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13 mai 2015 3 13 /05 /mai /2015 17:03

 

 
 
 

 

La Grèce rembourse le FMI avec l’argent du FMI

|  Par martine orange

 

 

 

C’est par un tour de passe-passe que la Grèce est parvenue à rembourser le FMI le 11 mai. Elle a pioché l’essentiel de la somme dans le compte de réserve qu’elle détient auprès du FMI.

Le soulagement a été total chez les responsables européens lundi 11 mai quand le gouvernement grec a annoncé qu’il honorerait, comme prévu, le remboursement des 750 millions d’euros dus au Fonds monétaire international. Une fois encore, ont-ils soufflé, la Grèce évitait le défaut de paiement, redouté depuis des semaines par les financiers.

Erreur ! La Grèce est plus que jamais au bord de la faillite. Car c’est grâce à un tour de passe-passe que le gouvernement grec est parvenu à honorer sa dernière échéance, comme l’a révélé le journal grec Kathimerimi de mardi. Le gouvernement grec n’a apporté que 100 millions d’euros pour rembourser en partie le prêt consenti par l’institution monétaire. Tout le reste – 650 millions d’euros – a été prélevé sur le compte de réserve que la Grèce détient – comme tous les autres pays membres – auprès du FMI. En d’autres termes, l’argent du FMI a servi à rembourser le prêt du FMI.

L’opération s’est faite avec l’assentiment de la direction de l’organisation internationale. La Grèce a un mois pour renflouer totalement son compte de réserve. Si elle est dans l’impossibilité de le faire, elle sera techniquement déclarée en défaut, de la même manière que si elle n’avait pas payé la dernière échéance.

Cette nouvelle révélation confirme l’état d’urgence financier dans lequel se trouve le pays, alors qu’il négocie toujours un nouveau plan d’aide avec l’Europe. Le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a déclaré lundi que l’État grec n’avait plus que quinze jours de réserves financières. Selon Market News citant des sources européennes, les réserves de l’État ne s’élèveraient plus qu’à 90 millions d’euros.

Le gouvernement grec espère trouver un accord avec les ministres européens des finances d’ici à la fin du mois, ce qui lui permettrait de recevoir au moins en partie les 7,2 milliards d’euros d’aide promis. Tout retard pourrait acculer la Grèce à la banqueroute, alors qu’un nouveau remboursement de 302,5 millions d’euros au FMI est dû au 3 juin.

Un nouveau mot est apparu dans le monde financier pour résumer cette situation dangereuse qui peut échapper à tout le monde de façon imprévisible : après le Grexit (pour la sortie de la Grèce de la zone euro), il parle de Graccident.

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 17:13

 

Source : http://www.reseauxcitoyens-st-etienne.org

 

 

CONTRE LE NÉO-FASCISME ET LE NÉO-LIBÉRALISME
Comment reprendre le chemin de la justice et de la liberté ?

lundi 27 avril 2015, par Roger Dubien

 

Les élections départementales de mars 2015 ont révélé et banalisé le poids qu’ont pris dans la société des idées d’extrême-droite. Le FN a cartonné (par exemple : 31% des votants au 1er tour dans les 21 cantons de la Loire ! et des scores de 12 à 22% des inscrits au 2ème tour ! !). Le nombre de ses élus (62 au lieu de 1 ; et aucune présidence de conseil départemental - c’est l’UMP qui a tiré les marrons du feu) n’est pas une bonne mesure de sa nocivité, de même qu’il ne faut pas se rassurer du fait que le pourcentage de 25% pour le FN n’est obtenu qu’avec seulement 50% de votants, car 25% de 50% des inscrits c’est énorme comme poids politique dans la société. Et en réalité, au-delà des scores du FN, les idées ultra-conservatrices imprègnent maintenant les "acteurs centraux du jeu politique" que sont l’UMP et le PS.
Evidemment le FN vise le pouvoir - et l’efficacité même de sa propagande exige qu’il revendique le pouvoir - mais il a déjà fait le plus gros de ce pourquoi il existe : déplacer le centre de gravité de la politique française vers l’extrême droite.

 

Le plus stupéfiant, c’est que c’est pour une part en faisant mine de combattre le capitalisme néo-libéral qu’il obtient ces résultats ; alors qu’en réalité, le FN fait depuis des décennies un travail de bulldozer du pire capitalisme : dénonciation des acquis sociaux et de toute protection sociale, dénigrement des pauvres et des plus fragiles et de toute solidarité à travers la dénonciation de "l’assistanat", promotion du racisme sur des bases ethniques et religieuses, appel à la chasse aux étrangers et réfugiés sans papiers. Quant à l’invocation de la France et de la patrie, c’est se foutre du monde, venant des héritiers de Pétain et de toutes les guerres coloniales.

 

La bassesse de Hollande déclarant que Le Pen parle comme le Parti communiste dans les années 70 (qui étaient celles de la gauche montante, en France), de même que la qualification de "populisme" avantageusement accordée au FN, participent à crédibiliser la fable que Le Pen et le FN ce serait le peuple, les couches populaires... Cela montre aussi à quel point de renoncement et de confusion on en est arrivé au plus haut niveau de l’Etat.

 

Un néo-fascisme ?

 

Ce qui pèse et menace maintenant, en France et dans d’autres pays d’Europe, c’est un néo-fascisme (n’est-ce pas le terme approprié ?) convenant au néo-libéralisme, au service de la poursuite du néo-libéralisme, utilisant les dégâts mêmes du néo-libéralisme pour permettre à celui-ci de durer.
Néo-fascisme ne doit pas être compris comme "presque fascisme", mais comme fascisme d’aujourd’hui, qui n’a plus besoin de recopier les gesticulations du passé. Tout le baratin sur la mue du FN, sa "dédiabolisation", son "virage républicain" - de même que le feuilleton médiatique des bisbilles entre le père et la fille Le Pen -, ne visent qu’à donner de la crédibilité à l’opération de réfection de façade pour faire passer le FN pour une nouvelle droite radicale et populaire avec qui des alliances deviendraient possibles.
Mais en réalité, ce néofascisme est tout aussi violent, brutal, anti-social, anti-ouvrier, anti-populaire que le fascisme du 20ème siècle. Attention : ce néo-fascisme ne se réduit pas au seul FN, il gangrène la société française au-delà des activités du parti lepeniste.

 

Mais alors, pourquoi ça marche ? Sans doute beaucoup parce que le désarroi, la désespérance sont littéralement sans précédent depuis des décennies. Avec l’élection de Hollande et d’une majorité de députés PS à l’Assemblée Nationale, des millions de gens attendaient du changement et ont eu - au nom de la gauche ! - la poursuite de la politique néolibérale de Sarkozy. Et au fur et à mesure des désastres électoraux, Hollande-Valls persistent dans cette politique. Il y a même le calcul que c’est la poursuite de la montée de l’extrême droite qui pourrait rendre possible leur ré-élection en 2017.
La souffrance sociale et la médiocrité politicienne sont une aubaine pour les néofascistes.
Le terrain leur est d’autant plus favorable qu’un délitement de la société est à l’oeuvre, et avec lui une perte des repères historiques et politiques : insécurité économique et sociale qui déstabilise le monde du travail et nourrit la peur de l’avenir, démantèlement de règles et d’institutions sociales anticapitalistes mises en place au 20ème siècle ; conséquences en chaine de la mondialisation capitaliste, des guerres qui ne finissent pas, et des drames humains (réfugiés...) qui s’ensuivent ; succès dans la fabrication d’un choc des civilisations et installation du terrorisme comme une question quotidienne dans l’actualité, avec les demandes et les dérives sécuritaires que ceci provoque et rend possible, perte de poids d’institutions politiques au profit des firmes, défis provoqués par l’accélération des nouvelles technologies, de la technique, qui ouvrent des possibles immenses mais en même temps virtualisent le monde...

 

Le problème est aussi que la gauche de gauche n’est pas au niveau de ces défis, ni des aspirations et mouvements populaires existants. Dans la gauche qui se veut "radicale", les raisonnements de chapelle prévalent, et l’éparpillement qui va avec aussi. En France, pas de Syrisa ni de Podemos à l’horizon, pas de vaste mouvement politique ET citoyen qui porte une autre politique.

 

Pourtant, dans la société, au quotidien, des initiatives pour l’émancipation...

 

Car ce n’est pas toute la société qui dérive vers la droite et l’extrême droite. Si le "personnel politique" est largement sous la domination du néolibéralisme et de l’extrême droite, dans la société c’est beaucoup plus contradictoire et conflictuel.
Dans la Loire par exemple, si on regarde ce qui se fait, on constate que semaine après semaine des centaines ou des milliers de personnes sont dans des initiatives d’action et de réflexion qui ont plutôt tendance à se renforcer.
Dans des collectifs, des réseaux, des associations, des syndicats, dans des alternatives concrètes en fonctionnement ou en construction, beaucoup de monde agit et construit. Mais les choses paraissent tellement bouchées au plan "politique" que ceci ne perce pas à l’étage de la politique "représentative", des élections. Toute une partie de la société ne trouve pas de "canaux politiques" pour s’exprimer et exister dans la sphère politique institutionnelle.

 

La solution n’est certes pas de décréter une mythique "convergence des luttes". Les choses convergent quand elles sont mûres pour converger. Par contre, on pourrait sûrement s’efforcer de faire plus d’échanges, de mises en commun, et peut-être s’attacher plus à mettre en place des creusets dans lesquels la mayonnaise pourrait prendre...
Oui, une force politique de conception nouvelle (même si ces mots ont tellement été galvaudés depuis 20 ans) comme Syrisa en Grèce et Podemos en Espagne, serait bien utile.
Certains "politiques" déjà en exercice devraient en faire partie, forcément. S’ils y viennent avec des objectifs de chapelle et de contrôle, des objectifs de pouvoir, ça débouchera sur les mêmes impasses que depuis 20 ans. Si chacun y vient humblement avec la volonté de travailler dans un creuset où s’inventerait l’avenir, et d’y accueillir de très nombreux citoyens engagés dans les mouvements sociaux, quelque chose pourrait naître et grandir.
Tout ceci en continuant de construire des alternatives, bien sûr, aussi bien dans le domaine des idées que celui des réalités concrètes, parce que c’est des expérimentations réelles que peuvent sortir des transformations viables plus importantes.

 

Et puis il va falloir affronter ce néofascisme pour le faire reculer. Cela demande des réflexions, des discussions, et des initiatives tout à fait nouvelles, à la mesure du défi qui nous est lancé.
Nous nous efforcerons d’y contribuer.

 

Roger Dubien.

