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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 21:51

 

Source : www.bastamag.net

 

 

Blocage

Méga décharge en Normandie : « Virer une multinationale est un challenge extraordinaire ! »

par Simon Gouin 9 juillet 2014

 

 

 

 

D’éleveurs fortunés au boulanger du coin : les opposants à la méga-décharge de Nonant-le-Pin, dans l’Orne, n’ont pas le profil habituel des militants écolos. Pourtant, cela fait maintenant huit mois qu’ils empêchent l’entreprise GDE de déverser de nouveaux déchets. Ici, la lutte locale s’entremêle aux références globales. Et les combats juridiques se succèdent contre cette entreprise dirigée par les fondateurs d’une sulfureuse multinationale, Trafigura, qui n’avait pas hésité, entre autres scandales, à se débarrasser de déchets toxiques en Côte d’Ivoire. Reportage.

245. Les chiffres sont marqués sur une palissade, à l’entrée de la décharge de Nonant-le-Pin, dans l’Orne. En cette journée de la fin du mois de juin, cela fait 245 jours que l’entrée principale du site est bloquée. 8 mois que des citoyens de cette terre dédiée à l’élevage des chevaux, de renommée mondiale, refusent de laisser passer les camions de l’entreprise Guy Dauphin Environnement (GDE). Cette décharge accueilleraient chaque année 150 000 tonnes de déchets issus de l’industrie automobile pendant 17 ans. Le 22 octobre 2013, les premiers déchets sont déversés, alors même que le Tribunal de grande instance d’Argentan exige des expertises avant le début des opérations. Le 24 octobre, les opposants décident de bloquer le site pour faire respecter la décision de droit. Depuis, ils sont une centaine à se relayer, jour et nuit. A dormir dans le camion de course. A jouer aux cartes sous le chapiteau et à regarder les matchs de la coupe du monde de football.

 


 

Parmi eux, Émilie, une robe noire et un chapeau de paille. « Après avoir vécu 8 ans à Paris, je n’en pouvais plus de la pollution, du bruit, raconte-t-elle. J’ai décidé de revenir habiter là où j’avais grandi. Peu de temps après, j’entendais parler de cette décharge. Ma maison familiale est à 5km. Je ne suis pas revenue vivre ici pour avoir ça en face de chez moi ! Mon air va être pollué. » Émilie vient tous les jours, avant et après sa journée de travail, pour participer au blocage. La jeune femme fait partie du FRO, le Front de résistance ornais, qui rassemble des habitants de la région. « On est tous voisins, à 20 km à la ronde, explique-t-elle. On ne se connaissait pas. Les préjugés tombent. On se rend compte qu’on a tous des points communs. C’est une belle expérience humaine. »

Trafigura, au cœur des inquiétudes

Au pied de la tente, des opposants ont créé un petit jardin suspendu. Sur des palettes, des salades poussent. Un petit coin de verdure qui contraste avec les grands bassins de décantation recouverts de bâches, construits de l’autre côté de la clôture. Au total, une cinquantaine de terrains de football accueilleraient des déchets automobiles. Pour apercevoir le site, il faut grimper sur des palettes. Marc, un boulanger bientôt à la retraite, commente le panorama. Habitant d’une commune voisine, il vient quatre jours par semaine prêter mains fortes au blocage. « Vous voyez le camion là-bas ? Il est en train de pomper les déchets », indique-t-il, un gilet fluorescent sur les épaules, afin d’assurer la circulation devant le l’entrée du site. « Nous le laissons entrer par un petit chemin. Le soir, on replace un tracteur devant. Pas question qu’on nous ramène d’autres déchets ! » En février, suite à un rapport de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), le préfet de l’Orne a sommé GDE de retirer les premiers déchets déposés sur le site, car ils contenaient des pneumatiques broyés, non autorisés dans cette décharge [1].

Aux côtés de Marc, on trouve André, un ancien agriculteur qui vit à 10 kilomètres. Il a découvert l’existence du projet il y a deux ans, au cours de réunions d’informations. Dans sa vie professionnelle, André avait un peu milité pour la FDSEA, « mais jamais à fond, comme ça, pendant huit mois, presque 24h/24 », dit-il. « Je participe au blocus en mémoire des Ivoiriens morts à cause de nos déchets déversés par Trafigura. » La référence à cette entreprise de négoce de matières premières basée en Suisse, gérée par Claude Dauphin, le fils du créateur de GDE, est sur les lèvres de nombreux opposants. Trafigura est accusée de s’être débarrassée de produits chimiques toxiques – des résidus de pétrole et de soufre – dans le port d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, en 2004. Les fûts s’étaient retrouvés dans une décharge sauvage, intoxiquant plusieurs milliers d’habitants (lire notre article). « Il est malheureux de payer de sa vie à cause des négligences d’un escroc », ajoute André.

Pas dans mon jardin ?

A Nonant-le-Pin, la lutte locale se nourrit de références mondiales. Personne ne veut d’une décharge autour de sa maison. Mais pas uniquement. L’avenir environnemental et économique de la région est en jeu. Et l’écologie revient souvent dans les arguments des opposants. « J’ai dû mal à accepter que l’on détruise la planète. On travaille pour l’intérêt général, explique Jean Leprince, un retraité d’une commune limitrophe, membre du FRO, avant d’ajouter avec malice : « Virer une multinationale est un challenge extraordinaire ! »


 

Mais virer une multinationale ne se passe pas sans un combat juridique. Si le blocage tient depuis 8 mois, c’est aussi grâce aux actions en justice entreprises par les opposants, sur tous les fronts. « Sur ce site privé et fermé [de GDE], l’enjeu était de savoir ce qu’il s’y fait, note Alexandre Faro, un des avocats des associations, lors de la conférence de presse organisée le mercredi 25 juin. Maintenant, on y est. Avec des juges, des experts, le procureur. » Les associations ont obtenu que des contre-expertises soient réalisées. Leur objectif est notamment de démontrer que le terrain qui accueille cette décharge n’est pas adapté. L’avocat, spécialiste des questions environnementales et défenseur, entre autres, de Greenpeace, ajoute : « Au-delà de la pollution, nous serons bientôt en mesure de démontrer qu’il y a probablement des faits d’escroquerie. Nous finirons par gagner. » En mai, le Tribunal correctionnel d’Argentan a ordonné la fermeture définitive du site, pointant la présence de déchets interdits. Mais GDE a fait appel de cette décision. Et porte plainte contre l’État pour les préjudices subis à cause de la non-exploitation du site [2].

Des militants écolos à la famille Guerlain

Pour répondre aux accusations des opposants, l’entreprise a aussi décidé d’ouvrir ses portes aux journalistes en avril et mai derniers. « Barrières d’étanchéité, collecte et traitement des effluents liquides, captage et valorisation du biogaz, plantation d’arbres, création d’un verger, aménagement de paddocks pour chevaux... rien n’a été trop beau pour faire du centre un site modèle, loin de l’image que l’on se fait d’une décharge », s’enthousiasme le journaliste du Monde après sa visite.

Le reportage de France 3 Basse-Normandie :

Pour payer ses avocats et ses contre-expertises, les associations comptent sur la solidarité des éleveurs. Ces derniers ont proposé des saillies, parfois aux enchères, dont la moitié du montant est reversé à la lutte. Si la mobilisation est forte, c’est que le monde du cheval joue gros. La région de Nonant-le-Pin est reconnue dans le monde entier pour son élevage de chevaux. Avec l’ouverture de la décharge, qui voudra acheter un poulain qui aura grandi à quelques centaines de mètres ? « GDE a réussi à unifier toute la filière équine, raconte Stéphane Meunier, représentant du syndicat des entraîneurs. Ce qui est très difficile ! » Des haras bordent la décharge de GDE. En quelques années, leur valeur a chuté avec le développement du projet. Certaines familles fortunées pourraient perdre des sommes considérables.

C’est là une des particularités de la lutte de Nonant-le-Pin : la rencontre de deux milieux socialement opposés. Des membres de la famille Guerlain à l’agriculteur du coin, des petits commerçants locaux au « consultant en réflexion stratégique, prospective et lobbying » Jacques Carles, président du Centre du luxe et de la création et vice-président du Samu social international, résident d’un village voisin, mobilisé pour « faire revivre le dossier ». Pour tenir, il faut activer les réseaux, y compris parisiens, rencontrer les cabinets des ministres, les politiques. Tenter de comprendre pourquoi l’État, et plus particulièrement le Préfet, défendent presque systématiquement l’entreprise. Et proposer une alternative à la décharge.

