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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 18:16

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

La fin du gaspillage alimentaire dans les grandes surfaces ?

Le Monde | 31.07.2014 à 21h01 • Mis à jour le 31.07.2014 à 21h16 | Par Audrey Garric

 


 

Une proposition de loi veut obliger les grandes surfaces à faire don de leurs invendus alimentaires aux associations caritatives.

 

Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, qu'ils qualifient de « fléau de notre société de consommation », soixante-trois députés de tous bords politiques ont déposé, mercredi 30 juillet, une proposition de loi pour contraindre les grandes surfaces de plus de 1 000 m2 à donner leurs invendus alimentaires encore consommables aux associations caritatives.

« Disposant d'une logistique et d'un stock importants, les grandes surfaces peuvent ainsi pratiquer plus facilement que des particuliers le don alimentaire. Néanmoins, cette démarche ne repose que sur la seule volonté des exploitants. Un caractère plus systématique voire obligatoire devrait donc être inséré à cette démarche en modifiant la législation en vigueur », explique le texte, déposé à l'initiative du député du Nord (apparenté UMP) Jean-Pierre Decool, qui s'inspire d'un décret similaire adopté par le Parlement wallon en février.

Selon la Commission européenne, l'origine du gaspillage dans les vingt-huit pays de l'Union européenne proviendrait pour 42 % des ménages, pour 39 % de l'industrie agroalimentaire, pour 5 % des détaillants et pour 14 % de la restauration. En France, chaque grande surface produit 200 tonnes de déchets par an — sans que l'on connaisse toutefois la part de denrées consommables. Les habitants, de leur côté, jettent 20 kilos d'aliments par an, dont 7 kilos encore emballés.

 

30 % DES DONS VIENNENT DÉJÀ DE GRANDES SURFACES

« Cette proposition de loi est une bonne chose car elle va permettre d'augmenter la collecte de produits invendus, certains supermarchés pouvant donner davantage. Mais l'approche contrainte nous met mal à l'aise », affirme Maurice Lony, directeur fédéral des banques alimentaires françaises, dont les quatre-vingt-dix-huit banques et antennes redistribuent les denrées alimentaires à cinq mille trois cents associations locales.

Un caractère obligatoire qui émeut également la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD). « Pourquoi ajouter une contrainte alors que les grandes surfaces donnent déjà quotidiennement ? s'interroge-t-on à la FCD. Sans compter qu'il est absurde de vouloir donner tout ce qui est invendu : beaucoup de produits, comme les poissons, crustacés ou pâtisseries fraîches, font l'objet d'un encadrement sanitaire très précis. »

En 2012, les mille quatre cents hypermarchés français ont donné 32 000 tonnes de denrées (+ 15 % par rapport à 2011), soit l'équivalent de 64 millions de repas, lors des opérations quotidiennes de « ramasse » — quand les associations font la tournée des magasins pour récupérer les invendus. Au total, les grandes surfaces contribuent pour 31 % aux dons récoltés par les banques alimentaires, devant l'industrie agroalimentaire et les agriculteurs (24,5 %) et le grand public (13,5 %) — ces dons sont complétés par les programmes d'aide européen et français (31 %).

 

NORMES D'HYGIÈNE ET SÉCURITÉ SANITAIRE

« Le texte nécessitera une concertation entre les tous les acteurs concernant ses modalités d'application, qui restent à définir, ajoute Maurice Lony. Il faudra résoudre les questions de logistique pour récupérer tous les dons, assurer la redistribution et respecter les normes d'hygiène et de sécurité sanitaire. Qui va payer pour tout ça ? » Pour respecter la chaîne du froid des produits frais, surgelés ou de la viande, les associations doivent par exemple disposer de camions réfrigérés et de chambres froides.

« Nous récupérons beaucoup de produits dont la date limite de consommation expire sous un jour ou deux. Nous devons donc être capables de les récupérer et les redistribuer très vite », poursuit Maurice Lony.

Dans l'immédiat, la proposition de loi doit encore trouver une niche parlementaire du groupe UMP afin d'être inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale.

Lire : Le vaste chantier de la lutte contre le gaspillage alimentaire

 Audrey Garric
Journaliste au service Planète du Monde

 

 

Source : www.lemonde.fr

 


 

 

 

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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 17:46

 

Source: cadtm.org

 

CADTM

 

Les fonds vautours qui dépècent l’Argentine se jettent sur l’Espagne

30 juillet par Fatima Fafatale , Jérome Duval

 

 

 

 

Le fonds vautour NML Capital, qui avec d’autres, maintient l’Argentine au bord de la suspension de paiement, est déjà en train de dévorer la charogne sur le marché espagnol. Elliott Management, fonds opportuniste du multi-spéculateur étatsunien Paul Singer, a déjà récupéré un milliard d’euros en crédits défaillants de Bankia et 300 millions d’euros de Santander. Selon Auraree.com, il aurait payé à peine 50 millions pour les deux portefeuilles.

En mars 2013, la presse économique signalait qu’Elliott avait acquis 300 millions d’euros de crédits à la consommation en souffrance de Santander Consumer Finance, avec un rabais d’environ 96%. Le prix payé laisse songeur : près de 12 millions d’euros, selon la presse (Cinco Días).
En août de la même année 2013, Bankia, l’entité nationalisée qui a le plus profité du sauvetage bancaire espagnol, ce qui a considérablement élevé la dette publique, informait qu’elle avait vendu 3 portefeuilles de crédits défaillants pour un volume total de 1,35 milliards d’euros de dette. Dans l’information communiquée à l’organisme chargé de la supervision des marchés financiers, la CNMV (Comisión Nacional del Mercado de Valores), Bankia n’indiquait ni à qui les prêts avaient été vendus, ni à quel prix. Malgré un manque flagrant de transparence, la presse économique a donné des détails de l’opération, pour laquelle elle estime que les acheteurs peuvent avoir bénéficié d’un rabais de 95 % : parmi ceux-ci figureraient le vautour Cerberus (conseillé par José María Aznar Jr., fils de l’ex-président du gouvernement), Elliott et l’entreprise de recouvrement norvégienne Lindorff. Selon l’information publiée par Finanzas.com, « le portefeuille est estimé à 1,35 milliards, mais ils ont seulement payé 68 millions ». Bankia, que nous avons contactée pour confirmer ces données, nous a répondu : « Pour des raisons de confidentialité, nous ne donnons jamais les chiffres et les acheteurs ne veulent pas être identifiés. »
Quelques mois plus tard, on apprenait qu’Eliott achetait l’agence de gestion de dettes espagnole Gesif pour en faire sa base d’opérations sur le marché espagnol. Sa directrice générale, Melania Sebastián est l’ancienne responsable de Gestion de l’Information de la Banque Commerciale Caja Madrid. C’est ainsi qu’une ex-directrice de Caja Madrid sert d’intermédiaire entre Bankia déjà nationalisée et le fonds vautour Elliott.


"La patrie ou les vautours"

Que s’est-il passé en Argentine ?

Les fonds vautours se font de l’argent en spéculant sur les pays en difficultés, comme en Argentine durant la crise de 2001. Ils achètent alors des bons de la dette à bon prix avant d’en exiger, le moment opportun, le remboursement à un prix élevé par voie judiciaire, en y incluant des intérêts de retard et des frais de justice. Ils spéculent ainsi sur la dette publique, en compromettant les dépenses sociales pour la grande majorité de la population. Ces fonds vautours ont choisi le litige après avoir refusé de faire partie des 93% des créanciers qui avaient négocié avec le gouvernement argentin. Et maintenant le juge du district de New-York Thomas Griesa, donne la priorité au paiement aux fonds vautours. Ce qui ouvre la porte à une avalanche de demandes en justice qui pourrait déboucher sur le défaut de paiement de l’Argentine le 30 juillet.
Comme le dit bien Julio C. Gambina, « Personne ne sait avec exactitude à combien peut s’élever la demande des créanciers de la dette impayable » |1|, mais nous savons que le prix pour le peuple argentin peut être catastrophique.

