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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 15:59

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/patrick-saurin

 

 

La radiation de Rebsamen s'impose

Rebsamen contrôle les chômeurs… Nous avons contrôlé Rebsamen !

 

 


Patrick Saurin[1]

Après avoir préconisé en mai dernier un moratoire sur les seuils sociaux[2], seuils considérés par les patrons comme des « freins à l’embauche », François Rebsamen, ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue Social, vient de s’illustrer une nouvelle fois en demandant à Pôle emploi « de renforcer les contrôles pour être sûr que les gens cherchent bien un emploi ». En clair, il y aurait des chômeurs qui abusent, profitent et contribuent à creuser le déficit du pays. Et le ministre de réclamer « un état d’esprit différent » se traduisant par « des convocations, des vérifications, […] sinon on est radié ». Ainsi, la préoccupation du ministre n’est pas de lutter contre le chômage et faire en sorte que des emplois soient proposés aux travailleurs qui en sont privés, mais de mettre l’accent sur le contrôle des chômeurs et sur la sanction le cas échéant.

Les propos tenus par François Rebsamen sont tout à la fois scandaleux, malhonnêtes et déplacés au vu de l’absence d’exemplarité dont fait preuve l’intéressé comme nous allons le démontrer dans les lignes qui suivent.

Ces propos sont scandaleux car, singeant ceux de la droite et de Nicolas Sarkozy[3], ils jettent l’opprobre sur plus de 6 millions de personnes inscrites à Pôle emploi[4], auxquelles il faut ajouter celles qui ne touchent aucune aide de la part de l’État, soit du fait d’une radiation, soit parce qu’elles ne sont tout simplement pas inscrites à Pôle emploi. Ce type de critique essentialiste véhiculant le discours « classes laborieuses, classes profiteuses », cher à la droite et à l’extrême droite,  en dit long sur l’état de délabrement du parti socialiste et de ses dirigeants.

La déclaration du ministre est également malhonnête, car en focalisant son attaque sur les travailleurs privés d’emploi il laisse penser que la fraude des chômeurs représente un coût considérable pour la collectivité, bien avant d’autres fraudes. Or la réalité est tout autre. Dans son rapport Lutte contre la fraude. Bilan 2012[5], la délégation nationale à la lutte contre la fraude nous apprend que les montants de fraude détectée représentent 39,2 millions d’euros pour Pôle Emploi[6], sur un total de fraude détectée de 4,629 milliards d’euros[7]. Les « fraudes des chômeurs » ne représentent que 0,8 % des fraudes détectées, alors que les fraudes fiscales constituent 79 % du total, sachant que le syndicat Solidaires finances publiques estime le manque à gagner du fait de la fraude et de l’évasion fiscales entre 60 et 80 milliards d’euros par an[8]. Rebsamen préfère faire les poches des chômeurs pour leur soutirer quelques euros que de s’attaquer à des Cahuzac, des évadés fiscaux et des sociétés qui domicilient des milliards en toute impunité dans les paradis fiscaux.

L’intervention de François Rebsamen en posture de donneur de leçons est tout simplement scandaleuse. Nous en voulons pour preuve la façon dont il a géré la ville de Dijon jusqu’à ce qu’il abandonne ses fonctions à l’occasion de sa nomination dans le gouvernement de Manuel Valls. En effet, Dijon présente la particularité d’avoir une dette constituée à 45 % d’emprunts toxiques. Au 31 décembre 2012, sur un encours total de 214 millions d’euros, la ville avait une dette toxique de 97 millions d’euros. Les emprunts risqués de la collectivité au titre de ses trois budgets sont au moins au nombre de 30 (23 emprunts classés E et 7 emprunts classés F)[9]. Le risque se vérifie à travers le montant démesuré des soultes (les indemnités à régler pour dénouer les contrats). Pour preuve, l’état de la dette du compte administratif 2012 fait ressortir des coûts de sortie considérables[10]. Citons par exemple les trois prêts n° 200709-1, 200709-2 et 200804 souscrits auprès du Crédit Foncier de France qui présentent selon l’état de la dette 2012 un coût de sortie chiffré respectivement à 3 294 207,79 euros, 809 422,45 euros et 18 126 219,04 euros, des sommes plus de deux fois supérieures aux capitaux restant dus de ces prêts qui s’élèvent respectivement à  1 369 684,17 euros, 336 546,20 euros et 7 536 620,90 euros ! Enfin, le risque est également attesté par les multiples instruments de couverture souscrits pour couvrir les risques attachés à certains contrats (cf.) qui ont représenté un coût net de 1 479 133,79 euros pour le budget principal et de 14 003,34 euros pour le budget stationnement, autant de charges s’ajoutant aux intérêts des emprunts[11]. Au vu de ce bilan catastrophique, un aussi piètre gestionnaire que Monsieur Rebsamen est illégitime pour faire la leçon à d’autres.

Plus grave, bon nombre de ces emprunts toxiques ont été souscrits auprès de Dexia Crédit Local de France[12], sachant que François Rebsamen a été administrateur de Dexia jusqu’au 23 octobre 2008 et percevait à ce titre 20 000 euros par an, une situation susceptible de relever de la prise illégale d’intérêt.[13]. Dès 2003[14] , il était déjà membre du conseil de surveillance de Dexia Crédit Local, présidé à l’époque par Pierre Richard, et touchait à ce titre une rémunération annuelle de 15 000 euros.[15]

Enfin, à une inaptitude caractérisée en matière de gestion du bien public, à une conception toute particulière de la déontologie, il faut ajouter au bilan du ministre du travail une pratique assidue du déni de démocratie dont peuvent témoigner les membres du Collectif de Côte-d’Or pour un audit citoyen de la dette (CAC 21). En effet, soucieux de faire la lumière sur la dette de leur collectivité, ces citoyens dijonnais ont sollicité à plusieurs reprises[16] François Rebsamen pour obtenir la copie des contrats d’emprunt, tableaux d’amortissement et autres documents nécessaires à la réalisation de l’audit de la dette de leur ville. Sollicité à de multiples reprises, le maire a opposé à chaque fois une fin de non-recevoir, et ce en totale infraction avec les droits accordés aux administrés[17]. Ce déni de démocratie a amené ces citoyens à saisir le tribunal administratif de Dijon pour se substituer au maire défaillant dans le cadre d’une action connue sous le nom d’ « autorisation de plaider ».

 Au terme de ces pitoyables états de service de François Rebsamen, une seule solution s’impose pour lui : la radiation définitive du paysage politique.

 

 

 


[1] Patrick Saurin est porte-parole de Sud BPCE, membre du CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde) et du CAC (Collectif pour un audit citoyen de la dette publique).

[2] Cela consisterait à dispenser les employeurs de l’obligation de mettre en place des délégués du personnel dans les entreprises de plus de 11 salariés ainsi qu’un Comité d’Entreprise et un Comité d’Hygiène et de Sécurité des Conditions de Travail dans celles de plus de 50, ce qui détermine également la représentation syndicale mais aussi le déclenchement d’un « Plan de Sauvegarde de l’Emploi ».

[3] Voir sur cette question l’article de Laurent Mauduit, « Que la chasse aux chômeurs commence », publié sur Mediapart : http://www.mediapart.fr/journal/france/020914/que-la-chasse-aux-chomeurs-commence

[4] Selon le communiqué de presse du 27 août de la DARES et de Pôle emploi, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi s’élève à 6 050 100 personnes : http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/Communique-de-presse-PPBVN18.pdf

[5] http://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dnlf/DNLF_nov_2013.pdf

[6] Ibid., p. 55.

[7] Ibid., p. 5.

[8] Rapport du syndicat national Solidaires Finances Publiques, « Evasions et fraudes fiscales, contrôle fiscal », janvier 2013, p. 19 : http://solidairesfinancespubliques.fr/gen/cp/dp/dp2013/120122_Rapport_fraude_evasionfiscale.pdf

[9] pp. 219-221 de l’état de la dette 2012 de la ville de Dijon.

[10] pp. 187 à 202 pour le budget principal, pp. 205-208 pour le budget stationnement et pp. 210 à 212 pour le budget auditorium de l’état de la dette du compte administratif 2012 de la ville de Dijon.

[11] Ibid., pp. 214-217.

[12] Ces emprunts sont mentionnés dans l’état de la dette avec le nom de ce prêteur ou avec celui de la Société Française de Financement Local – Caisse Française de Financement local (SFIL-CAFFIL sont les structures publiques qui ont repris les encours de Dexia après le démantèlement de cette banque décidé fin 2012).

[13] L’article 432-12 du Code pénal réprime le fait, « pour un élu municipal de prendre, recevoir ou conserver, directement ou indirectement, un intérêt quelconque dans une entreprise ou dans une opération dont l’intéressé a la charge d’assurer la surveillance, l’administration, la liquidation ou le paiement ».

[14] Nous n’avons pas pu remonter plus avant car les comptes de Dexia Crédit Local ne sont pas accessibles au-delà de cette date sur le site de cette banque.

[15] Voici les liens et les références permettant de consulter les rapports annuels de Dexia Crédit Local de 2003, 2007 et 2008 :
http://www.dexia-creditlocal.fr/SiteCollectionDocuments/dexia%20credit%20local/rapport%20annuel/rapport_annuel_2003.pdf (sur la qualité de membre du conseil de surveillance et sur le montant de la rémunération de Monsieur François Rebsamen : cf. pp. 8 et 23 de ce rapport).
http://www.dexia-creditlocal.fr/SiteCollectionDocuments/dexia%20credit%20local/rapport%20annuel/Rapport-annuel_%202007_%20FR.pdf
(sur la qualité de membre du conseil d’administration et sur le montant de la rémunération de Monsieur François Rebsamen : cf. pp. 57 et 60 de ce rapport).

http://www.dexia-creditlocal.fr/SiteCollectionDocuments/dexia%20credit%20local/rapport%20annuel/Rapport-annuel_2008_FR.pdf
(sur la qualité de membre du conseil d’administration et sur le montant de la rémunération de Monsieur François Rebsamen : cf. p. 54 et 58 de ce rapport).

[16] Peuvent l’attester les courriers du collectif d’audit citoyen datés des 30 septembre 2013, 5 juin 2013, 14 janvier 2014, 4 juillet 2014 restés sans réponse, et la visite de certains membres du collectif à la Mairie le 25 février 2014 tout aussi infructueuse.

[17] Selon la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978, « toute personne physique ou morale a le droit de demander communication des procès-verbaux du conseil municipal, des budgets et des comptes de la commune et des arrêtés municipaux ».

 

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/patrick-saurin

 

 

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 15:35

 

 

Source : www.mediapart.fr


 

Démission de Thévenoud : encore un scandale fiscal au gouvernement

|  Par Mathilde Mathieu et Lénaïg Bredoux

 

 

 

Après Jérôme Cahuzac et Jean-Marie Le Guen, le gouvernement est à nouveau secoué par un scandale fiscal. Le secrétaire d'État au commerce extérieur, Thomas Thévenoud, a été poussé jeudi à la démission, neuf jours à peine après sa nomination. Il a reconnu des « retards de déclaration et de paiement » au fisc. D'après nos informations, ces « retards » ont duré plusieurs années.

