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1 juin 2014 7 01 /06 /juin /2014 16:41

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

La violente répression contre la Confédération paysanne tranche avec la mansuétude à l’égard des actes de la FNSEA

Barnabé Binctin (Reporterre)

samedi 31 mai 2014

 

 

L’action de la Confédération Paysanne à la ferme-usine des Mille vaches a conduit le gouvernement à incarcérer durant deux jours le porte-parole de ce syndicat. Mais l’Etat ne s’est pas montré aussi sévère pour les actes violents commis par l’autre syndicat agricole, favorable au développement de l’agro-industrie.


Le leader du deuxième syndicat agricole français plaqué au sol puis, quelques heures plus tard, arrêté violemment au moment où il montait en train avant d’être emmené, menotté et contusionné, pour une garde à vue de deux jours : c’est l’étrange événement qui s’est produit jeudi 29 mai, dans la quasi-indifférence médiatique. Le crime de M. Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne ? Avoir apporté des pièces d’une salle de traite, démontée - illégalement - par d’autres paysans dans une ferme-usine. Celle-ci, dite des Mille vaches, est vivement contestée parce qu’elle amorce un processus, selon le syndicat, qui entraînerait "la mort des paysans".

Une justice clémente à l’égard de la FNSEA

Mais toutes les manifestations d’agriculteurs ne bénéficient pas de la même rigueur de la part de l’Etat. En février 1999, des militants de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) envahissent le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement et dévastent le bureau de la ministre de l’époque, Dominique Voynet, emportant de nombreux documents. La vidéo du JT de France 2 montre l’étendue du saccage :

- Voir la vidéo : http://www.ina.fr/video/CAB99006575

Dégradations de matériel public et violences physiques sur personnes représentantes de l’Etat – un fonctionnaire en sortira avec six jours d’arrêt de travail – sont constatées mais la justice se montre clémente : deux ans plus tard, elle prononce des peines symboliques à l’égard de quatre des cinq agriculteurs poursuivis – l’un d’eux a été relaxé – qui sont condamnés à 1 524 euros d’amende.

En 2004, c’est l’hôtel des impôts de la ville de Morlaix qui subit le courroux des producteurs de légume de la FNSEA. Après avoir forcé l’entrée du bâtiment, ils détruisent mobilier et ordinateurs, causant plus de 60 000 euros de dégâts. Pis, un policier est grièvement blessé à la tête par un jet de pavé. Or, comme l’explique Libération, ces faits resteront impunis, le tribunal ayant prononcé un non-lieu. Justification officielle : « En l’absence d’éléments de preuve au moment des faits, il n’a pas été possible d’identifier leurs auteurs », affirme le procureur de la République de Morlaix, Laurent Fichot.

En septembre 2013, c’est le siège du Parc national du Morvan qui subit les assauts, en toute impunité, de la section départementale de la FNSEA. Voici ce que relate le Journal de l’Environnement : "Epandage de fumier. Déversement de lisier. Creusement de tranchées dans des prairies humides. Feux de pneus et de paille. La scène s’est déroulée le 18 septembre dernier dans le domaine de la Maison du parc naturel régional du Morvan, à Saint-Brisson (Nièvre). C’est là que près de 70 engins agricoles et leurs quelque 150 conducteurs, encartés à la FDSEA du département, chez les Jeunes Agriculteurs ou sans étiquette, ont convergé pour quelques heures d’un face-à-face tendu avec les responsables du PNR. Le tout sous le regard placide des gendarmes, qui ont laissé les alentours soignés de la Maison du parc se transformer en terrain vague boueux, pendant que des agents du parc se faisaient prendre à partie par des agriculteurs".


- L’agression contre le Parc naturel régional du Morvan -

Plus récemment, en novembre dernier, le blocage des axes routiers autour de Paris a été marqué par deux accidents de la route, dont un mortel. Si une enquête a été ouverte, aucune poursuite n’est aujourd’hui connue contre la FDSEA Ile-de-France, branche départementale de la FNSEA, qui organisait la manifestation. Celle-ci estime que la responsabilité de l’accident incombe au gouvernement qui n’avait pas mobilisé suffisamment de forces de l’ordre.

Deux poids, deux mesures

Au regard de ces décisions, la réponse judiciaire au démontage de quelques pièces de la salle de traite de la ferme-usine des Mille Vaches paraît d’autant plus surprenante...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 


 

 

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1 juin 2014 7 01 /06 /juin /2014 16:33

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Europe

Vers un nouveau front populaire et écologiste espagnol 

par Nathalie Pédestarres 29 mai 2014

 

 

 

C’est la question qui brûle toutes les lèvres en Espagne depuis les résultats de l’élection européenne dimanche dernier... Y aura-t-il une fusion politique d’Izquierda Unida (gauche unie, 10% des suffrages à l’élection européenne), de Podemos (parti issu des Indignés, 8%) et d’Equo (écologistes, 2%) ? Cette coalition pèserait alors virtuellement 20% des voix et serait en mesure de concurrencer les conservateurs (PP) et les sociaux-libéraux (PSOE) qui dominent l’échiquier politique depuis la transition démocratique de 1978. A l’image de leurs homologues français, ces deux partis de gouvernement sortent très affaiblis du scrutin du 25 mai.

Malgré une base sociale commune, les trois formations de la gauche radicale n’ont pas l’intention de s’unir précipitamment sous une même et unique bannière. Mais le projet est sérieusement discuté en interne dans la perspective des élections générales de 2015. C’est ce qu’ont affirmé les porte-paroles des trois mouvements lors d’un débat radiophonique le 28 mai.

Un débat plein de prudence. Alberto Garzón, qui incarne un renouveau de génération à gauche, préfère parler de « confluences » plutôt que de « fusion », pour « additionner les forces ». Pour Iñigo Errejón, de Podemos, ce n’est pas tant l’unité de sigles qui importe mais « l’unité du peuple pour décider de son futur et récupérer sa souveraineté ». Les trois partis se sont donc mis d’accord pour se donner du temps. « Nous représentons des mouvements démocratiques, c’est donc notre base militante qui décidera », a tranché l’écologiste Juanxo López de Urralde.

En attendant une possible union officielle, les trois partis forment déjà un front commun pour défendre les classes populaires contre les abus de « la caste », les deux partis politiques majoritaires. Face à cette menace pour leur hégémonie historique, le PP et le PSOE en viennent aussi à évoquer une coalition. Un scénario à la grecque se profile-t-il en Espagne ?

 

 

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Source : www.bastamag.net

 


 

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1 juin 2014 7 01 /06 /juin /2014 15:16

 

Source : rue89.nouvelobs.com


 

 

Le grand entretien 01/06/2014 à 16h39
Low-tech : « Il va falloir apprendre à s’appauvrir »
Philippe Vion-Dury | Journaliste Rue89

 

 

 


Une voiture abandonnée (Bertknot/Flickr/CC)

 

Philippe Bihouix est ingénieur spécialiste de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique. En 2010, il coécrit l’ouvrage « Quel futur pour les métaux ? » où il s’attaque à l’utilisation dispendieuse et inconsidérée des métaux et appelle à une économie de la sobriété.

« L’Age des low-tech », son nouveau livre publié aux éditions du Seuil, reprend et élargit ce thème. L’auteur y développe un discours avant tout pratique et pragmatique, loin des idéologies et politiques.

Son approche évite les écueils d’un discours catastrophiste sur le dérèglement climatique, brise les repères habituels et mène pas à pas le lecteur vers une conclusion simple : notre civilisation consomme plus que la planète n’a à offrir.

Croissance verte, développement durable et autres solutions high-tech sont autant d’impasses. Plutôt qu’une sortie de crise « par le haut », préférons une sortie « par le bas » qui nous épargnera bien des souffrances et désillusions.

Rue89 : Commençons simplement : le low-tech, c’est quoi ?

Philippe Bihouix : Pour parler des low-tech, il faut d’abord établir deux constats :

  • d’une part, la consommation de ressources non renouvelables (énergie et matières premières) est insoutenable, et nous en consommons davantage chaque année ;
  • d’autre part, les solutions technologiques qu’on nous propose ne sont absolument pas des solutions. Soit ces solutions sont marginales et hors d’échelle, donc pas à la hauteur du défi, soit elles reposent sur le recyclage de nos produits, « l’économie circulaire », qui ne marche que très partiellement du fait de la dégradation des matières utilisées ou de la difficulté à séparer les composants.

Face à ce double constat, le low-tech, c’est se dire : comment j’essaie de remplir au mieux les besoins, rester dans une civilisation acceptable et soutenable, malgré l’épuisement des ressources ? Low-tech veut tout dire et rien dire, c’est surtout un pied de nez au high-tech.

Donc, pour prendre un avatar de la société moderne, à quoi ressemblerait une voiture low-tech ?

La voiture propre n’existe pas, c’est un mensonge. Quand bien même l’énergie serait propre – ce qui n’est pas le cas –, l’ensemble de ce qui sert à fabriquer la voiture et qui n’est pas recyclable a un coût. Plus la voiture va vers le high-tech pour polluer un peu moins, moins la voiture est recyclable, et ses composants issus du recyclage.

L’approche low-tech, c’est une voiture beaucoup plus simple, plus légère, avec un moteur bridé, absolument aucun équipement électronique – disons le moins possible... C’est la deux-chevaux avec un filtre à particules, si j’exagère.

L’étape d’après, c’est de se passer de la voiture, de la circonscrire à quelques usages spéciaux, et d’enfourcher un vélo.

Où situeriez-vous votre livre dans le paysage écologiste ?

Il y a deux types d’écologie : celle de l’offre et celle de la demande. Dans un cas, on va réclamer la fermeture des centrales nucléaires sur la base d’un grand programme d’éolien et de solaire. Quelque chose comme : « Je ne veux pas tellement renoncer à mon confort, mais je veux que ce confort soit rempli de manière plus écologique. » D’où l’idée de croissance verte, développement durable, etc.

L’écolo de la demande réfléchit plutôt comme cela : « Pourquoi installe-t-on un parc éolien offshore au large de Saint-Nazaire alors qu’on égrène le long des rues et dans les bureaux de poste des écrans plats énergivores ? Pourquoi ne pas enfiler un pull plutôt que de faire marcher à fond les chauffages et isoler ensuite les bâtiments ? »

Partisan de la décroissance alors ?

