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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 18:51

 

Source : www.mediapart.fr

 

Jan Philipp Albrecht, eurodéputé: « Pas un gouvernement européen n'a tiré les conséquences des révélations Snowden »

|  Par Ludovic Lamant

 

 

 

Protection des données personnelles, conservation des données pour lutter contre le terrorisme, surveillance de masse : le parlement européen a pris des positions offensives sur ces dossiers sensibles ces derniers mois. Mais les capitales ne l'entendent pas de cette oreille. L'eurodéputé allemand Jan Philipp Albrecht explique à Mediapart pourquoi le parlement n'a pas – encore ? – perdu la bataille.

De notre envoyé spécial à Bruxelles. Ce fut l'un des moments forts de la mandature du précédent parlement : en mars 2014, une très large majorité d'eurodéputés adoptait une batterie de textes plutôt offensifs sur la protection des données et l'espionnage de masse révélé par les documents d'Edward Snowden. Que sont devenus ces textes dans les méandres du circuit législatif bruxellois ? Alors que les capitales sont sur la défensive, face à un lobbying souvent féroce dans ce secteur, les députés ont-ils une chance d'être entendus ? Quels liens avec les négociations du traité de libre-échange avec les États-Unis ?

À 31 ans, Jan Philipp Albrecht entame cet été son second mandat d'eurodéputé. Cet Allemand, membre du groupe des Verts, est l'un des spécialistes des questions de plus en plus complexes posées par l'essor du numérique sur nos libertés civiles. Il fut rapporteur, l'an dernier, d'un texte révisant la législation sur la protection des données qui établit par exemple la règle du « consentement explicite » (qui obligerait un Google, par exemple, à demander plus explicitement aux utilisateurs s'ils acceptent de confier certaines données au moteur de recherche). Entretien.

Le texte dont vous étiez rapporteur, sur la protection des données, semble aujourd'hui bloqué : le conseil européen, qui représente les capitales, est divisé. Pourquoi ?
Le texte n'est pas vraiment bloqué. Disons que certains États membres ne veulent pas avancer très rapidement. Ils refusent le principe de règles spécifiques qui les encadreraient de manière trop précise. Nous, au parlement, depuis 2011, réclamons un standard unifié pour la protection des données, qui s'applique à l'ensemble de l'UE, et dans tous les secteurs. Quiconque traite des données devrait suivre ces règles. Le parlement l'a voté en mars avec une majorité très large, cela rend le processus irréversible. La seule question, c'est de savoir combien de temps ça prendra de convaincre les capitales.

Quels sont les États membres les plus réticents ?
Avant tout la Grande-Bretagne, le Danemark et la Hongrie. Ils rejettent le principe général d'une régulation.

Jan Philipp Albrecht lors de la commission d'enquête du parlement européen sur les révélations Snowden, en 2013. 
Jan Philipp Albrecht lors de la commission d'enquête du parlement européen sur les révélations Snowden, en 2013. © Flickr - Parlement européen.

L'Allemagne est aussi sur la défensive. C'est étrange, quand on observe l'ampleur des débats dans ce pays sur les questions de l'espionnage de masse – beaucoup plus vifs qu'en France (lire ici). Comment l'expliquez-vous ?
L'Allemagne a déjà adopté, pour ses 16 Länder, des régulations très précises en la matière, et Berlin ne souhaite pas donner de compétences à l'UE sur ce sujet. C'est effectivement une position étrange parce que, sur le fond, beaucoup d'Allemands sont favorables à durcir les règlements de protection des données. Au parlement européen, beaucoup d'élus allemands ne comprennent pas la position de Berlin.

À l'inverse, la France, la Pologne, l'Italie, et même l'Irlande (connue pour héberger les sièges européens de nombre de poids lourds américains, comme Facebook, ndlr), y sont, eux, favorables. S'ils décident d'aller au vote au conseil, ils sont majoritaires. C'est pour cela que je pense que le texte n'est pas bloqué.

Berlin redoute un abaissement des standards en matière de protection des données, si l'on confie cette compétence à Bruxelles. Que répondez-vous ?
C'est faux. Les fonctionnaires allemands sont incapables de dire précisément, à partir de la lecture des textes en débat, en quoi cela abaisserait leur législation. Nous leur avons demandé des dizaines de fois de nous dire sur quels documents reposaient leurs analyses, et ils ne répondent jamais.

En parallèle se déroulent, entre Bruxelles et Washington, des négociations pour un accord de libre-échange UE/États-Unis (TTIP – lire ici). Cela complique forcément les choses…
Depuis le début des discussions, la commission a affirmé à de nombreuses reprises qu'elle ne transigerait pas sur la protection des données personnelles. C'est l'une de leurs « lignes rouges ». Dont acte. Mais bien sûr, ils vont négocier dans certains secteurs sur les marchés numériques, et sur des services de traitement de données. Il faut donc que l'UE obtienne que n'importe quelle entreprise qui voudrait vendre ses biens et services en Europe, se plie au règlement sur la protection des données de l'UE.

De manière plus générale, je suis très sceptique sur le TTIP, et les Verts devraient voter contre. L'avenir de la coopération internationale, ce n'est pas de conclure ce type d'accords commerciaux. Ces accords fonctionnent sur la reconnaissance mutuelle de standards différents, et à chaque fois, c'est le standard le moins exigeant qui l'emporte. À l'inverse, il faut imaginer des accords pour définir, à l'échelle internationale, des normes en matière de protection des données, d'OGM ou de santé, selon des procédures transparentes et démocratiques. C'est un vaste chantier…

Le rapport sur Snowden, déjà lettre morte ?

En avril, la cour de justice européenne a rendu un arrêt très remarqué, à propos de la directive sur la conservation des données utilisées pour lutter contre le terrorisme. Elle a invalidé ce texte de 2006, qui autorisait les opérateurs de télécommunications à archiver jusqu'à deux ans certaines données relatives au trafic et à la localisation des utilisateurs (lire ici). Vous avez commandé une étude auprès d'universitaires (à télécharger ici) qui décrypte cet arrêt. Pourquoi ?
L'arrêt de la cour de justice est une étape historique pour le développement des droits fondamentaux en Europe. Pour la première fois, à l'échelle européenne, ces droits sont très fortement protégés. Nous avons demandé à des experts quelles implications, théoriques et politiques, cela pouvait avoir. Jusqu'à présent, les États membres pensaient qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient en la matière. C'est une très bonne nouvelle de voir que la cour de justice est montée au créneau pour dire le droit.

Concrètement, qu'est-ce qui peut changer ?
La conclusion de cette étude, c'est que les capitales, et les parlementaires, ont du travail devant eux pour rendre les législations conformes à cet arrêt (et en particulier les règlements nationaux qui transposaient cette directive, ndlr). Cela concerne à la fois les dossiers des passagers aériens, les échanges de données bancaires, etc., autant de secteurs qui ne respectent plus les droits fondamentaux. Jusqu'à présent, dire cela, c'était émettre une opinion politique. Désormais, c'est une réalité juridique.

Autre dossier important : la réaction de l'Union face à l'espionnage de masse dévoilé par Edward Snowden. Là encore, le parlement européen a adopté un rapport ambitieux sur la question (lire ici). Mais ce n'est qu'un rapport, sans effet certain. Le parlement européen a-t-il un pouvoir en la matière ?  
Sur l'espionnage de masse, mené par la NSA américaine, mais aussi par d'autres services de renseignement, dont la France, le parlement est la seule institution qui a parlé de manière très forte sur ces questions. Nous avons mené une enquête en profondeur. Et nous avons adopté deux recommandations importantes : la suspension de l'accord SWIFT (l'accès aux données bancaires des Européens par les Américains, au nom de la lutte contre le terrorisme, ndlr) et de l'accord dit « safe harbor » (qui autorise les entreprises américaines travaillant en Europe à transférer leurs données aux États-Unis, à certaines conditions, ndlr).

Mais ce ne sont que des recommandations dans un rapport qui risque bien de rester lettre morte…
Ce texte n'est pas juridiquement contraignant, pour la commission européenne ou pour le conseil européen. En ce qui concerne le « safe harbor », il suffit d'une décision de la commission. Quant à SWIFT, il faudrait une proposition de la commission, puis un vote en conseil. Tout cela est possible. Mais ces deux institutions ont choisi de ne pas avancer. Ce n'est plus acceptable.

Le parlement semble impuissant face à ces deux accords internationaux.
Non. Par le passé, le parlement a déjà montré qu'il pouvait bloquer certains textes, lorsqu'une résolution qu'il a adoptée est totalement ignorée. On peut dire à la commission : nous ne voterons aucun autre texte tant que vous n'avancez pas sur SWIFT. Nous pouvons aussi faire pression sur la future commission : des auditions des commissaires vont commencer à l'automne (jusqu'à fin octobre, ndlr). Le parlement va demander à la future commission si elle s'engage à suspendre ces deux accords.

Un an après les premières révélations Snowden, pas un seul gouvernement de l'UE n'en a vraiment tiré les conséquences. Donc sans les citoyens, qui doivent faire pression sur leurs gouvernements et les appeler à prendre leurs responsabilités, rien ne va changer. Il faut accentuer la pression sur les capitales dans les mois à venir.

 

Lire aussi

 

Source : www.mediapart.fr

 

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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 18:06

 

Source : www.arte.tv/guide/fr

 

 

Nestlé et le business de l'eau en bouteille
mardi 05 août à 20h50 (90 min)
  Rediffusion samedi 16.08 à 10h30

 

Comment transformer de l’eau en or ? Une entreprise détient la recette : Nestlé, multinationale basée en Suisse, leader mondial de l'agroalimentaire, grâce notamment au commerce de l’eau en bouteille, dont elle possède plus de 70 marques partout dans le monde (Perrier, San Pellegrino, Vittel ou Poland Spring aux États-Unis). Pour le président du CA, Peter Brabeck, l'eau, fer de lance d'une stratégie planétaire, peut "garantir encore cent quarante ans de vie" à l'entreprise. Malgré le refus de collaborer opposé par la direction, Res Gehriger et Urs Schnell dévoilent les coulisses de ce marché qui brasse des milliards. Des États-Unis au Nigeria en passant par le Pakistan, ils explorent les circuits de l’eau en bouteille, mettant en lumière les méthodes parfois expéditives du plus puissant groupe agroalimentaire de la planète. Ils montrent qu'elles reposent sur une question cruciale, objet dans nombre de pays d'un vide juridique dont les avocats et lobbyistes de la firme savent tirer profit : à qui appartient l'eau ? 

Bien public, gains privés

À Fryeburg, dans le Maine, un tribunal a autorisé Nestlé à ouvrir une deuxième station de pompage, alors que les habitants s'étaient mobilisés pour tenter d'empêcher ce qu'ils considèrent comme un pillage de leurs ressources collectives. Dans la première, installée sur un terrain privé, la multinationale paye dix dollars au propriétaire pour 30 000 litres d'eau… Mais si, aux États-Unis, le groupe s'efforce de se concilier les populations en se montrant "bon voisin" (quitte à leur offrir en bouteilles l'eau qui coule de leurs robinets !), il ne prend pas les mêmes gants avec les villageois démunis du Pakistan. Ceux qui, dans la région de Lahore, ont demandé par pétition à pouvoir bénéficier de l'eau pompée sur leur nappe phréatique par l'usine Pure Life, filiale de Nestlé, n'ont pas eu de réponse.

