Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 février 2015 4 12 /02 /février /2015 21:59

 

Source : www.marianne.net

 

 

"L’Europe est la première victime de la fraude fiscale"

Propos recueillis par
Hervé Nathan
Gabriel Zucman, 29 ans, professeur assistant à la London school of economics s’était fait remarquer en 2013 en publiant au Seuil "La Richesse cachée des nations. Enquête sur les paradis fiscaux". Il tente de chiffrer la masse de capitaux cachés dans les paradis fiscaux et de trouver un moyen de juguler la fraude.
ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Marianne : Les révélations du Monde et d’autres journaux étrangers sur les pratiques de la HSBC relancent les controverses sur le rôle des paradis fiscaux. A quel niveau évaluez vous le montant de cette fraude ?
Gabriel Zucman : Au niveau mondial, d'après mes calculs, les paradis fiscaux abritent 8 % de la richesse financière globale, soit 7 600 milliards de dollars. Toutes ces fortunes n'échappent pas au fisc et depuis la crise financière il y a d'ailleurs eu des progrès : en 2007, on peut estimer que 90% des avoirs offshore échappaient à l'impôt ; aujourd'hui sans doute environ 80%. Ce qui reste considérable et se traduit par des pertes de recettes fiscales de l'ordre de 200 milliards de dollars par an au niveau mondial. L'Europe en est la première victime avec 75 milliards de dollars de manque à gagner chaque année. Et je ne parle ici que de la fraude pure et simple via des comptes dissimulés, pas de l'optimisation fiscale des multinationales qui représente des sommes plus importantes, mais se fait en général dans le respect de la loi, ou du moins de sa lettre si ce n'est de son esprit.

Les fraudes attribuées la HSBC remontent à 2006 et 2007. Depuis lors, les gouvernements ne sont pas restés totalement inactifs. On se souvient que le G20 avait notamment déclaré « la guerre aux paradis fiscaux », selon Nicolas Sarkozy. Est-ce que cela a eu des effets ?
L'échange automatique d'informations bancaires, qui pourrait devenir une réalité à horizon 2017-2018, est un grand pas en avant. Mais il ne suffit pas : comme le montre l'affaire HSBC, on ne peut tout simplement pas faire confiance aux banquiers offshore pour s'assurer que leurs clients payent bien leurs impôts. Le plupart des banquiers sont honnêtes, mais une minorité ne l'est pas. Et si cette minorité trouve avantage à continuer à aider les fraudeurs, elle le fera. C'est pourquoi, au-delà de l'échange automatique d'informations, il faut se donner les moyens de mesurer les fortunes indépendamment du bon vouloir des banquiers. Concrètement, cela signifie créer un cadastre financier, idéalement à l'échelle mondiale, pour enregistrer la richesse financière comme l'on enregistre la propriété immobilière depuis des siècles. Il faut ensuite définir des sanctions précises et proportionnées pour les pays et les établissements bancaires qui refuseraient l'échange automatique d'informations ou l'appliqueraient mal en pratique. Avec un cadastre financier et des pénalités bien définies pour les paradis fiscaux, la fraude offshore pourrait être éradiquée.

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

 

Partager cet article
Repost0
12 février 2015 4 12 /02 /février /2015 21:43

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Prix de l’électricité : petits arrangements entre ennemis

|  Par Jade Lindgaard

 

 

Comment continuer à gagner de l’argent malgré la volonté affichée de faire baisser la demande ? Les entreprises de l’énergie ont une idée : valoriser les économies d’électricité réalisées par les consommateurs, grâce à « l’effacement ». Elles profitent de la loi de transition énergétique, débattue au Sénat, pour défendre leurs intérêts. L'UFC s'insurge.

Réduire la consommation d’électricité, c’est l’un des objectifs de la politique de transition énergétique, et du projet de loi actuellement débattu au Sénat. Et ce, pour lutter contre le dérèglement climatique, réduire notre impact sur les ressources naturelles et se préparer à réduire la part du nucléaire à 50 % du mix national. Officiellement, c’est plutôt consensuel. En réalité, la bataille fait rage en coulisses pour capter les profits générés par cette nouvelle donne énergétique. Nouveaux acteurs et puissances installées (EDF, GDF Suez) s’affrontent sur les décombres du service public de l’énergie, progressivement démantelé par le mouvement de libéralisation des dix dernières années.

Ségolène Royal au Sénat pour la loi de transition énergétique (DR). 
Ségolène Royal au Sénat pour la loi de transition énergétique (DR).

Un nouvel épisode de cette bagarre se déroule actuellement autour de l’« effacement diffus ». Méconnue du grand public, cette pratique consiste à couper temporairement la consommation d’électricité de clients volontaires.

Le principe est le suivant : à un moment précis, entre 19 heures et 19 h 15 par exemple, votre radiateur électrique s'arrête, interrompu à distance par un opérateur d'effacement. Vous ne vous rendez compte de rien, a priori. Mais pendant ce temps, les kilowattheures (kWh) que vous n'avez pas utilisés ne sont pas perdus : ils sont vendus sur le marché de l'électricité à RTE, la filiale d'EDF, qui s'en sert pour équilibrer le réseau. Le but est d’alléger la demande de courant en période de « pointe », c’est-à-dire quand les besoins explosent, typiquement en fin de journée en hiver. Cette brusque hausse de la consommation oblige RTE à acheter de l’électricité plus chère et produite par des centrales (au fioul ou au gaz) très émettrices de CO2. L'effacement diffus consiste ainsi à valoriser du courant non consommé par les ménages.

C'est un excellent créneau flairé par la société Voltalis, qui équipe gratuitement les foyers de particuliers, avec le soutien de collectivités locales, en boîtiers permettant d'éteindre leurs radiateurs électriques et chauffe-eau. C'est une sorte de compteur relié à une interface web que chaque foyer peut consulter à tout moment, sans avoir la main sur la chronologie des coupures. C'est Voltalis qui en décide seul, en fonction des besoins et opportunités du marché de l'électricité. Le ménage ne touche rien sur ces transactions. Il se contente de prêter ses appareils à ces businessmen d'un nouveau genre.

Créée en 2007 par des ingénieurs issus du corps des Mines, la société est aujourd’hui présidée par Pâris Mouratoglou, qui a fait fortune grâce à la bulle du photovoltaïque de 2009 et aux tarifs d’achat surévalués. Voltalis opère sur le marché d’ajustement, en vendant à RTE des Mégawatts (MW) d’électricité « effacée » – elle est la seule entreprise sur le créneau de l’effacement diffus. Elle ambitionne d’opérer à terme sur le marché de gros, où s’approvisionnent directement les fournisseurs. L’idée est la suivante : plutôt que commercialiser de la production supplémentaire, ils proposent de la demande « en moins ».

C’est en principe écologiquement plus vertueux : pour une fois, le marché donne une valeur à la modulation de la demande. Ainsi la directive européenne sur l’efficacité énergétique encourage le développement de l’effacement. La loi Brottes de 2013 reconnaît que l’effacement procure des avantages à la collectivité « en matière de maîtrise de la demande d'énergie ou de sobriété énergétique ». Elle autorise donc les opérateurs d’effacement à valoriser leurs MW non consommés sur les marchés. Mais elle instaure un cadre financier. Car rien n'est gratuit sur le marché de l'électricité. Même les kilowatts que Voltalis efface ont préalablement été achetés par un fournisseur (EDF, Direct Energie, GDF Suez...) au producteur, qui les achemine vers ses clients sans savoir s'ils seront effacés ou non. Le législateur demande donc aux « effaceurs » de payer ces électrons aux fournisseurs par le biais d'un versement. Mais il leur offre aussi une prime, subventionnée par la contribution au service public de l'électricité (CSPE), une taxe acquittée par le consommateur final.

 

La tour Franklin, où se trouve le siège Voltalis, à côté de la tour EDF à la Défense (JL). 
La tour Franklin, où se trouve le siège Voltalis, à côté de la tour EDF à la Défense (JL).

Quelques mois plus tard, un décret confirme le dispositif. En réalité, ce jugement de Salomon – aux fournisseurs le versement, aux effaceurs la prime – ne va pas tenir très longtemps. Car la loi de transition énergétique et pour la croissance verte, défendue par Ségolène Royal au Sénat jusqu'à la semaine prochaine, chamboule tout : une partie du versement doit désormais être payée par les fournisseurs eux-mêmes (soit EDF, Direct Energie, GDF Suez…), pour le plus grand bonheur de Voltalis, dont le fardeau est ainsi allégé. Pas d’inquiétude pour les entreprises ainsi mises à contribution : elles répercuteront cette dépense sur les prix, par le biais d’une nouvelle contribution. Le périmètre de ce Yalta de la prime ne doit rien au hasard : la part à la charge des fournisseurs est celle qui conduit à une économie d’énergies. Car pour compliquer encore le sujet, une grande partie du courant effacé est tout de même consommé, avec un léger décalage temporel. L'effacement n'équivaut pas à une économie d'énergie. Le système inventé par la loi Royal revient à créer une sorte de caisse d’assurance des vendeurs d’électron contre les économies d’énergie… Un message en totale contradiction avec l’idée même de transition écologique.

Début 2015, le ministère de l’écologie publie l’arrêté tarifaire fixant le montant de la prime Voltalis : ce sera 16 € par mégawattheure (MWh) effacé (en heures pleines, de 7 heures à 23 heures), soit tous les 1 000 kWh. Autrement dit, une facture d’environ 250 millions d’euros sur dix ans dans l’hypothèse d’une croissance annuelle de la capacité d’effacement de 750 MW (contre environ 500 MW au total aujourd’hui), selon les estimations de la commission de régulation de l’énergie (CRE). Le prix de l’électricité ne cesse d’augmenter en France ces dernières années, aggravant chaque fois le problème de la précarité énergétique. Il s’est encore alourdi de 2,5 % en janvier. Le montant de la prime à l’effacement doit être révisé annuellement.

 

Une publicité d'EDF pour le chauffage électrique, hiver 1991-92 (DR). 
Une publicité d'EDF pour le chauffage électrique, hiver 1991-92 (DR).

