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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 16:09

 

Source ; www.okeanews.fr

 

 

 


L’actuel ministre grec des Finances indiquait déjà fin 2014 qu’un gouvernement mené par Syriza devrait s’attendre à des menaces de la BCE.


5 février 2015 
240     dernière mise à jour le 5/02/2015   

 

La BCE a annoncé mercredi 5 février qu’elle cessera d'accepter les titres de la dette grecque comme collatéraux à partir du 11 février, ne laissant au pays que l’aide de liquidité d’urgence (ELA), ce qui limite grandement ses possibilités de financement.

Le 9 décembre 2014, dans un entretien accordé à la chaîne privée Ant1, Yanis Varoufakis, aujourd'hui ministre de l'Economie, avait prédit qu’un potentiel gouvernement Syriza serait confronté à des menaces de la BCE, par le biais de l'accès aux liquidités :

Si Syriza n’est pas disposé à faire face à la menace de la BCE concernant la fermeture des distributeurs de billets, et de dire au président de la BCE Mario Draghi que celui-ci n’a pas le droit de placer un gouvernement nouvellement élu sous cette menace purement dictatoriale et arbitraire, qui n’est prévue par aucun traité européen ni par le statut de la BCE, et de lui raccrocher au nez, alors il n’a aucune raison d’être élu !

Les gens doivent se préparer à la probabilité d’une telle menace de la part de la BCE, car celle-ci y a déjà eu recours en 2009 en Irlande ; elle l’a déjà fait à Chypre, elle l’a fait ou laissé entendre qu’elle le ferait à la Grèce en juin 2012. Nous savons, depuis le cas de l’Irlande, que la BCE décroche le téléphone et menace un gouvernement élu de fermer les distributeurs de billets.

 

*Suite de l'article sur okeanews

 

 

Source ; www.okeanews.fr

 

 


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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 16:04

 

Source : russeurope.hypotheses.org


 

L'ultimatum de Francfort
5 février 2015
Par
 

BCE2

 

La Banque Centrale Européenne vient de choisir son camp, et c’est – qui s’en étonnera – celui de l’Allemagne. Par la mesure qu’elle vient de prendre contre la Grèce, elle envoie un signal très clair au nouveau gouvernement : restez dans le cadre du plan d’aide décidé par la « Troïka ». Mais, elle vient de déclencher un processus qui peut aboutir à l’inverse de ce qu’elle recherche. Loin de faire céder le gouvernement grec, cette mesure pourrait le forcer à prendre des mesures radicales qui, à terme, provoqueraient une rupture définitive entre la Grèce et ses créanciers et conduiraient ce pays à sortir de l’Euro. Telle est la logique du jeu de « poulette » (chicken) que l’on a décrit dans la note précédente1.

Les mesures de la BCE

La BCE a donc décidé le mercredi 4 février au soir de suspendre l’exception qu’elle consentait à la Grèce, le fait d’accepter temporairement les obligations d’État grecques en collatéral pour des prêts des banques grecques. Les raisons de cette exception étaient l’adhésion de la Grèce au plan d’aide élaboré par la Troïka, et dont les conséquences ont été si désastreuses, que ce soit pour les Grecs ou pour les finances de l’État. En soi, cette mesure n’est nullement décisive. Mais, il y a peu de doutes qu’elle provoque dans les jours qui viennent à Athènes une panique bancaire, ce que les économistes appellent un « bank run ». Les banques grecques auront désespérément besoin de liquidités. Elles pourront en demander à la BCE dans le cadre d’un programme d’aide urgent à la liquidité bancaire nommé ELA. Mais ce programme est soumis aux règles de la Troïka et il n’a été renouvelé que jusqu’au 28 février.

Concrètement, cela équivaut à mettre un pistolet sur la tempe d’un gouvernement nouvellement élu pour exiger de lui qu’il renonce à des mesures approuvées par son électorat. On appréciera le sens aigu de la démocratie des dirigeants de la BCE et plus généralement des autorités européennes.

Les possibles réactions du gouvernement grec

Face à ce qu’il faut bien appeler un ultimatum, le gouvernement grec peut se décider à capituler. Ce faisant, il se saborderait politiquement. Un sondage réalisé dimanche dernier montre que 70% des Grecs, soit en réalité bien plus que ceux qui ont voté SYRIZA le 25 janvier, soutiennent le gouvernement et le pensent capable de mener une véritable politique de survie pour le pays.

Le gouvernement grec peut donc mettre en place des contre-mesures. Certaines sont techniques (fermeture momentanée des banques, limites aux retraits des particuliers). Mais d’autres sont plus politiques. En réalité, quand la BCE dit prêter aux banques grecques, cela veut dire qu’elle autorise la Banque Centrale de Grèce à le faire. L’organisation de la BCE n’a pas supprimé les différentes Banques Centrales des pays membres de la zone Euro. Elle les a mises en réseau et sous l’autorité de la BCE, opérant depuis Francfort. Le gouvernement grec peut donc décider de réquisitionner la Banque Centrale pour la contraindre de continuer à alimenter en liquidités (en Euro) les banques grecques. Mais, ce faisant, il viole les traités constituant l’Union Économique et Monétaire, c’est à dire la zone Euro. Il pourrait donc le faire constatant la menace que fait peser la BCE sur la Grèce, et prenant à témoin la population de ce fait inouï d’une instance technique s’immisçant dans les choix politiques d’un peuple souverain.

Les conséquences

Une telle décision serait bien entendu lourde de conséquences. Ce serait au tour de la BCE d’être le dos au mur. Si elle acceptait la mesure de réquisition, elle reconnaitrait son impuissance et donnerait des idées d’indépendance aux autres pays. Ceci dans un cadre où elle a déjà pris acte de la fragmentation croissante de la zone Euro, comme en témoignait les mesures annoncées par Mario Draghi le 22 janvier, et que l’on a un peu hâtivement assimilées à un « quantitative easing ».

En fait, la pression allemande, directe et indirecte (par le biais de pays alliés à l’Allemagne comme la Finlande et l’Autriche) est aujourd’hui telle sur la BCE que l’on voit mal cette dernière accepter un possible fait accompli venant d’Athènes. Il faut le répéter, ce qui est en cause c’est la politique d’austérité de Mme Merkel et surtout son imposition à l’ensemble de l’Europe, condition nécessaire à ce que ne se mette pas en place une logique d’Union de Transfert au détriment de l’Allemagne. Cette dernière ne peut céder, ou alors elle verra sa crédibilité disparaître instantanément.

En cas de réquisition de la Banque Centrale de Grèce, réquisition qui pourrait alors survenir le 28 février ou le 1er mars, la Banque Centrale Européenne pourrait décider de ne plus accepter en circulation les euros « grecs ». Une telle mesure a déjà été temporairement appliquée à Chypre. Cela revient à expulser, ou à menacer de le faire, un pays de la zone Euro.

Une sortie de l’Euro ?

En réalité, la Grèce est aujourd’hui dans une meilleure situation qu’elle ne l’était en 2010 pour envisager une sortie de l’Euro. A cette époque, le budget était gravement déséquilibré. Aujourd’hui, le budget est équilibré au niveau du solde primaire, ce qui revient à dire que si la Grèce n’avait aucune dette (et donc pas d’intérêts à rembourser) elle n’aurait nul besoin d’emprunter à nouveau, et bénéficierait même d’un excédent. La balance commerciale, elle, est légèrement déficitaire. Mais, compte tenu des élasticités-prix qui peuvent être calculées, si la Grèce dévaluait de 30% à 35%, elle accroîtrait ses exportations de manière significative et serait en excédent. Signalons d’ailleurs qu’une dévaluation de la monnaie grecque accroîtrait les ressources fiscales en monnaie locale, provenant des armateurs car ces derniers opèrent en dollars. Quant aux investissements directs dans ce pays, on imagine sans peine qu’avec un budget à l’équilibre, un solde commercial positif et un avantage compétitif très sérieux sur ses concurrents, ils ne tarderaient pas à affluer. Bien entendu, la Grèce ferait défaut sur sa dette dans le cas d’une sortie de l’Euro. Mais, n’ayant plus à emprunter, elle ne risque rien à se couper de ses créanciers. Au-contraire, ce sont ces derniers qui viendront à résipiscence, comme le montre l’histoire des nombreux pays qui sont passés par un défaut sur la dette.

Une dévaluation de 30% à 35% redonnerait à l’économie non seulement sa compétitivité mais elle permettrait au gouvernement d’avoir des marges de manœuvres dans le domaine social, en même temps qu’il en aurait par le défaut de fait sur la dette.

