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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 18:06

 

Source : zad.nadir.org

 

Infos du 29 au 4 janvier 2015

mardi 30 décembre 2014, par zadist

 

 


Si vous voyez des mouvements de police anormaux autour de la zone, contactez-nous ! sur le numéro d’urgence au 07.58.82.71.86.


Infos sur la répression

- Enguérrand, toujours en prison suite à la manif’ du 22 février (il purge une peine de 16 mois !). Il a suspendu sa grève de la faim. Il doit donc attendre le résultat de l’appel du procureur qui doit se faire dans les deux mois à venir. C’est la 1ère fois qu’un procureur fait appel pour une mise en liberté conditionnelle.
Pour suivre ses nouvelles, consultez les articles postés par son groupe de soutien.
Pour lui écrire : DELANOUS Enguerrand - écrou 59694 - Centre Pénitentiaire de Nantes - B.P. 71636 - 44316 NANTES-CÉDEX

- J. est aussi incarcéré suite à la manif du 22 février ; il avait pris 5 mois ferme (qui devaient être aménagés en autre chose que de la prison). On publiera ses coordonnées dès qu’on aura son accord.

- Une autre personne est en prison depuis la manif du 22 novembre contre les répressions policières et judiciaires, mais elle ne souhaite pas être soutenue.


black plouc kitchen : nouvelles dates en janvier sur le blog https://blackplouckitchen.wordpress.com


Jeudi 1 janvier

On vous souhaite à toutes et tous une bonne année 2015, quel soit joyeuse mais surtout victorieuse, qu’elle soit marquée par des bouleversements politiques qui donneront envie de se souhaiter une encore plus belle année 2016 l’année prochaine, contre l’aéroport et surtout son monde et que nos solidarités se tissent toujours un peu plus forte. Une bonne année à toutes les luttes camarades, du coin ou de loin. Une pensée aux camarades zapistes pour qui le 1er janvier marque les 21ans du soulèment au cri de "Ya basta". Selon Valls c’est l’année qui signe notre fin ... alors on lui souhaite bien du courage.

Pour bien commencer l’année, on apprend que les actions d’AREVA sont en chutes libres et qu’elle termine l’année avec plus de - 50%. Un modèle économique tout aussi fiable que les centrales qu’il fabrique...

Nouvelle chanson reçue :

Salut,

Vous connaissez sans doute déjà la superbe chanson de "Luciole" : https://www.youtube.com/watch?v=5WP8Ody4yy4

Je l’ai trouvée tellement belle que je n’arrêtait pas de la chantonner, sa chanson de zadiste, alors j’y ai ajouté des accords guitare que j’ai choisi exprès pas trop durs à jouer pour que presque tous les guitaristes même débutants y arrivent (quitte à ne pas jouer tous les accords notés). On peut jouer ces accords en arpèges ou les utiliser comme base d’accompagnement.

Minga

Pour partager sur zad.nadir.org et les autres sites zadistes.

PDF - 63.3 ko

Revue de presse pour bien commencer l’année :

- On apprend les "RG nouvelle génération" ont été bien actif depuis leur création en mai 2014 avec 108 écoutes "« octroyées pour deux motifs : lutte contre l’économie souterraine et contre le hooliganisme »". Mais soyons rassurés... "« il ne disposera d’une véritable base documentaire qu’à l’horizon 2016-2017, d’après le rapport parlementaire. »" « "Les renseignements recherchés concernent tous les domaines de la vie institutionnelle, économique et sociale susceptibles d’entraîner des mouvements revendicatifs ou protestataires", indique le rapport parlementaire. Pour BFM Business, cela signifie que les activités des militants qui contestent des projets d’aménagements, comme le futur aéroport de Notre-Dame des Landes ou le barrage de Sivens, ainsi que les grèves dans les entreprises, sont en ligne de mire du Service central de renseignement territorial. » A lire ici et
- Un état des lieux des "projets inutiles" selon France Nature Environnement en France mais aussi ailleurs sur la planète.
- Le 31 décembre une nouvelle occupation se met en place à Echillais pour empécher la construction d’un incinérateur... qui devrait être construit par notre chère entreprise humaniste et créatrice d’emploi pour le bien être de chacun.e : VINCI. Bon courage aux camarades qui installent leur tente et attendent d’être rejoint plus nombreux. Plusieurs articles à lire en attendant des nouvelles plus directes ici, , ou bien encore par .

Mardi 28 décembre

L’hiver commence à blanchir un peu la campagne, c’est l’occasion de quelques chantiers bois, et de passer du temps autour des poêles.

C’est aussi le moment de remplir son agenda pour un début d’année de lutttes et de solidarités :
- samedi 3 janvier : réunion de préparation du "22 février, un an après"
- mercredi 7 janvier : appel à actions et rassemblement devant le tribunal de Rennes pour le procès en appel des deux Kamyapoils et d’un camarade du comité NDDL/guingamp
- mercredi 14 janvier :appel à rassemblement pour des procès suite à la manif du 22 novembre
- lundi 19 janvier : appel à rassemblement pour des procès suite aux manifs de novembre

A lire aussi

-  à propos des violences policières : une version bien différente de celle relayée par les médias et la police émerge...Mort de Bilal Nzohabonayo à Joué-lès-Tours : une interpellation qui dégénère en bavure mortelle ?

- deux articles de Reporterre sur les violences et répressions des mouvements et luttes dans le monde : Dans le monde, les défenseurs de la terre sont persécutés,Ils défendaient la forêt, ils ont été assassinés. A Lima, leurs femmes témoignent

- un texte reçu : Devant, et sur les flancs. Lettre un peu péremptoire mais amicale au mouvement zadiste.

Documents joints

 

 

Source : zad.nadir.org

 

 

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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 17:51

 

 

Source : lantquilyauradesbouilles.wordpress.com

 

 

 

Bouilles Hebdo du 29 décembre au 4 janvier 2015

 

L‘année 2014 se termine. Tous les mensonges éhontés des pro-barrages se dégonflent (sur le projet, les soi-disant méfaits des zadistes, etc…), alors ils font monter la pression et menacent. Voir en réaction la lettre ouverte aux préfets du Tarn et Tarn et Garonne de la Conf’ Paysanne du Tarn. Et aussi les récents articles de presse (celui du Tarn Libre du 24/12 notamment).
Pour poursuivre sur ce point, une lettre ouverte d’un occupant de longue date de la ZAD du Testet, adressée à Mme Lherm, maire de Lisle sur Tarn. Très circonstanciée et précise, elle remet les points sur les « i ». A lire donc absolument.

 

Samedi 3 – Dimanche 4 : Chantier sur la Zad. Besoin de bras, de matos, de connaissances et d’énergie ! Pour commencer l’année en beauté, lançons un chantier de construction  afin de rendre la vie plus confortable sur la ZAD et relancer la dynamique d’occupation.
Apportons des outils, des matériaux de construction, des moyens de transport et le désir de construire ensemble. Nous aurons besoin de palettes, de fenêtres, de planches, de chevrons, de tissus, d’isolants, de tuyaux… Mais aussi de clous, de charnières. N’hésitez pas à amener des outils pour les chantiers.
Rendez-vous le samedi 3 janvier au matin pour se mettre d’accord sur ce qu’il y a faire en fonction des besoins et des forces disponibles.
Dimanche à 16h  à la Métairie :  débat-discussion autour des luttes contre les OGM avec des ami.e.s. suisses.
Et dimanche soir, comme nous aurons bien travaillé nous partagerons la galette des bouffons, que nous préférons à celle des rois.
Pour préparer ces journées, indiquer ce que vous pouvez mettre à disposition, ou commencer à organiser la récupération, vous pouvez téléphoner au 06 76 53 91 21.

Jeudi 1er :

2015

 

Mercredi 31 : Ce soir vous êtes tous invités à venir réveillonner avec nous sur la ZAD du Testet : à la Métairie (grand feu de joie, repas convivial) et/ou sur les plages californiennes (mix, bouffe, etc…). Par respect pour les riverains, merci d’éviter  de manoeuvrer sur les chemins privés donnant sur la route menant à la ZAD, de faire trop de bruit en vous déplaçant entre la ZAD et votre véhicule garé, etc… Respect pour tous et bonne fin d’année !

  • Pour Rémi Fraisses, Saint-Etienne, le 11 novembre 2014. Une chanson (A tous les enfants – Boris Vian, introduite par quelques phrases pour Rémi) de La Barricade, chorale libertaire de Saint-Etienne, qui s’est rendue devant le mairie le 10 déc pour Rémi Fraisse, et un discours de l’avocat des parents de Rémi Fraisse lu par un copain.

Mardi 30 :

Lundi 29 :

 


Reveillon california biche .zad testet

Swarzy, gouverneur de californie et les membres du f.i.s.t vous invitent a venir reveilloner sur les plages californiene, zad du testet.
nous tenons a cette occasion a adresser nos meilleur voeux a tout les acteurs de la lutte, pacifistes ou pas, vegans, carnistes. Grimpeurs,
clowns et activistes en tout genre.
une grosse pensée egalememt pour rémi, pour sa famille qui nous soutient
encore, pour Lara.
« California biche » 31 déc.zad du testet.  soirée mix, bouffe prix libre et bar cool price


Baziège (31)

Baziège (31)

 

Source : lantquilyauradesbouilles.wordpress.com

 

 

 

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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 17:16

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Cargo à la dérive: la nouvelle stratégie des trafiquants de migrants

|  Par Carine Fouteau

 

 

Un nouveau cargo est à la dérive en Méditerranée, deux jours après que plusieurs centaines de Syriens ont été sauvés par la marine italienne. Cet épisode témoigne des nouvelles stratégies des trafiquants de migrants. 

C’est la nouvelle méthode des passeurs en Méditerranée: affréter de vieux cargos, les remplir d’exilés fuyant la guerre, les faire naviguer jusqu’au moment où les membres de l’équipage les abandonnent pour ne pas risquer d’être poursuivis à leur arrivée pour aide au passage illégal. Deux jours après le sauvetage du Blue Sky M, un cargo en perdition dans la mer Adriatique transportant près d'un millier de migrants, un autre bateau à la dérive chargé de 450 migrants a été repéré par les garde-côtes italiens jeudi 1erjanvier dans la nuit.

L'Ezadeen, immatriculé en Sierra Leone et dont la dernière escale fut apparemment la Syrie, a été déserté par son équipage après une panne de machine qui l'a rendu ingouvernable. Un hélicoptère de l'armée italienne a été envoyé sur place, pour hélitreuiller une équipe dont la mission est d'arraisoner le bateau. Selon l'association Robin des Bois, ce navire, qui était attendu dans le port de Sète en France, est une «vieille barcasse» de 49 ans, pour lequel 204 déficiences ont été relevées par les inspecteurs maritimes entre 2007 et 2014 en Méditerranée et en mer Noire, et qui a été converti au transport de bétail en 2010. 

L'agence européenne de surveillance des frontières Frontex observe, dans un récent communiqué, que l'usage de cargos de ce type se multiplie depuis quelques semaines pour faire passer des exilés. Selon les données recueillies par ses agents, chaque passager débourse environ 6.000 euros pour embarquer, ce qui rapporte plusieurs millions d'euros par traversée aux filières mafieuses qui organisent le périple.  