Car les ménages sont bien les seuls à ne pas bénéficier directement de l’effacement tel qu’il se met en place au fil des lois et des décrets. Ce sont pourtant eux qui fournissent l’effort indispensable à tout cet édifice : accepter la coupure de son chauffage électrique ou son chauffe-eau pendant 5 à 15 minutes. C’est le particulier qui se prive, mais c’est Voltalis qui valorise son geste, ce sont les fournisseurs qui s’indemnisent contre ce manque à gagner.

Tout se passe comme si le petit monde des acteurs économiques de l’énergie, malgré la concurrence qui dresse les uns contre les autres, trouvait une forme d’arrangement, même tacite, pour continuer à gagner de l’argent malgré la baisse annoncée de la demande. « Cette prime est scandaleuse, tonne Frédéric Blanc, juriste à UFC-Que Choisir, il n’y a pas d’intérêt général poursuivi. Cette subvention crée un risque de sur-rémunération du capital puisque elle rémunère de l’électricité que l’opérateur d’effacement vend par ailleurs sur les marchés. Cela risque de créer des marges déraisonnables. Ils créent un système approximatif en fonction d’intérêts particuliers. »

Pour la Coalition France pour l’efficacité énergétique (CFEE), qui regroupe des associations et des entreprises, c’est la tarification de l’électricité, modulable en fonction d’heures pleines et creuses, qui est « le moyen le plus économiquement efficace de soutien aux effacements ».

Rencontrés par Mediapart lors d’un entretien de plusieurs heures au siège de l’entreprise, à la Défense, des dirigeants de Voltalis répondent que le consommateur se rémunère par l’économie d’énergie, donc l’allègement de sa facture finale : « Ça ne coûte rien au consommateur de s’équiper de notre boîtier et ça fait baisser sa consommation, c’est le volet le plus important de ce que nous faisons, c’est pour ça que nous existons », explique Pierre Bivas, co-fondateur de Voltalis, conseiller de son actuel président, et à la tête de Cathode, syndicat professionnel de l’effacement diffus. Si l’on estime qu’en moyenne un foyer dépense 1 700 euros par an de chauffage électrique, la société estime pouvoir lui faire économiser environ 170 euros.

C’est aussi ce que dit le député François Brottes, à l’origine de la loi de 2013 : « Ça coûte un peu cher en mise en œuvre et en démarchage, mais l’effacement diffus génère de vraies économies d’énergie. C’est une pédagogie pour que les consommateurs se comportent différemment. Toute la montée en puissance des économies d’énergie passe par une phase transitoire de financement du modèle. C’est pour démarrer. C’est une modalité de transition pour faire émerger des acteurs. »

Mais d’après l’Ademe, qui a réalisé la seule étude indépendante sur le sujet en 2012, le taux d’économie d’électricité obtenu les jours d’effacement par rapport à la consommation journalière d’un foyer ne dépasse pas 6,8 à 8,3 %. Les économies sur le chauffe-eau sont nulles (toute l’énergie effacée est re-consommée derrière) et pour le chauffage électrique, un effacement sur 33 % du temps engendre une économie de 13,2 %. Les économies « peuvent être en partie annulées par un surplus de consommation à l’issue de la période d’effacement, par exemple pour remettre le logement à la température souhaitée (c’est l’effet report) », écrit l’Ademe. C’est sur cette base que l’Autorité de la concurrence a conclu en 2013 que le subventionnement de l’activité d’effacement n’était pas pertinent : « Il apparaît que le lien entre effacement de consommation et économies d’énergie n’est pas clairement démontré. »

 


 

De son côté, Voltalis présente d’autres études établissant un lien entre effacement et économie d’énergie. En 2013, l’entreprise a évalué 45 000 sites équipés de son boîtier (sur 100 000 au total). Résultat : plus de 90 % d’économie sur l’électricité effacée. Cette étude interne, donc forcément soupçonnée de biais, est en cours de contre-expertise par RTE.

« On n'espère pas 30 % d’économie d’énergie sur la facture annuelle, mais plutôt 5, 10 ou 15 % », reconnaît Pierre Bivas. Selon les calculs d’Alexis Galley, autre co-fondateur, l’économie d’électricité atteint 12 % sur les mois où il fait suffisamment froid pour allumer son radiateur, soit environ 10 % rapporté à toute l’année. À titre de comparaison, la loi de transition énergétique (dans sa version votée par l’Assemblée) fixe comme objectifs de diviser par deux la consommation d’énergie d’ici 2050 et de 20 % en 2030. Avec les boîtiers d’effacement diffus, on se trouve donc très loin du compte.

Le cofondateur de Voltalis insiste sur un autre effet bénéfique de l’effacement pour tous les consommateurs : faire baisser les prix en ouvrant la concurrence sur le marché de gros. Ainsi 1 GW d'effacement diffus permettrait d’économiser 180 millions d’euros par an, selon une première estimation de RTE citée par Voltalis. Quant à la prime dont ils doivent bénéficier, il assure pouvoir s’en passer pour être rentable. Mais à condition de ne pas avoir à payer l’électricité aux fournisseurs. Saisis par le gouvernement, la CRE et le Conseil supérieur de l’énergie (CSE) ont rejeté une première version de la prime, jugée trop élevée (30€/Mwh).

Depuis son apparition sur la scène française, Voltalis a déployé un lobbying dont la persistance et l’entregent ont bluffé des observateurs pourtant aguerris du monde de l’énergie. Mais la viabilité de son modèle économique soulève des interrogations. Près de 100 millions d’euros y ont été investis depuis sa création, pour un chiffre d’affaires de seulement 1 million d’euros aujourd’hui, et environ 150 employés.

Le feuilleton à rebondissements de l’effacement est révélateur d’une tendance lourde : comme les places financières, les marchés de l’électricité ne semblent être compris que par les acteurs qui y agissent et s’y enrichissent – ou espèrent le faire. Élus et associations écologistes n’ont rien dit sur cette réforme pourtant structurelle du marché et du prix de l’électricité. Ce silence permet au cercle fermé des acteurs de l’énergie de décider ce que bon leur semble, en toute opacité.

 

Boîye noire : J'ai commencé à travailler sur ce sujet après avoir reçu plusieurs alertes de la part de professionnels du monde de l'énergie. Frédéric Blanc a été interrogé par téléphone mardi 3 février, François Brottes par téléphone également jeudi 5 février. J'ai rencontré Pierre Bivas, Mathieu Bineau et Alexis Galley, de Voltalis, pendant plusieurs heures, dans leurs locaux de la Défense, lundi 9 février. Seul Pierre Bivas a demandé à relire ses propos.

 

Lire aussi

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

Partager cet article
Repost0
12 février 2015 4 12 /02 /février /2015 19:19

 

Source : www.bastamag.net

 

 

ça bouge ! Evasion fiscale

Face à Swissleaks, une initiative citoyenne européenne contre les sociétés écrans

par Collectif 12 février 2015

 

 

 

Les sociétés écrans, ces instruments qui permettent de cacher l’identité du propriétaire réel d’un compte ou des actionnaires d’une société, sont au cœur du scandale du Swissleaks. La Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires, qui regroupe des organisations indépendantes, a lancé le 11 février une initiative citoyenne européenne pour demander à l’Union Européenne de les interdire. Un million de signatures doivent être rassemblées.

Après l’OffshoreLeaks, le LuxLeaks et bien d’autres scandales fiscaux, le Swissleaks est venu rappeler le rôle central de l’opacité dans les stratégies visant à éviter l’impôt. Les pratiques de HSBC rappellent aussi que cette opacité prend bien d’autres chemins que le simple secret bancaire, aujourd’hui mis à mal par les progrès accomplis en matière d’échange d’informations.

En particulier, les trusts et les sociétés écrans sont au cœur du Swissleaks. Ce sont ces montages réalisés par les spécialistes de l’ingénierie juridique qui ont permis de protéger les fraudeurs du fisc comme le blanchiment du crime organisé. Or, si la plupart des clients de HSBC disent aujourd’hui avoir régularisé leur situation, ces outils privilégiés de l’opacité restent le point aveugle de la lutte internationale engagée contre les paradis fiscaux.

Plusieurs pays, y compris au cœur même de l’Europe, continuent d’offrir la possibilité de créer, en toute légalité, des sociétés avec des prête-noms de manière à cacher l’identité du bénéficiaire réel dans le but d’échapper au fisc ou à la justice. L’Union Européenne a récemment échoué à mettre en place un registre public de ces bénéficiaires. Toute réforme qui n’intègrera pas la neutralisation de ces instruments juridiques criminogènes est vouée à l’échec.

Dans ce contexte, la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires a décidé de lancer publiquement une Initiative citoyenne européenne, « Pour une Europe plus juste, neutralisons les sociétés écrans » [1]. Son objet est clair et simple : « Introduire dans un instrument juridique du droit des sociétés des mesures visant à assurer la transparence des personnes morales et des constructions juridiques. » [2]. L’enjeu, désormais, est de réunir un million de signatures de citoyens de l’Union européenne, d’ici octobre prochain, pour contraindre les institutions européennes à prendre la mesure de l’enjeu et des dispositions appropriées pour y répondre.

 

Pour soutenir cette initiative signez ici !

 

 

Notes

[1L’initiative citoyenne européenne (ICE) est une invitation faite à la Commission européenne de présenter une proposition législative. L’initiative doit être soutenue par au moins un million de citoyens européens issus d’au moins sept pays différents parmi les 28 de l’UE. Lire notre article à ce sujet en cliquant ici.

[2Cette initiative a été inscrite auprès de la Commission européenne par l’un des membres de la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires, l’Observatoire citoyen pour la transparence financière internationale (OCTFI).

 

Cet article vous a intéressé ? Basta ! a besoin de ses lecteurs pour poursuivre son travail, faites un don.