La Grèce doit donc regarder résolument la possibilité de sortir de la zone Euro. Si une telle solution devait s’imposer, ce n’est pas elle, mais la Zone Euro elle-même, qui en subirait les conséquences. Elle doit dire aux autorités de la BCE et de l’Union Européenne que, s’il le faut, elle n’hésitera pas devant une telle solution.

De quoi s’agit-il ?

Il convient de ne pas se laisser abuser par la technicité, réelle ou imaginaire, des différentes mesures et contre-mesures qui ont été ou qui pourront être prises. Fondamentalement, la mesure prise par la BCE pose le problème de la souveraineté populaire dans un pays membre de la Zone Euro, c’est-à-dire le problème de la démocratie.

Nous sommes aujourd’hui confrontés au conflit inexpiable entre la légitimité technocratique et la légitimité démocratique.

En cela, l’issue pour la Grèce nous concerne tous.

Voulons nous vivre libre ou acceptons-nous le joug ?


  1. Sapir J., « Grèce, un jeu complexe », note publiée sur RussEurope, le 3 février 2015, http://russeurope.hypotheses.org/3389 []

 

Source : russeurope.hypotheses.org

 

 

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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 15:50

 

Source : www.mediapart.fr

 

Grèce : la BCE lance un coup d'Etat financier

|  Par martine orange

 

 

La banque centrale a lancé un ultimatum au gouvernement grec en annonçant la suppression de lignes de financement des banques grecques, qu’elle acceptait depuis 2010. Cette décision entend l'obliger à se soumettre aux termes voulus par Bruxelles. Mais la ligne dure adoptée par la BCE est gravement irresponsable : la Grèce n’est pas à l’abri d’une faillite désordonnée ni d’une panique bancaire.

 

 

À quoi joue la Banque centrale européenne (BCE), si ce n’est au pompier pyromane ? Alors que le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et le ministre des finances, Yanis Varoufakis, bousculent tous les agendas et vont de Berlin à Londres, en passant par Paris et Rome, pour tenter d’élaborer un nouvel accord sur le sauvetage de la Grèce, le comité de la BCE a décidé, par une seule mesure technique, de mettre le nouveau gouvernement de Syriza dos au mur, mercredi 4 février. 

Les responsables de la banque centrale ont annoncé que l’institut monétaire mettait un terme à partir du 28 février – dans les faits, la mesure devrait prendre effet dès le 11 février pour des raisons techniques – à la clause qui lui permettait d’accepter les titres grecs, classés aujourd’hui en junk bonds, que les banques grecques placent en dépôt de garantie pour obtenir des crédits bancaires. Pour les banques grecques, privées de tout accès aux financements interbancaires, ce dispositif est essentiel pour assurer leur financement. La BCE, obligée par ses statuts de n’accepter que des titres sûrs (notés A), avait décidé de faire une exception pour tous les pays en crise de la zone euro, à commencer par la Grèce, dès 2010, afin d’assurer la stabilité financière du système bancaire. Brusquement, l’institut monétaire semble se poser des questions sur des titres qu’elle a acceptés depuis près de cinq ans.

 

Jean-Claude Juncker et Alexis TsiprasJean-Claude Juncker et Alexis Tsipras © europa

Pour justifier cette volte-face – imposée par la Bundesbank, affirment certains observateurs financiers –, la BCE met en avant les règles et, naturellement, les fameux traités européens. « La décision du comité a été prise compte tenu du fait qu’il n’est actuellement pas possible de tenir pour acquis un accord sur la révision du programme (du sauvetage grec - ndlr) et est en ligne avec les règles existantes du système monétaire européen », dit le communiqué.

L’institut monétaire précise que les banques grecques pourront toujours avoir accès aux lignes de liquidité d’urgence (ELA) mises à disposition par la banque centrale grecque. Des termes techniques incompréhensibles pour la majorité, qui risquent seulement d'affoler un peu plus.

Dans l’urgence, le ministère grec des finances a publié un communiqué, cherchant à rassurer et à minimiser la situation. Il y affirme que les banques grecques sont bien capitalisées et ne risquent rien. Avant d’ajouter : « La BCE, en prenant cette décision, fait pression sur l’Eurogroupe afin de conclure rapidement un nouvel accord entre la Grèce et ses partenaires, au bénéfice de tous. »

À la seule publication du communiqué de la BCE, les financiers sont redevenus très nerveux. Les questions se reposent sur la solidité de la zone euro. Certains évoquent une panique bancaire en Grèce, voire une nationalisation du système bancaire grec poussant le pays vers la sortie de la zone euro. Un scénario qu’avait imaginé Goldman Sachs à la mi-décembre et qu’il a affiné il y a quelques jours, soulignant que le moindre faux pas pouvait par enchaînement conduire à une situation explosive en Europe.

La mesure de la BCE relève d’une grande irresponsabilité. Pour les Grecs, la décision de la BCE risque d’avoir une traduction simple : leurs banques n’ont plus le soutien de la banque centrale européenne. Il ne pouvait y avoir plus mauvaise annonce au plus mauvais moment. Elle revient à verser de l’essence sur un foyer enflammé. Depuis l’annonce des élections anticipées, fin décembre, les banques grecques font face à une fuite de capitaux sans précédent. Le chiffre de 100 milliards d’euros circule dans les milieux financiers. Selon l’agence Bloomberg, 14 milliards d’euros auraient été retirés des comptes bancaires en janvier avant les élections législatives. Comment la situation va-t-elle évoluer dans les jours à venir ?

 

Le calendrier de remboursement pour la Grèce en 2015 
Le calendrier de remboursement pour la Grèce en 2015

Même si la situation ne tourne pas au tragique, elle place le gouvernement grec dos au mur. La tournée diplomatique éclair qu’ont décidé de faire les responsables de Syriza ne relève pas seulement de l’exploitation d’un moment politique : le gouvernement grec, fort de son succès électoral, ne sera jamais dans une meilleure position de force pour négocier des changements, réclamés par toute la population grecque. Mais elle répond aussi à une urgence économique. Alors que le dernier plan de sauvetage arrive à son terme, le gouvernement grec doit faire face à des échéances financières hors de sa portée : la Grèce doit rembourser plus de 20 milliards d’euros dans l’année. Dès mars, il lui faut 1,5 milliard d’euros pour faire honorer les prêts du FMI, 9 milliards dans l’année. Fin juillet et fin août, Athènes doit aussi rembourser 7,7 milliards de prêts détenus par la banque centrale européenne (BCE).

Ces échéances sont connues de longue date. Dès 2013, le FMI s’alarmait de ce mur de dettes que devrait affronter la Grèce. Les responsables européens avaient renvoyé l’obstacle sous la table, affirmant que d’ici là, Athènes aurait résolu tous ses problèmes. Grâce aux miracles de sa politique d’austérité, elle aurait de nouveau accès aux marchés financiers. Comme depuis le début de la crise de l’euro, rien ne s’est passé comme prévu. La Grèce est toujours sous assistance respiratoire et dans l’incapacité de trouver des financements sur les marchés.

Nul doute que l’ancien premier ministre grec, Antonis Samaras, en provoquant des élections législatives précipitées dès fin janvier, avait aussi ce calendrier en tête. Il savait que la Grèce était dans une impasse, dans l’incapacité d’honorer ces échéances. Les responsables européens, le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker et Angela Merkel en tête, le savaient parfaitement aussi. En acceptant des élections législatives qui ne pouvaient que placer Syriza au pouvoir, leur calcul n’était-il pas d’imposer au nouveau pouvoir de gauche la froide réalité de la situation financière de la Grèce et de l’obliger à plier et endosser à son tour l’austérité ?

Dès son arrivée au pouvoir, Alexis Tsipras, a annoncé qu’il renonçait à la ligne de crédit de 7 milliards d’euros versée par la Troïka. L’accepter aurait été d’emblée se soumettre à toutes les conditions imposées par la Troïka. C’est-à-dire faire l’inverse de ce qu’il a promis à ses électeurs. Le gouvernement grec a expliqué qu’il pouvait s’en passer car les comptes étaient à l’équilibre. Dans les faits, la situation est beaucoup moins tranquille que le soutient Syriza. Les comptes sont repassés dans le rouge à la fin de l’année. Les rentrées fiscales se sont asséchées depuis l’annonce des élections législatives. Le gouvernement d’Antonis Samaras a utilisé tous les expédients. Il a quitté le pouvoir en laissant derrière lui un désert : toutes les lignes et les facilités financières qui ont été consenties à la Grèce dans le cadre du plan de sauvetage ont déjà été épuisées.

