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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 16:57

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

La France championne des versements de dividendes

Le Monde.fr avec AFP | 20.08.2014 à 17h33 • Mis à jour le 20.08.2014 à 20h26

 
 

 

C'est en France que la rémunération distribuée aux actionnaires connaît la plus forte hausse, avec 40,7 milliards de dollars distribués (+ 30,3 %).

 

Les dividendes versés par les entreprises cotées ont fortement progressé dans le monde au deuxième trimestre, de 11,7 % par rapport l'année précédentes, selon une étude publiée lundi 18 août.. Ils s'enregistrent à 426,8 milliards de dollars (environ 318 milliards d'euros).

 

Lire (édition abonnés) : Dividendes : comptable mais pas coupable

 

C'est en Europe et au Japon que les dividendes ont le plus progressé entre avril et juin, augmentant respectivement de 18,2 % et 18,5 %. Dans les pays émergents, au contraire, ils ont connu une chute de 14,6 % malgré d'excellentes performances à Hongkong, indique cette enquête du gestionnaire d'actifs Henderson Global Investors (HGI).

 

 HAUSSE DE 30,3 % EN FRANCE

C'est en France que la rémunération distribuée aux actionnaires connaît la plus forte hausse, avec 40,7 milliards de dollars distribués (+ 30,3 %), ce qui fait du pays le plus important payeur de dividendes en Europe, devant l'Allemagne et le Royaume-Uni, révèle l'étude.

L'assureur Axa est le principal payeur du pays, avec 2,7 milliards de dollars, suivi du reste du secteur financier, dont BNP Paribas qui « a continué ses versements de dividendes malgré la forte amende imposée par les régulateurs américains », détaille HGI.

Le Royaume-Uni et l'Allemagne ont connu des hausses moins importantes, respectivement de 9,7 % et de 3,9 %, pour s'établir tous les deux à 33,7 milliards de dollars, le Royaume-Uni profitant principalement de la hausse de la livre sterling, a précisé l'étude.

 

 BAISSE IMPORTANTE DANS LES PAYS ÉMERGENTS

Hors Europe, la plus forte hausse a été observée au Japon (+ 18,5 %), pour atteindre les 25,2 milliards de dollars, un record dans le pays, malgré une baisse modérée du yen. Les Etats-Unis suivent la même tendance, avec une progression de 13,8 %, permettant à l'ensemble de l'Amérique du Nord d'augmenter de 12 %, avec 98,5 milliards de dollars de dividendes versés.

A l'inverse, les pays émergents connaissent une chute importante des dividendes (– 14,6 %), et restent en dessous des 30 milliards de dollars. Une baisse qui s'explique à la fois par des changements dans la liste des entreprises suivies pour l'étude ainsi que par l'effet des taux de change. Seuls la Colombie, le Chili et les Philippines voient ce type de paiement augmenter.

Cette tendance mondiale devrait se confirmer sur l'ensemble de l'année, a estimé HGI, qui s'attend à « la croissance la plus importante depuis 2011 » pour les paiements de dividendes, dans la mesure où plus de la moitié des versements annuels ont déjà été réalisés.

 

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

 

 

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 16:34

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

 

Santé publique

« Face à l’industrie chimique, tout le monde est tétanisé »

par Olivier Petitjean 22 septembre 2014

 

 

 

 

 

 

90 millions de substances : tel est l’héritage, non définitif, que nous lègue l’industrie chimique depuis son inexorable essor, lors de la Première guerre mondiale. Parmi elles, combien de substances toxiques – DDT, phtalates, bisphénol A, cancérogènes et autres perturbateurs endocriniens… ? Pourquoi un tel silence, une telle absence de contrôle ? Dans son livre « Un empoisonnement universel », le journaliste Fabrice Nicolino raconte l’histoire de cette industrie et comment elle a, impunément et littéralement, inondé nos vie de molécules. Une situation dont nous prenons conscience seulement aujourd’hui en constatant ses terribles conséquences, de l’explosion des cancers à celle la maladie d’Alzheimer en passant par le diabète. Entretien.

Basta ! : Votre nouveau livre traite de l’impact sanitaire des substances chimiques, omniprésentes dans notre vie quotidienne. Il constitue à la fois une histoire de la chimie de synthèse et un véritable réquisitoire contre l’industrie chimique. Quelle est l’origine de ce projet ?

Fabrice Nicolino : [1] Cela fait très longtemps que je m’intéresse aux questions de contamination chimique. En 2007, j’ai notamment publié, avec François Veillerette, un livre intitulé Pesticides. Révélations sur un scandale français. Il y a une douzaine d’années, j’ai été profondément marqué par une étude publiée par une ONG américaine appelée EWG. Ils avaient fait une expérience absolument incroyable, controversée à l’époque mais confirmée depuis : ayant testé des volontaires dans neuf États américains, résidant loin de toute usine chimique, ils avaient montré que tous sans exception avaient dans le sang des douzaines et des douzaines de molécules toxiques. Cela a été un tournant dans ma réflexion. C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à utiliser l’expression qui constitue aujourd’hui le titre de mon nouveau livre, celle d’« empoisonnement universel ». Tous les milieux de la vie, où que ce soit sur Terre, sont affectés par cette contamination chimique. Je suis parti de ce constat et – pourrait-on presque dire – de cette angoisse pour écrire ce livre. C’est un projet que je mûris depuis longtemps et qui a nécessité beaucoup de temps et de recherches. Chemin faisant, j’ai découvert toute la dimension historique de ces problèmes. L’histoire permet de donner sens à des événements qui sinon resteraient incompréhensibles : comment des sociétés démocratiques ont-elles pu en arriver à un tel drame ?

Vous montrez en particulier que la plupart des grands groupes chimiques d’aujourd’hui ont été créés au XIXe siècle. La Première guerre mondiale a-t-elle représentée un tournant historique pour cette industrie ?

Auparavant, il y a la Guerre de Sécession américaine qui fait la fortune de la firme chimique DuPont. Mais la Première Guerre mondiale constitue effectivement le tournant majeur. C’est ce qu’illustre le parcours d’un personnage comme Fritz Haber. Il est le premier, au début du XXe siècle, à réussir la synthèse de l’ammoniac, qui a permis la production de toutes sortes d’engrais agricoles à grande échelle. S’il en était resté là, on s’en souviendrait peut-être comme d’un bienfaiteur de l’humanité. Mais c’était aussi quelqu’un d’horriblement raciste et chauvin. Lorsque la Guerre se déclenche, il se met au service de l’état-major allemand (lire aussi notre article sur le sujet, ndlr). Son invention va alors servir non seulement à fabriquer des engrais, mais aussi des munitions et des explosifs. En outre, il propose – nouveauté radicale – de se servir de gaz mortels comme armes de destruction massive. Ce sera la fameuse guerre des gaz, qui commence en avril 1915 à Ypres, sur le front belge, et qui fera au total plusieurs dizaines de milliers de morts de part et d’autre. Après la guerre, Haber, qui s’était brièvement enfui en Suisse, par crainte de représailles, reçoit le prix Nobel de Chimie… pour la synthèse de l’ammoniac.

S’il y a un maître mot de toute l’histoire que je raconte dans ce livre, c’est bien celui d’impunité. Bayer et BASF, aujourd’hui les deux plus importantes firmes chimiques au monde, ont elles aussi contribué activement à l’invention et à l’utilisation des armes chimiques. Dans les années qui suivent, Haber continuera son travail, et c’est dans son laboratoire que sera inventé le Zyklon B, utilisé dans les chambres à gaz nazies. Au final, la Première Guerre mondiale marque le moment où la chimie se couche devant l’État, la guerre et l’industrie. Ensuite, le monstre est lâché. L’industrie chimique avait des produits et des capacités de production, il lui fallait des débouchés…

Dès les débuts de l’industrie chimique « civile », on retrouve des problématiques assez similaires à celles, très actuelles, de nouvelles technologies comme les OGM ou les nanotechnologies. Comment l’industrie arrive-t-elle à imposer des produits qui ne répondent pas forcément à un besoin social existant, et que l’on lâche dans le commerce sans se préoccuper réellement de leurs impacts ?