Dans le Blue Sky M, cargo battant pavillon moldave, entre 700 et 900 réfugiés syriens et kurdes ont été victimes de tels trafiquants. Le port de départ n'est pas connu, mais il se situe vraisemblablement en Turquie. Selon les premières hypothèses, les passagers auraient été abandonnés sans vivres, sans eau et sans couvertures. Leur bateau aurait dérivé dans l'Adriatique, jusqu'à l'intervention de la marine italienne, dans la nuit de mardi 30 à mercredi 31 décembre. Quatre personnes seraient mortes pendant la traversée, selon Reuters. Conduits au port de Gallipoli, dans le sud-est de l’Italie, les rescapés ont été pris en charge par les autorités. « Une hécatombe évitée, plus de 900 migrants sauvés sur un navire avec le moteur bloqué faisant route vers les côtes des Pouilles », ont indiqué mercredi matin les garde-côtes italiens sur leur compte Twitter. Sans cela, le navire se serait fracassé contre les rochers, ont-ils affirmé.

Selon le quotidien La Stampa, les migrants en bonne santé ont été amenés dans les gymnases des écoles de la ville, tandis que les autres, en état d’hypothermie et de déshydratation, ont été hospitalisés, parmi lesquels une dizaine de femmes enceintes et une trentaine d’enfants. Les garde-côtes italiens qui ont embarqué sur le navire pour en prendre le contrôle ont révélé que le cargo avait subi des dommages mécaniques et qu’en outre, « l’équipage avait quitté le navire, le laissant sur pilote automatique ».





Mardi, au large de l’île grecque de Corfou, le navire a envoyé un SOS en raison de la présence à bord « d’hommes armés », selon les médias grecs. Alertées, les autorités maritimes du pays ont inspecté le navire. Mais, selon une responsable du bureau de presse de la police portuaire, elles auraient conclu qu’il n’y avait « aucun problème (mécanique) et rien de suspect sur le bateau ». Le Blue Sky M, qui avait pour destination le port de Rijeka, dans le nord de la Croatie, a ensuite changé de cap pour se diriger vers l'Italie, ce qui a provoqué la venue de la marine italienne.

Ces épisodes dramatiques témoignent de l'activité florissante du trafic de migrants. Revoici un article, publié le 26 décembre 2014, sur les nouvelles stratégies des passeurs :

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En raison de l’afflux de personnes fuyant leur pays aux frontières de l’Europe, ce business mortifère s’est développé le long des routes migratoires, en particulier en Turquie et en Libye, là où la traversée de la Méditerranée impose le recours à des passeurs.

Générant des milliards d’euros de bénéfice chaque année, cette économie illégale a changé d’échelle. Ses acteurs se sont multipliés et professionnalisés. Ils font prendre plus de risques à des candidats au départ prêts à tout pour échapper à la guerre. Cet hiver, contrairement aux années précédentes, ils n'observent pas de trêve, malgré les mauvaises conditions de navigation. Quittant les rives libyennes et turques, des navires surchargés prennent la mer avec à leur bord des familles entières risquant le naufrage. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 207 000 personnes ont traversé la Méditerranée depuis début janvier. Un record : presque trois fois plus qu’en 2011, année qui avait pourtant connu une accélération à la suite de la révolution tunisienne. Cet itinéraire a été le plus meurtrier au monde : 3 419 personnes au moins y ont laissé la vie en 2014.  

 

Une famille syrienne sauvée en Méditerranée. © Corriere Della Sera (23/09/2014) 
Une famille syrienne sauvée en Méditerranée. © Corriere Della Sera (23/09/2014)

Pour la première fois cette année, note le HCR, les personnes originaires de pays ravagés par les conflits, Syrie et Érythrée en tête, sont devenues majoritaires sur les bateaux. La misère qui jette sur les routes des générations d’Africains subsahariens n’est plus le principal pourvoyeur d’exilés. Autre changement : les Syriens fuyant les bombes partent avec femmes et enfants (regarder le reportage, diffusé par le Corriere Della Sera le 23 septembre 2014, montrant une opération de sauvetage). Issus des classes moyennes, ils disposent de ressources financières plus importantes que les autres migrants. Médecins, ingénieurs, commerçants, ils refusent d’être enrôlés dans l’armée de Bachar al-Assad ou de rejoindre les troupes de l’État islamique. Les passeurs en profitent pour augmenter les tarifs. En échange de milliers d’euros, voire de dizaines de milliers d’euros, ils leur font miroiter un transfert vers l’Allemagne, la Suède ou les Pays-Bas, les trois destinations les plus en vue.

Selon les estimations de Frontex, l’agence européenne chargée du contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne (UE), un convoi maritime entre la Libye et l’Italie rapporte jusqu’à un million d’euros aux organisateurs, sachant qu’une place à bord se négocie de 1 500 à 2 000 euros pour 450 passagers. Avec 4 000 tentatives de passage par semaine, les gains potentiels sont gigantesques. Pour l’ensemble de l’année, ils s’élèvent à plusieurs milliards d’euros : le responsable de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNOCD), Yury Fedotov, a récemment évoqué le chiffre de 7 milliards de dollars (5,7 milliards d’euros) tirés en un an du trafic de migrants.

L’illégalité de la traversée rend ce moment difficile à documenter. Confessions de trafiquants, témoignages de migrants, analyses d’ONG ou d’institutions internationales : les sources sont rares. Ces derniers mois, à l’occasion de leur procès, des personnes poursuivies comme passeurs ont été amenées à décrire leurs activités. C’est le cas d’un Tunisien de 33 ans, Karim El-Hamdi, qui a été interpellé au port de Pozzallo en Sicile, après s’être improvisé commandant d’un navire chargé de migrants. Son témoignage, publié sur le site d’information américain The Daily Beast, montre comment le système s’est restructuré avec l’arrivée des Syriens.

« Les Syriens achètent tout. Cela pousse les trafiquants à proposer plus », a-t-il indiqué aux autorités italiennes. Il liste l’ensemble des « services » que les passeurs font payer. Le tarif de base varie entre 1 000 et 2 500 dollars. Tout le reste vient en plus : 200 dollars pour un gilet de sauvetage ; 100 dollars pour des bouteilles d’eau et des boîtes de conserve de thon ; 200 dollars pour une couverture ou un vêtement de pluie ; 200 à 300 dollars pour une place, qualifiée de « première classe », sur le pont du bateau – les soutes sont la « troisième classe » ; 300 dollars pour un appel sur le téléphone satellite Thuraya ; plusieurs centaines de dollars pour obtenir un contact en Italie susceptible de vous conduire à destination.

Les filières s’organisent en fonction de cette nouvelle « demande ». Frontex estime que la Libye est l’une des plaques tournantes : les « gangs criminels » quadrillent le pays, au point qu’il n’est pas possible de se déplacer sans eux. Ils recrutent, selon l’agence, d’anciens migrants, s’appuyant sur leurs connaissances linguistiques, pour les mettre en lien avec les candidats au passage. Ce business alimente tout un commerce, à Tripoli ainsi que dans les villes côtières de départ : les migrants paient cher pour loger dans des maisons en ruine, des hôtels pourris ou des hangars décrépis, pour se nourrir et pour leurs achats du voyage.

« Je ne suis pas un criminel, j’offre un service »

Les têtes de réseaux recherchent les intermédiaires susceptibles d’assurer le transport. Les passeurs poursuivis devant les tribunaux italiens sont ainsi souvent des seconds couteaux. Karim El-Hamdi affirme qu’il est devenu trafiquant accidentellement. Migrant lui-même, et cherchant à rejoindre l’Europe, il s’est vu proposer 1 500 dollars pour conduire un bateau alors qu’il se trouvait dans un café en Libye. Comme lui, beaucoup d’exilés monnaient leur savoir-faire en cours de route. Plus le risque est grand, plus il est rémunérateur. À Calais, ouvrir et fermer les portes des camions rapporte quelques euros ; de même, à Paris, acheter les billets de train à la place de ses compatriotes est considéré comme un moyen de gagner un peu d’argent. Parfois cela se termine au poste de police – et le cas échéant par des condamnations pour aide au passage.

 

Des morts par milliers aux portes de l'Europe. © Migreurop 
Des morts par milliers aux portes de l'Europe. © Migreurop

En mer, les passeurs ont plusieurs options pour éviter de se faire arrêter : soit abandonner leur bateau avant qu’il ne soit intercepté en fuyant sur un canot de sauvetage, soit faire passer pour des trafiquants des migrants ordinaires. C’est ce qu’a tenté de faire, en vain, un autre passeur, nommé Khaled Ben Salem, Tunisien de Sfax, accusé d’avoir été le capitaine du navire qui a coulé au large de Lampedusa le 3 octobre 2013, causant la mort de 363 personnes. Un voyage qui, selon les calculs du journaliste de L’Espresso Fabrizio Gatti, a rapporté 790 000 dollars (environ 646 000 euros) aux trafiquants, une fois déduits l’ensemble des « frais », à savoir le chalutier, les réserves de fioul, le transport en camion des passagers et la rémunération des hommes à la barre. Des mineurs seraient aussi de plus en plus souvent aux manettes, pour réduire les peines de prison encourues.

Le trafiquant qui a reçu le Guardian au cours de l’été 2014 dans son appartement de Zouara, ville libyenne située à proximité de la frontière tunisienne d’où partent la plupart des embarcations, est d’un autre calibre. Lui ne navigue pas : il reste à terre pour organiser les voyages à destination de Lampedusa, l’île italienne la plus proche. Encore en activité, il explique la « rationalité » d’une affaire qui lui rapporte au moins un million de dollars par semaine. Sa fortune, il assure la devoir au chaos politique dans son pays. Depuis la mort de Mouammar Kadhafi, l’effondrement de l’État laisse les frontières maritimes – mais aussi terrestres – sans surveillance.

« Jusqu’à présent, aucun des bateaux que j’ai rempli de migrants n’a fait naufrage », se vante-t-il, estimant que cela « lui garantit un bon crédit » auprès des personnes qui font appel à lui. « Je ne suis pas un criminel, j’offre un service », insiste-t-il. Cette industrie est pourtant impitoyable. Frontex observe que la multiplication des traversées s’est accompagnée d’une brutalité accrue des passeurs. Un navire aurait ainsi été coulé délibérément au large de Malte début septembre, après que les passagers – des Syriens, des Palestiniens, des Égyptiens et des Soudanais – ont refusé d’être transférés sur des embarcations plus petites. Cinq cents personnes se sont noyées. Les migrants disent fréquemment être battus – le cas d’un homme poignardé à mort a été signalé. Il arrive, selon les témoignages, qu’ils se fassent tirer dessus et que les corps soient jetés par-dessus bord.

La Libye n’est pas la seule voie d’entrée dans l’UE. La Turquie est tout aussi empruntée. Elle l'est même de plus en plus selon Frontex, qui observe que ce pays est désormais préféré à la Libye où la traversée est jugée trop dangereuse. Plus de 815 000 Syriens y ont trouvé refuge depuis le début de la guerre. Certains y restent, d’autres poursuivent leur chemin au bénéfice des passeurs. Des quartiers d’Istanbul, comme Aksaray et Tarlabasi, s’organisent autour de ce commerce (chambres d’hôtel, travail au noir, etc.). Depuis qu’un mur sépare la Turquie de la Grèce le long de la rivière Evros, la route s’est réorientée vers la mer Égée. Les départs se font depuis Izmir ou Marmaris, à bord de bateaux pneumatiques. La traversée étant plus courte et moins risquée qu’à partir de la Libye, les tarifs sont plus élevés : entre 2 000 et 3 000 euros par personne, selon un reportage du site d’information basé à Bruxelles Equal Times.