Pour faire face aux échéances pressantes de mars et faire la jonction, en attendant la conclusion d’un nouvel accord, le gouvernement grec, inspiré par son conseiller Matthieu Pigasse, banquier chez Lazard semble-t-il, a imaginé de s’appuyer momentanément sur les banques grecques. Celles-ci souscriraient aux titres émis par le gouvernement et les re-déposeraient en garantie ensuite auprès de la banque centrale pour obtenir des liquidités. « Nous avons besoin de six semaines pour mettre en place un nouveau plan. Laissez-nous un peu de temps », a redit Alexis Tsipras, lors de sa rencontre avec François Hollande mercredi à l’Élysée. C’est précisément ce que vient de lui refuser la BCE, au nom de la pureté des règles.

Coup d'État financier

 

Yanis Varoufakis, le 4 février à la BCE 
Yanis Varoufakis, le 4 février à la BCE © Reuters

Quelques heures auparavant, le ministre grec des finances avait pourtant rencontré Mario Draghi, le président de la BCE, à Francfort. Il en était ressorti avec le sentiment que la rencontre avait été fructueuse. « La BCE est la banque centrale de la Grèce », avait-il déclaré, reconnaissant le statut de dépendance dans lequel vit Athènes par rapport à Francfort. « La BCE fera tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir les États membres de la zone euro. Je n’ai pas de doutes que nous pourrons conclure nos discussions avec nos partenaires européens, aussi bien qu’avec le FMI et la BCE, dans un très court laps de temps, de façon à faire redémarrer l’économie grecque », avait ajouté Yanis Varoufakis.

Qu’est-ce qui a changé en ces quelques heures ? Pourquoi la BCE a-t-elle adopté une ligne dure, qui ressemble à un ultimatum, demandant une reddition sans conditions au gouvernement grec, afin de l’obliger à remettre ses pas dans ceux de ces prédécesseurs qui ont gravement échoué ? Sa position est d’autant plus inexplicable que le débat sur la Grèce est en train d’évoluer en Europe. « Je ne doute pas que les Européens aboutissent à un accord », pronostiquait mardi un membre de la banque centrale d’Angleterre. Une position largement partagée par les milieux financiers.

Même si les responsables de Syriza n’ont pas obtenu un soutien inconditionnel des autres États européens, ils ont réussi en quelques jours à faire bouger les lignes, d’autant qu’ils ont adouci leur discours. Au mot "effacement de dettes", véritable chiffon rouge pour les Européens, ils ont substitué celui de "restructuration". Yanis Varoufakis a proposé d’échanger les titres de dettes détenus par les Européens contre des titres dont les intérêts seraient liés à la croissance nominale du pays. Un mécanisme déjà mis en œuvre lors de l’annulation de la moitié de la dette allemande en 1953. Les titres de la BCE seraient, eux, échangés contre des titres de dettes perpétuelles, les intérêts étant toujours payés mais le capital jamais remboursé.

Leurs discours ont rencontré quelques échos. À Londres, le ministre des finances, George Osborne, reprenant les critiques du gouvernement de la banque centrale d’Angleterre, a plaidé pour une politique de croissance en Europe, afin de stabiliser l’économie du continent et du monde. À Rome, le premier ministre Matteo Renzi s’est lui aussi rallié à un changement de politique en Europe. L’attitude du gouvernement français, qui pourrait pourtant avoir un rôle central dans la redéfinition de la politique européenne, a été plus louvoyante. Le dimanche, le ministre des finances, Michel Sapin, assurait que la France était aux côtés de la Grèce. Mais le mardi, il affirmait que la Grèce devait respecter ses obligations, redisant l’alignement inconditionnel de la France sur l’Allemagne. « Il ne sert à rien de vouloir opposer des pays de la zone euro entre eux, et surtout pas la France et l’Allemagne parce que de toute façon (...), les solutions qui pourront être trouvées pour accompagner la Grèce, tout en faisant en sorte qu’elle respecte un certain nombre d’engagements, passeront par un accord entre la France et l’Allemagne», a-t-il déclaré à Reuters. Mercredi, François Hollande, à l’occasion de la visite d’Alexis Tsipras, a fait la synthèse, parlant d’une politique de croissance dans le respect des traités.

Même le président des États-Unis, pourtant discret sur la politique européenne, s’est mêlé pour une fois au débat. Il demandait dimanche « de ne plus pressurer les pays en dépression » et recommandait « une stratégie de croissance afin de leur permettre de payer leurs dettes ». Ces déclarations sonnent comme un avertissement pour l’Europe, accusée d’irréalisme économique et de rigidité dogmatique, menaçant l’économie mondiale.

Cette remise en cause de la politique menée par l’Europe depuis six ans, ces critiques sur la gestion calamiteuse du cas grec par les Européens sont au cœur des discussions actuelles. Ni les uns ni les autres ne veulent reconnaître qu’ils se sont trompés. L’Allemagne, moins que tout autre, qui défend encore et toujours sa ligne dure. « Je ne pense pas que les positions des États membres de la zone euro diffèrent tellement de celle de l’Allemagne », a déclaré Angela Markel, niant tout isolement de Berlin.

Pourtant, alors que certains responsables européens plaident au moins pour un adoucissement de la peine imposée à la Grèce, les membres de la majorité allemande en tiennent pour l’inflexibilité. Le chef de file de la CDU au Bundestag, Volker Kauder, a adressé mardi une fin de non-recevoir. « Nous avons des accords avec la Grèce, pas avec un gouvernement, et ces accords doivent être respectés », a-t-il déclaré. Le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, est sur la même ligne. Selon Reuters, un document a été préparé par l’Allemagne, recommandant la plus grande intransigeance face au gouvernement grec. « L’Eurogroupe a besoin d’une engagement clair de la Grèce lui garantissant la complète application des réformes nécessaires pour garder le programme (de sauvetage) sur les rails », est-il écrit. Il demande que le gouvernement revienne sur toutes les mesures annoncées, telles que l’arrêt des privatisations, la hausse du salaire minimum, les embauches dans la fonction publique. En revanche, il insiste que pour les réformes sur la santé, l’éducation, les retraites, le droit du travail soient poursuivies. Pas un mot sur la lutte contre l’évasion fiscale, la fraude et la corruption, comme le souhaite Syriza. La Troïka doit, naturellement, être maintenue, selon ce document.

La BCE paraît aujourd’hui se ranger délibérément dans le camp des Allemands : il n’y a rien à négocier. L’Europe se résume-t-elle aux propos cyniques de Jean-Claude Juncker : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » ? Après avoir mené un coup d’État politique silencieux en novembre 2011, en interdisant à Georges Papandréou de mener un référendum et en l’obligeant à abandonner le pouvoir, est-elle prête à mener un coup d’État financier ? Moins de deux semaines après avoir été élu, Syriza se retrouve, en tout cas, devant le même ultimatum : soit il se soumet, met fin à toutes ses demandes, tirant un trait sur tous ses engagements politiques, soit il quitte la zone euro.

Lors de sa visite à Bruxelles, le président du parlement européen, Martin Schulz, a mis en garde le ministre grec des finances. « Si la Grèce modifie unilatéralement ses engagements, les autres ne sont pas obligés d’accepter. La Grèce risque la banqueroute », a-t-il prévenu. « Mais nous sommes déjà en banqueroute », lui a répliqué Yanis Varoufakis. C’est peut-être cette dimension dont les Européens n’ont pas pris la mesure et qui les amènent à jouer avec le feu : la Grèce n’a plus rien à perdre.

 

Lire aussi

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 15:39

 

Info reçue par mail

 


http://www.abceditions.net/nos-parutions/6-nos-parutions/77-persephonecaptivedehades



Ce recueil de poèmes traite de l'enfermement dans lequel vivent de plus en plus les femmes de nos jours.

Notre maison d'édition associative voudrait pouvoir se doter de tous les moyens d'un beau livre de poésie concrète, joliment illustré et bien diffusé auprès des librairies et des bibliothèques. L'effort financier est énorme.

Si tous nos amis ne donnaient que 10 €, nous serions très largement au-dessus des cadres exigés pour un travail de vraie qualité comme celui que nous visons, très professionnel fait par des gens passionnés qui aiment et qui croient en ce qu'ils font. Bon. Nous, à ABC’éditions, maison d'édition associative, nous en avons une profonde envie, une puissante nécessité, et surtout, aussi, nous tous, dans cette société, nous en avons tous besoin, ne serait-ce que pour s'encourager, se solidariser avec les plus démunis qui se révoltent, pour mieux tenir tête à une marchandisation galopante folle qui pousse au gaspillage (exemple simple : nous savons que publier à 500 exemplaires suffit pour couvrir notre auditoire, alors que la distribution libraire incite à tirer des milliers d'ouvrages par titre dont les invendus iront au pilon).

