#GreeksAskJuncker If I vote for the Greek politicians you prefer, could you pay my rent and food for a couple of months? Thanks.
Confirmation du jugement en appel : nous restons ferme(s) !
Source : www.mediapart.fr
C'est la première fois que le président de la commission européenne s'invite dans une élection nationale : jeudi 11 décembre, Jean-Claude Juncker a ouvertement pris parti pour la droite de Nouvelle Démocratie actuellement à la tête de l'exécutif grec. Une ingérence qui se confirme cette semaine: le commissaire Pierre Moscovici est à Athènes lundi et mardi.
Les Grecs, qui ont déjà le sentiment d'être gouvernés par Bruxelles depuis le début de la crise, n'avaient certainement nul besoin de cela. Jeudi 11 décembre, dans une interview accordée à la chaîne de télévision autrichienne ORF III, Jean-Claude Juncker a déclaré qu'il ne souhaitait pas que « des forces extrêmes arrivent au pouvoir » en Grèce. Cette déclaration vise la gauche radicale de Syriza, premier parti d'opposition sorti victorieux des élections européennes, en mai dernier, et qui pourrait arriver en tête en cas d'élections législatives anticipées. Tout en prétendant ne pas vouloir s'exprimer sur un parti politique en particulier à l'occasion du scrutin présidentiel subitement avancé à ce mercredi, le président de la commission européenne a ajouté : « Ma préférence serait de revoir des visages familiers en janvier. »
La déclaration est explicite : le candidat à l'élection présidentielle proposé par la droite conservatrice Nouvelle Démocratie, Stavros Dimas, est un ancien commissaire européen. Vieux routard de la politique grecque, systématiquement réélu député entre 1977 et 2004 et maintes fois ministre, il fait précisément partie de ces « visages familiers » aux manettes du pays depuis bientôt une quarantaine d'années.
Jean-Claude Juncker, ce président qui s'était promis de politiser la commission, a donc saisi l'élection présidentielle grecque pour peser de tout son poids dans une élection nationale. La Grèce, une fois de plus, se trouve aux avant-postes en matière d'expérimentation politique... De fait, le pays a fait l'objet de toutes sortes d'ingérences ces dernières années. En parallèle des programmes d'austérité décidés depuis 2010, de multiples décisions ont été prises à Bruxelles pour mettre en œuvre de nouvelles mesures et les déclarations politiques de certains dirigeants européens n'ont cessé de considérer la Grèce comme un pays sous tutelle.
À maintes reprises, le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble a ainsi fait la leçon aux Grecs, se faisant le spécialiste des déclarations humiliantes au lendemain de prises de décision difficiles, exigeant chaque fois un nouveau tour de vis. À quelques jours des élections législatives de juin 2012, c'était même… François Hollande, fraîchement élu, qui s'offrait le 20 heures le plus regardé du pays pour appeler les Grecs à voter pour les partis de la coalition gouvernementale. Autrement dit le président socialiste en appelait à soutenir... la droite conservatrice d'Antonis Samaras.
« J’ai conscience que les électeurs doivent avoir la pleine souveraineté, avait-il dit au cours de cette interview, mais je dois les prévenir parce que c’est mon devoir, parce que je suis un ami de la Grèce, que si l’impression est donnée que les Grecs veulent s’éloigner des engagements qui ont été pris et abandonner toute la perspective de redressement alors il y aura des pays dans la zone euro qui préféreront en terminer avec la présence de la Grèce dans la zone euro. » Le chantage entre vote pour le maintien de la coalition gouvernementale ou vote pour Syriza et la sortie de la zone euro était posé. Cette fois-ci, il vient d'encore plus haut : la commission européenne. C'est la première fois que l'exécutif européen se prononce aussi clairement dans une élection.
Cette intervention tombe alors que le premier ministre Antonis Samaras a subitement avancé, la semaine dernière, l'élection présidentielle initialement prévue pour février ou mars, dans une manœuvre menée de concert avec Bruxelles, destinée à couper l'herbe sous le pied de Syriza, dont la popularité ne faiblit pas depuis sa victoire aux élections européennes de mai dernier. En Grèce, le président est élu par la Vouli, le parlement, à la majorité des deux tiers, ou des trois cinquièmes après deux échecs consécutifs. La coalition gouvernementale ne dispose pas, en l'état, de cette majorité renforcée : cette manœuvre de convoquer l'élection plus tôt que prévu, à la veille des fêtes, est destinée à convaincre les députés non affiliés ou potentiellement hésitants de donner leur voix au candidat de la coalition.
L'affolement sur les marchés qui a suivi l'annonce de Samaras lui fournit l'occasion rêvée d'agiter la menace du chaos pour appeler à voter pour la « stabilité ». La bourse athénienne a connu en début de semaine dernière la plus forte baisse depuis 1987. Le risque d'une nouvelle crise financière et d'un défaut de paiement : voilà l'argument que va marteler la coalition gouvernementale pour rassembler les troupes et éviter le scénario Syriza. La porte-parole du gouvernement a d'ailleurs commencé sa tournée des médias ce lundi. Sur la chaîne de télévision Mega, elle annonçait le risque d'une « faillite » du pays en cas de victoire de Syriza si le parlement, faute d'accord sur le choix du président, convoquait des élections générales anticipées.
En Grèce, ce genre de chantage n'a rien de nouveau. En 2012, déjà, le leader de Nouvelle Démocratie agitait la menace de sortie de la zone euro en cas de victoire de Syriza aux élections. La position majoritaire au sein de Syriza, rappelons-le, n'est pas hostile à la zone euro en tant que telle. En revanche, son programme passe par l'arrêt immédiat des politiques d'austérité et l'effacement d'une partie de la dette publique, restée à un niveau insoutenable. L'alternative simpliste "stabilité versus chaos" a en outre été brandie à chaque vote crucial depuis 2010, lorsqu'il a fallu décider de nouvelles mesures d'austérité et signer des accords avec les bailleurs de fonds.
Les Grecs ne sont pas dupes, et n'ont pas manqué de réagir à la déclaration de Juncker. Ses propos ont été aussitôt tournés en dérision sur Twitter, où certains se sont mis à demander l'avis du président de la commission sur toutes sortes de questions. « Si je vote pour vos politiciens grecs préférés, pourriez-vous payer mon loyer et mes dépenses alimentaires pour quelques mois ? » interroge ainsi la réalisatrice grecque Zoe Mavroudi.
Les critiques ont également fusé du côté de Syriza, où les communiqués de la direction du parti et les interventions des députés se sont multipliés ces derniers jours pour dénoncer une telle ingérence. « Le gouvernement et la Troïka, après s'être mis d'accord sur toutes les nouvelles mesures d'austérité, procèdent ensemble au chantage auprès des députés afin de lever l'obstacle de l'élection présidentielle », a déclaré ce lundi Alexis Tsipras, le leader de Syriza, dénonçant « l'argument de la peur » brandi par l'exécutif.
Zoe Mavroudi @zoemavroudi Suivre
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L'affaire a fait grand bruit à Bruxelles : « Ces pressions de la commission européenne sur le processus électoral d'un pays souverain sont insupportables et soulèvent de grandes questions pour l'avenir de la démocratie en Europe, a estimé dans un communiqué l'eurodéputé Pierre Laurent, président du parti de la Gauche européenne, dont fait partie Syriza. J'appelle tous les démocrates à s'élever contre ces pratiques autoritaires qui n'ont pas lieu d'être. Le processus doit suivre son cours, y compris jusqu'à la tenue d'élections législatives, si la coalition au pouvoir n'obtient pas la majorité nécessaire à l'élection présidentielle. »
La commission ne semble pas revenir sur cette prise de position inédite. Au contraire. Elle a décidé une visite impromptue à Athènes du commissaire aux affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici. Arrivé lundi 15 décembre, il doit, en deux jours, rencontrer pas moins de sept ministres ainsi que le gouverneur de la banque centrale grecque, des partenaires sociaux et des élus. Il a visité en outre lundi une station de métro en construction ayant bénéficié de fonds européens et rencontré une première fois les journalistes, avant de tenir, ce mardi, une conférence de presse dans les locaux de la représentation de la commission européenne. On aura rarement vu agenda aussi chargé pour un commissaire européen en visite.
Nul doute que le planning laisse peu de place à des discussions de fond. Le but est ailleurs : mettre en scène, sous l'œil des caméras, tout ce que l'Union européenne apporte à la Grèce. Manière d'alimenter la rhétorique de la coalition gouvernementale, qui stigmatise Syriza comme un parti anti-UE – lequel ne figure pas à l'agenda du commissaire français.