Depuis quelques semaines, les passeurs ont changé de stratégie, selon Frontex : ils utilisent de vieux cargos au départ du port de Mersin, au sud-est de la Turquie, encore relié par ferry au port syrien de Lattaquié. Sur ces plates-formes de 75 mètres de long, ils entassent des réfugiés qu’ils laissent dériver jusqu’à ce que d’éventuels secours arrivent. 800 migrants ont été repêchés samedi 20 décembre, au large de la Sicile, après que l’équipage a enclenché le pilote automatique et abandonné le navire. Le profit des trafiquants se compte en millions, car ce passage coûterait au minimum 6 000 euros par personne, sans les « extras », notamment les 16 grammes d'or par personne à verser aux milices pour sortir de Syrie. Avec en moyenne 600 réfugiés par cargo, une traversée rapporte environ 3,6 millions d'euros. « Ces bateaux – parfois pourvus d'équipage russe – sont chers et difficiles à trouver, mais la demande est tellement élevée qu'elle rend cette méthode avantageuse », selon Antonio Saccone, responsable des études à Frontex. « Cela montre à quel point ces filières sont devenues puissantes et sophistiquées », estime-t-il.

Plus les frontières se ferment, plus elles font l’objet de contournements

Turquie, Libye : les trafics se concentrent autour des portes d’entrée de l’Europe. Mais les passeurs commencent leur office dès la sortie de la Syrie, les postes frontières étant régulièrement fermés, et se poursuivent à l’intérieur de l’espace Schengen pour permettre aux personnes d’atteindre leur destination finale. Il n’existe pas une filière unique qui prendrait en charge les réfugiés tout le long du chemin : les passeurs se partagent les tronçons au gré de leur nationalité, des langues qu’ils parlent, de leurs réseaux, de leur expérience. Le périple au total peut durer des mois, voire des années : à chaque arrêt, les migrants se débrouillent pour gagner de l’argent. Ils se déplacent à pied, en camion, en bateau et même par les voies aériennes pour ceux qui ont les moyens de payer de faux papiers d’identité assortis d’autorisations de séjour.

En famille, ils ne se déplacent pas forcément à la même vitesse : certains ouvrent la voie, attendent leurs proches qui les rejoignent. Un reportage du New York Times, daté du 29 novembre 2013, décrit l’épopée d’une Syrienne, partie avec 11 000 dollars en poche, confrontée à chaque étape de son parcours aussi bien aux exigences des législations des pays traversés qu’à celles des passeurs. Passée par l’Égypte, elle a atteint la Suède. Dans une enquête d’août 2014, Newsweek retrace de son côté la trajectoire via les Balkans d’un certain Murat, arrivé en Autriche après avoir franchi à pied les frontières de Macédoine, du Kosovo, de Serbie et de Hongrie.

 

 

Vidéo rassemblant des témoignages de réfugiés syriens. © The Guardian


Pourquoi les Syriens prennent-ils tant de risques avec leurs familles ? Parce qu’ils sont en danger de mort dans leur pays d’origine. Parce que les voix légales sont peu accessibles. Les visas des pays d’Europe de l’Ouest se distribuent au compte-gouttes, malgré la gravité de la situation. Parce qu'à force, les pays voisins deviennent moins accueillants : au Liban et en Jordanie, les réfugiés sont si nombreux que les nouveaux venus ont tendance à poursuivre leur route. En Égypte, ils sont découragés de rester.

Plus les frontières se ferment, plus elles font l’objet de contournements, selon l'analyse des ONG de défense des droits des étrangers. Plus les murs s’élèvent, plus les migrants prennent des risques. Frontex estime que les brèches ne sont pas non plus sans effets pervers. Selon l’agence, l’opération de sauvetage lancée par la marine italienne, Mare Nostrum, a incité les passeurs à surcharger les bateaux sachant que de l’aide viendrait. Il n’est toutefois pas certain que l'arrêt de ce programme, remplacé par l'opération Triton, de moindre envergure, opérée par Frontex, modifie les comportements des trafiquants.

Ceux-ci, au total, ont bénéficié en 2014 de l’absence de solidarité européenne, les pays membres de l’UE ayant laissé l’Italie en première ligne. Ils ont aussi profité de l’absence de réglementation commune. S’abstenant de prendre les empreintes digitales des exilés, Rome les a par exemple poussés à continuer leur périple, les abandonnant aux mains des passeurs.

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 17:01

 

Source : www.mediapart.fr

 

Lobbies à Bruxelles: la balle est dans le camp du parlement

|  Par Ludovic Lamant

 

 

 

Jean-Claude Juncker a relancé le débat sur la transparence des institutions de l'UE. Publication de l'agenda des commissaires, inscription  des lobbies à un registre… des propositions insuffisantes, jugent les ONG. Tout dépendra de la réaction du parlement européen en 2015.

De notre envoyé spécial à Bruxelles. Le « Dalligate », du nom de l'ex-commissaire européen à la santé John Dalli, poussé à la démission à l'automne 2012 dans des circonstances troubles, avait relancé les spéculations sur la puissance des lobbies du tabac au cœur de Bruxelles. L'affaire, qui n'est toujours pas élucidée, avait empoisonné les derniers mois de José Manuel Barroso à la tête de la commission.

Le successeur du Portugais, Jean-Claude Juncker, a voulu prendre les devants. Il a cherché, d'entrée de jeu, à donner des gages de transparence aux sceptiques. « Nos citoyens ont le droit de savoir avec qui se réunissent les commissaires et leurs équipes, les eurodéputés et les représentants du conseil européen, tout au long du processus législatif », avait assuré le Luxembourgeois devant les élus à Strasbourg, mi-juillet.

Depuis le 1er décembre, les 28 commissaires européens et leurs proches collaborateurs sont invités à rendre publics, sur une page internet dédiée, l'ensemble de leurs rendez-vous avec des groupes d'intérêt et autres « personnes agissant en qualité d'indépendant ». Sont concernés par cette mesure les commissaires, mais aussi leurs membres de cabinet, et les directeurs généraux des services de la commission.

À titre d'exemple, on apprend que Cecilia Malmström, la commissaire en charge des négociations de libre-échange avec les États-Unis (TTIP), a rencontré quelques ONG depuis son entrée en fonction – mais aussi que sa directrice de cabinet s'est entretenue avec les représentants de Goldman Sachs ou de General Electric courant décembre. Ou encore que Miguel Arias Cañete, le sulfureux commissaire à l'action climatique et à l'énergie, n'a encore officiellement rencontré aucun groupe d'intérêt – mais que son cabinet, lui, ne chôme pas (Iberdrola, Neste Oil, GDF Suez, Friends of the Earth Europe, etc.).

La démarche, inédite à Bruxelles, est encore fragile. Les informations semblent parfois lacunaires. Il est très difficile de les vérifier et, surtout, de repérer les éventuelles omissions. Il faudra donc suivre l'évolution de ces pages au fil des mois.

 

Un exemple: les derniers rendez-vous des membres du cabinet de la commissaire au commerce, Cecilia Malmström. 
Un exemple: les derniers rendez-vous des membres du cabinet de la commissaire au commerce, Cecilia Malmström.

« C'est une étape importante pour rendre plus transparente l'influence des lobbies dans les prises de décision au niveau européen », veut croire CEO, un collectif d'ONG spécialistes de ces questions. Mais ces activistes plaident aussi pour élargir le public concerné à n'importe quel responsable de la commission, y compris au sein du personnel des directions générales, « susceptible d'être la cible de lobbying ».

Jean-Claude Juncker et son bras droit, le Néerlandais Frans Timmermans (vice-président de l'exécutif européen, qui pilote ces questions de transparence), devront sans doute aller plus loin, s'ils veulent rassurer les observateurs. Pour rappel, Juncker a ouvert son mandat avec une provocation de taille : il a offert le portefeuille des affaires financières à Jonathan Hill, un « lord » Britannique jusqu'alors connu dans la capitale belge pour son travail de lobbyiste, notamment en faveur de l'industrie bancaire anglo-saxonne…

Le duo Juncker-Timmermans a ouvert un autre chantier, pour prouver sa bonne volonté : la réforme du « registre de transparence ». Lancé en 2011, cet inventaire, commun à la commission et au parlement, répertorie les lobbies actifs à Bruxelles. On y trouve des lobbies de l'industrie, des ONG, think tanks et autres cabinets d'avocats, qui, à chaque fois, précisent les objectifs de leur « mission », publient leur budget de fonctionnement et le nombre de personnes qu'ils emploient (à consulter ici). Seul problème : ce registre (dont s'est depuis inspirée l'assemblée nationale à Paris) est facultatif.

En tout, 7 337 structures y figuraient fin 2014. Ce nombre ne cesse de progresser (elles n'étaient que 6 000 en début d'année), mais les récalcitrants restent nombreux. À Bruxelles, le chiffre – impossible à vérifier – de 30 000 lobbyistes est souvent cité. En 2013, l'ONG CEO avait identifié pas moins de 105 entreprises de premier plan, connues pour leur lobbying au sein des institutions de l'UE, mais qui n'étaient pas inscrites (Adidas, Amazon, Disney, etc.). Certaines, depuis, sont « rentrées dans le rang ». Mais les appels à rendre obligatoire ce registre se multiplient.

 

Jean-Claude Juncker (à gauche) et son bras droit, le Néerlandais Frans Timmermans, le 16 décembre à Strasbourg. 
Jean-Claude Juncker (à gauche) et son bras droit, le Néerlandais Frans Timmermans, le 16 décembre à Strasbourg. © Commission européenne.

D'ores et déjà, la commission a mis en place, depuis décembre, une règle pour son personnel : elle déconseille de rencontrer un lobbyiste d'une structure qui ne se serait pas, au préalable, inscrite au registre. L'effet d'incitation a, semble-t-il, fonctionné. Coïncidence ou pas, les géants bancaires Goldman Sachs, Royal Bank of Scotland et Banco Popular se sont inscrits la première semaine de décembre. Mais la commission veut désormais un nouvel « accord inter-institutionnel », avec le parlement, qui rende définitivement obligatoire l'inscription au registre pour n'importe quelle structure (c'est le point 22 du programme de travail pour 2015, à télécharger ici).

Pour les ONG spécialistes du dossier, la voie d'un « accord inter-institutionnel » est une fausse bonne idée. Elles plaident plutôt, en s'appuyant sur un vote du parlement européen en début d'année, pour une « proposition législative » en tant que telle. Quelle différence ? D'après les ONG, un nouvel « accord inter-institutionnel » – sorte de gentlemen's agreement bruxellois – ne donnerait pas les moyens de vérifier les déclarations des uns et des autres, et le cas échéant de sanctionner les fausses déclarations de lobbyistes mal intentionnés. À l'inverse d'un texte juridique plus fort, que la commission a les moyens de faire adopter pour une entrée en vigueur en 2017, jugent-elles.

« Prenons l'exemple de Goldman Sachs : (la banque) déclare des dépenses inférieures à 50 000 euros en 2013 pour son lobbying auprès de l'UE – un volume qui semble particulièrement bas, et la place au 523e rang des lobbyistes auprès de l'UE. Par comparaison, aux États-Unis, avec un registre de lobby obligatoire qui comporte des exigences très précises en matière de publication, Goldman Sachs fait état de dépenses de lobbying de 3 630 000 dollars aux États-Unis en 2013 », assure le collectif d'ONG Alter-EU dans un communiqué récent. De quoi relativiser l'intérêt de l'actuel registre, sur la base du volontariat, et sans aucun contrôle…

Au-delà de ces débats partis pour durer encore de longs mois, Juncker et Timmermans espèrent avoir lancé une dynamique. Ils renvoient maintenant la balle – en ce qui concerne la publication des agendas et des réunions avec les lobbyistes – aux deux autres institutions bruxelloises. D'un côté, le conseil européen (qui représente les 28 capitales à Bruxelles), de loin l'institution la plus opaque, et qui ne semble pas prête à évoluer, et de l'autre, le parlement européen, où les discussions ne s'annoncent pas simples non plus.

