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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 18:52

 

Source : www.reporterre.net

 

 

Au Sénat, le PS détricote la loi sur les ondes au profit des lobbies

Marie Astier (Reporterre)

lundi 16 juin 2014

 

 

La proposition de loi sur les ondes électromagnétiques est en train d’être complétement transformée au Sénat, au profit d’un texte qui correspond point par point à ce que réclament les lobbies de la téléphonie mobile.


Après un premier passage chaotique à l’Assemblée nationale, la proposition de loi sur les ondes électromagnétiques est en train de subir une nouvelle cure d’amaigrissement au Sénat.

Laurence Abeille, la députée EELV qui a déposé la loi n’en revient pas : « On est furieux de ce qui s’est passé au Sénat. Le sénateur PS Daniel Raoul, président de la commission des affaires économiques, s’est fait nommer rapporteur du texte à la place d’un sénateur écologiste ! » C’est un manquement à tous les usages, car la loi ayant été proposée par un parlementaire d’EELV, c’est logiquement un des membres de ce groupe qui aurait dû être nommé comme référent du texte au Sénat.

« Le procédé est très cavalier », déplore Laurence Abeille. D’autant plus que le texte sera débattu en séance le 17 juin, dans la « niche parlementaire » spécialement réservée au groupe écologiste pour mettre à l’agenda les textes qu’il souhaite (chaque groupe politique dispose de telles niches). Mais avant même d’être débattu en séance plénière, le texte a été largement modifié par la commission des affaires économiques du Sénat.

- Laurence Abeille -

Nier le lien entre ondes et santé

« La loi a été vidée de sa substance », dit Laurence Abeille. Même si elle avoue qu’avec Daniel Raoul comme rapporteur, elle s’y attendait : « Il m’avait dit qu’il ne voulait pas que la proposition de loi soit acceptée comme telle. »

« Il fallait remettre de l’ordre dans ce texte, c’est un brouillon qui nous est arrivé », répond le sénateur PS. Principale modification du texte, il a supprimé l’un des termes clés de la proposition de loi d’origine. Alors que le texte de Laurence Abeille proposait une « modération » de l’exposition aux ondes, sa nouvelle version parle de « sobriété ».

Daniel Raoul s’explique : « Modération signifie réduction de l’exposition aux ondes. Or il faut être cohérent, aujourd’hui on veut couvrir les zones blanches et grises et augmenter la couverture du territoire, notamment avec le développement de la 4G. La sobriété permet au contraire d’augmenter les installations. »

Etienne Cendrier, porte-parole de l’association Robins des Toits, confirme : « Il m’a reçu dans son bureau et m’a expliqué que la modération, il n’en est pas question, on ne réduira pas les niveaux d’exposition. » Selon le militant, le terme de sobriété est surtout bien pratique pour les opérateurs télécoms. « Cela peut signifier autant la baisse de l’exposition du public que la baisse de ses inquiétudes par rapport aux ondes », déplore-t-il.

Ce changement de terminologie se traduit d’ailleurs dans d’autres dispositions de la loi, selon Laurence Abeille. « Tous les dispositifs qui devaient permettre de limiter l’exposition aux ondes disparaissent », regrette la députée. Le nouveau texte « nie le lien entre ondes et santé », s’inquiète le sénateur écolo Joël Labbé, qui aurait dû être désigné rapporteur de la proposition de loi dans la chambre haute.

Les enfants ne seront pas protégés

Exemple avec la définition des point atypiques, ces zones où l’exposition aux ondes est plus importante qu’ailleurs. Elle est « ramollie », s’indigne Etienne Cendrier. Il invite à comparer les définitions dans le texte sorti de l’Assemblée nationale avec ceux qu’on trouve dans la nouvelle version, corrigée par la commission des affaires économiques du Sénat.

« Les points atypiques sont définis comme les points du territoire où le niveau d’exposition du public aux champs électromagnétiques dépasse sensiblement la moyenne observée à l’échelle nationale », indique le premier texte.

« Les points de mesure, situés dans les lieux de vie fermés, où les expositions du public aux champs électromagnétiques sont les plus fortes à l’échelle nationale et peuvent être réduites, tout en garantissant la couverture et la qualité des services rendus », précise la version corrigée.

L’interdiction du WIFI dans les établissements accueillant des enfants âgés de moins de trois ans, c’est-à-dire crèches et écoles maternelles, est cependant maintenue. En revanche, il n’est plus question de poser des restrictions dans les écoles primaires.

De même, le premier texte prévoyait d’interdire la publicité à destination des enfants de moins de quatorze ans pour les objets connectés comme les tablettes. Une mesure similaire à celle déjà en place pour les téléphones portables. La disposition est finalement supprimée.

« C’est le seul changement de fond, estime Daniel Raoul. On ne peut pas interdire la publicité pour les objets radioconnectés alors que le ministère de l’éducation nationale développe l’école numérique et encourage l’utilisation des tablettes. »

Les maires n’ont plus obligation d’informer

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 


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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 17:54

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Après le Brésil, le Qatar

Coupe du monde : Bouygues et Vinci s’installent au Qatar, un pays qui recourt massivement au travail forcé

par Rachel Knaebel 11 juin 2014

 

 

 

 

 

Après le Brésil puis la Russie, ce sera au tour du Qatar d’accueillir la grande messe du foot mondial en 2022. Stades, métros, autoroutes et hôtels : les chantiers gigantesques s’y multiplient déjà. Et de grandes entreprises françaises – Bouygues et Vinci – y décrochent de très gros contrats. Problème : le Qatar est mis à l’index par l’Organisation internationale du travail, des syndicats, Amnesty International et Human Rights Watch pour ses conditions de travail déplorables et des violations des droits humains à l’égard des nombreux travailleurs migrants. 1 200 ouvriers sont déjà morts sur les chantiers qataris depuis 2010. De leur côté, Bouygues et Vinci se défendent de tout abus et assurent vouloir « faire évoluer les choses ». Y parviendront-ils ? Enquête.

Jeudi 12 juin, le match entre le Brésil et la Croatie donnera le coup d’envoi de la coupe du monde de foot 2014. Au moins huit ouvriers sont morts sur les chantiers brésiliens des stades et des infrastructure du mondial. C’est déjà beaucoup. En 2022, ce sera au tour du Qatar d’organiser l’événement. Les constructions se multiplient donc dans le petit émirat du Golfe. Et les décès d’ouvriers migrants aussi. Selon les chiffres recueillis par la Confédération syndicale internationale, 1 200 ouvriers sont déjà morts sur les chantiers du Qatar depuis que l’émirat s’est vu attribuer l’organisation du mondial, en 2010. La plupart ont péri d’accidents du travail ou de crise cardiaques. En cause : des conditions de travail et de logements lamentables, dans un pays où les températures dépassent les 40 degrés en été. Si rien n’est fait d’ici à 2022, 4 000 travailleurs pourraient perdre leur vie sur les chantiers avant le premier but de la coupe [1].

1,4 million de travailleurs presque réduits en esclavage

« Au Brésil, on a une liberté d’association, un mouvement syndical important. On a réussi à imposer des normes sur les chantiers du mondial. Mais au Qatar, il n’y a aucun droit », déplore Gilles Letort, délégué de la fédération CGT de la construction et membre de l’Internationale des travailleurs du bois et du bâtiment (IBB). Le Qatar compte environ 1,4 million de travailleurs étrangers sur son territoire. La plupart sont népalais, indiens et philippins. Ils représentent la majorité de la population d’un pays à peine plus grand que la Corse, avec un peu plus de deux millions d’habitants. Ils contribuent largement à la croissance de l’émirat. Et pourtant, ils n’ont pratiquement aucuns droits. « Les libertés et droits fondamentaux n’existent pas pour les travailleurs étrangers du Qatar, que ce soit pour les ouvriers migrants pauvres ou pour les expatriés bien payés », dénonce la Confédération syndicale internationale (CSI) dans un rapport paru en mars. « Les travailleurs étrangers sont presque réduits en esclavage – totalement soumis au pouvoir de leurs employeurs qui détiennent un contrôle total sur les salaires et les conditions d’emploi, ont le pouvoir d’attribuer les permis de résidence (ne pas en avoir peut conduire en prison) et peuvent refuser au travailleur un changement d’emploi, ou même un visa de sortie pour pouvoir quitter le pays. Ce système s’appelle la kafala. »

La loi du kafala oblige tout travailleur étranger à avoir un parrain qatari pour pouvoir entrer au Qatar. C’est ce “sponsor”, le plus souvent l’employeur, qui décide si le travailleur a le droit de changer d’emploi ou même de quitter l’émirat. Résultat : le système empêche les travailleurs migrants de réclamer quoi que ce soit, leur retards de salaire, des conditions de travail et de logement décentes, ou même de pouvoir rentrer chez eux.

Dans 90% des cas, les passeports des ouvriers sont confisqués

Pour son rapport, la CSI a visité dix ”camps“ où logent plusieurs milliers de travailleurs, migrants à l’est et au sud de Doha, la capitale qatarie. L’organisation détaille une douzaine d’exemples de situations intenables. Parmi eux, un Philippin de 34 ans ouvrier sur les chantiers de construction. Arrivé en 2011 à Doha par le biais d’une agence de recrutement, son passeport est immédiatement saisi. Il se retrouve ouvrier sur le chantier d’un complexe résidentiel, 60 heures par semaine, pour 260 dollars par mois au lieu des 330 promis. L’employeur ne lui fournit pas d’équipement de sécurité. Le Philippin craint un accident du travail. « Mais mon employeur ne m’a pas donné de carte d’assurance maladie », rapporte l’ouvrier. « Et je ne peux pas payer des frais d’hôpitaux sur mon seul salaire. » Quand l’ouvrier dépose sa démission, son employeur jette la lettre à la poubelle et dit qu’il ne récupèrera pas son passeport. Ce genre de situation est largement répandu. Selon une enquête effectuée en 2011 par un institut qatari, 90% des ouvriers migrants du Qatar ne récupèrent pas leur passeport une fois les démarches faites pour obtenir un permis de résidence. La pratique est pourtant illégale.

