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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 16:03

 

 

 

Ma très chère banque
Ni les assureurs ni les banquiers ne s’étonnent de voir leurs clients vivre très longtemps, jusqu’à un record de 167 ans.

.

 

..C’est du moins ce qu’un contrôle de divers assureurs par l’Autorité de contrôle prudentiel (ACPR) laisse penser.

cour-des-compte

par Michel Crinetz, ancien superviseur financier, Collectif Roosevelt

 

 

En fait, ils étaient morts depuis longtemps, mais leur contrat leur survivait, et faisait prospérer leur assureur, qui continuait à prélever les frais de gestion et sa part des bénéfices. Quand il “n’oubliait” pas de revaloriser des capitaux décès pendant 20 ou 30 ans…

Des bénéficiaires se sont plaint des retards importants des assureurs à les prévenir et des montants proposés étrangement faibles. Nos députés s’en sont émus, et ont voté depuis 2007 des lois obligeant les assureurs à consulter le RNIPP (répertoire national d’identification des personnes physiques) pour savoir si leurs assurés étaient décédés, puis à rechercher les bénéficiaires. L'ACPR et la Cour des comptes sont allées vérifier si ces lois étaient effectivement appliquées.

Pas vraiment. Pas toujours, en tout cas.

L'ACPR a trouvé des centaines de milliers de contrats d’assurance-vie non réglés depuis longtemps, pour au moins 4,6 milliards d’euros. Les assureurs ont rétorqué qu’il n’était pas facile de trouver les bénéficiaires. Même le conjoint et les enfants, clients de l’assureur, à la même adresse que le défunt ? Ou des associations caritatives connues ?

“En fait, ils étaient morts depuis longtemps, mais leur contrat leur survivait, et faisait prospérer leur assureur, qui continuait à prélever les frais de gestion et sa part des bénéfices”

Mais si l’assuré a déménagé, eu d’autres enfants ou changé de conjoint, il faut payer des salariés pour faire des recherches, ou des honoraires à des généalogistes allant chercher des aïeux ou cousins en France ou à l’étranger. Ce serait plus coûteux que de conserver les fonds qui, en attendant, rapportent. Environ 1 % de 4,6 milliards, cela fait 46 millions par an. Désormais, l’argent non attribué doit être transféré au bout de dix ans à la Caisse des dépôts. Mais si on oublie ? Et puis, pour un décès dont on ne s’est pas informé, ce délai ne commence jamais.

L’autorité a infligé trois amendes en 2014 : 10 millions d’euros à Cardif (BNP Paribas), 40 millions à la CNP (La Poste, les Caisses d’épargne et… la Caisse des dépôts), 50 millions à Allianz Vie (qui avait même “purgé” des contrats non réglés !). Les punis ont, devant l’ampleur finalement supportable des sanctions (inférieures aux profits récoltés ?), renoncé à faire appel ; et déclaré qu’ils allaient prendre des mesures. Espérons-les suffisantes, et que les autres assureurs restitueront aussi aux bénéficiaires plusieurs milliards d’euros leur revenant dès 2015, car en 2016, les fonds iront se faire oublier à la Caisse des dépôts.

Félicitons notre superviseur national pour ce nécessaire rappel aux lois ; du moins aux assureurs.

Pour les banques, le compte n’y est pas

Du côté des banques, la Cour des comptes a trouvé au moins 1,5 milliard d’euros dormant sur 1,8 million de comptes et livrets inactifs appartenant notamment à 674 014 centenaires – contre seulement 20 106 centenaires recensés en France. Sans compter les coffres-forts, qui rapportent aussi, ni les 0,4 % de commissions sur les nombreux livrets A.

Nos parlementaires, qui s’étaient émus pour les contrats vie, ont été beaucoup moins réactifs et exigeants avec les banquiers, lesquels ne devront interroger le répertoire national qu’en 2016, soit 8 ans après les assureurs. Et toujours pas d’obligation de rechercher les héritiers, on se demande pourquoi. Ainsi, leurs clients, très peu mobiles de leur vivant, le sont encore moins après leur mort !

“Du côté des banques, la Cour des comptes a trouvé au moins 1,5 milliard d’euros dormant sur 1,8 million de comptes et livrets inactifs appartenant notamment à 674 014 centenaires – contre seulement 20 106 centenaires recensés en France”

Le Code civil fait obligation d’exécuter ses contrats de bonne foi (article 1134) – même aux banquiers –, et donc de contacter les héritiers une fois le décès connu. L’ACPR ne doit faire appliquer que les textes visant les établissements financiers, pas les règles générales du Code civil. Suggérons donc à nos très chers banquiers de trouver de bonne foi et rapidement les héritiers, avant qu’ils ne meurent à leur tour…

 

Publié le

 

 

 

 

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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 15:54

 

Source : http://zad.nadir.org

 

 

Infos du 18 au 24 mai

lundi 18 mai 2015, par zadist

 

 

Merci de nous signaler toute information sur d’éventuelles présences de flics ou d’engins de travaux autour de la ZAD au numéro d’urgence : 06 43 92 07 01. Avant de faire tourner une info, de la recouper en regardant sur ce site web ou en appelant le numéro d’urgence si elle n’est pas encore publiée sur le site.

Les infos d’urgence qui tournent sur les réseaux sociaux ne sont pas toujours confirmées. Restons vigilants, mais évitons de crier au loup ! Ca nous permettra de réagir rapidement et évitera de faire tourner des rumeurs.

Merci d’avance !


Pour la connexion sécurisé de notre site : https://zad.nadir.org l’empreinte du certificat c’est (du 12/05/2015 au 11/06/2015)
0C:4B:35:33:7B:49:29:79:1B:15:A7:91:0F:10:D1:18:A3:67:58:E2


- La saison d’étude du "Suivi scientifique du dispositif de compensation en faveur du Triton marbré" ayant repris, ouvrons l’oeil pour repérer les étudiant-e-s, les dispositifs de prélèvements, ... (de mi mars à fin juillet). Contre l’aéroport et son monde de compensation !


Lundi 18 mai

- « zadiste » a fait son entrée dans le dictionnaire : « militant qui occupe une ZAD pour s’opposer à un projet d’aménagement qui porterait préjudice à l’environnement ». On est pas sûr-e-s d’être convaincu-e-s...

- La semaine dernière a eu lieu le rendu du procès de la famille Herbain, habitant-e-s « historiques » de la ZAD. Il ont eu 18 mois de délai... à condition de payer des arriérés de loyer à AGO. Ce rendu à été l’occaison d’une belle fête au Liminbout. Il y a même un article dans Ouest France, Le Point

- Flash-ball LBD : samedi 16 mai 2015 a eu lieu le lancement de la campagne de lettres personnelles à Mme Taubira, Garde des Sceaux. Plusieurs jeunes blessés, des membres de leurs familles et des amis proches écrivent à Madame Taubira le 8 mai 2015 pour lui demander de donner une instruction ministérielle générale aux parquets afin d’ouvrir systématiquement des enquêtes judiciaires indépendantes en cas de violence policière ayant provoqué une infirmité permanente.

- La Lettre à Lulu, « le sale gosse de la presse nantaise » vient de sortir son numéro 88. Parmi le sommaire : « la ZAD cultive l’utopinambour, accumule les projets de petite économie maraîchère, épicière, forestière, hôtelières, le tout around the coin du bois. Une histoire d’utopie de micro gouvernements horizontaux, et de projection dans un dépassement de la propriété privée du sol. En références, les Communaux du XVII et XVIIIe siècle, où les droits d’usage avait ses règles. » ; « Vinci comme sponsor d’une braderie d’artistes de la récupe, ça la fout mal et ils l’assument à peine, du bout du fer à souder. » et bien d’autres choses.

- Deux ZAD ont été évacuées manu militari en Charente-Maritime. Après l’expulsion de la ZAD d’Oléron, ille sont lancé un site web : http://zadoleron.com/.

- Les deux policiers qui étaient poursuivis pour la mort de Zied et Bouna à Clichy-sous-Bois en 2005 ont été relaxés... « Je suis écœuré, déçu, dégoûté, les policiers sont intouchables ! », a lâché, furieux, Adel Benna, le frère aîné de Zyed en quittant la salle d’audience lundi. (Le Monde)

 

 

Source : http://zad.nadir.org

 

 

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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 15:40

 

Source : https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com

 

Bouilles Hebdo du 18 au 24 mai

Mis en avant

A diffuser !!! Un document de 16 pages émanant du collectif :
Dans le Tarn, des milices fascisantes au service des notables locaux et de l’ordre dominant. Témoignage collectif d’occupant-e-s et de sympathisant-e-s de la ZAD du Testet.
Autres documents : Témoignage de paysannes et paysans sur leur implication dans la lutte contre le barrage, la portée politique de leur activité, sur leur rapport au pays etc…: http://www.canalsud.net/IMG/mp3/printemps_de_sivens-26-04-2015.mp3 http://www.canalsud.net/?-Le-front-du-lundi-

Ce samedi sur Toulouse : déclinaison locale de la manif mondiale  « Marche contre Monsanto ». (RV à 11h Square Charles de Gaulle). Plein de choses ailleurs également : à Gueret, à Paris, à Bruxelles au Keelbeek où on a besoin de monde,…bref  gros agenda cette semaine.

