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28 mars 2015 6 28 /03 /mars /2015 22:20

 

Source : http://cadtm.org

 

CADTM

 

Déclaration de l’Assemblée des mouvements sociaux - Forum social mondial 2015

Tunis 27 mars

28 mars par Assemblée des mouvements sociaux

 

 

 

Les peuples unis ne seront jamais vaincus !

 

Nous, réuni-e-s lors de l’Assemblée des mouvements sociaux du Forum social mondial 2015 à Tunis, avec notre diversité, pour construire un agenda commun de luttes contre le capitalisme, l’impérialisme, le patriarcat, le racisme et toutes les formes de discrimination et d’oppression.

Nous avons construit une histoire et un travail commun qui a permis des avancées, avec l’espoir de réaliser la victoire contre le système dominant et concrétiser plusieurs alternatives pour un développement socialement juste et respectueux de la nature.
 
Les peuples du monde entier subissent aujourd’hui l’aggravation d’une crise profonde du capitalisme dans laquelle les sociétés privées transnationales, les banques, les conglomérats médiatiques, les institutions financières internationales cherchent à accroître leurs profits au prix d’une politique interventionniste et néo-colonialiste, avec la complicité des gouvernements libéraux.

Guerres, occupations militaires, traités néo-libéraux de libre-échange (Transatlantique, transpacifique, ALECA, UE-MERCOSUR, APE, MERCOSUR-Israël et différents traités bilatéraux) et politiques d’austérité se voient traduits en paquets économiques qui privatisent les biens communs et les services publics, baissent les salaires, violent les droits, augmentent le chômage, la précarité et la surcharge des femmes dans le travail de soins et détruisent la nature.
 
Ces politiques néolibérales affectent lourdement à la fois les pays du Sud et les pays du Nord, augmentent les migrations, les déplacements forcés, les délogements, l’endettement et les inégalités sociales. Elles renforcent le conservatisme et le contrôle sur le corps et la vie des femmes. Elles nous imposent « l’économie verte » comme fausse solution à la crise environnementale et alimentaire, ce qui non seulement aggrave le problème, mais débouche sur la marchandisation, la privatisation et la financiarisation de la vie et de la nature. 
 
Nous affirmons que les peuples ne sont pas responsables de cette crise et ne doivent pas en payer le prix, et qu’il n’y a pas d’issue possible au sein du système capitaliste. Ici, à Tunis, nous réaffirmons notre engagement pour la construction d’une stratégie commune de lutte contre le capitalisme. C’est pour ça que, nous, les mouvements sociaux luttons : 

 

Contre les transnationales et le système financier (FMI, BM et OMC), principaux agents du système capitaliste, qui privatisent la vie, les services publics et les biens communs comme l’eau, l’air, la terre, les semences, les ressources minérales, promeuvent les guerres, violent les droits humains et pillent les ressources. Les transnationales reproduisent des pratiques extractivistes nuisibles à la vie, accaparent nos terres et développent des semences et aliments transgéniques qui privent les peuples de leur droit à l’alimentation et détruisent la biodiversité.

Nous luttons pour l’annulation de la dette illégitime et odieuse qui est aujourd’hui un instrument global de domination, de répression et d´asphyxie économique et financière des peuples. Nous refusons les accords de libre-échange que nous imposent les États et les transnationales et nous affirmons qu’il est possible de construire une mondialisation d’un autre type, par les peuples et pour les peuples, fondée sur la solidarité et sur la liberté de circulation pour tous les êtres humains.

 

Nous soutenons l’appel à la journée d’action internationale contre les traités de libre échange prévue le 18 avril 2015.
 
Pour la justice climatique et la souveraineté alimentaire parce que nous savons que le réchauffement global est le résultat du système capitaliste de production, distribution et consommation. Les transnationales, les institutions financières internationales et les gouvernements qui sont à leur service ne veulent pas réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Nous dénonçons « l’économie verte », et refusons les fausses solutions à la crise climatique comme les agrocarburants, les organismes génétiquement modifiés, la géo-ingénierie et les mécanismes de marché de carbone, comme le REDD (Réduction des Émissions liées à la Déforestation et à la Dégradation), qui font miroiter aux populations appauvries des progrès, tout en privatisant et transformant en marchandises les forêts et territoires où ces populations ont vécu pendant des millénaires.
 
Nous défendons la souveraineté alimentaire et l’agriculture paysanne qui sont les solutions réelles à la crise alimentaire et climatique, ce qui signifie aussi l’accès à la terre pour celles et ceux qui la travaillent.

Nous appelons à une grande mobilisation sur le climat au mois de décembre 2015 à Paris en marge de la COP21. Faisons de 2015 l’année des mobilisations des mouvements sociaux partout dans le monde pour la justice climatique.
 
Contre la violence envers les femmes qui est exercée régulièrement dans les territoires occupés militairement, mais aussi contre la violence dont souffrent les femmes quand elles sont criminalisées parce qu’elles participent activement aux luttes sociales. Nous luttons contre la violence domestique et sexuelle qui est exercée sur les femmes quand elles sont considérées comme des objets ou marchandises, quand leur souveraineté sur leur corps et leur spiritualité ne sont pas reconnues. Nous luttons contre la traite des femmes, des filles et garçons.

Nous défendons la diversité sexuelle, le droit à l’autodétermination du genre, et nous luttons contre l’homophobie et les violences sexistes.

Nous appelons à soutenir les actions de la 4e marche mondiale des femmes entre mars et octobre 2015.
 
Pour la paix et contre la guerre, le colonialisme, les occupations et la militarisation de nos territoires. Nous dénonçons le faux discours de défense des droits humains et des combats aux intégrismes, qui sont souvent utilisés pour justifier les interventions militaires. Nous défendons le droit à la souveraineté et à l’auto-détermination des peuples. Nous dénonçons l’installation des bases militaires étrangères pour fomenter des conflits, contrôler et piller les ressources naturelles et promouvoir des dictatures en divers endroits du monde.

Nous exigeons des réparations pour tous les peuples du monde victimes du colonialisme.
 
Pour la démocratisation des médias de masse et la construction de médias alternatifs, qui sont fondamentales pour faire renverser la logique capitaliste.

Pour la résistance et la solidarité : Nous luttons pour la liberté de nous organiser dans des syndicats, des mouvements sociaux, des associations et toutes autres formes de résistance pacifique.

Nous dénonçons l´intensification de la répression contre les peuples rebelles, les arrestations, emprisonnements et assassinats des activistes, des étudiants et des journalistes. Ainsi que la criminalisation de nos luttes.

Inspirés par l’histoire de nos luttes et par la force rénovatrice des peuples dans les rues, l’Assemblée des mouvements sociaux appelle toutes et tous à développer des actions de mobilisation coordonnées au niveau mondial dans une semaine globale de luttes contre le capitalisme du 17 au 25 octobre 2015.

Mouvements sociaux du monde entier, avançons vers une unité globale pour défaire le système capitaliste !

Renforçons notre solidarité avec les peuples du monde qui luttent au quotidien contre l’impérialisme, le colonialisme, l´exploitation, le patriarcat, le racisme et l’injustice, en Tunisie, en Palestine, au Kurdistan, en Syrie, en Irak, en Lybie, en Grèce, en Espagne, au Burkina Faso, au Mali, au Congo (RDC), en Centre Afrique, au Sahara occidental…

Vive la lutte de tous les peuples !

Les peuples unis ne seront jamais vaincus !

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 21:45

 

Source : http://www.reporterre.net

 

Le mensonge nucléaire reste impuni en France

27 mars 2015 / Etienne Ambroselli
 


 
 

Jeudi 26 mars, le tribunal de grande instance de Nanterre a rendu son jugement à propos de Cigeo. Les associations opposées au projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure poursuivaient l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), au motif que celle-ci a caché l’existence d’une importante ressource géothermique sur le lieu même du site envisagé. Le tribunal n’a pas contesté les faits, mais jugé que c’était, non pas aux associations de poursuivre, mais à l’Etat... Quant aux associations, elles sont condamnées à payer 3 000 euros à l’Andra !

 

L’avocat des association, Me Ambroselli, réagit.


L’ANDRA peut désinformer depuis quinze ans les Français sans que sa responsabilité puisse être mise en cause. Les associations de protection de l’environnement n’ont pas d’intérêt à agir contre l’ANDRA. Seules, selon le juge de grande instance, les « autorités publiques » peuvent engager la responsabilité de l’ANDRA pour faute dans l’exécution de sa mission.

C’est ce que l’on est contraint conclure des termes du jugement rendu le 26 mars 2015 par le Tribunal de grande instance de Nanterre dans la procédure dont les associations Réseau Sortir du nucléaire, Bure Stop 55, le Cedra, l’l’Asodedra, Les Habitants Vigilants de Gondrecourt et Mirable Lorraine Nature Environnement ont pris l’initiative.