Dans le sillage de Res Gehriger, présent à l'écran, cette enquête minutieuse aux images soignées donne la parole à de très nombreux protagonistes sur trois continents, usagers ou militants, adversaires et partisans de Nestlé. Peter Brabeck lui-même y défend avec vigueur son point de vue (éloquent, comme quand il qualifie d'"extrémiste" l'idée que l'eau doit rester un bien public), par le biais de ses nombreuses interventions publiques. 

 

 

 

 

 

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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 14:14

 

Source : dcroissance.blog4ever.com

 

 

Site d'achat/troc de fruits et légumes, plantes, graines...Partage/Prêt de jardins...

 

Trouvez, vendez et échangez des produits du jardin


 

lePotiron.fr est le premier site Internet destiné à mettre en relation les particuliers et petits producteurs qui veulent échanger, vendre ou donner leur surplus de production de leur jardin ou ferme avec les personnes qui cherchent à s'approvisionner localement.Ou comment faire des économies, bien manger et rencontrer des gens sympas.



C'est une réponse adaptée aux nouvelles tendances alimentaires françaises

  •  
    • les français sont de plus en plus nombreux à cultiver leurs propres fruits et légumes, dans un soucis de qualité et d'économie: 51% des français désireraient en faire de même en 2010 selon une étude Lightspeed Research. Or la surproduction est fréquente dans les jardins, et il n'existe pas encore de débouchés pratiques pour celle-ci, autre que le don aux proches et la congélation.
    • la tendance du manger local s'accentue pour des raisons écologiques, économiques, gastronomiques et militantes, et s'appuie sur des circuits court de distribution. Mais ces circuits restent peu fédérateurs et prennent la forme de sites marchands avec abonnements très impliquants. ex : Fermier d'à coté ou Régionéo.
    • les producteurs cherchent de leur côté à développer leur distribution en directe.
    • Dans un contexte d'économique en crise et de prise de conscience écologique généralisée, lePotiron.fr est une bonne solution pour valoriser la production locale. En s'approvisionnant localement et en échangeant ses surplus de production du jardin, on évite le gaspillage, on stimule l'économie locale et on crée du lien humain.

 

www.lepotiron.fr

 

Troc Fruits & Légumes :Le forum ou les fruits et légumes de votre jardin s'échangent ! Pour une vie moins chère !

http://trocfruitsetlegumes.positifforum.com/

 

 

 

TROCALIMENTAIRE : L’avantage du troc de nourriture est profitable aux régions dites rurales car l’accès aux jardins et aux parcelles de terre y est plus facile mais bon nombre de jardins fleurissent aussi dans nos villes. (malgré l’avis souvent défavorable des maires qui y préférent des pôles économiquse générateurs de taxe professionnel)

Des produits de qualités, car les jardiniers petits ou grands ont bien plus souvent le respect pour la production que les producteurs européens et mondiaux car ils cultivent les produits qu’ils veulent trouver dans leurs assiettes, des produits de qualité, ce sont en général des produits ‘BIO’.
Ce mot est mis entre guillemets car il est devenu un terme générique de plus en plus galvaudé. Beaucoup de produits dit bio en n’ont que le nom.

D’autre part, il faut savoir que  le plus grand nombre de produits que nous trouvons dans nos assietes sont issus de culture intensive,  non respectueuse de l’environnement et des personnes qui s’en nourrissent.
99% des petits jardiniers proscrivent les engrais et autres pesticides, ils ont le respect de l’environnement.

Le troc alimentaire est peut être une nouvelle façon de percevoir l’avenir, n’en déplaise aux agences de notations et aux trust agroalimentaire.

 

 

http://www.trocalimentaire.com/ 


http://www.trocalimentaire.com/category/troc-fruits-legumes/

 


JARDI-TROC.com : échange de fruits, légumes & herbes aromatiques pour une consommation locale et abordable
https://www.facebook.com/pages/Jardi-Troc/122424841121246
(*note perso de "democratie reelle Nimes", testé le 05/08/14, ce lien ne semble plus fonctionner)
telecomptoir.com : si vous désirez proposer des légumes, fruits ou fleurs
Votre potager donne trop ; que faire des fruits ou légumes dont vous n’avez pas besoin ? Votre jardin produit des fleurs en excédent ?

http://www.telecomptoir.com/potagers-surplus-jardins.php

 

 

Jardi-Troc : est un service gratuit pour les particuliers désireux d'échanger leur production jardinière. Il fonctionne comme un service d'annonces classiques.

Vous déposez une annonce décrivant les fruits, légumes ou herbes aromatiques dont vous disposez en excès et ceux que vous souhaitez en retour et vous n'avez plus qu'à attendre la réponse d'un voisin jardinier !

Si vous n'avez pas de potager, entrez votre code postal et recherchez les produits locaux disponibles près de chez vous. La solution idéale pour manger fruits et légumes frais à petits prix !Avec Jardi-Troc, accédez à une consommation locale et abordable ! 

Vous recherchez un légume particulier, postez une annonce dans la section "Je Recherche" , un jardinier répondra sans doute à votre demande .

http://jardi-troc.kazeo.com/comment-ca-marche/jardi-troc-comment-ca-marche,a1890599.html
(*note perso de "democratie reelle Nimes", testé le 05/08/14, ce lien ne semble plus fonctionner)
Plantercheznous.com est un site d annonces de partage de jardins jardins à prêter et de personne en recherche d un potager à entretenir. Basé sur la convivialité et le partage des récoltes, le site propose des offres de parcelles et des annonce de jardiniers.
Mettre en relation des personnes qui ont un jardin et qui rêvent d'avoir un potager mais qui n'ont pas le temps de s'en occuper, avec des personnes qui ont la passion du jardinage mais qui n’ont pas de jardin ou de parcelle à cultiver : voici le concept de Savez vous planter chez nous ? ...
http://www.plantezcheznous.com/
  Jardins Potagers à Louer : N'hesitez pas si vous avez un bout de terrain inutilisé à le proposer à la location.Parlez-en autour de vous pour aider ceux qui n'ont pas la chance d'avoir un jardin potager...
 

troc-aux-plantes.com : vous indique les dates des bourses aux plantes et troc de végétaux présent en France

Ces manifestations sur le thème du jardin et des plantes
permettent à toutes personnes d'échanger ses végétaux.

N'hésitez pas à participer à ces formidables rencontres
riches de partages et d'échanges entre jardinier en herbe
et passionné botaniste, et ce, même si vous n'avez
dans votre jardin que les plantes les plus banales à faire partager.

 

 

http://www.troc-aux-plantes.com/index.php?page=troc-aux-plantes

 

 

  Echange de graines et plantes
Aujourd'hui nous avons sur notre site, 8842 listes d'échanges de végétaux, pour vous permettre d'échanger gratuitement
vos graines, plantes et boutures.  

Que vous soyez un jardinier passionné ou aimiez simplement égayer votre jardin avec quelques fleurs; vous devriez trouver sur notre site une plante qui fera votre bonheur ! (Echange de fleurs, fruits, légumes, arbustes, buisson...)

 

Troc de graines entre facebookiens
https://www.facebook.com/groups/199767016728283/
(*note perso de "democratie reelle Nimes", testé le 05/08/14, ce lien ne semble plus fonctionner)

 
 
 Choux-fleurs et Pissenlits  : "Notre association a pour but d'organiser des commandes groupées chez des petits producteurs locaux, pour éliminer tout intermédiaire, et également éviter le coût économique et écologique des transports longues distances. Cela permet de développer une connaissance des produits et des modes de productions, et un rapprochement producteurs/consommateurs."

Les Jardins de Cocagne sont des jardins maraîchers biologiques
à vocation d'insertion sociale et professionnelle.
A travers la production et la distribution de légumes biologiques, sous forme de paniers hebdomadaires, à des adhérents-consommateurs, ces Jardins permettent à des adultes en difficulté de retrouver un emploi et de (re)construire un projet personnel.

http://www.reseaucocagne.asso.fr/

 

Trocs Paniers

Les amapiens abonnés à la saison, peuvent échanger leurs paniers et ou leurs pains en écrivant par mail à une liste de diffusion.

Les intermittents du panier, inscrits à cette liste, reçoivent les propositions des trocs de paniers de légumes, de pains et de fromages.

 

http://www.amapdupotager.fr/association/fonctionnement/troc-paniers

 

 

Les AMAP - Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne - sont destinées à favoriser l'agriculture paysanne et biologique qui a du mal à subsister face à l'agro-industrie.

Le principe est de créer un lien direct entre paysans et consommateurs, qui s'engagent à acheter la production de celui-ci à un prix équitable et en payant par avance.

http://www.reseau-amap.org/recherche-amap.php

Comment tous se nourrir...sans piller

 

 

 

Le "troc" les légumes et des fleurs.....

 

 

 

 

Nourrir sa famille avec son propre potager.

La recommandation habituelle est de réserver une surface de 200 à 250 mètres carrés pour nourrir une famille de 4 à 5 personnes (donc environ 50 mètres carrés par personne)

 

http://www.la-consoude-au-jardin.fr/quelle-surface-pour-un-potager.html

http://www.autarcies.com/index.php/3-lalimentation-le-jardin

http://dcroissance.blog4ever.com/blog/articles-cat-443006-529172-autonomie_alimentaire.html

 

 

Calculez la surface nécessaire pour vos besoins ici

http://www.autarcies.com/index.php/1-la-terre-et-la-pierre/surface-n%C3%A9cessaire

 

 

Autonomie Alimentaire : Il est possible de parvenir à réaliser entre 30 et 50 % de l'alimentation de base sur une période de 8 mois. Le plus difficile sera d'arriver à produire ce même pourcentage sur une période de 12 mois.... Il faudra apprendre à cultiver des précoces ou des plantes tardives avec et sans serres, à faire des conserves, des confitures, des produits séchès , des graines germées et autres..

 http://dcroissance.blog4ever.com/blog/lire-article-443006-2142309

autonomie_alimentaire.html#.TuuE_ZLKXIs.facebook

 

 

 

Choix et besoins alimentaires : comment définir les objectifs de votre potager et de votre verger.

http://www.autarcies.com/index.php/3-lalimentation-le-jardin/choix-alimentaires

 

 

Permaculture : Le jardin d'Emilia Hazelip

 

 

 

 

Source : dcroissance.blog4ever.com

 


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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 12:27

 

Source : www.inndesign.fr

 

 

 

Trouver l’abondance dans la rareté et convertir l’adversité en opportunité – Retrouvons nos racines Jugaad !

Trouver l’abondance dans la rareté et convertir l’adversité en opportunité – Retrouvons nos racines Jugaad !

 

 

Navi Radjou portrait_small Interview de Navi Radjou, co-auteur de L’innovation Jugaad : Redevenons Ingénieux, consultant en innovation & leadership, basé dans la Silicon Valley, membre du World Economic Forum

Interview extrêmement riche en 2 parties, ponctuée d’extraits du livre !

Les Chinois l’appellent « Zizhu chuangxin », les Kenyans : « Jua kali », les Brésiliens : « Jeitinho ». Quoi ? Le Jugaad (mot hindi devenu populaire dans le milieu de l‘innovation), soit: l’art d’innover plus vite, mieux et moins cher. Bref, faire plus avec moins. Une maxime devenue nécessité, dans un monde marqué par la rareté, l’instabilité, la vitesse et l’imprévisibilité. Et ce, non pas simplement dans les pays « émergents », mais partout, à l’heure de contraintes accrues sur le plan socio-économique et écologique.

