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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 17:18

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

Les inégalités continuent de se creuser aux Etats-Unis

Le Monde.fr | 05.09.2014 à 01h22 • Mis à jour le 05.09.2014 à 07h42 | Par Stéphane Lauer (New York, correspondant)

 
 

 

 

Les inégalités se sont encore accrues aux Etats-Unis, selon une étude publiée jeudi 4 septembre par la Réserve Fédérale (Fed). Les revenus des 10 % les plus riches ont augmenté de 10 % entre 2010 et 2013 pour s'inscrire à 397 500 dollars par an (307 000 euros). Dans le même temps, ceux des 40 % les moins aisés, ajustés de l'inflation, ont décliné, indique le rapport publié tous les trois ans.

Pour les vingt premiers centiles situés au bas de l'échelle, la chute atteint 8 % à 15 200 dollars annuels. Si le revenu moyen global a augmenté de 4 % au cours des trois dernières années, le revenu médian (c'est-à-dire le revenu qui divise la population en deux parties égales : l'une gagnant plus, l'autre moins), lui a chuté de 5 %. Une tendance qui « correspond avec un accroissement de la concentration des revenus durant cette période », indique la Fed.

Ainsi, les 3 % les plus riches américains concentrent 30,5 % du revenu total en 2013 contre 27,7 % en 2010, tandis que la part des 90 % les moins riches, elle, a reculé. Par ailleurs, cette catégorie des 3 % les plus riches détient 54,4 % de la richesse globale (revenu plus patrimoine) contre 44,8 % en 1989. A l'autre bout de l'échelle, les 90 % les moins riches ont vu leur part tomber à 24,7 % contre 33,2 % en 1989.

REPRISE À DEUX VITESSES

Derrière ces chiffres se dessine une reprise économique à deux vitesses. Ceux disposant d'un portefeuille en Bourse ou d'un patrimoine immobilier ont bénéficié d'un effet richesse substantiel au cours des trois dernières années. L'indice Standard & Poor's 500 a ainsi grimpé de 47 % durant cette période. Celui qui mesure l'évolution de l'immobilier, le S&P/Case Shiller Index, lui, a fait un bond de 13,4 %.

Pour ceux qui ne disposent ni de l'un ni de l'autre, la notion de reprise a été beaucoup plus évasive dans un contexte de stagnation des salaires et de fragilité du marché de l'emploi. Car si le taux de chômage n'a cessé de baisser depuis 2010, il n'offre qu'une vision partielle du marché du travail dans la mesure où de plus en plus d'Américains renoncent à rechercher un emploi.

En novembre 2013, lors de son audition au Sénat, Janet Yellen, alors qu'elle s'apprêtait à être nommée à la tête de la Fed, avait qualifié l'accroissement des inégalités comme « un problème très profond », indiquant néanmoins que beaucoup de facteurs sous jacents du phénomène échappaient au domaine d'action de la Banque centrale américaine.

Il faut néanmoins noter qu'une bonne partie de l'effet richesse qui a profité aux plus aisés a été alimentée par les colossales injections de liquidités décidées par la Fed depuis trois ans pour relancer l'économie. Dans un contexte de taux d'intérêts proches de zéro, cet argent est venu s'investir principalement dans les actions et l'immobilier.

 ORIGINES DES MÉNAGES

Lorsqu'on regarde l'origine des ménages, les inégalités sont encore plus criantes. Le revenu moyen de la population blanche, propriétaire et diplômée a augmenté entre 2010 et 2013, tandis que celui des noirs, des hispaniques, des locataires et des sans diplôme a baissé dans le même temps. De la même façon, le revenu médian des noirs et des hispaniques a chuté 9 % sur la période, quand il ne baissait que de 1 % pour les blancs.

Par ailleurs, le rapport indique que le taux de propriétaires de leur logement parmi les ménages américains est tombé à 65,2 %. Il s'agit du plus bas niveau constaté depuis 1995. Quand aux familles propriétaires de leurs entreprises, le pourcentage est tombé à 11,7 %. Du jamais vu depuis 25 ans.

La thèse de l'économiste français Thomas Piketty développée dans son livre Le capital au XXIe siècle sur l'accroissement des inégalités, a beau avoir été contestée par une partie de la doxa libérale, les chiffres semblent têtus.

Stéphane Lauer (New York, correspondant)

 

Source : www.lemonde.fr

 


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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 16:03

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

 

Céline Alvarez, une institutrice révolutionnaire Ils Feront Le Monde

LE MONDE | 04.09.2014 à 11h30 • Mis à jour le 06.09.2014 à 13h21 | Par Mattea Battaglia


Céline Alvarez. Céline Alvarez. | ANNABELLE LOURENÇO POUR LE MONDE

 

 

L'ancienne enseignante a démissionné de l'éducation nationale, mais n'a pas renoncé à diffuser les outils de l'école de demain

Ne dites pas d'elle qu'elle est « professeure » : cela efface son sourire, assombrit son humeur. D'abord parce que l'année scolaire qui vient de débuter se fera sans elle : Céline Alvarez n'a pas repris, ce 2 septembre, le chemin de l'école maternelle Jean-Lurçat de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) où elle avait entrepris, en 2011, de croiser la pédagogie Montessori avec la recherche en sciences cognitives.

Faute de pouvoir élargir l'expérimentation, elle a pris la lourde décision de donner sa démission. Ensuite parce que ce n'est pas pour « professer », comme elle dit, que cette jolie trentenaire a passé en candidat libre, il y a cinq ans, le concours de l'enseignement. Et elle le justifie sans s'embarrasser de fausse modestie : « C'était pour infiltrer le système et parvenir à le changer, pas pour enseigner. Je me laissais trois ans pour proposer un environnement de classe faisant l'effet d'une bombe pédagogique, explique-t-elle, trouver les bons outils permettant de révéler spontanément tout le potentiel des enfants, et réussir à les diffuser auprès des enseignants. »

Les trois années sont passées, et le « couperet » est tombé juste avant l'été : le projet piloté par Céline Alvarez, d'autant plus inédit qu'il avait vu le jour dans la ville de naissance des premières zones d'éducation prioritaire (ZEP), et non dans les quartiers huppés de la capitale où les écoles Montessori, toutes privées, font le plein d'élèves, ne sera pas étendu.

« Manque de recul », « manque d'évaluation »...

Au rectorat de Versailles, les arguments avancés sont un peu confus : « manque de recul », « manque d'évaluation », « manque de cadre »… On y renvoie la balle, un peu gêné, à « la DGESCO », la Direction générale de l'enseignement scolaire chargée d'appliquer la politique du ministre de l'éducation. Sous la droite, celle-ci s'était enthousiasmée pour cette première classe Montessori ouverte dans le public, qui plus est en banlieue, avec le concours de l'association Agir pour l'école. Une époque semble-t-il révolue.

Et pourtant, c'est bien « l'effet d'une bombe » que l'on a pu ressentir en entrant, ce printemps, dans la classe multiniveau – mêlant petite, moyenne et grande sections – de Céline Alvarez. Pas seulement parce que les enfants savaient lire à 5 ans (parfois avant), maîtrisaient le sens des quatre opérations, comptaient jusqu'à 1 000 et même au-delà…

Pas seulement parce que la salle colorée regorgeait d'un matériel en libre accès (« lettres rugueuses », « cabinet de géographie »…) inconnu de la plupart des écoles, vers lequel les enfants pouvaient se tourner au moment précis où ils en éprouvaient l'envie, « pour ne jamais rater la fenêtre de tir permettant d'entrer dans les savoirs », expliquait la jeune femme lors de notre première rencontre. Non, c'est surtout l'entraide, l'empathie, la joie, la curiosité que manifestaient ces tout-petits qui retenaient l'attention.

