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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 16:59

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

L'Irak et le Yémen, creusets d'une nouvelle génération de djihadistes

|  Par Pierre Puchot

 

 

 

Al-Qaïda s'était construit en Afghanistan. Depuis 2003 et l'invasion américaine, le conflit irakien a formé une nouvelle génération de djihadistes et l'organisation de l’État islamique a pu s'imposer. Depuis plusieurs années, les deux auteurs présumés de l'attentat contre Charlie Hebdo ont été proches de ces nouveaux acteurs d'un djihad mondialisé.

Les deux suspects dont les portraits ont été diffusés par les autorités françaises sont tout sauf inconnus de la justice et des services de renseignement. Ils font même figure d’anciens du mouvement djihadiste. Ils sont, en outre, issus d’une filière particulièrement active au cœur des années 2000, période charnière dans la formation d'une nouvelle génération de militants.

Chérif Kouachi, l’une des deux personnes recherchées avec son frère Saïd (âgés respectivement de 32 et 34 ans), avait été interpellé dans le cadre du démantèlement de la « filière des Buttes-Chaumont » qui envoyait déjà des combattants en Irak via la Syrie entre 2003 et 2005 (lire par ailleurs les éléments biographiques ici). Arrêté en 2005 juste avant de s'envoler pour l’Irak via la Syrie, avec un autre candidat, Thamer Bouchnak, il a été condamné le 14 mai 2008 à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis.

Saïd Kouachi aurait lui passé plusieurs mois au Yémen en 2011 pour s'entraîner au maniement des armes, selon des renseignements américains. Les deux frères figurent « depuis des années » sur la liste des terroristes connus ou suspectés du gouvernement américain. Un responsable du renseignement américain a assuré jeudi au New York Times que Saïd et Cherif Kouachi, 34 et 32 ans, étaient inscrits sur la no fly list américaine, leur interdisant de prendre l’avion depuis ou en direction du sol américain.

En 2011, le Yémen constitue une opportunité intéressante pour le candidat au djihad désirant se perfectionner. La Syrie n’est pas encore conquise en partie par l’État islamique, et Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) vient de prendre une importante partie du territoire au sud du Yémen. Le pays paraît en mesure de constituer un front d’avenir pour le djihad, certes moins de prestigieux que le Sinaï, mais avec un développement potentiel important. Il est nécessaire de rappeler que l'AQPA n'a pas à ce jour fait allégeance à l'État islamique.

Un autre élément décisif est le fait que contrairement à d’autres branches d’Al-Qaïda, AQPA a été à la pointe d’une réflexion au sein des cercles djihadistes pour réussir à mobiliser des militants non-arabophones et cibler aussi le public anglophone, ou même francophone, en Europe. C’est le rôle du magazine Inspire, dans lequel apparaît la menace explicite contre Charb. AQPA est d’ailleurs à ce jour la seule organisation à avoir menacé l’ancien directeur de Charlie Hebdo.

Le Yémen est par ailleurs ce pays que les salafistes quiétistes (non-violents et apolitiques) visitent pour accroître leur connaissance islamique, ce qui a pu brouiller la piste des services de renseignement. « Il y a quelques années, j’étais sur place, explique le chercheur spécialiste du Yémen, Laurent Bonnefoy, et il y avait une centaine de Français, des familles, notamment dans l’Institut Dammaj, ou d’autres centres salafistes quiétistes. Il ne faut donc pas considérer que le simple fait d’aller au Yémen constitue une radicalisation en soi. Dans le cas des Frères, la radicalisation date de bien avant, de l’Irak, de la prison, même s’ils peuvent effectivement avoir acquis des connaissances techniques en explosif et maniement d’armes là-bas. »  

Par la suite, ces différentes filières ont contribué ensuite à former des combattants de l'organisation de l’État islamique, aujourd’hui solidement implantée dans ces deux pays, et qui a fait parler d’elle récemment : c’est en effet une autre figure de cette filière, Boubaker al-Hakim, qui a revendiqué en décembre au nom de l’État islamique l’assassinat perpétré en 2013 des deux opposants tunisiens Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ; assassinats pour lesquels aucun procès n’a eu lieu pour l’heure.

Le rapprochement entre Chérif Kouachi et Boubaker al-Hakim a été fait mercredi soir dès la publication de l’identité des suspects par plusieurs spécialistes du mouvement djihadiste, dont le journaliste David Thomson, auteur des Français jihadistes, qui publiait sur Twitter leur message de revendication des assassinats des opposants politiques tunisiens le 17 décembre 2014.

 

Voir l'image sur Twitter

VOST FR du msg de revendication des assassinats de C.Belaïd et M.Brahmi par l' https://ia902704.us.archive.org/10/items/sylvain_20150103/%D8%B1%D8%B3%D8%A7%D9%84%D8%A9%20%D8%A5%D9%84%D9%89%20%D8%A3%D9%87%D9%84%20%D8%AA%D9%88%D9%86%D8%B3.mp4 

 

« Nous allons revenir et tuer plusieurs d’entre vous, affirmait alors Boubaker al-Hakim (à droite). Vous ne vivrez pas en paix tant que la Tunisie n’appliquera pas la loi islamique. »

Tout comme celui de Chérif Kouachi, le parcours de Boubaker al-Hakim au sein de la mouvance djihadiste est ancien, et intimement lié au développement de ce nouveau terrain de djihad qui a formé toute une génération de militants. Présent en Irak dès 2002, Boubaker al-Hakim affirmait lors du procès du groupe y avoir séjourné en tout à quatre reprises. D’autres éléments étayent la proximité idéologique des frères Kouachi avec l’État islamique. Dans le groupe Kouachi figurait, selon le quotidien Le Monde, Salim Benghalem, membre de l’EI et inscrit fin septembre 2014 sur la liste noire du département d’État américain.

Auteur d’un chapitre consacré à la filière irakienne en France dans un ouvrage collectif sur l’évolution de la menace terroriste globale, l’ancien diplomate Jean-Pierre Filiu rappelle quant à lui ce jeudi sur son blog que « Boubaker al-Hakim avait servi de bouclier humain au régime de Saddam Hussein, à la veille de l’invasion des États-Unis de mars 2003 » et qu'il « avait ensuite enjoint aux micros de RTL et de LCI ses "potes du XIXe arrondissement" à le rejoindre pour "tuer des Américains" ». « Boubaker al-Hakim avait pu bénéficier, poursuit Jean-Pierre Filiu, de l’assistance des services de renseignement syriens, très actifs dans leur soutien à la résistance des anciens officiers de Saddam Hussein à l’occupation américaine. C’est à partir de Damas que la filière des Buttes-Chaumont s’était étendue jusqu’à Falloujah, fief djihadiste de l’Ouest irakien, en 2004 comme en 2014. »

Ce développement depuis l’invasion américaine de 2003 jusqu'à nos jours d’un nouveau terrain de djihad est le facteur clé pour comprendre le processus de maturation de la génération aujourd’hui trentenaire de Chérif Kouachi. Sur le fond, la « littérature » sur laquelle s’appuient ces militants est la même que celle de la génération précédente. Outre la formation via les imams qui diffusent leurs prêches sur YouTube, ils s’inspirent notamment de textes comme le testament d'Abdallah Azzam, imam palestinien mort en 1989 et qui joua un rôle clé dans l’expansion du djihad.

Mais c’est davantage le terrain d’intervention qui a façonné une nouvelle génération de djihadistes. L'invasion, le démantèlement puis l'occupation de l'Irak par l'armée américaine a fourni le contexte parfait pour le « djihad fondateur » des cadres qui animent aujourd’hui les groupes intégrés ou proches de l’État islamique, quand celui contre l’Union soviétique en Afghanistan avait servi de matrice à la création d'Al-Qaïda.

En Irak, la concurrence entre les deux réseaux a très vite pris fin : la branche de l’organisation fondée par Oussama Ben Laden a été absorbée par ce que l'on nomme alors encore l’État islamique d’Irak (EII) en 2006. À cette époque, à la suite de la mort du responsable d'Al-Qaïda en Irak, Abou Moussab Al-Zarqaoui, son successeur décide de faire allégeance à al-Baghdadi, chef de l'EII, ce qui lui permet de devenir ministre de la guerre de ce même EII. Al-Qaïda n’est plus représentée en Irak depuis cette date, ce que le numéro un d’Al-Qaïda, Zawahiri, reconnaît lui-même. Et depuis lors, la dynamique de victoire militaire et d’expansion en Syrie et en Irak a contribué à « ringardiser » Al-Qaïda, beaucoup moins pressé que l’EI de proclamer le Califat.

