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12 octobre 2014 7 12 /10 /octobre /2014 15:04

 

 

 

Une catastrophe écologique, économique et sociale en marche.


En 2015, commenceront les abattages massifs de la forêt cévenole dans le cadre du projet E.On.


E.On est une multinationale de l’énergie qui va brûler des masses énormes de bois « biomasse » (bois, déchets de bois traités ou non) pour le transformer en électricité dans sa centrale de Gardanne (Bouche du-Rhône).

Les forêts du sud-est de France concernées : des Cévennes aux Hautes-Alpes, du pays de Forcalquier aux Baronnies provençales et au Pays d’Aix.

Pour alimenter les fours de cette centrale, entre 800.000 et I million de tonnes de bois par an seront nécessaires dont seulement 30% seront transformés en énergie. Et c'est toute l'économie régionale liée à la filière bois qui va disparaître. Aucun projet de plantation après coupe n'apparaît officiellement.

C'est donc le pin maritime, premier colonisateur des espaces ouverts en Cévennes, qui envahira avec les conséquences que l'on sait (acidification des sols, risques d'incendies multipliés) mais il est à craindre que les sols soient devenus stériles par le passage dévastateur des engins de déboisement.

Entrée en service de la centrale courant 2015.


E.On : UNE ARME DE DESTRUCTION MASSIVE


850 000 tonnes de bois vont ainsi partir chaque année en fumée dans les massifs du Sud de France.


Une menace pour la planète (projets de ce type à l’échelle mondiale) et aussi pour notre région : la disparition des massifs forestiers entraînera des conséquences sur le réchauffement climatique, sur la biodiversité, le    tourisme, l’économie.

Les capacités des forêts régionales ne sont toutefois pas suffisantes pour absorber une telle demande et il faudra importer du bois du Canada ou des pays de l'Est européen comme l'Ukraine et la Biélorussie.

Et quelles seront les conséquences des épisodes cévenols si les sols sont mis à nu par des coupes rases? Plus rien ne retiendra les flots et les glissements de terrain seront catastrophiques. Les vallées situées au pied des montagnes lessivées seront ravagées par les inondations.

On laisserait faire un tel massacre ?


Dimanche 5 octobre, un grand rassemblement a eu lieu à Gardanne.

Des citoyens , des député-e-s, Mme Rivasi Députée Européenne, des élu-e-s des communes de tous les départements concernés sont venus dire leur opposition à ce projet dément qui est une atteinte à notre humanité. Tous ont été unanimes pour dire que sans mobilisation citoyenne, le pire est

à craindre.

Il y a urgence à intervenir. Il faut que chacun sache ce qui se passe, pour qu’on ne puisse pas dire en contemplant l’ampleur du désastre : « on ne savait pas ! » Nous ne pouvons pas nous laisser déposséder de notre patrimoine parce que des grands groupes financiers tout-puissants en ont décidé ainsi, d’autant plus qu’ils sont financés grassement par des subventions publiques. Pour E.On 1,4 milliard d’euros pour le contribuable en 20 ans !

 

Nous devons réagir au plus vite. Cette alerte doit être relayée par le plus grand nombre d’entre vous, dans tous vos réseaux, vos familles, vos amis, mais aussi en vous mobilisant physiquement dans vos villes, vos villages, en dénonçant cette aberration écologique auprès de votre maire, de votre député, votre sénateur. Il en va de la survie de nos forêts, de nos régions.

Allons-nous assister sans rien faire à la désertification programmée de nos régions ?

Souvenons-nous du désastre autour du mont Aigoual !

 

 

Un rassemblement aura lieu à Florac

jeudi 16 octobre à 10 h


Déroulement de la journée :


Rassemblement à 10 heures devant le centre culturel La Genette Verte

10h30 -11h30 : manifestation dans les rues de Florac

11h30 : rencontre souhaitée d'une délégation avec des représentants du parc National des Cévennes. 11h30 Conférence de Presse devant le siège du Parc National des Cévennes à Florac

 

12h-14h pique-nique tiré du sac

 

L'après-midi sera consacrée à des ateliers-débats qui se dérouleront à partir de 14 heures à la salle des Fêtes de Florac :


Les usages locaux des ressources du territoire : quels engagements publics ?

Débat auquel sont invités tout particulièrement les élus du territoire.

Alternative forestière pour la forêt cévenole

Les dangers d’E.On pour la biodiversité et la santé publique

Les perspectives de lutte

 

Vous pouvez confirmer votre présence ou avoir plus de renseignements en

adressant un mail à : sosforet-piemont@riseup.net ou en téléphonant (et laissant un message) à Marie-Hélène Dupy : 04.66.47.13.42


Signataires: ATTAC Lozère, Collectif gaz de schiste sud Lozère, Nature & Progrès Lozère, La Conf’ Lozère, Association Abraham Mazel, Association Fruits Oublies, Association Les Vergers de Lozère, Collectif stop TAFTA Vallées Cévenoles, Convergence citoyenne pour une transition énergétique, Collectif Bogues, SOS forêts du sud, SOS forêt Cévennes, SOS foret piémont cévenol, Radio Bartas

 

rendez vous covoiturage sur le site  http://www.convergenceenergetique.org/

Ne laissons pas à nos enfants une planète stérile détruite par de grandes multinationales uniquement guidées par l’appât du gain.

 

Pour en savoir plus sur le projet E.On


http://www.reporterre.net/spip.php?article6391

http://www.reporterre.net/spip.php?article4598

 

 

 

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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 21:31

 

Source : cadtm.org

 

CADTM

 

Série : Les États au service des banques au prétexte du « Too big to fail » (partie 5)

BCE / LTRO : Késako ?

6 octobre par Eric Toussaint

 

 

 


Les investisseurs institutionnels (dont les banques) et des hedge funds se sont attaqués en 2010 à la Grèce, maillon le plus faible de la chaîne européenne d’endettement, avant de s’attaquer à l’Irlande, au Portugal, à l’Espagne et à l’Italie. En agissant de la sorte, ils ont réalisé de juteux profits car ces pays ont dû leur proposer des taux d’intérêt en hausse pour pouvoir refinancer leurs dettes. Parmi ces investisseurs institutionnels, ce sont les banques privées qui ont fait le plus de profit car elles pouvaient directement se financer auprès de la BCE en lui empruntant des capitaux à 1 %, alors que dans le même temps elles prêtaient sur une durée de trois mois à la Grèce à 4 ou 5 %. En ce qui concerne les titres d’une durée de dix ans, elles n’acceptaient d’acheter des titres irlandais ou portugais que si l’intérêt avoisinait 10 %.

En lançant leurs attaques contre les maillons les plus faibles, ces investisseurs institutionnels étaient également convaincus que l’Union européenne et la BCE devraient d’une manière ou d’une autre venir en aide aux États victimes de la spéculation en leur prêtant les capitaux qui leur permettraient de poursuivre les remboursements. Ils ne se sont pas trompés et des prêts ont été accordés aux pays en difficulté. Les conditions imposées par la BCE, la Commission européenne et le FMI, la fameuse « Troïka », visaient à imposer une austérité brutale, des privatisations, une baisse des salaires et des retraites, des licenciements massifs dans la fonction publique…

Malgré l’aide de la BCE, à partir de juin 2011, les banques européennes sont entrées dans une phase tout à fait critique. Leur situation était presque aussi grave qu’après la faillite de Lehman Brothers survenue le 15 septembre 2008. Nombre d’entre elles ont été menacées d’asphyxie parce que leurs besoins massifs de financement à court terme (quelques centaines de milliards de dollars au jour le jour) n’ont plus été satisfaits par les Money Market Funds américains qui ont considéré que la situation des banques européennes était décidément de plus en plus risquée. |1|

Les banques ont été confrontées à la menace de ne pas pouvoir assumer leurs dettes. C’est alors que la BCE, suite à un sommet européen réuni d’urgence le 21 juillet 2011 pour faire face à une possible série de faillites bancaires, a commencé à acheter à ces banques des titres de la dette publique grecque, portugaise, irlandaise, italienne et espagnole afin d’apporter à ces banques des liquidités (en plus des prêts qu’elle leur accordait déjà) et de les délester d’une partie des titres qu’elles avaient massivement achetés dans la période précédente. Il s’agissait également de faire baisser les taux d’intérêt sur la dette des pays de la Périphérie. Cela n’a pas suffi, les cours en Bourse des actions des banques ont poursuivi leur dégringolade et les taux d’intérêt sur la dette italienne ou espagnole sont restés très élevés. Ce qui a été décisif pour maintenir à flot les banques européennes, c’est l’ouverture à partir de septembre 2011 d’une ligne de crédit illimitée par la BCE en concertation avec la Fed, la Banque d’Angleterre et la Banque de Suisse : les banques en manque de dollars et d’euros ont été mises sous perfusion. Elles ont recommencé à respirer, mais c’était toujours insuffisant, le cours de leur action continuait une descente aux enfers. Entre le 1er janvier et le 21 octobre 2011, l’action de la Société générale a chuté de 52,8 %, celle de BNP Paribas de 33,3 %, celle de la Deutsche Bank de 28,8 %, celle de Barclays de 30,5 %, celle du Crédit suisse de 36,7 %. Il a alors fallu que la BCE sorte l’artillerie lourde.

