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4 janvier 2017 3 04 /01 /janvier /2017 18:24

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Choix de société

Au nom de la sauvegarde de l’emploi, la pollution aux « boues rouges » continue de sévir à Gardanne

 

par

 

 

À Gardanne dans les Bouches-du-Rhône, les résidus solides de l’usine d’alumine ont cessé depuis un an d’être déversés dans la mer Méditerranée. La question est-elle pour autant résolue ? Entre la toxicité des rejets liquides qui se poursuivent, et la dissémination des boues rouges désormais stockées à l’air libre, certaines voix tentent d’attirer l’attention sur les pollutions qui persistent. Mais la peur d’une fermeture de l’usine et de la perte de ses 400 emplois, relayée par de nombreux responsables politiques, dissuade la contestation locale, et permet à l’industriel Alteo de continuer à bénéficier de dérogations. Reportage.

C’est la plus ancienne usine du monde encore en activité. A Gardanne (Bouches-du-Rhône), à 30 kilomètres au nord de Marseille, on l’appelle respectueusement la « vieille dame ». C’est une usine de production d’alumine édifiée en 1894 par le groupe Pechiney, dans une ville minière où l’on exploite alors le charbon. A l’époque, ce combustible est nécessaire dans le processus de fabrication de l’alumine, de même que la bauxite produite dans le Var, et la soude, fabriquée à Marseille. L’emplacement de l’usine est donc idéal. Dès ses débuts, l’employeur instaure une politique paternaliste afin d’intégrer ses salariés, le plus souvent immigrés. « Les Gardannais de plus de 80 ans vous diront qu’ils sont allés se faire soigner dans le dispensaire de l’usine, raconte François-Michel Lambert, député de l’Union des démocrates et des écologistes (UDE, créée par des élus ayant quitté Europe écologie - Les Verts) des Bouches-du-Rhône. Et ceux qui sont nés il y a 40 ans se rappelleront qu’ils ont appris à nager dans la piscine construite par Pechiney. »

En un siècle, l’usine aujourd’hui exploitée par la société Alteo a construit une partie de l’espace urbain et s’est matériellement imbriquée dans la ville. Elle génère aussi un consensus mémoriel difficile à remettre en question. Or, la production de l’alumine, une poudre blanche aujourd’hui utilisée dans la fabrication des écrans LCD, des céramiques industrielles et des réfractaires – mais également dans l’armement et le matériel nucléaire – génère depuis ses débuts une masse importante de déchets. Dans le procédé Bayer inventé à la fin du 19ème siècle et toujours utilisé, la bauxite est mélangée avec de la soude et de la chaux dans des chambres sous pression. Les éléments liquides et solides sont ensuite séparés. Ces résidus solides, appelés « boues rouges » du fait de leur forte concentration en oxyde de fer, comportent aussi des taux élevés de métaux lourds, et de radioactivité.

 

De l’ignorance à l’omerta

De 1906 à 1966, les boues rouges sont stockées à deux kilomètres de l’usine, dans les vallons d’Encorse et de Mange-Garri à Bouc-Bel-Air. Un téléphérique les transporte dans des wagonnets au-dessus des maisons où habitent les salariés de l’usine. « A l’époque, nous ne savions pas tout ça. Il y avait le salaire, le logement, les colonies de vacances… L’usine, c’était toute la vie des gens qui y travaillaient et c’est encore le cas aujourd’hui », soupire Aline Frosini. Son père et plusieurs membres de sa famille ont travaillé pour Pechiney. A sa retraite, elle est revenue habiter Gardanne, mais le regrette amèrement aujourd’hui.

Depuis plus d’un siècle, une fine pollution atmosphérique – sous forme de poussières rouges et blanches – se dépose partout dans la ville. « J’ai pris conscience de ce problème lorsque je me suis intéressée aux dérogations qui ont été données par les autorités à l’usine. Les normes qu’elles imposent sont bien plus tolérantes que celles de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) [1]. » Avec les autres représentants du collège des riverains à la Commission de suivi du site [2], elle se mobilise pour que les normes soient alignées sur celles préconisées par l’OMS.

Mais sa voix est isolée et peu audible, dans une ville où trois générations d’habitants se sont succédées à l’usine d’alumine. Salariés et syndicalistes ne s’expriment pas ou très peu dans les médias sur ce sujet. L’entreprise Alteo emploie plus de 400 personnes. « On ne peut pas obliger un âne à boire s’il n’a pas soif, confie-t-elle. Nous étions dans l’ignorance totale, et aujourd’hui on nous culpabilise parce que nous dénonçons cette pollution. C’est l’omerta. »

Un « Lac rouge » de déchets

Les habitants du vallon de Mange-Garri, zone de stockage des boues rouges, bataillent également dans le silence. L’espace de stockage n’était plus utilisé depuis 1967, l’industriel rejetant ses déchets en Méditerranée. Il l’est à nouveau depuis 2007, lorsque l’usine obtient un arrêté préfectoral d’exploitation pour 14 ans. Dès lors, les riverains se plaignent des poussières qui envahissent leurs habitations au moindre coup de vent.

Le site de stockage de Mange-Garri. © Carole Filiu-Mouhali

La maison d’Abdellatif Khaldi est de celles-là. Nichée au cœur d’une forêt de pins, sa terrasse offre une vue imprenable sur les collines provençales. Mais il suffit de marcher quelques minutes pour atteindre rapidement un étrange lac rouge immobile. Sur plusieurs milliers de mètres carrés, des résidus de production sont entreposés à l’air libre. L’ambiance est saisissante : des arbres morts à l’écorce blanchie surgissent du lac tel des danseurs figés. Les pins qui l’entourent sont décolorés. La croûte de déchets est humide, arrosée en permanence afin de diminuer l’envol de poussières.

 

Valeurs supérieures aux normes de l’OMS

« Ce qui était jeté à la mer est aujourd’hui entreposé à côté de chez nous, s’inquiète Abdellatif Khaldi. Depuis le 31 décembre 2015, Alteo ne rejette plus en mer que des résidus liquides. Les déchets solides, les fameuses « boues rouges », sont entreposés à Bouc-Bel-Air. Nous nous sommes adressés à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), mais rien n’a été fait. C’est un dialogue de sourds, on nous répète seulement que l’industriel a fait des progrès. » A l’automne 2015, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) réalise un diagnostic de l’influence des émissions de poussière du site. Après quatre à cinq semaines d’étude, le BRGM conclut que les concentrations en PM10 (poussières émises par les résidus) mesurées dans l’air sont inférieures aux valeurs réglementaires mais supérieures à la ligne directrice de l’OMS.

Ce point de vue tiré de Google Earth permet de visualiser l’usine (en bas à droite, le long de la voie-rapide) ainsi que l’espace de stockage.

Les riverains contestent cette étude réalisée en période pluvieuse et qui n’a pas pris en compte l’acidité des boues rouges ni l’inhalation de certains produits radioactifs. François-Michel Lambert concède : « Il y a de quoi devenir dingue quand la poussière envahit votre maison. Et je ne nie pas l’impact sur la santé. Mais comment ce permis de construire dans une forêt et à proximité d’un espace de stockage de produits industriels a-t-il pu être délivré ? » Le député a demandé à deux reprises à ce que l’État estime le montant de ces maisons pour leur rachat. Mais Abdellatif Khaldi, atteint de cancers du cœur et du poumon, est catégorique : « Je n’accepte pas d’être relogé, d’être spolié. Je veux simplement que soient appliquées les règles environnementales. »

 

« Inconvénients et atouts » des boues rouges

A Alteo, le directeur des opérations Eric Duchenne assure : « Les déchets entreposés à Mange-Garri ne sont pas dangereux car la bauxite n’est pas un produit toxique. » Depuis 2007, l’industriel a investi 30 millions d’euros dans trois filtre-presse – financés pour moitié par des subventions de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse – qui séparent les résidus liquides des résidus solides. Objectif : les valoriser pour leur trouver un nouvel emploi. La bauxaline – nouvelle appellation des boues rouges – pourrait être utilisée pour la dépollution de cours d’eaux ou en tant que matériel de construction.

Un processus soutenu par François-Michel Lambert à travers l’Institut de l’économie circulaire dont il est président. Fondé en février 2013 par GRDF, La Poste, Ecofolio ou l’école de commerce Kedge Business School, cet institut entend promouvoir la transformation des déchets en ressources. Alteo est lui-même membre de l’institut, mais l’élu se défend de toute collusion : « La cotisation d’Alteo à l’institut représente moins d’1 % de son budget. Comme toute matière, les “boues rouges séchées” ont des inconvénients et des atouts. Il faut savoir utiliser les atouts. » Quid de la traçabilité des éléments toxiques contenus dans la dite « bauxaline » ? Le parlementaire élude la question, rappelant que de nombreux matériaux recyclés, dont le papier, en contiennent également beaucoup.