 

 

Source : www.bastamag.net

 

 

*Gabriel Zucman, professeur assistant à la London school of economics va plus loin et préconise de "créer un cadastre financier, idéalement à l'échelle mondiale, pour enregistrer la richesse financière comme l'on enregistre la propriété immobilière depuis des siècles. Il faut ensuite définir des sanctions précises et proportionnées pour les pays et les établissements bancaires qui refuseraient l'échange automatique d'informations" à lire en suivant le lien ci-dessous

 

democratie-reelle-nimes.over-blog.com/article-l-europe-est-la-premiere-victime-de-la-fraude-fiscale

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
12 février 2015 4 12 /02 /février /2015 19:13

 

 

Source : www.bastamag.net


 

Débattre Alternatives écologiques

Climat : « Notre pouvoir d’agir est plus important qu’on ne l’imagine »

par Maxime Combes 12 février 2015

 

 

 

 

Alors que le monde file vers une augmentation de la température de 4 à 5°C d’ici la fin du siècle, des négociations sur le changement climatique ont repris depuis le 8 février à Genève. Ces discussions, sous l’égide de l’Onu, sont destinées à préparer la conférence internationale de Paris fin 2015. Mais les blocages diplomatiques persistent. De nombreuses multinationales s’opposent, au nom de leurs chiffres d’affaires, à toute mesure contraignante. Alors que faire ? « C’est par l’intermédiaire des milliers d’innovations sociales et écologiques mises en œuvre dans nos quartiers et nos territoires, pour vivre mieux, que nous construisons le monde demain », réagit Maxime Combes de l’association Attac France.

Les négociations de l’Onu sur le changement climatique ont repris cette semaine à Genève. Objectif : nettoyer le texte de 38 pages élaboré en décembre dernier à Lima qui regroupe les différentes options soumises par les États dans la perspective d’un accord à Paris en décembre 2015 (lire l’analyse du texte de Lima). Au milieu de la semaine, le texte avait déjà doublé de volume. Sans grand espoir que les points durs qui n’ont pas été levés ces dernières années ne le soient, comme par miracle, en Suisse. En parallèle, collectivités publiques, médias de communication, multinationales, scientifiques, artistes et show-biz, ONG et militants, chacun à leur manière, se préparent pour ce qui est annoncé par François Hollande comme une conférence « historique ».

En 2009 déjà, Copenhague devait être « historique ». Intervenant juste après l’élection d’Obama et les engagements du G8 de l’Aquila, Copenhague est alors présenté comme « le sommet de la dernière chance », celui qui devait « sauver le climat ». Le retour de bâton a été terrible : Copenhague a substitué la sidération à l’espérance et la résignation à la mobilisation (nos articles). S’en souvenir devrait conduire à plus de modestie et de lucidité quant à la préparation de la conférence de Paris.

Pas d’accord contraignant en perspective

Faire preuve de lucidité nécessite de dire qu’il n’y aura pas d’accord contraignant, juste et à la hauteur des enjeux – rester en deçà des 2°C – à Paris. Si accord il y a, il ne sera pas contraignant. Les États-Unis, pas plus que la Chine, n’en veulent. Si accord il y a, tout le monde en convient, y compris l’équipe de négociation française, il ne satisfera pas aux objectifs de réduction drastiques et immédiats des émissions recommandés par le Giec. Enfin, si accord il y a, il ne sera pas juste : les financements et les transferts de technologie sont insatisfaisants.

Être lucide implique de constater que les négociations climat sont inextricablement mêlées aux recompositions géopolitiques entre les grandes puissances. Les États-Unis voudraient obtenir un nouvel ordre mondial qui détache la Chine, ainsi que d’autres puissances émergentes, de l’alliance des « pays en développement », le G77. Pour la Chine, il n’en est pas question. La Chine accepte volontiers d’être l’égale des États-Unis dans le G2 qui domine la planète mais elle n’abandonnera pas de sitôt ses alliances historiques avec les pays du Sud. Point dur des négociations, la différenciation des États ne se résoudra donc pas d’un claquement de doigt.

« L’avenir du climat ne dépend pas des seules négociations de l’Onu »

Être lucide, c’est aussi convenir de la faible influence des scientifiques, ONG, mouvements sociaux et écologistes, syndicats, collectivités locales ou journalistes sur le cours des négociations. Il est bien-entendu toujours possible de se battre sur la place des virgules – et pour bloquer les propositions les plus inacceptables – mais rien qui ne permette de changer la donne. Depuis qu’elle a perdu tout leadership climatique, l’Union européenne ne peut plus servir d’appui, pas plus que les pays du Sud qui manquent soit d’ambition, soit de pouvoir d’influence. Au contraire des multinationales et des lobbies qui sont désormais incontournables et dont la majorité est rétive à toute transformation profonde des modes de production et de consommation insoutenables.

Faire preuve de lucidité c’est également reconnaître que l’avenir du climat ne dépend pas des seules négociations de l’Onu. Au contraire, à force d’être dans leur bulle, les négociations ont perdu toute connexion avec la réalité. La réalité est celle d’une globalisation économique et financière qui facilite une exploitation sans limite des ressources naturelles. En négociant les accords Tafta (avec les États-Unis) et Ceta (avec le Canada), l’UE sacrifie les exigences climatiques – non mentionnées par les mandats de négociation – au nom de la compétitivité et de l’approvisionnement insoutenable de notre économie en énergies fossiles. Au moment où il faudrait laisser dans le sol une majorité des réserves prouvées d’énergies fossiles, l’UE encourage leur exploitation sans que les négociations climat ne l’en dissuade.

Miser sur les innovations locales, sociales et écologiques

Être lucide sur les négociations n’implique pas pour autant de se résigner. Bloquer Tafta et Ceta serait une grande victoire pour le climat. Prendre au mot les engagements d’« exemplarité » de François Hollande doit aider pour obtenir d’ici décembre 2015 la fin des subventions aux énergies fossiles, l’abandon des projets nocifs pour le climat (aéroports, autoroutes, etc) et l’annulation des permis de recherche d’hydrocarbures encore existants. Au nom de l’impératif climatique et avec un certain succès, la campagne mondiale pour le désinvestissement des combustibles fossiles pousse les universités, collectivités, institutions religieuses, banques à se retirer des énergies fossiles pour préférer le financement « de solutions axées sur les sources d’énergies propres et renouvelables ».

De plus, notre pouvoir d’agir ne se réduit pas à bloquer les projets climaticides. Il est plus important qu’on ne l’imagine. La Sécurité Sociale ne s’est pas faite d’un coup de baguette législative : elle est le fruit d’une riche histoire d’expériences alternatives et citoyennes inscrites dans la construction d’un rapport de force social et politique de longue haleine. La transition énergétique, et par extension la transition écologique et sociale, prendra le même chemin. C’est par l’intermédiaire des milliers d’innovations sociales et écologiques mises en œuvre dans nos quartiers et nos territoires, pour vivre mieux, que nous construisons le monde demain.

Enfin, être lucide impose d’être radical. Aller à la racine des choses et ne pas rester à la surface du clapotis médiatique, comme le propose Naomi Klein dans son dernier livre [1]. Le changement climatique s’inscrit dans une histoire. L’histoire d’un capitalisme prédateur, dominé par les populations riches des pays occidentaux – et désormais des pays émergents – qui soumet notre avenir à la poursuite indéfinie d’un business as usual insoutenable. Il n’y aura pas de grand soir ou de petit matin pour le climat. Pas plus à Paris qu’à Copenhague. Mais ce n’est pas pour autant la fin de l’Histoire. Détachons-nous de la technicité des négociations et servons-nous de Paris2015 comme d’une caisse de résonance pour écrire une nouvelle page, celle « de sociétés plus agréables à vivre, plus conviviales, plus solidaires, plus justes et plus humaines » comme nous y invite le processus Alternatiba.

Maxime Combes, économiste membre d’Attac France

Photo : CC FlickR / Garry Knight

 

Notes

[1Naomi KLEIN, Tout peut changer, Actes Sud, à paraître Mars 2015


Cet article vous a intéressé ? Basta ! a besoin de ses lecteurs pour poursuivre son travail, faites un don.

 

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Partager cet article
Repost0
12 février 2015 4 12 /02 /février /2015 19:04

 

Source : www.bastamag.net

 


Témoignages Economie collaborative

Sauver les fruits de la poubelle et créer des emplois : la démarche Fruimalin

par Francine Narbal 12 février 2015

 

 

 

A Dijon, depuis 2007, une association collecte, redistribue, transforme des fruits voués à l’abandon et au pourrissement, avec l’objectif de créer des emplois locaux. Une demi-tonne de fruits sont ainsi valorisés chaque mois par Relais-Planète-Solidaire, et plus d’une centaine d’interventions de sensibilisation ont déjà été distillées contre le gaspillage alimentaire dans les centres sociaux, les écoles et lors de fêtes de quartiers. Témoignages sur cette démarche « Fruimalin », une initiative riche de convivialité.

Cet article a initialement été publié dans la revue Campagnes solidaires.

C’est en regardant les voitures écraser des kilos de mirabelles tombées sur la chaussée, dans une rue de Dijon, que Thierry Deiller a eu cette idée simple et géniale. Un arbre fruitier adulte peut produire cent kilos de fruits. Mais seulement un cinquième est mangé par les propriétaires du jardin dans lequel il pousse. Pour ne plus laisser se perdre tous ces fruits, une solution : mettre en place un ramassage et une valorisation !

Après un CAP de menuisier puis un mastère à l’École nationale supérieure des Arts et Métiers, notre homme est habité par le désir de restaurer et de préserver l’existant – culturel ou naturel. D’où son envie de créer une association pour éviter la perte des savoirs-faire traditionnels, lutter contre l’individualisme, la solitude, le repli sur soi, la fracture entre ville et campagne.

500 kilos de fruits valorisés chaque mois

Le parcours reste à inventer, pour ne pas laisser perdre ces fruits. D’abord, lancer des appels aux propriétaires d’arbres et de terrains délaissés, en passant par les médias (radios, télévision, journaux locaux). Puis faire des tests de faisabilité, intéresser et trouver des soutiens – région, départements, municipalités – pour obtenir reconnaissance et subventions, s’entourer de bénévoles qui adhèrent au projet, être créatif, écouter, constater, concevoir, relier, prévoir et rendre possible… Bref, travailler comme des fous !