Qui se cache derrière ces fonds vautours ?

NML Capital est une filiale du fonds d’investissement Elliott Management Corporation enregistré dans le paradis fiscal des îles Caïman. C’est l’empire du millionnaire Paul Singer, ferme défenseur du parti Républicain aux USA et proche de l’ultra-conservateur Tea Party.

Elliott spécule, entre autre, sur les dettes publiques, en violant toute souveraineté des États et de leurs peuples. Mais il spécule aussi sur les dettes privées et était entré en possession de 2 millions de dollars de celle de Lehman Brothers en 2011.
Singer a été le plus important bailleur de fonds pour la campagne présidentielle de George W. Bush en 2004, il finance aussi celle de Mitt Romney en 2012, et celle du maire de New-York, Rudolph Giulani. En tant que principal fournisseur de fonds pour le parti Républicain, il joue un rôle important dans la politique nord américaine et, vue la prédominance du pays au-delà des frontières, influe sur la politique internationale.
La fondation qui porte son nom, The Paul E.Singer Foundation, fait l’éloge de sa philanthropie, de son rôle dominant pour l’expansion du libre-échange, sa gestion en faveur de la sécurité nationale des Etats-Unis et pour le « futur d’Israël ». Singer est aussi le président de la boîte à idées conservatrice Manhattan Institute for Policy Research.
En ce qui concerne l’Argentine, NML est le principal bailleur de fonds de l’organisation American Task Force Argentina (AFTA), lobby qui influe sur la justice et le Congrès US afin de porter préjudice à l’Argentine. Pour se faire une idée du pouvoir de ces vautours, NML est même allé jusqu’à faire saisir le navire-école de la marine argentine, la frégate Libertad, au Ghana en octobre 2012, en exigeant de l’État argentin environ 370 millions de dollars pour des bons impayés.


"La frégate ne doit être ni livrée ni vendue"

Ce qui se passe en Argentine est emblématique de ce que commence à vivre la Grèce, où opèrent des fonds vautours comme Dart Management, dont le siège se trouve aux îles Caïman et qui opère aussi en Argentine. Déjà en 1999, NML a obtenu, grâce à un jugement aux USA, le paiement de 58 millions de dollars du Pérou pour une dette que le fonds avait acheté 11 millions. Il a aussi fait des affaires avec la RDC.

Vague de solidarité internationale face à un capitalisme vautour dévastateur

L’agissement des vautours en Argentine a déclenché une vague d’indignation partout dans le monde contre la spéculation qui joue avec la souveraineté et la vie d’une grande majorité des peuples endettés. Depuis la Plateforme d’Audit Citoyen de la Dette en Espagne (PACD) dont nous faisons partie, nous lançons un communiqué de solidarité avec le peuple argentin, et affirmons que « l’Argentine devrait désobéir à la sentence du juge Griesa, (…) puisque, en accord avec le droit international, elle a l’obligation de satisfaire les besoins de sa population avant le paiement d’une dette. » Comme le stipule bien le communiqué, ce qui se passe n’est pas seulement un problème argentin, mais plutôt un conflit mettant en jeu la suprématie du pouvoir financier au détriment de la souveraineté des peuples.


Source : http://www.tlaxcala-int.org/article...

Notes

|1| “Nadie sabe en rigor a cuánto puede llegar la demanda de acreedores de la impagable deuda”

 

 

Source: cadtm.org

 

 

 

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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 17:30

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

Import/Export 31/07/2014 à 17h43
Israël : après le 729 du code-barres, le boycott s’organise sur smartphones
Rémi Noyon | Journaliste Rue89

 

 

Depuis le début de l’opération Bordure protectrice, les appels au boycott des produits israéliens se multiplient sur les réseaux sociaux.

La campagne Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), lancée en 2005 par un collectif d’associations, insuffle une partie de ces pressions économiques et culturelles, qui commencent à inquiéter Israël.

Lors de la précédente intervention à Gaza, en 2008-2009, le boycott avait déjà reçu un certain écho international. A l’époque, tout tournait autour d’un chiffre : 729.

C’est encore un signe de ralliement chez beaucoup de militants pro-Palestiniens. C’est le cas, par exemple, de Mehdi, ce jeune habitant de Bobigny, qui nous avait parlé de sa vision du conflit israélo-palestinien :

« Pour boycotter les produits israéliens, il faut regarder les trois premiers chiffres du code-barres. Si c’est 729, le produit a été fabriqué en Israël. »

Ce n’est que partiellement vrai.

En France, les grandes surfaces ont adopté une standardisation (GS1) partagée par de nombreux pays. Joint par Rue89, un technicien de GS1 France, l’organisme en charge de la normalisation, explique que tous les produits vendus dans les supermarchés français portent normalement un code à treize chiffres. Les trois premiers chiffres sont des indicatifs de pays. Pour Israël, celui-ci est 729.

Ce que ne dit pas le code-barres

Mais ce chiffre n’est finalement qu’un indicateur très pauvre. Il correspond en effet au siège social de la marque plutôt qu’au lieu de fabrication du produit. En clair, une entreprise française peut fabriquer un produit en Israël et le vendre sous un indicatif français (300 à 379).

De même, une société israélienne qui fabrique des produits en Israël pourrait, en théorie, les classer sous un indicatif français dès lors qu’elle possède une filiale en France.


Tract de BDS France

Bref, chez BDS France, on préfère désormais se concentrer sur des listes de produits distribuées par les militants :

« Le but n’est pas de se fier uniquement au chiffre 729 ou, à l’inverse, de se perdre dans des listes interminables de produits plus ou moins liés à Israël. »

A noter d’ailleurs, qu’il est très difficile – voire impossible – de faire la différence entre des produits fabriqués dans les colonies israéliennes et des produits fabriqués ailleurs en Israël.

Le test de l’appli Buycott

Puisque le code 729 n’est plus un marqueur fiable, les militants soutenant le boycott se tournent désormais vers des applications pour smartphone. Le mouvement BDS est en train de développer un programme qui permettra de se renseigner sur un produit à partir de son code-barres. La campagne française dit réfléchir à une application de ce type, spécifique à l’Hexagone. Elle pourrait être élaborée à partir du mois de septembre.

En attendant, une autre application tourne beaucoup sur Internet : Buycott. Le principe, mis au point par un Américain, en est le suivant : l’utilisateur s’abonne à des « campagnes » qui lui permettent de filtrer ses achats en scannant avec son téléphone un code-barres. Publiée il y a quelques jours, une campagne intitulée Long live Palestine boycott Israel attire déjà près de 150 000 membres. Selon le site Jewish Journal of Los Angeles, elle aurait été lancée par un adolescent britannique, qui n’était pas satisfait de l’offre existante.

Après m’être connecté sur l’application, je me suis inscrit à cette campagne. Le Coca-Cola de mon voisin devrait, selon l’application, être évité. Explication :

« Coca-Cola a acheté 43% de Neviot Water en 2001 pour 20 millions de dollars, une entreprise qui possède 40% du marché de l’eau en bouteille en Israël. »


Montage réalisé à partir de captures d’écran de l’application Buycott

La liste complète des sociétés visées est disponible sur le site de l’application. Cela va de Timberland à Starbucks, en passant par Teva. Une liste a priori plus large – et plus américano-centrée – que celle mise en exergue par BDS France.

