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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 16:31

 

Source : www.reporterre.net

 

 

Manifestation contre la désastreuse centrale à biomasse de Gardanne

Pierre Isnard-Dupuy (Reporterre)

lundi 6 octobre 2014

 

 

Dimanche matin, quatre cents manifestants sont venus dénoncer à Gardanne (Bouches-du-Rhône) le projet faussement écologique de la société E.ON. La multinationale de l’énergie veut transformer une unité de la centrale thermique de Provence pour y faire brûler des masses énormes de bois.


- Gardanne, reportage

Ce dimanche matin, encerclés par l’imposant marché hebdomadaire de la ville ouvrière, quatre cents manifestants sont venus dénoncer une « biomascarade ». Elus, responsables d’associations, syndicalistes, citoyens, ils viennent des territoires concernés par l’aire d’approvisionnement en bois de la centrale et par les nuisances de son fonctionnement : Cévennes, Luberon, Pays de Forcalquier, Hautes-Alpes, Baronnies Provençales, Pays d’Aix, Gardanne, Marseille.

Durant une heure et demie, les prises de parole se succèdent sur le parvis de la mairie. Claude Calvet, du Collectif vigilance citoyenne sur la biomasse de Gardanne, dénonce la spéculation financière menée par E.ON, avec l’aide des subventions publiques. Pour lui, outre le manque d’information et de concertation publique, le scandale est économique. Pour encourager la méga-centrale et le profit de ses actionnaires, le recours à l’argent public serait engagé trois fois. Par le biais des subventions, par la contribution au service public de l’électricité payée par les consommateurs et par les impôts locaux finançant les infrastructures nécessaires à l’approvisionnement. Comme des routes au gabarit adapté pour les camions transportant le bois.

Selon Nicholas Bell, du Collectif SOS forêt du sud, « l’appétit démentiel du mastodonte E.ON » n’est pas un cas isolé. Le recours à la biomasse se fait de plus en plus à travers le monde. Il s’agit de « fausses solutions écologiques qui sont de véritables menaces pour la planète de la même façon que les agro-carburants ». Il donne l’exemple du Royaume-Uni où le développement industriel de la biomasse nécessiterait 60 millions de tonnes de bois par an. Ce qui correspond à neuf fois la production forestière de l’ensemble du pays.

D’autres membres de collectifs et d’associations font part des difficultés économiques et environnementales imposées par la centrale sur leur territoire. Tous s’accordent pour dire que c’est la régénération de la forêt méditerranéenne qui sera mise à mal.

Des syndicalistes de l’Office National des Forêts, CGT et solidaires, assurent que l’ensemble des organisations professionnelles de leur secteur sont opposées. Des élus de la région affirment leur volonté d’enterrer le projet. Parmi eux, Hervé Guerrera (Parti Occitan) et Christian Desplat (EELV) conseillers régionaux, Karine Berger, députée PS des Hautes-Alpes, Michèle Rivasi eurodéputée EELV.

François-Michel Lambert, député EELV de Gardanne, par ailleurs vice-président de la commission développement durable et aménagement du territoire de l’Assemblée Nationale, se contente d’une timide demande de moratoire.

Bataille pour l’emploi

Au moment même où se déroulait la manifestation en centre-ville de Gardanne, le syndicat CGT énergie organisait un rassemblement devant l’entrée de la centrale pour affirmer la volonté de défendre l’emploi. Le passage à la biomasse lui paraît une nécessité pour pérenniser les emplois sur site. En juillet, les ouvriers de la centrale thermique de Gardanne sortaient de six mois de grève contre un plan social voulu par E.ON. La suppression de 215 postes en France dont 20 à Gardanne était en jeu.

La centrale thermique a été pensée pour brûler le charbon sorti de terre localement. Très énergivore, l’usine d’alumine (connu pour ses rejets de boues rouges) profite directement de cette source d’énergie. Le début de la chaîne a disparu en 2003. En février de cette année-là les mines de charbon ferment définitivement leurs portes. Depuis cette date, l’emploi industriel est en perte de vitesse sur l’ancien bassin minier.

Aujourd’hui, la ville de Gardanne connaît un taux de chômage de 14 %. Soit deux points de plus que la moyenne des Bouches-du-Rhône. La municipalité PCF soutient pour les même raisons d’emploi le projet E.ON. Juste avant de rempiler pour un septième mandat, le maire Roger Meï déclarait dans les colonnes du Monde : « Les Gardannais ne sont pas inquiets. C’est une ville industrielle et quand ils voient fumer les cheminées, ils sont contents, ça veut dire qu’il y a du travail ». La plupart des Gardannais rencontrés sur le marché ce dimanche ne sont pas informés du projet de centrale biomasse.

Des ouvriers sous pression

Après la dispersion du rassemblement en centre-ville, une trentaine d’opposants au projet d’E.ON se sont rendus en voiture à la centrale pour rencontrer les ouvriers. Alors que les voitures font le tour du rond-point devant la centrale pour chercher à se garer, quelques ouvriers se montrent agressifs. « Rentrez chez-vous ! Vous savez que ça va mal se passer ! » lance l’un d’eux.

Les gendarmes sont présents, prêts à s’interposer. Les opposants à E.ON s’approchent en groupe du portail de l’usine. Une quinzaine d’ouvriers roulent des mécaniques en allant vers eux. Ils se rencontrent aux abords du rond-point. Sous la conduite du secrétaire générale CGT, Nadir Hadjali, la discussion s’engage entre les deux groupes. Elle est cordiale et les plus véhéments renoncent à en venir aux mains.

Les anti E.ON proposent de faire se rejoindre les luttes et de « réfléchir ensemble sur comment on consomme et comment on travail »...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 


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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 15:03

 

Collectif Stop tafta 30, Nîmes anti-schiste, Collectif Halte aux nucléaires Nîmes

TOUS À NIMES samedi 11 octobre 2014,
devant la maison carrée, RDV à 15h pour une grande et sympathique action visuelle à 15h30
Venez nombreux, en famille …...avec vos parapluies et gilets jaunes

Immagine in linea 1
Le 11 octobre 2014, que se passe-t-il ?
C'est la 3ème journée internationale contre l'exploration et l'exploitation des gaz et pétroles de schiste
A l'heure où les scientifiques lancent des cris d'alarme sur le changement climatique,
Alors qu'un très récent sondage BVA (2-10-14) confirme que 62% des français disent "non au gaz de schiste", énergie aux conséquences catastrophiques pour l'environnement et la santé humaine, et grandement émettrice de gaz à effet de serre,
La France continue d'attribuer de nouveaux permis aux sociétés pétrolières et gazières pour explorer notre sous-sol.
Le 11 octobre, mobilisons-nous pour stopper cette industrie mortifère ! www.nongazdeschiste.fr
C'est la 1ère journée d'action européenne contre les accords de libre-échange TAFTA, CETA, TISA et contre les multinationales
Ces sigles désignent des accords de libre-échange et d’investissement négociés dans le plus grand secret. S’ils sont adoptés, ils consacreront la domination des multinationales sur nos sociétés, au détriment des citoyen.ne.s et de la démocratie.
Visant une hypothétique relance de la croissance, ces accords s’attaquent aux normes sociales, financières, sanitaires, culturelles et environnementales. Si elles s’estiment lésées, les multinationales pourront poursuivre les Etats devant des tribunaux privés d’arbitrage, hors de tout contrôle démocratique.
Ces accords menacent de mettre en péril ce qui rend nos sociétés encore vivables.
Le 11 octobre, mobilisons-nous pour faire échouer ces négociations ! www.collectifstoptafta.org
C'est une mobilisation nationale contre le premier salon international de la filière nucléaire au Bourget, le "World Nuclear Exhibition",
Un salon indécent visant à exporter la technologie nucléaire française au quatre coins du globe, et où « plus de 430 exposants s’attendent à rencontrer 7000 visiteurs, en provenance du monde entier » peut-on lire sur le communiqué de presse de l’AIFEN (association des industriels français exportateurs de nucléaire), organisateur du salon.
Alors que nous serons en plein débat parlementaire sur la loi de transition énergétique, et à un an de la conférence climatique COP 21, qui se déroulera elle aussi au Bourget, nous nous devons de réagir afin que le nucléaire ne se positionne pas comme alternative au changement climatique, et pour dire NON aux fausses solutions.
Le 11 octobre, mobilisons-nous pour dire stop au nucléaire !


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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 14:46

 

Info reçue par mail :

 

Une gare TGV à la Mogère. Un projet néfaste imposé, au mépris des usagers et des contribuables   

 
> RFF (Réseau Ferré de France) tente d'imposer une gare TGV appelée provisoirement La Mogère, au-delà d'Odysseum sur la nouvelle voie ferrée dédiée au fret vers l'Espagne, actuellement en construction.

Un choix absurde car il n'y a pas d'interconnexion avec la gare TGV et TER de Montpellier-Saint-Roch. 
> La solution envisagée est un allongement de la ligne 1 de tramway, déjà plus que saturée pour un coût de 40 millions.

La gare n'est pas nécessaire ! La SNCF termine fin 2014 la réfection de la gare de Montpellier pour un coût 
> de 50 millions d'euros. Cette nouvelle gare ex-centrée va coûter environ 200 millions d'euros sur une ligne réservée 
> au trafic de marchandises et dans une zone inondable !
 150 millions pour la gare, 40 millions pour l'extension du tram, 
> plus les parkings et autres aménagements sans compter les inévitables dépassements.
> Un contrat de partenariat public-privé est bien sur prévu avec des clauses secrètes au profit du privé. 
> Ce marché de dupes sera financé par les contribuables.

Tout se joue maintenant ! Une enquête publique « d'intérêt général » s'ouvre à Montpellier jusqu'au 
> vendredi 24 octobre 2014. Elle est ouverte à tous.