Pluie de soude sur la ville

Parfois, les élus locaux remettent cependant en cause la politique d’Alteo. Dans la nuit du 8 au 9 mars 2016, un tuyau de l’usine dans lequel circule de la soude chauffée sous pression a lâché. Un nuage de vapeur contenant de la soude s’est alors répandu sur une quinzaine d’hectares. Au petit matin, les Gardannais ont découvert sur leurs véhicules une épaisse pellicule granuleuse, mêlant les habituelles poussières rouges à de petits cristaux blancs. Eric Duchenne l’assure dans La Provence du 11 mars 2016 : « La soude elle-même est restée dans le périmètre de l’usine. Ce qui a survolé Gardanne, c’est de la vapeur d’eau. » Lorsque les journalistes le reprennent sur ce point, il concède : « La vapeur était en contact avec de la soude, donc il y en avait un peu… »

Les habitants se plaignent à Alteo, qui ne prévient la mairie de Gardanne que dix heures plus tard. Roger Meï, maire PCF aux huit mandats et indéboulonnable partisan des industries de sa ville, n’apprécie guère ce manque de transparence et le reproche à l’usine. Les pompiers nettoient à grande eau les cours des écoles situées à proximité, mais le souvenir reste ancré dans la mémoire des habitants. « Ce n’est pas très grave, ironise Aline Frosini. Ça ne pouvait que nous brûler ! »

Façades de maisons à Gardanne. © Carole Filiu-Mouhali

« Comment a-t-on pu autoriser cela ? »

Le 2 septembre 2016, l’émission Thalassa sur France 3 diffuse un reportage sur le déversement des boues rouges en Méditerranée. La ministre de l’Écologie Ségolène Royal, qui s’était déjà opposée en décembre 2015 au Premier ministre Manuel Valls sur l’autorisation donnée à Alteo de poursuivre ses rejets liquides en mer, s’interroge : « Le jour où [ces rejets seront] interdits, on dira : “Mais comment a-t-on pu autoriser ça et renouveler cette autorisation ?” C’est inadmissible. » En réponse, Manuel Valls juge que la décision de poursuivre l’activité d’Alteo permet « à l’activité économique et à des milliers d’emplois d’être préservés ». En plus des 400 salariés de l’usine, Alteo ferait travailler environ 300 personnes via la sous-traitance.

Face à la reprise de la polémique au niveau national, François-Michel Lambert, Roger Meï et Claude Jorda, conseiller départemental de Gardanne, rédigent un communiqué de presse commun en septembre 2016, estimant qu’« il s’agit maintenant de remettre le territoire, les citoyens, les scientifiques et les politiques dans une même dynamique positive pour notre Provence, positive pour la santé des habitants, positive pour la planète, positive pour le développement économique. » Au final, l’autorisation de rejeter des effluents liquides est prolongée. Or, ces derniers restent porteurs d’éléments toxiques.

Pollution contre chantage à l’emploi

L’entreprise Alteo sera-t-elle à même de mener les améliorations techniques attendues, pour réduire ses pollutions ? Le site de Gardanne est déficitaire de 40 millions d’euros sur trois ans, et Alteo, qui est la propriété du fond d’investissement HIG, a vendu ses deux autres sites en France et un troisième en Allemagne. Le 17 novembre 2016, deux amendements à la loi de Finance 2017 proposés par 32 députés socialistes sont discrètement rejetés. Ils visaient à supprimer le plafonnement dont bénéficie l’entreprise pour la redevance liée à la pollution de l’eau.

Selon certains calculs, grâce à cette niche fiscale, créée en 2002 pour la seule Alteo, conjuguée à de nouvelles méthodes d’évaluation de la pollution, l’usine ne devrait plus 1,8 million d’euros de taxe annuelle, mais seulement 300 000 euros. L’amendement visait à limiter cette baisse et à fixer la taxe à 500 000 euros. Les chiffres sont débattus. Pour Christian Eckert, Secrétaire d’état chargé du budget et des comptes publics, cet amendement « ferait peser un risque significatif sur l’avenir de cette entreprise qui serait très largement compromis – c’est un euphémisme. »

Ces craintes sur l’avenir économique d’Alteo et le chantage à l’emploi brandi au plus haut niveau de l’État inquiètent les voix critiquant l’usine. En 2021, les dérogations permettant à l’industriel de rejeter ses déchets liquides en mer et de stocker les boues rouges à Mange-Garri prendront fin. Malgré un soutien politique national et local, ils redoutent de voir Alteo plier bagage et laisser derrière lui plus d’un siècle de pollution.

Texte et photos : Carole Filiu-Mouhali

Photo de Une : l’usine et la ville de Gardanne. Le reportage photo complet est à retrouver ici.

Notes

[1Le 25 mai 2010, le Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques (CSPRT) donne un avis favorable pour une dérogation concernant les rejets atmosphériques en dioxyde d’azote d’Alteo. Cette dérogation prend fin le 31 décembre 2018.

[2La Commission de suivi de site a été mise en place le 15 février 2016 après l’arrêté préfectoral du 31 décembre 2015 autorisant les rejets liquides d’Alteo en mer. Cette commission est composée des différents acteurs – Alteo, pêcheurs, riverains, Parc national des Calanques… – intervenant sur ce sujet.

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

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4 janvier 2017 3 04 /01 /janvier /2017 18:07

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

Hausse des tarifs bancaires : il est toujours possible de refuser !

 

Hausse des tarifs bancaires : il est toujours possible de refuser !

L'augmentation des tarifs des banques au 1er janvier tourne autour de 13%. Mais savez-vous que vous pouvez dire non à cette augmentation ? Les explications de Serge Maître, président de l'Afub.

 

 

 

Frais de tenue de compte, cartes de paiement, retraits... Les tarifs de banques augmentent au 1er janvier. Une augmentation généralisée à quasi tous les établissements français, 13% en moyenne, "la tête dans le four et les pieds dans le congélateur", s'indigne Serge Maître, président de l'Association française des usagers des banques (Afub). Alors, les clients doivent-ils se résigner et accepter cette flambée continue ? Non, refusez, invite Serge Maître.

 

Encore une hausse, encore une grogne. Sommes-nous face à une fatalité ?

L'usager doit savoir qu'il a le pouvoir de dire non face à l'offensive tarifaire des banques. Il y a des règles à respecter. Les banquiers ne peuvent pas tout faire comme ils l'entendent. Ils doivent informer leurs clients de ces hausses et ils doivent aussi les informer que s'ils ne refusent pas dans les deux mois, ils seront présumés avoir accepté.

 

Concrètement, comment dire à sa banque qu'on refuse ?

 

Il faut réagir dans les deux mois précédant la mise en œuvre de la nouvelle tarification. Et, si la banque a "oublié" de vous rappeler qu'il existe ce délai de deux mois, il est possible d'agir à tout moment, dès que vous découvrez que cette hausse existe.

Dans tous les cas, il faut envoyer une lettre recommandée à votre banque pour dire que vous refusez la nouvelle tarification, avec copie au ministère des Finances, en invoquant l'article L312-1-1 du Code monétaire et financier. Face à la loi de la jungle, il faut opposer le droit de la République.

 

Pourquoi envoyer une copie au ministère ?

Parce que nous entendons faire bouger les lignes des pouvoirs publics. La réaction individuelle ne peut pas grand-chose compte tenu de la surdité des banques. La véritable protection des consommateurs ne peut venir que des pouvoirs publics. Ces derniers peuvent mettre en place un véritable régulateur. L'an dernier, Michel Sapin a reçu des milliers de lettres, il a donc demandé un rapport. Mais nous n'avons pas eu de suite. Il faut donc refaire pression.

 

Et les banques doivent-elles répondre à ces courriers ?

La lettre ne suppose aucune réponse. Votre banque a simplement à respecter la loi. Les banques qui répondent, c'est généralement pour dire non, pour expliquer qu'elles ne vont pas tenir compte du refus, comme on l'a vu avec la Banque postale.

 

Elles peuvent faire ça ?

Dans ce cas, il y a tout simplement violation de la loi.

 

Alors ?

Il peut y avoir des actions individuelles bien sûr, et on a vu des condamnations de banques. Mais beaucoup de clients n'iront pas jusque-là. Nous sommes donc en train de construire une action groupée.

 

Les banques peuvent-elles nous obliger à aller voir ailleurs ?

Certains employés de banque tentent de dire à leur client qu'un refus vaudra résiliation de leur part. C'est totalement faux. En pur droit, bien sûr, une banque peut clôturer à tout moment mais vu la masse de gens concernés, il n'est pas vraiment concevable que les banques se mettent à virer les dizaines de milliers de clients qui contestent. L'an dernier, environ 100.000 personnes ont contesté. Pas une n'a vu son compte clôturé à la suite à la suite du refus de la nouvelle tarification.

 

Mais que va-t-il se passer ?

