Mise à jour du 25/06/2014 : Merci à vous, lecteurs et partageurs !
Je tenais à vous remercier toutes celles et tous ceux qui ont lu cet article et vous qui ne l'avez pas encore lu, sans malheureusement pouvoir y répondre dû à la fermeture aux commentaires des non abonnés de la plateforme blog Médiapart. Je tiens également à mettre en avant d'autres ressources, que vous trouverez en bas de cet article pour ettofer mon constat, je ne suis (et nous ne sommes) plus seul(s)...La révolution du covoiturage est en marche, je vous laisse consulter l'article ci-dessous :
Il y a des jours où les coups de gueule remontent plus que d’autres. Aujourd’hui, fais partie de ces journées où l’on souhaite s’exprimer et montrer au plus grand nombre le mensonge et la calomnie proposée par certains services.
Aujourd’hui, mon dévolu se tourne vers le site Blablacar, le site N°1 du covoiturage en France qui a réussi en l’espace de 5 ans à créer un esprit communautaire et humaniste autour du covoiturage et à le détruire, récit d’un inscrit de la première heure qui vomit ce qu’est devenue la dernière.
Le covoiturage, c’est quoi ?
Si l’on souhaite réaliser une définition la plus succincte et fausse possible, nous pourrions dire que le covoiturage, c’est le fait d’effectuer un voyage en voiture entre plusieurs personnes se connaissant, ou pas dans le but de partager les coûts de carburant. Cette définition pourrait s’avérer juste dans un dictionnaire, mais en réalité, il s’agit avant tout d’un état d’esprit, alliant à la fois un volet économique (réduction du coût du voyage), à un volet écologique (ne pas prendre de multiples voitures pour un seul et même voyage) à un volet social (échange et liens entre les personnes). Un état d’esprit qui, lors du lancement du site covoiturage.fr, prenait tout son sens.
Covoiturage.fr en gratuit, déjà de l’histoire ancienne
Pionnier et libérateur de l’économie collaborative sur Internet, le site covoiturage.fr est la résultante de plusieurs facteurs économiques et sociologiques qui ont permis l’émergence, dans les années 2007-2008 d’un état d’esprit covoitureur.
À l’époque, la crise économique faisait rage et avec elle, le prix du baril de pétrole a fait exploser le litre de carburant, passant en quelques mois un litre de gazole de 0,95€ à 1,30€ soit une augmentation de 35%.
Covoiturage.fr, c’était l’idée de mettre en relation des personnes allant d’un point A à un point B, en permettant aux conducteurs de récupérer au passage des personnes faisant le même trajet qu’eux, cela le plus simplement du monde en ayant accès les uns et les autres à nos coordonnées respectives.
En 2008, et après plusieurs dizaines de covoiturages sur le site, j’étais heureux de contribuer à ce qui semblait être un pied-de-nez à la société de surconsommation, un pied-de-nez au «tout profit», mais hélas, la finance a eu raison de Covoiturage.fr.
Logo du site Covoiturage.fr, en 2004 avant la reprise par les dirigeants actuels en 2008. Source : archive.org
Passage au mode payant de Blablacar, le début de la fin pour le covoiturage
La douceur, c’est le maître mot du passage du site en mode payant. Région par région, mois après mois, le site communautaire à la limite de l’esprit hippie s’est vu cadenassé par des développements de fonctionnalités toutes plus sécuritaires les unes que les autres et la tenue de discours de peur digne des partis extrémistes pour forcer le passage à son mode payant.
Côté chiffres, il n’y a rien à dire, en opérant ce virage à 360°, le site a vu exploser son nombre d’inscrits et par là même son chiffre d’affaires. Mais en gagnant des inscrits, le site et son équipe en ont perdu les fondements du covoiturage, basé sur la confiance d’autrui et le partage.
Vous allez me dire, mais il faut bien vivre, l’argent ne pousse pas dans les arbres ?
Vous aurez bien raison, sauf qu’avec plusieurs millions d’utilisateurs d’autres moyens sont possibles pour la monétisation d’un modèle comme Covoiturage.fr, sans pour autant passer par une taxation systématique du voyage (j’en parle plus bas dans cet article).
Le covoiturage n’est plus social, il est purement économique
Il est bien terminé le temps où les personnes prenaient le covoiturage comme moyen numéro un et non pas comme option par défaut pour voyager.
Aujourd’hui plus que jamais, le volet social a volé en éclat, laissant place à des dérives de la part des conducteurs et des passagers qui font état que le covoiturage n’est plus ce qu’il était.