 

 

Compléments BernardD :
La question n'est pas la construction de la ligne (en cours) mais celle des gares nouvelles pour Nîmes (on parle de Manduel) et Montpellier (on parle de Mogère), et, tout aussi déterminant : les embranchements pour passer de la ligne nouvelle à la ligne actuelle, car suivant les embranchements qui sont faits on pourra ou ne pourra pas quitter la voie nouvelle pour passer à Nîmes, ou pour passer à Montpellier.
L'autre enjeu est évidemment que la gare de Mogère est prévue par PPP, donc dans l'opacité la plus totale (pour Manduel nous n'avons pas ce même problème, c'est RFF qui finance et fait construire la gare).
Un  autre enjeu  ressemble fort à ce que nous avons vécu à Nîmes avec le projet de tram bus : l'enquête première du projet global avait été annulé, projet réalisé quand même, mais la deuxième enquête sur un prolongement de ligne - contournement de l'Ecusson - est validée alors que  l'intérêt global du projet n'a pas été validé. L'enjeu  est donc aussi que la superposition enquête publique, périodes d'information publique, abandons de parties  de projets sans enquête publique crée maintenant systématiquement perte de lisibilité dans tous les grands projets et donc de démocratie. 
Un travail très précis (et remarquable) d'analyse du projet et des dossiers d'enquête a été élaboré et je l'envoie à qui est intéressé.
Il est évident que la bataille de Montpellier est aussi la nôtre (pourquoi dépenser 200M€ pour une gare qui desservira nettement moins bien l'agglo que celle actuelle qui s'achève maintenant et qui est centrale, et qui a couté 50 M€ ?) mais chez nous c'est pire : la gare prévue est éloignée, et aucune urbanisation cohérente n'y est possible. Donc il faut aller à Montpellier les soutenir pendant l'enquête, mais il faut aussi travailler localement sur le sujet, encore plus grave qu'à Montpellier, et les spécialistes rencontrés sont prêts à venir nous expliquer ce qu'ils ont compris. C'est bien la même bataille, et la communauté d'intérêt Montpellier - Nîmes y est là aussi tout à fait évidente.
Que souhaite le CA ?
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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 14:25

 

 

Lettre d’information 30 septembre 2014

Samedi 11 octobre prochain, nous vous invitons à investir rues, routes et chemins pour dire non aux multinationales et à leur monde. Des actions auront lieu partout en France à l’occasion d’une journée commune de mobilisation. D’abord contre TAFTA, CETA, TiSA et les autres accords de libre-échange que les multinationales et les gouvernements des plus riches économies du monde tentent d’imposer au détriment des peuples et de la démocratie. La lutte contre les gaz et pétrole de schiste sera également à l’honneur à l’occasion de seconde édition du Global Frackdown. Et si ces deux motifs ne vous suffisent pas, vous pourrez vous mobiliser contre LeSalonQuiTue, la « World Nuclear Exhibition », premier salon international de la filière nucléaire organisé au Bourget, à peine plus d’un an avant la COP21 !

Plus d’informations sur la journée de mobilisation du 11 octobre

Actualité

TAFTA, CETA, TiSA, même combat

mardi 30 septembre 2014, par Attac France

La campagne TAFTA bat son plein depuis plus d’un an et les collectifs, en France comme en Europe et aux États-Unis, multiplient initiatives d’éducation populaire, interpellations et actions contre ce redoutable projet d’accord. Créativité et diversité sont au rendez-vous, mais il nous faudra, dès cet automne, redoubler d’effort : objectif, faire échouer les négociations en 2015 !

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Climat : effets d’annonce et vrais renoncements

mercredi 24 septembre 2014, par Attac France

Ce mardi 23 septembre, lors du sommet pour le climat organisé par Ban Ki-moon à New-York, François Hollande a annoncé que la France « contribuerait à hauteur d’un milliard de dollars sur les prochaines années » au Fonds vert pour le climat (FVC). Un décryptage élémentaire démontre que cette annonce apparemment spectaculaire est en réalité si minimaliste et si floue qu’elle en devient dérisoire.

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Campagnes

Au-delà de cent organisations des deux côtés de l’Atlantique dénoncent un accord qui enrichira les entreprises multinationales, au détriment des droits des populations

jeudi 25 septembre 2014, par Collectif

Le sommet Canada-Union européenne, qui s’ouvre ce 26 septembre à Ottawa, marquera la clôture des négociations de l’Accord économique et commercial global (AÉCG) entre le Canada et l’Union européenne.

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Pour que la campagne contre le projet d’accord transatlantique soit un succès !

lundi 22 septembre 2014, par Attac France

Vous le savez, le projet de traité transatlantique (TAFTA) est sur les rails. Son adoption porterait un coup terrible aux normes sociales, sanitaires et écologiques des deux côtés de l’Atlantique. L’accord UE-Canada (CETA) est encore plus avancé, alors que l’accord sur les services (TiSA) progresse.

Pour faire dérailler ces négociations, Attac s’implique à fond dans l’animation d’une grande campagne d’éducation populaire et de mobilisation en France, en Europe et avec nos partenaires nord-américains. Pour y parvenir, nous lançons aujourd’hui une souscription spéciale « campagne TAFTA 2014 » dont le produit nous permettra de renforcer notre action : édition de brochures, d’un livre, de tracts, de kits pour l’action et de tout matériel de campagne utile aux comités et militant⋅e⋅s sur le terrain.

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Climat : faire de Paris un Seattle de la finance carbone et des fausses solutions

mardi 30 septembre 2014, par Attac France

Du 30 novembre au 11 décembre 2015, l’aéroport du Bourget, près de Paris, va accueillir la 21e conférence de l’ONU sur les dérèglements climatiques, la COP21. Six ans après le sommet de Copenhague, l’attention des médias internationaux devrait à nouveau se tourner vers le climat à l’occasion de cette nouvelle conférence qui est supposée aboutir, selon Laurent Fabius, à « un accord applicable à tous, juridiquement contraignant et ambitieux, c’est-à-dire permettant de respecter la limite des 2 °C ».

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Nouveaux mécanismes financiers, prépondérance du secteur privé, techno-sciences… un sommet des fausses solutions ?

mercredi 17 septembre 2014, par Attac France

Passer à l’action contre le changement climatique, oui. Promouvoir des fausses solutions, non. Ce d’autant plus que des pistes alternatives au business as usual existent et devraient faire l’objet du soutien politique et financier des institutions internationales et des gouvernements.

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CETA, marche-pieds pour l’Accord transatlantique

mercredi 10 septembre 2014, par AITEC, Attac France

Le texte de l’accord « CETA » formellement conclu le 5 août entre l’Union européenne et le Canada est maintenant établi.

La version « fuitée » aux alentours du 10 août est une version dite consolidée, c’est-à-dire qu’elle est présentée de manière organisée sans que la numérotation des articles soit réalisée. Le texte est daté du 1er août, c’est donc la version la plus récente existante. Elle n’a donné lieu, pour l’heure, à aucune publication officielle.

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Agenda

Journée européenne d’action contre le TAFTA le 11 octobre 2014


Quand ? Samedi 11 octobre
Où ? Partout en France (détails à venir)

Journée européenne d’action Stop TAFTA - CETA -TISA le 11 octobre
Mobilisations partout en France
Manif’action à Paris - rdv 14h30 place de Stalingrad

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Multimédia
Attac passe à l'action à Jersey

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Attac passe à l’action à Jersey

Walden Bello à l'ESU 2014 : Domination géopolitique des États-Unis

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Walden Bello à l’ESU 2014 : Domination géopolitique des États-Unis

Desmond D'Sa à l'ESU 2014 : Lutter contre les multinationales

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Desmond D’Sa à l’ESU 2014 : Lutter contre les multinationales

Khaled Gaïji à l'ESU : résister à l'agression publicitaire

+ vidéo

Khaled Gaïji à l’ESU : résister à l’agression publicitaire

Interview de Bernard Mounier, président de l'assocation « Eau Bien Commun (...)

+ vidéo

Interview de Bernard Mounier, président de l’assocation « Eau Bien Commun PACA »

Et vous, que feriez-vous pour relancer l'économie en France (...)

+ vidéo

Et vous, que feriez-vous pour relancer l’économie en France ?

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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 14:16

 

Source : www.reporterre.net


 

L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie

vendredi 3 octobre 2014

 

 


L’édition de poche du livre est parue en collection Points, avec une préface originale et au prix de 7 €.


L’OLIGARCHIE CA SUFFIT, VIVE LA DEMOCRATIE

Sommes-nous en dictature ? Non. Sommes-nous en démocratie ? Non plus. Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste.

En réalité, nous sommes entrés dans un régime oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs anciens et qu’ont oubliée les politologues : la domination d’une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l’ensemble des citoyens.

Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie : cela suppose de reconnaître l’oligarchie pour ce qu’elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques.


Car la crise écologique et la mondialisation rebattent les cartes de notre culture politique : l’Occident doit apprendre à partager le monde avec les autres habitants de la planète. Il n’y parviendra qu’en sortant du régime oligarchique pour réinventer une démocratie vivante. Si nous échouons à aller vers la Cité mondiale, guidés par le souci de l’équilibre écologique, les oligarques nous entraîneront dans la violence et l’autoritarisme.

Au terme de ce récit précisément documenté mais toujours vivant, le lecteur ne verra plus la politique de la même façon.


Lire des extraits :

- Les 20 premières pages

- « Pourquoi ne se rebelle-t-on pas ? »

- « Les trois scénarios »

- La croissance impossible

Un bref résumé :

- La démocratie, l’oligarchie, l’écologie


Un député lit le livre à l’Assemblée. C’était le 23 juillet 2013. Encore une de ces assommantes séances de questions au gouvernement. Que faire pour ne pas mourir d’ennui ? Lire un bon livre, a décidé Pascal Cherki, député PS de Paris :

Source : Le Lab, Europe 1

En Algérie, recension par Maurice Tarik Maschinodans El Watan : "Lisez d’urgence L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie, le petit livre – accablant, effrayant – d’un journaliste essayiste, le 25 avril 2013.

Noël Mamère, février 2013 : "Hervé Kempf l’a dit mieux que je pourrais l’exprimer : si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie. Cela suppose de reconnaître l’oligarchie pour ce qu’elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques." (Rue89).