Les banques ne se donneront pas la peine de virer les gens. Et puis il existe quelques établissements vertueux. Certains, à titre commercial vont dispenser leurs clients et leur faire savoir. Mais le gros lot des banques leur appliqueront les nouveaux tarifs. C'est une partie de bras de fer qui s'engage.

 

En cas de refus de l'établissement, faut-il conseiller de changer de banque ?

On nous dit qu'il faut faire jouer la concurrence mais en fait, c'est nous faire passer de la peste au choléra. La plupart des banques augmentent les frais de base, les frais de tenue de compte. Même la Banque postale est en train de remonter à marche forcée toute sa tarification. En plus, ce n'est pas si facile que ça : il ne faut pas oublier tous les gens qui ont des clauses de domiciliation des échéances : prenez les crédits immobiliers, cela concerne 9 millions de ménages. Ce n'est donc pas là que se trouve le gisement d'une régulation.

 

Qu'en est-il des banques en ligne ?

C'est agiter une tête de gondole mais les banques en ligne ne sont pas facile d'accès. Il faut bloquer de l'épargne ou alors il faut dépenser un minimum avec sa carte bancaire. Pour d'autres, il faut un minimum de revenus, 1.500 euros par exemple, alors que la moitié de la France gagne moins de 1.500 euros. De plus, c'est sans doute temporaire. C'est une alternative en trompe l'œil.

 

Les banques se plaignent de ne plus gagner d'argent. Cet argument est-il audible ?

Les bénéfices de la Banque postale, qui est une des plus mal loties tournent autour de 800 millions. La BNP tourne autour d'un peu plus de deux milliards. Elles ne sont pas dans le rouge. Alors, bien sûr, comme dans le passé, elles visent des accroissements de leurs profits de 3 à 6%. Mais ce n'est plus possible quand le PIB n'augmente que de 1%. Les banques sont totalement détachées de la réalité.

 

Quelle alternative peut-on espérer ?

Il n'y en a pas vraiment en France. La fracture bancaire n'a pas du tout été résolue. Le problème fondamental, c'est l'absence de régulation durable de la tarification. Nous sommes piégés en raison d'un taux de bancarisation très élevé, à près de 99%. C'est pourquoi nous nous tournons vers les pouvoirs publics pour demander qu'ils stimulent la concurrence. La grande distribution le fait, pas la banque. La solution, c'est soit de plafonner, comme les loyers, puisqu'il s'agit d'une dépense contrainte. Soit la prohibition de certaines tarifications. Pour le moment, les moutons qu'on tond sont laissés sans protecteur.

 

Propos recueillis par Louis Morice, mardi 3 janvier 2017 

 

 

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

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4 janvier 2017 3 04 /01 /janvier /2017 17:34

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

Vallée de la Roya : un agriculteur devant les juges pour avoir aidé des réfugiés

 

 

 

 

 

Vallée de la Roya : un agriculteur devant les juges pour avoir aidé des réfugiés

Cédric Herrou, agriculteur de 37 ans qui vient en aide aux réfugiés, est poursuivi par la justice pour aide à l'entrée et à la circulation des personnes en situation irrégulière. ((Yann COATSALIOU / AFP))

Cédric Herrou est devenu l'emblème de la désobéissance civile en faveur des migrants.

 

Avec son allure de baroudeur, ses petites lunettes rondes fines, son catogan et sa barbe de trois jours, Cédric Herrou est devenu un symbole médiatique de la désobéissance civile en faveur des migrants. De figure de héros local, il est passé d'emblème humanitaire jusqu'aux Etats-Unis où le "New York Times" lui a consacré un long portrait en octobre dernier.

Prêt à tout pour venir en aide aux réfugiés qui passaient près de chez lui, à Breil-sur-Roya, au nord-est de Nice (Alpes-Maritimes), en les faisant traverser la frontière franco-italienne, il est poursuivi pour aide à l'entrée, à la circulation et au séjour de personnes en situation irrégulière. Ce mercredi 4 janvier, cet agriculteur de 37 ans doit passer devant le tribunal correctionnel de Nice, le parquet estimant qu'il n'a pas agi à titre humanitaire mais par militantisme.

La justice lui reproche également l'occupation illégale de locaux privés, un bâtiment désaffecté pour colonies de vacances de la SNCF à Saint-Dalmas-de-Tende, dans lesquels Cédric Herrou et son association "Roya citoyenne" avaient mis à l'abri des dizaines de migrants, dont de nombreux mineurs isolés. Convoqué une première fois en novembre dernier devant les tribunaux, le jeune homme avait obtenu le renvoi de son procès.

La médiatisation de son dossier avait poussé le président du Conseil départemental, Eric Ciotti, et le président de la région Paca, Christian Estrosi, à s'inviter dans le débat, et à réclamer la fermeture du camp.

Le justicier de la Roya

Cedric Herrou n'a jamais caché avoir aidé des réfugiés, bloqués à Breil-sur-Roya à cause des nombreux contrôles. La vallée de la Roya, enclave montagneuse entre la France et l'Italie, décor de carte postale, est un véritable piège pour les réfugiés qui s'y perdent facilement et les accidents ne sont pas rares. Ce chemin est devenu l'un des points de passage privilégiés après la fermeture de la frontière à Vintimille, une vingtaine de kilomètres plus au sud côté italien. Cédric Herrou n'a donc pas hésité, aidé par plusieurs habitants, à les faire retraverser la frontière pour les faire revenir sur le territoire français par un autre chemin moins surveillé. 

Cédric Herrou n'a pas hésité non plus à les conduire jusque dans des lieux sûrs pour que les réfugiés puissent se restaurer et se reposer. Le plus souvent, les migrants, des Soudanais, des Erythréens, des Tchadiens pour la plupart, qui ont traversé la Libye et la mer Méditerranée pour arriver en Europe, prenaient ensuite un train pour gagner les grandes villes de France. 

"Quand vous voyez des familles avec des bébés, des mineurs dans les rues, en situation d'hypervulnérabilité face aux réseaux en tous genre, vous faites quoi ? Vous passez votre chemin ?", disait-il à "la Croix" il y a quelques jours. 

"J'ai écouté mon cœur"

En août 2016, il s'est fait arrêter une première fois lors d'un contrôle avec huit Erythréens à bord de son véhicule. A l'époque, aucune poursuite n'avait été lancée car la justice avait considéré que son aide était humanitaire puisqu'il ne touchait pas d'argent, contrairement à des passeurs classiques.  

Son camarade, Pierre-Alain Mannoni, un enseignant-chercheur de l'université de Nice, que nous avions interrogé, n'a pas bénéficié d'un tel traitement. Le parquet a requis une peine de six mois de prison avec sursis. Il attend désormais son jugement. "Mon geste n'était ni politique, ni militant, il était simplement humain. Ce que j'ai fait était en accord avec mon éducation, avec les valeurs qu'on m'a inculquées. J'ai écouté mon cœur. Des gens avaient besoin de mon aide, je les ai aidés. C'est aussi simple que ça", nous avait-il dit. 

Une solidarité visiblement mal comprise par les autorités. En décembre, Eric Ciotti les a désignés comme une "poignée d'activistes", "de passeurs", de "délinquants". Le département, pourtant, a l'obligation de prendre en charge les mineurs, ce qui, selon l'association de Cédric Herrou, n'est jamais entrepris. "Je me suis mis dans l'illégalité, parce que l'Etat ne respecte pas la légalité", estime Cédric Herrou, interrogé par LCI. Ce dernier encourt 5 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende. 

Sarah Diffalah

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4 janvier 2017 3 04 /01 /janvier /2017 17:19

 

 

Source : https://www.dailymotion.com/video/x57bpe0_tel-le-gibbon-de-toutes-les-campagnes-le-billet-de-nicole-ferroni_fun#tab_embed

 

 

Tel le gibbon, de toutes les campagnes - Le billet de Nicole Ferroni

 

 

Date de publication : 04/01/2017

Durée : 05:42

 
 
Nicole est très étonnée : elle a connu Benoit Apparu comme soutien d'Alain Juppé. Et maintenant que c'est François Fillon qui est en tête, c'est lui qu'il soutient.

Comme un gibbon, il lâche une branche pour en attraper une autre ! Mais en matière d'opportunisme, il n'est pas le seul.
Le billet d'humeur de Nicole Ferroni dans le 7/9, l’invité était Benoist Apparu (8h55 - 4 Janvier 2017)
https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-nicole-ferroni/le-billet-de-nicole-ferroni-04-janvier-2017
Retrouvez tous les billets de Nicole Ferroni sur https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-
 
 
 
 
 
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4 janvier 2017 3 04 /01 /janvier /2017 17:07

 

 

Source : http://consocollaborative.com

 

Reprendre le pouvoir par le collaboratif

Sikana.tv, ou comment partager gratuitement tous les savoir-faire du monde

Le 4 janvier 2017

 

 
A propos de l’auteur Come Bastin
 
 

Guetteur d'innovations sociales, technologiques et environnementales, j'écris pour Ouishare, Socialter, WeDemain et parle sur Nova. Suis de près l'économie collaborative et les mutations du capitalisme. Prix Reporters d'Espoirs 2015.