Après le retrait de l'armée américaine, l'EII a continué de bénéficier de la politique non seulement discriminatoire, mais littéralement éradicatrice de l’État central irakien à l’encontre des citoyens de confession sunnite. Menée par l’ancien premier chiite Maliki (en poste de 2006 à 2014 et soutenu à la fois par l’Iran et les États-Unis), cette politique a abouti au démantèlement de toute alternative modérée – telle celle des Frères musulmans irakiens, qui ont vu le vice-président irakien issu de ce mouvement condamné à mort et contraint à l'exil – et à jeter dans les bras de l’EII des centaines, peut-être des milliers de militants sunnites irakiens (sur ce thème, lire « Irak : Le double échec des Frères dans un pays en voie de partition » par Myriam Benraad, in Les Frères musulmans et le pouvoir, éditions Galaade, 2015).

Depuis le 21 septembre 2014, trois mois après la proclamation du Califat par l'émir de l'EI, al-Baghdadi, l’État islamique a déclaré la guerre à l’État français et à ses ressortissants, en représailles à l’entrée de la France dans la coalition internationale. C’est dans cet environnement propice qu'ont agi les djihadistes recherchés, s’ils sont bel et bien les auteurs des meurtres de mercredi. Isolés jadis au sein de petits groupes, en manque de « dirigeants » charismatiques, ces djihadistes ont désormais trouvé avec l’EI une nouvelle dynamique qui leur est familière puisqu’ils l’ont nourrie eux-mêmes par le passé en voyageant en Syrie et en Irak.

Le territoire du Califat n’a d'ailleurs pas été délimité par son émir, al-Baghdadi. Il est donc tout à fait permis aux militants locaux d’adhérer à l’objectif de l’EI tout en y ajoutant leur propre cause, en l’occurrence l’élimination de Charb et de l'équipe de Charlie Hebdo. « Le projet de l’État islamique, c’est de se consolider puis de s’étendre, nous expliquait en octobre dernier un militant djihadiste rencontré en Tunisie. Adnani (le porte-parole de l’État islamique, ndlr) a déclaré qu’il fallait s'attaquer aux mécréants partout dans le monde. Mais dans les organisations djihadistes, on ne prend pas directement les ordres d’un chef à l’étranger, cela ne marche pas comme ça. L’initiative vient d’abord des individus et des groupes locaux. »

 

 

Quelques commentaires faisant suite à l'article sur Médiapart :

 

09/01/2015, 08:27 | Par punku en réponse au commentaire de René Magniez le 09/01/2015 à 08:08

Les plus gros soutiens au "terrorisme" sont l'Arabie Saoudite, le Qatar, les Etats-Unis et Israël. En massacrant massivement des populations civiles, on crée des milliers de terroristes de façon continue. Ordo ab chaos.

 

 

Nouveau 09/01/2015, 11:15 | Par coudrier en réponse au commentaire de punku le 09/01/2015 à 08:27

Je croyais que l'Arabie saoudite, le Qatar, les Usa, Israel, étaient nos alliés ???? Eclairez ma lanterne !!!merci...

 

 

Nouveau 09/01/2015, 12:41 | Par punku en réponse au commentaire de coudrier le 09/01/2015 à 11:15

Tout à fait. Nous sommes leurs alliés pour la mise en place du nouvel ordre mondial (cf. discours de Villepinte). Cela nécessite quelques sacrifices pour convaincre la population qui ne comprend pas nécessairement que c'est pour son bien. Mais il est très simple de comprendre ce qui se passe et qui commande: il suffit de regarder qui finance. Ce qui est plutôt surprenant, c'est que cela n'a absolument rien de secret. C'est public, annoncé depuis des années, mis en oeuvre étape par étape, médiatisé à outrance, et une grande partie de la population n'en prend pas conscience. Etonnant.

https://www.youtube.com/watch?v=SlHOF24VbJ8

https://www.youtube.com/watch?v=NQDRgdcRwNk

http://www.dailymotion.com/video/x6qzcd_francois-hollande-et-le-nouvel-ordr_news

http://blogs.mediapart.fr/blog/marie-anne-kraft/160411/pour-un-gouvernement-mondial-par-jacques-attali

http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Yinon

http://fr.wikipedia.org/wiki/Project_for_the_New_American_Century

 

 

Nouveau 09/01/2015, 14:49 | Par Cybergazouille en réponse au commentaire de punku le 09/01/2015 à 12:41

merci Punku la vidéo du général Wesley Clark est très parlante:
"- mais pourquoi allons nous attaquer l'Irak?
- je ne sais pas"

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 16:46

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Du monde entier pour « Charlie Hebdo »

Photographe : le collectif Cartooning for Peace

 

 

 

Cartooning for Peace est un réseau international de dessinateurs de presse engagés, qui combattent, avec humour, pour le respect des cultures et des libertés. Son réseau soutient les dessinateurs empêchés d'exercer librement leur métier ou dont la liberté est menacée. Depuis l'attentat du 7 janvier, Cartooning for Peace reçoit « des marques de soutien des dessinateurs du monde entier qui, comme nous, sont abasourdis par cet événement insoutenable, et notamment la mort de leurs collègues du dessin de presse français, Charb, Cabu, Wolinski, Honoré et Tignous ». En voici une sélection.

  1. © Mana Neyestani (Iran) / Cartooning for Peace

    01

    Né à Téhéran en 1973, Mana Neyestani a suivi des études d’architecture en Iran, avant d’entamer une carrière en tant que dessinateur et illustrateur en 1990, avec la publication de nombreux dessins pour des magazines culturels, politiques, littéraires et économiques. Avec l’émergence des journaux iraniens réformistes en 1999, il se lance dans le dessin de presse. Mana Neyestani est emprisonné en 2006 pour un de ces dessins. Il vit aujourd’hui à Paris, en tant que membre de l’ICORN (Réseau de refuge de villes internationales).

  2. © Damien Glez (Burkina Faso) / Cartooning for Peace

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    Damien Glez est dessinateur de presse, auteur du comic strip Divine comedy, directeur de publication délégué de l’hebdomadaire Journal du Jeudi, enseignant à l’Université de Ouagadougou et scénariste télé. Au-delà de l’Afrique, ses dessins sont publiés dans une dizaine de pays et ont illustré plusieurs publications.

  3. © Vadot (Belgique) / Cartooning for Peace.

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    Dessin paru dans l'Écho du 8 janvier 2015. Nicolas Vadot est né le 17 juin 1971 à Carshalton (Grande-Bretagne) et possède la triple nationalité française, britannique et australienne. Il vit à Bruxelles et collabore à l’hebdomadaire Le Vif/L’Express depuis 1993 et au quotidien financier L’Écho depuis 2008. Il a publié plusieurs recueils de ses dessins, dont notamment 20 ans à Vif (en 2013) et est l'auteur de bandes dessinées (Norbert L’Imaginaire, 80 Jours, Neuf Mois et Maudit Mardi).

  4. © Joep Bertrams (Pays Bas) / Cartooning for Peace

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    « Immortel », par le Néerlandais Joep Bertrams.

  5. © Riber (Suède) / Cartooning for Peace

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    Riber est un artiste, dessinateur de presse et illustrateur suédois. Il travaille depuis plus de dix ans pour le quotidien suédois Sydsvenskan et publie régulièrement à l’international, notamment dans Le Monde, Los Angeles Times et Courrier International.

  6. © Chappatte (Suisse) / Cartooning for Peace

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    Patrick Chappatte est né à Karachi de parents suisse et libanais. Il a vécu de 1995 à 1998 à New York où il a collaboré au New York Times et Newsweek. Il signe chaque semaine trois dessins à la Une du quotidien genevois Le Temps et dessine également pour International Herald Tribune et Neue Zürcher Zeitung. Il a réalisé également des reportages en bande dessinée, notamment chez les rebelles de Côte d’Ivoire et dans les coulisses de l’Élysée.

  7. © Kichka (Israël) / Cartooning for Peace

    07

    Né en Belgique en 1954, Michel Kichka est l’un des plus grands représentants de la caricature israélienne. Il débute des études d’architecture qu’il abandonne pour dessiner au sein de la revue Curiosity Magazine. Depuis 1974, il travaille  comme dessinateur et illustrateur pour la presse et l’édition. Depuis 1995, il a travaillé comme caricaturiste politique pour la télévision israélienne. Ses dessins sont publiés en Israël et à l’international. Il est depuis peu le dessinateur de la chaîne de télévision israélienne I24news. Il a publié en 2012 l’album Deuxième Génération, une bande dessinée racontant ses relations avec son père, rescapé des camps de concentration.

  8. © Boligán (Mexique) / Cartooning for Peace

    08

    Originaire de Cuba, Angel Boligán Corbo est diplômé des Beaux-arts de La Havane en 1987. Il vit au Mexique depuis 1992, où il travaille comme caricaturiste pour le journal El Universal, le magazine Conozca Más et le magazine politique Humor El Chamuco. Il est également le fondateur de l’agence CartonClub (le club de la caricature latine).