Est-ce bien légal ?

Reste la question délicate de la légalité. Pour certains, l’appel au boycott est une « provocation à la discrimination » et tombe sous le coup de l’article 225-1 du code pénal et de la loi du 29 juillet 1881.

Mais Antoine Comte, l’avocat de ces militants (et de Rue89), fait valoir que, dans la majorité des cas, les juridictions ont considéré que l’appel au boycott – qui touche des produits et non des personnes – relevait de la liberté d’expression.

Il y a toutefois une exception : la cour d’appel de Colmar a condamné en novembre 2013 des militants de BDS. L’affaire est en cassation.

Ce débat sur la légalité se déporte sur l’application. Là aussi, les avis sont divergents. Me Comte s’interroge sur l’efficacité d’une plainte visant une application produite à l’étranger.

En revanche, l’avocat Anthony Bem, qui a développé des arguments contre le boycott dans un billet publié l’année dernière, estime que l’application peut être attaquée en justice :

« Il s’agit d’un moyen plus moderne d’appeler au boycott que de coller des autocollants dans les magasins.

Certes, l’application est développée à l’étranger, mais le code de procédure pénale prévoit qu’un étranger peut répondre d’une infraction si ses victimes sont françaises. C’est une question de volonté politique. »

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 15:16

 

 

Source : www.lemonde.fr/les-decodeurs

 

 

 

Emprunts toxiques : un sale été pour les communes touchées

Le Monde.fr | 30.07.2014 à 19h01 • Mis à jour le 31.07.2014 à 15h19 | Par Mathilde Damgé

 
 

 

Le taux d'intérêt annuel de l'emprunt toxique Dexia de Nice (Alpes-Maritimes) a été à 14,89 % en juillet.

 

Les banques peuvent souffler : le Conseil constitutionnel, qui avait été saisi par le groupe UMP de l'Assemblée nationale, a, la semaine dernière, jugé conforme la loi sur les emprunts dits « toxiques » contractés par des collectivités locales. La validation rétroactive de ces emprunts à risque est définitivement actée, et les intérêts de l'Etat sont donc saufs.

En résumé, le gouvernement a préservé ses intérêts, en refusant aux communes la possibilité de se retourner contre les banques qui leur avaient conseillé de souscrire ces prêts à risque. Et les communes, telles des spéculateurs piégés par des produits financiers indomptables, restent de ce fait très endettées.   


Lire : Tout comprendre des emprunts toxiques en dix questions

 

Cette confirmation de la sécurisation des emprunts atterre les collectivités « victimes » : le texte validé par les « sages » vise à mettre ces emprunts pourris à l'abri d'une annulation par le juge civil qui pourrait, comme cela a déjà été le cas à Nanterre et Paris, les remplacer par des emprunts au taux d'intérêt légal, quasi nul. Ce qui n'arrangerait ni les banques, ni Bercy, qui a assumé avec la Belgique le sauvetage de Dexia et transféré dans la SFIL (société de financement local) le stock de prêts sensibles.

 

Des taux à 15 % Cette décision douche d'autant plus les espoirs des collectivités que leurs finances sont inexorablement gangrenées par les emprunts toxiques. Les emprunts structurés à risque correspondent à des produits financiers très attractifs parce qu'ils proposent, dans un premier temps, des taux d'intérêt bien plus intéressants que le marché, mais ils comportent une « deuxième phase » qui se déclenche au bout de quelques années et comprend une part de risque importante, liée à l'évolution d'indices, de monnaies... Pour certaines collectivités, l'heure de la fixation du nouveau taux d'intérêt a sonné ce mois-ci : le site d'information emprunttoxique.info, animé par l'ancien cadre de banque Emmanuel Fruchard, montre que la revalorisation du montant des intérêts à régler par les communes a atteint jusqu'à 15 %. Lire l'entretien : « Les élus étaient tellement confiants » 15,48 % C'est le taux de l'emprunt que doit rembourser Deuil-la-Barre (Val-d'Oise), en région parisienne, à Dexia. Nice (Alpes-Maritimes) emprunte à la même banque à 14,89 % tandis qu'à Grasse (Alpes-Maritimes), on paie 11,61 % d'intérêt. A Seynod (Haute-Savoie), un emprunt SFIL voit son taux fixé à 13,75 %. « Désastreux » pour les finances locales L'association Acteurs publics contre les emprunts toxiques (APCET) juge la décision du Conseil constitutionnel « désastreuse pour les finances locales (...) au moment même où plusieurs décisions de justice donnaient raison aux collectivités, en ramenant le taux d'intérêt de leurs prêts (...) au taux d'intérêt légal proche de 0 % ». L'institution présidée par Jean-Louis Debré avance, pour sa défense, un motif d'intérêt général « eu égard à l'ampleur des conséquences financières ». Le risque de recours des collectivités contre des banques alimentées en partie, ou en totalité dans le cas de la SFIL, par l'Etat, aurait pu représenter un risque financier pour ce dernier de 17 milliards d'euros, selon les calculs de Bercy. Trois cents contentieux environ ont été générés par l'affaire des emprunts toxiques, qui concerne quelque 1 500 collectivités ou organismes publics ayant souscrit, dans les années 1990 et 2000, des contrats de prêts structurés à taux qui peuvent connaître de très fortes variations et amener les communes proches d'une situation de surendettement. Après Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) et le conseil général de la Seine-Saint-Denis, c'est Angoulême (Charente) qui avait obtenu, début juillet, le remboursement par Dexia de 3,4 millions d'euros pour une erreur de calcul des taux d'intérêt (sur un emprunt de 16 millions d'euros). La ville, qui voit la somme s'éloigner avec la confirmation de la loi de validation rétroactive, pourrait à nouveau saisir le tribunal administratif et attaquer la banque pour défaut de conseil, voire même contester la validation du Conseil constitutionnel devant la Cour européenne des droits de l'homme, selon le quotidien régional Sud Ouest. Votre commune a-t-elle des emprunts toxiques ? Aidez-nous à compléter notre enquête : Comment nous avons travaillé > Vidéo : Comment chercher si votre commune possède des emprunts toxiques Mathilde Damgé De l'éco, du décryptage et une pincée de data Suivre Aller sur la page de ce journaliste Suivre ce journaliste sur twitter Le combat de l'Etat et des collectivités en 5 dates 8 février 2013 : le tribunal de grande instance de Nanterre donne raison au département de la Seine-Saint-Denis, qui attaque Dexia Crédit local – la banque franco-belge auprès de laquelle il a souscrit en 2007 un emprunt toxique – au motif que le contrat de prêt a été conclu sur la base de documents ne mentionnant pas le taux effectif global (TEG). 25 septembre 2013 : le projet de loi de finances intègre un dispositif destiné à « apporter une solution pérenne et globale au problème des emprunts structurés les plus risqués » ; un dispositif qui protège les établissements de crédit contre des recours éventuels en justice. 29 décembre 2013 : le Conseil constitutionnel censure ce dispositif car la validation, telle qu'elle est formulée, recouvre « un champ d’application extrêmement large », ce dont se félicitent les collectivités qui critiquaient une « amnistie bancaire ». 17 juillet 2014 : le Parlement adopte un nouveau projet de loi de protection des intérêts de l'Etat ; le nouveau texte est limité aux seuls prêts structurés souscrits par des personnes morales de droit public. 24 juillet 2014 : le Conseil constitutionnel, saisi par le groupe UMP de l'Assemblée nationale qui continuent de contester la portée du texte, valide la loi.