 

 

Source : http://www.reseauxcitoyens-st-etienne.org

 

 

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 16:57

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Vous voulez des emplois ? Choisissez la décroissance

9 mai 2015 / Vincent Liegey
 


 

 

A Totnes, lieu de naissance du mouvement des Villes en transition, on apprend à réinventer, à se réappoprier l’économie. Et à travers l’Europe, comme par exemple à Budapest avec Cargomania, les initiatives locales créent des emplois dans des activités soutenables et durables, alternatives à l’emploi salarié et réponse pertinente au chômage.


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Vincent Liegey

J’ai passé une semaine magnifique à Totnes, lieu de naissance du mouvement des Villes en transition. Plus précisément j’étais invité au Schumacher College pour une semaine studieuse sur comment réinventer, ou plutôt se réapproprier, remettre à sa place l’économie : Generation for a new economy.

Auto-gestion, care et communication non-violente

Ainsi, nous étions quelques dizaines, dans cette superbe région du Devon, sous le soleil dans un décor à la Harry Potter. Au Schumacher College, institution créée en 1990, toutes les tâches sont partagées, un jour une heure au jardin, le lendemain à la cuisine ou au ménage. On mange des produits locaux et de saison, qui plus est végétariens... et c’est délicieux ! Les ateliers se construisent suivant les initiatives et les demandes des uns et des autres. Un superbe exemple que l’auto-gestion ça marche... dans un contexte qui s’y prête.

 

 

Plusieurs discussions et rencontres formidables, notamment avec Juan qui coordonne le réseaux des villes en transition en Espagne, Miguel impliqué dans des initiatives locales autour de l’agriculture bio, des ventes directes et aussi des énergies renouvelables au Portugal ou encore Claudian qui anime les réseaux des éco-villages et de la permaculture en Roumanie...

Quelques réflexions, remarques et discussion remarquables, comme par exemple David Graeber venu présenter son dernier ouvrage à venir sur la rationalité, la bureaucratie et la liberté, laissant la conclusion au fondateur du College, le militant pacifiste indien Satish Kumar : « Dans les sociétés occidentales vous avez toujours besoin de toujours plus de lois complexes, de bureaucratie et de répression parce que les gens ne se connaissent pas. Il n’y a pas d’humain ni de confiance ».

Décroissance ou transition ?

Au cœur des débats et des rencontres, comment faire mouvement ? Comment construire des liens, des ponts entre toutes ces personnes, les initiatives que l’on voit émerger partout ? Je ne vais pas m’étendre sur ces questions déjà évoquées dans mes dernières chroniques, mais force est de souligner la maturité et la sagesse naissante dans nos milieux où les combats d’ego, de chapelles semblent s’apaiser.

Comme lors d’une discussion avec Rob Hopkins où nous soulignons les limites de chacune de nos initiatives mais aussi et surtout leurs complémentarités. Ainsi la Décroissance, dans son rôle d’empêcheur de penser en rond, avec sa radicalité et sa pertinence permet d’aller plus loin dans les débats, dans la déconstruction des mythes et aussi dans la construction de possibles alors que la Transition avec son approche pragmatique et inclusive permet de construire ce qui peut l’être, sans attendre et en assumant ses contradictions. La Décroissance défriche de nouveaux chemins, la transition s’y engouffre.

Ce fut aussi le contenu du débat entre David Graeber, présentant et défendant l’action radicale en marge de la société avec des mouvements comme Occupy et la députée européenne anglaise Molly Scott Cato présentant ses activités et le besoin de résister à l’intérieur des institutions, du système. L’un a besoin de l’autre et inversement.

Décroissance, transition et entreprenariat ?

Une visite de Totnes a été organisée. Rien de spectaculaire comme j’avais déjà pu le lire par ailleurs. Comme Rob Hopkins l’explique, la transition c’est premièrement faire se rencontrer, (re)construire des liens, faire société. On part de loin. De même, avec pragmatisme, leur stratégie consiste à avancer avec prudence et dialogue et à trouver des niches. Ainsi, ils ont gagné la confiance des élus locaux dominés par les conservateurs et ont participé à la création de plusieurs entreprises en s’appuyant sur leur incubateur Re-economy.

A Totnes, les bagnoles restent autorisées dans la rue principale, sujet tabou pour une partie importante de la population, mais on paie en monnaie locale, on se nourrit en vente directe, on construit sa maison avec une entreprise locale de manière plus écologique dans un pays où le logement est un problème majeur et surtout on a créé des emplois locaux, soutenables et durables. Ainsi, je me suis rendu compte que j’étais moi-même un entrepreneur social via le projet que nous lançons en ce moment à Budapest...

- La vidéo de présentation du projet Cargomania à Budapest :

 

 

 

Contre le chômage, créer des activités locales et autonomes avec Décroissance

 

A mon retour à Budapest, inspiré par le pragmatisme anglais, on a ajouté quelques lignes à la présentation de notre projet de nourrir Budapest en vélo. En effet, même si je suis plutôt pour la fin de l’emploi, force est de reconnaître qu’à travers nos initiatives locales, nous créons des emplois, disons plutôt des activités soutenables, durables et riches de sens, véritables alternatives à l’emploi salarié et réponse pertinente au chômage...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 16:45

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

 

Tribune 11/05/2015 à 18h34
Oui, l’agriculture biologique peut nourrir la planète

Jacques Caplat, agronome

 

 

Lorsque est abordée la question, essentielle, de la lutte contre la faim dans le monde, il est fréquent d’entendre dire que l’agriculture biologique présente des limites à cause de ses rendements inférieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle, prétendument démontrés par plusieurs « études scientifiques ». Or ce poncif est faux et trompeur et témoigne d’une approche scientifique archaïque.

Des comparaisons biaisées

Les études académiques généralement citées pour comparer les rendements en agriculture biologique et en agriculture conventionnelle présentent deux points communs qui ne sont pas anodins :

  • elles sont réalisées en milieux tempérés (Europe et Amérique du Nord) ;
  • leur méthodologie est caricaturalement réductionniste.
Making of

Une première version de ce texte a été publiée sur le blog Changeons d’agriculture. Jacques Caplat nous a autorisé à en reproduire ici une version réduite. Nous l’en remercions. L’article original intégral est bien sûr disponible sur le blog de l’auteur. Thibaut Schepman

Le premier aspect devrait inciter tout agronome compétent à en parler avec d’immenses précautions. Il n’y a aucun sens à tirer des conclusions agronomiques à partir d’essais réalisés dans un contexte climatique particulier, puisque les agricultures sont extrêmement diverses d’une région à l’autre de la planète.

Même en négligeant le second (et considérable) problème, la moindre des choses serait de proscrire drastiquement toute formule fumeuse du type « la bio a de moins bons rendements » et d’avoir la précaution de dire « la bio en milieux tempérés a de moins bons rendements ». La nuance est déjà de taille, car les milieux tempérés ne couvrent qu’un quart de la planète et ne concernent qu’un dixième de sa population ! Extrapoler des (supposés) résultats européens ou canadiens à l’agriculture biologique dans son ensemble est une preuve d’ethnocentrisme assez consternant.

 

Le deuxième aspect est essentiel. Pourquoi ai-je employé le terme réductionniste ? Parce que ces comparaisons sont basées sur une méthode qui consiste à modéliser des situations schématiques, dans lesquelles un seul paramètre changera. C’est le principe de la démarche réductionniste, qui prétend qu’une comparaison impose de ne faire varier qu’un seul facteur à la fois, et que le protocole expérimental devra « construire » une telle situation où la réalité est réduite à un modèle contrôlé, c’est-à-dire à une projection, une simplification.

Or cette approche est totalement dépassée dans la plupart des sciences, pour la simple raison qu’elle conduit à comparer des constructions intellectuelles... et jamais la réalité. Dans la réalité, il est exceptionnel (pour ne pas dire fantasmatique) qu’un élément d’un système change sans que d’autres éléments, avec lesquels il est en relation, ne changent aussi. Ces comparaisons réductionnistes impliquent par conséquent de construire une situation artificielle, qui permettra certes des mesures simples suivies d’un traitement statistique significatif et publiable, mais qui fausse sciemment les conditions d’analyse.

Comment disqualifier la bio

Non seulement cette démarche est hautement critiquable dans les sciences du vivant (et heureusement de plus en plus marginale en dehors de l’agriculture), mais elle est en outre une pure manipulation lorsqu’il est question d’agriculture biologique. En effet, la définition originelle et fondamentale de l’agriculture biologique est de constituer un système agricole, mettant en relation agrosystème, écosystème et humains.

En bio, les paramètres n’ont de sens que dans leurs relations mutuelles et varient toujours de façon combinée. Par conséquent, faire varier « un unique paramètre » dans un système biologique signifie très exactement nier ce système, le détruire, le trahir. Dans la mesure où l’agriculture conventionnelle est, à l’inverse, précisément basée sur une démarche réductionniste et sur des paramètres isolés, il va de soi que le choix de tels protocoles est, dès le départ, un biais méthodologique gravissime qui, de facto, préjuge à l’avance du résultat et disqualifie ces études.

Pour bien comprendre l’absurdité des protocoles en cause, il est important de connaître les fondements agronomiques de l’agriculture biologique, et en particulier la nécessité vitale de tendre vers des cultures associées et des semences adaptées au milieu. Il existe sans doute un malentendu sincère de la part des agronomes qui mènent ces pseudo-comparaisons, qui ignorent en général que le développement de la plupart des maladies et parasites des végétaux actuels provient de l’inadaptation des variétés aux milieux, ainsi que de la destruction des relations entre les plantes et les sols.

« La même chose moins la chimie »

Ils semblent par ailleurs avoir oublié que, lorsqu’une plante est cultivée en association avec d’autres plantes (cultures associées), le rendement global de la parcelle est toujours supérieur à celui de cultures pures séparées (même si, bien entendu, le rendement particulier de la culture principale est plus faible).

Enfin, ils ne prennent manifestement pas garde au fait que les modes de production imposent des successions culturales (rotations) différentes.

Concrètement, les études régulièrement citées en défaveur de la bio concernent généralement du blé, c’est-à-dire la culture la plus adaptée à une conduite conventionnelle réductionniste – et la plus défavorable à l’agriculture biologique. Passons, car indépendamment de ce premier biais, c’est toute la méthode qui est affligeante.

