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21 janvier 2015 3 21 /01 /janvier /2015 21:07

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

En Grèce, les capitalistes privatisent sauvagement la nature

Marie Astier (Reporterre)

mercredi 21 janvier 2015

 

 

 

En Grèce, rien n’est réglé. Le pays est dans une crise économique profonde, la « troïka » demande encore plus d’efforts financiers au gouvernement. Plages, forêts, îles, tout est à vendre aux spéculateurs et aux millionnaires qui veulent leur coin privé.



- Athènes, reportage

Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Une plage sur l’île de Rhodes ? Ou une propriété en bord de mer non loin de Thessalonique, reconnue pour sa « beauté naturelle » ? A moins que vous ne préfériez ce terrain entre mer et forêt à Corfou, une île qui accueille « plus de 700.000 touristes par an » ?

Voici quelques-uns des terrains disponibles dans le catalogue du TAIPED, ou « Fonds de mise en valeur du patrimoine privé de l’Etat ». Ce fonds est une compagnie privée, créée par l’État grec. Il y transfère toutes sortes de propriétés publiques : les ports régionaux et même le Pirée d’Athènes, les compagnies d’eau d’Athènes et de Thessalonique (les deux plus grandes du pays), les autoroutes, des sites culturels tels que des châteaux ou des lieux archéologiques, les trains publics, la Poste hellénique, les équipements olympiques datant des jeux de 2004… ou encore toutes sortes de terrains à travers la Grèce, de préférence des propriétés situées en bord de mer, idéales pour la construction de complexes touristiques.


- Capture d’écran le 9 décembre 2014 -

A vendre au plus offrant

N’importe qui peut-il acheter ce qui se trouve dans ce catalogue ? « Bien sûr, si vous avez l’argent ! », s’exclame Maria Karamanov. Conseillère d’État, elle préside aussi la Chambre pour l’environnement et le développement durable, une association de protection du patrimoine grec, culturel et naturel.

« Le gouvernement a l’opinion que toute propriété gouvernementale est une propriété à vendre. Le but du fonds est de vendre aussi vite que possible tous ces biens », déplore-t-elle. Des appels à investisseurs sont lancés pour chaque bien, qui est vendu au plus offrant. L’argent ainsi récolté va directement au paiement de la dette grecque, « un trou noir » pour Maria Karamanov, qui critique également le fonctionnement peu transparent de ce fonds. Les demandes d’interviews de Reporterre aux responsables en ont d’ailleurs été refusées.

Parmi les terrains en vente, celui de l’ancien aéroport d’Hellinikon, à quelques kilomètres du centre d’Athènes. A l’abandon depuis bientôt dix ans, la zone s’étend sur 3,5 kilomètres de côtes. Avant la crise, elle devait devenir un grand parc métropolitain, alors qu’Athènes est l’une des villes comptant le moins d’espaces verts en Europe.

Désormais, le terrain va être vendu à un fonds d’investissement, Lamda Development, dont les capitaux viennent d’Abu Dabi, de Chine et d’Europe. En projet, une marina de luxe pour touristes et des centres commerciaux, peut-être même une île artificielle. Le projet va ainsi privatiser tout un littoral très fréquenté des populations alentours.


- A Stratoni, en Chalcidique -

Golf et aéroport privé

Autre exemple à Corfou, une île déjà bien grignotée par les hôtels à touristes. Là-bas c’est une zone humide, lieu de passage des oiseaux migrateurs, qui est mise en vente. Les associations de protection de l’environnement soupçonnent un projet d’hôtel « classique ».

Mais ailleurs ce sont des villas de luxe, voire des villages privés avec golf et aéroport qui sont envisagés. « C’est la nouvelle tendance du tourisme en Grèce », déplore George Chasiostis, responsable juridique au WWF Grèce. Comme à Kyparisia, dans l’ouest du Péloponnèse. Sa plage est un lieu de reproduction pour les tortues de mer. Lundi, un avis du conseil de l’Europe enjoignait même la Grèce de protéger leur habitat.

« Investissements stratégiques »

Additionnées, les superficies de tous ces terrains ne représentent pas tant que cela. « Mais ce sont des zones très précieuses, précise George Chasiostis. Beaucoup sont des aires protégées : des zones Natura 2000 [comme à Corfou - NDLR], des forêts où des littoraux. »

Ainsi, il ne s’agit pas que de vendre ces terrains. Il faut aussi y faciliter la construction, normalement limitée dans ces zones sensibles. Ce programme de ventes s’accompagne d’un programme législatif.

Première étape, la loi dite d’« accélération et de transparence des investissements stratégiques », adoptée en 2010. Elle met en place une procédure spéciale, qui oblige les autorités à examiner certains dossiers d’investissement en priorité.

« Chaque investisseur est invité à présenter un programme d’aménagement pour la zone qu’il achète, explique Maria Karamanov. Cela l’autorise à faire beaucoup plus de choses que ce qui est normalement autorisé sur ces zones. Et les permissions sont données beaucoup plus rapidement par les ministères. »

« Construire sur une plage va devenir plus facile que de construire partout ailleurs en Grèce, c’est choquant ! », se lamente George Chasiostis.

Deuxième étape, les lois environnementales sont peu à peu modifiées. Votée cet été, la loi Forêt permet désormais de construire des hôtels ou des usines en forêt, ce qui était strictement limité auparavant. Autre recul, les terres brûlées étaient autrefois totalement protégées, afin de permettre à la forêt méditerranéenne de repousser. Désormais, on peut construire sur ces terres.

Privatisation des plages

Aussi proposée cet été, la loi Littoral a provoqué un tel tollé dans l’opinion qu’elle a été pour l’instant repoussée. Avant peut-être de repasser cet hiver, à un moment où l’on passe moins de temps à la plage…

Parmi les dispositions envisagées, permettre les constructions jusqu’à dix mètres du front de mer, alors qu’elles sont limitées à cinquante mètres pour l’instant. Mais surtout changer le statut juridique des littoraux ...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : www.reporterre.net

 

 

 

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21 janvier 2015 3 21 /01 /janvier /2015 18:10

 

Source : collectif-oxygene.fr

 

 

Collectif Oxygene

 


 

 

Oxylane ou … des barres d’immeubles : dénonçons cette fausse alternative!

 

La municipalité de Saint-Clément-de-Rivière ne manque pas une occasion de présenter la réalisation du projet de centre commercial Oxylane comme un rempart contre l’urbanisation de cette partie du territoire de la commune. Encore récemment le Maire, M. Cayzac, n’écrivait-il pas  dans « le Clémentois n°92″ : « Ce choix d’une implantation économique intégrée sur un secteur lié à l’agriculture répond enfin à une volonté de protéger nos territoires des ambitions urbanistiques galopantes émanant de l’agglomération de Montpellier. » A en croire les élus qui sont à l’origine du projet, l’alternative serait donc entre ce centre commercial et une zone de logements, et même, ajoutent-ils avec des frissons d’horreur, de logements collectifs sociaux. « Si vous n’avez pas Oxylane, vous aurez le Petit Bard« , se plaisent-ils à répéter … à laquelle il est ajouté « Et Montpellier ( ou l’Agglo, quand ce n’est pas la Métropole) vont nous les imposer » .
 
Il faut dénoncer la fausse alternative !

D’une part la municipalité de Saint Clément est elle-même impliquée dans les décisions qui ont amené à la situation actuelle, avec la demande de modifications du POS qui ont rendu ce terrain initialement agricole, constructible (dès 2001) et ouvert à des projets commerciaux (en 2014).