Absolument. Je suis dans la dénonciation du développement durable et de la croissance verte, qui forment un mythe anesthésiant et sont fait pour ça. La réalité, c’est que ça ne fonctionne que partiellement ou pas. Voltaire disait :

« Le vrai me plaît, le vrai seul est durable. »

Je viens là de passer du côté des écolo-liberticides [rires]. Je préfère la décroissance choisie, intelligemment choisie, avec pourquoi pas un peu d’innovation, technique ou sociale d’ailleurs, plutôt que rester dans un scénario de statu quo qui mène tout droit à une décroissance subie, plus violente.

Vous voulez encadrer l’innovation, orienter stratégiquement la recherche, mais vous dénoncez en revanche le mythe de la « percée technologique ». La fusion par exemple ?

J’ai du mal à m’exprimer dessus, je ne suis pas un spécialiste. Mais je ne fais que constater ce que tout le monde constate : qu’on décale les programmes de vingt ans tous les vingt ans... Mais avant même la fusion, je « tue » la génération 4 des « surgénérateurs » de type Superphénix. On souffre déjà sur la génération 3 (ce qu’on essaie de faire avec l’EPR).

Le surgénérateur, c’est la centrale géniale qui consomme des déchets nucléaires et de l’uranium 238, qui apparaîtrait dans les années 2030 ou 2040 et qui nous donnerait quelques milliers d’années d’énergie.

Sauf qu’il faut changer ces centrales, renouveler le parc. Là, on a un problème métallique. Nickel, cobalt, zirconium, hafnium... On est dans un usage dispersif de ces ressources : toutes ces ressources ne sont pas recyclables car trop irradiées, on sait qu’elles vont être perdues.

Ces mêmes ressources ont une espérance de vie à l’échelle planétaire de quelques dizaines d’années, voire quelques siècles si on repousse les frontières technologiques pour les extraire : le nucléaire n’est pas soutenable à long terme.

Vous attaquez également le nucléaire sur sa dangerosité...

Le problème du nucléaire, c’est que ça ne s’arrête pas comme une usine normale. Pour démanteler, il faut de l’énergie, des gens, un « macrosystème technique » (robots, électronique, main-d’œuvre qualifiée, capacité à faire du ciment, etc.), et être certain que l’on aura accès à tout cela dans dix ans, vingt ans, cinquante ans... C’est un pari. Un pari osé.

Et quand vous allez voir le film sur le site d’enfouissement Onkalo en Finlande, les responsables vous expliquent noir sur blanc qu’il faut enterrer les déchets car le monde va devenir instable...

Pour revenir sur les énergies renouvelables, en quoi ce n’est pas soutenable ?

Je ne suis pas contre les énergies renouvelables en temps que telles. Je suis contre le mirage que les énergies renouvelables nous permettraient de continuer ainsi sans remettre en question nos besoins.

Pour être plus précis : je suis contre les énergies renouvelables en tant que macrosystème économique massivement déployé, avec une capacité nécessaire (une fois l’intermittence prise en compte) qui serait de l’ordre de trois ou quatre fois ce qu’il faut aujourd’hui en énergie fossile.

C’est le formidable mirage de Jeremy Rifkin, où nous serions tous producteurs, où des « smart grids » viendraient tout équilibrer et répartir le courant... Il y a un énorme mensonge sur le « tous producteurs, tous consommateurs ».

Si vous installez un panneau solaire sur votre toit, vous n’êtes pas producteur, vous n’êtes pas dans le secondaire. Vous fournissez un service immobilier en fournissant votre toit, et financier en fournissant en achetant les panneaux. Jamais ce macrosystème technique ne sera soutenable, et il nous emmènera d’autant plus vite dans le mur que ces « smart grids », éoliennes et autres panneaux solaires sont très demandeurs en matériaux non-renouvelables.

On ne fabrique pas une éolienne avec l’énergie d’une éolienne. On la fabrique avec beaucoup de gaz, de pétrole, de charbon, et est bourrée de composants électroniques qu’on ne sait pas recycler et qui ont une durée de vie de seulement trente ans.

Quelle(s) solution(s) en termes d’énergie alors ?

Il faut commencer par reconnaître que nous avons un gros problème : il faut définir une cible « post-transition », c’est-à-dire le niveau soutenable en termes d’énergie pour le nombre d’habitants vivant aujourd’hui sur la planète. Et il va falloir qu’il soit bien en deçà du niveau actuel. Ce « bien en deçà » peut faire l’objet de débat. Moi, je mise sur une consommation d’énergie autour de 20 à 25% de notre consommation actuelle.

Ensuite, comment on produit ? Il peut y avoir de l’hydro-électrique. C’est déjà 15% environ de la production d’électricité (pas d’énergie) en France : ça fait déjà un bout. Après, un peu de solaire thermique, de la biomasse, des éoliennes et panneaux, mais davantage low-tech.

Comment on procède ? Il y a trois postes dans lesquels il faut tailler :

  • nos déplacements pour commencer. Il faut que nos déplacements deviennent plus difficiles, qu’on se déplace moins ;
  • le deuxième, c’est le bâtiment, le chauffage. Je ne dis pas qu’on doit passer à la douche froide, mais chauffer moins, revoir notre niveau de confort, accepter qu’il fasse un peu froid l’hiver ;
  • troisièmement, c’est l’énergie contenue dans les objets qu’on fabrique et qu’on jette, du gobelet en plastique à l’écran plat. Là aussi on doit recycler, mais on a vu les limites de ce système. Il faut donc réintroduire les consignes, l’interdiction du produit jetable, augmenter la réparabilité de nos appareils, etc.

Même si votre discours n’est jamais politique ou politisé, on a du mal à ne pas y voir une charge contre le capitalisme. Prônez-vous un musellement ou une révolution du système ?

Il y a des raisons fondamentales qui font que le capitalisme n’est pas compatible avec tout ça. La première, c’est la question du prêt à intérêt. Je pense que ce système – interdit par ailleurs par de nombreuses civilisations dans l’Histoire – oblige mathématiquement la masse monétaire à augmenter.

L’équation de Fisher pose le postulat que si la masse monétaire augmente (à cause des intérêts) avec la même quantité de biens et de services, l’inflation croît similairement. Donc faire croître le PIB pour éviter une banqueroute implique nécessairement de faire croître la quantité de biens et services, et donc la consommation d’énergie et de matières premières.

Donc oui, il y a une remise en cause du capitalisme dans ce bouquin.

Vous proposez un principe d’exemplarité, l’idée que des prises de positions fortes et unilatérales peuvent faire bouger les choses à une échelle plus grande.

Oui, je pourrais prendre l’exemple de la révolution française. On n’a pas attendu que les royautés d’Europe s’assoient autour d’une table pour discuter des revendications du peuple et prendre une décision. Mais je préfère l’exemple de l’abolition de l’esclavage.

L’abolition de l’esclavage a démarré sur des principes moraux, mais pour une nation comme l’Angleterre, cela avait des conséquences économiques profondes. C’était certes une grande puissance, mais il n’empêche qu’à force d’exemplarité et de lobbying, on n’a pas eu à attendre une grande conférence mondiale pour décider du sort des esclaves...

Entre initiatives locales et conférences internationales, il y a certainement un créneau à trouver. Où est-il ? Le Jacobin dira que c’est l’Etat nation. Peut-être que c’est le regroupement de quelques pays liés par une « communauté de destins ». Sur les questions écologiques, je me sens finalement plus proche de la Belgique, de l’Italie ou de l’Allemagne que de la Russie, de l’Espagne ou de la Pologne.

Il y a aussi une remise en question de la construction européenne dans mon livre. Je pense que l’échelle pour la prise de décision ne peut être européenne. On est trop gros, il y a trop de monde.

Au niveau national, il y a plein d’initiatives dans l’agriculture, dans l’urbanisme et que sais-je encore qui peuvent démarrer sans qu’on se fasse casser les reins par la finance internationale.

Dans le mythe de Prométhée, la société humaine, à qui l’on venait d’offrir les arts techniques, est finalement sauvée de l’autodestruction par Hermès envoyé par Zeus pour transmettre à l’homme le sens de l’honneur et la morale. Ça vous parle ?

Mes premiers relecteurs m’ont parfois reproché de décrire un projet sans décrire comment y aller. Une sorte de « y a qu’à, faut qu’on » très moral. En fait, je l’ai pris non pas comme un reproche mais presque comme un compliment. Je ne veux pas décrire comment y aller « exactement ». Les temps ne sont pas venus pour ça, et je ne veux pas m’enfermer dans les détails techniques.

Ce que j’ai voulu faire ici, c’est donner à voir les orientations. Les solutions, on les a finalement, on voit où aller, comment y aller grosso modo. Donc oui, la morale est vitale et il y a en a un peu dans mon livre. C’est devenu un gros mot aujourd’hui.

Où êtes-vous dans les trois attitudes que vous énumérez face à la perspective d’effondrement civilisationnel : attentisme, fatalisme ou survivalisme ?

En tout cas, je ne suis pas pour le catastrophisme. On l’annonce depuis des décennies cette catastrophe, et elle n’est pas arrivée. Je pense qu’on va s’adapter aux forceps. Ce sera tous les ans plus dur, tous les ans plus moche, plus pollué, le discours sera de plus en plus éloigné de la réalité.

Le livre de Bertrand Méheust, « La Politique de l’oxymore », explique remarquablement comment plus les choses empirent, plus le discours se déconnecte la réalité, comment les sociétés allaient aller jusqu’à leur saturation, devenant de plus en plus délirantes et orwelliennes.

Plus ce sera pollué, plus on vous expliquera que les technologies vertes, c’est génial. Ça a déjà démarré. Il va falloir apprendre à partager, à s’appauvrir.

Ce ne sera donc pas tant un « écocide » brutal que du sang et des larmes ?

Exactement. Du sang et des larmes, mais sans l’espoir. C’est ce que je pense. Et le temps venu, on entendra un discours prônant la sobriété et comme c’est bien de se serrer la ceinture puisqu’il n’y aura de toute façon plus le choix. Je suis plus gradualiste que catastrophiste, si je puis dire. Mais cela ne sert a rien de rester tétanisé. Tout ça va prendre beaucoup de temps. On va vivre, avancer.

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

 

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1 juin 2014 7 01 /06 /juin /2014 14:47

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

Huit questions sur les poursuites américaines contre BNP Paribas

|  Par martine orange et Agathe Duparc

 

 

 

La justice américaine poursuit BNP Paribas pour violation d’embargo à l’égard de l’Iran, de Cuba et du Soudan. La banque pourrait encourir une amende de 10 milliards de dollars. Tentative d’explication de ce dossier sur lequel les différents protagonistes entretiennent le mutisme.