Les expérimentateurs mettent en place deux cultures dans des conditions identiques :

  • D’un côté, ils implantent un blé conventionnel. Pour cela, ils utilisent des semences d’une variété inscrite au catalogue officiel (ce qui est impératif pour autoriser sa culture commerciale), c’est-à-dire une variété standardisée qui a été sélectionnée strictement pour la chimie depuis 70 ans. Ils la sèment en culture pure dans un champ sans relations écosystémiques, puis la cultivent avec le soutien de la chimie (engrais et pesticides).
  • D’un autre côté, ils implantent la même variété (dogme de toute comparaison réductionniste : un seul facteur doit varier), c’est-à-dire une variété standardisée qui a été sélectionnée strictement pour la chimie depuis 70 ans. Ils la sèment en culture pure dans un champ sans relations écosystémiques, puis la cultivent sans aucun recours à la chimie.

Vous avez bien lu. La deuxième partie de la comparaison est intégralement conventionnelle, à l’exception de la suppression des engrais et pesticides de synthèse. Il s’agit donc d’une comparaison entre un « blé conventionnel standard » et un « blé conventionnel sans chimie ».

Voilà le cœur du malentendu : la plupart des agronomes, par incompréhension ou négligence, semblent croire sincèrement que l’agriculture biologique serait « la même chose moins la chimie », comme s’il existait une seule voie agronomique, comme si les techniques actuelles étaient les seules possibles.

C’est hélas la preuve d’une méconnaissance inquiétante de l’histoire agricole mondiale et de la profonde multiplicité des solutions imaginées dans les divers « foyers » d’invention de l’agriculture. Une agriculture basée sur des variétés standardisées (et en outre sélectionnées pour être soutenues par la chimie de synthèse, dans des procédés de sélection qui emploient trois fois plus de chimie que les cultures commerciales !), en culture pure, sans écosystème, n’est pas autre chose que de l’agriculture conventionnelle. Avec ou sans chimie, elle n’est certainement pas une culture biologique.

Ces comparaisons consistent donc à dépenser des millions d’euros (ou de dollars) pour constater qu’un modèle agricole intégralement construit autour de la chimie fonctionne moins bien lorsqu’on lui supprime le recours à la chimie. En d’autres termes, pour enfoncer des portes ouvertes. J’oubliais : cela permet également de publier. Les résultats n’apportent strictement aucune information, mais ils sont conformes aux règles de publication.

Comment comparer ce qui semble incomparable ?

Il va de soi que des comparaisons réductionnistes peuvent, faute de mieux, apporter des informations contextualisées. C’est par exemple le cas des criblages variétaux, menés par plusieurs instituts de recherche en agriculture biologique. Ils consistent à mesurer les performances comparées de plusieurs variétés dans des conditions identiques. Ici, les parcelles expérimentales représentent une réduction consciente et ciblée, et ne prétendent pas comparer des systèmes. Ces criblages visent à répondre à une question explicite et sans ambiguïté : dans les conditions imposées par le contexte agricole européen et nord-américain, quelle variété réussit le mieux en bio (ou plutôt, en réalité ici, « sans chimie ») ?

Les conditions de ces essais ne correspondent pas à une agriculture biologique complète, puisqu’il n’y a ni cultures associées ni agroforesterie, et puisque les variétés comparées sont issues de la sélection standardisée et chimique qui s’impose actuellement aux paysans occidentaux. Mais ces limites sont intégrées puisqu’elles constituent justement le cadre dans lequel il s’agit d’identifier les marges de manœuvre existantes.

Nous en revenons alors à la question sensible : comment comparer les deux agricultures ? Sans modèle construit autour de projections intellectuelles et de paramètres contrôlés par des équations simples, beaucoup d’agronomes semblent perdus. Pourtant, d’autres sciences ont dépassé cet obstacle depuis longtemps. Lorsqu’il s’agit de comparer des organismes, les chercheurs ont recours à de grands échantillons in situ. Ainsi, pour étudier le comportement des oiseaux face aux changements climatiques, il n’est évidemment pas question de mettre des oiseaux en cage, et il est fait appel à des observations nombreuses d’oiseaux dans leurs milieux naturels.

L’agriculture biologique est, dans sa définition originelle et sa mise en œuvre concrète, un organisme systémique. Elle est donc obligatoirement liée à un environnement et à des pratiques sociales (techniques, outils, traditions, savoirs, besoins, choix de société), et aucune « parcelle expérimentale » artificielle ne peut la réduire à un modèle simple. Chaque ferme est unique... mais les fermes se comptent par millions en Europe et par centaines de millions dans le monde. Il suffit dès lors de mesurer les rendements réels, sur plusieurs années, dans un vaste échantillon de fermes réelles.

Des rendements supérieurs en bio

Il est parfaitement possible de définir les pratiques permettant de classer chaque ferme dans la catégorie « conventionnelle » ou dans la catégorie « biologique » : présence ou absence de produits chimiques (qui ne suffisent pas à définir la bio, mais dont la suppression met en branle ses pratiques systémiques), cultures pures ou associées, absence ou présence des arbres, semences standardisées ou adaptées aux milieux, etc. Il est parfaitement possible ensuite de mesurer les rendements pluriannuels et de les soumettre à un traitement statistique. Pour peu que l’échantillon soit suffisant, le résultat est parfaitement scientifique... et même publiable dans les revues académiques.

Il se trouve que plusieurs études internationales ont procédé de la façon que je préconise ici : rapport [PDF] d’Olivier De Schutter (à l’époque rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, fin 2010), rapport [PDF] du PNUE en Afrique (programme des Nations unies pour l’environnement, 2008), vaste étude [PDF] de l’université d’Essex (Pretty et al., 2006). Le résultat est édifiant : toutes ces études, réalisées dans les pays non tempérés (c’est-à-dire les trois quarts de la planète), montrent que l’agriculture biologique y obtient des rendements supérieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle.

Pourtant, il faut l’admettre, les rendements sont moins favorables à la bio dans les milieux tempérés. Même si les études que je critique plus haut exagèrent et faussent les résultats, il est vrai que, pour une partie des productions, la bio européenne et canadienne obtient actuellement des rendements inférieurs de 5 à 20% à ceux de l’agriculture conventionnelle (cf. études du Rodale Institute en Amérique du Nord et du FiBL [PDF] en Europe ; notons qu’il n’y a déjà plus de différence significative aux États-Unis).

 

La bio la moins performante du monde

Cela est inévitable, puisque l’agriculture bio de nos pays est soumise à des distorsions considérables : règlementations sur les semences qui obligent à utiliser des variétés standardisées et sélectionnées pour la chimie, faibles connaissances en matière de cultures associées et d’utilisation des arbres en agriculture, fiscalité construite depuis 70 ans pour faire peser les contributions sociales sur le travail (et donc défavoriser le travail au profit du pétrole), etc.

Face à tous ces obstacles, les agriculteurs bio européens et nord-américains ont l’immense mérite d’inventer, d’expérimenter, de s’adapter, et de parvenir peu à peu à réduire leur handicap. Mais sans remise à plat des politiques agricoles de nos pays, l’agriculture bio des milieux tempérés restera la moins performante du monde.

Le mythe des rendements bio insuffisants pour nourrir le monde est ainsi le résultat combiné d’une erreur méthodologique monumentale, d’un ethnocentrisme occidental et de politiques publiques qui entravent les pratiques biologiques. Il est temps de relever notre regard et d’avancer.

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 16:37

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Corruption de la science

Risques toxiques : comment les cancers des ouvriers sont occultés par les industriels

par

 

 

 

 

Souvent convoquée pour énoncer des vérités indiscutables, la science n’est pas neutre. Depuis 50 ans, elle participe même activement au développement incontrôlé des risques industriels : amiante, nucléaire, pesticides ou perturbateurs endocriniens. C’est ce que révèle le livre La science asservie. Santé publique : les collusions mortifères entre industriels et chercheurs., écrit par Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche à l’Inserm et spécialiste des questions de santé au travail. Elle y défend aussi une autre conception du travail scientifique, ancré dans la réalité des ouvriers, premières victimes des risques industriels. « En 1984, un ouvrier avait quatre fois plus de risques de mourir d’un cancer qu’un cadre supérieur. En 2008, ce risque est dix fois plus élevé », explique-t-elle. Entretien.

 

Basta ! : Quand, lors de votre carrière scientifique, avez-vous été confrontée pour la première fois aux collusions entre industriels et chercheurs ?

Ce livre est issu de deux parcours de chercheurs, le mien bien sûr, mais aussi celui d’Henri Pézerat, décédé en 2009, qui fut directeur de recherche au CNRS dans le domaine de la toxico-chimie des minéraux. Il fut le premier chercheur à identifier les mécanismes de toxicité des fibres d’amiante et de bien d’autres poussières minérales. Dès les années 1980, nous étions convaincus l’un et l’autre, de la nécessité d’être à l’écoute d’une demande – implicite ou explicite – émanant de collectifs ouvriers aux prises avec les risques du travail, pour élaborer des recherches utiles à l’amélioration des conditions de travail. Nous ne savions pas alors à quel point la recherche en santé publique était dominée par les intérêts – lucratifs – des industriels et du patronat.

 

Ce poids des industriels a permis la définition d’une dose seuil pour les toxiques, en deçà de laquelle une substance serait sans danger. Vous affirmez que cette « dose seuil » est une idéologie... Pourquoi ?

Après la seconde guerre mondiale, et notamment à partir des années 1970, les industriels américains font face à des publications de chercheurs qui sont très claires, et très documentées, sur la toxicité de substances comme l’amiante, le plomb, ou la radioactivité. Ils sont obligés de reconnaître qu’il y a un risque. Ils se disent alors que le moindre mal, c’est de définir une dose en dessous de laquelle il ne se passe rien. Pourtant, dès le début des années 1960, les connaissances acquises dans le domaine de la biologie, de la biochimie et même de la physique ouvraient à la connaissance et à la compréhension des mécanismes de cancérogénèse, mettant en question la référence à un quelconque seuil de danger. Rachel Carson, biologiste américaine, qui mena pendant 10 ans une observation rigoureuse de ce que produit dans la nature le recours massif aux insecticides et herbicides, conclut que la seule dose inoffensive, est la dose 0 [1].

C’est pareil pour l’amiante : le mésothéliome [forme de cancer causé notamment par l’exposition à l’amiante] peut se développer à de très très faibles doses. On ne cesse d’accumuler les observations au sujet des faibles doses. Des travaux scientifiques établissent même que les très faibles doses peuvent être plus graves en terme de cancer. L’empoisonnement faible blesse les cellules, qui risquent de devenir cancéreuses en s’efforçant de survivre. Ce que l’on sait des perturbateurs endocriniens va dans le même sens. A faible dose, on observe des mutations cellulaires qui vont conduire – entre autres – au processus de cancérisation. Tout cela contrecarre l’idée selon laquelle les valeurs limites protègent a minima. C’est pourtant sur cette base de « valeur limite » que fonctionnent toutes les règlementations.