Mais les résultats sont là. Depuis sept ans, Fruimalin récolte, redistribue ou transforme près d’une demi-tonne de fruits par mois. L’association a organisé 62 « veillées Fruimalin » et plus d’une centaine d’interventions de sensibilisation. Elle a aujourd’hui une connaissance approfondie des ressources locales disponibles et non valorisées, une expertise des mécanismes du gaspillage alimentaire et une maîtrise particulière des techniques de collecte, de conservation et de transformation. La démarche a abouti à la création d’un premier emploi en mai 2012, à la mise au point d’une charte, d’une méthodologie.

Une initiative écologique et sociale

Ce soir d’automne, on entre dans la cour au milieu d’un petit jardin foisonnant. Dans l’allée, plein de cageots, surtout de tomates vertes. Sur la droite se trouve le magasin-bureau : des rayons de confitures, compotes, jus, sirops… C’est là que Thierry accueille les « clients », souvent adhérents de l’association, une cinquantaine actuellement. Tous les quinze jours, le mercredi soir, des veillées autour de la table sont organisées dans ce même local. Entre dix et vingt personnes trient, dénoyautent, épluchent, puis se restaurent en discutant chaleureusement. Les plus beaux fruits, mais aussi des légumes récupérés de la même manière, seront distribués aux bénévoles et associations, le reste est transformé, par exemple en confiture. De nouvelles recettes s’imaginent au cours des soirées et des adhérents proposent chez eux de conviviales séances de dégustations-tests.

Le local est aussi le laboratoire de fabrication des confitures et autres produits Fruimalin, ainsi que l’atelier de restauration de tableaux et de bois dorés de Claude Ducatel-Deiller, l’épouse de Thierry, qui anime depuis 2008 un groupe de consom’acteurs dijonnais. Pas de place ici pour le pressoir. Il a été installé à quelques minutes, à Varois-et-Chaignot, sur la ferme de Nicolas Bellet, un ami producteur bio. Fruimalin intervient volontiers dans les centres sociaux, les écoles, les fêtes de quartier, toujours avec le souci de montrer la richesse inépuisable que nous pouvons puiser dans ce patrimoine si nous le respectons.

La démarche a trouvé à Dijon sa vitesse de croisière. Ce modèle de consommation locale collaborative et de veille environnementale est prêt à essaimer, la démarche « Fruimalin » est prête à se diffuser. Seules conditions : que la charte, désormais aboutie, soit respectée, et que les initiateurs se forment en deux cycles de formation individualisée. Trois autres unités Fruimalin sont actuellement en gestation en Bourgogne.

Francine Narbal, Amis de la Confédération paysanne - Bourgogne

Plus d’infos sur Fruimalin en cliquant ici.
Contact : frui.malin(a)laposte.net - 03.80.74.01.27 - 17 rue Blériot, Dijon.

Photo : Une équipe Fruimalin lors d’une collecte dans un verger ancien près de Dijon. Au premier plan de G. à D. : Annie Duthu, chargée des veillées, Thierry Deiller, Chantal Jacquemin, chargée des opérations de sensibilisation.

Cet article est tiré du numéro de janvier 2015 de Campagnes Solidaires, média partenaire de Basta !. Au sommaire : le rêve chinois des laitiers bretons, la transition énergétique à hue et à dia en Alsace, un sommet des peuples au Pérou pour changer le système, pas le climat... Et également un dossier sur les Amis de la Confédération paysanne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cet article vous a intéressé ? Basta ! a besoin de ses lecteurs pour poursuivre son travail, faites un don.

 

 

Source : www.bastamag.net

 

 

 

Partager cet article
Repost0
12 février 2015 4 12 /02 /février /2015 18:54

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Avec la loi Macron, la mise en pièces du droit du travail se poursuit

|  Par Rachida El Azzouzi et Yannick Sanchez

 

 

La dernière semaine de débats sur la loi Macron va porter sur le droit du travail. Alors que le débat sur le travail du dimanche risque d’accaparer les députés, les derniers articles introduisent des changements sur le code du travail qui menacent plusieurs acquis sociaux.

 

Dans l’ombre des discussions animées sur la réforme du travail dominical qui vont rythmer le dernier tiers des débats sur la loi Macron, les vingt derniers articles du texte du ministre de l’économie s’attaquent au code du travail. Dans la même lignée que l’accord national interprofessionnel (ANI), qui raccourcissait déjà les procédures de licenciement collectif, le texte déséquilibre un peu plus encore le rapport de force asymétrique entre employeurs et salariés. Sous couvert de simplification administrative, l’« œuvre » d’Emmanuel Macron contient un certain nombre de peaux de banane, à l’image de l’amendement sur le secret des affaires qui s’était glissé entre un amendement sur le sort réservé aux déchets liés à la mérule (champignon qui prospère sur les structures en bois des habitations) et les retraites chapeau (voir notre article Macron abandonne son projet sur le « secret des affaires »).

 

Phase de négociation en marge des travaux de la commission spéciale 
Phase de négociation en marge des travaux de la commission spéciale © Yannick Sanchez

La partie sur le droit du travail donne plus de marge de manœuvre aux employeurs en cas de licenciement, redressement judiciaire ou concernant le délit d’entrave au fonctionnement des instances représentatives du personnel. Prenons par exemple la partie du projet de loi pour la croissance et l’activité intitulée « amélioration du dispositif de sécurisation de l’emploi » et plus particulièrement l’article 98 concernant le licenciement. Dans la première version du texte, il était d’abord question de donner à l’employeur la possibilité de décider lui-même du périmètre des licenciements dans son entreprise. À juste titre, la communiste Jacqueline Fraysse tirait la sonnette d’alarme. « Les critères de choix du licenciement pourront être appliqués dans un périmètre plus petit que l’entreprise, il peut donc s’agir d’un atelier ou d’un service. En réduisant à ce point ce périmètre, faisait-elle remarquer, les critères pourront ne s’appliquer qu’à quelques personnes, voire une seule personne. » Une manière à peine voilée de mettre à pied, sans critères objectifs, un employé récalcitrant. Sous l’effet d’un amendement du rapporteur thématique Denys Robiliard (PS), le périmètre du licenciement sera limité à la zone d’emploi pour « éviter un ciblage trop petit ». Sans ciller, Emmanuel Macron revoit sa copie. Mais d’autres subtilités qui entament le droit du travail ponctuent toujours le texte.

Fanélie Carrey-Conte (PS), qui depuis « l’appel des 100 frondeurs » a marqué avec constance sa défiance vis-à-vis du gouvernement, dénonce « l’intériorisation du diagnostic libéral ». « L’hypothèse qui sous-tend la rédaction de tous ces articles est que s’il n’y a pas assez d’embauches, c’est parce que notre marché du travail est trop rigide », explique-t-elle. Pour Pascal Lokiec, professeur de droit à l’université Paris-Ouest-Nanterre, le projet Macron menace l’architecture du droit du travail forgée au fil des années et déjà bien ébranlée : « Le gouvernement a une philosophie ouvertement hostile au droit du travail jamais vue sous la gauche. Il considère, comme les gouvernements de droite avant lui, que la protection des salariés est un obstacle, un handicap pour que ceux qui n’ont pas d’emploi en décrochent un, ce qui n’a jamais été prouvé. »

Peau de banane numéro 2 : le recours aux ordonnances pour réviser le code de procédure pénale, le code rural et de la pêche maritime, le code des transports et le code du travail. L’article 85 prévoit tout bonnement de « réviser la nature et le montant des peines et des sanctions applicables en cas d’entrave au fonctionnement des institutions représentatives du personnel ». Autrement dit, si un employeur empêche le fonctionnement des institutions représentatives des salariés, il ne s’expose plus à une peine d’un an d’emprisonnement et à 3 500 euros d’amende. Pour « rassurer les investisseurs étrangers », il n’encourra qu’une amende de 7 500 euros.

Autre subtilité prévue dans le projet de loi pour la croissance et l’activité, le cas des indemnités de licenciement. Dans l’article 101, ce n’est plus le groupe qui a la responsabilité d’indemniser les salariés en cas de redressement judiciaire mais l’entreprise. Une aberration, puisque l’on sait que la fermeture d’une filiale donnée découle bien souvent d’une stratégie de groupe. C’est encore la communiste Jacqueline Fraysse, décidément bien seule à défendre le droit du travail, qui monte au créneau en commission spéciale. « Cet article dédouane complètement l’employeur, estime-t-elle. Le plan de sauvegarde de l’emploi est apprécié au regard des seuls moyens de l’entreprise, or l’expérience nous prouve que cette disposition peut créer un risque de fraude. L’entreprise mère peut être tentée d’organiser les difficultés financières d’une de ses filiales afin de s’en débarrasser. »

Fanélie Carrey-Conte confirme la course au moins-disant social que sous-tend cet article : « On va se retrouver avec des plans sociaux moins financés, moins soutenus. » Le rapporteur thématique Denys Robiliard, n'est pas de cet avis. Dans la nuit de dimanche à lundi, à 2 h 30, il ne reste que cinq articles à examiner en commission spéciale sur les 106 du projet de loi lorsqu’il démarre son explication. Au bout de cinq minutes pour le moins surréalistes, il finit par embrouiller tous les députés (voir la vidéo ci-dessous à partir de 3'40) en citant un arrêt de la Cour de cassation du 8 juillet 2014 qui conclut à la faute de l’actionnaire : « La cour d'appel a pu en déduire, sans encourir les griefs du moyen, que ces sociétés avaient par leur faute et légèreté blâmable, concouru à la déconfiture de l'employeur et à la disparition des emplois qui en est résultée. » Cette jurisprudence en faveur des salariés suffit à Denys Robiliard pour démontrer la solidité du code du travail. Mais comme nous l’expliquons ensuite, une fois n’est pas coutume.

