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3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 14:56

 

Source : http://www.bastamag.net

 

États-Unis

1600 milliards de dollars : le coût astronomique d’une décennie de guerre contre le terrorisme

par Eros Sana 3 mars 2015

 

 

 

 

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont dépensé au moins 1600 milliards de dollars dans la lutte contre le terrorisme, au Moyen-Orient, en Amérique du Nord et aussi en Afrique, a révélé un rapport du Congrès. Avec 350 000 personnes tuées, le coût humain de l’invasion de l’Afghanistan puis de l’Irak est aussi extrêmement élevé. Ces centaines de milliards de dollars ont principalement bénéficié à l’industrie de l’armement et aux sociétés militaires privées. Et pour quels résultats alors que le Moyen-Orient continue de sombrer dans la guerre, le terrorisme et la pauvreté ?

Une facture de 1 600 milliards de dollars (1 300 milliards d’euros). Depuis le 11 septembre 2001, c’est la somme astronomique que les États-Unis ont dépensé, en treize ans, pour l’ensemble des guerres qu’ils ont menées, principalement en Afghanistan et en Irak. Sur une décennie, c’est presque deux fois le coût de l’assurance santé, l’ « Obamacare », dont bénéficient près de 20 millions d’États-uniens (900 milliards de dollars sur dix ans). Et c’est l’équivalent de ce que l’Inde et ses 1,2 milliards d’habitants ont produit en une année (son PIB). Ce montant n’est pas avancé par une ONG altermondialiste ou un collectif de pacifistes. Ce n’est ni plus ni moins qu’un organe du parlement nord-américain, le Congressional Research Service, qui l’avance dans un rapport intitulé « Coût des guerres en Irak, en Afghanistan et des guerres globales contre le terrorisme depuis le 11 septembre », et publié en décembre 2014 [1].

Malgré l’ampleur de l’estimation, plusieurs universitaires considèrent encore ces chiffres comme sous-évalués. Le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz et l’académicienne Linda Bilmes avancent dans un livre désormais célèbre, « The three trillion dollar war », le chiffre de 3000 milliards de dollars ! Derrière le coût financier, d’autres rappellent l’impossibilité d’évaluer le coût humain. « Une comptabilité exhaustive des coûts de la guerre ne pourrait tenir dans un livre de comptes. Des civils blessés ou déplacés par la violence, aux soldats tués et blessés, en passant par les enfants qui jouent sur des routes et des champs parsemés de dispositifs explosifs improvisés et de bombes à sous-munitions, aucune série de chiffres ne peut retranscrire le bilan humain des guerres en Irak et en Afghanistan, ni comment elles se sont étendues aux États voisins et sont revenues aux États-Unis », estime Neta Crawford, enseignante en sciences politiques à l’Université de Boston.

 

Guerre en Irak et en Afghanistan : 350 000 morts

Neta Crawford co-dirige également le projet Cost Of War (« Coût de la guerre »), une plateforme de recherche interdisciplinaire. Le bilan que dresse Cost Of War des guerres états-uniennes est tout autant terrifiant : 350 000 morts directes, dont 174 000 civils en Irak, en Afghanistan et au Pakistan. Neta Crawford estime que le coût financier total s’approche davantage des 4400 milliards de dollars. Pourquoi une telle différence avec les chiffres du Congrès ? Dans cette évaluation, Neta Crawford ajoute les 316 milliards de dollars d’intérêt que les États-Unis remboursent à leurs créanciers, car la majeure partie de ces financements a été empruntée. Elle comptabilise également 1000 milliards de dollars supplémentaires, le coût de la couverture santé des « vétérans », les militaires démobilisés et blessés, parfois lourdement, physiquement ou psychologiquement.

 

 

À quoi ce déversement de dollars a-t-il été employé ? Si l’on s’en tient aux 1600 milliards du rapport du Congrès, cela couvre le soutien logistique des bases nord-américaines, la maintenance des armes, la formation des forces de sécurité irakiennes et afghanes, le coût des ambassades nord-américaines, l’aide aux États étrangers ou les efforts de reconstruction… Trois postes budgétaires majeurs composent ces dépenses : le prix de l’invasion de l’Irak (815 milliards de dollars), la guerre en Afghanistan (686 milliards de dollars) et les dépenses de prévention du terrorisme – 108 milliards dont 27 milliards pour l’opération Noble Eagle qui consiste à assurer un survol constant de l’espace aérien états-unien et d’une partie de l’espace aérien canadien par des avions de combats (voir aussi cet article en anglais de Mother Jones).

 

Contre-terrorisme au Sahel et au Nigeria : une belle réussite...

Ce montant faramineux démontre à lui seul le gigantisme qui caractérise le complexe militaro-industriel nord-américain. Précisons que ces 1600 milliards ne recoupent pas le budget de la défense des États-Unis. Le Pentagone dispose d’un budget séparé spécifique de 550 milliards de dollars. À eux seuls, les États-Unis représentent près de 40% des dépenses militaires dans le monde, pour 5% de la population mondiale ! Ce qui les place loin devant tous leurs rivaux.

Ce budget ne prend pas en compte les récentes opérations contre l’« État islamique », Daesh. Il n’inclut pas non plus, les dépenses propres aux opérations secrètes menées en partie par la CIA en Afghanistan, au Pakistan, au Yémen et ailleurs, comme au Sahel où l’administration de Georges W. Bush avait lancé la « Trans-Sahel Counterterrorism Initiative ». Une initiative à 500 millions de dollars, regroupant les États sahéliens ainsi que le Nigeria et le Ghana, dans le but de combattre le terrorisme. Avec l’émergence d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) au Mali et la montée en puissance de Boko Haram au Nigeria, cette initiative n’a pas vraiment porté ses fruits. Bien au contraire !

 

Multinationales et sociétés militaires privées s’enrichissent

Ces sommes colossales font cependant des heureux : le complexe militaro-industriel. Ces sociétés sont les premières à avoir bénéficié de l’abondante manne guerrière et antiterroriste. Avec un chiffre d’affaires de plus de 45 milliards, Lockheed Martin, l’une des multinationales de l’armement les plus importantes au monde a vendu de tout : des véhicules blindés, des avions de chasse et de transport, des missiles Patriot ou Hellfire… Et pas seulement aux États-Unis, mais aussi aux États irakiens, afghans et israéliens. Boeing – qui ne construit pas que des avions de ligne, mais aussi des missiles –, ainsi que Raytheon, Northrop Grumman, General Dynamics ont aussi bénéficié de cette décennie de guerres. Ces cinq sociétés représentent plus d’un tiers des fournisseurs de l’US Army. « Le marché » ne s’y est pas trompé : leur cotation en bourse a grimpé après le début des frappes contre Daesh. En septembre 2014, la valeur boursière des quatre principaux fournisseurs militaires des États-Unis a augmenté de 19%, dépassant les prévisions de l’index de Standard & Poor.

Le business de la guerre et de la violence profite lui aussi des privatisations. Plusieurs dirigeants états-uniens ont proposé d’externaliser une partie des activités, et donc des coûts, de l’armée. Du combat direct sur le terrain, à la protection des ambassades et des personnalités nord-américaines ou étrangères, en passant par la récolte de renseignements, les États-Unis ont institutionnalisé le recours au « mercenariat corporate » : les sociétés militaires privées (SMP). En Irak, au pic de la présence nord-américaine et britannique, on estimait qu’environ cinquante sociétés militaires privées étaient en activité, employant près de 30 000 personnes, issus de différents pays : Nord-américains, Britanniques, mais aussi Népalais ou Bosniaques.

 

Un milliard de dollars par an aux mercenaires

Le Pentagone et le Département d’Etat ont recours à vingtaine de ces sociétés militaires privées. Elles emploient elles-mêmes près de 10 000 personnes. Une autre agence fédérale, le Congressional Budget Office a estimé qu’entre 2003 et 2007, le gouvernement a dépensé entre 3 et 6 milliards de dollars au profit des sociétés militaires privées. Les États-Unis imposent aussi aux gouvernements afghans et irakiens d’utiliser une partie du budget consacré à la reconstruction pour employer des sociétés militaires privées, majoritairement états-uniennes. En 2007, un sénateur démocrate, Henry Waxman, regrettait que près de 4 milliards de dollars, censés servir à la reconstruction, avaient été dépensés auprès de mercenaires sous-traitants.