 

C’est vrai aussi pour la radioactivité, écrivez-vous...

Il est hallucinant que les industriels aient réussi à imposer ce postulat concernant la radioactivité. Les dangers des faibles doses sont en effet bien documentés, et depuis longtemps. Dès les années 1950, Alice Stewart, médecin anglaise, mène une enquête très rigoureuse pour expliquer la croissance des cancers chez les enfants de moins de 5 ans en Grande-Bretagne. Elle s’intéresse notamment aux expositions qu’ils auraient pu subir in utero, en demandant à leur mère si elles ont subi une radiographie au cours de leur grossesse. Les résultats sont sans appel : l’exposition aux rayons X in utero lors d’un seul cliché radio (soit une fraction infinitésimale de la dose alors considérée sans danger) provoque des cancers d’enfants. Elle fait voler en éclat le postulat qu’existe une dose seuil en dessous de laquelle les radiations seraient sans danger.

D’autres chercheurs aboutiront aux mêmes résultats, notamment Thomas Mancuso qui montrera dans les années 1970 les liens entre l’exposition à faible dose des travailleurs du site nucléaire d’Hanford [2] et la mortalité précoce par cancer chez ces travailleurs. Les autorités, mécontentes de ses résultats, ne renouvelleront pas son contrat...

 

Parfois la toxicologie montre qu’il n’y a aucun doute sur le caractère cancérogène de certaines molécules. Mais des scientifiques, au service des industriels, revendiquent la possibilité d’affirmer le doute… Comment s’y prennent-ils ?

Au lieu de se baser sur la toxicité intrinsèque des fibres, des molécules ou des radiations, on assiste à l’instrumentalisation de l’épidémiologie. Cette discipline, fondée sur une approche statistique des phénomènes de morbidité et de mortalité (notamment par cancer) a acquis une position dominante dans le champ de la santé publique. On compte par exemple le nombre de décès par cancers survenus dans l’année pour 100 000 habitants. Mais les morts ne parlent pas... et les registres qui servent de base de travail aux épidémiologistes non plus, puisqu’ils ne contiennent aucune information sur les risques professionnels et environnementaux subis par les patients atteints de cancer. Difficile donc de savoir à quels polluants les personnes décédées ont pu être exposées.

Une grande part des études épidémiologiques sont faites hors contexte, les chercheurs n’ayant pas de lien avec la réalité du terrain. Il n’y a pas de contacts avec les patients de leur vivant, et encore moins avec les familles des personnes décédées ou les médecins locaux. Le choix politique d’une approche dominante, voire exclusive, des problèmes de santé par la modélisation mathématique a empêché la production de connaissances ancrées dans la réalité.

 

L’épidémiologie permet-elle de rendre compte de ce qui se passe à faibles doses ?

Non. Bien peu d’études sont engagées sur ce terrain et leurs résultats sont alors, statistiquement, peu ou pas significatifs. Cette absence de confirmation du lien entre l’exposition à un cancérogène, à faible dose, et la survenue de cas de cancer signifie non pas qu’il n’y a pas de lien, mais que la méthode est inappropriée pour le prouver. Surtout lorsqu’il s’agit d’un cancérogène avéré...

Il y a aussi des méthodologies qui tendent à diluer le risque en faisant porter l’analyse sur une population dans laquelle se retrouvent des personnes exposées et non exposées. Prenons une entreprise comme Adisséo, site de production d’additifs nutritionnels pour des aliments destinés à l’élevage industriel. Dans l’atelier où l’on utilise le chloracétal C5 [3], plusieurs ouvriers sont victimes d’un cancer du rein. Les études épidémiologiques menées pendant près de dix ans ont porté non pas sur la population exposée au C5 mais sur la totalité des salariés de l’usine, en référence à la totalité des produits chimiques de l’usine. Les épidémiologistes ont pourtant clairement identifié un excès de cancer du rein en rapport avec l’exposition C5, mais très atténué par rapport à la réalité de ce qu’il était. Leurs conclusions maintiennent le doute, ce qui a conduit la direction de l’entreprise à refuser d’envisager la substitution du produit, pourtant possible.

Pire encore : les chercheurs qui ont mené l’enquête conseillent la poursuite d’études de mortalité par cancers des salariés du site ! L’épidémiologie, dans ses courants dominants, se contente de compter les morts et de répéter sans fin que le nombre de cancers augmente. Les chercheurs font abstraction des contextes, et surtout des gens. Leurs études s’inscrivent dans le paradigme du doute et les conduit à une démarche répétitive, consistant à vouloir constamment « re-prouver » que des toxiques connus, comme l’amiante ou d’autres, sont effectivement responsables de la survenue de cas de cancer dans toutes les situations. Cela empêche toute action de prévention.

 

Vous évoquez aussi l’absence de veille sanitaire, qui crée de l’invisibilité, laquelle alimente le doute....

Tant que la France ne se dotera pas, dans chaque département, d’un registre de cancers dans lequel on reconstitue les parcours professionnels et l’histoire résidentielle des patients atteints, on n’avancera pas dans l’identification des risques en cause, seule base effective de stratégies de prévention. Les travailleurs victimes de cancer continueront à se heurter à de très grandes difficultés en matière de reconnaissance en maladies professionnelles. L’ancien site minier de Salsigne, dans l’Aude, d’où l’on tirait de l’or et de l’arsenic, illustre très bien ces difficultés. Avec Henri Pézerat et d’autres chercheurs, nous avons travaillé dès les années 80, pour étudier les relations entre cancers et poussières des mines. Nous avions déjà réclamé la création d’un registre, à partir des connaissances obtenues par nos échanges avec les travailleurs de la mine, qui souffraient de cancers. Cela aurait permis de repérer les lieux les plus pollués, pour pouvoir faire de la prévention, y compris pour les non travailleurs.

La suite nous a – hélas – donné raison : dans les années 1990 puis 2000, le problème environnemental est revenu comme un boomerang, avec une contamination généralisée à l’arsenic et à plusieurs de ses dérivés. Les agriculteurs ont été priés de ne pas vendre leurs produits. Les viticulteurs de ne pas faire de vin avec leurs raisins. Les riverains ont reçu une liste invraisemblable de conseils de la part de l’Autorité régionale de santé, qui leur explique par exemple de se laver les mains après être allé au jardin, ou de paver le devant de leurs maisons pour ne pas être en contact avec la terre. Que l’on ne dit jamais « contaminée », d’ailleurs. En 2014, les habitants ont reçu un questionnaire pour vérifier qu’ils ont bien appliqué ces recommandations. Bref : Il n’y a aucune veille sanitaire, et pas l’ombre d’un projet de décontamination ni de protection des habitants contre cette contamination.

 

Cette absence de veille, et ses effets dramatiques, sont aussi à l’œuvre dans le secteur du nucléaire.

Dans les années 1960 et 1970, la question du suivi systématique des travailleurs exposés a été abordée à plusieurs reprises, par des responsables du ministère du Travail, par des médecins du travail, par certains chercheurs... Rappelons que la radioactivité fait partie des cancérogènes avérés. Et que l’un des moyens de prévention, c’est de savoir quel type d’activité est le plus « exposant ». Les exploitants du nucléaire, qui avaient des fichiers informatiques très précis sur les dosimétries et les travailleurs, n’ont jamais eu aucun fichier digne de ce nom en terme de suivi sanitaire. Les médecins du travail ont beaucoup de mal à avoir des données. Les travailleurs qui subissent des contaminations sont sanctionnés par leurs employeurs. En fait, on ne veut pas faire de prévention. On veut faire disparaître ceux qui ont été contaminés.

Dernier exemple : celui des lieux contaminés par l’amiante. Le professeur Claude Got, qui avait dirigé la mission amiante en 1998, réclame depuis presque 20 ans (!) la création d’une base de données qui répertorie les lieux amiantés, qu’ils soient publics ou privés. Il a renouvelé sa demande en mars dernier, lors d’un colloque au Sénat, dédié au problème du désamiantage. Le diagnostic amiante étant obligatoire, il serait simple de l’enregistrer au cadastre. Mais les lobbies immobiliers freinent des quatre fers. Résultat : on n’a toujours pas de recensement des lieux contaminés en France. Sur tous ces sujets, il y a des connaissances qui auraient dû et pu être produites qui ne l’ont pas été, et cela entretient cette logique du doute. Toutes ces stratégies permettent aux industriels de gagner du temps, et aux autorités publiques de n’envisager aucune politique digne de ce nom en terme de décontamination, ou de prévention. Cela permet aussi de laisser des projets industriels renaître.

 

Vous expliquez comment les industriels et leurs experts disqualifient les chercheurs qui s’opposent à l’occultation des dangers...

En 2005, deux importantes revues de santé publiques états-uniennes ont publié des dossiers sur la corruption de la science par des multinationales de l’industrie, dans la mise en doute, jusqu’au déni, des risques industriels. Ces dossiers témoignent également de la disqualification des chercheurs s’opposant aux stratégies d’occultation des effets mortifères d’industries dangereuses. Quand j’ai commencé le livre, je connaissais les histoires de ces hommes et femmes sur lesquels des industriels se sont acharnés. Mais en les remettant en forme, en les racontant, j’ai été impressionnée de voir comment des personnes telles que Alice Stewart, Rachel Carson, ou encore Irving J. Selikoff (qui mena une rude bataille contre les industriels de l’amiante aux Etats-unis) ont été malmenées.

Ces personnes rigoureuses, qui mettent en évidence la toxicité d’une substance ont à faire à des industriels, et à leurs experts, qui rétrogradent leurs travaux au rang d’opinion, en les discréditant personnellement. Nous ne sommes pas en présence de controverses. On ne s’affronte pas sur un problème, en avançant des hypothèses différentes ! Quand nous avons commencé à travailler sur ces questions Henri Pézerat et moi, nous savions que nous n’avions pas le droit à l’erreur. Nous savions que nous étions surveillés par des gens très pressés de nous disqualifier. Mais ce que nous n’avions pas anticipé, c’est qu’en face, il ne s’agit pas de scientifiques honnêtes. Dès lors, les dés sont pipés. On ne peut pas discuter avec des gens malhonnêtes.

 

Les autorités publiques ne s’empressent pas non plus de soutenir les chercheurs indépendants de l’industrie...