Pour comprendre ce phénomène, voici une rencontre -frugale (skype) !- avec Navi Radjou, spécialiste -et témoin de la première heure- des innovations jugaad, après des années d’investigation de terrain, au contact d’une centaine d’entreprises, petites et grandes, en Inde, Chine, Philippines, Argentine, Brésil, Mexique, Kenya… aux Etats-Unis et en France ! Car nous le verrons le mouvement est aussi en marche chez nous !

Premier volet d’un échange passionnant :

Peut-on parler d’une nouvelle ingénierie, « frugale », avec l’innovation jugaad ?

Le jugaad n’est ni un processus, ni un outil, ni une méthode scientifique : c‘est un état d‘esprit. Il est plus proche d’un art et d’une culture fluide que d’une science exacte et rigoureuse.

Un vendeur de café "ambulant" en Inde qui utilise une cocotte-minute pour faire de l'expresso - photo www.the-nri.com

Un vendeur de café “ambulant” en Inde qui utilise une cocotte-minute pour faire de l’expresso – photo www.the-nri.com

Le cœur de cette approche est l’ingéniosité. Nous naissons tous avec ! Il faut retrouver cet attribut de notre enfance*. Ce caractère « ingénu », innocent et pur d’esprit, vient à manquer aujourd’hui alors que c’est un des fondements même de l’innovation : on ne peut innover avec des a priori ! Le jugaad est un esprit bricoleur, bien plus qu’ingénieur (voir La Pensée Sauvage de C. Lévi-Strauss sur la distinction ingénieur/bricoleur). Le jugaad est l’ingéniosité du bricoleur, qui utilise les ressources existantes et convertit les contraintes en opportunités. La frugalité n’est, en quelque sorte, qu’un « by-product » du jugaad : l’innovation est frugale par défaut ! Dans des conditions extrêmes, il faut improviser avec ce dont on dispose. C’est finalement renouer avec l’esprit entrepreneurial qui régnait en Europe lors de la révolution industrielle menée par des entrepreneurs visionnaires.

Le jugaad est l’ingéniosité du bricoleur

Le frigo 100% en argile (le MittiCool) conçu par Mansukh Prapati - photo asiasociety.org

Le frigo 100% en argile (le MittiCool) conçu par Mansukh Prapati – photo asiasociety.org

C’est penser et agir de manière flexible, à la façon MacGyver, incarnation du « Yankee ingenuity » et du “Do It Yourself” ! En France, on parlerait de « système D », de « débrouillardise »…

Cette agilité d’esprit, créative et résiliente, capable de se sortir du « pétrin », est commune à tous. L’esprit du jugaad est loin d’être une chose purement indienne, il est universel ! Rappelons qu’en France, à la Belle Epoque, beaucoup d’entrepreneurs étaient dotés de cet esprit jugaad. De nombreuses entreprises du CAC 40 comme L’Oréal sont nées durant cette époque qui était l’âge d’or de l’innovation « ingénieuse » en France (avant que l’innovation devienne « structurée » et s’industrialise après la seconde guerre mondiale).

L’esprit du jugaad est loin d’être une chose purement indienne, il est universel !

*Extrait du livre : Les très jeunes enfants sont particulièrement doués pour réfléchir de manière « divergente », c’est-à-dire capables de combiner des concepts de différents domaines apparemment sans relation, et de proposer des solutions vraiment originales.

Voir cette vidéo de Ken Robinson sur la créativité des enfants et son écosystème bien souvent défavorable…

En quoi la simplicité prônée dans le jugaad se différencie-t-elle du low-cost ?

Le low-cost, c’est « faire moins avec moins », alors que le jugaad c’est « faire plus avec moins », c’est-à-dire créer une valeur bien supérieure avec les mêmes moyens ! Il s’agit d’une simplicité « créative ». Le cas de Renault est intéressant sur ce point. Pour la Logan, L. Schweitzer a rédigé un cahier des charges en 3 mots : « moderne, fiable, abordable». Tout le reste était négociable. Il ne s’agissait pas de fournir des prestations réduites, une version édulcorée, voire dépouillée, de produits existants pensés pour le « haut de gamme », mais de penser une voiture accessible à tous, tout en étant séduisante et pratique, sans compromettre la sécurité. Ce défi créatif a été extrêmement fécond pour Renault (la Logan est un grand succès, international) ! L’expérience est aujourd’hui approfondie en Inde où, par exemple, de nouveaux systèmes de ventilation efficaces et peu coûteux sont développés par les concepteurs indiens. En France, les ingénieurs affirmaient que l’équation était impossible. L’inde l’a fait !
Pour reprendre l’expression d’Albert Einstein, il faut « faire tout aussi simple que possible, mais pas plus simple ».

Le vélo de Kanak Das qui est capable de convertir les nids de poule en énergie d'accélération - photo nif.org.in

Le vélo de Kanak Das qui est capable de convertir les nids de poule en énergie d’accélération – photo nif.org.in

En d’autres termes : non pas simplifier la nature du problème auquel le client est confronté, mais trouver une solution satisfaisante à ce problème, qui élimine le superflu et soit réellement utile et pratique pour le client. On ne cherche pas à séduire avec des fonctionnalités gadget ou les plus récentes technologies, mais à offrir des solutions simples et efficaces, améliorant la vie des clients.

Quelle est la véritable place de l’inclusion dans ces nouveaux modèles ?

Il est vrai que de nombreuses innovations jugaad ne touchent encore que le milieu de la pyramide (les « tier 2 et 3 »), les classes moyennes émergentes qui intéressent beaucoup les grandes entreprises au Sud. Mais le « BoP » va devenir une cible clé à moyen-terme, car les segments de population dits marginaux ne le seront plus du tout ! Les pays occidentaux sont aussi concernés, avec la paupérisation de la classe moyenne et l’augmentation des consommateurs à faibles revenus, sans compter la montée d‘une consommation « frugale » à la recherche de plus de sens et de simplicité. Pour prendre quelques statistiques parlantes, 50 millions d’Américains sont dépourvus d’assurance maladie aujourd’hui et 60 millions sont sous-bancarisés ou non bancarisés ! Prendre en compte la grande diversité des consommateurs est devenu la clé de la concurrence dans des économies occidentales marquées par la récession. Renault par exemple veut désormais adopter les principes jugaad en France afin d’injecter plus de flexibilité dans son modèle d’innovation et devenir plus réactive aux demandes d’un marché de plus en plus volatile.

Mais il ne faut pas se contenter de considérer ces populations à bas revenus comme un autre « segment ». Il faut voir le BoP comme une source d’inspiration et d’innovation : la plupart des entreprises aujourd’hui se prive de la richesse de connaissances et de la sagesse de ces personnes en situations « extrêmes ». Une entreprise comme L’Oréal s’appuie sur son expérience dans les pays émergents pour renouveler sa façon d’innover, avec un ensemble de contraintes tout à fait nouvelles. Les situations de pauvreté peuvent également nourrir les approches d’innovation car l’inclusion nécessite une sensibilité forte aux différences individuelles et aux circonstances locales. Cette sensibilité fera le succès des modèles économiques de demain, fortement dépendants d‘une bonne adaptation aux besoins, très divers, d’un grand nombre de personnes (personnalisation et volume). Ce défi motive de nombreux entrepreneurs jugaad dans les pays émergents.

Il ne faut pas se contenter de considérer ces populations à bas revenus comme un autre « segment »

Il faut également considérer ces consommateurs à bas revenus comme co-créateurs de valeur sur le marché. Leur connaissance des problématiques sociétales, des interactions dans l’écosystème local, est unique et indispensable pour mener à bien des projets d’innovation inclusive, de la compréhension des besoins à l’identification de solutions pertinentes et leur déploiement dans une chaîne de valeur « hybride » mobilisant différents acteurs clés. Comme le dit Tim Brown, PDG d’IDEO : « la conception a le plus d’impact quand elle est retirée des mains des concepteurs et mise entre les mains de tout le monde ».*

Il faut aujourd’hui inverser la posture vis-à-vis du BoP : au lieu de penser à « inclure », c’est-à-dire, au fond, « élargir le cercle existant », il faut commencer par la périphérie et faire changer le centre !

* DuPont a envoyé ses cadres supérieurs dans l’Inde rurale, où ils ont pris une leçon d’humilité. Aucune de leur solutions technologiques coûteuses, conçues pour les marchés urbains des pays occidentaux, ne s’est avérée pertinente pour des villageois indiens à faibles revenus. Cette expérience a forcé les dirigeants […] à co-créer avec les communautés locales un jeu entièrement nouveau de solutions abordables et durables, conçus pour des marchés émergents en croissance rapide comme l‘Inde.
 

Les pays occidentaux sont-ils prêts pour le Jugaad ?

L’approche dominante de l’innovation qui prévaut dans ces pays aujourd’hui est conçue pour un monde d’abondance, stable, lent et prévisible. Mais ce monde n’existe plus ! Les entreprises veulent innover avec une R&D gourmande en ressources, des processus de développement fastidieux, des structures de gestion hiérarchiques… Ces méthodes sont inadaptées à nos contextes désormais très volatiles, où les cycles de vie des produits sont très courts, et où le capital et l’accès aux ressources naturelles sont fortement restreints.

L’approche dominante de l’innovation qui prévaut dans ces pays aujourd’hui est conçue pour un monde d’abondance, stable, lent et prévisible. Mais ce monde n’existe plus !

Par ailleurs, les process et méthodes ont souvent dégénéré en usines à gaz trop rigides*, qui tuent l’esprit d’entreprise et l’ingéniosité. Le carcan des structures nous étouffe !
Il faut aussi repenser la façon de répondre aux besoins et aspirations : nous sommes dans une ère « post-matérielle » dans laquelle les travailleurs et les consommateurs cherchent plus de sens que des avantages matériels. Or nous baignons encore dans des cultures « technico-centrées », où la plupart des fonctions des nouveaux produits ne sont pas déterminées par l’observation des besoins profonds des consommateurs mais par les conjectures des équipes de R&D et de marketing sans se préoccuper de la valeur pour le consommateur.

* Citation de Prasad Kaipa, expert en leadership : « Les mêmes compétences de base, qui ont permis aux sociétés occidentales de si bien réussir aux premiers stades de leur cycle de vie, finissent par devenir aussi leur talon d’Achille, c’est-à-dire leur incompétence de base qui va finir par les faire chuter ».

La suite au prochain volet

Navi Radjou nous parlera des voies concrètes pour avancer et d’initiatives clés à venir !

En attendant, voici une petite vidéo d’innovation jugaad péruvienne, qui explique (en espagnol) comment des panneaux de publicité à Lima peuvent filtrer l’air ambiant (très humide) et le convertir en eau potable (98 litres d’eau par jour!) : rafraîchissez la page si la vidéo n’apparaît pas :

 

 

 

 

Source : www.inndesign.fr

 

 

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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 17:01

 

Source : lien

 

 

 

 

 

Ajoutée le 5 avr. 2012

Les Confessions d'un assassin financier - Révélations sur la manipulation des économies du monde par les États-Unis est la traduction en français du livre Confessions of an Economic Hit Man écrit par John Perkins et publié en 2004. Perkins y relate sa carrière dans la firme de consultants Chas. T. Main (en) de Boston.