Ton aide et celle de ceux que tu alerteras en diffusant autour de tes proches notre projet, votre aide à tous nous est nécessaire, autant financièrement que pour nous encourager, car les périodes de doute nous assaillent aussi, parfois, à lire l'actualité. Merci d'avance à toi, quoi que tu feras, merci à tous ceux qui pourront nous soutenir, qui prendront quelques minutes à le faire et à partager nos informations. Bien sûr, pas grave si tu ne le peux pas, peut-être d'autres autour de toi, à qui tu nous feras connaître le pourront-ils ?... nous voulons croire que c'est possible, et, quoi qu'il en soit, nous allons continuer notre bout de chemin du mieux que nous pouvons. Pour la liberté d'expression, la vraie, pas celle qui menace les enfants et les familles pour les faire entrer le plus droit possible dans la norme. Courage. Résolument. 

Jean-Jacques M’µ

 

 

Pour participer cliquer ici

 

 

Perséphone captive de Hadès

Sepschatski Marlene

PARUTION PRÉVUE MI-AVRIL 2015 : le second recueil poétique imprimé de Marlene Feeley, travailleuse chilienne exilée en Catalogne. Livre des désirs amoureux qu’une société prévaricatrice voudrait pouvoir entraver comme aux temps anciens. La traduction entretient l’étroite complicité circulant entre colères et espoirs, dans une période où, chaque jour davantage, les pouvoirs veulent interdire toute manifestation de liberté aux populations qui se solidarisent par-delà les frontières.

 

Sommaire

1. Feux

L’aiguillon

La cueillée

La cendrée

2. Airs

Le temps

Le souffle

Le vent

3. Lumières

Le sang

L’amant

Le soir

 

Sumario

1. Fuegos

El aguijón

La cogida

La ceniza

2. Aires

El tiempo

El soplo

El viento

3. Luces

La sangre

El amante

El anochecer

 


Miniature Marlene Feeley

Celle qui garde en elle l’espérance de l’enfance tient tête à tous ceux qui l’enferment loin des germes de l’existence et... elle prépare sa libération.

 

Sans titre

Grappillant les centimes jetés par la vie

Ainsi chemine la mère

Les autres ne sentent pas sa silencieuse déroute

Ils la saluent

Elle sourit

Alors qu’à table il n’y a que son assiette vide

Elle calcule le peu de lait qui permettra de tenir

Elle rentre du travail

les poches trouées d’espérance

Une honte lui monte au cœur

Elle détourne le regard devant ses enfants

Elle regarde son porte-monnaie

Peu à peu elle arrache le peu de dignité

qui lui reste

Dix, vingt, cinquante – un litre de lait

Dix, vingt, quarante – une demi-baguette de pain

Le vendeur la regarde

Les yeux de la femme prennent une couleur de verre

(Je regrette

c’est tout ce que j’ai)

Les regards étrangers tombent sur elle

En la scrutant

Elle soutient le regard

Le vendeur sourit

Ça me manquait pour rendre la monnaie !

Le porte-monnaie est resté vide

Sur la table

un verre de lait et une bouchée de pain

La dignité a sauvé les apparences

La mère se mord les lèvres

Et contient sa peine

Elle sourit et bénit les centimes que la vie laisse traîner.

 


    Sín título                                                                                   

Recogiendo los céntimos que le va dejando la vida

Así deambula la madre

Su silenciosa derrota es ajena a los demás

Le saludan

Ella sonríe

Mientras en la mesa solo hay un plato vacío

Va dosificando la poca leche que se resiste agotarse

Viene de trabajar

con los bolsillos rotos de esperanza

Una vergüenza le invade el corazón

Desvía la mirada ante sus hijos

Mira su monedero

Uno a uno va sacando la escaza dignidad

que le queda

Diez, veinte, cincuenta – un litro de leche

Diez, veinte, cuarenta – una barra de pan

El dependiente le mira

Los ojos de la mujer cogen un color vidrioso

(Lo siento

es lo único que tengo)

Los ojos extraños caen sobre ella

Examinándola

Agacha la mirada

El dependiente sonríe

¡Ya me hacían falta para dar cambio!

El monedero ha quedado vacío

En la mesa

un vaso de leche y un bocadillo

La dignidad se deja ver

La madre muerde sus labios

Y retiene el llanto

Sonríe y bendice los céntimos que la vida va dejando.

 

 

Perséphone – Elle sait les racines des plantes, la nappe d’eau qui sous terre alimente les sources, le sommeil fatigué des morts. Dame de l’autre côté des choses.            

(Marguerite Yourcenar, Le catalogue des idoles, Gallimard, 1930)

salida Persefone 20 abril 2015 

Une certaine urgence commande cette sortie. De part et d’autre des Pyrénées, la situation politique n’a fait qu’accentuer les inégalités sociales, et chaque jour sont appauvries et persécutées toutes les populations pourtant déjà très affectées par les mesures d’austérité qui pénalisent les plus démunis. L’alimentation, le logement, l’éducation des enfants, la santé, la précarité, tout devient objet de problèmes insolubles à défendre quand on vit dans le plus extrême dénuement. La bohême, c’est moins un opéra ou une image romantique qu’une réalité parfois mortelle pour certains écrivains plongés dans les pires difficultés économiques qui soient.

Cependant, il nous est tous possible de renverser cette fatalité en soutenant le travail d’écriture avant son terme, ce qui est un encouragement incalculable pour le moral quand on s'efforce de tenir en résistant de toutes ses faibles forces.

Chacun peut contribuer à soutenir l’auteur en réservant son exemplaire avec seulement 10 € (dix euros) avant le 30 mars au lieu de 15 € en avril. Ouvrage expédié en avril, frais de port en sus.  (Pour participer cliquer ici)


Pour toute souscription, vous voudrez bien nous transmettre un mail par le formulaire de contact ON ÉCHANGE en nous indiquant précisément vos noms et adresse postale, le nombre d'exemplaires commandés et un contact mail ou téléphonique où vous joindre. Merci.

 

 


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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 14:44

 

Info reçue par mail

 

 

Jeudi 5 février : participez à l’opération « Allô le PS ? Pas d’ISDS ! »
Action d’engorgement des téléphones du Parti socialiste.
En parallèle, une action « tempête » sur les réseaux sociaux.
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Cette semaine a lieu le 8e cycle de négociation du TAFTA à Bruxelles.
La Commission européenne a publié en janvier son analyse de la consultation sur le volet investissement des négociations TAFTA. Le résultat est sans appel : Un rejet clair des mécanismes d’arbitrage investisseur-État (ISDS) par 97% des participants !
La Commission tente de promouvoir une version « améliorée » l’ISDS, dans l’accord UE-Canada comme dans le TAFTA. Et le gouvernement français semble s’engager en soutien de cette version améliorée de l’ISDS1, malgré une forte opposition citoyenne et des résolutions2 adoptées par les parlementaires, rejetant ce mécanisme.
Mardi 3 février, Matthias Fekl, secrétaire d’État au Commerce extérieur, a déclaré sur France Inter que l’ISDS n’était « pas acceptable » et qu’il n’y avait « pas de majorité pour voter ce texte en l’état, y compris au parlement européen ».
Objectif
Mettre la pression sur le gouvernement et le Parti Socialiste pour qu’ils rejettent l’ISDS dans le CETA et le TAFTA.
Le gouvernement français doit s’engager fermement à protéger la démocratie, les droits sociaux et l’environnement en refusant toute forme de règlement des différends investisseur - État.
Ce mécanisme ne peut pas être réformé ni amélioré, son principe même est dangereux. Nous exigeons une prise de position du gouvernement français pour un rejet total de l’ISDS.
Quoi ?
Action d’engorgement des téléphones du Parti socialiste.
En parallèle, une action « tempête » sur les réseaux sociaux.
Quand ?
Jeudi 5 février, veille de la clôture du cycle de négociation TAFTA à Bruxelles.
Comment ?
En appelant le siège du Parti Socialiste et ses principales fédérations tout au long de la journée :
  • Siège : standard // 01 45 56 77 00
  • Siège : secteur international // 01 47 05 28 58
  • Fédération Rhône // 04 78 60 07 84
  • Fédération Bouches-du-Rhône // 04 91 54 85 03
  • Fédération Haute Garonne // 05 61 23 15 75
  • Fédération Loire-Atlantique // 02 40 20 63 00
  • Fédération Bas-Rhin // 03 88 84 05 00
  • Fédération Hérault // 04 67 79 70 79
  • Fédération Bretagne // 02 99 31 61 00
  • Fédération Gironde // 05 56 11 08 08
 