Les autorités publiques luttent contre la visibilité des responsables des cancers. Pour ne pas remettre en cause les procédés industriels, toutes les voix qui en parlent sont priées de se taire. Les chercheurs qui se situent du côté des contre-pouvoirs ne sont jamais écoutés, ils sont même stigmatisés. Certains voient leurs travaux confisqués, voire détruits. Quand des riverains, des travailleurs, des chercheurs indépendants pointent du doigt des pollutions, ils reçoivent parfois des menaces. À Saint Félix-de-Pallières, où il y a un projet de ré-ouverture de mine, les autorités sanitaires intimident un peu les habitants qui se mobilisent.

 

Les ouvriers, puis les riverains de sites pollués … Vous mettez en évidence les inégalités sociales de santé, et leur « disparition » organisée.

Sur le site de l’Institut du cancer, il n’y a aucune donnée sur les cancers professionnels et/ou environnementaux. Dans son rapport d’activité annuelle, l’institut ne parle que du tabac, de l’alcool et des comportements individuels. Les publications scientifiques sur les expositions professionnelles chutent, de même que celles qui s’intéressent aux expositions cumulées, alors qu’elles sont la cause d’un nombre écrasant de cancers. Le travail n’est pas du tout pris au sérieux comme cause des cancers. Le rapport des Académies des sciences et de médecine de 2007 se sert de l’absence de données pour dire que le travail joue un rôle très limité dans la survenue des cancers. Alors même que le ministère du Travail publie une enquête qui donne régulièrement les expositions de millions de salariés à des cancérogènes, et ce sans aucune protection !

On n’a plus d’enquête sur les inégalités sociales de santé. C’est devenu un non-sujet. Invisibles des statistiques officielles, les inégalités face à la maladie et à la mort ne cessent pourtant de s’accroitre. En 1984, un ouvrier avait quatre fois plus de risques de mourir d’un cancer qu’un cadre supérieur. En 2008, ce risque est dix fois plus élevé. En milieu professionnel, les morts « légitimes » sont celles des ouvriers. Dans ce domaine des atteintes à la santé liées aux risques industriels, plus que dans tout autre, la santé des travailleurs est la sentinelle de la santé publique.

 

Propos recueillis par Nolwenn Weiler

Photo : CC [AndreasS]

 

A lire : La science asservie. Santé publique : les collusions mortifères entre industriels et chercheurs. Annie Thébaud-Mony. Éditions de la Découverte, 21 euros.

Notes

[1L’ouvrage de Rachel Carson issu de ces années d’observation, Printemps silencieux, a été publié en 1972. Il comporte des informations essentielles sur les mécanismes d’action des substances chimiques dans les organismes vivants.

[2Handford est un site nucléaire américain situé à 250 km au sud-est de Seattle. C’est l’une des deux centrales du "Manhattan Project" (avec Oak Ridge, dans le Tennessee), qui ont produit le plutonium ayant servi à Nagasaki et Hiroshima.

[3Intermédiaire de synthèse qui sert dans le procédé de fabrication de la vitamine A

 

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

 

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 16:21

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Ugo Bardi: «Nous modifions de manière irréversible les conditions de vie sur la Terre»

|  Par Jade Lindgaard

 

 

Le système économique actuel ne dérègle pas seulement le climat. Il détruit les ressources naturelles que la Terre a mis des centaines de millions d’années à former. Ces bouleversements sont irréversibles, analyse Ugo Bardi, auteur d'un récent rapport du Club de Rome, Le Grand Pillage, publié ces jours-ci en français.

 

En 1972, un groupe de chercheurs, réunis sous l’appellation de Club de Rome, publie un rapport retentissant sur Les Limites à la croissance économique. Plus de quarante ans plus tard, ce rapport est un jalon de la pensée écologique (actualisé et republié en 2011). Son originalité est, alors, d’étudier l’évolution à long terme du système « monde », résument Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans Comment tout peut s’effondrer. Pour eux, le message principal du Club de Rome en 1972 disait : « Si l’on part du principe qu’il y a des limites physiques à notre monde, alors un effondrement généralisé de notre civilisation thermo-industrielle aura très probablement lieu durant la première moitié du XXIe siècle. »

 

 

Reprenant cette approche des systèmes complexes, Ugo Bardi, professeur de chimie et membre du comité scientifique de l’Association pour l’étude des pics de pétrole et de gaz naturel (ASPO), l’applique cette fois-ci à l’analyse de l’écosystème. Pour lui, le système économique actuel ne dérègle pas seulement le climat. Il détruit les ressources naturelles que la Terre a mis des centaines de millions d’années à former. Ces bouleversements sont irréversibles, en conclut-il dans un rapport remis au Club de Rome en 2013. Il est publié ces jours-ci en français sous le titre Le Grand Pillage – Comment nous épuisons les ressources de la planète (Les Petits matins/Institut Veblen).

 

À propos de l’épuisement des ressources naturelles en minerais et métaux, dans votre livre Le Grand Pillage, vous parlez de « mort de Gaïa ». Pourquoi ?

Ugo Bardi. La mort de Gaïa, c’est un scénario extrême. Ce qu’on appelle Gaïa, c’est l’écosystème terrestre. C’est un système de rétroactions planétaires qui stabilisent le système Terre. Par exemple, la concentration de CO2 est le principal facteur de stabilisation de la température de la planète (l’effet de serre). Le CO2 est le thermostat de la Terre. Autre exemple, si la surface des glaciers polaires augmente, elle réfléchit plus les rayons solaires et donc la température refroidit. Aujourd’hui, il se passe le contraire : on réchauffe tellement l’atmosphère que les glaciers s’effondrent et qu’on absorbe de plus en plus de rayons solaires, ce qui réchauffe le système. C’est vraiment dangereux.

 

Depuis vingt ans, nous comprenons beaucoup mieux ce système de régulations terrestres. C’est une révolution scientifique. Si l’on veut comprendre le système terrestre, il faut le regarder sur toute sa vie. Il a commencé il y a plus de 4 milliards d’années. Or quand on parle de changement climatique, le plus souvent, on pense aux modèles des climatologues, notamment utilisés par le Giec (Groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). On entre des données dans un ordinateur et on calcule la hausse des températures dans cinquante ans en fonction de l’augmentation de la concentration de gaz à effet de serre.

 

Ugo Bardi à Paris, le 6 mai 2015. (©JL)
Ugo Bardi à Paris, le 6 mai 2015. (©JL)
 

Certains relativisent l’importance du dérèglement climatique au prétexte que le système a toujours changé. C’est vrai. Mais il faut comprendre les raisons de ces changements, et bien voir qu’ils ne sont jamais neutres. Aujourd’hui, les humains sont dans la situation de pouvoir causer des bouleversements encore plus importants que ceux du passé. En tant qu’êtres humains, nous accélérons un processus naturel d’évolution de l’écosystème. La mort de Gaïa, c’est provoquer une perturbation tellement forte que l’on génère un changement climatique violent. Pour se rendre compte de ce qu’est vraiment le dérèglement du climat, il faut donc observer le système terrestre sur plusieurs centaines de millions d’années.

 

Brûler les énergies fossiles n’émet pas seulement des gaz à effet de serre. Cela détruit le résultat d’un processus de formation qui a pris des centaines de millions d’années. Est-ce irréversible ?

Les personnes qui utilisent des combustibles fossiles, pour faire rouler leurs voitures par exemple, ne pensent pas à ça. Elles pensent que c’est simplement un combustible. Un « cadeau » que l’on trouve dans la terre. Mais pas du tout ! Ils ont été créés pendant des centaines de millions d’années par le système. L’oxygène que nous respirons est un sous-produit de la formation de ces combustibles fossiles.

Si l'on brûlait tout le charbon fossile qui existe dans la croûte terrestre, on utiliserait tout l’oxygène de l’atmosphère. Si l'on brûlait beaucoup de charbon, dans quelques centaines d’années, on aurait un gros problème de réduction de l’oxygène dans l’atmosphère qui menacerait la vie sur la Terre. Il faut comprendre ce type de choses. On touche à des mécanismes qui nous font vivre. Ces changements sont irréversibles. En anglais, on parle de « big history », la grande histoire, l’histoire de l’univers vue comme un processus irréversible.

 

Pourquoi ne serait-il pas possible d’inventer les technologies permettant de remplacer les fossiles ?

C’est absolument possible. Il faut être un peu optimiste. On ne peut pas reconstituer les combustibles fossiles. Mais on peut fabriquer d’autres énergies. Le rapport de l’Ademe, censuré par le gouvernement français, en offre un bon exemple : il est possible en France de produire 100 % de l’électricité à partir de technologies renouvelables. On peut trouver une quantité incroyable d’énergies renouvelables sur la Terre. C’est un énorme changement technologique, social, politique et stratégique. Avec les techniques renouvelables, on peut travailler sur les ressources minérales, on peut recycler, être plus efficace. C’est un monde différent. On peut fabriquer des éoliennes différemment qu’on ne le fait aujourd’hui, sans terre rare, avec des techniques simples.

 

Quand on parle de réformes politiques, on parle toujours au fond de garder le monde tel qu’il est. Ce n’est pas de cela que je parle. C’est d’un changement global. Avec les énergies renouvelables actuelles, tu ne pourras pas emmener ta famille en voiture de Paris à la Côte d’Azur. Mais tu pourras faire autre chose que tu ne peux pas faire aujourd’hui. Par exemple, respirer un air propre.

 

Les gouvernements se sont fixé pour objectif de ne pas augmenter la température moyenne de plus de 2 degrés. Mais en l’état actuel, le monde est parti pour une hausse d’au moins 4 degrés. Cela entraînerait la destruction de la société mondiale. Or, on pourrait éviter cette catastrophe. Pour cela, il faudrait investir dans les énergies renouvelables pour que les gens arrêtent d’utiliser le pétrole. Là, on baisserait vraiment les émissions de gaz à effet de serre. Pour y arriver, il faudrait multiplier par dix les investissements.

 

Une mine d'or au Soudan. (Mohamed Nureldin Abdallah, Archives Reuters)
Une mine d'or au Soudan. (Mohamed Nureldin Abdallah, Archives Reuters)

 

L’énergie joue un rôle central dans ces bouleversements. Vous expliquez que l’épuisement des minerais ne sera pas causé par le manque physique de ressources naturelles mais par le manque d’énergies abordables pour les forer. Pourquoi ?

