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25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 17:42

 

Source : www.mediapart.fr

 

Sur la route du pipeline Keystone XL (2/4). Où les ranchers du Nebraska virent écolos

|  Par Thomas Cantaloube

 

 

 

Deuxième étape sur la route de l'oléoduc géant ou comment des fermiers plutôt conservateurs se sont alliés avec des militants écolos contre la multinationale TransCanada et sont parvenus à remettre en cause l'existence même du projet.

De nos envoyés spéciaux dans le Nebraska. La réserve indienne de Rosebud se termine là où démarre l’État du Nebraska. En filant plein sud, on bascule dans les Sand Hills, une « écorégion » de prairies poussant sur des dunes sablonneuses. C’est un paysage de collines ondoyantes et de vastes champs agricoles. La zone est particulièrement fertile, en raison de la présence souterraine de l’aquifère de l’Ogallala, l'une des plus vastes nappes phréatiques au monde. Mais en dépit de ce don du ciel (littéralement), les conditions de vie sont âpres au Nebraska : frigorifique l'hiver, torride l'été, c'est l'un des territoires les moins densément peuplés des États-Unis, demandant beaucoup de travail pour faire fructifier sa terre. Il est assez peu étonnant que Bruce Springsteen s’en soit inspiré pour enregistrer le disque le plus dépouillé et difficile d’accès de sa carrière.

Notre premier arrêt est pour Ron et Jeanne Crumly, un couple de fermiers dans le comté de O’Neill, issus d'une lignée qui vit depuis cinq générations sur ces terres. Elle est pimpante et volubile, lui est plus effacé et se déplace avec la raideur d’une vie à manier des engins agricoles. Ils ont découvert un beau jour, il y a trois ans, que l’oléoduc Keystone XL allait passer en plein sur leurs champs. « Un soir, nous avons reçu un coup de téléphone à 21 h 30, une heure réservée pour les communications graves ou urgentes, se remémore Jeanne Crumly. Au bout du fil, un homme m’annonce : “Bonsoir, c’est TransCanada, nous allons vous prendre un bout de votre terrain pour construire un pipeline et vous serez dédommagés de tant de dollars. Nous passerons bientôt vous remettre les documents à signer. Merci, à bientôt.” C’était bref, sans politesse et sans discussion possible. » Jeanne fait une pause avant d’ajouter, avec l’approbation de Ron : « Cela ne m’a pas plu… »


Ron et Jeanne Crumly 
Ron et Jeanne Crumly © Jean-Marc Giboux

Des témoignages comme ceux-ci, il y en a des dizaines dans tout le Nebraska : les commerciaux de TransCanada qui appellent des familles, leur expliquent ce qui va se passer, offrent quelques dizaines de milliers de dollars et raccrochent. C’était évidemment la plus mauvaise façon de procéder avec ces ranchers fiers et rugueux. Ron Crumly prend la parole en relevant sa casquette d’une main : « Quand ils ont vu qu’on était sceptiques, ils ont commencé à nous bombarder de coups de fil, mais au fur et à mesure que je leur posais des questions techniques, auxquelles ils ne savaient pas répondre, sur la profondeur de l’oléoduc, sa résistance au mouvement des sols, les capacités d’intervention en cas de fuite, etc., leur seule réponse était : “Ne réfléchissez pas trop, il s’agit juste d’un pipeline !” » Sans élever la voix, il termine : « Pour TransCanada, il s’agit juste de réaliser un bénéfice. Pour nous, c’est notre gagne-pain et notre vie… »

Avec une poignée d’autres agriculteurs (beaucoup ont accepté de signer avec TransCanada sans se poser de questions), Ron et Jeanne Crumly commencent à se documenter, à discuter avec d’autres propriétaires, à participer à des réunions publiques d’information, dont celles d’opposants qui commencent à se structurer sous la bannière de l’organisation Bold Nebraska (le Nebraska audacieux). À chaque tour et détour de leur quête d’information, ils découvrent la légèreté de l’entreprise canadienne : elle ne connaît pas toujours la nature des sols sur le tracé du pipeline, elle se moque de la présence de l’aquifère à proximité, elle n’a prévu aucun dédommagement dans le cas où il faudrait rouvrir la tranchée pour réparer un tronçon de pipeline… L'opposition des ranchers se renforce au fur et à mesure qu’ils en apprennent davantage…

 

Un panneau d'opposition au pipeline dans les champs de maïs du Nebraska 
Un panneau d'opposition au pipeline dans les champs de maïs du Nebraska © Jean-Marc Giboux

Ils découvrent également, eux qui s’estiment pro-business et sont des électeurs républicains fidèles, qu’ils sont seuls dans cette lutte : « On ne peut pas faire confiance à nos élus parce qu’ils feront tout pour assurer leur réélection et qu’ils ont besoin d’argent pour cela. On ne peut pas faire confiance aux entreprises parce qu’elles cherchent à maximiser leurs profits », soupire Jeanne. Le coup de grâce survient quand TransCanada annonce avoir révisé le parcours du pipeline avec les autorités de l’État pour éviter les Sand Hills. En fait, c’est la carte de l’écorégion qui a été modifiée pour réduire ses frontières et faire en sorte que le pipeline ne les traverse plus… Un tour de passe-passe qui ne trompe personne, mais définit bien la collusion des élus locaux avec l’entreprise canadienne.

« TransCanada est arrivé ici en pensant nous marcher dessus »

Aujourd’hui, tenaces, Ron et Jeanne Crumly refusent toujours de signer le contrat de TransCanada (après que le montant a plus que doublé). Depuis le patio de leur maison, ils regardent leurs petits-enfants jouer sur leur pelouse qui s’ouvre sur les champs de maïs : « Ce n’est pas une question d’argent : c’est pour nos descendants que nous faisons cela. Il est hors de question de signer avec le Diable ! »

Autant les Crumly représentent une « variété » d’habitants du Nebraska, autant Kenneth Winston en représente une autre. Le dirigeant du chapitre local du Sierra Club, la grande organisation environnementale américaine, fixe rendez-vous dans un café branché de la capitale de l’État, Lincoln, et arrive en sandales, chapeau de paille et voiture hybride. Il ressemble à la caricature d’un tree hugger, ces « amoureux des petites fleurs » dont se moquent fréquemment les agriculteurs. Et pourtant, il est devenu l’un des meilleurs partenaires, un ami presque, des Crumly et des ranchers de l’État.

 

Kenneth Winston. 
Kenneth Winston. © Jean-Marc Giboux

Avec sa complice, Jane Kleeb, qui a fondé Bold Nebraska (voir la vidéo plus bas), c’est lui qui a informé les fermiers et les a incités à se battre au point que si, aujourd’hui, le Keystone XL n’est pas encore sous terre et sous pression, c’est entièrement grâce aux efforts conjoints menés dans le Nebraska. Des plaintes contestant l’autorité du gouverneur pour décider de la construction du pipeline ont été déposées par plusieurs ranchers, appuyés par des avocats spécialistes en droit foncier et environnemental, et elles sont remontées jusqu’à la Cour suprême de l’État, qui n’a pas encore tranché. Ce blocage législatif a servi de prétexte à Barack Obama pour retarder son approbation, nécessaire au projet d’oléoduc transnational.

« La morale de cette histoire est que TransCanada est arrivé ici en pensant nous marcher dessus, que nous avons fermement dit non, et que nous avons arrêté tout le bazar ! s’amuse Kenneth Winston, en souriant dans sa barbe poivre et sel. Même si nous avons nos différends avec les agriculteurs concernant l’irrigation et les pesticides rejetés dans la nature, tout le monde est conscient que l’aquifère de l’Ogallala est quelque chose de capital pour la région et que nous ne pouvons pas prendre de risques. Les promoteurs du pipeline nous disent : “Il y a déjà des dizaines d’oléoducs et de gazoducs qui traversent la région des Sand Hills, c’est ridicule de s’opposer à celui-ci !” Mais il y a une différence capitale avec le Keystone XL, et les ranchers l'ont bien compris : il s’agit de transporter des sables bitumineux pas du pétrole ordinaire. »


Une grange “passive”, construite sur le tracé du pipeline dans les champs du Nebraska. 
Une grange “passive”, construite sur le tracé du pipeline dans les champs du Nebraska. © Jean-Marc Giboux

Les sables bitumineux canadiens sont en effet extrêmement visqueux et, afin de les acheminer par pipeline, il faut les diluer avec des produits chimiques (sans dire lesquels, car c’est considéré comme un secret industriel par les pétroliers !). En cas de fuite à proximité d’une nappe phréatique, la catastrophe est double. Primo, des produits chimiques inconnus se répandent dans la nature. Secundo, les sables bitumineux, même dilués, coulent au fond de l’eau au lieu de rester en surface comme les hydrocarbures plus légers, et la pollution est donc durable et extrêmement difficile à éradiquer !