Point de presse à #Athènes sur les enjeux de ma visite / Press briefing in #Athens on my visit today and tomorrow
En amont de sa visite, Pierre Moscovici a d'ailleurs déroulé son argumentaire dans un entretien accordé au quotidien conservateur Kathimerini. Il félicite les Grecs pour l'excédent budgétaire primaire atteint en cette fin d'année et pour les prévisions de croissance de l'an prochain, ce qui lui permet d'une part de justifier la politique de la Troïka, d'autre part de continuer à exiger des mesures d'austérité. « Nous avons besoin de davantage de discussion et davantage de réformes pour renforcer l'économie grecque », déclare-t-il, tout en disant apporter « un message de soutien et d'admiration ».
Mais le vrai message de cette visite à Athènes – éviter les élections législatives anticipées, éviter une victoire de Syriza – se lit également déjà dans cette interview : « Vous savez que Jean-Claude Juncker, par la voix de son porte-parole, a envoyé un message qui dit clairement que nous voudrions que le parlement actuel élise un président, Stavros Dimas, qui était un commissaire, un homme bien. (…) Les Grecs vont choisir leur destinée. Nous n'avons pas à influencer cela, mais une fois encore, c'est logique que nous parlions avec des gens légitimes qui font et qui pensent ce que nous pensons. »
Tout est dit. Pour la commission européenne, Syriza, avec plus de 26 % des voix aux dernières élections européennes – ces élections dont est issue, précisément, cette commission Juncker – n'est pas « légitime ». Les décideurs européens préfèrent se soutenir les uns les autres plutôt que de s'ouvrir à des politiques alternatives. Ce n'est certainement pas de cette manière que Bruxelles va se réconcilier avec des Européens. Mais l'histoire n'est pas écrite : si la coalition gouvernementale ne parvient pas à faire élire son candidat à la présidence à la troisième tentative, des élections législatives seront convoquées. La commission européenne sera alors bien forcée de discuter avec Syriza.
Source : www.mediapart.fr
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Manuel Valls a relancé la polémique autour de Notre-Dame-des-Landes en suggérant d'engager la construction du futur aéroport nantais après la mi-2015, à la grande surprise de sa propre ministre de l'écologie, Ségolène Royal.
Manuel Valls a relancé la polémique autour de Notre-Dame-des-Landes en suggérant d'engager la construction du futur aéroport nantais après la mi-2015, à la grande surprise de sa propre ministre de l'écologie, Ségolène Royal.
Dans un entretien paru jeudi dans Ouest-France, M. Valls répète la position du gouvernement, à savoir que les travaux sont suspendus à la fin des recours juridiques déposés par les opposants au projet. Mais il ajoute une précision : « Ce sera le cas au premier semestre 2015. Après la décision du tribunal administratif, il faudra alors s’engager dans la construction de Notre-Dame-des-Landes. »
Ségolène Royal, invitée en direct sur France 5, a confié qu'elle n'était pas au courant de cette déclaration. « Bon courage », a lancé la ministre, visiblement embarrassée, avant d'expliquer que « le premier ministre a le droit de prendre des décisions, je n'ai pas à les commenter ».
Source : www.mediapart.fr
Source : www.reporterre.net
Andrea Barolini (Reporterre)
jeudi 18 décembre 2014
Le tribunal administratif de Grenoble dira ce matin s’il suspend les travaux du Center Parcs de Roybon.
Forêt rasée, zones humides détruites, espèces menacées... Telle est la réalité du projet Center Parcs, au nom des retombées économiques. Mais derrière Center Parcs, il y a un groupe, Pierre et Vacances, aux finances fragiles. Enquête sur un système qui survit grâce aux cadeaux fiscaux et à l’argent public.
- Grenoble, correspondance
Le groupe Pierre et Vacances, créé en 1967 et désormais l’un des leaders européens du tourisme et des résidences de vacances, déclare sur son site internet exploiter « un parc touristique de près de 50 000 appartements et maisons, situés dans 300 sites en Europe. En 2012/2013, le Groupe a accueilli 7,5 millions de clients européens ».
Un géant du secteur, géré par son fondateur, Gérard Brémond, et la SITI (Société d’Investissement Touristique et Immobilier), qui détient plus d’un tiers du capital social et plus de la moitié des droits de vote aux assemblées générales.
Toujours plus
Aujourd’hui, l’entreprise est propriétaire de plusieurs labels : Maeva, Aparthotels Adagio, Sunparks, ainsi que la société néerlandaise Center Parcs Europe, achetée en 2001 par Pierre et Vacances grâce à l’aide d’une filiale de la banque allemande Deutsche Bank.
Center Parcs gère actuellement vingt domaines : cinq en Allemagne, deux en Belgique, neuf aux Pays-Bas et quatre en France. Mais dans l’Hexagone, deux autres sites sont en construction : celui de Roybon et un autre sur le territoire des communes de Trois-Moutiers et de Marton, dans la Vienne. Et Pierre et Vacances souhaite en édifier trois autres : près de Poligny (dans le Jura), dans la forêt du Rousset (en Saône-et-Loire) et près des communes de Pindères et Beauziac, dans le Lot-et-Garonne.
- Capture d’écran du site Pierre et Vacances-
Et puis, en Seine-et-Marne, le groupe va développer un gigantesque projet, dont la première tranche de travaux doit s’ouvrir mi-2016 à six kilomètres de Disneyland Paris. Il s’appellera Villages Nature : « Ce projet est destiné à devenir l’un des plus gros sites touristiques de France. Il prévoit à terme, dans une dizaine d’années, jusqu’à 5.500 appartements et cottages et 150.000 mètres carrés d’équipements sur 500 hectares », déplore Mounir Satouri, président des élus EELV de la région Île-de-France.
La stratégie : faire venir des Chinois
Question : pourquoi un développement si rapide est-il nécessaire ? Le groupe a-t-il autant d’argent à investir ? En réalité, les résultats économiques des derniers exercices n’ont pas été brillants. Pierre et Vacances a accusé 27 millions € de pertes sur l’exercice 2011-2012, et 47 millions € sur celui de 2012-2013, soit 3,1 % du chiffre d’affaires. Le résultat net publié début décembre pour la période 2013-2014 indique pareillement une perte de 23,3 millions €.
En mai 2013, le groupe avait annoncé un plan de relance baptisé « WIN 2016 », dont l’objectif est de créer « une croissance et une profitabilité durables ». Le but : accroître de 5 à 6 % d’ici fin 2016 le taux de résultat opérationnel courant en rapport au chiffre d’affaires. Comment ? En réorganisant le modèle de business, et en misant sur les clients étrangers.
Mais l’entreprise a repoussé cet objectif de rentabilité à l’horizon 2017. Aujourd’hui, selon le quotidien online spécialisé Boursier.com, « les chiffres dévoilés montrent que le contexte est toujours difficile et les analystes maintiennent un biais prudent, notamment parce que les objectifs leur apparaissent, même décalés d’un an, ambitieux ».
Sur la période 2013-2014, le chiffre d’affaires s’élève à 1,141 milliard €, soit + 1 % par rapport à l’exercice précédent, ce qui ne peut contenter les dirigeants, qui misent sur des nouveaux partenariats.
- Des opposants sur le site du projet de Center Parcs à Roybon -
Pierre et Vacances vient en effet de signer une lettre d’intention avec la société chinoise Beijing Capital Land, afin d’établir un partenariat sur longue période. Le groupe français veut développer des sites touristiques dans le Pays asiatique, basés sur le concept des Center Parcs européens.
Les deux premiers villages de vacances pourraient être établis autour de Pékin et Shanghai, en exploitant la demande touristique des mégalopoles chinoises. Et la recette serait celle de toujours : programmes immobiliers, logements, équipements.
Une stratégie qui, espèrent les dirigeants du groupe, pourra aussi aider l’action en bourse : le titre de Pierre et Vacances reste autour de 25 € alors qu’il valait 116 € en 2007.
Le piège de la défiscalisation
Selon une enquête publiée en février 2013 par le magazine Capital, ces mauvais résultats ne sont pas dus seulement au ralentissement de l’économie : « C’est le modèle de Pierre & Vacances qui est remis en cause. Le promoteur s’est retrouvé pris à son propre piège : celui de la défiscalisation ».
La croissance du groupe a en effet été stimulée par la politique économique choisie par la France depuis les années 90 « qui a offert aux propriétaires de résidences de tourisme des réductions d’impôts : lois Périssol (1996), Demessine (1999), Scellier (2008), Censi-Bouvard (2009) », poursuit Capital.
Comment cette défiscalisation marche-t-elle ? Un résumé précis du business-system de Pierre et Vacances a été publié par le groupe Europe-Ecologie Les Verts : « La société construit, via des filiales (à chaque site, une filiale spécifique), des hébergements touristiques qui sont vendus sur plan ». Qui veut investir dans le tourisme peut donc acheter un logement « clefs en mains ».