Lundi 18 :

  • Emission sur France Inter : http://www.franceinter.fr/emission-interception-dutilite-publique. ZAD Zones A Défendre ( Mathilde Dehimi) :  En France, il est théoriquement impossible de construire une autoroute, une ligne de chemin de fer, d’implanter une zone industrielle ou un aéroport sans consulter l’avis des populations concernées. Cela s’appelle l’enquête d’utilité publique. Cette consultation précède la Déclaration d’Utilité Publique, feu vert indispensable au lancement des travaux. Mais depuis quelques années,on assiste à une multiplication des révoltes contre une procédure considérée comme purement formelle. Ceux du Larzac ont montré l’exemple d’une lutte organisée contre la toute-puissance de l’Etat. Depuis, les « zadistes » ont pris le relai. La mort de Rémy Fraisse en octobre dernier dans le Tarn, a mis en lumière de façon la plus dramatique ce phénomène. On le retrouve à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, à Roybon, dans l’Isère… des groupements de citoyens dénoncent un projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin, celui d’un site d’enfouissement de déchets nucléaires dans la Meuse, ou encore une zone industrielle géante en préparation dans le Lot-et-Garonne. Au-delà de ces projets qui menacent leur cadre de vie, c’est surtout à une façon de faire que tous s’opposent: ils dénoncent de pseudo-consultation et l’impossibilité de se faire entendre. Ce sont les Jacqueries des temps modernes.

et aussi des photos auto-média de l’opération Rateaux de lundi dernier :

 

La Métairie murée...

La Métairie murée…

P1110812

Véhicule brulé par les pros barrage suite à l’expulsion du 6 mars

 

C'est le printemps...

C’est le printemps…

 

Source : https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com

 

 

 

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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 15:25

 

Source : http://www.reporterre.net

 

A Naples, des citoyens veulent sortir les déchets du jeu des politiques et de la mafia

19 mai 2015 / Audrey Chabal et Rémy Demichelis (Reporterre)
 


 

La Méditerranée caresse des bris de verre et des bouts de plastique dans la splendide baie de Naples avec un fatalisme que tente de rompre l’association CleaNap. Il y a une semaine, ses bénévoles participaient à une action de nettoyage international. Objectif : vider la mer de ses déchets et s’approprier un enjeu politique.


- Naples, reportage

« Ce n’est pas à vous de faire ça, je paie des taxes pour que ce soit fait par la mairie ! » Depuis le trottoir où s’entassent à la chaîne les sacs-poubelle, un septuagénaire à la peau momifiée par le soleil enguirlande un petit groupe de volontaires qui s’échine à nettoyer la plage. « On bosse, ensuite on parle », lui rétorque Cristiano May. L’énergique brun à la barbe fournie transvase un tas de planches du sable à la rue quelques mètres plus haut.

Réappropriation du territoire

Comme une vingtaine de personnes, il arpente la plage de Mergellina, à Naples, jonchée de bouteilles en verre ou en plastique, et ce malgré une chaleur accablante. Tous participent à l’opération « Let’s do it Mediterranean », un mouvement dont l’objectif est de vider la mer de ses déchets. Ces 9 et 10 mai, vingt-deux pays ont voulu montrer que la Méditerranée pouvait redevenir Mare Nostrum. En Italie, 350 événements de ce type avaient lieu ce week-end, mais à Naples où la population suffoque régulièrement sous l’amoncellement de détritus, sa symbolique était peut-être encore plus puissante.

 

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Cristiano May, de CleaNap

« En Italie nous avons l’habitude de râler et de ne rien faire, aujourd’hui nous montrons qu’en se donnant un peu de mal, nous pouvons nous réapproprier le territoire », confie Emiliana Mellone, droite dans ses godasses. Avec Cristiano et d’autres jeunes Napolitains, elle a fondé l’association CleaNap qui s’acharne depuis 2011 à nettoyer Naples. Il était donc évident que les deux mouvements, Let’s do it et CleaNap, collaborent pour passer la plage de Mergellina au peigne fin. Au sens propre : avec des épuisettes pour filtrer le sable.

Malgré les déchets, la baie de Naples insuffle dans ses courbes des promesses de baignades et de farniente marin. Des cascades d’immeubles semblent s’échouer dans la mer pour mieux rejaillir en face, sur les pentes éclaboussées de bâtisses du Vésuve caché dans la brume. A flanc de barques sur la plage de Mergellina, des bidons de peintures s’écaillent lentement au soleil. Des chats pelés cherchent des proies et des bambins font des pâtés de sable et de mégots en barbotant entre les bateaux de plaisance et de pêcheurs.

 

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Enrico D’Amato, habitant de Naples

Pietro Ramaglia et Enrico D’Amato regardent depuis le trottoir le petit groupe de bénévoles offrir une seconde vie à leur plage. Ces deux Napolitains aux polos bleus presque identiques et aux cheveux taillés à raz possèdent une barque dans cette portion de port. « C’est super de les voir nettoyer, mais demain, qui va le faire ? »

D’après ces deux amoureux de la mer et du quartier, le problème est double : « Le courant ramène beaucoup de déchets et il y a un manque d’éducation civique », indique Enrico en se postant à côté d’une poubelle vide. « Les gens sont là, boivent leur bière et la jettent... sur la plage. » Selon Pietro, le second problème est que ce coin de Naples « est délaissé par la commune ». Le pêcheur martèle que la ville ne passe pas ramasser les déchets, et qu’elle reste sourde aux appels répétés de Napolitains désabusés.

Ces propos font naître un sourire amer chez Cristiano May, de CleaNap : « La ville ne fait pas grand-chose, mais ce qu’ils ne comprennent pas, c’est qu’eux non plus. Ils disent que c’est la mer qui ramène les déchets, c’est vrai ! Mais le pot de peinture de la même couleur que la barque, c’est une vague qui l’a posé là ? »

 

Situation opaque

A l’écart, un peu plus âgée, Maria Vittoria Cubellis a endossé sa marinière pour prêter main-forte à l’association. Pour elle, Naples se résume ainsi : « Les déchets sont utilisés comme une arme politique. » Un thème de campagne pour chaque élection, mais une « arme » que les bénévoles s’approprient aujourd’hui...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 15:03

 

Source : http://www.reporterre.net

 

En toute discrétion, des milliers de déchets nucléaires supplémentaires stockés à La Hague

19 mai 2015 / Robin des Bois
 

 

 

Areva s’apprête à presque doubler le stock de ses déchets nucléaires sur le site de La Hague, dans le Cotentin. Cela accroît le risque d’accident déjà grand et dont les conséquences seraient immenses.


La Hague n’est plus une presqu’île. Le plateau granitique de Jobourg est comme coupé du monde après un demi-siècle de nucléaire. A Beaumont-Hague, le registre denquête publique pour une nouvelle extension des activités est resté quasiment vide. La clôture de l’enquête était pour le soir de lundi 18 mai.

L’affaire est pourtant importante. Elle concerne aussi l’avenir de l’Europe et de l’humanité. AREVA veut augmenter la capacité d’entreposage des déchets issus du retraitement des combustibles irradiés d’EDF et des clients étrangers.

La radioactivité globale de ces déchets de haute activité à vie longue en attente d’une destination sûre dépasse aujourd’hui 200 Ebq (Exa becquerel) soit 200 milliards de milliards de becquerels.

C’est la méga bombe à retardement du tri et du tripatouillage des combustibles des centrales nucléaires pratiqués depuis 1970 par l’ex COGEMA et AREVA avec l’aval des Présidents de la République et des gouvernements français.

La capacité actuelle d’entreposage s’élève à 16 848 conteneurs. Chacun d’entre eux contient 80 kg de produits de fission nucléaire pris en masse dans 150 l de verre. La capacité supplémentaire demandée par AREVA est de 12 636 conteneurs.