L’année dernière, Amnesty international avait déjà publié un rapport accablant sur les conditions de travail et de vie des travailleurs migrants du Qatar [2]. Les témoignages recueillis par l’ONG faisaient état d’abus multiples : des salaires qui ne sont pas payés pendant des mois ; des permis de résidence qui ne sont pas fournis par les employeurs ou pas prolongés alors qu’un ouvrier étranger sans permis de résidence est envoyé en prison s’il est contrôlé ; des ouvriers logés dans baraquements misérables… La liste est longue. Le Qatar interdit par ailleurs aux travailleurs étrangers d’adhérer à tout syndicat.

« Le Qatar est un État pour lequel j’ai le plus grand respect »

« Le Qatar, c’est un eldorado pour les entreprises, mais c’est l’impunité totale ! », déplore Gilles Letort. Le syndicaliste s’est rendu sur des chantiers qataris en octobre 2013 avec une délégation syndicale internationale. « Nous avons visité des chantiers d’entreprise belges, espagnoles, américaines. Ce qu’on voit, ce sont 13 000 ouvriers sur un chantier, sous un soleil de plomb. Les entreprises travaillent avec 40 sous-traitants différents, logent les gens dans des taudis. Et ensuite, elles disent : le Qatar c’est formidable, on fait des résultats à deux chiffres ! » Gilles Letort et sa délégation ont aussi tenté de se rendre sur un chantier conduit par le géant français du BTP Vinci, celui du tramway de Lusail, une ville nouvelle qui va accueillir l’un des stades du Mondial. Mais les syndicalistes se sont fait refouler à l’entrée.

 

 

Avec sa rente pétrolière et gazière, une croissance économique à plus de 6% en 2013, le Qatar est l’un des pays les plus riches du monde en PIB par habitant, au même niveau que le Luxembourg. L’annonce de l’organisation du Mondial a donné un nouveau coup de fouet aux grands projets de l’émirat. Le pays va construire neuf stades pour accueillir l’événement sportif, ainsi que des métros, des autoroutes, des hôtels… L’ensemble des travaux prévus dépasse les 100 milliards d’euros ! De quoi attirer les multinationales du BTP. « Le Qatar est un État pour lequel j’ai le plus grand respect », déclarait ainsi le patron de Bouygues à ses actionnaires en 2012 [3]. Le Qatar bénéficie de ressources naturelles très importantes, et qui a eu des stratégies très intelligentes pour les valoriser. Tant mieux ! » Bouygues a toutes les raisons d’apprécier l’émirat. Le groupe y construit un vaste ensemble immobilier dans un nouveau quartier d’affaire de Doha. Le complexe de neuf gratte-ciel, avec aussi un centre commercial, un centre de conférences, des parkings… représente un contrat à 950 millions d’euros ! [4]. Pour comparaison, le vélodrome de Marseille, un autre grand projet en cours de Bouygues, atteint – « seulement » – 267 millions d’euros.

Visite pour les journalistes, pas pour les syndicalistes

Vinci est encore bien mieux placé. Avec sa filiale QDVC (filiale commune du fonds d’investissements qatari Qatari Diar et de Vinci construction), Vinci édifie une nouvelle ligne de métro à Doha. Montant du contrat : 1,5 milliard d’euros ! Le contrat de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes représente trois fois moins. Vinci/QDVC a aussi obtenu la construction d’une ligne de métro léger dans la ville nouvelle de Lusail (374 millions d’euros pour le dernier volet du contrat), une autoroute en périphérie de Doha (850 millions d’euros), un contrat pour un parking souterrain et un parc paysager à l’hôtel Sheraton de Doha (264 millions d’euros). Eiffage, numéro trois du BTP français, n’a pas encore de projets en cours au Qatar. Mais l’entreprise compte bien se positionner sur les appels d’offre à venir pour les stades. « Nous nous positionnons sur les ouvrages emblématiques à forte valeur ajoutée en termes d’ingénierie, comme la réalisation d’un musée aux Émirats Arabes Unis ou des futurs stades de football pour la Coupe du monde 2022 au Qatar », détaille ainsi Vincent Papait, directeur du développement international d’Eiffage construction métallique [5].

Pour les grands groupes du BTP, le Qatar, c’est donc la poule aux œufs d’or. Quitte à se rendre complice de violations des droits humains ? Bouygues et Vinci se défendent de tout abus. « À l’international, le groupe applique des règles qui reprennent l’ensemble des dispositions définies dans le guide “working housing” édité par l’OIT [Organisation internationale du travail, ndlr] tout en allant plus loin sur certains sujets [6] », indique ainsi Matthieu Carré, de la communication de Bouygues. Même discours chez Vinci. L’entreprise recrute directement ses ouvriers dans leur pays d’origine, prend en charge leur billet d’avion aller-retour, leurs logements climatisés ainsi que leurs repas et leur fournit des équipements de loisirs, assure Maxence Naouri, de la communication du groupe à Paris. [7]. Bref, les employés de Bouygues et Vinci vivraient très confortablement comparé aux situations décrites par la CSI et Amnesty. « Il faut faire la part des choses entre la législation qatarie et les pratiques des entreprises étrangères sur place. Les grandes entreprises sur place essaient de faire évoluer les choses », défend Maxence Naouri, de Vinci.

Alliance entre le BTP français et des investisseurs qataris

Si les conditions de vie et de travail des employés de Vinci sont si confortables, pourquoi avoir refusé à une délégation syndicale d’y pénétrer en octobre ? « C’est vieux ça », s’agace le communicant. « Nous avons organisé une visite d’un chantier pour des journalistes en novembre », ajoute-t-il. C’était le chantier de l’hôtel Sheraton de Doha. Le magazine de BTP Le Moniteur en faisait partie et titrait le 25 novembre : « Vinci exporte sa démarche sécurité sur les chantiers qataris » [8]. Vinci préfère manifestement ouvrir ses chantiers qataris à la presse plutôt qu’aux syndicats. « Pour visiter les chantiers de Vinci, c’était très compliqué », rapporte Gilles Letort. « Vinci dit qu’ils n’avaient pas été prévenus de notre venue. Mais ce n’est pas ça le problème. Ce qui bloque, c’est que le partenaire de Vinci au Qatar, c’est un fonds souverain qatari, Qatar Diar. »

Pour décrocher des contrats qu Qatar, les groupes étrangers sont obligés de s’allier, sur place, à des entreprises qataries. La co-entreprise doit être détenue à 51% par le côté qatari. Bouygues a ainsi créé en 2012 Bouygues Construction Qatar en s’associant à Abdullah Bin Khalifa Al Thani, une « personnalité économique et politique du Qatar », comme le fait valoir le groupe français [9]. Proche du pouvoir, Abdullah Bin Khalifa Al Thani semble en effet un partenaire idéal pour se placer en vue des « appels d’offres à venir, en matière notamment d’infrastructures de transport et d’équipements sportifs ».

De son côté, Vinci s’est allié à une société d’investissements qui dépend directement de l’État qatari. « La société Qatari Diar Real Estate Investment Company (Qatari Diar) a été créée par la Qatar Investment Authority (QIA), le fonds souverain de l’État du Qatar », précise ainsi le rapport annuel 2013 de Vinci [10]. C’est bien plus qu’une alliance de circonstance. Le groupe français a aussi accueilli le fonds souverain de l’émirat dans son propre capital. Depuis 2009, Qatari Diar détient 5,2% du géant du BTP. « Qatar Diar, c’est l’émir », résume Gilles Letort.« C’est pour ça que Vinci décroche contrat sur contrat au Qatar. »

Des promesses et des chartes, mais toujours pas de droits

Face aux protestations et rappels à l’ordre des ONG, des syndicats et même de l’OIT [11] qui a demandé au Qatar, en mars, « de supprimer le recours au travail forcé sous toutes ses formes » [12], qu’a répondu l’émirat ? Des promesses et des chartes. Une première charte a vu le jour l’an dernier. En février, le comité suprême chargé d’organiser la Coupe du monde en a adoptée une nouvelle. Elle détaille des normes à suivre en matière de recrutement, d’hébergement et de rémunération. Mais celles-ci ne doivent s’appliquer qu’aux chantiers directement liés au mondial, ceux des équipements sportifs, pas à ceux des transports ou des hôtels. Et, surtout, la charte ne remet nullement en cause le système de la kafala. « Aucune des deux chartes n’est transposée dans les lois. Elles ne changent rien aux droits des ouvriers au Qatar », note Gemma Swart, de la CSI.

Le 14 mai, nouvelle promesse : des officiels qataris annoncent dans une conférence de presse une réforme du système de parrainage. Une réelle avancée ? La secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, reste prudente : « Aucun calendrier ni procédure concrète n’ont été indiqués. Et l’annonce a été faite en l’absence de tout ministre du gouvernement. Le système du visa de sortie doit par ailleurs rester en place, mais c’est maintenant le ministère de l’Intérieur qui doit décider qui a le droit de quitter le pays. Et aucune des réformes ne semble s’appliquer aux travailleurs domestiques. » En outre, il n’est toujours pas questions d’autoriser les travailleurs à adhérer à des syndicats ni à négocier collectivement leurs conditions d’emploi. « Rien n’a changé. Vous avez toujours besoin d’avoir une autorisation pour quitter le pays. Il n’y a toujours pas de liberté d’association », résume Gemma Swart.

Fifa, exposition universelle et musée du Louvre : tous avec les émirats !

La Fifa commence tout juste à reconnaître le problème des conditions de travail dans l’émirat. Et cela alors que les soupçons de corruption sur l’attribution du mondial au Qatar s’intensifient. L’organisme a rencontré les organisations syndicales internationales et sommé le Qatar de présenter un état des lieux sur le sujet. La CSI en demande plus. « Si la Fifa demande au Qatar d’abolir le système de la kafala et de respecter les droits fondamentaux, le Qatar le fera », estime Sharan Burrow. « Le problème, c’est que le Qatar a ses lois. Les entreprises en profitent un maximum. Et la Fifa ne demande aucune réglementation minimale du travail pour donner l’organisation des événements », analyse Gilles Letort.

