble. Nous demandons la mise en œuvre de politiques publiques concertées prenant en compte tout le tissu associatif et pas seulement quelques milliers de grosses associations, la restauration de relations avec les acteurs publics fondées sur le partenariat et non sur la commercialisation de prestations, le retour à des financements publics stables et garantis aux associations qui contribuent à l’intérêt général et au bien commun. « La reconduction à l’identique de la circulaire Fillon du 18 janvier 2010, qui tend à réduire les associations à un simple acteur économique, constituerait en l’occurrence une atteinte de plus à la vie associative » déclare Didier Minot, porte-parole du CAC, ajoutant qu’une mobilisation spécifique sur ce dossier était lancée. Les associations citoyennes refusent le désastre social qui attend la France au bout de cette course à l’austérité (aggravant les déficits publics), expérimenté dans d’autres pays européens comme le Portugal, l’Irlande ou la Grèce, et dans plus de 80 pays depuis 30 ans. Rester silencieux aujourd’hui à ce sujet, c’est faire courir un risque majeur à notre pays à brève échéance.

P1140508 web (4)

Version PDF ICI

www.associations-citoyennes.net et www.nondisparitionassociations.net

Contact : Isabelle Boyer au 07 70 98 78 56, contact@associations-citoyennes.net

 

Source : www.associations-citoyennes.net

 


 

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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 21:26

 

Source : www.lemonde.fr

 

Notre-Dame-des-Landes : la France « mise en demeure » par l'UE

Le Monde.fr | 17.04.2014 à 17h24 • Mis à jour le 17.04.2014 à 17h58 | Par Rémi Barroux

 
 

 

Dans la ZAD à Notre-Dame-des-Landes, en mars 2013

 

Le dossier du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes n'a pas fini d'empoisonner le gouvernement, y compris après le départ de Jean-Marc Ayrault, ex-premier ministre et ardent défenseur du projet nantais.

La Commission européenne a envoyé, mercredi, une mise en demeure aux autorités françaises, « première étape d'une procédure d'infraction » comme l'a précisé au Monde, jeudi 17 avril,  Jo Hennon, porte-parole du commissaire européen à l'environnement.

 IMPACT ENVIRONNEMENTAL

Bruxelles s'interroge, dans un courrier révélé par le quotidien Presse Océan, sur « l'absence de certaines évaluations d'impact environnemental, qui doivent notamment faire figurer les effets notables probables sur l'environnement, y compris les effets secondaires et cumulatifs ». La directive 2001/42/CE impose aux Etats membres de soumettre à une évaluation stratégique environnementale (ESE) les plans et programmes fixant le cadre pour la construction d'un aéroport.

« Cette évaluation doit être effectuée avant que le plan-programme ne soit adopté », explique M. Hennon. Cette étude n'a pas été faite avant la publication des arrêtés « loi sur l'eau » et « espèces protégées » de décembre 2013 qui « permettent d'initier les travaux d'aménagement de l'aéroport du Grand-Ouest et de desserte routière désormais à tout moment », estime Bruxelles.

C'est une bonne nouvelle pour les opposants à la future plate-forme aéroportuaire qui doit être construite et gérée par Vinci Airports, en remplacement de l'actuel aéroport Nantes-Atlantique. Malgré le succès de leur manifestation du 22 février, les occupants de la ZAD, zone d'aménagement différé devenue zone à défendre, et leurs soutiens (écologistes, anticapitalistes, agriculteurs) craignaient que les travaux ne démarrent prochainement, la plupart des recours juridiques ayant été épuisés.

PAS D'INGÉRENCE DE L'EUROPE

La mise en demeure de Bruxelles impose au gouvernement de répondre dans les deux mois. Et pourrait, en cas de constatation d'infraction à la réglementation européenne, déboucher sur une astreinte financière. La procédure est encore longue. Et la Commission européenne se garde bien de toute ingérence sur le projet d'aéroport. « Le droit de l'Union européenne, notamment le droit de l'environnement, n'empêche pas la construction d'un aéroport ou de tout autre projet d'infrastructure, précise Jo Hennon. Il n'appartient pas à la Commission de trancher quant à l'opportunite politique ou économique d'un projet d'infrastructure. »

 Mais les projets doivent répondre à des critères, notamment en termes d'impact environnemental, et prévoir les mesures permettant de les réduire. « Cela aboutit à une meilleure prise de décisions, à des projets durables qui suscitent moins de polémiques et de contestations », dit encore le porte-parole du commissaire à l'environnement.

Lire l'enquête : La bataille de "Notre-Dame-des-Colères"

 MANQUEMENT À LA RÉGLEMENTATION

En février 2013, Bruxelles avait déjà demandé au gouvernement français des informations sur le respect des réglementations européennes, à propos de Notre-Dame-des-Landes, notamment sur l'évaluation des incidences du projet sur l'environnement. Après la réponse de la France, la Commission avait dit attendre la publication des derniers arrêtés permettant le début des travaux. Aujourd'hui, la commission précise, dans une note dont Le Monde a eu connaissance, que « les impacts sur l'eau et le milieu aquatique semblent avoir été correctement évalués,  des mesures de compensation semblent avoir été prévues et l'impact résiduel sera à priori limité ».

A la préfecture de Nantes, on se veut serein. « Nous sommes dans la continuité d'un dialogue avec la Commission européenne, explique Mickaël Doré, sous-préfet en charge du dossier de Notre-Dame-des-Landes. Nous avons deux mois pour répondre aux questions et nous y travaillons. Si à la lecture de nos précisions, la Commission se montre insatisfaite, nous pourrions alors entrer dans une démarche contentieuse ».

Il reste le défaut d'évaluation des impacts cumulés de l'ensemble des infrastructures, non pris en compte lors de l'étape de la procédure d'autorisation. Le chantier de l'aéroport et ceux des différentes dessertes, routières ou ferroviaires, n'ont pas été considérés dans leur ensemble mais séparément. Une faute selon Bruxelles et un manquement à la réglementation.