Mais le classement du terrain en zone IINA d tel que décrit dans le POS consultable en Mairie exclut l’éventualité des fameuses barres d’immeubles tant redoutées   » Ne sont admises … que les occupations ou utilisations de sols (suivantes) : Les constructions tertiaires à usage de commerce, d’enseignement, professions libérales, les structures d’accueil, d’hébergement . » (extrait) lien

 

pos

 

Cela signifie donc que, si le projet Décathlon ne se réalisait pas, il serait impossible de construire sur ce terrain de l’habitat collectif, à moins que la Mairie de Saint-Clément ne tienne à faire modifier le POS dans ce sens, ou à donner son accord pour des hébergements de type Sonacotra etc …  ce qu’on a du mal à imaginer!

D’autre part, agiter le chiffon rouge de l’ingérence d’une autres instance, tantôt Montpellier  tantôt l’Agglo, tantôt la Métropole relève de la fable ou de l’intox.

Concernant la construction de logements sociaux, la commune y est soumise comme les autres, c’est la loi qui l’y contraint,  et non les appétits immobiliers démesurés attribués selon le moment à Montpellier, ce qui est juridiquement impossible, ou à l’agglo que Saint-Clément a quitté depuis plus de dix ans, voire à la Grande Métropole qui n’existe pas encore.

L’alternative Décathlon ou barre d’immeubles pour logements sociaux relève donc du fantasme, cela ressemble fort à une manœuvre démagogique pour faire avaler la pilule aux habitants de la commune en faisant passer l’idée que Décathlon/Oxylane  serait une solution de  moindre mal.

Décathlon/Oxylane n’est pas la solution, Décathlon/Oxylane est le problème, il faut le faire savoir!

 

Cet article a été posté dans Alternatives le 13 janvier 2015.

 

 

Source : collectif-oxygene.fr

 


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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 18:15

 

Source : www.mediapart.fr

 

Macron et son projet fourre-tout passent une première étape

|  Par Yannick Sanchez

 

 

 

Après une semaine et 82 heures de débat, le vaste projet de loi Macron a franchi les obstacles du travail en commission spéciale. Professions réglementées, réforme du permis de conduire, travail dominical, secret des affaires, possibilité de modifier le code de l'environnement par ordonnance... retour sur les principaux articles.

 

Emmanuel Macron a bouclé la première étape de son parcours parlementaire. Devant une quarantaine de députés réunis en commission spéciale depuis le lundi 12 janvier, le ministre de l'économie a défendu, douze heures par jour, 7 jours sur 7, son projet de loi fourre-tout « pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques ». Au total, 106 articles et 1 743 amendements ont été examinés (495 adoptés), dont certains particulièrement attendus concernant les professions réglementées, la libéralisation des cars (voir notre article ici), la réforme du permis de conduire, le travail dominical ou encore la possibilité de modifier par ordonnance le code de l'environnement en ce qui concerne les projets d'urbanisme. 

 

Phase de négociation en marge des travaux de la commission spéciale. 
Phase de négociation en marge des travaux de la commission spéciale. © Yannick Sanchez

Travail dominical

Sur le travail dominical, Emmanuel Macron se savait particulièrement attendu. Hasard du calendrier, c'est à 00 h 20 le dimanche 18 janvier que les discussions ont débuté, par l'introduction du ministre de l'économie: « Je voudrais vous remercier pour votre esprit d’à propos de commencer la discussion sur le travail du dimanche dans les premières minutes d’un dimanche, a ironisé ce dernier. Même si cette réforme devait être votée, nous sommes au-delà des critères proposés en zone touristique internationale pour le travail de soirée (prévu de 21 heures à minuit – ndlr). » 



Trois pans ont été examinés par les députés. En premier lieu, la loi permet aux maires de disposer du pouvoir d’autoriser le travail non plus cinq mais douze dimanches dans les commerces, payés double. La commission a adopté un amendement du rapporteur Stéphane Travert (PS) supprimant les cinq dimanches obligatoires, laissant donc aux élus un choix allant de 0 à 12 dimanches. « Dans la grande majorité des communes, les besoins commerciaux sont souvent inférieurs à cinq par an », a-t-il affirmé pour justifier son amendement. Mais pour la députée Karine Berger (PS), si une commune ouvre « 12 dimanches sur 52, le travail le dimanche ne sera plus une exception, mais une habitude ».

En deuxième lieu, les parlementaires ont voté une réforme du système d’ouverture dans les zones commerciales « disposant d’un potentiel d’activité ». Ces zones commerciales (ZC) et zones touristiques (ZT) vont remplacer les PUCE (Périmètres d'usage de consommation exceptionnel, dans les agglomérations de plus d'un million d'habitants). Ces zones, qui pourront ouvrir tous les dimanches, seront tracées par décret et incluront « les zones frontalières où il y a une forte concurrence » comme les a qualifiées le ministre de l'économie.

Enfin, des zones touristiques internationales (ZTI) seront créées avec la possibilité d'ouvrir 52 dimanches par an et comprenant l'extension du travail de soirée de 21 heures à minuit. Certains quartiers parisiens (le boulevard Haussmann et les Champs-Élysées) et la Riviera méditerranéenne seront inclus. La loi prévoit qu’un décret détermine les critères de ces zones, et qu’un arrêté des ministres compétents prenne l’initiative de les créer après concertation avec les élus. 

La création de ces zones a suscité des craintes à gauche. Jacqueline Fraysse (Front de gauche) ou encore Sandrine Mazetier et Karine Berger (PS) se sont inquiétées du flou sur la définition de ces espaces et sur les compensations envers les salariés, et ont appelé à des « critères de précision, chiffrés ». Elles ont échoué à faire flancher le ministre, qui s'est montré défavorable à l'inscription dans la loi d'un plancher de compensations, observant que certains commerces de zones touristiques ne peuvent pas payer double.

« Dans votre argumentaire, a affirmé le ministre, il y a d’une part la volonté de ne pas pénaliser les petits commerces et d’autre part d’être juste socialement. Nous voulons protéger les salariés tout en aidant les petits commerces qui n’ont pas la possibilité de bien compenser, c’est pour ça que nous n’avons pas retenu la décision unilatérale du doublement des salaires », a-t-il ajouté, précisant qu'il n'y aurait pas d'ouverture sans accord de branche, d'entreprise ou de territoire.

La privatisation des aéroports de Nice et Lyon

Entre la réforme sur les professions réglementées et le travail du dimanche, a été débattu l’article 49, relatif au projet de privatisation des sociétés Aéroports de la Côte d’Azur et Aéroports de Lyon. La députée Front de gauche, Jacqueline Fraysse, s'est insurgée contre cette « logique de court terme » aboutissant selon elle à « prendre une décision grave au seul prétexte d’éponger une dette ». La rapporteure thématique Clotilde Valter (PS) a souhaité davantage encadrer les conditions de la privatisation : « L’exemple de l'aéroport de Toulouse (voir notre article ici) a montré que le processus de privatisation comporte un certain nombre d’insuffisances avérées. »

« Tirons les expériences de Toulouse, a répondu le ministre. La sensibilité d’un des investisseurs a créé beaucoup d’émoi, cet émoi eût été différent si une autorisation préalable du Parlement avait été donnée. Cet amendement me paraît donc de bon aloi », a-t-il conclu. Les députés ont obtenu qu'en cas de transfert de participation majoritaire, il y ait systématiquement une autorisation du Parlement.  

Professions réglementées

À fronts renversés, l'article visant à déverrouiller les tarifs des notaires et huissiers a fait l'objet de vifs débats entre les défenseurs des « professions stigmatisées », ancrés à droite, et les artisans de la dérégulation, plutôt à gauche. « Un monde à l'envers », a reconnu Julien Aubert (UMP), qui s'est évertué à défendre les notaires face au « libéralisme sauvage »« Ça fait froid dans le dos de voir à quel point on va mettre ces professions dans l’économie de marché », a jugé le député (UMP) du Val-d'Oise, Philippe Houillon, quand Éric Woerth a souligné le « risque de marchandisation ».