« La période lors de laquelle le projet Keystone XL a été annoncé, a coïncidé avec deux marées noires qui ont marqué les esprits : celle de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique, et celle de la rivière Kalamazoo, due à une rupture de pipeline dans une rivière, la plus importante et la plus coûteuse à l’intérieur du territoire américain, poursuit Kenneth Winston. Ces deux catastrophes ont fait réfléchir les gens sur le tracé du pipeline et certains d’entre eux ont décidé de s’opposer à ce projet car ils y voient une menace pour leur existence sur le long terme. »

 


 

Jane Kleeb explique la mobilisation des ranchers du Nebraska

« Si nous installions une éolienne sur nos champs, nous gagnerions plus d’argent »

L’opposition des fermiers du Nebraska n’est pas un simple cas de « NIMBY » (Not in my backyard, « Pas chez moi »), ou alors elle l’a peut-être été, au démarrage, pour certains, mais depuis, elle a dépassé ce réflexe protectionniste. Retournons dans les plaines en bordure de Sand Hills, dans le hameau de Polk (à peine 300 âmes, mais tout de même deux bars-restaurants), situé sur le tracé de l’oléoduc. Pour Brian Bedient, un cinquantenaire à la moustache triste et à la double vie (fermier le soir et les week-ends, ouvrier le jour dans une usine locale), qui a toujours voté républicain, il s’agit de s’élever contre certaines façons de procéder irrespectueuses des citoyens : « La mentalité de la région est : si cela ne nous concerne pas, on ne s’en occupe pas. Et pourtant, le pipeline ne passe pas sur mes terres, mais j’ai décidé de m’en mêler. Parce que cela affecte certains de mes voisins et que l’on n’a jamais cherché à nous consulter collectivement. La plus grosse erreur de TransCanada a été de ne pas demander s’il vous plaît ! »


Brian Bedient 
Brian Bedient © Jean-Marc Giboux

Avec ses voisins et amis Shannon et Kevin Graves, il a formé la Good life alliance (l’alliance de la bonne vie, basée sur la devise du Nebraska : la bonne vie). Shannon et Kevin ont une maison plus que centenaire à 100 mètres du tracé du pipeline et ils possèdent également la quincaillerie du coin. Dans un territoire où l’on garde ses opinions pour soi, le couple a clairement affiché ses opinions dans sa boutique et il a pu constater que, même chez les habitants favorables au projet de pipeline, il y avait des réticences. « Tout d’abord, Transcanada nous a pris pour des ploucs en refusant de répondre à nos questions techniques, alors qu’en tant que fermiers, nous sommes tous un peu scientifiques, grogne Kevin, barbe fournie, cheveux en brosse et langue bien pendue, une fois quelques bières éclusées. Ensuite, ils ont cru que l’on ne se parlait pas entre nous, en offrant des indemnités très différentes pour les mêmes surfaces de terrain. Nous ne sommes pas des gogos ! Enfin, ils ont menacé d’utiliser la loi d’expropriation pour intérêt public, si on s’opposait. Et cela a particulièrement énervé les gens d’ici : on ne parle pas d’une route ou d’un service public, mais d’une entreprise privée étrangère. De quel droit se targue-t-elle d’une fonction d’intérêt public pour le bénéfice de tous, alors qu’elle ne sert que ses intérêts privés et ceux des multinationales du pétrole ?!? »

Vidé de son souffle après cette tirade énervée, Kevin nous propose d’aller voir la « grange énergétique », située juste à côté de son champ. Sur une parcelle, sise pile sur le tracé de l’oléoduc, des volontaires, réunis par Bold Nebraska, ont érigé un édifice en bois entièrement alimenté par des énergies renouvelables. Comme pour le camp indien des Brûlés (notre précédent épisode, à lire ici), le symbole est plus important que la réalisation. Comme le dit Jane Kleeb, à l’initiative de cette grange : « Si Obama approuve le projet de pipeline, alors il faudra qu’il assume de détruire un bâtiment entièrement vert pour faire place au pire de l’industrie pétrolière et des énergies polluantes. »


Kevin et Shannon Graves 
Kevin et Shannon Graves © Jean-Marc Giboux

Si les ranchers ont démarré leur combat pour protéger leur mode de vie et transmettre une terre à leurs enfants en aussi bon état que celle dont ils avaient hérité, le combat contre le Keystone XL a commencé à transformer leur vision du monde. « Je ne suis clairement pas une écolo », proclame Shannon Graves avec faconde en désignant son 4×4, qu’elle utilise pour se déplacer partout, « mais je commence à comprendre les enjeux supérieurs qu’il y a à refuser ce pipeline. J’ai découvert que si nous installions une éolienne sur nos champs, nous gagnerions plus d’argent en quelques années de location qu’avec la somme que nous promet TransCanada pour faire passer son oléoduc. Ça fait réfléchir ! »

Étape suivante : Les alternatives énergétiques au Kansas

Nous avons effectué ce reportage à deux (Jean-Marc Giboux pour les images et Thomas Cantaloube pour le texte) au début du mois de juillet 2014. Nous avons malheureusement brûlé beaucoup d'essence pour parcourir 5 000 kilomètres en voiture, au départ de Chicago…

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 17:03

 

 

Source : www.youtube.com

 

 

 

 

 

Naked World

 

Ajoutée le 3 sept. 2014

Aux quatre coins de la planète des citoyens refusent de se soumettre aux diktats de l'urgence et de l’immédiateté, pour redonner sens au temps. En Europe, aux États-Unis, en Amérique Latine ou encore en Inde, Philippe Borrel est allé à la découverte d'initiatives, individuelles et collectives, qui proposent des alternatives basées sur d’autres paradigmes.

 

 

 

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24 septembre 2014 3 24 /09 /septembre /2014 21:52

 

Source  zad.nadir.org

 

 

Infos du 22 au 28 septembre

mardi 23 septembre 2014, par zadist

 

 


Tant que la situation est calme, on continue les infos régulières sur un rythme plus détendu d’un article par semaine, mis à jour tous les 2-3 jours. Si quelque chose s’accélère, on donnera de nouveau les nouvelles en temps réel. écoutez les nouvelles transmises par radio klaxon en streaming.

Si vous voyez des mouvements de police anormaux autour de la zone, contactez-nous ! sur le numéro d’urgence au 06.43.92.07.01.


ZAD AntiRep NDDL
Actuellement deux personnes sont en prison suite à la manif’ du 22 février :
Engué purge une peine de 1 an, puis Simon de 4 mois.
Pour plus de précisions, lire l’article Comment soutenir les camarades incarcérés. Deux autres sont en prison pour outrage et rébellion suite à l’expulsion du squat de la moutonnerie à Nantes.
Pour écrire aux copains qui ont pris deux et trois mois (ferme) de taule pour "outrage & rébellion", suite à l’expulsion de la Moutonnerie et aux expulsions en séries qui se déroulent à Nantes depuis plusieurs mois :
Franck missoum n° d’ecrou 60 245
Hamza khlaifi n° d’ecrou 60 244


Appel à matos et connaissances

- Appel à dons de palettes pour un chantier de construction au No Name, à déposer au bout du chemin de la Bellich (sur la D42 de La Paquelais vers Notre-Dame c’est le premier chemin à gauche après le ieu dit La Boissière)
- Appel à dons de palettes et pneus usagés pour chantiers construction. à déposer à la Sècherie
- Appel à matos pour plusieurs chantiers à la Ouardine et San-Antonio


Mardi 23 septembre

EXCLUSIF !!

Blocage de la 4 voies ce matin pour le bonheur des automobilistes qui ne trouvaient pas d’excuse pour ne pas aller au travail ce matin !!

Communiqué des bloqueur-euses :
Salut,
Ce matin nous bloquons la voie rapide St-Nazaire-Nantes.
Aujourd’hui, le 24 septembre 2014, la famille Herbin, habitante du village du Liminbout sur la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, a été convoquée au tribunal de St Nazaire en vue de leur procès en expulsion.
Chaque avancée du projet, chaque attaque contre le mouvement de lutte (travaux, procès, etc.), amènera une riposte immédiate.
Tout ce que nous avons obtenu jusqu’à présent, de l’échec fracassant de l’opération César jusqu’à la suspension des travaux, l’a été par une détermination commune dans la lutte et une diversité tactique. Toutes ces victoires ont aussi été possibles grâce aux actions de solidarité de partout en france.
A notre tour d’être présent au côté des différentes luttes.
L’espace et la force politique autonome acquise par la ZAD ont vocation d’inspirer et renforcer la révolte de celles et ceux qui ne rentrent pas dans le rang.
Ainsi, nous appuyons matériellement et moralement les personnes sans papier de Nantes qui, après avoir été expulsé de leur lieu de vie cet été, s’organisent pour occuper à nouveau depuis peu. A Calais, face à la police et aux expulsions à répétition, les migrants se regroupent. Sans papiers ni aéroport, la ZAD se veut terre d’asile.
Nous sommes de tout coeur avec les travailleurs de la SEITA de Carquefou, qui en renouant avec des pratiques offensives (destruction de stocks, occupation d’usine, séquestration) donnent confiance à tous ceux qui se sentent réduits à l’impuissance par les partis politiques et les centrales syndicales.
En Picardie, les paysans opposés au projet de la ferme-usine des 1000 vaches ont affirmé leur position en bloquant plusieurs jours l’arrivée des laitières
A Bure, contre le centre d’enfouissement de déchets nucléaires, la lutte continue sur le terrain, et une campagne d’action, Bure 365, est lancée.
Sur la ZAD du Testet se joue un moment décisif pour les opposants aux 16 barrages. Par notre action, nous souhaitons faire parvenir le souffle chaleureux de Notre-Dame-Des-Landes à cette lutte qui traverse un tournant.
Ces derniers jours, l’assemblée nationale a voté une énième loi antiterroriste. Instrumentalisant le battage médiatique autour des djihadistes, cette loi vise en fait à étouffer toute forme d’opposition conséquente à l’ordre établi. Elle est en réalité un aveu de faiblesse : il suffit d’une étincelle pour que valls le gouvernement, et le monde qu’il défend.