Un potentiel humain gâché »

Une école où le bonheur éveillerait le désir d'apprendre ? C'est celle que Céline Alvarez aurait bien aimé fréquenter, petite, sur la dalle d'Argenteuil (Val-d'Oise) où elle a grandi. « Une ZEP bien corsée, se souvient-elle, celle que Sarkozy envisageait de passer au Kärcher. » Au collège puis au lycée, l'adolescente est frappée par le « potentiel humain gâché ». 

« Tous ces jeunes que je trouvais intelligents mais qui n'arrivaient pas à se fondre dans le moule et qui décrochaient, ça m'indignait ! », se souvient-elle. Dans son cercle familial, aussi, cette fille d'une employée de banque et d'un ouvrier tourneur-fraiseur se forge la conviction que « l'être humain possède un potentiel inné pour penser, créer, partager… et que le système scolaire l'empêche d'émerger ».

 

 

 

Céline Alvarez. Céline Alvarez. | ANNABELLE LOURENÇO POUR "LE MONDE"

 

 

 

Second déclic

Son parcours n'est pas linéaire. L'adolescente n'aime pas particulièrement l'école mais passe son baccalauréat. Hésite entre la communication et le théâtre. Cherche son chemin… et le trouve en Espagne, pays d'origine de son père, où elle donne des cours de français. « Comprendre ce qui se passe dans le cerveau des enfants bilingues, ça a été mon premier déclic. » Elle se passionne pour la linguistique et passe à distance, depuis Madrid, un master en sciences du langage.

Retour à Paris. Pour gagner sa vie, elle frappe à la porte d'une école privée Montessori, « sans savoir à quoi s'attendre », dit-elle. En visitant l'établissement, elle tombe sur des « lettres rugueuses », sorte de jeu de cartes créé il y a près d'un siècle par la pédiatre Maria Montessori (1870-1952), invitant les enfants à découvrir les lettres de façon sensorielle. Second déclic.

Céline Alvarez se rue dans une librairie pour acheter tous les ouvrages de la pédagogue italienne. Les dévore dans toutes les langues, jour et nuit.

L'école faillit à sa mission à Neuilly comme à Argenteuil ; seulement, à Neuilly, ça se voit moins. »

Le concours de l'enseignement en poche, elle passe sa première année « sur le terrain » à Neuilly (Hauts-de-Seine). « Le public n'avait rien à voir avec celui d'Argenteuil, mais le constat est tout aussi choquant : ce que les enfants savent, ils ne l'ont pas appris à l'école, observe-t-elle. L'école faillit à sa mission à Neuilly comme à Argenteuil ; seulement, à Neuilly, ça se voit moins. »

Depuis, Céline Alvarez s'est fixé un cap : actualiser l'héritage pédagogique de Maria Montessori pour faire collaborer l'école et la recherche, la pédagogie et la connaissance objective du fonctionnement de l'être humain. Et c'est auprès des scientifiques qu'elle compte ses soutiens, comme Stanislas Dehaene, professeur de psychologie cognitive au collège de France, ou Manuela Piazza, chercheure à l'Inserm. De leur rencontre doit naître un livre ; de quoi bien occuper l'année qui vient.

D'autant que la jeune femme n'a pas renoncé à son projet : elle s'apprête à diffuser sur Internet les outils développés au cours des trois années d'expérimentation à Gennevilliers pour « proposer une école plus efficace et donc plus juste ». En pariant sur une attente forte des enseignants sur le terrain.

 

 

Par Mattea Battaglia

 

Clefs

1983 : Naissance à Argenteuil, dans le Val d'Oise.

2007-2008 : Master en sciences du langage à Grenoble, puis concours de professeur des écoles.

2011 : Début De l'expérimentation Montessori à l'école maternelle Jean-Lurçat de Gennevilliers (Hauts-de-Seine).

2013 : Rencontre avec le neuroscientifique Stanislas Dehaene.

 

 

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 15:43
Source : www.lesechos.fr


 

Bruxelles, les conflits d’intérêt avec le monde de la finance font jaser
Renaud Honoré / Correspondant à Bruxelles | Le 05/09 à 20:02
 

 
Le recrutement annoncé mi-août de l’ancienne députée européenne britannique Sharon Bowles par le London Stock Exchange (LSE) fait grincer les dents - Bloomberg

                                                                                                                                                                                                                  L’embauche par London Stock Exchange de Sharon Bowles, ancienne eurodéputée très influente sur les questions financières, suscite des critiques.

Est-ce une nouvelle illustration des liaisons trop étroites qu’entretiendraient le monde de la finance et les législateurs censés le réguler ? Depuis quelques jours, une nouvelle affaire de conflit d’intérêts suscite des vagues à Bruxelles. En cause : le recrutement annoncé mi-août de l’ancienne députée européenne britannique Sharon Bowles par le London Stock Exchange (LSE), en tant que directrice non exécutive.

Le nom de cette parlementaire ne dira sans doute rien à ceux qui ne se passionnent pas pour les réglementations financières touffues pondues par l’Union européenne. Mais elle présidait pendant la dernière législature, jusqu’à mai dernier, la commission parlementaire des Affaires économiques et financières, ce qui faisait d’elle une femme puissante et influente. « Elle a su tisser pendant ces cinq dernières années un réseau impressionnant parmi les dirigeants des grandes institutions financières, et elle ne se cachait pas vouloir le faire fructifier par la suite », persifle un ancien collègue du Parlement.

Code de conduite

Ce passage rapide dans un secteur qu’elle régulait, à peine deux mois après la fin de son mandat, est dénoncé par plusieurs ONG, comme Transparency International ou Corporate Europe Observatory (CEO), très en pointe sur ces questions de conflits d’intérêts. « Il est clair que le code de conduite des Parlementaires européens doit être réformé d’urgence », estime cette association. Les eurodéputés de tous bords ont l’habitude de consulter l’industrie concernée et les lobbies avant chaque texte législatif. Mais les nombreux rendez-vous tenus par Sharon Bowles ces dernières années avec LSE deviennent du coup suspect aux yeux de CEO, alors que la Britannique s’est occupée de lois essentielles pour son futur employeur ( EMIR sur les produits dérivés, Mifid sur la réglementation des marchés financiers ). « Je ne mets pas en cause son honnêteté », estime Sven Giegold, eurodéputé Verts allemand. « Mais si rien n’est illégal, c’est très clairement illégitime et nous sommes devant un flagrant conflit d’intérêt ». Jean-Paul Gauzès (UMP), l’eurodéputé français le plus influent sur les questions financières lors de la dernière législature, se dit, lui « étonné ». « On peut s’interroger sur l’impartialité des positions prises pendant son mandat. »

Ce dernier, qui n’a pas été réélu en mai dernier, a depuis reçu nombres de propositions pour passer de l’autre côté de la barrière, dans le lobbying. « Je les ai toutes refusées, cela aurait jeté une ombre sur mon action passée », explique-t-il. Les entreprises, notamment dans la finance, sont friandes de ces anciens parlementaires. «  Bien sûr, ils ont un réseau, mais surtout ils ont une connaissance incomparable du fonctionnement de la machine ce qui est très précieux pour faire passer ses idées », explique un lobbyiste. Parfois, ce sont même d’anciens Commissaires qui franchissent le pas, comme le prédécesseur de Michel Barnier au portefeuille des services financiers, Charles McCreevy, ce qui avait provoqué un mini-scandale .

Edicter des règles claires et intelligentes

Sharon Bowles s’est dite « estomaquée » il y a quelques jours par ces accusations, défendant dans le journal « Financial News » la nécessité d’avoir « une relation positive entre secteur public et privé ». Une approche qui trouve un écho chez Sylvie Goulard, eurodéputé Modem, qui appelle à «  ne pas diaboliser les aller-retours entre les deux mondes, faute de quoi nous n’aurons que des fonctionnaires dans la vie politique ». La Française ajoute toutefois qu’il faudrait des « règles claires et intelligentes » pour que ça puisse fonctionner. De nombreux eurodéputés estiment qu’il faudrait imposer une période minimum avant qu’un ex-parlementaire puisse passer dans le privé après son mandat.