Entretien en portugais avec Eduardo Febbro, pour Carta Maior, le 21 janvier 2013 : « Vivemos em uma ditadura ou em uma democracia ? »

Stéphane Hessel : "Il faut lire le livre de Hervé Kempf sur l’oligarchie. Nous ne vivons pas dans une société démocratique, mais dans une société oligarchique où un ou deux millions de personnes, sur les sept milliards que nous sommes, détiennent l’essentiel des leviers de commande", in : Stéphane Hessel et Elias Sanbar, Le rescapé et l’exilé, éd. Don Quichotte, 2012, p. 104.

Video : Participation à l’émission Ce Soir ou jamais, le mardi 27 novembre 2012. Cet extrait présente le débat sur Notre Dame des Landes

Video : Animation du débat Des écologistes au gouvernement, pour quoi faire ? - hélas, 30 secondes de publicité avant la vidéo...

Musique : Eco-crisis par Axon Sound

Vidéo : Intervention dans le documentaire, Changements climatiques : menace pour la paix, sur Arte, diffusé en avril 2011 sur Arte

Video de la conférence aux Rencontres Déconnomiques d’Aix-en-Provence, le 7 juillet 2012 : Economie politque du post-capitalisme

Compte-rendu de l’intervention à Montréal le 9 juin 2012 lors du Festival Solidarités d’Alternatives

Un résumé en hongrois : Demokrácia, oligarhia, ökológia


Lire Le livre du mois (d’avril 2012) de la revue LMDP pour les enseignants de français.

Lire : les deux références d’Eva Joly en ce qui concerne l’environnement sont Edgar Morin et Hervé Kempf

Voir ITV vidéo avec Patricio Arena, sur Novacité, enregistrée en novembre 2011, où l’on parle du Chili, de Chavez, et du capitalisme versus écologie.

Lire la 32e raison de ne pas voter Sarkozy.

Voir ITV vidéo à Silfiac, le 4 février 2012, par Bretagne durable, ainsi que le compte-rendu des débats de cette journée sur la démocratie.

Voir la vidéo du débat à Chambéry le 21 janvier 2012 sur TV net citoyenne

Ecouter l’analyse du Forum de Davos et de l’évolution du capitalisme sur Radio Canada, en entretien avec René Homier-Roy dans l’émission « C’est bien meilleur le matin » le 27 janvier 2012.

Ecouter un résumé vidéo du débat avec Marie-Claire Cailletaud, à l’Université citoyenne du Blanc Mesnil le 9 janvier 2012. Enregistrements intégraux ici

Lire : L’oligarchie à Genève ? Rassurons-nous, rien de tout cela... La fin des haricots

Lire le compte-rendu du débat à l’Université populaire de Roubaix en juin (6 décembre 2011).

Voir le débat avec Pascal Bruckner animé par Daniel Schneidermann, le 2 décembre 2011, sur Arrêt sur image (sur abonnement).

Lire l’entretien avec Stéphane Poirier, de Mouton noir, de Rimouski, au Québec (11 novembre 2011).

Ecouter l’entretien avec Kristyna Gavrinevov sur Euraradio Nantes, diffusé le 9 novembre 2011.

Lire Réponse à Pascal Bruckner, entretien avec Thierry Boutte, de La Libre Belgique (10 novembre 2011).

Benjamin Ball, "indigné", lit L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie. Et l’émission "Grain à moudre" à laquelle il a participé, sur le mouvement des indignés, justement, est bien intéressante

Ecouter la conférence débat à Bayonne le 22 juillet 2011 à la Fondation Manu Roblez-Aranguiz : Radio Cultura, chercher le mot "oligarchie" pour trouver l’enregistrement.

Lire « Il y a un désir populaire de sortir du capitalisme pour aller vers une société écologique », entretien avec Audrey Chauvet, de 20 Minutes (28 octobre 2011).

Voir le débat sur l’écologie avec Pascal Bruckner et Yves Paccalet dans l’émission "Ce soir ou jamais" le 4 octobre 2011.

Lire « Pour sauver la planète, il faut changer le système », entretien avec Marcela Valente, d’IPS News (septembre 2011).

Voir La France devient-elle une oligarchie ? dans l’émission "Ce soir ou jamais" le 26 janvier 2011.

Voir l’ITV vidéo sur le thème "Capitalismo y medio ambiente" sur Agenda Pública, el programa periodístico de la Universidad Nacional de Rosario (Argentina) ; sous-titres et commentaire en espagnol (septembre 2011).

Leer : Entretien avec Soledad Barruti, de Pagina 12 (quotidien de Buenos Aires), le 25 septembre 2011, El planeta de los CEOs

Voir l’entretien avec Heiner Wittman sur l’énergie nucléaire, réalisé en août 2011.

La lecture de "L’oligarchie ça suffit..." par Jean-Luc Mélenchon...

 

*Suite de l'article sur reporterre


 

Source : www.reporterre.net

 

 

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 16:52

 

Source : www.marianne.net

 

 

Mille vaches ? Non, mille ouvrières invisibles !
Samedi 4 Octobre 2014 à 05:00

 

Jocelyne Porcher*

 

"Quel peut être le sentiment d'une vache, une de celles qui sont récemment arrivées sur le site encadrées par la police et quasiment traite manu militari ? Quelle va être sa vie dans cet établissement censé conjuguer compétitivité, productivité, rentabilité, adaptabilité, profitabilité ?" Jocelyne Porcher, directrice de recherche à l'Inra, répond à ces questions en imaginant le quotidien morne et triste des "ouvrières" à cornes de la ferme-usine des "mille vaches"...

 

MARS JEROME/JDD/SIPA
MARS JEROME/JDD/SIPA

 

Mille vaches ? Non, mille ouvrières invisibles !
>>> Tribune parue dans Marianne daté du 26 septembre

Parmi les acteurs du conflit qui oppose les promoteurs du projet « mille vaches » et ses détracteurs, les vaches sont rarement citées. Pourtant, au-delà des questions de « bien-être animal », qui peuvent du reste être rapidement évacuées, considérant que la conception des bâtiments a sans nul doute intégré ce paramètre zootechnique en veillant à une ventilation ad hoc ou à des logettes réglementaires, la prise en considération des vaches a visiblement été oubliée. Pourtant, 1 000 vaches, ou 500, ou 300, cela veut dire une vache, une autre vache, une autre vache... Toutes ces vaches forment un troupeau mais chaque vache est un individu singulier. Quel peut être le sentiment d'une vache, une de celles qui sont récemment arrivées sur le site - par exemple la 312 -, encadrées par la police et quasiment traite manu militari ? Quelle va être sa vie dans cet établissement imposé en France comme un nouveau modèle de production laitière sachant conjuguer compétitivité, productivité, rentabilité, adaptabilité, profitabilité... et électricité à l'heure de la fin des quotas laitiers ?

Dès son arrivée, la 312, une prim'Holstein comme il en existe des millions dans le monde, n'a pas manqué de remarquer que son lieu de vie n'était pas une étable, pas une ferme, mais une usine. Donc qu'en dehors de toute autre rationalité la production résumerait toute son existence. Elle a pu dès lors prévoir que celle-ci allait être courte, voire très courte. Il ne serait pas question de pâturage, de rumination à l'ombre du soleil ou à l'abri d'un arbre sous la pluie, de retour à l'étable la panse rebondie, d'échanges affectueux avec un éleveur bio « né dans les vaches », anxieux à l'idée qu'elle l'attende sous l'orage. Non, rien de tout cela. L'usine. Des conditions de travail tracées au cordeau du profit maximum. Un espace clos sur lui-même, une nourriture sans variété (ensilage de maïs-soja - probablement importé, probablement OGM -, compléments médicamenteux), des congénères affligées se croisant à l'entrée de la salle de traite. La salle de traite, trois fois par jour. Des ouvriers humains qui s'activent sans relâche à la machine à traire. Des vaches ouvrières qui suivent les procédures. Des ouvriers, des ouvrières, des machines. Une usine. Où ne comptent ni les humains ni les vaches ni même ce qu'ils produisent ensemble. La 312 sait que les quelque sept cents jours (dans le meilleur des cas) qui lui restent à vivre vont être la répétition d'un seul jour sans rapport aucun avec son monde à elle, son monde de vache.

Car la 312 aime marcher, et même courir, elle aime pâturer et manger des fleurs, elle aime ruminer auprès d'une copine, échanger des impressions, se castagner un peu à l'occasion, regarder tout ce qui se passe alentours, car elle est curieuse et méditative. Elle aime élever son veau - et même si donner son veau à l'éleveur ne lui plaît pas et qu'elle voudrait drastiquement renégocier les conditions de ce don, elle y consent pour l'instant. Elle aime écouter la radio le soir au moment de la traite, surtout la musique quand son éleveur chantonne au rythme cadencé de la machine. Elle aime la paille propre dans l'étable l'hiver, et elle aime attendre au chaud le retour du printemps.

A Abbeville, à l'usine, il n'y aura ni éleveur, ni printemps, ni hiver. Un seul jour répété mille fois. Pour mille vaches.

Quel immense gâchis collectif pour le bénéfice à court terme de quelques-uns ! Cette usine va produire de l'électricité, du lait à un prix bradé, des veaux considérés comme des sous-produits de la production électrique. Elle va contribuer à jeter sur le marché mondial sans protection aucune des éleveurs à qui on fait croire depuis cinquante ans, de façon réitérée et pourtant contredite par les faits, que la modernisation, en vérité l'industrialisation, de leur métier est inévitable et d'un rapport gagnant/gagnant. Depuis les charniers de la « vache folle », ce credo a perdu de sa séduction, mais pas de sa puissance, comme en témoigne la promotion, voire l'utilisation obligée, dans les exploitations des nouvelles technologies appliquées aux productions animales. Notons que la production d'énergie via les animaux d'élevage n'est pas une nouveauté puisque la filière porcine industrielle a montré l'exemple en valorisant efficacement, via des composteurs ou des méthaniseurs, les cadavres de porcs (malades, improductifs, sous-productifs...), sous-produits de la production de viande dont elle ne savait plus que faire. Abbeville n'est qu'un symptôme.