C’est ainsi que l’une des plus grandes entreprises de mercenariat privé, Blackwater – qui s’appelle désormais Academi – a pu s’enrichir sur le dos des gouvernements irakiens et afghans. Leur enrichissement est d’autant plus condamnable que Blackwater est accusé d’avoir commis plusieurs exactions en Irak et en Afghanistan. En Irak, ses mercenaires ont été impliqués dans près de 200 fusillades ayant coûté la vie à des civils. Les sociétés militaires privées ont un statut juridique flou en droit international humanitaire. Comme elles entretiennent de très forts liens avec l’administration et l’armée états-uniennes, elles échappent pour l’instant à des sanctions judiciaires concernant leurs actions en zone de guerre.

 

Des milliards de dollars évaporés

Les vendeurs d’armes ne sont pas les seuls à s’enrichir. La première société « non combattante » à avoir bénéficié de cette décennie de guerre s’appelle KBR Inc., plus connue sous son ancien nom : Halliburton, une société para-pétrolière qui fournit matériaux et services pour l’extraction de l’or noir. KBR a longtemps été dirigée par Dick Cheney, ancien ministre de la Défense de Georges Bush senior et ancien vice-président de Georges Bush junior. Cette société proche des néoconservateurs a ainsi pu bénéficier d’un contrat pour la reconstruction de l’Irak, sans appel d’offre et avant même que commence l’invasion de ce pays en 2003. Un contrat constamment reconduit qui a rapporté plus de 39,5 milliards de dollars à KBR Inc.

Ce déversement d’argent n’a jamais été clairement tracé et contrôlé. Ainsi en 2011, la commission du Congrès on Wartime Contracting a estimé qu’entre 30 et 60 milliards de dollars avaient été détournés en corruption et autres fraudes. Pire, 6 milliards de dollars avaient complètement disparu. En plus des victimes de guerre, ce flux d’argent opaque a contribué à déstabiliser les communautés et les institutions irakiennes et afghanes. La corruption a renforcé les antagonismes locaux et régionaux en Afghanistan, entre Pachtounes, Hazaras et Ouzbeks. En Irak, elle a renforcé les antagonismes religieux entre chiites et sunnites, entre majorité musulmane et minorités chrétienne ou yézidie.

Qui paiera la prochaine facture ?

Les seigneurs de guerre, les chefs de clan, les leaders religieux, ainsi qu’une série de représentants d’autorités publiques ont entretenu la corruption comme système de gouvernance. Selon Transparency International, en 2013, l’Afghanistan de l’ancien président Hamid Karzaï, malgré la longue présence internationale, se classe très mal en matière de corruption : 140ème sur 177. Quant à l’Irak de l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, il arrive en 170ème position... Un quart des Irakiens vivent dans une telle pauvreté qu’ils dépensent moins de 2,2 dollars par jour. Et ce, alors que sous leurs pieds se trouvent des réserves de pétrole parmi les plus importantes du monde. En Afghanistan, un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

« Tant que le Moyen-Orient restera un lieu de tyrannie, de désespoir et de colère, il continuera de produire des hommes et des mouvements qui menacent la sécurité des États-Unis et de nos amis. Aussi, l’Amérique poursuit-elle une stratégie avancée de liberté dans le Grand Moyen-Orient », déclarait le président Bush junior en 2004 pour justifier les guerres commencées et à venir. 1600 milliards ont été dépensés. 350 000 personnes tuées. Pour rien ? L’Afghanistan est toujours en proie à l’instabilité et à la guérilla des talibans. Le mouvement terroriste Daesh a émergé en Syrie et en Irak et constitue une nouvelle menace. Qui paiera la facture des dix prochaines années ?

Eros Sana

Photo : CC US Air Force / US Army

 

Notes

[1] Pour télécharger le rapport, en anglais.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

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3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 14:41

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Autour de Sivens, les élus font bloc pour défendre leurs prérogatives

02 mars 2015 | Par Jade Lindgaard

 

 

 

Dans le Tarn, les élections départementales se préparent dans une atmosphère explosive. Les pro-barrage de Sivens pratiquent l'intimidation, tandis que les élus mènent un jeu politique opportuniste et brouillent les lignes. Le département de Jaurès pourrait basculer à droite.

 

 

 

Tarn, de notre envoyée spéciale.- Un verre de vin rouge se tend vers le plafond du bar du marché : « Je trinque au “changement, c’est maintenant”. » La main qui le tient appartient à Philippe Folliot, député UDI, et possible futur président du conseil général du Tarn, bastion de la gauche menacé d’alternance lors des élections départementales (22 et 29 mars). Le toast provoque les éclats de rire des militants et candidats des listes d’union UMP-centristes qui prennent quelques minutes de pause après une matinée de tractage. Nous sommes le samedi 28 février, à Albi.

Au même moment, à une trentaine de kilomètres de là, des agriculteurs ont sorti les tracteurs pour dégager une barricade sur la départementale 132 conduisant au site du barrage de Sivens, occupé depuis l’été dernier par des opposants : la ZAD du Testet. C'est un avant-goût d'une semaine de blocus. À partir du lundi 2 mars, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs veulent bloquer la ZAD pour faire pression sur le conseil général qui doit voter le 6 mars sur les suites du projet. L’action a démarré lundi matin. Mercredi, un convoi « alimentaire » d’anti-barrage doit encercler les bloqueurs. Sur les routes du Tarn, la tension est à son comble, quatre mois après la mort de Rémi Fraisse, jeune opposant au barrage tué par la grenade offensive d’un gendarme, dans la nuit du 26 au 27 octobre dernier.

Le barrage de Sivens, c'est le boulet de Thierry Carcenac, le président socialiste du conseil général du Tarn qui s’est obstiné à vouloir construire cet équipement malgré l’opposition croissante qu’il suscitait. Son refus de rencontrer les opposants et d’écouter leurs critiques a nourri la tension. « Mourir pour des idées, c’est une chose, mais c’est quand même relativement stupide et bête » : sa déclaration après la mort du jeune homme l’a figé dans une posture méprisante, aux accents cyniques, qui jette une ombre sur son mandat quasi perpétuel. Il siège au conseil général depuis 36 ans et le préside depuis 1991. Fonction qu’il cumule depuis l'automne dernier avec un fauteuil de sénateur – la loi ne l’obligera à choisir entre les deux qu’en 2017.

 

Philippe Folliot, candidat UDI-UMP, en campagne à Réalmont (Tarn) (JL).

Philippe Folliot, candidat UDI-UMP, en campagne à Réalmont (Tarn) (JL).

 

Selon Philippe Folliot, « les gens en ont assez du système Carcenac, une organisation pyramidale, où tout remonte au président, sans transparence. C’est une organisation du passé. Il faut de la collégialité et non pas un autocrate qui décide de tout ». Lui-même est favorable au barrage et souhaite une commission d’élus pour sortir de l’ornière politique dans laquelle le projet est englué. Au volant de sa voiture, entre Castres et Albi, en route vers une réunion de candidats et militants de la campagne, il insiste : « Il faut plus de modestie. Je conduis ma voiture. Le système du conseil général aujourd’hui, c’est : le président se déplace avec son chauffeur, le vice-président aussi et un photographe suit. Il faut être plus économe. »

Pourtant, lui aussi s’apprête à cumuler sièges parlementaire et départemental. Dans la salle des fêtes de Réalmont, il est accueilli par Françoise Bardou, candidate divers droite : « Nous sommes tous des travailleurs. » Folliot se régale, entre deux tranches de saucisson : « Ça fait très longtemps que j’en rêve, je vais pouvoir commencer un discours en disant “Travailleuses, travailleurs”. »

Dans le Tarn, la droite s’amuse à parler comme la gauche. Mais cela ne l’empêche pas de s’unir contre la majorité socialiste sortante. Opposées lors des législatives de 2002, 2007 et 2012, UMP et UDI se sont rassemblées pour les départementales de 2015, dans la foulée de la victoire à la mairie d’Albi d’une coalition UMP-UDI-Radicaux valoisiens-MoDem-PRG. « Notre but c’est d’avoir la majorité, au minimum 12 cantons (sur 23 au total ndlr). » Ce serait un dénouement retentissant dans le département de Jean Jaurès, le député socialiste de Carmaux, ancien pays minier, de textile et de mégisserie, frappé par la désindustrialisation et le dépeuplement des campagnes. Sur les listes de droite, on trouve une ancienne conseillère régionale PS, Marie-Claude Bascoul, enseignante en psychologie à l’université Champollion d'Albi : « Les gens ne font plus confiance à aucun parti politique. Il faut dépasser les clivages. »

Face à cette offensive, Thierry Carcenac lui aussi joue l’ouverture : « J’ai considéré que j’avais une motivation intacte pour conduire une équipe très large, dans le cadre d’une majorité pas forcément de gauche » (Le Journal d'ici, 6 janvier 2015). Un conseiller général de sa majorité actuelle n’exclut pas (en off) que le sénateur du Tarn sauve sa présidence, même en cas de majorité des cantons à droite. Difficile d’établir des pronostics avec un nouveau mode de scrutin (binominal) et des circonscriptions cantonales redécoupées. Bien des choses vont dépendre de l’abstention, qui promet d’être substantielle.

