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16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 15:58

 

Source : www.mediapart.fr

 

UE: dernière ligne droite pour l'accord de libre-échange avec le Canada

|  Par Ludovic Lamant

 

 

 

À Bruxelles, le débat sur le traité de libre-échange avec le Canada, qui prépare le terrain à un accord plus important avec les États-Unis, bat son plein. Décryptage d'un document abscons mais lourd de conséquences.

De notre envoyé spécial à Bruxelles. C'est un test grandeur nature pour l'avenir du « TTIP », ce projet d'accord de libre-échange entre Bruxelles et Washington qui inquiète de nombreux observateurs des deux côtés de l'Atlantique. Un accord du même genre est dans les tuyaux depuis des années, entre l'Union européenne d'un côté et le Canada de l'autre. Le sort de CETA – le nom de ce texte dans le jargon bruxellois – devrait être scellé d'ici la fin de l'année.

Les négociations lancées en 2009 sont terminées depuis août. Le texte « finalisé » est en cours de traduction. Il devrait être (enfin) rendu public en marge d'une réunion entre l'UE et le Canada, fin septembre à Ottawa. « Ce sommet marquera l'annonce officielle de la fin des négociations », explique-t-on côté commission. Mais il ne faudra pas attendre beaucoup plus d'Ottawa, tant le dossier de ce « TTIP miniature » est controversé. 

Dans les semaines à venir, les 28 capitales de l'UE, puis le parlement européen et, sans doute, certaines assemblées nationales, vont se prononcer sur cet accord touffu de… 1 500 pages. D'ici là, à Bruxelles, chacun avance à pas feutrés. Personne ne se hasarde à formuler un calendrier – même si l'on voit mal comment le texte pourrait entrer en vigueur, au plus tôt, avant 2016.


Accolade entre Stephen Harper, premier ministre canadien et José Manuel Barroso, en octobre 2013 à Bruxelles. 
Accolade entre Stephen Harper, premier ministre canadien et José Manuel Barroso, en octobre 2013 à Bruxelles. © CE.

Si l'affaire est sensible, c'est que CETA sert de modèle pour les négociations du TTIP. Il servira de « patron » (template) pour les futurs accords de libre-échange, a insisté Karel De Gucht, le commissaire européen au commerce (sur le départ). C'est « un cheval de Troie du traité transatlantique », tempêtent, dans une étude récente, les associations françaises AITEC et ATTAC. Dans bien des secteurs, pour lancer leurs discussions, Bruxelles et Washington sont en effet partis de ce qui avait été négocié avec Ottawa. La plupart des volets les plus sulfureux du traité de libre-échange avec les États-Unis figurent déjà dans CETA.

Si bien que l'avenir du TTIP se joue en partie avec CETA : si les 28 valident le deal avec le Canada, il sera difficile, quelques mois plus tard, de s'opposer à un TTIP à peu près identique face à Washington. À l'inverse, si les capitales bloquent CETA, ce serait l'équivalent d'un coup d'arrêt à l'avenir du traité transatlantique. Dans la capitale belge, beaucoup l'ont compris et l'avenir de CETA est au cœur des discussions de cette fin d'été.

L'ambassadeur des États-Unis à Bruxelles, Anthony Gardner, a par exemple déclaré en août qu'à ses yeux, l'UE avait « exagéré la protection de certains de ses produits d'appellation contrôlée » dans l'accord avec le Canada. « Nous ne sommes pas satisfaits de la proposition sur les appellations contrôlées dans CETA (…) mais nous nous y prendrons différemment dans notre accord », avait expliqué le diplomate dans un entretien avec le site EUobserver. Cette sortie confirme à quel point le texte conclu avec le Canada sert d'unité de base à la négociation avec Washington.

Le texte finalisé de CETA n'est pas encore public. Mais une chaîne de télévision allemande, ARD, a dévoilé mi-août l'essentiel de l'accord – soit quelque 520 pages. Le document, en anglais, est extrêmement technique. Organisé en 42 chapitres, de la santé aux télécommunications, des services financiers aux règles de concurrence, c'est un texte d'une grande ambition, qui n'exclut pratiquement aucun secteur de l'économie (lire ci-dessous).

lien ici

La clause ISDS, maillon faible du traité ?

CETA a déjà beaucoup fait parler depuis cet été, pour une raison simple : son chapitre 10, sur l'investissement, de loin le volet le plus sulfureux. Il reprend la « clause d'arbitrage entre État et investisseur » (ISDS, dans le jargon), censée apporter des garanties juridiques aux entreprises pour les encourager à investir davantage à l'étranger. Dans les faits, cela permet à des groupes privés d'attaquer en justice, devant des tribunaux ad hoc, des États, parce que ceux-ci auraient mis en place des lois qui nuiraient à la rentabilité de ces entreprises (lire notre enquête).  

Cette clause ISDS (de la page 164 à la page 185 dans le document) est presque identique, à quelques aménagements près, à celle, plus récente, intégrée au projet d'accord avec les États-Unis. Ce texte en chantier n'est pas non plus public et il est, lui, encore très loin d'avoir abouti. Mais la commission européenne avait consenti à organiser une « consultation publique » sur le volet ISDS du TTIP, à la fin du printemps 2014, pour tenter de faire taire les critiques (lire notre article sur le succès de cette consultation). L'exécutif de José Manuel Barroso est toujours en train d'examiner les très nombreuses réponses au questionnaire (plus de 100 000), en grande majorité opposées à cette clause. 

Fin juillet, un article du Süddeutsche Zeitung a encore compliqué la donne : le quotidien affirmait que Berlin avait changé d'avis. L'Allemagne serait désormais opposée à ISDS dans CETA (lire notre article). Cette information, en plein été, a plombé les espoirs de ceux, côté commission, qui espéraient une signature rapide de CETA, par exemple lors du sommet d'Ottawa de septembre. Désormais, toute la stratégie des Européens est à revoir. Et si certaines capitales demandent le retrait d'ISDS du texte négocié avec le Canada, c'est toute la négociation avec Washington qui se trouverait alors fragilisée. 


Le Canadien Stephen Harper, avec Angela Merkel. Berlin est sur la défensive sur la clause ISDS. 
Le Canadien Stephen Harper, avec Angela Merkel. Berlin est sur la défensive sur la clause ISDS. © Reuters. Mars 2014, Berlin.

Les sociaux-démocrates, deuxième plus grand groupe à Strasbourg, sont désormais sur cette position : pour CETA, mais sans ISDS. Lors d'un débat mouvementé, début septembre, avec un groupe d'eurodéputés, le négociateur en chef de CETA, pour le compte de l'UE, Mauro Petriccione, a tenté d'arrondir les angles : « C'est là où nous en sommes arrivés aujourd'hui, à partir du mandat de négociation précis (qui a été confié à la commission par les 28 États membres – ndlr) », a-t-il déclaré, en référence à la version de CETA qui a fuité dans la presse.

« Le débat n'est pas terminé, a-t-il poursuivi. Je ne peux pas vous promettre que ce texte répondra aux inquiétudes que vous exprimez aujourd'hui, ou qui pourraient même surgir dans les semaines à venir. Ce n'est pas un accord définitif. C'est à vous que cette décision reviendra. » Avant de préciser : « Mais je ne suis pas sûr que le Canada acceptera de rouvrir les négociations, il faut donc bien réfléchir aux conséquences de ce vote. » Des conséquences pour CETA, mais aussi pour le TTIP…

A priori, les Européens vont attendre – sans doute en novembre – les résultats de la consultation sur ISDS dans TTIP, et les éventuelles réponses apportées par la commission aux inquiétudes des uns et des autres. Si la proposition de la commission les satisfait, ils pourraient décider, dans la foulée, d'« ajuster » le volet ISDS de CETA. Le scénario est crédible, d'autant que Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la commission, a exprimé ses réserves, en juillet, concernant ISDS. Si le volet ISDS était désamorcé d'ici la fin de l'année, cela ouvrirait la voie à une ratification de CETA.

Pourtant, ceux qui ont lu tout ou partie de la version fuitée de CETA le savent : il n'y a pas que l'ISDS qui puisse poser problème. « La partie sur ISDS est conforme à ce que l'on redoutait, ce n'est pas une surprise. Alors que les Européens sont allés plus loin que ce qu'on imaginait dans l'intégration de certains secteurs, comme les services financiers », commente Kenneth Haar, un membre de la plateforme CEO.

Vers des « forums de coopération réglementaire »

C'est ici qu'intervient l'une des clés de voûte du document, présentée comme une avancée par la commission, mais qui irrite nombre d'activistes : « la coopération réglementaire » (définie au chapitre 26, à partir de la page 402). L'enjeu de ces accords de libre-échange de « nouvelle génération » n'est pas, comme autrefois, de faire baisser les tarifs douaniers à tout prix – en partie parce que ces barrières tarifaires ont déjà beaucoup baissé ces dernières décennies.

Cette fois, avec CETA comme TTIP, l'objectif est plus ambitieux encore : il s'agit de s'entendre sur des normes en commun, dans l'alimentaire, la pharmaceutique, l'électronique ou encore la finance, pour accélérer les échanges. Exemple, régulièrement cité à Bruxelles : si le Canada et l'Union européenne reconnaissent la même norme de sécurité sur les systèmes d'airbags, cela permettra d'ouvrir de nouveaux marchés pour les constructeurs automobiles, de part et d'autre de l'Atlantique. 

Mais l'opération est, on s'en doute, très sensible. Certains s'inquiètent déjà d'un nivellement vers le bas des normes sociales ou environnementales, voire carrément d'une dérégulation de certains secteurs, pour mieux densifier les échanges. De ce point de vue, le projet d'accord joue la carte de la sagesse : il ne fixe aucune reconnaissance automatique des normes. En résumé, il renvoie la balle à des structures ad hoc, encore très floues, et qui seront chargées, au fil des années, d'harmoniser telle ou telle règle, au coup par coup : les « forums de coopération réglementaire » (page 406).

Chaque secteur aurait son forum, avec sa propre feuille de route, mais qui serait responsable, en dernière instance, devant le conseil de CETA – l'organisme, composé de fonctionnaires de la commission et du ministère du commerce canadien, chargé de superviser la mise en place de l'accord. Mais la société civile n'a pas tardé à monter au créneau, s'inquiétant de ces nouvelles instances, constituées en dehors de toutes règles démocratiques.