Renaud Honoré
Bureau de Bruxelles

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/0203752864844-a-bruxelles-les-conflits-dinteret-avec-le-monde-de-la-finance-font-jaser-1039702.php?jQo1vFG8bmrRiJFM.99

Source : www.lesechos.fr

 
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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 15:19

 

Source:  www.alternatives-economiques.fr

 

 

Offres d’emploi non pourvues : la machine à fantasme
Sandrine Foulon et Vincent Grimault

 

 

 

 

350 000 offres d’emploi ne trouveraient pas preneurs selon le ministre du Travail. Un chiffre qui alimente le discours sur la fraude bien qu’il ne repose sur aucune étude rigoureuse. 

 

« En France, 350 000 emplois ne trouvent pas preneurs ». François Rebsamen, ministre du Travail, a repris à son compte une vieille polémique. Il y aurait donc en France  un vivier d’emplois délaissés par des chômeurs plus prompts à vivre de l’assistanat qu’à rechercher activement un travail.  350 000 pour la rue de Grenelle, 400 000 pour le Medef, 500 000 pour Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle 2012, et même 600 000 pour certains journalistes : les emplois non pourvus suscitent fantasmes et envolées peu rigoureuses. Le chiffre avancé par François Rebsamen est d’autant plus surprenant que François Hollande lui-même reconnaissait l’an dernier que « personne n’a la véritable statistique ». Comment l’expliquer ?

Il faut tout d’abord distinguer les concepts d’emplois « vacant » et d’offres « non pourvues » trop souvent confondus. Eurostat définit un emploi vacant (traduction de l’anglais vacancy) comme un poste « nouvellement créé, non pourvu ou qui deviendra vacant sous peu et que l’employeur veut pourvoir immédiatement ou dans un délai déterminé ». D’une part, il existe un délai incompressible qui correspond à la phase de recrutement. D’autre part, difficile pour un chômeur d’occuper « un poste qui deviendra vacant sous peu ». 

Peu d'emplois vacants en France

Ces vacances d’emploi sont « mal définies et mal évaluées » selon une étude du Centre d'études de l'emploi. Yannick Fondeur et Jean-Louis Zanda, les deux auteurs, écrivent ainsi que « les vacances d’emploi correspondent […] à la photographie d’un stock d’emplois à pourvoir. […] Comme en France une trentaine de millions de nouveaux contrats de travail sont conclus chaque année, il est naturel qu’on observe à un instant donné un grand nombre d’emplois vacants. »

Contrairement aux idées reçues, un pays qui affiche un taux d’emplois vacants élevé ne signifie pas qu’il est peuplé de chômeurs fainéants mais qu’il crée beaucoup d’emplois. C’est ce qu’enseigne d’ailleurs la courbe de Beveridge, qui illustre les écarts entre les besoins des employeurs et les souhaits des demandeurs d'emploi. C’est encore ce que confirment les dernières données fournies par Eurostat. 

Le taux d’emplois vacants (c’est-à-dire le nombre d’emplois vacants rapporté au nombre d’emplois total) au premier trimestre 2014 en France était bien inférieur à la moyenne européenne. Autrement dit, si le taux de chômage est si élevé dans l’Hexagone, c’est parce qu’il n’y a pas d’emplois à occuper, et non parce que les chômeurs n’en cherchent pas. Le Portugal, l’Italie, l’Espagne et la Grèce sont dans la même situation. A l’inverse, l’Allemagne a, logiquement, le taux d’emplois vacants le plus élevé d’Europe. 

4 % des offres ne trouvent pas de candidats

Les emplois vacants ne disent cependant rien des difficultés de recrutement. Pour les estimer, il faut se tourner vers la notion « d’emplois non pourvus », ces offres d’emploi qui ont été retirées sans donner lieu à un recrutement. Pôle emploi qui collecte bon an mal an 3 millions d’offres évalue à 116 000 le nombre d’offres qui  n’ont pas trouvé preneur faute de candidats. Soit 4 % des offres au total. Certes, l’opérateur public ne couvre que 38 % des offres d’emploi en France. Faut-il pour autant extrapoler sur les offres restantes et tenter d’additionner les offres non pourvues des RegionsJob, Qapa.fr et autres Lebon coin.fr ? Rien n’est plus hasardeux notamment parce qu’une même offre peut être publiée sur différents sites, surtout depuis l’émergence des réseaux sociaux.  

Au regard des 3,4 millions de chômeurs de catégorie A (près de 5 millions pour les catégories A,B et C), le volume d’offres non pourvues reste donc très faible. Si, par bonheur, l’ensemble de ces offres trouvaient preneurs, elles ne parviendraient pas à faire baisser significativement le chômage de masse. Ce qui ne signifie pas qu’il faille se détourner du problème. D’autant que les raisons qui l’expliquent sont clairement identifiées. Ce n’est pas parce qu’un poste existe qu’il peut être immédiatement occupé par n’importe quel chômeur. C’est notamment le cas des métiers en tension comme l’informatique ou les transports qui peinent à trouver des profils qualifiés. L’appariement entre offre et demande reste complexe. François Rebsamen a reconnu qu’il y avait un problème « d’adéquation », les emplois proposés ne correspondant pas forcément aux compétences des demandeurs d’emplois. Pour résoudre cet écueil, le gouvernement a lancé deux plans successifs de 30 000 puis de 100 000 « formations prioritaires». « Fin 2013, l’objectif a été dépassé puisque 39000 inscriptions ont été enregistrées grâce au plan. Et au 31 juillet 2014, 57 263 formations supplémentaires étaient recensées dans les domaines du transport, de l’industrie ou des services à la personne », explique-t-on rue de Grenelle.  Confiant sur l’objectif à atteindre et sur les premiers résultats qualitatifs – 6 mois après leur sortie du dispositif, 65% des chômeurs formés occupent un emploi -, le ministère du Travail n’a pas encore mesuré l’impact de ces initiatives sur le flux de 20% de demandeurs d’emploi qui entrent en formation chaque année. Un bilan de la Dares devrait y répondre prochainement.

Mauvaise cible

Si certains postes ne trouvent pas preneur, c’est aussi en raison de la qualité des emplois proposés : horaires atypiques, temps partiels, faibles salaires, conditions de travail, éloignement géographique… Le déficit d’image dont souffrent certains secteurs comme l’hôtellerie,  les métiers de bouche ou encore la métallurgie explique ce manque d’intérêt. Tout comme les exigences des employeurs en quête du candidat expérimenté parlant cinq langues pour un salaire de débutant. Enfin, il existe aussi en effet une minorité de demandeurs d’emploi qui ne recherchent pas activement un emploi.

Mais axer le discours sur les fraudeurs, mettre la pression sur les chômeurs et « renforcer les contrôles pour vérifier que les gens cherchent bien un emploi» comme le demande François Rebsamen ne peut pas apporter de réponse satisfaisante au problème des offres non pourvues. Sans compter que les sanctions existent déjà… Pôle Emploi peut radier les chômeurs pour une dizaine de motifs différents dont le refus de deux « offres raisonnables d’emploi » consécutives. Des expérimentations sont également en cours dans plusieurs agences de la région Paca, de Poitou-Charentes, de Basse-Normandie et de Franche-Comté pour renforcer les contrôles. Depuis le lancement de l'opération à Manosque et Toulon à l'été 2013, seuls 6,5 % des contrôles ont débouché sur une radiation de 15 jours selon Le Monde

Contrôler les chômeurs et lutter contre la fraude est légitime mais jeter le discrédit sur l’ensemble des chômeurs et mettre en lumière la fraude sociale alors qu’elle est très faible comparée à la fraude fiscale (voir graphique ci-dessous) provoque davantage de débats que de réels impacts positifs pour l’économie. La fraude à Pôle emploi ne représentait en 2012 que 0,84 % de la totalité de la Fraude en France. Ouvrir un autre front, celui des cohortes de demandeurs découragés qui ne s’inscrivent plus sur les listes, voire celui du taux de non recours aux allocations chômage (voir travaux de l’Odenore) serait plus éclairant. Selon une enquête de la Dares de 2006, 12% des inscrits à Pôle Emploi (l’ANPE à l’époque) avaient des droits ouverts à l’indemnisation sans toutefois percevoir d’allocation. Un chiffre moins repris que les 350 000 offres non pourvues.