L’étrange cadeau fiscal de... Monsieur Cahuzac
C’est Pierre et Vacances qui se charge de le louer et d’en assurer l’entretien : « Les contrats sont établis sur neuf ans, pendant lesquels la société s’engage sur un montant de loyer, donc de revenu et ce montage permet de défiscaliser 11 % de l’investissement », ajoute le parti écologiste.
Cela à cause d’un amendement à la loi de Finance 2013, déposé par Jérôme Cahuzac, à l’époque ministre du budget, et qui parait taillé sur mesure pour certains grands groupes du tourisme.
En effet, le système permet de bénéficier d’un avantage fiscal sur le prix de revient d’un investissement (plafonné à 300 000 €) et d’une récupération de la TVA (à condition de s’engager à louer son bien pendant neuf ans à un gestionnaire). Chaque investisseur peut ainsi économiser jusqu’à 33 000 € d’impôt.
Les Vert isérois avaient dénoncé l’initiative de Cahuzac, qui était arrivée « quelques jours après qu’il ait reçu en entretien le PDG de la multinationale Pierre et Vacances, très directement intéressée par ce dispositif. Coïncidence ? »
Retour de boomerang
Ce qui est sûr, c’est que nombre de personnes ont trouvé très attractives les conditions proposées par la société. Mais les surprises surviennent ensuite : au bout de neuf ans, le bail est en fait reconduit. « Pour desserrer l’étau, poursuit l’enquête de Capital, les équipes n’hésitent pas à faire des économies sur le dos des propriétaires. Depuis deux ans, ceux qui arrivent en fin de bail se voient infliger des baisses de loyer spectaculaires. “Ça a été la douche froide, j’ai eu droit à 40 % de diminution”, décrit le propriétaire d’un 50 mètres carrés aux Issambres, près de Saint-Tropez. »
En outre, le groupe leur impose parfois le paiement des charges, « qu’il prenait avant à son compte (2 000 € annuels à Saint-Tropez) », ainsi que des travaux de rénovation « facturés au prix fort. Résultat : 15 % des investisseurs préfèrent sortir du système, quitte à perdre les avantages fiscaux ».
Pour les opposants, la défiscalisation peut donc se révéler un miroir aux alouettes. Et même les emplois créés, qui allèchent les élus, risquent d’être un boomerang : « Ils disent qu’ils vont apporter localement de la prospérité, explique Stéphane Peron, président de l’association Pour les Chambarans sans Center Parcs (PCSCP), et qu’ils vont aider les gens qui sont au chômage. Mais la moitié des emplois proposés seront à 240 € par mois pour neuf heures de travail par semaine ! C’est donc un système qui ne fera qu’aggraver la misère sociale locale, déjà grandissante ».
Gabegie d’argent public
L’association de Roybon a aussi estimé le montant cumulé des subventions publiques, directes et indirectes, dont Pierre et Vacances pourra bénéficier pour le seul Center Parcs de Roybon : 113,9 millions € (37,4 pour les collectivités locales, 76,5 pour l’Etat).
« Ramené au nombre d’emplois allégué (468 équivalents temps plein) ça donne un ratio de plus de 243 000 € par emploi ! Le même traitement appliqué à l’ensemble des chômeurs de catégorie A en France représenterait une dépense totale de 779 milliards €, soit presque la moitié de la dette totale du pays », ajoute Peron...
*Suite de l'article sur reporterre
Source : www.reporterre.net
Source : cadtm.org
17 décembre par Anouk Renaud
Le 26 septembre dernier, dirigeants européens et canadiens ont annoncé la fin des négociations d’un traité bilatéral de libre-échange, répondant au nom de CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) |1|.
Ce traité de libéralisation du commerce et de l’investissement ouvre la porte à son homologue, le TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) |2| négocié depuis juillet 2013 entre les États-Unis et l’Union européenne. Outre la suppression des droits de douane qui subsistent actuellement et de normes sociales ou environnementales considérées comme des entraves au commerce, ces deux traités prévoient également une clause d’« ISDS », qui fait beaucoup parler d’elle…
Le mécanisme de l’ISDS (Investor-State Dispute Settlement) a trait à la manière de régler les litiges entre investisseurs et États dans le cadre de l’application d’un traité. Très concrètement, un investisseur estimant qu’une autorité publique (que ce soit un État ou un autre échelon de pouvoir) viole les dispositions du traité peut la poursuivre en justice devant une cour arbitrale. Composée de trois arbitres, cette sorte de tribunal privé juge selon le droit applicable si l’investisseur s’avère lésé par la décision publique, telle que l’interdiction de cultiver des OGM ou encore l’augmentation du salaire minimum. Une des cours arbitrales les plus connues est celle du groupe de la Banque mondiale : le CIRDI (Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements) |3|.
Précisons que si un investisseur peut poursuivre un État en justice, la réciproque n’est pas prévue.
Les principes que peuvent invoquer les multinationales pour asseoir leurs plaintes sont nombreux (traitement national, clause de la nation la plus favorisée, traitement juste et équitable, expropriation directe et indirecte…) mais on pourrait les résumer en disant que celles-ci peuvent trainer en justice des autorités publiques à partir du moment où elles estiment que leurs profits perçus ou escomptés ont été amoindris par une décision, une loi ou une norme.
Si avec le CETA l’Union européenne s’apprête à signer pour la première fois un traité bilatéral d’investissement (TBI), contenant la possibilité d’un ISDS, force est de constater que cette clause existe déjà dans nombre de TBI et que les multinationales ne se font pas prier pour l’utiliser…
Dans le cadre de l’ALENA, l’accord de libre-échange Nord-Américain signé en 1994, le Canada a fait l’objet de 35 plaintes. La plus célèbre est celle de la multinationale Long Pine qui a réclamé au Québec 250 millions de dollars suite à un moratoire interdisant l’extraction de gaz de schiste. Depuis l’entrée en vigueur du traité, le contribuable Canadien a déboursé 170 millions de dollars (seulement 6 cas sont aujourd’hui clos). Sans compter les frais de justice s’élevant en moyenne à 8 millions de dollars par affaire, quel qu’en soit le résultat |4|.
Le Mexique, troisième « partenaire » de l’ALENA, n’est pas non plus en reste…. En 2000, il est condamné à verser 16,7 millions de dollars de dommage à l’entreprise Metaclade suite à la fermeture d’une décharge toxique et polluante. La multinationale Tecmed a touché 5,5 millions de dollars du Mexique en 2003 pour expropriation indirecte après l’interdiction de poursuivre son activité de traitement de déchets dangereux. En 2004, suite à une nouvelle taxe sur les sodas, le Mexique a versé 90,7 millions de dollars à la firme agroalimentaire Cargill. Au total, c’est plus de 430 millions de dollars de compensations qui ont été versées aux investisseurs dans le cadre du chapitre 11 de l’ALENA et 38 milliards en attente de décision |5|.
Le pays le plus attaqué par ce mécanisme d’ISDS est l’Argentine, qui s’est vue assaillie de plusieurs dizaines de plaintes, suite aux mesures qu’elle avait prises pour protéger sa population des effets de la crise en 2001. En 2013, l’Argentine déclare être d’accord de verser 677 millions de dollars aux diverses compagnies étrangères qui l’ont attaquée (sur les 980 millions auxquels elle s’était vue condamner), ainsi que 12,4 millions de frais de justice |6|.
En 2001, la République Tchèque est condamnée à verser 270 millions de dollars à Central European Medias Entreprises. 270 millions, c’est tout simplement l’équivalent du budget de la santé du pays... |7|
Beaucoup de litiges sont encore en cours de jugement…
En 2012, Véolia a déposé une plainte devant le CIRDI contre l’Egypte, dans le cadre d’un TBI entre l’Egypte et la France, à cause d’une nouvelle législation qui prévoyait l’augmentation du salaire minimum. Selon la compagnie française cette nouvelle loi serait contraire aux engagements du Partenariat Privé-Public qu’elle a signé avec la ville d’Alexandrie pour le traitement des déchets. Bien que l’on ne connaisse ni le montant réclamé ni l’issue du procès, il faut tout de même rappeler que l’Égypte est asphyxiée par le poids d’une dette atteignant les 93,8% de son PIB |8| (dont une importante partie s’avère odieuse car contractée sous la dictature de Moubarack). Cette même dette qui justifie aujourd’hui la tutelle du FMI et de la Banque mondiale imposant aux pays de violentes cures d’austérité et une libéralisation accrue.
Même configuration pour l’Espagne qui, de novembre 2011 à décembre 2013, a fait l’objet de 7 plaintes pour un même fait : la suppression des subventions aux énergies renouvelables. « Alors qu’en 2013 l’Espagne dépensait des millions pour se défendre dans ces procès, les dépenses de santé étaient diminuées de 22% et les dépenses d’éducation de 18% » |9|.