L'article en question prévoit que les nouveaux tarifs se rapprochent « des coûts réels », tout en préservant l'existence d'une « marge raisonnable ». Le concept, relativement flou, sera « défini par des critères objectifs », a rassuré Emmanuel Macron, à l'intérieur d'une fourchette comportant un maximum et un minimum dont l’amplitude sera limitée par voie réglementaire. 

Mettant en doute les arguments du groupe UMP, le rapporteur général Richard Ferrand a vilipendé « les nombreuses actions de lobbying auprès des parlementaires ». À trente minutes de la fin du troisième jour des débats, il est 00h 30 lorsqu'il lit à haute voix le mail qu'il affirme avoir reçu, « sans doute par accident », du président du groupe du notariat, Pierre-Luc Vogel « Je tiens à vous remercier très sincèrement pour les nombreuses actions de lobbying auprès des parlementaires que vous avez su mener dans un délai très bref en période des fêtes de fin d'année et nous en constatons d'ailleurs l'impact positif », s'étonne-t-il avant de poursuivre : «Je ne sais à qui est adressé cet hommage, mais chacun se reconnaîtra. » 


Le rapporteur général Richard Ferrand aux côtés du ministre de l'économie. 
Le rapporteur général Richard Ferrand aux côtés du ministre de l'économie. © Yannick Sanchez

« Une profession qui s’est sentie attaquée se défend », a rétorqué Sébastien Huyghe (UMP), député du Nord et par ailleurs notaire de formation. « Il n’y a pas ici ceux qui défendraient les professions juridiques et ceux qui ne les défendraient pas », a tranché la député (PS) du Nord Audrey Linkenheld, proche de Martine Aubry, avant de saluer la transparence du nouveau système de tarification. Autre élément de discorde, l'absence de la garde des Sceaux. Une situation jugée « surréaliste » par Marc Dolez (Gauche démocrate et républicaine) et reprise à l'unisson par la quasi-totalité des membres de la commission spéciale.   

Le projet de loi Macron visait aussi à faciliter l'installation des jeunes notaires, huissiers de justice et commissaires-priseurs judiciaires. En faisant voler en éclats la loi du 25 ventôse an XI, instaurée en 1803, c'est désormais chose faite. Une carte des régions, proposée par l'Autorité de la concurrence et établie par le gouvernement, déterminera l'implantation de ces professions « pour renforcer la proximité et l'offre de services ». Les professions juridiques s'en sortent tout de même à bon compte puisque comme le stipule un amendement du rapporteur général, la ministre de la justice devra donner son aval dans les zones qui pourront « porter atteinte à la continuité de l'exploitation des offices existants ou la qualité du service rendu ». La liberté d'installation est donc toute relative.

Une limite d'âge d'activité des notaires a aussi été fixée à 70 ans et un nouvel amendement prévoit l'existence d'un fonds pour compenser les actes effectués à perte et pour financer l’aide juridictionnelle. Quant aux six milliards d'économie qu'Arnaud Montebourg voulait reprendre aux « rentiers », Emmanuel Macron s'en est tenu à la prudence : « Mon prédécesseur avait fourni des chiffres, la rigueur nous oblige à dire qu’il y aura du pouvoir d’achat. »

Le secret des affaires

Un amendement du rapporteur général Richard Ferrand, particulièrement attendu, s'est glissé après l'article 64. Directement inspiré d'une proposition de loi du président de la commission des lois Jean-Jacques Urvoas et du président du groupe socialiste Bruno Le Roux, cet amendement définit le secret des affaires. Il prévoit notamment de punir quiconque prend connaissance, révèle sans autorisation ou détourne toute information protégée au titre du secret des affaires d’une peine de trois ans d’emprisonnement et de 375.000 euros d’amende. La peine pourra être portée à sept ans d’emprisonnement et 750.000 euros d’amende en cas d’atteinte à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France. La tentative de ce délit doit être passible des mêmes peines.

C'est justement ce qui inquiète la presse et pourrait mettre en péril (nous l'avons raconté ici et ) de futures révélations sur des scandales économiques, telles l’enquête sur le scandale Adidas/Crédit lyonnais ou celles sur les ramifications luxembourgeoises du groupe Bolloré, pour ne citer que celles-ci. Hormis la députée (PS) Karine Berger, personne n'a soulevé la question de la protection des lanceurs d'alerte. « Le secret des affaires doit être protégé dans 99 % des situations, mais nous avons aussi quelques cas retentissants où si l'on n'avait pas eu, de fait, une violation du secret des affaires, on n'aurait jamais rien su », a-t-elle pointé, prenant pour exemple les récentes révélations « Luxleaks » sur les accords secrets entre le fisc luxembourgeois et 300 entreprises.

Le rapporteur général lui a répondu que cet article « n’est pas applicable dans le cas où la loi autorise la révélation du secret à celui qui informe ou signale aux autorités compétentes. Les lanceurs d’alerte sont protégés », a-t-il assuré. On pourra lui objecter que la menace d'être sujet à une peine de trois ans d’emprisonnement et de 375.000 euros d’amende pourra refroidir les ardeurs de quelques journalistes d'investigation économique. 

Jean-Frédéric Poisson s'est dit en faveur du texte au nom du groupe UMP, tout en prônant l'abstention pour prendre le temps d'expertiser l'amendement. Le centriste Francis Vercamer a appelé à voter l'amendement, tout comme Jean-Yves Le Bouillonec (PS).

Les députés ont par ailleurs adopté un amendement qui vise à autoriser les sociétés à demander la non-publicité de leurs comptes annuels « afin de protéger les entreprises françaises, ces contraintes de publications n’existant pas dans de nombreux pays »Cet amendement de la socialiste Bernadette Laclais a été adopté contre l’avis du gouvernement et du rapporteur socialiste, qui ont notamment mis en avant un risque de contradiction avec le droit européen sur ce sujet.

La réforme du permis de conduire

Dès le premier jour des débats, la commission a voté une légère réforme du permis de conduire. Les étudiants pourront désormais passer le code de la route au lycée. Un amendement du président de la commission, François Brottes (PS), a rendu possible la préparation et la présentation à l'examen du code dans les locaux des lycées, en dehors du temps scolaire, pour les élèves volontaires.

Les députés présents ont aussi rendue obligatoire, au moins une fois par an, la publication par les auto-écoles des taux de réussite de leurs candidats aux épreuves du code de la route et de conduite. L'idée étant de favoriser « la concurrence entre les auto-écoles sur une base objective » et la « baisse des tarifs pratiqués », a expliqué le rapporteur général. 

Très remontée, l'ancienne ministre du logement Cécile Duflot a débarqué en commission jeudi 15 janvier, en plein débat sur les ventes d'immeubles à la découpe (vente lot par lot). Ne pouvant voter sur les amendements puisqu'elle n'est pas membre de la commission, mais libre de donner son avis, elle a vivement critiqué la remise en cause des protections qu'elle avait mises en place dans le cadre de la loi ALUR, qu'elle ne pensait « pas vivre avant juin 2017 ». « La vente à la découpe, c'est de la rentabilité de barbouze », a lancé la députée écologiste. Emmanuel Macron, tout en saluant sa « vraie sincérité » et son « courage face aux lobbies » lorsqu'elle était au gouvernement, a pointé « un peu de posture » dans ses propos, affirmant « ne revenir en rien à la situation avant ALUR ».

Réformer le code de l'environnement par ordonnance

Cécile Duflot est montée au créneau une seconde fois le vendredi matin, lorsqu'a été évoquée la possibilité de modifier le code de l'environnement pour « accélérer l’instruction et la délivrance de l’autorisation des projets de construction », comme le prévoit l'article 28. « Pourquoi le besoin de réformer le droit de l’environnement par ordonnance ? » a-t-elle questionné. Elle en a profité pour dénoncer l'omniprésence de Bercy dans ces réformes : « C'est pour ça que c’est vous, ministre de l’économie, et non pas Ségolène Royal, qui venez nous parler de la réforme du droit de l’environnement. » 

L'écologiste pro-gouvernement Denis Baupin a quant à lui réaffirmé que « c’était une bonne idée de procéder par ordonnance sur un sujet comme celui-là », tout en regrettant ne pas avoir obtenu davantage de garanties de l'exécutif. « Si la volonté économique doit l’emporter sur le reste, il y a fort à parier pour que l’environnement en pâtisse », a-t-il conclu à l'issue des débats.