Regarder la situation de Notre-Dame-des-Landes en une carte

 

Carte de situation de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.  Rémi Barroux
Journaliste au Monde

 


 

Source : www.lemonde.fr

 



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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 21:11

 

 

Ce qui nous arrive sur la Toile 16/04/2014 à 14h45
A la turque : 3 petits trucs très simples pour échapper à la cybersurveillance
Xavier de La Porte | France Culture

 

 

Vous souvenez-vous de « War Games » ? Dans ce film du début des années 80, un jeune garçon proto-hacker manque de déclencher une guerre nucléaire en piratant l’ordinateur qui contrôle les missiles américains. Quel moyen le jeune trouve-t-il pour empêcher l’intelligence artificielle joueuse qui commande les missiles de passer à l’action ? En la faisant au morpion, jeu où il n’y a pas de gagnant. La stratégie du jeune hacker est simple : comprendre la machine et la prendre à son propre jeu.

Et s’il nous fallait aujourd’hui engager des stratégies similaires ? Et si pour échapper aux algorithmes qui collectent nos conversations et nos actions numériques pour le compte des agences de surveillance ou pour les revendre à des boîtes de marketing, on se mettait à penser comme des algorithmes ? C’est l’hypothèse qu’émet une chercheuse d’origine turque, Zeynep Tufekci, qui de l’université de Caroline du Nord documente depuis des mois les mouvements politiques qui ont lieu en Turquie, en particulier dans le versant numérique.

Capturons, capturons...

Dans un papier récent, elle fait état de quelques stratégies employées par les manifestants turcs pour échapper aux algorithmes qui surveillent les conversations sur les réseaux. Et son papier est si fin, il décrit des pratiques si malines qu’elles intéressent les Américains – on comprend pourquoi – et en particulier le très bon journaliste Alexis Madrigal, qui se délecte dans le revue The Atlantic des trouvailles turques.

Comme nous autres Français sommes tout autant concernés par ces programmes qui surveillent les conversations sur les réseaux sociaux : trois petits trucs très simples.

  • ne pas mentionner les gens : sur les réseaux sociaux (Twitter en particulier), vous savez qu’il est possible de mentionner les gens (avec l’arrobase @). C’est très pratique. Mais c’est très facilement traçable. Donc, première chose, vous pouvez ne pas avoir recours à l’arrobase sur Twitter. Zeynep Tufekci appelle le « subtweeting », belle expression qu’on pourrait traduire par « tweeter sous les radars ». On peut exercer un art similaire sur Facebook : là aussi, on peut ne pas la tagguer la personne dont on parle, mais on peut aussi mal orthographier son nom (en inversant deux lettres) ou carrément ne pas citer son nom, les algorithmes ayant un mal fou à déduire la personne dont on parle à partir d’un contexte ;
  • autre moyen d’échapper à la surveillance des algorithmes : la capture d’écran. Des humains peuvent lire très facilement ce qui est écrit sur une capture d’écran, la plupart des algorithmes ne le peuvent pas car une capture d’écran, c’est une image, pas un texte et les algorithmes ont plus de mal avec la reconnaissance d’image qu’avec la reconnaissance des mots. Pour les programmes informatiques, des gens qui discuteraient à partir de captures d’écran, ce serait comme des gens s’échangeant des photos ;
  • encore un moyen, ce que Zeynep Tufekci nomme le « hatelinking », le lien sans intérêt. A l’inverse des deux moyens précédents qui ont recours à l’invisibilité, celui-ci consiste à faire du bruit. Faire du bruit, en informatique, c’est produire de la donnée inutile. En l’occurrence, c’est jouer sur l’intentionnalité du lien. Les algorithmes postulent que si un utilisateur met un contenu en lien, c’est parce qu’il l’intéresse. Il est possible de jouer avec ce postulat et défaire le lien de causalité, en faisant des liens qui ne reposent plus sur l’intérêt.

Evidemment ces trouvailles peuvent apparaître dérisoires au regard des outils dont disposent les grandes plateformes pour tracer nos conversations et nos centres d’intérêt. Et elles ne suffisent évidemment pas. Mais dans leur logique, elles sont intéressantes. Parce qu’elles sont pragmatiques, parce qu’elles permettent de profiter du bon, en limitant le mauvais et surtout parce qu’elles reposent sur la compréhension du fonctionnement des algorithmes. Le pouvoir des ordinateurs est impressionnant par bien des aspects, mais il a ses failles. Une que j’aime beaucoup et que je soumets aux praticiens de la guérilla numérique.

Le « not-knowning », petit plus humain

Une des fonctionnalités de la mémoire humaine arrache les cheveux des informaticiens, on lui donne parfois le nom de « not-knowning ». Le « not-knowing », c’est ce mystère qui veut que quand on nous pose une question, nous savons presque immédiatement si nous connaissons la réponse ou pas.

Nous n’avons pas besoin de passer en revue tout le savoir que nous avons en mémoire pour savoir que nous ne savons pas. Nous savons ce que nous n’avons pas – ou plus – en mémoire. C’est une fonctionnalité très mystérieuse et très pratique car elle évite de perdre un temps et une énergie monumentaux que les ordinateurs sont, eux, obligés de dépenser pour répondre à une requête.

Je ne sais pas ce qu’il est possible de faire de cela, mais il me semble que plus les ordinateurs auront de données à leur disposition, plus cette faille s’élargira, plus cette fonctionnalité pour l’instant inprogrammable de notre intelligence nous offrira une supériorité dans la guérilla à mener contre le pouvoir des algorithmes.

Publié initialement sur
France Culture
                                                                                                                                                                                                                            Source : rue89.nouvelobs.com

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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 20:57

 

Source : blogs.rue89.nouvelobs.com/yeti-voyageur

 

Les bénéfices d’une sortie de l’euro selon Jacques Sapir

 

Le Yéti - voyageur à domicile

Publié le 16/04/2014 à 09h20

 

 

Intéressante étude de Jacques Sapir sur les mérites et inconvénients d’une sortie de l’euro. Il ressort de son texte court mais dense que les avantages d’un retour aux monnaies nationales primeraient largement sur les risques que les eurolâtres déchaînés montent en mayonnaise pour affoler la foule (des électeurs).