 

 

 

Source : www.lemonde.fr/les-decodeurs

 

 

 

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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 13:45

 

Source : www.agoravox.tv

 

 

Michèle Sibony : « Il est scandaleux qu’on n’arrête pas Israël »
par EdenLike
mercredi 30 juillet 2014

Michèle Sibony : « Il est scandaleux qu’on n'arrête pas Israël ! »

 

 

 

 


Michèle Sibony, vice-présidente de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) est au micro d’Arnaud Pontus, ce mercredi 30 juillet 2014.

 


La communauté internationale ne joue pas son rôle : « ce qui me paraît particulièrement ignoble, vu les chiffres que vous énoncez. On a la sensation d’Etats de l’Union européenne et des Etats-Unis qui regardent les bras croisés, qui comptent les morts, qui de temps en temps arrivent à négocier, ou à faire négocier des trêves dites humanitaires. C’est comme si le politique avait décidé de se croiser les bras et de regarder le massacre se produire. » (...)

« Il est scandaleux qu’on n’arrête pas Israël ! Comme si les Etats-Unis ou l’Union Européenne n’avaient pas les moyens de le faire. » (...)

« La perversité ça consiste à faire croire qu’on n’a pas les moyens d’agir. Israël n’a que les pouvoirs qu’on lui prête... » (...)

 

Israël seul responsable ?

« Une femme violée qui se débat à coups de pieds, on ne lui reproche pas d’envoyer des coups de pieds. » (Julien Salingue)

« La Palestine entière est violée ! C’est comme si on se réveillait un bon matin en décrouvant qu’une population entière se révolte. Ça fait des mois, et des années maintenant, que toute la Cisjordanie, que Gaza, que les Palestiniens, même en Israël, sont persécutés. Et je crois que aujourd’hui on est dans une situation où on peut le dire en pesant ses mots. Ça fait des mois qu’il y a des morts tous les jours en Cisjordanie, que Gaza est bombardée - comme si c’était nouveau que Gaza est bombardée ! - qu’il y a des blessés, qu’il y a des gens... Il y a 10 000 prisonniers aujourd’hui ! Dont une grande partie sans procès, sans accès aux dossiers défenses... On le sait tout ça ! »

« Mais aujourd’hui, on a à Jérusalem-Est une grande levée de révolte. La Cisjordanie est bouillonnante... »

 

Les raisons d’Israël pour justifier de tuer des civils :

« Empêcher à tout prix l’unité nationale qui était en train de se former entre le Hamas et le Fatah. (...) La stratégie israélienne, pour folle qu’elle soit, consiste à tout faire pour empêcher une quelconque unité nationale et tout ce qui peut participer, par exemple de la création d’un Etat. (...) Les négociation par exemple : faire durer les négociations, qui sont un camouflage : quand elles échouent et que tout le monde le dit, c’est la faute des israéliens qui ne veulent pas en réalité arriver à un quelconque accord... et quand l’unité tente de se reformer du côté palestinien, alors il y a cette attaque. » (...)

« (en Israël) On a une opinion qui est extrémement travaillée par une propagande qui dure pratiquement depuis la naissance de l’Etat, qui fait toujours vivre les gens en situation de peur et d’insécurité. (...) Faire vivre les gens en situation de menace existentielle, ce qui permet de leur faire croire que cette guerre peut utiliser tous les moyens contre des populations civiles et que tout est permis, ça c’est une autre affaire. »

Importation du conflit en France ?

« Il y a un mode de gestion des sociétés qui se fait par la peur et par le sécuritaire. Importer le conflit c’est aussi importer des assignations qui sont les mêmes qu’en Israël. C’est-à-dire : "tout ce qui est Arabe est dangereux, est terroriste et menaçant", "tout ce qui est juif doit être privilégié et mis à part". (...) La seule chose qui peut protéger les Juifs dans le monde, c’est de faire d’eux des gens comme tout le monde ; c’est-à-dire soumis à la loi. »

 

Les évènements actuels à Gaza alimentent-ils l’antisémitisme en France ?

« C’est l’inaction internationale, la désignation d’Israël comme un Etat d’exception et comme un régime d’exception, et contre lequel toute tentative de protestation est criminalisée... c’est ça qui est dangereux... »

 

 

 On a donc ici un double scandale : les exactions scandaleuses commises par Israël à Gaza ; et l’ignoble silence de "la Communauté internationale" (Etats-Unis et Union Européenne en tête) devant la répétition des crimes commis par Israël.

Rien n’a donc changé depuis 2012, lorsque Michel Collon s’exclamait : « C’est Israël l’agresseur ! Les Palestiniens sont les victimes ».

 

 

Heureusement, des Israéliens manifestent par milliers à Tel Aviv, exaspérés qu’ils sont par la politique de leur gouvernement...

 

 

 

 

« Je ne veux pas vivre dans la peur, ni pour moi, ni pour les Palestiniens »

 

 

Source : www.agoravox.tv

 

 

 

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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 17:48

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

Alternatives

Il a inventé la voiture électrique autonome et sans nucléaire

Flora Chauveau (Reporterre)

mercredi 30 juillet 2014

 

 

 

 

Georges Bonnet, ingénieur de 85 ans, a inventé un système de remplacement rapide des batteries de voitures électriques qui donnerait à celles-ci une plus grande autonomie, tout en évitant l’électricité nucléaire. Une véritable innovation qu’il ne parvient pourtant pas à développer.


C’est un système qui pourrait bien révolutionner l’utilisation de la voiture électrique. L’idée : en trois minutes, un robot récupère l’une des deux batteries présentes dans la voiture, celle qui est déchargée et la remplace par une batterie chargée. Autonomie totale de la voiture entre deux rechargements : 300 kilomètres.

L’inventeur de cette station de remplacement de batteries, c’est Georges Bonnet, ancien ingénieur âgé de 85 ans. La passion de l’invention ne l’a jamais quitté. Il y a dix ans, il se lance dans la conception d’un système permettant aux voitures électriques de se recharger plus rapidement.

Le déclic ? « À la télévision, Serges Dassault assurait que les voitures électriques ne fonctionneraient pas tant qu’elles ne seraient pas dotées de batteries rechargeables. » Actuellement, plusieurs heures sont nécessaires pour recharger un véhicule électrique. Un frein pour leur développement.


- Georges Bonnet -

Ingénieur dans l’aéronautique

A 19 ans, le jeune Georges Bonnet étudie l’électricité à Paris puis passe un concours pour entrer à Air France : il fait partie des six candidats reçus sur plus de trois-cents. Il se lie alors d’amitié avec un ingénieur des arts et métiers. Avec lui, il conçoit ses premières inventions, notamment un outil permettant le démontage des génératrices d’avion.

Puis, il s’envole pour le Canada où il vit huit ans. En pleine guerre froide, il travaille à la logistique sur la construction de lignes de radars dans les terres de Baffin, en Arctique. De retour en France, il se confronte à une autre réalité : toute l’expérience qu’il a acquise durant ses années aux Canada n’est pas reconnue par ses potentiels employeurs.

« Je suis retombé au bas de l’échelle » raconte-t-il. Il lui faut de la persévérance pour intégrer des sociétés de constructions aéronautiques, mais il y parvient. Recruté par Dassault, il travaille alors sur des prototypes d’avions aux noms désormais bien connus : l’Etendard, le Mirage III, le Falcon, etc.

La fin de sa vie professionnelle sera, encore et toujours, faite d’inventions comme cette machine, destinée à simplifier la comptabilité. Une fois à la retraite, l’homme continue ses « bricolages » et se lance dans la conception de sa station de rechargement de batterie.

L’industrie reste sourde au projet

Mais alors que son invention semble prometteuse, Georges Bonnet se heurte au refus des industriels. Il a besoin de plusieurs partenaires pour développer la station : un concepteur de voiture électrique, un concepteur de batterie et un de la station en elle-même.