Un équipôle plutôt qu’une décharge ?

Les opposants ont un projet de développement de la région : créer un équipôle, un centre d’entraînement de trotteurs et d’activités associées, qui pourrait générer 50 emplois. Coût estimé : 7 millions d’investissements, auxquels les promoteurs du projet participeraient sous forme de fonds propres, entre 2,2 et 2,8 millions d’euros. Les associations ont aussi consulté les entreprises du département : elles embaucheraient 50 personnes d’ici à la fin 2015. Au total, 100 emplois seraient créés. Contre 12 emplois générés par la décharge, affirmait GDE au début du projet. Mais cette alternative ne tient qu’à une seule condition, précisent les opposants : la décharge doit fermer définitivement ses portes.

Quelques jours plus tard, GDE s’achetait une pleine page de publicité dans Ouest-France. Son message, repris dans un article du quotidien [3] : l’entreprise annonce la création de 91 emplois dans une nouvelle unité de traitement, à quelques dizaines de kilomètres de Nonant-le-Pin.

Simon Gouin (texte et photos)
Photo de une et photo du bassin de décantation : opposants de Nonant le Pin

 



Notre article sur Trafigura et Nonant-le-Pin : Dans l’ombre d’un projet polémique de méga-décharge en Normandie, une multinationale à la réputation sulfureuse

 

 

Notes

[1Les pneumatiques font l’objet d’une réglementation particulière afin que leur stockage ne pollue pas l’environnement.

[2Lire l’article du Figaro.

[3Lire l’article de Ouest-France.


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Source : www.bastamag.net

 


 

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 21:45

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

UE : un néonazi intègre la commission des libertés du Parlement

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Udo Voigt, député du NPD, un parti d’extrême droite allemand, a été nommé à la commission des libertés du Parlement européen. La nomination de cet élu célèbre pour ses discours révisionnistes provoque l’indignation au sein de l'institution européenne.

Udo Voigt, l’ancien président du parti néonazi allemand NPD (Parti national-démocrate) va siéger  au sein de la commission des libertés du Parlement européen, indique le site d’informations Euractiv.fr. Élu député européen en mai 2014, Udo Voigt était jusqu'ici connu en Allemagne pour ses positions révisionnistes et pro-nazies.

En 2003, il avait qualifié Hitler de « grand homme d’État » dans un journal allemand, puis, quatre ans plus tard, affirmé que « au maximum 34 000 personnes avaient péri durant l’Holocauste », alors que les historiens sont unanimes pour attribuer 6 millions de morts au génocide.

Ce politicien de 62 ans, fils d’un membre des sections d’assaut (SA) du parti nazi, doit son élection au système électoral allemand, purement proportionnel. Il avait réuni 1 % des voix lors du dernier scrutin européen, faisant campagne en réclamant « de l'argent pour Mamie, pas pour les Roms », rapporte l’AFP.

Sa nomination au sein de la commission des libertés du Parlement provoque l’indignation, tous bords confondus. Lors de son discours inaugural, Martin Schultz, président social-démocrate du Parlement, avait condamné ses positions. « Celui qui renie l'Holocauste et qui est contre la dignité humaine, la démocratie et la pluralité, aura affaire à la résistance la plus acharnée de ma part », avait-il déclaré. Le porte-parole de Nigel Farage, le leader des eurosceptiques au Parlement, indique, ainsi que le rapporte Euractiv.fr, qu’il « est particulièrement inquiétant qu'un être humain rationnel, avec un tant soit peu de connaissances historiques, puisse défendre les positions de M. Voigt ».

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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Source : www.lemonde.fr

 

 

Un néonazi allemand à la commission des libertés du Parlement européen

Le Monde.fr avec AFP | 09.07.2014 à 18h11 • Mis à jour le 09.07.2014 à 18h15

 
 
Udo Voigt, élu néonazi allemand, en févrirer 2011 à Berlin.

L'ancien président du Parti national-démocrate d'Allemagne (NPD), Udo Voigt, connu pour ses louanges d'Hitler et son révisionnisme, siégera au sein de la commission des libertés civiles du Parlement européen, rapporte Euractiv, mercredi 9 juillet. Cette instance est notamment responsable du respect des droits de l'homme et de la lutte contre les discriminations.

Avec seulement 1 % des voix aux dernières élections européennes, Udo Voigt a été le premier élu néonazi allemand à faire son entrée au Parlement européen. Malgré le score médiocre enregistré par son parti, il siège à Bruxelles grâce à une réforme du système électoral allemand instaurant une représentation purement proportionnelle aux élections européennes, sans seuil minimum à atteindre. Il s'agira de son premier mandat d'élu.

Pour ces élections européennes, le NPD a notamment fait campagne en réclamant « de l'argent pour Mamie, pas pour les Roms ». « Nous voulons une Europe des patries et non pas [une Europe] qui soit sous la férule des dictateurs bruxellois », avait commenté M. Voigt, entré à 16 ans au NPD, sur le site de son parti.

Dans sa recherche de soutiens pour parvenir à former un groupe au Parlement européen, la présidente du FN Marine Le Pen avait écarté l'idée de le rencontrer.

 

 PROVOCATIONS ET CONDAMNATIONS

Fils d'un membre des sections d'assaut (SA) du parti nazi, Udo Voigt, 62 ans, s'est vu condamner il y a dix ans pour avoir qualifié Adolf Hitler de « grand homme d'Etat ». Par le passé, cet homme a également mis en doute l'ampleur de la Shoah, réclamé la restitution des terres allemandes perdues après 1945, ou encore appelé les électeurs au « combat armé » avant des élections législatives, propos qui lui avaient également valu une condamnation.

 

Parmi ses nombreuses autres provocations : une affiche de campagne le montrant chevauchant une moto et ce slogan : « plein gaz ! », accrochée notamment devant le Musée juif d'Allemagne peu avant un scrutin local en 2011...

Son parti, créé en 1964 par d'anciens fonctionnaires du parti nazi, fait l'objet d'une procédure judiciaire en vue de son interdiction en Allemagne à la suite d'une série de crimes racistes commis par des proches du NPD.

 

SUCCÈS EN ALLEMAGNE

Ancien président du Parti national-démocrate d'Allemagne pendant quinze ans, ce technicien aéronautique diplômé en sciences politiques a mené la liste de cette formation ouvertement raciste, antisémite et révisionniste au scrutin européen.

A la tête du NPD de 1996 à 2011, Udo Voigt a connu un indéniable succès, faisant tripler les effectifs du parti et l'implantant durablement dans certaines parties de l'ex-RDA. Marginalisé au niveau national, le mouvement néonazi compte quelques élus régionaux dans ces territoires déshérités.

M. Voigt avait tenté de « polir » l'image de son parti en priant les crânes rasés de rester en coulisse tandis que lui apparaissait toujours en costume. Il avait été « renversé » il y a trois ans à la suite de luttes internes fratricides dont l'extrême droite allemande est coutumière.

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 21:36

 

Source : cadtm.org

 

 

CADTM

 

Eric Toussaint "Si l’Union Européenne était au service des citoyens elle aurait nationalisé les banques"

6 juillet par Eric Toussaint , Jorge Otero

 

 


 

Président du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde-Belgique et conseiller de plusieurs gouvernements latino-américains, le politologue belge propose "une sortie juste" à la crise.

Après sept ans d’une dure crise économique, le belge Éric Toussaint, un des politologues les plus lucides de la gauche européenne, ne sait que trop qui sont les responsables de cette crise et pourquoi nous sommes dans la situation la plus grave des 80 dernières années |1|. Son diagnostic ne tombe pas du ciel. Il s’agit d’une crise de la dette privée et du capitalisme financier provoquée fondamentalement par les banques. La dette publique, conséquence de la crise ce sont tous les citoyens qui la paient. Éric Toussaint avance avec conviction et détermination des solutions pour une "sortie juste" de la crise.

Président du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde et conseiller de plusieurs gouvernements latino-américains en matière d’audit de la dette publique, Eric Toussaint était en visite pour quelques jours à Madrid. Mardi 1er juillet 2014, il était l’invité de Publico TV |2| dans le cadre du débat de la Tuerka sur le thème : « Entre critique systémique et réflexion sur les politiques économiques alternatives au néolibéralisme en vigueur ».