La Fifa a au moins l’excuse de ne pas être seule dans ce cas. L’année dernière, le Bureau international des expositions, basé à Paris, a attribué l’organisation de l’exposition universelle de 2020 à Dubaï, un autre émirat richissime du Golfe. Et le Louvre fait construire une antenne du célèbre musée français dans l’émirat d’Abu Dhabi. Le système de la kafala est un peu plus souple dans les Émirats arabes unis (dont sont membres Dubaï et Abu Dhabi). Mais les conditions de travail des migrants n’y sont guère meilleures. « Les travailleurs migrants sont exploités également à Dubaï et à Abu Dhabi. Ils vivent dans des camps ouvriers misérables et n’ont pas le droit de créer ou d’adhérer à des syndicats », explique Sharan Burrow [13]. « Les travailleurs, tout le monde s’en fiche ! » se désole Gilles Letort. Pendant qu’une partie du monde va suivre les matches du Brésil, la pression monte sur les ouvriers qui travaillent pour préparer le mondial 2022. Gemma Swart en témoigne : « À chacun de nos voyages au Qatar, les gens ont de plus en plus peur de parler ».

Rachel Knaebel

Photo de une - CC Richard Messenger (sur un chantier à Doha) / manifestation contre le travail esclave devant l’ambassade du Qatar à Londres - source

 

Notes

[1Selon des estimations établies sur la base des statistiques fournies par les ambassades du Népal et de l’Inde au sujet de leurs ressortissants immigrés au Qatar et morts sur les chantiers. L’inde et le Népal étant les deux pays dont sont originaires près de la moitié des travailleurs migrants du Qatar.

[2Human Rights Watch a aussi publié un rapport en 2012 sur le sujet.

[3Source : Questions-réponses de l’assemblée générale du groupe, dernière page.

[4Bouygues empoche 60% de ce montant, soit 570 millions, le reste allant aux entreprises qataries partenaires sur le projet.

[5Eiffage, rapport annuel 2013, p 28.

[6Qui sont « la protection incendie des bâtiments, la conformité des installations électriques, la mise en place de système d’air conditionné, la mise en place d’un plan de management de la base vie incluant un règlement interne présenté à tous les occupants, la mise en place de douches individuelles, des règles spécifiques pour les cuisines de la base vie : stockage de la nourriture, nettoyage (…), des contrôles et analyses régulières de l’eau potable et l’organisation de la collecte des déchets »

[7Le chargé de communication de Vinci indique précisément : « Au Qatar, nos ouvriers sont recrutés directement par nous dans leur pays d’origine. Nous leur faisons passer des tests et leur expliquons la nature du travail qu’ils auront à réaliser au Qatar ainsi que les conditions de travail telles que définit par la loi qatarie. Nous prenons en charge leur billet d’avion aller et retour. Les ouvriers sont logés, nourris, blanchis. Tout l’argent qu’ils gagnent constitue donc des économies. Nos ouvriers sont logés dans une base-vie où ils partagent des chambres à quatre pour les plus juniors ou à deux pour les plus seniors, les ouvriers qui dirigent des équipes ont droit à une chambre individuelle. Nos ouvriers dorment bien sûr dans des chambres climatisées et ont accès à des fontaines d’eau potable. Les transferts sont également opérés en bus climatisé. Nous avons prévu des espaces de loisirs dans cette base-vie : hall climatisé avec tables de billards, tennis de table, salle de gym équipée, salles de télévision, postes connectés à internet. En extérieur nous avons construit un terrain de basketball. La cantine est inspectée régulièrement ».

[8France Info aussi y était. Son reportage était moins élogieux. Voir ici.

[9Ici.

[10Ici, p 138.

[11Qui dépend de l’ONU.

[12Lire ici.

[13Voir notamment ce rapport de 2011 de la CSI sur la situation dans le Golfe et cet article du New York Times sur Abu Dhabi.


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Source : www.bastamag.net

 

 

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 17:48

 

Source : www.bastamag.net

 

 

Loi sur la consommation

Comment protéger les consommateurs de l’obsolescence programmée ?

par Rachel Knaebel 16 juin 2014

 

 

 

 

 

La nouvelle loi sur la consommation s’applique aux achats réalisés depuis le 13 juin. Elle vise notamment à freiner « l’obsolescence programmée », la durée de vie de plus en plus courte des biens d’équipement électroniques et électroménagers. Les consommateurs bénéficieront d’une garantie prolongée sur leurs achats et d’une meilleure information sur les possibilités, ou non, de réparer une défaillance. Des avancées qui demeurent cependant bien timides au vu de l’ambition initiale de la loi. Et si la « class action », l’action collective de consommateurs contre un fabricant, devient légale, elle ne pourra pas concerner la protection de l’environnement ni de la santé. Le lobbying industriel est passé par là.

Benoît Hamon a laissé une loi derrière lui avant son transfert du ministère de la Consommation à celui de l’Éducation. Après un an de débats parlementaires, sa loi sur la consommation s’applique à tous les achats effectués à partir du 13 juin. Véritable couteau-suisse, elle touche autant à l’assurance automobile et au démarchage abusif qu’à la lutte contre le surendettement ou à la vente de lunettes sur Internet. Au milieu de cet ensemble disparate, le texte contient quelques mesures pour lutter contre la péremption toujours plus rapide des équipements électroniques. Une obsolescence qui cause pollution et gaspillage avec les tonnes de déchets hi-tech que nous produisons chaque année (Voir notre enquête Comment l’Europe fait passer ses déchets informatiques pour des dons « humanitaires »). Ces mesures seront-elles suffisantes pour freiner le phénomène de l’obsolescence programmée et toujours plus rapide des objets électroniques ?

L’obsolescence programmée, fantasme ou réalité ?

Nous changeons de smartphone en moyenne tous les 18 mois. Et pas seulement par envie de se procurer le dernier modèle. Un écran plasma (entre 300 et 3000 €) se dégrade au bout de 6 ans. Un réfrigérateur est censé durer 10 ans – un an de moins qu’il y a trois décennies – mais les professionnels demeurent discrets sur le taux de panne... Bien des produits informatiques et électroménagers sont obsolètes de plus en plus rapidement. En cause : des logiciels ou des mises à jours qui ne sont plus disponibles, des batteries qu’on ne peut pas remplacer, des pièces de rechange introuvables ou seulement à des prix très élevés. Autant d’exemples d’une stratégie qui accélère artificiellement l’obsolescence des produits. Et pousse à en acheter de nouveaux.

« Les constructeurs de téléphonie mobile ou d’ordinateurs ont tendance à fabriquer des pièces de moins en moins solides », constate Françoise Berthoud, ingénieure de recherches en informatique au CNRS, directrice du groupe Ecoinfo [1], qui informe sur les impacts négatifs des technologies de l’Information et de la communication [2]. « Il y a une méconnaissance du problème de l’obsolescence et de ses impacts », déplore la scientifique. Pourtant, ce système de péremption ultrarapide pollue autant qu’il met à mal le porte-monnaie.

Avec l’arrivée de Benoît Hamon au ministère de la Consommation, les choses devaient changer. « L’obsolescence des appareils est quasiment pensée au départ par les opérateurs pour favoriser le renouvellement. Or, acheter un appareil qui est destiné à être totalement démodé un an plus tard pose d’autant plus question lorsque le constructeur a lui-même organisé cette obsolescence », expliquait déclarait le ministre en septembre 2012 à 60 millions de consommateurs. Au final, la nouvelle loi entrée en vigueur au printemps évoque à peine le phénomène et ne mentionne l’expression d’« obsolescence programmée » que pour commander un rapport sur le sujet.

Pratique commerciale trompeuse

Définir cette pratique était pourtant un enjeu essentiel. « Quand nous parlons d’obsolescence programmée, on nous répond souvent que “ça n’existe pas”, parce qu’il n’en existe pas de définition juridique claire pour tout le monde », regrette Camille Lecomte, chargée de campagne aux Amis de la terre. « Pour nous l’obsolescence programmée est une pratique commerciale trompeuse. Comme lorsqu’un nouveau modèle de smartphone ne peut durer que quelques années parce que les mises à jours du système d’exploitation ne sont plus accessibles au bout d’un moment. Or, il s’agit souvent de produits chers, réputés de qualité. Mais ils ne sont pas conçus pour durer. »

L’obsolescence programmée ne semble donc pas si difficile à définir. Au cours des débats parlementaires, le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé a même déposé une proposition de loi qui caractérisait clairement la pratique, et en faisait un délit : « L’obsolescence programmée est l’ensemble des techniques par lesquelles un fabricant ou un importateur de biens vise, notamment par la conception du produit, à raccourcir délibérément la durée de vie ou d’utilisation potentielle de ce produit afin d’en augmenter le taux de remplacement », détaillait la proposition du sénateur. Qui prévoyait que ce délit soit passible d’une « de deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 37 500 euros ou de l’une de ces deux peines ». La mesure n’a pas été reprise dans la loi. « Cela a tout de même permis de faire avancer le débat », note Camille Lecomte.

Extension de garantie : six ans au Royaume-Uni, deux en France...

C’est une des avancées principale de la loi : la garantie de tous les équipements est portée de six mois à deux ans. Pendant cette période, l’acheteur pourra faire jouer la garantie sans avoir à prouver devant la justice que la défaillance de l’appareil n’est pas de son fait. Mais cette mesure n’entrera en vigueur que dans deux ans, en 2016. Si la garantie est prolongée, elle reste bien en deçà des cinq ans obligatoires proposés par le sénateur Jean-Vincent Placé. Des députés de l’Assemblée nationale avaient de même déposé des amendements pour la porter, à terme, à dix ans. En vain.

« Nous nous sommes vite aperçus que cela n’avait aucune chance de passer, rapporte Camille Lecomte. Les distributeurs d’équipements électroniques et électroménagers, qui réalisent leurs marges sur les extensions payantes de garantie au-delà de la durée légale, s’y sont fortement opposés. Et ont fait du chantage à l’emploi. » Un document du syndicat des industries audiovisuelles et électroniques Simavelec [3] prophétise par exemple une hausse mécanique de 8% à 10% des prix « si la période garantie légale était portée jusqu’à cinq ans ». Tout en reconnaissant que cela générerait aussi une « économie pour les ménages due au non-paiement des réparations ». Les industriels brandissent malgré tout la menace « d’une délocalisation des achats » favorisée par le commerce en ligne.

D’autres pays européens ont pourtant des garanties légales qui dépassent largement les deux ans. Le Royaume Uni en est à six ans. En Finlande et aux Pays-Bas, la durée de garantie dépend de la durée de vie du produit. En Islande, les produits coûteux sont couverts par une garantie de cinq ans. Autant de règles qui poussent les constructeurs à fabriquer des produits qui durent plus de 24 mois [4]... Sauf en France.

Encourager les filières de réparation ?