Il est donc à craindre que ces procès rendus dans le cadre de TBI coûtent des fortunes aux pays et fassent augmenter l’endettement public.
Il est donc à craindre que ces procès rendus dans le cadre de TBI coûtent des fortunes aux pays et fassent augmenter l’endettement public. Faute d’avoir la trésorerie courante suffisante pour payer les sommes dues, de nombreux Etats auront recours à l’emprunt. N’y-a-t-il pas comme un air de déjà vu ? Tout comme les sauvetages bancaires les citoyens se retrouvent à payer pour des intérêts privés contraires à l’intérêt général. Tout comme les sauvetages bancaires, les finances publiques sont mises à disposition des investisseurs pour éponger les risques qu’ils auraient pu prendre et les pertes qu’ils auraient pu accuser. Et, de manière cocasse (tout comme les sauvetages bancaires financés par l’emprunt aux banques), il est bien possible qu’un État soit amené à s’endetter auprès des banques pour indemniser des banques qui auraient remis en cause des régulations financières.
Le CETA et les réglementations financières
De manière générale, les traités d’investissement adoptent une définition très large de ce que peut être un investissement. L’achat de titres souverains peut ainsi tout à fait être consacré en tant qu’investissement protégé par les clauses d’ISDS. Autrement dit, si un État se retrouve en défaut de paiement ou décide d’annuler ou encore de restructurer une partie de ses dettes, il s’expose à d’éventuelles poursuites des créanciers devant les tribunaux arbitraux.
Autrement dit, si un État se retrouve en défaut de paiement ou décide d’annuler ou encore de restructurer une partie de ses dettes, il s’expose à d’éventuelles poursuites des créanciers devant les tribunaux arbitraux.
L’accord entre l’Union européenne et le Canada ouvre clairement la porte à de telles pratiques. A l’instar de beaucoup d’autres TBI, le CETA prévoit à son chapitre 10 le désormais fameux mécanisme de règlement des différends investisseurs-États. Le Canada, qui se caractérise par des règles en matière de régulation financière bien plus strictes (ce n’est pas bien difficile) que l’Union européenne, a réussi à négocier une « niche prudentielle » en la matière. Concrètement, en cas de plainte concernant une réglementation financière, cette dernière passera devant un comité d’expert qui décidera si la mesure en question constitue une protection légitime ou si au contraire, elle met à mal le droit des investisseurs |10|. Dans ce dernier cas, la plainte pourra être déposée devant le CIRDI, l’UNCITRAL |11| ou encore tout autre cour arbitrale choisie par les parties. Même chose si le comité d’expert ne parvient pas à se mettre d’accord (au consensus)…
Le CETA permet que certaines règles financières échappent aux dispositions du traité si elles figurent dans une liste définie au préalable par les États parties. C’est ce qu’on appelle les listes négatives de libéralisation |12|. Tout le reste tombera sous le joug de l’accord par défaut. Les États ne peuvent plus rien ajouter à cette liste « d’exception » une fois bouclée. Ainsi, les nouvelles réglementations seront systématiquement soumises aux dispositions de l’accord et pourront être interdites si elles les mettent à mal. Cela pose de vraies questions quant aux marges de manœuvre dont disposeront les États pour gérer des situations exceptionnelles et non anticipées comme les crises financières |13|.
Tous ces mécanismes se retrouveront sans aucun doute dans le TTIP en cours de négociation. On peut même largement douter du fait que le domaine financier soit « protégé » par une clause prudentielle comme dans le CETA. Si l’administration Obama a accepté de libéraliser les services financiers, elle refuse que les règles financières américaines s’alignent sur celles de l’Union. Les autorités européennes poussent, quant à elles, largement à une dérégulation du secteur, quitte à faire des concessions dans un autre domaine… |14|
De tels traités remettent donc en cause la possibilité pour les Etats qui les signent de mettre en œuvre une réelle régulation financière ou de prendre des mesures adéquates en cas de crise financière. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder ce qu’ont déjà permis certains traités bilatéraux d’investissement, particulièrement utilisés pour attaquer des États faisant face à une crise financière.
Le néolibéralisme sonne toujours deux fois
Que ce soit le Mexique en 1994, la République Tchèque en 1997, l’Argentine en 2001 ou des pays européens dès 2008 ; tous ces Etats ont été poursuivis en justice par des investisseurs en raison de mesures prises pour sortir d’une crise (restructuration de dettes, dévaluation de la monnaie, gel des prix des services publics, subventions aux produits de première nécessité,…). |15|
Les multinationales estiment en effet, que ces mesures mettent à mal leurs profits en vertu de plusieurs principes consacrés en droit des investissements et repris dans les TBI. Par exemple, un État qui déciderait de sauver les banques nationales et pas les autres, pourrait faire l’objet d’un procès pour non-respect du traitement national. Une restructuration d’une dette publique pourrait exposer l’État débiteur à des poursuites pour mise à mal du principe de traitement juste et équitable ou encore pour expropriation indirecte, dans la mesure où la valeur de l’investissement (le titre souverain) s’est vue réduite par rapport au rendement que les créanciers pouvaient en attendre[Ibidem, page 14]].
C’est ce qui s’est passé pour la Grèce et Chypre poursuivies devant le CIRDI respectivement pour avoir restructuré la dette et nationalisé une banque.
Début 2010, la banque slovaque Postová Bank achète des obligations grecques, alors que l’agence de notation Standard & Poor’s les qualifiait d’actifs toxiques. Le risque d’un tel investissement était donc très clair à ce moment-là, et les prix planchers de ces titres n’en étaient que plus attractifs pour la banque. En 2012, la Troïka impose à la Grèce la restructuration de sa dette, qui fut refusée par certains créanciers dont Postová Bank |16|. Estimant perdre de l’argent, la banque a attaqué la Grèce en mai 2013 devant le CIRDI, dans le cadre d’un TBI entre la Grèce et la Slovaquie. En réalité, la Grèce se voit faire l’objet de deux plaintes, car l’un des actionnaires chyprïotes de Postová Bank, Istrokapital, a également décidé d’entamer une action en justice, cette fois-ci via un TBI entre la Grèce et Chypre |17|.
Ce TBI entre Chypre et la Grèce fut également utilisé par des investisseurs grecs pour attaquer l’État chyprïote. Possédant beaucoup d’obligations grecques, Chypre fut particulièrement touchée par la crise grecque. En avril 2013, la Troïka accepte de prêter de l’argent au pays sous réserve qu’il applique certaines conditions, dont le démantèlement d’une des banques chypriotes : Laiti Bank. La recapitalisation de Laiti Bank toucha particulièrement Marfin Investment Group un fond d’investissement référencé en Grèce, qui en était le principal actionnaire |18|. Précisons que cette banque s’est mise à acheter des bonds grecs après que Marfin Investment Group en soit devenu l’actionnaire principal. Autrement dit, la décision d’acheter des obligations grecques fut sans aucun doute validée par le fond d’investissement. Quoi qu’il en soit, celui-ci exige de Chypre la reprivatisation de Laiti Bank ou 823 millions d’euros de compensation des investissements perdus. Mais comme une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, 20 autres actionnaires grecs ont rejoint Marfin Investment Group dans sa plainte réclamant 229 millions d’euros à la Grèce.
Ces deux exemples nous montrent bien en quoi les traités de libre-échange peuvent être utilisés par les investisseurs pour attaquer les États en cas de défaut de paiement, de restructuration de dette souveraine ou de nationalisation de banque. Hier en Argentine |19| comme aujourd’hui en Grèce, les fonds vautours |20| utilisent les nombreux TBI existants pour réclamer aux États le remboursement de leurs titres souverains au prix fort.
D’ailleurs le cabinet juridique K&L Gates ne s’y est pas trompé, puisqu’il conseillait en octobre 2011 aux investisseurs d’utiliser la menace de poursuites devant les tribunaux arbitraux comme argument à mettre dans la balance lors des négociations de restructuration de dette souveraine |21|. D’où la nécessité de refuser de négocier et de prendre des actes unilatéraux concernant les dettes publiques. Nécessité qui doit se conjuguer avec le refus de signer ou revenir sur de tels TBI.
Attaquer un État en crise : est-ce vraiment légal ?
La CNUCED, la conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement met en garde sur le fait que les traités internationaux d’investissement et les plaintes qu’ils engendrent ne doivent pas « empêcher les États débiteurs à restructurer leurs dettes dans l’optique de faciliter la reprise économique et le développement » de leur pays |22|. L’ONU, elle, rappelle dans sa charte (article 103) que les droits humains sont toujours supérieurs aux autres obligations internationales, parmi lesquelles les dispositions des TBI |23|.