les Flambeurs de la rocade
les DDE (Déterminés à Défaire l’Etat)
a Mess for the West

Zip - 1.5 ko
Mardi 23 septembre

Sur la ZAD

La famille Herbin du Liminbout est à nouveau convoquée à un procès pour expulsion

La black plouc kitchen (table d’hotes sur la zad) ouvre ses portes vous pouvez dés à présent réserver ! Pour plus d’information et savoir quand la black plouc est ouverte voir ici

La DREAL relance un appel d’offres pour le suivi des mesures compensatoires de l’aéroport : Futur aéroport du Grand Ouest et sa desserte : Assistance à maîtrise d’ouvrage pour le suivi des mesures compensatoires relatives à la restauration des fonctions liées aux zones humides

- Suite à quelques soucis de connexions, on n’a pas pu mettre à jour le site la semaine dernière, toutes nos excuses pour les infos qui n’ont pas été diffusées à temps !

Documents joints

 

 

Source  zad.nadir.org

 

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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 21:48

 

 

Source : france.attac.org

 

 

 

 

CETA, le cheval de Troie du TAFTA est en passe d’être conclu. Interpellons nos députés !
mercredi 10 septembre 2014, par AITEC, Attac France

 

 

 

 

L’Union européenne et le Canada scelleront officiellement leur accord le 25 septembre prochain. Vous pouvez interpeller vos députés en utilisant l’outil d’interpellation disponible sur cette page.

 

Attac France invite également les comités locaux et adhérents à interpeller directement leurs députés et à leur demander une rencontre par courrier. Toute disposition jugée dangereuse dans TAFTA doit dès maintenant être retirée de CETA !

 

 

*Pour participer et accéder à l'envoi du mail aux Députés français, cliquer ici

 

 

 

Madame la Députée, Monsieur le Député,

En juin 2011 au Parlement européen, Harlem Désir, aujourd'hui Secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, déclarait de l'accord commercial EU-Canada (CETA) alors en négociation: «Cet accord doit être [..] respectueux des modèles sociaux et  environnementaux des deux parties, des pays de l’Union européenne et du  Canada, et de leur capacité à continuer à réguler, à réglementer dans des domaines qui sont sensibles pour nos sociétés et cela, ce ne sont  pas des détails et ce ne sont pas des manœuvres dilatoires.»

Aujourd'hui, l'accord CETA est en voie de finalisation et les préoccupations de M. Désir, désormais en responsabilité gouvernementale, sont plus que jamais d'actualité.

D'après une version fuitée du texte consolidé de l'accord - celui-ci n'étant toujours pas accessible officiellement au public, CETA réduirait substantiellement la capacité des États à réguler, empêcherait l'établissement de nouveaux services publics et menacerait la transition énergétique, entre autres.

L'accord EU-Canada contient notamment la très controversée clause de règlement des différends entre investisseurs et États, qui  permettra aux multinationales de faire payer des millions d'euros aux contribuables en attaquant les législations qu'elles percevront comme défavorables.

Or au printemps 2014, en réponse à la consultation publique organisée par la Commission européenne, plus de 100.000 citoyens européens, 180 ONG, 40 syndicats et 120 experts académiques se sont opposés à l'inclusion de cette clause, quelle que soit sa forme, dans l'accord entre l'Union européenne et les États-Unis.

Le texte finalisé de CETA a été envoyé aux États-membres et au Parlement européen, avant la séance symbolique prévue le 25 septembre, où la Commission européenne et le gouvernement canadien officialiseront la fin des négociation et le début du processus de validation politique. Les 1.500 pages du texte clôturé seront à prendre ou à laisser.

Les États-Membres auront une dernière occasion de s’exprimer sur le contenu du texte le 12 septembre, lors d'une réunion du Comité Politique Commerciale (CPC) du Conseil de l'Union Européenne. Commencera ensuite un long processus de préparation préalable à la ratification.

En tant que représentant-e des citoyens au Parlement français, vous avez le pouvoir d'interpeller le gouvernement quant à la position qu'il adoptera à l'égard du texte proposé. Vous pouvez également l'enjoindre d'exprimer les plus vives réserves à l'égard, en particulier, des volets «Protection des investissements» et «Coopération réglementaire» de l'accord en passe d'être conclu, et à exiger l'introduction de sauvegardes sans équivoque quant au droit des collectivités publiques à réguler.

Nous tenons à votre disposition une note d'analyse préliminaire du texte de l'accord EU-Canada CETA. 

En vous remerciant de votre action, croyez, Madame la Députée, Monsieur le Député, à mes sentiments républicains,

 

 

 

*Pour participer et accéder à l'envoi du mail aux Députés français, cliquer ici

 

 

Source : france.attac.org

 

 

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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 21:33

 

Source : cadtm.org

 

CADTM

 

Interventions de la Troïka en Europe et résistances

Plénière d’ouverture Rencontres d’été du CADTM 2014

19 septembre par CADTM


 


« Pourquoi et comment désobéir aux créanciers ? » : voici la thématique de nos Rencontres d’été 2014 qui se sont déroulées les 13 et 14 septembre à Namur, en Belgique. Un vaste programme en perspective. La séance d’ouverture en plénière du samedi matin était réservée à une discussion sur les mesures d’austérité et les résistances en Europe, laissant une large place aux pays du sud de l’Europe.

Jérôme Duval (CADTM Espagne)

Jérôme Duval a dépeint la situation politique et économique en Espagne ainsi que les luttes sociales en cours. Selon lui, le pays est dirigé par un gouvernement que l’on peut qualifier d’extrême droite (monarchiste, et qui plus est, lié à l’Opus Dei) ;nombreux sont les représentants de la droite franquiste qui figurent à des postes gouvernementaux importants.
Il a cependant souligné la dégringolade en cours des deux grands partis au pouvoir depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, le PP (Partido Popular, généralement considéré comme la droite conservatrice et libérale) et le PSOE (Partido socialista obrero español, parti « social-démocrate »). L’endettement du pays poursuit son ascension, en même temps que les mesures d’austérité frappent la population. On assiste également en Espagne à une répression brutale des contestations populaires, nombreux sont les cas de personnes grièvement blessées, de procès au pénal contre des manifestants, etc.
Face à une corruption galopante et à ce délabrement des institutions, la résistance s’organise. Une des réussites récentes a pris place en ce début d’année, avec la Marche de la Dignité du 22 mars, qui a marqué les esprits en rassemblant des centaines de milliers de personnes. |1| Jérôme a expliqué que l’attrait de cet événement est qu’il a œuvré à la convergence des luttes et qu’il part d’en bas. Cette mobilisation citoyenne a été une source d’espoir pour les mouvements sociaux à travers l’Europe.
La Plateforme d’audit citoyen de la dette (la PACD) poursuit ses nombreuses activités, dont le développement des Observatoires citoyens municipaux (OCM).
Parmi les autres nouvelles réjouissantes, force est de mentionner « l’effet Gamonal » - cette lutte populaire victorieuse contre un projet de spéculation urbanistique dans un quartier populaire de Burgos – ou encore le succès de la formation politique Podemos – plateforme politique issue d’une initiative citoyenne de gauche radicale, phénomène atypique en Europe.
« Face à l’effondrement du bipartisme comportant la droite libérale et la gauche libérale, il y a eu l’irruption de Podemos, ce nouveau parti, qui est plutôt une candidature populaire. Avec une campagne de 150 000 euros - ce qui n’est vraiment pas grand chose - Podemos a réussi à obtenir 1,3 million de votes, soit 7,96% et 5 eurodéputés au Parlement européen. C’est la quatrième force politique du pays, et dans certaines régions, la troisième. On a là une initiative qui part d’en bas et qui a réussi à obtenir des résultats concrets. »

Rui Viana Pereira (CADPP Portugal)

« Au Portugal, on retrouve d’une manière générale, les mesures qui affectent l’Espagne, l’Italie ou la Grèce » a introduit Rui Viana.
L’écart entre « les très riches » et la majorité de la population s’est approfondi ces dernières années. En effet, le salaire minimum atteint à peine 414 euros alors que le seuil de pauvreté s’élève à 409 euros. Or, le coût de la vie au Portugal ne permet pas à un individu de satisfaire ses besoins primaires avec une telle somme par mois. Il y a 2,5 millions de personnes, soit 25% de la population, qui vivent en dessous de ce seuil de pauvreté officiel. Voir des enfants aller à l’école sans avoir mangé est devenu fréquent. « 8% seulement des travailleur.ses.s sont couvert.e.s par des réglementations collectives, cela montre l’état actuel des pratiques syndicales au Portugal », a fait remarquer Rui Viana.