« Le texte prévoit (…) des mécanismes qui pourront faciliter la convergence des réglementations et des mesures existantes et futures, y compris celles de protection des consommateurs, des travailleurs ou de l'environnement. Les dispositions (…) permettront une co-écriture des réglementations par les multinationales des deux côtés de l'Atlantique, bien après la ratification de l'accord par les instances démocratiques compétentes, et sans aucun contrôle ultérieur », s'inquiètent les associations AITEC et ATTAC, des adversaires de CETA, qui viennent de publier l'une des rares analyses de fond du texte (à lire ici).

Cette étude regrette « l'absence de clarté et de précision quant aux modalités de composition, de saisine, de décision et de contrôle du Forum de coopération réglementaire ». Ces enceintes pourraient devenir une nouvelle porte d'entrée pour les lobbies les plus puissants de l'industrie. Et les auteurs de conclure : « Les modalités du contrôle démocratique de ces processus de coopération ne sont nulle part précisées. »

CETA, traité flou, propice à toutes les dérives, interprétations et arguties juridiques… La critique est récurrente. « Le texte est extrêmement vague sur bien des points, et il est très difficile de se faire un avis, de mesurer les conséquences que cela pourrait avoir à terme. À vrai dire, cela pourrait tourner dans un sens, ou dans l'autre », estime Kenneth Haar, de l'ONG bruxelloise CEO. « Le conseil européen (les capitales – ndlr) et le parlement vont devoir bientôt se prononcer sur un texte dont il est très difficile d'apprécier les véritables enjeux, et qui, en bout de course, donnera du pouvoir à des instances difficiles à cerner. » 

« Que cela soit pour le TTIP ou CETA, on est en train de mettre en place des usines à gaz, pour tenter de rassurer le plus grand nombre de personnes. Cela aura surtout pour effet de donner plus de travail aux cabinets de juristes, pour comprendre ces textes, et les interpréter. Sans que cela nous garantisse que l'intérêt général prévaudra - nous craignons même plutôt l'inverse », renchérit Aline Fares, qui suit le dossier du TTIP pour l'ONG Finance Watch.

Malgré cette redoutable complexité juridique, on ne désespère pas que les autorités françaises finissent, un jour, par prendre position publiquement sur ce texte. Jusqu'à présent, l'exécutif socialiste, à l'inverse du gouvernement allemand, est resté totalement silencieux sur CETA et ses enjeux.

 

Boîte noire :

Je ne me suis pas lancé dans un décryptage précis des 1 500 pages de CETA – je n'en ai pas les moyens. J'ai choisi d'insister sur deux points précis de CETA, qui ne manqueront pas de faire polémique d'ici la fin de l'année : la clause ISDS (page 2) et la mise en place des forums de coopération réglementaire (page 3).

Nous reviendrons, dans les semaines à venir, à travers des exemples plus précis, dans certains secteurs clés (agriculture, santé, services financiers…), sur les enjeux de CETA comme du TTIP. On peut retrouver ici l'ensemble des articles que Mediapart consacre au TTIP depuis début 2013.

À signaler, l'association Attac a mis en ligne un formulaire pour interpeller les élus sur CETA.

 

 

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 15:20

 

 

 

L'Université Critique et Citoyenne de Nîmes (UCCN, http://uccn.fr/) est de retour pour l'année scolaire 2014-2015!
 
 
A diffuser largement dans vos réseaux!
 
 
* Thèmes de l'année :
ARGENT, PLANETE, POLITIQUE, IDENTITES
C'est par où la lumière?
 
 
* Conférence inaugurale 2014 :
 
"Les identités aujourd'hui, entre nouvelles libertés et péril national-raciste"

Par Jean-Claude KAUFMANN
sociologue, directeur de recherche au CNRS
Auteur notamment de : La femme seule et le Prince charmant (1999), L'invention de soi. Une théorie de l'identité (2004) et Identités, la bombe à retardement (2014)
 
Auditorium de la Maison du département - rue Guillemette - Nîmes
Lundi 22 septembre 2014 - 18h30/20h30
 
 
Programme de l'année sur le site de l'UCCN : http://uccn.fr/Site_UCCN/Programme_2015.html .
 
 
Dans l'ordre des séances : Fabrice Flipo (écologie, mardi 30 septembre) et....Michel Boissard (7 octobre), Jean-Pierre Hue (14 octobre), Valérie Pommet (21 octobre), Florence Palpacuer (avec Attac, 18 novembre), Catherine Bernié-Boissard (25 novembre), Jean-Marie Harribey (avec Attac, 2 décembre), Laurent Mauduit (de Mediapart, 9 décembre), Patrick Weil (conférence inaugurale 2015, 13 janvier), Jacques Fortin (20 janvier), Stéphane Alliès (de Mediapart, 27 janvier), Samuel Johsua (3 février), Philippe Corcuff (24 février), Olivier Abel (3 mars), Josette Trat (10 mars), Jean-Pierre Bonutto (17 mars), Roland Gori (jeudi 2 avril), Raymond Huard et Michel Naudin (7 avril).
 
 
 
A l'exception des deux conférences inaugurales (lundi 22 septembre et mardi 13 janvier : Maison du département), l'ensemble des conférences se déroulent à l'IUFM de Nîmes (62 rue Vincent Faïta - bus ligne D, arrêt Jean Bouin). Elles ont lieu de 18h30 à 20h30, le mardi (excepté les conférences de Jean-Claude Kaufamnn et de Roland Gori).
 
Trois projections de cinéma suivies de débat seront organisées en partenariat avec le cinéma Le Sémaphore à 20h, les jeudis 20 novembre, 29 janvier et 12 mars.
 
C'est ouvert à toutes et à tous! L'entrée est libre et gratuite, sans inscription préalable, dans la logique des universités populaires.
 
 
Qu'on se le dise....

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16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 14:44

 

Transmis par les alternatifs 30

 

 

 

Pour ommuniquer vos dates, contacter :
06 15 33 61 73

30@alternatifs.org

@ jmarneguy@wanadoo.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Indigné-e-s "Démocratie Réelle Nîmes" RV chaque Mercredi à 18h et Samedi 13h  sur le terrain de Caveirac (durant l'été)

 

Repas à l’Association Côté Jardins Solidaires le mardi 0466845199


Agenda Démosphère Gard-Cévennes http://gard.demosphere.eu

 

 

 

 

 


Dates

Evènement

Lieu

heure

Du 6/9 au 28/9

EXPO de OUF 3 : concerts expos Performances ateliers Films Street Culture www.expodeouf.fr

Quartiers Gambetta Richelieu Ecusson

18/19/20/21/25/27/9

Mardi 16/9

Collectif Soutien aux ROMS

Local APTI

18h30

Mardi 16/9

Réunion mensuelle Groupe ATTAC Nîmes

Local SOLIDAIRES

19h

Du 16 au 22/9

Semaine de la mobilité avec CROCO VELO : marquage de vélos les 19 et 20/9 avec BICYCODE

Station Vélo Tango gare

 

17/9

Réunion publique « Politique de la ville ou politique urbaine »par le Collectif Espace de coopération de Pissevin et André Bruston

Salle Morice rue Daumier(Pissevin)

18h

Féria de Nîmes 17/18/19/20/21/9

-CHEZ JANY : Nina ARAGON et ses images vernissage le 17 (assoc En attendant Thomas)

- Bodega RESF vendredi 19 et samedi 20

-Bodega JANY

- La Placette

19h++++

Samedi 20/9

Rencontre débat avec Samah JABR psychiatre Palestinienne « Les dommages invisibles » Conséquences de l’occupation sur la santé mentale en Palestine

Maison du Protestantisme 3 rue Claude Brousson

19h

Samedi 20/9

Poésie/Lecture Charlie La Via

Galerie Chez Moi Chez Toi 0622347605

De 20h à …

Mardi 23/9

Réunion publique d’information sur le TAFTA (projet d’accord de libre-échange USA/Europe)

Auditorium du Conseil Général

19h

Mardi 23/9

Cinéma Rencontre débat autour de la Grèce et film

« ne vivons plus comme des esclaves »

Salle Verdier Rue Guy de Maupassant

18h30

Mercredi 24/9

Collectif anti gaz de schiste

London Tavern

18h30

Jeudi 25/9

Réunion autour du livre de l’Association A.R.B.R.E.S.

Bar le Gambrinus

18h30

Samedi 27/9

Journée Transition film « Urgence de ralentir »

Courte Echelle

11 rue de Genève

17 à 19h

Samedi 27/9

Fête du Jeu avec l’association PASEO

Espace Vergnole /pissevin

14 à 18h

Lundi 29/9

Ciné-parents, projection « L’Exposé »d’Ismaël Ferroukhi et rencontre thème Enfance et Education

Médiathèque Marc Bernard

14h

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16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 12:59

 

 

Info reçue par mail

 

 

ZAD DU TESTET : UNE SEMAINE DÉCISIVE ET UNE EXTENSION TOUS AZIMUTS DE LA LUTTE ! (merci de diffuser, bloguer, poster, twitter, faire circuler...)

 
 
 
Ce lundi matin, "sur le front" de la ZAD du Testet : charges des gardes-mobiles, tirs de flash-ball, matraquages, 4 blessés, mais les pompiers ne viennent pas !
 
http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/2014/09/15/lundi-15-septembre-point-sur-la-situation/ 
Besoin urgent de renforts pour occuper massivement de façon pacifique et solidaire, sans céder à la tentative d’intimidation (entrée de la ZAD du Testet par le lieu-dit Barat, croisement D132-D32, à 10km de Gaillac).

Bilan du rassemblement d’hier dimanche : replantation d’arbres par de nombreux enfants qui ont ajouté une étiquette ou un dessin avec leur prénom et leur âge, parfois avec un poème (mais c’est exactement au-dessus de ces arbres que les gardes-mobiles ont chargé ce matin, en les piétinant, juste devant la parcelle surnommée Gazad) 

A suivre… bientôt des images !