L’objectif de l’action des associations antinucléaires est de mettre fin à cette désinformation qui est un mode de fonctionnement aussi habituel que daté et antidémocratique, malheureusement habituel chez les exploitants nucléaires historiques.

Il s’agit plus particulièrement ici d’obtenir la reconnaissance par le juge civil de la faute de l’ANDRA pour avoir manqué à sa mission d’information du public.

L’ANDRA a divulgué des informations erronées en ce qui concerne l’intérêt particulier de la ressource géothermique du site de Bure sur lequel est envisagée l’implantation du centre d’enfouissement des déchets radioactifs les plus dangereux appelé Cigeo et les risques de perforation des déchets qui en résultent lorsque la mémoire de l’existence de ce centre et de son contenu sera susceptible d’avoir disparu.

Ces déchets radioactifs resteront dangereux pour des centaines de milliers d’années. Pour déterminer un lieu destiné à leur enfouissement, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a mis en place des règles de sûreté : en particulier, ne pas enfouir de déchets à l’aplomb d’une ressource géothermique présentant un intérêt particulier. Une fois le site construit, l’ASN reconnaît le risque d’une perte de mémoire de celui-ci, qu’elle situe « raisonnablement au-delà de 500 ans ». Si la ressource géothermique -aujourd’hui déjà exploitable- venait à être exploitée dans plusieurs siècles, les conséquences de la perforation des alvéoles de stockage et, de ce fait, des conteneurs de déchets seraient gravissimes pour la santé et la sécurité des populations.

Or, le sous-sol de Bure renferme précisément une ressource géothermique conséquente, connue des géologues depuis les années 1980 mais dont l’ANDRA s’est efforcée avec ténacité de cacher l’existence pour y faciliter l’implantation du centre !..

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 19:54

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

A Grenoble, l’alliance écolo-gauche-citoyens, ça marche !

27 mars 2015 / Barnabé Binctin (Reporterre)
 


 

 

Il y a un an, une équipe écolo-gauche-citoyens remportait la mairie de Grenoble. Mène-t-elle bien la barque ? Pour le savoir, Reporterre est allé voir. Constat : le difficile équilibre entre idéaux et réalité. Le bilan : bon, malgré des erreurs et les finances en berne laissées par l’équipe précédente.

- Grenoble, reportage

Un nouveau concept météo a été inventé pour le micro-climat politique de Grenoble : un nouvel anticyclone baptisé la « radicalité pragmatique » par Eric Piolle, le maire de Grenoble, dans une interview sur France Info. A l’heure de célébrer sa première bougie à la tête de la ville, la formule consacre un premier bilan de la nouvelle équipe : la radicalité pour le maintien de la ligne du projet politique, mais le pragmatisme pour sa nécessaire adaptation… à moins que ce ne soit l’inverse. Une ambiguité qui nourrit le débat : les uns dénoncent des contradictions irréconciliables. Et les autres assument : la radicalité pragmatique, c’est profiter de l’exercice du pouvoir pour tenter d’en changer l’orientation.

 

 

« On ne peut pas réussir un changement tout seul. La vraie exigence, quand on est radical, c’est d’associer tout le monde. La radicalité pragmatique, c’est donc d’être prêt à travailler avec les grands industriels si ça nous permet d’atteindre nos objectifs », explique un conseiller du maire.

Mais pour Le Postillon, journal satirique grenoblois, les masques tombent : « Peut-être que leur courage politique n’est pas à l’endroit attendu. Pas pour combattre les multinationales, pas pour défendre le service public, mais pour aboutir à des résultats éco-techniques », juge-t-il.

L’épineuse question de l’éclairage public

En cause, la question de l’éclairage public à Grenoble. Le marché a été mis en concurrence par une procédure d’appel d’offres en 2012 et la commission publique rend son verdict quelques mois seulement après que l’équipe municipale a hérité du dossier : l’offre la plus intéressante était émise par une filiale de Vinci. C’est ainsi que l’éclairage public, jusque-là en Société d’économie publique, doit passer dans les prochains mois dans le giron du privé.

L’adjoint au maire chargé de l’urbanisme, Vincent Fristot, insiste sur l’efficacité : « L’enjeu est d’améliorer la qualité et le coût de l’éclairage public, jusqu’alors délaissé par les précédents gestionnaires. Or, l’offre sélectionnée doit permettre de diviser par deux la consommation d’énergie et de réduire ainsi la facture des grenoblois », explique-t-il à Reporterre.

« L’intention est louable. Mais cette petite ambition (il y a bien plus dispendieux comme gouffre énergétique) doit-elle être plus importante que la lutte contre les grands groupes privés ? », interroge-t-on du côté du Postillon.

La mairie assume sereinement. Et veut y voir l’opportunité d’appliquer sa "pédagogie de la décision" : chaque polémique doit être l’occasion de partager sa réflexion avec l’ensemble des administrés. Et de justifier la nouvelle logique de l’exécutif grenoblois : finies les postures dogmatiques de principe, les oppositions entre idéologies et pragmatismes. Ce qui compte, c’est le résultat.

Majorité originale

Un ton qui déroute, à l’image de la majorité originale qui gouverne la seizième ville de France depuis un an. La coalition de responsables politiques EELV et PG avec des mouvements associatifs historiques de la ville – l’ADES et le réseau citoyen – a ouvert une brèche dans un paysage politique sclérosé.

Sous les projecteurs, l’équipe municipale a engagé des premières réformes. Sur la pratique des élus d’abord : baisse de rémunération des élus de 25 %, retransmission en direct sur internet des conseils municipaux, et fin de la voiture avec chauffeur pour un maire qui se déplace à vélo tous les jours.

Puis décision de ne pas reconduire le partenariat avec Decaux pour les panneaux publicitaires, « un moyen de desserrer l’étau de l’intérêt privé et de combattre la commercialisation de l’espace public », selon Elisa Martin, la première adjointe au maire.

 

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Eric Piolle et Elisa Martin (à droite)

Par ailleurs, la ville s’est engagée à un effort supplémentaire de 20 % d’efficacité énergétique par rapport à la règlementation thermique. Elle rend des avis négatifs sur les projets de crèche privée – « pour ne pas faire des politiques de l’enfant un nouveau grand marché », dixit Elisa Martin. Elle a adopté un Plan local d’urbanisme qui plafonne la hauteur maximale de construction en ville à 33 mètres. Elle a annoncé la fin du développement des caméras de vidéosurveillance et un retour à l’armement partiel pour la police municipale. Elle prépare un service public de l’eau qui offrirait la gratuité des premiers mètres cubes.

 

Paquebot municipal dans la tourmente du budget

« Ils sont rentrés dans le noyau dur de la politique locale », analyse Alain Dontaine, compagnon de route du PG. Un baptême parfois délicat pour une équipe surprise par son succès : « Personne n’avait anticipé qu’on se retrouve seul à la barre, avec un Parti socialiste refusant l’alliance au second tour », se souvient Pierre Meriaux, aujourd’hui conseiller municipal délégué au tourisme et à la montagne.

Beaucoup découvrent ce « paquebot municipal », lourd à gérer avec ses inerties administratives - et des secousses inattendues. La plus violente est venue du budget 2015. Tous racontent le traumatisme de cinq jours de séminaire consacré à boucler un budget inférieur à celui de l’année précédente. Avec une équation quasi insoluble : où trouver de la ressource avec un budget annuel de 280 millions d’euros saigné de près de 40 millions sur les trois prochaines années en raison des baisses de dotation de l’Etat, alors que le taux d’endettement de la ville est très élevé et que l’impôt y est déjà l’un des plus chers de France ?

« Si on dérape d’un millimètre, on sera mis sous tutelle du préfet et cela signera la fin de tout volontarisme politique », résume Elisa Martin.

 

 

« Nous n’avions pas mesuré l’ampleur du dégât financier : c’est une gabegie totale, ils ont brûlé de l’argent… », raconte Pierre Meriaux. L’équipe découvre que si l’argent est le nerf de la guerre, l’austérité structure les choix politiques en politique.

Conséquence : baisse des subventions aux associations, report des grandes promesses de campagne comme la construction de nouveaux bâtiments scolaires. Pis encore, l’un des engagements les plus symboliques – la gratuité des transports en commun pour les 18-25 ans – est remis en cause. Le coût de la mesure est estimé à 3 millions d’euros, la baisse de la subvention aux transports du Conseil Général d’Isère s’élève elle à 11 millions d’euros…

 

Déceptions

Candidat aux dernières élections départementales, Alain Dontaine dit ressentir la déception de nombreux concitoyens : « Nos réalisations ne sont pas à la hauteur de ce qu’attendaient les Grenoblois. On s’était présentés sur une démarche anti-austérité, mais on s’est pris l’austérité de plein fouet et on finirait presque par faire nous-mêmes de l’austérité », constate-t-il.