"Il faut prendre des mesures à faveur d’une sortie sociale de la crise"

Eric Toussaint regrette l’impunité dont jouissent les grands banquiers, qui sont directement responsables de la crise :" les propriétaires des banques privées ont géré l’argent des banques en recherche du profit maximum sans tenir compte du risque". Ce sont eux qui nous conduit dans la présente situation et ce sont eux qui devraient payer pour tous leurs excès.

La réalité est cependant bien différente : ces hommes de premier plan jouissent de la protection des gouvernements européens, personne n’a osé les attaquer et le comble est que les gouvernements ont sauvé les banques avec l’argent public. Cela irrite Éric Toussaint pour qui la punition est très claire : "Il faudrait exproprier les banques et les socialiser. La banque doit être un service public. Les grands actionnaires des banques qui ont été sauvées devraient rétrocéder l’argent des aides avec leur propre patrimoine."

Le penseur belge pense que les choses peuvent se faire autrement que ce qui se passe dans l’Union européenne. Il cite en exemple l’Islande où deux directeurs de banque ont été emprisonnés grâce à la pression citoyenne. Du côté des Etats-Unis, il souligne que Barack Obama ne prend pas de mesure contre le secteur bancaire étasunien et essaie de détourner l’attention de l’opinion publique de son pays en imposant de fortes amendes à des banques européennes comme BNP Paribas.

Dans l’Union européenne et en Espagne, au niveau des gouvernants, il n’y a pas de volonté politique ni de sensibilité à cette question. Si les gouvernements des pays de l’Union Européenne croyaient véritablement qu’ils étaient au service de la majorité des citoyens, ils auraient déjà nationalisé les banques et également rejeté le paiement de la partie illégitime et illégale de la dette publique.

Face à l’immobilisme des gouvernements européens, Toussaint introduit un élément important dans son discours : l’existence d’une alternative. Et cette alternative est chaque fois plus proche en dépit du "contexte politique" au sein de l’Union Européenne. "Les élections européennes ont démontré qu’il y a en Espagne une partie importante de la population qui recherche une alternative réelle au bipartisme et aux options du pareil au même" |3| se réjouit le politologue belge.

Pour Éric Toussaint, l’alternative passe par un programme cohérent avec comme axe "des mesures radicales en faveur d’une sortie sociale de la crise". La possibilité que cette sortie se fasse sans l’euro ne lui importe pas autant qu’à d’autres économistes : il a une position critique contre la monnaie unique et contre le système en tant que tel. Toussaint plaide pour "une sortie de gauche de la crise accompagnée de changements structurels dans la société".

« Je suis partisan de la création d’un impôt confiscatoire de 80 à 90% du revenu du 1% le plus riche de la population. »

En ce sens, l’Amérique latine peut être prise comme une source d’inspiration. Cette partie du monde a appris que la réponse à la crise ne passe pas par des coupes dans les dépenses publiques, les pensions et les politiques sociales pas plus que le gel des salaires. Comme Éric Toussaint l’explique très bien : "l’austérité n’est pas la réponse. Cela conduit seulement à une augmentation de la dette publique. La solution passe par l’adoption d’un programme cohérent et alternatif qui implique l’augmentation de la dépense publique et du pouvoir d’achat des familles, l’annulation de la partie illégitime de la dette publique, la redistribution de la richesse et l’augmentation des recettes fiscales".

Éric Toussaint n’oublie pas non plus la lutte contre les inégalités : « une des mesures fondamentales du programme cohérent dont j’ai parlé est l’imposition des plus riches. Comme Thomas Piketty, je suis partisan de créer un impôt confiscatoire 80 à 90% sur le revenu du 1% le plus riche de la population. La concentration de richesse est intolérable. Franklin Delano Rosevelt, président des États-Unis, l’a fait en 1938 et ce n’était pourtant pas un homme de gauche. Sur base de ces revenus un gouvernement progressiste pourrait mettre en marche un nouveau modèle économique et social. »

"L’austérité n’est pas la solution, elle ne conduit qu’à une augmentation de la dette publique".

"Le problème" comme le reconnaît Éric Toussaint, "est de passer de la volonté de changement à l’expression politique de ce changement". Mais il est néanmoins optimiste : il dit qu’il est enthousiasmé par l’action des Indignés et du 15-M et salue avec sympathie l’irruption du nouveau parti Podemos. Il félicite le 15-M pour sa lutte en faveur d’un "audit citoyen de la dette", une action citoyenne qui d’après ses mots « veut comprendre d’où vient la dette publique en même temps que questionner sa légitimité."

La Troïka (Commission européenne, BCE et FMI) pèse de toutes ses forces pour que les citoyens paient la dette quel qu’en soit le prix, la question de la dette est l’élément central du discours alternatif du penseur belge qui comme président du Comité pour l’Annulation de la dette du Tiers Monde en a fait son cheval de bataille. Il n’est pour lui pas acceptable moralement qu’un pays doive couper dans ses dépenses de santé ou d’éducation pour payer sa dette surtout sans avoir fait un audit de la dette qui permette de déterminer quelle est la part illégitime et/ou illégale de la dette. La réalisation d’audits de la dette est une obligation pour chaque pays : "si on veut une sortie juste de la crise pour les citoyens, il faut annuler le paiement de la partie de la dette qui sera identifiée comme illégitime".

Le refus de payer une partie de la dette n’est nullement une utopie. Éric Toussaint le sait et met en avant l’exemple de l’Équateur pour lequel il a conseillé le président Rafael Correa : Il est possible de le faire. L’Équateur l’a fait en 2008 et 2009 avec succès et des pays comme l’Espagne, la Grèce, le Portugal, l’Irlande et Chypre peuvent faire de même. Pourquoi pas ? Les créanciers de la dette publique sont largement les grandes banques privées qui ont été sauvées avec l’argent public qu’elles ont ensuite utilisé pour acheter les titres de la dette publique de ces pays."

Traduction : Virginie de Romanet

Notes

|1| La version originale est parue en espagnol le 1 juillet 2014 http://www.publico.es/dinero/531461/eric-toussaint-si-la-ue-estuviera-al-servicio-de-sus-ciudadanos-ya-habria-nacionalizado-los-bancos et http://cadtm.org/Eric-Toussaint-Si-... Les notes de bas de page sont de la responsabilité du CADTM.

|2| Publico.es (http://www.publico.es/ ) est un média indépendant espagnol. Son audience est tout à fait considérable : rien que pour le mois de juin 2014, son site a reçu plus de 18 millions de visites (dont 7.600.000 étaient des visiteurs uniques). La quantité de pages visitées en juin : 40 millions environ. L’équivalent de 30 personnes à temps plein sont employées par Publico.es La Tuerka, son émission politique quotidienne télévisée (d’une durée de 1h30, 20h45-23h15) est en général suivie par 40 000 personnes.

|3| Les deux partis qui alternent au gouvernement, le Parti Populaire et le Parti Socialiste (PSOE), ont perdu les élections tandis que plusieurs formations de gauche radicale (Podemos, Izquierda Unida, et, au pays basque, Bildu…) ont reçu un très important soutien populaire et ont pu envoyer une douzaine de députés au parlement européen (note de la traduction).

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 21:21

 

Source : cadtm.org

 

Grèce

Soutenons les 595 femmes de ménage du Ministère des Finances en Grèce qui se battent pour leurs emplois et leur dignité

7 juillet par Patrick Saurin

 


Depuis le 17 septembre 2013, en Grèce, 595 femmes de ménage ​du Ministère des Finances sont ​en lutte ​contre leur licenciement. Elles sont devenues un cas emblématique de résistance contre la Troïka. Il y a un blog avec des vidéos, des photos et des informations sur le combat qu’elles mènent : http://agwnkatharistries595.wordpre...

Des témoignages de soutien peuvent être transmis à Sonia Mitralias du Comité de solidarité avec « Les Femmes de Ménage en Lutte », à l’adresse suivante : sonia.mitralia@gmail.com (tél. fixe : 00302109420681 et 0030 6932295118)

​ Le 28 juillet prochain, il y aura un grand concert ​de solidarité à Syntagma. Des messages de solidarité par écrit et par vidéo peuvent être adressés par des syndicats de femmes de ménage, par des artistes ainsi que par des organisations (associations, collectifs, syndicats, partis) p​our être lus et visionnés pendant le concert. Ces témoignages pourraient également figurer sur​ le blog des femmes de ménage.​

Il y aura une autre échéance le 23 septembre, ​quand la Cour Suprême rendra son arrêt définitif sur la question du licenciement des 595 femmes de ménages.