Pour tous les achats réalisés à partir du 13 juin, les vendeurs seront dorénavant obligés d’informer les consommateurs, « de manière lisible avant la conclusion du contrat » et par écrit, de la durée pendant laquelle les pièces détachées seront disponibles. C’est l’article 6 de la nouvelle loi. Mais rien n’oblige les constructeurs à fabriquer les pièces détachées pendant un temps donné. « Avec cette disposition, on s’arrête au milieu du gué : aucun délai minimal n’est imposé ! », regrette l’association de consommateur UFC Que Choisir. Jean-Vincent Placé avait proposé d’obliger les fabricants non seulement à informer, mais aussi à fournir, pendant dix ans à compter de la date de vente, les pièces détachées indispensables à l’utilisation de l’appareil. « Le fait d’afficher la durée de disponibilité des pièces devrait déjà changer des choses pour l’acheteur. S’il voit que les pièces détachées sont disponibles, il va penser à la réparation », analyse Camille Lecomte.

Pour favoriser la réparation plutôt que la mise à la poubelle : la loi oblige de fournir les pièces détachées, tant qu’elles sont déclarées disponibles, dans un délai de deux mois auprès des vendeurs ou des réparateurs. « Tout manquement est passible d’une amende administrative », de 15 000 € maximum pour une société, précise la loi. Cette mesure pourrait développer le secteur de la réparation, essentiel pour donner une seconde vie aux objets, et pourvoyeur d’emplois (Voir notre reportage Recyclage : ces ouvriers qui donnent une seconde vie aux objets). « Il serait aussi utile que la documentation technique soit accessible gratuitement et dès l’achat, aux réparateurs et aux particuliers », ajoute Françoise Berthoud. Mais rien de tel dans la loi. « Ce serait également positif d’encourager la filière de la réparation avec, par exemple, un taux de TVA réduit sur le matériel d’occasion. Mais cela générerait évidemment un manque à gagner pour les caisses de l’État. »

L’environnement et la santé exclues des « class action »

Si la loi Hamon contient une mesure phare, c’est bien celle-là : la création en France d’une action de groupe sur le modèle américain des class action. La nouvelle loi rend ainsi possible une action collective en justice pour obtenir réparation de préjudices matériels subis par des consommateurs. « Mais sous le poids des lobbys, le texte a multiplié les “garde-fous” ou, plutôt, les limites à son efficacité… », regrette l’UFC Que Choisir. L’action de groupe ne pourra de toute façon être utilisée que pour des préjudices matériels : produit défectueux, frais bancaires indus, entente sur les prix, retards récurrents des trains… Les préjudices sanitaires et les atteintes à l’environnement sont exclus de son champs d’action.

« On peut toujours essayer de se servir de l’action de groupe pour dénoncer l’obsolescence programmée, mais il y a un risque que ça n’aboutisse pas puisque qu’il n’existe toujours pas de délit défini de cette pratique », craint Camille Lecomte, des Amis de la terre. Par ailleurs, seules les seize associations de consommateurs agréées pourront conduire ce type de recours. « En tant qu’association environnementale, on ne pourra pas lancer une action de groupe seuls, souligne la responsable des Amis de la Terre. On nous a dit que ce n’était pas difficile d’obtenir l’agrément d’association de consommateurs. Certes. Mais ce n’est pas forcément notre vocation de le devenir. »

Ajuster l’éco-contribution à la durée de vie

La lutte contre l’obsolescence programmée est donc loin d’être gagnée. Mais les idées ne manquent pas. Jean-Vincent Placé proposait ainsi de moduler l’éco-contribution – la somme payée par l’acheteur sur le prix d’un appareil neuf pour financer le système de traitement des déchets électroniques et électriques (une dizaine de centimes d’euros par exemple pour un ordinateur portable) – en fonction de critères qui favorisent une durée de vie plus longue du produit.

Les membres d’Ecoinfo préconisent, eux, un affichage sur la durabilité des équipements. « Cela se fait déjà pour les équipements informatiques professionnels, rapporte Françoise Berthoud. Les gros constructeurs vendent deux catégories d’équipements. Sur les produits professionnels, plus robustes, ils ont l’obligation de donner, sur demande, le laps de temps entre deux pannes [5]. Il faudrait aussi que les élèves apprennent dès le plus jeune âge à démonter et à réparer ces appareils, pour qu’ils ne les voient plus comme des boîtes noires auxquelles on ne peut pas toucher. Ce n’est pas très compliqué à mettre en œuvre », suggère Françoise Berthoud. Cela tombe bien, Benoît Hamon est maintenant ministre de l’Éducation.

Rachel Knaebel

Photo : CC BRS MEAS

Plus d’infos : le site des Amis de la Terre sur "Les dessous de la High-tech"

 

Notes

[1Le site d’Ecoinfo. Ecoinfo a publié un livre sur le sujet, Les Impacts écologiques des technologies de l’information et de la communication, Éditions EDP Sciences, 2012.

[2Ecoinfo a été auditionné par quelques parlementaires au moment des discussions de la loi.

[3Daté de mars 2013.

[4Voir ici.

[5Appelé MTBF, pour Mean Time Between Failure.


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Source : www.bastamag.net

 

 

 

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 17:35

 

Source : www.mediapart.fr

 

Les intermittents luttent pour nos biens communs

|  Par Edwy Plenel

 

 

 

Le combat des intermittents du spectacle contre la nouvelle convention Unedic de leur régime d’assurance chômage n’est en rien sectoriel ou catégoriel. Engagé depuis une dizaine d’années, il recouvre un triple enjeu de civilisation : la conception du travail, la place de la culture, la définition de la démocratie. Plaidoyer pour une lutte dont les questions et réponses inédites ouvrent la voie d’une société du bien commun.

Le récent, et très beau, film de la réalisatrice Pascale Ferran, Bird People, est une fable sur les dérèglements d’un monde, le nôtre, celui d’un capitalisme hors de ses gonds, où l’argent dévore le temps, isole et sépare les individus, finit par les éloigner de la vie, d’une vie humainement décente. Trois personnages, de conditions sociales différentes, s’y débattent dans un lieu de nulle part et de partout, un hôtel de l’aéroport de Roissy-en-France : un ingénieur informaticien américain, associé de son entreprise dans la Silicon Valley, qui décide soudainement de tout plaquer, boulot et famille ; une jeune femme de chambre rêveuse et ingénue qui aimerait pouvoir reprendre ses études ; un réceptionniste qui, faute de pouvoir s’offrir un domicile, dort dans sa voiture.

Et c’est un oiseau, un simple moineau, qui indique la voie du sursaut, par la surprise d’un vol en liberté : cette grâce, entre amour, plaisir et bonheur, de ce qui ne se quantifie ni ne se monétise. On pourrait appeler cela le commun, comme l’ont récemment proposé Christian Laval et Pierre Dardot (lire ici). Non seulement ce qui est commun, ouvert à la curiosité de chacun, mais aussi ce qui est en commun, partagé par et pour tous. Ces biens communs dont l’affirmation et la protection garantissent que nous pouvons compter sur la protection d’une société solidaire, qui ne laisse personne sur le bas-côté, qui ne rejette ni ne détruit, soucieuse de l’humanité comme de la nature. Bref, ce qui fait qu’une société tient debout, affronte l’avenir, invente son futur, sans céder aux nécroses de la rancœur ou du ressentiment qui pourraient l’égarer et la perdre.

Nul hasard si je repense à cette œuvre de Pascale Ferran et au regard généreux qui l’anime, où chaque personne invisible compte pour une personne essentielle, au moment  d’évoquer la lutte actuelle, et fort ancienne, des intermittents qui est aussi celle de tous les travailleurs intérimaires et/ou précaires (sur le même sujet lire La Parisienne Libérée ici et Christian Salmon là). Car, cinéaste engagée en ce sens qu’elle est soucieuse du monde où elle vit et travaille, Pascale Ferran en a formidablement résumé l’enjeu, le soir de 2007 où son précédent film, Lady Chatterley, fut couronné par pas moins de cinq Césars. Voici un extrait de ce qu’elle déclara lors de la cérémonie, propos qui, malgré le changement de majorité politique, de droite à gauche, n’a pas pris une ride, sept ans après :

« Pendant longtemps, [le régime d’indemnisation chômage des intermittents du spectacle] était remarquable parce qu’il réussissait, tout en prenant en compte la spécificité de nos métiers, à atténuer un peu, un tout petit peu, la très grande disparité de revenus dans les milieux artistiques. C’était alors un système mutualisé. Il produisait une forme très concrète de solidarité entre les différents acteurs de la chaîne de fabrication d’un film et aussi entre les générations. Depuis des années, le Medef s’acharne à mettre à mal ce statut en s’attaquant, par tous les moyens possibles, à la philosophie qui a présidé à sa fondation.

« Aujourd’hui, il y est presque arrivé. De réformes en nouveau protocole, il est arrivé à transformer un système mutualisé en système capitalisé. Et cela change tout. Cela veut dire, par exemple, que le montant des indemnités n’est plus calculé sur la base de la fonction de son bénéficiaire mais exclusivement sur le montant de son salaire. Et plus ce salaire est haut, plus haut sera le montant de ses indemnités. Et on en arrive à une absurdité complète du système où, sous couvert de résorber un déficit, on exclut les plus pauvres pour mieux indemniser les plus riches. »


Aux Editions Amsterdam mais aussi téléchargeable sur le Net 
Aux Editions Amsterdam mais aussi téléchargeable sur le Net

J’ai retrouvé cette citation au tout début de Intermittents et Précaires, travail aussi rigoureux qu’original de Antonella Corsani et Maurizio Lazzarato (publié en 2008 aux Éditions Amsterdam mais ouvert au téléchargement gratuit en format PDF). Cette référence à une voix s’exprimant depuis le terrain concret de la création donnait le ton d’une recherche certes menée selon les codes scientifiques mais dans une nouvelle relation entre chercheurs et ceux qu’ils étudient, en vue d’une « expertise citoyenne ». Issue d’une convention entre le CNRS, l’Université de Paris I et l’Association des Amis des intermittents et précaires, son résultat est à l’image du mouvement des intermittents qui, depuis ses débuts, ne se contente pas de lutter contre mais innove et propose par la production de nouveaux savoirs sur la réalité dont il témoigne.