Conducteur ou taxi ? Certains n’hésitent plus à prendre jusqu’à 8 personnes dans des véhicules du types Transporter et effectuer dans les cas extrêmes plusieurs voyages dans une même journée.
De façon plus courante, nous pouvons voir que certains conducteurs arguent sans broncher l’argument du « c’est toujours moins cher que la SNCF, si tu n’es pas content du prix, tu n'as qu’à prendre le train », laissant le partage pur du péage/carburant aux oubliettes.
Côté passager, ce n’est pas toujours mieux, certains s’autorisant des voyages totalement aspirés par leur walkman (si, ce terme existe encore) qui, dès l’entrée dans la voiture affirment avoir leur place, comme dans un train, pourtant, ce n’est pas ça le covoiturage…
Mais pourquoi un tel revirement dans les mentalités ? Comme pour l’ensemble des nouveaux concepts, la faute revient au créateur et à ce niveau, Blablacar a fait fort en instaurant ce climat nauséeux.
Le site fait de la répression et ose instaurer des termes comme « sécurisé »
Le site a évolué ces dernières semaines, Blablacar à (enfin) mis à jour son site internet et ajouté des fonctionnalités qui auraient dû être native.
Avant cela, pendant les deux années passées à développer leur système payant, les développeurs du site n’ont eu cesse d’ajouter des fonctionnalités pour lutter contre une chose infâme… L’envoi de numéro de téléphone.
Force est de constater que les développements ont porté leurs fruits puisqu’il est aujourd’hui impossible d’envoyer un numéro de téléphone, que cela soit par voix numérique ou lettrée et quand bien même il s’agisse d’une langue étrangère (technique utilisée à l’époque qui fonctionnait bien). Pires, les messages sont aujourd’hui modérés lorsqu’ils contiennent un doute selon les robots de soumission, un véritable flicage qui n’a rien de sécurisant, mais une répression pour ne pas passer dans les mailles du filet.
Mais le site ne s’arrête pas là dans sa transformation et dans sa radicalisation, il met en avant une sémantique toute particulière, assurant que le mode payant va nous "sécuriser" pour les personnes qui avaient peur que Robert C (45 ans), ne soit un violeur en série ou encore que Mohamed R (22 ans), ne soit qu'un cambrioleur hors pair.
Afin de faire accepter son système payant, le site affirme que le paiement en ligne est donc le moyen préféré des conducteurs et des passagers. Ici, plutôt que de s'efforcer de nourrir une bonne foi réelle dans le covoitureur, Blablacar préfère aller dans le sens de la minorité qui avait une "peur" réelle du covoiturage en la validant par son discours sur le site internet.
Mais comment peut-on croire à un tel discours ?
Si vous avez cru ce que vous avez lu, je reste pour ma part persuadé du contraire. Le paiement en ligne et le code sécurisé ne satisfont, à mon sens, ni les passagers qui payent plus cher, ni les conducteurs qui sont payés à retardement. Voici quelques arguments dont vous pourrez vous servir lors de vos prochaines conversations en plein débat covoiturage, "c'était mieux avant ou maintenant ?".
- Conducteur, j’avais pour habitude de recevoir un billet à la fin du trajet, je reçois maintenant un virement directement sur mon compte en banque...Je reçois près de 1500€ sur mon compte par an, quid de la déclaration d’impôt en fin d’année, est-ce du revenu ?
- Conducteur, je paye mon plein et mes péages le jour du trajet, je me retrouve maintenant à devoir attendre 48h à 72h avant de percevoir mon argent, tout en étant obligé de me connecter pour activer les codes que j’ai reçus.
- Conducteur, j’avais pris l’habitude dans un souci d’équité de réviser le tarif du trajet (en partant d’un montant maximum) au fur et à mesure des covoitureurs validés… Aujourd’hui, le prix fixe des réservations en ligne m’empêche toute flexibilité.
- Passager, j’avais pour habitude de réaliser un trajet entre Nantes et Paris de X €, me voici aujourd’hui avec un trajet qui me coûte 3€ de plus, sans parler du prix de marché instauré par covoiturage.fr avec la mise en ligne d’un code couleur litigieux.
- Passager, je pouvais contacter le conducteur très rapidement par téléphone pour toutes questions un peu sensibles. Aujourd’hui, si je dois partir en dernière minute et que la description du covoiturage n’est pas très précise, je vois prendre le risque d’effectuer ma réservation et de l’annuler si le conducteur ne peut pas faire un écart de quelques kilomètres ou autres (dans les 24 dernières heures avant le départ sera retenu 50% du montant du trajet que vous avez payé).