Une pétition va être mise en ligne prochainement.

 

Voici l’appel à la solidarité rédigé par les 595 femmes de ménage en lutte suivi de sa traduction en français. Cet appel est suivi d’un texte émouvant d’Archimandrite Vassilios Varvelis, Secrétaire du Patriarcat d’Alexandrie et de toute l’Afrique, traduit en français par Yorgos Mitralias.

We are 595 women cleaners of the Greek Ministry of Finance and since 17th September 2013 we have been unemployed. The Government fired us and chose to give our jobs to private contractors, with no financial benefit for the state. Our wages ranged from 300 to 650 euro a month. We are not numbers, we are human beings.

We haven’t bowed our heads in submission. Since 17th September we have been in the streets every day, claiming back our jobs, claiming back our lives.

The Government is trying to suppress our just fight in any way it can. Pictures of defenseless 50 or 60-year-old women beaten up by riot police have spread around the world. Lots of us were taken to hospital after the barbarous and unjustifiable police attacks against us.

We have opted for dignity. Ten months of struggle, ten months of poverty and problems ! But we haven’t given up. We continue our struggle. We claim the self-evident : our right to life.

A surge of support is spreading in society. Workers, redundant workers, unemployed people, students, pensioners, artists, they all express their support.

Greek justice has vindicated us, but the Government refuses to comply with the court decision. It wants revenge on us because we are fighting. It wants revenge on us because we have opted for dignity.

SOLIDARITY IS PEOPLES’ WEAPON. We call on you to express your solidarity to our struggle for life and dignity. We call on you to sign the support petition and help collect signatures, which will force the Government to execute the court decision – something that will cost nothing to the Greek state.

TOGETHER WE CAN STOP THESE BARBAROUS POLICIES.

Nous sommes 595 femmes de ménage du Ministère des finances de Grèce et depuis le 17 septembre 2013, nous sommes sans emploi. Le Gouvernement nous a licenciées et a choisi de confier nos emplois à des prestataires privés, sans aucun bénéfice financier pour l’État. Nos salaires vont de 300 à 650 euros par mois. Nous ne sommes pas des numéros, nous sommes des êtres humains.

Nous n’avons pas baissé la tête en signe de soumission. Depuis le 17 septembre, nous sommes allées tous les jours dans la rue pour réclamer la préservation de nos emplois, réclamer la préservation de nos vies.

Le Gouvernement est en train d’essayer de réprimer notre juste combat en utilisant tous les moyens. Des photos de femmes sans défense âgées de 50 ou 60 ans tabassées par la police anti-émeutes ont fait le tour du monde. Beaucoup parmi nous ont dû être transportées à l’hôpital après les attaques barbares et injustifiables de la police contre nous.

Nous avons fait le choix de la dignité. Dix mois de lutte, dix mois faits de pauvreté et de problèmes ! Mais nous ne désespérons pas. Nous continuons notre lutte. Nous réclamons ce qui est une évidence : notre droit à la vie.

Un mouvement de soutien est en train de se propager dans toute la société. Des salariés, des travailleurs licenciés, des chômeurs, des retraités, des artistes, ont tous témoigné leur soutien.

La justice grecque nous a donné raison, mais le Gouvernement refuse de respecter la décision de justice. Il veut se venger de nous parce que nous combattons. Il veut se venger de nous parce que nous avons fait le choix de la dignité.

LA SOLIDARITÉ EST L’ARME DES PEUPLES. Nous vous demandons d’apporter votre solidarité à notre combat pour la vie et la dignité. Nous vous demandons de signer la pétition de soutien et de nous aider à rassembler des signatures qui obligeront le Gouvernement à respecter la décision de justice – ce qui ne coûtera rien à l’Etat grec.

ENSEMBLE, NOUS POUVONS ARRÊTER LES BARBARIES POLICIÈRES

Ma mère femme de ménage,
moi enfant et neveu de femmes de ménage
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Vassilios Varvelis

Archimandrite Vassilios Varvelis |1|

Les maisons où elle travaillait 6 jours par semaine brillaient, et le septième, le Dimanche (son « jour férié »), elle devait nettoyer aussi sa maison et nous tous, préparer à manger un plat chaud, laver, sécher le linge, nous embrasser et se reposer.

Cette mère à moi !

Ces femmes de Peristeri |2|, les mères de nos amis, qui s’en allaient à l’aube sans avoir mangé, laissant leurs enfants dans la rue, pour arriver à Ekali, Filothei, Psychico |3|, sous la pluie, dans le froid, quand il neigeait et dans la canicule, pour devenir des « servantes » comme les appelaient les « Dames », pour nous élever, avec leur sueur quotidienne, pour nous éduquer, pour que nous devenions des êtres dignes. Et la plupart de nous nous le sommes devenus !

Et quand la mère rentrait du travail, ayant dans son sac à mains sa robe mouillée qu’elle portait quand agenouillée elle lavait les planchers à la serpillère, moi tout petit je lui demandais :

- Maman, qu’est que tu m’as apporté ?

- De la fatigue mon enfant – sa réponse. De la fatigue.

Nous avons grandi avec les vêtements que les « Dames » lui donnaient comme charité. On n’avait pas de vêtements à nous. Des choses de seconde et troisième main. C’est avec ça que nous nous habillions.

Des mères héroïques !

C’est sur ces mères que le fascisme a osé lever la main. Ce sont ces femmes qu’ont frappées les « hommes de main » à 500 euros.

Au lieu de baiser leur main, ils les ont envoyées à l’hôpital.

Ceux qui ont tué notre « frère » et notre « enfant » Alexis Grigoropoulos |4|, ceux qui offrent l’asile aux Nazis, chair de leur chair, ceux qui vendent de la drogue pour que le peuple ne se réveille jamais, ceux qui exploitent des prostituées pour toucher leurs pourcentages, ceux qui traitent de façon inhumaine les immigrés, ceux qui font chanter les petits commerçants, ceux qui servent toujours fidèlement le pouvoir du moment, ces voyous de Miliciens durant l’Occupation, les mouchards de la dictature, ceux qui pour toucher en retour « leur dividende » ont osé lever leur main infâme contre nos mères.

A tous ces minables aux muscles entraînés et au cerveau sous-développé, qui avec leur attitude et leur comportement ont craché sur leurs propres mères, je tourne le dos.

Je durcis mon cœur.

Je ne les bénis plus. Cela ne me convient plus.

Je n’ai aucun vœu pour eux.

Tous ceux-là vont me trouver face à eux, dans la lutte.

Je crie fort : Réveillez-vous tous, réveille-toi peuple de Dieu avant qu’il ne soit trop tard.

« Écoutez donc rois ; apprenez juges de la terre. Prêtez l’oreille, ô vous qui gouvernez les peuples et qui êtes si fiers de leur multitude. Votre puissance vous a été donnée par le Seigneur ; votre autorité vient du Très-Haut, qui interrogera vos œuvres, et scrutera vos desseins. Vous, ministres de Son royaume, vous ne jugez point avec droiture ; vous n’observez point la loi ; vous ne marchez point selon la volonté de Dieu. Et quand soudain Il fondra sur vous, vous en frissonnerez ; car Son jugement est bien plus sévère contre ceux qui ont la puissance… » |5|

Notes

|1| Secrétaire du Patriarcat d’Alexandrie et de toute l’Afrique.

|2| Peristeri est une commune populaire du grand Athènes.

|3| Ekali, Philothei, Psychico sont des communes bourgeoises du grand Athènes.

|4| Alexis Grigoropoulos est un adolescent de 15 ans qui a été abattu par la police à Athènes le 6 décembre 2008.

|5| La Septante, « Sagesse de Salomon », Chapitre 6.

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 21:15

 

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CADTM

 

Grèce

595 femmes de ménage grecques : 11 mois de lutte acharnée contre le gouvernement et la Troïka

7 juillet par Sonia Mitralias

 


Après 11 mois d’un long et âpre combat, limogées depuis septembre, mises sous statut de "disponibilité », soit licenciées au bout de huit mois, 595 femmes de ménage de la fonction publique sont devenues l’incarnation, le symbole, l’âme, la vie-même de la résistance la plus farouche contre la politique de rigueur en Grèce ! Ces femmes sont devenues tour à tour « sujet politique » et le leadership de toute la résistance actuelle contre la politique de la Troïka, osant affronter un ennemi aussi puissant que le gouvernement grec, la Banque centrale européenne, la Commission et le FMI

Et pourtant, après ces 11 mois de combat, après avoir défié et être devenues l’ennemi principal du gouvernement et de la Troïka, après avoir court-circuité la mise en œuvre des mesures de rigueur, après une présence très médiatisée sur la scène politique, ces femmes de ménage en lutte ne sont toujours pas considérées comme sujet politique par les opposants à l’austérité.