En 2004, il s’allie à l’entreprise RSP Ingénierie, spécialisée dans la conception de robots industriels basée à Saint-Martin-du-Mont, dans l’Ain. Ensemble, ils déposent le brevet de la station. Mais aucune entreprise ne souhaite développer la voiture électrique et la batterie.

« J’ai contacté différentes entreprises françaises, des personnalités politiques de tous bords… Ce sont des entreprises chinoise et indienne qui m’ont répondu ! » Or Georges Bonnet, tout comme son partenaire, souhaiterait plutôt voir se développer le système en France...

 

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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 17:37

 

 

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Société

L’Europe impose à l’Afrique un traité pire que le TAFTA

Jean Gadrey

mercredi 30 juillet 2014

 

 

 

L’Union Européenne a signé avec seize pays d’Afrique de l’Ouest un accord dit de partenariat économique. Pire que le Traité transatlantique avec les Etats-Unis, l’APE est un blanc-seing donné par la Commission européenne aux multinationales pour piller les ressources et le marché africains. Un appel est lancé pour appeler les élus européens à ne pas ratifier cet accord.


Nous avons pris à quelques-un-e-s (Jacques Berthelot, Jean Gadrey, Susan George et Majdouline Sbaï) l’initiative d’un appel dont l’ambition est de bloquer l’adoption par le Parlement européen d’un projet très avancé, qui a exigé des années de négociations souterraines, à l’abri du regard et des exigences de la société civile : un APE, accord dit de partenariat économique avec seize pays de l’Afrique de l’Ouest, sous la pression de l’UE.

C’est pour nous un TAFTA (le grand marché transatlantique entre l’UE et les Etats-Unis) en pire. En pire en tout cas pour les peuples d’Afrique de l’Ouest. J’ai déjà consacré un billet à ce projet funeste et deux billets au projet TAFTA ou GMT, dont celui-ci.

Cet appel est assez court. J’aurai l’occasion, avec les trois personnes qui l’ont initié, d’expliciter certains aspects de cet APE, dont un mécanisme de règlement des différends entre les Etats et les firmes multinationales qui serait à coup sûr bien plus désastreux encore pour des pays pauvres que celui qui figure dans le projet TAFTA.

Nous espérons également que notre appel confortera la société civile africaine, mobilisée depuis quatorze ans contre ces projets d’APE, et qui va encore mener des mobilisations dans les pays concernés, dont il semble que les Parlements doivent se prononcer.

ATTENTION : n’envoyez pas de signatures individuelles à ce stade. Notre intention est de réunir au cours de l’été des signatures d’une part d’ONG et associations en Europe et en Afrique, d’autre part d’élu-e-s ou anciens élu-e-s aux Parlements nationaux et au Parlement européen.

Nous en avons déjà recueillies plusieurs en quelques jours, et non des moindres. Beaucoup d’autres vont arriver. Nous en rendrons la liste publique probablement vers la fin août et nous déciderons alors, en relation avec les organisations signataires, de lancer ou non une pétition « grand public » hébergée par un site approprié.

TEXTE DE L’APPEL :

Le Parlement européen ne doit pas ratifier l’accord « de partenariat » entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest

Le 10 juillet 2014, à Accra, capitale du Ghana, les seize chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest ont signé un projet d’accord dit de partenariat économique entre l’Union européenne (UE) et les quinze Etats de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) plus la Mauritanie. Il s’agit en fait d’un accord de « libre-échange » visant à supprimer 75 % des droits de douane sur les importations venant de l’UE et à limiter leur politique commerciale au-delà des exigences de l’OMC (1).

Cet accord, s’il est ratifié par le Parlement européen, sera un désastre pour les peuples d’Afrique de l’Ouest mais aussi pour ceux de l’Europe. Il résulte de pressions exercées par les firmes multinationales européennes, au service desquelles s’est mise la Commission européenne, parvenant à entrainer des chefs d’Etat africains qui sont restés insensibles devant les mises en garde répétées de leurs sociétés civiles, mobilisées depuis quatorze ans.

Les peuples européens n’ont rien à y gagner, au contraire. Cet accord va favoriser leur agriculture la plus productiviste, pollueuse, destructrice d’emplois, ainsi que certains secteurs industriels non moins productivistes, exportateurs de biens de médiocre qualité, au détriment de politiques d’agriculture durable, de souveraineté alimentaire et de transition industrielle écologique.

Il va encourager l’importation par l’UE de matières premières brutes plutôt que la réduction des bilans matières de la production européenne.

Les peuples d’Afrique de l’Ouest et des autres pays d’Afrique subsaharienne et des quatorze petites îles du Pacifique sous la menace de semblables accords, ont tout à y perdre. L’APE SADC de six Etats de l’Afrique australe a aussi été paraphé le 22 juillet. Les douze Etats sur seize d’Afrique de l’Ouest ayant le statut de PMA (pays les moins avancés) ne pourront plus taxer les 10,6 milliards d’euros de produits qu’ils importent de l’UE, d’où des pertes budgétaires considérables...

 

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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 17:28

 

Source : www.mediapart.fr

 

Un conflit d'intérêts éclabousse l'Autorité des marchés financiers

|  Par Laurent Mauduit

 

 

 

Membre du collège de l'AMF, Monique Cohen vient d'entrer aux conseils d'administration de BNP Paribas et de Hermès. Problème : le gendarme des marchés supervise le premier et a condamné LVMH, en conflit avec le second.

C’est une petite histoire qui n’a pas fait l’objet d’une grande publicité. Une information confidentielle révélée par le site d’information financière Wansquare au début de ce mois (ici, lien payant), puis une dépêche AFP et quelques reprises dans la presse économique spécialisée, et c’est tout : nul ne s’est vraiment intéressé aux activités innombrables de Monique Cohen dans la vie parisienne des affaires. C’est un tort. Car, à l’évidence, le parcours de cette femme d’affaires est symbolique des mœurs du capitalisme de connivence à la française. Et surtout, il jette le doute sur l’indépendance du collège de l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui s’accommode de stupéfiants conflits d’intérêts.

Monique Cohen 
Monique Cohen

Peu connue du grand public, Monique Cohen n’en est pas moins une figure importante de la vie des affaires en France. D’abord, elle est directrice associée d’Apax Partners (voir ici, sur le site du fond d'investissement), une multinationale du capital-investissement. Mais c’est aussi une cumularde du CAC 40 et de ses annexes, occupant d’innombrables autres fonctions dans de très nombreuses sociétés. Elle est ainsi pêle-mêle directrice générale déléguée d’Altamir Gérance, administratrice d’Altitude, membre du conseil de surveillance de JC Decaux, administratrice du groupe Safran, administratrice de Buy Way Personal Finance Belgium SA (Belgique), administratrice de Buy Way Tech SA (Belgique), membre du conseil d’administration de Financière MidMarket SAS, membre du comité de surveillance de Global Project SAS, administratrice de Proxima Investissement (Luxembourg), administratrice de Société de financement local SA, présidente du Texavenir II SAS, présidente de Trocadero Participations II SAS, présidente du conseil de surveillance de Trocadero Participations SAS, ou encore présidente des conseils d’administration de Wallet SA (Belgique) et Wallet Investissement 1 et 2 SA (Belgique). Impressionnant, n’est-ce pas ?

On se demande comment il est possible de diriger ou de participer aux conseils d’administration d’autant de sociétés ou de fonds d’investissement ! Mais le fait est que Monique Cohen ne fait que se conformer à une pratique courante dans la vie des affaires. Et si son seul signe distinctif avait été le nombre de ses fonctions, sans doute n’aurait-on jamais parlé d’elle.