 

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Implantation de l’INB 116 et du projet d’extension, sur la partie est du site

 

La chaleur résiduelle dégagée par les déchets est évacuée par les cheminées des bâtiments récepteurs. D’après l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), la perte du système de refroidissement provoquerait en 48 heures une montée en température des bétons de structure et des verres radioactifs atteignant respectivement 90 et 650°C. L’étanchéité des matrices vitreuses piégeant les déchets radioactifs serait dans le cours de cette séquence accidentelle irréversiblement dégradée. La reprise et le reconditionnement des conteneurs pourraient dès lors s’avérer impossible.

AREVA prétend avoir les moyens de mettre en œuvre les mesures correctrices dans les délais nécessaires pour enrayer les conséquences catastrophiques de ce scénario. Rien n’est moins sûr.

Les halles existantes et à venir d’entreposage des déchets vitrifiés sont intégrées à l’INB 116 (Installation Nucléaire de Base) de l’usine de La Hague. L’INB 116 concentre les piscines de refroidissement des combustibles irradiés, les unités de séparation et de purification de l’uranium et du plutonium. Tous ces ateliers connectés sont soumis à des risques internes d’incendie, d’explosion et de dispersion massive de radioactivité artificielle qui peuvent obliger à une évacuation générale du complexe nucléaire et empêcher au moins pendant quelques jours toute intervention humaine.

L’étude de maîtrise des risques jointe au dossier d’enquête publique dans les mairies voisines de l’usine et à la sous-préfecture de Cherbourg (sauf quand elle fait « le pont » de l’Ascension) est totalement muette sur ce sujet épineux des accidents en cascades à l’intérieur des plateformes industrielles...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 14:48

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Pollutions

En Allemagne, des villages entiers sont rasés pour laisser place à de gigantesques mines de charbon

par , Rachel Knaebel

 

 

 

 

Le charbon est la source d’énergie qui émet le plus de gaz à effet de serre et déstabilise fortement le climat. En Allemagne, l’un des pays européens pourtant les plus avancés dans les énergies renouvelables, le combustible fossile fournit toujours près de la moitié de l’électricité. De nouvelles mines doivent être creusées et des villages entiers risquent d’être déplacés et détruits. Des paysages sont dévastés. Et des dizaines de millions de tonnes de CO2 seront émises dans l’atmosphère pendant de longues années. Sans oublier les particules fines. Reportage dans le bassin minier de Rhénanie.

Dans les rues désertes de son ancien village devenu fantôme, Klaus Mertens marche l’air désolé. L’homme de 70 ans montre ici l’ancienne devanture d’une boulangerie, là, les locaux de la banque : « Il y avait ici la salle des fêtes. Là, une auberge. Derrière, une boutique de journaux et de fleurs. On avait beaucoup de magasins pour un petit village comme ça. On pouvait faire toutes ses courses ici. » Le village d’Immerath, à une quarantaine de kilomètres de Düsseldorf, dans l’ouest de l’Allemagne, comptait plus d’un millier d’habitants. Aujourd’hui, il est vide. Une partie des habitations est démolie, des arbres abattus. Les maisons qui sont encore debout ont pour beaucoup leurs vitres brisées. « Nous avons de gros problèmes de sécurité. Il y a des cambriolages », déplore le chirurgien retraité en s’apercevant que la balançoire de son ancien jardin a disparu depuis sa dernière visite. Le village a-t-il été victime d’une catastrophe industrielle ? Oui et non : il a dû laisser la place au charbon.

 

 

Il ne reste à Immerath qu’une poignée de résidents. Eux aussi vont bientôt quitter les lieux, dès que le groupe énergétique allemand RWE leur aura racheté leurs terrains et leurs biens. S’ils refusent, ils seront de toute façon expropriés et indemnisés à moindre frais. « On essaie d’éviter ça. Jusqu’ici, ce n’est pas arrivé », précise Thomas Balzhäuser, chargé de la planification à la communauté de communes. À partir de 2017, c’est une large mine de charbon à ciel ouvert qui s’étendra en lieu et place du village.

 

Douze villages à raser pour extraire du charbon

Immerath fait partie des douze villages en cours de déplacement et de démolition dans le bassin minier rhénan. Plus de 6000 habitants sont concernés [1]. L’entreprise RWE exploite ici du lignite, du "charbon brun". Elle extrait environ 100 millions de tonnes par an sur trois mines à ciel ouvert, Hambach, Inden et Garzweiler. Celles-ci s’étendent déjà sur 9000 hectares, soit deux fois la surface de la ville de Lyon. Le combustible vient alimenter les centrales thermiques à charbon de RWE.

L’exploitation du lignite a commencé dès le XVIIIe siècle dans la région. Elle aurait pu s’arrêter avec l’entrée dans le XXIe siècle et l’essor des énergies renouvelables. Mais dans les années 1990, RWE a décidé, et obtenu des autorités, d’étendre ces mines pour continuer à en extraire du combustible jusqu’en… 2045. Pour le faire, il faut tout raser sur la zone convoitée : villages, champs, forêts, exploitations agricoles. Les recours juridiques de la communauté de communes, les plaintes d’un habitant d’Immerath et de l’association environnementale Bund (branche allemande des Amis de la Terre) devant la cour constitutionnelle allemande, n’ont rien changé [2].

 

 

Les mines seront bel et bien étendues. Et les habitants déplacés, soit dans d’autres communes, soit vers des villages reconstruits en neuf un peu plus loin. Le village d’Immertah a ainsi son double à une dizaine de kilomètres de l’ancien. Dans le "Nouveau Immerath", les noms de rues ont été repris. Mais le cadre de vie n’est plus le même. « Nous voulions reconstruire un véritable village, mais selon moi, c’est plutôt un lotissement », regrette Klaus Mertens, qui a accompagné la construction de la nouvelle commune au sein d’un conseil consultatif d’habitants mis en place pour la période du déplacement.

Pour l’instant, la commune ressemble effectivement plus à une bourgade suburbaine tout juste sortie de terre qu’à l’ancien village centenaire qu’elle doit remplacer. Ses pavillons s’organisent autour de quelques rues au milieu des champs. Des grues s’élèvent de toutes parts. De nombreuses parcelles attendent encore preneur.

Seulement un peu plus de la moitié des habitants de l’ancien village ont choisi de déménager dans la nouvelle commune. « Les plus âgés sont partis en maison de retraite ou chez leurs enfants. D’autres ont préféré acheter une maison ancienne ailleurs plutôt que de faire construire, rapporte Klaus Mertens. Et certains sont toujours en négociation. Comme Hans-Josef Portz, agriculteur à Immerath, et l’un des derniers habitants encore présents dans le village ancien : « Jusqu’à maintenant, je n’ai reçu aucune offre valable de RWE. On nous a proposé des fermes, mais sans terrain. Personne ne veut plus vendre de terrain. »

 

« Aucune autre énergie ne cause autant d’émissions de CO2 »

Les villages de Rhénanie risquent de ne pas être les derniers sur la liste des communes scarifiées au charbon. L’Allemagne compte onze mines de lignite en activité, et trois mines de houille, mais celles-ci fermeront en 2018, date à laquelle les subventions à l’exploitation de la houille cesseront. Avec plus de 178 millions de tonnes de lignite [3] extraite en 2014, le pays est l’un des plus gros producteurs de ce type de charbon au monde.

 

 

En plus des mines de Rhénanie, du lignite est encore extrait dans deux bassins du centre du pays et surtout, dans la région de Lusace, dans l’Est, près de la frontière polonaise. Là aussi, les mines doivent être agrandies dans les années à venir, et plusieurs villages supprimés de la carte et du paysage. Encore une fois, des milliers d’habitants sont concernés [4].

Pour Dirk Jansen, président de l’association écologiste Bund dans la région de Rhénanie, « il n’y a pas de plus grande attaque contre la nature, les paysages, les systèmes de nappes phréatiques, et aussi sur les structures sociales que le lignite. Et aucune autre énergie ne cause autant d’émissions de CO2. C’est une énergie d’avant-hier, ça ne convient plus au XXIe siècle. » Lorsqu’il brûle dans les centrales thermiques, le charbon est en effet un véritable “tueur de climat” comme le disent les ONG allemandes. La combustion d’une tonne de houille émet 2,6 tonnes de CO2 dans l’atmosphère, celle d’une tonne de lignite plus de 3 tonnes de CO2, selon les chiffres de Greenpeace. Parmi les dix centrales thermiques à charbon les plus polluantes d’Europe [5], cinq se trouvent en Allemagne.