Et pourtant, depuis le début des mesures d’austérités infligées par la Troïka, les femmes ont pris la rue en masse et leurs résistances semblent avoir une dynamique propre toute particulière et riche en leçons politiques.

Durant ces quatre ans de politiques d’austérité qui ont transformé la Grèce en un amas de ruines sociales, économiques et surtout humaines, on n’a parlé que très peu de la vie des femmes et bien sûr encore moins de leurs luttes contre les diktats de la Troïka. C’est donc avec surprise que l’opinion publique a accueilli cette lutte exemplaire faite entièrement par des femmes. Mais est-ce vraiment une surprise ?

Elles ont participé en masse aux 26 grèves générales. Dans le mouvement des indignés, elles occupaient les places, elles campaient, manifestaient. Elles se sont mobilisées en première ligne pour l’occupation et l’autogestion de l’ERT,* Exemplaires, elles étaient l’âme des assemblées des grévistes des administrateurs universitaires dans l’éducation et les universités contre la « disponibilité » c’est-à-dire le licenciement après 8 mois avec 75 % de leur salaire. 25 000 fonctionnaires de l’État, en majorité des femmes, seront concernés par le dégraissage des services publics. Elles constituent aussi l’écrasante majorité (95 %) des volontaires du Mouvement de Solidarité et des dispensaires autogérés qui essayent de faire face à la crise sanitaire et humanitaire.

La participation massive des femmes aux mouvements de résistance contre la destruction de l’État social par les politiques de l’austérité, n’est donc pas une surprise, elle n’est pas due au hasard : d’abord, et nous le savons, la condition des femmes est dans l’œil du cyclone de l’austérité. La destruction de l’État social et des services publics fait exploser leur vie : en tant qu’employées majoritaires dans la fonction publique et en tant qu’usagères principales des services publics, les femmes sont doublement impactées par les coupes de tous genres. Elles ont donc mille raisons pour ne pas accepter la régression historique de leur condition de femmes, qui équivaudrait à un véritable retour au 19e siècle !

C’est vrai que dans un premier temps elles ne se démarquaient pas en tant que « sujet politique femmes », partageant les mêmes revendications et les mêmes formes de luttes avec les hommes dans les mouvements. Elles y étaient nombreuses, c’est tout.

Mais, déjà dans la lutte pionnière contre l’extraction d’or dans la région de Skouries, à Chalkidiki au nord de la Grèce, s’opposant à la société canadienne multinationale « Eldorado », les femmes se sont très vite distinguées par leurs formes de lutte et leur radicalité. Et si la presse et l’opinion publique ignoraient l’incidence de leur identité de genre sur la façon de lutter, la police ne faisait pas autant ! En effet, la police anti-émeute avait ciblé tout particulièrement les femmes, utilisant une répression féroce et sélective pour terroriser toute la population à travers ELLES, pour anéantir toute désobéissance et tout mouvement de résistance. Criminalisées, emprisonnées, elles ont subi des violences humiliantes, aussi sexuelles et… spécifiques à leur corps et à leur…genre !

 

Dans un second temps, les femmes ont exprimé des initiatives et formes de luttes propres à elles.

Tout a commencé quand, pour imposer la partie la plus dure de son programme d’austérité et satisfaire les engagements à l’égard de ses créanciers, le gouvernement a ciblé en toute priorité les femmes de ménage du ministère des Finances, de l’administration fiscale et des douanes. Il les a placées dans le mécanisme de disponibilité déjà depuis fin août dernier, ce qui se traduit par ce qu’elles touchent les trois-quarts de leur salaire de 550 euros pendant huit mois avant qu’elles soient licenciées définitivement. Le gouvernement a suivi exactement la même stratégie qu’à Skouries. L’objectif : s’attaquer d’abord aux plus faibles et les moins susceptibles d’être soutenues…c’est-à-dire les femmes de ménage, pour ensuite faire passer le gros des employés à la trappe, c’est-à-dire aboutir au licenciement des 25 000 fonctionnaires publics !… Et cela dans un moment où les mouvements de résistances étaient saignés à blanc par l’austérité sans fin, étant atomisés, fatigués, extenués, vulnérables…

Il croyait qu’avec « cette catégorie de travailleurs », ces femmes pauvres de « basse classe » touchant des salaires d’à peine 500 euros et, croyait-il, pas très intelligentes (d’où le slogan des femmes de ménage : « Nous ne sommes pas des connasses, nous sommes des femmes de ménages »), il aurait vite fini par les écraser comme des mouches.

Le but étant de privatiser le travail des femmes de ménage pour en faire cadeau aux entreprises privées de nettoyage. Ces sociétés mafieuses connues pour être des champions de la fraude fiscale, réembauchent avec des salaires de 200 euros par mois, soit 2 euros par heure, avec assurance partielle, sans aucun droit du travail, ce qui équivaut à des conditions de semi-esclavage et de galère.

Ces femmes limogées et sacrifiées sur l’autel de l’anthropophagie de la Troïka, ces femmes de 45 à 57 ans, souvent monoparentales, divorcées, veuves, endettées, ayant à leur charge des enfants ou maris chômeurs ou des personnes handicapées, se trouvant devant l’impossibilité de toucher prématurément leur retraite et cela après plus de 20 ans de travail, et dépourvues de toute possibilité de retrouver du boulot, ont alors décidé de ne pas se laisser faire. Elles ont pris leur vie en mains !

Et voilà qu’une poignée de femmes décident de bousculer les routinières formes de lutte des syndicats traditionnels. Quelques-unes prennent l’initiative de s’organiser par et pour elles-mêmes, un noyau des femmes de ménage qui avaient déjà lutté et gagné 10 ans plus tôt pour obtenir des contrats de longue durée. Elles ont travaillé comme des fourmis, tissant patiemment une toile d’araignée à l’échelle du pays…
Et comme ces servantes du ministère des Finances ont été jetées dans la rue et que faire la grève n’a plus de sens dans leur cas, elles ont décidé de faire un mur humain avec leur corps dans la rue, devant l’entrée principale du Ministère des Finances à la Place de « Syntagma », la place devant le Parlement, la place la plus emblématique du pouvoir…
Ce n’est pas un hasard que ce soient des femmes qui ont fait naître des formes de lutte pleines d’imagination. Déconsidérées à cause de leur genre et de leur classe sociale, marginalisées par les syndicats et n’ayant point de liens avec les organisations traditionnelles de la gauche grecque, elles ont dû faire du bruit pour être audibles, pour se faire entendre, elles ont dû se créer une image pour être visibles !

Aux grèves passives, aux journées d’actions éphémères et inefficaces, elles ont substitué l’action directe et collective. Elles misent sur la non-violence, l’humour et le spectaculaire. Avec des couronnes d’épines sur la tête à Pâques, avec la corde passée autour de leur cou devant le siège du parti de la Nouvelle Démocratie, avec de la musique et des danses elles réclament : la réembauche pour toutes et tout de suite ! Tout cela est inédit en Grèce…

 

 

Elles occupent et bloquent l’accès au Ministère, et surtout elles pourchassent les membres de la Troïka quand ils veulent entrer au Ministère (!) les obligeant à fuir en courant et à prendre la porte de service, ensemble avec leurs gardes du corps. Elles affrontent et se battent corps à corps avec les unités spéciales de la police. Tous les jours, elles inventent des nouvelles actions, qui sont reprises par les médias, elles alertent toute la population : en somme elles brisent l’isolement.
Et voici que, ce qui d’habitude était représenté par une statistique sans vie et sans âme, par le chiffre du record du chômage, de la pauvreté, voici que ces « abstractions » s’humanisent, acquièrent un visage, deviennent des femmes en chair et en os, qui en plus ont une personnalité et une volonté politique propre. Elles s’appellent Litsa, Despina, Georgia, Fotini, Dimitra… Et avec leur exemple, leur courage, leur persévérance, leur rage de vaincre, elles redonnent espoir à toutes les victimes de l’austérité…

 

 

Mais attention, les forces antiémeutes brutalisent presque quotidiennement ces femmes, pour l’exemple, car leurs patrons craignent la contagion. Et c’est toute la Grèce qui assiste au triste spectacle de ces femmes souvent âgées qui, jour après jour, sont piétinées, maltraitées et blessées par des Rambos de la police, qui auraient pu être leurs fils ! Et pourquoi ? Parce que c’est la Troïka elle-même qui veut les abattre, parce qu’elles sont l’exemple à imiter par tous les opprimés, parce elles sont à la pointe de la contestation anti-austérité, non seulement en Grèce mais partout en Europe. Parce que leur lutte peut devenir contagieuse…
Plus que jamais, le combat de ces 595 femmes de ménage héroïques est le nôtre. Ne les laissons pas seules. Elles se battent pour nous, battons-nous pour elles. Organisons la solidarité européenne et mondiale !