1 puis 3 puis 5 puis 10 milliards de dollars ! Les compteurs s’affolent. En quelques semaines, le montant des pénalités encourues par BNP Paribas face à la justice américaine a pris des allures de bombe à retardement. Le département américain de la justice semble augmenter ses exigences chaque jour, à en croire les révélations quasi quotidiennes du Wall Street journal

En face, BNP Paribas garde un mutisme total. Ce n’est qu’au moment de la publication de ses comptes annuels, en mars 2014, que la banque a révélé avoir provisionné la somme de 1,1 milliard d’euros pour faire face à un litige aux États-Unis. Elle n’en avait à peine soufflé mot avant. Depuis, c’est le black-out.

Le siège de BNP Paribas à Paris. 
Le siège de BNP Paribas à Paris. © Reuters

En interne, cependant, la direction est dans l’affolement. Seules quatre à cinq personnes de la direction générale paraissent avoir une vision complète du dossier et des risques encourus. Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de la banque, s’est rendu discrètement aux États-Unis, il y a quelques semaines, pour discuter avec le département américain de la justice. Mais rien n’a filtré de cette rencontre. Lors de l’assemblée générale, la direction de BNP Paribas a appelé ses actionnaires à l’union sacrée. Aucune question embarrassante ne lui a été posée sur ce dossier de plus en plus explosif. Les actionnaires ont dû se contenter des explications succinctes données par la direction de BNP Paribas. Celle-ci s’est retranchée derrière les obligations de secret et les négociations avec la justice américaine pour en dire le moins possible. Toute déclaration ou toute annonce de ses intentions pourrait lui être préjudiciable, a-t-elle déclaré en substance.

Tentative d’éclaircissements sur un dossier où tout se joue en coulisses.

 

  • De quoi est accusé BNP Paribas par la justice américaine ?

Selon les déclarations très limitées de la banque, la justice américaine reproche à BNP Paribas d’avoir, entre 2002 et 2009, violé l’embargo décrété par les États-Unis sur un certain nombre de pays. Elle aurait continué à mener des opérations avec l’Iran, Cuba et le Soudan notamment. Même si les opérations ont été réalisées en dehors du territoire américain, la justice américaine se considère comme légitime à sanctionner les agissements de la banque, car ces opérations ont été réalisées en dollars. Le gouvernement américain revendique un contrôle sur sa monnaie. Toutes les opérations en dollars passent par des chambres de compensation situées sur le territoire américain. Un moment ou un autre, les opérations « illégales » selon la loi américaine, se matérialisent aux États-Unis.

La procédure américaine est menée sous la triple responsabilité du procureur de Manhattan, Preet Bharara, du procureur général de New York, Cyrus Vance, et du chef de la division criminelle du département de la justice à Washington, David O’Neil, dans le cadre de l’Office of foreigner asset control (OFAC) qui veille au respect notamment des embargos américains. Benjamin Lawsky, superintendant des services financiers du département de la justice de New York est aussi associé à l’enquête.

La version officielle donnée tant par la banque que par la justice américaine s’arrête là.

Selon nos informations, si la violation de l’embargo concernant le Soudan et le Cuba est citée, c’est d’abord la violation de l’embargo sur l’Iran qui intéresse la justice américaine. Plus précisément, la violation de l’embargo sur la vente du pétrole iranien.

Les poursuites visent directement une filiale suisse de la banque, BNP Paribas Suisse, selon nos informations, ce que semble confirmer le quotidien suisse Le Temps. Celle-ci est un héritage de Paribas. Installée depuis des décennies à Genève, Paribas Suisse s’était notamment illustrée en 1982, au moment de la nationalisation de la banque. C’est par ce canal que la direction d’alors de Paribas avait fait transiter d’importants actifs, afin d’échapper à une nationalisation totale, comme l'avaient également fait de grandes fortunes, alarmées par l’arrivée de la gauche au pouvoir.

Mais Paribas Suisse ne se consacrait pas seulement à la gestion des grandes fortunes et à leur évasion. Profitant de la situation de Genève, plaque tournante mondiale du négoce du pétrole et des matières premières, elle s’est spécialisée dans toutes les opérations de négoce et leurs financements. Dans les années 1980, elle soutient activement Marc Rich, homme d’affaires belge, expert en trading sur les matières premières. Celui-ci s’est déjà fait une spécialité de contourner tous les embargos, notamment sur l’Iran, vendant sur le marché international les cargaisons qu’il est parvenu à faire sortir des territoires interdits. Ces opérations, largement préfinancées par Paribas Suisse, donnent lieu à des rémunérations vertigineuses. En quelques années, Marc Rich devient milliardaire. Il sera poursuivi en 1983 par la justice américaine pour violation d’embargo, se réfugiera dans le canton suisse de Zoug afin d’échapper aux poursuites américaines, avant d’être gracié par Bill Clinton lui-même. Sa société donnera naissance au groupe Glencore, géant mondial dans les matières premières, à la fin des années 1990.

Paribas Suisse a continué de développer avec d’autres groupes ses activités si rémunératrices de financement du négoce en pétrole. Elle est notamment très proche de la société Trafigura, fondée par le français Claude Dauphin. De nombreux anciens salariés de Paribas Suisse l’ont rejoint. Cette société très secrète est experte, elle aussi, dans le négoce de pétrole, et toutes les pratiques qui y sont liées. Un métier à risques, comme dit une enquête du Temps.

Lors du rachat de Paribas par la BNP, en 1999, la banque, dirigée alors par Michel Pébereau, trouve cette filiale suisse dans le portefeuille de Paribas. Elle se garde bien de toucher à cette banque aux activités si profitables. Michel Pébereau rejoint très vite le conseil d’administration de BNP Paribas Suisse. En 2012, il y siégeait encore aux côtés de Jean Clamon, directeur général du groupe bancaire, responsable de la conformité, Jean d’Estais, responsable d’investment solutions (sic) du groupe, de Dominique Rémy, responsable de la banque belge Fortis depuis son rachat en 2008 par BNP Paribas. La banque suisse était alors dirigée par Georges Chodron de Courcel, directeur général délégué du groupe BNP Paribas. La présence des principaux responsables du groupe bancaire au conseil d’administration de cette filiale suisse en dit l’importance.

Un problème identifié de longue date

Dès le milieu des années 2000, les responsables de la banque savent qu’ils sont dans une situation à risque. « Quand je suis arrivé en 2009, les choses étaient déjà connues et archi identifiées. En 2007, il y avait eu une enquête interne en matière de violation d'embargo. On avait établi qu'il n'y avait aucune violation ni des règles suisses, ni onusiennes, ni européennes. Il s'agissait d'embargo américano-américain. On avait fait le tour des problèmes et les Américains ont eu dès 2008 cette enquête interne entre les mains. Ils n'ont alors eu aucune réaction. Ils n'ont pas donné signe de vie jusqu'en 2010. Puis il a fallu encore trois ans pour en arriver là où nous sommes ! Sous la pression de Carl Levin, le DoJ (department of justice – ndlr) a été malmené et obligé de durcir sa position », raconte un ancien salarié de BNP Paribas Suisse.

En décembre 2013, BNP Paribas a finalement pris des mesures radicales à l’égard de sa filiale suisse. Soixante à soixante-dix salariés ont été licenciés. Le groupe a décidé de réduire drastiquement son activité dans le négoce de matières premières.

 

  • Pourquoi la justice américaine intervient-elle maintenant ?

C’est un usage très établi aux États-Unis. La justice américaine se considère comme fondée d’intervenir contre toute entreprise travaillant sur son territoire et contournant les lois américaines. En 1991, la banque italienne Banco del Lavoro – rachetée depuis par BNP Paribas – a ainsi été condamnée pour violation de l’embargo sur l’Irak, et son dirigeant emprisonné. Dans cette affaire, les opérations avaient été réalisées à partir de sa filiale d’Atlanta.

À partir de 2009, les autorités américaines ont durci leur position. La crise financière de 2008 était passée par là. Au plus fort de la tourmente, après l’effondrement de Lehman Brothers, c’est la Réserve fédérale qui avait dû se porter au secours du système bancaire international. Alors que le système interbancaire était complètement gelé, elle avait notamment distribué des milliards de dollars aux banques européennes pour leur porter secours. Cela avait permis d’éviter l’effondrement du système bancaire européen et mondial.

À partir du moment où la Réserve fédérale se portait garante des banques européennes et approvisionnait le système mondial en dollars, les législateurs américains ont considéré que les autorités américaines étaient fondées à exercer un droit de regard sur toutes les banques. Une circulaire a été, selon nos informations, envoyée à toutes les banques travaillant sur le sol américain pour les avertir de leurs obligations de se conformer en tout point à la législation américaine, y compris à l’étranger.

 Le contournement des embargos décrétés par le gouvernement américain par des entreprises étrangères, même en dehors des États-Unis, redevint au centre des intérêts de la justice américaine. Mais ce fut d’abord sur la pointe des pieds. En 2009, BNP Paribas, qui s’est plié aux enquêtes des autorités américaines menées chez elle, pense n’avoir aucun problème. Elle signale juste l’existence d’un litige avec la justice américaine, au détour de son rapport annuel. En 2012, le rapport annuel de BNP Paribas Suisse reste tout aussi discret sur les poursuites aux États-Unis. Elles sont signalées comme un risque parmi tant d’autres. Ce n’est qu’en mars dernier que BNP Paribas a annoncé que la situation devenait sérieuse. Elle provisionnait alors 1,1 milliard d’euros pour face aux amendes qu’elle pouvait encourir aux États-Unis.

 

  • Y-a-t-il un emballement de la justice américaine ?

À voir l’envolée en quelques semaines des pénalités annoncées, certains observateurs ont le sentiment que la justice se livre à une surenchère médiatique à destination des contribuables américains. La colère de l’opinion publique américaine contre Wall Street et le monde bancaire n’est pas retombée depuis la crise. La justice américaine est particulièrement visée, accusée d’avoir fait preuve d’un laxisme coupable à l’égard des banquiers et d’avoir organisé leur impunité. Après le « too big to fail », les Américains reprochent à la justice d’avoir mis en place le « too big to jail ». « Aucun banquier n’est allé en prison », se sont indignés de nombreux observateurs.  