  9. © Boukhari (Palestine) / Cartooning for Peace

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    « La terreur attaque le rire ». Baha Boukhari est dessinateur de presse depuis 1964. Il travaille notamment au journal Al-Ayyam à Ramallah depuis 1999. Il participe à de nombreux débats à Jérusalem et a connu plusieurs problèmes avec le Hamas en raison de ses dessins.

  10. © Faro (France) / Cartooning for Peace

    10

    Dessinateur français résidant en Espagne, Faro a commencé sa carrière dans la presse sportive au sein du groupe Actufoot, pour les Cahiers du football, l’Equipe Mag, France Football, etc. Il participe également à des titres plus généralistes (Nice Matin), économiques (journaux du groupe ForumEco) ou satiriques (Vigousse en Suisse, Bakchich hebdo). Il intervient aussi sur l’Equipe TV. Faro a aussi à son actif de nombreuses bandes dessinées tant comme auteur que comme dessinateur et coloriste. Il a récemment été à l’origine de l’ouvrage DEGAGE.

  11. © Willis From Tunis (Tunisie) / Cartooning for Peace

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    Nadia Khiari est une dessinatrice tunisienne, également peintre, enseignante en arts plastiques et directrice artistique d’une galerie d’art. Son chat, Willis From Tunis, est né le 13 janvier 2011, durant le dernier discours de Ben Ali, juste avant sa fuite. Chroniquant les événements de la révolution tunisienne sur les réseaux sociaux, Willis From Tunis est très rapidement devenu célèbre. Plus d’un an après ces événements, le chat Willis continue aujourd’hui à croquer l’actualité tunisienne sur un ton d’humour grinçant.

  12. © Côté (Canada) / Cartooning for Peace

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    Dessin paru le 8 janvier 2015 dans La Presse. André-Philippe Côté s’est fait connaître par la bande dessinée, où, après avoir fréquenté la science fiction et la recherche graphique, il a produit six albums de son héros philosophe Baptiste, deux albums d’avant-garde, Castello (1993) et Victor et Rivière (1998) aux Éditions Falardeau et trois albums avec son psy le docteur Smog, Psychoses et compagnie (2005), Tous fous (Casterman, 2006) et Le Retour du Docteur Smog (Ed. La Presse, 2011). Il a longtemps été illustrateur pour la revue d’humour Safarir et Le Soleil. C’est véritablement depuis 1997 avec son poste de caricaturiste éditorialiste pour le quotidien de la Ville de Québec, Le Soleil, qu’il s’est réalisé pleinement. Un recueil annuel de ses meilleures caricatures (De tous les Côté, Éd. La Presse) paraît chaque année depuis 1997 et trois grandes expositions lui ont été consacrées. Ses caricatures sont souvent reproduites dans Courrier International et Le Monde.

  13. © Plantu (France) / Cartooning for Peace

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    Dessin paru le 8 janvier 2015 dans Le Monde. Après avoir débuté des études de médecine, Jean Plantureux part à Bruxelles suivre les cours de dessin de l’école Saint-Luc fondée par Hergé. En 1972, il entre au journal Le Monde avec un premier dessin sur la guerre du Viêtnam. En 1985, le directeur de la publication du Monde, André Fontaine, impose la quotidienneté des dessins de Plantu en Une pour, selon lui, « rendre sa place à la tradition française des dessins politiques ». Depuis 1991 il publie une page hebdomadaire dans L’Express. En 2006, Plantu concrétise son désir commun avec Kofi Annan (secrétaire général des Nations unies) d’organiser un grand rassemblement de dessinateurs, et Cartooning for Peace voit enfin le jour.

  14. © Firoozeh (Iran) / Cartooning for Peace

    14

    Artiste iranienne, Firoozeh Mozaffari a d’abord étudié le design graphique à Téhéran. Elle a travaillé dans divers journaux tels que Shargh, Eternad, Farhikhtegan et sur le site Khabaroline. Elle a été plusieurs fois arbitre dans des compétitions internationales de dessins de presse en Iran mais aussi durant le 29e Festival de dessin de presse Aydin Dogan en Turquie. Bien qu’elle soit un membre très actif du comité exécutif de la biennale internationale de dessins de presse qui a lieu chaque année à Téhéran, Firoozeh a boycotté cet événement pour protester contre les violences qui ont eu lieu à la suite des élections présidentielles en 2009.

  15. © Kap (Espagne) / Cartooning for Peace

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    Kap (Jaume Capdevila) est un dessinateur de presse espagnol, connu pour ses dessins publiés dans La Vanguardia et El Mundo Deportivo. Ses dessins apparaissent également dans divers autres magazines espagnols et internationaux tels que Siné Mensuel ou Courrier International. Il a publié dix albums, compilant ses dessins de presse. Spécialiste de la presse satirique espagnole des XIXe et XXe siècles, il est auteur et co-auteur de divers travaux sur l’histoire du dessin de presse et de la caricature espagnols, et sur divers sujets liés à l’humour et à la satire.

  16. © Hall (Etats-Unis) / Cartooning for Peace

    16

    « Les insignes d'honneur de l'islam radical ». Depuis 20 ans, Ed Hall construit sa réputation de dessinateur de presse. Diplômé des beaux-arts à l’Université de Floride en 1986, il publie alors déjà à l’époque dans The Alligator, le journal de l’université. Il travaille ensuite pour divers hebdomadaires dans la région de Jacksonville et devient finalement caricaturiste attitré pour l’hebdomadaire The Baker County Press de Macclenny (Floride). Il a par ailleurs publié deux recueils Code Red (2003) et Diversions (2006).

 

Voir ici le site de Cartooning for Peace

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 16:37

 


 

Arrêt sur images 09/01/2015 à 10h30
Etre ou ne pas être Charlie
Arretsurimages.net"
Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images
 

 

Pourquoi le cacher ? On est tiraillé par des émotions absurdes. Irrépressibles. Incompréhensibles. Incorrectes. Cette photo, par exemple, d’Obama signant le registre de condoléances à l’ambassade de France de Washington, découverte au réveil.

 


Barack Obama à l’ambassade de France à Washington, le 8 janvier 2015 (SIPANY/SIPA)

Elle fait du bien. Savoir qu’Obama a écrit « Vive la France », oui, ça fait du bien. Obama ? Le Obama des drones ? Oui, Obama. Et vous voulez savoir ? Dans cette mise en scène grandiloquente, devant l’ambassadeur français au garde à vous, devant une croûte qui représente sans doute La Fayette, ça fait doublement, triplement, du bien.

 

Voir l'image sur Twitter

Vive la France: les mots de Barack Obama sur le livre d'or de l'ambassade à Washington

 

Recomprendre ce qu’on a à défendre

Vive la France. Elle flageolait, la France. On ne savait plus très bien pourquoi continuer à l’aimer. Depuis mercredi, il me semble qu’on commence à recomprendre ce qu’on a à défendre. Quand je vous parlais d’émotions absurdes, contradictoires, qu’il faut laisser s’exprimer, sur lesquelles il faut tenter de poser des mots. Parce que le meilleur hommage à leur rendre, aux crayonneurs assassinés, c’est de tenter de poser des mots, en toute liberté, comme ils posaient leurs crobards. Quand on aura bien compris ce qui nous arrive, il sera temps de faire le tri.

En toute liberté. Par exemple, la liberté de mettre en avant ce texte, lu dans le forum d’Arrêt sur images :

« Je ne suis pas Charlie, et croyez-moi, je suis aussi triste que vous. »

Ce texte qui pose des mots sur une gêne montante, la gêne devant cet unanimisme à la 98, à la 21 avril, et dont il est salutaire de souligner le côté illusoire, comme tous les unanimismes. Ce texte avec lequel je suis en désaccord sur plusieurs points, mais qui je pense doit tout de même être lu. Ne serait-ce que pour ce qu’il suggère sur les assassins présumés, ces deux frères Kalachnikov qui se cachent dans une forêt de l’Aisne, s’il s’avère qu’ils sont bien les assassins, il faudra bien essayer de comprendre leurs mobiles.

Si les informations de presse sont exactes, leur entraînement militaire, leur acquisition de la maîtrise des armes, remonte à une dizaine d’années. Il faudra bien se pencher sur cette dizaine d’années, sur cette longue patience, sur cette haine gardée au chaud, intacte, pour mieux comprendre, connaître, et combattre l’ennemi. J’ai bien dit combattre. Et comprendre. Et ennemi.

J’étais Cabu. J’étais Wolinski

Etre ou ne pas être Charlie ? Non, je n’étais pas Charlie. J’étais Cabu. J’étais Wolinski. Mais je n’étais pas Val, ça non. Et donc, je ne pouvais pas être Charlie. Mais tout ça, c’était hier. C’était avant la mare de sang. De l’autre côté de la frontière de sang.