L’enterrement de quelques idées reçues

Jacques Sapir tord d’abord le cou à quelques grossières idées reçues :

  • non, ni l’Union européenne, ni la zone euro ne peuvent prétendre représenter toute l’Europe à elles seules ;
  • non, ni l’une ni l’autre n’ont été des « forces de paix » sur le vieux continent, mais « cause de conflit en précipitant hier la désintégration de l’ex-Yougoslavie et la guerre civile qui en a résulté » (on pourrait rajouter l’exemple tout frais de la dissolution de l’Ukraine par des putschistes « pro-euro ») ;
  • enfin, plutôt que de faciliter la coopération entre les pays membres, UE et zone euro ont surtout figé leurs relations entre ceux-là, favorisé la contagion de la crise financière de 2008 et ouvert toutes grandes les vannes du chômage de masse.

Les trois avantages d’un retour à une monnaie nationale

Sortir de l’UE et de sa monnaie unique implique naturellement un retour à des monnaies nationales. Jacques Sapir en a mesuré précisément les trois avantages :

  • une dévaluation de fait d’environ 20 % du Franc entraînerait ce « choc de compétitivité » si recherché et bénéficierait à la croissance, même en cas de dévaluation plus importantes des monnaies espagnoles et italiennes ;
  • l’effet bénéfique immédiat sur les recettes fiscales diminuerait fortement le poids de la dette ;
  • l’impact bénéfique de la reprise sur l’emploi serait également et rapidement conséquent.

Ne pas surévaluer les inconvénients d’une dévaluation

Jacques Sapir ne néglige pas les inconvénients résultants d’une sortie de l’Euro et d’une forte dépréciation du Franc. Inconvénients « qu’il ne faut cependant pas s’exagérer ». Sapir en répertorie quatre :

  • la hausse du prix des carburants, résultant d’une dépréciation de 20 % du Franc, n’excéderait pas 6 % ;
  • la perte des détenteurs étrangers d’obligations françaises seraient en partie compensée par la hausse des taux d’intérêts ; il n’y aurait aucun changement pour les détenteurs français de cette dette puisque celle-ci est essentiellement détenue par des banques françaises ;
  • l’inflation due à la dévaluation serait limitée à 5 % la première année, 3 % la suivante ;
  • enfin, le risque politique concernerait surtout les pays membres qui prendraient trop tard et en marche le train du retour inévitable aux monnaies nationales.

Une analyse pertinente et philosophiquement satisfaisante

On peut reprocher à Jacques Sapir de fonder son analyse sur les credos du monde d’avant : la reprise, la croissance, la compétitivité, le mythe du retour à l’emploi. Mais tant qu’à faire de rester dans une certaine logique économique, le choix de Sapir paraît infiniment plus sain que les hérésies malsaines imposées par la Troïka.

On pourrait trouver un brin excessif son recours systématique à une modélisation mathématique qui ne prend guère en compte l’impondérable des réactions humaines.

Les grotesques études, catastrophistes à l’extrême, comme celles de l’Institut Montaigne, brandissant leurs épouvantails dans le seul but, idéologique, de discréditer toute remise en cause des vieilles structures finissantes, montrent que l’oligarchie dominante est absolument prête à tout, même au pire, pour préserver ses intérêts et son pouvoir.

Il n’en demeure pas moins que les conclusions de Jacques Sapir restent bien plus pertinentes – et philosophiquement bien plus satisfaisantes – que les cris d’orfraies pathétiques poussés par les tenants d’un monde révolu et d’un ordre détestable.

Aller plus loin

 

 


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Sortir de l’Euro
14 avril 2014
 

Les élections européennes vont être l’occasion de faire le point sur le sentiment des peuples face à la construction de l’Union Européenne. On sait que cette opinion s’est fortement dégradée depuis 2009, ce que montrent nombre de sondages. Le problème est particulièrement aiguë en France où, pour la première fois, le nombre d’opinions défavorables à l’Union Européenne est majoritaire.

Il convient tout d’abord de rappeler que l’Union Européenne n’est pas l’Europe, quoi qu’elle puisse le prétendre. L’Europe est une réalité géographique, une réalité politique – même et y compris dans ses conflits – et, bien entendu, elle est une réalité culturelle. Cette réalité a existé bien avant que ne naissent les premiers projets d’union ou de fédération.

L’Union européenne n’est pas l’Europe…

L’Europe a existé, culturellement et d’une certaine manière politiquement, bien avant la Communauté Économique Européenne (ce que l’on appelait le « Marché Commun » et qui est l’ancêtre de l’UE) et bien entendu avant l’UE. L’UE a institutionnalisé des mécanismes de coopération, mais elle a aussi figé les relations entre les pays Européens qui en faisaient par et a déstabilisé largement ceux qui étaient à sa périphérie. L’UE, et la CEE avant elle, n’ont pas été des « forces de paix » à l’échelle du continent européen. Le prétendre, c’et oublier le rôle fondamental de la dissuasion nucléaire, assurée par des Etats (le couple URSS-Etats-Unis puis la Grande-Bretagne et la France). La dissuasion nucléaire, en rendant impossible une guerre majeure en Europe, et ceci en particulier dès que la dissuasion française est devenue effective (milieu des années 1960) a joué un rôle bien plus décisif que la CEE et l’UE dans le maintien de la paix. C’est à ce moment là que la réflexion militaire en Union soviétique commence à argumenter que toute guerre majeure débouchera sur une guerre nucléaire et  que l’on ne peut pas gagner une guerre nucléaire[1]. De ce point de vue, la contribution de la CEE et de l’UE au maintien de la paix en Europe est plus que discutable. L’UE a été une cause de conflit, en précipitant hier la désintégration de l’ex-Yougoslavie et la guerre civile qui en a résulté. Il faut se souvenir que la cause essentielle de cette désintégration fut l’attraction de l’UE sur la Slovénie et la Croatie. La mise ne place d’un plan de stabilisation, dont les effets étaient perçus de manière inégale entre les Républiques de la Yougoslavie, a attisé l’opposition entre la Croatie et la Serbie. Mais, c’est bien la perspective d’une adhésion rapide à l’UE qui a convaincu les dirigeants slovènes et croates de faire sécession. Le même phénomène est aujourd’hui à l’œuvre en Ukraine.