LTRO : qu’est-ce que c’est ?

Appelé LTRO (Long Term Refinancing Operation), l’opération consiste à accorder aux banques des prêts à long terme. Entre décembre 2011 et février 2012, la BCE a ainsi prêté à un peu plus de 800 banques plus de 1 000 milliards d’euros pour une durée de 3 ans au taux d’intérêt de 1 % (à un moment où l’inflation atteignait environ 2 %). En réalité, le cadeau fait aux banques est plus important que le laisse supposer ce taux (pourtant déjà très avantageux). Pourquoi ? Pour deux raisons simples : 1. Les intérêts sur la somme empruntée ne sont à verser qu’au moment du remboursement de cette somme. Donc si une banque emprunte pour 3 ans et ne rembourse pas de manière anticipée, elle ne paie les intérêts qu’à l’issue des 3 ans. 2. Le taux a été abaissé à plusieurs reprises pour atteindre 0,05 % à partir de septembre 2014 |2|.

Prenons une banque comme Dexia qui a emprunté plus de 20 milliards d’euros à la BCE pour une période de 3 ans au début 2012, elle ne remboursera les 20 milliards qu’au début 2015. À cette somme, s’ajoutera le paiement des intérêts que l’on calculera de la manière suivante : 1 % de taux d’intérêt jusqu’en juillet 2012, 0,75 % pour la période juillet 2012 à mai 2013, 0,50 % de mai 2013 à novembre 2013, 0,25 % entre novembre 2013 et juin 2014, 0,15% d’intérêt entre juin 2014 et début septembre 2014, 0,05% à partir du 10 septembre 2014. |3| Dexia ne paiera ces intérêts qu’au moment du remboursement de la somme empruntée. Que se passera-t-il à ce moment-là ? Il est évident que de nombreuses banques, comme Dexia ou la principale banque italienne Intesa Sanpaolo (ISP.MI) (qui a reçu 24 milliards d’euros dans le cadre du LTRO), ne seront pas en mesure de rembourser la somme empruntée, sauf si elles procèdent à un nouvel emprunt plus ou moins équivalent à l’emprunt précédent. À qui ces banques emprunteront-elles ? À la BCE pardi. Son président Mario Draghi a annoncé en juin 2014 que la BCE octroierait de nouveaux prêts de longue durée (Targeted Long Term Refinancing Operations – TLTRO) |4|.

Au départ, la BCE déclarait que le volume des nouveaux prêts de longue durée atteindrait 400 milliards, on verra ce qu’il en sera exactement quand on fera le point en février ou en mars 2015 au moment où les différentes tranches de crédit TLTRO auront été accordées. Le programme TLTRO a commencé en septembre 2014, une première tranche de 82,6 milliards d’euros a été octroyée. Une deuxième tranche le sera en décembre 2014, ce qui coïncidera avec la première échéance du remboursement que les banques qui ont eu recours au LTRO de décembre 2011 devront effectuer. Soulignons qu’une partie des banques qui avaient eu recours au LTRO en décembre 2011 ont remboursé anticipativement la BCE afin de donner des gages de bonne santé. Ce sont les banques les plus mal en point qui sont encore redevables à la BCE de prêts LTRO. Du coup, les échéances de décembre 2014 (1ère tranche LTRO) et de février 2015 (2e tranche LTRO) sont importantes.

Imaginez ce qui se serait passé si Dexia et de nombreuses autres banques en difficulté n’avaient pas eu accès aux prêts de la BCE : elles auraient dû purement et simplement mettre la clé sous le paillasson. En effet, à condition de trouver un prêteur privé (ce qui n’aurait pas du tout été facile vu les montants nécessaires), les banques auraient dû verser des taux d’intérêt supérieurs à 8 % (à payer régulièrement et pas au moment du remboursement du capital emprunté). Ajoutons que la BCE fait d’autres cadeaux de taille aux banques privées : elle leur achète des covered bonds afin de les aider à se financer, |5| elle accepte que les banques déposent comme garantie des produits structurés en échange des nouveaux prêts qu’elle leur concède. Bien sûr, il y a aussi le monopole dont bénéficient les banques privées dans le financement des pouvoirs publics. Dans les mois à venir, vont s’ajouter des achats massifs de produits structurés (fabriqués par les banques sous le nom d’ABS) par la BCE.

Le bilan de la double opération LTRO / TLTRO est clair : il aurait fallu procéder autrement afin de protéger les intérêts des victimes de la crise. Pour cela, mettre en faillite les banques en crise tout en protégeant les dépôts des épargnants, créer une structure de défaisance des actifs toxiques à charge des grands actionnaires et intégrer la partie saine dans une structure authentiquement publique (sans verser d’indemnités aux grands actionnaires). Il fallait socialiser le secteur bancaire et lui donner une authentique mission de service public.


Partie 1
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5

Notes

|1| Dès août 2011, à un moment où très peu de commentateurs financiers en parlaient, cette situation a été décrite dans la série intitulée « Dans l’œil du cyclone : la crise de la dette dans l’Union européenne » : « Elles (= les banques européennes) ont financé et elles financent encore leurs prêts aux États et aux entreprises en Europe via des emprunts qu’elles effectuent auprès des Money Market Funds des États-Unis. Or ceux-ci ont pris peur de ce qui se passait en Europe (…).

À partir de juin 2011, cette source de financement à bas taux d’intérêt s’est presque tarie, en particulier aux dépens des grandes banques françaises, ce qui a précipité leur dégringolade en Bourse et augmenté la pression qu’elles exerçaient sur la BCE pour qu’elle leur rachète des titres et donc leur fournisse de l’argent frais. En résumé, nous avons là aussi la démonstration de l’ampleur des vases communicants entre l’économie des États-Unis et celle des pays de l’UE. D’où les contacts incessants entre Barack Obama, Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, la BCE, le FMI… et les grands banquiers de Goldman Sachs à BNP Paribas en passant par la Deutsche Bank… Une rupture des crédits en dollars dont bénéficient les banques européennes peut provoquer une très grave crise sur le vieux continent, de même qu’une difficulté des banques européennes à rembourser les prêteurs états-uniens peut précipiter une nouvelle crise à Wall Street. » (http://cadtm.org/Dans-l-oeil-du-cyc..., 26 août 2011). Une étude de la banque Natixis confirme la détresse qu’ont connue les banques françaises pendant l’été 2011 : Flash Economie, « Les banques françaises dans la tourmente des marchés monétaires », 29 octobre 2012. On y lit : « De juin à novembre 2011, les fonds monétaires américains ont subitement retiré la plus grande part de leurs financements aux banques françaises. (…) C’est jusqu’à 140 Mds USD de financements à court terme qui ont fait défaut aux banques françaises à fin novembre 2011, sans qu’aucune ne soit épargnée. » (http://cib.natixis.com/flushdoc.asp...). Cette fermeture de robinet a touché également la plupart des autres banques européennes, comme le montre également cette étude publiée par Natixis.

|2| Voir Éric Toussaint, « Super Mario Draghi 2.0 pour les banquiers », publié le 6 septembre 2014, http://cadtm.org/Super-Mario-Draghi...

|3| Voir sur le site de la BCE : « In this longer-term refinancing operation, the rate at which all bids are satisfied is indexed to the average minimum bid rate in the main refinancing operations over the life of the operation », http://sdw.ecb.europa.eu/servlet/de...

|4| Voir Éric Toussaint, « Super Mario Draghi 2.0 pour les banquiers », publié le 6 septembre 2014, http://cadtm.org/Super-Mario-Draghi...

|5| Voir Eric Toussaint, « Les aides massives des banques centrales aux grandes banques privées », publié le 21 août 2014, http://cadtm.org/Les-aides-massives... Voici un extrait de l’article en question : « Il s’agit d’une aide fort importante de la BCE aux banques qui rencontrent de graves problèmes pour se financer sur les marchés. Cette aide est carrément passée sous silence dans les médias.