Face à ces critiques fondées et de plus en plus acerbes, le monde judiciaire tente de se disculper. Les responsables du département de la justice et des autorités de régulation multiplient des déclarations pour indiquer que le temps de l’impunité est terminé pour les banquiers. Ces derniers mois, les banques américaines ont payé des amendes records – 13,5 milliards de dollars pour JP Morgan, par exemple – dans le cadre de multiples procédures, touchant aussi bien les subprimes que les manipulations en tout genre des marchés – change, libor, or, etc.

Début mai, le ton est monté d’un cran. Eric Holder, procureur général des États-Unis, a annoncé publiquement qu’il n’y avait aucun groupe « trop grand pour éviter la prison » et que la justice travaillait la main dans la main avec les autorités de régulation financière pour poursuivre tous les cas répréhensibles. « Cette coopération sera essentielle dans les semaines et les mois à venir, alors que le département de la justice poursuit plusieurs enquêtes. Je ne donne aucun objectif particulier, mais je dis que je supervise personnellement les enquêtes en cours, et j’entends qu’elles aboutissent », indiquait-il. À l’appui de ses dires, il citait deux noms : Crédit Suisse et BNP Paribas. Le 19 mai, la banque suisse a accepté de plaider coupable et de payer une amende record de 2,6 milliards de dollars pour fraude et évasion fiscale .

 

  • Les poursuites de la justice américaine sont-elles fondées ?

Sortant de sa réserve proverbiale, le gouverneur de la banque de France, Christian Noyer, a volé au secours de BNP Paribas ces derniers jours. « Nos services ont vérifié que toutes les transactions incriminées étaient conformes aux règles, lois, réglementations, aux niveaux européen et français», a-t-il déclaré. La Banque de France, a-t-il insisté, n’a constaté «aucune contravention à ces règles, ni d’ailleurs aux règles édictées par les Nations unies».

C’est un des problèmes essentiels de droit soulevé par les poursuites de la justice américaine. Dans quelle mesure est-elle fondée à imposer la loi américaine, sous le seul prétexte que les opérations ont été réalisées en dollar, seule monnaie de réserve internationale ? Est-ce à dire que toutes les transactions en dollar dans le monde sont susceptibles d’être poursuivies ? Que deviennent dès lors la souveraineté nationale des autres pays, le droit international ? Est-ce à dire qu’il n’y a plus qu’une seule loi, la loi américaine, dès que l’on touche au commerce international, parce qu’il se fait en dollar ?

Droit international contre droit américain

Ces questions et d’autres encore soulèvent de nombreuses interrogations dans le monde du droit. « Autant les sanctions contre une banque pour évasion fiscale, corruption, blanchiment sont  légitimes. Autant les poursuites pour contournement d’embargo, si les opérations ne sont pas réalisées à partir du territoire américain mais seulement parce qu’elles sont en dollar, paraissent plus discutables. Par le biais du dollar, les Américains imposent une vision extensive de leur politique internationale, alors que celle-ci ne fait pas consensus », insiste Stéphane Bonifassi, avocat chez Lebray & associés, spécialiste du droit international.

« Sur les problémes fiscaux, je peux comprendre que les Américains fassent pression et aillent jusqu'au bout. Mais avec des embargos de type cubain, cela devient quelque chose d'absurde. L'Europe doit se manifester, surtout si cela concerne des faits qui remontent à 2002, une époque où la perception était totalement différente. Face aux Américains, il n'existe aucune institution permettant de trancher, et vous êtes obligés de vous soumettre à la procédure. Nous sommes dans le domaine de l'excessif et aujourd'hui tout est ouvert, même l'interdiction pour BNP Paribas de faire des transactions en dollars », relève un ancien banquier suisse.

Rare politique à s’emparer du sujet pour l’instant, le député UMP Pierre Lellouche, a réagi, vendredi 30 mai, de façon très critique à l’annonce d’une possible amende de 10 milliards de dollars pour BNP Paribas. Il a jugé « particulièrement choquante et exorbitante l’amende que menace d’imposer le gouvernement américain sur la banque française BNP Paribas, au motif que celle-ci aurait contourné les embargos prévus par la loi américaine, à l’égard de certains pays comme l’Iran, le Soudan ou Cuba». « De telles sanctions, comme de tels embargos, poursuit-il, ne peuvent se justifier que s’ils font l’objet d’accords multilatéraux entre États souverains, conclus sur le principe de la réciprocité. En s’arrogeant un droit d’extraterritorialité de ses propres lois nationales sur des sociétés étrangères, au motif que celles-ci violeraient la loi américaine, les États-Unis fragilisent le droit international.» Selon Pierre Lellouche, « il ne serait pas admissible que le gouvernement français reste sans réaction devant de telles mesures, au moment même où l’Union européenne est engagée dans la négociation d’un accord de commerce de libre échange avec les États-Unis, lequel ne saurait être fondé que sur le principe de réciprocité», insiste-t-il.

Beaucoup, en France comme à l’étranger, s’étonnent du silence du gouvernement français sur le dossier, et sur ce point précis du respect du droit international. Est-ce parce que le gouvernement français a opté pour des négociations discrètes en coulisses auprès des autorités américaines, comme certains le suggèrent ? « Les Français ont tiré les leçons de l’affaire Executive Life (la France avait été condamnée en 2004 à payer 1 milliard de dollars pour contournement de la législation américaine sur les assurances commis par le Crédit Lyonnais – Ndlr). Les autorités ont compris les avantages de la discrétion, dans de tels dossiers », veut croire un banquier. D’autres sont plus critiques, se demandant si le gouvernement, si faible dans tant de domaines, a encore la capacité ou la volonté d’intervenir. Certains veulent voir en tout cas dans ce dossier BNP Paribas un avant-goût de ce que pourrait être le traité commercial transatlantique. « Le dossier BNP Paribas va peser sur les discussions entre l’Europe et les États-Unis », affirme un observateur.

 

  • BNP Paribas a-t-il eu le bon comportement face à la justice américaine ?

Si les poursuites de la justice américaine contre BNP Paribas paraissent à beaucoup exorbitantes au regard du droit international, de nombreuses questions se posent, malgré tout, sur l’attitude de la banque dans cette affaire. Pendant des années, elle a semblé minimiser le problème. « Paribas, puis BNP Paribas, ont empoché des bénéfices colossaux, pendant plus de trente ans. Les responsables n’ont vu que cela. Ils savaient qu’ils avaient un problème. Mais ils ont préféré faire comme s’il n’en était rien. Quand on est banquier, que l’on travaille aux États-Unis, il est impossible d’ignorer la législation américaine et les risques que cela comporte. Même si leurs opérations ont été réalisées à partir de la Suisse, ils ne pouvaient pas ignorer que cela risquait de leur revenir en boomerang », explique un banquier, connaisseur du dossier.

« Executive Life aurait dû être une alerte pour les entreprises françaises. Elles n’ont pas compris qu’il y avait des règles aux États-Unis et qu’il fallait les respecter. À la différence de la France où on s’arrange toujours avec les lois. Le système américain est redoutable dans ce cas », relève, de son côté, Stéphane Bonifassi.

Outre le fait d’avoir caché la situation, les observateurs s’interrogent sur la bonne volonté de BNP Paribas de coopérer avec la justice américaine. Selon le Wall Street journal, toujours lui, la banque n’aurait pas pleinement aidé la justice américaine et lui aurait caché certains faits. L’envolée des pénalités éventuelles, les nouvelles exigences posées en quelques semaines par les procureurs américains traduisent, selon les connaisseurs du système américain, la fureur de la justice américaine face aux dirigeants de BNP Paribas, peut-être trop arrogants, en tout cas, ne jouant pas le jeu.

« Toute la justice pénale américaine repose sur la prime à celui qui collabore. Ce n’est ni dans la culture ni les habitudes d’une banque française. Pour BNP Paribas, quel intérêt d’aller voir un juge pour reconnaître ses fautes ? Elle ne l’a jamais fait en France. La justice transactionnelle, qui est la base du système américain, lui est totalement inconnue », insiste Stéphane Bonifassi.

Le comportement de la direction de BNP Paribas, cependant, pose question à certains observateurs. Pour eux, la banque a toutes les compétences, tous les moyens, les armées de juristes et d’experts du droit à sa disposition, pour adopter les bonnes mesures face à la justice américaine. D’où vient alors le blocage ? « La direction de la banque ne s’est-elle pas retranchée dans une position arrogante, afin de protéger certains responsables, de ne pas toucher son système de pouvoir ? » se demande un banquier, grand connaisseur de BNP Paribas. À voir la composition du conseil d’administration de BNP Paribas Suisse, l’interrogation peut être soulevée. « En tout cas », poursuit-il, « la question de qui savait quoi et quand va inévitablement se poser. Les actionnaires comme les autorités de régulation, que ce soit l’autorité de contrôle prudentiel ou l’autorité des marchés financiers, vont demander des comptes », poursuit-il.

  • Que risque vraiment BNP Paribas ?

À ce stade, rien n’est encore fixé. Les informations données par la presse ne sont que des demandes. Et les négociations se poursuivent. BNP Paribas, cependant, paraît en passe d’être condamnée à une amende record. La direction de la banque aurait évoqué le chiffre de 8 milliards de dollars. Le montant de l’amende semble dépendre du fait que la banque accepte de plaider coupable, comme le demande la justice américaine. Pour l’instant, la direction de BNP Paribas n’a pas indiqué ses intentions.

Outre le montant, cette condamnation pourrait lui porter un grand tort dans ses activités financières. Les fonds de pension notamment n’ont pas le droit de confier leur argent à des entreprises condamnées. Or BNP Paribas finance beaucoup ses activités internationales en dollars par le biais de Sicav monétaires aux États-Unis.

La banque pourrait aussi se voir interdire de mener des opérations de compensation en dollar pendant quelque temps. Les avis divergent sur la portée de cette sanction. Selon certains, la difficulté pourrait être très facilement contournée : BNP Paribas peut confier ses opérations à d’autres intermédiaires qui les réaliseraient pour elle. Le coût de ces opérations est minime, autour de 0,01 %. Pour d’autres, cette sanction pourrait détourner une partie de sa clientèle, qui préférerait s’adresser à des établissements pouvant les réaliser directement. Ils ajoutent que toute la procédure fait porter un risque de réputation pour la banque.