Sollicité par Mediapart, Thierry Carcenac n’a pas donné suite à nos demandes d’interview. La vice-présidente Claudie Bonnet, vers laquelle son responsable de communication nous a renvoyés, n’a pas non plus répondu à nos appels. Le barrage de Sivens n’est pas au cœur de la campagne des départementales dans le Tarn. Mais pour l’opposition, ce fiasco politique et ce drame humain symbolisent l’usure du patron du Tarn, qui brigue, encore une fois, un mandat départemental.

 

Les militants du MJS en plein tractage sur le marché d'Albi. (JL)

Les militants du MJS en plein tractage sur le marché d'Albi. (JL)

 

Dans les allées du marché couvert d’Albi, Nicolas Bruihle, militant au Mouvement des jeunes socialistes (MJS), déprime : « Quand les gens voient nos tracts, ils disent soit “surtout pas vous”, soit “j’espère que vous êtes contre Hollande”, soit “la politique, j’y crois pas”. » Mathilde Maulat, ajoute : « Quand on leur explique que le département, c’est la politique sociale, on nous répond “assistanat” et “profiteurs du système”. » Les seuls passants motivés par l’élection qu’ils ont croisés disent vouloir voter Front national. La gauche se présente divisée dans plusieurs cantons. Carcenac affronte Roland Foissac, conseiller général communiste sortant, qui explique : « Il n’y a plus de majorité ! Depuis 2012, Carcenac a épousé la politique du gouvernement actuel. »

 

Brigades anti “pue la pisse”

Pendant ce temps, dans le canton de Vignoble-Bastide, celui du barrage de Sivens, l’ambiance est à couteaux tirés. À la sortie de Montauban, sur le bord de la route, une main a tracé en grosses lettres noires : « Ségo+Conf=fachos » (“Conf” pour Confédération paysanne). Sur les troncs des platanes, on peut lire : « Pelus dehors. » Les « pelus » ou « pelutes », ce sont les « pue la pisse », les occupants de la ZAD du Testet, qui ont construit cabanes et fort de défense pour empêcher la construction du barrage de Sivens. C’est là que Rémi Fraisse, 21 ans, est mort, tué par les gendarmes lors d’un affrontement nocturne. Le sort du barrage est suspendu à la décision que doit annoncer le conseil général du Tarn le 6 mars, à quinze jours du premier tour des élections.

 

Marie Chantepie, candidate d'une liste citoyenne anti-barrage de Sivens.

Marie Chantepie, candidate d'une liste citoyenne anti-barrage de Sivens. © JL

 

Marie Chantepie, 35 ans, candidate aux départementales sur une liste citoyenne opposée au barrage, a subi la dégradation de sa voiture : « ZAD » tagué sur le capot. Et sur le côté : « ZAD partou », sans « t », fait-elle remarquer. Pourtant, contrairement aux zadistes parfois décrits comme des « occupants » par les agriculteurs pro-barrage, c’est une fille du coin, née dans le Tarn. Ouvrière agricole, elle habite Castelnau-de-Montmiral, un village d’une centaine d’âmes.

Ces derniers mois, elle a vu surgir des « milices », en treillis, sweat-shirts à capuche équipés de dossards « soutien aux gendarmes de Sivens » et de brassards orange où l’on peut lire « brigades anti pelutes ». Ils bloquent parfois les voies d’accès à la ZAD et font des rondes en quads dans la forêt. Un zadiste raconte avoir vu le slogan « Zad dehors sinon mort » et des pendus gravés sur des troncs d’arbres. Un autre décrit les pneus crevés de la voiture d’un sympathisant, l’intérieur souillé par de l’urine, et le caddie de ravitaillement d’une copine réquisitionné par des pro-barrage. Une page Facebook a un temps annoncé « ouverture de la chasse : un zadiste tué =une balle offerte ». Marie Chantepie a porté plainte. Les auteurs du post s’en sont tirés avec une convocation au commissariat.

Dans les rues du village, il lui arrive d’entendre des klaxons hostiles, de croiser des regards « de dégoût ». À l’école, sa fille s’entend dire que sa mère est « une pelute » et qu’à cause de ses amis, « on ne pourra plus boire l’eau ». La maire de la commune toute proche de Lisle-sur-Tarn, Maryline Lherm, « a réussi à détourner le regard du barrage vers les zadistes par une campagne de dénigrement », décrit Marie Chantepie. Fin 2014, l’édile a convoqué les services sanitaires pour de supposés problèmes de gale sur la zone.

 

Patrick Rossignol, maire de Saint-Amancet (JL).

Patrick Rossignol, maire de Saint-Amancet (JL).

 

Le 1er février, des incidents ont éclaté entre opposants et défenseurs du barrage. Patrick Rossignol, maire de la petite commune de Saint-Amancet, dans le sud du Tarn, adhérent de la FDSEA, producteur de céréales et de maïs, mais opposant au barrage de Sivens, raconte avoir été « bousculé » par un groupe d’hommes en tenue de chasse, équipés de manches de pioche, barrant une route départementale. « Ils veulent me retourner le fourgon et me pousser dans le fossé. Ils m’insultent : “Dégage pauvre con !”, “J’espère que vos électeurs vous cracheront à la gueule quand ils sauront que vous soutenez ces rats”. »

Quelques heures plus tard, dans les rues de Gaillac, il tombe sur quatre ou cinq de ces pro-barrage, barre de fer en main, « qui voulaient s’en prendre à des jeunes ». Il s’interpose et se présente en tant qu’élu. « Ils me menacent : “On est chez nous”, “T’as rien à foutre ici”. » Il retrouve ensuite sa camionnette « fracassée, avec de longs impacts sur le côté, le pare-brise et la vitre latérale brisés ». Il part, avec d’autres (crevaison de pneu, entrave à la circulation), déposer plainte à la gendarmerie de Gaillac. À la sortie, surprise : les mêmes hommes menaçants, avec « les mêmes outils en main », habillés de sweat-shirts noirs à cagoule avec un logo « Brigade antiPelluts-soutien aux gendarmes de Sivens », s’approchent d’eux.

Le groupe de plaignants appelle alors l’interphone de la gendarmerie : « Il y a des personnes avec des barres dans les mains qui arrivent. » Réponse de l’autre côté du mur : « Non, ils n’ont rien dans les mains. » Il faut attendre que les pro-barrage cassent l’appareil photo d’une journaliste stagiaire pour que les militaires sortent de leur bureau, et raccompagnent la bande d'agresseurs jusqu'à leurs voitures. « Nous avons été surpris de voir les gendarmes laisser partir les agresseurs après avoir discuté avec eux. »

Pour Rossignol, adhérent à Europe Écologie-Les Verts (EELV) mais maire sans étiquette, « si les élus avaient géré la situation comme il fallait, on n’en serait pas là. Les zadistes ne seraient pas venus et on n’aurait pas des miliciens armés faisant régner la terreur ». Pour Guillaume Cros, conseiller régional EELV, « les élus en place qui attisent la violence sont irresponsables ».

 

Conférence de presse d'ACTES à Lisle-sur-Tarn (JL).