 

L'amateurisme de l'exécutif laisse sans voix. Deux ans après l'affaire Cahuzac, trois mois après les révélations sur Jean-Marie Le Guen et la « sous-évaluation » grossière de son patrimoine immobilier, François Hollande et Manuel Valls ont réussi l'exploit, lors du dernier remaniement gouvernemental, de faire une fois de plus appel à un élu en délicatesse avec le fisc. Jeudi 4 septembre, Thomas Thévenoud, tout nouveau secrétaire d'État au commerce extérieur, a finalement été contraint à la démission à cause d'un problème de « conformité avec les impôts », comme l'a bizarrement formulé Matignon, qui affirme avoir découvert ce problème « après sa nomination ».

Mediapart avait été alerté dès la fin du mois de juillet sur la situation fiscale de l'intéressé, conseiller général de Saône-et-Loire depuis 2008, député depuis juin 2012, sans toutefois disposer d'éléments suffisamment probants pour écrire quoi que ce soit. 

 

Thomas Thévenoud 
Thomas Thévenoud © Reuters

D'après des informations récoltées depuis, cet ancien chargé de formation chez ERDF, marié à la chef de cabinet du président du Sénat, ne déclarait pas ses revenus depuis plusieurs années. Certaines sources évoquent même le déclenchement, après plusieurs relances infructueuses, d'une procédure « d'imposition d'office » – un point non confirmé par l'intéressé, qui n'a pas retourné jeudi nos appels.

Dans un communiqué transmis dans la soirée à l'AFP, l'élu de Saône-et-Loire, qui rappelle n'avoir « jamais fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire ou fiscale », a finalement admis des « retards de déclaration et de paiement », « à ce jour intégralement régularisés avec l'ensemble des pénalités qui s'y réfèrent ».

Mais à quelle date exactement a-t-il régularisé ? C'est désormais la question centrale – au-delà des montants concernés et de l'ampleur des « retards » – pour comprendre la gravité de cette affaire. Thomas Thévenoud a-t-il attendu sa nomination pour payer, contraint et forcé, ses dettes fiscales ? A-t-il donc accepté sa promotion avec une grenade dégoupillée dans la besace, faisant courir un risque politique majeur à sa majorité ? Pour un gouvernement de gauche qui prétend lutter contre la fraude fiscale, l'image est désastreuse – même si la faute reprochée au socialiste n'apparaît pas de la même gravité que l'évasion fiscale massive de Jérôme Cahuzac ou la sous-évaluation grossière de son patrimoine par Jean-Marie Le Guen.

La transparence sur cette date est aussi capitale pour calculer combien de temps Thomas Thévenoud a pu siéger à l'Assemblée nationale tout en trimballant son ardoise fiscale.

Porte-parole du groupe PS au Palais-Bourbon jusqu'à sa nomination le 26 août, Thomas Thévenoud faisait partie, à 40 ans, des figures montantes de l'Assemblée. Aux yeux d'un exécutif lâché par l'aile gauche du PS, il présentait aussi le mérite d'être issu du même territoire qu'Arnaud Montebourg et d'être identifié comme l'un de ses proches – bien que leur proximité politique soit toute relative. Son nom avait déjà circulé lors du précédent remaniement, début avril.

Ses camarades socialistes se disent aujourd'hui estomaqués. « Comment peut-on "oublier" de déclarer ses impôts ? s'interroge-t-on à l'Assemblée. La créativité des socialistes dépasse l'entendement. » Le week-end dernier, Thomas Thévenoud recrutait encore tranquillement pour former son cabinet. « Je dois dire que sa psychologie m'échappe... », réagit l'un de ses amis.

« C’est évidemment une très mauvaise nouvelle et on s’en serait bien passé. C'est un coup dur, indéniablement. Ça nourrit la défiance à l’égard des responsables politiques », a commenté vendredi la ministre de l’éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem. Elle a également estimé qu’il était « légitime » de se demander si Thévenoud pouvait décemment rester député, même si rien ne l’oblige à démissionner.

Ancien membre de la commission d'enquête sur l'affaire Cahuzac, Thomas Thévenoud avait à l'époque déclaré : « J'ai une question toute simple à lui poser : pourquoi a-t-il menti à la représentation nationale ? (Et) pourquoi il s'est menti à lui-même ? » Avant d'assener : « C'est une véritable trahison. » En octobre dernier, il lançait encore à propos des demandes de régularisation des fraudeurs : « Faites repentance fiscale parce que le compte à rebours va s'enclencher. »

Le sien s'est enclenché à la seconde où il a été promu. Depuis les réformes sur la transparence de la vie politique, adoptées en 2013 en réponse à l'affaire Cahuzac, la loi prévoit en effet que « tout membre du Gouvernement, à compter de sa nomination, fait l'objet d'une procédure de vérification de sa situation fiscale » – ce qui n'est pas systématique pour les parlementaires. Celle-ci est pilotée par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HAT), nouvellement créée et présidée par l'ancien haut magistrat Jean-Louis Nadal, qui interroge les services compétents de Bercy.

Jeudi soir, la HAT confirmait avoir lancé les opérations sur les six « entrants » du 26 août (dont Thomas Thévenoud et l'ancien banquier Emmanuel Macron) dès le lendemain de leur nomination. D'après les textes, le directeur général des finances publiques disposait ensuite d'un délai d'un mois pour rendre compte à l'autorité indépendante. À ce stade, impossible de savoir si la HAT a déjà été destinataire des résultats relatifs à Thomas Thévenoud ou s'ils ont emprunté un « circuit court » : directement sur le bureau du premier ministre.

Alors évidemment, pour sauver ce qu'il reste à sauver de son image, l'exécutif ne manquera pas d'affirmer que la démission du fautif vient prouver l'efficacité des nouveaux dispositifs de contrôle, votés sur l'impulsion de François Hollande contre l'avis de l'UMP. Que cette fois, la sanction est tombée sans que la presse ait encore écrit la moindre ligne. Cela n'est pas faux.

L'Élysée pourra faire valoir le bilan encourageant de la HAT, qui a déjà visé plusieurs membres des gouvernements successifs de François Hollande. Ainsi en mars 2014, elle a saisi le parquet de Paris du cas de Yamina Benguigui, ex-ministre de la francophonie sous Jean-Marc Ayrault, soupçonnée d'avoir omis d'indiquer dans sa déclaration de patrimoine des actions détenues en Belgique (une enquête préliminaire est en cours). Puis en juin, l'instance présidée par Jean-Louis Nadal a contraint Jean-Marie Le Guen, l'actuel secrétaire d'État aux relations avec le Parlement, à corriger sa déclaration en réévaluant la valeur de ses biens immobiliers, grossièrement minorée de 700 000 euros (lire nos révélations) – une procédure qui devrait en toute logique déboucher sur un lourd redressement fiscal. On notera que Jean-Marie Le Guen n'a jamais été prié de démissionner pour autant.

Sur le terrain des conflits d'intérêts, la HAT est enfin intervenue auprès de Geneviève Fioraso, l'actuelle secrétaire d'État chargée de la recherche, pour prévenir tout risque lié à son compagnon, haut placé au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) comme directeur délégué de la direction de la recherche technologique (CEA Tech). La HAT a incité Geneviève Fioraso à se décharger officiellement « des actes de toute nature intéressant (CEA Tech) », comme le prévoit désormais un décret... paru en plein cœur de l'été.

Mais dans le dossier Thévenoud (remplacé jeudi soir par le député PS Matthias Fekl), c'est le bon fonctionnement de l'administration fiscale en Saône-et-Loire comme à Bercy, ces dernières années, qu'il reste à évaluer. À ce stade, trop de pièces manquent encore au puzzle pour saisir si le député a été traité comme n'importe quel citoyen – dans les mêmes délais, avec la même diligence. Il faudra aussi vérifier si des alertes, même informelles, n'avaient pas été lancées à des politiques locaux ou nationaux, et ignorées.

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 15:10

 

Source : www.mediapart.fr

 

Documentaire: les hackers, «gardiens du nouveau monde» post-Snowden

|  Par Jérôme Hourdeaux

 

 

Vidéo du documentaire visible ici

 

Les Gardiens du nouveau monde est un documentaire réalisé par Flo Laval sur les hacktivistes, ces hackers qui ont fait le choix de l'engagement politique aux côtés des ONG et des cyberdissidents. Mediapart le diffuse en exclusivité.


« La mission est déjà accomplie », affirmait dès le mois de décembre 2013 Edward Snowden, l’ex-employé de la NSA à l’origine de la plus importante fuite de documents de l’histoire du renseignement américain. Interrogé par le Washington Post sur les conséquences de ses révélations, le jeune informaticien, qui vit encore aujourd’hui en exil en Russie, expliquait : « J’ai déjà gagné. À partir du moment où des journalistes ont pu travailler, tout ce que j’ai essayé de faire a été validé. Parce que, souvenez-vous, je ne voulais pas changer la société. Je voulais donner à la société une chance de décider si elle voulait se changer elle-même. »

Malgré l’apathie de certains gouvernements, notamment français, face au dispositif d’espionnage mondial décrit par les documents qu’il a transmis, Edward Snowden a incontestablement remporté certaines victoires. D'abord en parvenant à imposer dans le débat public la problématique de la surveillance des citoyens à l’ère numérique. En dévoilant des pratiques jusqu’ici inconnues, il a amené les médias à se pencher sur des questions jusqu’à présent trop peu traitées.

Dans les médias généralistes, de nouveaux termes, jusqu’ici réservés aux initiés, ont fait leur apparition : cryptographie, chiffrement, logiciel libre, GPG, Tor… Mais surtout, Edward Snowden a réussi à remobiliser et transformer une communauté vitale pour internet, celle des hacktivistes, ces hackers engagés et dotés d’une conscience politique auxquels est consacré le documentaire Les Gardiens du nouveau monde de Flo Laval, que Mediapart diffuse en intégralité ce mercredi 4 septembre.

Depuis les premières révélations du Guardian au mois de juin 2013, une phrase, citation du célèbre télévangéliste américain Billy Graham, revient régulièrement comme un leitmotiv dans les interventions publiques des proches d’Edward Snowden, que ce soit le journaliste Glenn Greenwald ou Sarah Harrison, l’avocate de Wikileaks l’ayant accompagné lors de sa fuite en Russie : « Le courage est contagieux. »

Les risques pris par Edward Snowden pour organiser la diffusion de ses documents avec l’aide de quelques journalistes soigneusement sélectionnés ont été un véritable électrochoc pour la communauté des hackers. Désormais, les enjeux politiques sont devenus indissociables des questions techniques. Lors des différents rassemblements, les conférences sur la démocratisation des outils informatiques, sur le rôle social des hackers, sur la protection des lanceurs d’alerte, sur le militantisme… sont devenues incontournables. Cette ouverture de la communauté des hackers sur la société était particulièrement sensible lors du rassemblement de hackers OHM qui s’est tenu au mois d’août 2013 aux Pays-Bas et auquel Mediapart avait consacré une série de reportages.