Ce sont les productions animales dans leur ensemble, ici et ailleurs, qui imposent leur logique mortifère à nos existences. Les vaches ne vivent pas avec nous, ni nous avec elles depuis des milliers d'années pour le bénéfice des investisseurs, mais parce que la vie est plus belle ensemble que séparés. Mieux vaudrait s'en souvenir avant qu'il ne soit trop tard.


* Jocelyne Porcher est directrice de recherche à l'Inra, auteur de Vivre avec les animaux, une utopie pour le XXIe siècle (Ed. La Découverte).

 

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 16:42

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

ça bouge ! Forum pour l’accès aux droits

« Des millions de nos concitoyens sont exclus de l’accès aux soins »

par Aline Archimbaud 2 octobre 2014

 

 

 

 

 

En matière d’accès aux soins, et face aux difficultés qui s’accumulent, des millions de personnes ne font plus valoir leurs droits. « Les coûts de long terme du non recours aux soins sont catastrophiques », estime la sénatrice de Seine-Saint-Denis, Aline Archimbaud, qui en appelle à un choc de solidarité. D’autant que ces difficultés pour être soignés se cumulent souvent avec le mal-logement, l’impossibilité d’accéder aux loisirs ou la précarité de l’emploi. Pour faire émerger des propositions concrètes face à ce mal-être social, l’élue organise un forum pour l’accès aux droits en Seine-Saint-Denis, les 10 et 11 octobre prochains.

La mission parlementaire de l’an dernier sur "l’accès aux soins des plus démunis" l’a confirmé : des millions de nos concitoyens en grande précarité, des salariés pauvres, intérimaires, en contrats courts, en temps partiels subis, des jeunes ou retraités modestes sont dramatiquement exclus de l’accès aux soins.

Ces très grandes inégalités dans l’accès à la santé se cumulent avec d’autres : non accès aux droits au logement, à l’emploi, aux transports, à la formation, à la culture, aux aides sociales, à la protection judiciaire, au sport, à l’énergie, la nature... Les mêmes mécanismes jouent en spirale et les mêmes catégories en subissent les conséquences. Le non recours aux soins a en effet un caractère transversal et cumulatif : ce sont souvent les mêmes populations qui ont des problèmes de logement, renoncent à se soigner, ou sont sans emploi. Le résultat est là : des millions de personnes ne font même plus valoir les droits qui leur sont pourtant conférés par la loi.

40 mesures à portée de main

Alors que les coûts de long terme du non recours sont massivement catastrophiques, certaines institutions, et y compris l’État, spéculent discrètement sur ce renoncement pour réaliser des économies de très court terme. Dans son rapport remis au Premier Ministre en septembre 2013 la sénatrice Aline Archimbaud en appelait comme bien d’autres avant elle à "un choc de solidarité".

Elle proposait 40 mesures, à portée de main :
· Une vague de simplifications radicales s’attaquant enfin à des lourdeurs bureaucratiques kafkaïennes,
· La suppression des obstacles financiers les plus lourds,
· La mise en place de dispositifs de prévention accessibles,
· L’encouragement à l’essaimage de nombreuses pratiques innovantes mais peu
reconnues.

Quelques-uns de ces éléments ont été pris en compte par les pouvoirs publics, mais il reste beaucoup à faire. Il est donc temps de faire entendre plus largement ces interpellations et surtout de les élargir à tous les thèmes et populations concernés par le non recours aux droits. C’est aussi un choix de responsabilité quand on considère que cette situation nourrit les divisions au sein de la société, remet en cause la cohésion sociale, et favorise la montée des extrémismes.

La Seine-Saint-Denis, un exemple et un levier à l’échelle du pays

Voilà pourquoi afin de lancer une dynamique nationale de mobilisation nous proposons la tenue d’un premier forum pour l’accès aux droits en Seine Saint Denis, qui se déroulera les 10 et 11 octobre 2014, à l’université de Paris 8-Saint Denis [1]. Ce département est en effet à la fois un révélateur, un exemple et un levier à l’échelle du pays.

Il s’agit, en deux vagues d’ateliers, par domaines puis par catégories de personnes concernées, de faire émerger des propositions très opérationnelles, de court ou moyen terme. Il s’agit ensuite de porter dans une plénière ces propositions à la connaissance et à la réaction des décideurs locaux (administrations, services publics, institutions, collectivité) qui accepteraient de se soumettre honnêtement à cet exercice démocratique en face à face. Il s’agit enfin de décider des formes souples de coordination permanente et d’action entre tous les acteurs qui voudront s’investir dans la suite de la mobilisation et notamment dans d’autres forums du même type.

Nous appelons les associations, syndicats, les professionnels, universitaires, les experts citoyens et tous ceux qui se sentent concernés à se joindre à nous pour préparer ce forum, à contribuer sur le site que nous mettrons en place, et à lui donner le maximum d’écho.

- Pour connaître le programme complet du forum et pour vous inscrire, rendez-vous sur le site Internet d’Aline Archimbaud.

Photo : CC William Hamon

 

Notes

[1Avec la participation de l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore) et de la revue Alternatives Economiques.


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Source : www.bastamag.net

 

 

 

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 16:33

 

Source : www.mediapart.fr

 

Assistance médicale à la procréation, GPA, familles: la grande régression

|  Par Mathieu Magnaudeix

 

 

 

À chaque démonstration de force de la "Manif pour tous", le gouvernement socialiste, comme tétanisé, ne cesse de donner des gages aux plus conservateurs. Au nom de l'« apaisement », le PS au pouvoir a renoncé à imposer les termes du débat. Les derniers propos de Manuel Valls sur les mères porteuses n'en sont qu'une illustration supplémentaire.

« La GPA est et sera interdite en France. » Dans le quotidien catholique La Croix, à deux jours d'une nouvelle manifestation de la "Manif pour tous", le premier ministre Manuel Valls a donné ce vendredi 3 octobre de nouveaux gages à la droite conservatrice

Pas question, dit-il, d'autoriser le recours à la gestation pour autrui (GPA), autrement dit le recours aux mères porteuses. « C’est le choix très ferme du président de la République et de son gouvernement, explique-t-il. La France n’a jamais varié sur ce sujet. Elle est opposée à la légalisation de la GPA qui est, il faut le dire, une pratique intolérable de commercialisation des êtres humains et de marchandisation du corps des femmes. » Manuel Valls va même plus loin, contestant un arrêt récent de la Cour européenne des droits de l'Homme qui impose à la France de reconnaître la filiation des enfants nés de GPA à l'étranger. En 2011, Manuel Valls était pourtant favorable à une GPA encadrée.

Mais c'était il y a trois ans. Depuis qu'il est premier ministre, Manuel Valls est coutumier des clins d'œil à la frange la plus conservatrice de la société française. Dès son arrivée à Matignon, en avril 2014, il avait fermé la porte à toute extension de l'AMP (pour assistance médicale à la procréation, aussi appelée PMA) aux couples de femmes d'ici la fin du quinquennat. Une annonce faite… depuis le Vatican ! Évidemment, ces déclarations ne peuvent être faites sans l'aval du chef de l’État lui-même, que l'on sait frileux sur les sujets de société.

Dimanche 5 octobre, des dizaines de milliers de manifestants de la "Manif pour tous" défileront à Paris et à Bordeaux. La loi autorisant le mariage aux couples de même sexe ayant été votée en avril 2013, la "Manif pour tous", mouvement constitué pour lutter contre la loi, porte désormais le combat sur d'autres terrains : contre la fameuse "théorie du genre" (qui, faut-il le rappeler, n'existe pas) ; contre le recours aux mères porteuses (la fameuse GPA), présentée comme une revendication unanime des associations LGBT (lesbiennes, gay, bi, trans), ce qui n'est pas le cas ; contre l'ouverture aux couples de femmes de l'AMP.

À droite, ces deux sujets, qui ne concernent qu'une minorité de Français, sont devenus identitaires, comme des marqueurs obligés de tout programme conservateur digne de ce nom. Dans son embryon de programme dévoilé jeudi 2 octobre, Nicolas Sarkozy n'avance que quelques idées, dont très peu sont nouvelles. En revanche, l'AMP et la GPA figurent en bonne place. L'ancien chef de l’État, candidat à la présidence de l'UMP, propose ainsi d'inscrire dans la Constitution « des verrous juridiques pour réserver la PMA aux couples hétérosexuels infertiles et interdire complètement la GPA ».

L'AMP et la GPA, que la droite conservatrice mêle volontiers, n'ont en réalité pas grand-chose à voir, ne serait-ce qu'au regard de la loi. L'une (la GPA) est strictement interdite. L'autre est autorisée en France depuis 40 ans, mais réservée sous conditions aux couples hétérosexuels infertiles : la question posée n'est pas celle de son autorisation, mais de son extension (lire ici notre article).

En fait, si AMP et GPA sont volontairement mêlées comme les deux revers d'une même médaille par la frange la plus conservatrice de la société française, c'est que ces deux pratiques ont en commun de concerner (mais pas exclusivement) des couples homosexuels désireux d'avoir des enfants. Face à cette offensive idéologique d'une droite galvanisée, teintée d'une homophobie sous-jacente et qui s'exprime parfois crûment, l'attitude du PS au pouvoir ne laisse pas d'étonner. Au lieu de démêler les amalgames entretenus par les opposants à l'égalité des droits, il semble les conforter. Au lieu de reformuler les enjeux de ces questions de société dans un sens progressiste, il laisse la "Manif pour tous" et la droite réactionnaire définir les termes du débat. Au lieu d'encourager la société à discuter de façon constructive de ces sujets complexes, il oublie ses questionnements passés et contribue à rabougrir le champ du débat public. 

Il y a d'abord eu le mariage des couples de même sexe, certes voté le 23 avril 2013, mais porté du bout des lèvres par un pouvoir hésitant. Pour l'heure, une des seules mesures de gauche que François Hollande, président sans résultats sur le terrain économique et social, pourra mettre à son actif à l'heure du bilan.