Sollicité par Mediapart, le cabinet de Martin Schulz n'a pas souhaité faire de commentaire. L'extrême prudence du président du parlement sur le sujet n'a pas échappé à Jean-Claude Juncker, qui, après s'être fait bousculer le 16 décembre dernier par des eurodéputés peu convaincus par le programme de travail de la commission pour 2015, a lancé en séance plénière : « Nous avons fait une proposition concernant la transparence pour les commissaires, faites donc de même ! »

Sylvie Guillaume, une eurodéputée socialiste française, reconnaît quant à elle que « la balle est maintenant dans le camp du parlement ». « Mais il ne faut pas prendre cela comme une confrontation entre institutions. C'est un sujet suffisamment sérieux pour éviter ce genre de querelles », poursuit l'élue, vice-présidente de l'institution, estimant que le parlement est dans une « phase d'évaluation ».

Sur le dossier plus précis de la publication des agendas d'élus, elle n'est pas opposée au principe, mais émet des réserves : « Je ne vais pas passer mon temps à devenir le scribe de toutes mes réunions », résume-t-elle. Elle pose la question, surtout, des moyens de contrôle de ces données, semaine après semaine, à l'échelle de 751 élus strasbourgeois… « Le plus dur sera de toute façon de convaincre le conseil de faire de même », pronostique-t-elle.

Du côté de la droite (PPE, majoritaire au parlement), Élisabeth Morin-Chartier, eurodéputée UMP, « se réjouit de ces débats » : « Je suis prête à publier mon agenda, il n'y a aucun secret. » Cette élue est également favorable à un registre obligatoire : « Il faut récupérer la confiance des citoyens, ce qui passe forcément par la transparence et l'honnêteté de nos déclarations en ligne. » Pour autant, Morin-Chartier, qui fait partie des « questeurs » du parlement européen, reconnaît qu'elle n'est peut-être pas représentative de la majorité de son groupe sur ces enjeux, en règle générale plus conservateur. « Je peux vous donner ma position, et je ne suis pas sûre de convaincre mes collègues à tous les coups, il faudra peut-être faire des concessions pendant les débats qui arrivent », avance-t-elle.

 

Lire aussi

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

 

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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 16:48

 

 

Source : cadtm.org

 

CADTM

 

 

Halte aux pressions de l’Union européenne : la Grèce veut voter librement

30 décembre 2014 par Attac France

Communiqué 29 décembre 2014

 

 

 

Suite à l’échec de l’élection présidentielle grecque, des législatives anticipées se tiendront le 25 janvier. Au moment où la Belgique se rebelle et où la Grèce se rapproche d’une rupture avec les politiques d’austérité imposées par l’Union européenne, cette dernière doit immédiatement cesser toute pression et toute intervention dans le débat politique grec. Les dirigeants français, allemands et européens doivent laisser le peuple grec libre de voter et de choisir d’autres voies.

Alors que va s’ouvrir la campagne des élections législatives anticipées en Grèce, les marchés financiers et les dirigeants politiques européens, inquiets d’une possible victoire de Syriza, commencent à intensifier leur chantage sur le peuple grec.

Les taux d’intérêt sur la dette grecque grimpent à nouveau, manifestant la défiance des banquiers face au programme anti-austérité de Syriza. Jean-Claude Juncker, président de la Commission, a déclaré sa « préférence de voir des visages familiers » après les élections, soutenant ouvertement Antonis Samaras, actuel premier ministre, co-auteur avec la Troïka d’une politique de dévastation de la Grèce. Le commissaire européen Pierre Moscovici a lui aussi été dépêché à Athènes pour soutenir les « réformes structurelles » qui ont appauvri le peuple et détruit ses droits sociaux fondamentaux. Il s’est permis d’intervenir dans le débat électoral grec en avertissant que « l’idée d’envisager de ne pas rembourser une dette énorme est suicidaire ». Déjà lors des élections législatives grecques en 2012, François Hollande avait pesé en faveur de la droite par une intervention très remarquée à la télévision grecque.

Depuis 2010, le peuple grec a résisté aux cruelles politiques d’austérité en organisant des mobilisations sociales de très grande ampleur et en s’engageant dans des pratiques démocratiques nouvelles face à la crise d’un système politique corrompu. « Ne laisser personne seul face à la crise ! », tel est le slogan des mouvements de solidarité en Grèce.

MM. Juncker et Moscovici, vous ne pouvez pas continuer à imposer vos politiques qui détruisent la société. L’espoir d’une Europe sociale, solidaire et démocratique peut naître et se développer dans le pays qui a inventé la démocratie il y a vingt six siècles. Les Grecs ont le droit de décider eux-mêmes de leur avenir, sans menace ou pression de quiconque. Ils ont le droit de proposer de nouvelles expériences politiques aux autres peuples de l’Union européenne, pour enfin envisager une réelle union des peuples européens.

Nous ne laisserons pas le peuple grec seul face au chantage de la finance et de ses serviteurs politiques, de la Commission européenne ou de notre gouvernement. Les mobilisations sociales qui se développent en Belgique, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Slovénie et ailleurs, montrent que le peuple grec n’est pas seul en Europe à vouloir prendre un autre chemin. Soyons tous et toutes solidaires du peuple grec !

Voir en ligne : https://france.attac.org/

 

Source : cadtm.org

 

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Source : cadtm.org

 

CADTM

 

Communiqué de presse

Bas les pattes devant la Grèce qui lutte et résiste !

31 décembre 2014 par CADTM Europe

 

 


Les puissants d’Europe et du monde entier n’ont même pas attendu la dissolution du Parlement grec et l’ouverture de la campagne électorale pour lancer leur nouvelle offensive de mensonges et de chantages qui visent a terroriser les citoyens grecs afin qu’ils ne votent pas aux prochaines élections du 25 janvier 2015 en faveur de SYRIZA, la Coalition de la Gauche Radicale grecque. En effet, secondés par les grands médias européens, « ceux d’en haut » du nom de Juncker, Merkel, Hollande, Renzi ou Moscovici commencent leur énième intervention brutale dans les affaires intérieures de cette Grèce, qu’ils ont d’ailleurs transformée en un amas de ruines sociales depuis qu’ils lui ont imposé leurs politiques d’austérité inhumaines et barbares.

C’est le succès ou l’échec de la guerre sociale menée contre les populations de toute l’Europe qui est en jeu !

Le CADTM n’a pas le moindre doute sur les intentions véritables de ceux qui ont fait de la Grèce le laboratoire européen de leurs politiques néolibérales les plus extrêmes et des Grecs des véritables cobayes de leur thérapie économique, sociale et politique de choc. On doit s’attendre à une escalade de leur offensive car ils ne peuvent pas se permettre que SYRIZA réussisse et fasse des émules en Europe ! Ils vont utiliser tous les moyens dont ils disposent car ils sont bien conscients que ce qui est en jeu aux prochaines élections grecques est le succès ou l’échec de la guerre sociale qu’ils mènent contre l’écrasante majorité des populations de toute l’Europe !

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Pierre Moscovici

C’est d’ailleurs parce que l’enjeu est si important qu’on doit s’attendre à ce que « ceux d’en haut » d’Europe et de Grèce ne respectent pas le verdict des urnes, qui devrait couronner, pour la première fois de l’histoire, la victoire de la gauche grecque. Sans aucun doute, ils vont par la suite essayer d’asphyxier le gouvernement de gauche sorti des urnes, parce que son éventuel succès serait sûrement interprété comme un formidable encouragement à la résistance par les travailleurs et les peuples d’Europe.

Le CADTM, qui s’est toujours trouvé aux cotés de la population grecque luttant contre les politiques d’austérité et les graves atteintes aux droits sociaux et démocratiques, fera de nouveau tout pour alerter la gauche et les mouvements sociaux en Europe et au-delà afin de les mobiliser dans un vaste mouvement de solidarité avec la population grecque qui résiste et lutte pour se libérer du fardeau d’une dette qui non seulement n’est pas la sienne, mais qui est aussi manifestement largement illégitime, illégale ou odieuse. Le CADTM considère que la constitution d’une commission internationale et citoyenne d’audit de la dette grecque, chargée d’identifier la part illégale et/ou illégitime ou odieuse de cette dette qu’il ne faudrait pas rembourser, ferait presque partout des émules et mettrait à l’ordre du jour la répudiation de la dette illégitime et/ou illégale de tous les pays de la périphérie européenne...

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Gunther Oettinger

Être solidaire de la population grecque ainsi que de la gauche grecque, qui résistent et luttent pour libérer le pays et ses citoyens de l’emprise des créanciers et de la dictature des marchés, est aujourd’hui le devoir internationaliste élémentaire non seulement des militants mais aussi de tout citoyen européen qui refuse cette Europe de l’austérité qui génère misère, racisme et barbarie.

CADTM Europe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 18:06

 

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 

 

 

 

Ecotaxe : l'Etat confirme un accord de 800 millions d'euros avec Ecomouv
L'Obs avec AFP

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Publié le 01-01-2015 à 16h48

Le consortium franco-italien touchera 403 millions d'euros d'indemnités de l'Etat, puis une quarantaine de millions d'euros annuels, correspondant aux dettes bancaires reprises par l'Etat.

 

La société Ecomouv' qui fournissait les portiques pour l'écotaxe a licencié tous ses employés. CHAMUSSY/SIPA
La société Ecomouv' qui fournissait les portiques pour l'écotaxe a licencié tous ses employés. CHAMUSSY/SIPA

 

 

 

L'Etat versera environ 800 millions d'euros à Ecomouv', société qui devait mettre en place et collecter l'écotaxe, au titre des indemnités et de la reprise de dettes bancaires, après la résiliation du contrat au mois d'octobre, a-t-on appris mercredi 31 décembre.

Le consortium franco-italien Ecomouv' touchera donc 403 millions d'euros d'indemnités versés par l'Etat, qui a résilié son contrat fin octobre. A cette somme, s'ajoutent une quarantaine de millions d'euros annuels, correspondant aux dettes bancaires reprises par l'Etat.

Le gouvernement nuance toutefois ce coût, mettant en avant les 210 millions d'euros annuels qu'aurait touché Ecomouv' pendant les dix prochaines années, soit un total d'environ deux milliards d'euros, prélevés sur les recettes de l'écotaxe.

Son unique contrat ayant été résilié, Ecomouv' va disparaître. La date butoir pour un accord avec l'Etat sur le montant des pénalités était fixée au 31 décembre 2014, pour éviter d'aller au contentieux sur ce point.

"Ecomouv' a toujours la possibilité de partir au contentieux"

Les boîtiers installés dans les poids lourds seront repris par Ecomouv', tandis que les portiques installés sur le réseau routier français appartiennent à l'Etat, qui étudie une réaffectation possible de ce matériel.

"Ecomouv' a toujours la possibilité de partir au contentieux" contre l'Etat à l'avenir, car les indemnités versées ne sont "qu'une partie des dédommagements" face au manque à gagner sur l'exploitation de l'écotaxe initialement prévue dans le contrat d'Ecomouv, qui était de "2,5 milliards d'euros" au total, a prévenu Olivier Kamiri, délégué CGT d'Écomouv'.