La plupart des TBI ne prévoient pas de clause d’urgence qui permettrait aux autorités publiques de ne plus être liées par les dispositions des dits traités en cas de crise. D’autant que lorsque cette clause existe, elle est très facilement contournée par les investisseurs |24|. Par exemple, sur 13 plaintes adressées à l’Argentine dans le cadre d’un traité bilatéral avec les États-Unis, l’Argentine a seulement pu bénéficier dans deux cas de la clause d’urgence qui pourtant figure dans le texte |25|.
Il existe en droit international d’autres arguments juridiques intéressants à mobiliser afin de permettre aux États de prendre les mesures adéquates pour faire face à une situation d’urgence. La commission du droit international a d’ailleurs adopté un projet d’article sur la responsabilité d’un État pour fait internationalement illicite. Autrement dit, se basant sur le droit international coutumier, la commission considère qu’un État pourrait se libérer provisoirement de ses obligations internationales en cas de force majeure et en cas d’état de nécessité |26|. De plus, l’on peut également souligner le fait que les risques financiers ne sont en principe pas protégés en droit international des investissements |27|.
La possibilité pour les investisseurs d’attaquer en justice les Etats est d’autant plus dangereuse qu’elle reste valable pour des mesures qui auraient été imposées à l’Etat par l’extérieur. C’est ce qui s’est passé en Grèce et à Chypre, puisque la restructuration de la dette et la recapitalisation de Laiti Bank s’avéraient les conditions de la Troïka pour octroyer ses prêts. Si on résume, le peuple grec paie le prix fort de l’austérité imposée par la Troïka et devra peut-être payer pour indemniser un investisseur mécontent de ces mêmes mesures.
La Commission européenne ainsi que les gouvernements des États membres, qui lui ont donné mandat pour négocier le TTIP et le CETA, nous vantent les bienfaits de ces traités : approfondir le libre-échange entre les deux côtés de l’Atlantique permettra aux pays européens de sortir de la crise. Plus de marchés, plus d’exportation. Plus d’exportation, plus d’emplois. Plus d’emplois, plus de croissance.
Pour le prouver la Commission européenne a commandé une étude au Center for Economic Policy Research, sur les impacts en termes d’emplois et de croissance qu’aurait le TTIP une fois mis en œuvre. Faisons fi du fait que ce centre présenté comme indépendant soit financé par les plus gros acteurs de la finance, tels que BNP Paribas, Deutsche Bank, JP Morgan, la BCE, la FED… Ne soyons pas mauvaise langue en soulignant que cette étude fait l’objet de vives critiques quant au modèle économique sur lequel elle se base. Ne jouons pas les rabat-joie en mettant l’accent sur les exemples empiriques et historiques comme la mise en œuvre de l’ALENA qui a conduit à la perte de plus ou moins 1 millions d’emplois aux États-Unis tandis que Bill Clinton en promettait 200 000 |28|.
Considérons donc, en toute bonne foi, ce que le Center for Economic Policy Research prévoit : une augmentation du PIB européen de 0,4% d’ici 2027, soit une augmentation de 0,025% par an et de 0,027% aux Etats-Unis |29|. Même ordre de grandeur pour les prévisions de croissance concernant le CETA, puisque la Commission européenne table sur un gain annuel de 0,08% |30|. Ces prévisions dérisoires ne sont en réalité que des aveux manifestes quant au fait que les véritables enjeux de ces traités de libre-échange se trouvent bien ailleurs…
On nous sert d’ailleurs la même rengaine avec l’austérité ou la « rigueur budgétaire ». Ne nous inquiétons pas, les « efforts » et les « sacrifices » qu’on nous impose pour réduire les déficits publics nous permettront de désendetter nos pays et de redresser la barre vers l’emploi et la croissance. Encore des lendemains qui chantent qui semblent sonner bien faux au regard de quelques chiffres et, surtout, de la réalité. En Grèce, avant la mise en œuvre des cures d’austérité imposées par la Troïka, la dette du pays atteignait les 129% de son PIB. En 2012, après les deux mémorandums, celle-ci s’élève à 175% |31|. Même le FMI a remis en cause à plusieurs reprises l’efficacité de ces mesures, sans pour autant arrêter de les prescrire |32|. Quels sont alors les objectifs réels de l’austérité et des accords de libre-échange ?
Les politiques d’austérité ne servent pas à atteindre « l’équilibre budgétaire » ou à réduire la dette publique (l’expérience des pays du tiers-monde nous l’a assez montré), elles consistent, en la satisfaction des intérêts des créanciers (au premier rang desquels se trouvent les banques) en attaquant nos conquêtes sociales. En Belgique, par exemple, la réforme du chômage votée par le gouvernement précédent, qui va exclure plusieurs dizaines de milliers de personnes de leur droit, n’est censée rapporter qu’entre 100 et 200 millions d’euros alors que, chaque année, 20 milliards d’euros d’impôts non payés (légalement) par les entreprises ne rentrent pas dans les caisses. L’application de cette austérité illustre le pouvoir qu’ont actuellement les créanciers, et de manière plus générale la partie la plus riche de la population, à imposer à la majorité de la population des mesures structurelles remettant en cause les droits humains les plus fondamentaux. Quant au TTIP et aux autres accords de libre-échange : s’il n’est pas question de croissance |33|, il n’est pas non plus question de commerce « libre » ou de « partenariat », mais bien de mettre encore plus en concurrence les travailleurs des différentes parties du monde et de consacrer aux multinationales le pouvoir légal de démolir les choix de sociétés aussi fondamentaux et démocratiques soient-ils. Ni l’austérité, ni le TTIP ne sont les instruments d’une sortie de crise, mais bien les manifestations d’un même projet politique néolibéral.
Des États-Unis de l’ALENA à la Grèce de la Troïka, austérité et libre-échange génèrent les mêmes maux : augmentation du taux de chômage, baisse des salaires, augmentation des inégalités, démantèlement du droit du travail, dégradation des conditions de travail, concurrence entre les travailleurs exacerbée, privatisation des services publics, mise à mal de la sécurité sociale…
Des États-Unis de l’ALENA à la Grèce de la Troïka, austérité et libre-échange génèrent les mêmes maux : augmentation du taux de chômage, baisse des salaires, augmentation des inégalités, démantèlement du droit du travail, dégradation des conditions de travail, concurrence entre les travailleurs exacerbée, privatisation des services publics, mise à mal de la sécurité sociale…
La dette (avec l’austérité qu’elle justifie) et les traités de libre-échange ne sont que deux outils qui permettent un transfert du pouvoir accru au capital et donc la domination des intérêts privés sur ceux des peuples. Le CETA et le TTIP ne sont pas encore signés. Comme nous avons fait reculer les gouvernements avec l’AGCS ou l’AMI nous pouvons les faire plier une nouvelle fois sur ces dossiers. D’autant que tout ce qu’ils font nous pouvons le défaire. Nous pouvons les empêcher de continuer à appliquer l’austérité et de négocier ces nouveaux traités. Les alternatives existent, mais elles n’arriveront pas seules...
|1| Ou en français AECG (Accord Economique et Commercial Global)
|2| Le traité « UE-USA » porte toute une série de noms : TTIP, TAFTA (Transatlantic Free Trade Agreement) ou encore GMT (Grand Marché Transatlantique)
|3| Pour en savoir plus sur le CIRDI : https://france.attac.org/nos-public...
|4| TNI/CEO, Profiting from injustice. How law firms, arbitrators and financiers are fuelling an investment arbitration boom, novembre 2012, page 15 : http://www.tni.org/sites/www.tni.or...
|5| Public Citizen, Table of foreign investor-state cases and claims under NAFTA and other US “Trade” deals
|6| TNI/CEO, Profiting from crisis. How corporations and lawyers are scavenging profits from Europe’s crisis countries, mars 2014, page 12 : http://corporateeurope.org/sites/de...
|7| TNI/CEO, ibid., page 26
|8| Base de données du FMI : http://www.imf.org/external/pubs/ft...
|9| TNI/CEO, op.cit., page 31
|10| ATTAC/AITEC, CETA, Marche-pieds pour l’Accord transatlantique, page9 : https://france.attac.org/IMG/pdf/an...
|11| Commission des Nations Unies pour le Droit Commercial International, la CNUDCI en français.
|12| http://cadtm.org/CETA-Taking-away-t...
|13| ibidem].