Pour forer, creuser, extraire, traiter, transporter des minerais… il faut de l’énergie. Un économiste fameux du XIXe siècle, William Jevons, expliquait déjà cela. Il faut des ressources pour produire de nouvelles ressources. C’est le principe de l’investissement. Historiquement, on extrait d’abord les ressources faciles d’accès. À l’époque de la ruée vers l’or en Californie, les gens trouvaient des pépites d’or. Ça ne coûtait presque rien. Aujourd’hui, on en produit beaucoup plus mais en l’extrayant de roches où on ne le voit même pas à l’œil nu. C’est très cher et très polluant. C’est ce que j’appelle « l’effet Tiffany ». Dans le film Petit Déjeuner chez Tiffany, la fille jouée par Audrey Hepburn regarde l’or de l’autre côté de la vitrine. Elle pense qu’elle est riche de seulement l’admirer. Mais il faut trouver un moyen de le sortir de derrière la vitrine. Sur la planète, il y a beaucoup d’or. La difficulté, c’est de l’extraire. Dans le futur, même avec beaucoup d’énergies renouvelables, on ne pourra plus le faire. On doit s’adapter aux limites de la planète.

 

Pourtant, l’économie perturbe ce tableau. Plus le pétrole est cher, plus il est rentable pour les pétroliers de le chercher dans des conditions difficiles et onéreuses (huile de schiste, forage en eau profonde, sables bitumineux…).

Cela ne se passe pas exactement comme cela en réalité. Le marché peut modifier la rentabilité de l’extraction. Mais derrière le marché, il y a un système physique. Pour extraire une ressource minérale, il faut des ressources physiques. On parle de capital, on peut le mesurer avec des outils monétaires, mais c’est quand même physique. Le marché peut obtenir que le système économique distribue plus de ressources à l’industrie pétrolière quand les prix du pétrole augmentent. Les gens vont investir dans cette activité. L’économie totale va affecter des ressources à l’extraction. Mais il faut bien les prendre quelque part. Ces ressources seront prélevées sur d’autres secteurs de l’économie : les subventions publiques, la recherche, la santé, les salaires, la démocratie.

La société s’appauvrit pour extraire plus. C’est l’effet du marché. C’est possible de le faire. Mais il faut payer. L’argument économique ne marche que si l’on croit à la croissance continue. Le problème, c’est que la société ne peut pas croître toujours. Les solutions financières masquent des problèmes physiques : la croissance de l’énergie nécessaire pour extraire des ressources minérales. Mais tout le monde ne le voit pas. Ça dépend de ta vision du monde.

 

À la fin de votre livre, vous parlez d’« eschatologie minérale ». Que voulez-vous dire ?

L’eschatologie est un domaine de la physique qui s’intéresse au fait que l’univers commence quelque part et finit quelque part. En tant qu’espèce humaine, nous avons éparpillé la concentration des minéraux que la Terre a créés pendant des centaines de millions d’années. C’est une eschatologie, le sort ultime du monde. Ces concentrations ne pourront plus jamais se reformer dans la Terre. Dans un futur très lointain, il est possible que l’on reforme beaucoup de pétrole. Chacun de nous peut former 4 ou 5 litres de pétrole dans quelques millions d’années, avec une bonne sédimentation. Mais certaines ressources ne se reformeront jamais. Les diamants par exemple, le charbon non plus. Eschatologie signifie un changement irréversible.

 

Votre livre est un rapport adressé au Club de Rome, groupe de chercheurs connu pour avoir publié en 1972 Les Limites de la croissance, l’un des premiers ouvrages à alerter sur l’impossibilité d’avoir une croissance économique continue. À l’époque, cette publication fut très critiquée alors que, 40 ans plus tard, ses conclusions sont globalement confirmées. Pourquoi un tel rejet ?

Cela a à voir avec la difficulté que nous avons à accepter certaines idées. En 1972, il y a eu beaucoup de débats et de discussions, c’est normal. Mais ce fut très acharné. Tout le monde a pensé que ce que disait le rapport était faux alors qu’il était très bien fait. Ce rapport n’est pas un évangile. C’est une étude scientifique, avec tous les défauts des études scientifiques. Son principal défaut était politique. Il parlait de l’humanité en général, sans préciser qui pouvait agir, où, et comment. Ce fut un best-seller, mais il n’a eu aucun effet sur la société.

Mon livre, aujourd’hui, je l’ai écrit parce que je suis optimiste. On pense toujours qu’on peut changer le monde, même si d’un point de vue rationnel, on sait aussi que c’est peu probable. Le mot-clé, c’est l’adaptation. Ne pas forcer le système. Parce que le système Terre est bien plus fort que nous.

 

Boîte noire : Cet entretien a été réalisé mercredi 6 mai à Paris, en français, pendant un peu plus d'une heure, dans les locaux de la fondation Charles-Leopold Meyer.

Ugo Bardi, Le Grand Pillage – Comment nous épuisons les ressources de la planète, Institut Veblen/Les Petits matins, 427 pages, 19 euros.

 
 
 
 
 
 
 
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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 16:08

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

Trois rapports décrivent une Agence du médicament en pleine crise

|  Par Michel de Pracontal

 

 

 

Trois rapports confidentiels, que révèle Mediapart, dressent un tableau inquiétant de la situation de l'ANSM, l'agence responsable de la sécurité des médicaments. Malgré une réorganisation, l’agence n’est pas plus apte que par le passé à traiter des alertes sanitaires comme celle du Mediator. Son directeur estime que la situation s'améliore, mais une source interne juge que « le bateau coule ».

Trois rapports confidentiels, que Mediapart a pu se procurer, brossent un tableau inquiétant de la situation de l’ANSM, l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, issue en 2012 de la refonte de l’ancienne Afssaps à la suite de la crise du Mediator. La conclusion la plus préoccupante des rapporteurs est que malgré une complète réorganisation, l’agence n’apparaît pas plus apte que par le passé à traiter des alertes sanitaires comme celles du Mediator ou des prothèses PIP.

 

Les magistrats de la Cour des comptes, auteurs de l’un des rapports, mettent en cause la difficulté de l’agence à détecter et analyser « les signaux faibles c’est-à-dire les informations émises par des lanceurs d’alerte ». Pour les magistrats, « l’agence ne s’est toujours pas mise aujourd’hui en capacité de repérer ce type d’alerte et d’en tirer les conséquences en termes d’identification des risques puis d’action ».

 

© Reuters
 

Le deuxième rapport, établi par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), renchérit : « En dépit d’évolutions positives, de nombreuses faiblesses affectent la surveillance et la sécurisation du médicament. » Les inspecteurs signalent « des fragilités en situation d’urgence et de gestion de crise » et dépeignent des agents stressés, travaillant sous pression, « avec la peur de rater quelque chose ». Ils indiquent que « les personnes rencontrées sont apparues dans de nombreux cas épuisées et [que] les managers ont évoqué spontanément plusieurs cas de “burn-out” dans leur service ».

 

Et de conclure : « Compte tenu de la charge de travail et de la pression psychologique auxquelles le personnel est soumis, la situation actuelle n’est pas pérenne. Elle est non seulement porteuse de risques pour la santé physique et mentale du personnel, mais elle constitue un possible facteur de détérioration de la qualité du travail rendu par l’ANSM. »

 

Le troisième rapport, rédigé par Secafi, cabinet agréé par le ministère du travail, indique que « 44 % des agents sont en niveau de RPS [risques psychosociaux] fort à très fort », et que les tests font apparaître un taux de stress « éminemment élevé ».

 

Au total, les trois rapports livrent des diagnostics concordants : ils décrivent une agence encore traumatisée par les retombées du scandale Mediator, en perte d’influence internationale et européenne, fragilisée par un climat social dégradé et une réorganisation à grande échelle qui a affecté les fonctions de 80 % des agents. Précisons que ce triple constat ne reflète pas l’actualité immédiate, mais un passé récent : le document de Secafi date d’avril 2014, celui de la Cour des comptes de fin 2014 et celui de l’Igas de février 2015. Un cadre de l’agence, qui souhaite conserver l’anonymat, estime cependant que la situation ne s’est pas améliorée et que « le diagnostic est toujours aussi inquiétant qu’il y a six mois ».

 

Dans l’intervalle, la direction de l’ANSM a changé : en septembre 2014, le médecin et haut fonctionnaire Dominique Martin a succédé au professeur Dominique Maraninchi, cancérologue, qui dirigeait l’agence depuis février 2011.

 

Contacté par Mediapart, Dominique Martin ne nie pas les difficultés de l’agence, tout en dédramatisant : « Je confirme que la transformation de l’agence a créé une situation de tension, mais je ne considère pas qu’il s’agisse d’une crise, dit-il. Ce n’était pas un établissement en crise quand je suis arrivé et ça ne l’est pas aujourd’hui. Il est exact qu’il y avait un niveau de stress important et que le dialogue social devait être amélioré. Nous avons pris cette situation à bras-le-corps et un gros travail a été entrepris. Un plan de prévention des risques psychosociaux vient d’être voté, et nous cherchons à conclure un accord avec les syndicats d’ici la fin de l’année. Mon engagement est que l’agence fonctionne efficacement tout en assurant la qualité de vie au travail. »

 

Dominique Martin, directeur général de l'ANSM
Dominique Martin, directeur général de l'ANSM © DR
 

S’il est trop tôt pour juger de l’action de Dominique Martin, ce dernier ne se démarque pas radicalement de son prédécesseur : « Il n’y a pas de virage à 180°, dit-il. Je n’ai pas changé l’organisation mise en place par la direction précédente. Et j’ai maintenu les grands axes de la réforme de 2011. »

Cette réforme a-t-elle été correctement menée ? Et l’agence a-t-elle les moyens de fonctionner efficacement ? Les analyses de la Cour des comptes et de l’Igas mettent en évidence de sérieuses faiblesses.

 

UNE RÉORGANISATION « À MARCHE FORCÉE »

Dominique Maraninchi a été nommé en février 2011 à la tête de l’agence, qui s’appelait alors l’Afssaps, avec la difficile mission de lui rendre son crédit, entamé par l’affaire du Mediator, qui a mis en relief l’échec de la pharmacovigilance et l’omniprésence des liens d’intérêts. L’une des priorités a donc été de réduire l’influence de l’industrie. Cela s’est traduit par une vague de départs et par le choix de moins recourir à des experts externes, sur lesquels l’Afssaps s’appuyait largement.

 

L'un de ces experts externes estime que Dominique Maraninchi a « fait un sacré ménage », qui a permis une « réelle transparence » des liens avec l’industrie. Catherine Lassale, responsable des affaires scientifiques du Leem (le syndicat de l’industrie pharmaceutique), salue aussi l’action de l’ancien directeur : « La loi Bertrand de 2011 sur le médicament demandait que les agences ne s’appuient que sur des experts sans conflits d’intérêts, dit-elle. L’agence respecte la loi. Elle a un comité de déontologie qui fonctionne très bien. Aujourd’hui, il n’y a plus de conflits d’intérêts. Je dis chapeau. »

 

« La moitié des évaluateurs pharmacovigilance a peu d’expérience, ou aucune »

D’autres interlocuteurs jugent très sévèrement la refonte de l’agence. « Maraninchi a tout cassé », résume un agent. C’est que la réforme ne s’est pas limitée à faire la chasse aux conflits d’intérêts. Dans une logique de rupture avec le passé, Dominique Maraninchi a lancé une réorganisation de grande ampleur, qui a affecté les fonctions de 80 % des agents. Cette « bascule », selon le terme utilisé à l’agence, a été difficile à vivre pour une part importante du personnel.