Exemple de questions à poser
ASTUCE : soyez polis, parlez sur un ton cordial mais ferme !
Bonjour, Matthias Fekl, a déclaré ce mardi sur France Inter que L’ISDS n’était « pas acceptable ». Est que le parti socialiste va s’engager à ne pas voter un accord contenant l’ISDS ?
OU
Bonjour, je suis opposé au mécanisme d’arbitrage investisseur-État ou ISDS dans le TAFTA et le CETA et j’aimerais connaître la position du parti socialiste ?
OU
Bonjour, je suis très inquiet au sujet de l’arbitrage investisseur-État ou ISDS dans le TAFTA et le CETA. Je pense que l’ISDS est très dangereux qu’il n’est ni réformable et ni améliorable. Pouvez-vous demander au gouvernement français d’écouter les citoyens et exiger son retrait ?
Idées de messages pour les réseaux sociaux
  • @jccambadelis Quelle est la position du #PS sur l’arbitrage privé dans le #TAFTA ? Pas de réforme possible ! #NoISDS #DuCourage #StopTAFTA
  • @ MEMBRE-DU-PS Quelle est votre position sur l’arbitrage privé dans le #TAFTA ? Pas de réforme possible ! #DuCourage #NoISDS #StopTAFTA
  • @ MEMBREPS L’arbitrage #ISDS ne doit pas figurer dans #TAFTA la France @matthiasfekl doivent s’y opposer Dites lui #NoISDS !
  • @XXX 8e cycle de négo #TAFTA à Bxl - #ISDS introduit un régime de droit exceptionnel pour les entreprises. Dites non !
  • @XXX 8e cycle de négos #TAFTA à #Bruxelles. Votre voix compte, dites non à #ISDS, réformé ou pas !

 

 

 

 

 

 

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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 15:53

 

Source : www.humanite.fr

 

 

Les licenciements, c’est vous qui les vivez, ce sont eux qui en vivent !
Pierre-Henri lab, l'Humanité Dimanche
Jeudi, 29 Janvier, 2015
Humanité Dimanche
"Le Business des faillites" de Cyprien Boganda, Éditions La Découverte. 196 pages, 16 euros.
Cyprien boganda, notre collègue de « l’Humanité Dimanche », vient de publier « le business des faillites ». Une enquête sur ceux, « self-made-men », experts, avocats ou fonds de retournement, pour qui la crise et les entreprises en difficulté constituent autant d’occasions pour s’enrichir.

Le malheur des uns fait les affaires d’une poignée d’autres. » Dans « le Business des faillites », notre collègue à « l’Humanité Dimanche » Cyprien Boganda propose de partir à la découverte de « la faune hétéroclite » qui prospère grâce aux entreprises en difficulté. À la faveur de la crise, qui provoque chaque jour la faillite de 180 entreprises et en a conduit depuis 2008 plus de 300 000 à déposer le bilan, s’est développée une véritable industrie qui emploie plusieurs milliers de personnes.

L’essor de ce marché né de la crise économique déclenchée par le choc pétrolier de 1973 date des années 1980, quand des affairistes pas toujours très scrupuleux érigeaient en quelques années des fortunes colossales sur les ruines fumantes de l’industrie. Qui se souvient des conditions de la reprise du groupe Boussac, sans laquelle Bernard Arnault n’aurait jamais pu fonder le numéro 1 du luxe, LVMH ? Qui se rappelle que François Pinault, qui s’est construit l’image d’un homme de goût à force de mécénats, a empoché ses premiers millions grâce à la faillite d’Isoroy ? Sous la plume de Cyprien Boganda, la légende des « self-made-men » à la française en prend un coup.

Et les Bernard Tapie ou autres Vincent Bolloré apparaissent pour ce qu’ils sont : des opportunistes qui, après avoir racheté souvent au franc symbolique des entreprises certes en difficulté mais conservant de solides atouts, les ont restructurées à coups de milliers de licenciements, financés par des centaines de millions de francs de l’époque de fonds publics délivrés sans compter par des gouvernements ou des élus locaux soucieux de s’éviter des conséquences électorales désastreuses.

MÊME LES ENTREPRISES EN BONNE SANTÉ !

Mais, depuis les années 1980, le marché s’est professionnalisé et ces précurseurs ont cédé la place à de véritables groupes spécialisés dans la reprise de sociétés pas toujours en difficulté. Ces « fonds de retournement » jettent parfois leur dévolu sur des entreprises en bonne santé, dont ils ne cherchent qu’à accroître la rentabilité, souvent à coups de suppressions d’emplois.

Le marché s’est aussi diversifié. À côté de ceux qui assument leur statut de charognards en se spécialisant, par exemple, dans le rachat à prix bradés, puis la revente des équipements (matériel de bureau, véhicules, outillage...) des entreprises en faillite, s’est développée une myriade de « sauveurs » dont les remèdes, quand ils ne tuent pas le malade, aggravent son cas en plombant ses comptes à coups d’honoraires colossaux. Cabinets d’experts, avocats... mais aussi de véritables aigrefins comme les pseudo- repreneurs de l’usine Samsonite d’Hénin-Beaumont (62) soupçonnés d’avoir liquidé la boîte pour le compte de son ancien propriétaire, le fonds américain Bain Capital. Pour les entreprises en difficulté, la justice n’est pas toujours un recours. Conflits d’intérêts, abus de biens sociaux... à la suite d’autres ouvrages comme « la Mafia des tribunaux de commerce » (1), de l’ancien policier Antoine Gaudino, celui de notre collègue dresse un constat désastreux de l’état de la justice consulaire, où « se servir » a visiblement pris le pas sur « servir ».

180 ENTREPRISES FONT FAILLITE CHAQUE JOUR ET 300 000 ONT DÉPOSÉ LE BILAN DEPUIS 2008. UNE AUBAINE POUR LES CHAROGNARDS.
UNE MULTINATIONALE EN ÉCHEC

Au final, on comprend combien les salariés sont bien seuls pour affronter les plans de licenciements. Face à un gouvernement définitivement converti aux thèses libérales, ils ne peuvent guère compter que sur l’engagement militant de quelques avocats dont les moyens sont sans commune mesure avec les bataillons que leur opposent les directions. Aussi, la guérilla judiciaire a ses limites et, pour espérer l’emporter, les salariés doivent la combiner avec des mobilisations. En témoigne la lutte des salariés de l’usine Osram, dans le Bas- Rhin, où la direction a fini par renoncer, en 2009, à son projet de fermeture, ou celle des salariés de TRW, dans les Vosges, qui a permis une reprise en SCOP. Et même, s’ils ne parviennent pas à l’emporter, comme dans le cas de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord, « leur combat, rappelle leur avocat Fiodor Rilov, cité par Cyprien Boganda, revêt une portée symbolique ». Celle de salariés qui, sept ans durant, ont mis en échec une multinationale gigantesque.

 

 

Source : www.humanite.fr

 

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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 15:41

 

Source : www.humanite.fr

 

Rapport de forces
Par Jean-Emmanuel Ducoin
Mercredi, 4 Février, 2015
L'Humanité
Dans l'Humanité, entretien exclusif avec Alexis Tsipras: une coalition est-elle encore possible ?
L'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin.

Souvenons-nous. Avant son élection, François Hollande voulait s’attaquer à la finance et réorienter l’Europe. Ces desseins n’étaient que des mots… Après avoir tenté, en vain, de rencontrer Hollande dès mai 2012 pour parler de l’avenir de l’Union européenne, Alexis Tsipras est invité ce mercredi à Paris par le président de la République.

Le premier ministre grec, engagé dans une tournée anti-austérité afin de compter ses soutiens en vue d’un allégement de la dette, pourra tester les yeux dans les yeux la sincérité du chef de l’État français. Une manière de le mettre au pied du mur, de le rappeler à ses contradictions. Face à l’audace de la politique proposée par Tsipras, comment réagira François Hollande, dans sa volonté affichée d’aborder « l’ensemble des questions » soulevées par la nouvelle situation en Grèce ?

Continuera-t-il à s’aligner benoîtement sur Angela Merkel ? Ou aura-t-il le courage d’ouvrir un vrai dialogue ? Ce mercredi, la France sera observée comme jamais par les peuples européens : elle s’honorerait de rouvrir officiellement le débat. Depuis la nomination du nouveau gouvernement grec, tout peut et doit s’accélérer pour précipiter un rapport de forces inédit. L’effritement des dogmes qui régissent le fonctionnement des institutions européennes est déjà visible, même chez les détenteurs du pouvoir, qui n’agissent jamais par bonté d’âme. Les choses changent tellement vite que la BCE envisagerait de se retirer de la « troïka », qui organise depuis des années non pas le sauvetage de la Grèce mais sa vente à la découpe. Alexis Tsipras ne transigera pas, il veut que son pays sorte de ce programme d’« assistance internationale » né par et pour l’austérité.