 

 

Fraude à Pôle Emploi : 0,84 % de la fraude en France
Fraude fiscale 3 660 000 000Fraude à la Sécurité sociale562 300 000Fraude à la douane366 500 000

 

Source:  www.alternatives-economiques.fr

 

 


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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 17:39

 

Source : www.marianne.net

 

 

Pourquoi Podemos progresse quand le Front de gauche patine
Samedi 6 Septembre 2014 à 12:00

 

Loïc Le Clerc

 

Deux récents sondages font potentiellement de l'organisation Podemos la troisième force politique d'Espagne. Une enquête place même cet ovni sur les talons du Parti socialiste. A l'heure où l'avenir du Front de gauche est incertain et que ses membres se retrouvent pour en débattre, Marianne.net essaie de comprendre pourquoi les deux formations n'ont pas le même destin.

 

Pablo Iglesias, au centre de la phto, en chemise à carreaux, lors d'une assemblée de Podemos - Carlos Rosillo/NEWSCOM/SIPA
Pablo Iglesias, au centre de la phto, en chemise à carreaux, lors d'une assemblée de Podemos - Carlos Rosillo/NEWSCOM/SIPA

De l'autre côté des Pyrénées, à l'occasion des européennes, les deux partis majoritaires et historiques du pays ont pris la claque de leur vie. Le PP (Parti populaire, conservateur, au pouvoir) et le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) chutent alors de plus de 16 points chacun, au profit d'une nouvelle force montante incarnée par Izquierda Plural (IP, alliance d'une dizaine de partis de gauche et écologistes) et Podemos, glanant respectivement 9,9% et 7,9% des suffrages. Presque 10 points pour IP, ce rassemblement qui a des allures de Front de gauche (lui, en France, n'obtient que 6,6% des suffrages à cette même élection), voilà qui est impressionnant. Mais la révélation de l'année, c'est Podemos.

Tout part des indignados le 15 mai 2011, à la Puerta del Sol, kilomètre zéro de l'Espagne. Des manifestations à faire rêver nos syndicalistes et quelques mois plus tard, un néo-parti politique (qui revendique être plus un « outil pour que le citoyen récupère le protagonisme populaire », en deux mots : donner le pouvoir au peuple et non aux « élites corrompus »). Nommé Podemos (« Nous pouvons » en espagnol), il voit le jour, le 17 janvier 2014. En moins d'un an, il est en passe de devenir le parti sans lequel aucune majorité parlementaire ne sera possible en Espagne. En un mot, Podemos va peut-être mettre un terme au bipartisme. Une révolution.

Troisième force du pays

Deux sondages, du même genre que celui réalisé par Marianne il y a peu, viennent faire trembler PP et PSOE. C'est d'abord le quotidien El Mundo qui publie ce « Et si les élections avaient lieu aujourd'hui ? » qui retentit comme une alerte à la bombe. Podemos est à 21,2%, sur les talons du PSOE pronostiqué à 22,3% des suffrages. S'en suit un autre sondage, celui de La Razon, journal très conservateur, avec des résultats un peu plus modérés évidemment, mais qui mérite toujours notre attention : le PP arrive en tête avec 33,9% des voix, PSOE est en deuxième position avec 23,4% des suffrages et Podemos est confirmé troisième force du pays, juste derrière les socialistes, avec 15% des voix, doublant ainsi son score des Européennes.

Ça n'a peut-être l'air de rien, mais la gauche de la gauche espagnole, Podemos en tête de cortège, pourrait bien changer le fonctionnement de notre voisine démocratie, ce que les Espagnols nomment le « PPSOE ». Frustrés et déçus de l'alternance inefficace de ces dernières décennies, les Espagnols ont montré leur désir d'alternative, incarnée par Podemos, cavalier seul en l'absence d'une extrême droite organisée.

Évidemment, il ne s'agit que de sondages et rien n'est joué d'avance. Les élections municipales et régionales n'auront lieu qu'au printemps 2015 et les générales (l'équivalent de nos législatives, les députés nomment ensuite le Premier ministre) n'auront, elles, lieu qu'à la fin de l'année 2015. C'est aussi beaucoup de temps pour que le gouvernement de Mariano Rajoy continue sa politique de restriction (retour sur l'avortement, loi dite de sécurité citoyenne qui restreint la liberté d'expression et de manifestation, austérité comme s'il en pleuvait), mais aussi pour que l'opposition s'empêtre dans un attentisme devenu habituel.

Coalition indispensable et impossible

Pour Pablo Iglesias, le leader de Podemos, l'objectif pour 2015 est clair : prendre la place du PSOE en temps que première force d'opposition et renverser le système. Alors, le PPSOE ne pourra plus gouverner seul. Mais l'éventualité d'une grande coalition, de droite à gauche ou simplement à gauche, semblent pour l'instant bien loin dans les esprits. En face, Le PP espère que la gauche ne parviendra pas à créer une union. La secrétaire générale du PP, María Dolores de Cospedal, pour sa rentrée politique, a défendu l'existence de deux « grands partis nationaux qui peuvent discuter et se mettre d'accord ». Tout ce que les Espagnols adorent...

Il faut dire que Podemos est d'une habilité suprême avec les Espagnols. Aux Catalans, Pablo Iglesias dit « non » à l'indépendance, mais « oui » au droit à l'auto-détermination. Une position qui fait devrait lui permettre de faire une entrée fracassante au Parlement catalan.

Au niveau national, c'est toute la gauche qui se fait absorber. Podemos appuie tout son discours sur des idées de changement majeures des institutions, en instaurant la république et en mettant en place une « démocratie participative » à travers des réseaux sociaux ou des assemblées populaires. Le mouvement se veut d'une totale transparence en publiant ses comptes sur son site et en martelant ses slogans : « Reprendre en main l'économie, conquérir la liberté, construire la démocratie ».

Le citoyen d'abord !

Désormais membre du même groupe au Parlement européen, il suffit de prendre les programmes du Front de gauche et de Podemos pour se rendre compte de leurs similitudes : renversement du régime (monarchie, Ve République), égalité femmes-hommes, lutte contre les discriminations, remise en cause du traité de Lisbonne, redonner le pouvoir au peuple, etc. Tant de sujets qui rassemblent les deux partis.

Pour Raquel Garrido, porte-parole internationale du Parti de gauche, l'heure est désormais à la « mutualisation des méthodes ». Elle insiste sur l'apport du PG à Podemos, notamment en matière d'organisation du militantisme. Cependant, Garrido reconnait la facilité technique avec laquelle les Espagnols organisent des forums (sur le web et via des applications pour smartphones) et des assemblées constituantes, bien que le PG « en faisait avant eux, pour les présidentielles de 2012 », du moins le pensent-ils. L'hyper-démocratie, en appelait au peuple et pas seulement à la gauche, voilà bien quelques idées de Pablo Iglesias et ses camarades que Jean-Luc Mélenchon semble vouloir faire sienne avec son mouvement pour la VI République  lui que certains soupçonnent de vouloir tuer le Front de gauche et le PG car ils seraient devenus des « outils » inefficaces. Mais Mélenchon saura-t-il s'oublier pour atteindre ce qui fait tout l'intérêt de Podemos, à savoir l'horizontalité totale des décisions ?