Du côté de l’exécutif grenoblois, on refuse l’auto-flagellation : « Céder à l’austérité, c’est mettre les lunettes d’un comptable sur tous les budgets. Ce n’est pas notre cas, puisque nous assumons des choix et des priorités politiques », explique-t-on du côté du cabinet du maire. Une référence directe à l’épisode des musiciens du Louvre.

 

 

En décembre, la mairie décide de supprimer les 438 000 euros de subvention au célèbre ensemble instrumental de la ville.

Face aux 180 demandes de subvention dans le secteur culturel pour les 3 millions d’euros restant de subvention, l’équipe municipale justifie son choix par une meilleure répartition des aides et la protection des plus petites structures, quand les musiciens du Louvre bénéficient encore d’une trésorerie confortable, avec 400 000 euros de placement selon Corinne Bernard, adjointe à la culture.

Mais l’affaire résonne comme une fausse note. Amateurisme et problèmes psychiatriques, assène le directeur de l’orchestre sur France Musique.

Quelques jours après l’attentat de Charlie Hebdo, le président du Conseil Régional Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, accuse même la mairie de Grenoble de « crime contre l’esprit ».

Garder la cohésion malgré tout

« Les nouveaux venus ont parfois été sidérés par la violence des interpellations, dit Pierre Meriaux. Nous n’avions pas mesuré les ressorts d’influence du PS dans le monde de la culture. C’est notre apprentissage des petits codes du métier politique ».

Un apprentissage qui opère collectivement. Si la majorité semble parfois payer un coût médiatique très élevé, les attaques glissent sur eux. L’épisode Raise Partners, qui vise personnellement Eric Piolle, détenteur d’actions dans une société financière ? Chacun dans l’équipe y va de son mot pour relativiser la critique – « de l’optimisation financière, pas fiscale, c’est très différent ».

Ce qui ne tue pas l’équipe municipale la rend plus forte. Pour Elisa Martin, « la bataille est très dure, mais cela renforce la solidarité. Notre rassemblement est un bloc qu’il est difficile de fissurer ». Fruit de l’association de cultures politiques différentes, ce rassemblement tient plus à un « alliage » qu’à une alliance, « trop contractuelle » selon Olivier Bertrand, conseiller municipal : « C’est bien plus qu’un simple accord entre mouvements ».

 

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Une au lendemain de la victoire aux municipales de mars 2014

En témoigne ce choix de ne constituer qu’un seul groupe politique pour représenter la majorité, gardant la bannière sous laquelle elle a été élue : le Rassemblement Citoyen de la Gauche et des Ecologistes (RCGE). « Non seulement c’est un fait assez rare pour avoir puissance de symbole, mais c’est surtout une réalité au quotidien : il n’y a pas de sous-groupes EELV ou PG, la majorité vit comme un ensemble assez homogène. C’est ce qui sous-tend tout le reste », poursuit Olivier Bertrand.

 

Expérience reproductible ?

L’expérience peut-elle en inspirer d’autres ? « Ce qui se passe à Grenoble n’est pas transposable en tant que tel. C’est le fruit de plusieurs années de mobilisation citoyenne sur différents thèmes : c’est en actes sur le terrain et non sur des communiqués de presse de parti que cette victoire s’est construite », dit Raymond Avrillier, fin connaisseur de la politique locale et grand ouvrier de cette construction collective.

Dans cette approche qui remet en cause une logique du tout-parti, Elisa Martin voit cependant une méthode qui peut servir de modèle : « Cela marche parce qu’on s’est choisi humainement et en accord sur des valeurs. La clé reste la mobilisation collective et citoyenne...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 19:10

 

Source : http://www.huffingtonpost.fr

 
VIDÉO. Dans cette librairie espagnole, le client choisit le prix de ses livres

 |  Par

 

Publication: Mis à jour:

VÍDEO TUUULIBRERIA from TUUULIBRERIA on Vimeo.

 

ECONOMIE - Prenez autant de livres que vous le souhaitez et payez le prix que vous voulez. C’est vous qui choisissez. Voici la philosophie -sans arnaque ni trucage- de Tuuu Librería, la branche la plus culturelle de l’ONG Yooou.

Dans sa boutique de la rue Covarrubias, à Madrid, les livres ont de la valeur, mais pas de prix, et chaque euro déboursé sert à financer des projets de promotion de la lecture en Espagne et en Amérique latine. “Ce que nous voulons c’est que chaque citoyen nous donne ce qu’il veut ou ce qu’il peut, qu’il pense à la valeur des livres et ce que nous pouvons en faire, en toute liberté”, indique Carmen Chato, responsable du projet.

L’initiative a vu le jour en septembre 2012, sous l’inspiration du projet The Book Thing, originaire de Baltimore (Etats-Unis), qui consiste à mettre des livres à la disposition de la communauté. Si les Américains se concentraient sur le monde de l’enseignement et n'ouvraient que le week-end, Tuuu Librería a décidé d’embrasser tous les genres de littérature et d’ouvrir tous les jours, y compris les jours fériés, afin d’atteindre un double objectif: promouvoir la lecture et éviter la destruction des livres.

"Chaque jour, declare Carmen Chato, environ un millier de livres entrent et sortent de la boutique". Impossible de calculer le nombre d’ouvrages ayant franchi ses portes lors de ces deux années et demie, étant donnée l'"immense" participation des donateurs et acheteurs, qui a même obligé l’association à déménager vers un espace plus grand et l'amènera, fin mars début avril, à ouvrir son deuxième magasin, rue Padilla, à Madrid.

On y trouve au choix oeuvres classiques, polars, histoires d’amour, livres de développement personnel, bandes dessinées, contes pour enfants... Les deux seuls genres qui n’y sont pas admis sont les manuels et les encyclopédies, trop rapidement obsolètes par rapport au système d’éducation moderne.

Avec une offre aussi riche, les palettes qui font office d’étagères semblent en permanence sur le point d’exploser. On trouve des livres empilés à chaque recoin, en équilibre précaire, miraculeux. Mais on ne voit pas de prix. Il n’y en a pas. Chacun donne ce qu’il veut. Les seules recommandations concernent les DVD, car il y a aussi des DVD. On demande un euro par film. “Auparavant nous étions un vidéoclub, c’est pourquoi nous demandons cet euro, si possible, afin de pouvoir continuer à survivre”, ajoute la responsable du projet.

Sur un des murs, un patchwork de post-its multicolores indique les demandes de lecteurs pour un livre en particulier, qui arrivera sûrement dans la journée. Et sur le comptoir, un panier avec des "rendez-vous à l’aveuglette", livres cachés sous du papier obscur, “afin que les lecteurs laissent tomber leurs préjugés et se laissent aller à l’aventure de la lecture”, déclare Carmen Chato.

Aucune somme n’est obligatoire. Les 25 volontaires qui travaillent dans le local ne demandent rien. Chacun donne selon sa conscience. Une seule chose, cependant: tous les ouvrages doivent sortir avec un tampon portant le label Yooou, servant à empêcher la revente. Nombre d’entre eux sont dans un état impeccable, comme s’ils venaient juste d’être imprimés.

 

6 bibliothèques et 89 bourses

Grâce à cette initiative, l’ONG est déjà parvenue à offrir des livres à une vingtaine d’institutions espagnoles, collèges, hôpitaux et maisons de retraite à travers le pays. Avec l’argent des ventes, et les dons ponctuels ou les sommes récoltées grâce au reste des projets de l’ONG – à l’origine, Yooou s’appelait Association des professeurs et élèves solidaires-, six bibliothèques ont été construites au Nicaragua, au Pérou, en République Dominicaine et en Bolivie.

89 enfants issus de ces régions ont reçu des bourses qui leur ont permis d’aller à l’école et d’acheter des fournitures essentielles. Par ailleurs, en Espagne, l’association aide à financer des classes extra-scolaires à des enfants ayant besoin d’aide mais qui n’ont pas l’argent pour. 500 élèves en profitent déjà. Ce projet se voit compléter avec la campagne "Professeurs solidaires", qui réinjecte l’argent gagné par l’association lors de cours particuliers vers des projets éducatifs dans des zones défavorisées.

Tuuu Librería est aussi à l’origine de clubs de lecture dans des espaces comme le Café Comercial, l’un des plus connus de Madrid, et met constamment son blog à jour avec des comptes rendus et suggestions de livres. Le modèle de cette "librairie de rotation" a déjà été imité à Barcelone, Málaga, et Torrelodones (région de Madrid).

Cet article, paru à l’origine sur le Huffington Post Espagne, a été traduit de l’espagnol par Matthieu Carlier.