Conférence de presse d'ACTES à Lisle-sur-Tarn (JL).

 

Sur le canton de Vignoble-Bastide, celui de Sivens, la liste citoyenne ACTES conteste le barrage de Sivens. Elle dénonce le monopole de la décision publique exercé par les élus, les conflits d’intérêts, le refus d’écouter les opposants. « On ne pouvait pas laisser le canton sans candidat contre le barrage », explique Claude Forgeot, ancien technicien agricole puis patron d’une entreprise de BTP, encarté au Parti de gauche et désigné candidat par un processus d’assemblées citoyennes.

« C’est la prochaine assemblée qui va décider de ce qui sera fait à Sivens. On veut faire entendre les citoyens. On a un modèle, c’est Podemos. Le barrage de Sivens est emblématique des maux de notre société : les conflits d’intérêts, les dépenses déraisonnables, les dossiers bidonnés. Un élu a le droit de tout à partir du moment où il est élu. Ce sont les mêmes élus depuis des années, il faut que ça change. » Pour sa fille, Maud, candidate à Saint-Sulpice : « Certains élus disent qu’il faut réaffirmer leur rôle, sous-entendu quand les projets sont votés, ils ne doivent pas être contestés par les citoyens. C’est tout ce qu’on dénonce ! C’est une vision dépassée de la politique. »

« Sivens nous a ouvert les yeux, explique Marie Chantepie. Je ne me rendais pas compte à quel point dès que l’on n’est pas d’accord avec la majorité, on n’est pas entendu. On voulait protéger nos forêts, on a manifesté pacifiquement, et on nous fait passer pour des terroristes ! » Katia Guillaumé, 49 ans, aide à domicile, remplaçante sur la liste d’ACTES : « Le jour où des gens se sont enterrés pour empêcher les bulldozers d’entrer sur la ZAD, j’ai vu un gradé donner l’ordre à ses hommes de foncer sur eux. Ça m’a énormément choquée. J’ai capté son regard pour lui demander pourquoi il faisait ça. Il m’a répondu en faisant des mains le signe qu’il n’y pouvait rien. Là, j’ai pensé qu’il fallait faire changer les choses. »

Leur liste est soutenue par EELV, les Alternatifs et, officiellement, le Front de gauche – à ceci près que les communistes ont préféré présenter leurs propres candidats. Ils espèrent un bon score car, aux dernières européennes, les bureaux de leur circonscription ont accordé plus de voix aux écolos et au Front de gauche qu’au PS et à la droite. Mais moins qu’au FN.

 

« On ne va quand même pas baisser le pantalon »

« Sivens, c’est une ânerie énorme, on n’impose pas les projets à la matraque » : c’est la voix de Jacques Pagès, assis dans son salon, entre une réunion au conseil général et la sortie d’école de ses deux jeunes enfants. Élu départemental sortant, il fut le seul à voter contre le projet de barrage. Infirmier à domicile, président de la commission des infrastructures et des déplacements au conseil général, il repart en campagne sous les couleurs de la majorité, malgré la rupture de Sivens. Il affronte Philippe Folliot, le candidat de droite et potentiel futur chef du Tarn, à armes inégales, dans une circonscription énorme où la plupart des électeurs ne le connaissent pas.

Sa voix s’étrangle, les larmes lui sont montées aux yeux. « Je suis anéanti par le fait que ce projet stupide et déconnecté a foutu en l’air tout notre bilan. » Quelques secondes de silence. « Sur 90-95 % des actions du conseil général, j’ai été d’accord, et même, enthousiaste : agenda 21, plan énergie-territoire, la politique sociale, l’aide aux cantines scolaires, les trajets en car à 2 euros, la défense des zones humides, de l’environnement. »

 

Jacques Pagès, élu divers gauche au conseil général.

Jacques Pagès, élu divers gauche au conseil général.

 

Enfant des monts de Lacaune, au sud du Tarn, il est entré en militantisme à la fin des années 1980 en s’opposant à un projet de barrage sur la rivière Viaur, déjà voulu par le conseil général et la CACG – la société au cœur du conflit d’intérêts de Sivens –, qui menaçait de noyer sa vallée. « Un jour, on a vu débarquer des gens avec des lunettes de mesure. Ils nous ont dit :“Vous n’êtes pas au courant ? Demain, il y aura de l’eau jusqu’au clocher de l’église.” »

Les habitants se mobilisent alors contre le projet. Pagès devient maire de son village. « Je n’aurais peut-être jamais eu l’idée de me présenter si je ne m’étais pas dit que les élus faisaient n’importe quoi. Ma vie politique est née de l’anti-barrage. » Si bien que trente ans plus tard, lorsqu’il a vu arriver le dossier de Sivens, « ça a fait tilt ». Pour aller chez lui, la route traverse le relief granitique des monts de Lacaune, ses rivières de rochers et ses forêts. L’Aveyron n’est pas loin, on y produit le lait qui sert à fabriquer le Roquefort.

Pourquoi n’a-t-il pas réussi à infléchir le projet ? « J’en ai été malade. J’étais seul contre tous. C’était comme être face à une religion. Ça m’a déstabilisé. » La logique majoritaire de l’assemblée et la division des tâches ont fait le reste. « Les conseillers généraux ne maîtrisent qu’un ou deux sujets, sur le reste, ils font confiance aux autres. Chaque élu travaille son dossier avec les services, puis le présente au groupe majoritaire et le soumet au vote. C’est un travail superficiel. » Pourquoi une telle obstination de l’exécutif ? « En réunion, j’ai entendu : “On ne va quand même pas baisser le pantalon”, et aussi : “ On ne pourra plus rien faire.” Mais heureusement qu’on ne peut plus tout faire ! »

L’alternative, il y en a un qui ne doute pas de l’incarner, c’est Frédéric Cabrolier, conseiller municipal et communautaire du Front national à Albi. Il donne rendez-vous dans la grande salle du plus grand café de la ville, en bordure de sa plus grande place, haute silhouette derrière son verre de jus d’ananas. « Ici, je suis comme un poisson dans l’eau. Il y a des gens qui ne m’aiment pas du tout mais je fais partie du paysage local. »

Conseiller financier pour un groupe d’assurance, 48 ans, il se présente contre Thierry Carcenac : « C’est l’archétype du politicien qui a échoué. Nous sommes le département le plus mal géré de France. C’est un exécutif de copains et de coquins. Sivens a mis au grand jour des conflits d’intérêts. On fait travailler des entreprises amies. Tout est à l’avenant. Quand il y a de la suspicion, on n’a plus de démocratie apaisée et juste. Au bout de trois, quatre mandats, nos élus n’écoutent plus le peuple. Ils sont dans leur tour d’ivoire. » Lui aussi est favorable au barrage de Sivens, mais en plus petit.

 

À gauche, le FN, à droite, le Front de gauche, sur le marché de La Madeleine, à Albi. (JL).

À gauche, le FN, à droite, le Front de gauche, sur le marché de La Madeleine, à Albi. (JL).

 

Pour son parti, il lorgne les votes ruraux de cette périphérie de Toulouse qui accueille de plus en plus de ménages rejetés par la hausse des prix de l’immobilier dans la métropole régionale. L’emploi s’y fait rare. Les laboratoires Pierre Fabre, longtemps puissance économique locale, sont en pleine restructuration et viennent d’annoncer un plan social. « Ce sont les territoires oubliés de la République. On a dépensé des milliards d’euros en politique de la ville en direction des quartiers, et on a délaissé les campagnes où la misère s’est développée. » Il espère emporter quatre cantons, dont celui de Carmaux, 1'ancien bastion de la gauche ouvrière : « Le Tarn, c’est là où nous avons le plus d’élus municipaux en Midi-Pyrénées, c’est le département où nous aurons le plus d’élus. »

Samedi matin, il tracte au marché de la Madeleine à Albi, au côté de sa deuxième de liste « d’origine africaine», comme il la décrit. Bonnefoi Ndietom, 40 ans, standardiste dans l’hôtellerie, fille d’une réfugiée politique tchadienne, et habitante de Cantepau, une zone urbaine sensible. C’est une transfuge de l’UMP : « J’ai fait la campagne de Sarkozy en 2007 : une fois l’élection passée, plus personne ne me prenait au téléphone. » Frédéric Cabrolier insiste : « On pratique la diversité, ça devrait vous plaire. Je suis pour l’assimilation et envoyer des signaux à tous ces Français issus de l’immigration : ils peuvent réussir en politique, ils ont leur place chez nous. »

Pratique-t-on la politique différemment après la mort d’un jeune contre un barrage ? Et après que les experts mandatés par le ministère ont révélé les failles, les zones d’ombre et les erreurs techniques du projet voté à la grande majorité par le département ? Si peu. Thierry Carcenac se représente. Le préfet est toujours en place. Les principales formations politiques continuent de promouvoir de grands projets pour développer leur territoire : la Zac des Portes du Tarn, développée par la SEM 81, le syndicat mixte du conseil général ; une autoroute entre Castres et Toulouse ; le câblage en haut débit des campagnes. Philippe Folliot rêve d’un « troisième Louvre » à Castres.