Cela suffit-il de vous convaincre que la mise en place du système payant n’est qu’une manne financière pour le site internet, n’apportant absolument rien en termes de services, sécurité ou autre ?
En instaurant ce discours et ce climat au sein de Blablacar, l'équipe a certes élargi son champ d'inscrits, mais considérablement détruit l'esprit du covoiturage, mettant en avant des notions sécuritaires, monétaires, en oubliant le reste. Mais au final, que payons-nous ? La réponse est simple, des numéros de téléphone, qui nous coûte cher...
La réalité sur le modèle de Covoiturage.fr, un site détenu par des gros bonnets
Si vous trouviez mon discours déjà sec à l’encontre du site Blablacar, ne vous invite à vous asseoir pour lire ce qui va suivre. Pavanant d’événements en événements, le PDG de Covoiturage.fr, Frédéric Mazzella, est représenté partout comme une icône de l’économie collaborative. De plus, ses équipes de communication toujours plus efficace nous assurent que Blablacar est un véritable havre humaniste, trainant dans les festivals où il fait bon vivre et où il fait bon refaire le monde à cracher sur ces géants de la finance qui pourrisse l’économie réelle.
Pourtant, et n’en déplaise aux adorateurs de Blablacar comme j’ai pu l’être, le site n’est aujourd’hui plus qu’une «cash machine» détenue par des financiers, et le covoiturage n’est plus qu’une vitrine pour vous enfoncer toujours plus là où ça fait mal, votre porte-monnaie.
Blablacar à la botte d’un fonds d’investissement
Le fonds d’investissements ISAI, dédié au marché de l’innovation sur Internet, s’est emparé de la success-story Blablacar pour entrer en tant qu’actionnaire majoritaire. Avec une levée de fond revendiquée de 1,25 million d’euros (voir sur leur site http://www.isai.fr/portefeuille/liste_des_participations.html), il apparait clairement que les cartes ne sont désormais plus entre les mains des concepteurs qui ont laissé filer l’esprit du covoiturage dans les méandres des millions d’euros.
Pire encore, le CA de la société voit s’asseoir à sa table des experts en entreprises, mais surtout des financiers, à l’image de Didier Kuhn, ex-PDG de Screentonic racheté par Microsoft et Pierre Kosciusko-Morizet (PDG de Priceminister). Il est mort le temps utopique où nous croyons tous, nous la génération Covoiturage.fr de la première heure, qu’il était né ici un site communautaire qui ne pensait pas à son propre profit.
Mais me direz-vous, est-ce si grave d’être subventionné par un fonds d’investissement, au fond, il m’apporte un service ?
Je vous rassure, il n’y a rien de grave à se voir aidé financièrement par des business angels, en revanche, qui dit investissements dits retour sur investissements, et rassurez-vous, Blablacar est prêt à tout pour vous faire payer plus !
EXCLUSIF : Blablacar propose des frais évolutifs très bien cachés !
C'est lors de mon dernier covoiturage entre la Haute-Savoie et Paris que j'ai appris la meilleure. Je demande à l’ensemble de la voiture quel a été leur prix d’achat et là, stupeur, ils n’ont pas tous payé la même chose !
Je redemande et après avoir vu leurs mails de transactions, j’avais bien entendu, la première à avoir réservée a payé 33€, là où les deux autres ont payé 34,50€ (pour un trajet de 30€). Quoi ? Blablacar, en plus de se servir sur les passagers décide de se sucrer encore plus suivant le fait que vous soyez le premier à réserver ou non ?
Après quelques jours, je me lance dans l'épluchage du site internet et me voici que les CGV de Blablacar. Horreur ! C'est bien marqué, suivant la date de votre réservation (de 72h avant le départ à 24h), vos frais seront majorés, et pas qu'un peu.
Voici un exemple de tarif pour un trajet entre Nantes et Paris. Imaginons que je sois conducteur, je décide de mettre 25€.
Le trajet est pour le 1er Juillet, une première personne réserve aujourd'hui. Il paiera 25€x7,92% + 0,66€ (fixe) soit 27,64€ (10,5% de frais), pas mal mais peut mieux faire.
Un autre prend mon trajet le 29 juin, après tout, le covoiturage, c'est un peu ça la liberté de partir 48h plus tard, il va donc payer plus, logique ? Il paiera 25€x11,88% + 1,07€ (fixe) soit 29,04€ (16% de frais), ça commence à te faire mal là ?
Finalement, une demoiselle perdue décide de prendre le covoiturage dans les dernières 24h, ce qui finalement ne change rien à mon programme, j'ai bien stipulé un départ et une arrivée à une heure précise...Et bien malheureusement pour elle, elle paiera 25€x12,48% + 1,19€ (17,2% de frais)...