 

 

Source : http://www.huffingtonpost.fr

 

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 18:02

 

Source : http://www.culturemobile.net/visions/bernard-stiegler-emploi-est-mort-vive-travail

 

Bernard Stiegler : L’emploi est mort, vive le travail !
Réinventer le travail à l’ère de l’automatisation

 

D’ici une vingtaine d’années, l’automatisation va déferler sur tous les secteurs de l’économie mondiale et signer la mort définitive de l’emploi. Et si c’était une vraie bonne nouvelle ? Parce que l’emploi, cette activité privée de sens qui est sanctionnée par un salaire, a détruit le travail, explique le philosophe Bernard Stiegler. Et parce que la fin de l’emploi est l’occasion de réinventer le travail au cœur de nos sociétés du numérique, de construire une économie contributive en lieu et place de cette «économie de l’incurie» qui nous détruit à petit feu.
Un bout de colline à monter avec Bernard Stiegler

Bernard Stiegler n’est ni un maître à penser ni un chef de meute. Il ne défend nul dogme, ne prétend détenir aucune vérité. Pourtant il se bat comme personne pour défendre ses convictions et les faire vivre au cœur du monde «réel». Et c’est ainsi qu’il a été avec d’autres en 2005 à l’origine de la création d’Ars Industrialis, «association internationale pour une politique industrielle des technologies de l’esprit».

Ce philosophe a quelque chose de présocratique. À chacune de nos rencontres, depuis près de quinze ans, il m’a éclairé. Il m’a «élevé» au sens propre du terme. L’homme ne cherche pas à vous séduire. Il ne dit pas : prenons ensemble l’ascenseur pour mieux observer l’agitation du commun des mortels, là en bas. Il vous suggère juste de monter avec lui sur la colline, par les chemins les plus escarpés. A l’oral comme à l’écrit, ce sage à l’air foutraque, cheveux en bataille et œil malicieux, ne vous fait pas de cadeau. Il ne travestit pas son langage, volontiers complexe. C’est à vous, si vous en avez l’envie, de grimper à ses côtés vers le sommet qu’il vous pointe du doigt, juste pour partager sa vision et discuter du monde comme il ne va pas… et comme il devrait aller.

La société du tout jetable est déprimante

Stiegler n’est pas parfait et ne cherche pas à l’être, loin s’en faut. Au cœur de notre conversation, pas loin parfois du monologue, il se met à parler des gens du commun, auxquels il s’identifie bien plus qu’aux grands manitous du marketing. «Les gens sont malheureux et dépressifs», dit-il doucement, avant d’ajouter comme en aparté :

La dépression, les gens ne l’avouent pas. Je suis moi-même dépressif et accablé par tout cela. Pour se soigner de ce genre de dépression, il n’y a pas d’autre solution que de concevoir et réaliser un avenir au-delà de la jetabilité qui est la négation même de l’avenir – la première période de la destruction créatrice, jusque les années 1970, ne reposait d’ailleurs pas sur le jetable…

De la «destruction créatrice» à «l’économie de l’incurie»

Il fait ici référence à ce que l’économiste Joseph Schumpeter appelait, il y a presque un siècle, «la destruction créatrice», soit la capacité du système capitaliste à se renouveler pour augmenter ses gains de productivité, à se réinventer sans cesse grâce à l’innovation et au modèle consumériste. Or, selon Bernard Stiegler, la révolution conservatrice de la fin des années 1970 et du début des années 1980, en séparant le capitalisme financier du capitalisme industriel, a cassé ce mécanisme de renaissance permanente :

La destruction, qui était autrefois créatrice, qui a permis de développer une véritable prospérité, d’abord américaine, puis européenne, puis planétaire, détruit désormais les systèmes sociaux, les structures sociales, les environnements naturels, les environnements mentaux, etc.

La «destruction créatrice» et l’État providence mis en place ensuite par Keynes et Roosevelt autour de 1933, pour répondre à la crise et permettre le partage de la richesse, notamment par la transformation des prolétaires en consommateurs, est donc décédée.

Ce système, conçu au départ pour être solvable, a démontré son insolvabilité avec ladite crise des subprimes en 2008. Il a muté en une «économie de l’incurie», synonyme de «jetabilité et poubellisation généralisées, y compris des emplois et donc du pouvoir d’achat». En d’autres termes, notre économie ne prend plus soin de ses ouailles. Pire : elle les détruit par défaut de soin.

L’automatisation, oui ! Mais sans alimenter l’incurie !

Or les nouvelles technologies, laissées à l'incurie, sont elles aussi terriblement toxiques. Qu’elles éliminent l'emploi, l’offrant à des robots bien plus performants en matière d’automatisation ? Là n'est pas le problème. Bien au contraire : lorsqu'en Australie, la mine et le camion automatisés de la société Rio Tinto suppriment les emplois de mineurs de fond pour créer bien moins de postes d'ingénieur ou de développeur informatique, ce serait plutôt une excellente nouvelle !

Que les emplois mécaniques soient occupés par des machines ! Et que les êtres humains «supervisent» et surtout se chargent de briser les cadres et d’outrepasser les routines !

Non, c’est lorsque le saint Graal numérique alimente lui aussi l'incurie généralisée qu’il y a de quoi s’alarmer. Car les nouvelles technologies sont un pharmakon, à la fois poison et remède : sans un système de soin, uniquement utilisées à des fins de marketing et de profit à court terme, elles tuent lentement et sûrement corps et âmes, deviennent de redoutables auxiliaires de notre prolétarisation, c'est-à-dire du dynamitage organisé de nos savoirs, savoir-faire et savoir vivre.

Sans une véritable attention et ce que Stiegler appelle une «thérapeutique politique», ce nouveau monde numérique nous transforme en machines incapables d’improvisation, en «pronétaires» abonnés aux micro-tâches comme «liker» des milliers de fois la même page de marque. Car pour qui sait s’y prendre et bien utiliser leurs vertus, les robots en tous genre peuvent bien au contraire nourrir nos savoirs, savoir-faire et savoir vivre, à l'instar du logiciel libre, d’aréopages contributifs à la mode Wikipédia ou de certains projets d’économie collaborative.

Enterrer l’emploi pour mieux faire vivre le travail

Pourquoi, dès lors, se lancer au nom de l’emploi dans une guerre sans lendemain contre les tsunamis de l’automatisation ? Pourquoi faudrait-il créer à tout prix des emplois ineptes pour lutter contre le chômage, dernier credo auquel s’accroche une classe politique agonisante, incapable de changer de braquet pour répondre à une crise totale, qui débute à peine ?

Stiegler, pour le coup, est d’une magistrale radicalité : le décès de l’emploi, c’est aussi le décès du chômage. Que l’emploi meurt pour que vive le travail ! A charge pour nous de bâtir un nouveau modèle économique, dont le salaire ne serait plus le cœur…

Là se situe le talent du philosophe : réussir à ébranler les clichés les mieux implanter en nos têtes et celles de nos décideurs. A la poubelle l’obsession de l’emploi !

Le paysage qu’il nous laisse entrevoir, du haut de sa montagne, donne il est vrai le vertige : il nous effraie et d'un même élan nous enthousiasme. Car c'est toute la société qu'il nous invite à reconstruire sur les ruines de l'ancienne.

Son programme ? Mais il n'y a pas de programme. Juste un état des lieux à faire, un état de l'art à mener avec lesdits partenaires sociaux et autres décideurs, en s'appuyant sur tous ces chercheurs qui, eux, «travaillent» encore le corps de notre économie, de notre société, de notre époque. Puis il y aura des zones franches à créer, pour expérimenter, par exemple la transformation du pouvoir d'achat en savoir d’achat, l'extension à tous du statut des intermittents du spectacle ou encore la création non d'un revenu d'existence mais d 'un «revenu contributif».

C'est tout ça et bien d'autres pistes que nous avons explorés dans notre conversation accessible en podcast son et en cahier feuilletable. Le long des chemins de notre colline, j’ai constaté avec lui ce désastre de l’emploi. Puis du haut du rude sommet où il m’a emmené, j’ai partagé son besoin viscéral, littéralement vital, de remplacer l’emploi, ce faux-nez de l’incurie qui nous ronge, par le travail au sens des artisans et des artistes, qu’ils soient du numérique ou d’ailleurs.

 

Ariel Kyrou

Écouter notre entretien complet avec Bernard Stiegler. http://www.culturemobile.net/visions/bernard-stiegler-emploi-est-mort-vive-travail
 
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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 17:46

 

Source : http://www.marianne.net

 

Vote blanc et nul : jusqu'à quand fermerons-nous les yeux ?

Jérémie Moualek

 

Jérémie Moualek est chercheur en sociologie politique (Centre Pierre Naville – Université d’Evry). Il poursuit actuellement une thèse sur le vote blanc et nul.