Depuis l’éclatement de la crise, la BCE a acheté pour 76 milliards d’euros de covered bonds, 22 milliards sur le marché primaire et 54 milliards sur le marché secondaire. Il faut souligner que la BCE a acheté notamment des covered bonds qui ont une mauvaise notation (BBB-), ce qui veut dire que les agences de notation n’avaient pas confiance dans la santé des banques qui les ont émis. À la date du 18 mars 2014, la BCE détenait pour 52 milliards d’euros de covered bonds des banques. C’est un montant très important si on le compare au volume des émissions de ces obligations par les banques. En 2013, il ne s’est élevé qu’à 166 milliards d’euros, en chute de 50 % par rapport à 2011  ».

Éric Toussaint, maître de conférences à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique et est membre du conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Bancocratie, Aden, 2014, http://cadtm.org/Bancocratie  ; Procès d’un homme exemplaire, Editions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010.

 

 

Source : cadtm.org

 

 

 

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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 20:26

 

 

Source : www.agoravox.fr

 

 

L’économie du partage : nouvel eldorado du capitalisme ?

 

 

 

 

 

Blablacar, Airbnb, Uber, YoupiJob, Ouishare, troc, partage, coworking, crowfunding, peer to peer etc... c'est toute une myriade de sigles et de concepts nouveaux qui nous feraient enfin partager une voiture, un logement, de l'outillage et des compétences dans la convivialité, intelligemment, tout en préservant les ressources de la planète. Grâce à l'intermédiation du réseau mondial et une bonne dose d'algorithmes savants, on peut, dans la minute, après avoir défini avec précision son profil, ses goûts et ses envies, trouver l'appartement de ses rêves pour un week-end à Londres ou la personne la plus compétente pour donner des cours de chinois aux enfants ou encore réunir les fonds pour la réalisation d'un projet. Le gourou Jeremy Rifkin, héraut d’un avenir radieux, dans son dernier livre (1) annonce, après avoir prédit la fin du travail, tout simplement la fin du capitalisme avec la venue de "la société à coût marginal zéro et l'émergence des communaux collaboratifs". On aurait enfin trouvé la potion magique pour tordre le cou à la société de consommation et au capitalisme productivisme, tout cela sans soulèvement populaire ni effusion de sang. Mais ce système capitaliste qui régente nos vies depuis deux siècles est-il prêt à se faire tout doux, séduit qu'il serait pas cette nouvelle société fondée sur l'échange, la confiance et la convivialité ?

 

 

L' ECONOMIE DU PARTAGE EN PASSE DE REMPLACER L'ECONOMIE DE MARCHE TRADITIONNELLE ?

Aujourd'hui tous les secteurs de la vie quotidienne sont concernés par cette nouvelle économie du partage. Que ce soit en échangeant de la musique sur les réseaux sociaux, en effectuant des achats de matériels d’occasion sur Internet, en pratiquant le covoiturage ou en fréquentant un jardin partagé, nous goûtons à la consommation collaborative, terme rendu célèbre par Rachel Bostman dans son livre « What is mine is yours » en 2009 (lien ). Cette économie du partage repose sur le stock illimité des biens et des compétences disponibles sur la planète et la croissance exponentielle des formes de revente, de location, de partage, de troc, d’échange permise par les nouvelles technologies, et notamment les technologies peer-to-peer, au point d’optimiser l’utilisation des objets, mais aussi les services et les compétences de chacun : il est possible ainsi de maximiser l’usage des biens que l’on possède en partageant leur usage avec d’autres. Cette « co-révolution » a tout pour bousculer à la fois les modes de consommation et les modes de production. Non seulement l’économie du partage permet l’optimisation de l’usage (une voiture reste en moyenne à l’arrêt 92% de son temps), mais surtout, contribue au développement du lien social. Les sites spécialisés dans cette nouvelle économie ajoutent à leur dimension de « consommer malin » une dimension sociale et communautaire. Nous serions en train de passer de l’économie de marché à une économie de réseau. Il n’est plus nécessaire de posséder pour participer : dans l’économie du partage, vous pouvez aussi donner de votre temps pour rendre un service, ou encore partager vos compétences et vos connaissances. Partager signifiant à la fois « diviser ce que l'on a » et « mettre en commun ce qui nous appartient ». On peut enfin jouir d'un bien sans être obligé de le posséder tout en s'ouvrant à l'autre et en s'enrichissant au sens propre comme au figuré. Fini "la guerre de tous contre tous", la course à la possession et à la consommation, l'individualisme forcené qu'engendre l'appropriation ; la force de la communauté l'emporterait sur l'égoïsme de chacun.

Jeremy Rifkin dans son dernier livre fait valoir que partout des millions de « prosommateurs ou producteurs-consommateurs » collaborent gratuitement sur les réseaux sociaux, conçoivent de nouvelles technologies informatiques, de nouveaux logiciels, de nouvelles formes de divertissement, de nouveaux outils pédagogiques, de nouveaux médias, de nouvelles énergies vertes, de nouveaux produits fabriqués par impression 3D.

Alors que tout au long de la deuxième moitié du XXeme siècle, tout a été fait pour éliminer toute convivialité dans les rapports de voisinage, pour détruire les liens sociaux, pour vider la rue et les places de toute urbanité et échanges au profit de gigantesques centres commerciaux, agora des temps modernes, alors que les petits commerces de proximité des centres villes, que les cafés, ces "lieux intermédiaires" entre le domicile et le lieu de travail où l'on pouvait nouer des contacts, partager, échanger, ont aussi disparus, alors que l'espace public est totalement préempté par le marché et que la sociabilité est condamnée à se replier dans les lieux, clubs et réseaux privés, il fallait bien inventer de nouveaux espaces conviviaux alternatifs. Bien que virtuels ils sont capables à nouveau de mettre en face à face, en lien direct, un producteur et un consommateur, pour échanger des services ou des biens. Le développement des réseaux a permis cette résurrection d'une économie de "proximité virtuelle" fondée sur l'échange. Mais cette nouvelle économie horizontale ne peut se dispenser d'emprunter les portails des temps modernes que sont les sites d'échanges, les navigateurs et réseaux sociaux et, pour contractualiser le partage, il faut verser la taille et la gabelle à ces nouveaux seigneurs 2.0. Comment cette nouvelle économie collaborative peut-elle ne pas être rattrapée par ce marché qui ne cesse de se métamorphoser pour monétiser à son profit tout ce que l'homme peut créer ou faire. Contrairement à ce que nous prédit Jeremy Rifkin ce n'est pas encore la mort douce du capitalisme qui est en vue mais bien la poursuite de la prédation de toute action humaine par une petite minorité propriétaires des moyens et des réseaux d'intermédiation nécessaires à la mise en rapport de ces nouveaux consommateurs.

L'ECONOMIE DE PARTAGE AU SERVICE DE L'ECONOMIE DE MARCHE ?

Cette désintermédiation est naturellement rendue possible par l’existence d’Internet, l’essor du Web mobile, le paiement en ligne et l'évaluation réciproque des utilisateurs. Elle s’appuie aussi sur l’analyse des données de masse (« big data »), qui servent de socle à des algorithmes de plus en plus puissants, et permet à l’offre et à la demande de coïncider en une fraction de seconde. Dans le domaine des réseaux numériques, il ne faut pas perdre de vue les rapports de force en place avec les « géants du net », les G.A.F.A. ( 2 ) qui règnent en maîtres sur le réseau mondial, se moquent des Etats et ne sont pas prêts à partager leurs compétences. Ils gagnent chaque année des milliards de dollars payés directement ou indirectement par les usagers, et sont accessoirement étroitement associés aux plus puissants services d'espionnage du monde, la CIA, la NSA. Tous ces nouveaux entremetteurs des temps modernes comme Airbnb ou Uber, Blablacar ou YoupiJob sont nés dans les bras de Google et de Facebook. S'ils ont rendu la location de biens entre particuliers considérablement plus simple et conviviale, ils n'ont pas négligé de se payer sur la bête (15 à 20 % de la transaction). Certains comme Airbnb dégageant des profits gigantesques, valorisés en bourse plus de dix milliards de dollars. Comme les géants du net, certains sont logés dans les paradis fiscaux et ils se dispensent de payer leur quote-part aux Etats. En quelques années ces nouveaux acteurs économiques sont en train de prendre une position hégémonique aux dépens d'acteurs traditionnels et de systèmes indépendants du monde marchand. Au point que ces modèles sont dits « disruptifs », ainsi nommés parce qu’ils détruisent des marchés bien installés, parfois avec des méthodes agressives, inspirées du capitalisme le plus sauvage.