Besoin également de renforts à l’occupation/campement (plus tranquille) qui continue jour et nuit devant le Conseil général à Albi (plein centre-ville, on fait des crèpes, des concerts, on chante, on crée des banderoles, on soutient nos grévistes de la faim, on distribue des tracts aux passants et l’ambiance est très accueillante) :

Ce lundi matin simultanément, le blocage du lycée Victor Hugo de Gaillac par les lycéens a été interrompu par une intervention de la police, mais la grève continue et promet de s’étendre à d’autres lycées du Tarn et d’ailleurs !

Ce lundi matin simultanément à 7h45, une délégation d’élus solidaires de toute la région sont venus exprimer leur opposition au projet de barrage et exiger un moratoire au président du Conseil général sous pression (plus d’infos bientôt), alors que toute la grande entrée du Conseil général est toujours occupée, au sol comme dans les arbres (cabanes), de jour comme de nuit !

Demain mardi à 14h, une décision de Justice pourrait interrompre définitivement les machines et augurer une replantation de toute la zone du testet ! Et si ce n’est ce rendu, ce pourrait être le suivant… Tenons bon ! (à suivre)

Cette semaine, pendant le Festival International du Film Grolandais à Toulouse, la ZAD devient GROZAD ! Avec de nombreuses surprises et, parmi les visites, on peut d’ores-et-déjà annoncer :
Mercredi matin devant le CG à Albi puis à la ZAD du Testet : Raoul VANEIGEM, Noël GODIN et Jean-Henri MEUNIER !
Jeudi matin à la ZAD du Testet puis devant le CG à Albi : Sergio GHIRARDI, Alessandro DI GIUSEPPE et l’Eglise de la Très Sainte Consommation !
Venez nombreux les rencontrer et soutenir également les occupants par votre présence !
 
A suivre… bientôt un clip vidéo + un tract/affiche pour annoncer partout la GROZAD !

Contact collectif Tant qu’il y aura des bouilles (occupations...) : collectifbouilles@riseup.net / tél. 06 48 64 04 22 (nouveau numéro, téléphone de veille et d’alerte)
Contact collectif pour la sauvegarde du Testet et communications médias : collectiftestet@gmail.com / tél. 06 99 26 60 66 (Ben Lefetey)
Contact comité de soutien et organisation Grozad : yannis@youlountas.net / tél. 06 24 06 67 98 (Yannis Youlountas)
Contact grève des lycéens Gaillac : v.decarpentrie61@gmail.com / tél. 06 01 18 58 21 (Valentin Décarpentrie) et https://www.facebook.com/events/770270413034425

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 20:31

 

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/friture-mag

 

 

RSA : un pas en avant, deux pas en Ariège

« Je ne sais pas si je suis complètement remise ». Pas du genre fragile, Sarah, 38 ans, ne revient toujours pas de son passage devant la « Commission Sociale Territoriale » (CST) de mars à Foix (Ariège) (1). Au RSA depuis 2011 cette mère d’un enfant de huit ans suit une formation de psycho-patricienne, non reconnue par l’Etat, pour travailler dans l’écoute. Un projet pas assez sérieux aux yeux du département qui la convoque. « Ce n’est pas un tribunal » lui dit-on d’entrée. Mauvais signe.

Par Ludo Simbille sur www.frituremag.info

Face à elle deux professionnels du social, deux techniciens du département. Après sa présentation, une avalanche de questions. Le ton est inquisiteur, hautain. Les réflexions intrusives, suspicieuses
« —Si vous changiez votre enfant de l’école, vous aurez plus de temps pour trouver du travail ! »
« —Vous avez pensé à déménager ? » etc. Jusqu’à ce que la sanction tombe. Retrait de 100 € de son revenu de solidarité. Motif : « démarches insuffisantes ». Sarah sort et éclate en sanglots.
Retrait total ou partiel, suspension temporaire, remboursement de « trop perçu » rendez-vous obligatoires… Menace ou sanction réelle, la version ariégeoise de lutte contre la précarité prend des allures de contrôle social. Stigmatiser et culpabiliser tout détenteur du Revenu de Solidarité Active qui ne remplit pas ou mal son contrat d’insertion ou qui n’a pas le profil adéquat.

Le CAFCA le subit régulièrement. Depuis août 2012 le Collectif d’Autodéfense Face aux Contrôles de l’Administration accompagne et défend les personnes précaires devant Caf, MSA, Pôle Emploi. A coup de « blocage » des CST. Au point que les forces de l’ordre filtraient jusqu’à peu l’accès à ces dernières. Dernière action en date, avril 2014, l’occupation du Conseil général pour exiger que Séverine, mère isolée dont le RSA fut suspendu puis remis, touche ses arriérés d’alloc. Elle vient de les recevoir. « Un résultat de la lutte », précise une militante. Ces intermittents, ces chômeurs, ces Rsastes s’organisent contre l’isolement et pour l’arrêt de ces pratiques qu’ils considèrent humiliantes. Sarah : « Ils sont là uniquement pour rabaisser la personne alors qu’ils sont censés nous accompagner ». « Un mur froid, inhumain ) » (2). Après un recours, elle gardera finalement la totalité de son revenu minimum.

Droit ou faveur ?

Au pays du « socialisme congelé » (3), les 6000 détenteurs du minima social du 09, un des territoires le plus touché par cette précarité, seraient devenus la cible n°1. Ils pèseraient trop lourds sur les finances publiques pour le département chargé de financer le Rsa socle. « ll y a parmi les allocataires des gens qui trichent, qui n’y ont pas droit. (…) Il s’agit d’argent public qui demande le plus de crédit » déclarait Augustin Bonrepaux, président du Conseil Général en 2012 (4). Autour de 30 M€. Ce qui ne l’a pas empêché de rehausser le volet social de 8 % cette année. Un coût mirobolant de 450 € mensuel par foyer en moyenne.
L’allocataire a « des droits et a surtout des devoirs » (5), se justifient à l’envi A. Bonrepaux et consort. « L’administration, paternaliste et condescendante, tente régulièrement de faire passer pour des faveurs ce à quoi nous avons droit pour vivre. La pression, constante et sans relâche, fait partie intégrante du dispositif » rappelle la CNT 09 qui épaule parfois le Cafca dans ses actions (6).
Des « miettes pour calmer la grogne sociale », rétorquent certains. « Ils ont l’impression de donner plein de sous. C’est quoi leur salaire à eux ? » s’emporte Catherine, elle aussi sortie en larmes de sa CST. On la menaçait de lui baisser son Rsa couple. 700€ pour quatre. C’était sans compter sur Malick son compagnon qui a passé son coup de gueule « On n’est pas dupe, ils ont pas intérêt à mettre une famille à la rue, mais on peut lui taper dessus »

« Les mettre au boulot »

En comité de pilotage du département, l’objectif de la direction est assez clair : « on va les mettre au boulot ! », raconte une source interne. Léger problème, avec un taux de chômage à plus 12, 2 %, les offres d’emploi n’encombrent pas les fichiers Pôle Emploi Ariège. Quitte à réorienter les profils de ces assistés en puissance à n’importe quel prix. Pour toucher son dû, Sarah a du écrire sur son recours qu’elle « élargissait son champ de recherche aux boulots alimentaires ». « Je suis allée en intérim, vu mes diplômes ils m’ont regardé avec des yeux ronds ». La logique tourne à l’absurde kafkaïen : « Si je vais travailler, ce sera pour payer la garde de mon enfant ». Daniel lui, travailleur social de métier, avait postulé dans une structure pour jeunes handicapés dont le directeur, membre de la commission, lui reprochait son manque de démarches. Il ne lui avait jamais répondu.
Souci d’honnêteté, Catherine et Malick l’on joué franc-jeu en CST : « on ne cherche pas de boulot ». Bac+ 5, elle, veut tenter sa chance dans la vannerie tandis que lui, BTS, construit leur maison sans passer par les banques. « Peu importe ce que je leur disais, pour eux j’étais une glandeuse. Comme s’ils décidaient de ma vie à ma place ». Etre un « bon pauvre » qui « s’insère » dans le chantier, les ménages, la manutention.

Ces coups de pressions retombent aussi sur les employés. En interne la CST de Foix a la réputation d’être la « plus dure » d’Ariège. Une « punition » pour les professionnels qui y travaillent. Cette tendance au contrôle viendrait du recrutement de techniciens gestionnaires « très normés » issus du monde économique. « Nous, on arrivait de l’éducation populaire ou de science de l’éducation », se souvient Paul, un conseiller d’insertion. Pas vraiment de politique du chiffre sur les « sorties positives » des Rsaste mais des rendez-vous, des règles, des obligations de données, des « outils » tels que ces « courbes d’évolution »... du chiffre d’affaires du précaire. C’est ni blanc ni noir, tempère Paul. « Les élus sont encore sur du social mais ne supportent pas ceux qui ne veulent pas s’en sortir ».

Gâchis humain

Du boulot, du moins de l’activité, la « terre courage » en foisonne. Agriculture, apiculture… Max, membre du Cafca avait un contrat d’insertion dans la cueillette. Un autre : « vente de savon à base de plante ». Catherine s’était vue invalider son contrat de travail dans un café culturel. Des ambitions professionnelles « ubuesques » pour un département plutôt hostile au mode de vie alternatif. A l’image de cette imprimerie associative qui avait le tort d’être gratuite. Une cafcaïenne raille : « Pour eux, le sens social, c’est dégager de l’argent ». Vrai que l’Ariège, terre historique d’accueil de néo-ruraux, c’est plus le pays des hippies décroissants que des costumes cadres dynamiques. De ceux qui font un « pas de côté ». Malick : « Ce n’est pas par choix mais j’estime être en résistance au Rsa, je prends ma vie en main. Je ne fais pas rien, je prend mon temps ».