Dimanche 18 janvier, les députés ont simplifié la réforme procédurale des conseils de prud'hommes, qui vise à raccourcir les délais et à favoriser l'intervention de juges professionnels, en précisant et limitant les cas de renvoi devant la formation de jugement présidée par le juge départiteur ou la formation de jugement restreinte. L'article 83, qui fait près de huit pages et qui modifie substantiellement le code du travail mériterait à lui-seul un projet de loi. C'est pourquoi Mediapart a choisi de le traiter dans un article distinct.

 

Colette Capdevielle @c_capdevielle

Performance d' @EmmanuelMacron présent dps lundi en spéciale : précis, rigoureux soucieux de co-construire son PLoi

 

Christophe Castaner         @CCastaner

, fier de ces 82h de coconstructions avec @EmmanuelMacron @RichardFerrand @ClotildeVALTER @ceciluntermaier @JYCaullet

 

Malgré plusieurs désaccords, la plupart des députés en commission se sont réjouis de la bonne tenue des débats, tels le rapporteur thématique Christophe Castaner qui, à la fin de la semaine, écrit dans un tweet sa fierté d'avoir co-construit cette nouvelle loi ; ou encore la députée (PS) des Pyrénées-Atlantiques Colette Capdevielle, qui souligne la précision et la rigueur du jeune ministre. Même les députés (UMP) de l'opposition Jean-Frédéric Poisson et Philippe Houillon ont souligné les avancées portées par ce texte au fil des débats.

Difficile pourtant d'y voir clair, entre les réformes sur les professions réglementées, le permis de conduire, les privatisations d'aéroports, la réforme du code de la santé publique, l'ouverture du transport en car à la concurrence, l'autorisation d'opérations sur le capital de sociétés à participation publique et même un amendement qui statue sur les labels dans le commerce équitable… En réussissant à faire voter une loi fourre-tout sans la présence des ministres de tutelle, Emmanuel Macron vient de réaliser un sacré numéro d'équilibriste dans l'art du compromis libéral. 

 

Boîte noire :

Ajout du mardi 20 janvier à 13h sur la réforme de la justice prud'homale :

« Dimanche 18 janvier, les députés ont simplifié la réforme procédurale des conseils de prud'hommes, qui vise à raccourcir les délais et à favoriser l'intervention de juges professionnels, en précisant et limitant les cas de renvoi devant la formation de jugement présidée par le juge départiteur ou la formation de jugement restreinte. L'article 83, qui fait près de huit pages et qui modifie substantiellement le code du travail mériterait à lui-seul un projet de loi. C'est pourquoi Mediapart a choisi de le traiter dans un article distinct. »

 

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 17:59

 

Source : www.bastamag.net

 

 

Evasion fiscale

 

 

Comment les géants de l’audit ont pris le pouvoir

par Alexis Moreau 20 janvier 2015

 

 

 

 

 

Quel est le point commun entre le Vatican, le géant français Total et la métropole rennaise ? Tous ont fait appel au cabinet KPMG pour expertiser leurs comptes ou réformer leurs méthodes de gestion. KPMG, Ernst & Young, Deloitte et PwC sont les quatre principaux géants de l’audit. Méconnus du grand public, ces « Big Four » conseillent gouvernements et multinationales, font la loi dans les paradis fiscaux et tissent leur toile dans les instances internationales. Leur chiffre d’affaires : 90 milliards d’euros. Enquête sur des multinationales au pouvoir grandissant, qui valident les comptes des entreprises, tout en les aidant à développer une « optimisation fiscale agressive ».

Depuis novembre, le scandale du Luxleaks prend de l’ampleur, mais les principaux responsables restent dans l’ombre. Des journalistes ont révélé que plus de 300 multinationales, parmi lesquelles Apple, Ikea ou Disney, avaient négocié des accords secrets avec le Luxembourg, afin de réduire drastiquement leur taux d’imposition. Ces journalistes ont eu accès à plusieurs milliers de documents confidentiels émanant des quatre plus gros cabinets d’audit de la planète : PricewaterhouseCoopers (PwC), KPMG, Ernst & Young et Deloitte.

Ce sont les juristes de ces quatre géants de l’audit – au surnom de « Big Four » – qui ont rédigé les accords permettant aux multinationales d’esquiver le fisc. Le but était d’obtenir un taux d’imposition inférieur au taux affiché par le duché luxembourgeois. Bilan, plusieurs milliards d’euros « économisés » par les multinationales, aux dépens des contribuables. Des pratiques qui n’étonnent pas les professionnels. « En France, les grandes fortunes négocient directement leur niveau d’imposition avec le fisc, rappelle Damien [1], jeune avocat fiscaliste. C’est la même chose au Luxembourg, sauf que les multinationales aussi négocient ! »

Damien a travaillé chez un de ces géants de l’audit : « Les multinationales sont toutes clientes d’un Big Four, dans lequel travaillent des centaines de juristes. Elles disent à ces avocats : "Trouvez-moi un moyen de diminuer mon TEI (taux effectif d’imposition)." Les avocats rédigent un mémo, pour construire le meilleur montage possible. On joue avec les failles et les avantages offerts par les systèmes fiscaux de la planète. » Les méthodes d’« optimisation » fiscale ne manquent pas. Les plus connus sont les prix de transfert [2], qui permettent aux multinationales de jongler avec la localisation de leurs profits, pour payer le moins possible d’impôts grâce aux différences entre taux de taxation de chaque pays.

Des conseils fiscaux vendus à prix d’or

Combien coûtent ces mémos d’optimisation ? Leurs tarifs atteignent des sommets. « Ils sont négociés avec le client, en fonction du temps passé, détaille Damien. En moyenne, un associé d’un gros cabinet facture 600 euros de l’heure ; il travaille avec un ou plusieurs managers, qui facturent 350 euros et des juniors, payés 100 euros de l’heure. » A l’arrivée, le coût des précieux documents peut dépasser 100 000 euros. En un an, le conseil fiscal rapporte à PwC la bagatelle de 6,4 milliards d’euros [3] !

Pris en flagrant délit dans l’affaire du « Luxembourg Leaks », le cabinet PwC ne s’est pas démonté : « On n’a rien à se reprocher, le Luxembourg n’a rien à se reprocher. Ce sont des activités légales et légitimes », défend un des dirigeants. Il est vrai que ces tours de passe-passe comptables ne sont pas formellement interdits. On parle d’« optimisation fiscale agressive », pour ne pas utiliser les vilains mots d’« évasion fiscale ». Dans les faits, la différence est ténue. Devant des parlementaires anglais, un dirigeant de Deloitte a ainsi déclaré que la règle était de vendre des montages financiers « qui avaient au moins une chance sur deux » d’être validés par un tribunal. En privé, les fiscalistes avouent que le vrai chiffre est de 25%... Ce jeu d’équilibriste peut coûter cher. En 2013, Ernst & Young a été contraint de verser 123 millions de dollars aux États-Unis pour échapper à des poursuites : le cabinet avait vendu à 200 clients des montages fiscaux leur permettant d’économiser 2 milliards de dollars d’impôts.