Le FMI songerait également à en sortir. Résultat, la Commission européenne resterait seule au sein de cette structure jadis mortifère, bientôt moribonde. Jean-Claude Juncker réfléchirait, dit-on, à une « formule permettant un contrôle plus démocratique ». Qui aurait cru cela envisageable il y a encore six mois, un an ? Qui aurait cru que l’indispensable débat sur une refondation de la construction européenne elle-même serait, peut-être, à portée de main ?

 

 

Source : www.humanite.fr

 

 

 

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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 15:29

 

Source : cadtm.org

 

CADTM

 

Grèce : Georges Katrougalos, ministre de la réforme administrative, souhaite une assemblée constituante

4 février par George Katrougalos , Fabien Perrier

 


Dans une interview accordée à Fabien Perrier, journaliste au quotidien suisse Le Temps, le ministre chargé de la Réforme administrative, Giorgos Katrougalos, qui a souvent participé depuis 2011 à des activités organisées par le CADTM, propose le lancement d’un processus de convocation d’une Assemblée constituante. Il entend également réintégrer des fonctionnaires licenciés et lutter contre le clientélisme.

Fabien Perrier écrit : « Ministre délégué à la Réforme administrative depuis le 27 janvier, Giorgos Katrougalos expose les projets qu’il entend mener. Giorgos Katrougalos est un constitutionnaliste connu. Il pourrait s’avérer un fin politique. Jeudi, il a reçu Le Temps pour un entretien avec une journaliste française. Il a commencé par faire patienter l’expert français de la task force attaché jusqu’ici au ministère pour contrôler la bonne application des mesures d’austérité, puis l’a accueilli dans son bureau où il a dû suivre l’entretien. Le nouveau ministre s’assure ainsi que tout ce qu’il dit est enregistré, par deux journalistes. Deux témoins qui relaieront ses paroles.

Giorgos Katrougalos explique que la victoire de Syriza signe un changement fondamental en Grèce, et peut-être en Europe, tournant le dos à l’austérité. Il précise qu’il est prêt à coopérer avec la task force, et à recevoir son expertise technique. Quand il décrit les grandes orientations des réformes qu’il souhaite appliquer, la chose est claire : il reprend la main sur le plan politique, contrairement au gouvernement précédent. La troïka est, elle, renvoyée au second plan.

L’expert français a pris des notes pendant l’entretien avant de répondre à notre question sur une coopération avec le gouvernement d’Alexis Tsipras : « La Commission européenne s’est dite prête à coopérer avec le nouveau gouvernement grec en lui offrant son appui technique. » Le ministre reprend la parole : « Nous sommes ouverts à tout appui technique pour mettre en œuvre les choix politiques pour lesquels nous avons été élus. » Un dernier mot hautement politique. »


Le Temps : Les représentants des institutions européennes accourent aujourd’hui en Grèce. La victoire de la gauche anti-austérité bouscule-t-elle l’échiquier européen ?

Giorgos Katrougalos : C’est clair. Avant les élections, nos opposants répétaient que personne n’accepterait la renégociation des accords. Mais le programme des mémorandums a été un échec éclatant qui impose aux deux parties de renégocier. La victoire de Syriza révèle deux grands espaces de confrontations en Europe. D’un côté, ceux qui veulent continuer les politiques d’austérité, soit l’Allemagne, la droite dure et ses alliés des pays du Nord. De l’autre, un espace qui comprend les partis de la gauche tels que le nôtre ou Podemos [en Espagne] et aussi potentiellement d’autres forces comme les sociaux-démocrates, ou ceux qui réalisent que les alliances avec la droite font tomber les droits sociaux comme en Grèce.


La troïka exigeait, au début des programmes d’austérité, la suppression, avant 2015, de 150 000 postes de fonctionnaires sur les 667 000 que comptait la fonction publique grecque. Combien ont été supprimés ? Réintégrerez-vous les salariés licenciés ?

Nous réintégrerons tous ceux qui ont été licenciés dont le nombre est moindre selon les rapports des services du ministère. Il ne dépasserait pas 3500 fonctionnaires de l’État, auxquels il faut ajouter les salariés d’organismes publics comme les journalistes de [la télévision] ERT licenciés en 2013.


On avait menti sur les chiffres ?

Oui ! Les précédents gouvernements signaient des accords et essayaient ensuite de les modifier. Nous voulons négocier avec les institutions compétentes : Conseil européen et institutions européennes.


Vous ne considérez pas la troïka comme légitime ?

Le rôle de la troïka est de contrôler la façon dont s’est déroulée l’application d’un programme décidé. Nous n’acceptons pas les fondements de ce programme.


Comment comptez-vous appliquer une de vos promesses de campagne, à savoir la fin du clientélisme au sein de l’administration ?

Je vais exploiter les conseils techniques de la task force afin de faire face au clientélisme et demander au syndicat des fonctionnaires Adedy s’il accepte de coopérer avec elle pour qu’elle leur donne une assistance technique, par exemple sur le système de l’évaluation des fonctionnaires. Il doit être clair et efficace. Le problème est que les systèmes précédents ont été conçus non comme un véritable outil d’évaluation, mais comme un prétexte pour licencier des fonctionnaires. Il faut donc clairement différencier les licenciements de l’évaluation qui est, elle, un moyen d’amélioration de l’administration et non de punition. Je veux donc avoir un discours clair sur ce qu’il faut changer dans la fonction publique. Nous ne sommes pas liés par le clientélisme et le patronage. Nous ne l’avons pas créé, contrairement aux deux partis précédents, Pasok et Nouvelle démocratie, qui sont impliqués dans ce système. Nous en sommes éloignés.


Mais vous devrez travailler avec des administrations qui se sont développées par ce clientélisme. Comment faire avec ce verrouillage ?

Je prends ce risque. Je ne vais pas changer les équipes et ce, justement, pour prouver que je suis différent de tous les autres qui, arrivés au pouvoir, changeaient immédiatement toute l’administration. Nous verrons, en revanche, dans trois à cinq mois si nous avons pu travailler ensemble. Je ne suis pas naïf. Ce verrouillage existe peut-être. Mais je veux aussi être honnête avec eux. S’ils veulent travailler avec moi, pourquoi pas. Ma seule ambition est de réformer l’administration.


Souhaitez-vous maintenir comme telle la Constitution ?

J’ai une proposition que nous discuterons au sein du gouvernement : la mise en place d’une Assemblée constituante. (...)


Une réforme constitutionnelle ?

Je ne me limite pas à cela, mais souhaite une Constitution nouvelle. Donc une IVe République grecque. Elle reposerait sur la démocratie directe, permettrait la révocation des personnalités politiques corrompues, instituerait l’initiative populaire pour des lois ou des référendums. Il faut renforcer les garanties pour les droits sociaux existants. Et la procédure d’élaboration de la Constitution devrait être, elle aussi, un exemple de démocratie directe, comme ce fut le cas en Islande.


Quel type de réforme fiscale voulez-vous appliquer ?

Jusqu’alors, ce sont les classes moyennes et les plus pauvres qui ont payé. C’est maintenant aux riches de payer. En instaurant un impôt progressif, en réformant le contrôle fiscal, nous allons trouver l’argent où il est.


Source : Le Temps

 

 

Source : cadtm.org

 

 


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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 15:13

 

 

Source : www.bastamag.net


 

Santé publique

Pesticides : des parlementaires souhaitent une cure de désintoxication

par Sophie Chapelle 4 février 2015

 

 

Six ans après le lancement du plan Ecophyto, le gouvernement fait face à un échec cuisant. Le recours aux pesticides a augmenté de plus de 10 % entre 2009 et 2013, alors que le plan a pour objectif de diminuer de moitié l’usage de pesticides d’ici à 2018. La France demeure le troisième consommateur mondial de ces produits toxiques, derrière les États-Unis et le Japon. Malgré la difficile désintoxication, des parlementaires souhaitent instaurer un moratoire sur les pesticides de la famille des néonicotinoïdes, des insecticides parmi les plus néfastes pour la faune, en particulier les abeilles.

Initiée par le sénateur écologiste Joël Labbé et le député socialiste Germinal Peiro, une proposition de résolution doit être examinée ce 4 février au Sénat [1]. Elle a déjà été signée par 182 députés et sénateurs de tous bords. Elle invite le gouvernement français à agir auprès de l’Union européenne pour obtenir un moratoire européen sur l’ensemble des pesticides néonicotinoïdes « tant que les risques graves sur l’environnement et la santé humaine ne seront pas écartés ».

