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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 17:53

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

Burkina Faso : la journée où la rue a fait reculer Compaoré

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 30.10.2014 à 11h06 • Mis à jour le 31.10.2014 à 08h50

 

Alors que les manifestants hostiles au pouvoir faisaient le siège du palais présidentiel depuis la matinée à Ouagadougou, l'armée a annoncé, dans la soirée de jeudi 30 octobre, la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale. Le chef de l'armée, Honoré Traoré, a précisé lors d'une conférence de presse qu'un gouvernement de transition serait mis en place pour une durée de douze mois – d'ici à l'élection présidentielle – sans toutefois préciser qui en prendrait la tête.

L'armée a également déclaré un couvre-feu sur l'ensemble du territoire, alors qu'au moins trois personnes ont été tuées jeudi dans des affrontements avec la police, selon l'agence Reuters. Le couvre-feu sera imposé « de 19 heures à 6 heures » pour « préserver la sécurité des personnes et des biens », a précisé M. Traoré. Dans une allocution télévisée, le président Blaise Compaoré a annoncé la levée de ce dernier., mais a refusé de quitter la présidence.

Quelques heures plus tôt, plusieurs radios locales avaient reçu un texte présenté comme un communiqué de la présidence. Le chef de l'Etat, Blaise Compaoré y appelait « les dirigeants de l'opposition politique à mettre fin aux manifestations », promettant d'« ouvrir le dialogue avec tous les acteurs pour mettre fin à la crise ». Mais selon l'Agence France-Presse, qui s'était procurée le document, le communiqué était sans en-tête officiel, dépourvu de date et portait une signature de Blaise Compaoré différente de son paraphe habituel.

La situation dans le pays a dégénéré alors que les députés devaient examiner dans la journée un projet de révision constitutionnelle permettant à Blaise Compaoré de briguer un cinquième mandat. Un projet largement contesté par les manifestants, qui défilaient depuis plusieurs jours dans la capitale pour marquer leur opposition à ce qu'ils considèrent comme un « coup d'Etat constitutionnel ». Les manifestants ont été rejoints jeudi par des militaires, qui ont quitté leur caserne. Face à l'ampleur de la mobilisation, l'examen du texte de révision a été suspendu.

 

KOUAMÉ LOUGUÉ, FIGURE POTENTIELLE DE LA TRANSITION

 

 

 

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    La capitale du pays, Ouagadougou, a sombré dans le chaos, jeudi 30 octobre. Ici, une image prise près de l'Assemblée nationale.

    Crédits : SOPHIE GARCIA POUR "LE MONDE"
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    Dans la matinée, près de 1 500 manifestants sont parvenus à franchir les cordons de sécurité installés à l'entrée de l'Assemblée nationale par les forces de l'ordre, avant de pénétrer dans le bâtiment.

    Crédits : AFP/ISSOUF SANOGO
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    Avenue des Nations-Unies à Ouagadougou.

    Crédits : SOPHIE GARCIA POUR "LE MONDE"
Lire le diaporama Accédez au portfolio

 

Tout l'après-midi, des négociations rassemblant les autorités et des représentants de l'opposition se sont tenues dans le palais présidentiel. Au fil des heures, le général en retraite Kouamé Lougué a émergé comme une figure potentielle de la transition. Le nom de cet ancien ministre de la défense, limogé en 2003, a été scandé par les manifestants à plusieurs reprises dans l'après-midi, et l'homme a rencontré l'état-major des armées dans l'après-midi.

Malgré la tenue de ces négociations, des scènes de violences ont été observées toute la journée dans la capitale, Ouagadougou. Des protestataires ont incendié l'Assemblée nationale et pris d'assaut la télévision publique, laquelle a cessé d'émettre.

La foule s'est aussi dirigée vers d'autres secteurs du quartier présidentiel. C'est là que des gardes de la maison du frère du président, François Compaoré, ont ouvert le feu sur la foule, faisant plusieurs victimes, selon l'agence de presse Reuters. Des maisons de proches du gouvernement et des symboles du pouvoir ont également été ciblés par la foule. Des violences ont aussi eu lieu en province, notamment dans la deuxième ville du pays, Bobo Dioulasso.

 

« COUP D'ÉTAT CONSTITUTIONNEL »

Blaise Compaoré dirige ce pays pauvre du Sahel depuis 1987 et l'assassinat du capitaine Thomas Sankara, avec qui il avait pris le pouvoir quelques années auparavant. Il a déjà fait modifier par deux fois la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

Depuis des mois, son gouvernement laissait croire qu'une nouvelle révision ferait l'objet d'un référendum. Depuis l'annonce d'un passage par la voie parlementaire, il y a une semaine, la mobilisation populaire ne faiblit pas. Mardi, des centaines de milliers de personnes – un million, selon l'opposition – étaient descendues dans la rue à Ouagadougou . Le gouvernement avait, jusqu'ici, autorisé les manifestations et s'était abstenu de les réprimer.  

Lire le portrait : Blaise Compaoré, président burkinabé contesté après vingt-sept ans de règne

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 16:11

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

 

Sur le terrain

30/10/2014 à 12h47
Saillans, sept mois après : « On fait peur et ça nous pose un gros souci »

 

Emilie Brouze | Journaliste Rue89

 

 

A Saillans (Drôme), en octobre 2014 (Emilie Brouze/Rue89)

A Saillans (Drôme), en octobre 2014 (Emilie Brouze/Rue89)
 

 

 

Rue89 est retourné à Saillans où, depuis les municipales, des habitants ont mis en place leur démocratie participative. S’ils trébuchent sur les premières difficultés, leur expérience attire d’autres communes.

(De Saillans, Drôme) Quand Monique Teghil, 80 ans, rentre d’une réunion du haut de son vélo, elle contemple la crête de montagnes, les Trois Becs à l’horizon, et trouve que l’air est décidément beaucoup plus léger. Elle rayonne :

« Je ne pensais pas avoir la joie de voir ça avant de mourir ! »

Voilà en effet sept mois que les 1 199 habitants de Saillans (Drôme) testent une nouvelle manière de gérer leur commune : oubliée la structure pyramidale coiffée par l’ancien maire, place à la démocratie participative avec un modèle sur-mesure, élaboré pendant des mois. Rue89 avait rencontré les nouveaux élus euphoriques, quelques jours après les municipales.

Depuis, l’expérience a attiré par dizaines les médias. L’équipe a reçu plus de 80 sollicitations de journalistes, de chercheurs, de citoyens et d’élus désireux de s’inspirer de leur méthode. Mardi prochain, ils vont discuter en vidéo-conférence avec la mairie de Plouguerneau (Finistère), une commune bretonne intéressée par la « participation citoyenne », et cet été, un minuscule village de la vallée, Aucelon, a organisé une journée de commissions participatives.

« C’est merveilleux », répète à l’envi Monique Teghil, sympathisante du projet depuis la toute première réunion.


Monique Teghil chez elle à Saillans, le 26 octobre 2014 (Emilie Brouze/Rue89)

« Les citoyens sont tellement motivés »

A Saillans, l’expérience politique a généré plus de travail et d’engagement que prévu. Les élus sont à un cheveu de la réunionite aiguë.

Lors de la journée portes ouvertes de la mairie, le 6 avril, 180 habitants se sont inscrits aux sept commissions thématiques – ils sont 45 de plus aujourd’hui. Les discussions à l’intérieur des commissions ont donné naissance à quatorze groupes de projets (GAP) qui ont mobilisé, sur les rythmes scolaires, jusqu’à 60 personnes.

Les jeunes cherchent ainsi un local et aimeraient intégrer un réseau local de covoiturage, gratuit et sécurisé, qui faciliterait leurs déplacements.

Le groupe « aménagement de la grande rue » a lui lancé une procédure d’adoption de jardinières orange pour que des bénévoles prennent soin des fleurs.

« Les citoyens sont tellement motivés », se félicite Joachim Hirshler, élu, épaté par le travail des habitants sur l’extinction de l’éclairage public la nuit qui vient d’être mis en place :

« Ils ont conçu une matrice avec des horaires différents selon les saisons, les jours (semaine/week-end) et la situation (quartiers/périphérie). Le prestataire m’a demandé d’où ça sortait : il n’avait jamais vu ça. »


Un mur d’un bureau dans la mairie de Saillans (Emilie Brouze/Rue89)

D’autres dossiers s’annoncent plus complexes, comme la révision du PLU ou encore la décision d’augmenter ou non le prix de l’eau pour rembourser un prêt de 230 000 euros, contracté en janvier pour des travaux.

Il y a aussi la première « crisette » au sein de l’équipe, au sujet du club informatique du village – il perd beaucoup d’argent. Faut-il encore lui verser des subventions s’il n’est pas viable ? L’équipe municipale a demandé à deux élus du conseil de démissionner du CA de l’association, dont c’était « le bébé », pour pouvoir trancher sereinement sur son avenir.

L’opposition raille aussi l’oubli de la Journée du patrimoine. Janine Renard, membre du conseil des sages – l’instance chargée de veiller au bon respect de la politique participative – a repéré une autre maladresse : la remise de médaille en chocolat à des employés communaux (ils devraient en recevoir de vraies rapidement, promet le maire).

« Ils nous ont ostracisés »

Sept mois sur un mandat de six ans, c’est certes bien trop court pour juger de la réussite d’une telle tentative politique. Le temps permet tout juste de trébucher sur les premières difficultés, d’ajuster le modèle, de comprendre les écueils potentiels.