Audit financier et conseil fiscal, le dangereux mélange des genres

L’optimisation n’est pourtant pas la mission première des géants de l’audit. Leur rôle, comme leur nom l’indique, est d’« auditer » les multinationales. A eux quatre, les Big Four épluchent les comptes annuels des 500 plus grosses entreprises de la planète, pour garantir qu’ils ne comportent aucune irrégularité. Cette double casquette pose question : d’un côté, elles ont un rôle de « gendarmes » chargés de contrôler les entreprises, de l’autre, elles encouragent ces dernières à flirter avec l’illégalité… Et les cabinets d’audit sont payées par ceux-là même qu’ils contrôlent ! En 2002, la faillite d’Enron montre les limites du système. Le cabinet Arthur Andersen, auditeur et conseiller fiscal du géant de l’énergie, est accusé d’avoir couvert les manipulations financières de son client. Les employés du cabinet d’audit n’ont pas hésité à passer à la broyeuse des milliers de documents pour tenter d’effacer les traces.

A la suite de cette affaire, la loi a imposé aux géants de l’audit de séparer leurs activités d’audit et de conseil [4]. Le mélange des genres n’a pas cessé pour autant. Prenons le cas du géant du ketchup Heinz, cité dans le « Luxembourg Leaks ». Pendant que les fiscalistes de PwC aidaient la multinationale à esquiver le fisc, les commissaires aux comptes du cabinet continuaient de certifier ses comptes, comme le montre ce rapport annuel.

Des géants qui font la loi dans les paradis fiscaux

À force de fréquenter les paradis fiscaux, les géants de l’audit ont fini par s’y sentir comme chez eux. Le journaliste britannique Nicholas Shaxson raconte comment ils font la pluie et le beau temps dans l’île de Jersey. Les législateurs de ce charmant territoire se contentent souvent de transcrire dans la loi des projets livrés clé en main. « Je vais être honnête, je ne comprends pas les détails, mais je crois les avocats et les banquiers quand ils assurent que c’est nécessaire », avoue un élu avec candeur [5].

En 1995, les cabinets d’audit réussissent à faire voter dans l’île un statut juridique sur mesure pour eux, le « limited partnership » (ou partenariat à responsabilité limitée). Un statut qui cumule les avantages de la faible transparence, de la fiscalité réduite et de la limitation de responsabilité en cas de faillite [6]. L’idée est de menacer ensuite le Royaume-Uni de s’exiler à Jersey si les Britanniques ne votent pas un texte identique. Opération réussie : un matin, les législateurs de Jersey trouvent le projet de loi sur leur bureau, une campagne de lobbying pousse les plus hostiles à céder. Le sénateur récalcitrant Stuart Syvret découvre qu’un de ses collègues, fervent défenseur du projet de loi, travaille pour le cabinet juridique qui a coécrit le texte avec PwC… Une fois la loi votée à Jersey puis à Londres, les géants de l’audit adoptent ce statut de « limited partnership ».

Plus près de nous, le cas luxembourgeois est éclairant. La proximité entre les géants de l’audit et le gouvernement saute aux yeux. Un député aurait avoué que le Parti Démocratique (PD, libéral) a rédigé son programme électoral avec l’aide active des Big Four. Avec un mot d’ordre simple : rendre la fiscalité encore plus attractive pour les entreprises. Mais il y a mieux. En 2013, Alain Kinsch, patron d’Ernst & Young Luxembourg, a failli devenir… ministre des Finances [7]. À défaut d’obtenir le portefeuille, Kinsch a participé à l’élaboration du programme de la coalition au pouvoir. Une consanguinité qui ne choque même plus, dans un pays où le secteur financier pèse 30% du PIB.

Pressions et lobbying

Le Luxembourg est un cas extrême. Dans l’Union européenne, les Big Four exercent une influence plus souterraine. Objectif : freiner toute législation gênant les multinationales. Ils siègent en bonne place dans divers groupes d’experts. En avril 2013, quand la Commission européenne lance une « plateforme de réflexion » pour lutter contre « l’optimisation fiscale agressive », qui retrouve-t-on parmi les participants ? PwC, épinglé 18 mois plus tard dans le « Luxembourg Leaks » !

Au sein de ces instances, les Big Four ne prônent pas une lutte acharnée contre l’évasion fiscale, c’est le moins que l’on puisse dire ! Depuis des années, l’OCDE réfléchit à l’instauration du « reporting pays par pays ». Ce reporting obligerait les multinationales à rendre public de nombreuses données, telles que les bénéfices réalisés par chaque filiale. De quoi contrarier les grands groupes qui logent leurs filiales dans les paradis fiscaux. Et mettre un frein au juteux business des géants de l’audit. Quand l’OCDE laisse entendre, en avril 2014, que des données clés pourraient être écartées de ces reportings, c’est le soulagement. « Bonne nouvelle ! », s’exclame un responsable de KPMG. Il est vrai que le conseil fiscal représente un quart du chiffre d’affaires des géants de l’audit…

Ces derniers sont néanmoins capables d’adapter leur discours aux circonstances. Très opposé au « reporting », PwC a changé son fusil d’épaule. Un de ses rapports conclut à l’intérêt économique d’une telle mesure. Les fiscalistes veulent-ils lâcher du lest, alors que s’intensifie la lutte contre les paradis fiscaux ? Ou bien planchent-ils déjà sur d’autres stratégies d’optimisation ?

Gérer les États comme des entreprises

Les Big Four ne se contentent pas de jouer les experts auprès des entreprises et de l’Union européenne. Depuis 30 ans, ils ont diversifié leur clientèle, démarchant États et collectivités. Leur essor s’inscrit dans le tournant néolibéral des années 1980. Leur philosophie est simple : les États doivent être gérés comme des entreprises, avec l’« optimisation » des coûts comme objectif. L’État français fait régulièrement appel aux Big Four. Lors du lancement de de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) en 2007, vaste réforme de l’État visant à tailler dans les dépenses publiques, le gouvernement a mandaté plusieurs firmes, parmi lesquelles Ernst & Young. Coût de l’opération – payée par le contribuable : 111 millions d’euros.

Les collectivités locales font également appel à ces géants de l’audit. En France, KPMG conseille 6000 agglomérations, départements et régions. « Pour un service public plus simple, plus efficient, plus responsable – en un mot : plus durable, KPMG accompagne les acteurs publics », proclame la firme. Joli morceau de langue de bois. Un auditeur chevronné travaillant pour un des Big Four explique, de manière plus crue : « De plus en plus de collectivités viennent nous trouver, parce qu’elles ne peuvent plus assumer toutes leurs missions en raison de la baisse continue des dotations de l’État. Nôtre rôle est de leur dire : "Il va falloir vous amputer d’un membre, nous allons vous expliquer s’il faut sacrifier un bras ou une jambe." Après un audit complet du budget de la collectivité, nous proposons l’abandon de certaines missions ou l’externalisation de certains services (informatique, nettoyage, etc.) C’est ça, ou la banqueroute. »

Quand KPMG entre au Vatican

La multiplication des « réformes structurelles » libérales dans les pays du Sud, sous l’impulsion du FMI ou de la Banque mondiale, a ouvert un marché prometteur aux Big Four. Les pays africains, notamment, mandatent les géants de l’audit pour les conseiller lors de la privatisation de leurs secteurs publics. La Côte d’Ivoire, pourtant l’un des pays les plus pauvres du monde, aurait ainsi déboursé 800 000 euros pour s’offrir les services de PwC, dans le cadre de la privatisation de cinq banques publiques. Au cours de l’appel d’offres, son concurrent KPMG n’aurait pas hésité à réclamer 2 millions d’euros…

À force de démarcher les États de la planète, les Big Four s’entichent de clients improbables. Qui aurait pu penser que le Pape s’adresserait un jour à KPMG pour mettre de l’ordre dans les comptes du Vatican ? François Ier espère ainsi tourner la page des scandales financiers successifs qui ont marqué le Saint-Siège. La mission de KPMG sera « d’améliorer la transparence » de la comptabilité du Vatican. Il est vrai qu’en matière de transparence fiscale, les Big Four ne manquent pas de savoir-faire…

Alexis Moreau

Photos :
- Une : CC Adam_T4
- A Londres, l’immeuble KPMG aux côtés des tours des banques HSBC et Citi / CC George Rex
- A New York, l’immeuble PwC sur Madison / CC Mark Morgan
- A Oslo, l’immeuble Deloitte / CC Benson Kua
- A La Défense (Paris), l’immeuble Ernst & Young aux côtés des tours GDF-Suez et SFR.