« L’histoire du mouvement des intermittents n’est pas seulement celle d’une lutte, écrivent ainsi Corsani et Lazzarato. C’est aussi celle d’une “expertise” permanente qui se nourrit d’une réflexion sur la politique des savoirs et place au centre de la question politique les relations entre savoirs savants et savoirs profanes, savoirs minoritaires et savoirs majoritaires. » L’expérience vécue des premiers concernés y est sans cesse mobilisée afin de problématiser la réalité du travail discontinu, d’appréhender ses inégalités et son hétérogénéité, de penser sa nouveauté et de réinventer ses solidarités comme en témoigne le site de la Coordination des intermittents et précaires (à consulter ici).

Un triple enjeu de civilisation

Cette expertise citoyenne nourrit en retour la connaissance savante la plus aboutie. C’est ainsi que le sociologue Pierre-Michel Menger, élu en 2013 au Collège de France, a fait de l’intermittence son terrain de recherche lui permettant d’appréhender les transformations du travail à l’heure du nouvel âge industriel dont la révolution numérique est le moteur. De Portrait de l’artiste en travailleur, sous-titré Métamorphoses du capitalisme (Seuil, 2003), à Les Intermittents du spectacle, sous-titré Sociologie du travail flexible (Ehess, 2005, puis 2011), ses travaux rejoignent le souci militant des intermittents d’inscrire leur lutte dans un combat plus large pour la protection de tous les salariés à l’emploi discontinu. Tout comme leurs propositions – ce qu’ils nomment « le Nouveau Modèle » (voir sa présentation ici) – rejoignent les réflexions d’un autre professeur lui aussi élu au Collège de France (en 2012), Alain Supiot, éminent juriste penseur de l’État social.

« La Coordination des intermittents et précaires, écrivent encore Corsani et Lazzarato, n’a pas pour ambition de défendre les acquis sociaux des Trente Glorieuses, mais entend défendre de nouveaux droits sociaux associés à la mobilité et à la flexibilité de l’emploi. […] En revendiquant de nouveaux droits sociaux non seulement pour les intermittents mais aussi pour tous les travailleurs à l’emploi discontinu, à la rémunération variable et aux employeurs multiples, ce mouvement a ouvert une bataille politique sur le front de la précarisation et de la paupérisation qui touchent désormais une partie de plus en plus importante de la population. »

C’est en ce sens que le combat des intermittents du spectacle contre la nouvelle convention Unedic de leur régime d’assurance chômage n’est en rien catégoriel. Engagé depuis une dizaine d’années (la précédente mobilisation ayant conduit à l’annulation de nombreux festivals remonte à 2003), il recouvre un triple enjeu de civilisation : la conception du travail, la place de la culture, la définition de la démocratie.

Ceux auxquels ils s’affrontent – l’État, le patronat et les organisations syndicales signataires de l’accord (CFDT, FO et CFTC) – leur opposent un argument comptable : le déficit de l’assurance chômage spécifique dont ils bénéficient qu’ils imputent à une croissance des effectifs bénéficiaires bien supérieure à celle de la quantité de travail qu’ils se partagent (sur le secteur d’emploi concerné lire ici une récente note chiffrée du ministère de la culture).

Sachant que les 110 000 intermittents du spectacle représentent 3,5 % des bénéficiaires des allocations chômage et 3,4 % des dépenses de l’Unedic, c’est évidemment un argument à courte vue qui pose la seule question des dépenses sans interroger les recettes, qui n’interroge pas la contribution insuffisante d’employeurs (notamment dans l’audiovisuel) libres d’embaucher et de désembaucher à volonté, bref qui se refuse à inventer et consolider une protection sociale nouvelle, couvrant le risque d’un sous-emploi élevé encouru par les salariés dans un système de travail au projet, fragmenté et discontinu.

Dans un moment où la discontinuité de l’emploi qui caractérise l’intermittence s’étend à bien d’autres secteurs de l’économie, au-delà des seuls mondes de l’art et de la culture, le patronat refuse que le statut spécifique des intermittents fasse école. Il veut bien, ô combien, de l’emploi discontinu, et de la souplesse qu’il lui offre pour ses propres marges, mais refuse que son extension s’accompagne de nouvelles protections sociales, et donc des charges qu’elles lui imputeraient au nom de la solidarité. Tel est, pour la Coordination des intermittents et précaires (CIP), l’enjeu d’intérêt général de sa mobilisation contre l’accord Unedic conclu le 21 mars, essentiellement entre le Medef et la CFDT.

« Pourquoi le Medef prend-il pour cibles les intermittents, si peu nombreux, les intérimaires, si précaires ? demande-t-elle (retrouver ici le texte intégral). Parce que les annexes 4, 8 et 10 de l’assurance-chômage faisaient partie des rares dispositifs de protection sociale pensés pour l’emploi discontinu. Aujourd’hui, 86 % des embauches se font en CDD, il y a des millions de salariés pauvres ou à temps partiel. Le Medef ne veut pas que le régime des intermittents du spectacle ou des intérimaires serve de modèle aux autres : il s’agit d’empêcher à tout prix les précaires de réclamer des droits sociaux en échange de l’hyper-flexibilité voulue par leurs employeurs. »  « Ce que nous défendons, nous le défendons pour tous », ajoute la CIP, reprenant son slogan de 2003 : « Défendre les régimes d’indemnisation qui assurent une continuité de revenu face à la discontinuité de l’emploi, c’est défendre l’ensemble des salariés. »

Entre progrès social et régrès libéral, la bataille de l’intermittence concerne donc le monde du travail tout entier, véritable laboratoire de l’affrontement entre une logique de mutualisation du risque, qui impose des solidarités collectives, et une idéologie de capitalisation, qui livre les personnes à des combats solitaires, avec cette conviction aveugle que le chômage serait de la responsabilité des seuls individus et non pas de celle de la société. Mais, loin d’avoir pour unique adversaire le néolibéralisme patronal, le combat des intermittents rencontre en chemin des conservatismes syndicaux qui n’envisagent le travail que sous la forme de l’emploi salarié et permanent, qui s’accrochent à sa défense exclusive au point de délaisser les nouvelles formes d’emplois et de trajectoires professionnelles et qui, de ce fait, aggravent leur déjà faible représentativité par l’ignorance de nouvelles catégories de travailleurs, notamment parmi la jeunesse.

Le travail, mais aussi la culture et la démocratie

Qu’il s’agisse du Medef ou de la CFDT, ceux qui signent les accords appliqués aux intermittents ne sont aucunement représentatifs des secteurs d’emploi concernés. Arguant des grands équilibres comptables de l’assurance-chômage, ils ignorent les réalités qu’ils réglementent sans concertation des premiers concernés. Ni la CFDT ni FO ne sont particulièrement implantés dans les métiers du spectacle ou de la culture, tandis que les syndicats d’employeurs du secteur, tel le Syndeac (lire ici, sur son blog de Mediapart, sa lettre ouverte au premier ministre), ont fait connaître leur désapprobation massive de l’accord conclu.

À la question centrale du travail et de ses métamorphoses, s’ajoutent donc celles, également décisives pour la société tout entière, de la culture et de la démocratie. Aveuglé par idéologie au point d’ignorer les réalités économiques, le Medef n’hésite pas à qualifier l’indemnisation chômage spécifique aux intermittents de subvention déguisée à la culture. Et pourquoi pas ? Pourquoi ne pas soutenir collectivement un secteur décisif pour l’économie française, sa vitalité et son innovation ? Première destination touristique mondiale avec 83 millions d’entrées touristiques internationales en 2012, largement devant les États-Unis, la France est aussi un pays que la culture enrichit, produisant de la valeur et créant des emplois.

C’est ainsi qu’elle contribue sept fois plus au produit intérieur brut (PIB) français que l’industrie automobile, quatre fois plus que l’industrie chimique et deux fois plus que les télécoms. Issues d’une récente étude conjointe des ministères de l’économie et de la culture (la retrouver ici), les données ne souffrent pas de discussion (voir le graphique ci-dessous) : avec 104,5 milliards d’euros d’apports directs et indirects à l’économie nationale en 2011, les activités culturelles représentent 57,8 milliards d’euros de valeur ajoutée, soit 3,2 % du PIB national. Un total de 670 000 personnes y sont employées soit 2,5 % de l’emploi actif en 2010, mais il faut y ajouter l’impact des initiatives culturelles sur le dynamisme socioéconomique d’un territoire.

 

Source : ministères de l'économie et de la culture 
Source : ministères de l'économie et de la culture

« La culture et l’art, leurs modalités de production, leurs contenus, les publics qu’elles créent, les ressources et les désirs qu’ils mobilisent participent pleinement de l’émergence d’un nouveau régime de croissance », soulignent Corsani et Lazzarato au terme de leur recherche. En ce sens, loin de se réduire à un coût ou à une charge, les dépenses sociales, repensées à l’aune des transformations de l’économie et de la société, doivent être appréhendées, imaginées et défendues comme un investissement collectif contribuant au développement de ces biens communs que sont la culture, l’éducation, la formation, la santé, l’habitat, bref tout ce qui tisse le bien vivre d’une société d’individus solidaires.

Parce qu’elle est riche de son inventivité créatrice, la lutte des intermittents pose la question d’une réinvention de la démocratie, de son extension et de son approfondissement face à l’essoufflement, au risque de la nécrose autoritaire, de sa version étroitement représentative où le pouvoir de tous finit par se perdre dans la délégation à quelques-uns. C’est aussi ce que l’on ne comprend pas dans les ministères, ne voyant là qu’agitation minoritaire en lieu et place d’une authentique concertation et délibération démocratiques, alors même qu’ils ont accepté sans états d’âme de décider du sort de quelques-uns avec des interlocuteurs qui n’en sont pas représentatifs.

Loin de vieilles rengaines usées, les formes de lutte promues par les intermittents évoquent plutôt ce pragmatisme radical, ou ces radicalités pragmatiques qui furent théorisées aux États-Unis dans le sillage des philosophes pragmatistes qu’étaient John Dewey (1859-1952) et William James (1842-1910). Pour ces auteurs, l’avenir ne pouvait être qu’une invention collective, production partagée de nouveaux savoirs et de nouvelles approches, mobilisation collective autour d’exigences radicalement démocratiques. Ceux qui dirigent (l’État), ceux qui possèdent (le patronat), ceux qui représentent (en l’espèce les syndicats) ne sauraient ignorer les réflexions et les propositions de ceux qui vivent les réalités dont ils débattent.