Au village, le premier coup est venu de l’extérieur. Saillans n’a pas obtenu de siège à la vice-présidence de l’intercommunalité, lors des élections du 16 octobre. Vincent Beillard, le maire de Saillans, doit se contenter d’une place au bureau de l’intercommunalité. Mais il est élu avec quatorze bulletins blancs. Un désaveu.

« C’est incroyable que des élus remettent en question notre légitimité », se désole le maire, selon lequel certains ont fait pression sur d’autres pour faire barrage à Saillans, troisième commune du territoire.

« Ils nous ont ostracisés », accuse Sabine Girard, conseillère municipale.

« On fait peur et ça nous pose un gros souci. »

« Des personnes à Saillans ont tendance à penser que ce qui leur arrive est exceptionnel », s’agace de son côté Hervé Mariton, le député-maire UMP de Crest, pour qui la situation est « très banale ».

« Ça palabre mais rien ne sort »

François Pégon, l’ex-édile, traverse à grandes enjambées le village. Assis devant un café, le conseiller général MoDem, 62 ans, triture frénétiquement sa sucrette en jurant que l’amertume de la défaite s’est estompée. Pégon rappelle que dans l’histoire du village, aucun maire n’a été reconduit. Constat d’impuissance :

« Saillans, c’est quand même une ville extrêmement difficile à gérer car il y a un esprit contestataire inscrit dans les gènes... Un esprit revendicatif, vindicatif. Je ne l’explique pas. »

« Ça palabre pendant des heures mais rien ne sort », peste-t-il encore contre la nouvelle municipalité, « irresponsable » et « sans vision ». Christian Larcher, 68 ans, un retraité inscrit dans plusieurs commissions, tempère : « Il est clair que cette façon de fonctionner est moins productive que quand on décide seul. » Mais il trouve que les projets sont « relativement bien partis ».

Pégon, lui, enfonce :

« La gestion pyramidale a un avantage : on sait qui fait quoi. Je ne crois pas à leur mode de gestion participative. »

L’ancien maire a assisté aux premiers comités de pilotage, les réunions publiques d’échanges et de décisions. « On m’a fait comprendre que j’étais un donneur de leçons. » Pour Fernand Karagiannis, conseiller municipal, François Pégon, n’a pas fait d’efforts pour intégrer le nouveau fonctionnement.

Il n’empêche que les élus n’ont pas réussi à travailler ensemble, chose que regrette Emmanuel Cappelin, 31 ans, membre du conseil des sages.

Les copies non conformes

Ses costumes bien repassés, son côté charmeur, le bras long quand il s’agit de décrocher des subventions : il est clair que le style Pégon, politique à l’ancienne, tranche avec celui de la nouvelle équipe. « J’ai une certaine idée de la fonction », acquiesce-t-il.


François Pégon à Saillans (E.B./Rue89)

L’idée même de recevoir une sous-préfète en T-shirt horripile le conseiller municipal d’opposition.

« Je lui avait dit à Pégon de mettre des jeans, de s’habiller autrement », se désole une dame aux cheveux blancs, près du cimetière.

La retraitée, qui ne veut surtout pas participer aux réunions publiques, juge les petits nouveaux « un peu trop folkloriques », quoi que très sympathiques.

Ce côté « copie non conforme » – pour reprendre l’expression de Monique Teghil – déplaît franchement à certains Saillanssons. Entre le Café des sports et la mairie, deux retraitées discutent, très remontées. Celle avec un chignon blond éclate :

« Ça boit le café, ça fume le chichon, ça ne bosse pas... Saillans va devenir un village de têtes à poux ! »

Sa voisine regrette l’élégance et les contacts de Pégon. Au sujet du nouveau maire, courroucée : « Cet été, on l’a même vu en maillot de bain dans la grand-rue ! »


Vincent Beillard, le maire de Saillans, chez lui le 26 octobre 2014 (Emilie Brouze/Rue89)

« Bloc de résistance » et participation

Janine Renard, 67 ans, une infirmière retraitée décroissante, est persuadée qu’il y a un « bloc de résistance » et que les clivages sont peut-être plus exprimés qu’avant. Elle s’est retrouvée l’autre jour dans le bus devant deux dames convaincues que tout ça ne tiendra pas et que la nouvelle municipalité finira par démissionner. « Laissez-les faire, vous critiquerez après », répond Janine à ceux qui blâment.

« L’important, c’est que ce soit transparent, qu’on soit informés. »

« Tout le monde ne nous suit pas », me glisse un élu à vélo, croisé dans la rue le dimanche, jour de marché :

« Demandez-leur pourquoi, j’ai envie de savoir. Les reproches, ça ouvre l’esprit. Même au sein de notre groupe, il y a des voix dissonantes. »

Le risque avec la démocratie participative, c’est se retrouver à décider au sein d’un groupe restreint – la nouvelle municipalité compte une centaine de sympathisants actifs.

Pour que la démarche politique ait du sens, il faut maintenir une participation large. Fernand Karagiannis a une crainte :

« Les gens qui ne s’y retrouvent pas, peut-être qu’ils n’arrivent pas à trouver de l’espace pour s’exprimer... Peut-être qu’avec ce flot d’énergie, les gens à l’écart n’osent pas rentrer. »

Pour le maire, le risque serait de ne pas trouver les méthodes pour aller chercher ces habitants-là, ceux qui ne font pas le pas. Il y a ceux que la municipalité ne pourra jamais intégrer, ceux qui préfèrent râler au bistrot.

Pour les autres, « on va essayer de les intégrer par l’action afin qu’ils se rendent compte qu’on n’est pas une force qui impose des idées », explique Fernand Karagiannis. Les élus comptent notamment sur le « diagnostic social » – une enquête sous forme d’entretiens récoltés en porte-à-porte.


Janine chez elle à Saillans, le 25 octobre 2014 (Emilie Brouze/Rue89)

Plus seulement un citoyen passif

Quelque chose d’autre a changé au village depuis les élections. Comme si l’expérience politique avait ouvert le champ des possibles, avait libéré une énergie au-delà des portes de la mairie.

Le garagiste a prévenu qu’il n’avait pas le temps de participer aux réunions mais qu’il pouvait prêter sa pelle mécanique à la commune, en cas de besoin.

Attac, qui a organisé cet été son Altervillages à Saillans, a en remerciement repeint un local désaffecté pour en faire un lieu d’échange et de troc, qu’une petite poignée d’habitants a décidé de rendre plus fonctionnel.

Des Saillanssons ont récemment appelé la mairie pour emprunter des gants : ils ont pris l’initiative de nettoyer la rivière.

« Le plus beau, c’est quand ça sort des structures », s’enthousiasme Sabine Girard, géographe et conseillère municipale. Vincent Beillard se félicite :

« Il y a une sorte de renouveau du citoyen-acteur qui n’est plus seulement un habitant passif. On redonne du pouvoir aux habitants, le pouvoir d’être citoyen, de se prendre en charge, de libérer la parole et l’action. On sentait que c’était quelque chose que les gens s’interdisaient. »


« L’abri du besoin », le local d’échanges et de dons ouvert par Attac à Saillans (Emilie Brouze/Rue89)

Aller plus loin

 

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

 

 

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 15:57

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Irresponsabilité sociale

Crédit agricole, la « banque verte » qui soutient les énergies sales et la destruction de montagnes

par Olivier Petitjean 30 octobre 2014

 

 

 

 

Très loin de ses racines mutualistes et agricoles, le Crédit agricole figure, aux côtés de BNP Paribas et de la Société générale, parmi les principaux financeurs mondiaux du secteur du charbon, une source d’énergie particulièrement polluante, et la principale responsable du changement climatique. Selon des chiffres révélés par les Amis de la terre et Banktrack, le soutien financier des banques françaises au charbon ont même augmenté de 218% depuis 2005 ! La « banque verte » est aussi critiquée pour son soutien à l’une des formes les plus destructrices d’extraction de charbon, la pratique du « mountaintop removal » – suppression des montagnes – aux États-Unis.

Le Crédit agricole est régulièrement critiqué pour s’être peu à peu éloigné de ses racines coopératives et mutualistes, afin de devenir une banque « comme les autres », brassant des milliards d’euros en bourse, via sa banque d’affaires Crédit agricole SA, présente sur les marchés financiers. Ses attaches historiques au monde rural français se sont donc quelque peu distendues [1], au point qu’elle paraît aujourd’hui moins préoccupée de répondre aux besoins des petits paysans qu’à ceux de l’agrobusiness, y compris dans ses activités les plus controversées. Le nom de la « banque verte » a ainsi été cité par les ONG parmi les principaux acteurs de la spéculation sur les matières premières agricoles, du développement des agrocarburants au détriment de l’environnement et de la souveraineté alimentaire, ou encore de l’accaparement des terres. Au moins ces diverses activités gardaient-elles un lien ténu avec la vocation originelle du Crédit agricole.