Malgré le peu de visibilité médiatique, les luttes radicales existent. « On assiste à un apprentissage - ou un réapprentissage - du débat collectif à travers des assemblées de rue ». Mentionnons également l’importante mobilisation populaire qui a rassemblé un million de personnes (soit 10% de la population !) dans les rues du pays le 15 septembre 2012 pour protester contre la Troïka et les mesures d’austérité.

Roxanne Mitralias (CADTM Grèce)

Du côté de la Grèce, Roxanne Mitralias a montré comment la Troïka s’empare de la Nature et attaque les biens communs, en utilisant l’endettement comme prétexte à ces politiques.
Après quatre années de mémorandums, et autant de mesures d’austérité, la dette n’a pas baissé du tout. Au contraire, elle est passée de 120% du PIB à 180%. Les pires recettes néolibérales sont appliquées, sur la gestion de l’eau, des déchets, du tourisme, ... Les biens publics se retrouvent privatisés, la liste est longue : la compagnie d’eau de Thessalonique, les trains, les liaisons maritimes entre les îles, les plages, les coopératives agricoles, le Crédit agricole grec, le barrage électrique,… « Tout est offert au secteur privé  » a résumé Roxanne.

« Il y a aussi une politique énergétique extrêmement offensive. Des espaces énormes de terres sont utilisés pour une production industrielle d’énergie éolienne dont le pays n’a pas besoin. Ce qui engendre des risques sur la souveraineté alimentaire de la Grèce. » Cette situation est vécue comme une agression coloniale par la population. Ces projets, qui couvrent tout le territoire, sont déclarés d’intérêt national et balayent toute réglementation environnementale.

On assiste aussi à une politique extractiviste plus classique : de l’or, du gaz, des gaz et huiles de schistes, du pétrole en mer,… tout cela sans réglementation environnementale bien entendu. Un cas emblématique est celui de l’exploration de mines d’or dans les Scouries, en Chalcidique, face auquel une lutte populaire mobilise des milliers de personnes depuis des années.

Catherine Samary (ATTAC France)

Catherine Samary a rappelé que les pays d’Europe de l’Est ont connu une crise de la dette dans les années 80.
Depuis 1993, la Commission européenne joue vis-à-vis des pays de la région dans l’orbite de l’Union Européenne le même rôle que le FMI a joué vis-à-vis des pays du Sud de la planète, en imposant des « ajustements structurels », une destruction sociale et une dépossession massive. L’objectif consiste à attirer les capitaux étrangers par un dumping fiscal et social. Il y a une destruction et une mise en concurrence extrême de cette zone par rapport au reste de l’Europe. Concernant les banques, la situation n’est pas non plus au beau fixe. La part des actifs bancaires sous contrôle étranger est supérieure à 60%, allant parfois jusqu’à 90% !
Entre 2003 et 2008, il y a eu la phase dite de rattrapage historique, les taux de croissance dans beaucoup de pays d’Europe de l’Est étaient supérieurs à ceux des autres pays européens. Mais suite à la crise capitaliste de 2007-2008, une grande crise bancaire a éclaté dans les pays baltes et en Croatie, qui font maintenant face à un effondrement vertigineux de leurs économies.
La particularité pour beaucoup de pays d’Europe de l’Est est que leur dette publique est particulièrement faible, mais que le déficit annuel est très élevé, de même que la dette privée.
Sur la question des résistances, Catherine Samary a évoqué les explosions sociales récentes en Bulgarie, en Slovénie et en Bosnie-Herzégovine. La mobilisation populaire porte également sur les biens communs, notamment à travers un mouvement qui a mis en échec une tentative de privatisation de la santé en Roumanie.

Angelo Basile (Métallurgistes WB-FGTB Belgique)

Angelo Basile a souligné le fait qu’en Belgique la situation est bien moins grave que dans les autres pays présentés précédemment, mais il ne faut pas pour autant minimiser les effets des politiques d’austérité. Il a exposé comment la législation européenne affaiblit les droits des travailleur.se.s belges.

Comme pays fondateur de l’UE, la Belgique a été un moteur dans le processus d’intégration de l’Europe. On a assisté à la création d’un marché unique dont le pendant est l’euro en tant que monnaie unique. « On nous a présenté une série d’avantages : accélérer la convergence économique entre les pays, contribuer à la croissance, diminuer le chômage, on a même dit que la spéculation financière serait terminée. Aucune de ces promesses n’a été tenue à l’heure actuelle » a déclaré Angelo. Avec la libération des marchés de capitaux, l’entreprise devient une valeur actionnariale comme une autre, tou.te.s les travailleur.se.s sont mis.es en concurrence de par le monde.
Les négociations interprofessionnelles ont été rendues de plus en plus compliquées au fur et à mesure de ce qu’on appelle l’intégration européenne. D’après Angelo, «  il y a un travail d’analyse et de sensibilisation à faire sur l’euro et son impact sur les salaires ainsi que sur les conventions collectives de travail. »

Myriam Djegham (MOC Belgique)

D’emblée Myriam Djegham a rappelé que cette offensive néolibérale n’est pas neuve, que si elle s’accélère depuis quelques années, elle est néanmoins visible depuis 40 ans. « Il y a une dépossession du pouvoir monétaire des États, un contrôle des budgets publics, on est en train de vider les États de leurs instruments politiques, avec leur consentement. L’idéologie du libre-échange, il faut analyser ce qu’il y a derrière cette formule : ce qu’on fait, c’est ouvrir le terrain pour un dumping social et fiscal. »

En ce qui concerne les mobilisations, Myriam a avancé une formule qui a toute son importance : « Il est urgent de prendre le temps », prendre le temps pour structurer un mouvement bien organisé, fonctionnant de manière démocratique. « Si on ne peut plus décider de nos vies, on doit au moins décider de la manière dont on s’organise. Prenons le temps aussi de faire un travail culturel pour reprendre confiance en nos capacités d’avoir du pouvoir sur nos vies, pour contrer le "TINA" (« There is no alternatives » de Margaret Thatcher) ». À ce titre, elle a cité l’Alliance D19-20, née en Belgique en 2013 et qui appelle à une mobilisation massive contre toute forme d’austérité et de libre-échange. |2|

Notes

|1| http://cadtm.org/A-Madrid-des-centa...

|2| Dans ce cadre, une mobilisation européenne se tiendra le 19 décembre à Bruxelles, ayant pour ambition de bloquer le 8e round des négociations du TTIP (Traité de libre-échange USA-UE). Plus d’infos : http://www.d19-20.be/

 

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 21:27

 

Source : cadtm.org

 

 

CADTM

 

 

Les mille milliards de dollars qui manquent chaque année pour financer le développement

23 septembre par Virginie de Romanet

 

 


L’ONG américaine ONE dont l’axe de travail est la lutte contre l’extrême pauvreté vient de publier Le casse du siècle : un scandale à mille milliards de dollars. Le rapport estime à au moins 1000 milliards de dollars les sommes perdues chaque année par les pays en développement (PED) et pointe 4 grands facteurs qui sont "des accords opaques liés à l’exploitation de ressources naturelles, l’utilisation de sociétés écrans, le blanchiment d’argent et la fraude fiscale".

En fait, il pourrait s’agir de bien plus de 1000 milliards de dollars car le rapport estime que les pertes subies par les PED se chiffrent entre 972 et 2020 milliards de dollars, on passe donc carrément de plus du simple au double. Une note de bas de page explique la méthodologie de calcul qui se base sur des estimations fournies par le FMI et la Banque des règlements internationaux. Il s’agit en particulier pour cette dernière institution de son rapport de décembre 2013 qui a permis à ONE de calculer "le nombre total de dépôts enregistrés dans les juridictions de paradis fiscaux off-shore" dont le rapport mentionne qu’ils sont au nombre de 50 selon la liste du Governement Accountability Office (GAO) des Etats-Unis |1|.

L’accroche en gras de la page de garde indique que "les pays les plus pauvres du monde sont privés chaque année d’au moins mille milliards de dollars par des criminels qui profitent de l’opacité du système pour dérober des capitaux par le biais du blanchiment d’argent, de la fraude fiscale et du détournement de fonds", l’utilisation du présent laissant entendre qu’il s’agit d’un fait avéré.