« Le drame de Sivens n’a pas politiquement affaibli Thierry Carcenac, analyse Guillaume Cros, conseiller régional EELV. Au contraire : les présidents de la chambre d’agriculture et de la chambre des métiers, la FDSEA, la FNSEA sont tous montés au créneau pour défendre le vote des élus et donc sa décision. » Le barrage de Sivens est devenu un symbole pour les élus, celui du pouvoir qu’ils veulent garder. « C’est comme s’il fallait qu’ils resserrent les rangs pour garder leurs privilèges », décrit Guillaume Cros, pour qui « Sivens n’a rien changé ».

 

Boîte noire :

Ce reportage a été réalisé du mercredi 25 février au dimanche 1er mars. Toutes les personnes sollicitées ont bien voulu me parler, et le plus souvent me rencontrer, à l'exception notable du président du conseil général du Tarn (comme décrit dans l'article). Je regrette ce silence.

 

 

Lire aussi

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 14:29

 

Info reçue par mail

 

 

Documentaire "TAKE THE SQUARE"

 

Bonjour,

c'est avec plaisir que je vous présente mon nouveau documentaire "TAKE THE SQUARE"

Take the square c’est une histoire, à l’échelle mondiale, d’un souffle nouveau sur la démocratie. C’est l’histoire d’une jeunesse, que l’on disait désabusée, qui se réunit et échange par tous les moyens dont elle dispose. Une jeunesse qui se propose de refaire de la politique avec une seule doctrine : le consensus. C’est l’histoire d’un mouvement qui se réapproprie le temps à travers les générations, la réflexion, le mode de décision. Il ne s’agit plus de décider seul, fort de sa vérité pour le bien de tous…Mais que tous décident !

Le film est à l’image des campements qu’il a captés : dans la réflexion !
Il ne s’agit pas d’un film sur les révolutions ni même sur la vie dans les campements. Non, il s’agit d’une réflexion, d’un essai sur la démocratie. Comme dans les assemblées populaires, le film n’entend pas asséner une vérité mais réfléchir sur ce que devrait être une démocratie.

Je me tiens a votre disposition si vous souhaitez organiser une projection-débat sur le sujet.

un lien vers la BA du film
http://www.dailymotion.com/video/x1bpeme_teaser-take-the-square_news
 

Cordialement,
Rodney PASSAVE

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3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 14:15

 

Info reçue par mail

 

 

Appel de la Destroika

Posted on 2014/06/14

 

 

Inauguration du nouveau siège de la Banque Centrale Européenne | Francfort | Automne 2014
Appel à la contre-attaque

 

 

De grèves générales sans effet en journées « d’action » qui n’agissent sur aucune cible digne de ce nom, les luttes semblent partout buter sur le cadre national – au Portugal, en Espagne, en Italie, en France, en Grèce. L’échelle nationale, qui fut longtemps l’échelle par excellence de l’action politique, que ce soit pour l’État ou pour les révolutionnaires – est devenue celle de l’impuissance. Impuissance qui se retourne contre elle-même en une rage nationaliste qui, partout, gagne du terrain.

Il n’y a plus rien à faire du cadre national, et pas seulement parce qu’il va si bien à toutes les formes de réaction. Il n’y a juste plus rien à en attendre. Il est mort et enterré. L’État n’est plus bon qu’à servir la cuisine concoctée par la Troïka, cette Sainte Trinité faite du Fonds Monétaire International, de la Banque Centrale et de la Commission Européennes. Pour nous, le national n’existe plus. Il n’y a plus que du local et du mondial.

La Troïka ne se contente pas de dicter la politique d’États entiers, voire de les administrer directement, d’imposer les budgets et les régimes qui lui complaisent ; elle détermine aussi nos conditions de vie afin de nous réduire à de simples ressources humaines. Le sentiment d’être dominé, débordé et pour finir écrasé par un « moteur de l’Europe » auto-déclaré, ne cesse de se répandre en Europe, d’y devenir plus palpable.

Quiconque a un peu étudié les méthodes du FMI sait que celles-ci ne se limitent pas à une « stratégie du choc ». Le dispositif stratégique du FMI et de la Banque Mondiale comporte deux mâchoires : l’une est effectivement la brutalisation des sociétés par une restructuration économique violente, l’autre est un amortissement de ce choc par le micro-crédit, par l’incitation à monter partout de petits business, à s’intégrer même marginalement aux circuits économiques. Le but de cette double manoeuvre : faire partout, de tout et de tous, des entreprises. L’économie sociale et solidaire n’est donc pas le remède tout trouvé à la stratégie du choc, mais son complément efficace. Nous ne voulons pas une meilleure économie, sociale et solidaire, nous voulons la fin de l’économie – la fin du calcul, la fin de l’évaluation, la fin de la mesure, la fin de la mentalité comptable, en amour comme dans les ateliers.

Ce que nous vivons, c’est une destruction intentionnelle du social, une paupérisation calculée, une concentration accélérée de la richesse et du pouvoir et une instrumentalisation consciente, dans ce contexte, des ressentiments xénophobes. L’Allemagne est de toute évidence l’orchestrateur européen de cette offensive ; c’est donc elle que doivent prendre pour cible tous ceux qui entendent y répondre. Les réfugiés qui risquent leur vie, tous ceux dont les conditions d’existence sont toujours plus précaires et même feu la « classe moyenne », qui est en train de perdre, avec toute sécurité, ses dernières illusions – il est grand temps de se mettre en route, de reprendre nos vies en main, de créer des communes et de s’organiser.

Pour beaucoup de gens, c’est cela qui s’est passé sur les places de Tunis, du Caire, de Madrid, d’Istanbul et c’est encore cela qui se prolonge dans les quartiers de Thessalonique, de Rome, de Barcelone – partout où nous mettons en commun l’argent, les techniques, les savoirs et toute la vie autour de lieux partagés.

 

Du local à Francfort

Nous n’avons pas l’intention de répéter les erreurs structurelles commises dans le mouvement antiglobalisation : les activistes professionnels, les émeutes rituelles, les slogans abstraits, vides de sens, qui viennent figer nos révoltes – voilà ce dont nous ne voulons plus. Ce n’est pas sans raison qu’un certain nombre d’entre nous, à un certain point de ce mouvement, ont décidé de s’ancrer localement, de s’arracher à l’abstraction du global, pour retrouver un peu de réalité. Dans son reflux, le mouvement antiglobalisation n’était plus qu’un enchevêtrement de réseaux qu’il nous a fallu déserter : l’air y était simplement devenu si rare que nous y étouffions. Sans nos propres lieux, sans la terre, sans une force matérielle qui se déploie à même des territoires que nous habitons pleinement, notre destin aurait été scellé : devenir des VRP de la révolution et – qui sait ? – des politiciens, des représentants ou des gestionnaires. Construire des mouvements, constituer une nouvelle gauche ne sert qu’à nourrir des illusions renouvelées.

Il est indéniable que ce que l’on appelle cavalièrement les « luttes locales » a gagné, ces dernières années, une importance inédite. Certaines d’entre elles parviennent même à fixer le tempo du conflit pour le pays entier : le Val de Suse pour l’Italie, Notre-Dame-des-Landes en France, Gamonal en Espagne, Khalkhidiki en Grèce, Lampedusa-Hamburg en Allemagne. Ces luttes, pourtant, même là où elles semblent l’emporter, ne parviennent pas à dépasser un certain seuil politique, qui permet toujours aux gouvernements de les traiter comme marginales.