Aujourd’hui, oui, je suis Charlie. Je suis le Charlie de l’après. Le Charlie indispensable, et qu’on accueillerait volontiers chez nous, avec ses traumatisés, avec ses éclopés, avec tous les petits nouveaux qu’on souhaite le plus nombreux possibles, si on avait la place. Et pas seulement pour le prochain numéro à un million d’exemplaires. Mais pour tous les suivants, quand Obama et tous les empesés repenseront à autre chose.

Pourquoi Cabu et Wolinski, pourquoi pas les autres ? Ce n’est pas seulement, je crois, une question de génération, telle qu’elle pouvait ressortir dans la veillée de l’autre soir, chez Mediapart. Cabu et Wolinski, c’était un combat dont le ressort profond apparaissait clairement dans leur œuvre antérieure. Et ce ressort, pour résumer, avait un nom : la tendresse.

Leurs dessins souriaient. C’était plein de fleurs, de champagne, et de couchers de soleil. C’était plein de serments stupides au sommet des falaises d’Etretat. C’était plein de gars à arrières-pensées et de filles pas dupes, que ça arrangeait bien de les croire. C’était plein de moments totalement incorrects, avant qu’on invente le politiquement correct. C’était à la fois Voltaire et Marivaux. C’était délicieux. Et ça dézinguait tous ceux qui voulaient nous les arracher, ces moments-là : beaufs, flics, adjudants, curés, d’abord. Avant qu’y viennent s’ajouter les imams et les encagoulés.

On a tué leur tendresse

C’est cette tendresse, qu’on a assassiné, avec les deux vieux. Les moines soldats de la bande à Val, la génération suivante, ils étaient devenus de purs combattants. Moine-soldat, ce n’est pas moi qui le dis. « Charb, c’était un moine soldat », dit Jeannette Bougrab, l’ex-ministre sarkozyste, qui était sa compagne. Leurs dessins cognaient fort. Cognaient peut-être nécessaire. Mais cognaient sans tendresse. La loi de la guerre, cette goule, avait bouffé tout le reste.

Alors oui, leur mort les bottes aux pieds suscite l’admiration. Oui, chapeau bas. Oui, le Panthéon, comme le suggère Bougrab, pourquoi pas ? Je ne plaisante pas. Ils en auront, des choses à dire à Hugo, à Jaurès, à Moulin. Sans compter qu’ils pourront les dessiner. Oui, ramasser le crayon dans la mare de sang, et en faire de l’encre. Mais sans jamais oublier au nom de quel rêve il faut se battre, même si le souvenir, pour un temps, devait s’en estomper.

Publié initialement sur
Arretsurimages.net
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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 16:27

 

 

Source : www.arretsurimages.net

 

 

 
dans les forums du 08/01/2015 par la rédaction

"Je ne suis pas Charlie. Et croyez-moi, je suis aussi triste que vous."

Par BC, @sinaute

 

 

 

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"Je ne suis pas descendu parmi la foule." Un @sinaute exprime, dans le forum de discussion de la dernière chronique de Daniel Schneidermann, son malaise vis-à-vis de "l'union nationale" suite aux attaques meurtrières qui ont visé Charlie Hebdo. En cause, la "dérive islamophobe" du journal et de cette gauche "Onfray/Charlie/Fourest laïcarde".

Gros malaise. Je ne suis pas descendu parmi la foule. Je ne suis pas Charlie. Et croyez-moi, je suis aussi triste que vous.

Mais cet unanimisme émotionnel, quasiment institutionnel pour ceux qui écoutent les radio de service public et lisent les grands media, j'ai l'impression qu'on a déjà essayé de me foutre dedans à deux reprises. La société française est complètement anomique, mais on continue à se raconter des histoires.

Première histoire: victoire des Bleus en 1998. Unanimisme: Thuram Président, Black Blanc Beur etc. J'étais alors dans la foule. Quelques années plus tard: Knysna, Finkelkraut et son Black Black Black, déferlement de haine contre ces racailles millionnaires, mépris de classe systématique envers des sportifs analphabètes tout droit issus du sous-prolétariat post-colonial. Super l'"unité nationale".

FHaine

Deuxième histoire: entre deux-tour en 2002. Unanimisme: le FHaine ne passera pas, "pinces à linges", "sursaut républicain", foule "bigarrée" et drapeaux marocains le soir du second tour devant Chirac "supermenteur", "sauveur" inopiné de la République, et Bernadette qui tire la tronche, grand soulagement national. J'étais dans la foule des manifs d'entre deux tours.

Quelques années plus trard: le FN en pleine forme, invention du "racisme anti-blanc", création d'une coalition Gauche/Onfray/Charlie/Fourest laïcarde et une Droite forte/UMP/Cassoulet en pleine crise d'"identité nationale" contre l'Islam radical en France, "racaille" et "Kärcher", syndrome du foulard, des prières de rue, des mosquées, émeutes dans les banlieues, tirs sur les policiers, couvre-feu, récupération de la laïcité par l'extrême droite, Zemmour, Dieudo, Soral... Super l'"unité nationale".

Troisième histoire: sursaut national après le massacre inqualifiable à Charlie en janvier 2015. Unanimisme: deuil national, "nous sommes tous Charlie", mobilisations massives pour la défense de la liberté d'expression dans tout le pays. Charlie ? Plus personne ne le lisait. Pour les gens de gauche qui réfléchissent un peu, la dérive islamophobe sous couvert de laïcité et de "droit de rire de tout" était trop évidente. Pour les gens de droite: on déteste cette culture post-68, mais c'est toujours sympa de se foutre de la gueule des moyen-âgeux du Levant. Pour l'extrême droite: pas lu, auteurs et dessinateurs détestés culturellement et politiquement, mais très utile, les dessins sont repris dans "Riposte laïque" [site islamophobe d'extrême droite]. Pour beaucoup de musulmans: un affront hebdomadaire, mais on ferme sa gueule, c'est la "culture française".

Riposte

"Dieudo/Soral et les complotistes sont passés par là"

Résultat: des centaines de milliers de musulmans sommés de montrer patte blanche, quelques années à peine après la purge officielle sur l'identité nationale. Des années durant avec toujours le même message insistant: mais putain, quand est-ce que vous allez vous intégrer? Et vous, les musulmans "modérés", pourquoi on vous entend pas plus? A partir d'aujourd'hui, "vous êtes pour nous ou contre nous". Cabu ne disait pas autre chose: "la caricature, ils doivent bien l'accepter, c'est la culture Française". Super l'"unité nationale".

Réactions à chaud de jeunes de quartiers entendues dans le micro: "c'est pas possible, c'est trop gros, c'est un coup monté". Dieudo/Soral et les complotistes sont passés par là: manifestement certains ne croient pas plus au 07/01/15 qu'au 11/09/01. La réalité est qu'on les a déjà perdus depuis longtemps, et c'est pas avec des veillées publiques à la bougie qu'on va les récupérer ni avec des incantations à la "résistance" - mais à quoi vous "résistez" au fond ? Vous allez vous abonner à Charlie? Et ça va changer quoi?

"La majorité va se sentir mieux, et c'est précieux. Mais la fracture est totale."

La réassurance collective est un mouvement sain et compréhensible face à un massacre aussi traumatisant, mais elle a pour versant complémentaire le déni collectif, et pour résultat l'oubli des causes réelles et profondes de l'anomie. La majorité va se sentir mieux, se faire du bien, comme elle s'était fait du bien en 1998 et 2002, et c'est précieux. Mais la fracture est totale. Et la confusion idéologique à son comble.

Personne ne se demande comment on en est arrivé là, comment des jeunes parigots en sont venus à massacrer des journalistes et des artistes à la Kalash après un séjour en Syrie, sans avoir aucune idée de la vie et des idées des gens qu'ils ont tué: ils étaient juste sur la liste des cibles d'AlQaeda dans la Péninsule Arabique. Personne ne veut voir que cette société française, derrière l'unanimisme de façade devant l'horreur, est en réalité plus que jamais complètement anomique, qu'elle jette désespérément les plus démunis les uns contre les autres, et qu'elle a généré en un peu plus d'une décennie ses propres ennemis intérieurs.

"La plus grosse fabrique à soldats d'Al Qaeda sur notre territoire, c'est la PRISON"

Personne ne veut voir que la plus grosse fabrique à soldats d'Al Qaeda sur notre territoire, c'est la PRISON. Personne n'a compris que la France n'a pas basculé en 2015, mais il y a dix ans déjà, lors des émeutes. Personne ne veut voir que nous vivons encore les conséquences lointaines de l'immense humiliation coloniale et post-coloniale, et que vos leçons de "civilisation" et de "liberté d'expression" sont de ce fait inaudibles pour certains de ceux qui l'ont subie et la subissent ENCORE.