Une partie du documentaire Les Gardiens du nouveau monde a d’ailleurs été tournée lors de OHM, qui de plus se tenait en plein procès d’un autre célèbre lanceur d’alerte célèbre, Chelsea (anciennement Bradley) Manning. Une scène du documentaire illustre bien cette influence des révélations d’Edward Snowden. Jérémie Zimmermann, co-fondateur de l’association française de défense des libertés numériques La Quadrature du net, s'adresse au fondateur de Wikileaks, Julian Assange, qui intervenait via visioconférence : « Vous avez eu raison. Bradley, Edward et toi, vous nous montrez chaque jour que le courage est réellement contagieux. »

Mais, même si l’exemple d’Edward Snowden a eu un effet incontestable, l’hacktivisme ne date pas de ses révélations. Comme le rappelle le film, il trouve ses racines dans les valeurs fondatrices d’internet et s’est construit au fil des années grâce au travail de précurseurs. Tel Richard Stallman, considéré comme le fondateur du mouvement du logiciel libre et que l’on peut voir, dans le documentaire, lors d’une conférence à Paris.

C’est bien entendu plus récemment que les hackers ont commencé à s’impliquer directement, et ouvertement. Il y a eu tout d’abord, en 2008, la naissance du mouvement Anonymous créé, à l’origine, pour dénoncer les activités de l’église de scientologie. Un an plus tard, il y eut la crise politique ouverte en Iran par l’élection truquée du président Mahmoud Ahmadinejad. À cette occasion, certains hackers s’engagent auprès des manifestants, leur offrant conseils et soutien technique, une alliance qui laissait préfigurer ce que seraient les futures révolutions arabes. « Il y a une période charnière, à mon avis, à partir de 2009 et notamment à partir de la présidentielle en Iran », explique dans le film Amaël Guiton, journaliste auteure du livre Hackers : au cœur de la révolution numérique« C’est un moment où il y a eu une première jonction entre hacktivistes et cyberdissidents, défenseurs des droits de l’homme, etc., autour de la question de la censure et de la surveillance de l’internet iranien. »

« La planète a certainement besoin d’être améliorée »

Lorsque, début 2011, se font sentir les prémices du printemps arabe bon nombre de hackers ont déjà conscience de la censure et de la surveillance pratiquées par ces régimes sur internet. Un groupe informel, se faisant appelé Telecomix, a même joué un rôle non négligeable dans ces révolutions, et notamment en Syrie. 

« On a fait une carte de l’infrastructure syrienne, de son internet. Et c’est là qu’on a découvert (…) des appareils de censure et de monitoring », raconte Okhin, membre de Telecomix. « On a temporairement détourné une partie de la structure internet syrienne pour diffuser un message qui s’affichait quand la personne se connectait à internet. On a intercalé une page qui disait, en gros, "Votre activité sur internet est surveillée. Faites attention à ce que vous faites. Utilisez tel ou tel logiciel, et si vous voulez en discuter, vous pouvez nous joindre sur ce canal IRC en vous connectant de cette façon là" », raconte-t-il.


Le message laissé par Telecomix aux internautes syriens 
Le message laissé par Telecomix aux internautes syriens

« Tous les Syriens qui se connectaient à ce moment là sur internet, lorsqu’ils démarraient leur ordinateur, arrivaient non pas sur "Bienvenue sur Syriatel" (NRLR, l’opérateur national syrien) mais sur "Nous sommes Telecomix. Nous venons en paix" », poursuit Okhin. « Je crois que c’était un jeudi. Il devait être 2 heures du matin et tout d’un coup, il y a 1 200 personnes qui débarquent sur le tchat en parlant syrien, un peu paniquées, en se demandant qu’est-ce que c’est ? qui on est ? que fait-on ? »

Mais jusqu’à Edward Snowden, ces exploits informatiques restaient le plus souvent dans l’ombre. D’un part, parce que les médias ont sous-estimé l’importance des questions de surveillance sur internet, et de l’autre, parce que la communauté des hackers est longtemps restée trop fermée sur elle-même, ignorant le grand public – les « noobs » – et développant des solutions techniquement inabordables pour le non-initié.

Les révélations sur les activités de la NSA ont changé la donne. Les caméras sont maintenant braquées sur ceux que l’on caricaturait comme des geeks barbus passant leur vie derrière leur écran, et souvent soupçonnés des pires crimes. Les hackers, eux, ont compris la nécessité non seulement de mieux faire connaître leur travail, mais aussi de le partager, de le démocratiser. « Aujourd’hui, tous les hackers considèrent que leurs problèmes ne sont pas seulement techniques mais aussi politiques », expliquait ainsi Okhin à Mediapart lors d’une récente interview.

Ce militant, qui se définit comme un « crypto-terroriste », multiplie les interventions auprès de ceux qui ont le plus besoin des technologies développées par les hackers, que ce soit au sein de la Fédération internationale des droits de l’homme, au Forum social mondial de Tunis, ou lors d’une des nombreuses « cryptoparties » – ces ateliers gratuits ouverts à tous ceux souhaitant être formés à la sécurisation de leur ordinateur –, organisées un peu partout en France.

Ces dernières années, de nombreux contacts se sont ainsi noués entre la communauté des hackers et celle des défenseurs de droits de l’homme. Reste à savoir jusqu’où ira cette collaboration, si elle se limitera à la défense de la vie privée et de la liberté d’expression sur internet où si les hacktivistes prolongeront leur engagement politique. Mitch Altman, célèbre bidouilleur interrogé durant le camp OHM, donne dans le documentaire un élément de réponse. « Tout peut et devrait être hacké car tout peut être amélioré », explique-t-il. « Pas juste la technologie, mais la nourriture, l’art, l’artisanat, la musique, la photo, la vidéo, les logiciels, la science, nous-mêmes ! Et nous pouvons hacker la société et la planète ! La planète a certainement besoin d’être améliorée. »

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 


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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 14:41

 

Source : www.mediapart.fr

 

Une monarchie néolibérale

|  Par François Bonnet

 

 

 

Il ne manquait qu'elle!, est-on tenté d'écrire, dans la chronique de cette descente aux enfers que nous inflige François Hollande. Car au-delà du vaudeville bourgeois, l'écho du livre de Valérie Trierweiler avec l'actualité nous conduit à des questions politiques majeures sur la brutalité du virage néolibéral d'un pouvoir plus monarchique que jamais.

Et maintenant les secrets d'alcôve ! Rien ne nous sera donc épargné dans cette longue séquence politique aux allures de descente aux enfers, inaugurée par le conseil des ministres de rentrée, le 20 août. Séquence qui redessine de fond en comble la présidence de François Hollande et, avec elle, la troisième expérience de la gauche au pouvoir sous la Ve République. Secrets d'alcôve donc, amours du président, intimité d'un couple, vie privée et vie publique dans un mélange totalement revendiqué. Nicolas Sarkozy avait bruyamment assumé la mise en scène publique de cette équation privée: cela ne fut pas pour rien dans sa défaite de 2012 et le rejet épidermique de sa personne.

Le piège se referme à nouveau sur François Hollande, ayant endossé lui aussi pleinement ces institutions monarchiques où le roi en son palais de l'Élysée règne et vit avec sa cour et ses courtisanes. Il aurait pu d'entrée rompre avec cette détestable pratique (de Gaulle ne s'y était jamais prêté), il a fait le choix de reprendre tout entier l'héritage de son prédécesseur (lire ici un article d'Edwy Plenel)... Puisque François Hollande voulut que Valérie Trierweiler fût baptisée « Première dame » de France (c'est ainsi que le site officiel de l'Élysée la présentait et narrait ses « activités », la présidence lui ayant attribué bureau et collaborateurs), il s'exposait en conscience à ce que le dévoilement de l'homme privé et de « son misérable petit tas de secrets » envahisse le débat public et devienne un fait politique.

 

François Hollande et Valérie Trierweiler. 
François Hollande et Valérie Trierweiler. © Reuters

Mesurer les intentions réelles ou supposées de Valérie Trierweiler, sa sincérité ou ses règlements de comptes, la véracité même des faits relatés, ne sont ici d'aucun intérêt sauf à alimenter la médiocrité d'un feuilleton de téléréalité qui nous engloutit dans le ridicule glauque des déballages intimes. Considérons seulement les effets politiques de ce livre (titré Merci pour ce moment, un titre à la Marc Lévy, c'est dire...), ils sont dévastateurs. Pour trois raisons.

D'abord par ce qu'affirme l'ancienne compagne du chef de l'État. Il n'y aurait aucune raison de s'y intéresser ou d'y accorder un quelconque crédit, si ces propos ne venaient compléter et comme confirmer ce qui fut déjà dit par d'autres de François Hollande. L'indifférence de l'homme, l'insincérité voire le mensonge, la distance et les calculs d'opportunité, les double et triple fonds : c'est aussi – et il s'agit là de comportements politiques – ce qu'ont raconté et écrit des responsables politiques, ministres limogés en mars dernier lors de la chute de Jean-Marc Ayrault, collaborateurs élyséens sur le départ, ainsi qu'une autre ministre Cécile Duflot dans son récent livre De l’intérieur (lire ici notre article).

On aimerait donc se moquer et surtout ignorer les comportements privés du chef de l'État s'ils ne faisaient écho à certains de ses comportements publics dans cette autre relation, celle qu'il entretient cette fois avec l'opinion publique et tout particulièrement avec l'électorat de gauche et ses représentants. Du petit adultère bourgeois, figure classique du vaudeville bas de gamme dont on se passera volontiers, l'écho de ce livre – parce que sa parution intervient dans un moment charnière du quinquennat – nous mène bien ailleurs, sur des questions politiques majeures qui entrecroisent pratique du pouvoir, institutions, contrôle démocratique et sincérité de la parole publique.

Le candidat du « Moi président » n'aura donc rien respecté de ses principaux engagements, le premier étant « la présidence normale ». Coutumier des critiques des institutions, fin connaisseur des folies de la Ve République et de sa présidence hors sol et hors contrôle, François Hollande aura choisi de bout en bout d'en utiliser tous les atours et tous les leviers, jusqu'à hypertrophier un peu plus encore cette fonction présidentielle qui est le moteur de la profonde crise de légitimité de la représentation politique. L'« accident Trierweiler » nous rappelle qu'il conserva cette fonction de « Première dame » créée par Nicolas Sarkozy, heureusement inexistante dans toutes les autres démocraties européennes (qui est M. Merkel ?, la chancelière a toujours pris soin de tenir à l'écart de tout regard sa vie privée).

Ce ne pourrait être qu'anecdote, or cette première décision en annonçait bien d'autres qui, toutes, s'inscrivent dans une pratique jusqu'au-boutiste des institutions. Rien n'a ainsi changé en matière de nominations, pouvoir clé du président. François Hollande a flatté les proches (Jack Lang à l'Institut du monde arabe), son seul bon vouloir écrasant à l'occasion l'avis de sa majorité parlementaire (quand Jacques Toubon est nommé Défenseur des droits). Et rien n'a changé dans l'utilisation de toutes les ressources constitutionnelles organisant la concentration des pouvoirs.

François Hollande aura décidé seul, et sans consultation, débat ni vote parlementaire, du déclenchement de deux guerres (Mali et Centrafrique). C'est seul également qu'il voulait en déclencher une troisième (bombardements sur la Syrie). C'est seul encore qu'il choisit de renoncer à renégocier le traité européen, sa majorité parlementaire devant s'incliner quelques semaines plus tard le pistolet sur la tempe. C'est seul enfin – et sans plus de consultations gouvernementale ou parlementaire – qu'il décida d'entamer le grand virage de son quinquennat en annonçant en janvier le lancement du désormais fameux « pacte de responsabilité ».