Puis c'est l'AMP pour les lesbiennes qui fut abandonnée. C'était un engagement du PS depuis des années. François Hollande l'avait aussi promise pendant la campagne présidentielle. Au terme d'une spectaculaire série d'engagements non tenus et de renoncements, le pouvoir a finalement décidé de l'exfiltrer de la loi sur le mariage des couples de même sexe. Il a ensuite renoncé à la faire voter. Avant de sous-traiter la question, devenue trop délicate pour lui, au Comité national d'éthique. Celui-ci doit en théorie donner son avis début 2015, mais ne se hâte guère. La loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels a été si prudente qu'elle a laissé les tribunaux dans le flou face à des cas d'adoption au sein de couples de lesbiennes mariées. Il y a quelques jours, après des mois d'incertitude juridique, la Cour de cassation a levé l'ambiguïté, validant l'adoption d'enfants nés de procréation médicale assistée dans ce cas (lire notre article).

Au lendemain d'une nouvelle '"Manif pour tous", il y eut aussi un recul, au début de cette année, sur la loi famille. Le premier ministre s'appelait encore Jean-Marc Ayrault. Découpée en trois, elle est aujourd'hui en jachère au Parlement. Elle concerne pourtant des sujets qui touchent toutes les familles, comme la filiation, l'autorité parentale ou l'adoption. Mais même sur ces sujets, la gauche au pouvoir a renoncé.

Hystérie collective

La gestation pour autrui est, enfin, une autre illustration de ce renoncement. Interdite en France depuis 1991, elle est légale, tolérée, ou possible dans plusieurs autres pays : Grande-Bretagne, Danemark, Canada, certains États des États-Unis, Belgique, Pays-Bas, Géorgie, Ukraine, Inde, etc. Le recours aux mères porteuses pose bien sûr des questions éthiques considérables. Elle dérange, à gauche comme à droite, les opposants à la marchandisation du corps, dont les arguments sont solides.

Il y a quelques années, c'était encore un sujet dont la France pouvait débattre sereinement.

En 2008 au Sénat, un groupe de travail sur la GPA, où l'on retrouvait des parlementaires de gauche et de droite, proposait d'« autoriser la gestation pour autrui en l'encadrant », tout en se montrant très réservé sur son utilisation par des couples homosexuels. En 2010, 22 sénateurs UMP et centristes avaient demandé sa légalisation. Secrétaire d'État à la famille, la très sarkozyste Nadine Morano s'était elle aussi dite favorable à un « cadre légal » sur la GPA.

En 2010, le bureau national du PS avait tranché pour un maintien de l'interdiction, en raison des « risques que représentent l'instrumentalisation du corps de la gestatrice et sa possible marchandisation ». Mais le débat avait été âpre (lire ici notre article). Plusieurs personnalités (Benoît Hamon, Élisabeth Guigou, Lionel Jospin, Michel Rocard, etc.) la dénonçaient alors comme une « extension du domaine de l'aliénation ». Plusieurs dizaines d'intellectuels, élus et responsables socialistes s'étaient en revanche prononcés pour une légalisation encadrée. Parmi eux, Najat Vallaud-Belkacem ou Alain Vidalies, actuels ministres du gouvernement Valls. « La GPA peut être un instrument supplémentaire au service de la lutte contre l'infertilité »expliquait alors Najat Vallaud-Belkacem, évoquant un véritable « don pour autrui ».

Manuel Valls lui-même y était « favorable ». En 2011, il estimait également que l'AMP était « acceptable si elle (était) maîtrisée ». Une proposition de loi sénatoriale « tendant à autoriser et à encadrer la gestation pour autrui » avait été cosignée en 2010 par plusieurs élus socialistes – l'ancien président du Sénat Jean-Pierre Bel, l'actuel ministre François Rebsamen, Robert Badinter – ou l'écologiste Dominique Voynet.

Mais depuis deux ans, le débat sur ce sujet a tourné à l'hystérie. Dès les tout premiers débats sur le mariage des couples de même sexe, la droite en a fait un angle d'attaque de choix. Ses leaders ont alors sommé le gouvernement de ne pas adopter, puis d'abroger, la « circulaire Taubira » du 25 janvier 2013 permettant d'attribuer la nationalité française aux enfants nés de GPA à l'étranger.

Depuis, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a condamné la France à reconnaître la filiation des enfants nés de mères porteuses à l'étranger. Cet arrêt a suscité la colère des opposants au mariage des couples homosexuels, inquiets que la GPA ne soit imposée à la France par la CEDH. Elle a aussi indigné des voix à gauche. Dix députés PS ont ainsi dénoncé l'« irruption d’un droit étranger dans notre droit national ».

Dans La Croix, ce vendredi, Manuel Valls, désormais à mille lieues de ses déclarations de 2011 (un écart qu'il dit « assume[r] ») leur donne raison, actant le renoncement de l'exécutif à réfléchir sur des sujets compliqués.

Contre l'avis de la CEDH, il affirme qu'il n'y aura pas d'automaticité. « Le gouvernement exclut totalement d’autoriser la transcription automatique des actes étrangers, car cela équivaudrait à accepter et normaliser la GPA », dit-il. Tout en annonçant que la France va lancer une « initiative internationale qui pourrait aboutir, par exemple, à ce que les pays qui autorisent la GPA n’accordent pas le bénéfice de ce mode de procréation aux ressortissants des pays qui l’interdisent ».

Le cadre juridique proposé reste à ce stade très flou. En tout état de cause, Manuel Valls semble une fois de plus donner raison aux opposants de l'égalité des droits, deux jours avant une nouvelle démonstration de force de leur part. Pour l'Inter-LGBT, Manuel Valls, « en apportant une réponse aussi forte aux fantasmes d’un autre âge véhiculés par les opposants à la loi Taubira (…), légitime non seulement ce mouvement mais toutes les violences et les discriminations qui en découlent ».

« Ces annonces sont dangereuses, commente le député écologiste Sergio Coronado. D’un point de vue politique, elles donnent des gages à la droite la plus conservatrice de notre pays. D’un point de vue juridique, elles ne seront jamais appliquées. D’abord parce que la décision de la CEDH, du 26 juin, s’impose à notre pays. (…) La convention de New York, dont l’objet est la protection de l’intérêt de l’enfant et dont nous sommes signataires, s’impose également à nous. Même si le premier ministre souhaite abroger la circulaire Taubira, ces deux textes cités contredisent sa position. »

Manuel Valls, lui, n'en a cure. Sur ces sujets, il plaide l'« apaisement » depuis des mois. On peut aussi appeler ça un renoncement.

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 16:21

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

Bygmalion: les mis en examen de l'UMP ont interdiction de rencontrer Sarkozy et Copé

|  Par Mathilde Mathieu et Ellen Salvi et Marine Turchi

 

 

 

 

Après les responsables de Bygmalion, trois anciens cadres de l'UMP ont été mis en examen, à leur tour, samedi 4 octobre. L'information judiciaire, ouverte sur des soupçons de « faux et usage de faux »« abus de confiance » et « tentative d'escroquerie » en lien avec la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, s’accélère.

Les uns après les autres, ils défilent devant les juges. Après les responsables de Bygmalion, trois anciens cadres de l'UMP ont été mis en examen, à leur tour, samedi 4 octobre. L'information judiciaire, ouverte sur des soupçons de « faux et usage de faux »« abus de confiance » et « tentative d'escroquerie » en lien avec la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, s’accélère.

Éric Cesari, surnommé « l'oeil de Sarko » à l'UMP, l'ex-directrice financière du parti, Fabienne Liadzé, et son ancien directeur de la communication, Pierre Chassat, qui avaient été interpellé jeudi, ont désormais interdiction de rencontrer Jean-François Copé, l'ancien président de l'UMP, et Nicolas Sarkozy, selon les termes de leur contrôle judiciaire.

Qui a su et décidé quoi ? Dans un procès-verbal de synthèse cité par Le Monde, les enquêteurs de l’Office central anti-corruption de Nanterre écrivaient dès juin dernier : « Les responsables de Event et Cie (filiale de Bygmalion chargée des meetings – ndlr), de l'UMP et de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy semblent inextricablement liés les uns aux autres. » Mediapart passe tous les principaux protagonistes de l'affaire en revue.

  • Guy Alvès, cofondateur de Bygmalion, mis en examen pour « complicité de faux et usage de faux »
Guy Alvès 
Guy Alvès © i>Télé

C’est l’homme par lequel l’affaire des fausses factures à l’UMP est devenue l’affaire du compte Sarkozy. Le cofondateur de Bygmalion s’est d’abord retrouvé bien seul, début mai, quand Libération a révélé que sa société avait adressé des millions d’euros de fausses factures à l’UMP en 2012, sous le prétexte de conventions fictives (Mediapart les a publiées ici). Acculé, ce proche de Jean-François Copé a alors contre-attaqué par la voix de son avocat, Me Patrick Maisonneuve, en révélant en direct à la télévision que ce stratagème illégal avait en réalité servi à régler à Bygmalion toute une série de frais de meeting organisés au bénéfice du seul candidat Sarkozy pendant la présidentielle.

Lancé dans une surenchère de réunions publiques pharaoniques, le président-candidat risquait en effet d’exploser le plafond des dépenses légales en 2012, fixé à 22,5 millions d’euros. Il a donc été décidé de dissimuler la majeure partie de ses frais de meetings. Comme Mediapart l’a révélé, seuls 4,3 millions d’euros de prestations d'Event & Cie ont ainsi été déclarés dans le compte de Nicolas Sarkozy, outrageusement maquillé, contre 21,2 millions d’euros véritablement engagés. La différence (d’environ 17 millions d’euros) a été prise en charge par l’UMP dans le plus grand secret, au mépris des lois.

Pour s’expliquer, sinon se dédouaner, Guy Alvès a résumé ainsi l’histoire aux enquêteurs : « Le choix était soit d'accepter, soit de couler ma société, alors que je n'avais fait que mon travail. J'étais pris au piège. » 

En juillet dernier, sa société a finalement été placée en liquidation judiciaire. D’après une comptabilité interne (que Mediapart a pu consulter), Event & Cie avait en 2012 retiré 4,9 millions d’euros (hors taxes) de la campagne présidentielle, avant déduction des charges internes. Cette année-là, la filiale arborait un résultat avant impôts de 4,66 millions d’euros (soit une marge de 23,1 %) et de 3,07 millions après impôts.