Il avait fait état d'un accord portant sur 839 millions d'euros, avec un premier règlement de 580-590 millions d'ici fin février 2015, puis 30 millions annuels pendant 10 ans. Des chiffres similaires à ceux de gouvernement.

Le gouvernement devra désormais faire face au licenciement des 200 salariés d'Ecomouv', dont 150 basés à Metz, un plan social ayant été annoncé le 9 décembre. Le protocole prévoit le financement du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) par Ecomouv'.

Pour Olivier Kamiri, le montant des indemnités devrait permettre à Ecomouv' d'"être un peu moins exsangue" financièrement, ce qui permettra à la société de "provisionner davantage d'argent pour le plan social, donc on espère que le PSE sera correct".

Mais l'Etat n'aurait pas l'intention d'aller au-delà des obligations légales, déplore-t-il, indiquant n'avoir "aucune nouvelle de l'Etat", alors que fin novembre lors d'un déplacement en Lorraine, François Hollande avait reçu les syndicats d'Ecomouv' à Metz et leur avait promis un soutien, notamment une garantie d'un an de salaire.

 

 

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 

 

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 17:27

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com


 

 

Ce que préconise Piketty pour la France, l'Europe et le monde
Donald Hebert

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Publié le 01-01-2015 à 17h38

Sa méthode, ses constats et ses préconisations : comprendre la réflexion de Thomas Piketty... et pourquoi il a refusé la Légion d'honneur.

 

Thomas Piketty, le 20 novembre à Istanbul. METIN PALA/ANADOLU AGENCY
Thomas Piketty, le 20 novembre à Istanbul. METIN PALA/ANADOLU AGENCY

 

 

 

L'économiste français Thomas Piketty, dont l'ouvrage "Le Capital au XXIe siècle" connaît un immense retentissement international, a refusé de recevoir la Légion d'honneur ce 1er janvier 2015. Il a notamment argué que ce n'est pas "le rôle d'un gouvernement de décider qui est honorable" et  qu'il faudrait mieux "se consacrer à la relance de la croissance en France et en Europe".

Cet article, ce "Piketty pour les nuls", a été publié en novembre dans "l'Obs".

"Le Capital au XXIe siècle" décrit comment nous marchons vers une société aussi inégalitaire qu'au XIXe siècle. Explications.

Sa méthode

L'économiste a compilé les données fiscales d'une vingtaine de pays développés du XVIIIe siècle à nos jours. Il en a tiré de précieuses informations sur la répartition de la richesse - distribution des revenus, des capitaux - avant d'en tirer certaines leçons.

Ses constats

1. Au début du XXe siècle, même si la révolution industrielle a fait monter le salaire des travailleurs, les pays occidentaux étaient très inégalitaires, car le capital n'était détenu que par certaines familles. Par exemple, en Europe, les 10% les plus riches captaient 45% des revenus et détenaient 90% du patrimoine.

2. Les guerres mondiales et la Grande Dépression ont réduit considérablement les inégalités, les rentiers ayant vu leur patrimoine disparaître. Aux Etats-Unis, dans les années 1950, les 10% les plus riches percevaient 35% des revenus contre 4% entre 1910 et 1920.

3. Durant les Trente Glorieuses, les inégalités sont restées à un niveau relativement bas : la croissance hors norme et la mise en oeuvre de systèmes fiscaux et sociaux performants ont permis l'émergence d'une classe moyenne qui a pu se constituer un patrimoine.

4. Depuis les années 1980, les inégalités montent en flèche. Aux Etats-Unis, les impôts sur les très hauts salaires et sur l'héritage ont été beaucoup réduits, tandis que les bonus des « super-managers » ont explosé. Résultat : depuis les années 2000, les 10% les plus riches y captent à nouveau 45% des revenus. Les détenteurs de biens immobiliers ont remplacé les propriétaires terriens des siècles passés et l'héritage a repris le pas sur le mérite, notamment en Europe et au Japon.

5. Avec la croissance faible, les revenus du capital - intérêts, dividendes, loyers, plus-values... - sont supérieurs à ceux du travail. Le patrimoine se concentre - notamment en Europe -, les revenus du travail aussi - notamment aux Etats-Unis. Et les grosses fortunes grossissent bien plus vite que les petites. Enfin, les Etats sont endettés, mais le capital privé a progressé encore plus rapidement que la dette publique.

Ses préconisations

1. Instaurer un impôt sur le revenu très progressif, avec un taux de l'ordre de 80%, comme c'était le cas aux Etats-Unis entre 1930 et 1980, pour les revenus supérieurs à 400.000 euros par an.

2. Instaurer un impôt progressif sur les grandes fortunes, si possible au niveau mondial, sinon au niveau continental. Les fortunes seraient taxées à 1% au-delà de 1 million d'euros, à 2% au-delà de 5 millions d'euros, etc.

3. Cesser la politique d'austérité en Europe et investir dans l'éducation afin de relever le niveau de croissance.

 

 

Source : tempsreel.nouvelobs.com

 

 

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 17:13

 

Source : www.lemonde.fr

 

Thomas Piketty refuse la Légion d'honneur

Le Monde.fr avec AFP | 01.01.2015 à 15h11 • Mis à jour le 01.01.2015 à 17h55

 
 
Thomas Piketty, dans son bureau de l'EHESS, à Paris, le 12 mai.

L'économiste français Thomas Piketty, auteur du livre à succès Le Capital au XXIe siècle, a indiqué à l'Agence France-Presse refuser sa nomination au grade de chevalier de la Légion d'honneur, officialisée jeudi 1er décembre.
 

Lire : Modiano, Tirole et Mimie Mathy dans la promotion de la Légion d'honneur

« Je refuse cette nomination car je ne pense pas que ce soit le rôle d'un gouvernement de décider qui est honorable », a-t-il justifié, estimant que l'Etat « ferait bien de se consacrer à la relance de la croissance en France et en Europe » plutôt que de distribuer ces distinctions. 

 

 CRITIQUE DE LA POLITIQUE DU GOUVERNEMENT

Le refus de M. Piketty intervient alors que son ouvrage, qui entend démontrer la tendance spontanée à une toujours plus grande concentration de la richesse entre quelques mains, s'est vendu à 1,5 million d'exemplaires. Traduit en plusieurs langues, l'essai est en particulier un phénomène d'édition aux Etats-Unis, où M. Piketty, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, a été reçu par des conseillers du président Barack Obama.

Lire aussi : Pourquoi le livre de Piketty est-il un succès aux Etats-Unis ?

L'accueil réservé au livre a été plus tiède en France, notamment de la part du gouvernement, malgré de très fortes ventes. Un temps proche du Parti socialiste, l'économiste critique régulièrement la politique menée par François Hollande. Il regrette notamment que ce dernier ait enterré sa promesse de campagne d'une profonde réforme fiscale, dans le sens d'une plus grande progressivité de l'impôt, un projet ardemment défendu par l'économiste.

En juin, il commentait ainsi dans un entretien au Monde la politique du chef de l'Etat :

« Je pense qu'il y a un degré d'improvisation dans la politique fiscale et la politique économique de François Hollande qui est effectivement assez consternant. »


« LE FATAL INSIGNE QUI NE PARDONNE PAS »

Thomas Piketty s'inscrit ainsi dans la longue liste des personnalités ayant refusé leur nomination à un grade de la Légion d'honneur, que ce soit par refus d'un mérite dont ils s'estimaient indignes, par souci d'indépendance, ou encore par esprit frondeur. Avant l'économiste français, l'ancien secrétaire général de la CFDT, Edmond Maire, la refusa en des propos semblables, estimant que « Ce n'est pas à l'État de décider ce qui est honorable ou pas ».

Léo Ferré et Georges Brassens avaient préféré prendre les devants avant même d'être nommés, le premier brocardant « ce ruban malheureux et rouge comme la honte » tandis que le second signa par la suite une chanson satirique où il dénonce « le fatal insigne qui ne pardonne pas ». Pierre Curie avait pour sa part refusé la distinction d'un simple « Je n'en vois pas la nécessité », tandis que George Sand avait refusé d'être la première auteure à arborer l'insigne, justifiant qu'elle ne voulait « pas avoir l'air d'une vieille cantinière ! »

 Claude Monet, Georges Bernanos, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Albert Camus s'inscrivent également dans cette longue liste. En 2013, c'était l'auteur et dessinateur de BD, Jacques Tardi, qui avait refusé la Légion d'honneur, tandis qu'en août 2012, la chercheuse Annie Thébaud-Mony, spécialiste des cancers professionnels avait refusé cette distinction pour dénoncer « l'impunité » de responsables de groupes industriels, responsables de « crimes industriels ».

Source : www.lemonde.fr


*Info supplémentaire vu sur le Nouvel Obs : lien
Dans le domaine économique, Henri Proglio, que le gouvernement n'avait pas reconduit cet automne comme PDG d'EDF, mais qui va prendre la présidence du groupe d'électronique de défense Thales, est promu commandeur. Même promotion pour l'entrepreneur franco-libanais Jacques Saadé qui dirige le géant du transport maritime CMA CGM.

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 16:17

 

Source : collectiflieuxcommuns.fr

 

 

Notes sur l’organisation des collectifs démocratiques (1/4)
lundi 27 octobre 2014
par  Collectif

 

Ce texte fait partie de la brochure n°20 bis, « Démocratie directe : Principes, enjeux, perspectives - Deuxième partie : Lutter pour l’auto-gouvenrement des peuples », mai 2014.

Elle est en vente pour 3 € dans nos librairies. Son achat permet notre auto-financement et constitue un soutien aux librairies indépendantes (vous pouvez également nous aider à la diffusion).

Il est aussi possible de la télécharger dans la rubrique brochures.

Sommaire :

  • Notes sur l’organisation des collectifs démocratiques, Ci-dessous...

[Rappelons que ce texte était destiné à figurer, logiquement, en dernière position de cette série de trois brochures, comme expliqué dans l’« Introduction générale » (brochure n° 20), et ne se trouve ici que pour des raisons de mise en page. Il gagnera donc à être lu à la suite du texte « Ce que pourrait être une société démocratique », éponyme de la brochure n° 20 ter qui paraîtra à l’automne 2014.]


« Celui qui fait au peuple de fausses légendes révolutionnaires, celui qui l’amuse d’histoires chantantes, est aussi criminel que le géographe qui dresserait des cartes menteuses pour les navigateurs »

P.-O. Lissagaray, 1896, Histoire de la commune de 1871, Préface

Les sociétés occidentales et occidentalisées font face à des problèmes incontournables dont on peine à mesurer l’ampleur. Ainsi, la fin de la société de consommation, à laquelle personne ne croit vraiment mais que les ravages écologiques rendent inéluctable ; ou encore la fragmentation sociale croissante en lobbies, corporatismes, clientélismes, communautarismes. Ces phénomènes font voler en éclats les grilles de lecture héritées de l’après-guerre.

Face à ces situations inédites, les réactions des populations sont imprévisibles [1]. Des mouvements populaires semblent déjà apparaître confusément, sur de nouvelles bases, et ne pourront aller qu’en se multipliant. Beaucoup sont, et seront, des réactions plus ou moins violentes et plus ou moins structurées face à une réalité vécue comme insupportable, des tentatives d’accaparement inégalitaires ou des appels régressifs à un ordre imposé et indiscutable.