 
Pour l'universitaire Jérémie Moualek, le vote blanc "compté mais non comptabilisé dans les suffrages exprimés, demeure un geste électoral non commenté". A tort : car une nouvelle fois, écrit-il, il "a fait mouche" en séduisant un peu plus de 700 000 électeurs. Ajouté au vote nul, poursuit-il, on dépasse même le million et le score enregistré par "bon nombre de formations politiques"...
 
DAMOURETTE/SIPA
 

Le vote blanc, censé être reconnu depuis le 1er avril 2014, n’attire toujours pas les commentaires post-électoraux. Compté mais non comptabilisé dans les suffrages exprimés, il demeure un geste électoral non commenté. Mais, comment reprocher aux journalistes de ne pas s’atteler à un sujet synonyme souvent d’incompréhensions et obligeant à des calculs électoraux imparfaits ?

Pourtant, de nouveau, le vote blanc a fait mouche : 703 879 voix et 3,29 % des votants. Et, si on lui ajoute - donc - le chiffre du vote nul (en grande partie, des votes blancs « dans l’esprit » ou « à message »), l’ampleur du phénomène ne fait plus aucun doute :

Vote blanc (703 879 ; 3,29%) + Vote nul (343 454 , 1,60%)
= 4,89% des votants (1 047 333).

Un chiffre global dans la lignée des scrutins précédents que sont les européennes et les municipales (1) et qui supplante assez franchement les scores réalisés lors des dernières élections similaires (alors appelées « cantonales »).

 

Et, pendant qu’on disserte sur la fâcheuse tendance au surpoids du Front national et sur les balbutiements de la gauche, on en oublie que le vote blanc (seul) dépasse un bon nombre de formations politiques comme Europe écologie - Les Verts, le Parti communiste, Debout la France ou le MoDem. Ajouté au vote nul, il supplante même le Front de gauche ! Le classement (certes imparfait, au regard de la classification imprécise des étiquettes politiques réalisée par le ministère de l’Intérieur) peut-être alors lu comme ceci :

 

Tout en étant un refus de choisir, le vote blanc et nul est un refus de renoncer à voter. Il s’avère dès lors être un « droit de choisir de ne pas choisir » qui dénote d’une offre politique trop peu différenciée tout comme d’une absence apparente d’alternatives crédibles aux yeux d’électeurs de plus en plus nombreux. Et ce, surtout si l’on y ajoute la majorité des abstentionnistes dont beaucoup, lassés aussi de ne pas voir le vote blanc pris en compte dans les suffrages exprimés, ont fini — par dépit — par déserter les urnes…

D’ailleurs, si l’on regarde les résultats du vote blanc et nul à l’échelle des départements (voir carte ci-dessous), on s’aperçoit que celui-ci obtient ses plus hauts scores lorsque la participation y est bien plus élevée que la moyenne nationale (50,17 %). C’est le cas surtout de l’Aude (57,46 %), l’Aveyron (59,71 %), la Corrèze (59,6 %), la Creuse (58,65 %), le Gers (60,11%) ou le Lot (59,43 %).

 

De même, le vote blanc et nul est fort dans les territoires où le Front national s’avère le moins attractif (25,24 % des votants au niveau national). Ainsi, les chiffres du parti dans le Gers (10,16 %), la Corrèze (7,89 %), le Cantal (7,09 %), l’Aveyron (12,64 %) ou les Hautes-Alpes (8,89 %) illustrent parfaitement cette tendance (à l’exception notable de l’Aude, où le FN recueille 33,66 % des voix).

Bien évidemment, il faudrait analyser plus en profondeur les arcanes du phénomène pour le saisir avec justesse. Malgré tout, il convenait au moins d’en finir avec la mise sous silence de ses résultats (même une dépêche AFP n’a pas été émise !) ainsi qu’avec l’« euphémisation » de ces derniers (puisque le vote blanc, détaché du vote nul à des seules fins statistiques, en vient à voir son nombre réduit par une distinction dont personne ne comprends les usages concrets dans les urnes).

Au premier tour, plus d’un million de personnes se sont donc déplacés jusqu’aux bureaux de vote alors même qu’elles ne trouvaient pas « bulletins à leur urne » : symboles d’une crise de l’offre politique, ces électeurs semblent être aussi le symptôme d’un système qui ne sait plus susciter l’adhésion et aussi les preuves – parfois – d’une exigence démocratique revendiquée. Combien faudrait-il qu’ils soient pour qu’enfin, au lendemain d’une élection, leur nombre daigne être publié et commenté ?

 

(1) Du fait de leur mode de scrutin particulier (grands électeurs), les sénatoriales 2014 ne sont pas prises en compte.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 17:23

Source : http://www.gaullistelibre.com

jeudi 26 mars 2015

Carlo Ghosn : l’homme qui vaut 400 SMICs

 

Même le très libéral chroniqueur économique d’Europe 1, Axel de Tarlé, s’en est ému dans sa chronique matinale : le patron de Renault, où l’Etat conserve une part, va toucher 7,2 millions d’euros en 2014, un quasi triplement de sa rémunération de 2013 (2,67 millions).

 

 

De 20 à 400 SMICs en 20 ans
 
Il faut se souvenir qu’il y a plus de 20 ans, Raymond Lévy, alors patron de la Régie, touchait environ un million de salaire annuel. Mais ce million était libellé en francs, et représente donc 150 000 euros actuels, inflation non déduite. Mais surtout, ce salaire représentait moins de 20 fois le SMIC de l’époque. Et même si les entreprises publiques étaient sans doute plus modérées, il faut rappeler que Jacques Calvet, patron de PSA, avait défrayé la chronique et fait la une du Canard Enchaîné pour un salaire de plus de 2 millions de francs (et non euros) par an, soit environ 40 SMICs. Ce petit rappel est essentiel pour saisir à quel point les écarts de rémunération se sont envolés depuis plus de vingt ans.
 
Dans le détail, Carlos Ghosn touche 1,23 millions d’euros de fixes. En 2013, il a touché près d’1,4 de part variable. Cette dernière a flambé de 31%, pour atteindre 1,84 millions. Mieux, il a décroché « 100 000 actions de performance d’une valeur de 4,1 millions d’euros, qui viennent remplacer les stock options dont e patron n’avait pas pu bénéficier en 2013 ». Tout ceci représente donc un total de plus de 7,2 millions d’euros. A supposer que l’on parle de rémunération brute, cela réprésente la bagatelle de 400 SMICs ! Et encore, cela ne prend pas en compte la rémunération qu’il touche au titre de Nissan (7,6 millions d’euros). Carlos Ghosn, ou le patron qui pèse la bagatelle de 800 SMICs !
 
L’indécence d’une époque
 
 

Pire encore, il ne faut pas oublier qu’il y a 20 ans, le taux marginal d’imposition était de 56,8%, et non de 45%, comme aujourd’hui, ce qui fait que les très hauts salaires sont doublement gagnants : non seulement leur montant a explosé, mais les impôts sont plus légers (il ne faut pas oublier ici que les très communistes Etats-Unis de Nixon avaient encore un taux d’imposition sur le revenu marginal supérieur à 70%) ! Voici une illustration bien concrète de ce que dénoncent Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Camille Landais dans leurs travaux. Aux Etats-Unis, 95% de la croissance depuis 2009 est allée à 1% de la population alors que les revenus de 99% de la population stagnent depuis 40 ans.

 
Comment les néolibéraux pourraient justifier une seconde une telle explosion des écarts de rémunérations que le libre-jeu du marché a produit ? Bien sûr, la pression sur les dirigeants est sans doute bien plus forte qu’avant. A ce titre, l’explosion des cas d’épuisement professionnel des cadres supérieurs montre qu’ils paient un prix, dur, à l’évolution de nos sociétés. Mais c’est aussi le cas des ouvriers ou des employés. Et tout ceci rend d’autant plus insupportables les injonctions du Medef de baisser le SMIC. Enfin, de toutes les façons, comment justifier qu’un homme puisse gagner 400 ou 800 fois plus qu’un autre ? N’avons-nous pas atteint des sommets d’indécence, sans s’en rendre compte ?
 

 

Le plus effarant dans notre époque, c’est qu’à part le cas isolé de Bill de Blasio à New York, nos sociétés se révèlent pour le moment largement incapables de réagir devant cette envolée des inégalités, qui ne trouve aucune véritable traduction politique, les citoyens semblant soit inconscients soit résignés.

 
 
 
 
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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 17:01

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Une reprise économique en trompe-l'œil

|  Par Laurent Mauduit et martine orange

 

 

François Hollande veut croire que la reprise est au coin de la rue. La baisse de l'euro, du pétrole et des taux d'intérêt crée effectivement un environnement plus favorable. Mais la destruction de l'appareil économique et industriel pendant la crise, tout comme les politiques d'austérité, empêchent une vraie reprise. Le chômage, qui touche désormais 5,2 millions de personnes (+ 0,4 % en février), et la précarité risquent de durer.