Sur le dos des conducteurs, et sur celui des passagers, Blablacar impute des frais différents sans aucunes raisons autres que celles de ramasser des sous, toujours plus de sous. Je vous rassure, des 7 points de plus gratté par Blablacar, le conducteur n'en voit bien évidemment pas la couleur.
Que pensez aujourd'hui de ce site qui a mis en avant des idéaux collaboratifs, mais qui en réalité, nous considère comme de simple numéros de carte bancaire ?
Pourtant, d'autres méthodes pourraient exister dans le monde du covoiturage, en voici une pour que m'a fatalité et celle de milliers de covoitureurs se transforme en espoir...
Des solutions existent pour sauver le covoiturage avec un vrai modèle économique
Mais alors devant un tel constat, que faire pour amorcer la révolte ? Honnêtement, avec 95% de part de marché et 7 millions d’utilisateurs, il va être compliqué d’inverser la tendance aujourd’hui, néanmoins à l’image d’Internet, tout peut aller très vite, rappelons-nous la chute de Radioblog, suivi par la montée de Deezer, Spotify, puis leur désertion pour finalement recapter de l’audience.
Internet est un média incontrôlable qui n’a de pouvoir que ses utilisateurs, si demain un concurrent crédible aux yeux des utilisateurs sort, Blablacar pourrait bien perdre la tête en quelques semaines…
Pour ce qui est de la concurrence, entre sites dépassés pour les quelques gratuits comme Covoiturage-Libre et sites toujours payant pour 123envoiture ou le futur Dreever, il n'existe pas encore de modèle rêvé, c'est donc à nous tous de l'inventer, et si il était réalisé par les membres, pour les membres ?
Jaimelecovoiturage.rêve, un site à l’adhésion pour unifier les covoitureurs
Il n’existe pas, mais il pourrait séduire les foules, Jaimelecovoiturage.rêve, c’est le constat qu’aujourd’hui, il doit exister un modèle économique pour qu’une équipe puisse tenir un site internet de l’ampleur de Blablacar.fr, mais pour cela, nul besoin de faire payer 15% par trajet.
L’adhésion est aujourd’hui une méthode équitable qui permettrait à chacun d’accéder à une plateforme de covoiturage ouverte tout en étant contrôlée. Pour une somme symbolique à l’année, c’est la possibilité d’offrir un renouveau pour le covoiturage, alliant esprit social, intérêt économique et réalité écologique pour un changement sociétal profond.
Le covoiturage, c’est plus qu’un simple voyage, c’est la confiance dans l’autre, le vivre ensemble, c’est tout cela que j’ai pu avoir lors de mes nombreux covoiturages et qui aujourd’hui, n’existe plus.
Imaginez-vous 7 millions d’inscrits pour 2€/an, cela fait 14 millions d’euros de budget annuel pour tenir un site de covoiturage, n’est-ce pas assez ? Et pour les passagers, c’est rentabilisé en un voyage seulement…
En espérant que ce billet fera réagir, dans le bon sens, ce qui est en train de devenir une nouvelle branche du «cool business». Pour ceux qui douteraient de ma légitimité à intervenir sur un tel sujet, voici mon profil Blablacar.fr.
Si vous souhaitez me suivre ou en savoir plus sur qui je suis, vous le pouvez, via mes réseaux ci-dessous :
Allez plus loin sur le sujet Blablacar et sur les mécontents de la première heure
Si je me suis dit qu'il fallait bien que quelqu'un en parle aujourd'hui au vu de l'éloge fait aux sites de covoiturage avec la grève de la SNCF, d'autres l'ont déjà fait avant moi et ce n'est qu'une petite partie de l'iceberg. Si les community manager de Blablacar veulent faire croire que seul les mécontents prennent la parole, ils se trompent et asserons ici leur cercueil.
- Martin Denoun et Geoffroy Valadon parle du partage et de la propriété dans Lemonde Diplomatique ici.
- En 201, Pierre Eve, un utilisateur du site LePlus du NouvelObservateur faisait également le constat amère de l'utilisation de Blablacar, à lire ici.
- Sur le site de l'UFC Que Choisir, on se plaint également de la fausse communication du 100% remboursé en cas d'annulation. Certes, le conducteur ne perçoit rien si l'annuation est faites 24h ou moins avant le trajet, mais les frais pour Blablacar restent les mêmes, voir ici sur le forum de l'UFC.
Article rédigé par Nicolas Robineau.
Source : blogs.mediapart.fr/blog/evenstrood