 

 

 

Source : cadtm.org

 

 

 

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 21:05

 

Source : www.mediapart.fr

 

La demande d'asile d'Edward Snowden s'invite à l'Assemblée

|  Par Jérôme Hourdeaux

 

 

 

Les initiateurs de la pétition (165 000 signatures) demandant que l'asile soit accordé au lanceur d'alerte ont été reçus par des députés. « Les réponses apportées par la France ne sont pas à la hauteur », estime l'élu PS Christian Paul.

À moins d’un mois de l’expiration de l’autorisation de séjour d’Edward Snowden en Russie, le débat sur la protection que doit, ou non, accorder la France au lanceur d’alerte fait enfin son entrée à l’Assemblée nationale. Ce mercredi 9 juillet, les députés membres du groupe d’études « Internet et société numérique » organisaient une « réunion d’échange avec les signataires de l’appel demandant à la France d’accorder l’asile politique à l’ex-employé de la NSA ». Lancée le 2 juin dernier dans L’Express, cette pétition intitulée « François Hollande, accordez l’asile politique à Edward Snowden », et soutenue par Mediapart, avait recueilli, mardi 8 juillet au soir, plus de 165 700 signatures.

 

 
© Reuters

« Les révélations d’Edward Snowden ont montré que les collectes massives d’informations par la NSA, concernant les citoyens du monde entier, dépassaient le cadre de la lutte contre le terrorisme ou les autres grands risques géopolitiques », affirment les initiateurs de ce texte parmi lesquels figurent le sociologue Michel Wieviorka, l’historien Patrick Weil, Daniel Cohn-Bendit, le sociologue Edgar Morin, l’ex-premier ministre Michel Rocard ou encore le philosophe Marcel Gauchet. « Lanceur d’alerte, Snowden a permis d’informer le grand public de ces dérives, en plaçant l’intérêt général et l’éthique au dessus de la raison d’État. » « Pour toutes ces raisons, poursuit l'appel, il est indispensable d’accueillir Edward Snowden dans un véritable État de droit, afin qu’il puisse se défendre et participer au débat sur le renforcement des libertés publiques. »

L’organisation de cette rencontre entre signataires et élus est un signal fort vis-à-vis de l’exécutif, qui s’est jusqu’à présent montré solidaire de son allié américain. Ainsi, au mois de juillet 2013, la France a fait partie des pays ayant refusé leur espace aérien à l’avion du président bolivien Evo Morales, suspecté de transporter le lanceur d’alerte. Depuis, l’État français a fait constamment savoir qu’il ne souhaitait pas accorder l’asile à Edward Snowden.

Il s’agit « d’un dossier compliqué », estimait ainsi en juillet 2013 Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur. « Cette demande, si elle est déposée, pose de nombreux problèmes juridiques. Pour ce qui me concerne, je n’y suis pas favorable. » Interrogé à nouveau sur le sujet le 3 juin 2014, au lendemain de la publication de la pétition, le nouveau premier ministre a réaffirmé son opposition. « Je n’y suis pas favorable mais si la question se pose, elle sera bien sûr examinée », a-t-il déclaré avant de préciser que la question n’était « pas d’actualité ».

Car officiellement, la France n’a reçu aucune demande d’asile de la part d’Edward Snowden. Or, pour qu’une demande d’asile soit valide, il faudrait que celle-ci soit déposée sur le sol français, chose quasi impossible pour Edward Snowden qui risquerait d’être immédiatement intercepté et extradé vers les États-Unis. « Le problème est que la France est tenue par un accord d’extradition avec les États-Unis », rappelle le député UMP Patrice Martin-Lalande, co-organisateur de la réunion. « Aujourd’hui, le droit international est dangereux pour Edward Snowden », estime-t-il. « S’il venait en France, il n’est pas sûr que nous puissions lui accorder légalement l’asile politique car nous sommes engagés vis-à-vis des États-Unis, même si cela peut paraître un peu brutal ou rustique. Mais le non-respect de ses engagements pourrait avoir des conséquences pour la France. Il y a une forte probabilité pour que, une fois sur le sol français, joue l’accord d’extradition. »

Dans une tribune publiée le 3 juin dernier dans Le Monde, Patrick Weil a cependant souligné l’existence d’une solution juridique : l’asile dit « constitutionnel ». Prévue par l’article L 711-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, cette disposition permet d’accorder l’asile politique « à toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la liberté » sans avoir besoin de pénétrer sur le sol français.

« Je dois dire que j’étais un peu frustré par le titre de l’appel qui semble demander à François Hollande d’accorder l’asile à Edward Snowden. Edward Snowden n’a pas à demander l’asile. Il y a droit », a réaffirmé Patrick Weil devant les députés. L’historien a cependant reconnu que le recours à l’asile constitutionnel comportait certains risques juridiques. Mais, estime-t-il, « aujourd’hui, il n’y a pas de jurisprudence correspondant à la situation de Snowden. S’il dépose une demande, et qu’elle est rejetée, ça ira forcément devant le Conseil d’Etat. Et là, ça prendrait des mois durant lesquels il pourrait y avoir une mobilisation médiatique et politique ».

« Le droit d’asile constitutionnel défendu par Patrick Weil ne permettrait pas l’extradition d’Edward Snowden », estime également, interrogé par Mediapart, le député PS Christian Paul, autre co-organisateur de la réunion. « C’est une question d’ordre juridique : Peut-il demander l’asile depuis l’étranger ? Oui, s’il peut avoir le statut de combattant de la liberté. Après, s'il en fait la demande, il faudra que ça lui soit accordé. Mais la question qui se profile derrière est celle de l’asile constitutionnel. Comment la France accueille-t-elle les combattants de la liberté ? »

Concernant les éventuelles représailles américaines à un asile accordé à Edward Snowden, Christian Paul estime que « de l’eau a coulé sous les ponts. Le temps a fait son œuvre et aujourd’hui plusieurs responsables américains, comme Hillary Clinton ou Al Gore, se sont exprimés pour reconnaître que ses révélations n’avaient pas eu que des effets négatifs. Je ne pense pas qu’une telle décision de la France aurait pour conséquence de vitrifier les relations franco-américaines ».

On peut malgré tout s’interroger sur ce que serait la réaction américaine à une telle décision de la France. Depuis qu’Edward Snowden a déclaré, le 9 juin 2013, être l’auteur des révélations sur le dispositif d’espionnage mondial mis en place par la NSA, Washington s’est en effet lancé dans une traque sans pitié, coupant systématiquement toute voie de sortie au lanceur d’alerte.

Dès le 14 juin, il est inculpé par la justice américaine pour espionnage et vol d’un bien du gouvernement, deux charges punissables d’une peine de 30 années d’emprisonnement. Edward Snowden reçoit alors l’aide juridique de Sarah Harrison, envoyée spéciale à Hong Kong de l’organisation de Julian Assange, Wikileaks. Ne pouvant rester en Chine, l’informaticien espère rejoindre l’Amérique latine via Moscou puis La Havane. Le départ est prévu pour le 23 juin. Mais la veille du départ, les autorités américaines révoquent son passeport. Le lendemain, Edward Snowden prend l’avion pour la Russie. Mais sans passeport valable, le jeune homme se retrouve coincé dans la zone de transit de l’aéroport Cheremetievo, à Moscou.

« Les réponses apportées ne sont pas à la hauteur des enjeux historiques »

Durant 39 jours, le sort du jeune homme fera l’objet d’intenses tractations diplomatiques. Le premier pays à subir les pressions diplomatiques américaines est l’Équateur, qui abrite déjà Julian Assange dans son ambassade à Londres. Le 25 juin, Edward Snowden annonce en effet avoir déposé une demande officielle d’asile auprès des autorités équatoriennes. Mais dès le lendemain, le président du comité des relations internationales du Sénat américain, le démocrate Bob Menedez, menace l’Équateur de remettre en cause des accords économiques.