Si, jusqu'à il y a peu, le capitalisme tirait exclusivement son profit du travail humain dans la fabrication et la commercialisation des marchandises. Avec la mécanisation, l'automatisation et l'informatisation des processus de fabrication, le taux de profit n'a cessé de diminuer. Pour maintenir les bénéfices, il a fallu vendre toujours de plus en plus à des travailleurs de plus en plus précarisés. Pour doper une consommation à bout de souffle on a eu recours au crédit et à l'endettement. La crise de 2008 a montré les limites du subterfuge de ce capitalisme fictif. Dans les pays au marché saturé, au chômage et à la précarité endémique il fallait trouver le moyen d'extraire encore de la valeur. La propriété privée, habitée par des êtres aux compétences sous exploitées, encombrée d'objets, d'outils ou de moyens de transports sous utilisés, est devenue le lieu où l'on pouvait encore extraire de la valeur.

Ainsi toutes ces plates-formes reposent sur le même système : permettre la rencontre d'une offre et d'une demande en organisant une concurrence dans laquelle une partie des acteurs (qui souvent complètent ainsi leurs revenus) sont prêts à brader le prix de leurs biens ou services parce qu'ils n'ont pas les mêmes contraintes que les acteurs institutionnels (pas de charges sociales, revenu d'appoint). C'est banco pour les plates-formes rémunérées en commissions et c' est à terme la paupérisation de l'ensemble des autres acteurs avec la destruction de nombreux emplois et une fragilisation de tout le système social financé par des cotisations adossées sur le travail rémunéré.

En conclusion citons Jean Gadrey qui dans un article sur Jeremy Rifkin "le gourou du gotha européen" ( lien ),écrit : « ce rêve de réorientation démocratique partant de l’oligarchie et de la technologie est une impasse, une dépossession, un piège à citoyens. Si ces derniers ne s’emparent pas de la transition, si en particulier ils ne reprennent pas le contrôle de la finance (une priorité totalement absente chez Rifkin) et des technologies, l’oligarchie, qui en a vu d’autres, va récupérer les idées de Rifkin et n’en retenir que ce qui conforte ses intérêts ».

Si les vertus de l'économie collaborative sont indéniables, la lutte pour un monde plus humain fondé sur le partage et la convivialité passe par le contrôle par les utilisateurs de l'ensemble des acteurs et en particulier par l'appropriation et la gestion par la communauté de tous les moyens techniques et des intermédiaires qui parasitent les échanges et empêchent l'émergence d'une nouvelle économie fondée réellement sur l'équité entre tous les acteurs. Pour la prise de cette nouvelle bastille, la bataille risque fort d'être rude, elle exigera la mobilisation et la détermination de l'ensemble de la société civile et de ses représentants politiques.

LA SCIENCE DU PARTAGE

 

__________________

(1) Le dernier livre de Rifkin s’intitule " La nouvelle société du coût marginal zéro. L’internet des objets, l’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme" Editions Les Liens qui libèrent.

(2 ) Voir l'article G.A.F.A. l'acronyme d'un quatuor qui accapare notre existence

 


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De quelques réflexions d'un déserteur du marché du travail ou les aventures de super super au travail pour la croissance à travers les siècles

 

 

Source : www.agoravox.fr

 

 

 

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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 20:05

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

Ces vignerons qui se battent pour un vin éthique

Lorène Lavocat (Reporterre)

jeudi 9 octobre 2014

 

 

 

Des vignerons alsaciens mettent en place une « récolte éthique » pour faire apprécier la juste valeur de leur travail en biodynamie, sans intrants ni pesticides, et qui tente de s’affranchir de la grande distribution. Vivre de la culture de la vigne, non pas du cours du litre de vin sur le marché mondial, et défendre un vin biologique et naturel, c’est le combat qu’ils mènent chaque jour.


Toute la journée, il a récolté le raisin, les bottes dans la terre brune. Malgré la fatigue, Luc Faller parle toujours de son métier avec passion et entrain. « J’aime observer, écouter la nature », commence-t-il. Cet Alsacien n’est pas un vigneron conventionnel. Depuis plus d’un quart de siècle, il cultive ses huit hectares de vignes sans intrants ni pesticides.

Un mode de culture qui met en avant le respect du cycle des plantes et de l’écosystème, à l’opposé des préceptes productivistes de l’agriculture intensive.
Problème, Luc Faller peine à vendre ses bouteilles à leur juste valeur. « Le marché international tend à tirer les prix vers le bas, dit-il. On voudrait une bouteille à 2,50 € mais c’est impossible si on veut continuer à travailler comme nous le faisons. »


- Luc Faller -

Du commerce équitable pour le vin

Comme lui, cinq vignerons alsaciens, en agriculture biologique, ont décidé de mettre un coup de pied dans le tonneau. Ils mettent en place une « récolte éthique ». Le principe : proposer des bouteilles à un « juste prix », 10 €, qui garantisse une rémunération décente. « Il faut que les consommateurs comprennent que produire un vin de qualité, ça a un coût », explique Luc Faller. Ni charte ni label, il s’agit surtout d’une opération de communication. « Nous voulons être visibles, mettre en valeur notre démarche. »

Une quête commune de qualité et de durabilité. Tous pratiquent une agriculture biodynamique. Sans intrants, ce mode de culture prend en compte le calendrier astronomique, et utilise des préparations aux noms de potion magique (bouse de corne), à base de minéraux ou de végétaux fermentés.

Luc Faller a découvert la biodynamie en 2002. « Au début, je n’en comprenais pas le sens, puis j’ai observé sur mes vignes. La qualité du vin s’est améliorée, au niveau de sa personnalité et de son expression aromatique. »

Le vigneron ne se repose pas sur ses récompenses et les labels de son vin, il s’efforce toujours de faire connaître son travail. « Notre situation n’est pas catastrophique, nous vivons bien, mais je suis inquiet pour la suite », précise-t-il. Pas facile de convaincre des jeunes de s’installer quand tout ce qu’on leur promet, c’est beaucoup de travail et très peu de rémunération.

Concurrence internationale, baisse des prix. L’avenir de la petite viticulture française lui paraît incertain. D’où l’importance à ses yeux de sensibiliser le consommateur au « vrai » prix du vin. Dans les rayons des supermarchés, les prix s’étalent de 2 € à plus de 50 €. Des cépages obscurs, des appellations exotiques ou des récompenses floues. Comment s’y retrouver ?

S’affranchir de la grande distribution

Outre promouvoir le travail des viticulteurs bio, la récolte éthique vise à s’émanciper de la grande distribution. « Les négoces négligent complètement les dimensions de respect des hommes et de la terre. » Lui aimerait s’affranchir de ce réseau de commercialisation.

« Ils nous poussent vers des produits standardisés, façonnés avec des technologies et des protocoles bien rodés », déplore-t-il. Il rêve d’être indépendant. Mission presque impossible : 88 % du vin est commercialisé par la grande distribution en France.

Mais Luc Faller ne baisse pas les bras. Il privilégie la vente directe. Un tiers de sa production est écoulé au caveau. Mais depuis quelques années, les clients sont de moins en moins nombreux. « Je n’ai pas le temps de communiquer, de nous faire connaître. » Il espère que la promotion de la récolte éthique lui apportera des nouveaux palais désireux de goûter ses vins....

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 19:25

 

Source : www.marianne.net


 

Autoroutes : vers une scandaleuse prolongation des concessions ?
Vendredi 10 Octobre 2014 à 13:00

 

Journaliste économique à Marianne En savoir plus sur cet auteur

 

En lieu et place de l'écotaxe, Ségolène Royal veut s'attaquer au "profit des autoroutes". Voilà un objectif louable. Hélas, les contrats qui lient l'Etat et les autoroutiers sont ainsi ficelés qu'il sera difficile d'y arriver. Peut-être va-t-on vers une autre solution : une prolongation des concessions en l'échange de quelques investissements...