 

http://consocollaborative.com/content/uploads/Sikana2.png

 

 

La plateforme héberge déjà des milliers de micro vidéos traduites dans de nombreuses langues. Objectif : diffuser, notamment vers les pays du Sud, des connaissances pratiques et gratuites dans des domaines aussi divers que la couture, l'électricité ou l’alimentation.

Apprendre et enseigner : c’est la traduction du mot hindi « Sikana ». C’est aussi le leitmotiv de Sikana.tv, une plateforme vidéo de « micro éducation » lancée en 2012 par Gregory Filipo après un voyage dans les pays du Sud. « Notre objectif est de permettre aux individus de mieux agir localement et de changer leur monde, avec une approche à mi-chemin entre les vidéos inspirantes de TED et l’ambition encyclopédique de Wikipédia », explique le fondateur.

 

Travail discret

Le projet a beau être discret – l’équipe a choisi de peu communiquer pour l’instant – il n’en est pas moins ambitieux. Des milliers de petites vidéos ont déjà été produites par Sikana.tv et sa communauté, sur des thèmes aussi divers qu’apprendre à nager le crawl, coudre un vêtement, ou réaliser un générateur photovoltaïque. Traduite dans plusieurs langues, chaque vidéo est réalisée en interne, dans les studios de 1000m2 de Saint-Denis (93), ou dans les antennes internationales de la plateforme, Inde et Brésil en tête. Au total, une cinquantaine de personnes planchent sur le projet, après 5 ans d’existence.

Les vidéos éducatives de Sikana.tv durent entre 1 et 2 minutes et sont articulées autour de 200 problématiques identifiées par l’équipe dans le domaine de l’habitat, du sport, de l’artisanat, de la santé ou de l’environnement. Cette approche permet d’aller chercher de grands groupes pour dégager des fonds : Décathlon va financer l’éducation au sport ou Danone des vidéos qui touchent à la santé et l’alimentation. « C’est pour eux l’opportunité de communiquer autrement qu’avec des bannières publicitaires, en soutenant des causes », juge Grégory Filipo.

 

Vers les pays du Sud

Au total, quelques 20 millions de cours ont été « dispensés » – comprendre 20 millions de vidéos visionnées, en moyenne 50 000 fois chacune selon Sikana.tv. Grégory et son équipe souhaitent aujourd’hui aller plus loin que d’être simplement producteur de contenu. « Avoir des vues sur Internet, c’est bien. Mais ce qu’on souhaite c’est de pouvoir évaluer l’impact de nos vidéos sur le terrain ».

Accéder à ces savoirs est le meilleur moyen de sortir de la pauvreté. 

Et le terrain visé est en priorité celui des pays du Sud. « En Inde, on fait des programmes professionnalisants, avec Schneider sur l’électricité ou avec Ushuaïa sur la couture. Accéder à ces savoirs est le meilleur moyen de sortir de la pauvreté. » Principal enjeu pour aller plus loin : favoriser l’emploi de Sikana.tv par les professeurs dans les centres éducatifs. « L’objectif n’est pas de les remplacer mais au contraire de les outiller, et qu’ils nous fassent des retours pour améliorer nos programmes », précise Grégory.

 

 

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Pour révolutionner l’accès au savoir, l’équipe table sur une approche collaborative. « Comme les scouts qui en 100 ans ont réussi à impliquer 50 millions de personnes, on aimerait que les citoyens engagés, les professeurs, les volontaires dans les associations s’emparent de Sikana et produisent eux aussi des vidéos », détaille Grégory.

On doit passer d’un rôle de producteur de contenu à un rôle d’accompagnateur.

Dernier exemple en date : un partenariat avec La Croix Rouge pour transcrire en vidéo les gestes de premiers secours dispensés par l’association. Ou le lancement de la Sikana Factory, une plateforme sur laquelle qui le veut peut aider à traduire les vidéos ou à repérer des sujets. Mais le chemin est encore long. « On doit passer d’un rôle de producteur de contenu à un rôle d’accompagnateur où l’on encadre et finance tout ceux qui veulent diffuser des savoirs-faires », résume Grégory. La disruption dans l’éducation passe par là. »

 

 

 

Source : http://consocollaborative.com

 

 

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3 janvier 2017 2 03 /01 /janvier /2017 18:31

 

 

Source : http://www.cadtm.org

 

 

Grèce : démocratie introuvable !

28 décembre 2016 par Yorgos Mitralias

 

 

 

 

En matière de déni de démocratie, il y a eu évidemment l’illustre précédent du résultat, jamais respecté, du referendum français de 2005 sur la constitution européenne. Mais quand même, ce qui s’est passé en Grèce en ce funeste mois de juillet 2015 n’a pas son pareil dans l’histoire de l’Europe (anti)démocratique. Jugez-en vous-même…

La foule en délire devant le Parlement grec était en train de fêter l’écrasante victoire du Non à l’austérité, aux memoranda et à la Troïka, quand, à deux pas de là, celui qui était alors ministre des Finances, Yanis Varoufakis, entrait dans le Palais Maximou et… restait figé, bouche bée : le noyau dirigeant de ses collègues, le Premier ministre Tsipras en tête, offrait un spectacle à l’opposé de la liesse populaire de la place Syntagma. Tête baissée et répétant « et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? », les ministres du gouvernement de la « gauche radicale » (Syriza) semblaient désespérés et abattus par la victoire du Non. Un Non qu’ils avaient tant souhaité en public durant toute la semaine précédente ! |1|

Les événements qui ont suivi cette scène si didactique ont constitué un des dénis de démocratie les plus éclatants de l’histoire moderne. Moins d’une semaine (!) après le Non catégorique (61,5 %) du peuple grec, le même Premier ministre et le même gouvernement de la gauche dite « radicale », qui avaient défendu ce Non publiquement de toute leur force, acceptaient, pratiquement sans conditions, toutes les exigences des créanciers du pays. C’était comme si le referendum n’avait jamais existé, comme si le peuple grec n’avait jamais exprimé sa volonté…

En réalité, tout avait été méthodiquement préparé et organisé pour illustrer et rendre crédible la célèbre phrase du président de la Commission J.C. Juncker « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » ! D’ailleurs, comme le cas grec était devenu emblématique pour tout le monde (de gauche comme de droite), il fallait que la leçon soit exemplaire, dépourvue de toute ambiguïté, aussi claire et nette qu’un coup de massue sur la tête non seulement des pauvres citoyens grecs, mais aussi des citoyens de toute l’Europe !

Nous voici donc au cœur de la question brûlante du déni de démocratie au temps de la grande crise existentielle du capitalisme néolibéral. À la différence de ce qui se passait jadis, ou même il y a encore une décennie, les besoins actuels du système lui imposent maintenant de pratiquer le déni de démocratie comme une provocation quasi quotidienne, de façon systématique et avec la plus grande arrogance, comme un défi lancé en permanence à ses malheureux sujets tentés par le désir de (lui) résister. Quoi de mieux, alors, qu’un gouvernement de gauche, et même de la gauche radicale, pour faire le sale boulot et servir d’instrument de cette provocation. La leçon donnée aux peuples européens devait être implacable et, manifestement, elle l’a été au-delà de tout attente de ceux d’en haut qui nous gouvernent.

Cependant, en ces temps de guerre sociale déclarée, de telles leçons doivent être répétées à l’infini et continuellement renouvelées. D’où la « mode » de nos gouvernements européens de contourner, ou plutôt d’ignorer systématiquement les parlements, de gouverner par ordonnances sans même chercher à sauver les apparences. En somme, de bafouer ce qui reste de « leur » démocratie parlementaire moribonde…

Mais, pour nos gouvernants, il ne s’agit pas seulement de gouverner par ordonnances. L’entreprise de démolition du système parlementaire (bourgeois) exige de le rendre aussi inopérant, inutile et même ridicule que possible aux yeux de nos sociétés. D’où, par exemple, l’ « exploit » surhumain des 152 ou 153 députés de la majorité parlementaire grecque qui votent toujours « comme un bloc » en faveur des projets de lois de 1 000 ou 1 200 pages… qu’ils ont lus, compris et approuvés dans la seule nuit précédant le vote ! L’apothéose de la démocratie (bourgeoise) dans toute sa splendeur décadente…

Ceci étant dit, rien n’illustre mieux ce déni néolibéral de démocratie que le sort que nos gouvernants réservent habituellement au désir (bien légitime) de leurs sujets de connaître en profondeur ce qu’est et en quoi consiste la source de leurs malheurs, la tristement célèbre dette publique de leurs pays. Nous voici donc devant le désir populaire d’auditer cette dette publique qui nous accable, réalisé - dans le cas grec - par la très sérieuse Commission pour la Vérité instituée à l’initiative de celle qui était alors la présidente du Parlement grec.