 

Notes

(1) Tous les prénoms sont modifiés à la demande des intéressés.
(2) D’absurdité et de « torture morale » qualifiait Dominique Méda ce type de contrôle.
(3) Lire l’enquête de Mediapart sur le système politique ariégeois et les dossiers de La Buvette des alpages sur l’édile. http://www.buvettedesalpages.be/bon....
(4) M. Bonrepaux tenait-il le même discours à propos des subventions qu’il verse aux entreprises ? Ou au « Club Ariège Pyrénées Investissement », ce lobby créé et financé à 98% par le CG ? Sans résultat, il fut dissout pour des raisons de corruption.
(5) Et l’élu s’y connaît en citoyenneté, lui qui fut mis en examen pour délit de favoritisme dans deux marchés publics. (La Dépêche, 25/05/2013).
(6) Une étude sur le RSA qualifiait cette mécanique « d’absurde » et « torture morale » http://www.cee-recherche.fr/publica...

 

 

 

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/friture-mag

 

 

 

 

 

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 17:35

 

Source : www.reporterre.net

 

 

Moins de croissance, c’est plus d’emploi

Jean Gadrey

lundi 15 septembre 2014

 

 

 

Il n’est pas d’antienne plus tenace que celle de la croissance, rabâchée en choeur par les médias perroquets. C’est qu’il s’agit là d’une croyance quasiment mystique : « Pour combattre le chômage, il faut une croissance forte. » Mais en fait, moins de croissance serait au contraire bénéfique à l’emploi.


Nous avons vécu pendant des décennies sur une croyance qui avait une (relative) validité : pour créer de l’emploi et combattre le chômage, il faut une croissance « suffisamment forte ». Pourtant, même au cours de cette période, des « Trente Glorieuses » aux années 1990, cette croyance avait plusieurs limites :

1) La qualification « suffisamment forte » dépend de plusieurs facteurs. D’abord, du niveau des gains de productivité (= produire autant de quantités avec moins de travail) qui réduisent l’emploi s’il n’y a pas de croissance du volume produit. Pour ajouter des emplois, à durée du travail identique, il faut que la croissance soit supérieure aux gains de productivité.

2) Avec un même taux de croissance, on peut créer plus d’emplois si la durée moyenne du travail diminue. C’est ce qui s’est produit, massivement, de1966 à 2002 (cf. le graphique 1). Si l’on en était resté au niveau de 1966, on aurait peut-être aujourd’hui six millions de chômeurs EN PLUS ! Ce mouvement a pris fin depuis 2002, ce qui n’est pas pour rien dans l’explosion du chômage (le taux de chômage était de 7,7 % en 2001).


- Graphique 1 -

3) Dernière raison : la forte croissance passée a signé l’entrée de l’humanité dans une crise écologique redoutable. C’est à la fin des Trente Glorieuses que le niveau des émissions de gaz à effet de serre a commencé à dépasser celui que la nature peut absorber sans dommage pour le climat. Difficile dans ces conditions de voir la quête de croissance comme un facteur de progrès.

Quoi que l’on fasse, la croissance va prendre fin

Au cours des dernières années, on a assisté à d’intéressantes « conversions » de quelques économistes de renom, admettant ce qu’une poignée de précurseurs avaient affirmé bien plus tôt : il ne faut plus trop compter désormais sur le retour d’une « belle » croissance, au moins dans les pays riches. Il faut dire que la courbe historique des taux de croissance depuis 1950 (graphique 2 pour la France) a de quoi faire réfléchir.

Pour la plupart des commentateurs « autorisés », cette tendance est effrayante. Il n’est qu’à lire le dossier du Monde du 2 septembre, avec ce gros titre en première page : « Et si la croissance ne revenait jamais… le scénario noir… ».


- Graphique 2 -

Créer des emplois sans croissance

La fin de la croissance ne sera un « scénario noir » pour l’emploi que si l’on prolonge la trajectoire productiviste du passé, car les gains de productivité détruisent l’emploi s’il n’y a pas assez de croissance. Sauf - c’est la première voie majeure - si l’on réduit la durée moyenne annuelle du travail et sa durée sur l’ensemble de la vie. Il faudra s’y engager. Mais ce n’est pas la seule piste.

En effet, rien ne nous condamne à viser toujours plus de productivité, surtout quand on mesure les dégâts humains et écologiques que cela provoque, la dégradation de la qualité dans bien des cas, notamment dans l’agriculture et l’alimentation, sans parler des dommages humains du « travail sous pression ».

Il faut s’orienter, sous l’angle de la consommation, vers une sobriété énergétique et matérielle raisonnable, et sous celui de la production, vers des gains de qualité et de durabilité (le « toujours mieux » à la place du « toujours plus »), sources majeures de création d’emplois sans croissance.

Par exemple, on a besoin d’environ 30 % d’emplois en plus dans l’agriculture biologique pour produire les mêmes quantités, donc sans croissance quantitative. On est là dans une logique vertueuse favorable aussi bien à l’environnement qu’à la santé publique, à l’emploi et au sens retrouvé du travail.

C’est vrai dans bien d’autres activités. La soutenabilité écologique n’est pas l’ennemie de l’emploi, contrairement au productivisme. Encore faut-il des politiques résolues pour cette grande bifurcation, et une réduction des inégalités (voir ce billet : La transition écologique sera sociale ou ne sera pas).


- Ecoquartier à Fribourg-en-Brisgau, Allemagne -

Quatre millions d’emplois potentiels en plus, sans croissance

Des scénarios de qualité existent (entre autres le scénario NégaWatt pour la transition énergétique et le scénario Afterres pour l’agriculture). Ils sont tous « riches en emplois ». En les combinant, je parviens à des estimations, à conforter collectivement, mais qui donnent une idée du potentiel de création d’emplois d’une transition écologique et sociale ambitieuse...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 17:31

 

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Testet : à la violence de l’Etat, les résistants opposent... la générosité

Emmanuel Daniel (Reporterre)

lundi 15 septembre 2014

 

Dans le Tarn, une centaine de personnes occupent la forêt de Sivens pour s’opposer à la destruction de la nature, et des centaines d’autres viennent les soutenir. Dans cette Zone à défendre, malgré l’âpreté des conditions de vie, la solidarité entre les opposants prouve que l’homme n’est pas forcément un loup pour l’homme.


- Zad du Testet (Tarn), reportage

Egoïsme, repli sur soi, individualisme. Voilà des termes fréquemment utilisés pour qualifier notre époque. La centaine de personnes qui occupe la ZAD du Testet m’ont pourtant donné à voir un tout autre visage de notre société. Malgré la dureté des conditions de vie (présence et violences policières quasi quotidiennes, attaques des pro-barrage, absence d’eau courante et d’électricité, nuits courtes employées à la préparation d’actions, la construction de cabanes ou de barricades...), la vie sur place s’organise autour des principes de partage et d’entraide que l’on croyait oubliés.

La nourriture en est l’exemple le plus évident. "Ici on s’appelle tous copains, et c’est le bon mot car on partage le pain", m’explique un occupant de la première heure. Les repas sont souvent préparés et dégustés en commun. Le stock de vivres, abondé par la solidarité des habitants des environs et les nouveaux arrivants, est accessible à tous et à tout moment. Et même si les denrées de luxe telles que le chocolat, le vin ou les chaussettes sèches (précieuses dans des zones humides telle que la Vallée du Testet) circulent principalement dans les cercles affinitaires, tout est fait pour que personne ne manque de l’essentiel. On peut aisément vivre sans argent sur la ZAD.

Ces bouts de papiers que nous utilisons pour lutter contre l’incertitude, s’assurer d’avoir un toit et de la nourriture, sont ici remplacés par la solidarité au sein de la communauté. Ici, la propriété privée tend à être remplacée par la propriété d’usage que l’on pourrait résumer ainsi : « Ce bien est à moi tant que j’en ai l’utilité ». J’ai vu des pulls, des assiettes, des tentes, des duvets et du matériel de construction passer de main en main. Il est fréquent d’entendre, lorsque plusieurs personnes sont regroupées : « Quelqu’un a des cigarettes ? » et de voir dans la minute qui suit un paquet traverser l’assemblée.

Les choses matérielles semblent avoir moins d’importance ici que dans le reste de la société. Ainsi, des occupants et leurs soutiens locaux ont placé leur voiture en entrée de zone pour entraver le passage des machines de déboisement et protéger les militants pacifistes qui s’étaient enterrés dans le chemin. Quand les gendarmes leur ont proposé de les enlever par eux-mêmes avant d’appeler la fourrière, personne ne s’est manifesté. Les voitures passent après la forêt ! Et ce désintérêt pour le matériel n’empêche pas de respecter celui des autres. Il m’est arrivé de laisser traîner mon appareil photo, mon tabac et de revenir sur place quelques heures plus tard pour les retrouver à la même place. Alors qu’on peut croiser sur la zone des repris de justice et de personnes considérées dangereuses pour la société, je n’ai jamais eu à m’inquiéter pour mes affaires et pour ma sécurité, sauf lorsque la police était présente.

L’entraide qui lie les occupants dépasse largement les choses matérielles. Les membres du collectif Testet, les avocats et médecins qui offrent leur aide, sacrifient des journées de travail et des nuits de sommeil pour faire avancer la lutte, au même titre que les zadistes. Certains n’hésitent pas à se mettre en danger pour aider leurs camarades. Ainsi, pendant les affrontements avec les forces de l’ordre, les équipes médicales se fraient un chemin parmi les nuages de gaz lacrymogène et les tirs de flash balls pour porter secours à leurs collègues blessés. J’ai observé à deux reprises et avec stupéfaction des zadistes (surnom des occupants) se jeter sur des policiers qui s’apprêtaient à arrêter leurs camarades afin de leur éviter une garde à vue, en sachant pertinemment qu’ils risquaient eux-même d’être interpellés.

Je suis admiratif de ces personnes qui grimpent dans les arbres et y passent la journée afin de les protéger des lames des machines ou des bûcherons, malgré les risques de chute. Et comment ne pas parler de ces grévistes de la faim, pour la plupart âgés d’une cinquantaine d’années ou plus, qui mettent leur santé en péril pour réclamer l’arrêt des travaux et le lancement d’un véritable débat démocratique ? Qu’ils occupent le lieux ou qu’ils vivent aux alentours, ces personnes mettent leur « body on the line » (leur corps en jeu), pour reprendre l’expression de mes camarades rugbymen anglais, et s’engagent physiquement pour leur « équipe » et la cause qu’ils défendent.