Tout cela est consubstantiel au règne de la publicité. Au moment de lancer le nylon dans les années 1930, DuPont organise une énorme campagne publicitaire pour faire saliver les consommatrices, en prétendant que c’est un produit fabuleux, indéchirable. En réalité, à cette époque, le nylon est à la fois plus cher et moins solide que la soie naturelle, son concurrent direct. Les entreprises créent un désir qui devient un besoin. C’est la matrice même de notre société de l’obsolescence programmée et du consumérisme alimenté par la publicité.

Vous montrez qu’on ne sait pas combien exactement il existe aujourd’hui de produits chimiques commercialisés, mais qu’ils se chiffrent certainement en dizaines de millions. Pourquoi une telle fuite en avant ?

Il existe un site internet appelé CAS, tenu par la Société chimique américaine, qui est une sorte de répertoire mondial des produits chimiques « publiquement dévoilés ». Chaque nouvelle substance se voit assigner un numéro CAS. À ce jour, on en est presque à 90 millions de substances répertoriées ! Or l’industrie chimique américaine ne reconnaît officiellement l’existence que de 50 000 produits chimiques, ce qui est déjà colossal. Sur les autres, on ne sait quasiment rien, et le peu que l’on sait est extrêmement angoissant. Ce n’est pas une question de manipulation consciente, ni de la part des chimistes ni même des industriels, mais simplement de règne de l’irresponsabilité. Les industriels ont toujours besoin de nouveaux produits, c’est la logique même du capitalisme. Il faut sans cesse de nouvelles envies, de nouveaux besoins, de nouvelles couleurs, de nouvelles propriétés.

En quoi le programme européen REACH est-il insuffisant pour contrôler ces substances ?

Vu de loin, le programme REACH pourrait sembler une tentative honorable des pouvoirs publics européens pour contrôler la prolifération des produits chimiques, mais il n’en est rien. Tout d’abord, REACH ne concerne qu’une partie infime des substances chimiques existantes – 30 000 sur des dizaines de millions. Ensuite, le programme est – comme la plupart des dispositifs de sécurité sanitaire de l’Union européenne et des États membres - sous le contrôle de l’industrie elle-même. J’en donne des exemples dans le livre. Avec l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA ou EFSA en anglais), on voit par exemple la facilité avec laquelle certaines personnes peuvent passer des industries aux agences chargées de les superviser, et vice-versa.

Le cœur de votre ouvrage porte sur les conséquences sanitaires de cette exposition universelle aux produits chimiques. Que sait-on exactement ?

Prenons l’exemple des perturbateurs endocriniens. Il y a 25 ans, cette expression n’existait pas. Elle a été forgée par une biologiste américaine, Theo Colborn, qui s’est rendue compte, en étudiant la faune sauvage des Grands Lacs nord-américains, que les problèmes de reproduction et de fécondité se multipliaient. Avec des collègues, Theo Colborn a découvert que certains produits chimiques, à des doses infinitésimales, « imitaient » les hormones naturelles, pénétraient ainsi dans le système endocrinien (responsable de la sécrétion des hormones) et le désorganisaient en profondeur. C’était en 1991. Depuis lors, on ne cesse de découvrir de nouvelles substances chimiques ayant des propriétés de perturbateurs endocriniens. C’est le cas des phtalates, du bisphénol A, de la plupart des retardateurs de flamme… Il faudrait des programmes de recherche massifs pour mieux comprendre les perturbateurs endocriniens et leurs effets. Mais ces programmes n’existent pas. En France, le programme national sur les perturbateurs endocriniens est ridiculement peu financé – alors même qu’il a été créé en partenariat avec l’industrie. Au final, même si les connaissances s’accumulent sur l’impact sanitaire de ces produits, on ne fait rien, parce que cela remettrait en cause l’édifice entier.

Quel sont les liens entre les produits chimiques et l’explosion de pathologies comme le cancer, le diabète ou Alzheimer ?

On assiste dans les pays développés à une explosion de nature épidémique de plusieurs maladies très graves. Regardez le cancer : 111% d’augmentation de l’incidence des cancers depuis 25 ans en France. Mais aussi l’obésité et le diabète : 5 millions de diabétiques en France d’ici 2020 ! Et 2 millions de cas d’Alzheimer à la même date (lire aussi cet entretien, ndlr). Je ne pense pas que notre système de santé sera en mesure de soutenir le choc. L’exposition aux produits chimiques n’est peut-être pas la cause unique de ces phénomènes, mais des études de plus en plus nombreuses et de plus en plus convaincantes indiquent qu’il y a des liens entre une partie de ces maladies et certains produits chimiques. Les Américains commencent ainsi à parler de produits chimiques « obésogènes » et « diabétogènes ».

La pollution de l’air intérieur est aussi une grande source d’inquiétude. Un organisme de l’OMS a classé l’air extérieur comme cancérigène, à cause de la pollution. Mais l’air intérieur, dans lequel nous passons la plus grande partie de la journée, est lui aussi contaminé par de nombreuses substances chimiques, libérées à des doses très petites par le mobilier, les peintures, les matériaux vieillissants. Tous les experts sont inquiets, mais on ne fait absolument rien, car tout le monde est tétanisé. Parler publiquement de ce problème impliquerait de revoir tous les process industriels.

Cela signifie-t-il qu’il faudrait faire payer l’industrie chimique pour financer notre système d’assurance maladie, un peu comme on l’a fait avec le tabac ?

L’exemple du tabac est inquiétant. L’industrie du tabac est toujours debout malgré ses crimes et malgré les amendes pharaoniques qu’elle a dû payer. En ce qui concerne l’industrie chimique, même si cela peut paraître un peu excessif de le formuler ainsi, j’en suis venu à la conclusion qu’il n’y a pas de compromis possible. Il faut abattre l’industrie chimique. L’industrie transnationale de la chimie sera toujours à la recherche de nouvelles molécules, sans se soucier des conséquences, dans la mesure où l’histoire prouve que personne ne leur demande jamais de comptes. Tous les chimistes qui ont inventé des gaz mortels, tous ceux qui ont travaillé pour les nazis sont morts dans leur lit – et certains sont encore considérés comme des héros aujourd’hui par des firmes comme Bayer. La seule chose à faire aujourd’hui est d’arrêter la contamination. Lorsque quelque chose est aussi grave et aussi nocif que la contamination chimique, la seule chose à faire est de fermer le robinet. Je rêve du moment où les sociétés du monde auront suffisamment de pouvoir pour démanteler l’industrie chimique, comme on a démantelé IG Farben après la Seconde guerre mondiale.

Alors, pour vous, il n’y a pas de bonne chimie ? N’a-t-elle pas apporté certains bienfaits à la société ? Et ne peut-on pas imaginer une chimie sous contrôle, bien régulée, où chaque nouveau produit serait sérieusement testé avant d’être commercialisé ?

Il est indéniable que la chimie a rendu des services aux hommes et continuera à en rendre. Je n’ai absolument rien contre la chimie en tant que science. Mais il faut se réapproprier l’intérêt que peut avoir la chimie pour l’humanité – ce qui implique de se débarrasser de l’industrie chimique. À quoi donc ressemblerait une chimie sous contrôle ? Le problème – et on touche là à un problème aussi crucial que terrible –est que, dans l’état actuel des connaissances humaines et de nos moyens de contrôle et d’analyse, il reste quelque chose de fondamentalement inconnu dans les impacts sanitaires et environnementaux de la prolifération de produits chimiques. Nous ne sommes pas outillés pour évaluer les impacts cumulés de l’exposition à plusieurs produits chimiques différents, de leurs rencontres aléatoires. C’est l’image même de la boîte de Pandore.

Derrière l’industrie chimique telle qu’elle existe aujourd’hui, il y a une pulsion fondamentale de notre monde moderne : celle de la vitesse. Faut-il aller si vite, se précipiter sur la moindre nouvelle substance au motif qu’elle présente tel ou tel intérêt ponctuel immédiat ? Ou bien faut-il instiller de la sagesse, et donc une certaine lenteur ? La lenteur me semble consubstantielle à la démocratie. Pas de démocratie à l’heure de la vitesse électronique. La condition fondamentale pour une chimie qui soit véritablement au service de l’humanité, c’est de renoncer à la précipitation, et d’accepter d’attendre de voir les effets à long terme des substances.