Ce serait se condamner à la défaite que d’en rester là, que de nous en tenir à l’auto-centrement. Face à la guerre sociale qui nous est faite, il ne suffit pas d’aligner toutes nos « luttes locales » et de les présenter comme un front, magiquement uni par la glu de déclarations de solidarité. Comme il a fallu s’arracher, il y a dix ans, à l’abstraction du global, le moment est venu, à présent, de s’arracher à l’attraction du local ; voilà du moins la nécessité que nous éprouvons.

Nous luttons avec, derrière nous, toute la force des quartiers insoumis, des maisons occupées, des presqu’îles rebelles, des vallées en révolte. C’est tout le contraire de l’usuelle mise en réseau des luttes, qui ne sont jamais que l’alliance opportune entre diverses factions de politiciens, de représentants qui stérilisent tout à force de « négociations », et qui ne servent pour finir que leurs propres intérêts – comme toute bureaucratie, au reste. On ne représente que ce qui est absent – c’est donc notre présence en acte qu’il faut opposer à cet univers de la représentation.

 

Voilà pourquoi nous irons à Francfort

Plus le pillage est éhonté, plus s’approfondissent et se généralisent la soumission et la discipline, plus s’impose la nécessité de contre-attaquer – de défendre nos lieux, nos territoires, nos infrastructures et nos amitiés partout où elles sont confrontées à une attaque en règle, que celle-ci soit encore au stade de projet ou déjà en cours. Voilà pourquoi nous irons à Francfort : parce que la meilleure défense, c’est l’attaque.

Il nous faut porter nos expériences locales de mouvement sur un plan offensif plus élevé. Il se pourrait bien que la meilleure façon de vaincre les États nationaux qui nous font encore obstacle consiste à les prendre en sandwich – en nous portant directement en tant que force locale sur le plan européen. L’inauguration du nouveau siège, flambant neuf, de la Banque Centrale Européenne à Francfort nous procure enfin l’occasion de nous retrouver et de joindre toutes nos forces contre un ennemi commun tout désigné.

La différence entre cet événement et les mobilisations du mouvement antiglobalisation tient d’ores et déjà en ceci : nous ne parlons pas de donner rendez-vous à quelques dizaines de milliers d’activistes, de les mobiliser, mais d’enclencher une discussion internationale qui dépasse largement l’événement. Nous parlons de rassembler à Francfort toute la plèbe d’Europe – que ce soient les salariés au bord de la crise de nerfs, les citoyens floués, les travailleurs journaliers, les ouvriers restés sur le carreau, tous ceux qui, comme nous, veulent voir le vrai visage de l’ennemi, et le mettre en pièce.

Il s’agit de donner une juste cible à la rage diffuse qui monte partout sur le continent. Il s’agit de présenter la note pour tout ce que nous avons subi ces dernières années, de diriger notre rage contre ceux qui ont ourdi centralement, depuis le confort de leurs bureaux, leurs plans contre nous, de se soulever contre toutes les administrations qui, partout et chaque jour, les ont mis en oeuvre.

Voir la gueule effrayée des bureaucrates et les combattre côte-à-côte est la meilleure façon de ruiner le nouveau nationalisme européen. Pas plus que le local, l’Europe n’est en soi une alternative à la ruine des États-Nations. Ce n’est pas parce que nous haïssons l’État que nous succomberons aux charmes douteux de l’Empire. Au même titre que les vieux États nationaux, l’Europe est d’un côté une fiction, de l’autre une structure de gouvernement. Nous n’avons d’affinité ni avec l’une ni avec l’autre. Nous ne voulons pas nous réapproprier l’Europe et ses institutions véreuses, nous voulons les détruire. Notre idée de la vie et du bonheur ne sont compatibles avec aucune leçon d’austérité, avec aucune éthique du renoncement, de la performance et de l’autodiscipline.

 

Une nouvelle internationale, l’axe de la plèbe

La réponse à la situation présente nous semble résider dans la présence sans médiation de tous ceux qui se battent, de tous ceux, en Europe, que la Troïka a rendus surnuméraires, de tous ceux qu’une résistance individuelle à la dictature de l’optimisation ne satisfait plus. Pour faire face à l’offensive en cours dans tout ce qu’elle a de millimétré, de retors, de concerté, il nous faut aussi un nouvel imaginaire, une nouvelle idée de ce que signifie « lutter ensemble ».

Rien n’est pire, en pareille situation, que de simuler l’action. Même si nous sommes conscients que nos efforts, pris séparément, ont bien souvent un caractère symbolique, nous nous reconnaissons dans chaque attaque digne de ce nom, chaque geste qui ne se contente pas de rendre visible le refus, mais qui, en outre, le rend sensible.

Ce ne sont pas les managers de mouvements et autres professionnels qui doivent se retrouver, mais les luttes elles-mêmes. Et ce pas seulement par solidarité, mais aussi dans leur propre intérêt. Comprenez-nous bien : nous savons la force et les bonnes intentions des « actions de solidarité », même si la solidarité implique une distinction confortable et douteuse entre un « nous » et un « eux ». Mais c’est cette séparation qu’il nous faut dépasser – par une commune manifestation de puissance de tous ceux qui en ont marre et qui veulent reprendre leur vie en main.

Il y a déjà eu, dans les deux dernières années à Francfort, des essais de manifestation de rue contre la politique de la Troïka, de l’Union Européenne et de l’Allemagne (Blockupy et le M31). La réaction des forces de l’ordre a été démesurée. La première année, toute action a été interdite, la ville a été mise en état de siège et bouclée pour étouffer toute velléité de protestation. L’année dernière, une grande manifestation autorisée a été interdite sur décision unilatérale de la police, devenue acteur politique à part entière et non plus simple bras de l’exécutif.

Notre expérience à Hamburg en décembre 2013 nous a montré que l’on peut agir aussi en Allemagne en plein état d’urgence, si l’on sait rester imprévisible et par là incontrôlable. Un nombre assez grand de gens dispersés dans tout une ville, et déterminés à agir, peuvent réduire à l’impuissance un gigantesque dispositif policier.

Nous voyons dans les manifestations contre l’inauguration du siège de la Banque Centrale Européenne une occasion pour les différentes luttes de se rencontrer et de décupler leur force de frappe. Notre but doit être, un peu comme dans la lutte contre les transports de déchets nucléaires Castor, de voir les différentes formes de lutte comme un enrichissement réciproque, et non comme des contradictions paralysantes.

La différence entre ce qui se prépare maintenant pour Francfort et les années précédentes, c’est qu’il ne s’agit pas de manifester à une date choisie symboliquement, mais que nous allons marcher effectivement sur la tête des puissants d’Europe qui, cette fois, seront en ville. Par ailleurs, Francfort est une métropole économique qui n’abrite pas seulement la Banque Centrale, mais toutes sortes de sièges de banques, de multinationales, d’assurances, de sociétés immobilières et de communication.

 

Comptez avec nous !

Ils pensent pouvoir faire leurs affaires sans nous. Ils ne voient même pas que nous sommes toujours plus nombreux à déserter leur monde de l’autovalorisation permanente, à échapper à leur manie de la mesure généralisée. Il y aura vengeance pour toute leur politique de paupérisation, de destruction, de dévaluation de tout ce qui vit. Pour toutes les humiliations dans les bureaux des administrations, pour toutes les fois où l’on nous a fait courir comme des hamsters en cage, pour toute la crainte de n’être pas assez jeunes, pas assez athlétiques, pas assez flexibles. Et parce qu’ils ne démordent pas de leur monde qui s’effondre de plus en plus visiblement, parce qu’ils ne comprennent pas d’autre langage que celui-là, nous leur disons : voici la note, vous allez payer, et cher !

Les insurrections des dernières années en tant de points du globe le démontrent : la révolution est parfaitement possible. Elle frappe à la porte de l’Europe – défonçons la porte!