Des chiffres solidement documentés

La méthodologie de l’étude nous annonce que ce chiffre se base sur 3 estimations convergentes. La première, celle du groupe de recherche et de plaidoyer du Global Financial Integrity sur l’ampleur des flux financiers illicites qui estime qu’en 2011, 947 milliards de dollars de capitaux ont été perdus par les pays en développement sous la forme de flux financiers illicites. Cette estimation subdivise ces montants en 3 grandes catégories. La plus importante en volume est représentée par la falsification des tarifs commerciaux et la fraude fiscale à hauteur de 60 à 65 % du total. Viennent ensuite les activités criminelles, le trafic d’êtres humains, la vente illégale d’armes, la contrebande, etc. Les recettes de la corruption et de détournement par des fonctionnaires représentent elles environ 5 % de tous les flux financiers illicites à l’échelle mondiale. La seconde estimation provient de l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) qui évalue l’ampleur du blanchiment d’argent à l’échelle mondiale entre 2,1 et 4 % du PIB mondial. Chiffre qui se rapproche de l’estimation du FMI qui prend une fourchette plus large s’échelonnant entre 2 et 5 % du PIB mondial et dont le rapport "Perspectives de l’économie mondiale 2014" avance une estimation chiffrée entre 1910 et 3640 milliards de dollars.
La part relative aux pays en développement est estimée à partir des statistiques du FMI concernant la part du PIB mondial en parité de pouvoir d’achat relative aux pays en développement y compris les pays dits émergents. Cette part représentant 50,8 % de l’économie mondiale ce qui donne lieu à une estimation se montant à la moitié des chiffres cités donc 972 milliards comme estimation basse et 1853 milliards comme estimation haute. Enfin, le troisième chiffrage provient d’un cumul de plusieurs estimations concernant les pertes de recettes pour les pays en développement à partir des coûts globaux cumulés du blanchiment d’argent estimé à la fourchette mentionnée d’entre 1910 et 3640 milliards de dollars et de la corruption entre 600 et 1710 milliards de dollars avec une estimation prudente d’un tiers concernant les pays en développement. Ce qui donnerait selon l’estimation la plus prudente 1010 milliards et 2020 milliards pour les pays en développement.

De tels chiffres représentent une source considérable de moyens pour répondre aux défis de la nécessaire amélioration des conditions de vie pour l’immense majorité des populations du Sud et pour une partie non négligeable des populations du Nord. Ceci sans compter les autres sources de financement représentées par l’arrêt du paiement des dettes illégitimes et ou déjà remboursées par le jeu des intérêts, un impôt exceptionnel sur la fortune, des mesures de justice fiscale incluant la fin des cadeaux fiscaux aux riches et aux grandes entreprises entre autres mesures d’importance.

Une taxation au lieu d’une véritable restitution des sommes dérobées

Là où le bât blesse terriblement est le fait qu’alors que le rapport parle clairement de flux financiers illicites et de pertes pour les pays, il ne parle que de taxer ces montants au lieu de leur confiscation pure et simple au profit des populations du pays d’origine des flux. De 1000 à 2000 milliards de dollars on se retrouve dans leur perspective avec des montants qui ne représentent plus qu’entre 38,4 et 64,1 milliards de dollars, des montants clairement très faibles totalement en porte à faux avec un titre qui n’est guère plus qu’une accroche. En effet, on ne peut guère parler de manière cohérente d’un "casse à mille milliards" de dollars mettant en avant le fait que "les pays les plus pauvres sont privés d’au moins mille milliards de dollars chaque année à cause de personnes qui profitent de l’opacité du système pour détourner des capitaux via le blanchiment d’argent, la fraude fiscale et le détournement de fonds" si ce n’est pas pour préconiser le retour intégral de ces montants dans les pays qui en ont été spoliés.

Le poids des paradis fiscaux : de 5800 à 20 000 milliards de dollars

Par ailleurs, ces mille milliards de dollars sont un flux qui peut être en grande partie mis en rapport avec l’estimation du stock d’actifs détenus dans la paradis fiscaux. Si Gabriel Zucman l’estime dans son ouvrage à 5800 milliards d’euros ce qui selon lui fait perdre aux États 130 milliards d’euros de recettes par an |2|, il se base pour calculer ce chiffre sur des données qui ne prennent en compte que le secret bancaire sans intégrer les autres modes d’évasion fiscale. Sur base des données contenues dans l’édition 2013 du Global Wealth Databook du Crédit Suisse, ONE a obtenu un total de 20 500 milliards de dollars d’actifs non déclarés détenus offshore dont 3200 milliards issus des pays en développement.

Sur ce montant de 20 500 milliards de dollars, il n’est pas clair si les avoirs des résidents de ces territoires sont inclus dans cette estimation ou non car il est bien évident qu’ils doivent être identifiés pour être déduits.
Le rapport identifie 4 axes d’action pour que les montants mentionnés puissent être taxés (et non récupérés dans leur entièreté, ce qui est la grande faiblesse du rapport). Il donne néanmoins des estimations intéressantes et bien corroborées ainsi que des pistes d’action.

Quelles actions à mener ?

La première action préconisée vise à lever le voile sur les sociétés écrans. En effet, le secret bancaire ne couvre qu’une partie des avoirs détournés. Le rapport considère que "ces ’sociétés fantômes’ sont des outils cruciaux pour les blanchisseurs d’argent" et donne le chiffre de 70 % des plus grandes affaires de corruption entre 1980 et 2010 impliquaient des sociétés écrans |3|. Dans un article dans le New York Times, l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies Kofi Annan a exhorté à "lever le voile du secret derrière lequel trop d’entreprises se cachent. Chaque juridiction fiscale devrait être tenue de divulguer publiquement la structure de propriété effective complète des sociétés enregistrées |4|". Cette déclaration de bon sens contraste singulièrement avec son attitude en tant que Secrétaire Général de l’ONU lorsqu’il a ouvert tout grand la porte aux multinationales en instaurant en 2000 un partenariat stratégique de l’ONU avec celles-ci, partenariat connu sous le nom de Global Compact. Selon l’ONG Global Financial Integrity, les pays africains (hors Sud Soudan) ont perdu en 2011 76,9 milliards de dollars à cause des flux illicites.

La seconde action concerne particulièrement le domaine des ressources naturelles, secteur clé puisque le tiers du milliard de personnes les plus pauvres vit dans pays riches en ressources naturelles. Cette action met en avant l’obligation pour les multinationales de publier ce qu’elles paient au titre de l’exploitation de ces ressources. Le rapport met en avant l’émergence en cours d’une norme sur les ressources naturelles que les gouvernements de l’Union Européenne, des Etats-Unis, du Canada et de la Norvège se seraient engagées à appliquer |5| et préconise l’adoption par les pays du G20 d’un système de comptabilité standardisé et obligatoire ainsi que le rehaussement des normes mondiales de transparence en matière de ressources naturelles. Il s’agirait d’arriver à une norme commune obligatoire pour les pays possédant d’importantes ressources naturelles et les pays d’origine des multinationales exploitant ces ressources. Dans ce dernier cas, elles auraient l’obligation de rendre publiques leurs principales informations financières dans les pays où elles sont actives.

La troisième action concerne les mesures à prendre pour lutter contre la fraude fiscale en particulier contre la manipulation des prix de transfert par les multinationales qui déclarer leurs bénéfices par le biais de filiales dans des pays où ils sont faiblement taxés et leurs coûts dans ceux qui permettent les déductions les plus importantes. Le rapport signale que dans les pays développés, les recettes fiscales représentent en moyenne 34,1 % du PIB alors que dans les pays à faibles revenus, elles n’en représentent qu’en moyenne 13 %. Il faut cependant aller au delà de ce chiffre brut et se poser la question de la progressivité car avec les cadeaux fiscaux aux plus favorisés et aux grandes entreprises, la fiscalité est de moins en moins progressive. Une augmentation de recettes fiscales doit s’accompagner d’une meilleure répartition dans leur origine, faisant contribuer davantage ceux qui possèdent et gagnent davantage plutôt que de favoriser la TVA qui frappe le plus durement les plus pauvres qui doivent consacrer la totalité de leurs faibles revenus à la consommation.

La quatrième et dernière action préconisée consiste en la publication des données gouvernementales. Il s’agit de mettre en place des données ouvertes, informations gratuites accessibles à tous "qui doivent être précises, complètes et fournies en temps opportun". Le rapport donne un exemple concret des bienfaits du contrôle citoyen de l’argent public portant sur l’éducation primaire en Ouganda où les écoles primaires ne recevaient que 13 % des fonds qui leur étaient alloués, 87 % étant donc détournés. Il en explique le processus : "la diffusion d’informations sur les transferts de fonds dans les écoles et les bureaux de district est devenue obligatoire et les comités scolaires ont reçu une formation sur la façon d’utiliser ces données pour demander aux autorités de rendre des comptes sur la perception et l’utilisation des fonds. Quatre ans plus tard, les écoles recevaient plus de 90 % des fonds qui leur étaient alloués - un changement spectaculaire rendu possible grâce à la transparence et à d’autres réformes". Si il s’agit d’un enjeu fondamental pour la démocratie, on peut être fortement critique des mesures préconisées pour y parvenir par le biais d’une Charte adoptée par les pays du G8 ou même du G20. Si on reste sur une base volontaire et qu’il n’est pas prévu de sanctions en cas de non respect, il y a fort à parier que les informations les plus sensibles ne seront pas publiées ou ne le seront qu’après coup.