 

D’après le rapport de l’Igas, les organisations syndicales estiment que la réforme a été menée « à marche forcée » et marquée par « le manque de transparence et d’information ». Selon un cadre interrogé par les inspecteurs, « la démarche de dialogue et d’écoute promue lors du lancement a rapidement été abandonnée au profit d’un mode de fonctionnement laissant penser que “tout était verrouillé” ». Commentaire de l’Igas : « On ne peut que noter la forte divergence entre le discours de la direction générale et la perception de certains acteurs sur le terrain. »

 

De plus, si la réorganisation devait améliorer l’efficacité et la réactivité de l’agence, le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne semble pas d’une clarté limpide. La terminologie employée en témoigne. La hiérarchie classique a été remplacée par une « organisation matricielle ». L’ancienne commission d’AMM (autorisation de mise sur le marché) est devenue la « Commission d’évaluation initiale du rapport bénéfice risque des produits de santé », et celle de pharmacovigilance est devenue la « Commission de suivi du rapport bénéfice risque des produits de santé ».

 

Dominique Maraninchi, directeur général de l'agence de 2011 à 2014
Dominique Maraninchi, directeur général de l'agence de 2011 à 2014 © DR
 

Concrètement, que recouvre ce vocabulaire bureaucratique ? Un ancien expert de l’Afssaps, qui a suivi la réforme mais ne travaille plus pour l’agence, décrit « un grand jeu de chaises musicales, très mal vécu, avec des personnes qui avaient une expertise très pointue et qui ont été chargées de faire tout autre chose ». Selon cet expert, « il y a eu un effet de sidération, la personne qui s’occupait du diabète et qui a été chargée de la toxicologie animale ne répondait plus au téléphone, parce qu’elle s’est retrouvée avec quatre-vingts dossiers en attente qu’elle ne connaissait pas ».

 

Le même interlocuteur ironise sur la nouvelle organisation « matricielle » : « Si vous avez un médicament du diabète de l’enfant qui expose à des complications rénales, il va être étudié par le groupe de pédiatrie, le groupe diabète, le groupe reins, et suivi au cours du temps, on découpe les dossiers horizontalement par disciplines et verticalement selon la chronologie. Le dossier est éclaté, il perd sa cohésion. »

 

Exagération ? Une source interne juge que la réforme a été faite en perdant de vue le sens du travail de l’agence. Le rapport de la Cour des comptes parle, lui, d’une « maîtrise défaillante de l’activité ».

 

UN « STOCK CACHÉ » DE DOSSIERS EN ATTENTE

Ce manque de maîtrise s’illustre dans le problème du « stock caché » de dossiers en attente. Fin 2012, la direction de l’agence a découvert un stock de 14 602 dossiers d’AMM non enregistrés, « dont certains étaient vieux de plus de quatre ans », selon la Cour des comptes. Ces dossiers concernent des modifications d’AMM, qui peuvent porter sur des points de détail comme sur des changements plus importants comme une nouvelle indication d’un médicament.

 

Le retard dans le traitement des dossiers s’est accumulé au point que, selon la Cour des comptes, 452 chèques reçus en paiement des taxes afférentes aux dossiers d’AMM, représentant un montant de 0,7 million d’euros, n’avaient pas été encaissés ; pour 114 chèques correspondant à 171 168 euros, l’action en recouvrement des créances était prescrite. L’agence a dû demander à ses tutelles des moyens supplémentaires pour inventorier et traiter ce stock de dossiers en attente. Selon l’Igas, cela représente une charge de travail correspondant à environ un quart du nombre moyen de dossiers d’AMM traités chaque année.

 

Pratiquement, les délais de traitement des dossiers tendent à s’allonger. Début 2015, « l’agence est en phase d’augmentation des stocks de dossiers à traiter en matière d’AMM ». L’Igas observe que « la prise en compte tardive de certaines demandes d’autorisation peut entraîner un risque sanitaire, notamment s’agissant des modifications d’AMM intervenant suite à la prise en compte de données de pharmacovigilance ».

 

Dominique Martin, interrogé sur le sujet, considère le problème du retard des dossiers comme « la priorité des priorités ». Il admet aussi qu’il s’agit d’une « problématique chronique », et que les mesures prises par sa direction n’ont pas encore d’effet à ce jour. Selon son estimation, il faudra de un à deux ans pour résorber le retard chronique des dossiers d’AMM.

 

UNE FAIBLESSE PERSISTANTE DE LA PHARMACOVIGILANCE

Domaine clé pour la détection des risques médicamenteux, la pharmacovigilance était l’une des priorités de la réforme de l’agence. Pourtant, le rapport de l’Igas pointe « de nombreuses faiblesses [qui] affectent la surveillance et la sécurisation du médicament ». Une direction consacrée à la surveillance des médicaments a été créée. Mais elle souffre, selon l’Igas, « d’un positionnement bancal qui ne lui permet pas d’assurer les missions pour lesquelles elle a été créée, notamment en matière de pharmacovigilance ».

 

Le nombre des « évaluateurs pharmacovigilance » a augmenté, mais ils ont des difficultés à jouer leur rôle. « La moitié des évaluateurs pharmacovigilance ne dispose que d’un faible niveau d’expérience, voire d’aucune expérience, en pharmacovigilance, note la mission de l’Igas. De plus, ils ne peuvent pas s’appuyer, comme cela était prévu lors de la réorganisation, sur des évaluateurs seniors qui auraient pu relire leurs rapports. »

 

« Le fondement d’une agence, c’est l’expertise. Il n’y est plus »

Difficulté supplémentaire : les pharmacovigilants sont répartis dans plusieurs directions, dont les responsables hiérarchiques viennent de la filière clinique et sont « peu sensibilisés aux enjeux de sécurité sanitaire ». Résultat : « Les évaluateurs pharmacovigilance sont isolés au sein des directions produits et ne disposent pas (…) d’un relais suffisant à l’extérieur de leur direction. »

Bref, les pharmacovigilants sont peu formés et encadrés par des chefs peu sensibilisés au sujet… Qui plus est, ils n’exploitent pas toutes les informations existantes, estime l’Igas. Ainsi, selon le rapport, les agents ne tiennent pas assez compte des informations sur le mésusage des médicaments, alors que «la France se distingue par un taux de prescriptions hors AMM élevé, entraînant des risques  importants sur le plan sanitaire ». Pour citer un exemple récent, la pilule Diane 35, qui ne devait être prescrite que pour l’acné, a été dans 77 % des cas donnée comme contraceptif en dehors de cette indication.

 

© Mutuelleprevoyancesante.fr
 

Les inspecteurs de l’Igas soulignent que la séparation entre l’ANSM et la HAS (Haute autorité de santé) entraîne une perte d’information. La commission de la transparence de la HAS évalue le service médical rendu par un médicament, autrement dit le bénéfice qu’il apporte au patient. Cette évaluation n’est pas sans relation avec l’évaluation bénéfice/risque effectuée par l’agence. Ainsi, lorsqu’un produit a un SMR faible, même un niveau de risque faible n’est pas acceptable. Or, selon l’Igas, « les conclusions de la commission de transparence de la HAS ne font pas partie des données utilisées par les évaluateurs pharmacovigilance ». Un découpage de compétences incompréhensible.

 

Enfin, l’Igas critique l’analyse insuffisante de la littérature scientifique : « Il n’y a pas, à ce jour, d’études documentaires prospectives qui pourraient aider les évaluateurs pharmacovigilance à cibler leurs analyses et établir des priorités parmi les événements indésirables qu’ils doivent traiter », écrivent les inspecteurs. Dans ces conditions, les pharmacovigilants manquent d’instruments pour établir des priorités et cibler les problèmes importants. « Une agence efficace sait tirer le gros gibier », commente un expert.

 

LES DIFFICULTÉS DU RECOURS À L’EXPERTISE INTERNE

Avant le Mediator, l’agence s’appuyait largement sur les avis d’experts externes siégeant dans ses commissions, notamment la commission d’AMM ou celle de pharmacovigilance. Ces experts, en général des professeurs hospitaliers, avaient de nombreux liens avec l’industrie. Pour s’en affranchir, l’agence a réduit le nombre de commissions de 12 à 4, et a diminué fortement le nombre de ses experts externes (il est passé de 1 245 en 2011 à 222 en 2013).

Si cette démarche a réduit l’emprise des liens d’intérêts, elle a conduit à reporter une part importante de l’expertise sur les évaluateurs de l’agence, qui n’y étaient pas préparés. Le rapport de l’Igas juge que le recours accru à l’expertise interne a un « effet anxiogène sur les évaluateurs ». Dominique Martin conteste que l’agence soit confrontée à une pénurie d’experts : « Les agents de l’ANSM ont un haut niveau scientifique, dit-il. Nous sommes en train d’assurer une montée en compétence et de renforcer l’expertise interne grâce à un important effort de formation. »

 

L’une de nos sources se montre plus pessimiste : « Ne rêvons pas, il faut cinq ans pour former un bon expert. Le fondement d’une agence, c’est l’expertise. Il n’y est plus. »

 

Le problème dépasse l’agence du médicament : la recherche pharmaceutique en France, très largement financée par les firmes, produit peu d’experts libres de tous liens d’intérêts. Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, où les experts de la FDA (Food and Drug Administration) sont royalement payés en dehors de tout lien avec l’industrie. Ni la France, ni l’Europe ne se sont dotés d’un corps d’experts indépendants comparable à celui de la FDA.

 

UNE PERTE D’INFLUENCE EUROPÉENNE ET INTERNATIONALE

Jusqu’à une période récente, l’agence française avait une influence importante au niveau européen. La refonte de l’ANSM a eu un effet non négligeable sur le rayonnement français. Selon le rapport de l’Igas, l’ANSM a subi « un recul très significatif en matière de dossiers considérés comme stratégiques ». Elle est beaucoup moins présente dans les essais cliniques qui concernent la France : en 2013, l’agence française est rapporteur dans 5 dossiers d’essais cliniques européens (passant par la procédure dite d’harmonisation volontaire européenne), sur un total de 112, soit 4 % ; en 2010, la proportion était de 37 %.