Avant d'être engagé par la firme, l'auteur affirme avoir passé une entrevue pour un travail à la National Security Agency (NSA). Perkins affirme que cette entrevue a servi de test pour devenir ce qu'il nomme un « assassin économique » (economic hit man).

Selon Perkins, il a commencé à écrire Confessions of an Economic Hit Man dans les années 1980.

 

 

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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 16:54

 

Source : www.mediapart.fr

 

L'Argentine en défaut de paiement, et dans une situation ubuesque

|  Par Dan Israel

 

 

 

Parce qu'il n'a pas payé une tranche d'un peu plus de 500 millions d'euros à ses créanciers, le pays est en faillite. Or cette somme a été versée. La justice américaine la bloque, estimant que le pays doit d'abord régler un conflit avec des fonds « vautours ». Qui détiennent à peine 1 % de sa dette.

C'est encore un constat d’échec. Vendredi s'est tenue à New York une ultime réunion entre les représentants de l’Argentine, des fonds d’investissement qui détiennent une partie de sa dette et de la justice américaine. L’objectif affiché était de trouver une issue à la situation ubuesque dans laquelle se trouve l’Argentine depuis le 31 juillet, après avoir échoué à trouver un accord avec les fonds NME et Aurelius et avec la justice américaine. Mais la situation n'a pas changé, le juge new-yorkais Thomas Griesa exhortant simplement les deux parties à trouver une solution au plus vite. Car le pays est désormais en situation de défaut – partiel – de paiement sur les échéances de sa dette. Et pourtant, sa banque centrale a bien versé le 26 juin les 539 millions de dollars (401,5 millions d’euros) qu’elle devait payer avant le 30 juin !

C’est en fait la justice américaine qui a bloqué le versement de la somme, finalement assez minime. Mediapart détaillait la situation mi-juin ; elle n’a pas évolué depuis. Le juge Griesa estime toujours qu’avant de verser les 539 millions que le pays doit aujourd’hui aux investisseurs qui avaient accepté, en 2005 et 2010, une décote de 70 % des titres de dettes qu’ils détiennent, il doit d’abord trouver un accord avec ceux qui n’avaient pas accepté de réviser leurs prétentions à la baisse. Et pourtant, ces investisseurs déterminés à ne rien lâcher ne détiennent que 7 % de la dette totale du pays. Et les deux fonds qui ont saisi la justice en détiennent… 1 %.   

La présidente argentine Cristina Kirchner assure d’ailleurs que son pays n’est pas en défaut de paiement. « Défaut sélectif ? Cela n’existe pas, a-t-elle indiqué selon l’AFP. Le défaut, c’est de ne pas payer. Nous avons la volonté de dialoguer mais nous devons défendre nos droits et les intérêts du pays. Que ce monde mette un frein aux fonds vautours et aux banques insatiables qui veulent s’enrichir avec une Argentine à genoux. » Son ministre de l’économie Axel Kicillof, arrivé précipitamment à New York pour tenter d’emporter le morceau lors des dernières négociations, a quant à lui dénoncé ce vendredi une « extorsion judiciaire ».

Le chef du gouvernement argentin, Jorge Capitanich, est allé plus loin, en s’en prenant violemment au juge, qui traite ce dossier épineux depuis près de dix ans : « Si le juge est un agent des fonds spéculatifs, si le médiateur (judiciaire) est un agent à eux, de quelle justice parle-t-on ? Il y a dans cette affaire une responsabilité de l’État, des États-Unis, qui doivent garantir les conditions d’un respect sans restriction de la souveraineté des pays. »

Cristina Kirchner et son ministre de l'économie. 
Cristina Kirchner et son ministre de l'économie. © Reuters - Marcos Brindicci

Car, de fait, on est loin de la situation de 2001, lorsque l’Argentine avait fait défaut une première fois. À l’époque, c’est une centaine de milliards de dollars qu’elle avait refusé de payer, déclenchant une lourde récession économique. Cette fois, le litige est d’un tout autre ordre. D’une part, donc, 539 millions sont bloqués par la justice de New York. Mais le réel conflit, qu’elle a jugé impératif de régler avant de continuer à payer les autres détenteurs de la dette, porte sur un maximum de 1,33 milliard de dollars.

NML Capital et Aurelius font partie des fonds « réfractaires » à tout accord avec l’Argentine, qui réclament que le pays leur paie 100 % de la dette qu’ils détiennent. Mais il faut souligner que ces fonds spéculatifs n’ont pas du tout acheté la dette à sa valeur réelle. Ainsi, NML a déboursé l’équivalent de 50 millions d’euros en 2008, et attend que l’Argentine lui paie en échange plus de 800 millions.

Derrière NML Capital se cache un milliardaire américain, très proche des républicains, Paul Singer. Le magazine américain Mother Jones lui avait consacré un portrait acéré l’an dernier. Il se spécialise notamment dans l’achat de dette décotée, qu’il tente ensuite, par tous les moyens, de se faire rembourser à sa valeur initiale. Il ne recule devant rien : en 2012, il avait fait saisir temporairement au Ghana un trois-mâts de la marine argentine. Et comme le rappelle Le Monde, en 2013, la Cour de cassation française a empêché de justesse que soient saisies des sommes que Total, BNP Paribas et Air France devaient à l’Argentine…


Un risque de devoir payer des dizaines de milliards

De son côté, l’Argentine refuse tout net de se plier aux volontés de ses adversaires. Elle se présente comme une bonne élève, qui a remboursé par anticipation en 2003 la totalité des sommes qu’elle devait au FMI. Le 28 juillet, elle a aussi réglé ses dettes au Club de Paris, qui regroupe de nombreux États créanciers des pays en développement.

Surtout, explique Kirchner, si elle cède, elle risque de devoir payer d’autres titres de dette à leur valeur faciale. Au nom de l’égalité entre les créanciers, tous les porteurs d’obligations qui ont refusé de baisser leurs prétentions pourraient demander très vite le même traitement que les deux fonds spéculatifs. C’est alors plus de 10 milliards de dollars que l’Argentine devrait payer. Pis encore, tous les détenteurs de la dette pourraient vouloir faire de même, au titre de la clause Rufo (« Rights upon future offers »), ajoutée aux obligations restructurées en 2005 et 2010, qui précise que le gouvernement n'a pas le droit d'offrir de meilleures conditions financières que celles qu’il avait négociées à l’époque. Dans ce scénario catastrophe, le gouvernement devrait payer environ 100 milliards de dollars, alors qu’il détient moins de 30 milliards de réserves de change.

Le pays a tout intérêt à trouver une porte de sortie rapide à cette situation. Selon l’institut d’études argentin Abeceb, le défaut pourrait aujourd’hui entraîner « une chute du PIB de 3,5 %, une inflation annuelle de 41 % et une contraction de la consommation de l’ordre de 3,8 % ». Une mauvaise nouvelle pour Buenos Aires, retombé dans la crise économique et financière après une petite dizaine d’années d’accalmie, qui s’explique notamment par les fortes exportations agricoles (soja principalement). L'industrie est en berne, et le pays connaît à nouveau une inflation galopante (+ 23 % en 2013). En janvier, le gouvernement a dû affronter une nouvelle crise de change et de fuite de capitaux. La banque centrale argentine a choisi de laisser le peso argentin se déprécier de plus de 18 % en quelques semaines et le pays est officiellement en récession depuis mars. Malgré ces indicateurs au rouge, le pays espérait retourner prochainement sur les marchés de capitaux pour pouvoir à nouveau y emprunter, ce qu'il n'a pas fait depuis 2002. Ce nouveau défaut devrait l'en empêcher.

L’Argentine peut compter sur plusieurs soutiens officiels. Le ministre français des finances, Michel Sapin, s’est dit « extrêmement choqué » par la décision de justice américaine, qui « juge selon ses propres canons » sans se soucier de l’intérêt général. Une prise de position qui trouve sans doute sa source dans la récente et sévère condamnation de la BNP. Mais le FMI, peu suspect de partialité, s’est lui aussi inquiété de l’attitude de la justice américaine, et a appelé le 24 juillet à une réflexion sur un mécanisme international de restructuration de dettes plus protecteur pour les pays en difficulté.

 

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

 

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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 16:23

 

Source : www.mediapart.fr

 

Fausse reprise en Grèce

|  Par Amélie Poinssot

 

 

 

Deux instituts publient des chiffres encourageants pour l'économie grecque : la chute du PIB semble, enfin, enrayée. Mais après six années de récession, plus d'un tiers des Grecs vit en dessous du seuil de pauvreté. État des lieux d'une économie anémiée, alors que Jean-Claude Juncker, le président désigné de la Commission européenne, se rend ce lundi à Athènes.

C'est une nouvelle qui est passée inaperçue ce lundi 28 juillet. Dans son dernier rapport trimestriel, le bureau du budget de l’État à la Vouli, le parlement grec, indique que le pays aurait besoin d'un troisième plan « de sauvetage », c'est-à-dire un troisième accord avec ses créanciers afin de garantir de nouveaux prêts après ceux qui ont été signés en mai 2010 et en février 2012 avec la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). Au total, ces mémorandums assortis d'une cure d'austérité sans précédent ont apporté 240 milliards d'euros de lignes de crédit à l’État grec, dont les versements se sont étalés dans le temps et sont toujours en cours, assortis, chaque fois, de nouvelles conditions.

« Les incertitudes demeurent », peut-on lire dans le rapport, qui montre que si « le pays est entré dans une phase de stabilisation économique » et si la fin de l'année verra « de manière presque certaine, une petite reprise », « la dynamique de cette reprise n'est pas saine malgré le confinement de la récession ». Le rapport met en évidence une situation bancaire problématique, où la proportion de crédits impayés des particuliers comme des entreprises continue à augmenter, ce qui limite les capacités des banques à accorder des prêts. Ce taux de prêts douteux sur lesquels les retards de remboursement s'accumulent fait partie des plus importants au monde, d'après le FMI. Le financement de l'économie grecque se retrouve par conséquent considérablement réduit. Autre problème soulevé par ce rapport : le retard dans les réformes, qui peut contribuer à une hausse des taux d'intérêt et freine la capacité d'emprunt du pays. « Le plus probable, écrit le rapport, est que le pays demande un nouveau crédit auprès de la Troïka ou d'un organisme international ad hoc. » D'après l'Union européenne en effet, d'ici à la fin 2015, la Grèce doit encore trouver 14,9 milliards d'euros, au risque de faire face à un défaut de paiement. Or ses capacités d'emprunt restent limitées : si le gouvernement a annoncé au printemps le grand retour sur les marchés du pays, l'emprunt est pour l'heure limité à une durée de cinq ans, et rien ne garantit que les taux d'intérêt ne vont pas à nouveau s'envoler.