Un « vert » qui tire sur le noir charbon

Ce que ses clients savent peut-être moins, c’est que le Crédit agricole est aussi l’un des principaux financeurs mondiaux du secteur du charbon (mines et centrales électriques), l’une des formes d’énergie les plus nocives pour l’environnement et la santé humaine, et le principal contributeur au changement climatique. Un ensemble de rapports publiés le 29 octobre par les Amis de la terre et le réseau mondial Banktrack [2] vient confirmer l’ampleur des investissements du Crédit agricole dans ce secteur. La banque y aurait injecté plus de 7 milliards d’euros, sous forme de prêts ou d’émissions obligataires, entre 2005 – date de l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto – et avril 2014. Ce qui la place derrière BNP Paribas, championne nationale avec 15,6 milliards d’euros, mais devant la Société générale.

Globalement les investissements des banques françaises dans le charbon [3] ont augmenté de 218% en huit ans – alors même qu’elles multipliaient les déclarations de bonnes intentions au sujet de la lutte contre le changement climatique ! C’est pourquoi les Amis de la terre ont classé le Crédit agricole et BNP Paribas, dans leur guide « Comment choisir ma banque ? » comme les deux banques françaises comportant le « risque maximal » pour le climat. Elles sont classées respectivement 9e et 20e au classement mondial des banques les plus impliquées dans le charbon établi par Banktrack.

500 cimes de montagnes rasées aux États-Unis

Et ce n’est pas tout. Les Amis de la terre ont voulu, en nominant le Crédit agricole aux prix Pinocchio 2014, dénoncer plus particulièrement le soutien financier apporté par la banque à ce qui constitue l’une des formes les plus destructives et les plus polluantes de l’exploitation du charbon : le mountaintop removal (MTR), ce qui se traduit littéralement par « suppression des cimes de montagne ». Cette pratique, utilisée dans les régions charbonnières des Appalaches aux États-Unis (Virginie occidentale, Kentucky, Tennessee…) consiste à évider à coups d’explosifs des sommets montagneux pour porter à l’air libre les filons de charbon qu’elles recèlent. Ce qui permet ensuite de les exploiter de manière ultra-économique, en réduisant drastiquement la main d’œuvre nécessaire.

On estime qu’au moins 500 montagnes et plusieurs milliers de kilomètres carrés de forêt ont déjà disparu à cause de l’expansion du mountaintop removal depuis les années 1970. Pire encore, les éclats de roche et les déchets toxiques issus du traitement du charbon sont ensuite déversés dans les vallées. Les cours d’eau qui ne sont pas purement et simplement enfouis sous les décombres sont gravement pollués. La combinaison de cette pollution de l’eau avec celle des poussières et particules libérées dans l’air entraine des conséquences sanitaires dramatiques : les taux d’incidence de cancers dans les régions concernées sont supérieurs de 50% à la normale. « Le mountaintop removal n’est pas seulement un crime environnemental mais constitue un véritable danger pour les populations qui voient les cas de cancer se multiplier et dont l’espérance de vie est près de vingt ans inférieure à la moyenne états-unienne », dénonçait Paul Corbit Brown, de l’ONG locale Keepers of the mountains, lors de l’Assemblée générale du Crédit agricole en mai 2014.

Double langage ou dialogue de sourds ?

Autant de raisons qui font du mountaintop removal une technique extrêmement controversée. Ce qui n’a pas empêché le Crédit agricole de soutenir financièrement, sous diverses formes, deux des principales entreprises concernées, Arch Coal et Alpha Natural Resources, à hauteur de 519 millions d’euros entre 2005 et 2014. Selon les chiffres collectés par Banktrack, elle se classe ainsi au 10e rang des banques impliquées dans le mountaintop removal. Pourtant, les campagnes citoyennes, la multiplication des procès pour pollution de l’eau, les (timides) efforts récents de l’administration fédérale états-unienne pour réguler davantage la pratique ainsi que la baisse du prix du charbon rendent ces investissements plutôt risqués. Le numéro 2 du secteur, Patriot Coal, a annoncé l’abandon progressif du mountaintop removal, suite à une procédure de banqueroute en 2012. Et le Crédit agricole a déjà perdu de l’argent suite à la mise en redressement l’année suivante de Trinity Coal, une autre entreprise impliquée dans le mountaintop removal.

De nombreuses banques américaines et étrangères – parmi lesquelles BNP Paribas, RBS, UBS, JPMorgan Chase, Wells Fargo et UniCredit – ont officiellement annoncé qu’elles cesseraient de financer le mountaintop removal. C’est d’ailleurs aussi théoriquement le cas du Crédit agricole, suite à l’entrée en vigueur de sa nouvelle politique sectorielle mines et métaux. Sauf que, selon les Amis de la terre, cette politique est formulée de manière tellement vague qu’elle a permis à la banque de continuer à financer Arch Coal et Alpha Natural Resources comme si de rien n’était. La politique du Crédit agricole stipule par exemple qu’aucun financement ne sera accordé à une entreprise dont plus de 20% du charbon serait issu du mountaintop removal. Un engagement plutôt facile à tenir alors qu’aucune entreprise n’est dans ce cas !

Suite à sa nomination au prix Pinocchio, le Crédit agricole a réagi en déclarant qu’elle ne « participe à aucun projet de financement de MTR » [4]. Et de préciser que seules deux lignes de crédit sont actuellement accordées à Alpha Natural Resources et Arch Coal, que ces lignes de crédit ne sont pas utilisées, et qu’en outre ces entreprises ne sont quasiment plus engagées dans le mountaintop removal… Des affirmations plutôt étranges : aucune autre source ne fait état d’un abandon du mountaintop removal par les deux entreprises concernées. Et les informations rassemblées par les écologistes indiquent que la banque a bel et bien continué à intervenir financièrement auprès d’Arch Coal et Alpha Natural Resources au cours des derniers mois. Il est vrai qu’il ne s’agissait pas de « projets de financement » au sens strict du terme.

Pour Lucie Pinson, des Amis de la terre, c’est signe que le Crédit agricole « continue à jouer avec les mots ». La nomination de la banque au prix Pinocchio est une bonne occasion de pousser la banque à traduire ses engagements en actes clairs. Les votes sont ouverts à tous les internautes jusqu’au 17 novembre.

Olivier Petitjean

Une version plus complète de cet article est publiée sur le site de l’Observatoire des multinationales.

Photo : © Paul Corbit Brown

 

Notes

[1Au Conseil d’administration de Crédit agricole S.A. siège un représentant des organisations professionnelles agricoles, désigné par arrêté ministériel, qui n’est autre que Xavier Beulin, président de la FNSEA et de Sofiprotéol (lire notre article).

[2Il s’agit du guide actualisé « Climat : comment choisir ma banque ? » et du rapport Charbon : l’argent sale des banques françaises. Voir aussi (en anglais) le rapport Banking on Coal 2014 du réseau Banktrack, qui fournit les données globales.

[3Qui sont pour 93% le fait des trois plus importantes d’entre elles.

[4Voir la réponse du Crédit agricole et la « réponse à la réponse » des Amis de la terre sur cette page.


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Source : www.bastamag.net

 

 

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 15:43

 

 

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1000 vaches

Pendant que la justice cautionne l’élevage industriel, les citoyens font le procès de l’agrobusiness

par Sophie Chapelle 30 octobre 2014

 

Le procès des opposants au projet d’élevage industriel des « 1000 vaches » s’est tenu le 28 octobre à Amiens. Poursuivis pour dégradations, vols et recels aggravés, les neuf prévenus ont été condamnés à des amendes et des peines de prison avec sursis. A l’extérieur du palais de justice, un autre procès s’est tenu simultanément, celui de l’industrialisation de l’agriculture, jugé par un tribunal de citoyens. Deux visions du monde agricole et de l’alimentation de demain, résolument incompatibles, se sont affrontées dans et autour de l’enceinte judiciaire. Basta ! était sur place. Reportage.

« Des fermes, pas des usines ! » Plus de 3 000 personnes se sont donné rendez-vous ce 28 octobre devant le tribunal correctionnel d’Amiens. A l’intérieur du palais de justice, neuf militants de la Confédération paysanne comparaissent pour dégradations, lors d’une action menée contre l’élevage industriel des « 1000 vaches », et refus de prélèvement ADN (voir notre précédent article). Une trentaine de bus venus de toute la France ont rejoint dans la matinée les huit « tracteurs vigilants » encerclant le tribunal. Jean-Louis Martin a fait le déplacement de Loire-Atlantique. Les grands projets contestés, il connaît : il est agriculteur à 15 kilomètres de Notre-Dame-des-Landes. « Nous sommes partis de la ferme de Bellevue occupée depuis deux ans par les opposants au projet d’aéroport. Là, nous semons, nous cultivons et nous inventons des systèmes d’agriculture alternatifs au modèle dominant ». Leur trajet a été ponctué d’étapes à Nonant-Le-Pin et à la ferme des Bouillons, autres lieux de résistance. « L’agriculture n’est pas seulement l’affaire des paysans mais de tous », dit-il.