Classiquement néolibéral

Un président monarque donc. Rien de bien nouveau, dira-t-on. C'est au contraire d'une stupéfiante nouveauté si on veut se souvenir que Hollande fut élu comme le président de la gauche (et même des gauches puisqu'elles appelèrent à voter pour lui). Cette gauche qui dans son inventaire, certes incomplet, des années Mitterrand mit au débit de ce bilan la pratique déjà monarchique de l'auteur du Coup d'État permanent. Cette gauche qui est depuis des années traversée par un débat critique sur la dangerosité des institutions de la Ve République et la nécessité d'évoluer ou de galoper vers une VIe République. Avec un seul objectif : en finir avec cette représentation hypertrophiée du chef qui, au passage, vient légitimer toutes les visions autoritaires et antidémocratiques du Front national.

À la surprise du président monarque, dont le livre de Valérie Trierweiler prétend décrire quelques symptômes, s'articule la sidération qui a saisi une large partie de l'opinion publique (et pas seulement le PS) face à l'ampleur et à la brutalité du virage politique affiché depuis trois semaines. Il n'y a qu'en France qu'un tel virage peut être pris sans que le chef d'État, à l'abri dans son donjon élyséen, n'ait à engager à la fois un processus de médiation (consultations, débats, explications) et de relégitimation (via les électeurs, le parti majoritaire ou le Parlement). Ce fut le cas pour Tony Blair et sa troisième voie, pour Gerhard Schröder et son agenda 2010. Même au pouvoir, les deux hommes durent non pas rendre compte a posteriori mais convaincre et gagner des majorités d'idées a priori.

Le président monarque a ainsi décidé de se libérer de toute entrave. Sont passés par-dessus bord en cette rentrée 2014 ses engagements de campagne, son programme initial, la parti qui l'a mandaté, sa majorité parlementaire et l'essentiel des électeurs qui l'avaient choisi. Les ressources institutionnelles permettront de mater les parlementaires (Valls obtiendra sans coup férir la confiance sur sa déclaration de politique générale qui aura lieu dès le 16 septembre), comme le Parti socialiste (« J'ai besoin d'avoir un parti qui soit à l'unisson de ce que je propose », a affirmé Hollande). Quant aux électeurs, ils ne seront appelés à trancher qu'en 2017, avec la menace d'un Front national aux portes du pouvoir...

« Je suis et demeure social-démocrate », a réaffirmé contre toute évidence François Hollande. Les médias s'interrogent : social-libéral, vraiment ? Vraiment pas et les derniers jours auront au moins permis de clarifier la nature du nouveau cours politique engagé. « Valls est un libéral conservateur », note Philippe Marlière (son billet de blog est ici), qui a participé au lancement des « socialistes affligés » (lire ici l'article de Stéphane Alliès). Ce pouvoir n'a en rien rompu avec « le national libéralisme », explique dans un entretien à Mediapart le chercheur Jean-François Bayart (entretien à lire ici).

 

François Hollande et Emmanuel Macron à l'Elysée 
François Hollande et Emmanuel Macron à l'Elysée © Reuters

Plus abruptement, cette politique vient de s'afficher comme simplement néolibérale. Et le nouveau pouvoir vient de le claironner haut et fort en mettant à bas quelques piliers de ce qu'est traditionnellement un programme de la gauche classique de gouvernement.

– D'abord les 35 heures et le processus de réduction du temps de travail, dorénavant décrié par Emmanuel Macron, ce brillant banquier d'affaires sans légitimité politique autre que d'avoir été choisi par le président monarque pour occuper le poste de ministre de l'économie. Tous ces vieux dogmes fatiguent le nouveau ministre : « Il faut revenir sur des certitudes passées, qui sont, à mes yeux, des étoiles mortes », avait-il expliqué à Mediapart il y a quelques mois (lire ici l'article de Lenaïg Bredoux).

– Ensuite, une déréglementation plus large du monde du travail sous prétexte de s'attaquer aux rentes (réelles) de quelques professions protégées.

– Ensuite, le travail du dimanche et l'urgence décrétée à le libéraliser : ce sont ainsi des années de luttes syndicales et de déclarations comme d'engagements du PS qui sont effacés.

– Ensuite, les seuils sociaux et l'organisation de la représentation des salariés dans l'entreprise : là encore, la dérégulation envisagée est un épouvantail pour les syndicats et pour la gauche.

– Ensuite, l'abandon de l'encadrement des loyers annoncé haut et fort par Manuel Valls. Outre la gifle assenée à Cécile Duflot et sa loi – votée à l'unanimité de la gauche –, c'est l'abandon d'une demande constante des socialistes (l'adoption de la loi Mermaz visant à maîtriser l'évolution des loyers fut l'une des plus grandes batailles parlementaires de la fin des années 1980).

– Ensuite, l'annonce d'un contrôle des chômeurs et la réhabilitation indirecte du thème chéri de la droite – « la chasse aux fraudeurs et aux assistés » (lire ici l'article de Laurent Mauduit).

« Il faut revisiter un des réflexes de la gauche, selon lequel l’entreprise est le lieu de la lutte des classes et d’un désalignement profond d’intérêts », nous déclarait encore Emmanuel Macron. « J'aime l'entreprise », clame Manuel Valls devant un parterre de patrons du Medef, n'évoquant pas même les salariés qui la font vivre. Ce sont là deux exemples types des cantiques du néolibéralisme, d'ordinaire entonnés par la droite classique. Et d'autres suivront, n'en doutons pas, tant Manuel Valls est impatient de tourner la page de ce qu'il appelait, durant la primaire socialiste de 2011, « le socialisme du XIXe et du XXe siècle ».

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 22:00

 

Source : zad.nadir.org

 

 

Infos du 1 au 7 septembre

lundi 1er septembre 2014, par zadist

 


Tant que la situation est calme, on continue les infos régulières sur un rythme plus détendu d’un article par semaine, mis à jour tous les 2-3 jours. Si quelque chose s’accélère, on donnera de nouveau les nouvelles en temps réel. écoutez les nouvelles transmises par radio klaxon en streaming.

Si vous voyez des mouvements de police anormaux autour de la zone, contactez-nous ! sur le numéro d’urgence au 06.43.92.07.01.


ZAD AntiRep NDDL
Actuellement deux personnes sont en prison suite à la manif’ du 22 février :
Engué purge une peine de 1 an, puis Simon de 4 mois.
Pour plus de précisions, lire l’article Comment soutenir les camarades incarcérés. Deux autres sont en prison pour outrage et rébellion suite à l’expulsion du squat de la moutonnerie à Nantes.
Pour écrire aux copains qui ont pris deux et trois mois (ferme) de taule pour "outrage & rébellion", suite à l’expulsion de la Moutonnerie et aux expulsions en séries qui se déroulent à Nantes depuis plusieurs mois :
Franck missoum n° d’ecrou 60 245
Hamza khlaifi n° d’ecrou 60 244


Appel à matos et connaissances

- Appel à dons de palettes et pneus usagés pour chantiers construction. à déposer à la Sècherie
- Appel à matos pour plusieurs chantiers à la Ouardine et San-Antonio


Jeudi 4

ZAD du Testet

- cet après-midi, l’agence de l’eau de Nantes a été occupée une petite heure par près d’une centaine de personne contre le projet de barrage de Sivens qui est notamment soutenu par l’agence de l’eau local. On a appelé l’agence de l’eau du Tarn pour leur lire notre communiqué et envoyé quelques fax. Un récit avec des photos bientôt, en attendant y’a les commentaires sur indymedia.

- Sur place : « encore une journée de martyr pour la rive gauche du Tescou, la zone humide du Testet et la Pinède où se sont activés huit engins de chantier, un scénario qui se répète depuis 3 jours. On manque de grimpeurs pour sauver les arbres ! Pas d’interpellation aujourd’hui. Demain, on attend un jugement sur l’expulsabilité des parcelles du Conseil Général actuellement occupées. Une expulsion dans la foulée d’un jugement qui nous serait défavorable n’est pas à exclure..Lundi dernier, on sentait les gardes mobiles prêts à tenter le coup jusqu’à 11h pétantes, heure à laquelle on a appris que la décision de justice était reportée à ce vendredi. »

Sur la ZAD

- Appel à matos pour plusieurs chantiers à la Ouardine et San-Antonio

Mercredi 3 septembre

Testet

- Rassemblement de solidarité avec les opposant-e-s au barrage de Sivens et les occupant-e-s de la ZAD du Testet le Jeudi 4 septembre à 13h à l’arrêt de tram Chantier Naval à Nantes à l’appel de l’AG du mouvement d’opposition à l’aéroport de NDDL du 2 septembre. Faites tourner !

- Voici un bilan de la journée d’hier : http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/2014/09/02/mardi-2-septembre-bilan-de-la-journee/

- Et un retour sur ces 2 premières journées de travaux du barrage : http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/2014/09/02/lundi-1-mardi-2-septembre-2014-sivens-gazee-et-mutilee/

Contre l’aéroport...

- Un article de Terra Eco sur le coût d’un éventuel abondon de l’aéroport (pour l’Etat et les collectivités locales) : http://www.terraeco.net/Combien-couterait-un-abandon-de,56227.html

...et son monde

- Un blog d’une orga communiste nous apprend que l’assasin présumé de Clément Méric vient de sortir de détention préventive : http://futur-rouge.overblog.com/2014/09/le-meurtrier-de-clement-meric-libere-par-la-justice-bourgeoise.html

Mardi 2 septembre

Rassemblement à Nantes jeudi 4 septembre à 13h
rdv à l’arrêt de tram Chantier Naval
Solidarité avec la ZAD du Testet

- [Texte Analyse] La lutte contre l’environnement et les chômeurs, priorité numéro un du gouvernement

[Urgent ZAD Testet]

- Communiqué : les aménageurs s’enferment dans la confrontation. La lutte continue et se renforce.

- Ce matin : C’est reparti pour une nouvelle journée d’affrontements dans les bois. Il ya toujours une forte présence policière sur le site qui n’hésite pas à déloger nos compagnons pacisfistes à coup de tirs de flash ball.

- Quelque vidéos de les violences policiers et la destruction par le capitalisme les dernières jours sur youtube : https://www.youtube.com/watch?v=KTGq481I7wQ&list=UU0_BULJetCM_iEN0lw0ykHw

 

 

Lundi 1 Septembre

[Urgent ZAD Testet]
- 13 H 30 : 5 arrestations supposées, 2 confirmées. http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/2014/09/01/lundi-1er-septembre-bilan-de-la-journee/
- Se matin les camarades sur place au ZAD du testet dans le tarn, ce sont fait violemment attaquer par les troupe de l’ordre. Ils appel a venir soutenir la défence contre le déforestage prévu aujourd’hui.
- Pour ceux qui ne peuvent pas etre sur place, plusieures autres methode de participer sont publié ici : http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/2014/08/31/lundi-1er-septembre-semaine-decisive/
- Appel a ressemblement devant le CG a Albi : http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/2014/09/01/lundi-1-septembre-rendez-vous-devant-le-conseil-general/

 

 

 

Source : zad.nadir.org

 

 

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 15:10

 

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Fukushima : soyons rassuré-e-s, nos institutions veillent !