Enfin, ajoute ce rapport parlementaire décidément peu encourageant, les investissements continuent de reculer, l'assainissement budgétaire est toujours une route semée d'embûches, et, last but not least, la dette publique du pays reste « une épée de Damoclès » sur l'économie grecque, pesant sur l'investissement interne comme étranger. « Jusqu'à présent et malgré les prévisions officielles optimistes, la dette continue d'augmenter. L'Union européenne prévoit que d'ici la fin 2014 la dette publique passe de 318,6 milliards d'euros à 322,3 milliards, avec comme conséquence une hausse de 175 à 177,2 % du PIB. »


Chantier naval de Perama, en banlieue d'Athènes. La plupart des ouvriers sont aujourd'hui des chômeurs de longue durée 
Chantier naval de Perama, en banlieue d'Athènes. La plupart des ouvriers sont aujourd'hui des chômeurs de longue durée © Reuters

Or l'objectif, lorsque la Troïka a administré la potion de l'austérité au pays, était de réduire le ratio de la dette à moins de 110 % du PIB pour 2022. Aujourd'hui, les économistes de tous bords admettent que cet objectif, en l'état, est impossible à atteindre, et qu'une nouvelle restructuration de la dette est nécessaire, après le « haircut » (effacement partiel) de février 2012 et le « buying back » (opération d'échange d'obligations) de novembre de la même année, qui ont tous deux permis d'alléger la dette de près de 130 milliards d'euros. Mais cette idée, si elle est partagée par l'exécutif lui-même (gouvernement de droite dirigé par Antonis Samaras, allié aux socialistes du Pasok), n'a cessé d'être remise à plus tard depuis un an et demi. D'abord repoussée après les élections allemandes de septembre 2013, tant il était évident qu'à l'aune d'un scrutin national Angela Merkel n'allait pas favoriser une décision en ce sens, si impopulaire aux yeux de son électorat, la négociation sur la dette a ensuite été retardée en raison des élections européennes et du renouvellement qui s'ensuit au sein des institutions bruxelloises. Maintenant que la nouvelle Commission est en train de se dessiner, les discussions devraient progressivement repartir.

Jean-Claude Juncker se rend d'ailleurs à Athènes ce lundi 4 août 2014 pour son premier voyage dans une capitale européenne depuis qu'il a été désigné président de la Commission – signe que la Grèce reste un dossier prioritaire pour l'UE, même si ces voyages dans les pays membres ont aussi pour objet d'attribuer les futurs postes de commissaires. Pour le gouvernement Samaras en tout cas, cette visite sera l'occasion de relancer la question de la restructuration d'une partie de la dette grecque, mais aussi de demander la fin des audits de la Troïka, dont chaque visite se traduit par de nouvelles mesures d'austérité – la prochaine étant prévue pour la deuxième quinzaine de septembre.

Baisses de salaire et chômage de longue durée

Néanmoins, pour la première fois depuis le début de la crise, le gouvernement grec a un atout en main : la chute de l'économie grecque semble enrayée. Dans son dernier bulletin publié jeudi 31 juillet, le KEPE – Centre de planification et de recherche économique, proche du gouvernement – indique que l'économie est revenue dans le positif au deuxième trimestre : entre avril et juin, le PIB s'est accru de 0,38 %. Une goutte d'eau, mais ce centre d'analyse juge la situation encourageante : « Ce chiffre reflète les conditions de stabilisation qui dominent aujourd'hui l'économie grecque, lit-on dans le rapport. Ces conditions proviennent principalement de la consolidation graduelle de la discipline budgétaire, de la mise en œuvre d'une série de réformes structurelles clés, ainsi que de la normalisation progressive des opérations dans le secteur du crédit. »

D'après le KEPE, la tendance devrait se renforcer d'ici à la fin de l'année, et le taux de croissance devrait ainsi atteindre 0,6 % sur l'ensemble de 2014. Des prévisions qui ne sont pas très éloignées de celles de la Banque centrale de Grèce (0,5 % pour 2014) ni de celles de l'IOBE – la Fondation pour la recherche économique et industrielle, proche du patronat – sorties une semaine plus tôt que celles du KEPE et qui tablent, elles, sur une croissance de 0,7 %. Le gouvernement se targue en outre d'avoir remis les comptes à l'équilibre : depuis fin 2013, le budget de l’État est en excédent primaire (c'est-à-dire sans les intérêts de la dette), et depuis le printemps, il a annoncé à grands renforts de communication le « retour de la Grèce sur les marchés ». Après quatre ans sans pouvoir emprunter tant les taux étaient prohibitifs, le pays peut en effet à nouveau emprunter sur les places financières, pour une durée de cinq ans. C'est la « success story » tant vantée par Antonis Samaras… Mais à quel prix ? Si ces résultats attestent que la Grèce a enrayé sa chute, pour les Grecs, la « lumière au bout du tunnel » qui ponctue régulièrement les discours du premier ministre n'est pas encore visible…

Car il ne faut pas s'y méprendre : cette stabilisation reste fragile et n'est pas, pour l'heure, créatrice d'emplois ; elle est en grande partie liée à des variations saisonnières, les professionnels du tourisme annonçant une saison spectaculaire cette année. Et même si le gouvernement obtenait gain de cause lors de la visite de Jean-Claude Juncker et si un allègement de la dette publique pourrait, à terme, faire repartir l'investissement, le mal est fait pour l'économie grecque : ces quatre dernières années, le PIB grec s'est effondré de 40 milliards d'euros, d'après Elstat, les autorités statistiques grecques, soit de près d'un quart. Le chômage continue de caracoler à près de 28 %, de plus en plus de gens s'enfoncent dans un chômage de longue durée dont ils auront toutes les peines du monde à se sortir, tandis que les actifs ayant un emploi continuent de voir leurs revenus chuter.

Car si le secteur public a été le premier touché par les cures d'austérité, en 2010, aujourd'hui ce sont les salariés du privé qui souffrent de baisses de salaire et d'importants retards de paiement : il n'est pas rare, dans les petites entreprises, de devoir attendre six mois consécutifs avant d'être payé. En 2013, le salaire moyen net dans le secteur privé grec s'élevait à 817 euros par mois… quand il était de 1 014 euros quatre ans plus tôt, selon des chiffres de la principale caisse d'assurance sociale. De leur côté, les travailleurs indépendants ont également vu leurs revenus chuter et près d'un sur deux n'est désormais plus en mesure de payer ses cotisations sociales (au total, un tiers de la population grecque n'est plus couvert par l'assurance maladie). Résultat, la Grèce affiche aujourd'hui le taux de pauvreté le plus élevé de la zone euro : en 2013, d'après Elstat, 36,4 % des citoyens grecs vivaient au-dessous du seuil de pauvreté (c'est-à-dire avec un revenu inférieur à 60 % du revenu médian national), contre une moyenne de 23,3 % au sein de la zone euro.

L'an dernier, le FMI avait déjà fait son mea culpa par la voix d'Olivier Blanchard, économiste en chef, qui avait reconnu que l'institution avait sous-estimé dans le cas de la Grèce l'effet du multiplicateur budgétaire, à savoir l'impact d'une forte baisse des dépenses publiques sur la croissance. Dans un rapport publié le 22 juillet dernier, le FMI a en outre reconnu que les gains de compétitivité réalisés en Grèce par le biais des cures d'austérité n'étaient pas « durables », dans la mesure où ils ne reposaient que sur des baisses de salaire et des licenciements et avaient donc provoqué, en retour, une baisse de la consommation intérieure et une hausse du chômage. En effet. Un peu tard, peut-être…

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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3 août 2014 7 03 /08 /août /2014 23:51

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 

 

 

"Fab lab", bidouille et partage… bienvenue dans le monde des makers
Nicole Penicaut

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Publié le 02-08-2014 à 17h27

Leur devise : "Do it Yourself!". Bricoleurs passionnés, informaticiens créatifs, geeks ou créateurs, ils sont de plus en plus nombreux à partager leur savoir-faire et révolutionnent la manière de produire.

 

Gilles Azzaro, "art makers" réalise des sculptures sonores; Kevin Poissonnier, des fourmis à l'imprimante 3D ; Nathalie Bruyère et son mari Pierre Duffau ont créé des robots en kit. (Photos Guilaume Rivière pour le
Gilles Azzaro, "art makers" réalise des sculptures sonores; Kevin Poissonnier, des fourmis à l'imprimante 3D ; Nathalie Bruyère et son mari Pierre Duffau ont créé des robots en kit. (Photos Guilaume Rivière pour le

 

 

À lire aussi

 

"Des bidouilleurs !" C'est ainsi que Bastien Dupuy et Ludovic Delhomme se définissent. Autodidactes, ils ont commencé par bricoler une imprimante 3D dont les plans étaient en accès libre sur le Net. "On l'a améliorée, et maintenant on en fabrique six par semaine", expliquent-ils en montrant la carapace métallique de ce drôle d'engin capable de reproduire n'importe quel objet en trois dimensions...

"Do it yourself !" c'est leur devise ! Bastien et Ludo sont les archétypes des makers, ces nouveaux fabricants passionnés qui veulent tout réaliser eux-mêmes, des coques de téléphone mobile aux robots de leurs rêves... Ces artisans de l'ère numérique - tous connectés à internet - forment une vaste communauté, qui bouillonne de créativité.

 
 
Leur grand-messe : les Open Bidouille camp

Ils ont leurs grand-messes : les Open Bidouille Camp (des jamborees de geeks), ou les Maker Faire, foires de l'innovation lancées il y a sept ans par l'Américain Dale Dougherty. En juin dernier, la première édition parisienne a réuni 7 500 visiteurs.

Les makers ont aussi leur revue - "Make :", lancée par le fondateur des Maker Faire -, leurs dix commandements - une charte de l'entraide et du partage écrite par Neil Gershenfeld, professeur au prestigieux Massachusetts Institute of Technology de Boston (MIT) - et leurs gourous, notamment Chris Anderson, l'une des figures les plus influentes du Net, auteur de "Makers. La nouvelle révolution industrielle".

Pour cet ancien rédacteur en chef du magazine "Wired", les makers vont tout révolutionner : de la nature des produits (tous personnalisés) à la manière de produire (en petite série, localement et à la demande) en passant par la consommation (sans gaspillage et en prolongeant la durée de vie des objets). Parti de Californie, le mouvement explose en France. Voyage dans la galaxie des makers...

 

Nathalie Bruyère, 46 ans, prof de design à l'Institut supérieur des Arts de Toulouse, a mis au point des petits robots en kit avec son mari, l'architecte Pierre Duffau. Ensemble, ils ont créé un fab lab maison d'où sortent des jouets que les petits assemblent pour mieux prendre goût aux technologies. Le prix des kits couvre matériel et logistique. Programme, logiciels, droits sont gratuits et ouverts. (Photo Guillaume Rivière pour "le Nouvel Obs")

Derrière le "maker" le fab lab

Pour trouver le maker, cherchez d'abord le fab lab (ou lab fab pour "laboratoire de fabrication" en VF) ! Ces ateliers new-look où sont installées imprimantes 3D, machines de découpe laser, fraiseuses... poussent partout en France. Il s'en ouvre tous les mois, à l'initiative des universités, des grandes écoles, des villes et même des grandes entreprises.

Lire Fab lab : un atelier high-tech pour petits génies de demain  

Moyennant une petite cotisation ou une participation modeste en fonction du temps d'utilisation des machines, tout le monde peut y travailler. Les geeks y conçoivent leurs robots. Les bricoleurs du dimanche y réparent une pièce de leur tondeuse, les étudiants architectes y peaufinent leurs maquettes, les designers y usinent leurs prototypes de lampe, les créateurs de bijoux y impriment leurs moules en 3D... Tout ce petit monde s'active, dans le plus parfait esprit communautaire.

Tellement de gens m'ont aidé que je me sentirais comme un voleur si je ne renvoyais pas l'ascenseur !" résume Jean-Michel Rogero, 39 ans.