Anne est aussi partie de Notre-Dame-des-Landes le 19 octobre, en compagnie de cinq amis. Pour rallier Amiens, ils ont parcouru 600 km... à vélo ! « Une manière de se déplacer sans polluer et avec le plaisir de pédaler en groupe », confie t-elle. Chaque jour, ils ont distribué des centaines de tracts pour promouvoir une agriculture paysanne « pourvoyeuse de nourriture saine, d’emplois, de tissu social et solidaire ». « Nous voulions aussi marquer le coup sur la répression dont sont victimes les militants de la Confédération paysanne traités comme des criminels, lâche Anne. Ils ont agi de façon non violente, contrairement à ce qui s’est passé à Morlaix où un centre des impôts a été incendié sans qu’il n’y ait de suites judiciaires. »

Contre la répression et le fichage génétique

À Amiens, l’émotion est d’autant plus forte, que la répression dont font l’objet les opposants aux grands projets controversés a pris une tournure dramatique à Sivens, dans le Tarn. Rémi Fraisse, un étudiant de 21 ans, y a été tué lors d’un rassemblement contre un projet de barrage [1]. Le gouvernement a mis 48h à réagir après la mort de l’étudiant. Des traces de TNT, un explosif présent dans les grenades utilisées par les gendarmes, ont été retrouvées sur ses vêtements, a annoncé le parquet. A l’évocation de son nom, les regards se troublent, alors qu’une minute de silence est observée. « Ces derniers jours, la colère et l’indignation ne font que grandir, souffle, émue, Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). Nous devons continuer à avoir des mobilisations politiques et pacifiques fortes pour dénoncer des projets inutiles, coûteux et ruineux pour la société. » « Nous sommes tous en deuil, appuie Susan George de l’association Attac. La provocation et la violence de l’État doivent être affrontées de façon non violente. »

De nombreux représentants du mouvement social sont là. « A quoi sert la Charte de l’environnement si l’on nous traite avec mépris quand on veut juste avoir une copie de l’enquête publique d’un projet ?, interroge Patrick Thierry, de l’association Picardie Nature. Rappelant que Rémi Fraisse était un botaniste bénévole mobilisé pour le respect de la flore et des espaces naturels [2], Patrick Thierry considère que la responsabilité des pouvoir publics et de l’État est engagée dans la Somme comme à Sivens. « Quand il y a une mobilisation militante déterminée, il y a deux couperets, la répression et le fichage génétique, observe Jean-Baptiste Eyraud de l’association Droit au logement. Mais seule une forte détermination permet de gagner des luttes. » Des intermittents du spectacle sont également de la partie : « Nous sommes là contre les politiques libérales et la financiarisation de tous les secteurs de la société », assure une jeune femme de la Coordination des intermittents et précaires de Normandie. La présidente du Syndicat de la magistrature, Françoise Martres, dénonce de son côté la pénalisation du mouvement social. « Hier les faucheurs volontaires étaient sur ces bancs. Les autorités préfèrent les mobilisations policières et les suites judiciaires au débat politique. »

Réquisitoire contre l’industrialisation de l’agriculture

Le tintement d’une cloche de vache capte l’attention de l’audience. « Mesdames et messieurs, la Cour ! » Sur la scène dressée devant le palais de justice s’ouvre un autre procès, celui de l’industrialisation de l’agriculture, écrit par des paysans. Un long acte d’accusation est dressé à l’encontre de Stéphane Le Beulery – mixte des noms de Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, et de Michel Ramery, entrepreneur du BTP à l’initiative du projet des « 1000 vaches ». Ce dernier est cité à comparaître « pour avoir œuvré à la disparition des paysans au nom d’une prétendue compétitivité ». Les politiques agricoles mises en pratique ces cinquante dernières années sont passées au crible. « La Cour reproche enfin à M. Le Beulery ses actes, comme l’autorisation d’élevages porcins sans autorisation spécifique jusqu’à 5000 bêtes », tacle la présidente du tribunal.

Parmi les témoins, il y a Maxime, appelé en qualité de « consommateur ». Il relate avoir été nourri à l’agriculture industrielle avec Sodexo depuis sa plus tendre enfance, avant d’être alerté par le MRJC (Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne). « Je ne me doutais pas que mes lasagnes n’étaient pas pur bœuf, énonce le premier témoin. Que mon entrecôte entrainait la déforestation en Amazonie. Que même l’eau minérale contient des traces de pesticides parfois interdits depuis dix ans. Une partie de mes impôts vient soutenir la politique agricole commune, le reste vient cacher les ravages de l’agriculture industrielle. Je veux avoir le choix. » A la barre succède une ancienne salariée de l’agro-alimentaire. « Avec nos bas salaires, on a permis à nos patrons de faire du profit, confie t-elle. Les patrons de l’agroalimentaire détruisent plus d’emplois qu’ils n’en créent ».

Visage grave, « Pierrot Le Fauché » est le troisième et dernier témoin appelé à la barre. Il explique s’être installé comme paysan en 2001 dans la Somme. Les investissements dans un bâtiment plus grand afin d’augmenter son cheptel laitier l’ont peu à peu conduit dans le mur. « Un matin, la banque nous a proposé avec la coopérative de rencontrer Stéphane Le Beulery. Il allait amener de l’argent et nous permettre de reprendre pied. On a d’abord créé une société dans laquelle il était minoritaire ». Mais les prix du lait restent bas. « Pour vous sauver, cédez le reste de votre ferme, nous a alors lancé Stéphane Le Beulery. Nous avons arrêté le métier de paysan mais nous avons aussi refusé de travailler chez lui. Ce mec-là est un fossoyeur de l’agriculture paysanne, les banques et les coopératives sont à ses pieds. » Un éclairage à charge sur la manière dont le porteur de projet des 1000 vaches aurait acquis ses 3000 hectares de terres et quotas de production pour réaliser son usine à lait (voir notre enquête).

« Faire n’importe quoi de la loi »

« La farce se joue non pas sur cette scène mais à l’intérieur du palais de justice », lance Stéphanie Moulin de la Confédération paysanne de la Loire. Derrière les grilles du tribunal, face aux neuf prévenus qui revendiquent une action collective face à un modèle agricole qu’ils estiment destructeurs, la présidente du tribunal se contente de rechercher des responsabilités individuelles. « Le fait que des gens aient une vision différente de l’agriculture ne justifie pas que l’on puisse faire n’importe quoi de la loi », renchérit Franck Berton, avocat des parties civiles. La ferme-usine serait victime « d’une mise en accusation injuste ».

La procureure Françoise Dale regrette pour sa part que la Confédération paysanne ne soit pas sur le banc des prévenus comme personne morale. « C’est un groupe qui délibère et qui agit, c’est pour cela qu’ils ont du mal à vous répondre individuellement. La question est de savoir si la cause légitime qu’ils défendent leur permet d’agir par des moyens contraires à la légalité. De mon point de vue, la fin ne justifie pas l’emploi de tous les moyens. » A 20h, le jugement tombe. L’état de nécessité plaidé par la défense n’est pas reconnu par la Cour. La justice condamne les militants de la Confédération paysanne à des peines d’emprisonnement intégralement assorties de sursis, allant de deux à cinq mois. Les trois personnes ayant refusé le prélèvement ADN sont également condamnées à 300 euros d’amende.

Convergence des luttes ?

« Un tribunal autiste a acté que l’action syndicale n’était pas légitime, lance Laurent Pinatel, un des neuf prévenus, à la sortie du tribunal. La justice est à la botte de Ramery, mais on ne regrette rien. On va continuer à interpeller au plus haut niveau de l’État. » C’est l’heure de la dispersion et du retour en cars pour celles et ceux qui viennent de loin. Une bataille judiciaire de perdue, mais un combat qui ne fait que commencer, souligne Michel Kfoury de l’association Novissen, l’un des premiers lanceurs d’alerte sur le projet des 1000 vaches. « Il faut un réveil citoyen, c’est à nous de décider l’agriculture que l’on veut. La convergence des luttes ne peut que réussir. »

Texte et photos : @Sophie_Chapelle

 

Notes

[1Lire à ce sujet l’article de Mediapart

[2Lire à ce sujet le communiqué de Nature Midi-Pyrénées, FNE Midi-Pyrénées et France Nature
Environnement.


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Source : www.bastamag.net

 

 

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 15:27

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/christian-salmon

 

 

De Tarnac à Sivens: «Réprimer toute discussion en déclenchant l'alarme»

Quelques jours seulement après la mort du jeune Remi Fraisse, Alain Bauer, qui, avec Stephane Fouks, constitue la garde rapprochée de Manuel Valls, vient opportunément de démasquer dans une interview à Atlantico les contours d’une conspiration extrémiste verte où se mêlent gauchistes, anarchistes, « environnementalistes » de tous poils et écologistes radicaux. Des jeunes gens radicalisés dont les tendances politiques vont du vert au rouge en passant par le noir de l'anarchisme, jusqu'au vert-de-gris plus récemment, et « qui ne sont pas du genre à fuir devant une charge de police. » On en tremblerait de peur si le criminologue, bien connu pour ses extrapolations hasardeuses, n’apportait cette précision de nature à susciter l’hilarité générale : « L'exemple type du néo rural qui n'a pas peur de la violence, c'est José Bové. » C’est pourtant ce genre d’élucubrations qui ont conduit à l’affaire Tarnac dont on sait maintenant qu’elle fut montée de toutes pièces par la police et dont l’inspirateur, on n’ose dire le scénariste, fut Alain Bauer, le conseiller officieux de Manuel Valls. A cette occasion je republie une chronique parue dans Le Monde du 5 décembre 2008 sous le titre « Fictions du terrorisme ».

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"Vous habitez Saint-Denis, donc vous êtes anarchiste, affirmait Rochefort dans L'Intransigeant du 16 mars 1892. Si vous n'étiez pas anarchiste, vous n'habiteriez pas Saint-Denis. Or, une bombe a fait explosion à la porte de l'hôtel de Sagan ; et comme les bombes ne peuvent être lancées que par des anarchistes... Je vous envoie au dépôt parce que vous êtes certainement anarchiste, puisque vous habitez Saint-Denis, et qu'étant anarchiste, il est évident que c'est vous qui avez lancé la bombe."