En conclusion ce rapport contient beaucoup de chiffres bien documentés et corroborés d’où son intérêt. Cependant, la vision politique - ou plus exactement apolitique - véhiculée est tout à fait contestable et regrettable. Alors que l’ONG intitule son étude "le scandale à mille milliards de dollars" et souligne que "les pays les plus pauvres sont privés d’au moins mille milliards de dollars chaque année", elle se limite à proposer la taxation de ces montants pour un produit compris entre 38,4 et 64,1 milliards de dollars par an.
On ne fait évidemment pas la même chose avec ces montants qu’avec mille milliards de dollars par an. Or, si cet argent est volé aux pays en développement, il est normal qu’il revienne aux populations de ces pays conformément aux pays d’origine des fonds. Par ailleurs, comme ONE ne se focalise que sur l’extrême pauvreté (et encore pas son éradication mais seulement sa diminution), on ne reste que dans la perspective des Objectifs du Millénaire pour le Développement, dans un contexte d’augmentation de la croissance mondiale sans nullement questionner la répartition des richesses, le rôle clé des institutions financières internationales dans ce modèle y compris pour les pertes mentionnées dans ce rapport, l’exploitation et le modèle capitaliste productiviste.


Le site de ONE.

Le rapport en pdf (à lire en ligne ou à télécharger)

Notes

|1| Sur ces 50 juridictions, 21 sont liées à l’Union Européenne et 10 au Royaume-Uni.

|2| Voir Pascal Franchet "Point de vue partisan sur le livre de Gabriel Zucman, résumé et critiques : La richesse cachée des Nations, enquête sur les paradis fiscaux" http://cadtm.org/Point-de-vue-parti...

|3| Initiative pour le recouvrement des avoirs volés, "Les Marionnettistes : comment dissimuler les avoirs juridiques derrière des structures juridiques et que faire pour l’empêcher"

|4| Kofi Annan, "Stop the plunder of Africa", New-York Times 9 mail 2013.

|5| http://www.rtbf.be/info/economie/de...

 

 

Source : cadtm.org

 

 

 

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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 21:11

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

Comprendre le réchauffement climatique en 4 minutes

Le Monde.fr | 23.09.2014 à 12h01 • Mis à jour le 23.09.2014 à 16h47 | Par Marianne Boyer, Elisa Bellanger, Stéphane Foucart et Olivier Clairouin

 

 

 

Le Monde.fr | 23.09.2014 à 12h01 • Mis à jour le 23.09.2014 à 16h47 | Par Marianne Boyer, Elisa Bellanger, Stéphane Foucart et Olivier Clairouin

  Durée : 03:53  |  Images : Infographie "Le Monde" / Le Monde.fr  

Pourquoi l'homme est-il aujourd'hui considéré comme le principal responsable du changement climatique en marche ? Quel est exactement son impact sur les processus naturels qui régissent la planète ? Hausse des températures, élévation du niveau de la mer, acidification des océans… quelles conséquences auront concrètement ces évolutions sur notre environnement ? Explications et enjeux en moins de quatre minutes.

Le Monde.fr

 

 

Source : www.lemonde.fr

 



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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 17:26

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

Keystone XL: le pipeline géant qui fâche l'Amérique (1)

|  Par Thomas Cantaloube

 

 

 

Un oléoduc gigantesque venu du Canada doit traverser les États-Unis du nord au sud. Pour être finalisé, il attend l'approbation d'Obama. Mais c'est compter sans la mobilisation des citoyens, qui entendent empêcher le passage de ce projet. Première étape de notre reportage: la réserve indienne de Rosebud (Dakota du Sud), où les Amérindiens sont bien décidés à se battre pour que l'oléoduc ne voit pas le jour.

De nos envoyés spéciaux dans le Dakota du Sud.  Avant l’Ouest américain, cette terre de promesses et la fin de la frontière venue buter sur l’océan Pacifique, il y a les sommets enneigés des montagnes Rocheuses. Et encore avant, il y a les Plaines. Les élites des deux côtes appellent ce territoire « fly-over zone » (« la zone de survol aérien »), car il ne s’y passe jamais rien hormis quelques faits divers. La population y est parsemée, ni sexy ni riche, et il faut se sentir des affinités avec la culture du maïs sur des centaines de kilomètres de distance pour apprécier les paysages.

En résumé, le territoire des Plaines est l’Amérique profonde. Dans ce que cela a de péjoratif et de légèrement méprisant face à une population populaire plutôt conservatrice, refermée sur sa « community » et qui a plus vite fait de brandir sa bannière étoilée et sa bible que de citer de mémoire le discours de Martin Luther King « I have a dream… ». Mais cette Amérique profonde est également pleine d’un bon sens ancré dans le labeur et le respect de ses voisins, dans la perspective partagée de bâtir une vie meilleure. Une terre où un hamburger maison, un panier de frites et plusieurs pintes de bière avalés dans un bar avec des bikers et des fermiers représente l’activité idéale pour passer un vendredi soir…

 

Un ranch en territoire sioux sur la réserve de Rosebud 
Un ranch en territoire sioux sur la réserve de Rosebud © Jean-Marc Giboux

Les plaines sont un ensemble d’États qui votent majoritairement à droite depuis des décennies et se considèrent très « business friendly » (pro-entreprises, dirait-on en France). Autrement dit, c’est un endroit où la construction d’un pipeline, un de plus parmi les dizaines qui sillonnent déjà ce territoire, ne devrait pas représenter une grosse affaire, et encore moins un objet de polémique à résonance internationale. Et pourtant…

En 2008, la compagnie canadienne de services pétroliers TransCanada décide d’étendre son pipeline Keystone qui va du grand Nord canadien, dans l’Alberta, jusqu'au milieu des États-Unis, dans l’Illinois. Ce projet, baptisé Keystone XL (pour Export Limited, et non Extra-Large comme on serait tenté de le croire…), doit tracer une ligne quasi directe de 3 200 kilomètres depuis les gisements de sables bitumineux de l’Alberta qui sont en plein boom jusqu’aux raffineries texanes du golfe du Mexique.

Ce n’est pas le chemin le plus court pour exporter le pétrole lourd contenu dans les sables bitumineux – la côte Pacifique est plus proche –, mais c’est le plus facile : il n’y a pas les montagnes Rocheuses à franchir, il y a déjà un réseau d’oléoducs existant auquel se raccorder, les raffineries du sud des États-Unis sont opérationnelles et sont les rares capables de traiter ce genre d’hydrocarbure, et les habitants de la « fly-over zone » semblent plus réceptifs à un tel projet que les politiciens, les écolos, et les tribus indiennes du Canada. C’est, a priori, une affaire pliée…

 

Le parcours du pipeline 
Le parcours du pipeline

Sauf que, six ans plus tard, les 1 400 kilomètres de la partie centrale de l’oléoduc, qui va du nord du Montana au sud du Nebraska, au cœur des Plaines, n’ont pas encore vu le début d’une tranchée ou d’un point de soudure.

TransCanada avait besoin de deux choses capitales pour commencer à mettre les tuyaux sous terre : l’accord de la Maison Blanche (car avec le franchissement de frontière, il s’agit d’une question transnationale), et l’accord des propriétaires terriens sur le tracé du pipeline. Aujourd’hui, aucun des deux n’est garanti. Après s’être montré initialement favorable au projet, Barack Obama a, depuis, repoussé l’accord présidentiel à plusieurs reprises, mal à l’aise à l’idée d’autoriser une gigantesque artère pétrolière destinée à brûler encore plus d'hydrocarbures dans l’atmosphère au moment où la lutte contre le changement climatique, dont il s’est fait un champion, s’intensifie.

Quant à l’assentiment des propriétaires sur le parcours de l’oléoduc, il est devenu la principale pierre d’achoppement du projet. Au point qu’aujourd’hui, on voit mal comment celui-ci pourrait se réaliser sans une explosion de colère, voire de violence, considérable.

Embarquons donc sur la route centrale de ce pipeline. Ni dans les terres du grand Nord canadien, qui sont ravagées par des forages à ciel ouvert, ni jusqu’aux raffineries texanes qui ne rêvent que d’accueillir cet or noir sans se poser de questions. Embarquons plutôt pour ce territoire des Plaines où ce sont les citoyens qui font bouger les lignes (géo)politiques de cet ouvrage présenté comme un bond dans l’avenir, mais qui ressemble pourtant à un projet dépassé.

  • 1re étape, la réserve indienne de Rosebud (Dakota du Sud)

À défaut de posséder des manières (nous le verrons plus tard dans leurs transactions avec les ranchers), les ingénieurs de TransCanada sont des malins. Leur tracé du pipeline Keystone XL dans le Dakota du Sud ne traverse aucune réserve indienne, dans un État où il est pourtant impossible de tracer une ligne droite sans en croiser une. Il n’y a nul hasard à cela. Les réserves possèdent, en plus d’un fonctionnement collectif, leurs propres lois (limitées mais recouvrant généralement les questions foncières). Or les pétroliers canadiens ont senti qu’ils ne seraient pas accueillis dans les meilleurs termes par les descendants de Sitting Bull et Crazy Horse.

Ils avaient raison. Le projet de pipeline a beau savamment contourner les réserves, leurs résidents n’entendent pas laisser passer ce projet. C’est une vieille histoire qui se rejoue là. Une histoire dans laquelle les Amérindiens ont toujours perdu, mais jamais sans se battre.