Comme il s’agissait d’une première européenne et la contagion se profilait à tout instant à l’horizon, ce sacrilège impardonnable, cette tentative de « pénétrer dans la zone interdite, dans le saint des saints du système capitaliste, là où, par définition, n’est toléré aucun intrus ! » |2|, méritait toute la sévérité des gouvernants grecs et européens. Et la suite des événements a confirmé les pires craintes. Non content d’ignorer les conclusions des travaux de cette commission indépendante, internationale et tout à fait respectable, le gouvernement Tsipras, tous les partis parlementaires, les grands médias et évidemment leurs patrons européens, ont fait du zèle quand il s’agissait de la calomnier et même de la ridiculiser. Et pour compléter le tableau, le nouveau président du Parlement grec procédait à la dissolution de la Commission, allant même jusqu’à saisir ses locaux et ses archives ! Et, comble de l’acharnement, il effaçait toute trace de son existence des registres de la chaîne parlementaire. L’intrus non seulement n’avait pas été toléré, mais il avait aussi été châtié de façon exemplaire pour que la Commission d’audit grecque ne fasse pas d’émules…

Après cette litanie d’horreurs antidémocratiques, on serait en droit de se demander le pourquoi de cet extraordinaire acharnement antidémocratique, à première vue inexplicable. Ce n’est pas alors un hasard que la réponse la plus autorisée nous vienne de l’intérieur du saint des saints de l’Union européenne, du cœur même de la Commission, de la baronne, dirigeante des Travaillistes britanniques et – surtout – « Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité » Catherine Ashton ! Dans le rapport du très officiel Institut d’Études de Sécurité de l’Union Européenne, daté de 2010 et intitulé « Quelle défense européenne en 2020 ? », dont notre bonne baronne Ashton – qui était alors n° 2 de l’Union européenne - avait écrit la longue introduction, nous lisons que la mission de l’UE est de… « Protéger les riches du monde contre les tensions et les problèmes des pauvres. Puisque la proportion de la population mondiale vivant dans la misère et la frustration continuera d’être très élevée, et les tensions entre ce monde et le monde des riches continueront de s’accentuer, avec les conséquences que cela suppose. »

La conclusion n’est pas difficile et même plutôt évidente : quand les plus haut dirigeants de l’UE, son président de la Commission et son ministre des affaires étrangères et de la défense, font preuve d’un tel cynisme, avouant publiquement et sans mâcher leurs mots, que l’UE se fout éperdument de la démocratie parce qu’elle se soucie en toute priorité de protéger les riches de la colère des pauvres, alors personne ne peut dire qu’on n’a pas été prévenu. Quand ceux d’en haut déclarent la guerre sociale à ceux d’en bas, la démocratie devient inexorablement un luxe réservée à l’oligarchie… mais aussi un cri de guerre des opprimés.

 

Cet article a été commandé et publié par l’Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB)

Notes

|1| Interview de Y.Varoufakis aux médias australiens (13 juillet 2015)

|2| Voir le texte « Face à la dette : l’appétit vient en auditant »

 

 

Yorgos Mitralias

Journaliste, Giorgos Mitralias est l’un des fondateurs et animateurs du Comité grec contre la dette, membre du réseau international CADTM et de la Campagne Grecque pour l’Audit de la Dette. Membre de la Commission pour la vérité sur la dette grecque et initiateur de l’appel de soutien à cette Commission.

 

 

Source : http://www.cadtm.org

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3 janvier 2017 2 03 /01 /janvier /2017 17:27

 

 

Source : http://www.cadtm.org

 

La révolte des esclaves modernes dans les campagnes

29 décembre 2016 par Marc Ducassé , François Favre

 

 

Les ouvriers de la cave viticole Robertson Winery (RW) on fait une grève pendant quatorze semaines pour un salaire minimum. Récit.

 

Roberston est une petite bourgade sud-africaine située dans la vallée de la Breerivier à deux heures de route du Cap. Elle est surnommée la vallée du vin et des roses et la viticulture y joue un rôle économique important. 61 % des 28 000 habitants sont « coloured » pour reprendre la terminologie sud-africaine, 23 % sont des Africains noirs et 15 % sont blancs. Inutile de préciser que les gens « de couleur » n’habitent pas le joli centre-ville édouardien mais les « townships » aux abords de la ville.

 

Les ouvriers de la cave viticole Robertson Winery (RW) sont restés en grève pendant quatorze semaines. Alors que l’Afrique du Sud est secouée par des mouvements sociaux d’ampleur contre l’ANC et le Président Zuma dont la popularité ne fait que chuter, la lutte à RW est emblématique des conditions de travail des ouvriers dans les zones rurales.

 

Pour essayer de comprendre la situation, nous avons interviewé un militante et un militant que nous avions rencontrés en 2015 et qui nous avaient fait constater les conditions de travail et de vie extrêmement dures des travailleurs agricoles et des ouvriers de l’agroalimentaire. Mercia Andrews, membre de Democratic Left Front |1|, consacre son énergie à défendre les travailleurs agricoles, les droits des femmes et l’accès à la terre, et Deneco Dube, syndicaliste de CSAAWU |2|, travaille à RW.

 

Depuis leur syndicalisation très récente, les ouvriers de RW ont discuté de leurs conditions de travail et de leurs rémunérations. Les inégalités et la faiblesse des salaires ont été l’élément déclencheur de la grève. Dès le moment de leur embauche, les travailleurs noirs (et Mercia Andrews explique que par « noirs » elle entend tous ceux qui, historiquement, ont été opprimés) sont discriminés et sont traités d’une manière qui n’est pas loin de l’esclavage. Cette lutte ne se limite donc pas à demander une augmentation de salaire, mais elle dénonce le fait que les travailleurs ne sont pas mieux traités que lors de l’apartheid.

 

À l’embauche, Deneco Dube nous explique que les jeunes de 19-20 ans sont sélectionnés à l’aide de détecteurs de mensonge. De nombreuses entreprises sud-africaines utilisent ce procédé ignoble venu des États-Unis, mais seuls les noirs y sont soumis, ce qui sous-entend que les noirs sont des menteurs alors que les blancs, eux, ne sauraient mentir… Les salariés noirs sont alors ghettoïsés dans une unité de négociation et représentés par leur syndicat. Les cadres, tous blancs, ne peuvent pas être syndiqués et négocient directement avec leur direction, ce qui est illégal mais il s’agit avant tout pour la direction de s’assurer que CSAAWU ne soit pas un interlocuteur pour les salariés blancs.

 

Le salaire de base à RW est de 3 200 rands (approximativement 200 €) par mois, quelques ouvriers plus qualifiés comme les conducteurs d’engin et les mécaniciens sont un peu mieux payés. Mais tous les ouvriers ne sont pas à la même enseigne : ainsi un mécanicien noir avec 15 ans d’expérience peut prétendre à 8 500 R (± 550 €) alors qu’un mécanicien blanc sans expérience touche, lui, 18 000-19 000 R (± 1 200 €) avec une charge de travail moins élevée.

 

Les horaires de travail, de 8 h 30 à 17 h 30, ne reflètent pas la réalité car les ouvriers doivent pointer trois fois avant d’arriver sur leur poste de travail : une fois dehors quel que soit le temps, une fois avant le vestiaire et une troisième fois avant l’atelier. Avec plus de 200 ouvriers, les queues sont longues et il faut donc rajouter une heure le matin et une heure le soir. Ces heures ne sont pas payées et les ouvriers n’ont droit qu’à vingt minutes de pause en tout dans la journée (pause-pipi, repas, clope), un dépassement d’une seconde donne lieu à un avertissement écrit et à une retenue sur salaire. Mais surtout, seuls les noirs doivent pointer, et la colère de Deneco Dube quand nous le questionnons sur la légalité de ce système est patente : « Non, ce n’est pas légal, et je ne comprends pas que le ministère du Travail tolère ces discriminations, celles-ci devraient être notées dans ses rapports, même les audits sur les inégalités que les entreprises transmettent annuellement au ministère montrent que les ouvriers noirs sont beaucoup moins payés que les ouvriers blancs, sans même parler des discriminations que subissent les femmes. »

 

Les entreprises ont dû abandonner le système par lequel elles payaient en partie leurs salariés en nature avec du vin. Mais comme Mercia Andrews nous l’explique : « Certes ce système n’est plus légal, mais ses effets délétères n’ont pas cessé. Dans beaucoup de secteurs où nous intervenons, la consommation d’alcool est très élevée et de nombreux ouvriers sont complètement dépendants. Les patrons ne paient plus avec du vin, mais ils vendent directement aux ouvriers de l’alcool de mauvaise qualité. Pour nous, combattre l’alcoolisme est une cause majeure car plus les gens sont dépendants à l’alcool plus il leur est difficile de combattre l’oppression et l’exploitation qu’ils subissent. »