Les centrales à charbon sont de fait responsables d’une grande partie des émissions de CO2 allemandes. Sur les 950 millions de tonnes de gaz à effet de serre émises en 2013 par l’Allemagne, un tiers provenait de la production électrique, en grande partie de la combustion de charbon [6]. En plus de réchauffer le climat, les centrales à charbon émettent aussi des substances nocives pour la santé, notamment des particules fines [7]. Les mines elles-mêmes dégagent des particules fines. À la suite de demandes d’associations locales, celles du bassin rhénan sont aujourd’hui équipées de stations de mesure des particules rejetées dans l’atmosphère environnante. Régulièrement, les niveaux mesurés dépassent les limites autorisées…

 

Entre énergies renouvelables et charbon

C’est tout le paradoxe de la politique énergétique allemande. Avec 27 % de son électricité qui vient des énergies vertes, le pays est l’un des plus avancés en Europe et dans le monde sur les énergies renouvelables. La proportion d’électricité verte est en augmentation rapide et constante : elle était encore de 20 % en 2011, 10 % en 2005. L’Allemagne a aussi, on le sait, acté d’une sortie de l’énergie atomique d’ici à 2022. Mais à côté de ces choix écologiques, le pays tire toujours près de 45 % de son électricité du charbon (un peu plus de 25 % pour le lignite, 19 % pour la houille). La proportion du charbon a très légèrement augmenté avec l’arrêt immédiat de huit réacteurs nucléaires en 2011, après la catastrophe de Fukushima. L’arrêt de ces réacteurs a ensuite été essentiellement compensé par les énergies renouvelables. Aucun calendrier précis de sortie du charbon n’est envisagé pour l’instant chez les décideurs politiques.

 


« D’un côté, nous avançons sur la transition énergétique, de l’autre nous restons encore dépendants de technologies comme le charbon. Ça ne va évidemment pas ensemble. On doit accélérer la transition, pas la freiner. En premier lieu, il faut fermer les mines de lignite », insiste Dirk Jansen. Et c’est possible, assure le militant. Dans une étude de 2011 sur la transition énergétique allemande, Greenpeace Allemagne défendait par exemple une sortie complète du lignite d’ici à 2030.

 

Taxer les centrales à charbon les plus anciennes

Loin d’avoir troqué le risque nucléaire contre la pollution, tous les Allemands ne sont pourtant pas d’accord avec le recours à cette énergie polluante. Le 25 avril dernier par exemple, 6000 personnes se sont réunies à Immerath et dans les environs pour former une chaîne humaine contre les mines et contre le charbon. Les protestations citoyennes se multiplient aussi du côté des mines de Lusace, dans l’Est du pays. Du côté politique, le gouvernement régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a décidé l’an dernier de limiter l’extension de la mine de Garzweiler et d’épargner ainsi l’un des villages menacés.

Avec la perspective de la prochaine conférence climat, la COP 21 à Paris en décembre, le gouvernement d’Angela Merkel se voit contraint d’agir à son tour. Il y a urgence. Car si rien n’est fait, l’Allemagne ne respectera pas ses engagements de réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 par rapport au niveau de 1990. En 2013, elle n’en était qu’à à peine 24 %. Pire, les émissions allemandes ont recommencé à augmenter légèrement depuis 2011. Fin 2014, le gouvernement allemand a donc décidé d’instaurer un prélèvement supplémentaire sur l’électricité issue des centrales à charbon les plus anciennes, qui sont aussi les plus polluantes.

Il ne s’agit pour l’instant que d’un projet. Qui déplaît évidemment aux exploitants des centrales, RWE en tête. « Déjà à l’heure actuelle, les centrales les plus anciennes, qui demandent plus de frais de personnel et d’entretien, sont à la limite de la rentabilité. Le prélèvement va encore aggraver la situation », défend ainsi Guido Steffen, porte-parole à RWE Power, la filiale du groupe en charge des centrales thermiques. Le prélèvement devrait en effet en toute logique conduire à la fermeture d’une partie des centrales. Ce qui serait évidemment un bon point pour le climat. Mais inquiète le syndicat du secteur, IG BCE. « 1000 emplois ont déjà été supprimés, certes sans licenciements, ces deux dernières années dans le charbon chez RWE Power. Les gens craignent pour leur travail », souligne le chef du syndicat dans la région, Manfred Maresch.

 

10 fois plus d’emplois dans les énergies renouvelables

Le syndicat a mobilisé 15 000 manifestants, le 25 avril à Berlin, pour protester contre le projet du gouvernement. Klaus Emmerich faisait partie du cortège. Depuis les locaux du comité d’entreprise de la mine de Garzweiler, le délégué du personnel est très remonté contre son gouvernement : « Ce qu’a proposé le ministre, ça ne fait pas du tout avancer la discussion. Il dit qu’il faut réduire nos émissions de CO2 et donc le charbon. Mais alors, on achètera de l’électricité ailleurs, en République tchèque, en Pologne, là où personne ne se demande s’ils limitent ou pas leurs émissions de CO2 ! Et chez nous, nos emplois seront détruits. »

De fait, le nombre de travailleurs des mines et du charbon s’est effondré en Allemagne depuis la réunification. En 1990, 129 000 personnes travaillaient dans les mines de lignite allemandes. Aujourd’hui, ils sont à peine 21 000, dans les mines et les centrales à charbon, dont la moitié en Rhénanie. Klaus Emmerich craint aussi pour les emplois des industries lourdes de la région : « Si on sort du charbon, l’électricité sera beaucoup plus chère pour les industries. Ici, nous avons l’industrie de l’aluminium, la métallurgie, la chimie, toutes très intensives en énergie. Ces secteurs vont déménager si les projets du gouvernement sont mis en œuvre. », craint le délégué du personnel des mines. Si on perd ces emplois-là, on ne les trouvera ni dans le solaire, ni l’éolien, ni dans une autre alternative. » Les énergies renouvelables sont pourtant devenues de gros pourvoyeurs d’emplois outre-Rhin. Le secteur faisait ainsi travailler 370 000 personnes en 2013 [8].

 

 

« Nous savons que l’ère du charbon est bientôt terminée. La question est comment on organise la fin du charbon. Mais la dernière mine fermera en 2045. C’est prévu », assure le porte-parole de l’entreprise RWE, Guido Steffen. Les riverains des mines de l’Est de l’Allemagne connaissent ce genre de promesses. Quand le village d’Horno a disparu sous les pelleteuses pour étendre la mine attenante en 2005, ce devait être la dernière commune sacrifiée de la région. Puis le groupe Vattenfall a décidé de creuser à nouveau pour continuer à extraire du charbon jusqu’en 2070. Qui sait dans quel état sera alors le climat ?

Texte : Rachel Knaebel


Photos : © Jean de Peña / Collectif à-vif(s) - mines d’Hambach et de Garzweiler, le village abandonné d’Immerath et la chaîne humaine contre l’extension des mines.

- Le reportage photo est tiré du projet en cours "Time for change : pour une production et une consommation soutenables des matières premières" porté par lAitec, en partenariat avec Attac, Bastamag et le collectif à-vif(s)

Lire aussi :
- Implication des entreprises privées dans la Conférence climat de Paris : la grande confusion

- Un camp climat est organisé du 7 au 17 août dans le bassin minier rhénan

Notes

[1Depuis 1945, environ 300 villages ont disparu de la carte pour les mines de lignite dans toute l’Allemagne, selon les calculs de l’association environnementale Bund.

[2Dans la décision de la cour constitutionnelle, rendue en 2013, l’association Bund a en partie obtenu gain de cause sur l’expropriation d’un de ses terrains, mais la plainte de l’habitant d’Immerath a elle été déboutée. La décision ici en anglais.

[3Source.

[4Les mines de Lusace sont exploitées pour l’instant par le groupe public suédois Vattenfall, qui a annoncé l’an dernier vouloir les vendre. Des entreprises tchèques se sont déclaré intéressées.

[5Selon les données récoltées par l’institut de recherches environnementales allemand Öko-Institut, ici, p 15.

[6Voir les documents du ministère allemand de l’Économie Aktionsprogramm Klimaschutz 2020, p 11 et Erster Fortschrittsbericht zur Energiewende, p 47.

[7Comme le rappelait une étude l’ONG européenne The Health and Environment Alliance (HEAL) en 2013.

[8Selon les chiffres du ministère allemand de l’Économie.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 14:30

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

EDF et Engie, gros pollueurs sans frontières

|  Par Jade Lindgaard

 

 

 

La totalité des centrales à charbon gérées par EDF et Engie, ex-GDF-Suez, dans le monde émet l’équivalent de la moitié des émissions de la France, selon un rapport choc des Amis de la terre et d’Oxfam.