Pendant les deux semaines que j’ai passé sur place, j’ai été frappé par l’altruisme spontané qu’il m’a été donné à voir. Aucune des actions qui que j’ai pu observer ne me semblait guidée par l’égoïste calcul coûts/avantages si prégnant à « Babylone », surnom donné par les zadistes à la société décadente qu’ils combattent.

Bien sûr, la zone n’est pas un cocon préservé de tous conflits. Les occupants sont des humains, et à ce titre, ils se laissent parfois emporter par leurs vices et leurs passions, d’autant plus dans ce contexte de stress et de fatigue. Un jeune homme compare la ZAD à une grande famille : "Tout le monde s’entraide mais cela n’empêche pas les tensions". J’ai assisté à des jugements hâtifs, des moqueries et des disputes animées. Néanmoins, je resterai marqué par la bienveillance qui règne dans ce lieu. On y croise des dizaines de personnes par jour et tous ou presque ont un sourire ou un salut à vous donner. Cette sympathie se vérifie aussi vis-à-vis de personnes souffrant d’addictions, de handicaps physiques ou de troubles psychologiques. La cohabitation n’est pas toujours facile à gérer et débouche parfois sur des départs. Mais plutôt que d’éviter de les voir et de déléguer le soin de ces personnes à des tiers rémunérés, les zadistes composent avec les gens "hors-normes" et les prennent pour ce qu’ils sont : des humains dignes de considération.

Quand je demande aux occupants ce qui motive ces actes pleins d’humanité, beaucoup répondent : « C’est normal, c’est la lutte. Si on ne faisait pas ça, on ne s’en sortirait pas ». D’autres expliquent qu’ils désirent incarner le changement de comportement qu’ils aimeraient voir se généraliser. Un autre m’explique qu’’"en habitant la forêt, j’ai développé une sensibilité pour les arbres, la faune, la flore. Maintenant que je les connais, j’ai encore plus envie de les protéger". Son voisin argue que, libérés du salariat et de l’omniprésence de l’argent, les "interférences" venant parasiter les relations humaines sont moins nombreuses. Je pense également que la sensibilité anarchiste dont ils sont nombreux à se réclamer y est pour quelque chose : l’anarchisme place en effet le soutien mutuel et l’égalité au cœur des relations entre les hommes. Mais cette entente entre des gens aux aspirations et aux habitudes parfois très différentes pourraient ne pas durer toujours. Ils sont nombreux à rappeler que la lutte contre un ennemi commun (le Conseil général et la police) est un des ciments des relations sur la ZAD, et que celui-ci pourrait s’effriter à mesure que la menace s’éloignerait.

Qu’importe, même si la vie sur place est éprouvante et que la mini société qui s’y construit est loin d’être parfaite, cette expérience restera pour moi profondément plaisante, et je dirais même... rassurante. Elle indique en effet que l’humain ne se résume pas à ce qu’il est aujourd’hui et qu’il est capable de se comporter décemment sans y être contraint. Cette immersion à la ZAD du Testet m’a donné un avant-goût de ce à quoi pourrait ressembler une société libre.


"LA CHASSE AUX BOBOS EST OUVERTE"

- Zad du Testet (Tarn), reportage

Il est 22 h 30 vendredi quand je rejoins ma tente, heureux à l’idée d’enfin passer une vraie nuit après une semaine éprouvante. Mais j’ai à peine le temps de m’installer que deux mots me font ressortir illico de mon sac de couchage : "Alerte rouge". L’annonce est d’autant plus sérieuse que les pro-barrages multiplient les menace depuis quelques jours. Sur Facebook, ils ont appelé à une "chasse aux bobos", promettant d’offrir une cartouche de fusil par zadiste tué. Un peu plus tôt dans la soirée, une altercation a éclaté entre des zadistes et l’éleveur de faisans installé en bordure de ZAD qui les accuse d’avoir libéré ses animaux dans la nature. Autant dire que la tension est forte. la présence de pro-barrage un peu plus haut sur la route peut laisser redouter des dérapages. Je suis une équipe partie prévenir du danger les autres camps. Quand je reviens quelques heures plus tard, j’apprends qu’une voiture de zadistes est tombée dans un guet-apens, que le pare-brise, la vitre passager et le conducteur ont reçu des coups de matraque portés par des hommes vêtus de noir...

 

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 17:23

 

 

Source : www.reporterre.net


 

« L’heure est à la construction d’une alternative »

Entretien avec Eva Joly

lundi 15 septembre 2014

 

 

 

Eva Joly, députée européenne et ex-candidate écologiste aux élections présidentielles, plaide pour le rassemblement des alternatifs. Elle ne voterait pas la confiance au gouvernement Valls, dont elle juge que sa politique n’est pas de gauche.


Reporterre - Le Parti Socialiste peut-il encore être considéré comme un parti de gauche ?

Eva Joly - Je pense qu’il y a au sein du PS nombre d’authentiques militants de gauche. On ne peut pas condamner tout le parti. Mais il est condamné par la politique conduite en son nom par Hollande et Valls dont on peut dire, par contre, qu’elle n’est pas de gauche.

C’est quoi, être de gauche ?

J’en ai une définition très claire : être de gauche, c’est imposer les régulations nécessaires pour que l’intérêt général l’emporte sur les intérêts particuliers. La gauche doit incarner cette volonté, au service des plus faibles. Cela passe par des confrontations, car il y a une tension perpétuelle entre l’intérêt général et les intérêts économiques et industriels, qui sont très puissants. Et c’est le rôle du politique de ne pas laisser la société aux mains du marché et à sa prétendue « auto-régulation ».

Prenons l’exemple de l’amiante. En France, on a réglementé très tard car c’étaient les professionnels de l’amiante qui géraient le problème, alors que la plupart des pays européens l’ont interdit durant les années 1970. On savait pourtant depuis longtemps que l’amiante était dangereux. Ce retard va causer 100 000 morts d’ici 2050, c’est un scandale sanitaire. Mais le pouvoir en place n’en tire pas vraiment la leçon, et les lobbies continuent à sévir : ils ont enterré les class-action [actions en justice de groupes de citoyens], et ont réussi à rendre impuissante la loi de séparation bancaire.

Sous François Hollande, le court-termisme règne en maitre. Voilà ce qui explique qu’il soit si peu sensible à l’écologie. Pourtant, par la redéfinition même de l’intérêt général grâce aux réflexions sur les générations futures et les biens communs, l’écologie ouvre un « au-delà » de la gauche. Pour moi, elle en est l’avenir. La gauche du 21e sera écologiste ou ne sera plus.

Vous avez évoqué avec Julien Bayou une plate-forme pour réunir les mouvements qui s’opposent au « socialisme gouvernemental ». Sur quoi peut-on les rassembler ?

Sur une dynamique de projet, et pas seulement de rejet. Le virage écologique d’abord. Il faut prendre en compte les impératifs d’un monde fini, la lutte contre le changement climatique, la transition énergétique, toutes ces choses dont je continue de m’étonner chaque jour que l’on ne les prenne pas au sérieux, alors qu’il est déjà très tard.

Les institutions ensuite. La République est à bout de souffle, il faut se battre pour une VIe République, pour vaincre la maladie de la Ve, qui met trop de pouvoir dans trop peu de mains. Il faut redonner du pouvoir aux citoyens.

Sur le social, la violence de la crise demande de se mettre d’accord sur la sanctuarisation de secteurs qui ne peuvent pas faire les frais d’une politique de réduction des déficits publics. Santé, environnement, logement et éducation doivent au contraire faire l’objet d’investissements.

Enfin, reste l’Europe. Les solutions doivent être européennes. Il faut que les autres forces modifient leur positionnement sur l’Europe. On ne pourra pas faire route avec les euro-sceptiques s’ils n’acceptent pas l’idée qu’il faut modifier l’Europe, et non pas la détruire.

Quel est le périmètre de cette plate-forme sur l’échiquier politique : le Parti communiste peut-il en faire partie, ou François Bayrou ?

Il n’y a pas d’exclus a priori : ceux qui, en sincérité, veulent conduire une autre politique peuvent venir. Mais il faut de la cohérence. François Bayrou est un pro-européen, il a une fibre sociale et il a souvent eu du courage. Mais il semble avoir choisi le retour à droite dans le giron de Juppé. J’en prends acte. Pour autant, ceux des démocrates qui veulent participer à la création d’un bloc progressiste sont les bienvenus. Avec les communistes, nous avons des choses à faire. Ils sont indispensables à la construction d’une nouvelle majorité. Mais dénoncer l’austérité sans demander un changement de modèle productif et sans renoncer au culte de la croissance à tout prix est une impasse.

Et Arnaud Montebourg ?

Arnaud Montebourg a un rôle à jouer mais les gaz de schiste sont un vrai problème chez lui. Il doit laisser les mirages industrialistes de côté. J’aimerais aussi que Christiane Taubira se lance et donne de la voix à nos côtés, parce qu’elle incarne l’espoir pour des millions de personnes.

Les partenaires privilégiés semblent être le Parti de Gauche, Nouvelle Donne, les frondeurs du PS et quelques mouvements comme Ensemble. Tous ont-ils fait leur aggiornamento sur l’écologie ?

Ils n’en sont pas tous au même point, il reste parfois du greenwashing. Mais beaucoup ont commencé à comprendre que c’est important, sans en tirer forcément toutes les conséquences. C’est ce sur quoi il est nécessaire de travailler.

Mais ces quelques piliers de convergence suffiront-ils à dépasser tout ce qui vous distingue, dans vos cultures politiques ?

Le temps est mûr pour cela. Nous devons construire une coalition qui débat et faire arbitrer nos désaccords par les citoyens. Je ne crois pas que le succès puisse découler d’un accord au sommet.

Si cet espace politique existe déjà, il ne s’est pas imposé lors des dernières élections. L’année 2014 a signé l’échec des différentes stratégies, qu’elles aient choisi de participer au gouvernement ou qu’elles en soient restées en dehors…

Notre échec découle aussi de notre division. Et de l’absence de dynamique citoyenne. A l’inverse, je regarde avec respect et intérêt ce qui s’est passé à Grenoble. Rassemblées, les forces alternatives peuvent être majoritaires.

Mathématiquement, cela marche peut-être, mais politiquement, on peut en douter, non ?