Lorsque l’on découvre les propriétés insecticides du DDT en 1938, celui-ci apparaît comme un produit miracle. Aussitôt, il est utilisé partout, sans protection. Il est même utilisé pour sauver in extremis du typhus certains rescapés des camps de la mort. Ce n’est que plus tard, avec le livre de Rachel Carson Printemps silencieux, que le grand public prend conscience des effets mortifères du DDT sur un grand nombre d’organismes vivants. L’industrie chimique – Monsanto en tête – monte alors une opération planétaire pour défendre son produit phare. Cet exemple montre combien il peut être compliqué de ne pas se précipiter. Mais aujourd’hui, avec le recul d’un siècle de chimie de synthèse, on sait très bien les désastres que peuvent occasionner certaines substances. On ne devrait plus répéter les mêmes erreurs.

Propos recueillis par Olivier Petitjean

Photo : CC BASF (Une) / Daniela Hartmann

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fabrice Nicolino, « Un empoisonnement universel, Comment les produits chimiques ont envahi la planète », Ed Les liens qui libèrent, 23€.

 

Notes

[1Fabrice Nicolino est journaliste, spécialisé sur les questions environnementales. Lire notre précédent entretien avec lui suite à la parution de son livre « Bidoche » : « Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille ».


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Source : www.bastamag.net

 

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 16:17

 

Source : www.marianne.net


 

Ralentir, une nouvelle utopie ?
Dimanche 21 Septembre 2014 à 12:00

 

Propos recueillis par Alexis Lacroix

 

En cette rentrée où chacun est happé par mille urgences, "Marianne" a rencontré à Cologne, Hartmut Rosa, sociologue allemand qui combat l'"accélération compulsive".

Couverture d'"Accélération. Une critique sociale du temps" par Hartmut Rosa aux éditions La Découverte.
Couverture d'"Accélération. Une critique sociale du temps" par Hartmut Rosa aux éditions La Découverte.

Cliquer sur la couverture pour visualiser en grand.
Cliquer sur la couverture pour visualiser en grand.
>>> Article paru dans Marianne daté du 12 septembre

Marianne : Vous écrivez : « Les sociétés occidentales sont confrontées à une pénurie de temps, une véritable crise du temps. » Cette compulsion vers l'accélération est-elle en train de gipper la machine sociale ?
Hartmut Rosa* : Avant de vous répondre, j'aimerais attirer votre attention sur un paradoxe actuel : plus nous accélérons et plus nos rythmes de vie se tendent, plus nos sociétés se figent dans leur fonctionnement concret. Or, justement, les deux diagnostics de l'époque, celui d'une accélération sociale et celui d'une pétrification de la société, ne semblent contradictoires qu'à première vue. Historiquement, l'expérience de l'immobilité s'est fait jour avec la généralisation du sentiment d'une vitesse croissante des transformations ou de l'action ; elle en constitue presque l'autre facette, l'expérience complémentaire. Aujourd'hui, c'est encore différent. Vous parlez de « grippage » de la machine... Disons qu'une nouvelle menace s'est fait jour : dans le cadre de la compétition dans un univers économique globalisé, l'impératif d'accélération est si incontestable qu'il compromet la solidité et la permanence des institutions comme telles.

Justement. Faut-il favoriser ce que vous nommez « les oasis de décélération » ?
Ces îlots existent. On y jouit du sentiment que le temps s'est littéralement suspendu. Ils présentent des formes sociales qui résistent au processus global d'accélération. Ils restent, pour cette raison même, assez marginaux. Dans la modernité avancée, ces « oasis de décélération » subissent une érosion importante, et l'écart croissant avec le reste de l'univers social, soumis à la loi de l'accélération perpétuelle, les rend bien plus coûteuses qu'auparavant.

Quand la décélération vous paraît-elle politiquement prometteuse ?
Lorsqu'elle participe d'un changement global de notre rapport au monde ; ainsi, au lieu d'opposer l'accélération à la décelération comme le Mal au Bien, je serais plutôt enclin à opposer deux modes de relations au monde : celui de l'aliénation (que favorisent l'accélération et l'univers de l'accumulation où triomphe la pulsion de maîtrise du monde) et celui des résonances (que favorise la décélération).

En d'autres termes : la lenteur peut-elle redevenir un but désirable ?
Un but en soi, non. J'envisage plutôt la façon dont une « décélération sociale sélective » pourrait empêcher l'érosion des institutions stables sur lesquelles s'est étayé le projet moderne.

C'est-à-dire ?
L'accélération conditionne largement l'essor de la modernité ; inversement, trop d'accélération sape les bases du projet moderne d'autonomie. Dans le déploiement de la modernité, l'accélération n'a été possible que parce que des institutions sociales centralisées, portées historiquement par les idéaux de rationalité et de progrès, ont été assurées de leur permanence et soustraites au changement. Comme je vous l'ai dit, la « modernité avancée » se retourne contre cet héritage de la « modernité classique » : elle se caractérise par un emballement de l'accélération qui met en péril la solidité des institutions elles-mêmes.

Quelles formes concrètes pourrait prendre la sortie hors de la mobilité contrainte ? La fin de la survalorisation à l'automobile individuelle ?
La voiture a cessé d'être l'un des objets de consommation les plus attractifs de la modernité avancée. Au point que la détention d'un véhicule individuel peut paraître, par bien des aspects, anachronique. La plupart des gens, qui ont conscience de la caducité de la voiture individuelle, préfèrent les louer en fonction de leurs besoins ponctuels.

* Sociologue, enseignant à l'université d'Iena, en Allemagne.

Accélération. Une critique sociale du temps, de Hartmut Rosa, La Découverte, 486 p., 14 €.

 

 

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 16:00

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

A New York, la marche pour le climat crée la surprise

|  Par Iris Deroeux

 

 

 

La « People’s climate march », marche des peuples pour le climat, a réuni plus de 300 000 personnes à New York ce dimanche, du jamais vu. Cet immense défilé visait à montrer que le changement climatique intéresse le grand public, et par ricochet à faire pression sur les décideurs politiques se réunissant à l'ONU à partir de mardi. Le premier objectif est atteint : la mobilisation fut impressionnante.

New York, correspondance.   De mémoire de New-Yorkais, on n’avait jamais vu de manifestation aussi grande. La People’s climate march new-yorkaise a tout bonnement épaté par l’ampleur de la mobilisation. Selon les estimations des organisateurs, plus de 300 000 personnes se sont rassemblées à Manhattan, défilant sur quatre kilomètres sous la surveillance renforcée des forces de police new-yorkaises (n’étant, au passage, pas réputées pour leur tolérance à l’égard des manifestants).

 

 
© Iris Deroeux

 

 
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Pour mieux cerner l’événement, il faut donc imaginer un immense défilé dans une ville qui n’aime pas trop le désordre. Ce fut un peu statique par la force des choses : les derniers arrivés ont attendu près de deux heures avant de commencer à marcher. Il faut aussi se figurer une foule joyeuse, mêlant des familles avec enfants, des étudiants, des associations écologistes, des scientifiques, des groupes de défense des immigrants, pour la justice sociale, des syndicats, des groupes religieux, ou encore des militants pacifistes ne ratant pas une manifestation depuis la lutte contre la guerre du Viêtnam.

 
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Il faut encore imaginer une marche festive et bariolée, où les déguisements étaient appréciés (le costume d’ours polaire faisait fureur) et où se mêlaient des pancartes aux messages divers. De très nombreuses déclarations d’amour à la planète Terre, des attaques contre les grandes compagnies pétrolières, des dénonciations des errements du néolibéralisme, des appels à l’action politique, à l’instauration d’une taxe carbone, au boycott du fracking, à l’abandon du projet d’oléoduc Keystone XL devant acheminer du pétrole canadien vers les raffineries du Texas…

« Obama, quel sera ton héritage ? », « Le changement climatique est une crise sanitaire », « Nous avons les solutions », lit-on dans le cortège.