Risque élevé pour les abeilles

Présents sur le marché français depuis 1994, les néonicotinoïdes sont une famille d’insecticides agissant sur le système nerveux central des insectes. En mai 2013, la Commission européenne a restreint l’usage de trois néonicotinoïdes [2]. Cette décision est intervenue à la suite de plusieurs avis de l’agence européenne de sécurité des aliments, constatant les risques élevés de ces substances pour les abeilles (lire notre précédent article). Néanmoins, ces produits restent utilisés sur de très larges surfaces, car les restrictions ne concernent ni les céréales d’hiver ni les traitements en pulvérisation après floraison.

Les partisans du moratoire demandent « que la restriction de l’utilisation des molécules néonicotinoïdes aille plus loin ». Ils s’appuient notamment sur les travaux d’une évaluation mondiale réalisée à l’échelle de 15 pays par un groupe de 24 experts internationaux [3]. Celle-ci démontre que ces néonicotinoïdes ont des effets bien plus larges que sur les seuls insectes pollinisateurs. L’ensemble de la faune du sol, de l’air et des eaux est touchée. Cette évaluation pointe leur persistance pendant des mois voir des années, en particulier dans les sols, ce qui augmente leurs impacts toxiques sur les invertébrés comme les vers de terre.

Plusieurs ONG (Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot, Générations Futures) et organisations syndicales (l’Union nationale de l’apiculture française et la Confédération paysanne) appuient cette proposition de moratoire. Une pétition est également en ligne. Joël Labbé a par ailleurs demandé à ce que le vote se déroule à scrutin public afin que les sénateurs votent « en leur âme et conscience » [4]. Pour lui « les politiques doivent reprendre la main » sur « les puissances économiques » et les grandes entreprises d’insecticides. Espérons que cette proposition connaîtra un autre destin que celle sur le « devoir de vigilance » des entreprises multinationales, qui a été enterrée.

Lire également : Les espaces verts et les jardins publics bientôt libérés de la pollution des pesticides

 

Notes

[2La clothianidine, le thiaméthoxam et l’imidaclopride. Cette restriction porte pour une durée de deux ans à partir du 1er décembre 2013.

[3Cette évaluation mondiale rassemble près de 800 études. Elle a été entreprise par le groupe de travail sur les pesticides systémiques (Task Force on Systemic Pesticides). Les résultats ont été publiés dans le journal à comité de lecture : Environmental Science and Pollution Research (ESPR, Springer) en ligne en 2014 et sous forme d’une édition spéciale en janvier 2015. Lire ici.


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Source : www.bastamag.net

 

 

 

 

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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 15:06

 

Source : corporateeurope.org/fr

 

 

TAFTA: Les réglementations verrouillées

 

February 1st 2015 International trade

 

 

 

Une nouvelle fuite de proposition de texte portant sur les négociations commerciales transatlantiques (TAFTA ou TTIP) montre que la Commission Européenne continue ses efforts pour limiter les réglementations visant à protéger l'intérêt général – y compris potentiellement celles émanant des autorités régionales.

 

 

De Kenneth Haar (CEO) et Max Bank (LobbyControl)

Depuis décembre 2013, des ONGs, mouvements sociaux, hommes et femmes politiques ont sévèrement critiqué la proposition de la Commission Européenne (CE) sur le volet “coopération réglementaire' 1 du Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement (PTCI, connu sous l'acronyme TAFTA). D'après eux, la propostion fuitée à cette époque indiquait que la Commission souhaitait ouvrir grand la porte à une influence massive des multinationales sur les lois futures. En décembre 2014, un nouveau document fuité montre que celle-ci maintient son cap – rien ne suggère qu'elle prend en compte les inquiétudes de la société civile 2. Dans cette nouvelle version, la CE va encore plus loin. Elle limite les options poitiques des municipalités et des autorités locales. Même si cette idée est sous le feu des critiques et ne sera peut-être pas dans la position définitive de la Commission, c'est un signe montrant que la coopération réglementaire pourrait non seulement couvrir un grand nombre de sujets, mais également être un danger direct pour la démocratie.

L'objectif de la coopération réglementaire

Le terme « coopération réglementaire » décrit le processus d'aligement des réglementations existantes des deux côtés de l'Atlantique. Son objectif est d'assurer que les biens produits d'un côté de l'Atlantique puissent être exportés de l'autre, sans se préoccuper d'obligations particulières à l'un des deux marchés. En pratique, cela pourrait avoir un impact sur toutes les règles, des aliments aux produits chimiques. La proposition est en effet hautement stratégique. Elle permettrait de résoudre les problèmes posés par les aspects les plus controversés du TAFTA après que le traité ait été finalisé. L'attention du public aura alors diminué. La proposition donnerait de nombreuses opportunités aux grandes entreprises pour contribuer aux nouvelles règles. La Commission continue néanmoins à affirmer que ses propositions sur la coopération réglementaire dans le TAFTA ne sont rien de plus que l'établissement d'un dialogue rationnel. Elles viseraient notamment à éviter la duplication des lois des deux côtés de l'Atlantique. Elles ne réduiraient pas la capacité des autorités de régulation à poursuivre leurs objectifs d'intérêt général. La Commission a également insisté de manière répétée sur le fait que ses propositions n'allaient pas donner de traitement particulier aux groupes d'intérêts liés au millieu des affaires.

Néanmoins, ce discours n'a pas dissipé les inquiétudes. En effet, il y a toujours eu un fossé entre les documents de la Commission destinés au public et les textes de négociation obtenus par fuites. Les fuites les plus récentes portant sur les propositions de décembre 2014 et janvier 2015 n'ont pas seulement confirmé la validité des critiques sur un certain nombre de points, elles montrent que la position de négociation est encore pire que ce que les organisations et les personnes critiques imaginaient. Comme le document actuel (janvier 2015) est un texte juridique, alors que le précédent n'était qu'un document indicatif (« position paper »), les négociateurs européens semblent avoir consolidé leur position sur ce sujet.

La coopération réglementaire, un projet des multinationales

La coopération réglementaire est chère aux lobbies des grandes entreprises , des deux côtés de l'Atlantique. Fin 2012, BusinessEurope et la Chambre de Commerce des États-Unis se sont réunis à plusieurs reprises avec la Commission pour faire entendre leurs propositions. Pour eux, la coopération est une mise à plat des différences législatives sur le long terme – que ce soit en termes de normes alimentaires, d'autorisations de produits chimiques, ou de règles sur les méthodes de production, pour n'en citer que quelques-exemples.

Cette mise à plat passe par une série de procédures, dont la coopération entre “régulateurs”. Elle est présentée comme une solution aux désaccords sur l'harmonisation ou la reconnaissance mutuelle des standards qui paraissent difficiles à résoudre sur le court terme. Par conséquent, puisque les négociateurs ne pouront probablement pas obtenir un accord sur des règles communes pendant le cours des négociations commerciales, particulièrement sur des sujets tels que les normes alimentaires, les produits chimiques et la réglementation financière, la coopération réglementaire peut fournir un espace où les groupes d'intérêts des entreprises et les régulateurs pourront obtenir les résultats qui leur conviennent après que le TAFTA soit finalisé, sur le long terme et loing du regard du public.

La coopération réglementaire fonctionne à deux niveaux : au niveau sectoriel (par exemple sur l' autorisation des produits chimiques), et aux niveaux des règles horizontales qui s'appliquent à tous les domaines. Les deux lobbies industriels et financiers cités ci-dessus (BusinessEurope et la Chambre Américaine de Commerce) ont été particulièrement actifs dans la formulation des règles horizontales, celles traitées dans les deux documents fuités en notre possession. Ces propositions ont une portée très large, elles s'appliquent à la fois aux lois et aux réglementations.

Durant leurs réunions de 2012, les deux lobbies ont présenté à la Commission une série de propositions. Celles-ci devaient leur permettre – selon leurs propres mots – de “co-écrire les réglementations”. Cela en tête, il n'est pas surprenant que les fortes ressemblances entre les propositions de la Commission et celles des lobbyistes aient déclenché une telle réaction négative contre les importants privilèges offerts aux grandes entreprises.