 

Face à la détermination des grévistes, nous nous interrogeons sur la réponse de l’industrie viticole. Mercia Andrews : « C’est une activité très bien organisée, les patrons se sont regroupés dans une organisation patronale, VinPro, et c’est en son sein que sont décidées les politiques salariales de toutes les entreprises. Cette année ils ont décidé de ne pas dépasser 8 % d’augmentation, et il n’est donc pas question pour eux que RW cède aux pressions des grévistes qui voudraient voir le salaire de base passer à 8 500 R, car tous les ouvriers du secteur pourraient alors prétendre à la même augmentation. »

 

Pour CSAAWU, il est primordial de ne pas limiter la lutte aux 227 ouvriers de RW mais de l’étendre en amont, dans les vignobles qui fournissent la distillerie en vin brut, et en aval, chez les distributeurs mais aussi transversalement dans les autres distilleries. Bien que CSAAWU représente 80 % des travailleurs, la lutte est rude et les risques élevés. Mercia Andrews : « La direction a essayé de faire interdire la grève, puis elle a voulu dicter au syndicat et aux ouvriers comment ils pouvaient se battre, elle a menacé les leaders de prison et CSAAWU d’une amende de 500 000 R s’ils gênaient les camions ou les briseurs de grève qu’elle a recrutés. »

 

Face à un rapport de forces très défavorable, les grévistes ont essayé d’élargir leurs soutiens que ce soit dans la société civile en Afrique du Sud ou à l’international. DLF et ses membres se sont très impliqués dès le début, et leur rôle est central dans cette lutte. Les « red brigades » |3| ont aussi affiché leur soutien et ont invité les travailleurs au Parlement du Cap occidental où ils ont lu une déclaration condamnant les employeurs. Quant à l’attitude de l’ANC, la réponse de Mercia est cinglante : « Rien ! ». Ce qui confirme combien les préoccupations des dirigeants de l’ANC sont maintenant éloignées de celles du peuple sud-africain. Des collectes d’argent et de nourriture ont été organisées par d’autres syndicats ou des groupes comme les étudiants de l’université du Cap. Des syndicats nord-européens sont aussi impliqués particulièrement en Suède et Norvège où les vins de RW sont commercialisés. Les grévistes ont en effet décidé de réactiver un mode de lutte utilisé pour faire tomber l’apartheid, le boycott des produits de RW. Une page Facebook a été ouverte à cet effet.

 

Pour Deneco Dube, dont c’est la deuxième grève après le soulèvement des ouvriers agricoles en 2012, l’aide internationale est essentielle car les grévistes ne pourront pas tenir indéfiniment sans paie, et le boycott est le meilleur moyen pour mettre la pression sur la direction. « Pour nous, le vin de RW est un vin de sang, c’est notre sang qui produit ce vin, et nous n’en tirons aucun profit, nous sommes payés comme des esclaves alors que le patronat s’enrichit de plus en plus. Boire ce vin aujourd’hui, c’est boire notre sang. »

 

À la douzième semaine, alors que les grévistes avaient accepté la proposition patronale d’une hausse des bas salaires de 400 R, approximativement 12,5 %, la direction a refusé d’inclure une clause de « paix » par laquelle elle se serait engagée à ne pas procéder à des licenciements, les négociations sont interrompues. Il ne faisait aucun doute que l’entreprise voulait casser la confiance des travailleurs et détruire leur syndicat. CSAAWU a donc renouvelé son appel à la solidarité internationale pour continuer et intensifier le boycott de tous les produits de RW et à protester directement auprès de la société et par tout autre moyen.

 

Les travailleurs de Robertson ont refusé de céder à la peur et aux menaces des employeurs et tenu bon. À la quatorzième semaine, ils ont décidé d’arrêter la grève et de signer un accord avec la direction.

 

L’accord comprend une augmentation des salaires de 8 % ou d’un forfait de 400 R par mois selon ce qui est le plus avantageux. Cette augmentation sera de plus rétroactive au 8 août dernier. En outre, il sera payé une prime annuelle équivalente à un mois de salaire, payable au 15 novembre. Surtout et cela était très important, les menaces de sanction à l’encontre de 16 des « meneurs » ont été définitivement levées.

 

Si les grévistes sont loin d’avoir obtenu les augmentations de salaires qu’ils souhaitaient initialement, ils ont obtenu de grandes victoires sur pas mal de points. On peut même dire que l’industrie viticole ne sera plus jamais la même. Le gouvernement a dû se résoudre à examiner les conditions d’esclavage qui existent dans les exploitations agricoles et l’industrie viticole. Les travailleurs et travailleuses des caves viticoles de ce pays vont ainsi pouvoir s’inspirer des succès que les travailleurs de Robertson ont obtenus. Ils vont tous y trouver un encouragement à se battre pour leur camp social et se défaire des mêmes conditions que ceux de Robertson ont eu à subir.

 

Le syndicat CSAAWU sort grandement renforcé de ce conflit et de son issue victorieuse, il va, on peut l’espérer, montrer la voie à suivre pour les travailleurs des campagnes sud-africaines qui souffrent tout autant que ceux des zones urbaines sinon plus à cause de leur isolement. C’est aussi une leçon pour nous tous à l’heure où l’Europe et le monde s’engagent dans les nationalismes nauséabonds. Plus que jamais il est clair que la lutte doit aussi encore et toujours se conduire dans la solidarité internationale.

 

Source : Inprecor

 

Notes

|1| Democratic Left Front (DLF, Front de la gauche démocratique) est un mouvement qui s’est formé en 2008. Il regroupe des militants qui avaient fait partie de la direction du Parti communiste ou qui venaient de différents courants et mouvements populaires de la gauche indépendante sud-africaine. DLF participe au regroupement en cours à gauche avec comme ligne de mire le Projet d’un mouvement pour le socialisme. Il est aussi lié au regroupement du mouvement syndical indépendant de l’ANC.

|2| CSAAWU : Commercial, Stevedoring, Agricultural and Allied Workers Union (Syndicat des travailleurs du commerce, de l’agriculture, des dockers et affiliés).

|3| Les « red brigades » (brigades rouges) est le nom donné aux militants activistes du parti de gauche Economic Freedom Fighters (Combattants pour la liberté économique, EFF), formé en 2013 par d’anciens membres de l’ANC et dirigé par Julius Malema.

 

Marc Ducassé

formateur et syndicaliste retraité, militant du NPA, France

François Favre

agriculteur et syndicaliste, membre de la Confédération paysanne, militant du NPA, France

 

 

 

Source : http://www.cadtm.org

 

 

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3 janvier 2017 2 03 /01 /janvier /2017 17:13

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

Info Marianne
Présidentielle : comment Hugues Aufray se fait instrumentaliser par un groupuscule d'extrême droite

 

 

Une collecte de parrainages s'organise actuellement pour promouvoir la candidature d'Hugues Aufray à l'élection présidentielle de 2017, avec l'aval du chanteur. Ce qu'il affirme ignorer, en revanche, c'est que derrière ce projet se cache un groupuscule d'extrême droite, dirigé par un obsédé du coup d'Etat militaire...

L'affaire, rocambolesque à souhait, pourrait tout aussi bien garnir les pages culture des gazettes que des encarts réservés à la politique ou aux faits divers. On y croise pêle-mêle un chanteur populaire de 87 ans, un putschiste d'extrême droite, des activistes d'extrême gauche et des maires de petites communes. Le tout sur fond d'élection présidentielle en 2017.

L'information a été ébruitée le 29 décembre dernier : le quotidien Sud-Ouest révèle que le chanteur Hugues Aufray "se démène" pour se présenter à la présidentielle de 2017. Dans cette optique, on apprend qu'il fait distribuer dans de nombreuses mairies, notamment dans le sud-ouest, un journal de candidat. Depuis, l'auteur de  fait le tour des médias pour réfuter tout acte de candidature... tout en reconnaissant qu'une collecte de signatures s'organise.

 

Le hic, c'est que le chanteur a oublié de vérifier l'identité de ses supporters. Joint par Marianne, Hugues Aufray raconte avoir été contacté au printemps dernier par un mystérieux groupe, "le Cercle des gens de peu" :

"Ils m'ont envoyé une belle lettre, courtoise, signée d'un certain Rodolphe. Elle était accompagnée d'un livret de 40 pages, présentant le 'Mouvement Santiano', censé porter ma candidature à la présidentielle. Le nom 'Cercle des gens de peu' m'a touché, alors j'ai rappelé Rodolphe. On a convenu de se rencontrer, à Marnes-la-Coquette, vers chez moi. Ils sont venus à six. J'ai bien sûr refusé d'être candidat mais ils m'ont dit qu'ils s'occuperaient de récolter les signatures eux-mêmes. Je leur ai donné mon accord".