Il ne s’agit pas de fédérer des minorités, mais d’ouvrir une dynamique politique nouvelle. La rencontre des personnalités qui portent ces mouvements politiques est une première étape, mais ce que nous voulons profondément, c’est un retour aux citoyens. L’important en politique, ce qui fait sa valeur, ce sont les militants. C’est à eux que je suis fidèle chez EELV. Il y a dans la société civile, dans les associations, beaucoup de force et de volonté de changement. Beaucoup de gens avec une conscience politique et qui ne sont pas satisfaits de l’offre actuelle. C’est d’abord à eux que s’adresse la primaire de l’espoir...

 

*Suite de l'aricle sur reporterre

 

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 17:19

 

Source :  globalvoicesonline.org

 

 

Podemos, le parti politique alternatif espagnol qui étend la démocratie en ‘Cercles’

Image taken from the “Podemos” party's Facebook account.

Source photo : compte Facebook du parti Podemos.

 

Dans cet assemblage de maisons des collines espagnoles de Galice, non loin de la cité romaine de Lugo, le temps semble s'être arrêté il y a quarante ans. Les poules errent librement dans les rues, pendant que les paysans discutent à loisir de tracteurs au bord de la route. Pourtant, dans ce coin endormi de la province nord-ouest de l'Espagne, un nouveau modèle politique prend forme.

Jago, un professeur de langues de 48 ans, est en train de monter dans le village un “cercle”, une sorte d'assemblée de base informelle, démocratique et pluraliste, qui fonctionnera comme l'incarnation locale du nouveau parti politique Podemos. “Nous pouvons” en espagnol, Podemos espère attirer ceux qui désespèrent des approches politiques conventionnelles et contrer le ras-le-bol des mesures d'austérité en impliquant les citoyens pour modeler les réformes à partir de la base.

Nombreux sont les partis à travers l'Europe qui, voyant fondre les effectifs de leurs militants, partagent les mêmes ambitions. Podemos, lui, a des résultats à afficher sur l'intention de mettre la politique plus en phase avec le public”. Depuis ses débuts en mars avec une campagne entièrement financée par crowdfunding et un manifeste créé à partir des propositions du public, le parti s'est adjugé 8 % du vote espagnol aux élections pour le Parlement Européen. Beaucoup de ses sympathisants n'avaient probablement pas voté depuis des années. Un récent sondage a laissé entendre que Podemos serait en troisième place si des élections générales avaient lieu demain, et pourrait même se placer deuxième.

Les Cercles : des espaces politiques inclusifs

Un des facteurs des débuts prometteurs de Podemos est le système d'organisation communautaire en “cercles.” Tel est l'objectif de Jago. Les cercles sont des groupes sans dirigeants ni cotisations, qui fonctionnent en assemblées publiques ouvertes où les présents débattent de tout ce qui leur paraît s'appliquer à leur situation. “Les assemblées permettent aux personnes qui ne participent pas au mouvement de s'exprimer et de voir qu'il y en a d'autres qui pensent comme eux,” explique Oscar Gonzalez, un porte-parole du cercle de Podemos dans la cité portuaire galicienne de Vigo. Les cercles ont une focale locale marquée, à l'échelle d'une ville entière ou d'un arrondissement, ou se constituent autour d'un domaine particulier (par exemple, il existe actuellement des cercles sur la psychanalyse, la musique et le métier d'infirmier).

Les cercles se multiplient rapidement. Au moment d'écrire cet article, ils étaient plus de 700 dans toute l'Espagne, un accroissement de presque 80 % par rapport à leur nombre deux mois avant. L'assistance aux assemblées monte en flèche : de 20 à 30 personnes en moyenne avant les élections, Podemos Vigo en revendique désormais au moins 300 à chaque fois. Le concept des cercles peut fonctionner même dans les petites villes, mais il n'en va pas de même dans la Galice rurale. Les hameaux comme celui de Jago se vident rapidement, la Galice seule en compte au moins 1.400 déjà complètement déserts. Il y a peu de chances qu'ils se régénèrent spontanément : une naissance fait un article dans le journal local, tandis que le gouvernement régional de Galice va dépenser 70 millions d'euros sur les trois années qui viennent pour essayer de renverser le déclin de la natalité dans la région, dont le taux est le plus bas d'Espagne.

Un terreau qui paraît peu fertile pour un jeune mouvement dont le slogan électoral était : “quand avez-vous voté pour la dernière fois avec espoir ?” On a du mal à imaginer un cercle prospérer dans les confins ruraux de cette partie conservatrice de l'Espagne. Le dictateur Francisco Franco était Galicien, et le Parti Populaire de centre-droit qui gouverne au niveau national enregistre toujours dans la région certains de ses milleurs résultats. Dans l'unique bar du patelin (qui fait aussi office de boucherie et d'épicerie), Jago montre l'un des habitués, un homme d'une cinquantaine d'années aux tempes dégarnies : “Nos relations sont bonnes, évidemment. Mais un jour que je lui ai demandé du feu, j'ai vu qu'il avait encore un briquet à l'effigie de Franco.”

Jago ne se décourage pas pour autant. “Je suis un individu ordinaire, mais je sais parfaitement ce qu'est la discrimination et la corruption,” dit-il, citant ses propres difficultés à monter une entreprise et catalogant une série d'affaires récentes de dessous-de-table en Galice. Comme beaucoup d'Espagnols, Jago peine à rembourser son crédit immobilier, contracté à la banque juste avant la crise, une décision qu'il décrit comme la “plus grosse erreur de sa vie”.

Podemos collecting tin in a cafe in Vigo, Spain.

Podemos collecte de la petite monnaie dans un café de Vigo, en Espagne. Photo de l'auteur, Tom Walker.

Ce qui ne l'a pas empêché de donner cinq euros au fonds de campagne de Podemos pour les élections européennes. Considérant que Podemos n'a dépensé que 12 cents d'euros pour chacune des 1,25 million de voix obtenues en mai, sa contribution vaut en fait 40 électeurs. Si aucun de ces 40 n'est probablement venu du village de Jago, il reste à l'affût. “Je crois que Podemos peut être un havre pour beaucoup de gens ici qui ne sont jamais sentis chez eux dans aucun autre parti politique,” dit Jago. “Petit à petit, j'espère que nous pourrons arriver quelque part.”

Et c'est ce qu'a déjà fait Podemos à Navia, une circonscription au sud-ouest du centre de Vigo. Le parti a recueilli 20 % des voix ici, son meilleur résultat dans la ville. Navia est composé de logements sociaux construits ces huit dernières années pour loger une population jeune de quelque 8.000 âmes. Le succès de Podemos est d'autant plus remarquable ici qu'au milieu de l'austérité générale, de l'argent public a réellement été dépensé à Navia : la municipalité a investi dans l'amélioration de la voirie, les transports en commun, les jardins ouvriers et les installations sportives, tandis que l'administration régionale construit un centre de santé et un vaste espace vert.

“Il est vrai que les pouvoirs publics ont dépensé un tas d'argent pour notre quartier, mais la façon dont ils l'ont fait—les montants adjugés pour les travaux et les modifications, et l'absence d'entretien ou de planification—nous font voir ces investissements comme des tombeaux plantés dans notre environnement,” explique Antonio Saá, de la communauté en ligne Navia Merece.

Navia est aussi l'un des secteurs où Podemos Vigo a mené une campagne de mailing d'un nouveau genre, en distribuant à la main un message d'une page : “Cette lettre ne vous a pas atteint par la poste, parce qu'expédier une lettre comme celle-ci dans tout le pays coûte plus de 2 millions d'euros. Demandez aux partis qui vous ont envoyé un courrier électoral par la poste où ils ont trouvé l'argent pour le faire et en échange de quoi.” A Navia, où plusieurs projets publics de premier plan restent inachevés et d'autres sont parés de soupçons de corruption [espagnol], ce genre d'argument peut faire mouche.

Un travail à parfaire

Ces succès ne peuvent dissimuler le fait que Podemos est un travail toujours en cours, qui doit s'ajuster à la montée d'attention reçue depuis quelques mois. Les sympathisants locaux le reconnaissent ouvertement. “C'était bien plus facile de tenir des assemblées avant les élections, quand les groupes étaient plus petits et qu'on pouvait voter à main levée. Maintenant c'est devenu impossible. Tout le temps passe à compter et à vérifier que personne ne vote deux fois,” souligne Manuel Villot, un membre du cercle de Vigo.

Le cercle a aussi dû récemment instaurer un modérateur pour éviter que les discussions ne se dispersent dans les assemblées, restées jusque là assez peu structurées. Podemos mise sur la technologie pour conserver son éthique collaborative tout en absorbant des nombres croissants, et tente en ce moment d'introduire et génraliser Appgree et Loomio, des outils en ligne permettant de proposer des idées et de voter dessus.

Le parti a édifié une bonne partie de son profil par la télévision, avec notamment les apparitions dans les émissions-débats de l'universitaire et tête de proue du parti Pablo Iglesias, mais c'est l'Internet qui semble maintenant en première ligne au niveau local. Beaucoup de cercles n'ont pas de site web et se reposent sur la page Facebook dePodemos Vigo pour communiquer avec les partisans actuels et en attirer de nouveaux. “Podemos serait impensable sans Facebook et Twitter,” explique Mayka Arias, la coordinatrice de la page Podemos Vigo. Conscient que cette orientation technique pourrait en laisser certains hors du parti, Podemos Vigo organise des cours gratuits d'informatique pour expliquer les nouveaux outils et recrute des cybercafés fournissant un accès gratuit à ceux qui en sont dépourvus.

Les prochains mois seront déterminants pour Podemos, qui doit annoncer à l'automne une nouvelle structure d'organisation pour le parti. “Je suis sûr qu'il va continuer à grandir—il n'y a pas de plafond pour le moment,” prévoit Saá. “Nous allons voir si Podemos peut faire des choix qui soient réellement différents plutôt que de rajouter à la même chose.”