Seulement voilà ! L’intéressée a aussi été cooptée ces derniers mois dans deux autres cénacles beaucoup plus prestigieux. D’abord, le 12 février 2014, elle a fait son entrée au conseil d’administration de BNP Paribas (c’est sur le site de la banque que l’on trouve tous ses états de service). Et son mandat d’administratrice a été renouvelé le 14 mai 2014 pour une durée de trois ans. Elle siège donc dans cette instance aux côtés des figures les plus connues de la vie parisienne des affaires, parmi lesquelles le PDG de Total Christophe de Margerie, l’ancien numéro deux du Medef Denis Kessler, le PDG de la compagnie Saint-Gobain Pierre-André de Chalendar ou encore l’ancienne présidente du Medef, Laurence Parisot, sans parler naturellement du patron de la banque Baudoin Prot, et son prédécesseur Michel Pébereau qui est l'un des parrains du capitalisme français.

Puis, le 3 juin 2014, Monique Cohen a également fait son entrée au conseil de surveillance de la firme de luxe Hermès. Et pas à un poste de second rang. Non ! Elle y a été cooptée en qualité de vice-présidente, comme on peut le vérifier sur le site Internet de la société.

Et cela change évidemment tout. Car d’un seul coup, Monique Cohen est passée de l’ombre à la lumière. Mais surtout elle s’est placée dans une situation de conflit d’intérêts qui retient l’attention. Et cela à cause d’une ultime fonction : en mai 2011, sur proposition de l'ex-président du Sénat, Gérard Larcher (voir ici l’avis paru au Journal officiel), elle a aussi fait son entrée au collège de l’Autorité des marchés financiers (AMF), une autorité qui est supposée être indépendante et qui est le gendarme de ces marchés.

Comme l’explique le site Internet de l’AMF, son collège constitue son instance principale : « Les missions confiées à l’Autorité des marchés financiers sont exercées par un Collège constitué de 16 membres. Principal organe décisionnel de l’AMF, ses compétences portent sur : l’adoption de nouvelles réglementations, les décisions individuelles ainsi que l’examen des rapports de contrôle et d’enquête. En tant qu’autorité de poursuite de l'AMF, le Collège décide l’ouverture des procédures de sanction », peut-on lire sur le site.

En quoi cela pose-t-il donc problème que Monique Cohen siège tout à la fois dans ces conseils d’administration et au sein de ce collège de l’AMF ? Dans le cas de BNP Paribas, on comprend bien pourquoi. La banque est au cœur de la vie économique et financière française de la France – et de l’Europe – et d’innombrables opérations conduites par elle sont placées sous la surveillance de l’AMF et, éventuellement, si des infractions devaient être commises, sont passibles de ses sanctions.

On comprend donc que BNP Paribas ait eu l’idée de coopter à son « board » un membre du collège de l’AMF. Ce sont-là des proximités auxquelles elle a naturellement tout à gagner. Et ces proximités ne sont pas les seules. À la faveur de la crise financière, on s’est aperçu que de nombreuses banques avaient par ailleurs coopté dans leurs conseils des économistes, qui étaient censés être des universitaires indépendants, et dont les préconisations étaient du même coup entachées à cause de ce lien financier. Quand on a découvert l’importance du phénomène, ces « imposteurs de l’économie » appointés par la finance ont fini par faire scandale. Si BNP Paribas a donc un intérêt à coopter dans son conseil un membre du collège de l'AMF, la réciproque n'est évidemment pas vraie : vu du côté de l’AMF, le conflit d’intérêts de Monique Cohen est patent, et on peine à comprendre qu’il puisse être toléré.

Avant l'affaire Monique Cohen, l'affaire Françoise Bonfante

Mais ce n’est pas le seul conflit d’intérêts que connaisse Monique Cohen. Il y en a un autre, bien plus spectaculaire, et celui-là concerne sa cooptation comme vice-présidente du conseil de surveillance Hermès. Car l’histoire de la firme de luxe a croisé dans le passé celle de l’AMF, et dans des conditions qui avec le recul retiennent l’attention.

Après que le groupe de luxe LVMH, propriété du milliardaire Bernard Arnault, eut décidé de monter subrepticement au capital de son rival Hermès pour essayer de le croquer, une bataille financière âpre a commencé. Et le collège de l’AMF a clairement pris position dans le conflit – le collège de l’AMF dont… Monique Cohen est membre. Voici la relation des faits, telle que l’AFP les a établis (la dépêche est consultable ici) après les premières révélations de Wansquare. Parlant de Monique Cohen, l'agence explique : « Elle siégeait au collège le 3 juillet 2012, lorsque avait été décidé le renvoi de LVMH devant la Commission des sanctions concernant sa montée masquée au capital de Hermès, selon un document obtenu par l'AFP. Le collège s'était réuni le 3 juillet 2012 "pour examiner le rapport d'enquête établi le 18 juin 2012", qui avait "décidé que des griefs devaient être notifiés à LVMH". LVMH a ensuite été condamné, en juillet 2013, à 8 millions d'euros d'amende, une sanction qui reste à ce jour la plus élevée pour une société. »

Là encore, on comprend donc que Hermès ait eu envie de coopter à son « board » un membre du collège de l’AMF – ce sont de petits gestes d’amitié et de connivence qui ne peuvent pas nuire ! Mais la question reste entière : pourquoi l’AMF tolère-t-elle cela ? La question a d'autant plus d'importance que, comme par hasard, BNP Paribas est de longue date la banque de Hermès.

Interrogée par l’AFP au début de ce mois, l’AMF a argué de sa bonne foi et de son respect des règles légales. Et sans doute faut-il lui en donner crédit : sur ce point, elle n’est sûrement pas en faute, et s’il y a une carence, c’est à la loi qu’il faut l’imputer. Voici en effet la suite de la dépêche : « Interrogée par l'AFP (…), l'AMF a indiqué que "Mme Cohen, en tant que membre du collège, est bien entendu soumise à des règles de déontologie". Elle a rappelé que, comme dans les cas similaires de potentiels conflits d'intérêts, elle ne pourra à l'avenir "participer à aucune délibération concernant de près ou de loin Hermès. Ces dispositions sont déjà appliquées pour les autres mandats qu'elle détient". L'AMF a par ailleurs rappelé que le collège n'était pas la commission des sanctions. "Le dossier LVMH/Hermès a été examiné, il y a deux ans, par le collège de l'AMF réuni en formation plénière. Le collège a décidé, comme le proposait le rapport d'enquête, d'ouvrir une procédure de sanction. Les membres du collège sont distincts des membres de la Commission des sanctions. Mme Cohen n'a donc eu aucun rôle dans la décision de la Commission des sanctions de sanctionner LVMH". »

Tout cela est parfaitement exact. Et encore une fois, si le législateur a autorisé ce type de situation, contraignant seulement un membre du collège de l’AMF à se déporter et à ne pas délibérer dans une telle hypothèse, l’AMF ne peut en être tenue pour responsable. Le cas de figure n’en est pas moins invraisemblable.

Cette polémique autour de l’AMF prend d’autant plus de relief que l’affaire Monique Cohen n’est pas la première à alimenter une controverse. Comme le rappelle dans le même article le site Wansquare, il y a eu une affaire du même type pas plus tard qu’au début de cette année. Toujours désireux de se montrer complaisant avec les milieux bancaires, l’ex-ministre des finances, Pierre Moscovici, a ainsi désigné, le 20 décembre 2013, Françoise Bonfante, ancienne déontologue d’UBS, pour siéger à la commission des sanctions de l’AMF, sans se rendre compte que le choix d’une ancienne cadre d’un établissement gravement mise en cause par la justice pour fraude fiscale serait de nature à susciter une vive polémique. Et une controverse ayant effectivement pris de l’ampleur, le maladroit ministre n’a eu d’autre solution que de demander deux mois plus tard, en février 2014, à celle qu’il avait promue de bien vouloir démissionner. Ce qu’elle a accepté de faire.