Le scénario décrit par Guy Alvès va désormais être vérifié point par point par les juges d’instruction, euro par euro, pour s’assurer que sa version n’est pas amputée d’une réalité plus dérangeante encore : une partie du pactole engrangé par Bygmalion n’aurait-elle pas alimenté une caisse noire politique ? Cette hypothèse est en effet distillée depuis l’été dernier par les concurrents de Jean-François Copé, président du parti à l’époque des faits. Ces derniers soulignent que Guy Alvès fut son directeur de cabinet de 2004 à 2007, avant d’endosser le rôle de trésorier de son micro-parti personnel, Génération France. Les deux hommes ont désormais interdiction de se voir.

  • Bastien Millot, cofondateur de Bygmalion, mis en examen pour « complicité de faux et usage de faux »
Bastien Millot 
Bastien Millot © DR

Il dit qu’il n'a « strictement rien à se reprocher », pour la simple et bonne raison qu’il n’a eu « aucune responsabilité » dans la campagne de 2012. À écouter Bastien Millot, les enquêteurs qui tentent d’établir la chaîne des responsabilités cherchent du mauvais côté en s’intéressant à son cas. « Certains responsables, non des moindres, de la campagne présidentielle de 2012 essaient de se draper dans la posture d’une victime alors même qu’ils le font sans doute un peu grossièrement et un peu rapidement », a-t-il soufflé à la presse le 1er octobre, à l’issue de sa garde à vue.

Ce proche de Jean-François Copé, qu’il a suivi dans tous ses cabinets, a quitté ses mandats sociaux à Bygmalion le 31 août 2013 et endossé la robe d'avocat au printemps dernier. Déjà mis en examen en avril pour « recel de favoritisme » aux dépens de France Télévisions, où il a occupé différents postes de 2005 à 2010, Bastien Millot avait déjà été condamné, voilà quelques années, pour « détournement de fonds publics, complicité de faux et complicité d’usage de faux », comme l’a raconté Mediapart.

S’il se défend d’avoir joué un rôle quelconque dans la campagne de Nicolas Sarkozy, Bastien Milllot aura en tout cas décroché de miraculeux contrats pour sa société auprès du groupe UMP de l’Assemblée nationale (tenu par les copéistes) : Bygmalion a en effet siphonné 4,5 millions d'euros des caisses du groupe entre 2008 et 2012 (voir nos articles ici et ).

  • Franck Attal, directeur général adjoint d’Event & Cie, mis en examen pour « faux et usage de faux »
Franck Attal 
Franck Attal © Le Raffut

C’est l’opérationnel d’Event & Cie, celui qui décrit le mieux l’emballement de la campagne de Nicolas Sarkozy, l’improvisation, la frénésie, les caprices. Lui qui s’est chargé d’engager son réalisateur télé hors de prix, de commander des wagons de drapeaux ou de « booker » des salles à la dernière seconde. Pour le meeting qu’il a orchestré à Toulouse, par exemple, Franck Attal a livré pour 900 000 euros de prestations (contre 183 000 euros seulement inscrits dans le compte de campagne du candidat). Pour Clermont-Ferrand, 623 000 euros (pour 155 000 dans le compte), etc.

Devant les enquêteurs, Franck Attal a raconté comment – et surtout quand – la décision de maquiller le compte de Nicolas Sarkozy avait été prise, dans son souvenir : « (J’ai) rencontré, début avril, à l’UMP, Fabienne Liadzé (directrice financière du parti), Jérôme Lavrilleux (directeur de campagne adjoint du candidat Sarkozy) et Éric Cesari (directeur général de l’UMP) à ce sujet. Et c’est là qu’ils me disent que le rythme des meetings va encore s’accélérer, mais qu’il y a un problème d’ordre financier lié au plafond de campagne qui va être complètement dépassé. (…) Jérôme (…) me demande de faire des fausses factures. J’ai l’impression que tous les participants à cette réunion sont piégés. À partir de ce moment-là, le comptable chez nous, Matthieu Fay, s’est organisé avec Fabienne Liadzé. »

Dans cette affaire, la chronologie des faits est capitale. Car depuis le début, Jérôme Lavrilleux affirme, lui, que c’est seulement au lendemain de la présidentielle, au moment où il a fallu déposer le compte de campagne du candidat UMP, qu’a été prise la décision de le truquer. Une version légèrement plus compatible avec l’idée que Nicolas Sarkozy, alors “retiré” de la vie politique, ait pu être tenu dans l’ignorance.

  • Matthieu Fay, le comptable de Bygmalion, placé en garde à vue

La “petite main”, priée d’exécuter dans la coulisse le plan décidé par ses supérieurs et l’UMP, a été licenciée en mai dernier. C’est Matthieu Fay qui a conçu les tableaux Excel (récupérés par Mediapart) dotés de plusieurs colonnes pour chaque meeting de Nicolas Sarkozy : une pour le prix officiellement facturé au candidat ; une autre archivant le prix réel.

Aux enquêteurs, Matthieu Fay a raconté comment toutes ces pièces comptables bidonnées, relatives à la campagne, avaient été envoyées « à l’UMP par porteur après le second tour ». Lui chiffre le coût réel des prestations apportées par Event au candidat Sarkozy à 18,9 millions d’euros (pour 4,3 inscrits au compte de campagne).

Au QG de la campagne présidentielle

  • Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012
Jérôme Lavrilleux 
Jérôme Lavrilleux © Reuters

Fin mai, dans une longue intervention sur BFM-TV, l'ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé a soudain reconnu, en pleurs, la mise en place d’un système de fausse facturation. Mais il dédouanait explicitement son mentor, de même que Nicolas Sarkozy : « J'ai fait part, à plusieurs personnes, de mon sentiment que l'on aurait du mal à boucler tout ça (les factures des meetings – ndlr). Je précise que je n'en ai pas fait part à Nicolas Sarkozy ou à Jean-François Copé. »

Aux enquêteurs, qui lui ont demandé en juin si le président-candidat était informé du montage, Jérôme Lavrilleux a redit n’avoir « jamais évoqué ce sujet avec Nicolas Sarkozy » et qu’« à (son) avis, il est impossible qu'il en ait été informé ».

Mais lorsqu’ils lui demandent si le candidat était informé de l'état général des dépenses de sa campagne, le copéiste répond qu’il « n'en (a) aucune idée ». Il explique que le décision de mettre en place une double comptabilité a été prise avec quatre autres responsables de l'UMP et de Bygmalion : le directeur général de l'UMP Éric Cesari, la directrice financière du parti, Fabienne Liadzé, Franck Attal et le directeur de campagne, Guillaume Lambert.

En détaillant le fonctionnement des réunions stratégiques de campagne, auxquelles participait Sarkozy, Jérôme Lavrilleux sous-entend que Guillaume Lambert a très bien pu faire remonter l'information au président-candidat lors de leurs rendez-vous quotidiens : « Cette organisation en forme de sablier faisait que tout le monde partait du principe que ce que nous disait Guillaume Lambert venait de la réunion stratégique et que ce que nous disions à Guillaume Lambert allait remonter à la réunion stratégique », a-t-il confié aux enquêteurs.

Concernant Jean-François Copé en revanche, Jérôme Lavrilleux, devenu eurodéputé mais suspendu de l'UMP, n'a jamais changé sa version d'un iota. Il ne « l’(a) pas informé » car son « travail » de directeur de cabinet « était de protéger son patron ».

  • Guillaume Lambert, directeur de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012
Nicolas Sarkozy et Guillaume Lambert 
Nicolas Sarkozy et Guillaume Lambert © Reuters

Si Jérôme Lavrilleux laisse entendre que Guillaume Lambert a forcément été mis au courant de la fraude, ce dernier nie en bloc. Dans un courrier adressé au procureur de Paris le 12 juin dernier, que Mediapart a pu consulter, Guillaume Lambert, désormais préfet de Lozère, livre sa version des faits : « Je n’ai jamais été informé par quiconque d’un tel arrangement, pas plus que je ne l’ai sollicité, ni accepté. »

Il affirme que Jérôme Lavrilleux n’a d’ailleurs « attiré (son) attention sur la question de la maîtrise des dépenses qu’à une seule reprise », le 28 avril 2012, quelques heures avant le meeting de Clermont-Ferrand. « JFC [Jean-François Copé] ne vient pas à Clermont, il y est allé la semaine dernière, lui écrivait alors Jérôme Lavrilleux. Louer et équiper un deuxième hall est une question de coût. Nous n'avons plus d'argent. JFC en a parlé au PR [président de la République]. »

Ce texto pourrait suggérer que Nicolas Sarkozy était informé des questions financières. Mais Guillaume Lambert lui fait dire tout autre chose : « Ce message signifie qu’aucune autre demande que celles budgétées ne pouvait être ordonnée. » En clair, qu’il a fait le nécessaire pour le plafond des dépenses légales soit respecté, jusqu’au bout.

  • Nicolas Sarkozy, le candidat
Nicolas Sarkozy 
Nicolas Sarkozy © Reuters

Interrogé sur France 2 le 21 septembre, Nicolas Sarkozy a affirmé avoir « appris le nom de Bygmalion longtemps après la campagne présidentielle ». Ce qu’il a répété dans Le Figaro Magazine le 2 octobre. Plusieurs éléments mettent à mal cette réponse. D’abord les déclarations, ce jeudi, de François Fillon, qui affirme qu’il avait « souvent entendu parler de Bygmalion » et « souvent vu que Bygmalion était une entreprise qui travaillait régulièrement avec l’UMP », alors même qu’il « n’étai(t) pas associé à l’organisation de la campagne de 2012 ». « (Nicolas Sarkozy) connaissait forcément les protagonistes. C’était connu de tous ! », a également expliqué Rachida Dati jeudi, en contredisant malgré elle l’ex-président.