 

« Les Français, arrêtez de polluer ! », « Engie, arrête d’être obsédé par le profit et passe aux renouvelables », « le charbon tue ». Le 15 mai, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Johannesburg, en Afrique du Sud, contre le projet de centrale à charbon de Thabametsi, porté par Engie, ex-GDF-Suez, dans le bassin du Waterberg (dans la province du Limpopo). Elles ont marché jusqu’au consulat français, à l’appel de deux ONG, Earthlife et Sacsis (le service d’information de la société civile sud-africaine).

 

Manifestation à Johannesburg contre le projet de centrale à charbon de Thabametsi, 15 mai 2015 (©Earthlife Africa).Manifestation à Johannesburg contre le projet de centrale à charbon de Thabametsi, 15 mai 2015 (©Earthlife Africa).
 

Leur porte-parole, Dominique Doyle, l'assure : « C’est un enjeu de vie et de mort. La centrale française causera des morts prématurées et contribuera à la catastrophe du changement climatique. » La région du Waterberg souffre de pénurie d’eau, et les écologistes craignent que l’exploitation de nouvelles mines de charbon pour alimenter la centrale n’aggrave le problème. « Alors que l’Europe et les États-Unis reconnaissent que produire de l’électricité à partir de charbon est une technologie dépassée et dangereuse, la France décide de continuer à soutenir l’industrie du charbon dans les pays en développement, tout en considérant que le charbon est sale et dangereux sur le sol national. »

Le charbon est un angle mort de la politique énergétique française. C’est logique, il ne sert à produire que 4 % de l’électricité en France. Mais à l’étranger, EDF et Engie, ex-GDF-Suez, y ont souvent recours pour produire du courant électrique. Cette combustion est très émettrice de CO2, gaz le plus responsable du dérèglement climatique. Un rapport des Amis de la terre et d’Oxfam en révèle l’ampleur : la totalité des centrales à charbon gérées par EDF et Engie dans le monde émet l’équivalent de la moitié des émissions de toute la France. Rejetées pour la plupart à l’extérieur de nos frontières, elles ne sont pas comptabilisées dans l'inventaire national. Elles restent invisibles à l’échelon strictement national, alors qu’elles sont produites par deux groupes industriels dont l’État est actionnaire. 

 

« On ne pensait pas qu’il était possible que des entreprises d’un État qui va accueillir le sommet mondial sur le climat en décembre, la COP 21, émettent autant de CO2. C’est tellement incohérent », commente Malika Peyraut, chargée de campagne Énergie aux Amis de la terre. EDF est détenu à 84 % par l’État français, et Engie, ex-GDF-Suez, à 33 %.

Au total, les deux groupes possèdent tout ou partie de 46 centrales à charbon dans le monde. En Chine, en Pologne, au Royaume-Uni et en Belgique pour l’électricien. En Allemagne, en Australie, aux États-Unis, en Inde, en Thaïlande, au Chili, au Brésil… pour le gazier. Des chercheurs du programme « actifs bloqués » (« stranded assets ») de l’université d’Oxford, qui travaillent sur la bulle financière créée par les réglementations sur le dioxyde de carbone, ont calculé qu’elles émettaient chaque année plus de 151 millions de tonnes de CO2 ( à partir des bases de données de Platts, une agence spécialisée). C’est la moitié des 333 millions de tonnes de CO2 émises en France en 2012 par la combustion d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), selon l’Agence international de l’énergie (AIE). De son côté, le Citepa, l’organisme officiel qui recense les gaz à effet de serre rejetés chaque année en France, mesure 353 millions de tonnes de CO2 émises au total en 2012.

 

Action des Amis de la Terre, Jeunes amis de la Terre et du collectif Lumen, dns la nuit du 18 au 19 mai (DR).Action des Amis de la Terre, Jeunes amis de la Terre et du collectif Lumen, dns la nuit du 18 au 19 mai (DR).
 

EDF et Engie émettent autant que la moitié des émissions de toute la France : la comparaison ne serait pas possible en Allemagne ou en Grande-Bretagne. Ces deux États émettent beaucoup plus de CO2 que la France par habitant, car ils dépendent beaucoup plus du charbon pour produire leur électricité. Avec 75 % de son courant d’origine nucléaire, Paris présente un bilan carbone plus léger que ses voisins européens. Cette bonne performance, qui s’accompagne de multiples problèmes non résolus de l'énergie nucléaire (déchets, risque d’accident, coûts du démantèlement), occulte les impacts de l’activité internationale des deux champions nationaux de l’énergie. Or du point de vue du climat, peu importe où sont émis les gaz à effet de serre.

En France, le charbon ne représente que 4 % de la production d’électricité. EDF y gère encore trois centrales au charbon : deux au Havre, une à Cordemais (Loire-Atlantique). Elles sont en cours de travaux afin d’en réduire les rejets polluants, et pourraient être opérationnelles au moins jusqu’en 2025. Une autre tranche est exploitée par CPCU (filiale d’Engie) à Saint-Ouen, et deux autres par le groupe allemand E.on. Alors que dans l’Hexagone plusieurs unités ont fermé depuis 2010, une nouvelle centrale pourrait être construite en Nouvelle-Calédonie, où les régulations européennes sur la pollution atmosphérique ne s’appliquent pas. Elle devrait alimenter en électricité une usine de nickel.

 

« La Grande Dame s'est éteinte »

 

Les centrales à charbon d'EDF dans le monde (Rapport Amis de la Terre/Oxfam).
Les centrales à charbon d'EDF dans le monde (Rapport Amis de la Terre/Oxfam).
 

Les énergies renouvelables hors hydraulique ne représente que 4,4 % du parc de production d’Engie, contre 14 % pour le charbon, selon le rapport des Amis de la Terre et d’Oxfam. Le thermique fossile hors gaz (charbon et fioul, tous deux très polluants) représente 9,8 % de la production électrique d’EDF dans le monde. Le charbon seul représente 6 % de l’électricité nette produite par le groupe dans le monde, selon ses chiffres internes. Hors hydroélectricité, les renouvelables ne représentent que 2,1 % (0,1 % en France), selon les Amis de la Terre et Oxfam. Mais 37 % des investissements opérationnels brut de développement vont aux renouvelables (hydro y compris), répond le groupe.

Au niveau européen, EDF est l’un des énergéticiens les moins émetteurs de CO2, du fait de son gigantesque parc nucléaire. Le groupe EDF cherche à se développer à l’international et s’adapte aux systèmes de production d’électricité des pays visés, quel que soit son discours en France sur le climat. Si leur mix est majoritairement basé sur le charbon, il se positionne sur ce créneau, en développant ces dernières années des centrales moins polluantes que les conventionnelles, dites « supercritiques » (dotées d’un rendement de 40 % contre 30 % pour les conventionnelles) ou « ultra-supercritiques » (45 % de rendement).

Mais ce n’est pas le cas de toutes ses installations. Ainsi, l’électricien figure dans la liste des cent centrales les plus polluantes au monde, établie par des chercheurs d’Oxford. Les centrales de West Burton et Cottam, en Grande-Bretagne, figurent parmi les 30 centrales à charbon les plus polluantes d’Europe. Elles représentent à elles seules un quart des émissions d’EDF dans le monde en 2013. Plus d’un quart de la production d’EDF au Royaume-Uni provient du charbon.

 

Les centrales à charbon d'Engie dans le monde (Rapport Amis de la Terre/Oxfam).Les centrales à charbon d'Engie dans le monde (Rapport Amis de la Terre/Oxfam).
 

Engie est opérateur de centrales à charbon sur presque tous les continents. Au total, elles représentent 81 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent du bilan carbone des Philippines. C’est tristement ironique lorsque l’on se souvient que c’est depuis Manille que François Hollande a lancé son appel pour l’action contre le dérèglement climatique, au côté des actrices Marion Cotillard et Mélanie Laurent. Engie figure aussi dans la liste des centrales à charbon les plus polluantes au monde.

 

Marion Cotillard et la sénatrice philippine Loren Legarda, lançant l'"Appel de Manille", en février 2015 (©Reuters-Romeo Ranoco)
Marion Cotillard et la sénatrice philippine Loren Legarda, lançant l'"Appel de Manille", en février 2015 (©Reuters-Romeo Ranoco)
 

En 2012, les énergies fossiles ont bénéficié de cinq fois plus de subventions que les renouvelables dans le monde, selon l’AIE. Or selon de récentes évaluations scientifiques publiées dans la revue Nature, pour que le monde ait une chance de limiter la hausse des températures du globe à 2°, il faudrait laisser dans le sol 80 % des réserves de charbon, la moitié du gaz et un tiers du pétrole.