Enfin, la politique économique menée par l’UE depuis 2009 (et même depuis en réalité 2000 dans la zone Euro) est la cause de la faible croissance européenne et de la montée astronomique du chômage en Grèce (plus de 28%) en Espagne, au Portugal, mais aussi en Italie et en France. Loin de protéger les populations, l’UE s’est trop ouverte et elle a favorisé la contagion de la crise financière de 2007-2008[2]. On peut comprendre, dans ces conditions, le ressentiment que de nombreux électeurs éprouvent, qu’il s’agisse de l’UE ou plus précisément de la zone Euro qui est elle directement en cause dans la stagnation économique et la crise que connaissent certains pays. C’est l’une des raisons du mécontentement anti-européen qui monte aujourd’hui dans divers pays. C’est pourquoi, les élections européennes de mai 2014 porteront entre autres sur la question de l’Euro. Cette question est en réalité posée depuis le début des années 2000[3], mais il est vrai qu’elle n’a pris la dimension d’un problème central que depuis la crise de la Grèce fin 2009[4].

Les avantages d’une dissolution de l’Euro

Une sortie de l’Euro, qu’elle résulte d’une dissolution coordonnée de la zone Euro ou d’une sortie « sèche », aurait de nombreux avantages pour les pays de l’Europe du Sud et en particulier pour la France. On a tenté d’en mesurer les effets dans un ouvrage publié en septembre 2013[5].

Tout d’abord, à travers une dépréciation du Franc retrouvé qui pourrait être de 20% à 30% (et tout concourt à penser qu’en réalité on sera autour de 20%) cela reconstituerait immédiatement la compétitivité des entreprises françaises, tant à l’export que sur le marché intérieur français. C’est le « choc de compétitivité » dont l’économie française et l’industrie en particulier ont besoin. Par rapport à cela le fameux « pacte de responsabilité » du gouvernement ne représente qu’une pichenette. Notons ici qu’une dévaluation de l’Euro, telle qu’elle est défendue par le Ministre de l’Économie M. Arnault Montebourg, n’aurait que des effets bien plus réduit. Elle ne jouerait que par rapport aux pays de la zone Dollar. C’est certes important, et le Ministère des Finances a calculé qu’une dépréciation de 10% entraînerait un gain de 1,2% à 1,8% de croissance du PIB. Ceci valide d’ailleurs les hypothèses de calcul qui ont été utilisées dans l’ouvrage paru en septembre[6]. Notons aussi que ces calculs donnent tort à tous ceux, et ils sont nombreux, qui prétendent que aujourd’hui la compétitivité n’est plus mesurée par le coût du produit.

Mais la France ne fait qu’environ 50% de son commerce international avec la zone Dollar. Le reste se fait avec la zone Euro, et concerne pour l’essentiel nos échanges avec l’Allemagne, mais aussi avec l’Italie et l’Espagne. C’est bien pourquoi une sortie de l’Euro serait bien plus avantageuse qu’une simple dépréciation de l’Euro. Les calculs qui ont été réalisés avec P. Murer et C. Durand montrent que dans une telle hypothèse, et en admettant que la dépréciation de la monnaie italienne et de la monnaie espagnole soit plus importante que celle du Franc, autrement dit en adoptant une hypothèse de dévaluations compétitives des divers autres pays de l’Europe du Sud, cela donnerait un coup de fouet impressionnant à l’économie française, entraînant une croissance – toute chose étant égale par ailleurs – de 15% à 22% sur une durée de 4 ans. Il faut ici signaler que non seulement l’industrie serait la grande bénéficiaire de cette dépréciation, mais que son effet bénéfique se ferait aussi sentir dans les services, soit dans les services associés à l’industrie soit dans des branches qui sont très sensibles à des mouvements de taux de change, comme le tourisme, l’hôtellerie et la restauration.

Un deuxième avantage induit serait une forte réduction du poids de la dette, sous l’effet des recettes fiscales engendrées par cette croissance. Il deviendrait possible d’alléger le fardeau de la fiscalité pesant sur les ménages et sur les entreprises. Dans les quatre années suivant la décision de sortir de l’Euro, nous verrions le poids de la dette publique passer de 93% du PIB à 80%-66% suivant les hypothèses. C’est bien plus que ce que l’on pourra jamais réaliser en restant dans l’Euro.

Un troisième avantage, et de mon point de vue c’est le plus important, serait de faire reculer massivement le chômage, et de créer en grande quantités des emplois dans l’industrie. Ici encore, nous avons estimé – sur la base des demandeurs d’emploi de catégorie A – que l’on aurait une création nette d’emploi de 1,5 à 2,2 millions en trois ans. Rapporté aux autres catégories utilisées par la DARES, le gain devrait être encore plus important car la croissance permettrait de pérenniser nombre d’emplois précaires. Si l’on considère le total des catégories A, B et D, le gain pourrait se monter de 2,5 millions à 3 millions d’emplois. Notons qu’un tel retour massif à une situation de plein emploi améliorerait immédiatement le financement des caisses d’assurance-chômage, mais aussi celles de l’assurance-vieillesse.

Les inconvénients potentiels d’une sortie de l’Euro

Une sortie de l’Euro et une forte dépréciation de la monnaie (le Franc) auraient aussi des inconvénients, qu’il ne faut cependant pas s’exagérer.