Enfin, le département américain de la justice réclamerait la sanction d’un certain nombre de responsables, impliqués dans les opérations de contournement de l’embargo. La sanction, le licenciement voir l’interdiction de l’exercice du métier bancaire, concernerait-elle les responsables directs de opérations condamnées par la justice américaine ? Ou irait-elle au-delà ? Mystère.

 

  • Deux poids, deux mesures ?

« Eric Holder, frusté par les allégations selon lesquelles il refuserait de poursuivre les banques, est en train de faire de son mieux pour détruire une banque particulière : une banque française, à ne pas confondre avec une banque américaine naturellement. Après tout, cela renforce la position du département de la justice. Quoi qu’il en soit, en Europe, où d’abord Crédit Suisse et maintenant BNP est en train d’être crucifié, l’ordre judiciaire américain n’a jamais été aussi fort », ironise le blog financier Zéro Hedge

La remarque va droit au cœur des banquiers européens. Ceux-ci commencent à se demander s’ils ne sont pas devenus la cible privilégiée de la justice américaine. Les grands noms américains de Wall Street, responsables directement de la crise financière de 2008, insistent-ils, ont jusqu’à présent été relativement épargnés. Goldman Sachs s’en est tiré avec 500 millions d’euros d’amende. Citi ou Bank of America ont aussi limité la casse. Il n’y a que JP Morgan, qui a dû payer 13 milliards de dollars en 2013. Et encore, aucune d’entre elles n’a dû plaider coupable, relèvent-ils.

Les banques européennes, en revanche, sont toutes en train de passer à la caisse. HSBC a dû payer plus d’un milliard de dollars, UBS 700 millions, Crédit Suisse 2,6 milliards d’euros. Elles ont été condamnées pour fraude et évasion fiscale. Mais comment justifier une amende de 10 milliards  pour contournement d’un embargo décrété par le gouvernement américain ? D’autant qu’en la matière, le gouvernement américain a une vision très particulière du sujet. PSA l’a appris à ses dépens. Dans le cadre de l’embargo contre l'Iran, il est fait interdiction de construire et de vendre des voitures dans le pays. Les activités de PSA en Iran, où le groupe a une filiale, se sont écroulées. En revanche, le commerce des pièces détachées automobiles est resté autorisé avec l’Iran. Chance : GM y vend beaucoup de pièces détachées.

« Tout cela est d’une parfaite hypocrisie. Les groupes américains sont aux portes de la frontière iranienne pour y travailler. Un certain nombre d’entre eux passent par des intermédiaires pour y faire du commerce. Et ils attendent tous la levée de l’embargo sur l’Iran pour s’y précipiter », relève un connaisseur du dossier.

 

  • Quelles conséquences à plus long terme ?

Tant que la condamnation de BNP Paribas et le montant de l’amende n’ont pas été fixés, il est difficile d’évaluer les conséquences de ces poursuites. Elles risquent cependant d’être lourdes. Déjà, la réputation de BNP Paribas est sérieusement mise à mal. Les dirigeants de la banque, qui avaient, avec une arrogance certaine, l’habitude de présenter leur banque comme un établissement exemplaire, à l’abri de toutes les turpitudes du monde financier, sont fragilisés. À un moment ou à un autre, il pourrait leur être demandé des comptes. La banque risque d’être déstabilisée.

Un autre point soulève des interrogations : dans quelle mesure les autorités américaines, en s’intéressant aux activités de négoce de matières premières et en condamnant des activités essentiellement réalisées en Suisse ne sont-elles pas en train de s’attaquer à la position de Genève comme base internationale du commerce du pétrole ? Pour l’instant, ces questions relèvent de la simple conjecture. Rien n’indique que les États-Unis, après s’être attaqués à la Suisse comme centre d’évasion fiscale, veuillent aussi remettre en cause ses positions dans le commerce des matières premières. Mais si d’autres poursuites, du même genre, sont engagées, le doute ne sera plus permis.

À plus long terme, si la justice américaine met en œuvre une vision extensive de ses compétences, et considère que toute utilisation du dollar relève des lois américaines, cela pourrait avoir des conséquences bien plus lourdes que ne l’anticipent les États-Unis. Le statut du dollar comme seule monnaie de réserve internationale est contesté. Déjà plusieurs pays pétroliers parlent de libeller leurs échanges en euros. L’Iran a déjà commencé à le faire. La Chine et la Russie ont signé un accord, il y a quinze jours, pour négocier leurs échanges dans leur monnaie, en se passant de la monnaie américaine. Elles appellent tous les pays émergents – Brésil, Afrique du Sud, Asie – à venir les rejoindre, afin d’échapper à la tyrannie du dollar et de protéger leur économie des mouvements excessifs des capitaux.

Si le dollar, déjà perçu comme une monnaie dépréciée, devient aussi une monnaie dangereuse, ouvrant la porte à toutes les poursuites, en dehors du droit international, le mouvement de fuite pourrait s’accélérer. Les banques européennes pourraient s’y rallier. Pour les États-Unis, les poursuites contre BNP Paribas deviendraient alors plus contre-productives qu’ils ne le pensent. Cela pourrait même s’appeler se tirer une balle dans le pied.

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 18:06

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Arrêt sur images 30/05/2014 à 11h05
Les Etats-Unis contre la BNP : silence politique en France
Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images

 

 


Un panneau de la BNP à New York, en mai 2014 (RICHARD B. LEVINE/NEWSCOM/SIPA)

 

Mais où sont-ils ? Voici qu’en plein pont de l’Ascension éclate un coup de tonnerre – les Etats-Unis réclameraient à BNP-Paribas, selon le Wall Street Journal, une amende de 10 milliards de dollars pour violation de l’embargo sur Cuba, le Soudan et l’Iran – et pas un ministre sur... le pont, au radios du matin.

Où est Montebourg, le défenseur de l’industrie française ? Où est Valls ? Où est Hollande ? Où est Marine Le Pen, triomphatrice des élections, porte-drapeau de la souveraineté nationale ? Silence radio.

Christian Noyer à la rescousse

Seul Français à s’être exprimé sur l’affaire, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a timidement rappelé que la banque française avait respecté les réglementations française et européenne, ainsi que celle des Nations unies. Parfait. OK, guy. Mais insuffisant : c’est aux règles américaines qu’il fallait obéir (ce qui est apparemment reproché à BNP-Paribas est d’avoir commercé, en dollars, avec les pays sous embargo US).

Où sont donc les ministres français ? Aux abris. Pas un mot. Car non seulement le gendarme américain ne plaisante pas avec le dollar, mais il ne plaisante même pas avec les petits malins. Pour avoir joué à « même pas peur » lors de poursuites pour un autre motif (incitation à l’évasion fiscale), le Crédit Suisse a vu sa propre amende alourdie.

Vous faites le malin ? Vous paierez plein pot. Et encore heureux si on ne balance pas au public les noms des délinquants ( « name and shame »), comme l’en a menacé le régulateur des services financiers de l’Etat de New York, Benjamin Lawsky. Alors silence.

Rétrospectivement, la discrétion de la presse française sur ces poursuites, qui s’étirent apparemment depuis des années, est ahurissante. Que font donc les innombrables journalistes « embedded » dans la banque française ? Que savaient-ils ?

Où sont les gentils, où sont les méchants ?

Tout juste apprenait-on, ces dernières semaines, que Sapin, en visite aux Etats-Unis, avait appelé à la clémence – mais chut ! – et que les dirigeants de la banque avaient fait à la mi-mai le voyage de Washington et de New York, pour tenter de négocier une amende qui ne se montait alors qu’à deux milliards – en février dernier, la banque annonçait royalement provisionner quelque 800 millions pour payer l’amende, somme alors jugée astronomique, et la semaine dernière encore, l’agence Bloomberg parlait de cinq milliards.

A première vue, l’affaire est un défi aux polémiques en noir et blanc : l’hyperpuissance américaine contre la finance tricolore, la finance bien de chez nous, la finance qui croyait pouvoir ruser avec le gendarme. Ciel : dans cette sombre affaire, où sont les gentils, où sont les méchants ? Faut-il prendre le parti des procureurs américains ? Faut-il se ranger derrière la finance française (BNP, apparemment, redoute par dessus tout de perdre sa licence américaine, ce qui lui interdirait le trading aux Etats-Unis).

RTL, qui ne perd pas le nord, conseillait aux clients de la banque de surveiller leurs frais bancaires dans les prochains mois, des fois qu’elle souhaite répercuter l’amende sur ses clients, plutôt que sur ses actionnaires.

Disons que dans l’immédiat, l’affaire nous rappelle que rien n’est simple. Elle nous rappelle aussi – quelle surprise ! – qu’on peut imposer sa loi à la finance, à condition d’avoir un assez gros bâton.

Publié initialement sur
Arretsurimages.net
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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 18:00

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Justice

Ferme-usine des 1000 vaches : les opposants dénoncent une répression démesurée

par Sophie Chapelle 30 mai 2014

 

 

 

Au terme de 48h de garde à vue, cinq militants de la Confédération paysanne vont être déférés devant le parquet d’Amiens ce 30 mai. Ils sont poursuivis pour dégradations, vols et recels aggravés. Deux jours plus tôt, le 28 mai, ces syndicalistes ont participé aux côtés d’une cinquantaine de militants, à une action de démontage de la salle de traite de la ferme-usine des « Mille vaches » à Drucat (Somme). L’occasion de rappeler que ce projet est une « menace considérable pour l’avenir de l’agriculture paysanne » (notre précédent article).

En fin de matinée, quatre personnes sont interpellées sur le chantier et placées en garde à vue pour dégradations. En cours de journée, c’est au tour de Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, d’être arrêté. Dans l’après-midi, il s’est entretenu sur ce projet contesté avec Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture. Après un vif échange (voir la vidéo), Laurent Pinatel tend au ministre une des pièces prélevées sur la salle de traite. Ce dernier la refuse et souligne « l’illégalité » de l’action menée par la Confédération paysanne. Alors qu’il est en route pour soutenir ses camarades en garde à vue, Laurent Pinatel est interpellé vers 18h à la gare d’Amiens. Il est accusé de vol et recel aggravés.