En conclusion de leur rapport, les Amis de la terre et Oxfam demandent que les entreprises dont l’État français est actionnaire s’opposent à la construction de toute nouvelle centrale à charbon et se retirent des projets existants d’ici 2020. Ils demandent aussi la publication d’études d’impact indépendantes et l’évaluation des émissions de gaz à effet de serre de chacun de ses projets, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui.

De son côté, EDF tente de communiquer sur ses centrales charbon françaises en mode positif. Dans le Nord, c’est une « garden party » qui s’annonce pour célébrer la centrale de Bouchain, qui ferme car trop polluante. « Après 45 ans de bons et loyaux services, la Grande Dame s’est éteinte pour laisser place à sa petite sœur qui prendra le relais de la production d’électricité : le Cycle Combiné Gaz », explique EDF, qui insiste sur « ses liens privilégiés avec son territoire et ses riverains », mais sans évoquer le drame sanitaire de la pollution de l’air.

Au Havre, l’électricien invite à une « sortie branchée » : la visite de l’une de ses deux centrales à charbon, « pour comprendre tout se qui se passe "en dessous" des grandes cheminées du site ». Il ne reste qu’à espérer qu’ils parlent aussi de tout ce qui se passe au-dessus des grandes cheminées, en matière de pollution atmosphérique et de dérèglement climatique.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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18 mai 2015 1 18 /05 /mai /2015 21:20

 

Source : http://www.lesinrocks.com

 

 

Affaire Kerviel : “Le témoignage de l’enquêtrice constitue une véritable bombe”
18/05/2015 | 17h54
 
Eva Joly le 18 avril 2012 (Charles Platiau/Reuters)

Le témoignage de Nathalie Le Roy, chargée de l’enquête sur l’affaire Kerviel, redistribue les cartes alors que le trader a été condamné à trois ans de prison ferme et 4,9 milliards d’euros d’amende. L’ex-juge d’instruction et ex-candidate à la présidentielle Eva Joly demande la révision du procès. Entretien.

 

Nathalie Le Roy, l’enquêtrice de brigade financière, a la certitude, au terme de son enquête, que la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer ses activités. Tout n’a donc pas été fait, manifestement, pour estimer le degré de connaissance de la Société générale. Comment recevez-vous cette nouvelle ?

Eva Joly – Le témoignage de Nathalie Le Roy est capital. Il constitue peut être un véritable tournant dans un dossier qui constitue à bien des égards une véritable bombe. Ce que nous pensions se confirme. En me plongeant dans ce dossier, j’ai eu le sentiment d’une erreur savamment entretenue. Tout a été fait pour brouiller les pistes afin certainement de masquer les responsabilités. Pourquoi ? A qui profite cette stratégie de la confusion entretenue ? A ce stade, je n’accuse pas. Mais les questions que j’ai soulevées, avec d’autres, il y a plus d’un an demeurent entières. Comment croire que personne n’ait rien vu au sein de la banque alors que les résultats exorbitants de Jérôme Kerviel, chaque année, devenaient ses objectifs pour l’année suivante ? Il y a lieu de demander à la Société générale de donner à la justice les documents de travail de ses commissaires aux comptes où tout doit figurer, y compris les opérations prises par Jérôme Kerviel. Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ? Pour quelle raison les boîtes mail de la hiérarchie de Jérôme Kerviel n’ont jamais été saisies ? Autant de questions qui méritent des réponses précises.

 

Vous avez travaillé avec Nathalie Le Roy dans de nombreuses enquêtes. Quel est le poids de son témoignage ?

Pour ce que j’ai eu à en connaître, Nathalie Le Roy est une professionnelle de grande valeur à l’éthique irréprochable. C’est d’ailleurs certainement son sens du devoir qui la pousse à rompre le silence. A sa manière, elle vient de rejoindre les rangs des lanceurs d’alerte. Chacun doit bien comprendre que son geste est courageux. Ce courage nous oblige. Nous ne pouvons laisser l’affaire dite Kerviel en l’état. Il est de notre devoir de tout faire pour permettre à la vérité de se manifester. Je dis merci à Nathalie Le Roy pour sa parole salutaire. C’est grâce à des femmes comme elle que le respect de nos institutions peut conserver un sens. La question n’est pas de dédouaner Jérôme Kerviel, qui d’ailleurs assume ses actes passés, mais bel et bien de chercher à comprendre ce qui s’est passé, et quelle est la part de responsabilité de la banque, qui se présente depuis le début comme une simple victime d’agissements indélicats dont elle n’aurait pas eu connaissance.

La justice peut-elle décider de ne pas réviser le procès après ces révélations ?

La révision du procès me semble être l’issue la plus conforme à l’idée de justice et au respect des droits élémentaires de Jérôme Kerviel. Tout doute doit être levé. Et la demande de révision ne devrait pas venir de Jérôme Kerviel, mais bel et bien du ministère de la Justice, qui sur la base des dernières révélations a motif à agir pour faire en sorte qu’un nouveau procès, équitable cette fois puisse se dérouler. L’affaire Kerviel nous concerne tous. Lorsque la puissance publique verse 1 700 millions de recettes fiscales pour dédommager une banque, qui, dit-elle, aurait été victime d’une fraude, il faut examiner les faits avec rigueur. La révision permettrait d’envisager la réponse aux interrogations multiples sous un jour nouveau.

 

Propos recueillis par Mathieu Dejean

 

 

Source : http://www.lesinrocks.com

 

 

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18 mai 2015 1 18 /05 /mai /2015 17:07

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Ni capitalisme, ni Etat - la Coopérative intégrale s’épanouit à Barcelone

18 mai 2015 / Emmanuel Daniel (Reporterre)
 


 

Ils fraudent le fisc pour financer la révolution. Avec un budget de 490 000 euros, la Coopérative intégrale catalane (CIC) tente de construire ses propres « services publics coopératifs » dans le domaine de la santé, du logement, du transport ou encore de l’éducation. Leur but : se passer de l’euro, de l’Etat et des banques.


 

- Barcelone, reportage

Au pied de la Sagrada Familia, des cars venant du monde entier déversent chaque jour des marées de touristes qui rendent laborieuse la progression sur les trottoirs. Tous veulent leur selfie avec en arrière plan l’Ovni architectural de Gaudi. Deux pâtés d’immeubles en contrebas, au numéro 263 de la rue Sardenya, se niche une autre curiosité, mais elle n’apparaît sur aucun guide touristique.

L’immeuble baptisé Aurea Social a tous les attributs du siège d’une entreprise de service prospère. Pourtant, c’est un squat. Sûrement le plus luxueux de Barcelone qui compte pourtant une soixantaine de centres sociaux autogérés comme celui-ci. Quand on s’approche de l’entrée, la porte automatique s’ouvre sur le guichet en bois verni de la réception. Dans ce dédale de bureaux et de couloirs, des groupes de personnes s’affairent, en réunion ou le visage rivé sur leur ordinateur pendant que d’autres font du yoga ou cultivent des plantes médicinales interdites sur l’immense toit-terrasse avec vue sur le haut de la Sagrada Familia. Quand on rentre dans les toilettes, les lumières s’allument sans que l’on ait besoin d’appuyer sur l’interrupteur. On peut régler le système de ventilation de chaque pièce avec une télécommande.

 

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Un groupe de travail lors d’une assemblée de la CIC.

Mais le faste du bâtiment n’est pas la seule chose qui le distingue des lieux alternatifs barcelonais. Aurea Social abrite aussi le quartier général de la Coopérative Intégrale Catalane (CIC). Ce mastodonte de l’alternative créé en 2010 compte plus de deux mille membres et dispose cette année d’un budget de 490 000 euros dédié à la construction d’un nouveau monde. Ces activistes ne demandent pas de meilleurs retraites, l’instauration d’une taxe carbone ou la séparation entre banques de dépôt et banques d’investissement. Ils ne demandent rien. Et pour cause. « Nous rejetons l’État comme système de contrôle basé sur l’exploitation de l’être humain », expliquent-t-il dans l’Appel à la révolution intégrale qui leur sert de manifeste officieux.

La CIC s’est donné pour logo une fleur multicolore inspirée de la permaculture. Chaque pétale représente une commission et un secteur de la vie (santé, éducation, logement, alimentation, transport, technologie) que la coopérative tente d’extraire des griffes du capitalisme et de l’Etat pour les remettre dans les mains de ses utilisateurs. Ils veulent créer leur propres « services publics coopératifs » gérés par leurs usagers. Exit les politiciens professionnels, les personnes décident de ce qui les concerne lors d’assemblées quinzomadaires ouvertes à tous. Leur but : se passer progressivement de l’euro, de l’Etat et des banques et prouver que « nous pouvons vivre sans capitalisme ».