 

XAVIER FRANCOLON/SIPA
XAVIER FRANCOLON/SIPA

« La privatisation des autoroutes engagée en 2005 a été une mauvaise affaire pour l'Etat ». Cette fois-ci, ce n’est pas Marianne qui dénonce ce scandale — comme nous l'avons encore fait récemment en couverture  — mais Emmanuel Macron. Le ministre de l’Economie et de l'Industrie a fait état d’un manque à gagner de plusieurs milliards sans le chiffrer. Sans doute une grosse dizaine de milliards. Rien que ça. Mais il y a du neuf : la « nouvelle star » du gouvernement a assuré son auditoire de la volonté de Bercy de faire enfin quelque chose, comme l’y invitait d'ailleurs l’Autorité de la concurrence dans son dernier rapport. Oui mais quoi ? Et comment ? Ségolène Royal, dans la foulée de la « suspension » de l'écotaxe, a expliqué que sa « priorité » était « le prélèvement du profit des autoroutes » arguant que « sur 100 euros de péage payés par l’usager, 22 sont du profit net pour les sociétés d’autoroute » et que cela a « permis la redistribution de 15 milliards de dividendes depuis la privatisation »

S’attaquer à la rente qui prive l’Etat de recettes et dévalise les automobilistes mais remplis grassement les poches des actionnaires des autoroutes à raison de 20 % de marges nettes, est un objectif louable. Hélas, la tâche est extrêmement compliquée. L’équation est d’autant plus complexe que, non content d’avoir brader les bijoux de familles, l’Etat s'est mis dans une telle position qu'il apparaît pieds et poings liés : les contrats avec les concessionnaires sont en effet si bien verrouillés que la marge de manœuvre juridique est étroite. Quand Madame Michu peut se voir soumise à de nouvelles taxes sur le poisson, les cigarettes ou encore les ordinateurs (50 milliards de prélèvements obligatoires supplémentaires sur les ménages entre 2010 et 2013), les sociétés d’autoroutes, elles, se sont offertes le « totem d’immunité » façon Koh-Lanta.


Les rapporteurs de l’Autorité de la concurrence eux-mêmes peinent à le croire, mais les contrats de concessions ont été rédigés de telle sorte que les rois du bitume sont aussi bien protégés que les émirs du Qatar en France ! Voici par exemple l’extrait d’un contrat de concession : « En cas de modification ou de création d’impôts, de taxes et redevances spécifiques aux concessionnaires d’ouvrages routiers à péage ou aux concessionnaires d’autoroutes, l’État et la société concessionnaire arrêtent d’un commun accord les compensations, par exemple tarifaires, qui devront être apportées pour assurer la neutralité de ces modifications ou créations sur l’ensemble constitué des comptes sociaux et de l’équilibre de la société concessionnaire, tels qu’ils se présenteraient, à la même date, en l’absence de ces modifications ou créations ». Tout juste l’Etat a-t-il pu récemment augmenter de 100 millions d’euros la taxe domaniale. Une goutte d’eau dans l’océan de leurs bénéfices...

 

L’absurdité d’un tel contrat a failli récemment avoir une traduction très concrète avec la mise en place de l’écotaxe sous l’égide d’Ecomouv. Telle qu’initialement paramétrée, la mise en place d’une taxe sur les routes — jusqu’alors gratuites, rappelons-le — aurait naturellement transféré une partie du trafic vers les autoroutes. Ce sont ainsi 400 millions d’euros de péages que les concessionnaires auraient vu débouler dans leurs caisses sans avoir à bouger le petit doigt. Quatre cents millions de la poche des conducteurs à celle des actionnaires sans passer par la case impôts, sinon via l’Impôt sur les sociétés…

 

En réalité, il semble que le gouvernement compte négocier un « rééquilibrage du modèle économique en faveur du concédant et des usagers » lors de la signature du plan de relance autoroutier. Et ce n’est pas la moindre des annonces. Puisque ce faisant, Emmanuel Macron entérine la prolongation de la concession contre des investissements, qualifiant même ce pacte de « bonne décision, (...) favorable à l'économie française ». Une « bonne décision » ? Les autoroutiers, eux, sont en situation de force (ils ont déjà remboursé leur investissement de départ et se sont assurés encore vingt ans de concessions) tandis que l’Etat, aux abois financièrement, lui, est incapable d’assumer les investissements sur son propre réseau routier. Mais voilà, les boîtes de BTP, patrons des autoroutes, s’engagent, grands seigneurs, à mettre la main à la poche. Est-ce également, comme le dit Macron, un accord « favorable à l’économie française » ? En dépensant 3,5 milliards d’euros, ce sont une quinzaine de milliers d’emplois dans le BTP qui seront assurés : un bol d’air pour le gouvernement en mal de croissance et d’activité. Mais on se trouvera donc dans la situation absurde consistant à donner, en moyenne, trois années supplémentaires (et possiblement jusqu'à six années même) de concession ! Contre quoi ? Une toute petite érosion de la rente des seigneurs du macadam.

En tout cas, il ne semble pas y avoir le feu au lac. Dans son budget, le gouvernement n’a inscrit aucune recette nouvelle issue des autoroutes. « Mais on pourrait accueillir favorablement un amendement », nous assurait-t-on récemment à Bercy. Quand la marge juridique est faible, reste en effet le pouvoir politique. Pourquoi certains parlementaires n'iraient-ils pas plus loin en reprenant à leur compte l'appel des élus lancé par Marianne ?

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 19:09

 

Source : cadtm.org

 

 

CADTM

 

 

Video

Dette : Lutter contre les fonds vautours

5 octobre par Eric Toussaint

 

 


Comment lutter contre les fonds vautours et l’impérialisme financier ? par Eric Toussaint

Discours prononcé lors du Séminaire international “Alternatives à l’impérialisme financier et aux fonds vautours”, à Caracas (Venezuela), le 12 août 2014 en présence de la ministre de la communication et du ministre des relations extérieures du Venezuela ainsi que de l’ambassadeur d’Argentine.

La traduction et le sous-titrage de la vidéo ont été réalisés par Cécile Lamarque et Chris Den Hond.

 

 

 

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 18:48

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

Hong Kong: regain de mobilisation du mouvement étudiant

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

Plusieurs centaines d'étudiants ont campé dans la nuit de vendredi à samedi sur les principaux sites de protestation de Hong Kong. Le mouvement en faveur de la démocratie semble regagner en vigueur après l'annulation, jeudi, par les autorités des négociations qui étaient prévues avec les contestataires, en raison des appels persistants à des manifestations.

Plusieurs centaines d'étudiants ont campé dans la nuit de vendredi à samedi sur les principaux sites de protestation de Hong Kong. Le mouvement en faveur de la démocratie semble regagner en vigueur après l'annulation, jeudi, par les autorités des négociations qui étaient prévues avec les contestataires, en raison des appels persistants à des manifestations.

La contestation a pris de l'ampleur dans la seconde quinzaine de septembre, après l'annonce le 31 août d'un projet prévoyant de soumettre à l'approbation des autorités chinoises les candidatures à l'élection du chef de l'exécutif hongkongais en 2017.

Le mouvement pro-démocratie, qui réclame la liberté de candidature à cette élection et aussi la démission de l'actuel chef de l'exécutif Leung Chun-ying, s'est essoufflé en début de semaine, mais des milliers de personnes se sont mobilisées de nouveau vendredi soir pour une série de rassemblements à travers la ville.

« Nous avons des tentes, ici, pour montrer notre détermination à mener une occupation longue », a déclaré samedi matin Benny Tai, l'un des leaders du mouvement étudiant. Une bonne centaine de tentes ont été montées sur Harcourt Road, tandis que des dizaines de personnes ont disputé un marathon en soutien aux étudiants.

Depuis qu'ils sont descendus dans la rue voilà deux semaines, les contestataires ont bloqué les grands axes dans le quartier gouvernemental, à Admiralty, ainsi que dans les quartiers commerçants de Central et Causeway Bay.

Le mouvement « Occupy Central », qui fait référence au nom du quartier des affaires de Hong Kong, est une épine dans le pied pour Pékin, sans doute l'une des plus importantes depuis la répression du mouvement étudiant dans la capitale chinoise début juin 1989. Pékin craint que la démocratie à Hong Kong ne se propage au continent, alors que la Chine populaire a déjà fort à faire avec les troubles séparatistes au Xinjiang, mais aussi au Tibet.

 

 

Source : www.mediapart.fr

 


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10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 18:55

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Fracturation hydraulique

Gaz de schiste : le ministère de l’Ecologie étudie des permis d’exploration

par Maxime Combes 10 octobre 2014

 

 

 

Ségolène Royal va avoir l’occasion de passer des paroles aux actes. « Il n’est pas question à un moment où on a des ressources publiques rares d’investir dans des filières aléatoires et spéculatives », déclarait fin septembre la ministre de l’Écologie à propos des gaz de schiste. Elle précisait même que, tant qu’elle serait ministre, il n’y aurait aucune autorisation d’exploitation ni d’exploration.