 

 
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La « marche des peuples pour le climat » a atteint l’un de ses objectifs : être un rendez-vous populaire et grand public, afin de montrer que le dérèglement climatique est un sujet qui sensibilise de plus en plus, et tenter de faire pression sur les dirigeants politiques. La date n’avait bien sûr pas été choisie au hasard : un sommet sur le changement climatique s’ouvre mardi au siège de l’ONU à New York, réunissant 140 chefs d’État, devant préparer le terrain à un éventuel accord international lors de la conférence onusienne qui se tiendra à Paris en décembre 2015. Certains politiques se sont donc montrés au défilé, du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à l’ancien vice-président démocrate Al Gore, en passant par Laurent Fabius du côté français.

Pour parvenir à une manifestation de cette taille, les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens, notamment l’association écologique américaine 350.org fondée par Bill McKibben et le mouvement citoyen sur internet Avaaz (à l’origine d’une pétition ayant recueilli plus de 2 millions de signatures afin de demander aux responsables politiques d’agir contre le dérèglement climatique). Leur stratégie fut de rassembler au-delà des réseaux écologistes classiques. Au bout du compte, des centaines d’associations se sont coordonnées, mobilisant leur base depuis des mois via emails, au téléphone, appelant à manifester pour « la justice environnementale ». Un mot d’ordre délibérément flou pour attirer le plus grand nombre (comme Jade Lindgaard l’expliquait ici).

 

 
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« Je me suis beaucoup interrogé sur le sens de cette action, ce qu’on pouvait véritablement en attendre… J’ai au moins une certitude : cela permet de recharger les batteries, de garder l’envie de se battre malgré la dose de mauvaises nouvelles quotidiennes », témoigne Walker, artiste new-yorkais entouré d’artistes de la région. À ses côtés, Aislinn, venue de Philadelphie, ajoute : « En étant si nombreux, on montre que ce sujet touche tout le monde, qu’il n’y a rien de bien extrémiste à vouloir agir pour protéger l’environnement. » Un refrain entonné par tous ceux que l’on interroge. Ils se disent inquiets face à l’état du débat aux États-Unis, et ont même un peu honte. « Le pays va donner de grandes leçons aux pays en développement, mais se montre incapable de voter des lois efficaces », résume Judy, venue manifester en famille.

« Niveau d'indifférence effarant »

« Sur le dérèglement climatique, le niveau d’indifférence que l’on ressent encore aux États-Unis est effarant. Mais un changement s’opère en ce moment, ce n’est pas seulement une impression, la marche n’est pas une jolie façade sans rien derrière », assurent Sarah et Kate, étudiantes en sciences de l’environnement venues du Vermont. « Un État où l’écologie a plus de sens qu’à New York ; où faire son compost n’a rien de très original », glisse l’une d’elles.

 

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« Étant donné les faits scientifiques dont on dispose, c’est incroyable que le changement climatique soit encore l’objet d’un débat », s’emporte Dina, venue de Washington, où elle travaille pour le département d’État, « que je ne représente absolument pas ici », insiste-t-elle. Leur colère se dirige contre Barack Obama, dont le bilan écologique est jugé faible et insuffisant, mais surtout contre le camp républicain, « qui s’enferre dans le déni en refusant de "croire" au changement climatique », poursuit Dina. Un camp républicain qui bloque la plupart des réformes : le parti dispose d’une majorité d’élus à la Chambre des représentants, et peut ainsi s’opposer à toute législation d’envergure proposée par les démocrates.


 

 
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« En étant si nombreux, nous voulons envoyer un message à Barack Obama, qu’il s’engage sur un accord international à l’ONU, mais qu’il soit aussi plus ferme en politique intérieure. Il pourrait prendre des mesures en faveur de l’environnement grâce à des décrets présidentiels, sans attendre que le Congrès ne se mette d’accord. Nous le soutiendrons », estime Judith Le Blanc, l’une des directrices de la grande association pour la paix Peace Action, associée à l’organisation de la marche. Cette manifestation, selon elle, permet aussi de mettre en valeur toutes les incitatives américaines locales, notamment « le mouvement d’opposition à l’oléoduc Keystone XL qui grandit au cœur du pays chez les fermiers et dans les communautés amérindiennes ».

La consommation de pétrole américaine est bien sûr au cœur de la manifestation, d’autant que celle-ci augmente, ainsi que sa production (notamment grâce au développement de la méthode du fracking). « Ce qui freine notre mouvement, c’est le fait que beaucoup d’Américains croient que nous n’arriverons jamais à être plus forts que les lobbies représentant les intérêts pétroliers, qui biaisent totalement notre débat politique. Je continue de croire que c’est faux, et le seul moyen de le montrer, c’est de descendre dans la rue, de faire du bruit », poursuit Judith Le Blanc.

 

 
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Ce dimanche, dans la rue, chacun se prenait donc à rêver et à proposer des réformes politiques considérées comme à portée de main : « mieux taxer l’essence », « obliger les industries qui fabriquent des énergies non renouvelables à investir une part de leurs revenus dans l’alternatif », « éteindre de temps à autre les lumières de New York, les panneaux publicitaires de Times Square par exemple, car c’est tout de même un peu schizophrène de vivre ainsi en voulant protéger l’environnement », glissera une femme âgée descendue rejoindre la marche parce qu’elle se déroulait sous ses fenêtres.

Certains tenteront des messages plus radicaux et critiques à l’égard du système économique dominant, oseront des pancartes barrées d’un « arrêter de dépenser des dollars », « stopper le shopping », tout en dénonçant la responsabilité de Wall Street dans la crise climatique en cours. À l’initiative de militants associés au mouvement Occupy, une autre manifestation est d’ailleurs prévue ce lundi afin d’« inonder » symboliquement Wall Street. New York est bel et bien en train de se mettre en mouvement, il reste à voir combien de temps cela va durer. 

 

 

Lire aussi

Par Jade Lindgaard

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 15:51

 

Source : www.latribune.fr

 

 

Ces retraités américains qui n'ont pas fini de rembourser leurs prêts... étudiants

 

 

latribune.fr,avec AFP  |  14/09/2014, 15:37 
Aux Etats-Unis, la dette étudiante des 65 ans et plus a atteint en 2013 quelque 18,2 milliards de dollars, contre 2,8 milliards en 2005

 

 

 

Education Entre 2002 et 2013, le nombre d'Américains dont les prestations de retraite ont été affectées pour payer le remboursement de leurs prêts étudiants a quintuplé. REUTERS. Entre 2002 et 2013, le nombre d'Américains dont les prestations de retraite ont été affectées pour payer le remboursement de leurs prêts étudiants a quintuplé. REUTERS. .

Difficile de rembourser une éducation extrêmement coûteuse aux Etats-Unis, y compris pour les personnes âgées, dont certaines n'ont toujours pas fini de payer leurs prêts étudiants et voient désormais leurs retraites ponctionnées par l'Etat, qui veut récupérer son argent. Aux Etats-Unis, la dette étudiante des 65 ans et plus a atteint en 2013 quelque 18,2 milliards de dollars, selon un nouveau rapport du Government Accountability Office (GAO), l'équivalent de la Cour des comptes en France.

Cette dette a rapidement grossi depuis 2005, où elle n'était encore pour cette tranche d'âge "que" de 2,8 milliards de dollars, souligne le GAO. La plupart de ces personnes âgées ont emprunté pour rembourser leur propre éducation, pas même celle de leurs enfants ou de leurs petits-enfants, et beaucoup peinent encore à rembourser leurs prêts. Ainsi, dans plus de la moitié des cas, les individus de plus de 75 ans font défaut sur le remboursement de leur prêt, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas effectué de paiement depuis au moins 270 jours.

 
 

"La dette des personnes âgées américaines grandit et peut affecter la sécurité financière de leur retraite", souligne le GAO dans ce rapport. En effet, lorsqu'une personne âgée ne parvient pas à rembourser un prêt de l'Etat pour ses études, le gouvernement peut piocher dans sa retraite pour récupérer son argent. Entre 2002 et 2013, le nombre d'individus dont les prestations de retraite ont été affectées pour payer le remboursement de leurs prêts étudiants a quintuplé, passant de 31.000 à 155.000.