Tout d’abord, il y aurait une hausse des produits importés quand ils proviennent de pays par rapport auxquels le Franc se serait déprécié (Allemagne, pays de la zone Dollar). C’est d’ailleurs le but de toute dépréciation de la monnaie. Mais, cet inconvénient est fortement surestimé par des politiciens sans scrupules qui ne cherchent qu’à affoler la population pour défendre l’Euro. Ainsi, dans le cas des carburants, compte tenu du poids immense des taxes, une dépréciation de 20% du taux de change du Franc par rapport au taux actuel de l’Euro face au Dollar, ne provoquerait qu’une hausse de 6% du prix à la pompe. On voit que ceci est très raisonnable.

Il y a ensuite la dimension financière des conséquences d’une telle dépréciation. Regardons tout d’abord ce qu’il en est en ce qui concerne la dette publique. On sait que les Obligations émises par le Trésor public, quand elles sont émises depuis le territoire français, doivent être remboursées dans la monnaie ayant cours légal en France. C’est la seule obligation légale les concernant. Si cette monnaie n’est plus l’Euro mais le Franc, elles seront remboursées en Franc. Et, si le Franc s’est déprécié vis à vis de l’Euro les détenteurs étrangers d’obligations françaises prendront leurs pertes, tout comme un détenteur français de bonds du Trésor américain prend ses pertes quand le Dollar se déprécie fortement face à l’Euro. Cependant, il est clair que cela provoquera par la suite une hausse des taux d’intérêts (ce que l’on appelle dans le jargon financier une « prime de risque ») pour toute nouvelle émission. Mais, on peut parfaitement contourner ce problème. Il faudra réintroduire le mécanisme qui existait jusqu’au début des années 1980, et qui obligeait les banques françaises (ou toute banque souhaitant travailler en France) à avoir dans leur bilan un certain montant d’obligations du Trésor (mécanisme du plancher obligatoire des effets publics).

Pour les dettes mais aussi l’épargne des particuliers et des entreprises, comme cette épargne et ces dettes sont essentiellement détenues dans des banques françaises, il n’y aurait pas de changement. Il est ainsi criminel, comme le font certains politiciens tant de l’UMP que du PS, d’aller affirmer – en cherchant à affoler une nouvelle fois la population – qu’une dépréciation de 20% du Franc se traduirait par une perte de 20% de l’épargne. En réalité, et tous les économistes le savent, il n’y a de perte de valeur que dans la mesure où l’on achète, avec son épargne, des biens provenant de pays par rapport à la monnaie desquels le Franc s’est déprécié. Pour les achats réalisés en France, ou de produits (et de services) français, ce qui représente plus de 60% des transactions en volume, il n’y aurait aucun changement. De plus, certains pays ayant une monnaie se dépréciant plus que le Franc (l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce), l’épargne française verrait son pouvoir d’achat se réévaluer pour des opérations dans ces pays.

Le seul véritable inconvénient est une poussée d’inflation qui se fera sentir dans les 24 mois succédant à cette sortie de l’Euro et cette dépréciation du Franc. L’inflation induite par la dépréciation du France devrait être de 5% la première année et de 3% la seconde. Il faudra, pour y faire face, rétablir très probablement des mécanismes d’indexation des salaires et des pensions. Néanmoins, toute hausse de l’inflation, aura aussi pour effet de faire baisser mécaniquement les taux d’intérêts réels (par la différence entre le taux nominal et le taux d’inflation). Ceci pourrait avoir un effet très positif sur l’investissement des ménages et des entreprises. De plus, l’inflation efface mécaniquement une partie de la dette accumulée. Aussi, même la perspective de connaître à nouveau une période de relative inflation ne doit pas être vue comme uniquement un inconvénient, mais bien comme quelque chose qui pourrait être utile pour l’économie.

Il faut enfin ajouter que, bien entendu, des réformes sont nécessaires en France. Mais, tous les pays qui ont fait des réformes de profondeur l’ont fait APRÈS une forte dépréciation de la monnaie. Sortir de l’Euro, laisser le Franc se déprécier, cela peut être un premier pas décisif sur la voie des réformes.

Le risque politique d’une sortie de l’Euro

Le risque politique n’est pas à négliger, mais il convient de dire que le risque d’une séparation est d’autant plus facile à envisager qu’il est anticipé. C’est le paradoxe central d’une dissolution de la zone Euro. Personne ne veut, au niveau des gouvernements, l’envisager ouvertement. Pourtant, cette attitude est profondément autodestructrice. En effet, si cette dissolution pouvait se faire de manière coordonnée, le choc serait minime. Mais, le refus actuel des gouvernements à envisager cette solution ne laisse plus comme solution qu’une sortie de l’Euro par un ou deux pays (l’Italie et la France) entraînant à sa suite une désintégration générale de l’Euro qui pourrait prendre entre 6 mois et un an. Dans ces conditions, il est clair que les pays qui souffriront le plus seront ceux qui sortiront de l’Euro les derniers. Dans une telle situation, il y a en effet une prime au « premier sorti », qui bénéficie à plein de l’effet de dépréciation de sa monnaie. C’est d’ailleurs pour cette raison que dès qu’un pays important aura quitté l’Euro le mouvement de sortie deviendra rapidement irréversible. S’il s’agit de la France, l’Italie se verra obligé de nous imiter en quelques semaines. La sortie de la 2ème et de la 3ème économie de la zone Euro entraînera celle de l’Espagne (4ème économie), et en chapelet le Portugal, la Grèce, mais aussi la Belgique et les Pays-bas. Si l’Italie sort la première, la pression sur l’économie française deviendra telle que nous devrons nous aussi sortir dans les trois mois qui suivent. Quelle que soit l’origine, la chaîne des sorties successives sera activée et deviendra une réalité en moins de douze mois.