Prison

Et on continue à se raconter des histoires, après la fiction des Bleus de 1998, après le mythe du "Front républicain" de 2002, en agitant cette fois-ci comme un hochet la liberté d'expression, dernier rempart d'une collectivité qui n'est plus capable de se donner comme raison d'être que le droit fondamental de se foutre de la gueule des "autres", comme un deus ex machina qui allait miraculeusement réifier cette "unité nationale" réduite en lambeaux.

Vous n'arriverez pas à reconstruire la "communauté nationale" sur ce seul principe, fût-il essentiel. Je vous le dis, vous n'y arriverez pas. Car ce n'est pas CA notre problème. Notre problème, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus personne en France qui n'ait tellement plus rien à espérer et à attendre de son propre pays natal au point d'en être réduit à n'avoir pour seule raison de vivre que de tuer des gens en masse, chez nous ou ailleurs.

Car on ne peut rien contre ceux qui leur fournissent la liste des cibles une fois qu'ils sont conditionnés. Il faut donc TOUT mettre en oeuvre pour agir avant qu'ils en soient là: ce n'est pas facile mais c'est la seule chose qui compte si on ne veut pas progressivement tomber dans le gouffre de la guerre civile, qui est la conséquence ultime de l'anomie.

Après, c'est trop tard. Et c'est déjà trop tard....



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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 16:20

 

Relexion d'un-e indigné-e de Nîmes

 

 

Désolée d'être encore et toujours un peu trop réboussière et mettre en comparaison des faits d'échelles incomparables...mais c'est avec une certaine amertume que je compare notre solitude et l'indifférence à la mort de Rémi et l'irresponsabilité de ceux qui ont armé le bras qui l'a tué et qui nous appelent maintenant à un unanimisme béat. Je suppose que la même amertume à du saisir tous les proches et les camarades de combats de tous ceux qui sont morts dans l'indifférence à cause de leurs idées, légions perdues que nous avons nous aussi oubliées.
Quelle quantité de sang faut-il pour nous sortir de notre torpeur ?

"Tina" qui n'a pas envie de rire s'exprime (en PJ) seule, en son nom (sous un pseudo en plus) et aucunement au nom des Indignés de Nîmes, elle ne cherche que désespérément à s'extraire de la boue et de la puanteur qui émane du cadavre Républicain qui s'il bouge encore ce n'est que par l'action des vers qui y prospèrent et le dévorent.
Alors embaumons le, laissons le reposer en paix dans la tombe de l'histoire. Utilisons ce qu'il nous à enseigné pour construire tous ensemble un autre présent, pour ne pas sombrer dans l'horreur de la haine. La République ne peut probablement plus être monolithique, "une et indivisible", c'est un trop commode mensonge, elle pourrait, peut être, être comprise multiple et tout autant indivisible.

Le principe de la laïcité qu'elle nous lègue, loin d'empêcher la liberté des consciences en est une garantie. Il va falloir que tous ceux qui prient un dieu nous disent clairement s'ils peuvent tolérer qu'il ne soit pas Le dieu unique dont ils ont besoin pour plier la diversité humaine et l'asservir à leur totalitarisme. Ce n'est pas à nous de "faire le ménage" chez eux, c'est de leur responsabilité de le faire.Et pas en cachant la poussière sous le tapis par des pieuses paroles vagues! Un aggiornamento radical est requis, d'urgence. Peuvent-ils le faire?

C'est ce que nous verrons, s'ils nous laissent vivre. J'en doute fort et cette idée de dieu est probablement aussi à embaumer définitivement . Un certain Malraux a dit que le XXI° siècle serait religieux ou ne serait pas...il semble qu'il veut être religieux et qu'il court au néant
bien que certains "sans dieu" nous mènent tout aussi sûrement au chaos. Dieu n'est même pas nécessaire à cela.

Happy new fear...

Biz.
TINA

 

 

                                                              

Je n’irai pas manifester à l’appel des assassins de Rémi Fraisse.

 

 

C’est un fait, les terroristes, les fascistes et les intégristes se complaisent à la guerre civile, ils la désirent y et prospèrent. Ils ne négligeront jamais une occasion de provoquer et d’attiser la haine. Mais la menace terroriste est bien trop utile à certains et il est clair que la peur est savamment instrumentalisée quand elle n’est pas sciemment provoquée.

Car elle permet d’étendre sans cesse le contrôle policier, nous faire désirer notre asservissement, aimer les geôliers qui nous surveillent et nous contrôlent.

Car elle permet de cacher, sous de pieux motifs consensuels, des appétits de hyènes, en Lybie, en Irak, en Afghanistan…partout.

Car elle détourne des vrais combats de ce temps, combat contre ceux qui se préoccupent bien plus de l’avis d’une poignée de traders voraces que de la simple vie des gens qu’ils réduisent à la misère.

 

Ce sont eux qui nous plongent dans la terreur quotidienne des « ajustements structurels » et des « plans sociaux ». Ce sont eux qui font notre malheur, jusqu’à rendre fous ou dangereux les moins solides d’entre nous. Il ne sort pas d’un peuple heureux et d’une société équilibrée des conducteurs kamikaze ou de jeunes djihadistes meurtriers. Qu’ont-ils fait de notre pays, qu’en avons-nous fait ? N’allons pas chercher loin à l’Orient les responsables de ce drame, regardons nous bien en face, tous, toutes confessions et origines confondues.

 

L’attentat contre les journalistes de Charlie n’est qu’une des conséquences lointaines de sinistres manoeuvres géopolitiques menées depuis trop longtemps en notre nom, par notre état aussi bien que par d’autres plus puissants et donc bien plus nuisibles. On ne voit pas par quel miracle nous ne serions pas brûlés par le feu que nous attisons ailleurs. Le jeu des haines enclenchées au Moyen-Orient est le même désordre mondial savamment entretenu dans lequel on nous plonge graduellement par la « Stratégie du Choc », la Crise permanente. En Tunisie, en Espagne, en Grèce et partout dans le monde des gens se sont assemblés pour refuser ce désordre si profitable à si peu. Ils ont été abondamment matraqués, tués, emprisonnés par ceux là même qui nous appellent à « nous unir face à la barbarie ».

 

L’Union Sacrée qu’on nous propose aujourd’hui ressemble trop à la farce cynique qui a « sauvé » un certain Bush, crétin intégriste et menteur notoire, criminel de guerre avéré. S’il y a une leçon a tirer du « 11.09 », c’est bien de refuser cette étrange, naïf et soudain unanimisme simplificateur du « tous unis pour la liberté ». Tous unis ? Quel beau mensonge !

 

Ne nous racontons pas de fables, ce consensus mou de façade vole en éclat dès qu’on en effleure le vernis. Entre la récupération politique d’un gouvernement qui veut nous faire croire qu’il peut encore unir quelqu’un derrière lui et ceux qui hurlent à la haine en allant brûler des mosquées ou en réclamant toujours plus de lois « anti-terroristes » liberticides et un flic à chaque coin de rue, nous ne pouvons être ni avec les uns ni avec les autres.

 

Je n’irai pas à l’appel de Valls manifester dans la rue avec le FN et la Sarkozie. Il n’y a qu’une porte de sortie à cette situation pourrie et on peut douter qu’elle fasse consensus chez les démagogues qui attisent les fantasmes de l’invasion, de la « soumission » et du déclin d’une identité françaisequ’ils définissentselon leur bon plaisir.

 

Nous devons affirmer notre refus de tous les intégrismes, y compris en questionnant le notre. Nous devons, comme tous ceux qui se sont assemblés spontanément au soir du massacre, refuser tout amalgame et d’agglomérer en soi disant communautés une réalité diverse et mouvante. Nous formons un peuple, une humanité et on lui fait violence en la morcelant. Nous devons affirmer haut et fort le besoin vital de la laïcité, seule garante de la liberté des consciences et du bien vivre ensemble.

 

Alors, oui, j’irais manifester, pour la Fraternité, contre le Choc des Civilisations.

Camille, Mohammed, Chokri, Rémi et Charlie et tant d’autres seront avec moi.

 

TINA

     

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 23:19

 

 

Source : www.lefigaro.fr

 

 

Hier à 18:41
La menace d'Anonymous
Le groupe de pirates informatiques Anonymous a annoncé sur son compte Twitter qu'il préparait une riposte contres les mouvances fondamentalistes en représailles à l'attentat sanglant perpétré contre la rédaction de Charlie Hebdo hier.

Les activistes d'Anonymous ont adressé ce message: "Attendez-vous à une réaction massive et frontale de notre part car le combat pour la défense de ces libertés est la base même de notre mouvement".

Anonymous a par ailleurs suspendu « momentanément » ses attaques contre le ministère de la Défense, dont le site était délibérément rendu indisponible par séquence à l'exemple d'hier. Les hackers entendaient venger la mort de Rémi Fraisse, tué le 25 octobre dernier lors des manifestations contre le barrage de Sivens.