 

C'est un discours qui commence à tourner en boucle dans toute l'Europe. De Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, au premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, en passant par le gouverneur de la banque d'Angleterre ou le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, tous se félicitent de la nouvelle situation en Europe. « La croissance revient », assurent les uns et les autres, s'appuyant sur la flopée d'indices dispensés chaque semaine.

François Hollande n'a pas été le dernier à saluer les chiffres favorables, annonciateurs selon lui d'une embellie. Depuis plusieurs semaines, le chef de l’État a un ton plus enjoué et répète à qui veut l’entendre que cette fois, c’est la bonne : la croissance est de retour. « Même fragile, la reprise économique est bien là », a-t-il professé le 13 mars, à l’occasion d’un déplacement en Isère, reprenant des propos qu’il avait déjà tenus peu avant devant des représentants des frondeurs socialistes, et encore avant à l’occasion d’un déplacement le 6 mars à Luxembourg.

Il n’a pas fallu attendre longtemps pour deviner ce qu’il fallait penser de ce pronostic dont François Hollande est devenu coutumier (lire Croissance : Hollande, l’extralucide). Publiées mercredi 25 mars, les dernières statistiques des demandeurs d’emploi, arrêtées à la fin du mois de février 2015, attestent que la crise est toujours là. La baisse du chômage en janvier n'a été qu'un feu de paille. Dès février, le nombre de demandeurs d'emploi a de nouveau augmenté de 0,4 % sur un mois, en dépit de tous les assouplissements (intérim, CDD, stages et autres) qui sont devenus la norme sur le marché du travail.

Près de 13 000 personnes nouvelles sont inscrites en février dans la catégorie A (la plus restreinte, celle qui concerne les personnes sans emploi), plus de 26 000 personnes nouvelles pour l’ensemble des catégories de A à E. Au total, le chômage touche désormais 5,2 millions de personnes. En un an, cela représente 300 000 personnes de plus sans emploi. Et depuis l’élection présidentielle de mai 2012, la hausse des demandeurs d’emploi a été de 572 000 inscrits supplémentaires (+ 19,5 %) pour la catégorie A et de 1,29 million de nouveaux inscrits toutes catégories confondues, soit une hausse de 28 %. C'est dire l'ampleur du désastre humain. 

 

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Le chômage en février 2015
Le chômage en février 2015
 

Pour le chef de l’État et le gouvernement, la tentation va être grande de minimiser les derniers chiffres du chômage de février. Ils ne seraient que les dernières traces d'une conjoncture passée. L'embellie serait à l'horizon. L'INSEE aussi note une amélioration du climat des affaires en mars, dans sa dernière étude publiée le 25 mars. Même si les avis des chefs d'entreprise restent encore très en deçà des moyennes sur longue période, écrit l'institut, ceux-ci manifestent une plus grande confiance que les mois précédents, tout au moins quand ils travaillent dans les services ou le commerce.

De fait, l’environnement économique s’est bel et bien modifié. En somme, la reprise est sans doute là ; mais de quelle reprise s’agit-il ? Et contribuera-t-elle à la relance de l’emploi et au recul du chômage, qui sont les premières préoccupations des Français ? Ce sont quelques-unes des questions que soulève la conjoncture économique et sociale.

Conjonction favorable

 

© Reuters
 

Y a-t-il bel et bien des facteurs qui favorisent la reprise ?

Du chef de l’État jusqu’aux ministres de Bercy, c’est depuis quelques semaines le même message qui est diffusé en boucle : pour timide qu’elle soit, la reprise économique se dessine. Ce ne sont peut-être que les premiers frémissements, mais le moteur de la croissance a redémarré. Comme pour conjurer la débâcle politique des élections départementales, il se trouve même des hiérarques socialistes pour prolonger le message sur un registre attendu : sans doute la politique économique et sociale va-t-elle être massivement sanctionnée dans le pays, mais il ne faut surtout pas en changer puisque, tôt ou tard, elle va commencer à porter ses fruits.

Des frémissements économiques sont effectivement perceptibles. La France profite depuis quelques mois d’un environnement qui s’est profondément modifié.

 

Une baisse de 25 % en six mois
Une baisse de 25 % en six mois © Boursorama
 

D’abord, il y a la baisse de l’euro, notamment face au dollar. Alors qu’il caracolait encore à des niveaux très élevés voici un an, aux alentours de 1,40 dollar en mars 2014, il est tombé progressivement aux alentours de 1,05 dollar depuis l’annonce de la BCE de sa politique monétaire « non conventionnelle » (voir la BCE sort son bazooka monétaire). Une parité parfaite entre le dollar et l’euro n’est plus qu’une question de semaines, à en croire les experts. Du premier ministre italien, Matteo Renzi, à François Hollande, la plupart des responsables politiques l’appellent de leurs vœux.

Cet effondrement de la monnaie unique est une très bonne nouvelle pour les économies européennes, et notamment l’économie française. Tous les économistes soulignent l’avantage procuré par un euro faible : celui-ci  va favoriser les exportations et donc contribuer à stimuler la croissance. Étonnant retournement, qui en dit long sur la versatilité doctrinaire des « experts » ! Beaucoup d’entre eux ont applaudi, des années durant, la politique du « franc fort » puis de « l’euro fort » – qui avait pour prolongement mécanique une politique du chômage élevé. Ce sont les mêmes qui se félicitent aujourd’hui d'une politique monétaire strictement inverse.

Mais si l’euro a décroché, ce n’est pas parce que l’Europe a enfin choisi, de manière délibérée, une nouvelle stratégie de croissance, avec à la clef une politique monétaire plus accommodante, combinée à une politique budgétaire moins restrictive. C’est la dynamique même de la crise qui a contraint la BCE à violer les dogmes monétaires qu’elle avait elle-même établis. Pour éviter la stagnation voire la déflation, la Banque centrale n’a plus vu comme solution que l’arme monétaire. Quelles que soient les raisons qui ont poussé à ce changement radical, le fait est là : même si l’effondrement de l’euro n'est qu'un sous-produit de la crise économique historique qui secoue l’Europe, il joue malgré tout dans le bon sens.

Les effets de la baisse de l’euro, surtout pour une économie qui réalise 70 % de ses échanges au sein du marché unique, ne doivent cependant pas être surestimés. Les seuls qui en profitent vraiment actuellement sont les marchés boursiers. Les bourses européennes volent de record en record. Le CAC a dépassé les 5 000 points, son plus haut niveau depuis le printemps 2008, juste avant que la crise financière ne se transforme en tempête planétaire, avec la faillite de Lehman Brothers. De cette euphorie boursière, des économistes tirent argument pour dire qu’il y a là un autre indice du retournement de la conjoncture. D’autres, beaucoup plus prudents, mettent en garde contre la formation de nouvelles bulles financières. Comme cela s’est passé aux États-Unis, le quantitative easing de la BCE risque surtout, selon eux, de créer un déplacement gigantesque de l’argent vers les actions, sans grand effet sur l’économie réelle.

Un deuxième facteur agit favorablement : l’effondrement des prix pétroliers. Là encore, le mouvement est spectaculaire. De 112 dollars le baril (de brent), les cours se sont effondrés à près de 52 dollars en début d’année, avant de remonter ensuite aux alentours de 55 dollars. Cet allègement de la facture énergétique – même s’il est freiné par le renchérissement du dollar – est évidemment un facteur bénéfique pour les entreprises aussi bien que les ménages.

Le troisième facteur favorable est évidemment le niveau historiquement bas des taux d’intérêt. Les taux directeurs de la BCE sont presque nuls (0,05 %). Certains États comme l’Allemagne empruntent même désormais à des taux négatifs. Cette baisse du loyer de l’argent se diffuse dans toute l’économie, jusqu’aux entreprises et même aux ménages. À titre d’illustration, les taux d'intérêt accordés aux particuliers pour des crédits immobiliers ont continué leur baisse en France en début d’année pour se rapprocher de 2,20 % en moyenne en France.

Taux d’intérêt historiquement bas sinon nul, pétrole en chute, euro au plus bas aussi : cela fait donc très longtemps que la France ne bénéficiait pas d’un alignement des astres, si l’on peut dire, aussi favorable.

 

Et pourtant, la reprise ne risque-t-elle pas d’être poussive ?

François Hollande et le gouvernement claironnent que la reprise est au coin de la rue, mais tout laisse à penser que la croissance restera très faible. Les prévisions officielles du ministère français des finances sont en ligne avec ce constat : elles font état d’une croissance possible de seulement + 1 % en 2015 et de + 1,7 % en 2016. Pour la France, la Commission européenne fait un pronostic voisin, avec une croissance de + 1 % cette année et de + 1,8 % en 2016. L’OCDE a des prévisions également quasi identiques pour notre pays : + 1,1 % en 2015 et + 1,7 % en 2016.