La dissolution de la Zone Euro, ou des sorties de certains pays, ont bien été étudiées dans de nombreux pays : Allemagne, France, Italie, Espagne et Pays-Bas. Dans les études officielles, que ce soit celles qui ont été réalisées par les Banques Centrales, ou par les Ministères des Finances, et dont j’ai pu avoir connaissance, le bilan d’une telle sortie est globalement positif. Il est même très positif pour la France et l’Italie, et c’est ce qui inquiète les partisans d’une défense absolue de l’Euro. Toutes ces études mettent en avant le caractère positif d’une dépréciation du taux de change. L’obstacle se situe donc au niveau politique. Des études « privées » ont aussi été réalisées, et mon centre de recherches y a contribué[7]. Certaines de ces études ont été faites dans le but de discréditer une sortie de l’euro, et elles font état de résultats aberrants. Ainsi, l’Institut Montaigne envisage une chute importante du PIB sans donner d’indication sur le pourquoi ni le comment du calcul. Cela jette un grand doute sur certaines de ces études. On peut penser que les chercheurs supposent un effondrement du commerce à l’intérieur de la zone Euro. Mais, le retour aux monnaies nationales – qui est d’ailleurs largement anticipé dans nombre de banques et d’entreprises – ne compromettra nullement ce commerce, tout comme le passage à la monnaie unique n’a pas produit le surcroît de commerce et de croissance que certains prédisaient.

En ce qui concerne la fraction de la dette publique détenue par des « non-résidents », toutes les personnes interrogées, qu’elles appartiennent à des administrations ou à des banques privées, reconnaissent que le principe de la « Lex Monetae », soit le fait que la dette d’un pays, si elle émise dans ce pays doit être remboursée dans la monnaie du pays, que cette monnaie s’appelle l’Euro ou un autre nom (Franc, Lire Italienne, Pesetas espagnole…) s’appliquera. Il n’y aura pas d’espace pour des procès en droit international.

Reste alors un argument souvent évoqué : quel serait le poids d’un pays comme la France dans la « mondialisation » si nous sortions de l’Euro. Mais, cette mondialisation n’empêche pas la Corée du Sud (44 millions d’habitants) ou même Taiwan, de bien fonctionner. En Europe, la Suède et la Grande-Bretagne ne se portent pas plus mal de n’être pas dans la zone Euro. En fait, ceux qui tiennent ce discours sont les héritiers indirects du régime de Vichy, en ceci qu’ils ne font pas confiance en notre pays, en ses valeurs et en ses capacités. Il faut avoir confiance dans les points forts de la France, qui sont nombreux. Il est de plus important de préserver notre modèle social, qui fait désormais partie de notre culture politique ce que reconnaît le préambule de notre Constitution ce que l’on a trop tendance à oublier. De ce point de vue, la pratique du Conseil Constitutionnel a été honteuse dans l’accommodation à des règles étrangères.

Dire cela ce n’est nullement refuser de coopérer avec les autres pays d’Europe. Dire cela ce n’est nullement refuser de coopérer avec des pays européens qui ne font pas partie de l’UE comme la Russie qui est à la fois en Europe et en Asie. Dire cela, ce n’est nullement refuser de coopérer avec les pays d’Afrique. Aujourd’hui, l’Union Européenne fait obstacle à une vision plus large de nos coopérations. Où est l’UE quand la France s’engage au Mali ? Par contre, la Russie est à nos côtés, et ce sont des avions russes qui assurent une bonne part de la logistique de nos opérations extérieures. Il faut en tirer les leçons, aussi déplaisantes qu’elles puissent être pour certains.

La posture de l’État-Nation est, par ailleurs, et il faut le rappeler sans cesse et sans faiblir, la seule à garantir la démocratie, car il ne saurait y avoir de démocratie sans souveraineté ni légitimité. Ici encore, qu’il s’agisse de raisons conjoncturelles, et ce sont des raisons importantes, ou de raisons de principe, il est clair que la France doit s’attacher à retrouver sa souveraineté.

De la solidarité entre les pays européens

C’est un véritable problème, mais il est très mal posé. Tout d’abord reconnaissons qu’avec une budget de l’UE égal à 1,26% du PIB, et dont une large partie est dévorée par la bureaucratie bruxelloise, cette solidarité ne peut être financière. On l’a vu avec le cas de la Grèce et de l’Espagne. L’aide n’a pas été fournie aux populations, mais aux créditeurs des banques et de l’État, soit avant tout aux banques françaises et allemandes. Il faut dire et redire ici que l’on a fait payer aux populations de ces deux pays le soutien à nos banques. Ni plus ni moins.

De plus, sans doute exige-t-on trop de la solidarité de peuples qui ne se connaissent que peu et mal. La solution du fédéralisme intégral doit être rejetée en raison de la charge financière qu’un tel fédéralisme ferait porter sur certains pays, comme l’Allemagne en particulier. Il n’est pas réaliste de penser que les Allemands pourraient contribuer à hauteur de 8% à 12% de leur PIB pendant plusieurs années aux budgets des pays du Sud de l’Europe. Cette solidarité doit donc être déplacée sur le terrain du politique et doit pouvoir s’incarner dans des projets, tant industriels que scientifiques, menés dans des cadres bi ou multilatéraux. Tel fut, il faut s’en souvenir, l’origine d’Airbus et d’Ariane.

L’Euro est condamné

Aujourd’hui, nous avons la possibilité de dire que la monnaie unique est condamnée, tant pour des raisons conjoncturelles (le poids de l’austérité qu’elle impose aux peuples du Sud de l’Europe) que pour des raisons principielles. Ce fut folie que de faire la monnaie unique sans réaliser au préalable l’Europe sociale et fiscale. Ce fut folie en effet que de faire une monnaie unique entre des pays dont les structures, tant économiques que sociales et démographiques étaient aussi différentes et divergentes. Ce fut folie que de faire une monnaie unique entre des pays qui, en conséquence, avaient des taux de gains de productivité très différents et des inflations structurelles (ainsi qu’un rapport entre l’inflation et la croissance) aussi différent. L’Euro a été réalisé pour des raisons politiques. On a cru qu’en imposant un premier élément d’Europe fédérale, alors que les populations en refusaient le principe, on arriverait, par petits  bouts, à construire subrepticement cette Europe fédérale. On a vu le désastre auquel cette politique du fédéralisme furtif a conduit. Les dirigeants, et M. Jacques Delors en premier, ont cru que l’économie se plierait à la politique. Mais, les faits sont tétus. Quand on les méprise, ils se vengent. La divergence macroéconomique entre les pays de la zone Euro était évidente dès 2006. J’avais tiré la sonnette d’alarme à cette époque[8]. Elle est devenue insupportable avec la crise financière et ses conséquences. Avant que la crise de l’Euro n’emporte tout, il serait plus sage de dissoudre l’Euro et de commencer à voir entre quels pays il serait possible d’organiser une convergence tant sociale que fiscale, qui pourrait permettre de reconstruire, dans un délai qui reste à préciser, un instrument monétaire commun.