Mais il existe aussi des tendances cherchant à tâtons à dépasser ce stade de la plainte, du déni et du sauve-qui-peut. Elles tentent de faire valoir une autre organisation sociale, où les décisions politiques ne suivraient pas des logiques aveugles, mais seraient le fruit de la délibération et de la décision des individus aux prises avec leurs responsabilités. Ce courant portant le projet d’une démocratie directe, d’une autonomie collective, est encore extrêmement marginal et en grande partie à l’état latent, mais a jailli récemment, et passagèrement, en différents endroits du globe [2]. Ce texte part de la possibilité d’une telle renaissance politique.

Reprise du problème

Un des premiers problèmes auxquels s’affronteront, et s’affrontent déjà, les partisans d’un autogouvernement du peuple, pour peu qu’ils dépassent l’indignation solitaire ou sans lendemain et souhaitent coaliser leurs convictions et leurs actions, est celui du mode d’organisation politique.

La chose est difficile à plusieurs titres, et tout d’abord parce qu’elle a été abandonnée il y a bien longtemps : la fameuse « question de l’organisation » ne fait plus du tout question depuis que le spectre totalitaire du parti bolchevique plane sur tous les groupuscules et partis. Et les collectifs informels, le travail « en réseau » et les groupes affinitaires qui s’y sont substitués depuis plus de trente ans n’échappent pas davantage aux relations d’autorité, à l’instauration d’une orthodoxie, aux scissions successives, etc. Mais ils se trouvent, par-dessus tout, congénitalement incapables de dépasser le simple lobbying, quelquefois involontaire et sous une phraséologie « radicale », pour porter un véritable projet de société.

Ambition de ce texte

Ce texte se propose donc de réexaminer les obstacles internes — les plus importants — que ne peut que rencontrer un collectif militant pour une démocratie directe, afin d’en dégager quelques principes d’organisation. On aurait bien tort d’en attendre des solutions techniques : la profondeur du problème amène surtout à s’extraire des oppositions et clivages stériles pour essayer de nourrir des interrogations organisationnelles, idéologiques ou existentielles pour les gens qui s’en saisiraient. Car, à l’intersection de la sphère privée, de l’engagement politique et de l’institution publique, le domaine particulier de l’organisation collective relève par excellence de la praxis, tension et dialogue constants entre éléments théoriques, expériences pratiques et désirs profonds des individus, questions ouvertes qu’aucun texte ne peut raisonnablement chercher à résoudre.

Quelques mots sur notre démarche. Elle commencera par un détour historique, où sera tenté une rapide analyse critique des différentes formes qu’ont pris les organisations politiques visant une transformation de la société : il s’agira de pointer la façon dont ces formations se sont dégradées durant l’époque contemporaine, dégradation aboutissant à l’éparpillement et à la désorientation politiques actuelles. De là, nous essayerons de formuler quelques principes quant aux processus psychosociaux de la « récupération », qui amènent un élément subversif à devenir, de fait, une partie du corps social contribuant, d’une façon ou d’une autre, au fonctionnement, au maintien et au renforcement de celui-ci. Ces principes nous conduiront à entrevoir ce qu’impliquerait un groupe politique capable de s’auto-interroger sur son histoire, ses buts et ses fondements, c’est-à-dire capable d’incarner, à son échelle et autant que faire se peut, l’autonomie désirée pour la société comme pour l’individu. La dernière partie, enfin, récapitulera succinctement la position qu’un collectif politique peut adopter en période froide comme pendant les moments de haute agitation sociale.

Dernière chose : il est toujours périlleux pour un collectif comme le nôtre de se prononcer sur la forme ou le travail souhaitable d’un collectif en général. Le ridicule de nous poser en exemple nous étant épargné par la confidentialité de notre travail et l’extrême précarité de notre situation, on ne pourra comprendre le présent texte que comme un moment de notre existence et une mise en abyme.

Première partie

Analyse critique des formes historiques

L’activité politique au sens où nous l’entendons ici n’a pas émergé en Occident avant le haut Moyen Âge, véritable pré-Renaissance [3], et elle ne le fit au sein des villes franches qu’encore largement engoncée dans l’imaginaire patricien, féodal, chrétien. Ce n’est que plusieurs siècles plus tard qu’apparaissent les premières tentatives explicites de penser, de vivre et d’opérer une auto-transformation sociale. Durant cette période de bouillonnement historique qui s’étend des grandes découvertes jusqu’aux abords des révolutions anglaise (1640-1688), américaine (1776) et française (1789), on peut distinguer trois tendances.

1 — Naissance de l’activité politique

Il y a d’abord l’agitation sociale proprement dite, c’est-à-dire la mutation des hérésies religieuses révolutionnaires, des cathares aux camisards ou aux anabaptistes, et des fêtes et foires subversives en authentiques luttes sociales : ce sont les innombrables jacqueries paysannes puis urbaines comme celle des Bonnets rouges, la contestation permanente des artisans, des compagnons au sein des corporations, puis l’intense fourmillement populaire de ce qui deviendra la classe ouvrière [4]. De ces luttes éclatantes ou silencieuses du « tiers état » contre et avec la bourgeoisie opposée à la noblesse émerge progressivement une conscience et une volonté révolutionnaire que la modernité reprendra, l’exemple des Levellers étant le plus connu.

La deuxième grande tendance est regroupée sous le terme trop commode des Lumières : c’est l’énorme effort intellectuel dans les arts et les lettres, le foisonnement de travaux scientifiques, philosophiques, littéraires ou artistiques. Véritable moment inaugural de la pensée politique en Occident, ces mouvements largement entamés dès la fin du XVe siècle [5] bousculent tous les schémas établis et rendent perceptibles de nouveaux principes, de nouveaux modes d’être, de nouveaux mondes, d’autres sociétés.

Enfin il y a l’ouverture, physique et intellectuelle, de l’Europe aux nouveaux continents : loin des grossières caricatures coloniales et anticoloniales, les découvertes de civilisations totalement étrangères au creuset méditerranéen remettent profondément en cause l’ethnocentrisme occidental [6]. De ces mondes fantastiques, désirés autant que redoutés et finalement asservis, émerge la conscience de la possibilité d’autres formes d’humanités. Bénéficiant d’un salutaire éloignement, ces nouveaux territoires établis en comptoirs, missions et colonies se constituent de fait en micro-communautés où peuvent se mener des expérimentations sociales [7] : œuvres missionnaires d’évangélisation [8], commerçants et émigrés (que l’on pense à la Nouvelle-Angleterre et ses Town meetings [9] ou à l’expatriation du vieux continent de certains éléments du prolétariat [10]).

Périodes révolutionnaires et périodes de latence

La période des révolutions américaine et française est celle de la rencontre entre ces trois tendances : l’émancipation hors des terres du vieux continent, l’humanisme et l’encyclopédisme entrent en consonance avec les nouvelles formes de mobilisations populaires. Des organes de démocratie radicale émergent alors, assemblées, comités et sections révolutionnaires [11], qui demeurent les formes les plus élémentaires et les plus fondamentales de l’autogouvernement des peuples.

On retrouvera cette caractéristique tout au long des temps modernes : tandis que chaque moment révolutionnaire voit naître des institutions fort semblables de pouvoir populaire (communes en 1871, soviets dans la Russie de 1905 et 1917, Rätes en Allemagne en 1918-1919, conseils dans la Hongrie de 1956, comités de quartier en Mai 68, etc.), les périodes de latence, infiniment plus nombreuses, sont marquées par une fragmentation de l’activité politique et révolutionnaire, un éclatement non de ses visées mais des modes d’organisation, des principes d’action de ses partisans [12].

Cette disjonction peut être déclinée de multiples manières : reprenons les trois catégories déjà utilisées, sans en faire un principe absolu. Il y aurait d’abord le travail intellectuel qui cherche à poser les principes philosophiques et politiques de l’autonomie, à comprendre la réalité sociale et politique, et à tracer des perspectives pour l’avenir ; ensuite, la lutte politique contestant l’état des choses et visant à provoquer le basculement général de la société pour en changer l’organisation globale à partir d’un levier pratique. Et enfin, l’expérimentation politique et sociale, où il s’agit de vivre ici et maintenant une existence collective en rupture avec l’ordre existant et d’essaimer par l’exemple.

Bien entendu, ces trois modes d’activité ne cessent de s’interpénétrer, les organisations politiques étant des êtres hybrides. Mais il est rare que l’un d’entre eux ne prédomine pas, du moins quant à l’organisation explicite. Il ne s’agit donc pas de faire de ces trois ensembles grossiers des catégories hermétiques, mais bien des distinctions pratiques pour l’analyse, que l’on retrouve d’ailleurs aisément sur le terrain.

2 — Les trois tendances de l’organisation politique

Tandis qu’en période de soulèvement, où tout fait question, ces distinctions s’effacent et ces différentes formes d’organisations se fondent dans le bouillonnement populaire, elles tendent au contraire à se disjoindre en période froide : chacune d’entre elles possède une forte logique interne, une cohérence propre qui la fait tendre à l’exclusivité. Comme nous le verrons, c’est cette clôture idéologique, organisationnelle, libidinale, de l’organisation politique sur elle-même qui provoque sa sclérose, sa dégénérescence, sa récupération et sa disparition en tant que telle — et ce sont ces phénomènes qu’il faudra tenter d’élucider.

La tendance intellectuelle / théorique / doctrinaire

Ce pôle est premier, historiquement et logiquement, dans le monde gréco-occidental. C’est celui qui se réclame du Verbe, du Logos comme source de toute chose ; Prophètes et Églises en sont les schèmes sous-jacents. Dès l’entrée dans les temps modernes, il est représenté par les salons bourgeois, les sociétés littéraires, les académies des sciences, la figure du philosophe, de l’écrivain, de l’intellectuel et, politiquement à partir du XIXe siècle, par le parti politique, cette tumeur mortelle pour la démocratie [13] ou son petit frère, le groupuscule. Ces formations sont souvent extrêmement minoritaires, ce qui n’exclut pas qu’elles aient une influence majeure lorsque les circonstances font écho à leurs thèses. On pense évidemment à la poignée de marxistes-léninistes russes qui pesèrent sur tout le XXe siècle (ou, à l’autre bout du spectre, au quarteron de néolibéraux en Occident une cinquantaine d’années plus tard [14]), incarnant la quintessence du parti politique. Il y eut aussi toutes les avant-gardes artistiques, devenues des canons, ou les postulats hétérodoxes de quelques groupuscules (tels que Socialisme ou Barbarie, l’Internationale Situationniste et Noir & Rouge) qui devinrent des lieux communs au lendemain de Mai 68 — ou encore le cercle Petofi, ferment de l’insurrection antitotalitaire de Budapest de 1956.

Le principe de cette tendance est d’ordre essentiellement théorique : il s’agit radicalement de mettre à profit l’héritage intellectuel de l’humanité pour comprendre les phénomènes contemporains et envisager toutes les dimensions d’un bouleversement des représentations. Travail de pensée qui vise donc la totalité de l’institution sociale, et y trouve ses structures (université médiévale, société de correspondances, clubs révolutionnaires, cercle d’éducation populaire, comités de rédaction,...) et ses moyens d’expression (discours, romans et contes, essais philosophiques ou scientifiques, pièces de théâtre et tragédies, enquêtes ouvrières, tracts, etc.). Démasquer les sophismes qui maintiennent l’ordre établi, dénoncer les injustices que l’on croit naturelles, déceler les postulats intenables qui maintiennent l’architecture du pouvoir, poser d’autres axiomes, montrer d’autres exemples, faire éclater l’évidence d’un autre savoir possible, d’une société future à peine entrevue mais potentiellement existante, et interroger chacun, au plus profond de son humanité, sur ce qu’il vit et ce qu’il croit vrai et bon : œuvres de l’esprit, mais qui œuvrent sur l’esprit du temps, et en traduisant celui-ci, ce courant cherche à y débusquer la puissance d’une humanité ne devant rendre de comptes qu’à elle-même.