Les services de la ministre de l’Écologie sont cependant en train d’étudier une douzaine de nouveaux permis de recherche d’hydrocarbures sur le sol français et d’examiner le renouvellement de permis de recherche accordés avant le moratoire de 2011. Ces permis concernent les Landes, l’Aisne et la Marne, la Moselle, le Vaucluse, l’Yonne et le Loiret, la Seine-et-Marne, le Bas-Rhin, la Haute-Marne, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle et les Vosges, ou encore le Bassin parisien. Des consultations publiques sont ouvertes sur le site du ministère.

Or, les documents relatifs aux demandes des permis de Gastins (Seine-et-Marne), de Dicy (Yonne) et de Montmort (Marne) font explicitement référence à la technique de la fracturation hydraulique et à la nécessité de fracturer le sous-sol qui retient les hydrocarbures. « Un soin particulier sera apporté au traitement des eaux utilisées pour la fracturation des schistes à gaz afin d’éviter toute pollution des nappes phréatiques », précise ainsi la notice d’impact déposée par la société Realm Energy International (filiale de San Leon Energy, basée à Dublin, en Irlande) pour le permis de Dicy, entre Montargis et Auxerre. « Pour produire du gaz de schiste, il est important de briser les argiles saturés qui le contiennent à l’aide de jets d’eau sous pression », explique une notice similaire pour le permis de Montmort, dans la Marne. Ces demandes devraient donc tomber sous le coup de la loi et être refusées.

Les collectifs citoyens mobilisés contre les hydrocarbures de schiste appellent donc la ministre à s’exprimer et à « ne pas signer de nouveaux permis (…) exclusifs de recherches d’hydrocarbures » (lire leur lettre ouverte). Sous la pression, Ségolène Royal a déjà dû annoncer publiquement qu’elle ne signerait pas la demande d’attribution du permis de Calavon, couvrant le parc naturel régional du Luberon (Vaucluse), alors que la consultation publique est toujours en cours. Pour les opposants au gaz de schiste, refuser ces permis constitue la « seule manière d’être en cohérence avec les objectifs de la transition énergétique ». Ce samedi 11 octobre, les anti-gaz de schiste organisent d’ailleurs des rassemblements à Auch, Grenoble, Lille, Narbonne, Nîmes, Paris et Strasbourg, dans le cadre de la troisième journée mondiale contre la fracturation hydraulique (cliquez sur la carte ci-dessous pour en connaitre les détails).

 

 


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Source : www.bastamag.net

 

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10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 18:27

 

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Journée anti-TTIP

Les citoyens européens manifestent contre le Grand marché transatlantique

par Agnès Rousseaux 10 octobre 2014

 

 

 

 

 

Tafta, Ceta, Tisa : derrière ces sigles se cachent des accords de libre-échange et d’investissement négociés dans le plus grand secret. Et qui risquent de mettre en péril les normes sociales, financières, sanitaires, culturelles et environnementales en Europe. Ils permettront notamment aux multinationales de poursuivre les États devant des tribunaux privés d’arbitrage, hors de tout contrôle démocratique. L’accord Tafta (ou TTIP) prévoit de créer la plus grande zone de libre-échange au monde, entre les États-Unis et l’Union européenne. Tisa est un accord négocié dans la plus grande opacité par 50 pays, parmi les plus fervents défenseurs de la libéralisation, qui souhaitent l’ouverture du « marché des services » (éducation, santé, transports, télécommunications,...) à la concurrence internationale.

Une grande journée de mobilisation européenne est organisée le 11 octobre, pour dire non à ces accords commerciaux (voir l’appel ci-dessous). Plus de 300 actions, dont 60 en France, sont prévues dans 20 pays pour cette journée européenne d’action.

Sans doute effrayé par l’opposition grandissante à ces traités, le Conseil européen a décidé le 9 octobre de publier le mandat de négociation donné à la Commission par les États membres, concernant l’accord commercial transatlantique (TTIP/Tafta). Une transparence depuis longtemps réclamée par les ONG et syndicats européens. La publication de ce mandat de négociation « vieux de 16 mois » est « une farce », estime l’eurodéputé Yannick Jadot (EELV). Ce mandat de 17 pages est en effet disponible sur internet, suite à des fuites, depuis un an. Il en faudra plus pour lever le voile d’opacité qui plane sur toutes ces négociations commerciales.

Pour tout connaître sur les accords de libre-échange, voir notre dossier.

A lire également :
- Accord Europe - États-Unis : que nous réserve la plus grande zone de libre-échange du monde ?
- Tisa, ces négociations commerciales secrètes qui visent à accélérer privatisations et dérégulations

Voir la carte des mobilisations prévues en France (liste ici). A Paris, la manifestation part à 14h30, Place de Stalingrad.

Le traité transatlantique (TAFTA) expliqué en quelques minutes :

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L’appel européen

Appel à une journée d’action décentralisée contre le TAFTA, le CETA et le TiSA [1] et l’agenda des multinationales – 11 octobre 2014

Journée européenne d’action contre le TAFTA : Réclamons la démocratie ! Renversons le pouvoir des multinationales ! Les peuples et la planète avant les profits !

Les associations, syndicats, organisations paysannes et militant-es de toute l’Europe appellent à une journée d’action pour stopper les négociations en cours du TAFTA, du CETA, du TiSA et autres accords de libre-échange, et à promouvoir des politiques commerciales alternatives qui fassent des droits des peuples, de la démocratie et de l’environnement une priorité.

Le TAFTA ou Grand Marché Transatlantique et le CETA sont les exemples les plus frappants de la façon dont les politiques commerciales et d’investissement sont négociées de manière non démocratique et dans le seul intérêt des grandes entreprises. Les négociations se mènent dans le plus grand secret, avec très peu d’informations livrées à l’examen public, alors que les lobbies y exercent une influence grandissante.

Si ces accords devaient aller de l’avant, les multinationales auraient le droit exclusif de poursuivre les gouvernements devant des panels internationaux d’arbitrage, indépendants des systèmes juridiques nationaux et européen. Ils permettraient de réduire les normes sanitaires et de sécurité via le marchandage d’une « harmonisation » transatlantique, et saperaient la capacité des gouvernements nationaux et locaux d’empêcher des pratiques dangereuses telles que la fracturation hydraulique [2] ou l’utilisation des OGM. Ils provoqueraient la braderie de services publics essentiels et conduiraient les travailleurs et les droits sociaux à une course au moins-disant.
Ces politiques sont étroitement liées au démantèlement en cours des normes sociales et à la pression pour privatiser les services publics au nom de « l’austérité », des « politiques de crise » et de l’augmentation de la « compétitivité ».

La journée d’action rendra publiquement visible notre opposition dans les rues d’Europe. Nous mènerons ce débat sur la place publique, de laquelle la Commission européenne et les gouvernements européens tentent de nous tenir à l’écart. Et nous ferons la promotion de nos propositions pour des politiques économiques alternatives.

Nous sommes solidaires des citoyen-nes et des groupes qui à travers le monde partagent nos préoccupations pour l’environnement, la démocratie, les droits humains et sociaux. Le TAFTA, le CETA, le TiSA et les autres accords de libre-échange similaires seront arrêtés par l’énergie que les citoyen-nes d’Europe, du Canada et des États-Unis mobilisent pour faire entendre leurs voix.

Nous appelons les organisations, les individus et les collectifs divers à participer en organisant des actions autonomes et décentralisées à travers l’Europe. Nous nous félicitons de la diversité des stratégies et des actions de solidarité à travers le monde qui contribuent à informer, à engager et à mobiliser les populations localement.

Nous pouvons gagner cette bataille. Ensemble, renversons le pouvoir des multinationales !

Premiers signataires :

Assed Europe (Europe), Réseau des Attac d’Europe (Europe), Réseau Seattle to Brussels (Europe), Union Internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du catering, du tabac et des branches connexes (UITA) (International).