L'affaire Elba, un des premiers plans sociaux après l'ANI

« Sous prétexte de libérer l’activité, la loi Macron fait sauter de multiples verrous », renchérit André Chassaigne. Le chef de file des députés du Front de gauche a dans le viseur cet article 101 en particulier : « Il va permettre d’exonérer les maisons-mères et les holdings de leur implication dans les PSE (plans de sauvegarde de l’emploi – ndlr). C’est une véritable honte. Après avoir aspiré les richesses d’un site de production – remontée des profits, transferts de production en les délocalisant, assèchement des commandes, facturation grossie de tâches administratives recentralisées vers la maison-mère, etc. –, on fait un plan de redressement avec un PSE lamentable sur les seuls fonds de la filiale, voire on ferme tout de suite par liquidation. »

André Chassaigne va même jusqu’à se demander si ce n’est pas le précédent Elba qui motive cet article. Elba, une affaire qu’il connaît bien et à propos de laquelle il interpelle très régulièrement le gouvernement. Elle se déroule sur sa circonscription en Auvergne à La Monnerie-le-Montel dans le bassin de Thiers sinistré par le chômage. C’est l’un des premiers plans sociaux réalisés au lendemain de l’entrée en vigueur de la loi transposant l’ANI, en juillet 2013 : 64 salariés d’une papeterie mis sur le carreau du jour au lendemain à la veille des congés d’été (lire ici notre reportage).

Le groupe Hamelin, la maison-mère, qui dégage des millions de bénéfices et reçoit pléthore d’aides publiques comme le CICE, un des premiers cadeaux de la gauche au patronat, n’a pas supporté de passer à la caisse avec le PSE validé en janvier 2014 par la Dirrecte après un accord majoritaire avec les syndicats. Sa pirouette pour s’exonérer de ses responsabilités et ne pas avoir à prendre en charge l’accord signé avec les syndicats (formations, prime supra-légale, différentiel de salaire, etc.) relève du patron voyou : il a ni plus ni moins détourné la procédure en organisant la cessation de paiement de sa filiale, privant les salariés d’indemnités comme de reclassement, les renvoyant vers le fonds AGS (fonds de garantie des salaires) !

« La bataille (objet d’un article de Mediapart à lire prochainement) se joue aujourd’hui devant les tribunaux, notamment celui des prud’hommes pour le contraindre à payer les salariés qui, au drame de la perte d’emploi (la majorité n’a pas retrouvé de travail), sont victimes de méthodes de voyou et doivent aller devant les tribunaux pour arracher ce qui leur est dû », explique leur avocat Jean-Louis Borie. Spécialiste du droit du travail, rompu aux combines des employeurs pour se jouer de la loi, il constate combien le rapport de force est aujourd’hui en faveur de l’employeur, surtout depuis que la loi issue de l’ANI a raccourci les délais compromettant toute velléité de lutte et mis l’administration au cœur des procédures, évinçant les juges, « devenus des ennemis ».

Selon lui, « l'un des effets pervers des nouvelles règles de licenciements collectifs depuis l'ANI est qu'elles incitent les syndicats à passer sous le diktat des DRH » : « Ils sont coincés car les entreprises font du chantage aux salariés : si vous signez un accord maintenant, on vous donnera 20 % de plus, sinon ce sera un PSE décidé unilatéralement et a minima qui sera homologué par l’administration. Forcément, les salariés mettent la pression aux syndicats. Ils préfèrent signer les accords, partir avec un plus gros chèque plutôt que d’entrer en lutte, râler, sachant que les moyens qui s’offrent à eux sont aujourd’hui très réduits. »

« L’ANI nous a déjà bien désarmés sur le plan procédural, mais si le projet Macron passe on va être à poil », confirme l’avocat Ralph Blindauer. Défenseur des salariés du groupe Continental à Clairoix ou encore de l’équipementier TRW à Dijon (voir notre article ici), ce spécialiste du droit du travail dans le Grand Est craint que les prochains plans sociaux ne soient expédiés. « J’ai l’exemple de TRW à Dijon où le plan social a duré plus d’un an, mais c’était le dernier dossier avant l’ANI. Avec la nouvelle loi il aurait été plié en quatre mois », estime-t-il.

Pour la députée Barbara Romagnan, signataire d’une série d’amendements pour le retrait des articles pièges, le projet d’Emmanuel Macron, en plus d’être défavorable aux salariés, ne démontre pas le retour de la croissance. « Ça me rappelle le débat qu’on avait eu sur l’ANI, beaucoup de gens jugeaient de l’opportunité du texte du point de vue de son équilibre. Mais le droit du travail n’a pas à être équilibré, il doit être déséquilibré. Il faut bien prendre acte qu’il y a de fait une relation déséquilibrée entre le salarié qui n’a que sa force de travail et l’employeur qui peut remplacer n’importe quel salarié. »

Dernière peau de banane pour la route. À l’article 100, en cas de licenciement d’un employé d’un groupe international, l’employeur n’est plus obligé de proposer un reclassement à l’étranger. C’est à l’employé d’en faire la requête. « Je ne vois pas en quoi cela va relancer l’activité », questionne Barbara Romagnan. Denys Robiliard détaille le raisonnement qui a été le sien dans son amendement même : « L’obligation de rechercher des solutions de reclassement dans l’ensemble des entreprises du groupe auquel appartient l’entreprise peut s’avérer difficile à mettre en œuvre au vu de la structuration souvent complexe des groupes et de la difficulté à identifier et à actualiser les offres pour les entreprises. L’article 100 propose donc une simplification de cette procédure. » Une simplification qui risque de compliquer la vie des salariés.  

 

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
12 février 2015 4 12 /02 /février /2015 18:39

 

Source : www.mediapart.fr

 

Dans le Nord, les inspecteurs du travail ne décolèrent pas

|  Par Rachida El Azzouzi

 

 

 

La réforme de l’inspection du travail, qui supprime 10 % des postes et menace l'indépendance des agents de contrôle, est entrée en vigueur le 1er décembre. Dans le Nord-Pas-de-Calais, elle ne passe pas. Nouvelle journée d'action ce jeudi.

 

Dans le maquis de réformes lancées au pas de charge par le gouvernement dit de gauche, une réforme est passée à la trappe du débat public. Une réforme majeure : celle de l’inspection du travail, la police du travail, indispensable pour faire respecter les droits les plus élémentaires des salariés victimes de l’arbitraire patronal encore plus virulent dans le contexte économique actuel de chômage massif et de croissance en panne (lire ici et nos articles).

Fomentée par Jean-Denis Combrexelle, l'inamovible directeur général du travail sous la droite, maintenu sous François Hollande et finalement remercié en mai dernier après treize ans de dérégulation sociale (au profit d’un énarque qui achèvera son travail, Yves Struillou), elle est entrée en application le 1er décembre 2014. Et elle ne passe toujours pas dans les rangs des agents de l’inspection du travail toujours aussi vivement opposés à ce projet devenu réalité que leur tutelle ose appeler « ministère fort » alors qu’il s’agit d’un démantèlement.

Dans le Nord-Pas-de-Calais, la mobilisation ne faiblit pas contre cette réforme qui prévoit une nouvelle organisation du travail, menace l'indépendance des inspecteurs qui passent sous la coupe de leurs supérieurs hiérarchiques et n’améliore pas le quotidien des agents de terrain en sous-effectifs criants comme le montre notre reportage à lire ici au centre commercial d’Evry en région parisienne pourtant au pied de l’Inspection du travail.

Grâce aux unions locales, la mobilisation aux objectifs pourtant modestes au départ (obtenir que des postes vacants soient pourvus, le retour des 20 postes d'agent de contrôle supprimés au niveau régional au 1er décembre 2014, obtenir des boîtes mail, bref des moyens pour pallier la désorganisation et la surcharge de travail liées à la réforme en cours) se durcit même depuis plus de deux mois. Une nouvelle action est prévue ce jeudi 12 février à 14 h 30 devant les locaux de l’union territoriale de Lille à l’appel de la CGT, de FO, de la FSU et de SUD Travail-Affaires sociales. Au moment même où un agent, comme d’autres avant lui, est convoqué pour un entretien disciplinaire par l’administration qui lui reproche de lutter contre cette réforme...

Les sections syndicales de la Direccte du Nord-Pas de Calais dénoncent cette mise au pas forcée comme la diminution du nombre d’agents de contrôle, déjà très restreint, de 10 % des effectifs en moyenne au niveau national comme au niveau régional (une vingtaine de postes en moins dans le Nord-Pas-de-Calais), le renforcement de la hiérarchie dans le but d’imposer aux agents de contrôle de limiter leurs actions aux priorités définies par le pouvoir politique plutôt que de contrôler la réglementation du travail dans son ensemble et de répondre aux attentes légitimes des salariés.

« Cette réforme a d’ores et déjà pour effet de désorganiser complètement les services de l’inspection du travail au détriment des usagers, qui n’arrivent même plus à identifier qui contrôle leur entreprise, pointe Jérome Oriol de Sud-Travail. Pendant toute la durée de la réforme, au moins sept ans, certains secteurs, sur lesquels aucun agent permanent n’est affecté, deviendront des zones de non-droit du travail. A titre d’exemple, la plupart des entreprises d’Euralille, de la Z.I. de la Pilaterie, de Marcq-en-Barœul, de Lambersart, etc., ne seront plus contrôlées ; les décisions administratives concernant les entreprises de transports de l’est lillois, des CIT de Roncq et Lesquin, etc., ne seront plus rendues. Cyniquement, on nous dit qu'il va falloir faire des choix, on ne fait déjà que ça, le très urgent chassant l'urgent, ce qui concrètement veut dire – certains directeurs l'ont dit en réunion – ne plus contrôler les entreprises de moins de 50 salariés. »

Et de rappeler ce que leur administration oublie : le suicide il y a trois ans en janvier 2012 de Romain Lecoustre, un jeune inspecteur du travail pour qui les conditions de travail étaient devenues insupportables (lire ici et nos articles).
Source : www.mediapart.fr

Partager cet article
Repost0
11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 16:22

 

Source : l-arene-nue.blogspot.fr

 

 

 

Dette : combien la France coûte-t-elle à la Grèce ?

 

lundi 9 février 2015

 


 

 

L'Union européenne, chacun le sait, c'est le déploiement magnifique des « principes de la liberté, de la démocratie, du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales ». C'est un effort tout entier tendu vers une consolidation de « la solidarité entre les peuples dans le respect de leur histoire, de leur culture et de leurs traditions », visant à éloigner de nos doux rivages et pour toujours le spectre de « la division du continent européen ».