Alors que la situation à la centrale nucléaire est loin d’être sous contrôle, l’exemple de Fukushima illustre malheureusement à merveille le rôle des institutions internationales dans la gestion des activités et accidents nucléaires.

Vingt cinq ans après l'accident nucléaire industriel de Tchernobyl (26/04/1986), soixante-six ans après les bombardements nucléaires des villes de Hiroshima (06/08/1945) puis Nagasaki (09/08/1945), le 11 mars 2011, la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi devait faire face à ce qui se révélera vraisemblablement comme le plus grave accident nucléaire de notre histoire : un tremblement de terre de magnitude 9 sur l'échelle de Richter puis le tsunami qui s'en est ensuivi ont endommagé directement les installations de la centrale à un point tel que les coeurs de trois réacteurs ont fondu, plusieurs explosions ont eu lieu, ajoutant ainsi aux considérables  dégâts physiques immédiats du tremblement de terre et du tsunami (18 000 morts et disparus) le fléau de l'exposition à des retombées radioactives.

Dans un accident industriel "classique", l'on connaît assez rapidement les conséquences matérielles et humaines et l'on peut, quand on en a les moyens et la volonté politique, prendre les mesures adéquates pour trouver et honorer les morts, soigner les blessés, réparer les dégâts et indemniser les victimes.

La situation est tout autre dans le cas d'un accident nucléaire : si la radioactivité peut faire des dégâts immédiats, son pouvoir de nuisance réside surtout dans ses effets à plus long terme. Or, quel que soit le pays, et compte tenu du rôle prédominant des institutions internationales dans les questions nucléaires du fait des liens et accords internationaux existants, les intérêts industriels et politiques prennent la main pour encadrer la gestion de la situation et de la "communication".

Après Hiroshima, Nagasaki, Tchernobyl et Fukushima, comme lors de multiples accidents et incidents ayant échappé au pire, ainsi que lors des multiples essais et interventions militaires impliquant des armes atomiques, les conséquences ont été quasi systématiquement minimisées, voire occultées.

Ce fut le cas pour Tchernobyl, c'est aujourd'hui le cas pour Fukushima.

Au fil des décennies, et encore aujourd'hui, les résultats de recherches sérieuses, quand elles existent, sont retenus ou non dans les analyses officielles selon qu'ilss servent ou non les intérêts défendus par le lobby industrialo-institutionnel pronucléaire, par ailleurs soucieux de maintenir la paix sociale et de préserver les intérêts économiques des investisseurs. Des scientifiques indépendants de ces institutions - quelque brillants qu'ils soient - se trouvent écartés, discrédités, stigmatisés, au lieu d'être considérés et intégrés dans les instances de réflexion pour la gestion de crise, la planification industrielle et sanitaire mais aussi la réglementation.

Pire, des stratégies de communication spécifiques sont mises en oeuvre par des institutions pourtant sensées oeuvrer pour le bien commun. 

C'est le cas actuellement avec  le programme récemment mis en place au Japon sous l'égide des Nations Unies, le Fukushima Global Communication Programme ou FGC (Progamme de Communication global de Fukushima). Présenté comme une initiative majeure de l'UNU-IAS (United Nations University Institute for the Advanced Study of Sustainability, ou Institut pour l'étude avancée de la soutenabilité de l'Université des Nations Unies), avec le soutien financier du gouvernement japonais, il se donne trois objectifs principaux:

- rassembler et synthétiser les informations, conduire des recherches, en particulier pour le bilan de ce qui s'est passé et les enseignements à en tirer pour l'avenir; on considère que, s'il y a eu une période de flou pour l'industrie nucléaire, de nombreux pays continuent d'exploiter des réacteurs nucléaires et à en construire. Il faut donc comprendre pour prévenir. A aucun moment, semble-t-il, l'on envisage que la gravité du désastre de Fukushima, après tant d'autres accidents et incidents, pourrait induire de reconsidérer le choix du nucléaire.

- créer des réseaux et favoriser les collaborations entre les experts japonais et internationaux. ceci inclut des collaborations avec des conseillers spéciaux, d'autres instituts onusiens ainsi que des institutions de recherche de pointe au niveau international. Des conférences d'experts éminents seront organisées, ainsi que des conférences annuelles rassemblant des acteurs académiques clés et des praticiens, pour partager leurs connaissances et expériences.

- communiquer les informations et partager les résultats de recherche au niveau international; à cette fin, le FGC travaillera en étroite collaboration avec l'Office de communication de l'UNU dont la mission inclut la production de documentaires, le développement de sites et portails internet, la traduction de connaissances et la réalisation de ressources pédagogiques, le recours aux réseaux sociaux, la médiation scientifique, le site internet de l'UNU et le webzine de l'UNU. Le projet est supposé utiliser pleinement des réseaux sociaux comme Facebook, Youtube et Twitter. Les résultats de recherche seront présentés en différents formats pour des publics différents.  Basé sur la position, l'expérience et les ressources de l'UNU-IAS, il sera conçu comme une plateforme de communication d'excellence  entre le Japon et le reste du monde pour partager l'expérience de Fukushima et prévenir tout nouvel accident de cet ordre.

Un chercheur-enseignant en science politique à l'Université de Waseda attaché à l'UNU, Christopher Hobson, explique très bien l'esprit de cet institut dans un article publié dans le Japan Times du 07/02/2014, "Lessons for fixing Fukushima".

Christopher Hobson affirme que

"les mesures pour réduire la radioactivité à des niveaux scientifiquement acceptables n'auront que peu d'efficacité si les gens ne croient pas qu'ils peuvent vivre en sécurité; les gens ont besoin de pouvoir faire confiance à ce qu'on leur dit".

Il poursuit :

"Reconstruire cette confiance est une tâche bien plus difficile que de reconstruire des infrastructures, pour laquelle il n'y a pas de solution toute prête. C'est aussi quelque chose que l'on ne peut pas sous-traiter. Cela prend du temps, il faut des efforts et de l'engagement, cela exige de la transparence de la part du gouvernement, son autorité de régulation et de Tepco. Par exemple, l'annonce assez rude qu'a faite le Premier Ministre Shinzo Abe au monde entier, lors de sa campagne pour les Jeux Olympiques, selon laquelle l'accident nucléaire serait "sous contrôle" est précisément l'opposé d'une approche mesurée et honnête, nécessaire pour contribuer à restaurer la confiance."

Selon Christopher Hobson,

"les défis auxquels le Japon est confronté sont certainement particuliers du fait de la combinaison sans précédent entre désastres naturel et technologique, mais il y a beaucoup d'expériences dont le Japon peut encore apprendre".

Il apparaît d'après lui que

"la leçon la plus fondamentale que l'on a tiré des précédents accidents nucléaires à Tchernobyl et Three Mile Island est que les conséquences les plus importantes sont sociales et psychologiques. Sachant cela, il faut faire des efforts bien plus importants pour faire face aux retombées mentales et sociales de Fukushima."

Il poursuit :

"Du fait que les sommes d'argent et les efforts considérables consacrés à la décontamination n'ont pas suffi à convaincre les anciens habitants qu'il pourraient revenir en toute sécurité, il serait approprié de commencer à investir bien davantage dans des infrastructures sociales et la construction de réseaux de soutien aux personnes touchées."

Il s'appuie ensuite sur l'exemple de l'Allemagne et le processus démocratique exemplaire qui a conduit à la décision d'arrêter le nucléaire pour mieux en conclure que cette décision pourrait ne pas être la meilleure pour le Japon, en affirmant que le débat est actuellement polarisé sur les camps anti- et pro-nucléaires. Il estime nécessaire d'organiser un véritable dialogue entre ces positions radicalement opposées pour prendre en compte les spécificités historiques, géographiques, économiques et culturelles du Japon ainsi que les exigences du changement climatique.

Il exprime enfin ce qui est et sera probablement la ligne directrice du FGC :

"Trois ans plus tard, la plupart des défis majeurs auxquels le Japon est  encore confronté ne sont pas l'évacuation des déchets ou la reconstruction des infrastructures mais ils sont d'ordre social, pour restaurer la confiance et le sentiment de sécurité et de bien-être des populations affectées."

Mais peut-on objectivement  être rassuré-e si l'on s'informe un peu ?

Il apparaît en effet évident que, après que l'ampleur du désastre ait été minimisée et des informations que Tepco et le gouvernement détenaient aient été occultées, la situation est loin d'être sous contrôle.

Plus de trois ans après la catastrophe initiale, Tepco ne parvient pas à contrôler la circulation et la contamination d'importants volumes d'eaux souterraines qui viennent se polluer  autour des réacteurs. L'entreprise vient d'annoncer la révision à venir de son projet de mur de glace prévu pour stopper le flux souterrain des eaux contaminées.

Les essais de systèmes de décontamination de l'eau puisée dans le sol avant qu’elle n’atteigne les réacteurs n'ont pas fait leurs preuves pour parvenir à décontaminer l'eau et ne rejeter dans l'océan que de l'eau dont l'essentiel de la radioactivité aurait été retiré ; les coopératives de pêcheurs, dont on espère une coopération compréhensive,  attendent des précisions de Tepco avant de donner leur aval, après le dernier essai en date, au rejet des eaux dans l'Océan Pacifique, par crainte de la réaction des consommateurs.  Mais,quoi qu'il en soit, le dispositif de pompage - en amont des bâtiments - et dérivation vers l’océan ne diminue pas le volume des eaux souterraines qui affluent dans le sous-sol des bâtiments de la centrale (400 tonnes supplémentaires par jour) et se mélangent avec  les eaux fortement contaminées. Au cours des trois derniers mois, ce sont 25,000 tonnes d’eau contaminée au tritium (estimation à 700 millions de becquerels) après filtrage qui auraient été déversées dans l’Océan Pacifique.

Par ailleurs, aucune information n'est communiquée sur la localisation des coriums (combustibles fondus de 3 réacteurs), extrêmement radioactifs, qui font peser un risque d'explosion et de contamination gigantesque, d'autant plus dangereux que le réacteur n°3 fonctionnait partiellement au MOX (assemblage de plutonium et d'uranium appauvri).

Les conséquences sanitaires, génétiques et sociales du désastre de Fukushima sont encore largement inconnues puisque les effets pernicieux des radionucléides se développent au fil du temps et la durée de nuisance pour la vie de certains isotopes atteint des centaines de milliers d’années.

Cependant, des études médicales, biologiques et sociales attestent d'effets déjà patents. Les autorités de la préfecture de Fukushima viennent par ailleurs de constater des cas de cancers de la thyroïde avérés ou suspectés chez 104 enfants. Un mal souvent dû à l'exposition à des rayonnements ionisants, un chiffre bien plus élevé que l'occurrence habituelle.

Soyons rassuré-e-s, nos institutions veillent … à organiser la propagande !