S'agissant de la tranche des 65 ans et plus, ce chiffre est passé de 6.000 à 36.000 sur la même période, soit une augmentation de presque 500%. "En 1998, des limites additionnelles ont été imposées au montant qui peut être ponctionné sur les prestations mensuelles (de retraite), mais depuis cette époque, la valeur du montant protégé et laissé à l'emprunteur est tombée en-dessous du seuil de pauvreté", prévient le rapport.

 

 

 

Source : www.latribune.fr

 

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 15:36

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

Marche pour le climat à Paris : « Chefs d'Etat, agissez ! »

Le Monde | 21.09.2014 à 16h30 • Mis à jour le 21.09.2014 à 21h20 | Par Audrey Garric

La « marche des peuples pour le climat » dimanche à Paris.

L'espace d'un instant, la météo a essayé de voler la vedette au climat. Mais les pluies éparses du début d'après-midi n'ont pas eu raison de la « Marche du peuple pour le climat » qui s'est tenue à Paris dimanche 21 septembre. Aux côtés de personnalités comme l'écologiste Nicolas Hulot ou le chanteur Patrice, les manifestants – qui étaient entre 5 000, selon la police et 25 000, selon les organisateurs – ont défilé pour lancer un appel aux chefs d'Etat qui se réuniront lors d'un sommet extraordinaire de l'ONU sur le changement climatique, mardi 23 septembre.

L'événement se tenait dans le cadre d'une marche mondiale pour le climat, autoproclamée « plus grande mobilisation citoyenne jamais organisée sur l'enjeu climatique ». Plus de 2 500 défilés étaient prévus dans 158 pays, de Melbourne à New York, en passant par New Delhi, Berlin, Londres et Vancouver.

 

Lire : Nouveau record des émissions de CO2 en 2013

 

« LA FRANCE DOIT ÊTRE EXEMPLAIRE »

« Cette marche est un signal de la société civile pour appeler le gouvernement français à faire preuve d'un leadership fort sur le climat, explique Marie Yared, chargée de campagne d'Avaaz, l'ONG à l'origine de la mobilisation. Nos politiques sont trop frileux : ils doivent prendre des engagements concrets à court terme, comme diviser par quatre les rejets de gaz à effet de serre et atteindre 100 % d'énergies renouvelables avant 2050. La France doit être exemplaire. »

 

Une attente d'autant plus forte que Paris accueillera la prochaine Conférence internationale de l'ONU sur le changement climatique (COP 21), en décembre 2015, durant laquelle pourraient être scellés des accords contraignants de réduction des émissions de CO2.

 

UNE SONO À L'ÉNERGIE SOLAIRE

Pour ce qu'ils considèrent comme une « première étape », dimanche, les marcheurs – dont une partie avait préféré le vélo – ont défilé de la place de la République jusqu'au parvis de l'hôtel de ville au son des tambours, percussions et autres sifflets. Beaucoup arboraient sur la poitrine des autocollants avec des cœurs verts, l'emblème de la marche, ainsi que des t-shirts, pulls, vestes ou pantalons aux couleurs de la nature. Certains tenaient des panneaux où était inscrit « Climat en danger », « Chefs d'Etat du monde, agissez ! » ou « Changeons le système, pas le climat », tandis que d'autres scandaient, moqueurs, « Sauvons la Terre et pas les actionnaires ».

Pour contribuer à sauver la planète, le collectif Solar Sound System a animé la marche à l'aide d'une sonorisation fonctionnant uniquement à l'énergie solaire et à la dynamo (avec des vélos). Une quinzaine de bénévoles s'assuraient par ailleurs que les participants « ne laissent dans les rues de Paris que la trace de leurs pas ».

 

BEAUCOUP DE JEUNES

Dans le cortège, au-delà des ONG écologistes (Greenpeace, Oxfam, Sortir du nucléaire ou encore Bloom) et des partis politiques (EELV et sa patronne Emmanuelle Cosse, le Front de gauche mené par Jean-Luc Mélenchon), ce sont surtout des jeunes qui se sont mobilisés.

 

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Il y a beaucoup de jeunes et beaucoup d'écolos et militants à la de Paris

 

Anne, 22 ans, en études d'agronomie, et sa cousine Clémence, 15 ans, en 1re scientifique dans un lycée agricole, sont ainsi venues « sensibiliser les Parisiens aux enjeux climatiques et environnementaux pour qu'ils s'impliquent dans la défense de la planète ». « Cela avance lentement mais sûrement », espèrent-elles, maquillées d'un cœur vert sur la joue.

« Notre marche est symbolique : nous voulons montrer que quelque chose est en train de se passer », renchérissent Sarah et Esther, 23 ans, en master d'anthropologie de l'environnement du Muséum d'histoire naturelle de Paris. « Beaucoup de gens ont conscience qu'il faut changer les choses mais ne l'appliquent pas dans leur quotidien », regrette toutefois Sarah, qui assure, elle, s'approvisionner chez un maraîcher bio local et acheter des vêtements d'occasion dans des vide-greniers.

 

 « QUE MA FILLE VOIE ENCORE DES BALEINES »

Davantage que le changement climatique, dont les conséquences ne sont pas toujours accessibles ou visibles par tous, c'est la protection de l'environnement de manière générale, notamment pour les générations futures, qui était au centre des préoccupations des manifestants. « Je veux que ma fille puisse manger du miel de vraies abeilles et voir des baleines plus tard », explique Morgane Le Faou, drapée d'un foulard vert, en tenant par la main sa petite Lila-may, 7 ans, qui veut « sauver les ours polaires ».

 

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Morgane et son compagnon venus à la avec leur fille et leur bébé pour les sensibiliser à l'écologie

 

« Je ne veux pas que mes trois petites-filles vivent dans un monde marqué par la pollution et les guerres de l'eau », témoigne de son côté Colette Manne, retraitée, qui « fait sa première manif' ». « L'urgence climatique et écologique n'est pas assez prise au sérieux. »


 DIFFICILE DE « RÉVEILLER L'OPINION »

Tous, surtout, notent la difficulté de mobiliser la société civile. « On est venus à pied à la manif' et sur le chemin, on a essayé de rameuter les passants, mais en vain », regrette Caroline Blondeau, qui a amené son fils Camille, âgé de 6 ans. « J'ai un optimisme modéré sur le fait de parvenir à réveiller l'opinion publique, reconnaît Gilles, physicien au CNRS. Il y a eu une vraie prise de conscience avec le sommet de Copenhague en 2009. Mais depuis, avec la crise économique, les enjeux climatiques et environnementaux ont été relégués au second plan. Ils ne sont plus au cœur des préoccupations des gens. »

Nicolas Hulot à la marche pour le climat à Paris.

 Ces difficultés à rassembler autour du climat, Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète, en est conscient. « Merci de préférer l'espérance à l'indifférence, la mobilisation à la résignation, lance-t-il à une foule massive depuis la scène installée devant l'hôtel de ville. Cette petite étincelle doit se propager jusqu'en décembre 2015. Nous aurons besoin de vous pour dire ‘osez le changement' à ceux qui ont des responsabilités. Le changement est déjà en marche. » Applaudissements nourris de l'assistance.

« Je suis plutôt surpris qu'il y ait eu autant de gens, confie-t-il à l'issue de son intervention. Il y a très peu de mouvements citoyens autour de la planète. On est dans un contexte de désarroi et de dépression avec des difficultés bien plus palpables que le changement climatique. Il faut que chacun prenne sa part de responsabilité pour transformer ces difficultés d'aujourd'hui en un monde meilleur demain. »

« Oui, il faut mobiliser la société civile et changer les mentalités, assure l'ancienne ministre et députée EELV de Paris Cécile Duflot, mais changer de modèle de développement est un choix éminemment politique. »

Lire l'entretien avec Bill Mc Kobben, organisateur de la marche à New York : Climat : « Il faut que les Etats aient peur de revenir chez eux les mains vides »

 Audrey Garric
Journaliste au service Planète du Monde

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

 


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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 18:20

 

Source : www.i24news.tv/app.php/fr

 

 

Mobilisation mondiale pour le climat

Défilés historiques à New York, Paris et Londres avant l'ouverture du sommet de l'ONU mardi

 

 

 


François Guillot (AFP)"Manifestation à Paris pour le climat le 21 septembre 2014"François Guillot (AFP)

Des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans le monde entier dimanche "pour le climat", avec un défilé historique à New York, dans le but de faire pression sur le sommet de l'ONU mardi consacré au changement climatique.