 

Source :  globalvoicesonline.org

 

 

 

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 17:07

 

Source : www.mediapart.fr

 

Fête de l’Huma: Mélenchon se remet en mouvement sur le modèle espagnol de Podemos

|  Par Stéphane Alliès

 

 

Pendant que responsables du Front de gauche, écologistes et socialistes critiques cherchent ensemble la riposte à Valls, Jean-Luc Mélenchon lance son mouvement pour la VIe République en s'inspirant directement de l'expérience espagnole de mobilisation citoyenne.

Ils sont venus, ils se sont vus, et s’ils ne s’avouent pas encore vaincus, ils sont loin de se mettre d’accord pour la suite. Ce week-end à la fête de l’Huma, au parc de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), le beau temps a souvent été vu comme un signe optimiste pour les lendemains de la gauche. À travers des allées fournies d’une foule plus nombreuse que les deux années précédentes, la gauche critique, en délicatesse avec le gouvernement Valls, veut croire, avec plus ou moins d’enthousiasme et de sincérité, au début d’un quelque chose alternatif. « Le soleil brille sur la gauche, ça nous change de la pluie hollandaise », rigole un militant derrière son stand de saucisses-frites.

 

Pierre Laurent lors de son discours d'accueil à la fête de l'Huma, le 13 septembre 2014 
Pierre Laurent lors de son discours d'accueil à la fête de l'Huma, le 13 septembre 2014 © S.A

 Puissance invitante d’un rendez-vous qu’ils ont voulu comme celui de « la gauche qui se reparle », les communistes jouent un chemin alternatif et unitaire qu’ils entendent tracer avec la meilleure bonne volonté possible. « Paradoxalement, le scénario d’un FN au second tour, qu’agitent tant Manuel Valls et Jean-Christophe Cambadélis, nous enlève des scrupules et doit nous décomplexer, explique la dirigeante communiste Marie-Pierre Vieu. Car on est sûr en l’état actuel que le PS ne sera pas en face. Donc il faut trouver autre chose. »

Lors d’un déjeuner avec la presse vendredi, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a résumé le message qu’il n'a pas cessé de marteler au gré de ses interventions de tribunes et de médias : « Désormais, on doit construire l’alternative sociale que les Français voulaient en 2012. »

Pierre Laurent espère que le rassemblement du Front de gauche avec les écologistes et les “frondeurs” du PS va se concrétiser dans « la riposte » à l’Assemblée, voire dans la rue, puis dans « la recherche de solutions communes » et enfin dans la perspective d’une coalition électorale, pudiquement nommé pour l'instant « travail de rassemblement ». « Nous prendrons toutes les initiatives nécessaires pour faire dialoguer toutes les forces de gauche qui ne se reconnaissent pas dans le gouvernement », dit-il.

Pour l’instant, l’heure est à la reprise de contact, entre embrassades de travées et banquets devant caméras. Chacun s’arrange de cette ritualisation de l’unité de la gauche, qui semble condamnée à rester éternellement un combat. « On ne va passer à l’alternative en deux jours, admet Pierre Laurent. Les intérêts partisans de chacun ralentissent les convergences. Nous, on envoie le signal qu’on est disponible et qu’il faut aller vite. »

L’un de ses proches confie, en "off" : « Se retrouver autour d'une table, ça n’allait déjà pas de soi pour certains. C’est aussi pour cela qu’on a fait un repas plutôt que de s’essayer à un communiqué commun. On en est là… »


Déjeuner entre responsables du Front de gauche, d'EELV et des frondeurs, à la fête de l'Huma 
Déjeuner entre responsables du Front de gauche, d'EELV et des frondeurs, à la fête de l'Huma © S.A

Samedi midi, sous la tente du stand de la Côte-d’Or et les pieds dans l’herbe, le repas de la gauche alternative avait des airs de Cène incertaine. « On ne sait pas encore qui sera Judas », rigole un convive. Autour des escargots et d’une dizaine de dirigeants communistes et du Front de gauche (Jean-Luc Mélenchon, Éric Coquerel, Clémentine Autain ou Christian Picquet), on retrouve les socialistes de l’aile gauche (Jérôme Guedj, Pascal Cherki, Barbara Romagnan ou Marie-Noëlle Lienemann), ou des proches de Martine Aubry (Christian Paul ou Jean-Marc Germain). Mais aussi Isabelle Attard, co-présidente de Nouvelle donne, le président de la Ligue des droits de l’homme, Jacques Dubois, l’ancienne présidente du syndicat de la magistrature, Évelyne Sire-Marin, l'ancienne co-présidente d’Attac, Aurélie Trouvé.

Enfin les écologistes Jean-Vincent Placé et David Cormand, qui expliquent tous deux que le groupe EELV à l’Assemblée devrait en grande majorité s’abstenir lors du vote de confiance, mardi 16 septembre. Tout le week-end, le PCF aura aussi multiplié les assauts d’amabilités envers les écolos. Envers Cécile Duflot, venue vendredi débattre sur le logement et défendre sa loi Alur, « qui n’est pas la loi Duflot, mais une des rares lois votées par toute la gauche ». Ou envers Emmanuelle Cosse, qui s’est fait applaudir par l’assistance en parlant transition énergétique et santé au travail.

« Il va vite falloir passer aux travaux pratiques »

Le banquet n’a pas franchement débouché sur une quelconque initiative, ni même de grandes discussions politiques. Juste une bouffe, pour s’assurer que ça vaut bien le coup de se revoir pour parler sérieusement. « On est dans les préliminaires, mais il va vite falloir passer aux travaux pratiques, explique le dirigeant écologiste David Cormand. Déjà, on va y voir plus clair après le vote de confiance, et savoir sur combien de parlementaires on pourra s’appuyer. »

Là encore, les communistes n’ont cessé d’exprimer un soutien compréhensif aux “frondeurs”, ces députés socialistes qui refusent la caporalisation libérale engagée par Manuel Valls. « Je sais bien que ça va se finir par des abstentions et que ce ne sera pas suffisant pour obtenir un changement de gouvernement, explique Pierre Laurent. Mais il n’y a pas si longtemps, il n’y avait pas de frondeurs. » Ceux-ci assument de ne pas vouloir faire tomber le gouvernement Valls, mais confirment leur amertume. « À cette étape, on assume. À cette étape… », dit Pascal Cherki. Marie-Noëlle Lienemann abonde : « Le vote contre serait une occasion pour la direction du PS de nous exclure du PS, car “ils” rêvent de garder le parti. » La sénatrice, figure de l’aile gauche socialiste, estime à 63 le nombre d’abstentions nécessaire pour faire tomber Valls, sans y croire toutefois. Car ils ne devraient être qu’autour d’une trentaine de députés PS à “fronder”, pronostiquent certains.

 

Pierre Laurent et Emmanuelle Cosse, à la fête de l'Huma, le 13 septembre 2014 
Pierre Laurent et Emmanuelle Cosse, à la fête de l'Huma, le 13 septembre 2014 © S.A

Chez les aubrystes, on vit la séquence comme un avertissement supplémentaire, renforcés par les nouvelles déclarations de la maire de Lille, « carte postale » supplémentaire à l’attention du pouvoir. « J'ai été premier secrétaire du PS, a ainsi rappelé Martine Aubry samedi, depuis une assemblée de la fédération du Nord, à laquelle était présent le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis. On fait l'unité en parlant du fond, on ne fait pas l'unité en disant "Unité, unité, unité". On fait l'unité sur un projet, on fait l'unité sur des valeurs, sur un sens et sur des réponses. » Avant de se prononcer « pour l'indépendance de chacun », au moment de voter ou non la confiance au gouvernement Valls 2. Pourtant, tout le monde reste encore dubitatif (au minimum), quant à un retour de celle qui incarne à merveille le rassemblement unitaire de cette gauche critique du gouvernement, mais qui incarne aussi toutes ses incertitudes.

Alors, faute d’imam sortant de sa cachette, ses proches demandent a minima que « les réunions de groupe PS ne soit plus un lieu où à chaque vote, c’est “soumission ou apocalypse” », selon les termes de Jean-Marc Germain. Ou ils exigent « la fin de cette période où la gauche ne pourrait pas se parler », comme Christian Paul. Ce dernier défend aussi « la nécessité d’un plan d’urgence sociale » qu’il souhaiterait voir mis en œuvre à l’Assemblée par la majorité parlementaire, autour de dispositifs fiscaux favorisant le pouvoir d’achat, d’une réelle conditionnalité de l’octroi du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) aux entreprises, notamment en matière de création d’emplois, ou d’une nouvelle loi bancaire.

 

Inauguration du stand du Front de gauche à la fête de l'Huma, avec les porte-parole de chaque parti, le 12 septembre 2014 
Inauguration du stand du Front de gauche à la fête de l'Huma, avec les porte-parole de chaque parti, le 12 septembre 2014 © S.A

Mais aucun de ces frondeurs socialistes ne sait vraiment au bout de combien d’avertissements ils pourraient passer au blâme du gouvernement Valls. Et c’est ce qui irrite, ou du moins ne convainc pas, les sceptiques du Front de gauche. Au PG, on continue ainsi à afficher son désaccord stratégique. Et on martèle la nécessité de « ne plus s’allier au système libéral », c’est-à-dire au PS, comme l’a scandé Éric Coquerel à la tribune du débat unitaire de la fête de l’Huma.

Si on se plie de bonne grâce aux mises en scène confortant la subsistance du Front de gauche, assurant son attachement au rassemblement né il y a désormais six ans, le cœur ne semble plus y être vraiment, comme à Montreuil la semaine passée (lire ici). « Les frondeurs ne sont pas des révolutionnaires, franchement, maugrée Jean-Luc Mélenchon. Disons qu’ils sont mignons, là où les autres sont moches. » Ce dernier a choisi de repartir au combat, façon de démentir ces médias qui se seraient « réjouis trop vite » de ce qu’ils avaient interprété hâtivement comme une retraite.

Mélenchon et l'inspiration Podemos

Sans conteste, le héraut de l’autre gauche semble avoir digéré sa lassitude estivale et ce qu’il admet lui-même comme un échec stratégique, celui de ne pas être parvenu à dépasser le PS aux dernières européennes. Revigoré par un accueil chaleureux dans les allées de la fête (là où celui des deux dernières années était plus frais, voire tendu), enchaînant selfies bravaches et embrassades militantes, Jean-Luc Mélenchon veut regarder d’un air distant les discussions entre partis de gauche, car à son sens ce n’est plus là que ça se joue.