Les soi-disant 'parties prenantes' de la coopération réglementaire

Ces privilèges ne signifient pas que d'autres groupes ne seront pas impliqués dans la coopération réglementaire. Lorsque la Commission parle de la participation des « groupes d'intérêt » dans les affaires réglementaires, elle utilise le terme neutre de “parties prenantes”. Cela se réfère bien entendu à toutes sortes de parties prenantes, dont les syndicats et les associations de protection de l'environnement. Néanmoins, comme une majorité écrasante des lobbyistes de Bruxelles représente les grandes entreprises, il est clair qu' «  impliquer les parties prenantes » signifie ouvrir une porte de plus aux représentants des millieux d'affaire, afin qu'ils puissent influencer les politiques. Les expériences passées d'implication des “parties prenantes” dans la “coopération réglementaire” entre l'UE et les EU ont montré que ces procédures sont facilement ouvertes aux grandes entreprises et souvent fermées aux autres groupes d'intérets. Enfin, dernier élément mais non le moindre: l'horizon de la coopération réglementaire est avant toute chose celui de la promotion du commerce – et non celui de la protection des droits des consommateurs, de la promotion de la santé publique, ou de tout autre objectif de politique publique.

La Commission Européenne reste sur ses positions

Avec la coopération réglementaire, les entreprises auront une série d'outils à leur disposition pour influencer les nouvelles lois, les nouvelles réglementations, et même celles déjà appliquées. Lorsque le nouveau document (janvier 2015) est lu en adoptant cette perspective, auncun changement positif est en vue. Bien au contraire. Dans la proposition fuitée, quatre sujets sont particulièrement épineux :

1. Alerte précoce- Lobbying précoce

Selon la dernière proposition fuitée de la Commission, de janvier 2015, dès que de nouvelles réglementations seront planifiées les entreprises devront être informées à travers un rapport annuel, et devront être impliquées. Cela s'appelle désormais l' “information précoce sur les actes futurs” (« early information »), jusqu'à récemment nommé “alerte précoce” (« early warning »). Dès la phase de préparation d'une régulation, “la Partie régulatrice” doit donner aux lobbies d'affaire qui ont un intérêt dans la loi ou la réglementation une opportunité pour “fournir des contributions”. Ces contributions “doivent être prises en compte” lors de la finalisation de la proposition (Article 6). Cela signifie que les entreprises, très tôt dans le processus législatif, pourront essayer de bloquer des règles écrites pour empêcher, par exemple, les industries agroalimentaires de mettre sur le marché des aliments contenant des substances toxiques, pourront bloquer les lois qui tenteraient d'empêcher, par exemple, les entreprises dans le secteur de l'énergie de détruire le climat, ou bloquer les réglementations qui tenteraient de combattre la pollution ou de protéger les consommateurs.

2. Etudes d'impact - pas de règles préjudiciable aux affaires

Les nouvelles réglementations devront passer par une “étude d'impact”, qui contiendra trois questions (article 7 - les versions précédentes des propositions contenaient sept questions :

- Quel est la relation entre la proposition législative et les instruments internationaux ?

- Comment les règles futures ou existantes de l'autre Partie sont-elles été prises en compte ?

- Quel impact aura la nouvelle règle sur le commerce et l'investissement ?

Ces questions sont principalement orientées vers les intérêts des entreprises, pas ceux des citoyens. Grâce à la procédure d' “information précoce”, les entreprises pourront faire en sorte que leurs préoccupations soient prises en compte dans le rapport de l'étude d'impact. En cas de direction contradictoire à leurs intérets, le rapport devra citer l'impact nuisible sur le commerce transatlantique.

3. Echanges réglementaires -un dialogue pour aider les multinationales à obtenir ce qu'elles veulent

Le modèle présenté par les négociateurs de l'UE donne beaucoup d'outils aux grandes entreprises pour se plaindre d'un “acte envisagé ou planifié” et de réglementations en cours de révision (articles 9 et 10). En particulier, un “échange réglementaire” devra avoir lieu si une des Parties est mécontente des effets d'une règle sur ses intérêts commerciaux. Un dialogue devra avoir lieu, et la Partie dont les règles sont attaquées devra co-opérer, et devra être prête à répondre à toute question posée.

Dans la proposition précédente, de 2013, il était noté qu'au cas où un Etat Membre de l'UE soit sur le point de décider de nouvelles règles qui pourraient affecter le commerce, un dialogue devrait avoir lieu afin de “résoudre efficacement les problèmes”. Dans la nouvelle proposition, le modus vivendi dans de tels scénarios n'est pas spécifié.

4. L'Organe de Coopération Réglementaire - les régulateurs au volant

Les “régulateurs” (non élus) obtiendront un rôle clé. Selon la position de décembre 2013, du point de vue Européen ce rôle renviendra à la Commission Européenne. Du côté américain, il reviendra aux représentants du Bureau d'Information sur les Affaires Réglementaires (OIRA). Étant donné la coopération déjà proche et bien établie entre les lobbies et les agences réglementaires dans l'UE et aux Etats Unis, ce nouveau pouvoir donné aux agences renforcera l'influence des multinationales sur les politiques publiques.

L' « Organe de coopération réglementaire » (OCR) créé par le TAFTA – appellé « Conseil de coopération réglementaire » dans des versions antérieures – aura la responsabilité générale de la coopération réglementaire. Une de ses obligations sera de “porter une considération particulière” aux propositions des entreprises sur les réglementations futures et existantes (article 13).

La coopération réglementaire ne portera pas seulement sur les nouvelles réglementations mais également sur les réglementations existantes. Par conséquent, avancer vers la “convergence réglementaire” est un très gros projet. Il sera de la responsabilité de l'OCR de s'assurer que le processus de convergence des réglementations des États-Unis et de l'UE avance. Il devra s'en assurer que ce soit en faisant en sorte que les règles sur l'harmonisation ou la “reconnaissance mutuelle” soit considérées et adoptées, ou en lancant des propositions pour résoudre les différences dans certains secteurs. Pour ce faire, il pourra se servir des “groupes de travail sectoriels” . Ceux-ci ont été très rapidement identifiés par la Commission comme un type de groupes où les entreprises pourront avoir un “accès priviligié”. Une autre option pour les entreprises sera de simplement développer leurs propres propositions – des propositions que l'OCR devra ensuite prendre sérieusement en considération (article 15).

L'OCR est fait pour devenir une institution puissante, même si elle ne pourra pas adopter d'actes législatifs en soi. La proposition de l'UE n'est pas claire sur la division des compétences entre les organes élus – qu'ils soient parlementaires ou gouvernementaux – et l'OCR. Elle ne mentionne qu'un “Organe Ministèriel Commun” auquel l' “Organe de Coopération Réglementaire” devrait répondre.

Peu de limites en vue

Les propositions de la Commission sont clairement très ambitieuse. La « coopération réglementaire » aura des dents et devrait couvir de larges parties de l'élaboration des politiques. Si cela ne tenait qu'aux négociateurs de l'UE, la coopération régementaire couvrirait même les municipalités et les autorités régionales. Dans la proposition de décembre 2014, la Commission suggèrait que “les Parties d[evraient] tenter de s'assurer que les institutions aux échelons infra-étatiques de l'UE et des états fédérés américains respectent ce chapitre.” Cela aurait inclus les municipalités et les autorités régionales et aurait considérablement élargi le champ de la coopération réglementaire. Cela aurait pu avoir un impact sur l'urbanisme, les marchés publics, les ressources naturelles et les politiques environnementales.

Jusqu'à présent il semble néanmoins que les Etats Membres aient refusé cette proposition, et qu'elle soit – pour le moment – mise à l'écart.

La coopération réglementaire est une menace pour la démocratie

En résumé, la coopération réglementaire mérite toute l'attention qu'elle peut avoir des ONGs, des mouvements sociaux, et surtout des législateurs à travers l'Europe. Ces derniers vont voir leurs propres pouvoirs limités, de facto, par la coopération réglementaire. Les documents connus du public jusqu'à présent montrent que les négociateurs tentent de modifier les processus de prises de décision pour augmenter le commerce et les investissements, avec peu de considération pour les conséquences sur nos institutions démocratiques. Ils mettent en avant des procédures complexes qui conviennent aux intérêts des entreprises. À la vue des documents obtenus par fuites, l'argument exposé dans la fiche d'information de la Commission, selon laquelle le “droit de réglementer dans l'intérêt général” est protégé, ne tient pas la route. Les documents montrent que l'étendue de la coopération réglementaire dans le TAFTA pourrait mettre en danger jusqu'au droit à réguler des municipalités et des régions.

  • 1. Pour plus d'informations sur la coopération réglementaire, vous pouvez consulter notre note explicative.
  • 2. En plus du document de Janvier obtenu par fuites, un autre document de Décembre a été reçu. Les deux documents sont pratiquement identiques, sauf sur la question des autorités régionales.
Resources: 

231214_regulatory_coherence_draft_proposal.pdf

                                                                                                                                                                                                                                                                             Source : corporateeurope.org/fr

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