Peut-être plus que toute autre du fait de ses soubassements métaphysiques dominants, la tendance doctrinaire tend à la clôture idéologique et organisationnelle, à la sclérose qui transforme la pensée insaisissable en dogme figé et le collectif en parti, en Église, en armée, en État imposant son conformisme passionné [15]. L’autoritarisme n’est alors plus que la conséquence logique de postulats depuis longtemps acceptés [16]. Le cas du parti bolchevique est archétypal et ses infinies déclinaisons n’ont cessé de briser toute tentative de fonder une théorie critique épaulant la contestation sociale. Ses derniers surgeons végètent aujourd’hui en resuçant d’énièmes interprétations de la parole prophétique marxienne, incapables de tirer la moindre sève d’un arbre pétrifié depuis longtemps. Source inépuisable lorsqu’elle est elle-même alimentée par une société en effervescence qu’elle irrigue en retour, la tendance intellectuelle se tarit et s’assèche lorsqu’elle tourne en circuit fermé. Elle accouche aujourd’hui de nouveaux rejetons stériles : le verbiage postmoderne, la rationalisation du n’importe quoi, le jusqu’au-boutisme à partir de quelques axiomes simplistes, la perte de cette décence commune de la pensée. Encore faudrait-il nuancer : le dogmatisme contemporain n’exige même plus de Père fondateur à la Parole sacrée, il se forme en concrétion autour du dernier petit gourou à la mode qui découvre dans ses lubies quelques solutions ultimes à l’effondrement civilisationnel. Plus grave encore : les classes sociales et les milieux qui ont pu être les représentants historiques de l’argumentation rationnelle deviennent incapables de concevoir la moindre espèce de débat contradictoire raisonnable.

Le discrédit global de la démarche théorique et le déclin de la culture politique tendent progressivement à élire l’action comme seul critère valable.

La tendance militante / provocatrice / déclencheuse

C’est sans doute la tendance la plus logique : chercher à provoquer l’embrasement qui mettra à bas tout l’édifice social et politique. Cette activité, qui seule pourrait porter le qualificatif de révolutionnaire, a ses racines dans les mouvements hérétiques contre la papauté, puis dans les émeutes, révoltes et jacqueries jusqu’aux révolutions, y compris d’indépendance. Si, comme le remarquait H. Arendt [17], l’étincelle du soulèvement n’est que providentiellement le fait de collectifs organisés explicitement à ces fins, comme le Mouvement du 22 mars pour Mai 68, la doctrine insurrectionnaliste a toujours été très présente : des Enragés de 1789 au blanquisme, des sociétés secrètes du XIXe jusqu’à la floraison d’initiatives plus ou moins malheureuses des années 1970, notamment le mouvement dit « autonome ».

Il s’agit là de la recherche du point d’application qui parviendrait à coaliser les forces latentes et dispersées de la révolte sociale, de la tentative de donner à un mot d’ordre, à une mobilisation, à une action de faible portée une dimension radicalement politique entraînant à sa suite l’ensemble du monde social. C’est un corps à corps avec la société concrète, qui en dévoile les limites et révèle à tous la puissance des petites gens, des sans-grade lorsqu’ils entrevoient la possibilité d’un changement de la situation. Cet affrontement joue alors le rôle d’analyseur : c’est à travers cette lutte qu’apparaît l’organisation sociale dans sa réalité, notamment répressive, ou plutôt que chacun en entreprend l’analyse pratique. N’importe qui peut alors, pour la première fois de sa vie, s’immergeant dans la totalité sociale, voir ce qui est mort et toujours debout, mais surtout ce qui est à naître, et jaillit [18]. On a pu parler, à raison, d’analyse institutionnelle généralisée [19], prenant au mot la formule de Marx pour qui la connaissance sur la société est devenue inséparable de sa transformation — meilleure définition, au passage, de la notion de praxis.

Mais lorsque les masses déçoivent, ce projet dérive facilement en substitionnisme : cela va jusqu’au terrorisme purificateur des nihilistes russes, du « bombisme » anarchiste français [20] ou des naufrages gauchistes de l’après-68, comme la navrante tragédie d’« Action Directe ». Dans un genre plus littéraire, on peut également croiser des fétichistes de l’émeute [21], forçant le moindre soubresaut à rentrer dans le lit de Procuste du Salut imminent — et nourrissant finalement l’anomie sociale et sa compagne de toujours, la demande d’ordre. Une autre forme de dégradation toute contemporaine consiste à l’inverse à servir des causes très particulières (antinucléaire, antipsychiatrie, antipénitentiaire, etc.), voire des mobilisations ne visant finalement qu’une intégration sociale croissante pour soi (logement, papier, statut, racisme, LGBT, etc.) : on continue alors de miser plus ou moins honnêtement sur la fameuse étincelle qui mettra le feu à toute la plaine [22], mais sans s’apercevoir que se généralisent ainsi des pratiques corporatistes, lobbyistes, communautaires voire quasi maffieuses. Cet anti-Étatisme monothématique ne conduit qu’à la mise en concurrence de pyramides clientélistes, donc ne fait que finalement renforcer l’emprise de l’oligarchie sur le corps social — on retrouve ici des traits de sociétés prémodernes, telles qu’elles fonctionnent encore en Grèce, par exemple.

La difficulté immense à constituer un camp légitime pousse souvent à tenter de mettre en pratique et sans délais les principes politiques défendus.

La tendance utopique / expérimentale / communautaire

Il s’agit peut-être de la tendance la plus spontanée : instituer localement la nouvelle société, faire naître et fonctionner à échelle réduite la collectivité selon les principes et les règles d’une nouvelle organisation sociale, sans attendre d’échéance eschatologique. Ce sont les courants monastiques et les communautés religieuses, quakers ou jésuites, ce sont les coopératives et mutuelles du mouvement ouvrier, le mouvement owéniste et les phalanstères fouriéristes. Ce sont les milieux libres anarchistes de la Belle Époque [23] et les kibboutzim, les pédagogies autogestionnaires ou tout le mouvement de retour à la terre qui court des communautés de Lanza del Vasto au néoruralisme contemporain. Aujourd’hui, ce seraient par exemple les squats ou le quartier d’Exarcheia à Athènes, certaines SCOP, les écovillages, les AMAP ou les SEL.

Il n’y a pas ici à attendre de Grand Soir ou d’ultime théorie critique mais à construire, dans le concret du quotidien, la société de demain en affrontant réellement ou potentiellement, qu’on le veuille ou non, toutes les dimensions de l’institution sociale : le partage du travail et la répartition des revenus, l’alimentation et la culture, la médecine et la technique, les relations de séduction et de pouvoir, la vie sexuelle et l’éducation des enfants, les principes, réflexes et automatismes intériorisés par chacun. Que la perspective soit de créer une enclave étanche au monde extérieur ou de promouvoir par l’exemple et la capillarité la possibilité tangible d’une autre société, il s’agit toujours de vivre une cohérence existentielle et de se confronter aux efforts effectifs qu’exige une autre forme d’humanité. Car ce courant se heurte souvent moins aux limites imposées par les institutions de l’ancienne société qu’aux résistances multiformes de l’individu social tel qu’il a été modelé depuis son plus jeune âge.

Les mécanismes de clôture apparaissent alors : l’entre-soi transitoire devient tribalisme libidinal, la sécession exemplaire se mue en retrait, retraite et repli sur soi, l’auto-éducation conjointe glisse insensiblement de la psychothérapie groupale vers la psychopathie collective, les idéaux égalitaires et d’amour universel se retournent en égoïsme pluriel, en privatisation des individus et en refus non seulement de la société honnie, mais du principe social lui-même [24]. On trouve ces traits dans les expériences passées, mais ce sont dans les formes contemporaines qu’ils s’illustrent parfaitement : on peut retrouver dans les SELs la reproduction endogène des mécanismes capitalistes [25] ou dans les SCOP des laboratoires expérimentaux d’autoservitude [26], des formes d’aliénation familiales archaïques dans les néo-communautés rurales, les squats ou les colocations, voire un protofascisme dans les tentatives d’écovillages. Et il n’est pas absurde de voir dans la profusion de sectes plus ou moins soft, la gangrène communautariste ethno-religieuse ou l’essor du brigandage et de la piraterie des formes extrêmement dégradées de ce courant, autrement dit des régressions à un état prémoderne.

La dégradation contemporaine de ces trois tendances ne doit pas faire croire que leur destin était inéluctable — ce serait déclarer notre projet intrinsèquement irréalisable — ni d’ailleurs qu’il est irrémédiable — cela reviendrait à déclarer un peu rapidement la fin du courant d’émancipation. Actives pendant trois ou quatre siècles, elles étaient le ferment des révolutions, le bouillon où s’élaboraient, s’expérimentaient, se confrontaient confusément ou lucidement les recettes des marmites de l’avenir. La formation et l’influence des bourses du travail et des syndicats à la fin du XIXe siècle fut l’apogée de ce vaste mouvement : ils parvenaient, en période froide, à synthétiser ces trois catégories, en se constituant à la fois des lieux d’expérimentation sociale, de déclenchement d’actions et d’élaboration intellectuelle [27]. Leur intégration totale au jeu parlementaire, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, rend indiscutable le déclin de cet ample courant de transformation sociale radicale.

(.../...)

Seconde partie disponible ici

 

[1Cf. « Entrée en période troublée », introduction générale de nos brochures n° 18 & 18 bis, Le mouvement grec pour la démocratie directe, septembre-octobre 2011.

[2Principalement durant l’année 2011 en Grèce, en Espagne, aux États-Unis. Cf. « Sur la dynamique des mouvements actuels », brochure n° 18 bis, op. cit., p. 52.

[3Voir G. Cohen, La grande clarté du moyen âge, 1945 Gallimard.

[4Sur tous ces mouvements, on pourra se reporter, par exemple à Y.-M. Bercé, Fête et révolte : des mentalités populaires du XVIe au XVIIIe siècle, Hachette 2011 ; J. Jacques, Luttes sociales et grèves sous l’Ancien Régime. Vie et mort des corporations, Spartacus 1948 ; et E. P. Thompson, La formation de la classe ouvrière anglaise, 1963, Points 2012.

[5P. Hazard, La crise de la conscience européenne. 1680-1715, Gallimard 1961.

[6Et la source d’inspiration d’autres mondes. Cf. par exemple J. Servier, « L’utopie et la conquête du nouveau monde » et « Lorsque les utopies se réalisent... », dans son classique Histoire de l’utopie, NRF, 1967, p. 122 et 201 sqq, ainsi que P. Hazard, op. cit. Tome 1 « De la stabilité au mouvement », p. 15 sqq.

[7On retrouve là une des composantes qui accompagnèrent l’émergence de l’autonomie en Grèce antique et sur les trois continents (cf. par ex. G. Glotz, La cité grecque, 1968, Albin Michel, p. 114-115 ou D. Cosandey, Le secret de l’Occident (1997), Flammarion 2007, p. 584-590), comme la naissance des villes franches à partir du XIe siècle (cf. L. Mumford, « Les villes franches, postes avancés de la colonisation » in La cité à travers l’Histoire, 1961, Agone 2011, p. 388 sqq.)