Marche ou crève

Mais au-delà des méthodes et des pratiques, il y a aussi les sujets, non pas qui divisent, mais qui font prendre à chacun des chemins différents. Le Front de gauche parle énormément d'argent et de son « pouvoir » qu'il faut « reprendre aux banques et aux marchés financiers ». Podemos aussi est farouchement opposé à l'ensemble du système néolibéral. Comme le Front de gauche, l'organisation critique la BCE mais ne prône pas pour autant la sortie de l'euro. Cependant, le parti espagnol accorde une plus grande importance à des aspects de la vie plus concrets, comme l'accès pour tous à une alimentation saine, à l'eau, et aux libertés et droits fondamentaux. Cause directe de la politique de Rajoy anti-avortement, anti-manifestations et de plusieurs années de diète économique.

Autre différence, et elle est de taille : Podemos n'a eu besoin d'aucune alliance avec d'autres partis politiques pour percer. Les communistes espagnols, ou même les socialistes, vont avoir de quoi débattre longuement en interne sur la position à prendre face à ce parti grandissant, à moins qu'il ne soit déjà trop tard.

 

Source : www.marianne.net

 

 

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 21:37

 

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Solidarité de proximité

L’économie de partage devant sa porte : le projet Pumpipumpe

par Agnès Rousseaux 5 septembre 2014

 

 

 

 

Vous avez besoin d’une tondeuse, d’une perceuse, d’un moule à brioche ou d’une machine à coudre ? Et si plutôt que de les acheter ou les louer, vous alliez sonner chez vos voisins pour les emprunter ? Pour encourager ce type d’échange, le projet Pumpipumpe propose de coller sur sa boîte aux lettres des autocollants stylisant les objets que l’on accepte de prêter à ses voisins. Objectif : rendre ces objets visibles et faciliter la démarche. Le fonctionnement est très simple : on peut commander ces vignettes autocollantes depuis le site internet Pumpipumpe. Il suffit de sélectionner les vignettes correspondant aux objets choisis : de la pompe à vélo à l’appareil à raclette, en passant par le barbecue, les outils de cuisine ou le fer à repasser. Sans oublier les livres, des journaux ou la connexion Wifi. Pour l’envoi des vignettes, une participation au frais de 4 euros est demandée (envoi gratuit pour l’Allemagne et la Suisse).

« Nous sommes partis du constat qu’il y a souvent en ville une certaine gêne à oser sonner chez ses voisins lorsqu’on requiert leur aide », explique Sabine Hirsig, l’une des initiatrices de ce projet, lancé à Berne en Suisse il y a deux ans. Pumpipumpe signifie « prête moi ta pompe à vélo » en dialecte alémanique. Au-delà de sa dimension pratique et solidaire, le projet veut aussi amener à réfléchir sur la manière dont nous utilisons les biens de consommation. Est-il nécessaire d’acheter des objets dont on se sert peu, quand l’on peut se prêter entre voisins tout ce dont nous avons besoin ?


 


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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 21:18

 

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Démocratie

Dans un village de la Drôme, la révolution participative est en marche !

par Lisa Giachino (L’âge de faire) 4 septembre 2014

 

 

 

 

 

A Saillans, dans la Drôme, une liste collégiale a remporté les municipales. Les habitants ont entièrement repensé le fonctionnement de la mairie, en s’appuyant sur les méthodes d’animation de l’éducation populaire. Depuis six mois, ils mettent en place des groupes action projet où se retrouvent élus et habitants, pour débattre des principales questions de la vie du village. Une petite révolution participative !

Cet article a initialement été publié dans le journal L’âge de faire.

Mardi 20 mai. Ce soir, l’ambiance est studieuse chez Joachim Hirschler. Attablés dans son salon, six villageois planchent sur un projet de réduction de l’éclairage public : pour éviter le gaspillage d’électricité et la pollution lumineuse, les lampadaires ne resteront plus allumés toute la nuit. Alain a conçu des graphiques permettant de visualiser les horaires – différents selon les saisons et les quartiers. Anne-Laure prend des notes pour l’affiche qui sera placardée dans le village. Il est décidé qu’après six mois de test, des ajustements seront possibles en fonction des retours des habitants.

  • « Et si on faisait un achat en gros de lampes de poche à manivelle, que la mairie revendrait à petit prix aux habitants ? »
  • « On pourrait le proposer, mais il faut voir le budget », commente Joachim, l’« élu référent » du Gap « éclairage public ».

Gap ? C’est le nom des « groupes action projet », l’un des maillons de la nouvelle organisation mise en place par la municipalité de Saillans. Bienvenue dans ce joli village de la Drôme, qui attise la curiosité des médias et des chercheurs : aux dernières municipales, un collectif d’habitants s’est emparé de la mairie. Depuis, il démontre que la « démocratie participative » ne se réduit pas forcément à un vague slogan. Juste deux chiffres, lâchés avec satisfaction par Joachim : sur 1 080 votants, 200 sont inscrits dans au moins une commission participative. Autant dire que la matière grise qui s’active pour faire avancer les affaires municipales dépasse largement celle des quinze conseillers élus [1].

Fonctionnement collégial plutôt qu’organisation pyramidale

« Si j’avais géré seul l’éclairage public, j’aurais choisi des horaires standards », confie Joachim avec son accent allemand. Les citoyens vont beaucoup plus loin. » C’est en vertu de ce principe que le collectif avait préparé, bien avant les élections, sa petite révolution. Désormais, les habitants sont invités à prendre part aux décisions avant que les projets ne soient ficelés. Sur chaque grand domaine fixé par les élus, une commission thématique est ouverte à tous les habitants une ou deux fois par an. C’est lors de ces commissions que naissent les Gap, qui réunissent un petit nombre de citoyens autour d’un élu pour travailler sur un sujet précis. Plusieurs fois par mois, un comité de pilotage réunit les élus et les habitants volontaires pour rendre compte des travaux en cours, prendre des décisions, et valider les propositions des Gap. Un conseil des sages, constitué de personnes non élues qui ont soutenu la démarche, veille à ce que la gestion reste participative. Et le conseil municipal dans tout ça ? Il sert essentiellement aux votes et délibérations officiels.

Cette organisation a été élaborée par le collectif avant les élections. « On a fait un travail de fond, pendant deux mois, sur ce que c’est qu’un fonctionnement collégial », indique Fernand Karagiannis. C’est finalement à grand renfort de gommettes, de collages et de redécoupages, que les participants ont construit des institutions locales correspondant à leur projet.

« Tu t’attends à une discussion PMU… Et tac tac tac, gommettes ! »

Mercredi 21 mai. J’ai rendez-vous avec Vincent Beillard. En général, quand ses concitoyens l’appellent « M. le Maire », c’est une boutade : le collectif s’en serait bien passé, de maire. Mais il en fallait un, ainsi qu’un premier adjoint, par obligation légale. « J’étais au boulot quand ils m’ont désigné comme tête de liste, raconte Vincent. La décision a été prise en fonction des disponibilités de chacun. » Vincent a 42 ans et travaille deux ou trois nuits par semaine dans un établissement pour handicapés. Il est en binôme avec la première adjointe, Annie Morin, une enseignante à la retraite. A eux deux, ils gèrent les affaires du quotidien. « Mais on n’a pas plus de délégations que les autres élus », souligne Vincent.