La boutade de Rochefort pourrait s'appliquer à la construction médiatico-policière de la prétendue "cellule" terroriste basée à Tarnac, en Lozère. La prise d'assaut de ce paisible village situé sur le plateau de Millevaches par les brigades antiterroristes avec hélicoptères, troupes d'élite et caméras de France Télévisions est la plus grande opération d'intoxication de l'opinion réalisée par un gouvernement depuis plusieurs décennies. Qualifiée alternativement d'anarchistes ou d'autonomes, voire d'anarcho-autonomes, une vingtaine de jeunes gens qui avaient entrepris de redonner vie à ce petit village, ouvrant une épicerie-restaurant, une bibliothèque et un ciné-club, avec le but innocent et peut-être naïf de vivre et de penser autrement, se sont retrouvés embrigadés, profilés, enfermés dans la fiction d'une dangereuse organisation terroriste invisible qui complotait contre la sécurité de l'Etat. Un récit policier. A leur tête, un chef, doctrinaire et omniprésent, que son père décrit comme incapable de planter un clou sans se blesser ou de transporter une brouette sans renverser son contenu, aurait manigancé toutes sortes d'actions périlleuses contre l'Etat démocratique.

Ce jeune philosophe ami de Giorgio Agamben et ancien élève du sociologue Luc Boltanski, le seul avec sa compagne à être maintenu en prison depuis le 11 novembre, serait le cerveau d'une entreprise terroriste aux ramifications internationales, une construction qui nous informe davantage sur l'imaginaire policier que sur une nébuleuse terroriste qui apparaît après trois semaines d'interrogatoires et huit mois de filature de plus en plus nébuleuse et de moins en moins terroriste.

Pour Giorgio Agamben, qui partage avec les inculpés la même critique de la biométrie et qui refusa de s'y soumettre au point de renoncer à faire cours aux Etats-Unis, "on cherche le terrorisme et on finit par le construire, tout ça pour répandre la peur chez les jeunes gens". L'écrivain Serge Quadruppani y voit la "farce du retour de l'épouvantail terroriste" et la "fabrication de la mouvance anarcho-autonome par la ministre de la police et par les médias qui ont relayé sa parole sans aucun recul critique...".

La matérialité des preuves et la qualification "terroriste" des faits font l'objet de vives critiques de la part d'universitaires, de philosophes, d'écrivains et d'éditeurs. "Les habitants de Tarnac ont refusé d'acheter ces histoires", affirme Eric Hazan, l'éditeur de La Fabrique, qui a publié L'Insurrection qui vient, un livre présenté par la police comme une pièce à conviction, alors qu'il s'agit d'une critique du capitalisme cognitif comme on en trouve des dizaines sur les étals des libraires, à la suite, par exemple de La Société du spectacle, de Guy Debord, ou de L'Homme unidimensionnel, d'Herbert Marcuse : deux essais qui annonçaient effectivement, sans les fomenter pour autant, les événements de mai 1968, si c'est cela qui inquiète le ministère de l'intérieur.

Pour la première fois peut-être dans l'histoire des sociétés, tous les mécanismes de contrôle et de surveillance ne reposent plus seulement sur des données observées et recensées visant à donner la connaissance la plus complète possible des activités passées d'un individu ou d'un groupe social, mais à les profiler, les prévoir ou les inventer, comme dans le film Minority Report (2002), de Steven Spielberg, dans lequel la "brigade du précrime" est capable de prévoir, et même de voir, les images de crimes avant qu'ils ne se produisent et d'en intercepter les auteurs, ou dans celui de Paul Verhoeven, Starship Troopers (1997), où les agents du "corps psy", une Gestapo high-tech, sont capables de divination : ils lisent dans les pensées de l'adversaire et peuvent influencer les personnes sur lesquelles ils se branchent. 

Cette fictionnalisation de la surveillance va bien au-delà des dangers dénoncés par Orwell dans 1984 et ouvre la voie à toutes les constructions paranoïaques de l'imaginaire médiatico-policier. C'est ce nœud entre surveillance et simulation, contrôle social et construction fictionnelle qui est sans doute le principal danger qui pèse aujourd'hui sur les démocraties.

Jeremy Bentham est sans doute le premier à avoir perçu cette dérive possible dans "les fictions politiques du parlementarisme britannique du début du XIXe siècle". Son manuel des sophismes politiques (1824) pourrait servir de bréviaire à tous les démocrates inquiets des dérives sécuritaires et de leur banalisation médiatique. Il y diagnostiquait ce sophisme redoutable "dont le sujet est le danger sous ses diverses formes et dont l'objet est de réprimer toute discussion en déclenchant l'alarme...".

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Lire également l'article de Joseph Confavreux sur le dernier livre du Comité Invisible,  "A nos amis" : "Comité Invisible, la révolution au XXI ème siècle" http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/291014/comite-invisible-la-revolution-au-xxie-siecle

 

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/christian-salmon

 

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 15:03

 

Source : www.reporterre.net

 

 

Les proches de Rémi Fraisse témoignent : « Il n’a pas mesuré ce qui l’attendait »

Grégoire Souchay (Reporterre)

mercredi 29 octobre 2014

 

 

 

Ils n’ont voulu parler qu’à Reporterre et ne s’exprimeront plus dans les médias. Anna, l’amie de Rémi Fraisse, sa soeur Chloé, et des amis proches racontent dans ce texte qui était celui qu’ils aimaient, et ce qui s’est passé le soir du 25 octobre


- Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne), reportage

Trois jours après le drame du Testet, les proches de Rémi Fraisse ont demandé à Reporterre de transmettre ce qu’ils avaient à dire sur la mort de Rémi. Ce témoignage de son amie Anna, de sa soeur, et d’autres amis, a été publié avec leur accord plein et entier.

Dans ce texte, ils reviennent sur la personnalité du jeune homme, le déroulé des évènements du 25 octobre où il se trouvait avec son amie, et les conséquences de cette nuit funeste.

Comme ils le précisent, cet entretien sera pour eux l’unique qu’ils accepteront de livrer sur l’affaire.


- Les proches et amis de Rémi, là où nous les avons rencontrés -


« Un type bienveillant, pacifiste et un peu grande gueule »

Nous connaissions Rémi depuis le collège. C’était vraiment quelqu’un de gentil et de doux. Il était très tolérant, sincère, honnête, mais un peu grande gueule. C’est clair qu’il n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait, et il n’était pas du genre à se laisser embarquer sans raison par n’importe qui. Un type bienveillant, très apaisant. Il était extrêmement sociable et parvenait sans peine à se faire de nombreux amis où qu’il allait.

Rémi n’avait aucune implication dans des mouvements politiques organisés, sinon ses activités de botaniste dans l’association France Nature Environnement. Il participait à la protection de la nature dans la région toulousaine. Après un BTS en gestion et protection de l’environnement, il travaillait durement comme intérimaire et avait plein de projets : un voyage en Amérique du Sud, la reprise d’une école mais surtout l’achat d’un terrain. Il souhaitait monter une exploitation de plantes médicinales, se renseignait auprès de professionnels. Il avait trouvé sa voie.

Rémi aimait la musique, jouait avec nous de la guitare, du blues, appréciait beaucoup le reggae. Il avait un jour récupéré un bout de bois mort et creusé lui-même un didgeridoo. Il aimait beaucoup faire des choses de ses mains, par lui-même.


- Renoncule à feuille d’ophioglosse : Rémi participait au groupe de protection de cette plante -

« Il est venu à Sivens presque par hasard »

Rémi est venu à Sivens le samedi 25 octobre presque par hasard. Ce n’était pas un militant, encore moins un activiste. Mais il s’intéressait à la protection de l’environnement, se sentait concerné par ce combat. Comme il connaissait d’autres personnes qui y allaient, il a voulu s’y rendre aussi pour afficher un soutien pacifique.

Je suis arrivé avec lui vers 16 heures sur place [c’est Anna qui parle], on voyait déjà au loin la fumée, l’hélicoptère, on ne s’attendait pas du tout à ça. Mais des personnes nous ont rassurés en nous disant que tous ces événements se déroulaient de l’autre côté de la zone, à deux kilomètres. L’ambiance était étrange entre la fête joyeuse, les animations et discussions près des chapiteaux et de l’autre côté au loin les affrontements, les gaz lacrymogènes qui montaient dans le ciel et les bruits d’explosion.

Nous sommes restés du côté du chapiteau, Rémi a rencontré plein de gens, chantait des chansons, les messages inscrits un peu partout nous faisaient rire, il y avait un bon esprit. C’est là dedans que nous voyions notre place. Nous sommes restés à proximité toute la soirée, à faire la fête.

Vers deux heures moins le quart, dans la nuit, des amis sont allés plus loin voir ce qui se passait. À leurs dires, ça avait l’air impressionnant, on entendait encore les explosions fortes. Rémi a voulu y aller. Le temps de faire le trajet, nous sommes arrivés sur les lieux des affrontements. Les flics tiraient en rafale. Le spectacle était très violent, l’ambiance très particulière, nous n’avions jamais vécu ça. Face à une telle scène d’incompréhension et d’injustice, Rémi ne pouvait que réagir d’une manière ou d’une autre. Il avait un peu bu dans la soirée, mais n’était pas ivre, il avait juste une bouteille de vin et des gâteaux apéritifs dans son sac à dos.