Très tôt, y compris par le détour d’une « Commission des mots », la Coordination des intermittents et précaires a renversé la notion d’expert et d’expertise telle qu’elle s’est imposée dans les usages gouvernementaux et leurs vulgates médiatiques. Est « expert » celui qui est expérimenté, c’est-à-dire celui qui a ou qui fait une expérience. Autrement dit, proclame la CIP, « nous sommes bien les experts, je suis un expert de ma vie ». Où l’on comprend que le mouvement des intermittents, loin de défendre de façon crispée des acquis qui seraient datés, ébranle nombre de citadelles conservatrices. Pour notre bien. Pour nos biens communs.

 

 

Lire aussi

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 17:02

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-anselme

 

Voyageurs si vous saviez

 

La grève contre la réforme ferroviaire est d'autant plus dure à vivre par les usagers du rail que ses raisons sont soigneusement masquées par la propagande de la direction de la SNCF et des médias. Et par la CFDT qui, comme de coutume, tire dans le dos des grévistes... Autant de raisons pour lire et faire circuler cet argumentaire du syndicat Sud Rail Paris Sud-Est.

 

Les siège du PS à Caen revu et corrigé par les cheminots en grève (photo Ouest France) 
Les siège du PS à Caen revu et corrigé par les cheminots en grève (photo Ouest France)

 

Les cheminots sont en grève contre la réforme ferroviaire. Pour la plupart des usagers du rail, c’est mal vécu.

Pour nous, salariés de la SNCF, c’est aussi douloureux car nous perdons notre salaire comme cela a toujours été le cas pendant une grève. Sinon, nous y serions tous les jours ! Nous savons aussi que notre avenir professionnel et social est en jeu.

Nous luttons contre l’éclatement de la SNCF prévu dans le projet de loi. Contrairement à ce que beaucoup de gens croient à cause des médias, il ne s’agit pas de réunifier le rail, mais de séparer complètement la gestion des voies et des quais du transport de voyageurs.

Deuxième volet de la loi : construire une nouvelle réglementation du travail alignée sur le moins-disant social. L’exemple pris par le gouvernement et le patronat est celui des routiers.

Ce n’est pas pour des raisons de concurrence car il pourrait très bien y avoir de bonnes conditions de travail identiques pour tous : la concurrence serait respectée.
Loin du discours sur le développement durable et l’importance écologique du ferroviaire, il s’agit plutôt de préparer l’arrivée d’actionnaires qui eux, ont besoin de conditions sociales dégradées pour récolter des dividendes.
Mais pour les usagers, cela ne fera qu’empirer les conséquences que vous subissez tous les jours.

Trains arrêtés en pleine voie ?Trois sources principales d’incidents obligent les voyageurs à rester coincés dans leur rame en pleine voie.

 

  • Première cause : le contrat entre les régions et la SNCF prévoit que la SNCF paie des pénalités en cas de retard au départ des trains. Dès lors, même si la SNCF sait que le train sera bloqué sur les voies, il part, se retrouve à l’arrêt en plaine voie, les gens coincés dans les rames. Ensuite, la SNCF explique : « c’est la faute à RFF ». La séparation entre SNCF et RFF permet ce genre de mépris des usagers.
  • Deuxième cause : la défaillance matérielle. Le zéro stock fait que la maintenance des rames est de plus en plus effectuée en prenant des pièces usagées sur une autre rame pour réparer une défaillance. Sauf qu’en l’absence de pièces neuves, le nombre de pannes augmente. Pour ne rien arranger, les pas de maintenance (le temps passé entre deux révisions) est allongé. Enfin, il n’est plus obligatoire d’avoir des rames « propres » ou « fonctionnelles » pour les autoriser à rouler !
  • Troisième cause : la maintenance des voies. L’accident de Brétigny l’a montré. La maintenance est de plus en plus négligée et les limites de l’infrastructure sont atteintes. Que fait RFF ? Il augmente les prix du « péage » que la SNCF doit payer, dont le coût est répercuté sur le prix du billet. Mais que fait la SNCF ? Elle diminue ses prestations pour récupérer ce manque à gagner. Qui est perdant ? Le voyageur et son droit à voyager en sécurité !

Boutiques fermées, guichets déserts ? 

Vous avez du mal à acheter un billet grande ligne dans une gare banlieue ? C’est « normal ». La SNCF , à cause de la régionalisation, a décidé de séparer les gares banlieue ou TER des gares grandes lignes. Pire, elle a décidé que les personnels seraient dédiés à l’un ou à l’autre.

Parce que cela ne suffisait pas, les logiciels ne sont pas compatibles. Il est impossible de délivrer un billet grande ligne d’un terminal TER ou banlieue ! Le projet de loi prévoit d’accentuer cette séparation qui ira jusqu’aux correspondances. Un train grande ligne est en retard. Tant pis, la correspondance TER sera partie !

Personne dans les gares ? Qui n’a pas connu une queue interminable devant des guichets, alors que des postes de travail sont fermés à côté ? La SNCF vient de sortir un plan d’avenir qui prévoit la suppression des guichets et leur remplacement par des automates. La raison invoquée ? Les usagers utilisent Internet. Pourtant, les voyageurs expliquent qu’ils préfèrent parler à une personne physique plutôt qu’à un terminal.

La direction de la SNCF utilise une technique qui a fait ses preuves. D’abord on rend les files d’attente interminables en renvoyant les usagers vers les automates puis on fait quelques promos sur internet et le tour est joué ! Pendant ce temps, le soir, combien de gares n’ont aucune présence humaine …

Voitures sales, toilettes en pannes, etc. 

Votre climatisation est en panne ? Normal ! Alors qu’une rame devait avoir l’ensemble de ses équipements en état de marche, désormais c’est fini : la règle est de l’isoler et de mettre malgré tout la rame à quai ! Pas de chance pour celui ou celle qui a réservé dans la mauvaise voiture !

Toilettes en panne ? Pour un trajet inférieur à deux heures, la SNCF a obtenu qu’elles ne soient plus nécessaires. Désormais il y a une multiplication d’arrêts en gare ou en pleine voie pour permettre aux voyageurs de faire leurs besoins…

Les rames sont sales ? Encore faudrait-il qu’elles soient nettoyées. Or, cela est rendu difficile pour deux raisons principales. D’abord, elles doivent être immobilisées le moins longtemps possible et rouler plus. Ensuite, les contrats de nettoyage passés entre la SNCF et des entreprises sont calculés sur des temps passés au nettoyage de plus en plus courts pour chaque voiture.

Pourquoi ne pas réparer le matériel ? La SNCF supprime toujours plus d’ateliers de maintenance des rames et voitures. Dès lors, il faut de bonnes raisons pour réparer car les distances entre les gares et les ateliers sont de plus en plus grandes. Enfin dans ces ateliers, c’est le désert avec la suppression des personnels qualifiés pour réparer.

Voyageurs handicapé : voyager c’est la galère ! 

Vous êtes handicapé et le contrôleur ne vous aide pas ? Malheureusement, c’est un ordre imposé par la direction de la SNCF. Il est interdit pour un cheminot en service de venir en aide à un voyageur handicapé ! C’est une faute professionnelle et en cas d’incident, la SNCF se retournera contre le cheminot ! Cette ânerie de la part de la direction fait passer le cheminot pour un … auprès des voyageurs.

Handicapé, vous n’avez pas d’aide en gare ? Malheureusement, la SNCF supprime des postes en gare et très souvent elle oblige les handicapés à faire un trajet supplémentaire pour trouver une aide. Il est de moins en moins rare d’avoir des handicapés (en banlieue notamment) qui sont obligés de descendre à une gare autre que leur destination. Dans sa grande largesse, ce service est gratuit… mais il faut réserver 48 heures avant et voyager avec un seul bagage !

Accès handicapés : le fric contre le droit d’accès. Les grandes entreprises ont réussi à faire reculer le gouvernement. L’accessibilité des gares aux handicapés est repoussée. Contrairement à ce que la direction fait croire aux voyageurs, ce n’est pas en raison d’impossibilités techniques. Il s’agit d’argent, uniquement d’argent. La SNCF, comme d’autres entreprises, ne veulent pas dépenser. Pendant ce temps, les handicapés n’ont qu’à se débrouiller !

Le projet de réforme c’est tout cela mais en pire ! 

Économiser toujours plus ! Tout ce que vous vivez n’est pas une fatalité. C’est le choix délibéré d’une politique où le service public, accessible à tous et de qualité, est remplacé par une recherche de profit.

Pourquoi la SNCF dépense-t-elle des milliards pour racheter les chemins de fer polonais ? Cet argent pourrait servir à améliorer la présence en gare, à ouvrir des guichets, à réparer le réseau. Non ! SNCF et gouvernement font d’autres choix : éclater la SNCF pour mettre en place une concurrence sauvage.

La réforme prévoit que c’est cette politique de groupe industriel (avec ses achats, ses ventes, ses liquidations et ses actionnaires) qui doit remplacer le service public.
Nous sommes déterminés à arrêter cette course folle.

SUD Rail Paris Sud-Est, 40 allée de Bercy, 75012 Paris, 09 50 25 20 69

 

• À LIRE absolument :

« Pourquoi je suis en grève »

sur le blog de Sylvain, cheminot : http://blog.sylvainbouard.fr/pourquoi-je-suis-en-greve/

• LIRE aussi, le reportage sur ce blog, le 12 décembre 2011, « Le premier train privé de voyageurs est arrivé » : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-anselme/121211/le-premier-train-prive-de-voyageurs-est-arrive


***

Demande d’un débat télévisé

sur l’avenir de la SNCF

(Fédérations CGT et SUD-Rail)

le 15 juin 2014

Avis de recherche. Nous avons bien regardé et écouté les grands médias audiovisuels. Nous avons bien trouvé les innombrables reportages sur les usagers gênés, désemparés ou excédés. En revanche, nous avons cherché en vain dans ces mêmes grands médias (mais peut-être une émission nous a-t-elle échappé) des explications fréquentes, claires et détaillées, présentées à des heures de grande écoute, du contenu de la réforme et des motifs des grévistes. C’est pourquoi nous publions ci-dessous un communiqué des fédérations CGT et Sud-Rail, daté du vendredi 13 juin. Un débat sur la réforme ferroviaire ? Chiche ! (Acrimed)

LIRE sur ACRIMED : http://www.acrimed.org/article4375.html

 

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-anselme

 

 


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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 17:34

 

 

 

Transmis par "Les alternatifs30"

 

Pour communiquer vos dates, contacter : 

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*Note perso : Le choix de certaines infos transmises ci-dessous sont propres à leur auteur(e) et ne sont relayées qu'à titre indicatif...