Cet ingénieur dans l'aéronautique est un fidèle d'Artilect, le plus ancien des fab labs français, créé à Toulouse dès 2009. Il compte aujourd'hui 700 adhérents qui versent 30 euros de cotisation annuelle, les uns pointus en électronique, les autres férus de mécanique. Chacun apporte son savoir-faire.

Esprit collectif et partage de savoirs

A force de fabriquer des trains en modèle réduit de la Première Guerre mondiale, Christian est devenu un pro de l'imprimante 3D. Il aide tous ceux qui peinent à s'en servir. Un gars lance l'idée d'installer une voile de kitesurf sur un bateau. "Chiche !" répond un autre du fond de l'atelier.

Au lab fab de Rennes, une initiative municipale, l'esprit est tout aussi collectif. Un étudiant des Beaux-Arts de Brest, He Gong, qui rentre à vélo le soir, regrette que les automobilistes le voient mal... Aurélien Janvier, étudiant en première année de Telecom Bretagne, lui propose de concevoir un clignotant pour son vélo.

Les deux inventeurs, comme le font la plupart des makers, ont mis tous les détails de fabrication de leur prototype en ligne. Partout dans le monde d'autres makers peuvent donc s'en saisir, reproduire le dispositif et l'améliorer. C'est l'un des aspects les plus intéressants de ce mouvement. "Beaucoup d'objets sont disponibles, ouverts, perfectibles et personnalisables à l'infini", souligne Véronique Routin, directrice de développement de la Fondation Internet Nouvelle génération (Fing).

 Analyste d'exploitation pour un institut de sondages, Kévin Poissonnier, 37 ans, a une passion : les fourmis. Déjà client du FabLab Lille, installé dans un austère bâtiment de Villeneuve-d'Ascq, il décide de créer sa fourmilière : un support de bois découpé au laser soutenant des circuits de circulation (des "tubes à essai"). Ce n'est pas l'invention du siècle, mais Kévin a pris goût au do it yourself et s'est inscrit à un mooc (un cours en ligne) de France Université numérique (FUN). Son projet : construire sa propre imprimante 3D. 
(Photo Guillaume Rivière pour "le Nouvel Obs")

Réparer plutôt que remplacer

Le maker lutte ouvertement contre le produit standardisé, "fermé" de la production de masse. Il rejette ces objets programmés pour l'obsolescence. Tout doit se réparer plutôt que se remplacer.

C'est un réel plaisir de faire avancer les choses et d'en faire bénéficier la communauté", dit Nicolas Lassabe, le fondateur d'Artilect.

Ce chercheur en aéronautique, maker passionné, invente un robot sur lequel on pourra emboîter, comme sur un Lego, des objets intelligents. Il mettra bien sûr les plans sur internet en open source ("accès libre"), sur un site spécialisé comme Thingiverse. "Nous voulons montrer qu'il y a une autre façon de fabriquer des technologies de rupture", explique-t-il.

Fini, les brevets et les royalties, place à l'économie collaborative. De ce formidable tourbillon créatif naissent de nouvelles entreprises. "Ce n'est pas notre but premier, mais cela semble évident, note Jean-Michel Rogero. Quand on va au "fab lab", les opportunités sont multipliées par trois ou quatre."

A Artilect, le fab lab de Toulouse, Gilles Azzaro, 39 ans, extrait les données d'enregistrements audio (fréquence, amplitude, temps...) pour créer ses premières sculptures en bois découpé au laser par une imprimante 3D. Sa première oeuvre ? La réinterprétation du discours du président des Etats-Unis vantant les mérites des makers ! Trois cent cinquante heures d'impression 3D plus tard, la sculpture était prête. Sélectionnée par le 3D Printshow, l'oeuvre a été exposée à New York. Puis à Washington, à l'occasion de la Maker Faire de la Maison -Blanche.
(Photo Guillaume Rivière pour "le Nouvel Obs")

Les makers s'organisent hors du système

Rien n'interdit à un maker de faire du business avec son invention. Gaëtan Séverac et Aymeric Barthes ont créé Naïo Technologies, une PME qui produit un robot de désherbage né entre les murs d'Artilect, le fab lab de Toulouse. Bastien et Ludo lanceront, eux, leur start-up en septembre, à l'ombre de (Coh@bit), le fab lab de l'IUT de Bordeaux où ils ont bidouillé leur imprimante 3D.

Puisque les banques n'ont pas encore pris le chemin des fab labs, les makers s'organisent hors du système. Leurs prototypes atterrissent sur des sites de crowdfunding ("financement participatif"), comme KissKissBankBank ou Ulule, où l'on fait appel à la générosité de la communauté.

Tout un écosystème se met en place pour aider chaque projet à franchir plus aisément les étapes vers le marché : prototypage, financement, pré-industrialisation, petites séries, distribution...", explique Véronique Routin.

Un nouveau créneau pour le made in France ? Pour l'instant, les industriels français ne sont pas encore entrés dans le mouvement. Et ce sont plutôt les businessmen chinois, qui, à distance, surveillent les prototypes et proposent leurs services...

Aux Etats-Unis, Barack Obama s'est très tôt déclaré convaincu du pouvoir des fab labs pour "ramener la production industrielle dans les pays occidentaux".

En France, Fleur Pellerin, alors ministre de l'Economie numérique, s'est enthousiasmée pour ce mouvement, bientôt suivie par Arnaud Montebourg. Les ministres ont même lancé un appel à projets. Sur les 140 candidatures, 14 ont obtenu un financement de l'Etat. Un début.

Orange ou Seb sponsorisent des fab labs

Mais déjà l'esprit maker se diffuse à toute l'économie. Certains industriels - Orange, Seb... - sponsorisent des fab labs. D'autres en créent en interne - Renault, Airbus, Air liquide... - pour permettre à leurs ingénieurs d'expérimenter, de prototyper, de tester et réduire la distance entre l'idée et sa concrétisation... à contre-courant de la tendance qui domine depuis vingt ans : la dématérialisation des projets soumis à des cahiers des charges hyperdétaillés et enfermés dans des logiciels de conception assistée par ordinateur ultrasophistiqués.

Cela recrée du lien et cela favorise l'innovation", note Véronique Routin.

Certaines entreprises réfléchissent d'ailleurs à jouer le jeu en proposant au public l'accès aux plans de leurs machines et de leurs pièces pour faciliter la réparation. Google veut le faire avec son téléphone. Le producteur de petit électroménager Seb y réfléchit. Leur pari : le consommateur acceptera de payer un bon prix pour une machine qui dure plus longtemps. Et surtout, il privilégiera un produit que l'on peut réparer voire améliorer. Qui dit mieux ?

 

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 

 

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3 août 2014 7 03 /08 /août /2014 23:36

 

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 

 

Les conseils très lucratifs des parlementaires

 

 

Le Nouvel Observateur Publié le 03-08-2014 à 13h06

142.500 euros pour François Fillon, 183.500 euros pour Luc Chatel... Certains députés et sénateurs offrent leurs services à des particuliers ou des entreprises pour arrondir leurs fins de mois. Mais ne disent pas qui les rémunère. Au risque d'être soupçonnés de conflits d'intérêts.

 LCHAM SIPA
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L'opération transparence est lancée. La semaine dernière, les parlementaires ont livré à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique leurs déclarations d'intérêts. Quelles activités les sénateurs et les députés mènent-ils parallèlement à leur mandat ? Combien gagnent-t-ils ? Qui sont leurs collaborateurs et que font-ils ? Les réponses sont désormais disponibles en ligne.

L'association "Regards citoyens" a compilé avec l'aide de près de 8.000 bénévoles ces centaines de données dont il propose un compte rendu vendredi 1er aout sur son site internet. Outre les parlementaires avocats, dont la double casquette fait régulièrement polémique, on découvre aussi qu'une vingtaine d'élus ont exercé des activités de conseil au cours de ces cinq dernières années. Ainsi que certains collaborateurs.

"Conseil", un terme vague que le questionnaire rempli par les élus ne permet pas d'éclairer. La plupart des parlementaires se bornent à inscrire le nom de leur entreprise. Rien sur le domaine d'intervention et encore moins en ce qui concerne les clients de ces sociétés. Impossible, sur la base de ces documents, de savoir d'où proviennent les 142.500 euros que François Fillon a gagnés en 2013 via sa société 2F Conseil. Ni à quelles entreprises Luc Chatel a prodigué ses bons conseils en stratégie pour 183.500 euros l'année dernière. Auprès de quels particuliers Pierre Charon a-t-il empoché 227.000 euros l'an passé pour ses recommandations en image et en communication ? Ces informations ne sont tout simplement pas requises dans le questionnaire transmis aux élus.

Un encadrement insuffisant

Le gouvernement avait pourtant promis de s'attaquer aux zones d'ombre. "Est-il acceptable qu’un parlementaire soit à la fois consultant ou avocat d’affaires ? Je dis non, ça sera terminé", affirmait Jean-Marc Ayrault au moment de l'affaire Cahuzac et de la mise en lumière des liens entre le ministre et les laboratoires pharmaceutiques. S'en est suivi l'adoption de la loi sur la transparence de la vie politique, dont les avancées sont réelles mais limitées. Car si elle contraint les parlementaires à déclarer les revenus qu'ils tirent de leurs activités annexes, elle n'a pas permis d'interdire les métiers fortement générateurs de conflits d'intérêts.

Certains législateurs l'ont pourtant envisagé. "Nous avons suggéré aux rapporteurs de la loi que les parlementaires-conseils publient l'identité de leurs clients, déclarent les domaines d'intervention et s'abstiennent sur les textes portant sur ces domaines", se souvient Daniel Lebègue, président de Transparency international France. Mais les opposants de tous bords, agitant un éventuelle censure du Conseil constitutionnel, ont été les plus forts. "Ma seule limite a été la constitutionnalité. Le pire aurait été la censure, ça aurait verrouillé tout le système ad vitam aeternam", justifie Jean-Jacques Urvoas, le président de la commission des Lois.

Ainsi, la seule loi s'intéressant à l'activité de conseil des parlementaires est celle de 1995, stipulant qu'"il est interdit à tout député de commencer à exercer une fonction de conseil qui n'était pas la sienne avant le début de son mandat". Pour le reste, "le bureau de chaque assemblée, après consultation de l'organe chargé de la déontologie parlementaire, détermine des règles en matière de prévention et de traitement des conflits d'intérêts", et "veille à leur respect et en contrôle la mise en œuvre", dit la loi. L'Assemblée a son déontologue et le Sénat son comité de déontologie. Ainsi le code de déontologie de l'Assemblée stipule : "Les députés ont le devoir de faire connaître tout intérêt personnel qui pourrait interférer dans leur action publique et prendre toute disposition pour résoudre un tel conflit d'intérêts au profit du seul intérêt général." C'est à peu près tout.

Peut-on faire du conseil et rester indépendant ?

Pas de quoi s'inquiéter, si l'on en croit les intéressés, à la défense bien rôdée. 2F Conseil ? François Fillon l'utiliserait simplement pour facturer des conférences organisées par des entreprises. "Ce sont des interventions sur les perspectives économiques de l’Europe. Il n’y a aucun souci de conflit d’intérêts, car c’est sa vision d’ancien Premier ministre que les gens recherchent", avait assuré à Rue89 son entourage lors de la création de la société, un mois avant son élection à l'Assemblée. "François Fillon s'en occupe directement", nous répond aujourd'hui l'équipe de l'ancien Premier ministre sans plus de précision.