Nous avons rendez-vous avec Aldo Seoane sur le parking d’un fast-food de Mission, au cœur de la réserve de Rosebud. C’est malheureusement le lieu le plus identifiable d’un territoire qui compte parmi les plus pauvres des États-Unis, où les commerces sont aussi rares que les voitures neuves. Aldo arrive dans un pick-up rouillé orné d’un poster « Non au pipeline ! » avec le dessin d’un serpent ondulant parmi les États des plaines.

 

Aldo Seoane et Wayne Frederick, qui se battent contre le passage du pipeline 
Aldo Seoane et Wayne Frederick, qui se battent contre le passage du pipeline © Jean-Marc Giboux

Aldo n’est pas né sur la réserve et n’est donc pas un Brûlé (le nom originel de la tribu est Sicangu Oyate, « cuisse brûlée »). Il a longtemps vécu en Californie avant de rejoindre sa mère sur la réserve, et c’est sans doute pour cela qu’il fait penser aux activistes écolos hyperconnectés et parfaitement capables de résumer la situation en quelques phrases : « Nous ne voulons pas de cet oléoduc pour quatre raisons. Premièrement à cause des conduites d’eau qui viennent du Missouri et qui nous alimentent pour la consommation et l’irrigation. L’oléoduc va les croiser et il y a donc des risques de fuite. Deuxièmement, nous n’avons pas été consultés, or nous sommes une nation souveraine. Troisièmement, ce projet va déplacer des reliques et traverser des sites mémoriels qui nous appartiennent. Quatrièmement, la construction de l’oléoduc nécessite un camp de travailleurs qui sera à proximité de la réserve, avec tout ce que cela signifie en matière d’augmentation des violences. »

Après nous avoir exposé la problématique et avalé un sandwich, Aldo nous emmène voir le président de la tribu. Indisponible ce jour-là, Cyril Scott a néanmoins tenu à nous recevoir dans son bureau. Nous lui parlons donc au téléphone face à une table et une chaise vide, devant plusieurs photos de lui, dont une en compagnie de Bill Clinton. « Ce n’est pas uniquement une question indienne : l’eau est notre bien le plus précieux et sans elle nous cessons d’exister, les Indiens sur la réserve, mais aussi les populations alentour, les fermiers et les éleveurs », explique-t-il au travers du combiné.

Dans le Dakota du Sud, le Keystone XL doit en effet croiser à deux endroits les aqueducs souterrains qui alimentent en eau la partie occidentale de l’État, dont les réserves indiennes de Rosebud et de Shannon ainsi que le territoire protégé des Black Hills. L’oléoduc et l’aqueduc vont se retrouver sous terre à quelques mètres de distance. En cas de fuite du premier vers le second, les conséquences seraient catastrophiques pour les habitants.

 

 

Paula Antoine s'inquiète de la violence induite par la construction du pipeline

«S’ils décident de construire leur pipeline, ils seront obligés de nous déloger»

L’autre question qui irrite Cyril Scott renvoie au passé des Indiens depuis 150 ans et à leur amère expérience d’avoir été ignorés, floués et cantonnés sur un minuscule bout de territoire qui leur appartenait autrefois en entier. « Nous avons signé des traités, notamment celui de Fort Laramie en 1868, de nation souveraine à nation souveraine, c’est-à-dire directement avec le président des États-Unis. Nous ne devrions pas discuter avec TransCanada mais avec Barack Obama ! » assure Scott. « Par ailleurs, ces traités ont été régulièrement bafoués, mais nous avons toujours la responsabilité des terres où passe le pipeline, même si elles nous ont été volées depuis. »

Les griefs des Brûlés sont parfaitement légitimes et compréhensibles, y compris dans ce que le passage du pipeline soulève de mémoires de spoliations et d’exterminations, mais comment les résidents de Rosebud entendent-ils se battre contre un objet qui ne traverse pas leurs terres ? La première hypothèse, sérieusement envisagée et déjà répétée, est de s’opposer physiquement au creusement de la tranchée. Des activistes de la côte est sont d’ores et déjà venus donner des leçons de « désobéissance civile » aux Indiens et, comme le dit Cyril Scott, « nous serions ravis d’avoir quelques prisonniers politiques pour illustrer la manière dont nos terres et nos traités sont violés… ».


Le camp indien d'Iwska, érigé sur le tracé du pipeline 
Le camp indien d'Iwska, érigé sur le tracé du pipeline © Jean-Marc Giboux

La seconde solution a consisté à dénicher, sur le cadastre morcelé des terres environnantes, une parcelle de terre appartenant à la réserve à proximité du tracé de l’oléoduc. Les Brûlés ont réussi à identifier un champ leur appartenant qui se situe à moins de 30 mètres de la future tranchée (la distance nécessaire au chantier). Ils se sont donc empressés d’y ériger sept tipis, correspondant aux sept tribus sioux lakota de la région, qui sont occupés en permanence et à tour de rôle par les habitants de Rosebud. « Ainsi, s’ils décident de construire leur pipeline, ils seront obligés de nous déloger, de nous chasser et d’abattre les tipis devant les caméras », explique Wayne Frederick, un immense gaillard qui s’occupe de la protection des bisons sur la réserve. « Nous n’avons que notre héritage auquel nous raccrocher. Nous avons nos terres, nos droits et peu importe si nous sommes pauvres, nous n’avons rien à perdre », résume-t-il en se réjouissant par avance de la confrontation entre les Indiens et les bulldozers de TransCanada.

Dans un coin de la parcelle nommée Iwksa (« là où ça tourne »), on aperçoit une hutte à sudation dans laquelle les Indiens se rendent occasionnellement afin de dialoguer avec les esprits. Il y a quelques semaines, un vieux sage de la tribu est resté plusieurs heures dans la hutte et en est ressorti avec une vision : la tribu remportait la victoire et le pipeline n’était pas construit. « Nous nous sentons encouragés », admet Aldo Seoane, qui nous a emmenés au camp et semble perdu dans la contemplation de la prairie qui s’étend à perte de vue.

Le mépris à l’égard des Indiens et l’accaparement de leurs terres appartiennent à une vieille histoire, en effet, mais elle resurgit à nouveau, ici même. Ce qui a changé aujourd’hui, c’est que les Indiens ne sont plus seuls. « Certains fermiers blancs se sont tournés vers nous et nous ont donné leurs terres parce qu’ils estiment que nous sommes mieux armés, y compris légalement, pour résister à la confiscation des terres et aux dangers que pose ce pipeline… », constate Aldo Seoane, sans même ironiser à l’égard de cette situation. « Certains habitants de la région disent aux fermiers : "Vous êtes les nouveaux Indiens !" Et nous sommes devenus leur recours… »

Russel Eagle Bear estime que les traités avec les Indiens sont une nouvelle fois violés

Prochaine étape : La résistance des ranchers du Nebraska

 

Lire aussi

 

Source : www.mediapart.fr

 

 


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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 17:09

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Ecologie populaire

Alternatiba : cet « autre monde » qui vient d’en bas

par Eros Sana 23 septembre 2014

 

 

 

 

Un premier village des alternatives sociales et écologiques, Alternatiba, s’est tenu en Île-de-France, à Gonesse (Val d’Oise). L’occasion pour les participants de s’opposer au projet de centre commercial géant, Europa City, promu par Auchan. Et d’esquisser les contours de cet « autre monde » qui se construit par en bas, dans les coopératives, les associations de recyclage, les initiatives de productions locales, les actions de solidarité internationale ou par la multitude d’expérimentations agricoles. Basta ! a recueilli leurs témoignages et leurs envies.

Toutes les 90 secondes, un avion décollant de l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, tout proche, les survole. En dessous, ils sont près d’un demi-millier à participer à « Alternatiba », un village des alternatives écologiques et sociales, ces 20 et 21 septembre à Gonesse, dans le Val-d’Oise. Initié il y a un an à Bayonne, ces villages temporaires présentant de nouvelles manières de produire et de consommer, des coopératives aux produits bio en passant par des ateliers de recyclage, se multiplient. Les bruyants supersoniques dans le ciel, des alternatives à la crise climatique et environnemental au sol : deux modèles de développement qui ne pourront plus cohabiter bien longtemps.

La menace ne vient pas que du ciel : les participants ont auparavant marché dans la ville de Gonesse, pour notamment protester contre la construction d’un grand projet, jugé inutile et imposé : Europa City. Il s’agit d’un immense centre commercial comprenant 500 boutiques, hôtels, restaurants et un parc à neige couvert. Le tout stérilisant et bétonnant 680 000 m2 de terres arables. Soit l’équivalent de douze grandes pyramides de Gizeh, en beaucoup moins beau ! Le projet est promu par le groupe Auchan (lire également notre enquête). C’est sur le Triangle de Gonesse, sur le terrain même de ce projet contesté, que tentes, stands et estrade se sont installés avec l’objectif de démontrer qu’un « autre monde » est déjà là. Basta ! a recueilli les témoignages de plusieurs participants.