 

 

 

Hier à 18:25
Charlie Hebdo hébergé par Libération
Libération hébergera dès vendredi matin la rédaction de Charlie Hebdo, après l'attentat de mercredi, aussi longtemps que nécessaire, a déclaré le directeur opérationnel de Libération, Pierre Fraidenraich. "Nous sommes ravis d'accueillir l'équipe de Charlie Hebdo, qui arrive demain matin" à Libération, a-t-il déclaré. "Nous mettons à leur disposition un étage complet de notre immeuble et tous les outils et moyens de production nécessaires à la production de leur exemplaire de la semaine prochaine, comme de celles à venir, tant qu'ils en auront besoin", a-t-il ajouté.

 "Nous avons pris l'initiative de proposer à Charlie Hebdo de venir à Libération car cette maison est la leur, ils sont chez eux. J'ai appelé le cabinet de Bernard Cazeneuve et la Préfecture de Police, et les mesures de protection nécessaires seront en place dès demain matin", a-t-il précisé. Libération avait déjà hébergé Charlie Hebdo plusieurs semaines après l'incendie criminel qui avait détruit leur locaux en 2011, après la publication de caricatures de Mahomet.

 

 

Voir l'image sur Twitter

Je partage l'info que j'ai eue tout à l'heure par une collègue <3

 

 

 

Hier à 15:23

L'hommage de la twittosphère en une minute

Vibrant hommage des réseaux sociaux à Charlie Hebdo. Une infographie animée montre, en une minute, l'explosion du hashtag #JeSuisCharlie, hier, dans le monde entier. Cela donne un feu d'artifice de tweets.

 

 

Hier à 14:11

Les taggueurs solidaires

 

Voir l'image sur Twitter

Vive !

Hier à 05:34
La une de The Independant
Voir l'image sur Twitter

Brilliant and powerful front page by the @Independent. Thumbs up for the middle finger.

07/01 à 16:03
L'hommage du dessinateur Na ! de BFM TV
Hier à 11:35
Les représentants musulmans appellent les imams à condamner la violence
Les représentants de la communauté musulmane de France ont appelé "les imams de toutes les mosquées" du pays à "condamner avec la plus grande fermeté la violence et le terrorisme" lors de la prière de vendredi, en réponse à l'attentat meurtrier de mercredi contre le journal Charlie Hebdo.

Le Conseil français du culte musulman (CFCM), instance représentative de la communauté musulmane, a également invité les fidèles à observer jeudi à midi (11H00 GMT) la minute de silence prévue en France à la mémoire des 12 victimes de la tuerie, dans le cadre du deuil national décrété par François Hollande. Ils sont aussi invités à participer au grand rassemblement national prévu dimanche à Paris.
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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 22:34

 

Info reçue par mail

 

 

 


BUREAU CONFEDERAL

33 RUE DES VIGNOLES

75020 PARIS

www.cnt-f.org

cnt@cnt-f.org

 

 

Communiqué de presse du 08 janvier 2015

 

C'est avec effroi et stupeur que la CNT a appris l'attaque du siège du journal

Charlie Hebdo à Paris, ce mercredi 7 janvier 2015.

 

Avant tout, la CNT apporte son soutien et sa solidarité aux familles des victimes,

à leurs proches, à l'ensemble des salarié-e-s de Charlie Hebdo et à toutes celles

et ceux que cette atteinte terrible à la liberté de penser a pu toucher.

 

Cet attentat, ne saurait toutefois nous faire réagir uniquement sous le coup de

l'émotion en nous faisant oublier nos principes anticapitalistes,

autogestionnaires et libertaires.

 

Évidemment, personne, aucun-e travailleu-r-se ni aucun-e journaliste ni aucun

individu ne saurait être menacé-e, blessé-e ou tué-e pour son travail,

les propos qu'il tient ou encore les avis qu'il émet.

 

Nous tenons également à préciser qu’à aucun moment nous n’accepterons

que cet attentat soit utilisé à des fins politiques racistes, haineuses ou

sécuritaires, par ceux-là mêmes qui sont en grande partie responsables

d’une situation sociale catastrophique, adoptant une politique étrangère

impérialiste et guerrière au quatre coins du monde, stigmatisant les

musulmans et les étrangers comme boucs émissaires aux fins de

s'exonérer de toute culpabilité et de ne pas rendre compte,

devant le peuple, de leurs actes.

A aucun moment, nous ne ferons d'amalgame entre les musulmans

et les pratiques immondes de quelques intégristes religieux.

 

Dans ce contexte, plus que jamais, la CNT réaffirme que la lutte contre

toutes les formes de fascismes (qu'elles soient religieuses ou politiques),

de racisme, de xénophobie et de toutes autres causes de divisions

des classes populaires, est à amplifier au quotidien et non pas

seulement lorsqu'un événement tragique se produit.

 

La CNT invite toutes et tous à rejoindre le combat antifasciste et à exprimer

sa solidarité avec l'ensemble des peuples (partisan-e-s Kurdes,

Syriens Libres, Palestiniens, Espagnols, Grecs, minorités opprimées …)

combattant le capitalisme, l'autoritarisme, l’obscurantisme, la misère et

l'exploitation, peu importe les couleurs que ces fléaux arborent.

Enfin, la CNT tient à rappeler la nécessité, coûte que coûte, de garder

le cap de la lutte des classes et de l'émancipation internationale des

travailleurs sans se laisser aveugler par les chimères nationalistes

que la classe dominante cherchera à nous imposer.

 

No Pasaran

!

La CNT

 

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 18:18

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/kamalam

 

A nous tous

 

À tous ceux qui se réveillent difficilement ce matin, la boule au ventre, et se disent : et après ? 

À tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec Charlie Hebdo, qui ne le lisaient plus depuis des années, mais qui ont le sentiment aujourd’hui d’avoir perdu une partie d’eux-mêmes, comme ces proches avec qui l’ont débat sec pendant les repas de famille, avec qui l’on s’écharpe souvent, mais sans pouvoir imaginer être privés de leur présence ;

À tous ceux qui sont mal à l’aise avec ces appels si unanimes, si opportunistes parfois, à se ranger derrière les bannières d’une République que chaque orateur habille à sa façon, mais qui sentent, de manière un peu confuse, un peu lointaine peut-être, qu’il y a, dans ce vieux mot intimidant, les ferments d’un « vivre ensemble » à construire ;

À tous les sans-papiers, les immigrés et filles et fils d’immigrés, et à tous ceux qui se battent à leurs côtés depuis des années, et contre vents et marées, pour que l’Autre, l’Etranger, cessent d’être cette figure de rejet de plus en plus répandue, et qui devront  redoubler d’efforts dans les mois et années à venir ;

À tous ceux qui, en France et dans le monde, n’arrivent pas à se figurer que l’on puisse, comme cela, entrer dans un bâtiment, y abattre froidement et un à un des hommes sans défense, et prendre la fuite, le tout au nom d’ « idéaux » autoproclamés ; à tous ceux, croyants et incroyants, que cet événement ébranle au plus profond de leur humanité ; à ceux pour qui cette violence, aussi fréquente l’est-elle malheureusement dans ce monde, reste insoutenable, insupportable ;

À nous tous ;

Je nous souhaite le courage de penser : malgré ces effluves d’émotions qui peuvent si facilement nous pétrifier ; malgré tous les esprits belliqueux qui seraient bien contents, justement, que l’on ne pense plus ; malgré cette foutue « guerre des civilisations » qui n’existe que lorsqu’on la proclame et qui nous empêche de dire autre chose que « pour » ou « contre », « gentil » contre « méchant » ; malgré tous ces diseurs de vérité, d’où qu’ils viennent, car la vérité ne se dit pas, mais se débat et se construit ensemble, au point de rencontre des vérités des autres.

Je nous souhaite le courage de l’utopie et de l’imagination, le courage d’être, avec  Edouard Glissant,  les artisans d’un monde créolisé contre tous les vendeurs d’identités essentialistes et repliées sur elles-mêmes.

Je nous souhaite le courage d’aimer, car l’amour reste, même les lendemains de drames, cette « aventure obstinée » qui « redéploie le monde à travers le prisme de notre différence » (Alain Badiou).

Car pouvons-nous faire autre chose que penser, rêver, et aimer ? N’est-ce pas cela que nous portons sur nos épaules, et qui est notre si fragile, si éphémère « condition humaine » ?

Je nous souhaite tout le courage qu’il faut pour la porter, haut et fort.

 

Kamal Abdul-Malak.