 

 



 

 

 

LES INDIGNE/E/S «  DEMOCRATIE REELLE NÎMES » - 

AG chaque mercredi 18h et samedi  13h - Maison Carrée 

 

 

Agenda Démosphère Gard-Cévennes http://gard.demosphere.eu

 

 

 


Dates

Evènement

Lieu

heure

Lundi 16 juin

Avec les Berceuses de Valdegour, Film « Nos enfants dans le désordre »et débat avec M.Sauzon, psychologue

Centre social Valdegour

14h

Du Lundi 16 juin au 18 juillet

Début Enquête publique sur TCSP bus  autour de l’Ecusson Allez y

Rue Bompard +++

 

Mardi 17/6

Présentation saison théâtre 2014/2015 des  ATP

Lavoir du Puits Couchoux

18h30

Mardi 17 juin

Accueil de la Convergence vers Notre-Dame-des-Landes Caravane à vélos : projection-échanges

Place de l’Horloge et

Le SPOT 8 rue Enclos-Rey

17h

Dès 20h

Mardi 17 juin

Réunion mensuelle ATTAC Nîmes

Local Solidaires

19h

Mercredi 18juin

AG Association A.R.B.R.E.S.

Jardins de la Fontaine

18h30

Jeudi 19 juin

Expo « Elles osent, posent, s’exposent… Sylve,Béatrix,Perrine,Lydie,Cathy,Sylvie, Mathéa, Yvelise,Martine

Au Prolé

18h30

Jeudi 19 juin

Vernissage Elodie Guizard « La scène »

Reliure Deschamps 13  Grand’rue

18h30

Samedi 21 juin

Manif à la mémoire de Clément Méric :solidaires contre l’extrême-droite

Maison Carrée

11h

Mercredi 25/6

Conférence « un arbre tout neuf » de F.Hallé

Cardet

19h

Samedi 28/6

Femmes en Noir pour la Palestine

Place de l’Horloge

11 à 12h

Samedi 28/6

Assemblée Générale ATTAC Nîmes

Local Rue Bec de Lièvre

14h30

Sam 28 et Dimanche 29/6

Fête départementale du PCF : débats, stands , musique, spectacles. «  Ensemble » aura un stand

Lézan

 

Samedi 28/6

TOTAL FESTUM par les Ecoles CALENDRETAS du Gard : spectacle des enfants, spectacle de D. Villanova, concert baleti, expos, artisanat,conférence

Château de Portes

De 10 à 23h …

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 17:24

 

 

Source : www.lemonde.fr/planete

 

 

Sea Shepherd s'en va en guerre contre les chasseurs de dauphins des îles Féroé

Le Monde.fr | 13.06.2014 à 11h02 • Mis à jour le 13.06.2014 à 14h53 | Par Martine Valo

 
 

 

Un Grind, un massacre traditionnel des dauphins globicéphales, aux Iles Féroé.

 

Démonstration de force au Champs de mars à Paris : les membres de Sea Shepherd y ont fait une étape jeudi 12 juin, avec plusieurs bateaux et une dizaine de véhicules, avant de prendre la direction des Iles Féroé, situées entre la mer de Norvège et l'Atlantique Nord. L’organisation de défense des océans veut y mener une campagne contre le Grind, cette coutume qui consiste à rabattre et coincer dans une baie des groupes entiers de globicéphales pour les tuer au moyen de crochets attachés à des cordes avant de les traîner sur le rivage. Durant ces séances de massacre, les chasseurs barbotent jusqu’à mi-corps dans des eaux rougies, un véritable bain de sang.

En moyenne, 1 500 dauphins globicephala melas, aussi nommés baleines-pilote, sont tués chaque année dans ces conditions. Ils sont les principales victimes de ce type de chasse particulière, mais pas la seule. «En une journée en août 2013, les pratiquants du Grind ont massacré 450 dauphins, dont 80 globicéphales», rapporte Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France et coordinatrice de l’opération Grindstop 2014.

 

500 MILITANTS DE TOUTES NATIONALITÉS

Avant de s’embarquer dimanche soir au nord du Danemark, il est prévu une nouvelle halte, vendredi 13 juin, à Amsterdam, aux Pays-Bas, pour alerter l’opinion européenne et assurer qu'« il n’y aura pas une seule baleine-pilote tuée tant que Sea Shepherd sera sur place », comme lors de la précédente opération en 2011. « Nous étions restés un mois et demi cette fois-là, jusqu’au 29 août. Le 2 septembre, ils recommençaient », soupire Lamya Essemlali.

L’ONG a commencé à lutter contre le Grind en 1987, mais c’est la première fois qu’elle organise une mobilisation de cette ampleur. Cinq cents militants de toutes nationalités doivent se relayer sur les Iles Féroé  pendant les trois mois et demi que dure la haute saison. Ils ont jusqu’au 20 octobre pour braquer les projecteurs internationaux sur cette pratique anachronique, dissuader les habitants de cette province autonome du royaume du Danemark de s'y livrer et les sensibiliser au sort de ces mammifères marins qui accompagnent souvent les navires en mer.

La branche française de Sea Shepherd a déposé une plainte à ce sujet devant la Commission européenne en décembre 2012, reprochant au Danemark de ne pas respecter plusieurs traités internationaux que le pays a pourtant signés.

Dans le secteur de la pêche, les îles Féroé sont souvent en opposition avec l’Union européenne. Ainsi un accord vient-il juste d’être signé, le 11 juin, mettant fin à une véritable guerre commerciale autour des bancs de harengs. Bruxelles n’avait pas apprécié que l’archipel augmente d'autorité son quota de pêche de plus de 200 % en 2013 et l’accusait de faire peser sur ces stocks de poisson une pression calamiteuse.

 

 JET-SKIS, HÉLICOPTÈRE ET TÉLÉPHONES PORTABLES


 

Les autorités féringiennes défendent le Grind au nom de la tradition Les autorités féringiennes défendent le Grind au nom de la tradition | Sea Shepherd

 

Les autorités féringiennes défendent le Grind au nom de la tradition et rappellent que la population, isolée, a longtemps eu besoin de la chair de cétacé pour se nourrir. Seulement la donne a changé : les globicéphales – comme nombre d’animaux situés au sommet de la chaîne alimentaire – concentrent mercure et PCB.

En 1989, 1998 et 2008, l’archipel d'Europe du Nord a recommandé officiellement à ses ressortissants de limiter leur consommation. «Les taux de PCB sont parfois dix fois supérieurs à ceux autorisés en Europe, assure Lamya Essemlali. Les îliens mangent peu de viande de dauphin, seulement à de rares occasions, et ont totalement délaissé le lard par précaution. »

 

LE « COLUMBUS » A MIS LES VOILES POUR LES FÉROÉ

Sea Shepherd considère en outre qu’il n’y a plus rien de comparable entre une chasse coutumière qui se menait sur des barques manœuvrées à la force des bras et une traque qui se pratique avec des vedettes rapides, des jet-skis, voire un hélicoptère pour repérer les groupes de globicéphales et prévenir tous les chasseurs potentiels alentour sur leur téléphone portable.

Aussi l’ONG a-t-elle décidé d’y mettre elle aussi les moyens. Le budget est conséquent. Il devrait en coûter environ 500 000 euros rien que pour alimenter les bateaux de patrouille en carburant. Le 3 juin, le navire ambassadeur de Sea Shepherd, le Columbus, appartenant au navigateur français Jean-Yves Terlain, a mis les voiles pour les Iles Féroé depuis le port de La Rochelle. Le reste du convoi s’est mis en route au port de Locquirec, dans le Finistère, le 28 mai. Quatre vedettes d’intervention rapide ont été construites pour l’occasion en Bretagne par l’entreprise Bord à bord. Deux portent le nom de leurs financeurs  – notamment l’acteur Charlie Sheen – , et deux celui de divinités vikings.

 

 Martine Valo
journaliste Planète 

 

 

Source : www.lemonde.fr/planete

 


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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 17:11

 

Source : www.lemonde.fr/les-decodeurs

 

La nouvelle conseillère de Hollande s'opposait à la régulation des banques

Le Monde.fr | 13.06.2014 à 10h25 • Mis à jour le 13.06.2014 à 16h43 | Par Mathilde Damgé

 
 
La nouvelle sherpa du président n'affectionne pas particulièrement les mesures de régulation sur lesquelles s'était pourtant engagé le candidat François Hollande.

La promesse du candidat François Hollande de mettre de claires limites au monde de la finance, qu'il désignait comme son « adversaire »  en 2012, semble toujours plus difficile à tenir alors que vient d'être annoncée, mercredi 11 juin, l'arrivée à l'Elysée de celle qui remplacera dans une quinzaine de jours Emmanuel Macron comme conseiller pour les affaires macroéconomiques : Laurence Boone, qui officiait jusqu'ici au sein de la deuxième plus grosse banque outre-Atlantique, Bank of America (BofA).

« On se souvient que, pour convaincre les électeurs, le président de la République avait, l'hiver 2012, indiqué qui était le principal adversaire du changement qu'il promettait », ont réagi les sénateurs du groupe Communiste, républicain et citoyen.

« Ces promesses paraissent bien lointaines alors même que l'Elysée confirme avoir embauché comme conseillère particulière du président une économiste forgée du plus beau métal libéral, au fil d'une carrière allant de Merrill Lynch, l'une des premières banques d'affaires américaine, à Bank of America, en passant par Barclays », ont-ils accusé.

Lire : De la City à l'Elysée, le profil de Laurence Boone irrite la gauche

Critique envers le gouvernement

Dans le journal — résolument libéral — L'Opinion, Laurence Boone avait déjà marqué son opposition franche à la politique du chef d'Etat socialiste. Dans une tribune intitulée « Arrêtons le massacre », publiée le 26 mai, elle s'y montre très critique :

« Les choix de politique économique sont quasiment inexistants. La déclaration de politique générale de Manuel Valls l'annonçait : c'est un programme qui ne vise ni à soutenir la demande à court terme, ni à élever le potentiel de croissance de long terme. »

Dans une note du 10 avril, elle jugeait déjà que « Le nouveau gouvernement est assez peu différent de l'ancien et n'a pas suggéré de changement d'orientation : le premier ministre et le ministre des finances ont changé, pas l'itinéraire », critiquant des mesures d'allègement d'impôts cosmétiques, destinées à donner de quoi écrire à la presse alors que la politique du gouvernement reste en réalité liée à l'obligation de réduction du déficit.