Mais compte tenu des évolutions démographiques, la baisse du chômage ne s’enclenche que si le rythme de croissance de l’économie atteint au minimum de + 1,7 à + 1,8 % l’an. En clair, la croissance risque d’être trop faible pour endiguer la vague montante du chômage et de la précarité. Au mieux, le taux de chômage risque de stagner à un niveau historiquement élevé en 2015.

Les raisons de ce surplace sont multiples. En premier lieu, la France porte encore les nombreux stigmates des huit années de crise. Près de 60 000 entreprises ont fait faillite chaque année depuis 2008. Les autres ont diminué leurs investissements de façon drastique, ont réduit parfois dans des proportions spectaculaires leurs capacités de production. Et même si le climat est plus favorable, beaucoup ont encore de grands problèmes de trésorerie. Difficile de se remettre en quelques mois d’une destruction économique et industrielle d’une telle ampleur. L’économie française navigue donc sous toute petite voile et risque de ne pas pouvoir profiter autant qu’espéré des vents porteurs.

D’autant que les vents porteurs sont très circonscrits. Si un environnement plus serein – sauf accident toujours possible en Grèce – s’installe en Europe, dans le reste du monde, les perspectives sont beaucoup plus incertaines. La reprise américaine, soutenue depuis des mois voire des années à coups de centaines de milliards de dollars par la Réserve fédérale, est en train de donner des signes d’affaiblissement. Depuis trois mois, tous les indices – production industrielle, vente au détail, immobilier – stagnent ou baissent. Des économistes redoutent que ce ne soient les signes annonciateurs d’un nouveau retournement.

Dans le reste du monde, ce n’est même plus une crainte mais une certitude : la croissance s'essouffle. En Chine, le ralentissement est désormais avéré. Même si la croissance chinoise reste officiellement autour de 6,3 %, les signaux d’un profond dérèglement se multiplient. Les importations de matières premières ont chuté de près de 17 % depuis le début de l’année. Les exportations sont en baisse de 9 %. Au Japon, la politique de relance décidée par le gouvernement est en train d’échouer. Le pays retombe dans la déflation, avec un endettement encore plus lourd. La dette japonaise dépasse désormais les 220 % du PIB, à peine moins que la Chine avec ses 240 % d’endettement.

Les pays émergents, sur lesquels les économistes misaient tant, sont aussi aux prises avec des difficultés. À l’exception de l’Inde, tous les autres – Brésil, Turquie, Asie du Sud-Est, et on ne parle même pas de la Russie –, accusent de très nets ralentissements, compliqués en plus de l’appréciation du dollar. Même si un euro faible aide les entreprises à exporter, celles-ci risquent donc de ne pas en profiter pleinement, faute de débouchés extérieurs.

Le problème se pose exactement dans les mêmes termes en France et dans la zone euro : la demande fait défaut. Les politiques procycliques d’austérité, menées avec obstination depuis 2009, ont provoqué un asséchement de la consommation. Le gouvernement français peut prendre toutes les mesures de soutien qu’il veut, rien ne change en l’absence de carnet de commandes. 

 

© Reuters
 

L’immense transfert de charges sociales et fiscales organisé en faveur des entreprises, à hauteur de quelque 42 milliards d’euros, sous la forme d’abord du « choc de compétitivité » puis du « pacte de responsabilité », n’a pas modifié la situation d’un iota : toutes les études disponibles attestent que ces sommes apportées sans la moindre contrepartie aux entreprises ont d’abord généré des effets d’aubaine, et très peu d’effets sur l’emploi.

Pour en avoir la confirmation chiffrée, il suffit de se reporter aux notes et simulations économiques très détaillées qu’Arnaud Montebourg, avec l’aide d’une équipe d’économistes, a périodiquement adressées à François Hollande, du temps où il était ministre, d’abord du redressement productif, puis de l’économie : on y trouve des évaluations très détaillées de la croissance en moins et du chômage en plus générés par cette politique fortement restrictive (lire Les notes secrètes de Montebourg à Hollande et Les conditions secrètes de Montebourg pour faire équipe avec Valls).

Loin de tirer les conclusions de l’expérience passée, le gouvernement donne le sentiment de vouloir surenchérir dans l’austérité dans les mois à venir. L’Europe l’y presse, exigeant toujours plus de réformes en contrepartie des délais de grâce qui ont été accordés à Paris. Un jour, c’est Pierre Moscovici – qui a conduit la politique économique de la France au cours des trois dernières années, ce qu’il semble oublier – qui fait la leçon aux Français, accusés de trop tarder dans la remise en cause de son droit social. Un autre, c’est Jean-Claude Juncker – celui qui a organisé depuis vingt ans l’appauvrissement systématique des finances publiques en facilitant l’évasion fiscale au Luxembourg – qui reproche lui aussi aux Français de traîner dans la mise en place des réformes. Un autre encore, c’est le ministre allemand de l’économie, Philipp Rösler, qui proteste contre le traitement de faveur accordé à la France et qui demande, voire exige, que les recettes espagnoles soient imposées à Paris.

Les injonctions européennes créent des remous jusqu'au sein du gouvernement. Ces derniers jours, des fuites font état des débats qui opposent le ministre des finances, Michel Sapin, et le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, sur la meilleure façon d’utiliser les surplus de la reprise. Tandis que le premier souhaite faire quelques réserves de précaution pour les finances publiques, le second recommande au contraire de profiter de la légère embellie pour accélérer les réformes sur le marché de travail, l’assurance chômage, et peut-être même le Smic.

Même si cela risque de compromettre les tentatives d'ouverture du gouvernement en direction des frondeurs et des écologistes, Emmanuel Macron a toutes les chances de l’emporter. Certains pronostiquent qu’une fois les élections départementales passées, l'échec étant déjà assumé, le gouvernement pourrait embrayer sur un nouveau programme de réformes encore plus dures. Au risque de créer encore plus d'inquiétude et de précarité, et finalement de casser la faible reprise de l’économie.

Précarité

 

© Reuters
 

Le chômage va-t-il tout de même finir par reculer ?

Les chiffres de février viennent rappeler les prévisions de l’Unedic, le régime d’assurance chômage, pour l’année 2015 (elles sont ici). Celles-ci ne laissent malheureusement guère d’espoir à ce sujet : « Le chômage BIT poursuivrait sa hausse jusqu’à la fin de l’année 2015. En effet, la faible croissance limiterait la progression de l’emploi total, qui serait alors insuffisante pour compenser la hausse de la population active. Il en résulterait une progression du chômage BIT de +0,3 point sur l’ensemble de l’année 2014, puis à nouveau +0,3 point en 2015. Fin 2015, le taux de chômage s’établirait alors à 10,3 %. Sur les listes de Pôle emploi, cela se traduirait par 182 000 inscriptions supplémentaires en catégorie A en 2014, puis +104 000 en 2015. Parallèlement, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi tout en ayant exercé dans le mois une activité rémunérée courte ou à faible intensité horaire (catégories B et C) progresserait de +97 000 personnes en 2014, puis +78 000 personnes en 2015 », écrit l’organisme.

Plus inquiétante encore est l’évolution même du marché du travail en France ces dernières années, du fait des coups de boutoir contre le code du travail. Le contrat à durée indéterminée (CDI), qui était encore la norme des relations du travail au début des années 1980, est devenu maintenant l’exception (lire Près de 6 millions de chômeurs : l’échec de Hollande).

Une étude récente de l’Institut de recherche économique et social (IRES) (lire ici) pointait la gravité de l’évolution : « La répartition des embauches entre contrats temporaires et CDI est à l’inverse de celle observée pour les effectifs parmi les salariés en emploi. D’après les déclarations uniques d’embauche et les déclarations mensuelles des agences d’intérim, au quatrième trimestre 2012, 49,5 % des intentions d’embauche sont en CDD, 42,3 % sont des missions d’intérim et 8,1 % sont des CDI. Ainsi, dans le secteur concurrentiel, plus de 90 % des embauches s’effectuent en contrat temporaire », écrit l’institution (lire notre enquête travail en pointillé, précarité à temps complet).

Même si la reprise se confirme, elle risque donc de se traduire en emplois précaires, en petits boulots, comme cela s’est passé aux États-Unis et en Grande-Bretagne. La baisse du chômage y a été accompagnée d’une chute de la productivité, d’une chute des salaires, d’une paupérisation des classes moyennes.

En d’autres termes, les emplois de service à faible valeur ont pris le pas sur les emplois qualifiés. Les moins formés ont même renoncé à chercher du travail et sont sortis du marché. Ainsi, alors que la population américaine augmente de 2 millions de personnes par an aux États-Unis, le taux de population active est tombé de 67,5 % en 2000 à 62,8 % aujourd’hui. Ce seul chiffre dit l’ampleur de l’exclusion.