Le samedi 29 juin, le président équatorien Rafael Correa révèle que le vice-président américain Joe Biden l’a personnellement appelé pour lui « exprimer de manière très courtoise le souhait des États-Unis que nous rejetions la demande d’asile ». Et, contrairement à Julian Assange, l’Équateur ne compte pas cette fois défier Washington. « Quand il arrivera sur le sol équatorien », assure Rafael Correa, « le premier avis que nous solliciterons sera évidemment celui des États-Unis. » Le président équatorien va même jusqu’à désavouer son consul à Londres qui, à la demande de Julian Assange, avait délivré un sauf-conduit pour Edward Snowden. « La vérité est que le consul a outrepassé son rôle et sera sanctionné. »

Edward Snowden, au centre, et Sarah Harrison, à gauche, lors d'une conférence de presse, à Moscou le 12/07/2013 
Edward Snowden, au centre, et Sarah Harrison, à gauche, lors d'une conférence de presse, à Moscou le 12/07/2013 © Reuters

Le 2 juillet, Wikileaks annonce que Snowden a déposé des demandes d’asile auprès de 21 gouvernements dont ceux de la France, de l’Islande, de l’Allemagne, de l’Inde, de la Chine, de Cuba, de l’Équateur et du Brésil. Parallèlement, le président bolivien Evo Morales, qui se trouve justement en Russie pour une conférence des pays exportateurs de gaz, se dit prêt à étudier une éventuelle demande d’asile du lanceur d’alerte. La concomitance entre le dépôt des demandes d’asile et les propos d’Evo Morales, qui doit de plus quitter la Russie dès le lendemain, provoque un emballement diplomatique.

Le 2 juillet, lorsque l’avion du président bolivien décolle, plusieurs sources affirment qu’Edward Snowden se trouve à bord. Sous pression des autorités américaines, la France, l’Espagne, le Portugal et l’Italie lui interdisent le survol de leur espace aérien. L’avion présidentiel est contrait de se dérouter et d’atterrir en Autriche pour être inspecté. À son arrivée en Bolivie, Evo Morales dénoncera « l’impérialisme américain » et menacera même de faire fermer l’ambassade des États-Unis dans son pays.

Parallèlement, durant les premiers jours du mois de juillet, ses demandes sont officiellement rejetées par la France, la Finlande, l’Allemagne, l’Inde, la Pologne, la Norvège, l’Autriche, l’Italie et les Pays-Bas. Le 16 juillet, l’avocat d’Edward Snowden, Anatoly Kucherena, annonce que celui-ci a décidé de rester en Russie et a rempli une demande officielle d’asile. Dans celle-ci, l’informaticien explique avoir « peur pour sa vie et sa sécurité, peur qu’il puisse être soumis à la torture et à la peine capitale ». Le 31 juillet, Moscou lui accorde finalement un asile temporaire d’un an renouvelable, à la condition qu’il ne se livre pas à des « activités visant à faire du tort » aux États-Unis. En clair, il ne doit plus fournir aucun nouveau document.

Depuis, Edward Snowden vit reclus et sous surveillance dans un endroit tenu secret. Aucune de ses demandes d’asile n’a pour l’instant obtenu de réponse positive, même de la part des pays les plus touchés par les activités de la NSA. Le 17 décembre 2013, il a par exemple écrit une « lettre ouverte au peuple brésilien » dans laquelle il offrait son aide dans l’enquête en cours sur l’espionnage pratiqué dans le pays par la NSA et demandait la protection du Brésil. Comme l’ont révélé de nombreux documents fournis par le lanceur d’alerte, les États-Unis ont mené des opérations de surveillance particulièrement agressives contre l’État et certaines entreprises publiques brésiliennes, allant même jusqu’à écouter le téléphone personnel de la présidente Dilma Rousseff.

Mais dès le lendemain de l’appel d’Edward Snowden, les autorités brésiliennes ont fait savoir qu’elles ne lui accorderaient pas l’asile, expliquant n’avoir reçu aucune demande officielle, juste un fax non signé ne permettant pas de l’identifier…

Au mois de mars, dans un témoignage écrit transmis au parlement européen, le lanceur d’alerte réaffirmait vouloir quitter la Russie pour trouver refuge dans un État démocratique, mais indiquait n’avoir reçu aucune « réponse positive aux demandes envoyées à divers États membres de l’UE ». « Des parlementaires dans des gouvernements nationaux m’ont dit que les États-Unis ne, et je cite, "permettraient pas" à leurs partenaires européens de m’offrir un asile politique », affirmait-il. « J’accueillerais toute offre de sauf-conduit ou d’asile permanent, mais je reconnais que cela requerrait un courage politique extraordinaire. »

« On se demande pourquoi l’Union européenne n’arrive pas à trouver une solution pour une sortie de Russie dans des conditions décentes et acceptables pour tout le monde, s’interroge Christian Paul. Cela serait totalement conforme aux valeurs européennes car il est maintenant certain que Snowden restera dans l’histoire comme un combattant des libertés. » « Concernant l’attitude de la France, poursuit le député, je suis d’une grande perplexité, pour ne pas dire plus… Les réponses apportées ne sont pas à la hauteur des enjeux historiques de la situation. Edward Snowden a tout de même dévoilé l’existence d’un dispositif d’espionnage mondial déployé par la NSA d’une ampleur historique. Je pense que certains n’ont pas encore pris assez conscience de l’importance de ces révélations et du fait qu’il faut mettre un coup d’arrêt à ces pratiques. »

En attendant, face à l’absence de réponse des démocraties occidentales, Edward Snowden a rempli, au début du mois, une demande de renouvellement de son asile temporaire qui arrive à terme au 31 juillet. « Il est assez incroyable et paradoxal que soit la Russie, pays autoritaire et violant régulièrement les droits de l’Homme, qui héberge et protège Edward Snowden et en tire un argument de marketing diplomatique », souligne Christian Paul. « Je serais par contre très heureux de l’entendre, dans le cadre d’une tournée française ou européenne »

En conclusion de la réunion de mercredi, les députés présents ont de leur côté évoqué leurs moyens d'actions à court terme et se sont mis d'accord sur une « initiative transpartisane ». Une question parlementaire devrait tout d'abord être posée lors d'une séance publique avant la fin du mois de juillet. Elle pourrait être suivie par une proposition de résolution. Christian Paul a également évoqué la création d'un d’un « dispositif de soutien » si Edward Snowden décidait de déposer une demande d’asile constitutionnel en France.

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 21:01

 

 

Source : www.lemonde.fr


 

Mediator : la responsabilité de l'Etat retenue par la justice

Le Monde.fr avec AFP | 09.07.2014 à 20h32

 

Le tribunal administratif de Paris a retenu la responsabilité de l'Etat dans l'affaire du Mediator – pour la première fois, selon l'avocat Charles Joseph-Oudin, qui défend des victimes de ce médicament.

Dans une décision rendue publique mercredi 9 juillet, il l'a jugé « responsable des fautes commises » par l'agence du médicament (ANSM), « pour ne pas avoir suspendu ou retiré à compter de 1999 l'autorisation de mise sur le marché du Mediator, dès lors que les dangers du benfluorex, substance active du Mediator, étaient alors suffisamment caractérisés ».

Le tribunal a considéré que, « pour importantes que soient les fautes et les manœuvres imputables aux laboratoires Servier (...), il n'y a pas lieu d'exonérer l'Etat » de sa « responsabilité ». L'Etat pourra, s'il l'estime fondé, se retourner contre Servier.

 

 DEMANDE D'INDEMNISATION

Le tribunal a été saisi l'an dernier par une patiente, qui se présente également comme une victime de ce produit. Elle affirme avoir été « exposée de 2001 à 2009 au Mediator en traitement d'un diabète », souffrir depuis « d'essoufflement rapide à la marche et d'œdèmes des jambes », et avoir eu un diagnostic de « fuite aortique minime » et d'« hypertension artérielle pulmonaire modérée ». Le tribunal va ordonner une expertise pour répondre ou non à sa demande d'indemnisation.