Notes

[1Le prénom a été modifié.

[2Les prix de transfert sont les prix auxquels les filiales d’une multinationale s’échangent des biens matériels (marchandises) ou immatériels (brevets…). Ces prix sont fixés librement par les grands groupes. La filiale A vend à très bas prix une marchandise (par exemle un ordinateur) à une filiale B, située dans un paradis fiscal. La filiale B revend cet ordinateur avec une marge très élevée, non imposée, à la filiale C, située dans le pays de consommation. 60% du commerce international se pratiquerait ainsi.

[3Lire ici, page 8.

[4L’article 104 de la loi de sécurité financière française de 2003 entérine la séparation des activités de conseil et d’audit. En pratique, les Big Four créent deux filiales distinctes.

[5Cité dans Nicholas Shaxson, Les paradis fiscaux, André Versaille éditeur, p. 226

[6Ce statut reprend les avantages des « partnerships » (faible transparence, fiscalité réduite) et ceux des « sociétés à responsabilité limitée », qui limite les montants engagés par les actionnaires en cas de faillite.

[7Lire ici.


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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 16:31

 

Source : www.lemonde.fr

Marine Le Pen : « Oui, nous espérons la victoire de Syriza »

Le Monde.fr | 20.01.2015 à 13h21 • Mis à jour le 20.01.2015 à 14h28 | Par Abel Mestre

 


Marine Le Pen lors d'un congrès du Front national à Lyon en novembre 2014.

C’est un soutien pour le moins étonnant. Marine Le Pen, présidente du Front national a déclaré au Monde qu’elle « espérait la victoire de Syriza », lors des élections législatives grecques qui auront lieu dimanche 25 janvier.

Pour la prétendante à l’Elysée, il n’y a aucune contradiction à ce que le parti d’extrême droite soutienne la coalition de gauche et d’extrême gauche. « Il y a une fracture en Europe qui passe par la reprise en main des peuples contre le totalitarisme de l’Union européenne et de ses complices, les marchés financiers, continue Mme Le Pen. Je suis complètement cohérente. Cela ne fait pas de moi une militante d’extrême gauche ! Nous ne sommes pas d’accord avec tout leur programme, notamment sur le plan de l’immigration. Mais nous nous réjouirions de leur victoire. »

Lire aussi : La gauche radicale se rapproche de Syriza

Brouiller les cartes

En résumé, selon elle, la victoire de Syriza contribuerait à renforcer le camp des eurosceptiques… Même si Syriza est favorable au maintien de la Grèce dans la zone euro. Ce soutien à une famille politique adverse est donc tactique et ponctuel. Et n’a pas vocation à se généraliser. Ainsi, en Espagne, Mme Le Pen espère qu’une « partie du Parti populaire [droite, au pouvoir en Espagne] aura le courage de ne pas rester dans le soutien absolu à l’Union européenne ».

Cette prise de position permet une nouvelle fois à Marine Le Pen de brouiller les cartes politiques. Et quand elle donne quitus à l’extrême gauche, cela n’a rien d’innocent. C’est un élément de plus de sa stratégie de dédiabolisation. Car, plus il y a de confusion, plus il est difficile de renvoyer le FN à ce qu’il est fondamentalement, c’est-à-dire un parti d’extrême droite.

De plus, concernant spécifiquement la Grèce, soutenir Syriza lui donne l’avantage de se démarquer nettement des néonazis d’Aube dorée. Mme Le Pen ajoute d’ailleurs avec amusement, que dans les pays comme l’Espagne et la Grèce où « il n’y a pas d’équivalent au Front national, c’est l’extrême gauche qui prend notre place ».

Ce n’est pas la première fois que Marine Le Pen pioche à la gauche de la gauche. Elle regarde attentivement ce qu’il se passe de l’autre côté du spectre politique depuis le début des années 2000. En 2003, elle avait même donné une conférence de presse à l’occasion du Forum social européen organisé à Paris. Elle estimait, déjà, que les altermondialistes posaient « de bonnes questions mais [apportaient] de mauvaises réponses ».

Lire aussi : En Grèce, les grands chantiers de Syriza

Lire aussi : Dans cette Grèce déclassée prête à voter Syriza

image: http://s1.lemde.fr/medias/web/img/bg/vide.png

 

 

 

Source : www.lemonde.fr
  
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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 16:20

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

A Paris, « l'espoir Syriza » requinque une opposition de gauche fragilisée

|  Par Stéphane Alliès

 

 

 

Encore choqués par les attentats de Paris et dubitatifs sur ses conséquences sur le climat politique, les responsables de la gauche de gauche ont tenu lundi soir meeting unitaire au gymnase Japy, pour encourager et espérer ensemble la victoire du « modèle Syriza » en Grèce. Avec l'espoir qu'elle se propage en Espagne, et qu'elle fasse bouger les lignes en France.

La vie politique reprend, à Japy. Ce lundi, les gauches ont fait tréteaux communs dans ce gymnase, haut lieu historique de la gauche parisienne. Dans une salle aux deux tiers pleine, c'est un noyau militant de plus de 500 personnes qui s'est retrouvé pour soutenir Syriza, la formation de gauche radicale aux portes du pouvoir en Grèce. Une façon de remettre le pied à l'étrier, pour une gauche fragilisée après le choc des attentats de Paris, et dans le flou quant aux conséquences à en tirer pour l'avenir. « Ça fait du bien de retrouver le sourire », entend-on à plusieurs reprises. Des militants et des élus confient avoir été très marqués par les événements, d'autres redoutent qu'ils entraînent de nouvelles fractures à gauche ou, pire, de nouvelles impuissances. On s'interroge, aussi, sur le bien-fondé des restrictions de liberté en temps de « guerre contre le terrorisme », ou encore sur la possibilité d'une synthèse laïque et antiraciste, « entre SOS-Racisme et Rokhaya Diallo ».

Au départ organisée par le Front de gauche et Attac, la soirée s'est élargie aux écologistes d'EELV, à Nouvelle donne et à l'aile gauche du PS. Après avoir chacun cherché son Charlie (lire notre article), les responsables de la gauche de gauche espèrent trouver un second souffle dans « l'espoir Syriza », une expression maintes fois répétée à la tribune.

 

Meeting de soutien à Syriza au gymnase Japy, le 19 janvier, à Paris 
Meeting de soutien à Syriza au gymnase Japy, le 19 janvier, à Paris © S.A

Pour les intervenants, une victoire en Grèce serait « un moment de libération pour l'Europe tout entière », estime Susan George d'Attac, qui espère voir Alexis Tsipras « dénoncer la dette odieuse et illégitime ». Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, souhaite quant à lui que Syriza puisse « gouverner à partir de son programme et non des injonctions des banques et des engagements passés avec la troïka ». Même souci pour Pierre Larrouturou, co-président de Nouvelle donne, qui rappelle que « si la Grèce avait le même taux d'emprunt que la France, elle serait en excédent budgétaire ! ».

Ultime orateur de la soirée, Giorgos Katrougalos, député de Syriza, a confirmé l'intention de son parti d'« assainir le système politique grec corrompu et clientéliste, de restaurer le Smic, de rétablir une couverture santé digne de ce nom, de rétablir le courant pour tout le monde, d'abolir la dérégulation du droit du travail, de promouvoir de nouvelles institutions de démocratie directe ». Au plan européen, il a dit vouloir convaincre de « la nécessité de mutualiser la dette, car l'Europe ne peut pas vivre coupée en deux, entre créditeurs et débiteurs ».