 

C'est en tout cas ce qui est écrit dans le préambule du Traité sur l'Union européenne (TUE). Car c'est bien de là que sont tirées ces bribes verbeuses, et non, comme on pourrait le croire en première approche, du Tao Tö King ou des statuts de l'église de scientologie.

 
C'est donc au nom de ces valeurs magnifiques que tout le monde s'ingénie désormais à chercher des coupables. Des fautifs que l’on pourrait accabler tant et plus, en leur attribuant les dysfonctionnements d'une construction dont les inlassables promoteurs se refusent toujours à voir les malfoutoses originelles, tant sur plan institutionnel que du point de vue de la rationalité économique.


Oui : des coupables. C'est ce qu'il faut désormais pour continuer à faire tenir ensemble cet édifice fait de « liberté », de « respect », de « démocratie », de solidarité et d'amitié entre les peuples. Et les Grecs semblent les mieux placés pour endosser le rôle. Pensez-donc : ils refusent de voter comme on leur ordonne de le faire. Pis, ils soutiennent massivement l'action du gouvernement qu’ils ont porté au pouvoir. Quelle abomination !

Or pour montrer que la Grèce est coupable, quoi de plus probant qu'une poignée de chiffres. « Chez ces gens-là, on ne parle pas, on compte », disait en effet Jacques Brel dans une chanson prophétique où il dressait avec 40 ans d'avance le portrait-robot de l'adorateur de la monnaie unique et du traité de Lisbonne.

Les chiffres que nous servent les européistes sont ceux de la dette hellène, étourdissants, effrayants : 320 milliards d'euros, 175 % du produit intérieur brut. Bref, l’horreur ! Mais il y a pire. Il y a l'argent que la Grèce doit à la France. Ces 40 milliards que notre beau pays a prêtés dans un pur élan de générosité fraternelle et que ces saligauds de bouffeurs d'olives pourraient bien ne jamais rembourser. Rendez-vous compte : cela représenterait plus de 700 € par personne ! Ce sont nos enfants que l'on affame ! C'est la Patrie qu'on assassine !

 
Le problème avec cet argument - outre qu'il pèse son pesant d'un  « égoïsme national » auquel les europtimistes ne nous avaient guère habitués - c'est que d'une part il est faux (oui, à force, ça finit par être embêtant) et que d'autre part, il peut être aisément retourné. La Grèce pourrait finir par nous coûter ? Et si, jusque-là, elle nous avait plutôt rapporté ?
  
Daniel Cohn-Bendit, auquel on ne peut guère intenter de procès en euroscepticisme s'insurgeait dès 2010 qu'on prétende « aider » Athènes en lui prêtant de l'argent au prix fort. Ciblant tout particulièrement Berlin, il affirmait ici : « la situation présente est extravagante. L'Allemagne emprunte à un taux de 1,5% pour prêter l'argent à la Grèce avec un taux de 5%. Nous sommes dans une complète confusion ». Et oui, forcément : quand on prête à des taux trois fois supérieurs à ceux auxquels on emprunte, on s'enrichit....

Or ce qui vaut pour l'Allemagne vaut aussi pour la France. Ainsi l’économiste Thomas Piketty affirmait-il récemment : « il faut baisser les taux d'intérêt de la dette grecque à 1% ou 0%. Ces dernières années, on a fait de l'argent avec la dette grecque: on a emprunté à 1% pour leur prêter à 4 ou 5%. On a gagné de l'argent ». Autrement dit, le même raisonnement que Conh-Bendit.
 
Le plus dur reste de savoir combien on a gagné ou, pour le dire autrement…. combien la France a coûté à la Grèce. « Pour la France, Bercy préfère donner un chiffre global » nous dit-on dans cet intéressant panorama. « Depuis 2010, sur quatre ans, les prêts à la Grèce lui ont rapporté 729 millions d’euros, qui sont rentrés comme des recettes dans le budget de l’Etat. C’est peu ou prou le montant prévu au budget français en 2015 pour le ministère de la Culture ». De cette somme, il faut évidemment déduire les intérêts que la France paie au titre de l’argent qu’elle-même emprunte avant de le prêter à Athènes. Mais à l’heure actuelle, notre pays emprunte fort bas et parfois même, pour les emprunts les plus courts… à des taux négatifs (voir tous les taux ici). Une incongruité que l’on doit une fois de plus à cette aberration économique qu’est l’eurozone, et qui a transformé la dette française une valeur refuge. Chose dont nous continuerons à bénéficier… jusqu’à ce que tout s’effondre.
 
Alors, on peut toujours continuer à montrer du doigt les dispendieux et les inorthodoxes, qu’ils soient Grecs aujourd’hui, Portugais ou Espagnols demain. Mais ceux qui jouent à ce jeu sinistre, qui s’appliquent à monter les peuples européens les uns contre les autres, qui tiennent absolument à déterminer ce que nous coûtent les autres, qui se comportent en petits vieux aigres et radins apeurés à l’idée de ne pas rentrer dans leurs sous, risquent fort, très bientôt, de voir leur propre mesquinerie se retourner contre eux.
 
En attendant, il n’est pas sûr que « la liberté », « le respect », « la solidarité », bref, que « nos valeurs » dont nous sommes fiers au point de les porter en permanence en bandoulière, en sortent grandies.



A lire ou à relire sur l'Arène et sur le même sujet

Victoire de Syriza : vers l'autodestruction de la zone euro ? CLICK

Dette : la Grèce va-t-elle rembourser la France ?  CLACK

La victoire sans appel de Syriza est une preuve de sang froid  CLOCK 

Si le mémorandum n'est pas démantelé, le coût politique pour Syriza sera terrible  CLICK

 


 

Source : l-arene-nue.blogspot.fr

 

 

 

Partager cet article
Repost0
11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 16:14

 

Source : cadtm.org

 

CADTM

 

Quelle réponse de Syriza aux millions de citoyens solidaires de par l’Europe ?

11 février par Yorgos Mitralias

 

 


 

Il suffit d’un simple coup d’œil à l’actualité européenne pour s’en apercevoir que c’est vers Syriza et son gouvernement que tournent leurs regards et investissent leurs espoirs non seulement les Grecs mais aussi, des citoyens Européens de plus en plus nombreux. C’est un phénomène tout à fait nouveau qui agite le sommeil des « partenaires européens » et inquiète « ceux d’en haut » tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de notre vieux continent !

La conclusion est claire et nette : En un temps record, Syriza et son gouvernement ont été chargés d’une énorme responsabilité historique. La responsabilité de répondre aux attentes des millions de citoyens européens qui voient en Syriza et le nouveau gouvernement grec l’incarnation de leur désir de sortir –enfin- de l’interminable nuit de la barbarie néolibérale. Et dans la mesure que ce désir tend désormais à se manifester aussi dans les rues, mettant ainsi en mouvement au moins une avant-garde de ces millions de citoyens européens, il devient clair qu’il est urgent que Syriza et son gouvernement assument leurs responsabilités européennes qui ressemblent de plus en plus à un véritable devoir : le devoir d’encourager, de mettre en réseau et même de coordonner systématiquement et méthodiquement les résistances populaires à l’austérité, qui se manifestent déjà ou qui vont se manifester au nord et au sud, à l’est et à l’ouest de notre continent européen.

Évidemment, ce nouveau et si difficile devoir de Syriza et de son gouvernement ne peut être accompli avec succès qu’à condition d’être pris très au sérieux, avec tout ce que cela suppose comme investissement de temps, d’énergie et de moyens matériels et autres. Pourtant, même ça n’est pas suffisant. Pour que cette entreprise historique -car il s’agit bel et bien d’une entreprise historique- aille de l’avant il faut qu’elle colle à la réalité de ces résistances populaires, une réalité qui est sans doute composite, multiple et en même temps unitaire, puisqu’elle dépasse les veilles lignes de démarcation, elle exprime non pas une mais plusieurs sensibilités politiques, et tend vers de nouvelles synthèses et recompositions.

Cependant, il y a une raison supplémentaire qui rend encore plus urgent ce devoir européen de Syriza et de son gouvernement. C’est que le temps commence à presser désespérément dans la mesure où se multiplient dangereusement les pressions et les chantages des « partenaires européens » et qu’un atout majeur dont dispose le gouvernement Tsipras dans sa négociation/confrontation avec ceux-là est la solidarité de « ceux d’en bas », le soutien actif de ces millions de citoyens européens qui se tournent vers Syriza et misent sur son gouvernement pour se libérer du joug de l’austérité !

Comment tout ça peut-il au plus vite se transformer en actes et initiatives concrètes ? Sûrement, ce n’est pas à cet article d’en faire des propositions ou de donner des conseils. D’ailleurs, les décisions et les incitations à ce sujet doivent être prises pas seulement par Syriza mais par tous ceux qui expriment leur solidarité au nouveau gouvernement grec en manifestant dans les rues des villes européennes. Ceci dit, Syriza et encore plus le gouvernement Tsipras pourraient faire quelque chose de simple et aussi très tangible, qui pourrait sans doute inspirer ceux d’en bas pour qu’ils intensifient leurs mobilisations : déclarer publiquement qu’ils ont pleine conscience de leurs responsabilités envers leurs (uniques) alliés naturels et qu’ils s’engagent à les assumer et de les transformer en actes le plus vite possible. De quelle manière ? Pourquoi pas par un appel, ensemble par exemple avec Podemos d’Espagne, pour une journée européenne d’action contre l’austérité et en solidarité avec le peuple grec en lutte dans les quelques semaines à venir ?...

 

Source : cadtm.org

 

 

Partager cet article
Repost0
11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 16:04

 

Source : cadtm.org

 

CADTM

 

Syriza et Podemos : la voie vers le pouvoir du peuple ?