Par ailleurs, selon Le Monde, Nicolas Sarkozy a été informé de l'emballement des dépenses par Pierre Godet, l’expert-comptable de sa campagne. Dans une note rédigée le 26 avril 2012, celui-ci a en effet mis en garde le « candidat Nicolas Sarkozy » sur « les conséquences extrêmement graves d'un éventuel dépassement du plafond des dépenses électorales ».

Mais cette note n’informe pas le président-candidat des montants réels des dépenses. Pierre Godet y donne le chiffre des frais prévisionnels ou engagés à la date du premier tour, 18 399 000 euros : « Ce montant est supérieur à celui budgété dernièrement (16 243 000 euros) et au plafond des dépenses requises pour le premier tour (16 851 000 euros) », prévient l’expert-comptable, appelant à la retenue. Or d'après nos calculs, les seules dépenses liées aux meetings organisés par Event & Cie s’élevaient déjà à plus de 16 millions d’euros au soir du premier tour !

Nicolas Sarkozy pourrait en tout cas être entendu par les juges. Un élément le laisse penser, comme le souligne L’Express : le contrôle judiciaire imposé aux trois personnes mises en examen dans le cadre de l'affaire Bygmalion leur interdit tout contact avec l'ancien président de la République.

  • Philippe Briand, le trésorier de la campagne
Nathalie Kosciusko-Morizet et Philippe Briand 
Nathalie Kosciusko-Morizet et Philippe Briand © Reuters

Ce député UMP, patron d’une grosse société privée, a été choisi comme trésorier par Nicolas Sarkozy en février 2012 – « Nicolas m’a dit : “Toi au moins, je suis sûr que tu me prendras pas d’argent !” ». En mai dernier, quand l’affaire explose, il dit « tomber de sa chaise », puis « tomber de l’armoire ».

« Dans les factures de meeting qu’on me présente à l’époque, je suis déjà 40 % au-dessus de François Hollande ! », rappelle Philippe Briand pour expliquer qu’il ait pu ne rien soupçonner. « Avec Dominique Dord (le trésorier du parti jusque fin 2012), on va former le club des ploucs, à qui on dit jamais rien ! », se marre le député UMP, qui compte bien assurer aux juges, quand ils le convoqueront, que lui n’a rien vu ni rien entendu.

À l’en croire, pendant la campagne, Philippe Briand s’est contenté de « signer les parapheurs que lui apportait l’expert-comptable ». « Il y avait un ordonnateur des dépenses et un payeur. Moi, j’étais le payeur et c’est Guillaume Lambert (le directeur de campagne) qui m’envoyait les factures, a-t-il expliqué à Mediapart. Lui aussi qui commandait les meetings, même si je pense qu’il avait concédé cette tâche à Jérôme Lavrilleux. » Le trésorier jure qu’il a tout découvert le même jour que les Français.

Au siège de l'UMP

  • Jean-François Copé, ancien président de l’UMP
Jean-François CopéJean-François Copé © Reuters

Entre les révélations approximatives du Point en février et sa démission en juin, le discours de Jean-François Copé a bien varié. « C’est un coup monté de manière absolument ignoble, c’est un tissu de mensonges », a d’abord expliqué le président de l’UMP en février, en dénonçant « une campagne de presse haineuse » et une « chasse à l’homme ».

Après des révélations plus précises de Libération le 14 mai dernier, Jean-François Copé a esquissé une nouvelle ligne de défense : il n’a jamais eu connaissance du système de fausses factures, mais il a « des interrogations » depuis les révélations du quotidien (voir la vidéo). Au 20 heures de TF1, le soir de sa démission, il accuse finalement ses « collaborateurs » d'avoir « abusé de (sa) confiance »

  • Éric Cesari, ancien directeur général de l'UMP, mis en examen pour « faux et usage de faux » et « abus de confiance »
Eric Cesari 
Eric Cesari © DR

C’est le fantôme de l’affaire Bygmalion. Mis en examen le 4 octobre pour « faux et usage de faux » et « abus de confiance », l’ancien directeur général de l’UMP, en procédure de licenciement pour faute grave depuis mi-juillet, est resté très discret depuis le début de l’affaire. À peine a-t-il juré à L’Express n’avoir « participé à aucune réunion consacrée aux comptes de campagne », contrairement à ce qu’ont affirmé Jérôme Lavrilleux et Franck Attal. « La seule fois où j'ai été saisi des problèmes financiers de l'UMP, c'est au moment de la démission du trésorier Dominique Dord, en juillet 2012 », a encore assuré Cesari, avant de préciser qu’il ne pouvait pas « donner d’ordre de paiement ».

Son nom, suivi de sa signature, est pourtant le seul à apparaître sur des devis de fausses conventions envoyés par Event & Cie à l’UMP, selon Libération. L’ancien trésorier du parti, Dominique Dord, avait d’ailleurs affirmé dès le mois de mai que chaque signature de chèque nécessitait la validation de quatre supérieurs du parti, parmi lesquels Cesari lui-même. Une version que Jérôme Lavrilleux a confirmée face aux enquêteurs le 17 juin : sur les ordres d’engagement des dépenses, « il y avait donc les visas le cas échéant du chef de service, du directeur du service concerné, de la directrice des ressources (Fabienne Liadzé), du directeur général des services (Éric Cesari) et du directeur de cabinet, c'est-à-dire moi-même, s’est rappelé l’ancien directeur adjoint de la campagne de Sarkozy. Éric Cesari validait en dernier ressort, au niveau administratif, la demande ».

Biberonné aux réseaux Pasqua des Hauts-de-Seine, cet élu de Courbevoie surnommé « l’œil de Moscou » de Nicolas Sarkozy, est depuis toujours l'un des fidèles exécutants des manœuvres politiques de l'ancien chef d'État, qui l’avait décoré de la Légion d’honneur en 2010. Les juges lui ont désormais interdit de le voir. « Tout le monde savait qu’il gardait les clefs de la maison pour Sarkozy, confiait un ancien salarié de la rue de Vaugirard à Mediapart, en juin dernier. Il se rendait régulièrement à l’Élysée pour prendre les ordres, y compris durant la campagne présidentielle. Il n’aurait jamais pris une décision importante sans en informer Sarkozy au préalable. »

  • Fabienne Liadzé, ancienne directrice administrative et financière de l'UMP, mise en examen pour « faux et usage de faux » et « abus de confiance »
Fabienne Liadzé 
Fabienne Liadzé © DR

Recrutée à l’UMP par Éric Woerth en qualité de directrice des ressources humaines, Fabienne Liadzé avait été propulsée directrice administrative et financière (DAF) par Jean-François Copé, avant d’être écartée par la direction transitoire du parti en juillet dernier pour faute grave. Élue conseillère municipale d’Issy-les-Moulineaux en mars dernier sur la liste du député et maire UDI André Santini, elle a été mise en examen le 4 octobre pour « faux et usage de faux » et « abus de confiance ». Face aux enquêteurs, Jérôme Lavrilleux l’avait désignée comme l’une des deux personnes – avec Éric Cesari – en charge de la validation des ordres de dépenses de l’UMP.

« Fin mai 2012, je crois, Éric Cesari et Fabienne Liadzé sont venus me voir dans mon bureau à l'UMP, à l'issue d'une réunion qu'ils ont tenue avec Guillaume Lambert et Franck Attal, pour parler des comptes de la campagne. Ils m'ont indiqué alors qu'il était impossible de mettre toutes les dépenses dans les comptes de campagne et qu'il faudrait donc ventiler les surplus sur le compte de l'UMP », a encore indiqué l’ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé durant son audition.

  • Pierre Chassat, l'ancien directeur de la communication de l’UMP, mis en examen pour « faux et usage de faux » et « abus de confiance »

Pierre Chassat 
Pierre Chassat © DR

Placé en garde à vue à l'office central de lutte anticorruption à Nanterre le 2 octobre, l'ancien directeur de la communication de l’UMP était également l’adjoint de Jérôme Lavrilleux au cabinet de Jean-François Copé, avant d’être visé par une procédure de licenciement pour faute grave en juillet dernier.

Diplômé de Sciences-Po Paris, il connaît bien les fondateurs de Bygmalion pour avoir travaillé à leurs côtés dans les deux cabinets des ministères occupés par Copé entre 2002 et 2007 (relations avec le parlement et budget). Ce “Copé's boy” est également adjoint de Patrick Balkany, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

 

Lire aussi

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 15:56

 

Source : www.inegalites.fr

 

 

Les riches en France : de qui parle-t-on ?

2 octobre 2014 -

 

 

A quel niveau devient-on riche ? En utilisant plusieurs méthodes différentes, nous aboutissons à environ 3 000 euros mensuels pour une personne seule, 5 500 euros pour un couple et 7 000 euros pour un couple avec deux enfants. L’analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.


La question du seuil de la richesse est rarement posée. Sociologues et économistes ne s’y intéressent pas vraiment. L’Insee non plus. Rien à voir avec l’ampleur de la littérature sur les pauvres. A quel niveau devient-on riche ? En utilisant plusieurs méthodes différentes, nous aboutissons à environ 3 000 euros mensuels après impôts et prestations sociales pour une personne seule, 5 500 euros pour un couple et 7 000 euros pour un couple avec deux enfants. Des sommes ridicules vues d’en haut mais considérables vues d’en bas. Quelques explications.

Première définition : la richesse, c’est le double du revenu médian

Pour évaluer le seuil de la richesse, pourquoi ne pas partir du revenu médian ? [1]. Longtemps, le seuil de pauvreté a été défini de façon arbitraire comme la moitié de ce revenu médian. Pourquoi ne pas fixer le seuil de richesse au double [2] ? Une proposition ni plus ni moins absurde que le seuil de pauvreté, pourtant utilisé sans ménagement. On entre dans le club des riches à partir de 2 900 euros par mois pour une personne seule (après impôts et prestations sociales, données 2011), 5 700 euros pour un couple sans enfant et 7 700 euros pour un couple avec deux enfants.