 

Informations en lien avec cet article

A propos du mur congelé de Fukushima, Hori Yasuo, 04/06/2014

Témoignage d’un cerveau irradié, Permaria, 13/07/2014

Le corium de Fukushima, 12/08/2011 et Corium : le point, 19/11/2011

« Corium : c’est le mot tabou de Tepco. Pourquoi l’entreprise responsable de la plus grande catastrophe nucléaire au monde n’en parle jamais ? Tout simplement parce que c’est la matière la plus dangereuse jamais créée par l’homme, une sorte de magma incontrôlable et ingérable, aux conséquences incommensurables. »

 Fukushima : « Notre vie, désormais, c’est de creuser notre tombe », Cécile Asanuma-Brice et Thierry Ribault, 22/05/2013

"The 2nd Fukushima Collective Evacuation Trial",Conférence de presse avec Toshio Yanagihara,  avocat pour le groupe du procès collectif sur l’évacuation de Fukushima et Katsumi Hasegawa, membre du groupe de plaignants.

Le maire de Futaba et l’avocat de « Fukushima Collective evacuation trial » ont demandé l’aide du conseil des droits de l’homme des Nations Unies, 28/07/2013

 

Publication initiale de l'article sur netoyens.info

 

 

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/veronique-gallais

 

 

 

 

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 14:41

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Vies alternatives (3/6) : Tisser des liens pour agir

|  Par Sophie Dufau

 

Vidéo dans l'article

 

Comment trouver d'autres formes de vie commune afin de résister à l'accélération financière et technologique qui nous conduira à la catastrophe écologique et sociale ? Pour Mediapart, Philippe Borrel, réalisateur de L'Urgence de ralentir (Arte, ce 2 septembre à 22h40), a sélectionné dans ses rushes une quinzaine d'exemples. Aujourd'hui, diffuser les savoirs via forums et festivals.

Résister à l'accélération financière et technologique qui nous mène vers des catastrophes écologiques et sociales ; trouver d'autres façons de vivre ensemble pour façonner un autre monde : c'est ce qu'interroge le documentaire L'Urgence de ralentir (de Philippe Borrel sur une idée de Noël Mamère) diffusé ce mardi 2 septembre sur Arte, à 22h40.

Un film qui, à partir des critiques et réflexions de philosophes, sociologues et économistes tels Edgar Morin, Pierre Dardot, Douglas Rushkoff, Geneviève Azam, Rob Hopkins, Jeremy Rifkin, Alberto Acosta, Bunker Roy, Tim Jackson, etc., sillonne la planète à la recherche de « ces nouveaux rebelles contemporains vivant à contretemps du modèle dominant, ces précurseurs qui redécouvrent un rapport attentif, patient et fertile au temps », explique le réalisateur.

Pour Mediapart, Philippe Borrel a sélectionné plus d'une quinzaine de séquences, non montrées dans le film, qui donnent chair au propos du documentaire. Alternatives radicales ou plus modestes, embryons d'organisation ou système quasi fermé, nous les diffuserons tout au long de la semaine, accompagnées à chaque fois de l'entretien vidéo avec un des intellectuels rencontrés pour le film.

  • 3e volet : Tisser des liens pour agir

À Cluny, en Bourgogne, douze associations, ONG, entreprises sociales, solidaires et des banques coopératives ont lancé en 2013 le collectif citoyen pour la Transition. (2min37)


'*Vidéo visible sur Mediapart)


  • Le 27 septembre 2014, ce collectif organise une journée de la transition citoyenne partout en France. Tous les renseignements ici.


Au forum social mondial de Tunis, en mars 2013, l'assemblée plénière du groupe « Climate Justice » était consacrée aux enjeux – à court terme – de l’urgence climatique. (4min04)

 

'*Vidéo visible sur Mediapart)


Entretien avec Hélène Tordjman, économiste : « Les marchés n'aiment pas la diversité. » (7min21)

 

'*Vidéo visible sur Mediapart)


Séquences inédites du film L'Urgence de ralentir écrit, filmé et réalisé par Philippe Borrel d'après une idée originale de Noël Mamère.
Montage Marion Chataing et Morgan Le Pivert. Musique originale Piers Faccini. Assistantes réalisateur Ophélie Thomassin et Carmela Uranga. Archive film Notre Dame des luttes réalisé par Jean-François Castell. Directrice de production Marlène Vanthuyne. Assistants de production Gaëlle Cottais et Timothé Fessy.
Une coproduction Cinétévé / Arte France. Pour Cinétévé, producteur délégué Fabienne Servan Schreiber. Producteur exécutif Estelle Mauriac. Pour ARTE France, unité société et culture Martine Saada. Chargée de programmes Alex Szalat.
© Cinétévé - Arte France - Mediapart 2014

 

Voici le sommaire de cette série : 31 août, Objecteurs de croissance. 1er septembre, Génération déconnectée. 2 septembre, Tisser des liens pour agir. 3 septembre, Le temps du partage. 4 septembre, Redonner du sens. 5 septembre, Mobilisations militantes.

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 


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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 14:09

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

Que la chasse aux chômeurs commence !

|  Par Laurent Mauduit

 

 

Le ministre du travail a annoncé qu'il avait donné des instructions à Pôle emploi pour que les contrôles sur les chômeurs soient renforcés et que des radiations soient le cas échéant, prononcées. Depuis vingt ans, les dirigeants socialistes ont toujours condamné ce type de stigmatisation populiste des plus fragiles. Aujourd'hui, ils miment là encore Nicolas Sarkozy.

 

Dans la descente aux enfers que le gouvernement socialiste impose au pays, il ne manquait plus que cela ! Tout au long des mois derniers, on a eu droit à une ribambelle de cadeaux aux patrons, à un plan d’austérité périodiquement durci, au refus de tout coup de pouce en faveur du Smic, à la prolongation du gel des rémunérations publiques. On a eu droit aussi, ces derniers jours, à l’annonce de nouvelles mesures de déréglementation du travail portant sur les seuils sociaux des entreprises ou peut-être même sur le travail du dimanche, sans parler de la remise en cause de l’encadrement des loyers prévu par la loi Duflot. Oui, on a eu droit à tout… sauf à l’ouverture de la chasse aux vrais-faux chômeurs, qui a longtemps été l’un des sports favoris de la droite, notamment sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Mais le ministre du travail, François Rebsamen, a sans doute jugé que c’était un tort. À l’occasion d’un entretien sur la chaîne de télévision iTélé, ce mardi 2 septembre dans la matinée, il a donc comblé cette omission et décrété à son tour l’ouverture de la chasse aux chômeurs.

 

 

Au cours de cet entretien, le ministre du travail a d’abord admis que le gouvernement avait perdu son pari d’inversion de la courbe du chômage : « On se bat, mais cela n'a pas régressé, c'est un échec », a-t-il reconnu. Au lieu de reconnaître que la politique du gouvernement était inadéquate pour endiguer la vague montante du chômage, suscitant des effets d’aubaine massifs au profit des entreprises et de leurs actionnaires, mais sans avoir d’effets favorables pour l’emploi ou l’investissement, il a suggéré que les chômeurs étaient eux-mêmes responsables de cette impasse. « Nous ne baissons pas les bras », a-t-il ainsi lâché, avant de suggérer que si certains étaient au chômage, c’était peut-être partiellement de leur faute. « En France, 350 000 emplois ne trouvent pas preneurs », s’est-il ainsi inquiété.

Et, embrayant sur ce constat discutable, le ministre a donc annoncé qu’il entendait faire la chasse aux chômeurs qui traînaient un peu des pieds pour reprendre un travail. « Je demande à Pôle emploi de renforcer les contrôles pour être sûr que les gens cherchent bien un emploi », a-t-il déclaré. Et si ce n'est pas le cas, a-t-il poursuivi, « il faut qu'il y ait, à un moment, une sanction. (…) C'est négatif, pour ceux qui recherchent des emplois, d'être à côté de personnes qui ne cherchent pas d'emploi ». Cette mission de contrôle nécessite un « état d'esprit différent, des convocations et des vérifications. (…) Sinon, on est radié », a conclu François Rebsamen.

Et pour bien souligner que ce propos ne lui avait pas été extorqué ou qu’il n’avait pas commis une maladresse, le ministre du travail a, quelques instants plus tard, commis ce tweet, qui confirme l’intention du gouvernement de durcir les contrôles et éventuellement les sanctions contre les chômeurs.

 

Dans la foulée, le nouveau ministre de l’économie, Emmanuel Macron, a enfoncé le clou. En déplacement en province, il a justifié, quelques heures plus tard, ses déclarations contre les 35 heures et a apporté son appui à François Rebsamen, estimant « normales » les pratiques de contrôle annoncées par le ministre du travail. Avant d’ajouter : « C’est ce que veulent tous les Français. »

 


Quand Martine Aubry était « profondément choquée »

Ce genre de propos à l’emporte-pièce, teinté de populisme, suggérant qu’une partie des chômeurs sont en réalité des feignants – propos dont le Front national fait son miel – sont, certes, fréquents dans le débat public français. Mais jusqu’à présent, c’est effectivement la droite, le plus souvent, qui en avait le monopole. Et la gauche avait presque à chaque fois, socialistes en tête, vivement condamné ces projets, s’indignant que l’on puisse stigmatiser les populations les plus fragiles et faisant valoir que ces dérapages visaient à chercher des boucs émissaires pour cacher l’échec des politiques de lutte contre le chômage.

Pour comprendre en quoi les propos de François Rebsamen sont inquiétants et choquants, il suffit donc d’aller puiser dans le passé les déclarations indignées proférées par les… dirigeants socialistes eux-mêmes !

Tout au long des années 1990, des polémiques ont ainsi périodiquement éclaté sur le sujet. À peine devenu premier ministre, Alain Juppé avait ainsi demandé, en septembre 1995, à trois députés, Charles de Courson (UDF-FD, Marne), Gérard Léonard (RPR, Meurthe-et-Moselle) et Francis Delattre (UDF-PR, Val-d'Oise) de conduire une mission pour essayer de mesurer l’ampleur des fraudes sociales ou des pratiques abusives. Et l’installation de cette mission avait donné le coup d’envoi à de violentes polémiques parce qu’Alain Juppé avait cité « la fraude au RMI (revenu minimum d'insertion), l'immigration illégale, le travail clandestin et les faux chômeurs », au nombre de ces abus et gaspillages. Comme Le Monde l’avait rappelé quelque temps plus tard, le 10 mai 1996, la socialiste Martine Aubry, ex-ministre du travail, s'était déclarée « outrée » et « profondément choquée » par cette démarche tendant, selon elle, à « montrer du doigt les plus fragiles ».

Plus près de nous, à la fin de 2005, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin avait pris un décret visant à renforcer le contrôle des demandeurs d’emploi, en permettant notamment que les agents des administrations du chômage puissent croiser leurs données avec celles de l’administration fiscale. Nouveau tollé ! Et cette fois, le parti socialiste avait été aux avant-postes pour dénoncer le dispositif, en publiant un communiqué, signé d’Alain Vidalies, qui est toujours en ligne sur le site internet du PS.