« Nous pouvons vivre sans capitalisme »

Un rêve d’adolescents immatures ? Peut-être. Toujours est-ils qu’ils n’attendent pas le grand soir pour commencer à le réaliser. En quatre ans, ils ont financé ou facilité la création de deux logements sociaux coopératifs, d’une école libre, de deux ateliers de machines-outils collectivisées, d’un centre de santé, d’une colonie éco-industrielle qui travaille sur la souveraineté technologique et d’une banque autogérée sans intérêts.

La coopérative a également popularisé des techniques et des machines pour rouler en utilisant le moins possible de pétrole et dynamisé une monnaie parallèle utilisée par deux mille personnes mais aussi un atelier de transformation de produits écologiques, des greniers alimentaires et une centrale de distribution de nourriture biologique couvrant toute la Catalogne. La CIC a ausi permis à une dizaine de communautés de trouver des terres pour s’installer en zone rurale et aide les personnes sur le point de se faire expulser de leur logement à le garder ou à en trouver un autre.

 

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Filtre à huile qui permet au camion de rouler sans essence ou presque, 5 litres utilisés l’hiver dernier.

Pour faire tourner cette grosse machine, la CIC verse des « assignations », sorte d’argent de poche pour activistes, à environ 70 personnes qui touchent entre 200 et 900 euros par mois, en fonction de leurs besoins. Pour financer ses activités, elle ne demande évidemment pas de subventions. En fait, elle se sert elle-même dans les caisses de l’Etat via l’insoumission fiscale.

L’insoumission fiscale ? Pour comprendre, je m’éloigne de Barcelone et emprunte les routes ridiculement étroites qui mènent vers un fournil coopératif dans le nord-ouest de la Catalogne. Angel m’accueille avec un sourire et referme rapidement la porte derrière moi afin de ne pas perdre la chaleur du four. Ce trentenaire aux allures de gendre idéal est boulanger autodidacte, mais il est aussi hors la loi. Sa coopérative tourne bien, pourtant elle ne verse pas un sou au fisc espagnol. D’ailleurs, aux yeux de l’Etat, l’entreprise n’existe pas. Angel et ses cinq collaborateurs se répartissent les revenus de leur activité sans que l’administration ne voie la couleur d’un euro.

 

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Angel dans son fournil coopératif

Comment cela est-il possible ? Il est membre de Libertanonima [nom modifié pour ne pas faciliter le travail du fisc], une coopérative créée par la CIC qui sert de parapluie juridique à des petits artisans et commerçants, les dispensant ainsi de créer leur entreprise. Elle propose à ses « socios auto-ocupados » (membres auto-entrepreneurs) un service comptable et administratif mutualisé et sert d’interface entre eux et l’Etat. En échange de ces services, les membres paient une participation à la coopérative proportionnelle à leurs recettes et lui versent la TVA qu’ils auraient dû payer à l’Etat. Dans le cas d’Angel, un peu plus de mille euros par an, une somme largement inférieure aux charges qu’il aurait dû payer s’il avait monté une entreprise classique.

« Aux yeux de la loi, nous sommes des coopérateurs bénévoles de la coopérative, m’explique-t-il en me montrant l’attestation fournie par Libertanonima qu’il garde dans un tiroir en cas de contrôle. C’est comme si on était un groupe de cyclistes, qu’on avait un local et qu’on bossait dessus ensemble. » Sauf qu’ici, les cyclistes sont boulangers et tirent un revenu de leur activité. « Ce n’est pas illégal, c’est a-légal, précise-t-il. On jongle avec la loi. » D’ailleurs il parle de sa situation avec détachement et ne requiert pas l’anonymat. Et si jamais les enquêteurs du fisc décident de le contrôler, il les renvoie vers le siège de Libertanonima .

La banquière devenue révolutionnaire

Ils seront reçus à Aurea Social par Angels, une ancienne banquière qui a décidé de rejoindre les rangs révolutionnaires. Dans son bureau aux parois de verre, cette femme au chignon sévère et aux cheveux grisonnants les attend de pied ferme. « Ils sont déjà venus deux fois et n’ont rien trouvé à redire, on joue au chat et à la souris avec l’Etat. Et pour l’instant, la souris gagne », dit-elle avec un sourire satisfait, tout en s’affaissant sur le dossier flexible de son siège. Angels fait partie des 70 personnes qui touchent des assignations. Pour m’expliquer le complexe montage juridique qui leur a jusqu’à présent permis de passer outre la vigilance du fisc, elle saisit un crayon et une feuille et se met à dessiner.

L’astuce est la suivante : Libertanonima demande à ses membres de faire passer leurs factures personnelles pour des frais professionnels, ce faisant la coopérative équilibre artificiellement sa balance de TVA. Elle verse donc à l’Etat une somme dérisoire et réinjecte le reste dans son réseau militant. La CIC a créé plusieurs coopératives comme Libertanonima afin de noyer le poisson et de limiter les risques. Ils font en effet attention à ne jamais excéder les 120 000 € de fraude potentielle, afin de ne pas encourir de poursuites pénales. Quand une coopérative s’approche du chiffre fatidique, une nouvelle entité est créée.

De la fraude fiscale à des fins sociales...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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18 mai 2015 1 18 /05 /mai /2015 15:54

 

Source : http://www.bastamag.net

 

Santé publique

Intoxication aux pesticides : l’interminable combat des ex-salariés d’un géant français de l’agroalimentaire

 

par

 

 

 

 

Depuis cinq ans, des anciens salariés de la coopérative agricole bretonne Triskalia mènent un combat sans relâche. Travaillant dans le silo d’une filiale, ils ont été intoxiqués par les pesticides épandus sur les céréales dans l’attente que les cours remontent. Ils ont été licenciés et se battent depuis devant les tribunaux pour faire reconnaître leur préjudice et obtenir réparation. Cette affaire met en lumière les difficultés pour les travailleurs de l’agroalimentaire de faire reconnaître les activités à risque et les méfaits des pesticides dans les tâches quotidiennes. Des pesticides qui se transmettent ensuite à toute la chaîne alimentaire.

« Le cours des céréales ayant chuté, la coopérative Eolys avait décidé d’en stocker dans ses silos à grains des dizaines de milliers de tonnes et de couper les systèmes de ventilation pour économiser de l’argent sur l’énergie », raconte Laurent Guillou. un ancien salarié de la coopérative, désormais intégrée dans Nutréa, filiale du géant breton de l’agroalimentaire, Triskalia. Triskalia, ce sont 4800 salariés, plus de deux milliards d’euros de chiffres d’affaires, dont plus de la moitié dans la production et la nutrition animale, et une participation dans des marques comme Socopa (viande), Paysan breton (produits laitiers), Gelagri (avec Bonduelle), Mamie Nova, Prince de Bretagne...

 

Pesticide interdit

Dans les silos de Plouisy (Côtes d’Armor), les céréales n’étant plus ventilées, elles se mettent à fermenter et sont envahies de charançons. Nous sommes alors fin 2009. Pour arrêter leur pourrissement, l’entreprise décide de traiter les stocks de céréales en déversant des milliers de litres de pesticides. Parmi eux, le Nuvan Total, un neurotoxique cancérigène bourré de composants hautement toxiques utilisé pour la conservation des céréales. « Des bidons non utilisés étaient entreposés sur le site depuis une dizaine d’année. Le Nuvan Total est un pesticide interdit à la vente, au stockage et à la distribution depuis 2007. Selon la réglementation, le produit aurait dû être détruit », témoigne Laurent Guillou. L’entreprise utilise un autre pesticide, le Kobiol, pas interdit celui-là, mais à des doses dix fois supérieures aux limites autorisées.

Laurent Guillou et Stéphane Rouxel sont à ce moment employés au déchargement des céréales. En avril 2009 et mai 2010, ils sont victimes d’accidents du travail. Après le déchargement de camions, ils ressentent des brûlures au visage et aux yeux, des problèmes respiratoires ainsi que des maux de têtes. Ils sont atteints de vomissements et de crachats sanguins. À de nombreuses reprises, les salariés sont placés en arrêt maladie. Un médecin diagnostique une intoxication pulmonaire sanguine liée à l’inhalation des deux pesticides (lire notre article à l’époque).

 

Absence d’équipements de protection

Les salariés, qui n’ont pas été prévenus de la dangerosité de ces produits, ne sont pas équipés de vêtements de protection et ne portent pas de masques lors des manipulations qui les exposent aux poussières toxiques. Dès avril 2009, informé de ces évènements, le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT [1]) convoque une réunion extraordinaire et des mesures concrètes visant à protéger les salariés sont arrêtées. Mais c’est sans compter sur l’absence de scrupules d’Eolys, propriétaire du stock de céréales, qui continue selon le même mode opératoire pour spéculer en attendant une hausse des cours. C’est le début d’un combat qui va durer plus de cinq ans.