[8Par exemple la « république » jésuite au Paraguay, évoquée par M. Ferro dans son excellent Histoire des colonisations. Des conquêtes aux indépendances XIIIe-XXe siècle (chap. « Les mouvements d’indépendance-colon », p. 271 sqq.) On pourra également lire la version stalino-chrétienne dans C. Lugon, La république des Guaranis. Les Jésuites au pouvoir, Ed. Foi vivante, 1970.

[9Ou encore aux huguenots, disséminés à travers les Amériques ou les Indes.

[10Voir M. Ferro, op. cit. p. 193 sqq.

[11Cf. « La république contre la démocratie », revue La guerre de la liberté n° 2, 2005.

[12Le cas de Mai 68 est parfaitement illustré par les très bons entretiens de Nicolas Daum, Mai 68. Des révolutionnaires dans un village parisien. 20 ans après, Londreys 1988.

[13On lira sans réserves Simone Weil, 1940 ; Notes sur la suppression générale des partis politiques, Climats, 2006.

[14Cf. S. Halimi, Le Grand Bond en arrière, 2006 (Agone 2012).

[15Mécanisme fondamental repris par les sectes et qui vise à se couper de la réalité. On lira à ce propos avec grand intérêt L.Festinger, H. Riecken, S. Schachter, 1956 ; L’échec d’une prophétie. Psychologie sociale d’un groupe de fidèles qui prédisaient la fin du monde, Puf (1993).

[16Voir Michels, 1914 ; Les partis politiques — Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Flammarion, 1971, chap. « Les tendances oligarchiques de l’organisation », disponible sur notre site.

[17De la révolution, 1963, p. 563-564, Gallimard 2012.

[18On lira ainsi les belles pages de Jean-Franklin Narodetzki dans sa préface au livre « Mai 68 à l’usage des moins de vingt ans » de G. Guégan, Actes Sud (1998) réed 2008, ainsi que « Mai 68 raconté aux enfants. Contribution à la critique de l’inintelligence organisée », Le Débat n°51, septembre-octobre 1988, textes disponibles sur le site.

[19Cf. René Loureau, L’analyseur Lip, 10/18, 1974, p. 11 sqq.

[20Cf. A. Skirda, Autonomie individuelle et force collective. Les anarchistes et l’organisation de Proudhon à nos jours, AS 1987, p. 73 sqq.

[21Cf. G. Fargette « Principes du verbalisme « radical » », et « L’antidémocratisme », disponibles sur notre site.

[22Cf. nos quelques remarques « Sur les « convergences de luttes » », texte disponible sur notre site.

[23On lira à ce propos le beau livre de C. Beaudet, Les milieux libres. Vivre en anarchiste à la Belle Époque en France, (Éditions libertaires, 2006).

[24Le « survivalisme » en étant le dernier et monstrueux avatar (cf. B. Vidal, « Survivre au désastre et se préparer au pire », Les cahiers psychologie politique, n° 20, disponible sur notre site). On lira à ce propos les réflexions intéressantes de Bernard Lacroix dans L’utopie communautaire (PUF 1981) ainsi que Le retour à la nature. Au fond de la forêt... l’État, (Hervieux & Hervieux, 1979, L’Aube 2005)

[25Cf. B. Liatard & D. Lapon « Analyses internes contre apathie et récupération. Tentative d’analyse interne d’un SEL », revue Silence n° 317 — 12/2004, ainsi que « Un sel entre idéal démocratique et esprit du capitalisme », Revue du MAUSS n° 26, 2005/2, La Découverte, p. 317-338.

[26On lira sur la question de l’autoservitude managériale J.-P. Le Goff, La Barbarie douce, 1999, La Découverte.

[27On ne retrouve aujourd’hui un tel agencement spontané d’où émane une impression d’irrésistible, au point qu’on a cru y lire le sens fondamental de l’histoire universelle, que dans ce vaste mouvement islamiste qui a étendu en quarante ans son emprise sur quatre continents sur cinq — et dans lequel on repère aisément ces trois ensembles. On y verra facilement la fascination qu’il exerce sur tout ce que le postgauchisme compte de rebuts, et sa veulerie à son endroit, lorsqu’ils admettent de le qualifier d’extrême-droite religieuse. Cf. Islamisme, islamophobie, islamogauchisme, avril 2013, disponible sur notre site.

 

 

Source : collectiflieuxcommuns.fr

 

 

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31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 16:18

 

Source : www.marianne.net

 

Grèce, le résultat de l'ingérence européenne
Mercredi 31 Décembre 2014 à 12:00

 

Jacques Sapir

 

L'incapacité du premier ministre grec Samaras a faire élire son candidat à la présidence de la République solde une politique inhumaine dictée par la TroÏka européenne. Un cas d’école de l’ingérence toujours plus pesante de l’Union européenne dans la vie démocratique des peuples.

 

PACIFIC PRESS/SIPA
PACIFIC PRESS/SIPA

 

Source : www.marianne.net

 

 

L'Euro au risque de la chouette

 

Rédigé par Jacques Sapir le Mardi 30 Décembre 2014 à 23:39



 

Ainsi le veut la Constitution : il y aura des élections anticipées en Grèce, qui devraient se tenir le 25 janvier. L’incapacité du Premier-Ministre Samaras à faire élire son candidat à la Présidence de la République (qui se fait en Grèce à une majorité qualifiée de 180 députés au parlement) a sonné l’heure des comptes. Elle vient aussi solder une politique inhumaine imposé par ce même Samaras aux ordres de la « Troïka », soit, rappelons le la Banque Centrale européenne, la Commission Européenne et le FMI. Elle solde de plus une politique des faux-semblants de ce gouvernement aux ordres, qui n’a ni rétabli les finances publiques (une partie des ressources fiscales sont « fictives » car la population n’a plus les moyens de les payer) ni provoqué un retour de la croissance. Il annonçait un « glorieux » 0,7% alors que le pays a connu une récession de près de -25% depuis 2009.

Ces élections sont un cas d’école de l’ingérence toujours plus pesante de l’Union européenne dans la vie démocratique des peuples. Diverses voix autorisées ont déjà menacé les électeurs grecs des pires maux s’ils votaient « mal ». Et, on le sait, SYRIZA, le parti de la gauche radicale, est en tête à ces élections. On a même vu, oh honte faite à tous les français, Pierre Moscovici, qui fut un déplorable ministre des finances se muer en un exécrable représentant de la Commission Européenne et aller à Athènes pour expliquer aux Grecs comment ils devaient voter. Il est vrai que c’est une habitude chez ce triste sire que de mentir sur commande ; il nous en avait donné la preuve déjà en 2012. Le FMI, par ailleurs a immédiatement suspendu son programme d’aide à la Grèce. Que l’on ne vienne plus nous parler de « démocratie » de la part des grandes organisations, soit européennes, soit internationales.

La situation de la Grèce peut se résumer en deux graphiques. Le premier indique l’évolution du PIB, comparé à 2007. L’effondrement du PIB est réellement spectaculaire et implique un appauvrissement d’une grande part de la population.

Graphique 1

 A - PIB

Source : Base de données du FMI

Mais il y a pire. Si l’on regarde l’investissement, que ce soit calculé en pourcentage du PIB ou calculé en euros constants, on constate un effondrement spectaculaire. En valeur, nous sommes en 2014 à 64% de la valeur des investissements de 1999. Cet effondrement, qui va bien au-delà d’une correction par rapport aux années 2000, marquée par les dépenses liées aux Jeux Olympiques, a plusieurs implications. Tout d’abord une destruction du capital par non-renouvellement, qui va poser un problème redoutable à la Grèce dans les années à venir. Faute d’entretien les infrastructures, qu’elles soient privées ou publiques, vont se dégrader ce qui va entraîner une montée des coûts d’entretien d’ici la fin de la décennie. Par ailleurs, la productivité du travail, non soutenue par un investissement qui fait défaut, va continuer à baisser, rendant plus que problématique le retour à une compétitivité de l’économie grecque. Seule, une baisse des salaires ou une dévaluation permettrait de maintenir les gains de productivité qui ont été payés aux prix fort par la population grecque.

Graphique 2

 A - Invest

Source : banse de données du FMI

On voit qu’à l’évidence ce n’est pas d’un prolongement de la politique d’austérité meurtrière (ou, l’austérité tue, le taux de mortalité a fortement augmenté en Grèce ces dernières années) dont le pays a besoin. Il lui faut d’urgence une politique de relance par l’engagement massifs de dépenses publiques. Mais, c’est ici que se noue le conflit entre un possible gouvernement de SYRIZA et les autorités de la Troïka. Le programme de SYRIZA, que les sondages donnent actuellement largement en tête, prévoit entre autres les mesures suivantes :

  • Moratoire sur les dettes des ménages et des petits entrepreneurs aux banques ;
  • Hausse du salaire minimum ;
  • Annulation de près des deux tiers de la dette publique considérée comme « injuste ».
  • Instauration d'une « clause de développement » garantissant que les sommes dépensées pour une relance de l’économie ne seront pas comptabilisées dans le budget.
  • Recapitalisation des banques (dont la solvabilité est problématique), sans que les sommes en question soient comptabilisées dans la dette publique du pays.

Ce programme est contradictoire avec les règles européennes. Il ne faut pas s’en étonner. Aujourd’hui, 52% des grecs interrogés considèrent qu’ils se sentent plutôt étrangers aux idéaux européens[1]. Dans ce sondage, réalisé par l’institut Gallup International, 52% des personnes interrogées considèrent qu’il serait préférable de retourner à la monnaie nationale (la Drachme) et seulement 32% considèrent qu’il faudrait conserver l’Euro. C’est un point important, et il est clair que les résultats de ce sondage sont intégrés par les diverses forces politiques grecques. Il entrainera une dynamique tant économique que politique mettant à mal les structures européennes qui imposent aux peuples cette politique d’austérité, et en premier lieu, l’Euro. Car, si l’on va à la crise entre la Grèce et les institutions européennes, les taux d’intérêts monteront immédiatement, provoquant une nouvelle crise en Italie. Or, dans ce pays, trois partis, le Movimente Cinque Stelle, Forza Italia et la Ligue du Nord ont pris leur distance, et parfois de très grandes distances, avec le dogme de l’Euro. SYRIZA le sait qui, tenant compte des pressions scandaleuses sur la vie politique grecque par les institutions européennes, ruse avec ce programme. Mais, si Tsypras est élu, fort de la légitimité d’une élection, seule légitimité qui compte et qui soit, il fera entendre sa voix.

Tous les européens qui sont aujourd’hui révoltés à juste titre, tant économiquement que politiquement, par les agissements anti-démocratiques de la Commission et par les politiques d’austérité doivent se réjouir de cette élection. La chouette, animal emblématique d’Athéna, la déesse de la ruse et de la sagesse, doit manger le serpent Euro. Mais ils doivent, en même temps, envoyer un message clair à Tsypras et à SYRIZA : vous devez appliquer votre programme si vous êtes élus. Une trahison de plus serait une trahison de trop. Nous comprenons que vous rusiez jusqu’à l’élection. Mais après, il faudra appliquer votre programme, et tout votre programme. Ce qui se joue en Grèce aura des répercussions dans toute l’Europe, et en France en particulier. Elles peuvent être positives, si la lutte s’engage entre les peuples et les institutions européennes. Elles peuvent être aussi négatives dans le cas d’une nouvelle trahison. Car, ce qui se profile derrière la Grèce, c’est le problème de l’Italie et de l’Espagne. Oui, l’avenir de l’Europe et de la démocratie se jouera à Athènes, ce qui sera hautement symbolique.

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