Je l’ai vu partir d’un coup en criant « Allez, faut y aller ! » Il a commencé à courir devant. Il n’avait rien pour se protéger, il n’a pas mesuré ce qui l’attendait. Les flics ont tiré en rafale, je me suis écarté pour me mettre à l’abri. Quand je me suis retournée, Rémi n’était plus là.

Ensuite, les gendarmes ont fait une sortie. On a commencé à le chercher, en allant même tout devant, sans succès. Je ne sais pas combien de temps ça a duré. J’ai crié son nom dans le champ mais il ne répondait pas. J’ai passé la nuit dehors à le chercher puis à retrouver sa voiture. C’était un cauchemar. Pendant toute cette phase, j’ai perdu mon portable, un objet précieux car il contient nos dernières photos ensemble.

J’ai dormi quelques heures et dès le lever du soleil, j’ai recommencé à le chercher sur la zone des combats. Il n’y avait plus personne sur les lieux. J’ai juste rencontré une fille qui m’a accompagnée jusqu’à l’infirmerie où il n’était pas non plus. Peu après, quelqu’un a crié « Rémi Fraisse ! », il avait retrouvé son portefeuille, perdu en début de soirée. En retrouvant les amis à la voiture, j’ai découvert qu’ils ne savaient pas non plus où il était.

À 10 heures, j’ai donné son signalement au point d’accueil. Ça a beaucoup trainé. Je suis finalement tombé sur un de ses amis qui venait d’appeler les organisateurs. Ce sont eux qui m’ont appris que son corps avait été retrouvé inerte dans la nuit par les gendarmes. J’avais cru qu’il avait été embarqué. Je n’aurais jamais pu imaginer qu’il arriverait un tel évènement.

« Nous ne souhaitons pas que sa mort soit instrumentalisée »

Tout a été beaucoup trop vite depuis sa mort. La famille a été contactée par téléphone pour l’identification. Elle n’a fait qu’une description verbale et nous avons transmis une photo d’identité qui a confirmé qu’il s’agissait bien de lui. Nous n’avons eu aucun droit en amont, on nous a dit d’attendre l’expertise légale. À ce jour, aucun proche n’a pu avoir accès au corps. Nous avons appris le résultat de l’autopsie par les médias. C’est notamment ce manque d’information qui nous a décidés à porter deux plaintes, pour « homicide volontaire » et pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner », pour avoir accès au dossier.

Rémi était quelqu’un de foncièrement pacifiste. L’après-midi avant sa mort, il avait une nouvelle fois défendu cette attitude non violente dans une discussion avec des occupants de la zone...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 16:28

 

Source : www.liberation.fr

 

 

 

L'Igas publie un rapport sévère sur les Hôpitaux de Marseille
AFP 29 octobre 2014 à 07:24 (Mis à jour : 29 octobre 2014 à 15:24)
L'hôpital de La Timone à Marseille, en 2006.L'hôpital de La Timone à Marseille, en 2006. (Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP)

Clientélisme, gestion archaïque et privilèges accordés à FO sont au nombre des griefs pointés par l'Inspection générale des affaires sociales. Le directeur de l'AP-HM affirme que le rapport porte sur «une époque révolue».

 

Gestion «archaïque», «système clientéliste», finances «inquiétantes», «privilèges» accordés au syndicat majoritaire : l’Igas a publié mardi soir un rapport accablant sur la situation de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM).

«L’inertie qui a caractérisé l’établissement pendant des années et la prégnance du poids politique et d’organisations syndicales fortes sont des freins réels à la restauration d’un fonctionnement normal», résument les auteurs. «La bonne distance entre la mairie et les instances de l’AP-HM n’est toujours pas trouvée», selon le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales, commandé en mars 2013 par la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

«Il doit être mis un terme au système clientéliste qui a longtemps prévalu», intime l’Igas, qui développe : «Un grand nombre de recrutements de personnels non qualifiés est intervenu pendant de nombreuses années sur recommandation d’élus. Un certain nombre de ces agents, qui se considèrent "protégés" posent des problèmes en raison de leur comportement irrespectueux voire menaçant vis-à-vis des cadres de proximité dont certains sont découragés.» La mission de l’Igas s’étonne, en outre, que les réunions du conseil de surveillance «aient toujours lieu à la mairie de Marseille» et recommande qu’elles se tiennent désormais au sein de l’établissement.

L’Igas cible également les «privilèges» accordés au syndicat majoritaire Force ouvrière : «Il convient de mettre fin à la situation réservée à une organisation syndicale [...] fût-elle majoritaire, et de la considérer comme les autres, sans privilège d’information et en évitant de lui laisser son rôle traditionnel de "conseil" en recrutement.»

Investissements excessifs

Par ailleurs, l’Igas juge «inquiétante» la situation financière de l’AP-HM, «très fortement endettée» à cause notamment «d’une politique d’investissement ambitieuse et coûteuse». La dette de l’AP-HM a atteint un milliard d’euros fin 2012 et «l’objectif de retour à l’équilibre est toujours repoussé» et «n’est actuellement prévu qu’en 2014», déplore l’Igas. «Les efforts pour y parvenir sont encore insuffisants», estime l’Inspection, alors que c’est un enjeu «fondamental pour assurer l’avenir de l’AP-HM». Outre la réduction de la dette, l’Igas prône donc la mise en œuvre «sans délai d’un plan d’actions pour assurer la fiabilité et la sincérité des comptes».

Le rapport est aussi cinglant concernant l’organisation. «Des activités sont gérées de manière archaïque», assène l’Igas, qui cite notamment la gestion «sous forme papier» des archives «sans cohérence entre les différents sites» de l’AP-HM.

Autre point noir : la situation «toujours préoccupante» de l’informatique. En février 2012, un rapport de la Cour des comptes constatait l’échec de l’informatisation du dossier-patient, qui avait engendré une dépense «largement voire totalement inutile» d'«au moins 14 millions d’euros». «Au moment des investigations de la mission, tous les enseignements tant sur le plan financier qu’organisationnel n’ont pas été tirés», assure l’Igas.

«L’ARS Paca doit exercer, plus qu’elle ne l’a fait au cours des dernières années, ses missions de contrôle, d’évaluation et de suivi de la gestion et de l’évolution de l’AP-HM», conclut le corps de contrôle interministériel du secteur social.

«Constats du passé»

«La période analysée dans ce rapport se termine fin 2012. Un certain nombre de constats sont pour moi des constats du passé», a réagi le directeur général de l'AP-HM, Jean-Jacques Romatet, lors d’une conférence de presse, affirmant que ce rapport de l’Inspection générale des affaires sociales rendu public mardi parlait «d’une époque révolue». «Je trouve normal qu’un rapport fait par une inspection générale soit rendu public. La date à laquelle il est rendu public ne m’appartient pas», a-t-il remarqué, interrogé sur l’échéance de la sortie de ce rapport, achevé en janvier 2014.

«La gestion des ressources humaines a été repensée de la cave au plafond. Aujourd’hui, les recrutements sont faits comme dans tous les autres hôpitaux de France, avec une équipe dont je réponds comme de moi-même, il ne peut y avoir de critique sur ce point», a affirmé Jean-Jacques Romatet, qui a pris ses fonctions en janvier 2013. Et de marteler : «Je ne fais pas de recrutement sur des raisons autres que professionnelles». «Aucune personne n’est protégée à l’AP-HM, c’est clair !», a-t-il aussi lancé.

Le secrétaire FO à l’AP-HM Marc Katramados,a dénoncé de son côté «un rapport qui ne sert à rien», où «tout est faux». «Il y a toujours des jaloux... Rien ne m’inquiète, ça me fait même rire ! Le clientélisme, c’est des conneries», a-t-il poursuivi, considérant que ce rapport qui «ressemble à un règlement de comptes» ne vise qu’à «casser l’image de l’AP-HM et sa nouvelle équipe de direction». Celle-ci a présenté mardi au ministère de la Santé le plan de «redressement» sur 5 ans de l’AP-HM. «Il y un temps pour semer, un temps pour récolter, et je peux vous dire qu’on recoltera», a conclu Jean-Jacques Romatet, insistant sur la mise en place d’une «nouvelle organisation».

L’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), troisième CHU de France, emploie environ 15 000 agents sur quatre sites.

AFP
Source : www.liberation.fr

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 16:19

 

Source :  www.mediapart.fr


 

Au Testet, agrobusiness, conflit d'intérêts et mauvaise gestion

|  Par Nicolas Bérard

 

 


Le projet du barrage de Sivens se révèle être un savant mélange de conflits d’intérêts, d’alliances politiciennes et d’agrobusiness. Un précédent barrage, celui de Fourogue, promu par le conseil général du Tarn et réalisé dans les mêmes conditions, illustre toutes les dérives d'une gestion locale faisant fi de toute opposition et passant en force. Les travaux du barrage sur la zone du Testet sont aujourd'hui suspendus et Ségolène Royal, sortie de son silence, a convoqué une réunion mardi prochain.