On est au sous-sol de L’oignon, le bar associatif qu’il a contribué à lancer il y a quelques années. Des caves comme celles-ci, humides et voutées, il y en a plein le centre-ville, sous les maisons de pierres reliées par des ruelles. Assis dans un vieux fauteuil de cinéma, Vincent raconte comment Saillans s’est pris au jeu de la réflexion collective. C’était il y a un peu plus d’un an. Quelques personnes ont commencé à parler de la gestion communale. « Au fil des réunions, on s’est retrouvés une bonne quarantaine, se souvient Vincent. On voulait que les gens s’impliquent vraiment dans les décisions, et, pour tester nos idées, on a organisé une première réunion publique en novembre. »

Soigneusement préparée, cette soirée a marqué les esprits. Quelques membres du collectif connaissaient les méthodes d’animation de l’éducation populaire, et ont formé les autres. « On a expliqué la démarche pendant 10 minutes, puis on a fait de petits groupes pour que tout le monde puisse s’exprimer, raconte Vincent. A chaque table, un animateur était là pour poser un cadre et éviter les guerres de chapelles. Les groupes désignaient ensuite un représentant pour faire remonter leurs propositions, et chaque participant disposait de gommettes à placer sur les actions qui lui semblaient prioritaires. On s’est retrouvés, un peu dépassés, avec 120 personnes… . » Joachim Hirschler en rigole encore : « Tu t’attends à une discussion PMU, et là, tac-tac-tac, gommettes ! »

« Néo » et « anciens »

L’efficacité de la démarche a séduit à la fois des « anciens » du village, et des néo-ruraux de 30-40 ans. Lassés de la politique traditionnelle, tous ont contribué au score de la liste collégiale – plus de 56 % – et on les retrouve aujourd’hui dans les commissions thématiques, que les élus continuent d’animer selon les mêmes méthodes. « C’est très bien mené, remarque Anne-Laure Mangou, institutrice venue de région parisienne, qui fait partie du Gap "éclairage public". Il n’y a pas d’engueulade. Les animateurs nous disent : "Ok, vos beaux rêves, on les écoute aussi, on fera un tri dans les idées, mais on les garde quelque part". Il y a une sorte d’exaltation à travailler ensemble. Ça rejoint nos expériences personnelles : on est venus pour construire du neuf. »

Annie Morin, la première adjointe, est née là. A 67 ans, elle connaît bien l’histoire de Saillans : l’élevage du vers à soie qui faisait autrefois affluer des bataillons de jeunes ouvrières ; les affres de la désertification à partir des années 60 ; maintenant, ce bol d’air apporté par les « néo », qui viennent souvent s’installer à la faveur du télétravail. Elle est ravie de ce mélange. « J’ai le passé du village, et eux apportent un regard neuf. Mais on se rejoint : les anciens ont envie de garder l’identité de Saillans, et les néo ont choisi la vie de village. On a tous dépassé le stade du développement forcé. »

« Il existe des lieux qu’il faut investir »

Mais si l’on veut bien comprendre ce qu’il se passe à Saillans, il faut remonter plus loin que l’année dernière. Membre du Gap « éclairage public », Maddy Royer est aussi adhérente de l’association Pays de Saillans vivant. Elle raconte comment, dès 2010, des habitants se sont questionnés sur le rôle qu’ils avaient à jouer dans les décisions locales. « Un jour, on a appris qu’il y avait un projet de supermarché sur la zone artisanale de Saillans. C’est une chevrière d’un autre village, élue à la communauté de communes, qui nous a avertis. On s’est dit que c’était de notre faute si on n’était pas informés : il existe des lieux pour savoir, et il faut les investir. »

Les membres de l’association décident de se relayer aux réunions de la communauté de communes. Ils publient un journal, Quèsaquo, dans lequel ils décortiquent le projet de supermarché et critiquent le fonctionnement de l’intercommunalité : des « élus sous-informés » qui votent les dossiers sans aucun recul. Suite à une forte mobilisation locale, le projet de supermarché est abandonné. Mais l’association poursuit son travail, publie une « grande enquête citoyenne », appelle les habitants à assister aux conseils municipaux…

Ni programme ni étiquette

Pour Fernand Karagiannis, élu et membre de Pays de Saillans vivant, l’association a joué le rôle de déclencheur. « Nous n’avons pas pris position contre les élus sortants, mais plutôt appelé les gens à se prendre en charge. Si les gens ont adhéré, c’est aussi parce que nous ne leur avons pas imposé de programme, ni d’étiquette politique : c’est la manière de faire qui montre ce qu’on est vraiment. Quand des élus acceptent de laisser du pouvoir aux citoyens, ça va plus loin que la politique. »

Jeudi 22 mai. La salle de réunion de la mairie est tout juste assez grande pour accueillir le comité de pilotage : les élus et une quinzaine d’habitants. Présenté par Joachim, le travail du Gap « éclairage public » est validé. Vincent fait le bilan de la commission « vie culturelle » qui a constaté le manque de salles disponibles, notamment pour les jeunes. Puis, la discussion s’anime autour de l’avenir d’un gîte délabré, que la commune n’a pas les moyens de rénover. Faut-il le confier à l’intercommunalité ? Une jeune femme demande la parole : pourquoi ne pas imaginer un chantier impliquant les jeunes, pour remettre le lieu en état et en faire un espace qui leur serait ouvert ?

« Avant, aller dans une réunion, c’était rébarbatif. Maintenant, les gens viennent, et c’est valorisant de les sentir prêts à travailler », se réjouit Fernand. Avant d’enfourcher son vélo, Joachim se tourne vers le perron avec un petit sourire : « Il y avait deux dames, ce soir, qui nous étaient farouchement opposées. Maintenant, elles participent. » Comme dit Maddy, « travailler ensemble sur quelque chose de précis, ça redonne de l’énergie ».

Lisa Giachino, L’âge de faire

L’âge de faire est partenaire de Basta ! Retrouvez la présentation sur notre page partenaires.

Cet article est tiré du numéro d’été de L’âge de faire. Au sommaire : plaisance populaire, pêche artisanale, aquaculture bio, initiatives de solidarité, navisport, Amap poissons… Grâce à la mer, les liens se tissent.

 

Notes

[1Douze pour la majorité, trois pour l’opposition. Une élue de l’opposition a accepté d’intégrer le fonctionnement de la liste collégiale, et travaille en binôme comme les autres.


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Source : www.bastamag.net

 

 

 

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 18:04

 

Source : www.marianne.net

 

 

Négociations transatlantiques : les deux visages de la transparence
Jeudi 4 Septembre 2014 à 05:00

 

Régis Soubrouillard
Journaliste à Marianne, plus particulièrement chargé des questions internationales En savoir plus sur cet auteur

 

Alors que la présidence italienne de l'Union européenne a demandé un effort de transparence sur les négociations transatlantiques aux 28 Etats membres, le site Euractiv révèle que le Parlement européen s'apprête à rejeter une motion portant sur la transparence de ces mêmes négociations. Motif du refus : la motion a été déposée par le Front national.

 

Le commissaire européen au Commerce Karel de Gucht - Virginia Mayo/AP/SIPA
Le commissaire européen au Commerce Karel de Gucht - Virginia Mayo/AP/SIPA

Communiquer ou pas ? Face à la montée des critiques sur les négociations du traité transatlantique le Parlement européen tente de faire des efforts de transparence depuis quelques semaines comme l’a déjà noté Marianne. Du saupoudrage pour éteindre les nombreuses polémiques sur l’avancement des négociations, prévues pour se dérouler dans la plus totale opacité. 

 

L’Italie, qui préside pour six mois l’Union européenne, a même adressé une lettre à ses partenaires européens pour qu’ils acceptent de rendre public le mandat de la Commission dans ses discussions avec Washington. Si la présidence italienne tient à faire un geste politique pour lever les crispations autour du TAFTA, certains pays sont encore réticents à la publication de ce mandat et pourraient bien bloquer l’opération transparence. Il faut, en effet, l’accord unanime des 28 Etats pour lever sa confidentialité. 

 

Dans ce courrier, co-signé par le commissaire européen au Commerce Karel de Gucht, le gouvernement italien dit être favorable à une telle publication pour « favoriser une meilleure perception et conscience de l'opinion publique quant aux objectifs de la négociation commerciale avec les Etats-Unis ». Une décision qui arrive bien tardivement tant le document a déjà largement fuité sur Internet.