Je considère que quand j'ai une expérience d'un secteur je dois en faire profiter les parlementaires, le conseil n'est pas la décision et un parlementaire est une voix parmi 900 autres !" répond de son côté le sénateur UMP Gérard Longuet, administrateur de trois sociétés et à la tête de Sokrates group, - qui conseille trois clients.

Ce qui lui a rapporté en 2013 la coquette somme de 89.000 euros. "Il faut prendre des clients qui n'ont rien à voir avec ce qu'on fait en tant que parlementaire !" lance Pierre Charon,  comme une solution miracle. Grâce à sa société de conseil en image et stratégie, Janus Consultant, l'élu parisien - qui dit notamment avoir eu pour client l'acteur Christian Clavier ! - a perçu près de 227.000 euros en 2013. D'aucuns ne sont pas aussi rassurants.

Ces parlementaires conseillent des particuliers et des entreprises sur la façon de bien appliquer la loi, explique Daniel Lebègue, président de Transparency international France. Mais on sait bien qu'ils savent aussi comment la contourner. Le risque de conflit d'intérêt est considérable et jette une suspicion sur l'indépendance de tous les parlementaires."

François de Rugy, président du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, est un fervent partisan de la "transparence totale": "Si vous êtes invités pour une conférence par une entreprise voire un Etat étranger, on peut s'interroger sur votre indépendance. Certains en retirent des salaires sans commune mesure avec leur salaire de député ! On peut alors penser que l'activité de député devient à ce moment là annexe."

Le long chemin de la transparence

Il y a six mois, lors de l'examen du texte sur l'économie sociale et solidaire, le député UMP Thierry Solère, membre de la commission du Développement durable, s'est déporté car il avait conseillé quelques années auparavant une société directement concernée : une filiale de Michelin en charge du recyclage des pneumatiques usagers. Soucieux d'éviter les suspicions l'élu explique :

Je me suis mis en retrait, je ne suis pas allée aux auditions de la commission, je n'ai pas amendé le texte et je n'ai pas pris part au vote."

Une initiative strictement personnelle. Rien dans la loi, ni personne n'aurait pu m'en empêcher si j'avais voulu intervenir". Tous ont-ils le même réflexe ? "L'Assemblée nationale va examiner la loi sur l'énergie à partir du 1er octobre, illustre François de Rugy, et si tel ou tel député a des contrats par le biais de sa société de conseil avec EDF ou GDF Suez ou encore avec une entreprise de l'éolien ou du solaire, ça pose problème, quand même !"

"Je ne comprends pas qu'on veuille absolument faire des parlementaires des fonctionnaires", rétorque Gérard Longuet.  Le fond du problème, estime-t-il, c'est le salaire des parlementaires. Le sénateur a comparé son revenu brut d'élu avec le classement de "Challenges" des 1.000 catégories de cadres. "Nous sommes au 483e rang, au niveau d'un directeur des ressources humaines d'une PME de 100 salariés. Beaucoup de Français ne gagnent pas ce que nous gagnons, mais au regard de mon expérience et de mon niveau de diplôme, je considère que le mandat de sénateur est une rémunération qui n'épuise ni mes capacités de travail ni la totalité de mes aspirations personnelles." Un député touche une indemnité nette mensuelle de 5.148,77 euros et un sénateur, 5.388,72 euros.

De son côté, François de Rugy, auteur d'un rapport en 2011 sur la prévention des conflits d'intérêt, plaide pour une limitation des rémunérations annexes. "On pourrait imaginer que les rémunérations ne dépassent pas 20% du total, et pareil pour le temps consacré à ces activités. On attend d'un parlementaire qu'il travaille à 100% à sa mission, il est rémunéré pour cela", abonde le président de Transparency international France, Daniel Lebègue.

Une mécanique "vertueuse" ?

La députée UMP Laure de la Raudière a fait le choix d'arrêter son activité de conseil au début de son mandat. Non pas parce qu'elle considérait qu'il était incompatible avec sa fonction de député mais simplement par "manque de temps". Elle estime néanmoins qu'"il faudrait publier les domaines d'action et d'intervention" afin d'éviter au député d'être critiqué à tort", ce dont elle pense avoir été victime lors de ses interventions parlementaires sur les télécommunications.

Augmentation du salaire, publication de la liste des clients, limitation des revenus annexes... les pistes d'amélioration sont nombreuses. Mais pour Jean-Jacques Urvoas, la loi sur la moralisation de la vie politique a d'ores et déjà lancé une mécanique "vertueuse". Ce que la loi ne peut pas, l'opinion publique s'en chargera, juge-t-il : "François Fillon, candidat à l'élection présidentielle, aura du mal à dire "ça ne vous regarde pas" si on l'interroge sur la réalité du cabinet 2F conseil. Quand on à vocation à exercer une fonction de premier plan ou simplement une reconduction du mandat qui est le sien, on a nécessairement une volonté d'exemplarité." Et de parier : "Vous verrez, il y aura beaucoup moins de parlementaires qui exerceront des activités de conseil lors de la prochaine législature." 

 

Estelle Gross et Donald Hebert - Le Nouvel Observateur

 

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 



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3 août 2014 7 03 /08 /août /2014 21:57

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 

 

 

Chères, très chères autoroutes : le scandale
Donald Hebert

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Publié le 02-08-2014 à 07h57

Péages qui flambent, privatisation contestée et investissements publics en rade... La gestion du réseau français fait polémique. Enquête sur un partenariat ambigu entre l’État et les grands groupes de BTP.

 

Les tarifs des péages ont progressé de 11% entre 2007 et 2012. (AFP)  
Les tarifs des péages ont progressé de 11% entre 2007 et 2012. (AFP)

 

 

 

Cet été, c'est une certitude, il faudra payer plus cher que l'an dernier : 65 euros de péages pour un trajet Lille-Port-Leucate, 60 euros entre Lyon et Biarritz ou 68 euros pour rejoindre Saint-Raphaël depuis Paris... Ajoutez-y le stress des grands départs, les inévitables bouchons et la queue à la pompe, et vous comprendrez le ras-le-bol qui submerge les automobilistes français enfermés entre les glissières de leurs chères, très chères autoroutes...

Petits, on a tous entendu nos parents dire qu'un jour on n'aurait plus besoin de payer les autoroutes. Combien de temps cette arnaque va-t-elle encore durer ?" s'étrangle Pierre Chasseray, le porte-parole de 40 Millions d'Automobilistes, une association de conducteurs verts de rage.

Péages trop chers ! Les tarifs des sociétés autoroutières ont encore progressé de 1,14% cette année après avoir grimpé de 2,5% en 2013 et de 2,01% en 2012. Une inversion de la courbe ? La hausse du ticket autoroutier demeure supérieure à l'inflation. Entre 2007 et 2012, les péages ont augmenté de 11%, alors que l'indice Insee des prix à la consommation n'a progressé que de 8,5%. Et encore cette moyenne cache-t-elle de grandes disparités.

 
 

Particulièrement ruineux, certains tronçons atteignent aujourd'hui des records. L'A65 entre Bordeaux et Pau : 22 euros pour 150 kilomètres. Les 15 kilomètres de l'A14 : 8,20 euros le dimanche soir. Quant au tunnel "Duplex" de l'A86, en banlieue parisienne, il est facturé 10 euros pour 10 kilomètres.

Le symbole de l'autoroute pompe-à-fric, estime Pierre Chasseray. Les autoroutes, plus sûres que le réseau secondaire, seraient-elles désormais réservées aux riches ? A quand le gel des péages ?"

Ce n'est pas pour tout de suite. Car si l'Etat fixe en théorie les hausses tarifaires, il est en réalité dépendant de quelques grands groupes depuis qu'il leur a cédé, il y a huit ans de cela, les sociétés d'autoroutes : les français Vinci (propriétaire d'ASF, Escota et Cofiroute) et Eiffage (APRR et Area) et l'espagnol Abertis (Sanef et SAPN) détiennent les trois quarts du réseau autoroutier français.

Et ces géants de l'asphalte bénéficient de contrats de concession sur plusieurs décennies qui leur permettent d'augmenter les tarifs pour couvrir la hausse de leurs dépenses courantes : charges d'exploitation, d'entretien et de renouvellement... Mais ce n'est qu'un début. Tous les cinq ans en moyenne, la privatisation très controversée prévoit aussi la signature de "contrats de plan" destinés à financer - toujours par des hausses de tarifs ! - les nouveaux investissements qui n'ont pas été prévus dans les contrats de concession. Une sacrée rallonge : chaque nouveau kilomètre d'autoroute, chaque nouvelle bretelle d'accès et chaque élargissement des voies sont ainsi facturés aux usagers.

Le modèle économique est construit de telle sorte que tout investissement est compensé par une hausse de tarifs. Les bénéfices des sociétés concessionnaires n'ont pas à être réinvestis dans des investissements nouveaux ou dans des diminutions de tarifs. Par construction, ce modèle ne peut qu'aboutir à une hausse constante et continue des tarifs", résume la Cour des Comptes dans un rapport au vitriol paru en juillet 2013.

Les magistrats de la rue Cambon déplorent que les contrats de plan se multiplient bien que le réseau autoroutier soit déjà largement mature. Aujourd'hui, les travaux d'élargissement laissent la place au traitement du bruit ou à la protection des eaux, dont la compensation par des hausses de tarifs, bien que parfaitement légale, ne semble pas toujours légitime. Pourquoi l'Etat n'arrive-t-il pas à enrayer ces dépenses ? Manque d'outils de régulation ? De culture du résultat ? De volonté ? Un peu des trois, si l'on en croit les connaisseurs. Le résultat est que l'administration peine à défendre les usagers. Ou plus exactement leur porte-monnaie.

La "cash machine" des sociétés d'autoroutes

Car, en face, il y a des sociétés d'autoroutes qui savent optimiser les profits. "Leur profitabilité est plus marquée et constante que celle de l'ensemble de l'économie française, hors secteur financier", explique la Cour des Comptes. La moyenne des chiffres d'affaires des sociétés d'autoroutes - Sanef, ASF, Escota, APRR, Area, SAPN et Cofiroute - a augmenté de 4% par an entre 2006 et 2011.

Dans quelles poches ont atterri les 9,24 milliards d'euros générés par les péages français en 2013 ? Selon Vinci Autoroutes, les sociétés contribuent directement aux finances publiques à hauteur de 4 milliards d'euros sous forme de TVA (1,7 milliard), d'impôt sur les sociétés (1,18 milliard), de redevance domaniale (250 millions), de taxe d'aménagement du territoire (584 millions), et de contribution économique territoriale (280 millions).

Chaque année, 1,6 milliard d'euros sont dépensés dans les charges liées à l'exploitation des autoroutes ; 1,8 milliard, dans la modernisation, l'intégration environnementale et le développement des réseaux autoroutiers. Le reste - 1,8 milliard d'euros constitue les juteux bénéfices des groupes exploitants...

Le business est très rentable, mais pas encore assez pour Vinci & Co. Ces pros de la gestion autoroutière font tout pour réduire les coûts. En remplaçant les salariés aux péages par des machines, par exemple. De 2007 à 2011, le nombre de guichetiers a fondu, passant de 7 300 à 5 800 salariés, soit une réduction de 20% des effectifs. Efficace ! Et pourtant les concessionnaires ont réussi à faire financer une partie du développement du "télépéage sans arrêt" - et donc sans guichetiers !