Cerise sur le gâteau, le CETA prévoit un « forum de coopération réglementaire », qui vise à ce que les futures réglementations des États (dans tous les domaines) n’entravent pas le commerce et les investissements. Ce forum examinera donc les projets de loi des autorités publiques afin de veiller à ce qu’ils ne contreviennent pas à l’accord. Ce forum pourra consulter toutes les parties intéressées par la réglementation en question (comprenez les lobbies). Autrement dit, les grosses banques qui rédigent déjà largement, mais dans l’ombre, les réglementations financières pourront désormais le faire sur le devant de la scène. Et cela avant mêmes que les instances démocratiques, accessoirement les parlements nationaux, ne se prononcent[[ATTAC/AITEC, op. cit., page 6
|14| Frédéric Lemaire, Accord UE-US : menace sur la réglementation financière : https://france.attac.org/actus-et-m...
|15| TNI/CEO, op.cit., page 10
|16| TNI/CEO, Greece and Cyprus : falling into the debt trap, Profiting from crisis, page 18
|17| Poštová banka, a.s. and ISTROKAPITAL SE v. Hellenic Republic, ICSID Case No. ARB/13/8
|18| TNI/CEO, op.cit., page 21
|19| Parmi les nombreuses plaintes dont fait l’objet l’Argentine devant le CIRDI, celle d’Abaclat and others vs Argentina, concerne des investisseurs refusant la restructuration de la dette argentine et lui réclamant plus d’un milliard de dollars en dédommagement.
|20| Pour en savoir plus sur les fonds vautours : http://cadtm.org/Argentine-un-vauto...
|21| TNI/CEO, op.cit., page 36
|22| UNCTAD, Sovereign Debt Restructuring and International Investment Agreements, IIA Issues Note, No. 2, 2011, page 1 : http://unctad.org/en/Docs/webdiaepc...
|23| Ibidem, page 10
|24| TNI/CEO, op.cit., page 15
|25| Ibidem page 15
|26| Rémi Bachand, Les poursuites CIRDI contre l’Argentine : quand la gestion publique se heurte aux droits des investissements étrangers, Notes de recherche – CEIM, juillet 2005, page 9. Sur le sujet, lire également la brochure « Droits devant » : http://cadtm.org/Droits-devant
|27| Ibidem, page 8
|28| Les estimations des impacts de l’ALENA sur l’emploi sont diverses et ne font pas consensus http://www.guengl.eu/uploads/public... page 32
|29| http://trade.ec.europa.eu/doclib/do..., page 2
|30| http://trade.ec.europa.eu/doclib/do..., page 167
|31| http://cadtm.org/Au-moment-ou-la-Tr...
|32| Pour en savoir plus sur les mea culpa du FMI : http://cadtm.org/La-Commission-euro...
|33| Il est utile de souligner ici que le CADTM s’oppose à la croissance et se bat pour l’instauration d’une économie anticapitaliste socialement juste et écologiquement viable.
Source : cadtm.org
Source : tantquilyauradesbouilles.wordpress.com
Après le meurtre d’un frère le 26 octobre, nous occupantEs de la zone à défendre du Testet, avons oeuvré pour ramener la vie et la beauté dans la vallée. ConscientEs des impasses dans lesquelles nous enfonce la classe politique – climat, mort des territoires, éclatement social – nous voulons expérimenter des nouvelles formes de faire et vivre ensemble. Assemblées populaires, éco-construction, jardin collectif, blés paysans en agroforesterie, travail en association avec les animaux, auto-média, chorale, etc. font de la ZAD un lieu d’échange et d’apprentissage oeuvrant à se libérer des relations marchandes et de la bureaucratie. Notre démarche n’est pas centrée sur nous-mêmes mais ouverte vers le territoire, pour preuve toutes les solidarités tissées avec les habitantEs et paysans locaux ou encore la ré-appropriation de l’espace public sur les marchés du coin pour ouvrir le débat. Nous allons continuer à occuper partager et faire vivre cet espace et le territoire alentour. En 2015, nous organiserons une semaine d’échange de savoir et savoir-faire traditionnels, créerons les conditions pour la réhabilitation de la zone humide, imaginerons et planterons une forêt comestible, et développerons une coopérative d’entre-aide paysanne. Pour que vive la ZAD du Testet comme Zone d’Autonomie Définitive et comme espace commun porteur d’espoir.
17 décembre 2014 – Des habitantEs de la ZAD du Testet
STOP avec les fringues et la vaisselle ! Désolé du ton un peu abrupt, mais on a plus de place sur la ZAD pour stocker ces surplus.
-Une nouvelle ZAD à Ste Colombe en Bruilhois (Lot et Garonne), près d’Agen, longue vie à elle et bon courage aux copains-copines ! Et un petit point récent concernant le projet d’incinérateur à Echillais…
-Boycottons les grandes surfaces et Leclerc Gaillac en particulier !!!
- ANNULÉ ! Mardi 16 : RV 14h au tribunal de Toulouse, à la chambre des comparutions immédiates où comparaissent deux personnes arrêtées à l amanif du 22 novembre et une troisième lors de la manif du 1er novembre.
-Mercredi 17 à 18h sur la ZAD : projection de l’An 01, chapiteau rectangulaire (merci au PC pour le prêt !)
- Jeudi 18 décembre 2014 à 14h : Tribunal Correctionnel d’Albi, Rassemblement pour la comparution d’un camarade accusé de « violences sur agent des forces de l’ordre » lors de la 1ère expulsion de la Bouillonnante en février 2014.
- Vendredi 19 décembre 2014 à 14h : Palais de Justice à Toulouse, Rassemblement pour la comparution de deux personnes : l’une accusée de « manifestation illégale et attroupement armé« , l’autre accusée de « attroupement armé et violence sans ITT« , en date du 22 novembre 2014.
- Samedi 20 décembre à la ZIC du Mirail : avant le grand départ pour les fêtes de Noël, quoi de mieux que de se retrouver au sein de notre Fac, pour célébrer dignement les fêtes à notre manière ! Un soutien aussi à la ZIC, et à la grève ! Au programme : *Enfant de lutte * Les Bons, la Belle, et le Criant *Ghaz carbonique * HK & les Saltimbanks (officiel) en acoustique *La petit fumée
Buvette (bière artisanale, jus de fruit bio…). Entrée à prix libre !!!!!
De nouveaux articles, dans le Monde notamment, en page revue de presse…et n’oubliez pas de consulter la page Agenda !
On reçoit des textes , pétitions, liens et articles en lien avec notre lutte :
-Suite à notre diatribe sur FacedeBouc, on nous conseille thechangebook.org, un réseau autogéré et en plus sans pub. Une page sur le Testet y existe déjà.
-Un documentaire pour balayer le vieux monde : http://fr.ulule.com/film-demokratia/ [ATTENTION : on ne le dira jamais assez, Étienne Chouard est très faible vis-à-vis des nationalistes, très très faible vis-à-vis du système technologique ; il pourrait très bien se satisfaire de mettre Le Pen / Soral au pouvoir et les laisser développer le programme Désertec par exemple (panos solaires au Sahara pour alimenter l’Europe en élec)]
-Une émission de radio toute fraiche (sur Vos gueules les mouettes).
-Une autre émission de radio, « la demi-heure radio-active », animée par le Collectif Antinucléaire 13 sur Radio Galère : « Sivens 26/10 : un tué«
-Une nouvelle chanson pour Rémi (sur l’air d’un laridé de Bretagne )
Source : tantquilyauradesbouilles.wordpress.com
Source : zad.nadir.org
lundi 15 décembre 2014, par
Si vous voyez des mouvements de police anormaux autour de la zone, contactez-nous ! sur le numéro d’urgence au 06.43.92.07.01.
Infos sur la répression
Enguérrand, toujours en prison suite à la manif’ du 22 février (il purge une peine de 16 mois !). Il a suspendu sa grève de la faim. Il doit donc attendre le résultat de l’appel du procureur qui doit se faire dans les deux mois à venir. C’est la 1ère fois qu’un procureur fait appel pour une mise en liberté conditionnelle.
Pour suivre ses nouvelles, consultez les articles postés par son groupe de soutien.
Pour lui écrire : DELANOUS Enguerrand - écrou 59694 - Centre Pénitentiaire de Nantes - B.P. 71636 - 44316 NANTES-CÉDEX
J. est aussi incarcéré suite à la manif du 22 février ; il avait pris 5 mois ferme (qui devaient être aménagés en autre chose que de la prison). On publiera ses coordonnées dès qu’on aura son accord.
Une autre personne est en prison depuis la manif du 22 novembre contre les répressions policières et judiciaires, mais elle ne souhaite pas être soutenue.
[Calais analyse] IMMIGRATION ET DÉLINQUANCE - https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2014/12/14/immigration-et-delinquance/
[le Mans] Retour sur l’action du jour : « Aujourd’hui avait lieu l’action ’banderole’ Place des Jacobins (jour de marché) avec une diffusion de tracts, le tout sous un très grand soleil. »
[ZAD Roybon] Communiqué : appel au soutien en vue de la décision de justice de ce jeudi 18
A Grenoble une réunion d’information autour de la lutte contre la construction d’un center parcs dans leschambaran roybon, le 18 décembre à 20h
[Toulouse] Communiqué & appel de l’occupation a l’université du Mirail : A lire ICI
- Dans la nouvelleobs : Portraits de zadistes : "Je fais partie des bisounours de Roybon"
#kamyapoil : "Liberté ? mon cul !" https://www.youtube.com/watch?v=k-6QQ5yDIF8 L’état condamne, emprisonne, mutile, tue, celles et ceux qui tentent de protéger la Terre nourricière, ses habitants, leur Liberté.