 

 

 Source : blogs.mediapart.fr/blog/kamalam

 

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 18:08

 

 

Source : www.huffingtonpost.fr

 

 Témoignage de Laurent Lége, survivant de l'attentat contre Charlie Hebdo, dans l'émission "Envoyé spécial" sur France 2:

 

 

 

 

Source : www.lemonde.fr

 

 

Attentat à « Charlie Hebdo » : « Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète »

LE MONDE | 08.01.2015 à 12h59 • Mis à jour le 08.01.2015 à 18h53 | Par Soren Seelow

 
 
Les bureaux de «  Charlie Hebdo  », après la tuerie, le 7 janvier.

Ils étaient tous là, ou presque. Comme tous les mercredis. Réunis entre chouquettes et croissants autour de la grande table ovale qui occupe toute la pièce pour la conférence de rédaction. Un rituel immuable depuis la création de Charlie Hebdo. A gauche, comme toujours, Charb, le directeur de la publication. Ce mercredi 7 janvier avaient pris place à ses côtés les dessinateurs Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré et Riss, les rédacteurs Laurent Léger, Fabrice Nicolino et Philippe Lançon, l’économiste Bernard Maris ou encore les chroniqueuses Sigolène Vinson et Elsa Cayat.

La conférence de rédaction débute généralement à 10 h 30 et s’anime rapidement à la faveur de quelques blagues grivoises. Un seul sujet tabou : la machine à café, parce qu’elle ne marche jamais. Aux murs sont épinglées quelques « unes » mythiques du journal satirique : celle de « Charia Hebdo », qui avait motivé l’incendie criminel ayant ravagé les anciens locaux de l’hebdomadaire, en novembre 2011, une autre sur Marine Le Pen illustrée par une « merde » sur le drapeau français, une caricature du pape dénonçant la pédophilie dans l’Eglise, un Sarkozy grimaçant…

La réunion se finit quand elle finit, c’est-à-dire quand il est l’heure d’aller casser la croûte aux Petites Canailles, un bistrot de la rue Amelot, dans le 11e arrondissement de Paris.

L’un des agresseurs a dit : « Charb ? » Il a tiré sur Charb. Puis ils ont égrené tous les noms, et ont fait feu en rafales

Ce mercredi 7 janvier, personne n’est allé déjeuner aux Petites Canailles. La réunion avait commencé depuis une heure quand deux hommes cagoulés ont fait irruption au milieu des crayons, faisant taire le joyeux brouhaha. Ils étaient armés de fusils d’assaut. L’un des agresseurs a dit : « Charb ? ». Il a tiré sur Charb. Puis ils ont égrené les noms des membres de la rédaction, et ont fait feu en rafales. Selon les propos des rescapés, ils ont crié « Allahou akbar » et « Vous allez payer, car vous avez insulté le Prophète ». A Sigolène Vinson, ils ont dit, un canon sur la tempe : « Toi on te tuera pas, car on ne tue pas les femmes, mais tu liras le Coran. »

Lire les portraits des victimes : Charb, Cabu, Wolinski et les autres, assassinés dans leur rédaction

Voeux prémonitoires

Sept rédacteurs et dessinateurs sont morts en quelques secondes : Cabu, Charb, Tignous, Wolinski, Bernard Maris, Honoré et Elsa Cayat, une femme pourtant, psychanalyste et chroniqueuse. Mustapha Ourrad, le correcteur kabyle qui avait obtenu la nationalité française un mois plus tôt, a lui aussi été assassiné. Franck Brinsolaro, un des deux policiers qui assure la sécurité de Charb en permanence depuis l’attentat de novembre 2011, a également perdu la vie, tout comme Michel Renaud, ancien directeur de cabinet du maire de Clermont-Ferrand, invité par la rédaction.

A 11 h 28, quelques minutes avant la tuerie, l’hebdomadaire avait publié des vœux prémonitoires sur Twitter : un dessin d’Honoré représentant Al-Baghdadi, le leader de Daesh, assorti de ce commentaire « Et surtout la santé ! ». 

Voir l'image sur Twitter

Meilleurs vœux, au fait.

Le dessinateur est mort peu après avec ses amis sur la grande table ovale, là même où les caricaturistes grattent leurs derniers dessins les jours de bouclage, où se font les derniers choix de « une » dans une effusion de bons mots et de blagues de mauvais goût. « Ils ont tiré sur Wolinski, Cabu… ça a duré cinq minutes… Je m’étais réfugiée sous un bureau… », raconte à L’Humanité une survivante, la dessinatrice Corinne Rey, dite « Coco ».

Dans leur folie meurtrière, les agresseurs avaient abattu quelques minutes plus tôt un des agents d’entretien de l’immeuble au rez-de-chaussée, Frédéric Boisseau, 42 ans. Un deuxième policier blessé, Ahmed Merabet, sera achevé d’une balle dans la tête en tentant d’arrêter la fuite des tueurs, un peu plus tard, boulevard Richard-Lenoir.

« Carnage indescriptible »

Douze morts en tout, onze blessés, dont quatre grièvement. Philippe Lançon est grièvement touché au visage, Riss à l’épaule, Fabrice Nicolino à la jambe. Simon Fieschi, le jeune webmaster chargé de gérer le « shit storm », le tombereau d’insultes adressées à la rédaction depuis des années sur les réseaux sociaux et par téléphone, est le plus gravement atteint. Un « carnage indescriptible », selon un témoin ayant pu pénétrer dans la rédaction après la tuerie.

Arrivés sur place peu après la tuerie, les urgentistes ont décrit « des blessures de guerre ». « Je n’ai jamais vu ça de ma carrière », témoigne l’un d’eux : « On est rodé (…) mais pas pour le vivre dans la réalité. » « Le jour le plus noir de l’histoire de la presse française », a résumé à chaud, au pied de l’immeuble, Christophe Deloire, directeur de Reporters sans frontières. Il s’agit également de l’attentat le plus sanglant ayant frappé la France depuis un demi-siècle.

La brume était tenace et froide ce mercredi matin quand deux hommes vêtus de noir et de gilets pare-balles se sont présentés, visiblement mal renseignés, devant le numéro 6 de la rue Nicolas-Appert, à deux portes des locaux de Charlie Hebdo. Ils ont profité de l’arrivée de la postière, qui passait remettre un pli recommandé, pour s’engouffrer dans la porte, raconte l’employée d’une entreprise audiovisuelle, l’Atelier des archives, installée dans l’immeuble. Ils ont fait asseoir la postière et un employé qui venait récupérer le pli.

Lire notre reportage : Devant « Charlie Hebdo » : « On a cru entendre des pétards, c'était des rafales »

Innombrables menaces de mort

Puis ils ont demandé : « C’est où, Charlie Hebdo ? ». Ils ont tiré une balle, qui a traversé la porte vitrée d’un bureau. L’employée qui s’y trouvait est sortie dans le couloir et a échangé un bref regard avec les deux hommes.

Prenant conscience qu’ils s’étaient trompés d’immeuble, les assaillants sont ressortis et se sont présentés devant le numéro 10, l’adresse où a trouvé refuge le journal satirique depuis le 1er juillet 2014. Parfaitement au fait du jour et de l’heure de la conférence de rédaction de « Charlie », les agresseurs sont en revanche moins renseignés sur la localisation exacte de leurs bureaux.

Selon le parquet de Paris, ils croisent dans le hall de l’immeuble deux agents d’entretien, leur demandent où se trouve Charlie Hebdo, avant d’en abattre un. Ils prennent ensuite en otage Coco, qui se trouve dans l’escalier. La dessinatrice tente de les égarer en les emmenant au troisième étage, alors que la rédaction se trouve au deuxième.

Depuis l’attentat de 2011 et les innombrables menaces de mort reçues par sa rédaction, Charlie Hebdo a rendu ses locaux indétectables. La fière affiche qui ornait l’entrée de ses anciens locaux incendiés dans le 20e arrondissement, désormais couverte de suie, a été rapatriée à l’intérieur de la rédaction. Sur la porte du palier qui donne accès au journal, nulle mention du titre de la publication. « Les Éditions rotatives », est-il écrit. Les voisins, eux, ont été priés de ne pas ébruiter la présence du sulfureux périodique dans l’immeuble.

« On a tué “Charlie Hebdo” ! »

Selon un employé de Premières lignes, une société de production installée en face de la rédaction de « Charlie », au deuxième étage, les deux assaillants égarés au troisième auraient menacé de leur arme un locataire croisé dans le couloir. Avec toujours cette même question, obsédante : « Où est Charlie ? ». Ils finiront par trouver la bonne porte. C’est la dessinatrice Coco qui, sous la menace d’une arme, devra accepter de taper le code de la porte blindée qui donne accès à la rédaction.