C'est un service qui n'était pas prévu au contrat et qui a été décidé dans le cadre des investissements du Paquet vert. Cet ensemble de travaux, prévu par le Grenelle de l'environnement de Jean-Louis Borloo, a été financé par un allongement de la durée des concessions", justifie Pierre Coppey, président de Vinci Autoroutes et de l'Association des Sociétés françaises d'Autoroutes (Asfa).

Mais voilà, selon la Cour des Comptes, cette automatisation "correspond à l'intérêt du concessionnaire et aurait probablement été développée même en l'absence de compensation". Pourtant Vinci Autoroutes se défend d'avoir fait financer ses gains de productivité par la collectivité.

Nous nous sommes engagés à faire face à l'automatisation du péage sans licenciements ni mutations forcées. La reconversion du personnel de péage se traduit d'ailleurs chez Vinci Autoroutes par 10 millions d'euros par an investis dans la formation", explique Pierre Coppey.

Sur la sellette, les concessionnaires sont aussi accusés de dépenser le moins possible en entretien. "Tantôt ils effectuent les rénovations après cinq ans au lieu de quatre, tantôt ils utilisent des matériaux un peu moins coûteux sans que cela ne se voie trop", explique un haut fonctionnaire. Le soupçon fait bondir le lobby autoroutier.

C'est faux, et d'ailleurs la Cour des Comptes n'en fait pas la démonstration - elle est impossible - car nous satisfaisons tous nos engagements", rétorque Pierre Coppey.

En 2010, pourtant, l'Etat a mis en demeure la société APRR (Eiffage) pour des décollements de revêtement de la chaussée. Fâcheux. Mais il est vrai que ces rappels à l'ordre sont peu fréquents. Les autoroutes françaises passent pour être bien entretenues et figurent régulièrement en tête des classements européens. Même si la Cour des Comptes déplore un manque de contrôle de la part de l'administration. L'Etat, même quand il est en mesure de réclamer des pénalités, ne le fait qu'"exceptionnellement".

Les sociétés d'autoroutes sont en position de force pour optimiser leurs recettes. Les hausses de tarifs, calculées à partir de l'inflation, n'ont pas cessé même quand les prix des biens et services ont diminué. Normal, car une telle baisse n'a pas été envisagée dans les contrats ! A partir de 2005, durant plusieurs années, les sociétés d'autoroutes ont pu pratiquer le "foisonnement", une technique imparable qui consiste à appliquer les plus fortes hausses sur les tronçons autoroutiers les plus fréquentés.

Selon le ministère des Transports, rien qu'en 2007, cette optimisation s'est traduite par une hausse du chiffre d'affaires aux péages comprise entre 0,19% et 1,35% en faveur des sociétés autoroutières. D'abord autorisé, le "foisonnement" a été banni en 2011. Mais la correction est considérée comme tardive et partielle par la plupart des experts. "Quand on enregistre une hausse de tarif une année, elle s'applique sur l'ensemble de la durée de la concession. Après vingt-cinq ans, quelques pourcents représentent des milliards d'euros", explique un banquier.

L'erreur historique de la privatisation

Comment en est-on arrivé là ? A la fin des années 1990, à l'exception notoire de Cofiroute, le réseau autoroutier est encore intégralement public, et le débat sur sa privatisation, alors lancé par Lionel Jospin, déclenche une guerre entre l'administration des Transports et celle des Finances. Faut-il engranger immédiatement un pactole en cédant les biens d'équipement pour se désendetter plutôt que de conserver des revenus récurrents susceptibles de financer le développement futur des infrastructures ? A l'époque, la Cour des Comptes critique la sous-exploitation des sociétés publiques.

Cofiroute, la société privée, était gérée de façon plus serrée, se souvient un connaisseur du dossier. Plus agressive lors des négociations avec l'Etat, elle disposait aussi d'une plus grande liberté tarifaire. Ses résultats lui permettaient de servir à ses actionnaires une rémunération élevée."

Pourtant, Laurent Fabius, ministre de l'Economie, ouvre partiellement le capital d'ASF, introduite en Bourse dès 2002. Un an plus tard, Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre plutôt hostile à la privatisation, accepte le principe d'une ouverture partielle du capital de cinq autres sociétés publiques d'autoroutes. Mais il crée l'Agence de Financement des Infrastructures de Transport de France (Afitf), à laquelle il affecte une partie des recettes des concessionnaires. En juin 2005, la privatisation complète est décidée par son successeur, Dominique de Villepin.

Quand son directeur de cabinet m'a prévenu qu'elle serait annoncée dans son discours d'investiture, relate Dominique Perben, son ministre des Transports de l'époque, j'ai pris ma voiture et j'ai filé à Matignon pour y réclamer qu'une partie du produit de la vente aille au financement des transports. J'ai obtenu 4 milliards pour l'Afitf et j'ai fermé ma gueule."

A l'époque, le sujet divise même à droite. "J'étais contre, mais j'ai été discipliné", dit aujourd'hui le député UMP Gilles Carrez. La privatisation autoroutière déclenche une levée de boucliers à gauche et au centre. François Bayrou dépose même un recours devant le Conseil d'Etat. Le Premier ministre joue la montre en organisant un appel d'offres éclair.

Le prix fait débat. Le commissaire au Plan, Alain Etchegoyen, l'estime à 26 milliards d'euros, tandis que Bercy, plus sensible aux attentes des marchés, en réclame 11 milliards. Différence de perception du risque ?

Pour faire baisser le prix, l'acheteur a tendance à sous-estimer la croissance du trafic et à surestimer les charges", explique un spécialiste.

Les contrats sont aussi très contestés. "Ils avaient été rédigés pour faire travailler ensemble des entités publiques. Il aurait fallu les adapter à la logique du privé", explique un proche du dossier. Mais, en modifiant le cadre contractuel, Bercy craint de faire chuter le prix de vente. Pourtant, la concurrence est rude : pas moins de 18 offres. Bouygues, qui ne s'intéresse qu'aux télécoms, n'est pas preneur. Mais Vinci et Eiffage, les deux autres géants français du BTP, et Abertis, spécialiste des autoroutes espagnoles, décrochent le gros lot. Au terme du processus, L'Etat, lui, empoche 17 milliards d'euros et se déleste de 20 milliards d'euros de dettes. L'Etat a-t-il commis une erreur ?

Oui, mais c'était disposer tout de suite de beaucoup d'argent. Cela a permis de relancer le secteur du BTP et la croissance", considère aujourd'hui Dominique Perben.

Les sociétés d'autoroutes ont-elles été bradées ? "Je ne le pense pas. Nous avons utilisé les méthodes usuelles de valorisation", tempère Jean Serisé, membre de la commission des Participations et des Transferts alors chargée de valider le prix. Catégorique, Pierre Coppey, le numéro un de Vinci Autoroutes, soutient, pour sa part, que l'Etat a fait une bonne affaire:

En plus du prix d'acquisition et de la reprise de la dette, les concessionnaires se sont engagés à réaliser 15 milliards d'euros d'investissements différés."

Il n'empêche. Malgré la crise, qui a fait baisser le trafic pendant plusieurs années, les conditions macroéconomiques semblent plutôt avoir souri aux nouveaux concessionnaires. Les taux d'intérêt auxquels ils refinancent leur dette et leurs investissements sont très faibles.

Les autoroutes étaient bien valorisées à l'époque de la cession. Mais après coup, du fait de la baisse des taux, on peut considérer qu'elles valaient beaucoup plus", résume un banquier qui a participé à la transaction.

Il était aussi difficile d'anticiper alors les synergies existant entre les sociétés d'autoroutes et leurs actionnaires. Les géants du BTP, à la fois donneurs d'ordre et prestataires, n'ont-ils pas profité d'une rente de situation ?

Notre part de marché dans tous les appels d'offres concurrentiels que nous organisons n'excède pas 40%. Elle est conforme à notre position sur les marchés des grands travaux en France", se défend Pierre Coppey, le boss de Vinci Autoroutes.

L'Autorité de la Concurrence a tout de même préféré vérifier par elle-même : elle enquête sur les concessions autoroutières, et notamment sur la passation des contrats d'entretien et de construction. Ses conclusions sont attendues cet été...

Les tergiversations du gouvernement

La question des autoroutes agite le microcosme politique. L'écotaxe, dont le milliard d'euros de recettes devait compenser les crédits publics supprimés, a été abandonnée. Un désastre national. Et son remplacement par le péage de transit poids lourds laisse apparaître un manque de financement de 500 millions d'euros. Faudra-t-il bientôt renoncer à certains projets d'infra structures vitaux pour la croissance ? Et, sinon, comment assurer leur financement ?

Le député socialiste Jean-Paul Chanteguet, rapporteur d'une mission parlementaire sur le sujet, propose une solution radicale : l'Etat, moyennant le versement d'une indemnité de 20 milliards d'euros aux sociétés d'autoroutes, dénoncerait les contrats de concession en invoquant l'intérêt général pour mettre en place un système de régies publiques. L'opération qui consisterait à revenir sur la privatisation de 2005 suppose aussi que la dette des autoroutes - 30 milliards d'euros - soit redistribuée aux sociétés exploitantes afin qu'elle ne vienne pas alourdir celle de l'Etat. Vaste programme ! Alors pourquoi ne pas simplement nationaliser, comme l'avait promis Arnaud Montebourg après s'être fait bouter hors du conseil d'administration d'APRR en 2010 ?

Ce ne serait pas une bonne affaire, explique un spécialiste. L'Etat paierait cher, récupérerait le risque lié au trafic et serait pris au piège si les taux d'intérêt remontaient."

Du côté de l'exécutif, on préfère rechercher des recettes complémentaires. Le gouvernement pourrait discrètement remonter le curseur de certaines taxes, comme la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE).

Une hausse d'un centime sur le carburant génère plus de 400 millions d'euros", fait valoir un proche du dossier.

A moins qu'il ne réussisse à taxer directement les sociétés d'autoroutes. Mais attention, prévient Michel Sapin : "Si on crée une fiscalité particulière sur ces sociétés autoroutières, les contrats prévoient qu'elle doit être compensée." Par quoi ? Des hausses de tarifs aux péages, bien sûr. Ou bien encore un report de la date d'expiration des concessions, qui doivent prendre fin entre 2028 et 2032.

Cette dernière option est défendue par Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie et des Transports. Dès sa nomination, au printemps dernier, elle a prévenu que les sociétés d'autoroutes seraient "amenées à participer dans un cadre contractuel, avec leurs bénéfices, aux grandes infrastructures de notre pays". Compte-t-elle inclure une hausse de la redevance domaniale versée par les concessionnaires dans le plan autoroutier français ?

A peine arrivé à l'Elysée, François Hollande, sollicité par le lobby autoroutier, a déjà validé ce programme de travaux aujourd'hui chiffré à 3,5 milliards d'euros. Le président en attend de grands bénéfices pour la croissance sans débourser un centime d'argent public. Problème : il n'est pas certain que la Commission européenne accepte le principe d'un prolongement des concessions autoroutières, qui reviendrait à attribuer des marchés publics sans appel d'offres, et donc sans concurrence. La privatisation à la française ne choque pas que les automobilistes à la barrière de péage...

 

Donald Hebert - Le Nouvel Observateur

 

 

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 

 



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