Épisode pitoyable mais qui, lui aussi, montre bien ce qu’est le capitalisme français, et la culture dans laquelle il baigne – partagée par beaucoup de dirigeants politiques, y compris socialistes : un capitalisme consanguin, qui beaucoup plus que d’autres, tolère les situations de conflits d’intérêts. C’est même l’une de ses marques de fabrique…

Quoi qu'il en soit, en l'absence d'un sursaut du législateur, qui aura l'audace de dire à Monique Cohen que l'éthique exigerait qu'elle démissionne du collège de l'AMF ?

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 20:35

 

Source : www.mediapart.fr

 

L'horizon s'assombrit pour le traité de libre-échange avec les Etats-Unis

|  Par Ludovic Lamant

 

 

Berlin s'oppose à un volet de l'accord de libre-échange avec le Canada, sur le point d'être adopté. Cela pourrait, par ricochet, torpiller le chantier titanesque du « TTIP », négocié par Bruxelles avec les États-Unis. Un tournant.

De notre envoyé spécial à Bruxelles. C'est un coup à plusieurs bandes qui n'a pas échappé aux initiés, et réjoui nombre d'activistes suivant de près les négociations commerciales menées par l'Union européenne. En laissant entendre que Berlin ne signerait pas en l'état le traité de libre-échange entre l'Union et le Canada, l'Allemagne vient de plomber l'avenir de son grand frère davantage médiatisé, le « partenariat transatlantique » (TTIP) avec les États-Unis.   

L'explication est simple : CETA (le surnom de l'accord canadien, toujours en chantier) sert de modèle aux négociations menées avec les États-Unis pour aboutir au TTIP. Plusieurs sources proches des discussions assurent que des pans entiers de l'accord passé avec Ottawa ont fourni le point de départ aux débats avec Washington. Si CETA s'écroule, le TTIP est menacé. 

Si l'on en croit un article publié samedi par le Süddeutsche Zeitung, qui cite plusieurs diplomates allemands et européens, Berlin s'oppose désormais à l'accord avec le Canada « tel qu'il a été négocié ». Dans la ligne de mire des Allemands : la clause d'arbitrage État/investisseur, intégrée au traité, et dont Berlin ne veut pas.

Ce mécanisme sulfureux – baptisé ISDS dans le jargon bruxellois – doit, pour ses défenseurs, donner de meilleures garanties juridiques aux entreprises, pour qu'elles investissent davantage à l'étranger. Mais ses adversaires y voient une procédure d'exception, qui autorise des groupes privés à attaquer des États en justice, à l'encontre de l'intérêt général (lire notre enquête). L'ISDS est présent, à l'identique, dans le texte en chantier avec les États-Unis.

 

José Manuel Barroso (commission) et Stephen Harper (premier ministre canadien), le 18 octobre 2013 à Bruxelles. 
José Manuel Barroso (commission) et Stephen Harper (premier ministre canadien), le 18 octobre 2013 à Bruxelles. © Commission européenne.

À première vue, l'opposition de Berlin à l'ISDS peut surprendre. L'Allemagne est l'un des États membres les plus convaincus des vertus du libre-échange au sein de l'UE et pousse, depuis des années, pour des méga-accords avec le Canada ou les États-Unis, considérés comme une alternative aux blocages à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). D'ailleurs, Berlin a déjà signé plusieurs accords bilatéraux d'investissement qui intègrent ce mécanisme d'ISDS.

Mais cette fois, le pays d'Angela Merkel tique, en mettant en avant le principe de souveraineté : les juridictions nationales, estime l'Allemagne, sont tout à fait compétentes pour arbitrer d'éventuels différends. Pas besoin, comme l'exige le mécanisme de l'ISDS, de s'en remettre à une cour internationale basée à Washington, et dont le fonctionnement est particulièrement contesté

Berlin a sans doute aussi compris les éventuels effets pervers d'un ISDS européen. En cas de sanctions financières, c'est le budget européen qui sera mis à contribution. En clair, les contribuables allemands devraient alors rembourser une partie des amendes infligées à Bruxelles en raison de l'évolution de la législation dans n'importe lequel des 28 États membres… Pas simple de le faire accepter à son opinion publique. 

Du côté du commissaire européen au commerce, Karel De Gucht, impatient de voir l'accord avec le Canada entrer en vigueur, on s'en tient à une vérité : « Comme pour toutes négociations commerciales, les discussions entre l'UE et le Canada reposent sur un mandat, qui a été confié à la commission par les États membres. C'est à l'unanimité de ces États membres qu'il a été inscrit, dans le mandat de départ, la nécessité d'inclure des protections pour les investissements et le mécanisme d'arbitrage entre État et investisseur », avance le porte-parole du commissaire joint par Mediapart.

Les négociations avec le Canada ont officiellement pris fin en octobre 2013, après quatre années d'un travail laborieux. L'an dernier, José Manuel Barroso, le patron de la commission européenne, et Stephen Harper, premier ministre canadien, avaient mis en scène leur réussite. Le Portugais avait expliqué, en particulier, que ce texte servirait de « référence » pour les autres accords à venir.  

Mais depuis ce « deal » politique, qui n'était en fait qu'un « pré-accord », l'affaire patine. Des points techniques continuent d'opposer les négociateurs, sans aucun compte-rendu public. La traduction des conclusions dans les différentes langues de l'UE s'éternise. Les États membres de l'Union attendent toujours de recevoir une copie de l'accord technique, avant de pouvoir se prononcer. Ce devrait être chose faite durant l'été, mais l'exécutif européen se garde d'avancer tout calendrier précis. Un sommet prévu à Ottawa, le 25 septembre, pourrait mettre tout le monde d'accord. C'est dans ce contexte que Berlin menace désormais de bloquer le texte. Quoi qu'il en soit, il restera ensuite encore une étape : les eurodéputés débattront à leur tour de l'avenir de CETA, et de son volet ISDS.

L'affaire est d'autant plus sensible, à Bruxelles, que la commission européenne vient d'achever une consultation publique sur ISDS, dont on connaîtra les conclusions à la rentrée (lire notre article). L'exécutif européen y avait consenti pour tenter d'apaiser les inquiétudes sur la portée du futur accord avec Washington. Mais on voit mal comment cette consultation n'aura pas, aussi, des effets sur le contenu de l'accord avec le Canada.  

L'UE pourrait-elle, en bout de course, signer des accords de libre-échange vidés de l'ISDS ? C'est toute la question à présent. Les dirigeants européens n'y seraient sans doute pas opposés. Une majorité des sociaux-démocrates au parlement européen défend aujourd'hui cette position, à l'instar du président de la commission spécialisée sur ces questions, l'Allemand Bernd Lange. Même Jean-Claude Juncker, le futur président de la commission, un chrétien démocrate, a laissé entendre qu'il ne serait pas opposé au scénario d'un TTIP « light »

Mais les signaux envoyés par les Canadiens et les Américains sont très différents : à leurs yeux, ces mécanismes sont essentiels, pour les intérêts du secteur privé. Et rien ne dit que Washington consentira à un accord si l'ISDS est mis de côté. « Un TTIP sans ISDS est-il possible, du point de vue américain ? », s'est interrogée, en juillet, Marietje Schaake, une élue néerlandaise libérale, lors d'un échange au parlement de Strasbourg.