Ce que le Cercle des gens de peu a soigneusement caché à Hugues Aufray, c'est que leur organisation est… le faux nez d'un groupuscule d'extrême droite ouvertement raciste et islamophobe, favorable à un coup d'Etat fasciste en France : le Lys noir. Différents documents publiés par ce petit groupe, que Marianne a pu consulter, font état de cette double appellation :

 

 

 

Projet de coup d'Etat en 2013

Son fondateur et cerveau n'est autre que Rodolphe Crevelle, 61 ans, celui-là même qui a écrit à Hugues Aufray. Militant royaliste et nationaliste, l'homme est proche de l'activiste d'extrême droite Serge Ayoub et implanté dans le Languedoc. Ses états de service ? Une trentaine d'années de militantisme dans les milieux radicaux violents, quelques années de prison pour braquages, des tentatives de coups d'Etat complètement ratées en Andorre et dans le Val d'Aoste italien dans les années 1990 et un appel au coup de force militaire en 2013, dans le sillage de la Manif pour Tous, qui a inquiété jusqu'au plus haut niveau de l'Etat. Jean-Yves Camus, chercheur spécialiste des milieux d'extrême-droite décrit le personnage comme "un agitateur qui fantasme depuis trente ans sur un coup d'Etat militaire en France, sans en avoir les moyens". Selon nos informations, l'homme est suivi de près par les services de renseignement français.

Un CV gratiné qu'Hugues Aufray affirme à Marianne ignorer dans les grandes largeurs. "Ils m'ont juste dit qu'ils étaient monarchistes, affirme le chanteur. Ça ne me choquait pas, puisque j'ai un jour proposé de mettre la fleur de lys sur le drapeau français. Pour le reste, je leur ai fait confiance, je n'ai pas voulu faire une enquête sur eux." Le Lys noir est effectivement partisan d'un retour à la royauté, mais pas seulement. Dans son journal, auquel Marianne a eu accès, le groupuscule prône, entre autres, la partition de la France entre territoire réservés aux "blancs" et territoires réservés à ceux que l'organisation nomme les "bougnoules", l'interdiction du mariage homosexuel et la gay pride, au nom de la lutte contre les "mutants", ou encore l'interdiction du sport professionnel et de la télévision privée.

 
 
Miltants du mouvement de Mélenchon

Là encore, Hugues Aufray dit tomber des nues : "Si c'est vrai, ils m'ont trompé. Je ne suis pas d'accord avec ces choses. Nous n'en avons jamais parlé ensemble." Le chanteur se refuse pourtant à jeter l'opprobre sur l'ensemble de ses supporters. "Je crois qu'il y a aussi des gens vraiment d'extrême gauche dans mes soutiens", pointe-t-il. Ce qui s'avère exact. L'artiste explique à Marianne avoir rencontré Rodolphe Crevelle à trois reprises, notamment le 11 juillet à Notre-Dame-des-Landes. Ce jour-là, l'obsédé du putsch convainc un petit groupe d'une vingtaine de personnes de l'aider à récolter les parrainages pour Hugues Aufray. Parmi eux, plusieurs militants… de la France insoumise, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Ces quelque dix militants sont dirigés par Pierre Blondeau, 63 ans, un ancien parachutiste.

Ce buraliste de Saint-Pons-de-Thomières (Hérault) est lui aussi un personnage haut en couleurs. Il tient depuis une dizaine d'années un local associatif dans sa ville, la Cigale. Activiste d'extrême gauche revendiqué, cet ancien militant a été soupçonné en 2009 de fomenter un projet terroriste, avant d'être innocenté. Il a récemment été investi candidat de la France insoumise aux législatives de 2017. Contacté par Marianne, il confirme œuvrer à la candidature d'Hugues Aufray, mais est visiblement mal à l'aise avec le nom de Rodolphe Crevelle. Il affirme qu'un certain "Marc Dorcet" est derrière la candidature Aufray. "C'est Marc Dorcet qui m'a présenté Hugues Aufray à Notre-Dame-des-Landes", précise le commerçant.

Marc Dorcet, soit… un des nombreux alias de Rodolphe Crevelle. Quand on le lui fait remarquer, Pierre Blondeau feint l'incrédulité… avant d'avouer au bout de quelques minutes : "Oui, c'est bien son pseudo. Je ne vous le disais pas parce que je me demandais si vous n'étiez pas de la police". Le buraliste raconte être ami depuis plusieurs années avec l'agitateur d'extrême droite, voisin de quelques kilomètres, qu'il décrit comme "un fou furieux mais brillant". Lorsque son ami lui a fait part de son projet "Aufray 2017", Pierre Blondeau y a vu une opportunité de "mettre fin à la Cinquième République".

"Aufray s'est dégonflé"

S'il dit ne pas croire au coup d'Etat militaire rêvé par Crevelle, le commerçant n'est pas offusqué par les idées d'extrême droite de son ami : "On n'est pas sectaires dans le coin". Il assume par ailleurs être un "révolutionnaire", intéressé par un "coup d'Etat du peuple".

Dans la plaquette de candidat transmise aux maires,  il est effectivement question de convoquer des Etats généraux, puis de mettre fin à la République pour faire élire les représentants nationaux par tirage au sort. "Hugues Aufray élu, ce serait le pouvoir au peuple", affirme Pierre Blondeau, qui raconte avoir été "vexé" par le refus de l'artiste d'assumer cette candidature. "Il s'est dégonflé, c'est peu élégant de sa part", explique l'ancien militaire, qui certifie que le compositeur-interprète était "enthousiaste" à l'idée de se présenter en 2017. "Il s'est déplacé dans des mairies de région parisienne pour présenter le projet", assure ce militant. Ce qu'Hugues Aufray nie en bloc.

"Simultanéisme"

Si cette association de circonstance entre l'extrême gauche et l'extrême droite ne manque pas d'étonner, Crevelle l'a récemment théorisée dans ses publications sous le nom de "simultanéisme". Au moment de la Cop21, en décembre 2015, le Lys noir a déjà tenté de se faire passer pour un mouvement anarchiste de gauche afin de susciter l'adhésion autour de son projet de toujours : renverser la République. Sans grand succès.

A ce titre, la personne consensuelle d'Hugues Aufray a pu servir d'appât pour la réalisation de cette stratégie. Un spécialiste du financement de l'extrême droite radicale pointe lui les "besoins d'argent fréquents de ce type de militants". "Ils ont pu vouloir escroquer quelques milliers d'euros à un vieux monsieur de 87 ans", estime cet expert. Le chanteur réfute quant à lui avoir versé la moindre somme d'argent au Cercle des gens de peu.

Aucunement atteint par cette affaire improbable, l'artiste cherche à positiver, en évoquant plusieurs de ses idées politiques, comme le don du sang obligatoire ou la production d'éthanol à base de topinambour. "Tout cela me permet au moins de mettre en avant des propositions dont personne ne parle", veut-il croire. Au point d'accepter une alliance contre-nature avec des fadas du coup d'Etat ? Invité de RMC ce mardi , après avoir été informé de ces différents élements, le chanteur ne s'est en tout cas aucunement dissocié de ceux qu'il nomme toujours "les gens de peu".

 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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3 janvier 2017 2 03 /01 /janvier /2017 17:02

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Primaire à gauche
Hamon, Valls, Montebourg, Peillon... qui dit quoi sur le revenu universel ?

 

 

 

Les quatre principaux candidats à la primaire de la gauche se divisent sur un sujet bien précis : le versement d'un éventuel revenu universel à tous les Français.

 

 
Benoît Hamon est parvenu à imposer le thème du revenu universel dans la campagne à gauche. - SIPA

Il est parvenu à incarner une thématique forte lors de cette primaire à gauche : l'un des sept prétendants, Benoît Hamon, porte l'instauration d'un revenu universel, obligeant les autres candidats à se positionner sur cette question. Manuel Valls le premier a dû évoluer sur le sujet afin de se démarquer de son conccurent : lui qui utilisait également le terme de "revenu universel" , a changé de sémantique ce 3 janvier lors de la présention de son programme. Il évoque désormais un "revenu décent" différent de celui de Benoît Hamon. Il faut dire que le sien n'a absolument rien d'universel... A côté, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon ne veulent pas en entendre parler. Tour d'horizon de leurs points de vue.

 Hamon et son "revenu universel d'existence" à 750 euros

Celui qui souhaite "refonder notre rapport au travail et au temps libre" avec un "travail choisi et non subi", "en finir avec la précarité et doner la possibilité à tous de s'émanciper et de s'engager librement dans l'activité qui répond à ses aspirations", celui qui veut également passer aux 32 heures, propose l'instauration d'un revenu universel d'existence en trois temps, comme décrit ainsi dans son :

 

"Dès 2017, le RSA sera augmenté de 10% à hauteur de 600€. Il sera versé automatiquement à tous les ayant-droits ainsi qu’à tous les jeunes de 18 à 25 ans quel que soit leur niveau de ressources. Ce revenu sera ensuite étendu à l’ensemble de la population. A terme, il atteindra la somme de 750 euros.​"

Hamon convient que cette "révolution" ne pourrait pas se mettre en place du jour au lendemain. Le 2 janvier sur , il expliquait encore : "Ça n’est pas une mesure qui, par ordonnance, fera en sorte qu’en 2018 tout le monde ait le revenu universel du jour au lendemain. Evidemment, ça n’est pas possible à ces conditions-là."