Le Mediator a été prescrit pendant trente ans, d'abord contre l'excès de graisses dans le sang, puis comme traitement adjuvant pour les diabétiques en surpoids, avant d'être retiré du marché en novembre 2009. Il était en fait largement utilisé pour ses propriétés de coupe-faim. Utilisé par cinq millions de personnes en France, il pourrait être responsable à long terme de 2 100 décès, selon une expertise judiciaire.

Le scandale sanitaire du Mediator est au cœur de plusieurs procédures judiciaires civiles, pénales et administratives. Au pénal, l'affaire du Mediator fait l'objet de deux procédures distinctes, à Paris et à Nanterre. Elles pourraient être regroupées en un grand procès, qui pourrait avoir lieu en 2015. Le collège d'experts indépendants, qui instruit les demandes d'indemnisation des victimes, a rendu pour l'instant 544 avis positifs et bouclé l'examen de 2 296 dossiers sur un total de 8 500 demandes.

Voir la chronologie : Comprendre l'affaire du Mediator en seize dates

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

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8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 18:02

 

 

Source : www.reporterre.net


 

A Notre Dame des Landes : « Vivons l’instant présent »

Flora Chauveau (Reporterre)

mardi 8 juillet 2014

 

 

 

Le projet d’aéroport s’essouffle et permet de commencer à réfléchir sur l’après : que faire de tout ce qui a été créé durant ces années de lutte ? Un questionnement omniprésent durant le rassemblement estival sur la Zad, les 5 et 6 juillet.

 


 

- Notre-Dame-des-Landes, reportage -

De la pluie fine et persistante, de la boue dans les allées. Des gens en botte, des gens nus pieds maculés. Une odeur de grillade, le son des concerts de Miossec, Sanseverino, Pigalle. Des cerfs-volants dans le ciel, de grands débats sous les chapiteaux.

Et dans les discussions, récurrent, le thème de l’avenir de la Zad, la zone à défendre contre le projet de l’aéroport du Grand Ouest. Que faire, si toutefois le projet était abandonné ? Que faire des terres, des cabanes, du lien entre les habitants, différents mais unis dans une lutte commune ?

 

Personne ne souhaite un retour à la vie normale

Sous un barnum, au milieu d’un pré d’herbe humide, une vingtaine de personnes s’est assemblée en rond, pour en discuter. Ici, des membres de comités de soutien, là des paysans et quelques occupants de la zone. Personne ne souhaite un retour à la vie normale, si le projet est abandonné : rentrer chez soi, bien au chaud et se remémorer les années de luttes. Non, il y a ici une dynamique qui ne demande qu’à perdurer : celle d’une construction commune, lieu de partage et de vie.

 

 

Pourtant, au cours des discussions, des divergences apparaissent. « Pourquoi pas essayer de classer la zone en site Natura 2000 ? » « Ce serait entrer dans le système, nous imposer des règles et des contrôles ! » « Pourquoi ne pas en faire un lieu d’expérimentation pour les jeunes, au niveau européen ? » « On ne veut pas devenir un musée ni accueillir seulement des jeunes ! ».

Il y a, d’un côté, ceux qui souhaiteraient s’inscrire dans un cadre légal en régularisant ce qui s’est construit jusqu’ici. Et il y a ceux qui veulent que la Zad reste une « zone libre ». « Si les terres sont reprises, redistribuées de manière conventionnelles, les cabanes seront détruites, les expérimentations vont disparaître », insiste une jeune participante. Une habitante des lieux se lève. « Cette illégalité est précieuse, elle nous permet de faire beaucoup de choses ».

Une cohabitation qui fonctionne


 

Beaucoup de choses et notamment se lier aux agriculteurs et aux habitants du coin, malgré les différences et les conceptions dissemblables du monde. Ce lien, on le sent fort ce dimanche, à la ferme de Bellevue.

Occupée depuis janvier 2013, elle accueille en ce deuxième jour de fête une discussion sur la façon d’habiter et de faire vivre une ferme commune dans un territoire en lutte. Il fait beau, aujourd’hui. Sous un Tivoli, proche du hangar qui abrite le foin, occupants et paysans se taquinent, se sourient. Parfois, les plus anciens éclatent de rire aux interventions drôles et spontanées des jeunes occupants. La cohabitation entre tous n’est pas toujours rose mais elle fonctionne.

Gérer les terres collectivement...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 


 

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8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 17:55

 

Source : www.reporterre.net

 

La première épicerie sans emballages jetables ouvre ses portes à Bordeaux

Sarah (Ecolo Info)

mardi 8 juillet 2014

 

 

 

A Bordeaux, La Recharge ouvre ses portes aujourd’hui ! Cette épicerie pas comme les autres vous proposer tout les produits du quotidien, en travaillant exclusivement avec des producteurs locaux et en minimisant au maximum les conditionnements.


 

Rendez-vous mensuel des Bordelais, les Apéros Ecolos organisés par Ecolo Info sont l’occasion de se retrouver « in real life » autour d’une thématique qui nous pousse à voir plus loin.

Et le mercredi 25 juin 2014, une centaine de Bordelais se sont retrouvés, à l’heure de l’apéro donc, pour découvrir une épicerie pas comme les autres : La Recharge.

L’info est officielle, elle ouvre enfin ses portes aujourd’hui (mardi 8 juillet 2014). Mais, chez Ecolo Info, on a joué les enquêteurs et nous avons eu le privilège d’inaugurer les lieux avant même leur ouverture.

 

 

Du papier toilette de Dordogne

Souvenez-vous, je vous en parlais déjà en mars. La Recharge est une épicerie SANS EMBALLAGES !

Jules et Guillaume ont travaillé pendant des mois pour trouver des producteurs locaux, bio si possible, qui ont accepté de jouer le jeu de la vente en gros, en minimisant et réutilisant le plus possible les conditionnements.

Car l’emballage a deux usages : le transport et la conservation. Ainsi, l’objectif a été de trouver au plus près des producteurs prêts à livrer régulièrement pour assurer des produits de qualité !

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

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8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 17:27

 

*Note perso: L'article date de 2010 mais reste d'actualité...

 

 

Source : www.monde-diplomatique.fr

 

Pour relancer l’économie

Et si on fermait la Bourse...

 

 

C’était il y a un peu plus d’un an : les gouvernements secouraient les banques aux frais du contribuable. Mission accomplie. Mais à quel prix ? L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évalue à 11 400 milliards de dollars les sommes mobilisées par ce sauvetage. Soit 1 676 dollars par être humain... Mais la finance n’est pas qu’affaire de banquiers. C’est aussi celle des actionnaires. Une proposition pourrait ne pas leur plaire : fermer la Bourse.

par Frédéric Lordon, février 2010
Aperçu

Pour un peu, le grand spectacle de ces deux dernières années nous l’aurait presque fait oublier : là où la finance « de marché »* (les astérisques renvoient au glossaire), appellation un peu idiote mais il en faut bien une pour faire la différence, semble s’activer dans un univers clos, loin de tout et notamment du reste de l’économie, la finance actionnariale*, celle des propriétaires des moyens de production, campe à l’année sur le dos des entreprises — et, comme toujours, en dernière analyse, des salariés. Il a fallu la « mode du suicide » si délicatement diagnostiquée par M. Didier Lombard, président-directeur général (PDG) de France Télécom, pour offrir l’occasion, mais si peu saisie dans le débat public, de se souvenir de ce dégât quotidien de la finance actionnariale dont les injonctions à la rentabilité financière sont implacablement converties par les organisations en minimisation forcenée des coûts salariaux, destruction méthodique de toute possibilité de revendication collective, intensification épuisante de la productivité et dégradation continue des conditions matérielles, corporelles et psychologiques du travail.

Contre toutes les tentatives de dénégation dont on entend d’ici les accents scandalisés, il faut redire le lien de cause à effet qui mène du pouvoir actionnarial, dont plus rien dans les structures présentes du capitalisme ne retient les extravagantes demandes, à toutes les formes, parfois les plus extrêmes, de la déréliction salariale. Et si les médiations qui séparent les deux bouts de la chaîne font souvent perdre de vue la chaîne même, et ce que les souffrances à l’une des extrémités doivent aux pressions exercées depuis l’autre, si cette distance demeure la meilleure ressource du déni, ou des opportunes disjonctions dont le débat médiatique est coutumier, rien ne peut effacer complètement l’unité d’une « causalité de système » que l’analyse peut très bien dégager.

Si donc la refonte complète du jeu de la finance « de marché », réclamée avec d’autant plus de martiale véhémence (...)

Taille de l’article complet : 4 277 mots.
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