Dans le monde : Qui sont les « zadistes » ? Comment tenter de définir ce mouvement, alors que leurs profils et leurs motivations sont disparates ? http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2014/12/14/des-zad-mais-pour-quoi-faire_4540277_4497186.html « Ce ne sont pas seulement des revendications environnementales. Les mobilisations se jouent aussi autour de revendications liées à la démocratie. »
ouest torche : un article autour de la ZAD à Agen http://www.ouest-france.fr/technopole-agen-garonne-nouvelle-zone-defendre-occupee-depuis-samedi-3053674
Emission de radio depuis le Chiapas – Décembre 2014 http://espoirchiapas.blogspot.mx/2000/12/capsule-audio-depuis-le-chiapas.html
Sur le le blog de philippe grosvalet président du conseil général de loire-atlantique on retrouve un article : http://www.philippegrosvalet.fr/2014/12/13/aucun-projet-ne-peut-etre-bati-sur-la-violence-2/. "expropriation, expulsions, emprisonnement, punitions, diffamation, répression, exploitations" des violences légitime ? C’est vous l’ennemi de la démocratie et les citoyens.
Source : zad.nadir.org
Source : www.reporterre.net
Barnabé Binctin (Reporterre)
mercredi 17 décembre 2014
L’industrialisation de la forêt est silencieusement en route : des centrales géantes se mettent en place, qui demandent des volumes de bois énormes que seules peuvent fournir des exploitations standardisées. Gain écologique : négatif. Pour le climat, pour la biodiversité, et pour l’économie locale.
De 14 % aujourd’hui à 32 % en 2030 : la loi de Transition énergétique veut donner aux énergies renouvelables une part importante dans le mix énergétique français. La première d’entre elles est le bois, qui a fourni en 2012 dix millions de tonnes équivalent pétrole sur les 22,4 de production primaire d’énergie renouvelable en France – soit le double de l’hydraulique, qui devance elle-même de loin le vent et le soleil.
L’enjeu du bois-énergie est donc majeur. Et depuis 2005, la Commission de régulation de l’énergie a mené quatre appels d’offre de projets de centrale de cogénération, valorisant simultanément le bois en chaleur et en électricité.
En 2011, le dernier appel d’offre, dit « CRE 4 », a retenu quinze projets pour un total de 420 mégawatts (MW), marquant un changement d’échelle de la filière bois-énergie, désormais orientée vers de plus grandes unités de production. Surtout, il ouvre la porte à des centrales uniquement électriques.
Prévue pour entrer en opération en 2015, la centrale de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, symbolise cette croissance industrielle. Ancienne centrale thermique à charbon, elle est reconvertie en plus grosse centrale biomasse de France, avec une puissance de 150 MW d’électricité, sans cogénération.
Ce développement massif de la filière bois-énergie remet pourtant en cause les fondements-mêmes qui la justifiaient : le bois peut-il encore être considéré comme une énergie écologique ?
« Une forêt n’est pas un puits de pétrole »
Le postulat de départ est que, non seulement la ressource est renouvelable, mais qu’elle est abondante. Le dernier inventaire forestier réalisé par l’Institut géographique national estime ainsi que 30 % du territoire métropolitain est recouvert de forêt. Et la ressource croît : « La production biologique des forêts a augmenté depuis qu’on l’évalue », reconnaît Richard Fay, du collectif SOS Forêt.
Pour la compagnie E.ON, qui aura besoin de 850.000 tonnes de bois par an dans l’exploitation de la centrale de Gardanne qu’elle reconvertit, l’argument justifie le projet : « Dans la région PACA, la forêt représente la moitié du territoire régional, sachant que la surface a doublé en peu de temps, pour une production annuelle de 2,5 millions de tonnes de bois », a expliqué sur FR3 Pierre-Jean Moundy, responsable des relations institutionnelles biomasse du groupe allemand.
Mais il s’agit d’un volume théorique : « On ne peut pas raisonner seulement en production de bois, il faut prendre en compte aussi l’âge, la qualité et l’accessibilité du bois », observe Jérôme Freydier, ingénieur à l’Office National des Forêts (ONF).
D’autant plus que d’autres industries ont besoin de bois : le mobilier ou la papeterie, notamment. La papeterie de Tarascon vient concurrencer l’approvisionnement de Gardanne. Cette pression accrue sur la ressource pourrait remettre en cause sa pérennité. « On n’exploite pas une forêt comme on exploite un puits de pétrole. La question du pas de temps est fondamentale : le bois nécessite une gestion raisonnée », insiste Serge Defaye, vice-président du Comité interprofessionnel du Bois-énergie.
Opposée au projet Syndièse, à Saudron (Haute-Marne), dans lequel le CEA veut utiliser la biomasse forestière pour produire des agrocarburants de deuxième génération, l’association Mirabel constate la même difficulté d’ « adéquation avec les potentialités réelles de la ressource » : « Si on prélève trop, on décapitalise la forêt et la ressource ne peut plus être considérée comme renouvelable ».
Cette nouvelle « guerre du bois » pose donc la question de la pertinence de son utilisation à des fins énergétiques. Si l’énergie est majoritairement valorisée sous forme de chaleur, le rendement est « excellent » selon la Fedene (Fédération des services énergie environnement). Mais la tendance actuelle est surtout de produire de l’électricité.
Fin 2013, la France comptait déjà 28 sites de production d’électricité à partir de cette « biomasse solide », pour une puissance totale de 304 MW. Mais quand on n’utilise la combustion du bois que pour produire de l’électricité, le rendement énergétique est médiocre, de l’ordre de 30 %. « Pour dix arbres coupés, trois seulement serviront vraiment à faire de l’électricité. Le reste part sous forme de chaleur », détaille Jean Ganzhorn, ingénieur en énergie. Le rendement net, prenant en compte l’énergie « grise » nécessaire à la production elle-même, ne serait même que de 18 % : « Sur les trois arbres, la moitié est utilisée pour l’ensemble du processus ».
Sans cogénération, produire de l’électricité à partir du bois serait donc une « aberration ». « Brûler du bois sert à faire de la chaleur, et si on peut récupérer de l’électricité, tant mieux. Mais l’inverse n’a pas de sens », dit Jean Ganzhorn.
Une énergie « propre » : quel impact carbone ?
Il faudrait également chercher la cohérence dans le dimensionnement des usines, afin de réduire au maximum les émissions de CO2. « Il faut rester dans des infrastructures de taille moyenne, proches de la ressource, et ne pas tomber dans une logique de concentration industrielle » explique Serge Defaye.
Car le bilan carbone ne se calcule pas seulement lors de la combustion du bois : « Il y a aussi toutes les étapes de récolte, de transformation et de transport » énumère Frédéric Amiel, chargé de mission à Greenpeace. Le rapport de l’ONG sur la « biomascarade » dénonce ainsi « les fausses allégations de carboneutralité [qui] cachent des impacts climatiques majeurs »...
*Suite de l'article sur .reporterre
Source : www.reporterre.net
Source : www.reporterre.net
mercredi 17 décembre 2014
Aéroports non rentables, investissements inutiles, prévisions exagérées de trafic : le constat n’est pas fait par des zadistes, mais une instance officielle de l’Union européenne.
Un rapport publié aujourd’hui par la Cour des comptes européenne révèle que les investissements financés par l’UE dans les aéroports n’ont pas généré les résultats escomptés et se sont avérés peu rentables. Selon les auditeurs de la Cour, en l’absence de planification et de prévision adéquates, certains des aéroports financés étaient situés trop près les uns des autres, tandis que certains projets de construction étaient trop importants pour le nombre d’avions et de passagers concernés.
« Nous avons observé que certains aéroports n’étaient pas rentables à long terme, tandis que d’autres étaient sous-utilisés ou n’étaient pas utilisés du tout », a déclaré M. George Pufan, membre de la Cour des comptes européenne en charge du rapport. « Le trafic aérien dans l’Union européenne devrait doubler d’ici à 2030. Si l’Europe veut pouvoir satisfaire cette demande supplémentaire, la Commission et les États membres doivent améliorer la façon dont ils investissent dans nos aéroports en finançant uniquement ceux qui sont rentables et pour lesquels les besoins en matière d’investissements sont réels. »
Les auditeurs de la Cour ont examiné les projets d’investissement réalisés dans 20 aéroports – en Estonie, en Grèce, en Italie, en Pologne et en Espagne – qui ont bénéficié d’une contribution de l’UE de plus 600 millions d’euros entre 2000 et 2013. Ils ont constaté que la moitié seulement de ces aéroports pouvaient démontrer la nécessité d’un investissement de l’UE et que les infrastructures financées étaient souvent sous-utilisées, certaines – l’équivalent de quelque 38 millions d’euros d’investissements – n’étant pas utilisées du tout....