Avec fanfares et fleurs géantes, des dizaines de milliers de personnes, célébrités, hommes politiques, militants, étudiants ou Américains ordinaires, ont convergé dimanche à New York pour une grande "Marche du peuple pour le climat", qui se voulait la plus importante de l'histoire.

Les organisateurs y espéraient plus de 100.000 personnes, plus que pour la conférence sur le climat de Copenhague en décembre 2009.

"Nous pensons atteindre notre but, qui est que cette marche soit la plus importante de l'histoire", a confié à l'AFP avant la marche Ricken Patel, directeur de l'ONG Avaaz, co-organisatrice de la marche.

Deux heures avant qu'elle ne démarre, des milliers de personnes étaient déjà rassemblées le long de Central Park, portant d'immenses tournesols en carton, des pancartes hostiles aux "énergies sales" ou des tee-shirts dénonçant la faim associée au changement climatique.

Des Indiens d'Amérique y étaient venus en tenue traditionnelle.

Deux jours avant un sommet de l'ONU sur le climat, qui doit réunir plus de 120 chefs d'Etat et de gouvernement - un record pour ce dossier - cette marche avait pour objectif de pousser les responsables politiques à agir "de manière ambitieuse" contre le changement climatique, et à s'engager, avant la conférence internationale de Paris fin 2015.

Avec un slogan: "Nous voulons de l'action, pas des mots".

"Il est urgent d'agir"

New York n'était pas la seule ville à se mobiliser dimanche. Des manifestations étaient organisées partout dans le monde, notamment à Londres, Berlin, Amsterdam, Paris, Stockholm, Rome, Madrid, New Delhi, Melbourne ou Rio de Janeiro: au total, selon les organisateurs, plus de 2.700 événements étaient prévus dans 158 pays.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont ainsi défilé dans les rues de Londres. Parmi les manifestants figuraient des victimes des inondations en Angleterre l'hiver passé, ainsi que l'actrice britannique Emma Thompson, qui revient d'une expédition en Arctique avec Greenpeace pour dénoncer la fonte des glaces.

Andrew Burton (Getty/AFP)"Des centaines de milliers de personnes manifestent dans le monde entier dimanche "pour le climat", ici le défilé historique à New York, le 21 septembre 2014 "Andrew Burton (Getty/AFP)

Près de 5.000 personnes selon la police ont manifesté à Paris, dans une ambiance plutôt familiale. "Hier, on pouvait dire qu'on ne savait pas. Aujourd'hui, on sait. Le changement (climatique) est déjà en marche", a souligné Nicolas Hulot, envoyé spécial du président français pour la protection de la planète.

A New York, l'acteur Leonardo DiCaprio, tout juste nommé "messager de la paix" de l'ONU, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, l'ancien vice-président américain Al Gore et le maire de New York Bill de Blasio devaient participer à la marche, ainsi que le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal.

"Il est urgent d'agir: plus nous attendons, plus nous le paierons en vies humaines et en argent perdu" avait déclaré M. Ban Ki-moon avant la marche.

Plus de 1.400 groupes s'étaient associés à la marche new-yorkaise, syndicalistes, écologistes, scientifiques, étudiants venus de 320 campus américains, artistes, groupes religieux, victimes de l'ouragan Sandy.

Près de 500 autobus étaient attendus de quasiment tous les Etats américains.

Le cortège s'est ébranlé en toute fin de matinée de Columbus Circle, près de Central Park, et après un parcours de plus de 3 km dans Manhattan, la marche devait se terminer sur la 34e rue près de l'Hudson au niveau de la 11e avenue, vers 17H30 (21H30 GMT).

Certains manifestants étaient venus d'Inde, du Zimbabwe, du Sénégal ou encore des îles Marshall, menacées d'être englouties par l'océan Pacifique.

"Nous ne pouvons pas attendre, nous avons besoin d'action et maintenant", a insisté une mère de deux enfants venue de cet archipel de Micronésie, Kathy Jetnil-Kijiner.

Un chef d'un restaurant de Brooklyn, Evan Hanczor, s'était aussi mêlé aux manifestants, pour souligner le danger du changement climatique pour la "sécurité alimentaire".

"Beaucoup de gens vont avoir plus de difficultés à se nourrir", a-t-il expliqué à l'AFP.

"Nos peuples souffrent de la sécheresse, des inondations, de la détérioration de nos terres", ajoute Fatimata Niang Diop, militante et enseignante venue spécialement de Dakar comme ambassadrice du groupe 350.org.

Après un moment de silence à 13H00 (17H00 GMT) pour rendre hommage aux victimes du changement climatique, les marcheurs avaient été invités à "sonner l'alarme sur le climat" en faisant un maximum de bruit avec trompettes, vuvuzelas, tambours, cloches et sifflets. Plus de 32 fanfares étaient là pour les y aider. Les cloches des églises avaient également prévu de sonner au même moment.

"Le changement climatique est le plus grand défi de notre temps, et tout ce que nous aimons est menacé. Nos gouvernements ne bougent pas assez vite", résumait Ricken Patel.

(AFP)

 

Source : www.i24news.tv/app.php/fr

 

 

 

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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 18:05

 

Source : www.reporterre.net

 

 

Au bureau, c’est le vélo qui fait marcher l’ordinateur

Elisabeth Schneiter (Reporterre)

vendredi 19 septembre 2014

 

 

 

À New York, deux jeunes entrepreneurs lancent un vélo-bureau permettant de faire fonctionner un ordinateur, ou encore de moudre du grain. Une invention qui pourrait bien révolutionner le monde du travail.


Quand les patrons refuseront de payer l’électricité du bureau, ou quand tous les employés seront délocalisés chez eux et que l’énergie sera hors de prix, on sera bien contents qu’Andy Wekin and Steve Blood aient pensé à inventer le bureau-vélo qui fabrique de l’électricité !

En même temps, comme on travaillera vingt heures par jour, ce sera mieux que de rester assis sans bouger du tout. De quoi s’agit-il ?

Les projets qui utilisent l’énergie produite par un pédalier ne sont pas nouveaux, comme au Guatemala, où l’on recycle les vieux vélos pour les transformer en machines à produire de l’énergie.

 

 

- Vidéo de présentation du projet Maya Pedal :

 

 

 


Pedal Power, basé à Essex, New York, s’est de son côté penché sur la question énergétique dans les bureaux et pense avoir trouvé une bonne idée. Pour la réaliser, il a lancé une campagne sur kickstarter.

On connaissait déjà les bureaux où l’on travaille debout, les bureaux avec tapis roulant où l’on peut marcher tout en travaillant, mais là, il s’agit d’un vélo relié à un générateur avec, en guise de guidon, un plateau sur lequel poser un ordinateur, ou même une feuille de papier. L’énergie produite est suffisante pour faire fonctionner un ordinateur ou recharger un téléphone, ou même moudre du grain, battre son propre beurre, faire marcher une machine à coudre, ou scier une bûche. Ou n’importe quoi qui demande peu d’énergie.

 

*Suite de l'aticle sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

 

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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 17:42

 

Source : www.reporterre.net


 

Carnage et désolation : choses vues au Testet

Isabelle Rimbert (Reporterre)

samedi 20 septembre 2014

 

 

 

Le massacre de la zone humide du Testet se fait à une vitesse sidérante. Face à la vision apocalyptique que laisse dans son sillage cette machinerie destructrice, l’œil du témoin est là pour garder en mémoire, donner à voir la réalité brutale. Afin de ne pas fermer les yeux et faire germer dans ces champs de désolation des graines de résistance. Images et vidéo recueillies sur la zone entre le 11 et le 13 septembre 2014.


« Un dialogue dans le bruit des machines est-il acceptable ? »

Jeudi 11 septembre, devant le conseil général d’Albi. Elli, 56 ans, distribue des tracts aux automobilistes. « J’habite le Tarn et Garonne. Ici, on est nombreux à penser que ce qui est dit sur le projet est faux, et que les réservoirs d’eau vont servir pour la centrale nucléaire de Golfech. Le gros problème, c’est que les gens sont trop soumis : l’obéissance a ses limites. Une zone humide protégée ? Les mots n’ont plus de sens. Tout ça est parfaitement scandaleux ».