 

Mais une autre information du site Euractiv souligne à quel point la transparence n’est pas la priorité politique des différentes institutions européennes. Le site révèle en effet que la commission Commerce international du Parlement « s’apprête à rejeter une motion déposée par Marine Le Pen » qui portait justement sur la transparence des négociations dans le cadre du traité transatlantique. Motif de ce refus : la demande émane du Front national (qui, il faut le signaler, n'avait pas toujours été très clair sur le sujet).
 

« Alors qu’un grand nombre d’eurodéputés parmi les groupes politiques partagent cette demande, ils ne voteront pas en faveur d'une motion déposée par Mme Le Pen cet été, afin de ne pas faire sa promotion » écrit Euractiv. 

 

Consultée par Marianne, la proposition de résolution sur le manque de transparence dans les négociations du partenariat transatlantique se voulait pourtant sans contenu politique majeur que l’on jugerait irrecevable. La résolution constate le « manque de transparence flagrant » des négociations, considère que « la clause sur le règlement des différends entre investisseurs et Etats membres (RDIE) porte atteinte à la souveraineté des Etats membres » et souligne les inquiétudes suscitées par « l’accord de commerce le plus important que l’Union européenne n’ait jamais négocié » au risque de « mener à un marché unique plutôt qu’à un accord de libre échange ». En conséquence, la motion « exige un accès immédiat au dossier complet, pendant toute la durée des négociations ». 

 

Pas beaucoup plus, en fait, que la demande récente formulée aux Etats de l’Union par la présidence italienne et le négociateur Karel De Gucht.

 

Mais en l’occurrence la résolution du FN devrait être enterrée : « Les coordinateurs vont s'opposer à la motion. Aucun n'a intérêt à leur donner une tribune » souligne une source interrogée par le site. 

 

Une décision qui montre au passage l’isolement politique du Front national, incapable de former un groupe parlementaire et qui devrait payer le prix de cette impuissance politique durant toute sa mandature. Un groupe parlementaire lui aurait, par exemple, permis de présenter des motions au Parlement sans passer par l’étape du vote en commission. 

 

Il n’empêche que pendant ces règlements de compte politique, les négociations transatlantiques continuent. Le blog Contre la Cour faisait état au cours du mois d’août de la finalisation de l’accord UE-Canada. Le texte final du CETA (Canada - Eu Trade agreement) dont le négociateur européen est le même Karel de Gucht et qui relève de la même démarche que TAFTA, devrait être présenté fin septembre et être approuvé par les dix provinces canadiennes ainsi que les 28 États de l’UE, pour être mis en œuvre. En l’occurrence, ce n’est pas le Parlement qui a publié la version finalisée de cet accord mais une chaîne de télévision allemande…

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

 

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 16:56

 

Source : cadtm.org

 

 


CADTM

 

Quelles banques de développement, pour quoi faire ?

2 septembre par Virginie de Romanet

 

 


Eurodad, réseau européen sur la dette et le développement, a récemment publié un rapport sur les banques dites de « développement » multilatérales et bilatérales |1|. L’auteure Maria José Romero y analyse le poids économique, le rôle et les conséquences de l’action de ces institutions relativement peu connues.

 

Le contexte des banques de développement multilatérales et bilatérales

Les banques multilatérales dont il est question dans le rapport sont la Société financière internationale (SFI), institution membre du groupe Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque asiatique de développement (BAsD). Quant aux bilatérales mentionnées, elles sont au nombre de 12 qui proviennent des principaux pays européens.

Dès 1956, la Banque mondiale mettait sur pied une institution spécifique, la Société financière internationale (SFI), destinée au financement de projets d’entreprises privées dans les pays dudit Tiers Monde, investissements qui ont pris de plus en plus d’envergure au fil du temps.

En plus de leur participation aux institutions financières internationales et leurs agences de crédit à l’exportation, les pays du Nord ont mis sur pied des banques de développement prétendument censées aider au financement et développement des économies locales par l’appui aux petites et moyennes entreprises voire même aux très petites entreprises. Quinze institutions financières bilatérales de développement font partie de l’Association européenne des banques de développement (European Developement Finance Institutions - EDFI).

 

Un secteur en croissance

La SFI a le plus gros portefeuille de prêts avec environ 18 milliards de dollars et fait office de référence pour l’ensemble du secteur. Elle est seulement dépassée par les montants cumulés par l’ensemble des banques de l’EDFI qui se montait en 2012 à plus de 26 milliards d’euros, avec une augmentation de plus de 160% depuis 2003. Il y a une grande disparité dans la taille de ces institutions qui s’échelonne d’un portefeuille de 8 millions d’euros pour la banque portugaise de développement à 6,3 milliards d’euros pour la néerlandaise FMO. Leurs gouvernements respectifs leur octroient des garanties ; ce qui, avec leur statut de créancier privilégié, concourt largement au développement de ce secteur. Entre 2008 et 2012, six institutions (les trois multilatérales que sont la SFI, la BEI et la BAsD ainsi que les banques française, allemandes et néerlandaises ont engagé 75 milliards d’euros à destination du secteur privé dans les pays en développement. Une prévision pour 2015 fait état d’investissements dépassant les 100 milliards d’euros. Ceci fait des banques de "développement" un acteur de premier plan.

La question est de savoir si leur action telle qu’elle est menée actuellement peut-elle avoir un réel impact positif sur le développement. C’est ce que nous allons voir maintenant.

 

Développement des peuples ou des actionnaires ?

Pour la période 2010-2013, les pays à faibles revenus n’ont reçu que 5,5% des investissements de la SFI. Pire, sur la période s’échelonnant entre 2006 et 2010, près de la moitié des fonds engagés ont servi à appuyer des entreprises originaires de pays membres de l’OCDE |2| et certaines dans les paradis fiscaux.

Par ailleurs, près de 40% des entreprises sont des multinationales cotées en bourse. Des prêts de 26 et 53 millions de dollars ont ainsi été octroyés aux filiales des hôtels de luxe Mövenpick et Mariott au Ghana et en Jamaïque. L’argument invoqué étant bien sûr la création d’emplois. On peut cependant douter que ce paramètre ait été le premier critère et on peut raisonnablement penser que cet argent aurait pu être mieux employé pour bénéficier aux populations locales.

La banque de "développement" britannique a, quant à elle, financé la construction de résidences avec accès contrôlé destinées bien évidemment à un public aisé, de centres commerciaux et de biens de luxe. Épinglée par le CNCD, la plateforme belge francophone des organisations de coopération au développement, la banque belge BiO |3| avait des investissements dans les paradis fiscaux qui privent les États du Sud comme du Nord de recettes fiscales considérables mais aussi dans des centres de fitness. Ce dernier cas laisse songeur en matière de création d’emplois !

Une évaluation récente faite par le dénommé Groupe indépendant d’évaluation IEG de la Banque mondiale portant sur 166 projets d’investissement de la SFI qui prétendent cibler les PME, principaux acteurs de la création d’emplois dans les pays en développement, a au contraire montré que seuls 20% des projets ont bénéficié au secteur des PME.

 

Quid des droits humains ?

Le respect des droits humains ne compte pas parmi les préoccupations de ces institutions. La SFI a ainsi financé une entreprise hondurienne active dans l’huile de palme et l’agrobusiness alors que celle-ci avait été plusieurs fois accusée d’assassinat, de kidnapping et d’éviction forcée de paysans de leurs terres. Plus largement, le contexte même du Honduras pose problème puisque le président démocratiquement élu, Manuel Zelaya, a été renversé par un Coup d’État en 2009, ce que la SFI ne pouvait ignorer !

Bien que SFI ait présenté en avril 2014 un document intitulé Lessons learned visant à une sorte de mea culpa en réponse à la pression d’organisations de la société civile, la vigilance des aspects sociaux et environnementaux n’est toujours pas prise en considération par cette institution. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. En effet, la Banque mondiale a commandité de nombreux rapports d’évaluation afin de redorer son blason. Or, elle ne tient presque jamais compte de ces rapports qui ne sont pas contraignants pour la direction de la banque.