Avec ou sans ISDS, l'accord en chantier reste de toute façon plus qu'hypothétique, tant les désaccords sont légion. Parmi les sujets qui fâchent, et dont on voit mal comment ils seront réglés à court terme, l'intégration aux discussions des services financiers, tel que le souhaite Bruxelles, ou encore l'ouverture des marchés publics américains aux entreprises européennes, là encore une priorité des négociations selon la commission. Comme l'a lancé Yannick Jadot, eurodéputé EELV, lors d'un débat avec le commissaire De Gucht la semaine dernière à Bruxelles, « que reste-t-il à négocier, à part, peut-être, la taille des rétroviseurs des voitures » ?

 

Lire aussi

 

Source : www.mediapart.fr

 

 


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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 20:21

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

OK ou pas OK ? 29/07/2014 à 13h47
« Sur Internet, vous êtes les sujets de centaines d’expériences »
Philippe Vion-Dury | Journaliste Rue89

 

 


Capture d’écran de OKCupid

Dans une note de blog publiée lundi, Christian Rudder, un des fondateurs du site de rencontres OKCupid, a révélé quelques informations sur les réactions « sentimentales » des membres de son site. Oh, surprise ! Tenez-vous bien :

  • les gens seraient superficiels ;
  • nous aurions du mal à séparer l’apparence physique de la personnalité : plus vous êtes « hot » plus vous êtes « cool » ;
  • le texte de présentation compte pour 10% du ressenti, autrement dit rien comparé à une bonne photo de profil et un soutien-gorge apparent.

Petite expérience sur tes « dates »

Mais il y a plus surprenant :

  • le titre de la note de blog de Christian Rudder, pour commencer : « Nous expérimentons sur les êtres humains », ponctué d’un point d’exclamation conquérant ;
  • la troisième expérimentation ensuite, baptisée sans détour « le pouvoir de suggestion ».

Comme de nombreux concurrents, le site propose un pourcentage de compatibilité en corrélant différents paramètres. Ça marche « vraiment bien », selon Christian Rudder. Qui fait tout de même part d’un doute :

« Peut-être que cela fonctionne simplement parce que nous disons aux gens que cela fonctionne. Peut-être que les gens s’apprécient parce qu’ils pensent qu’ils sont supposés le faire. »

Christian Rudder a décidé de tenter une petite expérience : prendre des gens dont le score de compatibilité est mauvais (30%), et leur dire que leur « matching » est en fait excellent (90%).

Désolé, mais « c’est pas OK »

Les « cobayes » se sont effectivement laissés abuser, acceptant de prendre contact et de converser plus facilement. La chose marche également dans le sens inverse.

Certains membres d’OKCupid sont reconnaissants d’être ainsi sortis de la solitude. Mais pas mal d’autres membres l’ont mauvaise, comme ce commentateur sous la note de blog de Rudder :

« Expérimenter sur les gens par des moyens qui leur sont potentiellement nuisibles sans leur consentement éclairé n’est pas éthique. »

Pour ceux-là, avoir expérimenté sur eux dans leur demander leur consentement, « ce n’est pas OK ».

Rudder ne se laisse pas démonter :

« Devinez quoi : sur Internet, vous êtes les sujets de centaines d’expériences à chaque instant, sur chaque site. C’est ainsi que fonctionnent les sites internet. »

Facebook : 700 000 cobayes

S’il en rajoute un peu (beaucoup), Christian Rudder n’a pas totalement tort. Fin juin, Facebook révélait également qu’il avait fait de quelque 700 000 utilisateurs des rats de laboratoire.

L’expérimentation : manipuler le fil d’actualités des utilisateurs ciblés en favorisant l’apparition de contenus dont la charge émotionnelle est positive ou au contraire négative, et étudier leurs réactions.

L’objectif est limpide : trouver des moyens subtils pour que les utilisateurs du réseau social restent plus longtemps connectés (et, si possible, cliquent sur les pubs).

Fort de plus d’un milliard de membres, personne ne peut s’étonner que le réseau social ait un pouvoir d’influence. Il l’avait prouvé par exemple en insérant en 2012 un module pour se déclarer donneur d’organes qui avait fait exploser le compteur.

Mais avec la révélation de sa dernière expérience, Facebook semble avoir franchi une limite. Tollé chez les utilisateurs, excuses publiques, et mêmes investigations des autorités... Il semblerait que cet événement ait eu presque plus d’impact sur le grand public que les révélations d’Edward Snowden. De la NSA à Facebook, la problématique est la même : qui peut espionner peut manipuler.

Et la liberté d’expression ?

Lors d’une conférence sur la liberté d’expression, un ponte de Facebook a été interpellé en ces termes :

« Comment la liberté d’expression pourrait-elle être influencée par ce qui est montré aux utilisateurs d’un réseau social ? »

L’interpellé, « pas le meilleur expert » selon ses propres mots, n’a pas su répondre, évoquant simplement la « tension entre législation et innovation ».

C’est tout un voile qui se déchire, et voilà qu’apparaît la face cachée des systèmes de recommandations. Ils sont là pour « répondre à vos attentes », et ils sont partout : les amis sur Facebook, les vidéos sur YouTube, les livres sur Amazon, les recherches sur Google...

Il suffit de regarder les chiffres pour réaliser la puissance d’influence de ces sites :

  • Google  : lors d’une requête sur le moteur de recherche, dans 91% des cas, les internautes se contentent des dix premiers résultats, et au moins un tiers clique sur le premier lien ;
  • Amazon  : plus d’un tiers des ventes de l’entreprise seraient le fruit de recommandations fournies par l’algorithme maison ;
  • Netflix  : l’entreprise estime que 75% de l’activité sur la plateforme est générée par son algorithme de recommandation.

Une expérience a également montré que 62,5% des utilisateurs de Facebook n’avaient pas réalisé que leur fil était généré algorithmiquement.

Nouveaux pouvoirs

Au même titre que les médias de masse peuvent servir la propagande, les sites populaires peuvent manipuler les individus, jouant sur leur ignorance ou leur confiance.

L’éditorialiste Christine Rosen pour The New Republic résume et élargit le phénomène :

« Avec l’Internet des objets, nous sommes toujours (et souvent sans le savoir) connectés à Internet, ce qui apporte des avantages évidents en termes d’efficacité et de personnalisation. Mais cela accorde également aux technologies de nouveaux pouvoirs, pour nous persuader ou nous obliger à nous comporter de certaines façons. »

Cela fait des années que certains chercheurs étudient le sujet.

L’université de Stanford ouvrait dès 1997 un « Laboratoire des technologies persuasives ». Plus récemment, Gary T. Marx, professeur émérite au MIT à Boston, signait un papier où il notait l’intensification du contrôle social par la technologie depuis la deuxième moitié du XXe siècle.

« L’ingénierie du contrôle social est une des caractéristiques principales de la société moderne. […] Nos frontières et environnements spatiaux, communicationnels, sociaux, culturels et psychologiques sont de plus en plus sujets à des stratégies technologiques visant à influencer le comportement, que cela implique la conformité avec des règles, la sécurité, la consommation ou des attitudes. »

Science prédictive

Dans un rapport [PDF] rendu à la Maison Blanche en 2002, la NSF, l’équivalent américain du CNRS, présentait un « projet visionnaire » baptisé « Socio-Tech... la science prédictive des comportement sociaux ».

L’idée centrale est de prédire, grâce aux analyses de données, les comportements humains. Voici la conclusion :

« Cela nous permettra d’interdire des comportement indésirables avant qu’ils ne causent de dommages significatifs aux autres, et de supporter et encourager des comportements menant à l’amélioration du bien commun. »

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

 

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  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
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DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

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          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



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