C’est contre ce mur de l’exclusion, de la précarisation qu’est en train de heurter la machine économique américaine. La Banque centrale a beau déverser des tombereaux de dollars, rien n’embraye si ce n’est les marchés financiers. L’Europe et la France se dirigent vers les mêmes écueils. La croissance seule ne suffira pas à vaincre le chômage en Europe, préviennent des économistes, soulignant le risque d'une génération perdue.

« Le plus désolant est que les responsables européens continuent à tolérer un niveau inacceptable et dangereux de chômage », précise Jonathan Portes, directeur de l'Institut britannique de recherche économique et sociale. Alors François Hollande peut bien faire mine de retrouver le moral, et la Bourse avec lui, les Français risquent pourtant de ne pas être aussi enjoués que lui. Rien, finalement, n'est en train de changer. La politique menée continue à faire le choix d'un chômage élevé et d'une précarisation grandissante.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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26 mars 2015 4 26 /03 /mars /2015 22:16

 

Source : http://www.agoravox.fr

 

Vrais chiffres chômage février 2015, 25600 chômeurs de +, malgré 296100 radiations ce mois
par patdu49
jeudi 26 mars 2015

 

 

Janvier + 28 100, Février + 25 600

6 246 000 privés d'emploi et travailleurs occasionnels officieux, toutes catégories confondues, + 3 771 000 invisibles qui n'entrent pas ou plus dans les statistiques officieuses ( chiffres détaillés bas de page ).

total : + de 10 MILLIONS de chômeurs en France. (fourchette basse)

 

Radiations des listes A,B,C,(D,E) de Pôle Emploi par motifs, Février 2015 :

- Défauts d'Actualisation : 197 600, 43 % des sorties des listes. (- 4,7% sur 1 an)

- Radiations Administratives (les punis) : 49 000, 10,7 % des sorties. (- 11,4% sur 1 an)

- Autres Cas ( les morts, suicidés, emprisonnés .. ) : 49 500 et 10,8 % des sorties. (- 7,5% sur 1 an)
 
soit 296 100 radiés des listes (64,5 %) ce mois pour autres motifs que :

- Stages parking : 44 600, 9,7 % des sorties. (+ 9,9% sur 1 an)

- Arrêts maladie, maternité, etc : 36 200, 7,9 % des sorties. (+ 2,5 % sur un an)

- Reprises d'emploi déclarées : 82 600, ne représentent que 18 % des sorties des listes de pôle emploi. ( -13,9% sur 1 an )
 


Demandeurs d'emploi par catégories :

A : 3 494 400 +0,4 % ( + 4,6 % sur 1 an ).

B : 687 000 +1,0 % ( + 6 % sur 1 an ) travailleurs pauvres moins de 78 heures.
C : 1 081 100 +0,8 % ( + 13,5 % sur 1 an ) travailleurs pauvres de + de 78 heures. 

D : 276 500 -1,3 % ( - 0,8 % sur 1 an ) stages parking, occupationnels etc.
E : 379 100 -0,3% ( - 2,9 % sur 1 an ) contrats aidés etc.

TOTAL : 5 918 100 ( données corrigées ), hors DOM TOM, soit + 5,5 % sur 1 an, 25600 chômeurs de plus, par rapport à Janvier.

TOTAL, dom-tom compris : 6 246 000 ( page 15 du rapport de la DARES, lien en bas de page ) et encore, données corrigées, les chiffres bruts sont + alarmants encore.

Quelques chiffres qui parlent :

Chômage Longue durée (entre 2 et 3 ans) : + 8,6 % sur 1 an.
Chômage Très Longue Durée + de 3 ans : + 18,7 % sur 1 an.

Chômage des 50 ans et +, + 9,9 % sur 1 an.

+ d'1 chomeur inscrit à pôle emploi sur 2 (51,7 %) ne perçoit AUCUNE INDEMNITE, ni ARE (allocation retour à l'emploi), ni allocation de solidarité (ASS, AER)

Offres d'emploi disponibles, dernier chiffre connu : 316 576.

Le + scandaleux, LE CHÔMAGE INVISIBLE, complètement en dehors des statistiques :

Ne sont pas comptés dans ces 6 246 000 demandeurs d'emploi et travailleurs pauvres occasionnels :
 
1 271 000 foyers bénéficiaires du RSA, en effet sur 2 300 000 environ de foyers (dernier chiffre connu) , seuls 1 004 000 sont inscrits à Pôle Emploi, les autres bénéficient d'autres suivis (associations, collectivités locales, etc.) en sachant qu'un foyer bénéficiaire, comporte parfois + d'un demandeur d'emploi en son sein, donc si on parle en nombre d'individus c'est pire.

 

+ encore 1 100 000 au bas mot, sur les environs 2 millions de bénéficiaires de l'AAH ou d'une pension d'invalidité, qui ne sont pas inscrits à Pôle emploi, malgré une aptitude et un désir d'accès à emploi adapté.

+ encore 1 400 000 de SANS-DROITS, qui sont principalement :

- des jeunes de moins de 25 ans, primo demandeurs d'emploi, qui comme vous le savez n'ont même pas droit au RSA. (quasi unique en Europe), favorisant délits, crimes, trafics, prostitution, esclavagisme moderne etc.

- des sans droits, pour motif, dépassement des plafonds de ressources dans le foyer, exemple, votre conjoint(e) perçoit 650€ d'allocation chomage, ou 800€ d'allocation adulte handicapé, vous n'aurez même pas droit au RSA, car vous dépasserez le plafond couple qui est de 642€ par mois, si vous êtes NON SDF.

- des bénéficiaires de pensions de reversions ( veufs, veuves ) de 55 ans et +, qui dépassent les plafonds du RSA ( 448€ pour une personne seule ), et qui n'ont pas l'âge pour prendre leur propre retraite ou pour percevoir le minimum vieillesse ( 65 ans ) qui s'appelle aujourd'hui "A-S-P-A" (allocation solidarité aux personnes âgées), qui est récupérable sur le patrimoine, au décès.

- des bénéficiaires de pensions alimentaires qui dépassent les plafonds du RSA (plafonds 2 fois inférieurs aux seuils de pauvreté, une véritable honte)

- des étudiants, boursiers ou non, qui cherchent des petits jobs alimentaires, qui sont donc bien demandeurs d'emploi, en concurrence avec les autres (même si beaucoup sont aussi exploités en stages sous payés, voire gratuits).

- des auto-entrepreneurs, qui ne gagnent rien ou presque, et sont demandeurs d'emploi en parallèle.

 - on peut parler également de retraités qui cherchent un emploi car leur retraite ne couvre pas les charges fixes pour survivre ( loyer, énergie, assurances, voiture, téléphone, eau, nourriture, santé (lunettes, dentiste ..) incalculable.

Faites le calcul vous même, on arrive au total, à + de 10 MILLIONS demandeurs d'emploi en France, et travailleurs pauvres occasionnels.
 
Sources : Rapport complet de la DARES de 20 pages (et non pas le simple communiqué de presse envoyé aux médias) : http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-V9decB-2.pdf

Rendez-vous le mardi 28 avril 2015, pour avoir les vrais chiffres du chômage de mars 2015.

 


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Vrais chiffres chômage octobre 2014, 21400 chômeurs de plus malgré 295100 radiations ce mois
Retraites en danger et chômeurs âgés

 

 

Source : http://www.agoravox.fr

 

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26 mars 2015 4 26 /03 /mars /2015 22:01

 

Source : http://blog.francetvinfo.fr/oeil-20h

 

 

VIDEO. Les milliers de travailleurs au noir du ministère de la Justice

 

Publié le

 

Dans l’imaginaire collectif, le travail au noir est plutôt réservé au monde du bâtiment ou de la restauration. On en trouve pourtant aussi dans les administrations les plus importantes. Sur les 40 000 collaborateurs réguliers des palais de justice, plusieurs milliers travaillent sans être déclarés. Une situation qui dure depuis longtemps, comme a pu le constater l’Oeil du 20h.

 

De l'interprète au délégué du procureur C’est le cas notamment d'un interprète régulièrement employé par le TGI de Paris. Il n'est pas fonctionnaire et est payé en fonction des missions qui lui sont confiées. Premier problème : le ministère de la Justice lui doit 9000 euros au titre de ses missions effectuées… en 2014.

Second problème, l'interprète n'est pas déclaré. Un cas isolé ? Pas vraiment. Nous avons aussi rencontré un délégué du procureur. Cet ancien médiateur social n'est pas magistrat mais un collaborateur extérieur du ministère. Et lui non plus n’est pas déclaré. Plutôt étonnant quand on sait que le rôle d'un délégué du procureur est de faire… des rappels à la loi.

 

 

Source : http://blog.francetvinfo.fr/oeil-20h

 

 

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