Aitec-Ipam (France), Alliance D19-20 (Belgique), Attac Allemagne (Allemagne), Attac Autriche (Autriche), Attac Danemark (Danemark), Attac Espagne (Espagne), Attac France (France), CNCD-11.11.11 (Belgique), Collectif citoyen les Engraineurs (France), Collectif national Stop TAFTA - Non au grand marché transatlantique (France), Confederación General del Trabajo (CGT) (Espagne), Corporate Europe Observatory (Belgique), Ecologistas en Acción (Espagne), Educació per a l’Acció Crítica (EdPAC) (Espagne), ELA (Solidarité des Ouvriers Basques) (Pays basque), Entrepueblos/Entrepobles/Entrepobos/Herriarte (Espagne), Fairwatch (Italy),

Farms not Factories (Royaume-Uni), Forum Umwelt und Entwicklung (Allemagne), FOS-socialistische solidariteit (Belgique), Fracking Free Ireland (Ireland), GRECS-Grup de recerca exclusió i control social-Facultat d´historia i geografia - Universitat de Barcelona (Espagne), MIM Moral in Motion (Pays-Bas), No al Tratado Transatlántico de Comercio e Inversiones (Espagne), Occupy London (Royaume-Uni), PowerShift (Allemagne), Rosa Luxemburg Stiftung Brussels (Belgique), Salva la Selva (Espagne), Solidarité socialiste (Belgique), Transnational Institute (TNI) (Pays-Bas), TTIPunfairHandelbar (Allemagne), Union syndicale Solidaires (France), War on Want (Royaume-Uni), We Own It (Royaume-Uni), World Development Movement (Royaume-Uni).

Anova-Irmandade Nacionalista Galiza (Espagne), Collectifs Isérois Stop GHRM38 (France), Huerto de Batan (Espagne), Iniciativa per Catalunya Verds (ICV) (Espagne), Iniciativa por la Soberania Alimentaria de Madrid (ISAm) (Espagne), Plataforma de Solidaridad con Chiapas y Guatemala de Madrid (Espagne), ReHd Mad !, Red de huertos urbanos comunitarios de Madrid (Espagne).

 

 

Notes

[1Le projet de partenariat transatlantique entre l’Union européenne et les États-Unis est appelé TAFTA (Transatlantic Free Trade Agreement), PTCI (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement), TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership ) ou encore grand marché transatlantique. L’accord entre l’Union européenne et le Canada est appelé AECG (Accord économique et commercial global) ou CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement). Le TiSA ou Accord sur le commerce des services (ACS) est quant à lui un accord plurilatéral négocié entre 23 parties (22 États et l’Union européenne au nom des 28, soit 50 États au total).

 

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Source : www.bastamag.net

 

 

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10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 15:22

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

Sous la dette publique, la tyrannie de la pensée unique

|  Par Laurent Mauduit

 

 

 

Presse et politiques s'alarment que la France vienne de franchir la barre des 2 000 milliards de dettes. Ce qui justifie, pour beaucoup, l'austérité. Stupéfiant consensus, qui étouffe les voix critiques selon lesquelles une bonne partie de cette dette est illégitime.

Il a suffi que l’Insee annonce le 30 septembre dernier que la dette publique française avait dépassé pour la première fois le seuil symbolique des 2 000 milliards d’euros pour qu’aussitôt, aidé par les grands médias de la presse écrite et audiovisuelle, le formidable rouleau compresseur de la pensée unique se mette en marche, pour faire croire au pays qu’il vit décidément au-dessus de ses moyens et que l’austérité est une fatalité. Défense de réfléchir à l’origine et aux causes de cette dette ! Interdiction formelle de mentionner les études qui établissent le caractère illégitime d’une bonne partie de cette dette ! C’est une formidable machine à décerveler qui s’est mise en marche voilà quelques jours, avec l’aide de quelques économistes néolibéraux et une presse le plus souvent acquise à leurs thèses et assez peu soucieuse de pluralisme.

Reprenons en effet le fil des événements récents. Le 30 septembre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publie donc une étude qui donne l’état de l’endettement de la France, selon les règles de calcul prévues par le traité de Maastricht. Le graphique et le tableau ci-dessous résument les principales conclusions de cette étude, que l'on peut télécharger ici :

 

On y apprend donc que la dette publique française (c’est-à-dire la dette de l’État, des administrations de Sécurité sociale et des collectivités locales), pour la première fois de l’histoire économique française, a franchi à la fin du deuxième trimestre de 2014 la barre symbolique des 2 000 milliards d’euros, pour atteindre très précisément 2 023,7 milliards d’euros, soit 95,1 % du produit intérieur brut français (PIB).

Le franchissement de ce seuil symbolique était prévisible, mais cela n’a pas empêché une bonne partie de la presse de sonner le tocsin. Ce qui, sur le principe, n’a rien d'anormal : le fait que la France soit endettée à ce point est assurément préoccupant – même si l'endettement allemand est encore supérieur. Mais ce qu’il y a de plus choquant, c’est que la plupart des médias ont sonné l’alerte non pas pour inviter le pays à réfléchir à la gravité de cette dette et en comprendre les raisons, en même temps que les origines. Non ! Pour entonner, d’une seule voix, un seul et même refrain culpabilisateur : si la France est endettée, c’est tout bonnement parce qu’elle dépense trop et vit au-dessus de ses moyens. Élémentaire, non ? Honte à tous les Français qui ont l’irresponsabilité de ne pas le comprendre : c’est parce que l’État est obèse et paie trop bien ses fonctionnaires, qui sont par ailleurs trop nombreux ; c’est parce que le modèle social français est trop généreux ; c'est que les chômeurs sont trop bien indemnisés et les assurés sociaux trop bien remboursés. Oui ! Honte aux Français, qui ont l’égoïsme de ne pas comprendre qu’ils vivent de la sorte à crédit et qu’ils vont faire reporter sur leurs enfants ou leurs petits-enfants la charge de leur train de vie dispendieux d’aujourd’hui…

Aussitôt, un implacable rouleau compresseur s'est mis en marche. Florilège…

« 2 000 milliards d’euros : la France dans le mur de la dette », titre le journal L’Opinion qui, résumant la doxa répétée à l’envi par beaucoup d’autres journaux, commente en sous-titre : « Malgré une pression fiscale maximale, l’endettement public atteint un record de 2 023,7 milliards d’euros au deuxième trimestre (95,1 % du PIB). Conséquence d’un État dispendieux et d’une protection sociale coûteuse. » Ben voyons !…

Au même moment, le Journal du dimanche donne la parole au ministre des finances, Michel Sapin (c’est à consulter ici), et l’interroge sans le moindre recul, et comme si cela allait de soi, sur le point de vue exprimé peu avant par François Fillon selon lequel la France serait du même coup « à la veille d’un accident financier grave ».

Autre exemple, toujours pour prendre la mesure de la vulgate ambiante, La Voix du Nord (l’article est ici) rebondit sur l’actualité en donnant la parole à Frédéric Cuvillier, l’ex-ministre des transports qui, à la manière de Madame Michu, donne son point de vue sur la dette, comme si ce qu’il disait était le simple bon sens : « Ça fait quarante ans que nous vivons à crédit et que nous nous satisfaisons de faire porter sur les générations à venir le poids des déficits budgétaires. Nous sommes arrivés à 2 000 milliards d’euros de dette ! Quel signal donner aux jeunes ? Que nous n’avons aucun courage ? Que nous leur laisserons la facture ? Les jeunes n’auraient aucune perspective d’avenir parce qu’ils seraient endettés ? Il faut avoir conscience que la France ne peut pas s’accommoder de tant de dettes. Mais il faut aussi que les mesures soient à la fois soutenables et justes. Il faut du courage pour cela. »

« Cela a un côté effrayant, cela fait peur ! »

Et que dire des grandes chaînes d’info ! C’est la même opération de décervelage. Au hasard, on peut ainsi visionner la présentation qui est faite lors du journal du soir de France 2 :

 

 

En bref, tout est fait pour frapper les imaginations, sans inviter à réfléchir. Dans le reportage, la dette est ainsi présentée comme une montagne qui dépasse l’Arc de triomphe – pensez donc ! – et l'on est invité à comprendre que la dette tourne « à une vitesse astronomique ». Et pourquoi cela ? La réponse cette fois est un peu plus sophistiquée qu’ailleurs. Car, il y a bien sûr, « la crise, l’accumulation des déficits ». Mais il y a aussi la participation de la France aux plans d’aide européens, notamment en faveur de la Grèce, du Portugal ou encore de l’Irlande, qui aggravera la dette française à hauteur de 68 milliards d’euros l’an prochain. « Pour sauver la zone euro, nous avons alourdi notre propre fardeau », explique doctement le présentateur. Sous-entendu : la France vit au-dessus de ses moyens, mais il y a des pays qui font bien pire qu’elle et que nous nous appliquons pourtant à aider.

Le même jour, sur LCI, c’est une vulgate identique qui est utilisée :

 

 

Une dette limitée à 43 % du PIB au lieu de 90 %

Le rapport n'en disait pas plus… Mais le chiffre laissait pantois : la dette publique aurait donc été de 20 points de PIB inférieure à ce qu'elle était en 2010 sans ces baisses d'impôts décidées depuis dix ans.