 

 Valls dégaine le "revenu décent"
La logique de ce revenu n'est pas le même. Manuel Valls ne veut pas revoir "notre rapport au travail et au temps libre" mais constate que "le monde évolue à toute vitesse, avec des carrières plus mobiles" et "le recul du salariat au profit du travail indépendant". S'il souhaite mettre en place "un revenu décent", c'est pour "accompagner les ruptures, les transitions". Que les individus soient plus libres d'avoir une vie professionnelle remplie de changements. Son revenu de base ne sera pas universel mais sera distribué "sous conditions de ressources". Il remplace les aides sociales déjà existantes, comme expliqué dans son  :

"Les minima sociaux, outils de la solidarité nationale, sont aujourd’hui nombreux, complexes, difficilement lisibles. C’est une source d’inégalités supplémentaire dont pâtissent les plus modestes. Créer un revenu décent issu de la fusion de minimas sociaux qui sera attribué, sous conditions de ressources, à toute personne âgée de plus de 18 ans résidant régulièrement sur le territoire national.

L’accès devra être aussi simple et légitime que de bénéficier d’allocations familiales lorsqu’on a des enfants ou du remboursement de ses soins lorsqu’on est malade." 

 Montebourg et le "travail fier"
Pas de revenu décent ou d'existence pour Montebourg. L'ancien ministre du Redressement productif préfère citer Victor Hugo ce 3 janvier au matin sur RTL :
"Je suis un petit peu comme Victor Hugo lorsqu’il exaltait le travail fier. Je crois à la société du travail car c’est l’outil de dignité du citoyen."

S'il ne souhaite pas complètement s'opposer à Benoît Hamon - "il y a des éléments positifs dans ce qu'il propose" - Montebourg juge irréaliste l'idée d'un revenu universel, qu'il décrit volontairement comme "un état social à côté de celui qui existe déjà" et non comme un modèle de substitution :

"Je dirais que c’est une solution pour après-demain car elle est infaisable. Si vous décidez de verser un revenu universel pour tout le monde, de 700 et quelques euros, ça coûte l’équivalent de la totalité du budget de l’Etat. On va pas créer avec 35 points de CSG de prélèvements supplémentaires un état social à côté de celui qui existe déjà, cela me parait irréalisable."

 

Surtout, Arnaud Montebourg juge que le revenu d'existence n'est pas, à ses yeux, "un modèle de société".

 Peillon "philosophiquement opposé" au revenu universel
A la manière d'un Montebourg, Vincent Peillon, entré le plus tardivement en campagne, évoque la "dignité du travail" pour expliquer son refus d'un tel revenu de base. Invité sur BFMTV le 2 janvier, il développe :
"Je crois à la dignité par le travail et dans le travail. Je veux une solidarité qui inclut, pas qui exclut: 'je te donne de l'argent et tu restes chez toi."
"Philosophiquement opposé" à cette mesure, il considère également que son coût - chiffré à quelque 300 milliards d'euros par Benoît Hamon - le rend "impraticable". Lui se distingue davantage de ses camarades en promettant de ramener le déficit public à 1,5% du PIB d'ici à 2022. On comprend mieux son opposition au versement d'un tel revenu.

 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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3 janvier 2017 2 03 /01 /janvier /2017 16:46

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Spoliation de nos données : ce que la gauche pourrait proposer

 

 

Le chercheur biélorusse Evgeny Morozov propose une alternative de gauche à l’exploitation des données numériques.

 

Initialement publié sur 

 

 

 

Mi-décembre, le chercheur biélorusse Evgueny Morozov publiait sur son blog hébergé par le Monde diplomatique un article qui a le grand mérite d’enjoindre la gauche à réfléchir.

Morozov part d’un constat partagé. Cinq entreprises américaines ont aujourd’hui « extrait, traité et digéré une grande partie des données mondiales » (Amazon, Google, Microsoft, Facebook et IBM).

 

Evgeny Morozov, en septembre 2016, en Italie

Evgeny Morozov, en septembre 2016, en Italie - Leonardo Cendamo/Leemage

Grâce à nos données, ces entreprises ont développé un savoir hors du commun en Intelligence artificielle et une quasi mainmise sur le monde numérique. Et Morozov de faire l’analogie suivante :

« Imaginez que la surface de la terre soit soudain devenue la propriété [...] de cinq gros bonnets du BTP, et que nous autres humains soyons obligés de payer un droit d’utilisation chaque fois que nous posons un pied au sol. »

Ce serait insupportable, c’est pourtant la condition de notre vie numérique. La question est donc : comment réagir ? Comment trouver une réponse équivalent à ce que fut la taxe foncière, dont l’invention vint contrecarrer l’accaparement des terres par une élite aristocratique et financière ?

Morozov distingue deux stratégies.

 

Limiter la taille de ces entreprises

La première, c’est la création d’un modèle alternatif. Par exemple, les chauffeurs d’une ville qui vont s’organiser en coopérative pour contrer Uber. C’est sans doute beaucoup mieux pour les conditions de travail, mais ça ne peut être qu’une solution locale et à court terme.

Aucune coopérative de chauffeurs n’aura les fonds suffisants, et la quantité de données suffisante, pour développer des voitures autonomes par exemple.

L’autre solution est celle prônée par les populistes de gauche du type Bernie Sanders. Elle consiste à limiter la taille de ces géants économiques, pour éviter qu’ils étendent leur mainmise sur trop de secteurs. Mais, au dire de Morozov - et on ne saurait lui donner tort sur ce point -, c’est ne pas comprendre la particularité de cette ressource qu’est la donnée. Et il fait encore une analogie signifiante : à l’inverse du pétrole, qui ne prend pas de valeur quand on augmente les stocks, plus on a de données, plus on peut les analyser finement, plus on est à même de développer des services performants et bon marché.

Limiter la taille des entreprises, garantir la concurrence ne sont plus les conditions d’une politique plus juste.

Les données dans le domaine public

Morozov propose donc une autre voie. Ce qu’il faut, dit-il, c’est faire des données un bien qui relève du domaine public. Il faudrait donc inverser le paradigme. Au lieu que ce soit nous qui devions payer pour utiliser des services qui fonctionnent grâce aux données que nous avons fournies gratuitement, nous devrions faire payer les entreprises qui utilisent ces données qui sont notre bien commun (libre ensuite à ces entreprises de nous vendre leurs services si elles le veulent).

Morozov considère cette voie comme le ferment d’un nouveau populisme de gauche, un populisme qui ne prône plus le retour illusoire au plein emploi, un populisme qui n’ait plus la nostalgie d’un « Etat providence hautement interventionniste ».

Un populisme qui ne promette pas seulement ce que nous avons aujourd’hui en un peu amélioré, mais un populisme qui ose affirmer que les données appartiennent au peuple. Il invite donc le camp progressiste à se saisir de cette question, dont il estime qu’elle est un boulevard pour la gauche, la droite n’ayant de rien de nouveau à proposer sur ces questions (du simple fait que l’on vit dans un régime de la donnée de droite).

Populisme

Je sais bien que cette question des données peut sembler secondaire par rapport à bien des questions qu’affrontent nos sociétés, et qui divisent la gauche aujourd’hui. Néanmoins, je trouve l’idée de Morozov à creuser (tout comme il faudrait sans doute déterrer le rapport Colin et Collin sur la fiscalité numérique qui contenait des aspects intéressants au sujet de l’exploitation des données).

Parce que les mutations que le numérique fait subir à l’économie apparaissent soudain plus seulement comme des fatalités qui ne font que creuser inéluctablement les inégalités, mais comme l’occasion de penser des politiques économiques qui soient vraiment de gauche.

Reste l’emploi que fait Morozov du mot « populisme », qui peut paraître un peu étrange dans ce contexte. Mon hypothèse est que Morozov l’emploie pour ne pas employer le mot « communisme », un peu trop marqué historiquement, et que ce « populisme » auquel il se réfère n’est pas celui qui flatte le peuple, mais celui qui voit d’abord les intérêts du peuple.

Et il n’est pas faux de considérer aujourd’hui que toutes ces données que nous fournissons aux géants de l’économie numérique par le moindre de nos actes numériques (tout simplement, par exemple en nous déplaçant avec un téléphone géolocalisé), et qui nous sont revendues ensuite sous la forme de services divers, constitue une des spoliations du bien du peuple la plus spectaculaire de l’Histoire.

Retrouvez les podcasts de l’émission via iTunes ou en RSS.

 

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