11 février par Eric Toussaint

 


L’expérience prouve que les mouvements de gauche peuvent arriver au gouvernement, mais ils ne détiennent pas pour autant le pouvoir. La démocratie, c’est-à-dire l’exercice du pouvoir par le peuple et pour le peuple, requiert bien davantage. Le problème se pose aujourd’hui en Grèce avec Syriza, se posera en Espagne avec Podemos (si ce parti remporte les élections générales de fin 2015) comme il s’est posé, hier, au Venezuela avec l’élection à la présidence de Hugo Chávez en décembre 1998, en Bolivie avec celle d’Evo Morales en 2005, en Équateur avec celle de Rafael Correa en décembre 2006 ou encore, quelques décennies, plus tôt avec Salvador Allende en 1970 au Chili |1|.

La question se pose en fait pour n’importe quel mouvement de gauche qui arrive au gouvernement dans une société capitaliste. Quand une coalition électorale ou un parti de gauche arrive au gouvernement, il ne détient pas le pouvoir réel : le pouvoir économique (qui passe par la possession et le contrôle des groupes financiers et industriels, des grands médias privés, du grand commerce, etc.) demeure aux mains de la classe capitaliste, le 1% le plus riche, et encore !, c’est moins de 1% de la population. De plus, cette classe capitaliste contrôle l’État, l’appareil judiciaire, les ministères de l’Économie et des Finances, la banque centrale... En Grèce et en Espagne comme en Équateur, en Bolivie, au Venezuela ou au Chili |2|, un gouvernement déterminé à procéder à de véritables changements structurels doit entrer en conflit avec le pouvoir économique pour affaiblir puis mettre fin au contrôle de la classe capitaliste sur les grands moyens de production, de service, de communication et sur l’appareil d’État.

Essayons une comparaison historique. Après 1789, quand, grâce à la Révolution, la bourgeoisie a pris le pouvoir politique en France, elle détenait déjà le pouvoir économique. Avant de conquérir le pouvoir politique, les capitalistes français étaient les créanciers du Roi de France et les propriétaires des principaux leviers du pouvoir économique (la banque, le commerce, les manufactures et une partie des terres). Après la conquête du pouvoir politique, ils ont expulsé de l’État les représentants des anciennes classes dominantes (noblesse et clergé), les ont soumis ou ont fusionné avec eux. L’État est devenu une machine bien huilée au service de l’accumulation du capital et des profits.

À la différence de la classe capitaliste, le peuple n’est pas en mesure de prendre le pouvoir économique s’il n’accède pas au gouvernement. La répétition par le peuple de l’ascension progressive vers le pouvoir qu’ont réalisée les bourgeois dans le cadre de la société féodale ou de la petite production marchande est impossible. Le peuple n’accumule pas des richesses matérielles à grande échelle, il ne dirige pas les entreprises industrielles, les banques, le grand commerce et les autres services. C’est à partir du pouvoir politique (i.e. du gouvernement) que le peuple peut entreprendre les transformations au niveau de la structure économique et commencer la construction d’un nouveau type d’État basé sur l’autogestion. En dirigeant un gouvernement, la gauche a accès à des leviers institutionnels, politiques et financiers afin d’initier de profonds changements en faveur de la majorité de la population. L’auto-organisation du peuple, son auto-activité dans la sphère publique et sur les lieux de travail sont des conditions sine qua non à l’ensemble du processus.

Il est fondamental de mettre en place une relation interactive entre un gouvernement de gauche et le peuple

Pour réaliser de réels changements structurels, il est fondamental de mettre en place une relation interactive entre un gouvernement de gauche et le peuple. Ce dernier doit renforcer son niveau d’auto-organisation et construire d’en bas des structures de contrôle et de pouvoir populaire. Cette relation interactive, dialectique, peut devenir conflictuelle si le gouvernement hésite à prendre les mesures que réclame la « base ». Le soutien du peuple au changement promis et la pression qu’il peut exercer sont vitaux pour convaincre un gouvernement de gauche d’approfondir le processus des changements structurels qui implique une redistribution radicale de la richesse en faveur de celles et ceux qui la produisent. C’est également vital pour assurer la défense de ce gouvernement face aux créanciers, face aux tenants de l’ancien régime, face aux propriétaires des grands moyens de production, face à des gouvernements étrangers. Pour réaliser des changements structurels, il s’agit de mettre fin à la propriété capitaliste dans des secteurs clés comme la finance et l’énergie, en les transférant vers le secteur public (des services publics sous contrôle citoyen) ainsi qu’en soutenant ou en renforçant d’autres formes de propriété à fonction sociale : la petite propriété privée (notamment dans l’agriculture, la petite industrie, le commerce et les services), la propriété coopérative et la propriété collective basée sur l’association libre |3|.

Dans deux des trois pays sud-américains mentionnés plus haut (au Venezuela en 2002-2003 |4| et en Bolivie entre 2006 et 2008 |5|), le gouvernement a été en conflit ouvert avec la classe capitaliste |6| mais les changements structurels décisifs sur le plan économique n’ont pas (encore) été réalisés. Ces sociétés restent clairement des sociétés capitalistes |7|. Des avancées réelles en faveur du peuple sont évidentes : adoption dans les trois pays de nouvelles Constitutions à l’issue de processus constituants profondément démocratiques (élection au suffrage universel d’une assemblée constituante ; élaboration d’une nouvelle Constitution adoptée par l’assemblée constituante suite à un large débat national ; référendum d’approbation de la nouvelle Constitution) ; large reprise du contrôle public sur les ressources naturelles |8| ; augmentation du recouvrement des impôts sur les plus riches (c’est particulièrement le cas en Équateur) et les grandes sociétés privées nationales ou étrangères ; améliorations significatives des services publics ou des missions de services publics ; réduction des inégalités sociales ; renforcement des droits des peuples originaires ; récupération de la dignité nationale face aux grandes puissances, en particulier les États-Unis.

Nous ne pouvons comprendre la politique de ces pays que si nous prenons en compte les très importantes mobilisations populaires qui jalonnent leur histoire. En Équateur, quatre présidents de droite ont dû fuir le pouvoir entre 1997 et 2005 grâce à de grandes mobilisations. En Bolivie, d’ importantes batailles contre la privatisation de l’eau se sont déroulées en avril 2000 et à la fin de l’année 2004. Les mobilisations autour de la privatisation du gaz en octobre 2003 ont fait tomber et s’enfuir (vers les États-Unis) le président Gonzalo Sanchez de Lozada. Le Venezuela a connu dès 1989 d’importantes luttes qui inauguraient les grands combats contre le Fonds monétaire international qui secouèrent la planète au cours des années 1990 et au début des années 2000. Mais il y a eu encore plus spectaculaire avec les énormes mobilisations populaires du 12 avril 2002, manifestations spontanées de rejet du coup d’État contre Hugo Chavez. Ces mobilisations ont eu directement pour effet le retour d’Hugo Chavez au palais présidentiel Miraflores dès le 13 avril 2002.

Les changements politiques démocratiques dans ces trois pays sont systématiquement passés sous silence dans la presse des pays les plus industrialisés. Au contraire, une campagne de dénigrement est systématiquement orchestrée afin de présenter les chefs d’État de ces trois pays comme des dirigeants populistes autoritaires.

Les expériences de ces trois pays andins, en terme d’adoption de nouvelles Constitutions, sont très riches. Elles devraient inspirer les peuples et les forces politiques des autres pays. Il suffit de comparer la situation en Europe avec l’absence de procédure démocratique en matière d’adoption du Traité constitutionnel en 2005 ou du TSCG en 2014. Bien sûr, les expériences en cours au Venezuela, en Bolivie et en Équateur sont aussi traversées par des contradictions et des limites importantes qu’il faut analyser |9|.

Les grandes mobilisations populaires sont un facteur décisif dans l’existence et la survie des gouvernements de gauche. On pourrait bien sûr parler également des grandes mobilisations populaires de 1936 en France qui conduisirent Léon Blum – qui se serait bien contenté de « gérer honnêtement » la maison de la bourgeoisie – à mettre en œuvre de vraies mesures de gauche, sans oublier les mobilisations en Espagne à la même période ou celles qui ont secoué une grande partie de l’Europe à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.

Retour à Syriza et à Podemos

Si des gouvernements, dirigés actuellement par Syriza et demain par Podemos, veulent réellement rompre avec les politiques d’austérité et de privatisation en cours dans toute l’Europe, ils entreront immédiatement en conflit avec de puissantes forces conservatrices tant au niveau national qu’au niveau de l’Union européenne. Rien qu’en affirmant que leur gouvernement souhaite appliquer des mesures voulues par la population qui rejette massivement l’austérité, Syriza aujourd’hui, Podemos demain, rencontrent une opposition très dure des instances européennes, de la majorité des gouvernements dans l’Union européenne, ainsi que des dirigeants et des grands actionnaires des principales entreprises privées, sans oublier le FMI.

Même en auto-limitant leur programme de changement, ils rencontreront une forte opposition car en face les classes possédantes et les instances européennes (intimement liées et solidaires) veulent pousser plus loin la plus formidable attaque concertée à l’échelle européenne contre les droits économiques et sociaux du peuple, sans oublier la volonté de limiter fortement l’exercice des droits démocratiques |10|.

Il est illusoire de penser que l’on peut convaincre les autorités européennes et le patronat des grandes entreprises (financières et industrielles principalement) d’abandonner le cours néolibéral renforcé depuis 2010. Soulignons que François Hollande et Matteo Renzi, qui proposent timidement de desserrer un peu l’étau de l’austérité, cherchent en même temps à appliquer le modèle allemand dans leurs pays respectifs : une précarisation plus avancée des droits de négociation collective et de protection des conquêtes des salariés |11|. Ce ne sont pas des alliés pour Syriza aujourd’hui ou Podemos demain.

Il faut prendre un autre élément en considération quand on compare la situation du gouvernement de gauche en Grèce aujourd’hui (ou d’autres demain) à celle dans laquelle se sont trouvés Hugo Chavez (à partir de 2004), Evo Morales ou Rafael Correa. À partir de 2004, l’augmentation importante du prix des matières premières (pétrole, gaz, minerais...) que ces pays exportent, a permis d’augmenter fortement les recettes fiscales qui ont été utilisées pour mettre en œuvre de vastes programmes sociaux et de grands projets d’investissements publics. Les gouvernements de ces trois pays andins ont appliqué un projet qu’on peut caractériser de néokeynésien développementiste |12| : fort investissement public, augmentation de la consommation populaire, augmentation des bas salaires, nationalisations (dans le cas du Venezuela et de la Bolivie) compensées par de généreuses indemnisations des propriétaires nationaux ou des maisons mères étrangères.