Deuxième définition : la richesse, c’est le seuil des 10 % les plus riches

Appartenir au dixième le plus favorisé, cela représente symboliquement quelque chose. En tous cas, on ne peut plus se dire « moyen », même si certains commentateurs le font. Avec ce seuil on obtiendrait des valeurs un peu inférieures à la définition précédente. Il se situe à 2 800 euros pour une personne seule, 5 500 euros pour un couple sans enfant et 7 100 euros pour un couple avec deux enfants. Cette pratique a tout de même un inconvénient majeur : par définition, la proportion de personnes aisées ne varie jamais. C’est le seuil qui change et non le taux.

Pauvre ou riche : une question arbitraire. Toute définition de la richesse ou de la pauvreté est arbitraire. Ce n’est qu’en confrontant les outils et les points de vue que l’on peut avancer dans le travail de construction. Beaucoup pensent bien faire en élevant au maximum le seuil de pauvreté, pour y inclure la population la plus large possible. Même chose à l’autre extrémité, mais avec l’effet inverse de réduire la population concernée : en France personne n’aime être qualifié de riche. Les plus favorisés pèsent dans le débat pour élever le seuil de la richesse le plus possible vers le haut. Le rapport de force idéologique des différents camps va peser sur les normes sociales et la construction des indicateurs utilisés. Personne ne détient la vérité mais la pression est réelle. L’important est de mesurer de façon précise la portée des différents outils.

Troisième définition : la richesse selon l’opinion

Une autre méthode consiste à poser la question par sondage à la population. Elle n’est pas très fiable compte tenu de la difficulté de réunir un échantillon représentatif, incluant notamment les plus démunis, et de l’impact du bruit médiatique sur le sujet au moment où sont posées les questions. Un sondage de l’Ifop en 2011 situait la barre à 8 300 euros pour un couple avec deux enfants. L’année d’avant, elle était inférieure de 1 800 euros : 6 500 euros. Mais ces données n’intègrent pas les impôts. Poser une question à une population qui n’a pas vraiment connaissance des niveaux de revenus aboutit à une réponse dont la valeur n’a qu’un intérêt réduit. Ceci dit, on obtient un ordre de grandeur équivalent au revenu médian multiplié par deux, aux alentours de 7 500 euros pour un couple avec deux enfants [3].

Quatrième définition : les seuils de l’impôt

Les parlementaires se sont très souvent posé la question du niveau de la richesse sans le nommer explicitement : il leur faut définir un niveau maximum de revenu qui permet de bénéficier de certains avantages fiscaux. Au-delà, on juge que l’on est assez riche pour ne plus en avoir besoin. Si l’on prend certaines niches fiscales, le seuil de richesse a dégringolé. En 2009, on pouvait obtenir un maximum de 25 000 euros de réduction d’impôts, contre 10 000 euros en 2014, en utilisant les niches fiscales [4]. Pour être redevable d’un impôt de 10 000 euros et donc bénéficier de la réduction maximale (au-delà, ce serait trop), un célibataire n’ayant aucune autre déduction doit disposer d’environ 4 800 euros mensuels : le seuil est donc bien supérieur au double du revenu médian. Mais ce maximum est le même qu’il s’agisse d’une personne seule, d’un couple ou d’une famille. Dans ces derniers cas, on se situe en-deçà des seuils de richesse déterminés précédemment.

Cinquième définition : un patrimoine qui rapporte sans rien faire

Les données précédentes ne disent rien du niveau de patrimoine. Pour être précis, il faudrait ajouter au revenu des ménages propriétaires, la valeur des loyers qu’ils ne versent pas (que l’on appelle « loyer fictif ») [5]. L’Insee estime en effet que le niveau de vie médian en serait augmenté de 10 %, ce qui élèverait donc d’autant le seuil de richesse.

Pour le reste, détenir un stock d’actions ou d’obligations n’a d’impact sur les niveaux de vie que lorsqu’il se traduit en revenus et donc en dépenses. Ce ne sont pas les 10 millions de dollars que l’on détient en Suisse qui améliorent la vie, mais leur rendement, le revenu du patrimoine. Deux sociologues, Alain Bihr et Roland Pfefferkorn [6] ont proposé depuis longtemps un seuil de richesse articulant patrimoine et revenus : selon eux, on devient riche quand son patrimoine assure un niveau de vie équivalent au niveau de vie médian. Etre riche, c’est vivre de ses rentes. Il faudrait donc atteindre 1 500 euros de revenus mensuels [7] pour un célibataire. Avec un taux de rendement net après inflation et imposition du patrimoine de 4 %, on deviendrait riche avec un capital de 450 000 euros [8].

Cette définition pose de nombreux problèmes. Quels taux de rentabilité utiliser pour ce calcul ? Ceux-ci varient selon les placements, et le rendement des actions est très volatil. Surtout, cette définition écarte de la richesse des salariés aux niveaux de vie très élevés mais sans patrimoine, et considère comme « riche » des rentiers dont le niveau de vie est juste au dessus de la médiane [9].

420 000 euros : un riche patrimoine On peut aussi déterminer le niveau d’un riche patrimoine, sorte de seuil de la fortune. Si l’on applique la même méthode que pour les revenus, le double du patrimoine médian est de 226 000 euros par ménage (l’Insee ne distingue pas par individu). Mais on rassemble toutes les générations. Mesuré entre 50 et 59 ans, le seuil de la fortune serait de 420 000 euros.

Sixième définition, la richesse en conditions de vie

Une dernière méthode d’estimation de la richesse pourrait être utilisée : la richesse en conditions de vie. L’Insee mesure la part de la population qui n’a pas les moyens d’accéder à tel ou tel bien de consommation ou d’avoir recours à tel ou tel service : il s’agit de la pauvreté dite « en conditions de vie ». On pourrait déterminer la richesse par ses signes extérieurs. Parmi ces signes on pourrait intégrer certains éléments : le nombre de mètres carrés par personne (la moyenne étant de 40 m2, tous logements et tous âges confondus), la possession d’une montre Rolex, comme l’a déclaré le publicitaire Jacques Seguela ou encore le fait d’avoir une résidence secondaire, de partir en vacances à l’étranger, d’employer du personnel à domicile.

D’autres éléments, plus complexes, pourraient aussi entrer en ligne de compte, comme la stabilité du revenu. Toucher 3 000 euros mensuels une année donnée pour un artisan qui a accumulé plus de chantiers que d’habitude, n’est pas la même chose que pour celui qui les perçoit chaque mois régulièrement. Le fait d’avoir un statut de la fonction publique ou de travailler dans une grande entreprise devient un élément distinctif de richesse dans une période de chômage de masse. Avoir du temps pour soi, pouvoir définir ses horaires de travail, bénéficier de congés plus longs que les cinq semaines légales sont autant d’éléments qui pourraient aussi intervenir dans la notion de richesse.

Et le capital culturel ? On pourrait mesurer la richesse en fonction du capital non pas économique mais culturel : le niveau de diplôme, dont le rôle est déterminant. Culturellement parlant, les classes moyennes françaises se situent autour du CAP ou du BEP. C’est après un bac + 2 que l’on entre dans l’univers des riches, façon titre scolaire. Si on en juge par la teneur du débat actuel sur les inégalités, les « riches » du point de vue du diplôme ont bien moins le sens de leur place dans la hiérarchie sociale que les « riches » vus par le niveau de revenu. Ce qui est normal, puisque l’école a légitimé leur place dans la société.

Conclusion : l’argent a mauvaise presse

L’argent a mauvaise presse en France. Il n’est pas « convenable » de faire étalage de sa richesse. Les catégories les plus aisées ont tout à gagner à cette pudeur collective qui masque la réalité des revenus des plus favorisés. Est-on riche avec 2 900 euros ? 4 000 euros ? 10 000 euros ? A ce niveau, on reste bien modeste rapporté aux patrons des plus grandes entreprises qui chiffrent leurs revenus en centaines de milliers d’euros. On est toujours le pauvre d’un autre. Surtout en France où cela permet de se défausser de la solidarité sur le voisin du dessus. Une position confortable. Cela n’empêche qu’il existe, au sein des populations les plus riches, des écarts de taille. Entre le cadre supérieur et une partie du patronat qui perçoit quelques centaines d’années de Smic chaque année, les niveaux de vie sont incomparables. Inversement, pointer du doigt les revenus des cadres supérieurs aisés permet aussi d’oublier l’accumulation démesurée de certains. Pour aller plus loin, il faudrait distinguer les éléments qui, à l’intérieur de ces milieux favorisés, opèrent des distinctions.

Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.

Photo / © ivan kmit - Fotolia.com

Notes

[1Tout au long de cet article, on raisonne à partir des données de l’Insee en revenu « disponible », après impôts et prestations sociales, sauf indication contraire.

[2Voir : « Qui est riche en France ? », Louis Maurin, Alternatives Economiques, n°153, novembre 1997.

[3Cette coïncidence a déjà été soulignée par l’économiste Jean Gadrey sur son blog.

[4En réalité bien davantage puisque certaines niches restent plafonnées aux régimes antérieurs.

[5Ceux qui ont achevé de rembourser leurs emprunts ont une charge liée à leur logement très inférieure aux locataires et ceux qui remboursent des emprunts en réalité investissent : ils se forgent du capital, ce qui n’est pas comparable au fait de payer un loyer à perte.

[6Voir « Déchiffrer les inégalités », ed. La découverte, 1999.

[7Le niveau de vie médian des seuls célibataires effectivement mesuré par l’Insee, non celui calculé pour une unité de consommation qui est de 1 600 euros.

[8Car 0,04*450 000 = 18 000 euros qui divisés par 12 font 1 500 euros. On note que le capital n’est pas entamé et peut se transmettre aux enfants.

[9L’oisiveté du rentier est une grande richesse, mais est-elle plus favorable que celle du cadre supérieur qui s’épanouit au travail ? L’incapacité d’une partie de ces derniers à s’arrêter de travailler au moment de la retraite montre bien leur intérêt pour la chose.

Date de rédaction le 2 septembre 2014

Dernière révision le 2 octobre 2014

© Tous droits réservés - Observatoire des inégalités - (voir les modalités des droits de reproduction)

 

 

Source : www.inegalites.fr

 

 

 

 

 

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