 

Jean-Luc Mélenchon pose pour un selfie, à la fête de l'Humanité, le 13 septembre 2014 
Jean-Luc Mélenchon pose pour un selfie, à la fête de l'Humanité, le 13 septembre 2014 © S.A

Au stand du Parti de gauche, il a prononcé un discours devant une foule nombreuse, débordant très largement dans les allées de la fête, et a assuré les « siens » qu’il ne « déserterai(t) jamais (son) poste de combat ». « On est dans un moment de reconstruction, confie-t-il ensuite à quelques journalistes. En ce moment, ça se cristallise sur la souveraineté populaire. »

Après le parti allemand Die Linke (« son échec nous a indiqué que créer un parti n’était pas la solution, c’est pour ça que nous avons continué de privilégier le Front »), les révolutions arabes (il a laissé la parole au candidat du Front populaire tunisien Hamma Hammami), la coalition grecque Syriza (dont il estime que « le besoin d’experts les a conduits à recycler des sociaux-démocrates en rupture »), Mélenchon louche désormais du côté de l’Espagne. Et du mouvement Podemos, parti en construction, issu du mouvement des Indignés. « Il y a plein de bolivariens dedans », glisse-t-il en allusion à une autre de ses références stratégiques internationales, celle des révolutions citoyennes sud-américaines (lire ici).

 

Devant le stand du Parti du gauche à la fête de l'Huma, lors du discours de Jean-Luc Mélenchon, le 13 septembre 2014 
Devant le stand du Parti du gauche à la fête de l'Huma, lors du discours de Jean-Luc Mélenchon, le 13 septembre 2014 © S.A

La souplesse et l’innovation de Podemos, qui a recueilli 8 % aux dernières européennes et envoyé cinq eurodéputés à Strasbourg et Bruxelles, sans même avoir créé encore de parti, cela rend admiratif Mélenchon. « Ils disent ce que je n’ai jamais osé dire », confie-t-il. Lui ne cache pas leur emprunter leur définition d’un nouveau clivage, surpassant gauche et droite, entre front du peuple et oligarchie. « Ils donnent la ligne d’une nouvelle confrontation », explique l’ancien candidat à la présidentielle, qu’il résume en une formule centrale, reprise aux Espagnols : « Le système n’a plus peur de la gauche, il a peur du peuple. »

Cette nouvelle approche ne convient pas franchement aux communistes, ainsi que l’explique Pierre Laurent : « Je vois l’idée que la gauche ne se relèvera pas de Hollande et Valls et qu'il faudrait donc faire autrement. Mais je n’y crois pas, car des millions de gens se retrouvent dans cet imaginaire, et cela reste un levier politique fort. Même s’il est vrai qu’ils ne mobilisent pas toutes les classes populaires, les partis restent un creuset de la démocratie, qu’on ne peut pas bazarder comme ça d’un coup. » En revanche, l’universitaire et “socialiste affligé” Philippe Marlière, qui a critiqué ce nouveau clivage dans un récent ouvrage collectif (lire ici), avoue son trouble sur la question, après en avoir longuement discuté avec deux des responsables de Podemos, venus à la fête de l’Huma. « Il faut que je cogite », sourit-il.

 

Pablo Bustinduy et Jorge Lago (Podemos) entourent Martine Billard, à la fête de l'Huma, le 13 septembre 2014 
Pablo Bustinduy et Jorge Lago (Podemos) entourent Martine Billard, à la fête de l'Huma, le 13 septembre 2014 © S.A

Samedi matin, ces deux-là, Pablo Bustinduy et Jorge Lago, ont détaillé minutieusement, et dans un français impeccable, leur « renouvellement profond du récit, des méthodes et des pratiques » politiques, lors d’un débat sur le stand du PG. « Si l’on veut repolitiser la souffrance et la colère, il faut admettre que le clivage gauche/droite est rejeté et faire un pari audacieux, y a expliqué Bustinduy. Nous ne savons pas qui nous sommes exactement, ni quelle est l’exactitude de nos convergences sur ce que nous voulons, mais nous savons qui ils sont en face, et nous opérons une construction politique par rapport à ceux dont nous ne voulons plus. » Podemos serait alors « un parti fondé sur une hégémonie et non une idéologie, ajoute Lago, où l’on part du plus petit dénominateur commun pour rassembler au maximum, puis on élargit toujours un peu plus ».

Concrètement, ces indignés-là ont choisi d’abord de « briser un tabou à gauche » en créant en premier lieu « une structure purement électorale ». Ouvertes à qui le souhaitait, des primaires de désignation ont vu 150 candidats se présenter aux suffrages. Plus de 30 000 votants et plus d'une centaine de milliers d’adhérents plus tard, voici Podemos quatrième force du pays, devant le partenaire traditionnel de la gauche radicale européenne, Izquierda unida.

« Nous, on agit et on voit »

Cet éloge de l’action dépassant les questions de chapelles plaît à Mélenchon, qui se désespère régulièrement des manques d’audace ou temporisations de ses alliés communistes. « Tout est figé, alors on laisse ceux qui veulent se retrouver autour d’une table pendant six mois, un an, deux ans… Nous, on agit et on voit, dit Alexis Corbière, dirigeant du PG. Si ça ne marche pas, tant pis, au moins on aura essayé. »

Son Podemos à lui, ce sera le « m6r », pour Mouvement pour une VIe République. Une page internet vient d'être créée, recueillant 16 000 signatures en deux jours, assure-t-il, sans compter celles obtenues dans les allées de la fête. Là encore, il s’inspire de l’expérience espagnole, et promet « un réseau social totalement horizontal, sans chefs ni cartes d’adhérents », capable de s’autogérer pour préparer les esprits à la révolution citoyenne, et appliquant « la démocratie la plus directe possible ». Pour bien montrer qu'il entend faire différemment, le logo n'a plus rien à voir avec le graphisme mélenchonien. Ni rouge, ni vert, le logo du « m6r » est jaune et orange, et aussi un peu bleu, ressemblant à un dessin enfantin de soleil ou d'étoile.

 

Un stand de signatures de soutien au mouvement pour la VIe République, à la fête de l'Huma, le 12 septembre 2014 
Un stand de signatures de soutien au mouvement pour la VIe République, à la fête de l'Huma, le 12 septembre 2014 © S.A

Lors de son discours, il a cherché à donner corps à l’enjeu d’une constituante, face à ceux qui jugent « trop abstraite » son idée. S’inscrivant dans l’histoire des républiques précédentes, « qui ont toujours servi à sortir du monarchisme, de l’empire ou du pétainisme », il voit sa VIe République comme l’outil « pour sortir du néolibéralisme qui détruit la démocratie pour pouvoir fonctionner ».

À ses yeux, il s’agit de « combiner stabilité des institutions et capacité d’intervention populaire ». Il évoque le « référendum révocatoire » afin de sanctionner des élus en cours de mandat, mais voit surtout la VIe République comme « un mot d’ordre social », constitutionnalisant « la démocratie dans les entreprises », « droit de préemption coopératif et ouvrier » en cas d’abandon d’un site par un propriétaire, élection « vraiment représentative pour le patronat », inscription de droits fondamentaux tels que « le partage, la citoyenneté, l’humanité universelle » ou « règle verte », sorte de règle d'or écologique.

Et puis, Mélenchon ne peut s’empêcher de glisser malicieusement en marge de la tribune, combien un recentrage de son action politique sur la constituante permettrait de lever un désaccord inconscient avec les communistes. « On a un cadavre dans le placard sur le sujet, dit-il en souriant. En 1917, la constituante a été dispersée par les bolcheviks… » Façon de convoquer l’histoire pour enfoncer un coin dans l’attitude dubitative des communistes français, pourtant bien lointains héritiers de la révolution d’Octobre…

Peut-être pour la première fois de sa longue carrière politique, Mélenchon ne sait-il pas où il va, n’a pas planifié son affaire plus que ça, et semble se réjouir de sauter dans l’inconnu, loin des tergiversations d’appareils. « Je ne sais pas comment ça marche, mais les camarades de Podemos vont nous l’expliquer et nous donner leurs outils. Je ne sais pas si on va y arriver, mais venez les gens, prenez le boulot en main, parce que moi, je sature ! » a-t-il lancé au micro.

Quand on lui demande quelles initiatives vont être prises, il parle d’agiter les réseaux sociaux, « avant de voir comment on peut passer du virtuel à la rue ». S’il évoque en passant la possibilité d’une nouvelle marche en novembre, pour le mi-mandat de François Hollande, pour qui les mots sont toujours aussi durs (« mais c’est devenu presque doux par rapport à ce que disent désormais les socialistes eux-mêmes »), il paraît persuadé que tout peut passer par Internet. Il dit ainsi regarder vers Avaaz, un site de pétitions et de mobilisations qui l’intrigue aussi fortement, et rappelle son intérêt ancien pour « l’école de formation de masse » qu’est devenu le numérique. « Quand j’étais jeune, on était fier d’avoir tiré un tract à 2 000 exemplaires, dit-il. Aujourd’hui, entre mon blog, twitter et Facebook, on s’adresse à des centaines de milliers de personnes. »

Quand on souligne que certains fondamentaux de Podemos ne semblent toutefois pas aisément transférables dans la gauche, comme la méthode de primaires archi-ouvertes pour les investitures (un exercice auquel le Front de gauche dans son entier a toujours été hostile), ou encore le profond renouvellement du personnel politique (majoritairement trentenaire et non-professionnel de la politique), il acquiesce, tout en faisant remarquer que « former de nouveaux militants prend du temps ». Mais ce samedi à la fête de l'Huma, il ne semble pas vouloir déjà penser à tout cela : « Il va falloir s’habituer à ce nouvel angle, comme il va falloir s’accorder avec les communistes. Mais de toute façon, soit on continue comme avant et on se fera dégager, soit on y arrive. » En aura-t-il assez et cela sera-t-il suffisant pour ouvrir un nouveau « cycle ascendant », comme il dit ? Lui-même ne le sait pas, mais il semble au moins y prendre du plaisir.

 

 

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Source : www.mediapart.fr

 

 

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