On nos dira alors qu’il faut « changer l’Europe ». Vieille antienne devenue une véritable scie. Mais, c’est un discours que l’on tient depuis plus de vingt ans et qui n’a aucun effet, pour des raisons qui sont d’ailleurs simples à expliquer. Pour changer l’Union Européenne, il faudrait que les 27 autres pays se convertissent à nos valeurs, et à notre situation. Tache impossible et même tache malsaine, car la différence peut être source d’enrichissement. Mais alors, il faut trouver des solutions permettant à ces différences de s’exprimer sans que nous ayons à en payer les frais. Cela impose des changements institutionnels substantiels. Ce n’est pas « changer l’Europe » qu’il faut, mais bien « Changer d’Europe », et pour cela ne pas hésiter à détruire ce qui est un obstacle, comme l’Euro. Tel est le point capital qui doit guider notre vote lors de ces élections européennes.


[1] Les Voroshilov Lectures le confirment, à partir de 1971-72.

[2] Sapir J., « From Financial Crisis to Turning Point. How the US ‘Subprime Crisis’ turned into a worldwide One and Will Change the World Economy » in Internationale Politik und Gesellschaft, n°1/2009, pp. 27-44.

[3] Sapir J., « La Crise de l’Euro : erreurs et impasses de l’Européisme » in Perspectives Républicaines, n°2, Juin 2006, pp. 69-84.

[4] Sapir J., « Is the Eurozone doomed to fail », pp. 23-27, in Making Sense of Europe’s Turmoil, CSE, Bruxelles, 2012.

[5] Sapir J., Les scénarii de dissolution de l’Euro, (avec P. Murer et C. Durand) Fondation ResPublica, Paris, septembre 2013.

[6] Sapir J., Les scénarii de dissolution de l’Euro, (avec P. Murer et C. Durand), op.cit..

[7] Voir Sapir J., Les scénarii de dissolution de l’Euro, (avec P. Murer et C. Durand), op.cit..

[8] Voir mon article « La Crise de l’Euro : erreurs et impasses de l’Européisme » in Perspectives Républicaines, n°2, Juin 2006, pp. 69-84.


Ses travaux de chercheur se sont orientés dans trois dimensions, l’étude de l’économie russe et de la transition, l’analyse des crises financières et des recherches théoriques sur les institutions économiques et les interactions entre les comportements individuels. Il a poursuivi ses recherches à partir de 2000 sur les interactions entre les régimes de change, la structuration des systèmes financiers et les instabilités macroéconomiques. Depuis 2007 il s'est impliqué dans l’analyse de la crise financière actuelle, et en particulier dans la crise de la zone Euro.

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Source : russeurope.hypotheses.org

 


 

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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 20:49

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Moins pire 17/04/2014 à 15h52
Mozilla Firefox aussi vendu que les autres ? 3 raisons de penser le contraire
Philippe Vion-Dury | Journaliste Rue89

 

Un matin, à Rue89, ma réd’ chef m’a lancé un défi : lui prouver que, contrairement à Google, Microsoft et consorts, Mozilla n’était pas du genre à fouiller dans nos données ou à nous surveiller. Voici ma réponse.

Un matin en conférence de rédaction, nous discutions du sort du patron de Mozilla, la fondation derrière le navigateur Firefox, poussé à la démission pour avoir soutenu une proposition de loi contre le mariage gay en Californie en 2008. Une position que ses employés ont jugé non conforme aux valeurs de Mozilla.

Ma rédactrice en chef a alors lâché :

« De toute manière, Mozilla ou les autres [Google, Microsoft, ndlr], ils sont tous pareils. »

Et moi de nier tout en bloc, une expression outrée figeant mon visage.


Un panda roux, symbole de Mozilla Firefox (NICOLAS ARMER/DPA/AFP)

C’est à ce moment là qu’elle m’a mis au défi de prouver que la fondation ne participait pas de ce système de surveillance généralisée.

                                                                                                                                                                                                                             1 Mozilla est indépendant

Même si sa survie dépend de Google

 

Pour commencer, Mozilla n’est pas une entreprise. La « Mozilla Foundation » est un organisme à but non lucratif, née en 2003 après la disparition de Netscape, premier navigateur internet grand public (taillé en pièces par Microsoft et son Internet Explorer).

La mission que Mozilla s’est donnée face aux pratiques du géant de Redmond : « Préserver le choix et l’innovation sur l’Internet. » Mozilla Foundation a donc créé « Mozilla Corporation », et plus tard « Mozilla Messaging ». Deux entreprises qu’elle détient à 100%, et qui sont chargées de développer, vendre et marketer les produits.

Les rentrées d’argent sont très minces ; pour compenser, Mozilla fonctionne grâce à des dons.

Mozilla « We’re building a better Internet » (en anglais)
La main invisible de Google

Les dons viennent de particuliers soutenant l’initiative, et – bien entendu –, d’entreprises. Je vous le donne en mille : Google est aux avant-postes des donateurs.

La firme de Mountain View a passé un accord en 2011 et s’est engagée à verser 300 millions de dollars (soit plus de 216 millions d’euros) annuels, pendant trois ans. Il y a une contrepartie : faire du moteur de recherche de Google le moteur par défaut du navigateur Firefox.