Sous le titre (qui pourrait servir de nouveau aujourd’hui) « Pour le gouvernement, la lutte contre le chômage est une lutte contre les chômeurs », on pouvait ainsi lire cette véhémente protestation : « En adoptant un nouveau décret visant à renforcer le contrôle des demandeurs d’emploi, le gouvernement confirme que pour lui, la lutte contre le chômage est d’abord une lutte contre les chômeurs. Le code du travail, dans sa rédaction actuelle, permet déjà aux agents de contrôle de se faire communiquer “tous documents et informations nécessaires à l’accomplissement de leur mission”. Autoriser ces autorités à croiser les informations qu’elles détiennent avec les documents de l’administration fiscale revient à encourager un véritable harcèlement des demandeurs d’emploi, qui aura pour seul effet d’hypothéquer le contrat de confiance nécessaire à leur réinsertion. »

Et le communiqué poursuivait par ces constats, qui prennent avec le recul une forte résonance. « Plutôt que de chercher à rogner par tous les moyens les droits des demandeurs d’emploi, le gouvernement serait bien inspiré de favoriser leur retour à l’emploi et de s’attaquer aux causes du chômage. Alors que la France ne crée toujours aucun emploi, et que le chômage baisse depuis sept mois par le seul effet des radiations administratives et des départs massifs à la retraite, cette nouvelle décision, prise en catimini en pleines vacances de Noël, sans la moindre concertation avec les organisations syndicales et les associations de chômeurs, traduit l’incapacité du gouvernement à redonner confiance aux Français. »

Encore plus près de nous, quelques mois après son accession à l’Élysée, en 2007, Nicolas Sarkozy avait donné instruction au gouvernement de François Fillon de préparer à son tour de nouvelles mesures de sanction contre les vrais-faux chômeurs (lire Sanctionner les chômeurs : ce qui se fait en Europe et Dès la rentrée, les chômeurs devront accepter les « offres raisonnables »). Le 8 avril 2008, en déplacement à Cahors, Nicolas Sarkozy avait donc annoncé un texte de loi « qui permettra de tirer les conclusions du refus par un chômeur de deux emplois raisonnables ». Et dans les jours qui avaient suivi, le secrétaire d'État à l'emploi, Laurent Wauquiez, avait précisé ce qu’il fallait entendre par cette notion très floue d’emplois « raisonnables ». Il s'agit, avait-il dit, d'une offre, « dans le prolongement de ce que vous avez fait avant, de votre formation, dans un bassin géographique qui vous permet de vous déplacer pour aller sur votre job, et avec un niveau de salaire et de rémunération qui est à peu près dans la fourchette ».

Aussitôt, la gauche avait bien compris les dangers que ce projet faisait peser sur les chômeurs, et les risques d’arbitraire que cela pouvait générer. Cela a donc déclenché un nouveau séisme, et le parti socialiste a été le premier à exprimer son indignation, dans un autre communiqué en date du 15 avril 2008 que l’on peut également retrouver dans les archives du site internet et qui porte la signature, non pas d’un seul secrétaire national, mais du bureau national du PS.

Quand Hollande reprochait à Sarkozy de stigmatiser les plus fragiles

Ce communiqué, il faut le relire ligne à ligne, car en vérité, il pourrait lui aussi servir aujourd’hui. « Le projet de renforcement des sanctions contre les chômeurs qui ne retrouvent pas d’emploi, élaboré sans la moindre concertation avec les organisations syndicales, est le dernier avatar de la politique de rigueur systématisée par la droite. La première conséquence d’une telle régression sera une nouvelle vague d’exclusion de demandeurs d’emploi de l’indemnisation chômage, c’est-à-dire une énième altération du pouvoir d’achat de nos concitoyens les plus durement frappés par la précarité. Il est manifeste que cette majorité est prête à tout pour parvenir à afficher une baisse statistique des chiffres du chômage : après la multiplication des radiations administratives, l’encouragement au travail précaire et aux contrats à temps très partiel, notamment dans le secteur des services à domicile, voici venue l’obligation pour les chômeurs d’accepter des emplois au rabais, même loin de chez eux, sous peine d’exclusion de l’indemnisation chômage. »

Et le communiqué ajoutait : « La politique qui consiste à faire des demandeurs d’emploi les responsables de leur sort a déjà fait maintes fois la preuve de sa nocivité et de son inefficacité. La France est aujourd’hui confrontée à une explosion de la précarité, qui frappe durement les chômeurs mais aussi nombre de travailleurs. Seule une lutte renforcée contre le travail précaire et une meilleure prise en charge des demandeurs d’emploi, en termes d’indemnisation comme de suivi et de réinsertion professionnelle, seraient de nature à répondre à cette urgence sociale. Le gouvernement vient à nouveau de confirmer qu’il fait le choix opposé. »

Mot pour mot, toutes ces critiques se retournent donc aujourd’hui contre ceux qui les professaient hier et qui font mine de les oublier. Elles constituent un réquisitoire d’autant plus violent contre la politique socialiste d’aujourd’hui que le débat s’est ensuite envenimé sous la présidence de Nicolas Sarkozy – et cela, tous les dirigeants socialistes, à commencer par François Rebsamen, en ont forcément gardé la mémoire.

On se souvient en effet que le nouveau dispositif de sanction voulu en 2008 par Nicolas Sarkozy n’a, en fait, jamais été véritablement appliqué. Sous la déferlante du chômage, les agents de Pôle emploi, submergés par l’ampleur de la catastrophe sociale et en nombre gravement insuffisant, ont eu d’autres chats à fouetter que de faire la police du chômage. Mais dans les rangs de la droite et de la droite radicale, beaucoup ont enfourché, à l’approche de l’élection présidentielle, cette thématique douteuse suggérant que la France était un « pays d’assistés » (lire La France, un « pays d’assistés » ?). À l’initiative du sulfureux conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, venu de l’extrême droite, puis de cadres de l’UMP, dont Laurent Wauquiez, une campagne a été lancée contre « l’assistanat ». Et c’est à un véritable concours Lépine réactionnaire auquel on a assisté, les uns préconisant de supprimer les allocations de RSA à certains de leurs bénéficiaires ; d’autres recommandant de contraindre les chômeurs d’effectuer des travaux d’intérêt général.

Et dans la grande transgression qui l’a conduit, notamment sous l’influence du même Patrick Buisson, à siphonner certaines idées de l’extrême droite, Nicolas Sarkozy, a lui-même, au plus fort de la campagne électorale, enfourché ce cheval de bataille en annonçant qu’en cas de victoire, il pourrait soumettre à un référendum cette question de l’indemnisation des chômeurs. Il en avait fait l’annonce en février 2012, dans un entretien au Figaro Magazine.

Mais contre cela, la gauche s’est dressée. À commencer par le parti socialiste, qui a bien compris, à l’époque, le populisme qui était à l’œuvre dans toutes ces suggestions. Et François Hollande avait trouvé les mots justes pour dire que, lui président, c’est d’abord la lutte contre le chômage qui serait la priorité, pas la lutte contre les chômeurs. En clair, il avait bien fait comprendre que cette mise à l’index des chômeurs, leur stigmatisation, étaient une indignité. À Créteil, quelques jours plus tard, il avait donc à bon droit mouché Nicolas Sarkozy : « Il n'est jamais utile pour un président sortant qui est en échec de s'en prendre aux plus fragiles », avait-il déclaré, avant d’ajouter : « Ce n'est pas ceux qui sont les victimes qui doivent aujourd'hui être les responsables. »

Tristesse et misère de la politique, quand elle est frappée d'insincérité : François Hollande n'est d'ailleurs pas le seul à l'époque à mettre en garde le pays contre les projets de son rival. Il y a aussi un élu socialiste qui est aux avant-postes, un certain… François Rebsamen, qui se déchaîne sur son compte Twitter.

 

 

 

Et pas plus tard que dimanche dernier, lors de son discours devant l’Université du PS à La Rochelle, Manuel Valls a lui-même semblé s’inscrire dans cette philosophie. « Ne laissons jamais s'installer toutes ces caricatures sur l'assistanat : aucun Français ne rêve de vivre des minimas sociaux ! Alors mettons plus d'énergie à leur garantir du travail, à les former, à mettre toutes les chances de leur côté pour qu'ils puissent saisir les opportunités qui leur sont offertes. » Mais visiblement, la belle promesse a été sitôt jetée aux oubliettes. Et ce sont d’autres consignes qui ont été données aux agents de Pôle emploi.

Après tant d’autres, ce reniement des socialistes n’est donc pas pour surprendre. Mais il laisse naturellement un goût amer dans la bouche, car cette fois, ce sont les couches sociales les plus fragiles qui sont prises pour cible. Le journal 20 Minutes s’est amusé à faire une vidéo établissant qu’encore une fois, c’est à un véritable copié-collé de la politique Sarkozy auquel procède le gouvernement socialiste, et l’exercice est pour le moins troublant.

 

 

Cambadélis regrette une erreur de communication

C’est d’autant plus choquant qu’au-delà du populisme dont sont empreintes les déclarations de François Rebsamen, par-delà les controverses troubles qu’elles vont venir relancer, elles sont aussi contredites par de très nombreux experts qui s’intéressent au marché du travail. D’abord, l’idée défendue par le ministre du travail selon laquelle, « en France, 350 000 emplois ne trouvent pas preneurs » doit être maniée avec des pincettes. Dans une enquête très bien documentée, publiée en juin, La Tribune expliquait par le menu les nombreuses raisons pour lesquelles cette statistique était sujette à caution.

Et par ailleurs, des études établissent les effets pervers de certaines politiques qui visent au premier chef à stigmatiser les chômeurs. On peut en particulier se référer utilement à une étude très intéressante de la Dares, le service d’études du ministère du travail. Dans un « Document d’études » (n°178, décembre 2013), que l’on peut télécharger ici ou consulter ci-dessous, les experts mettaient en évidence les raisons nombreuses pour lesquelles la politique de contrôle des chômeurs, et éventuellement de sanctions, doit être conduite avec un très grand discernement, si l’on veut éviter des effets pervers.

On lira en particulier ce document à partir de la page 33 : il établit avec minutie tous ces effets pervers possibles sur le parcours des chômeurs.

Du coup, les déclarations de François Rebsamen ont entraîné toute cette journée de mardi un flot de réactions indignées, notamment dans le monde syndical. À quelques variantes près, tous les communiqués expriment la même colère et sont à l'unisson de l’Union syndicale Solidaires : « Poursuivant son offensive de séduction du Medef et des milieux d’affaires, le gouvernement, par la voix du ministre du travail, s’en prend aujourd’hui directement aux chômeurs en mettant en cause leur volonté de retrouver un emploi et en demandant aux services de Pôle emploi d’accroître les contrôles. Alors que le nombre de chômeurs a augmenté de plus de 500 000 personnes depuis le début du quinquennat de François Hollande, M. Rebsamen préfère tenter de s’attaquer au thermomètre plutôt qu’aux causes profondes de ce désastre social qui fait basculer une large partie de la population dans une grande précarité. »

Il y a juste le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui a publié un communiqué un peu différent de tous les autres. Dans une « mise au point », il a fait valoir ce regret : « En ce jour important de rentrée scolaire pour des millions de jeunes Français, le président de la République a annoncé un “grand plan numérique pour l'école” qui associera les collectivités territoriales, l'État et les éditeurs. Les annonces faites sur d'autres sujets, en particulier sur le contrôle des chômeurs, brouillent le message présidentiel, et nous le regrettons. »

Mais visiblement, ce souci de communication, François Rebsamen n’y a pas pris garde. Et dans la grande dérive libérale que connaît le gouvernement, il est des bornes qui n’ont plus grand sens. Le ministre du travail a donc allègrement franchi celle sur le contrôle des chômeurs, sans doute sans même mesurer que cette transgression pourrait lui être reprochée. Dans le climat néolibéral dans lequel barbote le gouvernement, peut-être a-t-il même pensé jouer les bons élèves.