 

CE QUI EST EST – CE QUI N’EST PAS, EST POSSIBLE.
(Einstürzende Neubauten)

 

 

 

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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 18:08

Source : http://www.arte.tv/guide/fr/057880-002/vox-pop

Vox pop

L'humanitaire dans tous ses états

 

Vox pop

L'humanitaire dans tous ses états

mardi 03 mars à 6h50 (28 min)
Déjà diffusé dimanche 01.03 à 20h10

Enquête en Allemagne sur le financement des organisations humanitaires : certaines recrutent des professionnels de la collecte d’argent, et parfois ce service dérape - Entretien avec Mark Goldring, le directeur d’Oxfam au Royaume-Uni, principale antenne de la plus grande ONG au monde - En Pologne, l’émancipation des femmes est entravée par les réticences de la très influente Église catholique.

 

 

 

 

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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 18:00

Bouffe Agro-Industrielle et Sucre Blanc (2015)

 

 

Par Gregori Gaudet Gregori Gaudet

 

Ajoutée le 27 févr. 2015

Combien d'équivalent de sucre blanc dans votre repas issu de l'agro-industrie ?
Extrait d'un épisode d'une émission de la TV Suisse : " A bon entendeur "
http://www.rts.ch/emissions/abe/63678...

 

Source : https://www.youtube.com/watch?v=N9d47NkQUEM#t=247

 

 

 

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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 16:58

Source : http://www.lemonde.fr

 

Face-à-face tendu entre anti et pro-barrage à Sivens

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par


 

 

 

A quatre jours de la décision finale du conseil général du Tarn sur l’avenir du projet de barrage à Sivens, la tension est très forte autour de la zone humide du Testet, occupée en partie par des militants hostiles au chantier. Lundi 2 mars, une centaine d’agriculteurs, à l’appel notamment des structures départementales de la FNSEA, bloquaient les deux routes permettant l’accès à cette zone boisée et vallonnée, encerclant de fait la « zone à défendre » (ZAD) tenue depuis quinze mois par des militants écologistes et « antisystème ».

 

280 gendarmes séparent les deux camps

 

Entre les deux camps, très remontés, deux cents gendarmes mobiles ont été déployés. Quatre-vingt gendarmes supplémentaires étaient attendus dans l’après-midi de lundi et d’autres renforts pourraient arriver dans les prochains jours, selon le lieutenant-colonel Sylvain Renier. « Malgré quelques noms d’oiseaux prononcés par les deux camps et un contact visuel entre eux, la situation est restée calme, a-t-il expliqué au Monde. Nous avons empêché les agriculteurs d’accéder à la ZAD. Ils restent sur leurs barrages. »

L’objectif de ces agriculteurs est de peser sur le choix du conseil général. Ils espèrent encore que le projet de barrage se réalisera, apportant ainsi une irrigation abondante pour leurs cultures, du maïs notamment. Les militants des fédérations départementales de la FNSEA voisines ont annoncé vouloir rester « jour et nuit », jusqu’à vendredi, et attendent le départ des occupants qui seraient actuellement, selon des militants de la ZAD, une cinquantaine sur la zone.

 

Deux solutions au choix

Le conseil général va devoir choisir entre deux solutions proposées par les experts mandatés par la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, Nicolas Forray et Pierre-Alain Roche. Deux scénarios restent en balance. La première alternative serait une réduction du barrage, initialement prévu pour stocker 1,5 million de mètres cubes d’eau. La capacité du nouvel ouvrage serait de 750 000 m³ dont 560 000 pour les exploitants, le reste étant destiné à soutenir le débit d’eau en période sèche. Cette solution épargnerait 7 hectares de zones humides, soit un peu plus de la moitié de la surface visée initialement. Ce barrage réduit serait construit à quelques centaines de mètres en amont sur le cours d’eau.

L’autre proposition consiste en un ensemble d’ouvrages qui éviterait la construction d’un barrage sur la rivière : une retenue latérale de 300 000 m³ serait complétée par des réserves collinaires, nombreuses dans la zone et alimentées principalement par la pluie et les eaux de ruissellement.

 

Intervention des forces de l’ordre délicate

Quelle que soit la solution choisie par le conseil général, il est probable qu’aucun des deux camps, écologistes ou agriculteurs, ne s’en satisfasse. Et la tension, déjà ancienne, risque de demeurer vive dans les prochains jours, d’autant que les pro-barrages – élus, agriculteurs – ne désirent dorénavant qu’une seule chose : l’évacuation de la zone par les occupants. Ségolène Royal a aussi annoncé son souhait de voir, dès la communication de la décision du conseil général, les zadistes quitter les lieux. Mais la mort d’un jeune militant écologiste, Rémi Fraisse, tué par une grenade lancée par les forces de l’ordre, le 26 octobre 2014, complique la donne. Et rend toute intervention des forces de l’ordre délicate.

D’ici à vendredi, les camps s’organisent donc. A Sivens, des militants solidaires des antibarrages commencent à rejoindre la zone. Lundi soir, un rassemblement de soutien à la ZAD du Testet était organisé devant le siège de la FNSEA à Paris, notamment par des militants du collectif francilien de soutien à Notre-Dame-des-Landes.

 

Voir l'image sur Twitter

Des dizaines de manifestants devant siège FNSEA à Paris, soutien à la ZAD de Sivens encerclée par des agriculteurs

 

 

 

 

Mercredi, en début d’après-midi, c’est un convoi « alimentaire », destiné à ravitailler les zadistes encerclés, qui doit quitter Gaillac pour rejoindre le Testet.

 

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 16:25


Source : http://www.lemonde.fr/planete

 

 

Dans la centrale nucléaire de Fessenheim, des incidents à répétition

Le Monde.fr | 02.03.2015 à 15h35 • Mis à jour le 02.03.2015 à 15h58 | Par Pierre Le Hir

 

 

 

La fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) est officiellement prévue avant 2017.

 

Coup sur coup, les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) ont été mis à l'arrêt. Pour des raisons bien différentes. Le réacteur 2 a été stoppé dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 février, indique EDF, dans le cadre d'un arrêt programmé destiné au remplacement d'un tiers du combustible nucléaire, ainsi qu'à la réalisation « de nombreuses activités de contrôle et de maintenance dans les parties nucléaires et non nucléaires des installations ». Cette intervention est prévue sur « plusieurs semaines », la durée moyenne d'un arrêt pour rechargement et maintenance étant de l'ordre d'un mois.

Le réacteur 1, lui, a été stoppé à la suite de la découverte par les équipes du site, le 28 février vers 19 heures, d'un « défaut d'étanchéité sur une tuyauterie située en aval du condenseur, dans la salle des machines, hors zone nucléaire ». Sur son site Internet, EDF assure que cette fuite « n'a eu aucune conséquence sur la sûreté des installations, l'environnement et la sécurité du personnel ».

Interrogé, l'électricien qualifie de « tout à fait bénin » cet incident et précise que les réparations étaient en cours lundi 1er mars, en vue d'un redémarrage rapide. Lundi, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) indiquait que l'événement était en cours d'examen et que, n'ayant pas eu d'impact sur la sûreté, il ne donnerait vraisemblablement pas lieu à une déclaration d'incident.

 

« ACCUMULATION DE PROBLÈMES »

Tel n'est pas l'avis de l'association Stop Fessenheim. « Depuis un an, les incidents – fuites, vannes mal positionnées ou erreurs humaines se multiplient, dénonce son porte-parole, André Hatz. Ce nouvel arrêt prouve une fois de plus que cette centrale fait l'objet d'un acharnement thérapeutique, alors qu'elle est en fin de vie. Il y a une accumulation de problèmes qui devient réellement inquiétante. »

 

En avril 2014, déjà, le réacteur 1 de Fessenheim avait été arrêté plusieurs semaines, en raison d'une fuite dans une tuyauterie d'alimentation en eau. Quelques jours plus tard, le réacteur 2 avait lui aussi été stoppé, à la suite de la fermeture intempestive d'une soupape de vapeur. Dans les deux cas, les parties nucléaires de la centrale n'étaient pas concernées.