Le chiffre mérite un temps de réflexion. 20 points de PIB en moins d'une décennie ! Autrement dit – et ce sont des experts qui travaillaient pour le gouvernement qui le suggéraient –, la France, malgré la crise, aurait presque encore été à l’époque en conformité avec les sacro-saints critères de Maastricht si ces baisses d'impôts n'étaient pas intervenues, et notamment le critère européen qui fait obligation à ce que la dette d'un État ne dépasse pas 60 % de sa richesse nationale. Concrètement, sans ces baisses d'impôts, la France aurait certes crevé ce plafond, mais dans des proportions raisonnables. Juste un chouïa…

Dans l'article, nous soulignions aussi l’importance d’une autre étude rendue publique le 6 juillet 2010, sous la signature du rapporteur général (UMP) du budget à l’Assemblée, Gilles Carrez (son rapport est ici). Celui-ci livrait des évaluations à donner le tournis des baisses d’impôt engagées en France au cours des dix années précédentes.

Ce rapport faisait ainsi ce constat (à la page 7) : « Entre 2000 et 2009, le budget général de l'État aurait perdu entre 101,2 5,3 % de PIB et 119,3 milliards d'euros 6,2 % de PIB de recettes fiscales, environ les deux tiers étant dus au coût net des mesures nouvelles les "baisses d'impôts" et le tiers restant à des transferts de recettes aux autres administrations publiques Sécurité sociale et collectivités territoriales principalement. » Soit 77,7 milliards d’euros de baisses d’impôt sur les dix années sous revue. Et le rapport apportait cette précision très importante : « La moitié des allègements fiscaux décidés entre 2000 et 2009 ont concerné l'impôt sur le revenu. Le manque à gagner en 2009 sur le produit de cet impôt s'établit en effet à environ 2 % de PIB, contre 0,6 % de PIB pour la TVA et 0,5 % de PIB pour l'Impôt sur les sociétés (IS). »

En résumé, ce que mettait en évidence ce rapport de Gilles Carrez, c’est que les baisses d’impôts ont joué un rôle majeur sur une longue période dans le creusement des déficits. Et que ces baisses d’impôts ont d’abord profité aux foyers les plus avantagés, notamment les 50 % des Français qui sont assujettis à l’impôt sur le revenu.

Or, depuis cette enquête de Mediapart, nous disposons d'une étude beaucoup plus exhaustive sur les origines de la dette, réalisée par le « Collectif pour un audit citoyen de la dette publique » (lire Sous la dette publique, l'arnaque néolibérale). Réalisé par un collectif de chercheurs et de militants, parmi lesquels Michel Husson (Conseil scientifique d’Attac, coordination), Pascal Franchet (CADTM), Robert Joumard (Attac), Évelyne Ngo (Solidaires finances publiques), Henri Sterdyniak (Économistes atterrés) et Patrick Saurin (Sud BPCE), et reprenant les conclusions de ces deux études citées par Mediapart, le rapport établissait de manière très méticuleuse que la dette publique française aurait été limitée à 43 % du PIB en 2012, au lieu des 90 % constatés, si la France ne s'était pas lancée dans une course folle aux baisses d'impôts, essentiellement en faveur des plus hauts revenus, et avait refusé de se soumettre à des taux d'intérêt exorbitants.

Pour mémoire, voici ce rapport. On peut le télécharger ici ou le consulter ci-dessous :

On conviendra que si le constat est exact, il est d'une considérable importance. Il suggère qu'une bonne partie de la dette publique française est illégitime. Et il met aussi en évidence que le gouvernement socialiste, en voulant à toute force réduire la dette publique par la mise en œuvre d'un plan d'austérité draconien de 50 milliards d'euros, organise, en fait, l'un des plus scandaleux transferts de revenus qui aient jamais eu lieu en France dans la période contemporaine : il s'agit de faire payer par les salariés et les assurés sociaux, y compris les plus modestes, le coût des allégements fiscaux qui sont intervenus depuis plus de dix ans, notamment en faveur des plus hauts revenus. Il s'agit en somme d'organiser un formidable mouvement de redistribution, mais à l'envers : au détriment des plus faibles, et à l'avantage des plus riches. Et aussi à l'avantage des entreprises, qui profitent de 40 milliards d'euros d'allégements fiscaux et sociaux, au travers d'abord du CICE, puis du pacte dit de responsabilité.

La critique féroce de Thomas Piketty

Important, ce rapport du « Collectif pour un audit citoyen de la dette publique » aurait donc dû être débattu. Peut-être certaines de ses hypothèses auraient-elles mérité d'être discutées ou amendées ; sans doute certaines suggestions auraient-elles justifié d'être infléchies. Mais, à tout le moins, ce rapport aurait mérité, lors de sa publication, d'être au cœur du débat public.

Or, le moins que l'on puisse dire, c'est que ce ne fut pas le cas. Dans un article que vient de publier Le Monde diplomatique (n° 727, octobre 2014) et qui est intitulé « Faut-il vraiment payer toute la dette ? », c'est l'économiste Jean Gadrey qui en fait la remarque, et il a évidemment raison : « Impossible d’échapper à l’annonce d’une hausse de la dette : unanimes, les médias détaillent alors les sacrifices qui "s’imposent". Toutefois, lorsqu’un collectif démontre que plus de la moitié de ces créances n’ont pas à être remboursées, le silence est total… »

Ainsi va trop souvent une bonne partie de la presse française, comme une bonne partie des médias audiovisuels (l'émission « C Dans l'air » étant de ce point de vue une caricature) : ils ne donnent le plus souvent la parole qu'aux « imposteurs de l'économie », ces experts qui se présentent sous leur casquette universitaire mais sont souvent appointés par le monde de la finance et défendent en douce ses intérêts. Ou alors, c'est la paresse ou le conformisme qui l'emportent. Mais dans tous les cas de figure, le résultat est le même : toute production intellectuelle qui s'écarte de la doxa libérale est illégitime ou suspecte.

Le résultat, dans le cas de ce rapport majeur sur les origines de la dette publique française, en est la parfaite illustration : comme l'a relevé Jean Gadrey, l'étude n'a retenu l'attention de presque aucun titre de la presse écrite – ou si peu. On trouvera, dans l'onglet « Prolonger » associé à cet article, la très maigrelette revue de presse sur le sujet. Et à notre connaissance, le document n'a été évoqué ou présenté dans aucun grand média audiovisuel. À la trappe ! Des sueurs et des larmes, oui ! Mais pas de véritables débats !

Cette volonté acharnée manifestée par le gouvernement de clore les débats, de les étouffer – volonté à laquelle, malheureusement, bien des médias prêtent volontairement ou non leur concours – est d'autant plus préoccupante qu'elle ne se limite pas à la question de la dette. En vérité, elle cherche aussi à congeler tous les autres débats économiques du moment, qu'ils portent sur la fiscalité ou sur le pacte de responsabilité.

Dans une chronique récente pour Libération, Thomas Piketty en donnait une autre illustration, tout aussi pathétique. « Si le gouvernement ne fait rien, alors le crédit d’impôt compétitivité emploi, dit CICE, restera comme le symbole de l’échec de ce quinquennat. Une véritable verrue, incarnant jusqu’à la caricature l’incapacité du pouvoir en place à engager une réforme ambitieuse de notre modèle fiscal et social, et qui se contente d’ajouter des couches de complexité sur un système qui en compte déjà beaucoup trop. François Hollande et Manuel Valls aiment se décrire comme de courageux réformateurs, des opiniâtres socialistes de l’offre, engagés dans un combat de titans face à la vieille gauche. Ces postures sont ridicules. La vérité est qu’ils ne mènent aucune réforme de fond et ne font qu’accumuler les bricolages et les improvisations, sur la fiscalité comme sur les cotisations sociales et la compétitivité. Il est encore possible d’agir et de changer le cours des choses, en particulier sur le CICE. Mais il faut le faire dès cet automne. Après il sera trop tard », écrivait-il.

Prononcés par un chercheur désintéressé qui a longtemps apporté son aide aux dirigeants socialistes, à chaque fois que cela a été nécessaire, ces mots sont graves et sonnent comme le plus violent des réquisitoires. Mais qui pourrait prétendre qu'ils sont injustes ? Tout est là ! Sur le front de la dette comme sur celui de fiscalité, le gouvernement conduit la France vers des abîmes. Et dans la foulée, il fait tout ce qui est en son pouvoir, avec le renfort des médias bien-pensants, pour que le débat sur les alternatives économiques n'émergent pas.

C'est la terrible tyrannie de la pensée unique : « There is no alternative ! »


Lire aussi

 

Source : www.mediapart.fr


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