- Le Conseil général d’Albi. -

Confortablement installée sur un plancher de palettes en haut d’un arbre qui borde la route, une jeune fille joue de la flute, entourée de banderoles : « Barrage de Sivens, projet inutile » et « Zad Partout ». Derrière une table, plusieurs personnes se relaient pour cuisiner sommairement les denrées apportées par les personnes soutenant la lutte.

Des opposants au barrage interpellent les automobilistes en leur demandant de klaxonner pour manifester leur désaccord, d’autres brandissent une pancarte sur laquelle est tracé en lettres rouges : « Carsenac dilapide l’argent public ». « Certains sont malheureusement plus sensibles à l’argument du pognon qu’à celui de la Terre », regrette une militante, « mais là, l’urgence, c’est de mobiliser tous azimuts ».

Devant le Conseil Général, c’est l’heure de l’AG. Une cinquantaine de personnes s’assoient sur le trottoir. On débat sur la pertinence d’accepter ou non un dialogue avec les autorités sans pour autant exiger l’arrêt immédiat du déboisement. Une banderole en préparation pose la question : « Un dialogue dans le bruit des machines est-il acceptable ? »

Spectacle de désolation

Jeudi 11, sur la parcelle baptisée Gazad par les opposants, les engins de chantier s’activent sous haute protection des forces de l’ordre. Roxanne, trente-et-un ans, vient d’arriver sur place. Au son lancinant des machines en action, elle découvre le paysage, incrédule : « Je ne suis pas venue depuis lundi, je ne reconnais rien… la claque… c’est un écocide. » Elle se tait un moment, sort sa caméra. « Il faut garder une trace de tout ça… Je me bats contre ce projet depuis un an, pour moi c’est comme une guerre. Des guerres écolos, il va y en avoir, et de plus en plus… »


- La zone, sous « protection » policière, avec les machines qui s’activent en arrière-plan. -

Visiblement émue, elle s’assoit dans l’herbe face au spectacle de désolation, les larmes aux yeux. Derrière la ligne invisible formée par les gendarmes mobiles, les machines de chantier tronçonnent et soulèvent les arbres comme on cueille des champignons. En face, il y a près de trente opposants : certains sont assis en rond et discutent. D’autres, debout, regardent la forêt disparaître minute après minute, impuissants.

Profitant d’un moment d’inattention des gardes mobiles, une jeune fille grimpe à un arbre. Bientôt, elle est entourée de gendarmes et de militants. « Je vous préviens, j’ai le vertige », s’amuse un gars posté dans l’arbre voisin. À cinquante mètres du cordon de gendarmes, deux personnes assises en tailleur dans l’herbe s’amusent à les éblouir avec un morceau de miroir. Sous le soleil de plomb, le reflet brillant tournoie de façon saccadée, éclairant un à un les visages fermés des GM qui n’apprécient guère ce que leur envoie le miroir.

Les pro-barrage attaquent

Vendredi 12 septembre, croisement de la D132 et la D32, Barat est un lieu stratégique : c’est de là que part la route qui dessert plusieurs lieux d’occupation et de déboisement. Les militants se relaient pour y assurer une présence nuit et jour, et donner l’alerte si besoin. Des habitants du coin apportent du soutien et des vivres, s’arrêtent un moment pour discuter.


- Au croisement de la D132 et la D32. -

À la nuit tombée, vendredi 12, l’ambiance est plus que tendue : une centaine de pro-barrages, qui ont lancé un appel à casser du militant anti-barrage sur Facebook, organisent des battues dans les environs avec l’envie d’en découdre. Des dizaines de voitures passent devant le croisement en hurlant des insultes, photographiant les occupants et braquant des torches dans leur direction.

Patrick et Catherine*, des voisins, sont venus donner l’alerte. Pour Patrick, « pas mal de pro-barrages sont de la FNSEA. En tant qu’ancien faucheur volontaire, je connais bien leurs méthodes. Ils se croient tout permis, sont sans scrupules. Ils sont prêts à vous faire changer d’avis à coups de barre de fer, soyez prudents ».

Un peu plus tard, un groupe de militants se fera menacer, agresser et courser par les pro-barrage, qui, faute de pouvoir attraper les opposants, exploseront les vitres de leur voiture et incendieront leur camion.

Jusqu’aux derniers arbres...

Samedi matin, à Gazad, le réveil est adouci par le silence des engins de chantiers en repos. Pourtant, l’alerte est donnée : dans la parcelle jouxtant le camp da Gazad, deux camions de gendarmes et deux 4x4 sont stationnés sur la route qui borde ce qui reste de la forêt. Des témoins rapportent avoir vu trois arbres abattus sous la garde des forces de l’ordre, un jeune homme a filmé une partie de la scène (voir vidéo ci-dessous). Ces arbres faisaient partie des rares feuillus restés intacts au beau milieu d’un terrain déjà défriché.


- La parcelle, après l’abattage des arbres filmé dans la vidéo ci-dessous. -

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 


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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 17:21

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Pourquoi les Français adhèrent au «Salauds de pauvres»

|  Par Hubert Huertas

 

 

 

 

Coluche avait popularisé l’expression dans les années 1980, pour mieux la dénoncer. Les Français la reprennent en cette année 2014 mais plus pour rigoler. Voilà ce que révèle la dernière édition d’une étude que le Credoc publie depuis trente-cinq ans. Un résultat qui doit interpeller la gauche.

L’expression « Salauds de pauvres » n’a pas été inventée par Coluche. Jean Gabin la prononce en 1956, dans le film La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara (d’après un roman de Marcel Aymé). Dans cette scène, il ne s’adressait pas à des « prolos », ou des « clodos », mais à un couple de bistrotiers. Le créateur des Restos du cœur a repris l’interjection au début des années 1980 et l’a rendue célèbre. En endossant le rôle d’un nanti qui égrène des poncifs à propos des « sans-le-sou », c’est-à-dire des fainéants qui méritent ce qui leur arrive, il en a fait un cri de révolte.

Trente ans plus tard, il serait catastrophé. Son « Salauds de pauvres » gagne du terrain, mais il est presque pris au pied de la lettre. Les Français se mettent à penser que les chômeurs n’ont pas d’emploi parce qu’ils n’en cherchent pas, que les minima sociaux les encouragent à rester chez eux, que les prestations sociales sont trop généreuses pour les familles, et qu’il faut laisser les riches tranquilles.

On n’est pas loin de ce que le journal Libération rappelait dans ses colonnes, en octobre 2010, et qui nous renvoie au XIXe siècle : dans un poème intitulé « Assommons les pauvres », le poète suggérait, sur le mode coluchien, de « rouer de coups un mendiant pour l’obliger à répondre avec la même violence. Manière, selon Baudelaire, de rendre au pauvre "l’orgueil et la vie" et d’en faire l’égal des rupins »...

L’étude dont il est ici question n’est pas un sondage de circonstance, mais le trente-cinquième numéro d’une enquête que le Centre de recherche pour l’étude et l’observation a lancée dans les années 1980, et qui analyse, années après année, « les inflexions du corps social ». Alors que la pauvreté s’est accrue depuis 2008, notent les auteurs, Régis Bigot, Émilie Daudey et Sandra Hoibian, « la solidarité envers les plus démunis n’apparaît plus comme une idée fédératrice de la société française ». C’est une brutale nouveauté. D’ordinaire, en temps de crise, les Français se montraient plutôt compatissants.

Plusieurs observations illustrent ce glissement.

Dans l’enquête « Conditions de vie et aspirations », 64 % des Français pensent que « s’ils le voulaient vraiment la plupart des chômeurs pourraient retrouver un emploi » (six points de plus qu’en 2012). Presque un Français sur deux estime que « faire prendre en charge par la collectivité les familles aux ressources insuffisantes leur enlève tout sens de la responsabilité » (10 points de plus en deux ans, un score jamais atteint !). 37 % sont convaincus que les pauvres n’ont pas fait d’efforts pour s’en sortir (7 points de plus depuis 2012, 12 points de plus qu’au lendemain de la crise) !