La partie la plus pauvre du peuple a connu une amélioration considérable des conditions de vie l’infrastructure de ces pays a été améliorée et les profits des capitalistes locaux n’ont pas été affectés (dans le secteur financier les bénéfices privés ont même augmenté). On voit bien qu’un gouvernement de gauche dans un pays périphérique de l’Union européenne ne pourra pas disposer de la même marge de manœuvre que les gouvernements des trois pays andins mentionnés. Les pays européens de la Périphérie sont écrasés par un fardeau de dette insupportable. Les autorités européennes entendent exercer toute la pression dont elles sont capables, comme le montre la réaction de la Banque centrale européenne face à la Grèce début février 2015.

Les gouvernements de gauche devront désobéir aux créanciers, aux autorités européennes et au FMI pour être fidèles à leurs promesses électorales

La conclusion qui s’impose, c’est qu’il n’y aura pas de voie facile pour mettre en œuvre un programme économique et social qui rompt avec l’austérité et les privatisations. Les gouvernements de gauche devront désobéir aux créanciers, aux autorités européennes et au FMI (les uns et les autres se confondent largement) pour être fidèles à leurs promesses électorales. Ils ont une légitimité et un appui tout à fait considérable aussi bien dans leur pays qu’à l’échelle internationale tant l’austérité et les diktats de l’Europe sont rejetés. Le refus de payer une partie substantielle de la dette constituera un élément clé dans la stratégie du gouvernement |13|
, de même que la décision de ne pas poursuivre les privatisations et de rétablir pleinement les droits sociaux qui ont été affectés par les politiques d’austérité. Cette combinaison est vitale car, du côté des créanciers, on entend déjà s’élever les voix de ceux et celles qui proposent de réduire le poids de la dette de la Grèce en échange de la poursuite de politiques de réformes (entendez de contre-réformes, de privatisations, de précarisation des contrats de travail et des droits sociaux...).

On voit difficilement comment un gouvernement de gauche peut éviter de socialiser le secteur bancaire (c’est-à-dire exproprier les actionnaires privés et transformer les banques en service public sous contrôle citoyen), prendre des mesures strictes de contrôle des mouvements de capitaux, prélever un impôt de crise sur le patrimoine du 1 % le plus riche, refuser des prêts de la Troïka qui sont conditionnés par la poursuite de l’austérité et des privatisations, refuser de rembourser une dette largement illégitime, illégale, insoutenable du point de vue de l’exercice des droits humains, voire odieuse. Un des nombreux instruments à disposition d’un gouvernement de gauche pour favoriser la participation et le soutien populaire tout en renforçant sa position face aux créanciers illégitimes, c’est l’audit de la dette avec une participation citoyenne active afin d’identifier la partie de la dette qu’il faut refuser de payer et qu’il faut répudier. À partir de là, tout deviendra enfin possible.

Notes

|1| Pour l’expérience chilienne : Franck Gaudichaud, Chili 1970-1973 : Mille jours qui ébranlèrent le monde, Presses universitaires de Rennes, 2013.

|2| Cuba a connu un processus différent du Venezuela, de l’Équateur, de la Bolivie ou du Chili, car la gauche a accédé au gouvernement suite à une lutte armée de plusieurs années soutenue par un énorme soulèvement populaire dans sa phase finale (fin 1958-premiers jours de 1959). Voir entre autres : Fernando Martinez interviewé par Eric Toussaint, « Du XIXe au XXIe siècle : une mise en perspective historique de la Révolution cubaine », publié le 24 décembre 2014, http://www.europe-solidaire.org/spi...

|3| Dans les trois pays andins cités, principalement l’Équateur et la Bolivie, il est également fondamental de soutenir les formes de propriétés traditionnelles des peuples originaires (qui contiennent généralement un haut degré de propriété collective).

|4| Au Venezuela, les batailles les plus agressives livrées par la droite ont commencé après trois ans de gouvernement Chávez, c’est-à-dire début 2002. Cela a pris la forme d’affrontements majeurs comme le coup d’État d’avril 2002, la grève patronale de décembre 2002-janvier 2003, l’occupation de la place Altamira à Caracas par des généraux séditieux et des dirigeants de l’opposition politique. Elles ont commencé à fortement baisser d’intensité après août 2004 grâce à la victoire du non au référendum révocatoire du président Chávez. Depuis lors, la droite cherche des occasions pour reprendre l’initiative mais sa capacité de mobilisation a été fortement réduite. Depuis 2013, un secteur important de la classe capitaliste participe activement à la déstabilisation du gouvernement via la création d’une situation de pénurie de nombreux produits de premières nécessités dont les médicaments et via le développement du marché de devise parallèle (au marché noir, le dollar s’échange à près de 10 fois sa valeur officielle).

|5| En Bolivie, la droite a livré de véritables batailles en 2007 et en 2008 après moins de deux ans de gouvernement Morales. Elle a utilisé la violence à plusieurs reprises et choisi une stratégie de batailles frontales en 2008. La victoire d’Evo Morales au référendum révocatoire d’août 2008 avec 67,43 % des voix n’a pas entraîné une réduction de la violence de la droite. Au contraire, cette violence est allée crescendo pendant plusieurs semaines après son échec au référendum, notamment parce qu’elle se sentait capable de réunir une majorité dans plusieurs provinces-clés de l’Est du pays. La réaction très forte du gouvernement et la mobilisation populaire face au massacre de partisans d’Evo Morales dans la province de Pando (combinée à la condamnation internationale notamment de la part de l’UNASUR qui s’est réunie de manière extraordinaire en septembre 2008 pour apporter son soutien au gouvernement d’Evo Morales) ont fini par provoquer un armistice (provisoire). Après un an de boycott, la droite s’est engagée à accepter l’organisation du référendum sur la nouvelle Constitution. Cela a débouché sur une nouvelle victoire pour Evo Morales fin janvier 2009 : la nouvelle Constitution a été approuvée par 62 % des votants. En octobre 2014, Evo Morales a été réélu avec 61% des voix.

|6| En Équateur il n’y a pas eu de période de choc entre le gouvernement et la classe capitaliste dans son ensemble, même si on a connu des tensions vives notamment en 2008 notamment dans le principal port du pays, Guayaquil.

|7| J’ai analysé les processus en cours dans ces trois pays dans l’étude : « Venezuela, Équateur et Bolivie : la roue de l’histoire en marche », publié le 2 novembre 2009, http://cadtm.org/Venezuela-Equateur.... La version imprimée est parue dans la revue Inprecor en 2009. Voir également : Eric Toussaint, Banque du Sud et nouvelle crise internationale, Éditions Syllepse, Liège-Paris, 2008, 207 p., à commander sur www.cadtm.org) qui contient une analyse de l’évolution au Venezuela, en Bolivie et en Équateur jusqu’au début 2008. Voir aussi l’ouvrage collectif intitulé « Le Volcan latino-américain. Gauches, mouvements sociaux et néolibéralisme en Amérique latine », publié sous la direction de Franck Gaudichaud par Textuel à Paris en avril 2008, 448 p.

|8| La Bolivie a nationalisé le pétrole et la production de gaz en 2006. Evo Morales a envoyé l’armée pour contrôler les champs pétroliers, mais les multinationales restent actives car ce sont elles qui extraient le pétrole et le gaz. L’État est bien propriétaire des richesses naturelles, mais ce sont les grandes multinationales qui exploitent le pétrole et le gaz.

|9| Voir la position du CADTM concernant la relation du gouvernement équatorien avec la CONAIE et d’autres mouvements sociaux du pays : http://cadtm.org/Lettre-du-CADTM-Ay... , publié le 27 décembre 2014. Depuis cette date, le gouvernement équatorien a fait machine arrière et la CONAIE n’a pas été délogée.

|10| Voir http://cadtm.org/Union-europeenne-c..., publié le 16 décembre 2014.

|11| Voir http://cadtm.org/Le-modele-allemand... , publié le 7 janvier 2015.

|12| Le qualificatif « développementiste » constitue une traduction du terme espagnol « desarrollista » qui caractérise des politiques qui ont été menées dans la période 1940-1970 par une série de pays d’Amérique latine. Ces politiques consistaient à ce que l’État apporte un important soutien au développement économique (dessarrollo economico) tout en le guidant. Voir en espagnol la définition donné par l’économiste argentin, Claudio Katz : http://katz.lahaine.org/?p=232

|13| Alors que les gouvernements du Venezuela, de Bolivie et d’équateur pouvaient continuer à rembourser la dette tout en menant des politiques anti austéritaires car le poids de la dette était soutenable du point de vue budgétaire. L’Équateur qui a suspendu unilatéralement le remboursement d’une partie de sa dette après avoir réalisé un audit de celle-ci a réussi à imposer une défaite à ses créanciers alors qu’il aurait pu financièrement continuer à rembourser la dette dans son entièreté. C’est par un souci de refuser de rembourser des dettes illégitimes, d’épargner des recettes fiscales destinées au remboursement de la dette et de les utiliser au bénéfice du peuple que le gouvernement équatorien a pris la décision légitime de refuser de continuer à rembourser une partie de la dette. Le Venezuela qui a suivi une autre politique est aujourd’hui confronté à de graves problèmes de refinancement de sa dette.

Docteur en Sciences politiques de l’Université de Liège et de Paris VIII, également historien de formation, Éric Toussaint est porte-parole du CADTM International. Il se bat depuis de nombreuses années pour l’annulation de la dette des pays du Sud et des dettes publiques illégitimes au Nord. Il a été membre de la Commission d’audit intégral de la dette de l’Équateur (CAIC) mise en place en 2007 par le président Rafael Correa. Cette même année, il a également conseillé le ministre des Finances et le président de l’Équateur en ce qui concerne la création de la Banque du Sud. En 2008, il a conseillé le ministre du Développement économique et de la planification de la république bolivarienne du Venezuela.

 

 

Source : cadtm.org

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22