Auparavant, Jean-Luc Mélenchon a tenu en éveil l'assistance en imaginant que cette « page qui va se tourner, celle du martyre des peuples pris à la gorge », puisse se transformer en « grand élan qui va permettre de renverser la table à Athènes, à Madrid, à Paris ! ». Et à ceux qui feraient remarquer que le Front de gauche ne connaît pas la même dynamique que son cousin athénien, il rétorque : « J'ai connu Tsipras quand il n'était qu'à 3 %. Puis quand il a connu une scission avec ceux qui voulaient rejoindre le Pasok au gouvernement… » Enfin, il a ciblé les sociaux-démocrates qui rallient la victoire de la gauche de gauche hellène : « Puisque Syriza serait une variable de la social-démocratie, faites le gel de la dette, faites la réforme fiscale, faites la gratuité de la santé et de l'électricité, comme dans leur programme ! Désormais, on va pouvoir parler brut en Europe ! »

Clémentine Autain s'est voulue mieux intentionnée avec les invités socialistes (l'économiste Liêm Hoang-Ngoc a pris la parole, les députés Pascal Cherki et Pouria Amirshahi ou la présidente du MJS étaient aussi dans la salle), en appelant à une alternative « rouge-vert-rose vif ». « Il faut éviter les écueils de l'union au forceps d'une gauche d'entre-soi et de jouissance de la marginalité, a-t-elle soutenu. Il faut être attentif aux mouvements qui émergent. Il nous faut savoir allier les fondamentaux du mouvement ouvrier et les nouveaux militantismes féministes, écologistes et antiracistes. »

Pour le PS, ou plutôt son aile gauche (la direction du parti n'a pas été conviée, mais a appuyé la participation), Guillaume Balas a marché sur des œufs, mais a finalement été applaudi par une salle peu habituée à la communion avec les socialistes. L'eurodéputé et responsable du courant Un monde d'avance (proche de Benoît Hamon, lire ici notre entretien) a ainsi décrit sa progressive aisance à se retrouver derrière Syriza : « Il est temps de croire aux mots que nous utilisons, j'ai fait campagne et été élu avec l'idée que l'austérité de Bruxelles n'est pas la solution, puis on m'a dit qu'on n'avait pas le choix, qu'on était minoritaire et donc allié avec nos adversaires… » Avant de conclure, malicieux : « Suis-je plus proche de ceux avec qui je suis allié au niveau européen, ou de ceux qui disent ce que je racontais en campagne ? »

L'ancienne ministre du logement Cécile Duflot (EELV) a elle aussi profité du micro pour envoyer un message unitaire plus explicite aux autres forces politiques : « J'ai le sentiment d'être à ma place ici, au milieu de vous, ensemble comme les Verts grecs espèrent la victoire de Syriza. » L'écologiste explique son adhésion à la gauche radicale par la façon dont elle a quitté le gouvernement : « Parce que nous en avons eu assez de prendre des leçons de responsabilité de la part d'irresponsables. » Dans le même temps, elle a insisté sur la nécessité d'une « réorientation nette et vigoureuse de la construction européenne, car l'Europe est l'espace réel pour réguler le marché ou lutter contre la fraude fiscale ». Duflot a aussi dit souhaiter la victoire de Podemos en Espagne, et a lancé : « Cela nous met nous-mêmes au défi de forger une voie pour l'espoir dans notre pays. Il y aura des débats entre nous, mais ce projet nouveau devra aboutir. »

 

 

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 


 

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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 16:04

 

Source : www.mediapart.fr

 

Documentaire. Syriza, acte un

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

L'ascension de Syriza, l'émergence de son leader Alexis Tsipras, l'engagement des militants, la responsabilité de l'alternative… Les 72 minutes d'Espoir sur le fil, documentaire d'Alexandre Papanicolaou et Emilie Yannoukou, racontent l'émergence du parti grec à partir de la campagne des législatives de 2012. Et mettent en perspective l'espoir à l'œuvre, autour d'une éventuelle victoire dimanche de Syriza. Film en intégralité sur Mediapart.

 

Ce dimanche 25 janvier, le résultat de Syriza aux élections législatives grecques sera regardé de très près. C'est ce parti, quasi inconnu ici avant les législatives de 2012, que suit au jour le jour le documentaire d'Alexandre Papanicolaou et Emilie Yannoukou, Espoir sur le fil : la campagne de 2012 ; l'émergence d'un leader, Alexis Tsipras ; la mobilisation pour une politique alternative ; l'échec "sur le fil" ; les doutes (« Nous n'étions pas prêts à sortir de l'opposition ») ; la remobilisation avec d'autres partis européens…

Espoir sur le fil ; produit par Persona production (France) et Elibo productions (Grèce) ; écrit, réalisé et produit par Alexandre Papanicolaou & Emilie Yannoukou) ; distribué dans quelques salles en France. Il est visible intégralement sur Mediapart jusqu'au 30 janvier.

 

Pour visualiser le documentaire, cliquer ici

 

Source : www.mediapart.fr

 


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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 15:53

 

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CADTM

 

Joseph Stiglitz montre qu’une suspension du paiement de la dette peut être bénéfique pour un pays et sa population

16 janvier par Eric Toussaint

 


Depuis que l’Union européenne est frappée de plein fouet par une crise de la dette et que plusieurs pays sont étranglés par les créanciers, la perspective d’un défaut de paiement pointe à l’horizon. Une majorité d’économistes de droite et de gauche considère qu’il faut éviter un arrêt du remboursement de la dette. Les crédits octroyés en urgence par la Troïka à la Grèce (mai 2010), à l’Irlande (novembre 2010), au Portugal (mai 2011) et à Chypre (mars 2013) l’ont été sous prétexte d’éviter un défaut de paiement qui aurait eu, disait-on, des effets catastrophiques pour les populations des pays concernés. Pourtant, on trouve dans plusieurs recherches économiques des arguments forts en faveur de la décision de suspendre le paiement de la dette. De plus, aujourd’hui, il est difficile de nier que les conditions attachées à ces crédits combinées à l’augmentation de la dette ont des effets dramatiques pour les peuples, à commencer par le peuple grec. Il est temps de comprendre qu’une suspension du paiement de la dette peut constituer un choix justifié.

Joseph Stiglitz, prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel en 2001, président du conseil des économistes du président Bill Clinton de 1995 à 1997, économiste en chef et vice-président de la Banque mondiale de 1997 à 2000, apporte des arguments forts à ceux qui plaident pour la suspension du remboursement des dettes publiques. Dans un livre collectif |1| publié en 2010 par l’université d’Oxford, il affirme que la Russie en 1998 et l’Argentine au cours des années 2000 ont fait la preuve qu’une suspension unilatérale du remboursement de la dette peut être bénéfique pour les pays qui prennent cette décision : « Tant la théorie que la pratique suggèrent que la menace de fermeture du robinet du crédit a été probablement exagérée  » (p. 48).