 

Une critique assez répandue chez les économistes, y compris chez ceux considérés comme ayant une sensibilité socialiste. Qu'en est-il des autres positions économiques de Laurence Boone ?

 

Solidarité en Europe

Dans une note du 16 mai, à la veille des élections européennes, l'analyste met en garde ses lecteurs, c'est-à-dire les investisseurs confiant leur argent à la banque pour le placer sur les marchés, contre le pouvoir important du Parlement, notamment dans le cadre de la régulation (taxe sur les transactions, loi bancaire, etc.).

La fragmentation et la division au sein des partis vont jouer sur la façon dont ces derniers voteront sur les sujets qui comptent pour le secteur financier, avance Laurence Boone, un mouvement qu'elle attribue à la désaffection pour l'Europe, elle-même liée au manque d'intégration et de transferts des dettes souveraines.

Un souci de la solidarité qui n'est pas gratuit : « Les pays du Nord de la zone euro ne sont pas en situation de négocier : ils perdraient avec l'explosion de l'euro non seulement les créances des pays du Sud, mais aussi en termes de commerce extérieur, avec un risque non négligeable de faire exploser, aussi, le marché unique », affirmait -elle dans une tribune en 2011.

Ou solidarité sur le « repo » ?

L'explosion de l'euro mettrait aussi en danger le marché de mise en pension des titres, le repo. Un marché qui lutte farouchement contre toute tentative de régulation et de taxation. Ce marché de près de 6 000 milliards d'euros permet d'obtenir de l'argent liquide ou des prêts à court terme en mettant en gage la dette d'un Etat.

Si les dettes d'un pays deviennent trop risquées, les chambres de compensation, qui se portent garantes des différentes parties de la transaction, exigent un appel de marge, un supplément en somme, ce qui empêche certains pays de se financer car ils ne parviennent plus à placer leurs titres de dette.

Laurence Boone avait ainsi déclaré en 2011 à Reuters qu'« augmenter l'appel de marge, c'est prendre le risque de déclencher [un risque de blocage] côté bancaire ». Une déclaration qui en dit long sur les inquiétudes de la banquière, plus soucieuse de l'activité de son industrie sur le marché du « repo » que de la sécurité de celui-ci.

Ne pas affaiblir le marché

Une chose est sûre, la nouvelle conseillère du président n'affectionne pas particulièrement les mesures de régulation. Dans une note du 15 avril, elle accuse les règles d'encadrement européennes régissant les « asset backed securities » (ABS, titres de Bourse adossés à des emprunts, produits spéculatifs en cause dans la crise des crédits immobiliers américains) d'être trop sévères et de risquer d'affaiblir ce marché.

Le 14 mars, elle écrit encore : « Dans un monde parfait, la croissance européenne se redresserait lentement cette année (...) Mais il y a un certain nombre d'obstacles... », citant à ce titre une autre mesure de régulation, l'examen des actifs bancaires exigés par la Banque centrale européenne (BCE) pour vérifier que les banques sont solvables, un examen dont le mode d'emploi est, selon elle, trop complexe et dont l'intérêt est surévalué.

Laurence Boone regrette en revanche que le mécanisme de sauvetage des banques ne soit pas mis en place plus vite, en raison notamment de blocages de la part des gouvernements français et allemand.

Lire sa tribune (en édition abonnés) : La zone euro est toujours en danger ! Une restructuration bancaire s'impose

Optimisme tout neuf

Car l'optimisme dont la nouvelle conseillère fait preuve (« La reprise est là. Elle n'est pas encore très forte, mais elle est incontestable », assure-t-elle), est relativement neuf.

Ses dernières notes chez BofA témoignaient plutôt de craintes de reprise molle et d'un risque de déflation, c'est-à-dire d'une baisse des prix, ce qui n'est en général pas très bon signe. « Nos indicateurs avancés suggèrent que les tendances désinflationnistes pourraient être plus fortes que ce que les indicateurs classiques anticipent, en particulier en France et en Espagne », écrit-elle dans sa note du 28 février.

Dans la même note, l'analyste dit être inquiète de la dîme sur la croissance que prélèveraient de nouvelles mesures d'austérité : « Nous voulons croire que le gouvernement évitera de mettre en danger les graines de la croissance avec de nouvelles doses d'austérité. »

Cette position, en faveur de la croissance plutôt que de la rigueur budgétaire, se retouve davantage chez les économistes dits de gauche que dans le monde bancaire. Dans son cas, elle doit pour beaucoup à ses craintes de tendances déflationnistes, encore confirmées dans ses notes du 5 juin, quelques temps avant qu'elle n'accepte la proposition de l'Elysée.

Lire en édition abonnés : Faut-il avoir peur de la déflation ?

 Mathilde Damgé
De l'éco, du décryptage et une pincée de data

 

 

Source : www.lemonde.fr/les-decodeurs

 

 


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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 16:52

 

 

Source : www.agoravox.fr

 

par Pingouin094 (son site) dimanche 15 juin 2014 -
 
Cheminots, les raisons d’une grève

 

 

L’enfer est pavé de bonnes intentions, ainsi en va-t-il de l’actuelle réforme du système ferroviaire. « Rapprocher la SNCF et RFF » ou encore « créer une convention collective de branche des travailleurs du rail » sont autant de bonnes intentions dans leur principe, mais qui dans leur application, risquent de dégrader fortement la qualité du service public de la SNCF et les conditions de travail des cheminots.

 

 

La SNCF coupé en 3 !

Car le rapprochement d’une partie de la SNCF avec RFF se fera au prix de la scission en 2, voire 3 de la SNCF. Le projet prévoit de créer un établissement « SNCF Mobilité » et un établissement « SNCF Réseau », le pilotage stratégique des deux établissements étant piloté par un troisième établissement « de tête ».

Les gains attendus du rapprochement RFF – SNCF seront ainsi annulés par les pertes à attendre de la scission de la SNCF. Les doublons supprimés entre RFF et SNCF seront remplacés par les doublons crées entre SNCF Réseau et SNCF Mobilité. De même, la rapidité de décision, les facilités de communications gagnées entre RFF et SNCF seront elles aussi annulées par les barrières installées entre SNCF Réseau et Mobilité, et les sujets transverses entre Réseau et Mobilité sont pourtant nombreux.

De plus, la scission en 2 épics peut faire craindre le pire. Il sera ensuite aisé de supprimer l’Epic de tête (la droite a déjà annoncé qu’elle y était favorable) puis de privatiser SNCF Mobilité, entreprise aisément rentable, et de garder dans le giron national SNCF Réseau, structurellement déficitaire dans le projet actuel (puisque cet Epic conserverait la dette due à la création des LGVs).

A noter néanmoins, que les 2 premiers jours de grèves ont permis quelques avancées mineures qu’il convient néanmoins de citer : Les structures transverses (informatique, RH, logistique …) ne seront pas scindées entre les 2 SNCF, mais resteront bien dans l’Epic de tête, ce qui n’était pas garanti avant la grève. De même, CE et CHSCT resteront communs, et la mobilité des personnels entre les 3 Epics sera conservée.

 

Des conditions de travail au rabais !

La réforme prévoit également une convention collective de branche des travailleurs du rail. Une meilleure protection sociale des quelques milliers de travailleurs privés du rail serait une excellente chose pour eux. Mais là encore, le gouvernement annonce qu’il faudra pour cela en passer par une renégociation des accords internes à la SNCF (le « RH 77 » dans le jargon SNCF) sur les 35 heures, le travail de nuit, week-end et jour fériés, les astreintes. On imagine que ce ne sera évidemment pas dans un sens d’une meilleure prise en compte de la qualité de vie au travail des cheminots.

Aligner les conditions de travail de 150 000 cheminots sur celles de quelques milliers de travailleurs privés n’est pas la solution, l’inverse sera au contraire plus juste.

Même si les négociations précises sur cette convention collective et encore plus sur le RH 77 n’ont pas commencé, la grève actuelle a évidemment une nature préventive. Un mouvement fort aujourd’hui permettra aux syndicats de négocier en position de force, tant la convention collective des travailleurs du rail que l’accord interne à la SNCF.

 

Article initialement paru sur le blog de Pingouin094

 

 

Source : www.agoravox.fr

 

 

 

 

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 16:40

 

 

Source : www.reporterre.net


 

La France recule en Europe face aux lobbies OGM

Verts/ALE au Parlement européen

samedi 14 juin 2014

 

 

 

L’UE veut laisser le choix aux pays membres d’interdire ou non les OGM sur leur territoire. Derrière une apparente avancée se cache un affaiblissement des normes européennes et un plus grand poids donné aux multinationales des biotechnologies.


Les ministres de l’environnement des États membres de l’Union européenne viennent de donner leur accord pour une interdiction nationale des organismes génétiquement modifiés (OGM) [laissant le choix aux Etats membres d’autoriser ou d’interdire la culture des OGM sur leur territoire, ndlr].

Le gouvernement français, en acceptant cette proposition sur les autorisations de mise en culture d’OGM plutôt qu’en opposant un refus ferme et motivé, facilite l’ouverture des champs européens aux cultures transgéniques.

 

Le poids des multinationales des biotechnologies

Alors que cela pourrait apparaître comme une avancée, il s’agit en réalité d’un recul majeur puisque d’une part les normes européennes seront considérablement affaiblies en laissant peser sur les États les expertises, et d’autre part ces normes porteront atteinte à l’équité dans les productions agricoles à travers de graves distorsions de concurrence.

Ce seront désormais les entreprises multinationales des biotechnologies qui discuteront directement avec les États et négocieront des conditions de mise sur le marché, ce qu’elles réclamaient depuis des années, notamment en utilisant des arguments socio-économiques ou territoriaux plutôt que sanitaires ou environnementaux.

En faisant ce choix, le gouvernement français a tourné le dos aux paysans et aux citoyens qui s’opposent à l’appropriation du vivant par la technique et les brevets et la marchandisation du monde alimentaire...

 

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

 

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