*Suite de l'article sur reporterre
Source : www.reporterre.net
Source : www.bastamag.net
Débattre Justice climatique
16 décembre 2014
Les négociations internationales sur le climat qui se sont achevées à Lima continuent de bloquer sur l’essentiel : les engagements de réduction d’émissions sont beaucoup trop faibles, ignorant les droits des citoyens déjà affectés par les dérèglements climatiques. Dans une déclaration commune, plus d’une quarantaine d’organisations de la société civile affirment vouloir « reprendre le pouvoir que nous ont confisqué ceux qui n’agissent pas dans notre intérêt ». « Nous luttons pour survivre et pour sécuriser nos territoires, habitations et moyens de subsistance face aux dérèglements climatiques », expliquent les mouvements signataires. Basta ! relaie leur appel.
Tard dans la nuit de samedi à dimanche, les 194 États de la planète sont parvenus à un accord dans le cadre de la convention cadre de l’ONU sur le dérèglement climatique. Loin d’être satisfaisant, cet accord hypothèque tout accord historique à la prochaine conférence internationale à Paris fin 2015. Les mouvements et ONG pour la justice climatique, notamment Attac France et les Amis de la Terre, ont rendu publique cette première analyse.
Le monde est confronté à une urgence planétaire : le changement climatique est causé par un système qui place la recherche du profit au-dessus des besoins des personnes et des limites de la planète. Il dévaste la vie de millions de personnes à travers la planète. Selon les scientifiques du climat, des basculements critiques pourraient se produire prochainement et la température moyenne globale pourrait s’accroître de 4 à 5°C avec des conséquences catastrophiques pour nous tous.
La Conférence de Lima aurait dû poser les jalons de la façon dont les gouvernements allaient prendre des mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique et pour soutenir les populations vulnérables de la planète à s’adapter aux inévitables conséquences.
Il s’agissait de réduire plus fortement les émissions d’ici à 2020 et de fixer des objectifs climatiques à long terme pour ne pas augmenter la température de plus de 1,5°C. Ne pas émettre plus que ne le permet le budget carbone et répartir ce dernier sur la base des principes de responsabilités communes mais différenciées, des capacités respectives des pays et de la nécessité d’honorer la dette climatique.
Ce qu’il s’est passé à Lima s’inscrit dans une longue série de décisions qui, chaque année, affaiblissent les règles internationales sur le climat, mettant en difficulté les populations et la planète.
Les engagements de réduction d’émissions pour l’avant 2020 sont injustes et beaucoup trop faibles. Ils conduiraient à dépasser les 2°C de réchauffement climatique d’ici le milieu du siècle. Ces objectifs n’auront pas été revus à la hausse en 2014, pas plus qu’il n’y a d’engagement à les ré-eaxaminer et les revoir prochainement.
Lima nous prépare à un accord à Paris qui ignorera les besoins et les droits des populations impactées dans le monde, excluant tout engagement contraignant en matière de contribution financière, d’adaptation, de perte et dommages et de transfert de technologie.
La Conférence de Lima n’a pas su établir un pont entre les actions que les pays doivent prendre et les technologies et financements nécessaires qui pourraient permettre aux populations du Sud de s’adapter, de construire leur résilience et de faire face à la perte et aux dommages occasionnés par les impacts du changement climatique. Pas plus qu’elle n’a permis de mettre sur les rails les nécessaires actions de réduction d’émissions sans lesquelles l’ampleur de la transformation et de la transition juste dont nous avons besoin pour limiter la hausse de température inférieure à 1,5 degrés C ne sera pas atteinte.
Ce qui a été décidé à Lima ouvre la possibilité à ce que chaque pays détermine ses propres engagements en matière de climat, sans que ces derniers ne tiennent compte de ce que demandent la science, les populations et et les exigences de justice, et sans cadre réglementaire clair. Nous avons vu des dirigeants politiques, en particulier ceux des États-Unis, de l’Union européenne et de leurs alliés, agissant dans l’intérêt des grandes entreprises polluantes, déterminés à déréglementer davantage le régime de gouvernance international du changement climatique. Ce faisant, ils sapent la convention sur le changement climatique des Nations Unies dans ses fondements, en affaiblissant les règles portant sur les pays développés et en ignorant leur obligation légale et morale de débloquer des financements suffisants et de transférer les technologies.
A Lima, l’expansion de l’utilisation des marchés carbone, qui ont pourtant échoué, a été largement encouragée. Y compris à travers l’utilisation de crédits carbone issus des forêts et des sols, source de dévastations supplémentaires pour les populations paysannes et forestières à travers le monde, empêchant les transformations dont nous avons besoin.
Le Sommet des peuples et la marche dans les rues de Lima ont exigé la défense des droits de la nature et la garantie des droits des populations. Ils ont clairement mis en lumière ce que sont les solutions à la crise climatique et les alternatives.
Partout sur la planète, les populations mettent en œuvre ces solutions et luttent pour transformer le système. Nous luttons pour survivre et pour garantir et sécuriser nos territoires, habitations et moyens de subsistance face aux dérèglements climatiques.
Nous nous battons pour une transformation du système énergétique visant à abandonner l’usage des énergies fossiles au profit de systèmes énergétiques accessibles à tous, contrôlés par les populations, décentralisés, sûrs et basés sur les énergies renouvelables. Nous défendons la souveraineté alimentaire et le développement des solutions agro-écologiques, tout en luttant pour s’adapter aux conséquences dévastatrices des dérèglements climatiques. Ainsi, les programmes de foresterie basés sur les populations fonctionnent dans leur intérêt, particulièrement ceux des populations indigènes, plutôt qu’en faveur des banquiers et des capitales financières dans le Nord.
Les populations accumulent de la force et du pouvoir, au niveau local, national et global. Nous allons continuer à mettre plus de monde dans les rues, à bloquer des projets d’extraction de ressources naturelles, des ports, des sièges d’entreprises, pour que notre force et notre pouvoir grandissent.
Nous allons reprendre le pouvoir que nous ont confisqué ceux qui n’agissent pas dans notre intérêt. Nous résisterons aux velléités d’imposer un « accord mondial sur le climat » qui ne fasse rien pour le climat et encore moins pour les populations.
Ici à Lima, ils ont essayé de nous enterrer. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que nous sommes des graines qui vont éclore dans des sillons de résistance.
Premiers signataires :
Organisations et réseaux internationaux et régionaux :
Campaña Mesoamericana para la Justicia Climatica
Construyendo Puentes - Redes Latinoamericanas Frente al Cambio Climatico
Corporate Europe Observatory
Friends of the Earth International
Jubilee South Asia Pacific Movement on Debt and Development
LDC-Watch
IBON International
Indigenous Peoples of Africa Coordinating Committee
Pan African Climate Justice Alliance
Push Europe
Organisations et réseaux nationaux :
National Organisations and Networks
Aksyon Klima Philipines
ATM
Attac - France
Association des Femmes Peules Autochtones du Tchad (AFPAT)
Bangladesh Krishok Federation
Bayay Sibuyanon Philippines
Beyond Copenhagen
Bolivian Platform on Climate Change
Campaign for a Life of Dignity for All - Philippines
CECOEDECON (Centre for community Economics and Development Consultants Society)
CESTA - Amigos de la Tierra El Salvador
Ecological Society of the Philippines
Ecologistas en Accion (Spain)
Ecowaste Coalition Philippines
El FORO DEL BUEN AYRE
EquityBd Bangladesh
Energy and Climate Policy Institute for Just Transition Korea
Fairwatch Italy
Hodagad Djibouti
Institute for Policy Studies
Justiça Ambiental Mozambique
La Mesa Nacional de Cambio Climático de Guatemala
Les Amis de la Terre
Our Rivers, Our Life (OROL)- Philippines and Gitib, Inc.
PAIRVI (Public Advocacy Initiatives for Rights & Values in India)
Peoples Movement on Climate Change
Philippines Movement for Climate Justice
PRRM
Sawit Watch
Sociedad CivilAmigos del Viento Meteorología Ambiente Desarrollo
Solidaritas Perempuan (Women’s Solidarity for Human Rights)
Unidad ecologoca Salvadoreña
WomanHealth Philippines
Photo : DR / Manifestation à Paris pour le climat le 21 septembre 2014
Source : www.bastamag.net
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