« Nous ne sommes pas des délinquants ! »

Dans les heures qui suivent, des rassemblements de soutiens sont organisés devant les gendarmeries d’Abbeville et Amiens. Mais aussi à Mende, Besançon, Bordeaux, Alençon, Puy-en-Velay, Limoux, Rodez... Pour Novissen, l’association locale d’opposition au projet, la décision de prolonger leur garde à vue « est pour le moins surprenante s’agissant de militants ayant manifesté pacifiquement, à visage découvert, et présentant toutes les garanties de représentation ». Plusieurs représentants nationaux d’organisations associatives, politiques et syndicales viennent également manifester leur soutien aux inculpés devant le Palais de Justice de Paris. « Quand on voit d’un côté Claude Guéant repartir tranquillement chez lui, et de l’autre Laurent Pinatel traité comme un chien, on se dit qu’il y a deux poids deux mesures », confie Me Djamila Berriah, l’avocate de Laurent Pinatel, à Reporterre.

« C’est la troisième fois que des militants de la Confédération paysanne sont placés en garde à vue pour permettre à un industriel de construire une usine à lait » dénonce la Confédération paysanne. « La répression antisyndicale ne peut pas être une réponse au désarroi des paysans confrontés à la violence des projets agro-industriels. » L’entreprise de BTP Ramery, qui finance le projet d’exploitation, a annoncé pour sa part qu’elle avait porté plainte. « Le porteur du projet se félicite de la réaction des pouvoirs publics », précise le communiqué de l’entreprise qui évalue les dégâts à plus de 100 000 euros. Stéphane Le Foll assure de son côté que le projet des Mille Vaches relève d’une initiative individuelle en règle, menée par un entrepreneur, sans lien avec le gouvernement.

Photo : © Confédération Paysanne

 

[Mise à jour le 30 mai à 15h30] Les cinq militants de la Confédération paysanne sont libérés sous contrôle judiciaire. Ils sont convoqués au tribunal correctionnel d’Amiens le 1er juillet prochain à 9h. Le porte-parole, Laurent Pinatel, est convoqué pour recel de vol aggravé, les quatre autres pour dégradations et vol aggravé, ainsi que, pour deux d’entre eux, pour refus de prélèvement d’ADN, ont précisé les avocats des militants.

 


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Source : www.bastamag.net

 

 

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 17:43

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Coopérative alimentaire

Une alternative à la grande distribution en plein cœur de Paris

par Nadia Djabali 29 mai 2014

 

 

 

 

C’est dans l’un des quartiers les plus populaires de la capitale, la Goutte d’Or, qu’a ouvert Coop à Paris. L’enjeu, créer une vraie alternative à la grande distribution en soutenant l’activité des petits producteurs, tout en garantissant des prix accessibles. Depuis le lancement de la coopérative en janvier 2014, les familles du quartier adhèrent en masse et donnent de leur temps en contrepartie. Prochaine étape, la mise en place de paniers solidaires en vue de toucher les plus précaires.

« De la viande, des fruits, des fromages, des pâtes, des produits laitiers, une gamme alimentaire complète, et cela évoluera ! », prévient Christophe Pradal, l’un des initiateurs du projet. Début 2014, le 38 rue Myrha a vu l’inauguration de la boutique de l’association « Coop à Paris ». Celle-ci a pris ses quartiers sur les flancs de la butte Montmartre, dans l’un des endroits les plus populaires de Paris : la Goutte d’Or. Le statut est associatif car les structures juridiques coopératives en France nécessitent des collèges de salariés. Or ici, tout le monde est bénévole. « Cela nous oblige à vraiment mettre en place un fonctionnement collectif », poursuit Christophe Pradal.

Coop à Paris est une aventure de consommateurs citoyens. Leur désir : accéder à de bons produits à un prix raisonnable tout en soutenant une agriculture respectueuse de l’environnement. Ne voyant rien se profiler de tel sous le soleil parisien, ce petit monde décide d’ouvrir sa propre boutique et de contacter des producteurs. Pas d’intermédiaires pour les produits paysans mis en rayon. « Pour l’instant, les cinquante producteurs rencontrés sont tous bio, mais ce qui importe c’est le mode de production. Certains d’entre eux ne sont pas labellisés mais n’utilisent ni pesticides ni OGM », ajoute Catherine Canfrin, également à l’initiative du projet.

120 producteurs bio pour 12 millions d’habitants...

Les producteurs sont implantés dans l’Oise, en Charente, en Haute-Normandie, en Picardie, en Lozère et dans le Var. Coop à Paris a même traversé les Alpes jusqu’en Italie pour les pâtes et les figues. Pourquoi si loin de la boutique ? « Il y a cent vingt producteurs bios pour douze millions d’habitants en Île-de-France, constate Christophe Pradal. Soit un producteur bio pour 100 000 habitants. Ils sont sur-sollicités. » En l’absence d’offre suffisante en Île-de-France, Coop à Paris est donc obligé de s’approvisionner bien au-delà.

Dans ce contexte, le nerf de la guerre c’est le transport. « Si on règle le problème de transport, nombreux sont ceux qui sont prêts à livrer leurs produits : dans beaucoup de régions, les produits sont là mais avec peu de débouchés locaux », analyse Christophe Pradal. « Nous nous appuyons sur la notion de bassins de production, ajoute Catherine Canfrin. Quand on parle de solidarité et de mutualisation des outils, cela s’applique à la coopérative alimentaire mais également aux producteurs. Ces derniers sont déjà dans des réseaux et connaissent bien leur région. Nous n’hésitons donc pas à les solliciter quand on cherche des produits. Nous nous appuyons sur leur connaissance, leur réseau et leur bienveillance. »

Des produits de qualité à des tarifs accessibles

La Goutte d’Or étant un village, la nouvelle de la création de Coop à Paris s’y est répandue comme une traînée de poudre. Il faut dire que Christophe Pradal et Catherine Canfrin sont connus comme des loups blancs dans le quartier. Ils sont très investis dans l’Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) qui distribue désormais deux fois par mois ses paniers dans la boutique. La coopérative a démarré avec environ 150 adhérents. En trois mois, 120 adhérents ont gonflé l’effectif constitué quasi exclusivement de familles du quartier. « Quand nous avons commencé à communiquer sur ce projet, on s’est rendu compte que beaucoup de monde n’attendait que ça » se réjouit Catherine Canfrin. Il faut dire que le quartier ne comporte que très peu de maraichers y écoulant leurs légumes. Et pour ce qui est des fromagers, rien alentours.

Des produits de qualité donc, mais aussi des tarifs accessibles grâce au contournement des intermédiaires. Car la grande distribution pratique des prix très élevés en matière de bio. « Nous avons effectué un comparatif de prix avec les boutiques bio et la grande distribution, précise Christophe Pradal. Ramenés au kilo, les prix en grande surface sont incroyablement élevés. Ils ont des prix d’appel assez bas mais quand on sort des produits fabriqués à grande échelle, les tarifs s’envolent. Le pain, par exemple, peut monter jusqu’à 8 ou 9 euros le kilo ». Contact a été pris avec la boulangerie de la rue. Coop à Paris fournit les sacs de farine bio produite en Île-de-France, le boulanger la transforme. Le gros pain est vendu à la coupe 6,30 euros le kilo. « Ce prix reste tout de même élevé », reconnaît Christophe Pradal qui ne désespère de l’infléchir à terme.

S’ouvrir aux personnes précaires

Comment entrer dans l’association ? Première étape : adhérer. Il vous en coûtera 15 euros. « Et plus si affinités », sourit Catherine Canfrin. Puis participer à l’organisation de la boutique et de l’association. Cet investissement peut revêtir plusieurs formes : mise en rayon des produits, étiquetage, nettoyage. Mais également comporter des tâches administratives, la participation à des ateliers de travail, l’alimentation du blog, l’élaboration d’une newsletter, les relations avec les producteurs. « Nous ne sommes pas obligés de faire toujours la même chose, précise Catherine Canfrin. Les adhérents s’approprieront la structure selon leur envie. » Aucune tâche n’est obligatoire si ce n’est le temps à donner : une permanence par trimestre.

« La structure économique appartient à ses adhérents, et elle doit être animée par eux, conclut Christophe Pradal. Même si des salariés sont embauchés, même si la coopérative s’agrandit, nous voulons garder cette base participative qui nous semble le meilleur gage pour un projet coopératif. » Coop à Paris projette de mettre en place en septembre prochain des systèmes solidaires qui permettraient, par exemple, à des bénéficiaires du RSA de pouvoir acheter des produits bios à prix coutant (lire aussi l’initiative d’Alter-Conso en banlieue lyonnaise). « En gros, nos adhérents sont des classes moyennes ou des professions libérales, ou encore des militants de moins de cinquante ans. Il faut absolument qu’on arrive à sortir de ce schéma sociologique ».

Une coopérative alimentaire au service d’une agriculture paysanne

À quelques encablures, le projet très médiatisé de « La Louve » a installé son groupement d’achat rue de la Goutte d’Or. La Louve ouvrira un supermarché collaboratif en 2015, un peu plus au nord du quartier. La différence entre la Louve et Coop à Paris ? Au-delà de la taille de la boutique, 700 m2 pour la Louve contre 30m2 pour Coop à Paris, la Louve est principalement une coopérative de consommateurs qui souhaite proposer des prix très bas sur des produits de qualité tout en rémunérant correctement les producteurs. Elle agit en conséquence sur la réduction de ses coûts : 25 % des tâches de fonctionnement seront assurées par des personnes rémunérées, le reste étant assuré par les coopérateurs bénévoles. Mais compte tenu du nombre de produits en rayon et de leur provenance, il lui sera difficile de rester dans le circuit court. Quant au bio, il y est souhaité mais pas obligatoire.

Coop à Paris est très attaché au circuit court, qui élimine les intermédiaires entre consommateurs et producteurs. Ces derniers sont partie prenante du projet, explique Christophe Pradal : « On essaie de garder un équilibre entre tout petits producteurs sur lesquels on marge très peu (environ 5%) et des modes de production plus importants, comme la fromagerie du Larzac présente à Rungis, sur lesquels, on marge de 25% à 30% ». La coopérative est entièrement autofinancée. Elle souhaite cependant trouver dans les prochains mois une boutique plus spacieuse. Où ça ? À la Goutte d’Or, bien sûr.

Nadia Djabali

Infos sur : coopaparis.wordpress.com

 

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Source : www.bastamag.net

 

 

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 17:22

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Etape 30/05/2014 à 16h52
Semop : comment l’Assemblée nationale a renforcé le pouvoir des grands du BTP

Emmanuel Leclere, France Culture

 

 

 


L’hémicycle de l’Assemblée nationale, en avril 2014 (LCHAM/SIPA)

 

Le soir du 7 mai, dans un hémicycle de l’Assemblée nationale désert, quelques députés ont adopté la « loi Semop », du nom de ces futures sociétés d’économie mixte à opération unique. Ce sont des PPP (partenariat public-privé) qui n’en portent pas le nom, et qui sont moins encadrées. N’importe quelle collectivité locale pourra en créer afin de remplir une mission de service public.