 

 

Le deuxième graphique remet en cause les politiques sociales. Trois Français sur quatre estiment qu’il est « parfois plus avantageux de percevoir des minima sociaux que de travailler » (augmentation de 9 points en deux ans), 54 % sont convaincus que les pouvoirs publics en font trop (en hausse de 18 points depuis 2012), et 53 % déclarent que le RSA incite les gens à s’en contenter (soit 9 points de plus en deux ans).

 

 

Le troisième graphique concerne l’aide aux familles. Depuis 1982 elle était jugée insuffisante. Ainsi, 69 % pensaient en 2008 que l’aide aux familles n’allait pas assez loin. En 2014, renversement total. Ils ne sont plus que 31 % à souhaiter qu’on l’améliore…

 

 

Un quatrième graphique concerne l’idée de la contribution des riches pour la justice sociale. En 2012, 71 % du corps social considérait « qu’il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres ». Ils ne sont plus que 55 %, soit une chute de 16 points.

Quatre millions de fainéants ?

Le Credoc pointe un renversement spectaculaire et radical. Un séisme idéologique que les urnes ont enregistré lors des élections municipales et des élections européennes. Ce sont bel et bien les idées de gauche qui se sont effondrées, et c’est, qu’on le veuille ou non, la campagne de Nicolas Sarkozy, en 2012, qui paraît prendre sa revanche.

L’enquête avance plusieurs hypothèses pour comprendre « le scepticisme croissant ». Les Français pourraient penser que les caisses de l’État sont trop vides pour être généreuses. Que les politiques sociales sont une chose trop sérieuse pour être confiées à des politiques démonétisés. Que trop d’aides deviennent une aide à la paresse. Que les classes moyennes, qui paient les pots cassés de la crise, ont le sentiment d’avoir assez donné comme ça, et qu’au train où vont les choses elles deviendront les classes pauvres de demain.

Une autre explication pourrait cependant être avancée, qu’un organisme comme le Credoc ne peut pas mettre en avant. Une explication de nature politique. Et si, à force de renoncements, la gauche avait abandonné son terrain, dans un sauve-qui-peut idéologique qui tourne à la Bérézina ? Car cette étude peut se lire de deux manières.

Première lecture : elle dirait le « réel ». Voilà ce que penseraient les Français, et ce qu’il faudrait mettre en œuvre pour gagner les élections. On devrait les écouter, pour satisfaire leurs « aspirations ». En finir avec les pauvres en les accusant de leur sort. C’est au fond ce qu’a fait François Rebsamen en remettant sur le devant de la scène le personnage obscur du chômeur fraudeur, qui abuserait de l’argent public. C’est aussi la lecture du Medef qui développe désormais des propositions impensables, et imprononçables, il y a seulement dix ans.

L’autre lecture, c’est que ces chiffres ne traduisent pas, ou pas seulement, une évolution de l’opinion des Français, mais aussi et surtout l’abandon des valeurs de la gauche par la gauche au pouvoir. Quelle grande voix est montée au créneau pour souligner, par exemple, cette vérité terre à terre : si le chômage est passé de un million à plus de cinq millions en quarante ans, ce n’est quand même pas parce que les Français ont fabriqué en deux générations quatre millions de petits fainéants ? Dès lors, si les fraudeurs doivent être poursuivis, et condamnés sans ménagement, qui peut oser confondre le malade et la maladie ?

Et pourquoi, quitte à dénoncer les détournements d’argent public, le ministre du travail ne brandit-il pas, avec une vigueur décuplée, la fraude aux cotisations sociales pointée cette semaine par la Cour des comptes ? Elle atteint pourtant entre 21 et 24 milliards d’euros par an, et n’est pas le fait des chômeurs indélicats, mais du travail au noir mis en place par certains chefs d’entreprise, notamment dans le secteur du bâtiment.  

Même chose avec l’idée désormais dominante à propos des minima sociaux. Il serait plus avantageux de les recevoir que d’aller au travail, penseraient les Français rencontrés par le Credoc ! Là encore, pourquoi la gauche a-t-elle avalé sa langue ? Pourquoi regarde-t-elle ses chaussures comme si elle avait honte ? Si les minima sociaux sont ce qu’ils sont, et s’ils ont tendance à rattraper le salaire minimum, ce n’est pas qu’ils sont trop hauts (essayez de vivre avec 700 euros…), c’est que les salaires sont trop bas, même si Pierre Gattaz rêve de supprimer le Smic. Les salariés qui vivent dans la rue ne sont pas une vue de l’esprit, mais le phénomène de cette décennie. Quant au salaire médian des Français (1 712 euros mensuels), permet-il autre chose que de garder la tête hors de l’eau ?

En vérité, depuis une quinzaine d’années, le phénomène majeur n’est pas que les minima sociaux aient rejoint les salaires, c’est que l’écart entre les moins riches et les plus fortunés se soit creusé jusqu’au vertige. Henry Ford estimait dans les années 1930 que son salaire devait valoir trente fois celui de ses ouvriers. En 2014, ce différentiel est passé de 1 à 500. François Hollande le répétait sur tous les tons en 2012, pendant la campagne présidentielle, et les Français lui prêtaient une oreille attentive. Les mêmes voix font silence aujourd’hui, et les Français n’entendent plus que le glouglou des larmes de Depardieu, ou le soupir profond des exilés fiscaux, monté du pavé de Belgique.  

Marre d’aider les pauvres… La question fiscale se profile naturellement derrière la lassitude des Français, et là encore le discours du pouvoir de 2012 s’est effacé derrière celui de la droite. Plus de réforme fiscale, comme promis, mais la reprise de l’expression « ras-le-bol fiscal », sur le mode bon élève. Bien sûr, personne n’aime payer ses tiers provisionnels et sa facture de septembre, mais comment, quand on est de gauche, oublier d'expliquer que l’impôt sur le revenu, qui est un prélèvement progressif (les plus riches paient davantage) ne résume pas toute la fiscalité ? Pourquoi en faire l’unique objet de tous les ressentiments ?

Pourquoi ne pas rappeler qu’il est d’autres prélèvements, plus diffus mais plus accablants ? Pourquoi ne pas souligner que les Français, tous les Français, paient davantage de TVA (où le smicard est taxé au même niveau que le patron du Cac 40) que d’impôt sur le revenu ? Pourquoi ne pas faire savoir, en toutes occasions, que ce qu’on appelle les « dépenses contraintes », comme le souligne le Credoc, se sont envolées par rapport aux salaires, avec le prix de l’immobilier, le loyer, le chauffage, l’électricité, l’autoroute, etc. Au nom de quoi les « dépenses contraintes » seraient-elles plus nobles, et plus caressantes, que les dépenses imposées ?

Au nom de quelle vérité supérieure la gauche de gouvernement a-t-elle fait sienne, depuis les années 2000, comme les bourgeois de Calais, corde au cou, repentante, la théorie de l’impôt prédateur, et d’abord de l’impôt sur le revenu ? L’impôt est peut-être trop élevé, et dans ce cas qu’on le réforme, mais ce n’est pas sa baisse qu’on proclame ces temps-ci, c’est son indignité. Or sans impôt pas de société, pas de pays, pas de collectivités, pas plus que sans cotisation il n’existe d’association, d’amicales, de clubs…  

Dans cette débâcle, peu importe le destin du gouvernement Valls, le sort de la question de confiance, la conférence de presse de Hollande, ou le retour permanent du Sarkozy nouveau. Comment s’étonner qu’en lâchant les fondamentaux qui l’ont hissé dans l'Histoire, le pouvoir soit lâché par son électorat ? Le pays, fatigué par la crise, n’entend plus son discours, mais celui de l’opposition, qu’il reprend à son compte, et que les Français répètent aussi, faute de mieux, en choisissant l’original plutôt que la photocopie. « Impôts, déficits, réformes structurelles, compétitivité, coût du travail, flexibilité, chômeurs qui se la coulent douce, RSA trop confortable », on n’entend plus que cette chanson. À moins qu’il n’y ait qu’une seule pensée, celle des conservateurs allemands, et qu’il n’y ait plus d’adversaires… Sauf les chômeurs, ça va de soi.

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

 

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