Libre à l’utilisateur d’en changer ensuite, mais on imagine l’avantage compétitif gagné face aux concurrents dans des pays comme l’Allemagne, où le navigateur au panda roux [non, ce n’est pas un renard mais bien une espèce de panda, information officielle après débat de plusieurs années] est numéro 1, avec plus d’un tiers du marché.

Pour autant, même si les royalties versées par Google représentent 90% du chiffre d’affaires de Mozilla, cela ne doit pas être interprété comme une prise de contrôle. (OK, on frise ici la mauvaise foi.)

Une dépendance relative

Goliath a tout à gagner à entretenir David :

  • le deal aurait pu être passé avec un concurrent (Microsoft et son moteur Bing, au hasard) ;
  • Firefox ne menace pas tant que ça l’hégémonie du navigateur maison Google Chrome ;
  • ce « partenariat » entretient une image de jeunesse, d’innovation et de proximité avec le petit univers des développeurs indépendants, à laquelle Google a toujours tenu.

Cette situation délicate n’est pourtant pas nécessairement éternelle, comme l’explique Philippe Scoffoni, cofondateur d’Open-Dsi, une entreprise de logiciels libres :

« Trouver un jour un autre modèle de financement reste la priorité pour Mozilla. Cela peut passer par exemple par le succès d’un Firefox OS sur smartphone, qu’ils développent actuellement, et des accords avec des constructeurs qui généreraient de nouvelles sources de revenus. »

                                                                                                                                                                                                                             2 Mozilla est votre ami

Même s’il s’est laissé intimider par le lobby de la pub

 

Dès le début, Mozilla a choisi le camp des internautes. Les dix points de son manifeste soulignent l’importance d’un Internet enrichissant, libre, ouvert, sûr et respectueux de la vie privée.

La fondation a aussi pris des engagements stricts en matière de respect de la vie privée. Par exemple, elle demande généralement l’accord pour accéder à vos données, les anonymisant lorsqu’elle le peut avant de les utiliser.

Une protection des données efficace

En somme, Firefox vous observe, au même titre que les autres navigateurs, mais toujours avec le souci de ne prendre que ce qui est nécessaire pour développer ses produits, et sans faire un usage commercial de ces données.

Philippe Scoffoni confirme :

« Utiliser Firefox, c’est une bonne base de départ pour être tranquille sur le pistage. Ce n’est pas le cas de Chrome, par exemple, qui vous trace dans votre activité, permet de vous identifier, et ajoute ces données à celles obtenues par Google, via les cookies et l’historique de recherche. »

A cela s’ajoute une myriade de modules développés souvent bénévolement pour aider les individus à effacer leurs traces (on peut citer ici Ghostery, Cryptocat, DoNotTrackMe, Disconnect, HTTPS EveryWhere, Self-Destructing Cookies...). Mozilla en a même développé un lui-même : Lightbeam.

L’outil identifie les « cookies tiers ». Un cookie est un petit fichier placé dans votre ordinateur par le site que vous visitez, et qui retient une information sur vous : mot de passe, identifiant, recherches, produits dans votre panier... Le cookie tiers, lui, est placé sur votre ordinateur lorsque vous visitez un site A, mais collecte des infos pour un site tiers B : c’est l’arme et l’outil de pistage des publicitaires par exemple.

Une hostilité marquée envers les cookies tiers

En 2013, Mozilla a fait une annonce fracassante : le réglage sur le navigateur permettant de bloquer ces cookies de manière assez efficace serait activé par défaut, à l’installation de Firefox.

Une démarche « opt-in », où l’internaute est supposé refuser par défaut, autoriser s’il le désire, s’opposant à la démarche très répandue du « opt-out », où l’internaute accepte les règles imposées par les entreprises, et peut y déroger en réglant ses paramètres par la suite.

Hélas, cette fonction est aujourd’hui encore dans les cartons.

Entre-temps, l’industrie est montée sur ses grands chevaux, qualifiant l’annonce de « frappe nucléaire » qui allait ruiner l’économie du Web et les emplois qui lui sont liés. L’intense lobbying des publicitaires a porté ses fruits et Mozilla a finalement cédé sur ce point, révélant à la fois la noblesse de ses intentions et les limites de son pouvoir.

Mais cette annonce et la multiplication des modules permettant de bloquer plus efficacement ces petits espions ont fait mouche : les géants du Net, Google en tête, réfléchissent déjà à « l’après-cookie tiers », envisageant par exemple d’attribuer une « identité publicitaire » à chaque internaute...

                                                                                                                                                                                                                             3 Mozilla est transparent

Sauf si les autorités américaines le lui demandent

 

Dernier avantage et pas des moindres : les produits de Mozilla sont des logiciels libres, « open source » en anglais. Le code de Firefox est ouvert : ceux qui ont les compétences nécessaires peuvent l’éditer, ou du moins vérifier ce qu’il fait. Chose impossible avec Chrome.

Puisqu’il est possible de repérer toutes les modifications du code des logiciels libres, la probabilité que des « backdoors » y soient insérées est faible.

Ces portes permettent à une entreprise ou des services de renseignement qui en connaissent l’existence de pénétrer votre machine sans laisser de traces, une discipline dans laquelle la NSA n’a pas son pareil.

Malgré les nombreux avantages du logiciel libre, Mozilla reste une entreprise américaine, répondant au droit américain :

« Nous respectons la loi chaque fois que nous recevons une requête sur vous d’un gouvernement ou liée à des poursuites judiciaires. Nous vous notifierons lorsqu’il nous est demandé de transmettre vos données personnelles, à moins qu’il nous soit légalement interdit de le faire. »

La mauvaise nouvelle, c’est que la loi américaine est très lâche à ce sujet, et que les services de renseignement sont très intéressés par ces informations. La bonne nouvelle, c’est que Mozilla récolte le moins possible de données sur vous.

Mozilla n’est pas parfait. Mais comme le résume bien Philippe Scoffoni, la fondation est « moins pire que les autres ».

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

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