 

Lire aussi

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 16:51

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Doxa néolibérale

« Toujours plus vite » : ces dissidents pour qui il est urgent de ralentir

par Sophie Chapelle 2 septembre 2014

 

 

 

 

 

Toujours plus vite, toujours plus pressés. Nous sommes entrés dans l’ère de l’immédiateté, celle des profits, celle de l’information, celle de la satisfaction individuelle. Que traduit cette accélération de nos modes de vie ? Avec quels risques dans une planète aux ressources limitées ? Comment résister à cette injonction du toujours plus vite ? C’est ce qu’interroge Philippe Borrel dans son dernier film, L’urgence de ralentir, diffusé le 2 septembre sur Arte. Il est allé à la rencontre de ceux qui expérimentent des alternatives concrètes à contre-temps du modèle dominant néolibéral. Basta ! et Mediapart vous proposent des séquences inédites de son film.

L’immédiat et la vitesse sont devenus la norme. L’accélération, notre rythme quotidien. « Mais à quel prix ? Et jusqu’à quand ? » interroge le réalisateur Philippe Borrel [1] dans son dernier film, L’urgence de ralentir. « Ce que nous vivons, appuie l’économiste Geneviève Azam, c’est vraiment la colonisation du temps humain dans toutes ses dimensions – biologique, social, écologique – par le temps économique. C’est un temps vide, sans racine, sans histoire, seulement occupé par la circulation des capitaux ». Directement pointés du doigt, les milieux financiers et la logique d’actionnaires en attente d’une rentabilité immédiate.

Illustration de cette accélération financière et technologique, le trading haute fréquence dans lequel les algorithmes ont remplacé les hommes. « Le marché est un serveur mettant en relation des acheteurs et des vendeurs qui sont désormais des algorithmes, relate Alexandre Laumonier, auteur de 6. Un ordre est exécuté au New York Stock Exchange en 37 microsecondes, soit 1350 fois moins de temps qu’il n’en faut pour cligner de l’œil... » Le rythme est désormais dicté par les machines. « Celui qui compressera le temps le plus rapidement possible gagnera la partie », assène le sociologue Douglas Rushkoff. A moins que les catastrophes écologiques, économiques et sociales annoncées ne prennent les devants.

 

 

Résister à la société de consommation

Croisant les réflexions de sociologues, philosophes et économistes, le film de Philippe Borrel ne montre pas seulement les effets du néolibéralisme. Il filme celles et ceux qui tentent de faire émerger des alternatives constructives à la logique d’accélération généralisée. C’est dans le Val de Suse, en Italie, que Philippe Borrel pose d’abord sa caméra. Depuis vingt ans, la résistance s’organise face au projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin évalué à 26 milliards d’euros (voir nos articles). Outre les scandales financiers de ce projet, les militants interrogent le modèle de développement qu’il préfigure. « Si quelque chose doit s’accélérer ce sont les idées et pas les personnes ou les marchandises, confie un membre des No Tav. La modernité ce n’est pas d’aller plus vite, c’est d’avancer avec plus de sagesse. »

Passage incontournable à Notre-Dame-des-Landes, où les occupants de cette zone dénoncent « le projet d’aéroport et le monde qui va avec » (notre dossier). Dans cette zone de bocage, ils réinvestissent les terrains en plantant des vergers, des haies, en défrichant, drainant, repiquant des semis... « Rendre fertile ce qu’ils veulent rendre stérile, là est notre force », assurent les opposants au projet d’aéroport. Bien évidemment, d’une lutte à l’autre, les stratégies varient. Certains ont décidé de se couper complètement de la société de consommation. C’est le cas de la Wildroots Community, basée dans les Appalaches en Caroline du nord. Elle a été fondée par un ancien ingénieur et sa compagne. En pleine forêt, cette communauté de « survivalistes » accueille ceux qui, comme eux, veulent réapprendre à vivre en pleine autonomie au cœur de la nature.

 

 

Se réapproprier la technologie

« La réponse du capitalisme à l’urgence climatique reste uniquement technologique et ne remet jamais en cause ce qui, dans son fonctionnement, contribue au dérèglement des écosystèmes », analyse Philippe Borrel. Fort de ce constat, il est allé à la rencontre de Bunker Roy, le fondateur du Barefoot College en Inde. « Depuis quinze ans, il recrute des femmes illettrées dans les milieux ruraux d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Asie pour les former pendant six mois à l’ingénierie solaire et à l’autonomie énergétique », relate le réalisateur. Plus de 300 ingénieures solaires auraient ainsi été formées depuis le lancement du projet. Ici, la technologie est démystifiée et réappropriée collectivement.

Aux États-Unis aussi, des systèmes d’apprentissage alternatifs se mettent en place. C’est ainsi qu’à deux pas des sièges de Google et de Facebook, au cœur de la Silicon Valley, une école interdit l’usage des ordinateurs ou des portables aux élèves jusqu’à la classe de seconde. « Nous amenons la technologie aux élèves seulement quand ils sont en mesure de la comprendre, explique une professeure. Je veux que mes élèves soient excités à l’idée d’apprendre. » Au-travers d’apprentissages concrets comme la permaculture, les enseignants espèrent développer chez les enfants des capacités d’innovation et d’adaptation à un monde en mutation accélérée. « L’éducation est la clé, c’est l’espoir de voir des êtres humains capables de penser librement ».

 

 

Un autre rapport à l’argent

Questionner notre rapport au temps conduit irrémédiablement, dans une société capitaliste, à interroger notre rapport à l’argent. Philippe Borrel s’attache notamment à rencontrer les porteurs de monnaies locales, de Romans-sur-Isère (Drôme) à Bristol (sud-ouest de l’Angleterre). Une manière de relocaliser l’économie qui essaime dans une grande diversité de territoires (nos articles). « On résiste beaucoup mieux aux chocs extérieurs lorsque l’on a une économie locale solide » confirme Lionel Astruc, auteur de (R)évolutions.

Sa caméra nous conduit à Tomkins Time Traders, la banque du temps d’Ithaca, dans l’État de New York. Ici, le temps n’est plus forcément synonyme d’argent. Des services peuvent être échangés gratuitement avec d’autres habitants du quartier, tous à égalité, que l’on soit avocat ou électricien. « Nous avons tous des savoirs-faire uniques et quelque chose à partager ou à donner aux autres », confie une membre du projet. L’enjeu est de créer un nouveau système qui revalorise le travail au cœur de l’économie. Dans cette banque, une heure d’une compétence particulière – en plomberie ou comme dentiste par exemple – équivaut à une heure de soins pour les personnes âgées ou une heure de garde pour les enfants. Un moyen de sortir du système capitalisme monétisé mettant en concurrence les uns avec les autres.

 

 

Des adeptes du mouvement de la simplicité volontaire aux villes en transition (nos articles), en passant par des expériences en permaculture telles que la Ferme du Bec Hellouin, le film de Philippe Borrel nous amène à prendre le temps de s’arrêter pour réfléchir. Il égrène d’autres façons de vivre ensemble pour façonner un autre monde. Plutôt que de suivre un rythme qui nous mène vers des catastrophes écologiques, économiques et sociales, le réalisateur nous propose de redonner du sens au temps et de reprendre le contrôle de nos vies. Une invitation à amorcer dès aujourd’hui une véritable transition écologique et sociale. Un film à voir de toute urgence.

Sophie Chapelle
@Sophie_Chapelle

L’Urgence de ralentir sera diffusé le 2 septembre sur Arte, à 22h40. 

 

 

 

Notes

[1Philippe Borrel est le réalisateur de Les Insurgés de la Terre, d’Un monde sans fous ? et d’Un monde sans humains ?


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Source : www.bastamag.net

 

 

 

 

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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 13:37

 

Source : www.mediapart.fr

 

François Rebsamen veut renforcer le contrôle des chômeurs

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

« Je demande à Pôle emploi de renforcer les contrôles pour vérifier que les gens cherchent bien un emploi », a annoncé le ministre du travail. « Il faut qu’il y ait, à un moment, une sanction. »

Le ministre du travail François Rebsamen a annoncé, mardi 2 septembre sur i-Télé, avoir demandé à Pôle emploi de renforcer les contrôles et de plus sanctionner les chômeurs ne cherchant pas assez activement un emploi.

« Je demande à Pôle emploi de renforcer les contrôles pour vérifier que les gens cherchent bien un emploi », a-t-il déclaré. « Il faut qu’il y ait, à un moment, une sanction. »

Ces propos de François Rebsamen ont suscité de vives réactions, notamment à gauche. Le Parti communiste a ainsi proposé, dans un communiqué, de contrôler le travail du ministre. « Il s'agit aujourd'hui de contrôler l'activité réelle de Monsieur Rebsamen, François, recruté en avril dernier pour s'occuper de l'emploi. Certains chiffres et résultats enregistrés dernièrement nous font douter de sa capacité réelle et de sa détermination. »

Les propos de François Rebsamen sur le site d’i-Télé.

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

                                                                          ************************

 

 

Source : www.pcf.fr

 

 

« Il faudrait contrôler l'activité réelle de Monsieur Rebsamen, François, recruté en avril dernier pour s'occuper de l'emploi. »

 

 

François Rebsamen, ce ministre du travail qui ne commente plus les chiffres du chômage tant il sont catastrophiques et contredisent, mois après mois, les prophéties présidentielles, vient de trouver les responsables de cet échec : les chômeurs eux-mêmes.

 

Ce matin, il annonce donc le renforcement des contrôles pour vérifier qu'ils sont bien à la recherche d'un travail.

 

En 2012, alors que Nicolas Sarkozy parlait comme le fait aujourd'hui François Rebsamen, François Hollande répondait qu'il ne fallait pas "s'en prendre aux plus fragiles". Mais c'était avant.

 

Au lieu de singer la droite, le ministre du travail ferait mieux de changer de politique. Il serait bien à la peine si les 5 millions de chômeurs décidaient d'installer des comités locaux pour mesurer les dégâts économiques et sociaux des choix gouvernementaux.

 

Si, à l'échelle des départements et des territoires, un suivi des aides publiques aux entreprises, comme pour le CICE, était mis en place par les citoyens, avec, d'un côté, des records de dividendes versés aux actionnaire et, de l'autre, des licenciements, des femmes et des hommes et des familles brisés.

 

La peur doit vite changer de camp.

 

Il s'agit aujourd'hui de contrôler l'activité réelle de Monsieur Rebsamen, François, recruté en avril dernier pour s'occuper de l'emploi. Certains chiffres et résultats enregistrés dernièrement nous font douter de sa capacité réelle et de sa détermination.

 

Le gouvernement et le patronat doivent aujourd'hui rendre des comptes.

 

 

 

Source : www.pcf.fr

 

 


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