Dix ans après l’apparition des partenariats publics privés, on commence à prendre la mesure des coûts réels, financiers et idéologiques de ces contrats, au-delà des scandales ou des révoltes politiques comme celle des Bonnets rouges sur l’écotaxe. Avec les Semop, une nouvelle étape est franchie.

Ces Semop permettront aux élus de faire financer toutes sortes de projets urbanistiques par des entreprises du BTP... Des élus présideront le conseil d’administration des Semop avec une minorité de blocage. Mais le maître d’ouvrage et le réalisateur pourront être les mêmes. Par exemple, Bouygues, Vinci ou Eiffage prendront un poids important et deviendront commanditaires de travaux qu’ils auront commandités...

« C’est une procédure qui n’est pas vertueuse »

L’ordre des architectes, qui dénonce déjà depuis dix ans les PPP (qui ne représentaient jusque-là malgré tout que 7% de la commande publique) est vent debout contre cette nouvelle extension de ces partenariats. Il y voit le risque d’une perte d’indépendance des architectes, mais aussi un risque pour l’intérêt général...

Ce vendredi soir, à 18h15, le magazine de la rédaction de France Culture revient sur les dérives du PPP. Les journalistes du magazine ont interrogé la présidente de l’ordre des architectes, Catherine Jacquot. Elle dénonce une porte ouverte aux conflits d’intérêts :

« C’est une procédure qui n’est pas vertueuse et qui induit pour tout le monde des conflits d’intérêts potentiels. Le partenaire privé, qui sera actionnaire de la Semop, sera juge et partie, puisqu’il réalise en réalité les travaux. Si ça se passe mal, s’il y a contentieux, on ne voit pas comment la collectivité locale pourra faire valoir l’intérêt général. »

Catherine Jacquot dénonce les Semop lien

Selon elle, cette réforme va favoriser les architectes vedettes qui ne cherchent plus le meilleur rapport qualité-prix...

Publié initialement sur
France Culture

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 17:14

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com


 

Emprise 29/05/2014 à 17h39
Chantage : Google, Apple et Amazon, les tontons écrabouilleurs
Philippe Vion-Dury | Journaliste Rue89

 

 

Google qui saigne les labels de musique indé, Amazon qui tente d’enterrer une maison d’édition récalcitrante et Apple qui censure la nudité : les géants du Net n’hésitent pas à jouer la carte du chantage.

 


Des miettes dans une assiette (Pboyd04/Flickr/CC)

 

Ces quatre-là ne font pas trop démonstration de leur puissance, leur coercition est douce. Elles privilégient toujours l’influence à la pression. Elles cultivent l’image sympathique des « success stories ». Elles sont nos amies, rendant service au consommateur en élargissant toujours davantage le champs des possibles. Et pourtant, les quatre géants du Net, les fameux « Gafa » (Google, Apple, Facebook, Amazon), assoient peu à peu sur nous leur empire et leur emprise.

Parce qu’elles sont habiles dans leur communication, les mots « trust », « cartel », « oligopole », « monopole », « entente » et « prédation » ont été gommés des articles et de l’imaginaire des consommateurs. Comme si la puissance n’avait finalement pas vocation à être exercée.

Depuis quelques mois, le retour à la réalité est brutal pour de nombreux acteurs affaiblis par la « révolution numérique ». Et ça vous concerne aussi.

1 YouTube : pour les labels indé, c’est « marche ou crève »

 

Vous êtes peut-être un grand amateur de musique indé, vous adulez des labels comme Naïve ou Ninja Tune. Vous êtes persuadé qu’un label de musique indé est nécessairement indépendant. Vous avez tout faux.

Il y a un marionnettiste, qui s’appelle YouTube, ou Google si on remonte la chaîne de commandement. L’immense base de données de l’entreprise regorge de musique qui représente plus d’un tiers du trafic.

Le site est devenu une vitrine pour les artistes et labels, un tremplin pour diffuser des morceaux, toucher des auditeurs auparavant inatteignables, et se rémunérer via les ventes générées par cette notoriété nouvelle ou la publicité sur les vidéos.

Adieu la vente, bonjour l’abonnement

Mais récemment, YouTube a décidé qu’il en avait assez. L’écroulement des ventes de morceaux numériques, presque aussi important que celui des CD, ne lui a pas échappé. Pas plus que la croissance d’acteurs du streaming comme Spotify et ses 10 millions d’abonnés premium.

 


Capture d’écran de l’icone de blocage sur YouTube

 

La musique sur son site sera donc bientôt payante, bien que l’accès à une partie des vidéos devrait rester gratuit (« lolcats », bandes annonces, etc.). L’utilisateur paiera quelques euros pour les morceaux de musique avec de la pub, le double sans pub. C’est le droit de YouTube, mais quid des labels ?

Un deal façon prise d’otage

L’entreprise leur propose un deal : ils restent sur la version payante YouTube, Music Pass, et le site leur verse une somme pour chaque écoute plutôt que des revenus liés à la pub dans un modèle gratuit. La rémunération ? Inférieure de 10% celle que propose Spotify, déjà le plus bas du marché ou presque. Et s’ils refusent, pas le choix : ils seront aussi supprimés de la partie gratuite.

Les indés se sont rebellés, YouTube ne leur offrant aucune marge de manœuvre. A prendre ou à laisser, et si vous n’êtes pas contents, on vous supprime du plus grand site de musique du monde...

Les perdants : les indés, la culture et vous

Certes, YouTube a le droit de gérer sa plateforme comme il l’entend, et il faudrait être naïf pour penser que pareille entreprise ne chercherait pas à rentabiliser au maximum ses services.

La situation pose pourtant un problème de taille : l’entreprise est quasiment incontournable et a écrasé tous ses concurrents, laissant les créateurs dans une situation de dépendance avec peu ou pas d’alternative. Un peu comme si, à une autre époque, les fabricants de CD avaient décidé quels artistes auraient le droit d’être gravés sur leur support...

2 Amazon : petite leçon d’autodafé numérique

 

D’un côté, nous avons Amazon, entreprise américaine fondée en 1997 qui génère un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros et pèse près de 150 milliards d’euros en bourse. Surtout, l’entreprise détient à elle seule 70% des parts du marché de la vente en ligne de livres à l’heure où les Français achètent de plus en plus sur Internet.

De l’autre, nous avons Hachette, éditeur traditionnel qui pouvait, jusqu’à récemment, se reposer sur un réseau de libraires indépendants.

Bousculés par Internet, les libraires sont entrés en crise, beaucoup ont dû fermer. Aujourd’hui, au moins 20% des livres (les vrais, ceux en papier) sont commandés sur le Web, sans compter le marché de la lecture sur liseuse où Amazon est leader grâce à sa Kindle. L’entreprise est devenue l’acteur incontournable d’une relation inégale.

La disgrâce d’Hachette

Imaginons que vous ayez découvert depuis peu Malcom Gladwell, journaliste américain et auteur à succès. Vous avez un train de vie, une situation géographique ou un appétit littéraire qui vous pousse régulièrement à vous tourner vers Amazon qui offre un gros catalogue, un bon prix et des délais de livraison sans égal.

La surprise est grande lorsque vous tentez de commander les derniers ouvrages de Gladwell : ils ne sont pas tous disponibles, leur prix est plus élevé qu’ailleurs et les délais de livraison vont de deux à trois semaines ! Vous êtes en réalité la victime collatérale du conflit asymétrique opposant Amazon et Hachette, l’éditeur de l’auteur.

Amazon révèle sa puissance de feu

Amazon sait qu’une grande partie de son succès est due à des prix tirés vers le bas. Il a donc récemment demandé à Hachette, parmi d’autres éditeurs, de rogner ses marges, ce que l’éditeur a refusé.

La riposte d’Amazon ne s’est pas faite dans la sensibilité :

  • subitement, les boutons de précommande des livres édités par Hachette ont disparu ;
  • les prix ont commencé à grimper ;
  • le design de la page sur Amazon a évolué et les algorithmes de recommandation ont été bidouillés pour mettre en avant des concurrents de Hachette ;
  • les délais de livraison sont passés de quelques jours à plusieurs semaines ;
  • certains ouvrages ne sont plus disponibles car en rupture de stock (préméditée, vous l’aurez compris)...
Un gagnant, et beaucoup de perdants

Un conflit classique... Personne ne contesterait le droit à une librairie de choisir les éditeurs qu’il va mettre en rayon. Mais jamais dans l’histoire une chaîne de librairies n’a accaparé 70% des ventes de livres : il a toujours été possible d’aller une rue plus loin, chez un concurrent, pour se procurer un ouvrage.

Pour résumer, la situation dominante d’Amazon va coûter cher :

  • aux maisons d’édition en disgrâce qui vont soit rentrer dans le rang et baisser leurs marges, soit se tourner vers des concurrents qui ne pèsent pas bien lourd ;
  • aux auteurs de ces éditeurs (a fortiori ceux dont la notoriété est encore mal assise) qui seront moins visibles ou moins rémunéré ;
  • aux lecteurs qui vont payer plus cher pour se procurer les ouvrages concernés ou rester sur Amazon et avoir un catalogue amoindri ;
  • à la littérature, moins accessible et moins rémunératrice pour les créateurs.

3 Apple : cachez ce sein que je ne saurais voir

 

Vous êtes un dessinateur de bande dessinée ou un auteur qui aime, dans son œuvre ou en couverture, mettre en avant la nudité ou la sexualité. Rien de pornographique, mais un soupçon d’érotisme avec quelques chutes de reins ou tétons s’échappant sournoisement du décolleté.

Si vous souhaitez publier votre œuvre en format numérique, préparez-vous à quelques désagrément sur l’Apple Store, qui représente 20% du marché. Les exemples sont nombreux :

 


Couverture du livre de Bénédicte Martin « La Femme » (Editions des Equateurs)

  • en mars 2014, avant de faire machine arrière sous la pression, Apple a censuré le roman « La Femme » au motif que sa couverture était « inappropriée » (une sorte de lame avec un buste de femme nue) ;
  • les livres de photos « Hippie 1 » et « Hippie 2 », du danois Peter Ovig Knudsen, ont été retirés pour leur contenu trop suggestif ;
  • le mensuel scientifique espagnol Muy Interesante a été censuré, Apple considérant qu’un homme nu se cachant le pénis pour illustrer un sujet sur le sexe était trop « pornographique » ;
  • dans une bande dessinée adaptant le « Ulysse » de James Joyce, deux planches où l’on voyait une déesse nue ont été pendant un temps ôtées...