 

Des banques de "développement" au service des entreprises du Nord

La plupart des banques membres de l’EDFI ont été mises sur pied après les décolonisations pour protéger leurs intérêts dans leurs anciennes colonies et continuent d’agir dans cette optique. L’existence de ces banques bilatérales est une aubaine pour les entreprises du pays d’origine qui peuvent ainsi bénéficier de prêts à bas taux d’intérêt et remportent souvent le marché au détriment d’entreprises locales. Ce qui entre en contradiction avec l’objectif affiché de soutien au secteur privé national. Il faut dire que les pays soi-disant bénéficiaires n’ont guère voix au chapitre.

À cela, il faut ajouter la liberté des mouvements de capitaux qui permet aux investisseurs de rapatrier leurs capitaux dès les premiers signes d’inquiétude ; ce qui a pour effet de précipiter et approfondir la crise comme ça s’est passé avec la crise du Sud-Est asiatique en 1997.

 

Des prêts qui posent plus de questions qu’ils n’en résolvent

Si la SFI divulgue des informations commercialement non sensibles, celles qui le sont d’un point de vue financier ou de relations contractuelles ne sont pas communiquées. Il en va de même pour les banques bilatérales.

Par ailleurs, ces flux de capitaux entrants présentent encore un autre problème, celui de la volatilité des capitaux venus chercher un rendement plus élevé qui fuient le pays dès le moindre signe de difficulté entraînant la paralysie des projets dans lesquels ces investissements ont lieu. Face à ce risque, les pays qui en ont eu les moyens se sont constitués des stocks importants de réserves de change pour parer aux retraits brutaux des capitaux investis et aux attaques spéculatives contre leurs monnaies, attaques permises par la libéralisation des mouvements de capitaux.

La situation économique favorable qui a bénéficié à de nombreux pays exportateurs de matières premières au cours de la dernière décennie aurait pu et pourrait toujours, avant que la conjoncture n’évolue défavorablement, être mise à profit pour refuser de continuer à payer une dette illégitime, mener à bien des audits sur leur dette, se passer ou en tout cas diminuer leur dépendance vis à vis des créanciers et investir une partie de leurs réserves dans leur économie et le développement de leur population.

 

Notes

|1| "A private affair. Shining a light on the shadowy institutions giving public support to private companies and taking over the development agenda" (Lever le voile sur les institutions opaques au service des entreprises qui s’approprient l’agenda de développement)

|2| L’Organisation de Coopération et Développement économique réunit les 34 pays les plus riches de la planète et représentait en 2009 80% du PIB mondial et ce sans la Chine, pourtant alors déjà 3e pays en terme de terme de PIB au niveau mondial http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_PIB_nominal_%282009%29) -2nd aujourd’hui.

|3| http://www.cncd.be/BIO-une-societe-dans-la-tourmente

 

 

Source : cadtm.org

 

 

 

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 16:27

 

 

Source : cadtm.org


 

Grèce

Au moment où la Troïka et la Grèce clôturent leurs négociations à Paris, le CADTM exige l’annulation pure et simple de la dette odieuse à l’égard de la Troïka

Communiqué de presse

5 septembre par CADTM

 

 


La Troïka, composée des représentants du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Commission européenne, a mené pour la première fois du 2 au 4 septembre des négociations avec le gouvernement grec à l’extérieur du pays. Lieu choisi : Paris, plus précisément le siège de la très libérale Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), au château de la Muette.

À croire que ces négociateurs craignent les manifestations du peuple grec qui subit depuis 2010 une cure d’austérité sans précédent et qui lutte pour sa dignité à l’image des 595 femmes de ménage du ministère des finance, licenciées abusivement et devenues le symbole de la résistance à la Troïka. Une journée internationale de mobilisation de soutien à ces 595 femmes est d’ailleurs prévue le 20 septembre prochain.

Ces négociations, qui se sont déroulées au moment où le gouvernement Valls renforce lui aussi l’austérité, représentent pour la Troïka « une évaluation de routine » des réformes en cours qui permettra, « dans le meilleur des cas » de débloquer l’ultime tranche de prêt de l’Union européenne (UE) d’environ 2 milliards d’euros à condition que le gouvernement applique de nouvelles mesures d’austérité.

Or, la cure d’austérité qui est imposée depuis quatre ans pour (officiellement) réduire une dette insoutenable, aggrave en réalité le poids de celle-ci et enfonce les Grecs dans la misère. Ces mesures d’une violence inouïe sont imposées en échange de prêts de la Troïka. Depuis 2010, cette dernière a déjà endetté le pays à hauteur de 240 milliards d’euros et c’est sans compter les intérêts que le peuple devra en plus rembourser en se saignant aux quatre veines.

Sur injonction de la Troïka, le gouvernement grec s’est engagé à licencier 6500 fonctionnaires d’ici la fin de l’année 2014 alors qu’environ 20 000 agents ont déjà été mis au chômage via la fusion ou la suppression d’organismes publics. Et ce n’est pas fini. Selon le quotidien grec Kathimerini, 600 nouvelles mesures doivent encore être adoptées. L’une d’elles pourrait bientôt permettre aux employeurs de licencier librement sans justification. Une autre mesure que la Troïka veut mettre en place pour aider les banques grecques ployant sous 70 milliards d’euros de créances douteuses est de leur permettre de saisir les biens immobiliers dans le cas de crédits non payés.

Pendant ce temps, et malgré la mascarade du plan d’allègement intervenu en 2012, la dette publique poursuit son ascension. Celle-ci s’élève aujourd’hui à 175,1% du PIB (318 milliards d’euros) contre 129,7% du PIB en 2009 avant l’arrivée de la Troïka.

La politique dictée par ses créanciers au gouvernement grec complice conduit logiquement au délabrement de la société toute entière, au chômage de masse qui stagne à 27 % de la population active (celui des jeunes a triplé depuis 2008) et à une profonde récession.
La réunion de Paris, comme chacune des missions précédentes de la Troïka, n’améliorera en rien les conditions de vie de la population. Les seuls bénéficiaires de la gestion de la crise sont les grandes entreprises multinationales et nationales qui profitent des privatisations et de la baisse des salaires et les quelques oligarques à leurs services.

Les recettes tirées des privatisations (réseau de télécoms – OTE, office des paris sportifs- OPAP, loteries nationales, compagnie de gaz, la compagnie des eaux de Thessalonique, les ports du Pirée et de Thessalonique, des aéroports régionaux, etc.) partent aussitôt en remboursement de la dette. De même, chaque prêt de la Troïka repart en grande partie en remboursement des dettes antérieures.

Le CADTM condamne l’ingérence de la Troïka qui viole la souveraineté du peuple grec, et exige l’annulation pure et simple de toutes les dettes odieuses, illégales et illégitimes de la Grèce. Le peuple grec rembourse depuis trop longtemps cette dette imposée par l’UE et le FMI pour l’asservir.
Pour de nombreux Grecs précarisés, affamés, en situation de survie, au bord du suicide ou sur le chemin de l’exode, les dommages sont irréversibles.

Plusieurs rapports officiels publiés en 2013 et 2014, dont celui du Commissaire européen aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe |1|, de l’Expert de l’ONU sur la dette ou encore l’opinion juridique du professeur de droit Andreas Fischer-Lescano commissionnée par la Chambre de travail de Vienne |2|, démontrent avec précision que la Troïka a violé une série de droits humains protégés par les textes internationaux.

Il est temps de poursuivre en justice la Troïka et d’exiger des réparations pour les dégâts humains et écologiques.

Enfin, le CADTM exige que soient rendues publiques les dépenses de cette fastueuse rencontre aux frais des contribuables.

Notes

|1| Rapport « Safegarding human rights in time of economic crises », publié le 3 décembre 2013

|2| Rapport « Human Rights in Times of Austerity Policy », publié le 17 février 2014

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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