« Une première dans la construction d’alternatives », Valentin Przyluski, militant socialiste

« Je suis venu à Alternatiba parce que ce type de rassemblement, où les gens se rencontrent, discutent et échangent, est une première dans la construction d’alternatives et dans le renforcement des pratiques concrètes et décentralisées. Je suis convaincu qu’il faut limiter tous les projets qui menacent les terres agricoles, qu’il s’agisse d’Europacity ou de Notre-Dame-des-Landes. Je ne suis pas d’accord avec toutes les luttes qui sont mises en avant ici. J’ai par exemple un a priori négatif sur les oppositions au ferroviaire. Je préfère que les gens prennent le train plutôt que l’avion. Je ne m’oppose pas à toutes les LGV (lignes à grande vitesse). A titre individuel, je ne mène pas suffisamment d’actions pour transformer la planète. Mais j’essaye de soutenir tous types d’initiatives qui tentent de défendre la production agricole locale, la plus locale possible. Car c’est par l’agriculture que l’on peut faire prendre conscience de l’obligation d’une consommation durable et locale. L’agriculture, c’est le produit du quotidien. Cela a un impact direct sur la société et la santé. »

« Il faut arrêter de ne penser que par la croissance », Steffie Kerzulec, membre du Collectif Alternatiba Essone

« Je pense que la dynamique lancée par Alternatiba est un grand mouvement qui peut vraiment faire bouger les choses pour le climat. Vu la situation dans laquelle nous sommes, il est indispensable de montrer qu’il y a des alternatives possibles et reproductibles. C’est pourquoi j’essaye de me rendre au maximum de rassemblements Alternatiba pour m’inspirer de ce qui s’y dit. Je suis convaincue qu’il faut arrêter de lancer des projets comme ceux de grands centres commerciaux ou d’aéroports inutiles. Pour cela, il faut arrêter de ne penser que par la croissance et pour la croissance. Il faut commencer à penser sobriété et efficacité énergétiques. Nous devons donc changer d’échelle et relocaliser l’économie. Ce que je fais à titre individuel pour changer la planète ? Je commence déjà par aller tous les jours au boulot à vélo. Ensuite, j’habite dans un logement collectif. Et enfin, je mange bio, car j’essaye d’éviter les pesticides. »

« Les coopératives de salariés peuvent nous éclairer », Vincent Gay, militant d’Ensemble (Front de gauche)

« D’un côté, Alternatiba promeut un type d’alternatives, de l’autre Europacity illustre ces projets fous du capitalisme qui n’ont aucun sens, ni économique, ni social et encore moins environnemental. Il faut donc lier les résistances à la lutte pour l’environnement, les terres agricoles et pour des alternatives à nos modes de consommation. Il existe plein d’exemples qui nous montrent que les gens sont capables de s’organiser différemment. Les AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne) sont les plus connues, mais il y a aussi les coopératives de salariés qui peuvent nous éclairer. L’exemple des Fralib est d’ailleurs exemplaire à ce titre-là.

Pour changer les choses, il y a deux niveaux d’intervention, le quotidien et le politique. Agir au quotidien, à titre individuel ou collectif, ne se limite pas au tri des déchets. Cela s’étend aux déplacements, à la consommation, à la récupération, au recyclage, aux associations de réparations d’objets ménagers… Cela prouve que les gens se prennent en main. Mais on sait que cela ne suffit pas. C’est pour cela qu’il ne faut pas oublier le niveau militant ou politique. C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui. C’est aussi pour cela qu’il faudra se mobiliser pour le climat lors des négociations de la COP 21 en 2015 (la 21ème conférence des Nations unies pour le climat aura lieu à Paris, ndlr). »

« Les grands projets inutiles relèvent de la névrose capitaliste », Jean-Marc Kerric, maraîcher

« Si je participe à la dynamique d’Alternatiba, c’est parce que je me suis reconverti dans l’agriculture il y a cinq ans, dans l’Essonne. Avant, j’étais prof en fabrication mécanique et client d’une AMAP. Les maraîchers que j’ai rencontré m’ont donné la passion de leur métier et m’ont convaincu de sauter le pas et de me reconvertir. Maintenant que je suis agriculteur, je me rends compte que nous avons besoin de paysans pour cultiver les terres et de terres à cultiver. Et c’est ici, en sortant un peu de mon champ, que je peux faire entendre ce type de besoins.

L’une des premières choses à faire pour changer de société, c’est d’empêcher l’accumulation de richesses par quelques-uns. Pour moi, un riche c’est une personne qui en vole une autre. Ensuite, il faut arrêter tous les grands projets inutiles qui relèvent de la névrose capitaliste. Pour changer les choses, je commence déjà par ne pas consommer plus de ce dont j’ai besoin. Ensuite, j’ai fait en sorte de pouvoir vivre sur mon lieu de travail. Je me suis également imposer de réfléchir sur le sens de mon travail. Je ne dis pas que prof est un mauvais boulot. Mais je pouvais faire autre chose en devenant agriculteur. »

« Une révolution du quotidien, des petits gestes », Umit Metin, militant des droits de l’Homme

« Alternatiba représente la résistance à des projets qui détruisent notre société, tant au niveau social qu’environnemental. Moi qui suis un militant contre les discriminations et pour les droits de l’Homme issu de l’immigration turque, je considère qu’il faut soutenir les espaces porteurs d’alternatives. Notamment pour créer du lien et exprimer une solidarité en affirmant que ce n’est pas seulement un combat qui concerne tel ou tel quartier, tel ou tel pays, mais bien un combat contre un système. A titre d’exemple, en Turquie, des projets qui détruisent l’environnement se multiplient : il y a le projet d’un nouvel aéroport, d’un pont gigantesque... Mais il y a aussi de plus en plus de luttes contre ces projets. Ce fut le cas pour les manifestations pour préserver le parc naturel Gezi à Istanbul. Manifestations qui ont été brutalement réprimées.

Ce qui est beau, c’est que de nombreux militants contre le projet de Notre-Dame-des-Landes ont exprimé lors solidarité à Gezi, avec une répercussion certaine là-bas. Le monde est petit, les luttes sont les mêmes. Ceux d’en face utilisent les mêmes méthodes pour faire du profit et toujours plus de profit. Pour changer les choses dans le monde, il faut d’abord commencer par changer les choses dans sa tête. La révolution est aussi une révolution du quotidien, des petits gestes. Petits gestes que j’inculque à mes enfants, vis-à-vis du gaspillage de l’eau, du traitement des déchets… »

Propos recueillis et portraits par Eros Sana

 


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Source : www.bastamag.net

 

 

 

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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 16:55

 

Source : www.liberation.fr

 

 

 

 

Le gouvernement espagnol retire son projet de loi controversé sur l'avortement
AFP 23 septembre 2014 à 14:36 (Mis à jour : 23 septembre 2014 à 18:05)

 

 


Lors d'une manifestation contre le projet de loi sur l'avortement en Espagne, à Madrid, le 1er février.Lors d'une manifestation contre le projet de loi sur l'avortement en Espagne, à Madrid, le 1er février. (Photo Dani Pozo. AFP)

 

Le texte, promesse phare de Rajoy, envisageait de réduire considérablement le droit à l'IVG, y compris en cas de malformation fœtale. Le ministre de la Justice a démissionné.

 

 

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Le gouvernement de droite espagnol a retiré son projet de loi très controversé sur l’avortement, a annoncé mardi le chef du gouvernement Mariano Rajoy, qui avait fait de cette réforme l’une de ses grandes promesses électorales.

Ce projet, modifiant la précédente loi adoptée en 2010 par le gouvernement socialiste, réduit considérablement le droit à avorter en Espagne, y compris dans les cas de malformations du fœtus.

A lire aussi  La carte commentée du droit à l'avortement en Europe

«Le gouvernement a fait le plus d’efforts possibles pour tenter de parvenir au meilleur consensus possible», a déclaré Mariano Rajoy devant des journalistes.

«Nous allons continuer à étudier des formules permettant de parvenir à un meilleur accord sur la réforme. Mais en ce moment, je crois avoir pris la décision la plus sensée», a ajouté le chef du gouvernement.

Le gouvernement Rajoy avait adopté en décembre ce projet, qui n’autorise l’avortement qu’en cas de danger prouvé pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, ou après un viol, mais exclut les cas de malformation du foetus comme motif valable.

Démission du ministre de la Justice

La loi, qui a soulevé une levée de boucliers à gauche mais a suscité aussi de fortes résistances jusqu’au sein du Parti populaire de Mariano Rajoy, n’avait toujours pas été présentée au Parlement, où les conservateurs pourtant disposent de la majorité absolue.

«C’est une loi compliquée, sensible socialement», avait reconnu vendredi la numéro deux du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria. «Le gouvernement veut travailler pour atteindre le consensus le plus large possible», avait-elle ajouté. La loi actuelle autorise l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse pour toutes les femmes.

De plus, en fin d'après-midi mardi, le ministre espagnol de la Justice, Alberto Ruiz Gallardon, a annoncé sa démission après le retrait du projet de loi. «La décision que j’ai prise n’est pas seulement d’abandonner le ministère de la Justice, mais aussi d’abandonner la politique au bout de 30 ans», a déclaré le ministre à la presse, reconnaissant qu’il «n’avait pas été capable» de porter jusque devant le Parlement le texte de loi controversé.


AFP
Source : www.liberation.fr

 

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