Quand un pays réussit à imposer une réduction de dette à ses créanciers et recycle les fonds antérieurement destinés au remboursement pour financer une politique fiscale expansionniste, cela donne des résultats positifs : «  Dans ce scénario, le nombre d’entreprises locales qui tombent en faillite diminue à la fois parce que les taux d’intérêt locaux sont plus bas que si le pays avait continué à rembourser sa dette |2| et parce que la situation économique générale du pays s’améliore. Puisque l’économie se renforce, les recettes d’impôts augmentent, ce qui améliore encore la marge budgétaire du gouvernement. […] Tout cela signifie que la position financière du gouvernement se renforce, rendant plus probable (et pas moins) le fait que les prêteurs voudront à nouveau octroyer des prêts. » (p. 48) Et il ajoute : « Empiriquement, il y a très peu de preuves accréditant l’idée qu’un défaut de paiement entraîne une longue période d’exclusion d’accès aux marchés financiers. La Russie a pu emprunter à nouveau sur les marchés financiers deux ans après son défaut de paiement qui avait été décrété unilatéralement, sans consultation préalable avec les créanciers. […] Dès lors, en pratique, la menace de voir le robinet du crédit fermé n’est pas réelle. » (p. 49)

Pour Joseph Stiglitz, certains pensent qu’un des rôles centraux du FMI est d’imposer le prix le plus élevé possible aux pays qui voudraient se déclarer en défaut de paiement et beaucoup de pays se comportent comme s’ils croyaient à cette menace. Il considère qu’ils font fausse route : « Le fait que l’Argentine soit allée si bien après son défaut de paiement, même sans l’appui du FMI (ou peut être parce qu’elle n’a pas eu l’appui du FMI), peut conduire à un changement de cette croyance. » (p. 49)

Il met également clairement en cause les banquiers et autres prêteurs qui ont octroyé massivement des prêts sans vérifier sérieusement la solvabilité des pays qui empruntaient ou, pire, qui ont prêté en sachant parfaitement que le risque de défaut était très élevé. Il ajoute que, puisque les prêteurs exigent de certains pays des taux élevés en vertu des risques qu’ils prennent, il est tout à fait normal qu’ils soient confrontés à des pertes dues à un effacement de dette. Ces prêteurs n’avaient qu’à utiliser les intérêts élevés qu’ils percevaient en tant que provisions pour pertes possibles. Il dénonce aussi les prêts « prédateurs » octroyés aux pays débiteurs à la légère par les banquiers (p. 55).
En résumé, Stiglitz plaide pour que les prêteurs assument les risques qu’ils prennent (p. 61). À la fin de sa contribution, il considère que les pays qui s’engagent dans la voie du défaut de paiement ou de la renégociation en vue d’obtenir une réduction de dette auront besoin d’imposer un contrôle temporaire sur les changes et/ou des taxes pour décourager les sorties des capitaux (p. 60). Il reprend à son compte la doctrine de la dette odieuse et affirme que celle-ci doit être annulée (p. 61). |3|

D’autres économistes abondent dans la même direction que Joseph Stiglitz

Il n’est pas le seul à aller dans ce sens. Dans un article publié par le Journal of Development Economics |4| sous le titre « The elusive costs of sovereign defaults », Eduardo Levy Yeyati et Ugo Panizza, deux économistes qui ont travaillé pour la Banque interaméricaine de développement, présentent les résultats de leurs recherches minutieuses sur les défauts de paiement concernant une quarantaine de pays. Une de leurs conclusions principales est la suivante : « Les périodes de défaut de paiement marquent le début de la récupération économique ». |5|On ne peut mieux dire.

Notes

|1| Barry Herman, José Antonio Ocampo, Shari Spiegel, Overcoming Developing Country Debt Crises, OUP Oxford, 2010.

|2| En effet, une des conditions posées par le FMI lorsqu’il vient en aide à un pays au bord du défaut de payement est d’augmenter les taux d’intérêt locaux. Si un pays échappe aux conditions fixées par le FMI, il peut au contraire baisser les taux d’intérêt afin d’éviter autant que possible des faillites d’entreprises.

|3| Joseph Stiglitz a défendu cette position à de nombreuses reprises au cours des dix dernières années. Voir notamment son livre La grande désillusion, Fayard, 2002.

|4| Journal of Development Economics 94, 2011, p. 95-105.

|5| “Default episodes mark the beginning of the economic recovery”.

Eric Toussaint, docteur en sciences politiques, est porte-parole du CADTM international et membre du conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Bancocratie, Aden, 2014, http://cadtm.org/Bancocratie ; Procès d’un homme exemplaire, Editions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010.

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 15:37

 

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CADTM

 

Bonnes nouvelles

Que s’est-il passé de positif en 2014 ?

18 janvier par Bonnes nouvelles

 


En cette fin d’année, les grands médias ne vont pas manquer pas de nous préparer leur rétrospective 2014 avec, au centre, la traditionnelle ribambelle d’événements plus négatifs les uns que les autres. Conflits sanglants/armés en Ukraine, en Syrie, en République centrafricaine, en Palestine, actes terroristes au Nigéria, Kenya, en Irak, au Pakistan… catastrophe naturelles et sanitaires (inondations, Ebola, etc.), crise économique et austérité dévastatrice en Europe, montée de la xénophobie et de l’extrême droite, inaction en matière de régulation bancaire et de lutte contre les changements climatiques, etc.
En contre pied de cette triste réalité, de nombreuses initiatives porteuses d’espoirs, locales et globales, ont fleuri un peu partout sur la planète. Des individus se sont dressés avec succès contre l’injustice, des mobilisations sociales ont fait reculer des projets néfastes pour l’humanité, et des gouvernements ou des autorités publiques ont pris leur courage à deux mains et ont mis en œuvre des politiques en faveur des populations. Bien sûr, ces petites et grandes victoires restent partielles et insuffisantes. Prises individuellement, certaines peuvent même paraître dérisoires. Mais mises ensemble, elles montrent à quel point la volonté de changement est vivace et qu’il existe de multiples forces de propositions alternatives au système actuel, basé sur l’égoïsme, le profit et l’exploitation des peuples et de la nature.
C’est avec beaucoup de plaisir et de fierté que nous avons recensé, publié et diffusé pas moins de 150 « bonnes nouvelles » en 2014. Nous vous proposons ici une petite sélection des bonnes nouvelles qui nous ont touchés cette année. Nous espérons qu’elles vous aideront à lutter contre le fatalisme ambiant et constitueront des sources d’inspiration pour vos actions individuelles et collectives.

 

 

 

 

Source : cadtm.org

 

 

 

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 15:21

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Berlin : des milliers de manifestants défilent contre les « usines à animaux » et les OGM

par Sophie Chapelle 19 janvier 2015

 

 

25 000 personnes selon la police – deux fois plus selon les organisateurs – ont défilé à Berlin le 17 janvier contre les « usines à animaux », la nourriture génétiquement modifiée et le projet de traité de libre échange entre les Etats-Unis et l’Europe (Tafta). Plus de 120 organisations ont participé à la cinquième édition de la manifestation « Wir haben es satt ! » (Nous en avons assez !), qui se tient chaque année à l’occasion du salon agricole européen [1].

Les multinationales qui minent la diversité des semences et promeuvent les OGM étaient dans le viseur des organisateurs. Sur le passage des manifestants, un immense pulvérisateur de Round Up, herbicide produit par la compagnie Monsanto, a décimé symboliquement les abeilles et insectes, tandis que les personnes déguisées en maïs génétiquement modifié sont restées debout. « Manger est politique, a déclaré Jochen Fritz, un des organisateurs de la marche. La moindre décision prise au moment d’acheter doit être déterminée par la façon dont les animaux sont élevés ou par ce qui est cultivé dans les champs ».

Les panneaux du cortège relayaient aussi les craintes relatives au projet d’accord commercial Tafta. Le mandat donné à la Commission européenne pour négocier cet accord inclut une possible réduction des tarifs douaniers, ce qui fait redouter une exportation massive de viande bovine américaine vers les marchés européens. De quoi créer une situation de concurrence déloyale insoutenable pour les petites fermes. Les normes sanitaires, environnementales et de bien-être animal pourraient aussi être harmonisées vers le bas. « Les agriculteurs qui traitent respectueusement leurs animaux et l’environnement doivent pouvoir bien vivre de leur métier », ont déclaré les organisateurs. « Les politiques doivent soutenir ces pratiques-là, plutôt que les intérêt de quelques multinationales. »


Pour aller plus loin, nos dossiers :
- Traités de libre-échange : les multinationales contre la démocratie ?
- Quelle agriculture pour demain ?

 

Notes

[1Voir ici

 

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Source : www.bastamag.net

 

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