Elle est enfin sortie de son silence. Ségolène Royal, ministre de l'écologie, a annoncé mercredi, à la sortie du conseil des ministres, avoir convoqué une réunion « entre les parties prenantes » mardi prochain 4 novembre, sans préciser si les opposants qui ont occupé la zone du Testet seront invités. « Il faut que l'on trouve une solution qui justifie l'engagement des fonds publics et européens sur des ouvrages comme ceux-là », a déclaré la ministre. De son côté, Thierry Carcenac, président socialiste du conseil général du Tarn, a annoncé la suspension sine die des travaux du barrage. Mais mercredi, dans un entretien au Monde (à lire ici), l'élu socialiste explique ne pas vouloir renoncer pour autant à ce projet.

Le pouvoir et les élus locaux tentent ainsi de désamorcer la crise grandissante que provoque la mort de Rémi Fraisse, ce jeune militant de 21 ans tué le 26 octobre lors d'affrontements avec les forces de l'ordre sur le chantier du barrage de Sivens. « On sentait que ça allait arriver… » Julie, zadiste de 37 ans, n'est guère étonnée par le drame qui a eu lieu au Testet. De nombreux manifestants avaient déjà été blessés et chacun, sur place, s’attendait à ce que les affrontements virent à la tragédie. Le décès de Rémi Fraisse, qui selon toute vraisemblance a été tué par une grenade offensive, n’est donc pas une réelle surprise pour nombre d'opposants : plutôt la confirmation qu’ils ont à faire face, depuis plusieurs semaines, à une réplique totalement disproportionnée des forces de l’ordre.

Pourquoi les autorités ont-elles déployé un dispositif aussi impressionnant de forces de l'ordre et pourquoi celles-ci semblaient bénéficier d’une telle liberté d’action ? Le tout pour un projet qui, selon les termes employés par les deux experts missionnés par le ministère de l’écologie, est tout simplement « médiocre »… La réponse se trouve dans un savant cocktail fait de conflits d’intérêts, d’alliances politiciennes et d’agrobusiness.

 

Image extraite d'une vidéo tournée par les manifestants. 
Image extraite d'une vidéo tournée par les manifestants.

Si les opposants, notamment le Collectif Testet, se sont aussi rapidement méfiés du projet du barrage de Sivens, c’est que les méthodes employées par le conseil général du Tarn, maître d’ouvrage, et la CACG (compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne), maître d’ouvrage délégué, ne sont pas nouvelles. L’étude du barrage de Fourogue, construit à la fin des années 1990, apporte un éclairage saisissant sur les abus constatés, ou à venir, concernant la retenue de Sivens. Car les deux ouvrages ont été construits sur un schéma tout à fait similaire.

Premier enseignement à tirer de ce barrage de Fourogue de 1,3 million de m3 mis en service en 1998 : il est beaucoup trop grand par rapport aux besoins réels des agriculteurs. Mediapart a pu se procurer un mail, daté du 18 octobre 2013, envoyé par le directeur des opérations de la CACG au directeur de l’eau et de l’environnement du conseil général du Tarn, aujourd’hui en charge du dossier de Sivens. Il y fait part de « la faible souscription des irrigations [:] à ce jour 269 ha au lieu des 400 prévus par la chambre d’agriculture ».

Ce surdimensionnement n’est pas sans rappeler celui dénoncé dans le cadre du projet de Sivens. Le Collectif Testet n’a dénombré que vingt exploitants susceptibles d’utiliser le réservoir de 1,5 million de m3 qui a été prévu sur la zone du Testet. Le rapport des experts, sévère dans son constat général mais néanmoins modéré dans son approche globale, estime pour sa part que le nombre de bénéficiaires est « de l’ordre de trente, et les préleveurs nouveaux environ dix ». On est loin des quatre-vingt-un exploitants annoncés par les promoteurs du projet.

Cette surestimation du nombre de bénéficiaires n’est pas financièrement indolore. Non seulement elle conduit à mener des travaux plus importants et donc plus chers que ce que réclame la situation, mais, en plus, elle engendre des déficits chroniques dans la gestion des ouvrages. C’est ce que vient de nouveau démontrer le précédent de Fourogue : dans son courrier, le directeur des opérations de la CACG explique que l’exploitation du barrage souffre d’« un déséquilibre d’exploitation important ».

Alors que les recettes nécessaires à l’équilibre de cette retenue sont estimées à 35 000 euros par an, les recettes effectives annuelles ne sont que de 7 000 euros. Résultat : après quinze années d’exploitation, la CACG déplore à Fourogue un déficit global de 420 000 euros. Pas d’inquiétude, néanmoins : la CACG et le conseil général se sont mis d’accord pour partager la note. S’adressant toujours à son collègue du conseil général, le directeur des opérations de la compagnie écrit dans un mail du 22 novembre 2013 : « Faisant suite à nos échanges en préfecture, je te propose de mettre un poste de rémunération de 50 % de la somme (…), soit 210 k€ correspondant à la prestation suivante : "Grosses réparations (15 ans)". »

La faiblesse des recettes s’explique aussi par un autre facteur : l’ouvrage de Fourogue n’a plus de véritable cadre juridique. En cause : l’annulation de la DIG (déclaration d’intérêt général), que les opposants ont obtenue en justice en 2005 suite à une longue procédure débutée avant le lancement des travaux. En l’absence de cette DIG, la CACG, qui a construit l’ouvrage, n’a pas pu le rétrocéder au conseil général comme cela était initialement prévu.

Pas de mise en concurrence

Le conseil général et la CACG ont-ils cherché à régulariser cette situation ? Une fois de plus, ils ont plutôt décidé de laver leur linge sale en famille. Le département a ainsi signé une petite vingtaine d’avenants successifs pour confier la gestion du barrage à la compagnie. Ce qui n'est pas franchement légal. Un rapport d’audit accablant sur la situation du barrage, daté de mars 2014, note par exemple que la signature de l’un de ces avenants « doit être regardée comme la conclusion d’un nouveau contrat entre le conseil général et la CACG. Ce nouveau contrat s’apparente à une délégation de service public devant être soumise à une obligation de mise en concurrence ».

Mais de mise en concurrence, il n’y a point eu… En outre, grâce à ces avenants, la compagnie d’aménagement gère le barrage depuis désormais quinze ans. Et, prévient encore le rapport, « une durée trop longue peut être considérée comme une atteinte au droit de la concurrence ».


La zone humide du Testet déboisée. Image extraite d'une vidéo tournée par les manifestants. 
La zone humide du Testet déboisée. Image extraite d'une vidéo tournée par les manifestants.

Lorsqu’il s’agit de la gestion de l’eau, la CACG devient vite, non pas l’interlocuteur privilégié du conseil général, mais plutôt son interlocuteur exclusif. Le rapport d’audit explique ainsi que « le contrat de concession d’aménagement a été signé entre le conseil général du Tarn et la CACG en l’absence de procédure de mise en concurrence conformément aux textes applicables aux concessions d’aménagement alors en vigueur. […] Or, la réalisation de la retenue d’eau constituait une opération de construction et ne pouvait donc pas faire l’objet d’une concession d’aménagement. Contrairement aux concessions d’aménagement, les opérations de construction pour le compte d’un pouvoir adjudicateur devaient déjà être soumises à une procédure de mise en concurrence. »

Grâce à ces « concessions d’aménagement », comme cela est encore le cas pour le barrage de Sivens, la CACG n’a pas à se soucier des concurrents. Il lui suffit de se mettre d’accord sur un prix avec les élus du département.

Pourquoi la CACG bénéficie-t-elle d’un tel favoritisme alors que sa gestion est contestée ?  Une inspection réalisée en janvier 2014 par les services préfectoraux préconisait par exemple certaines rénovations à effectuer sur la retenue de Fourogue. Par courrier, il a été signifié à la CACG que « le système d’évacuation des crues présente des signes de désordre laissant un doute sur la sécurité de l’ouvrage en crue exceptionnelle et nécessite des travaux à effectuer rapidement ». N’ayant reçu aucune réponse de la compagnie dans les deux mois qui lui étaient impartis, les services d’État ont perdu patience et lui ont adressé un nouveau courrier le 15 avril. Ils exigent alors qu’elle se décide enfin à « réaliser rapidement un diagnostic de l’ouvrage déterminant l’origine de ces désordres (…) et [à] mettre en place des mesures compensatoires de surveillance et de sécurité sans délai », ces deux derniers mots étant soulignés pour marquer l’urgence.

La solution finalement adoptée sera d’abaisser le niveau d’eau retenue. Ce qui ne pose aucun problème technique, puisque le barrage est beaucoup trop grand, comme l’explique en creux le courrier du responsable de la CACG : « Le volume consommé en année moyenne pour [l’irrigation] oscille plutôt autour de 200 000 m3. » Ils avaient prévu 900 000 m3

Pour comprendre les liens étroits qui unissent le conseil général et la CACG, il faut se tourner vers le fonctionnement de cette dernière. Société anonyme d’économie mixte, son conseil d’administration est principalement composé d’élus départementaux et régionaux, pour la plupart des barons du PS local ou du parti radical de gauche. Le président de ce conseil, par exemple, n’est autre que Francis Daguzan, vice-président du conseil général du Tarn. À ses côtés, on trouve André Cabot, lui aussi vice-président du conseil général du Tarn, mais aussi membre du conseil d’administration de l’Agence de l’eau, qui finance la moitié du projet de barrage de Sivens (dans le montage financier, l’Europe doit ensuite en financer 30 %, les conseils généraux du Tarn et du Tarn-et-Garonne se partageant équitablement les 20 % restants).