 

300 MILLIONS D'EUROS DE TRAVAUX DE MODERNISATION

En tout état de cause, ces incidents à répétition font tache, sur un site nucléaire où EDF a investi ces dernières années quelque 300 millions d'euros en travaux de modernisation, dont le remplacement des générateurs de vapeur. A l'issue de leur troisième visite décennale, les deux unités, de 900 mégawatts (MW) chacune, de la centrale – la plus ancienne de France, mise en service en 1977 – ont été autorisées par l'ASN, respectivement en juillet 2011 et en avril 2013, à fonctionner pendant dix années supplémentaires, moyennant une série de prescriptions. En particulier, le renforcement de leur radier, le socle en béton destiné à confiner les matériaux radioactifs en cas de fusion du cœur.

EDF indique que 100 % des interventions demandées par l'Autorité de sûreté ont été réalisés sur la tranche 1, et 88 % sur la tranche 2, les autres devant l'être en 2015. Restent toutefois à achever les travaux imposés à toutes les centrales françaises après l'accident de la centrale japonaise de Fukushima, le 11 mars 2011, en particulier la mise en place d'un « noyau dur » préservant les fonctions vitales des réacteurs en cas d'accident majeur. Le 18 février, le directeur du site alsacien, Thierry Rosso, déclarait qu'à l'égard des prescriptions post-Fukushima, Fessenheim « était en avance sur le reste du parc nucléaire français ».

Lire le décryptage : Pourquoi la centrale nucléaire de Fessenheim est-elle ciblée ?

 

LA MISE À LA RETRAITE EN QUESTION

Pour les antinucléaires, la mise à la retraite de la doyenne des centrales françaises, située en zone sismique et exposée au risque d'inondation, du fait de sa position à 8 mètres en contrebas du Grand Canal d'Alsace, est plus que jamais à l'ordre du jour. François Hollande s'était engagé, lors de la campagne pour l'élection présidentielle, à la fermer fin 2016. Une promesse plusieurs fois réitérée depuis son élection.

Jusqu'à ces derniers mois, le scénario était celui d'un plafonnement du parc nucléaire hexagonal à sa puissance actuelle de 63,2 gigawatts (GW). Ce qui obligeait, en vue de la mise en service, prévue en 2017, de l'EPR de Flamanville (Manche), de 1 650 MW, à fermer deux tranches nucléaires de 900 MW. Mais, récemment, la ministre de l'écologie, Ségolène Royal, a laissé entendre que ce couperet pourrait toucher d'autres unités que les deux réacteurs alsaciens.

En outre, la loi de transition énergétique, telle que les sénateurs s'apprêtent à la voter mardi, a relevé le plafond de la puissance du parc à 64,85 GW. Ce qui, si les députés ne reviennent pas au plafond initial lors de la suite de l'examen du projet de loi, permettrait d'ouvrir Flamanville sans fermer Fessenheim ni aucun autre des 58 réacteurs actuels.

Lire : Transition énergétique : comment le Sénat a changé la loi

Stop Fessenheim voit en tout cas, dans le fait que, depuis samedi soir, « l'Alsace reste alimentée en électricité » malgré l'indisponibilité complète des deux réacteurs du Haut-Rhin, la preuve que « la France peut très bien se passer de Fessenheim ».

 


Source : http://www.lemonde.fr/planete

 

 

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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 16:14

 

Source : http://paris-luttes.info

 

 

Soutien au Testet : rassemblement 18h30 devant la FNSEA

Publié le 2 mars 2015 |

8e arrondissement | Testet | Milice

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis ce matin (lundi 2 mars), des agriculteurs de la FNSEA bloquent l’accès au site de Sivens, contre la ZAD. Appel à un rassemblement lundi 2 mars à 18h30 devant le siège de FNSEA, 11 rue de la Baume, dans le 8ème arrondissement, Métro Miromesnil.

Depuis plusieurs mois maintenant, le harcèlement des pro-barrage à l’encontre des opposants se fait de plus en plus virulent et violent, avec des passages à tabac, des destructions des infrastructures des opposants, des intimidations aux abords de la zone d’occupation. La situation devient intenable et relève de l’état de siège : les soutiens sont empêchés de pénétrer la zone, les occupants peinent à se ravitailler.

Les pro-barrage agissent avec la bénédiction de la direction départementale de la FNSEA et la complicité des gendarmes qui refusent d’enregistrer les plaintes des personnes agressées et dépouillées par des pro-barrage et se contentent la plupart du temps d’assister passivement aux événements.

Alors que la ZAD du Testet est menacée d’expulsion imminente, que les partisans du projet se voient déjà en aménageurs victorieux dans un futur proche, il devient plus qu’urgent de soutenir les ami-e-s qui se sentent bien isolé-e-s dans la lutte sur place et appellent à l’aide [1] depuis maintenant deux semaines dans un silence assourdissant.

Parce que nous ne voulons pas de barrage à Sivens,
Parce que nous nous opposons aux logiques agricoles productivistes,
Parce que nous n’oublierons pas que les gendarmes ont tué Rémi Fraisse,
Parce que nous n’acceptons pas que des milices brutales imposent leur
vision opportuniste,
Parce que nous luttons contre les aménageurs et leur monde,

Nous appelons à un rassemblement lundi 2 mars à 18h30 devant le siège de la FNSEA, 11 rue de la Baume, dans le 8ème arrondissement, Métro Miromesnil.

Des membres du collectif francilien de soutien à Notre-Dame-des-Landes
et des ami-e-s et soutiens de la lutte au Testet

Notes

[1] https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/2015/02/26/expression-libre-ne-laissez-pas-la-zad-du-testet-mourrir-agissez/

 

 

 

Source : http://paris-luttes.info

 

 

 

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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 16:11

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

En images 01/03/2015 à 15h23

L’hommage massif des Russes à l’opposant assassiné Boris Nemtsov

Pierre Haski | Cofondateur

 

 

 

« Les héros ne meurent jamais » : la manifestation en hommage à Boris Nemtsov, dimanche 1er mars à Moscou (SERGEI GAPON/AFP)

 

 

Par dizaines de milliers, les Moscovites sont venus ce dimanche rendre un dernier hommage à Boris Nemtsov, le leader d’opposition assassiné dans la nuit de vendredi à samedi, à quelques mètres du Kremlin.

En tête de l’impressionnant cortège, une banderole proclamait « Les héros ne meurent jamais », avec le portrait de Boris Nemtsov, dont le meurtre a choqué et bouleversé une partie de la société russe. Les circonstances de sa mort et les réactions de la société civile russe resteront un moment important du « règne » de Vladimir Poutine.

Cette marche silencieuse a remplacé la manifestation anti-Poutine à laquelle Boris Nemtsov avait lui-même appelé, en particulier pour s’opposer à la politique du président russe en Ukraine. Nemtsov était l’un des plus vocaux sur ce sujet, préparant, selon ses amis, un dossier sur l’implication de l’armée russe dans le soutien aux séparatistes russes de l’est de l’Ukraine.

Les images de cette manifestation sont impressionnantes. Celle-ci, transmise par la correspondante du Monde, Isabelle Mandraud :

 

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Manifestation en mémoire de ,

 

Ou d’autres qui montrent l’ampleur du cortège...

 

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Boris Nemtsov mourning rally in Moscow

 

Ou encore prises à l’intérieur du cortège.

 

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"Heroes don't die" /"Four bullets for telling the truth"

 

Et même un « Je suis Boris Nemtsov » en français et cyrillique qui inscrit cet événement dans une conscience universelle contre la barbarie.

 

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« Je suis Борис Немцов » « Je suis Boris Nemtsov » (manifestation Moscou Photo Savostyanov Sergei/ITAR-TASS)

 

On n’en sait pas beaucoup plus sur le meurtre lui-même, sinon que les tentatives des cercles du pouvoir russe de semer la confusion se sont multipliées : ça va de la piste islamiste suggérée par certains, au « mari jaloux » relayé complaisamment par d’autres, aux querelles internes à l’opposition, ou encore à la « provocation étrangère », qui a la faveur d’une partie de la classe politique russe, et même d’un lien avec Charlie Hebdo, comme le relève le New York Times.

On terminera par cet humour involontaire du compte Twitter de Sputnik, le dernier-né des médias officiels russes, qui relaye cette importante prise de position de Marine Le Pen, qui dit faire confiance à la justice russe...

 

Sputnik France @sputnik_fr

Meurtre de : Marine Le fait confiance à la justice russe http://bit.ly/1zuJ0Aa 

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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