 

La perte d’influence française se manifeste aussi dans le domaine des AMM qui passent par la procédure européenne centralisée, utilisée pour tous les produits innovants. L’ANSM a été rapporteur ou co-rapporteur de 24 dossiers sur 102 en 2010 (21,4 %), et de seulement 9 dossiers sur 90 en 2013 (10 %).

Les inspecteurs de l’Igas estiment que l’ANSM doit développer une stratégie d’influence afin de peser davantage dans les instances européennes, notamment au sein du Prac, le comité responsable de la pharmacovigilance de l’agence européenne.

En a-t-elle les moyens, dans le contexte actuel de réduction budgétaire et de contraintes sur les effectifs ? Peut-elle sortir de la crise où l’ont plongée l’affaire du Mediator et la réorganisation qui a suivi ? « Le bateau coule et personne ne dit rien », dit le cadre que nous avons interrogé. Dominique Martin, lui, y croit : « Mon métier est d’être constructif, dit-il. On est en train de faire bouger les choses. Je vois des secteurs où des gains sont possibles. » Et il ajoute : « Je suis nommé pour trois ans, je serai jugé au résultat. »  

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9 mai 2015 6 09 /05 /mai /2015 17:18

Info reçue par mail

 

 

 

 

SOUTIEN aux GREVISTES

 

de la S.T. D. G.

 

 

11ème jour de grève à la STDG :

la Direction doit écouter les salarié(e)s et les usagers 

 

Voilà 10 jours que les salarié-e-s de la STDG sont en grève. En période de Négociations Annuelles Obligatoire la Direction refuse toujours de négocier, puisqu’elle ne propose aucune augmentation de salaire…

 

10 jours que les salarié-e-s de la STDG sont dehors, devant l’Entreprise organisant un piquet de grève.

 

L’Union Syndicale Solidaires du Gard et l’Union Solidaires Transports soutiennent les salarié-e-s de la

STDG qui ont raison de se mobiliser pour demander un meilleur salaire !!!

 

Une grève qui fait gagner de l’argent à l’entreprise, car les salaires ne sont pas payés, les cars ne roulent pas…Et le conseil général continue de subventionner cette entreprise !!!

 

Les Gardois payent donc cette entreprise de transport… Sans pouvoir les utiliser !!!

 

Les grands Groupes comme Transdev, Kéolis ou RATP Dev, engrangent des dividendes grâce à l’argent public… Nos impôts… Il n’est pas normal que cet argent serve à capitaliser.

 

Il doit servir uniquement au service public des voyageurs.

 

Peut être que si les « usagers payeurs » se manifestaient auprès de leurs élus sur le non fonctionnement des transports scolaires, la Direction de STDG serait plus prompte à négocier « loyalement » avec les salariés…

L’Union Syndicale Solidaires du Gard et l’Union Solidaires Transports soutient les salarié-e-s en lutte.


 

Contact : François SEGUY, 06 16 65 19 81.


 

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8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 16:37

 

 

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/friture-mag

 

 

Catastrophe oléicole en Italie, inquiétude en France

 
 
 
 
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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 17:41

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

ça bouge ! Agrobusiness

« Aux graines, citoyens ! » Marche mondiale contre Monsanto dans 25 villes françaises et 50 pays

par

 

 

 

 

Le 23 mai 2015, des citoyens du monde entier, dans une cinquantaine de pays et une vingtaine de villes françaises, marcheront contre Monsanto, et contre les « multinationales des OGM et des pesticides ». Ils se mobiliseront également pour une agriculture respectueuse de l’environnement, de la santé des travailleurs et des consommateurs, des générations futures. Leur demande : stopper l’offensive des OGM en Europe et arrêter l’empoisonnement par les pesticides. Avec un slogan : « Aux graines citoyens ! ». Voici l’appel lancé par le Collectif citoyen les Engraineurs et Combat Monsanto.

Lancé en 2013 par la mouvance Occupy, la Marche mondiale contre Monsanto se réclame d’une dynamique citoyenne, autogérée par les groupes qui s’en emparent localement, dans un esprit de convergence de tous ceux qui veulent agir, au travers d’événements ouverts sans étiquettes de partis ou d’organisations.

L’appel français pour la marche du 23 mai, qui réunira plus de 25 villes en France métropolitaine et dans les DOM, a été lancé par le collectif citoyen les Engraineurs et l’association Combat Monsanto. Ces rassemblements sont aussi l’occasion de mettre en lumière les alternatives dans les domaines de l‘agriculture et de l’alimentation, et d’affirmer l’opposition grandissante au projet de Grand marché transatlantique (TAFTA).

C’est suite au succès en mai 2013, de la première marche contre Monsanto, également autogérée, qu’une poignée de citoyens ont décidé de se constituer en collectif informel, indépendant et horizontal, fonctionnant sans argent et uniquement grâce à la participation active de ses membres. Ils se sont appelés les Engraineurs, se définissant comme des « citoyens informés et responsables qui participent à l’éveil des consciences citoyennes et écologiques, en partageant leur savoir et leur créativité, afin que tous se réapproprient les biens communs, contre les intérêts privés d’une minorité ». Les semences, comme les savoir-faire, toutes les ressources naturelles ou encore le climat, font partie de ce précieux héritage commun que nous défendons.

Aux graines citoyens ! Ensemble stoppons l’offensive des OGM en Europe !

En dépit de l’opposition de l’opinion, la nouvelle Commission européenne est déterminée à ouvrir les vannes aux OGM : en janvier 2015, l’Union européenne modifiait son règlement pour permettre la renationalisation des autorisations de mise en culture d’OGM afin de contourner l’opposition de 19 États réfractaires. Le 22 avril, la Commission modifiait son règlement sur les autorisations de consommation, humaine et animale. Deux jours plus tard, le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker annonçait l’autorisation à la vente et à la consommation de 19 nouveaux OGM, dont 11 de Monsanto. L’offensive se porte aussi sur le brevetage du vivant avec la décision, le 25 mars par la chambre des recours de l’Office européen des brevets, d’autoriser la privatisation de semences naturelles, comme le brocoli et la tomate, par des firmes semencières.

 

 

Le lobby des biotechnologies n’a jamais renoncé à imposer ses produits aux Européens, poursuivant sa stratégie malgré le refus des consommateurs et d’une majorité d’agriculteurs, malgré les avertissements de lanceurs d’alerte et les nombreuses luttes menées depuis les premiers fauchages en 1999. Une fois encore, faisons barrage et obligeons le gouvernement français à prendre des mesures pour interdire les OGM sur son territoire. Aux graines citoyens !

Nos revendications

Assez d’empoisonnement ! En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé classait le Roundup de Monsanto, l’herbicide le plus vendu au monde et indissociable de la culture des OGM, comme « probablement cancérogène ». Nous exigeons la prise en compte des études indépendantes sur les conséquences toxiques des OGM, pesticides et hormones de croissance, sur notre santé et sur l’environnement, ainsi que l’attribution de budgets publics permettant l’indépendance totale de la recherche sur ces sujets. Nous réclamons le retrait immédiat des produits toxiques abusivement présents sur le marché, pour agriculteurs ou jardiniers, et plus particulièrement le Roundup et les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles.

OGM et Tafta, même combat ! Nous affirmerons notre opposition au projet de Grand marché transatlantique (TAFTA ou TTIP), cheval de Troie des multinationales de l’agrobusiness pour imposer les OGM et réduire toujours davantage les normes sanitaires destinées à protéger la santé des consommateurs. Demain, avec le TAFTA, des entreprises comme Monsanto pourraient attaquer les moratoires des États opposés à la culture des OGM devant des tribunaux d’arbitrage privés, et réclamer des indemnités de plusieurs millions puisées dans les deniers publics.

 

 

Réapproprions-nous les biens communs, contre les intérêts privés d’une minorité !
Nous exigeons la cessation immédiate des brevets sur les semences et le vivant, régulièrement entachés de biopiraterie, et la liberté d’usage des semences de ferme, ainsi que leur échange entre jardiniers amateurs, car il est inacceptable que des entreprises privées aient la mainmise sur une diversité génétique qui appartient à toute l’humanité, qui est le fruit d’un savoir-faire millénaire, et qui constitue la source de toute alimentation humaine. Il est inadmissible que dans de nombreux pays, particulièrement du Sud, les « lois semencières » dictées par les multinationales menacent la souveraineté alimentaire et criminalisent, comme de vulgaires voleurs, les paysans et paysannes qui produisent et échangent des semences traditionnelles.

Une alimentation saine pour tous ! Nous dénonçons la dérive des fermes-usines où des animaux sont parqués dans des cages pour être gavés d’OGM, sans qu’aucun étiquetage sur la viande n’éclaire le choix du consommateur. Le 23 mai nous manifesterons notre volonté d’une agriculture écologique, relocalisée, respectueuse des travailleurs agricoles comme des écosystèmes, et d’une alimentation capable de garantir notre santé et celle de nos enfants. L’agriculture biologique, sans OGM ni pesticides toxiques, respectant les équilibres climatiques, ne doit pas devenir une niche commerciale réservée à un public averti ou privilégié, mais bien la solution pour offrir une alimentation saine pour TOUS. Une première étape serait le passage de toutes les cantines scolaires et restaurants collectifs à des menus « 100 % bio » afin de soutenir les transitions d’agriculteurs désireux de faire évoluer leurs pratiques.

Où manifester ?

Plus de 25 villes de France, ainsi que l’île de la Réunion, participeront à la marche contre Monsanto. La liste des actions prévues peut être consultée sur le site Combat-monsanto. En Bretagne, les organisateurs se sont associés à la marche de Ouagadougou, au Burkina Faso, où la société civile burkinabé résiste à l’implantation des OGM. À Paris, rendez-vous est fixé place Denfert-Rochereau à 16 heures pour une marche qui se terminera par une « manifestive »sur le Champs de Mars, place Joffre, à partir de 18 h 30, avec la participation d’intervenants comme Marc Dufumier, Jacques Caplat et Marie-Monique Robin, ainsi que des musiciens de Volutes, des Gueules de Wab et un DJ set.

 

- Voir la liste des villes

 

Le 23 mai, rejoignez le Monde en marche contre Monsanto !
Ensemble réclamons le droit à une alimentation saine pour tous !

Collectif citoyen les Engraineurs et Combat Monsanto

Contact : contactcollectifengraineurs@lists.riseup.net

Retrouvez tous les articles de Basta ! sur le sujet dans notre dossier : Main basse sur les semences

Photo code-barre : CC Dru Blood. Marche contre Monsanto à Austin (Etats-Unis) en mai 2013.

 

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