On trouve ensuite des représentants des chambres d’agricultures, tous adhérents à la FNSEA, syndicat fer de lance de l’agriculture intensive. Aucun représentant de la Confédération paysanne dans ce conseil d’administration. Seule la Coordination rurale a obtenu un strapontin, mais ce syndicat se dit favorable au barrage. Pour compléter le tableau, siègent un administrateur salarié et des représentants de grandes banques. Des élus juges et parties, des partisans de l’agriculture intensive et des banquiers, chacun, ici, a intérêt à favoriser des ouvrages grands et onéreux.

Un chantier à marche forcée

Pour y parvenir, ce n’est pas très compliqué : les études préalables à la construction d’une retenue sont confiées à… la CACG, qui se base, pour (sur)estimer les besoins en eau du territoire, sur les chiffres de… la chambre d’agriculture, tenue par la FNSEA. Le conseil général, soucieux de la bonne santé financière de sa société d’économie mixte, n’a plus qu’à approuver, sans trop regarder à la dépense. Un fonctionnement en vase clos qui laisse beaucoup de place aux abus, et bien peu à l'intérêt général.

Exemple, à Sivens : compte tenu du fait que « la quantité de matériaux utilisables pour constituer une digue est insuffisante sur le site et, d’autre part, le coût des mesures compensatoires (…) et du déplacement d’une route et d’une route électrique », le conseil général explique dans sa délibération actant la construction du barrage que « le coût de l’ouvrage est relativement onéreux » – et encore, l’ouvrage était alors estimé à 6 millions, contre plus de 8 aujourd’hui. Pourtant, comme l’ont regretté les experts dépêchés par Ségolène Royale, aucune alternative n’a sérieusement été recherchée, et le projet a été voté en l’état par les élus. Pourquoi la CACG se serait-elle décarcassée à trouver un projet moins cher, alors qu’elle savait déjà qu’elle se verrait confier la construction de cette retenue ?

Il ne reste plus, ensuite, qu’à lancer les travaux, et vite. L’exemple de Fourogue a montré aux élus que, quels que soient les recours en justice, l’important était de finir le chantier avant que les délibérés ne soient rendus. Aujourd’hui, le barrage baigne certes dans l’illégalité, mais il existe…

Le 14 septembre, les manifestants ont eu un aperçu de l’empressement des promoteurs à boucler les travaux du Testet. Ce dimanche-là, ils s’attendaient tous à une mobilisation très importante de forces de l’ordre dès le lendemain. La raison : deux jours plus tard, le tribunal administratif de Toulouse allait rendre son délibéré sur la légalité du déboisement. Grâce à de solides arguments en leur faveur, ils avaient bon espoir que le juge leur donne raison. « Ils vont tout faire pour finir le déboisement avant le délibéré », estimait alors Fabien, un jeune zadiste de 25 ans, qui se préparait à voir débarquer en nombre les gendarmes mobiles au petit matin.

 

Affrontements le week-end dernier au Testet. Image extraite d'une vidéo tournée par les manifestants.Affrontements le week-end dernier au Testet. Image extraite d'une vidéo tournée par les manifestants.

Ce fut finalement encore plus rapide : les escadrons sont arrivés dès le dimanche soir afin que les machines puissent s’installer sur la zone, et commencer à couper les arbres restants à la première heure. Le mardi, le tribunal administratif n’a finalement pas donné raison à France Nature Environnement, à l’origine du recours en référé : il s’est déclaré incompétent, tout en condamnant l’association à 4 000 euros d’amende pour « saisine abusive ». Mais, de toute façon, le déboisement avait été achevé quelques heures plus tôt. On n’est jamais trop prudents…

À marche forcée, le conseil général et la CACG entendent donc finir le plus rapidement possible le chantier de Sivens. Ainsi, les opposants n’ont jamais obtenu ce qu’ils souhaitaient : un débat contradictoire avec le président du conseil général du Tarn. Droit dans ses bottes, Thierry Carcenac (PS) n’a jamais pris le temps de les recevoir. Le premier ministre Manuel Valls a clairement exprimé son soutien au projet, ce qui n’a sans doute pas déplu à Jean-Michel Baylet, président du département du Tarn-et-Garonne mais aussi président des radicaux de gauche aujourd’hui si précieux à la majorité socialiste.

Pour que les travaux avancent, les promoteurs ont ainsi pu compter sur le soutien sans faille de l’État et de la préfecture, qui a mobilisé durant des semaines d'importantes forces de l'ordre. Les zadistes, organisés en « automédias », ont fait tourner sur les réseaux sociaux des vidéos prouvant les abus de certains gendarmes mobiles. Lorsqu’il s’est exprimé après le drame, le dimanche 26 octobre, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve s’est pourtant surtout attaché à défendre le travail des forces de l’ordre et à rejeter la faute sur « un groupe [de manifestants] extrémistes de 200 personnes environ ».

Cette course effrénée a déjà eu raison des experts du ministère, qui estiment que, « compte tenu de l’état d’avancement des travaux et des engagements locaux et régionaux pris avec la profession agricole », « il semble difficile » d’arrêter le chantier. La mort de Rémi Fraisse a mis un coup d’arrêt aux travaux. Mais pour combien de temps ? Deux jours plus tard, Thierry Carcenac n’avait pas du tout l’intention d’abandonner le projet : « L’arrêt total du projet de barrage à Sivens aurait des conséquences sur l'indemnisation aux entreprises. »

Son empressement à reprendre les travaux n'est pas anodin : rien ne dit que, comme pour Fourogue, la déclaration d’intérêt public du barrage de Sivens ne sera pas annulée en justice. Cette question fait l’objet de l’un des nombreux recours déposés par le Collectif Testet et d’autres associations. Et les délibérés pourraient ne pas être rendus avant deux ans.

 

Lire aussi

 

Source :  www.mediapart.fr

 

 

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 15:56

 

Info reçue par mail

 

Si vous voulez vous énerver encore un peu plus...lisez ce truc

 

Loïc

 

 

 

COMMUNIQUE DE PRESSE DE JEAN-LOUIS CHAUZY

PRESIDENT DU CESER MIDI-PYRENEES « SIVENS : LA COMPASSION ET LA RAISON ! »


Toulouse, le 28 Octobre 2014

La mort d’un jeune homme de 21 ans à l’occasion d’une manifestation nocturne contre le barrage de Sivens est un drame pour lui, pour sa famille et chacun d’entre nous.
Il est nécessaire de connaître les conditions brutales de son décès mais ce drame oblige aussi à s’interroger publiquement sur notre société, la démocratie, la décision publique et l’Etat de droit.

La France est une démocratie qui repose sur un système électoral d’assemblées démocratiquement élues, un Etat de droit et un processus de décisions qui additionne les procédures, les débats contradictoires, les recours, les enquêtes jusqu’à la décision finale, c’est ce qui s’est passé pour le barrage de Sivens inscrit dans le Programme De Mesures
(PDM) du Comité de Bassin Adour-Garonne (SDAGE 2009-2015) qui a un caractère prescriptif. La contestation, au départ pacifique puis rapidement violente, dévoie la démocratie, s’oppose à l’Etat de droit qui conditionne le vivre ensemble.

Pour sécuriser les ressources en eau dans le Bassin Adour-Garonne, l’Agence a estimé pour le seul bassin de la Garonne les besoins à 100 millions de m3 (sur l’ensemble du Bassin, ce sont 250 millions de m3) pour tenir compte de l’évolution de la démographie pour les trente prochaines années, des besoins de l’économie dont l’agriculture, premier employeur avec l’agro-alimentaire dans le sud-ouest, pour anticiper le réchauffement climatique, pour la préservation des écosystèmes.

La démocratie ne peut supporter le port de cagoules et la violence ; dans le Tarn comme ailleurs, la raison et le respect de l’Etat de droit doivent prévaloir et s’imposer. Vouloir défaire dans la rue, ce que les collectivités, les assemblées élues ont décidé avec l’Etat dans le respect de la loi, des décrets, des règlements et de toutes les procédures, c’est affaiblir la démocratie et la République.

Nous avons estimé utile et de qualité le rapport « La gestion quantitative de l'eau en agriculture. Une nouvelle vision, pour un meilleur partage », remis par le député Philippe MARTIN au 1er Ministre Jean-Marc AYRAULT ; le barrage de Sivens fait partie de cette problématique. Sécuriser la ressource en eau est une nécessité écologique, économique et politique.

 

 

 

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 15:52

 

Info reçue par mail :

 

l'appel pour jeudi :

REMI ! NI OUBLI.... NI PARDON.....
RASSEMBLEMENT devant LA PREFECTURE à NIMES

ce jeudi 30 Octobre à 17 H 30
Venez avec vos mains, vos pieds, vos bouches, vos mots, vos chants, vos tambours, vos trompettes, tambourins & casseroles, guitares & accordéons..... et toute votre imagination !!! bougies, dessins, banderoles, paroles, témoignages, poèmes, gros mots & petits mots..... des craies pour les écrire

Minute de SILENCE pour REMI..... et PLUS DE BRUIT !! plus fort que leurs grenades de la mort... pour REMI, notre ami,

notre frère, notre camarade....
NI OUBLI... NI PARDON...

FAITES TOURNER... ET..TOURNER... ET TOURNER... ET TOURNER... ET TOURNER...

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