La couverture du mensuel espagnol Muy Interesente censurée par Apple

 

Certains cas concernent également Amazon, qui se partage le marché du livre numérique avec Apple, bien que l’entreprise soit plus souple en la matière et se soit déjà excusée dans le passé.

La même réflexion pourrait être faite à propos de Facebook, qui tolère des groupes ouvertement racistes tout en censurant toute photo « inappropriée ». Rue89 en a fait les frais.

Américains prudes et Européens libérés

 


Couvrez ce sein... Images de la BD « Ulysses Seen » (Robert Berry)

 

Les Américains, comparés aux Européens, sont très prudes : c’est leur conception des bonnes mœurs : pourquoi pas ?

Le problème est que le catalogue ou le service n’est pas adapté culturellement à une Europe beaucoup plus souple sur ces questions. Quelques seins ne créent pas tant d’émoi sur le vieux continent.

Pourtant, si ces entreprises venaient de pays intégristes ou dictatoriaux, nous tolérerions très mal qu’on nous impose de telles restrictions décidées au noms des bonnes mœurs ou de la religion de ces pays.

Apple, Amazon... Les censeurs de demain ?

Jusqu’où cette censure peut-elle aller ? Aujourd’hui, elle touche au nu, mais ne s’exercera-t-elle pas un jour sur des livres jugés idéologiquement dangereux par ces entreprises, ou contraire à leurs intérêts économiques ?

Il est également aisé pour ces plateformes de recourir à une censure plus subtile : celle de la recommandation. Il suffirait de programmer l’algorithme vous proposant des ouvrages, en fonction de vos goûts, de telle sorte que les œuvres « inappropriées » soient sous-pondérées : personne ne connaît la recette de ces algorithmes.

Parano ? Le New York Times a déjà relevé il y a un an qu’un livre intitulé « Amazon : la boutique à tout vendre » était « non disponible » sur la plateforme. Ecrit par le journaliste Brad Stone, cet essai révèle notamment comment Jeff Bezos, le patron d’Amazon, suggère de traiter les éditeurs affaiblis comme « un guépard pourchasse une gazelle malade ».

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 16:53

 

 

*RV demain, samedi, sur le terrain de Caveirac  à partir de 13h jusqu'à 19h minimum et dimanche aussi.
Pensez à prendre un casse croute si vous voulez manger avec nous.

 

 

 

Terre, état des lieux, Mai 2014

 

 

Un peu plus d’un mois après l’acquisition du terrain …

 

Tout d’abord, rangement général car il traînait (et il traîne encore) sur le terrain toutes sortes de matériaux, bois, ferrailles, gravats, plastiques…L’évacuation est en cours mais tout n’est pas à jeter. Il est surtout parti les plastiques, toutes sortes de bidons contenant ou ayant contenu des produits toxiques (huiles, carburants, pesticides…), pas mal de gravats (éviers écornés, parpaing cassés…) ainsi que toutes sortes de ferrailles.

 

Ensuite il a fallu caser tout ce que Marleen et Luc n’ont pu garder dans leur nouveau logement ce qui fait que, en un sens, nous avons enlevé du bordel pour en remettre…mais du bordel « utile » !

 

Le terrain a été ensuite défriché, à la tondeuse là où c’était possible, à la débroussailleuse là où c’était nécessaire. Les résidus végétaux ont été conservés, mis en tas, ébauches possibles de buttes de permaculture.

 

Quelques arbres morts ont été supprimés (il en reste), d’autres taillés, notamment les oliviers qui ont désormais belle allure et sont couverts de fleurs. Globalement le verger est à refaire, les cerisiers sont mourants (les étourneaux ont mangé les quelques fruits parvenus presque à maturité), les abricotiers guère plus vaillants. Les plus « vivants » sont les poiriers et les pommiers qui se sont ressemés un peu partout, mais doivent encore montrer leurs capacités à fructifier. Refaire le verger est une bonne opportunité pour réorganiser les lieux : il faut penser à « casser » le vent donc à recréer des rangées est/ouest tout en laissant plus de place aux potagers et aux futures serres. Il faut créer des haies diversifiées, d’arbres caducs (ou pas) de haut jet au nord (à la place ou entre les lauriers roses), d’arbustes florifères et fructifères ailleurs pour créer des abris à la faune « auxiliaire » (et aux étourneaux…on recherche faucons crécerelles, crécerelettes, éperviers et autres buzards, envoyer CV et lettre de motivation…). Le premier terrain, étroit ayant partiellement servi de dépôt à matériaux (graviers, sables, terre, cailloux), pourrait être presque entièrement planté en verger  et cultures pérennes (asperges, petits fruits, artichauts etc..). On pourrait y faire un poulailler. Cela fera un parking ombragé.

 

L’activité principale a été de monter la datcha des apparatchiks, gérants futurs du stalag. Trois week-end y ont été entièrement consacrés : fondations, structure porteuse, montage, nouveau toit. C’est fini et à l’heure qu’il est, il est propre et sent bon le savon noir à l’huile de lin. Il reste à faire une terrasse devant (et un bon escalier, il est « haut sur pattes »…), à cacher les fondations et à le meubler (table, canapé, étagères…) ce qui libérera de la place dans le mazet et le hangar (et chez Marleen). Il sera par la suite lasuré pour l’hiver, équipé de chenaux pour récupérer l’eau de pluie, doté de panneaux solaires et, peut-être, d’un poêle à bois. Le mazet fera office de cuisine (frigo+cuisinière, à gaz) et de dépôt d’outils pour bricolages divers.

 

Un petit carré de terre a été labouré, suite aux faibles pluies tombées en fin de mois. La terre (si humide) est douce et légère, un peu sableuse, profonde. Il a été planté une vingtaine de pieds de tomates (« Cherokee Purple », « Russe », puis « Marmande » et autres suite au cadeau de fête des mères de Marleen). Un rang de poireau aussi. On n’a pas eu le temps et l’opportunité de faire plus mais si la terre est « travaillable » dans les jours prochains il y aura à planter une collection de courges diverses et des haricots.

 

Pour l’instant l’arrosage se fait à l’eau de pluie de récupération (on a monté provisoirement sur le mazet des chenaux alimentant deux gros bidons). Le puit n’est pas très commode : il faut descendre sur un premier palier, jeter un seau, le remonter, regrimper l’échelle d’accès…Le point positif c’est qu’il y a une grosse réserve d’eau et que, selon les voisins, il s’agit d’un puits-citerne captant une source permanente (plus ou moins souterraine). Il n’a jamais manqué d’eau à cet endroit et le débit de renouvellement est important. On a donc une ressource fiable. Il reste à pouvoir la capter de manière pratique.

 

C’est le « chantier » futur. Le voisin (à l’entrée) nous a donné un vieux moto-pompe qui est en cours de révision (problème de carburation). C’est un beau cadeau et une super opportunité. Vieille mécanique simple et rustique il débite 6 m3/h et sera tout à fait suffisant pour le début. Il va falloir l’installer, tester l’installation existante. On pourra arroser et remplir les trois citernes en même temps. Cependant pour disposer d’eau propre (potable ? test en cours : on en a bu elle est bonne et fraîche et, pour l’instant, pas de symptôme « bizarres ») nous allons aussi installer une pompe à main avec un petit bac de réserve devant. Elle sera près du puits, sur le côté du mazet « eau » qui servira aussi à stocker les outils de jardin. Ce sera plus pratique et moins bruyant que de démarrer le moto-pompe à chaque fois qu’on veut un peu d’eau (boire, se laver, faire la vaisselle ou du ciment).

 

Moralité de tout ceci et perspectives futures :

 

Avec un peu d’huile de coude, les choses avancent à grand pas, sur le plan matériel. Nous bâtissons un lieu accueillant et agréable et le travail futur s’annonce passionnant, nous sommes sur une terre « vierge », un espace encore informe, abandonné. Il y à tout ou presque à faire, à créer, à modeler. C’est une opportunité formidable et un plaisir fantastique.

 

Travail ? Ben oui évidemment…faut se lever le matin, piocher, scier, pelleter, charrier…cela fait les mains calleuses et le dos raide, on cuit au soleil, on endure le mistral. Mais aussi on pense, on réfléchit à comment accorder ce que nous imaginons à la réalité concrète. Le résultat n’est jamais conforme aux prévisions, il faut aussi composer avec la matérialité qui ne se laisse pas faire comme prévu car, chance, rien ne se passe comme prévu. De l’interaction de la pensée spéculative et de la réalité concrète, ici et maintenant, naît quelque chose qui n’est pas déterminé ni déterminable à l’avance.

 

Cependant,  sur le plan « ressources humaines », constat : peu de volontaires pour se colleter avec le concret. Pourtant qui veut les clefs peut les avoir, suffit de le demander et de payer 4.5 € par clefs (4, bientôt 6…) pour pouvoir venir et faire à sa guise. Ou alors venir les samedi ou dimanche quand il est presque sûr qu’il y a quelqu’un (sinon contacter Marleen ou Vincent ou JP).

Peu de monde est venu à la première réunion, début Mai, l’équipe ‘Ex-Indignés’, de Millhaud, est venue partiellement et ponctuellement aider (taille des oliviers, fondations de la datcha), on leur a rendu leur visite. Là aussi il y a encore beaucoup à faire, là aussi ça avance et c’est tout autant ouvert. Beaucoup plus petit et déjà un peu « saturé » et « étriqué » (à mon goût, cela n’engage que moi) mais il y a là l’avantage d’une « fine » équipe et de bonnes volontés, ce qui manque (en effectif) à la Font du Sorbier. Contrairement à ce qui a été rêvé en dépit du bon sens, c’est clair, il va être difficile, d’être au four et au moulin, sur un lieu et l’autre. Il y a donc des « places à prendre » ici.

 

C’est offert, ouvert, est-ce trop facile ? On préfère rêver à l’autonomie, à la nature, à la fraternisation, à la coopération, sans bouger un orteil pour esquisser un début de commencement de réalisation pratique ?

Libre à vous, nous on se régale... et on va de l’avant.

 

Bye.

 

 

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