Après la tuerie, les deux agresseurs s’engouffrent dans une Citroën C3 noire garée en bas du journal. Un témoin a affirmé aux enquêteurs avoir aperçu un complice, arrivé sur la scène de crime à bord de la C3 mais reparti à scooter. Les deux tireurs, eux, s’enfuient par l’Allée verte, une ruelle. Ils y rencontrent une première patrouille de police à VTT. Des coups de feu sont échangés, qui ne feront aucun blessé.

Une vidéo tournée par des employés de Premières lignes, réfugiés sur le toit de l’immeuble après les premiers coups de feu, a enregistré la fusillade. On croit entendre « Allahou akbar » entre deux rafales. Les assaillants croisent ensuite la route d’un véhicule de police rue Pelée. S’ensuit une deuxième salve de tirs. Une autre vidéo amateur permet d’entendre distinctement les cris : « On a vengé le prophète Mohamed, on a tué Charlie Hebdo ! »

C’est boulevard Richard-Lenoir que leur furieuse échappée fera sa dernière victime. La scène a été capturée par une troisième vidéo amateur. On y voit deux hommes équipés de gilets pare-balles et armés de fusils d’assaut sortir d’une Citroën noire et courir en direction d’un policier tombé au sol, sans doute touché par un tir. « Tu veux nous tuer ? demande l’un des tireurs. – Nan, c’est bon chef », répond le policier à terre. L’homme cagoulé passe devant lui et l’abat d’une balle dans la tête, au fusil d’assaut, sans même freiner sa course. La victime, Ahmed Merabet, 42 ans, était gardien de la paix au commissariat du 11e arrondissement.

Les deux tueurs retournent ensuite à leur véhicule, calmement, sans aucun signe de panique, comme des hommes entraînés au combat. La scène ressemble à un entraînement pour commando. L’un s’assoit au volant, l’autre prend le temps de ramasser une basket tombée de la portière et prend place sur le siège passager.

Lire l’enquête : La traque d’une fratrie de djihadistes

« J’ai cru à des pétards »

Lorenzo (qui a souhaité garder l’anonymat) habite boulevard Richard-Lenoir. Sa fenêtre donne sur la scène où le policier a été abattu. Il raconte au Monde : « Vers 11 h 30, j’ai entendu des coups de feu. J’ai cru à des pétards, je me suis approché de la fenêtre. Il y avait plein de policiers rassemblés au milieu du boulevard, mais aussi des gens à vélo qui passaient. C’était un matin normal », se remémore le jeune homme.

Il poursuit : « Sur la droite, j’ai vu une voiture de couleur sombre arrêtée en plein milieu de la rue. Deux hommes vêtus de noir en sont sortis, avec des cagoules, armés de fusils noirs. Un policier a tiré dans leur direction. Les deux hommes tiraient aussi. Le policier a été touché et est tombé en poussant un cri. Il a tenté de s’enfuir mais est tombé face contre terre. Les agresseurs ont couru vers lui. L’un est arrivé à sa hauteur et lui a tiré une balle dans la tête. Puis ils sont remontés dans la voiture ».

Le dessinateur Willem a pris connaissance de la tragédie dans un train. Son allergie aux conférences de rédaction lui a sauvé la vie

La Citroën fonce alors vers le nord de Paris. Place du Colonel-Fabien, elle percute violemment la conductrice d’un Touran Volkswagen. Ses deux occupants finiront par abandonner précipitamment leur véhicule après s’être encastrés dans des poteaux au niveau de la rue de Meaux, dans le 19e arrondissement, oubliant à bord une pièce d’identité qui mènera à leur identification ainsi qu’un chargeur vide de kalachnikov et d’autres effets personnels. Ils braquent alors le conducteur d’une Clio, s’emparent de la voiture et reprennent leur fuite. Les policiers perdront leur trace porte de Pantin.

Mais trois suspects de la tuerie, Saïd Kouachi, 34 ans, son frère Chérif Kouachi, 32 ans, et Mourad Hamyd, 18 ans, sont rapidement identifiés. Des opérations du Raid et du GIPN étaient en cours à Reims et à Charleville-Mézières dans la nuit de mercredi 7 à jeudi 8 janvier. Un appel à témoin avec la photo des deux frères a été diffusé par la police. Le plus jeune des suspects, Mourad Hamyd, s’est présenté volontairement dans la nuit au commissariat de police de Charleville-Mézières, « pour s’expliquer », selon le parquet de Paris.

Ils étaient tous là ou presque, mercredi 7 janvier à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo. Les rares absents portent aujourd’hui le deuil. Le dessinateur Willem a pris connaissance de la tragédie dans un train entre Lorient et Paris. Son allergie aux conférences de rédaction lui a sauvé la vie. La journaliste Zineb était, elle, en vacances au Maroc, son pays d’origine. « Les rescapés comme moi ne le sont que par un concours de circonstances, raconte-t-elle par téléphone au Monde. Je n’arrive pas encore à réaliser que nous ne verrons plus jamais Charb, Cabu, Tignous et les autres… Presque tous les dessinateurs sont morts. Comment allons-nous faire ? »

Suivre les dernières informations en direct sur LeMonde.fr : Après l'attentat contre « Charlie Hebdo », la France à l'heure du recueillement

Une manifestation en hommage aux victimes à Paris.
Source : www.lemonde.fr

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 17:27

 

Source : www.rtbf.be

 

 

Charlie Hebdo: les manifestations de soutien à travers le monde en images

MONDE | Mis à jour le jeudi 8 janvier 2015 à 14h39

 

 


Des manifestants brandissent des crayons en hommage aux victimes de l'attaque, à Bruxelles.

Des manifestants brandissent des crayons en hommage aux victimes de l'attaque, à Bruxelles. - FILIP DE SMET - BELGA

Cliquez pour visionner 

Rassemblements hier France /Belgique/Monde

De Bruxelles à Sao Paulo, en passant par Berlin et New York, des milliers de personnes se sont rassemblées dans la nuit de mercredi à jeudi pour dénoncer l’attaque terroriste contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Brandissant des pancartes proclamant "Je suis Charlie", les manifestants entendaient aussi défendre la liberté de la presse.

A New York, en dépit d’une température ressentie de -20 degrés Celsius, plusieurs centaines de personnes, en très grande majorité des Français, ont chanté la Marseillaise avant de scander "Charlie, Charlie" sur la place Union Square. 300 manifestants se sont également rassemblés à Washington. Christine Lagarde, patronne du FMI, était présente, venue montrer sa solidarité avec ses compatriotes et sa sympathie pour les victimes.

Rassemblement sur Union Square, à New York (Etats-Unis). - DON EMMERT - BELGAIMAGE

Manifestation de soutien à "Charlie Hebdo", à Washington (Etats-Unis). - BRENDAN SMIALOWSKI - BELGAIMAGE

Au Canada, les drapeaux avaient été mis en berne sur plusieurs édifices publics, comme l’Assemblée Nationale à Quebec ou la mairie de Montréal. De nombreux Français expatriés étaient présents dans les rues de Montréal, brandissant des pancartes "Je suis Charlie" : 

Rassemblement à Montréal. - Marc Braibant - BELGAIMAGE

A Berlin, environ 500 personnes, selon la police, se sont rassemblées devant l’Ambassade de France, près de la porte de Brandebourg. Munis de bougies, certains manifestants brandissaient d’anciennes unes de Charlie Hebdo :

Rassemblement à Berlin, devant la porte de Brandebourg (Allemagne). - BERND VON JUTRCZENKA - BELGAIMAGE

A Bruxelles, environ 200 personnes s’étaient réunies devant le consulat de France. Entre 1000 et 1500 personnes s’étaient par ailleurs rassemblées sur la Place du Luxembourg, près du Parlement Européen.

Entre 1000 et 1500 personnes se sont rassemblées sur la Place du Luxembourg, à Bruxelles. - SISKA GREMMELPREZ - BELGA

Plusieurs centaines de personnes également à Madrid et Londres. Scandant " Liberté d’expression, liberté d’expression " ou encore " Nous sommes tous Charlie ", les manifestants ont souvent entonné la marseillaise devant des drapeaux bleu-blanc-rouge :

Rassemblement sur Trafalgar Square, à Londres (Grande-Bretagne). - LEON NEAL - BELGAIMAGE

Des manifestants brandissent des pancartes "Je suis Charlie" à Madrid (Espagne). - GERARD JULIEN - BELGAIMAGE

Des rassemblements ont également eu lieu à Bogota (Colombie), Lima (Pérou) et Sao Paulo (Brésil), le plus souvent souvent à l’initiative de Français expatriés : 

Rassemblement à Sao Paulo (Brésil). - NELSON ALMEIDA - BELGAIMAGE

Rassemblement en hommage aux victimes, à Bogota (Colombie). - GUILLERMO LEGARIA - BELGAIMAGE

RTBF avec Agences

 

 

*Vidéo des rassemblements hier en France et dans le monde ici

 

 

Source : www.rtbf.be

 

 


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