 

 

Entre février et mai 2010, l’Inspection du travail établit un lien direct entre l’apparition des signes d’intoxication et la livraison des lots de céréales, ainsi que le défaut d’information et de formation des salariés. Autour du site de Plouisy, les membres de l’Office national de forêts constatent que les oiseaux et les rongeurs meurent. Les tonnes de céréales sont ensuite vendues aux agriculteurs et contaminent la chaîne alimentaire animale avant de finir dans l’assiette des consommateurs. Selon les ex-salariés, cette nourriture empoisonnée aura de graves conséquences sur les bêtes : surmortalité, avortement, cas de cannibalisme, baisse de la ponte (Triskalia commercialise environ un milliard d’œufs chaque année en France, les céréales stockées par Nutréa servant à nourrir les poules [2].

Chez les agriculteurs c’est le silence, aucun ne veut témoigner et encore moins porter plainte. On ne s’attaque pas facilement au groupe Nutréa-Triskalia, dont 18 000 agriculteurs sont adhérents, l’un des géants européens de la nourriture animale et de l’agriculture intensive. Outre les nombreuses marques qu’il fournit, le groupe coopératif possède les magasins de jardin et animalerie connus sous les enseignes Magasin Vert, Point Vert et Gamm Vert.

 

Spéculation sur fond de fusion-absorption

Au moment où Laurent Guillou et Stéphane Rouxel sont intoxiqués, le groupe est en pleine restructuration pour former le géant Triskalia. Les activités d’Eolys sont transférées dans la filiale Nutréa [3]. Daniel Riou, délégué syndical central de la CFDT, syndicat majoritaire dans l’entreprise Nutréa, qui compte neuf sites en Bretagne, voit dans l’attitude d’Eolys des pratiques inacceptables. Il estime que les risques professionnels sont aujourd’hui mieux pris en compte : « Au moment des accidents, les CHSCT étaient éclatés, ce qui n’est plus le cas maintenant. Depuis ces évènements, pour être plus efficaces dans nos missions nous avons mis en place un CHSCT unique dans lequel tous les sites sont représentés. Nous avons obtenu entre autres que les fosses de réception et les trémies de chargement vrac soient équipées de systèmes d’aspiration des poussières. Désormais, il existe des fiches d’exposition au poste de travail. C’est une première en nutrition animale. »

Le délégué syndical, qui dans la vie est aussi apiculteur et secrétaire de leur syndicat dans le Morbihan, est très sensible à la question des pesticides : « La France est classée au premier rang européen et au troisième rang mondial pour leur utilisation. Il n’y a pas de quoi pavoiser. Les firmes chimiques ne sont pas disposées à lâcher la pression sur le marché français dont la rentabilité est sure. »

Hypersensibilité aux produits chimiques multiples

Les deux salariés contaminés finissent par développer une hypersensibilité aux produits chimiques multiples. La « multiple chemical sensitivity » (MCS) est reconnu en tant qu’affectation invalidante en Allemagne, aux États-Unis et au Canada. Elle est reconnue par l’OMS dans la classification internationale des maladies [4]. En juin 2011, Laurent et Stéphane sont licenciés pour inaptitude à leur poste de travail. Commence alors pour eux une longue bataille judiciaire pour faire reconnaitre leur préjudice et dénoncer l’intoxication dont ils ont été victimes. Depuis le début, ils sont aidés par le syndicat Solidaires de Bretagne.

« L’entreprise reconnait l’accident mais n’en assume pas les conséquences. Elle n’a fait aucun effort pour les reclasser et encore moins pour les indemniser », dénonce Serge Le Quéau de Solidaires. De son côté, la MSA (la sécurité sociale des salariés et exploitants agricoles) a reconnu le caractère professionnel de leurs accidents du travail mais elle refuse obstinément d’admettre les effets invalidant de l’hypersensibilité aux produits chimiques.

Les maux dont souffrent les ex-salariés intoxiqués ont été décrits par l’Association pour la recherche thérapeutique anticancéreuse : « Les premières manifestations consistent en l’apparition d’une intolérance à certaines odeurs, sous la forme de nausées, maux de tête, douleurs nasales et/ou oculaires, avec sécheresse conjonctivale ou à l’inverse, larmoiements déclenchés à chaque fois que le sujet est exposé à un ou plusieurs produits chimiques. » Les victimes se plaignent aussi de ne pas supporter les parfums, les produits de nettoyage, les désinfectants ménagers… En dépit de ces affections, la Mutualité sociale agricole (MSA) essaie par tous les moyens de minimiser leur maladie : « Dans son rapport médical, le médecin de la MSA a noté que j’étais fumeur alors que je ne n’ai jamais fumé de ma vie », s’insurge Laurent Guillou.

La faute inexcusable de l’employeur enfin reconnue

Le 11 septembre 2014, les ex-salariés obtiennent une première victoire, le tribunal des affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc reconnait la faute inexcusable de Nutréa-NA et fixe le taux de majoration de la rente à son maximum (l’entreprise n’a pas fait appel). Le surlendemain, quelques jours avant l’ouverture du Salon international des productions animales de Rennes, le quotidien Ouest-France publie un encart publicitaire vantant les mérites de l’entreprise bretonne : « Proximité, Réactivité, Confiance. Ne laissez rien au hasard, choisissez Nutréa ». Une publicité qui sonne comme une provocation, comparée au parcours du combattant mené depuis 5 ans par les deux ex-salariés pour obtenir justice et réparation.

C’est l’avocat qui a fait condamner Monsanto à Lyon, Maître François Lafforgue, qui se tient aux côtés des ex-salariés. Son cabinet s’est spécialisé dans les actions de groupe ainsi que l’indemnisation des victimes de catastrophes industrielles, sanitaires et environnementales. En 2010, après leur deuxième accident du travail et une nouvelle intoxication, les deux salariés ont porté plainte au pénal pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui. « L’enquête a eu lieu en septembre 2012 et, depuis, plus rien. Les victimes ont alors saisi la doyenne des juges du tribunal de grande instance de Saint Brieuc qui, comme le parquet, n’a pas pris position », s’étonne Serge Le Quéau.

Marathon judiciaire et minimas sociaux

Fin 2013, les ex-salariés saisissent également le conseil des prud’hommes de Lorient pour licenciement abusif, du fait notamment de l’obligation de sécurité de résultat qui pèse sur l’employeur. L’affaire, qui a été plusieurs fois renvoyée, sera plaidée le 22 mai prochain. Ils ont été rejoints dans leur combat par deux ex-salariés licenciés pour inaptitude en 2013 qui travaillaient comme eux sur le site de Plouisy. Comme leurs anciens collègues, Pascal Brigant et Claude Le Guyader, dénoncent une intoxication aux pesticides. Ils sont également atteints de MCS, mais celle-ci n’ayant pas été reconnue en tant que maladie professionnelle, ils ont obtenu début avril 2015 de la cour d’appel de Rennes qu’une nouvelle expertise médicale (délocalisée à Paris) soit pratiquée. Une nouvelle audience de jugement est prévue le 1er septembre devant la cour d’appel.

Le marathon judiciaire de ces ex-salariés de Nutréa-Triskalia est loin d’être fini. Pendant ce temps aucun d’eux n’a retrouvé de travail. Ils doivent survivre désormais avec les minima sociaux. Un paradoxe pour des salariés qui ont aussi permis de lancer l’alerte sur des pratiques qui ont des conséquences sur l’ensemble de la chaîne que suivent les aliments, jusqu’aux assiettes des consommateurs. Un Comité de soutien composé de dix-sept organisations s’est créé [5] et un peu partout en Bretagne des collectifs locaux voient le jour (Morlaix, Redon, Rennes, Saint-Brieuc). Un livre et un film sont également en préparation (par Eric Guéret, le réalisateur du film documentaire « La mort est dans le pré »).

Fin avril, devant le Club de la Presse de Rennes, René Louail, conseiller régional EELV et chef de file des Verts en Bretagne a annoncé que son parti en lien avec le groupe européen des Verts, allait demander la création d’une « commission d’enquête nationale et européenne » sur Triskalia. Pour cet ancien responsable de la Confédération paysanne, le statut coopératif de l’entreprise et son appartenance au réseau de l’économie sociale et solidaire ne sont pas compatibles avec des pratiques de « voyous ».

François Belloir [6]

Photos : Silos à grains / CC Brent Emery - Intérieur d’un entrepôt de céréales au Danemark / CC Neil Hester

- Retrouvez l’ensemble de nos articles sur le problème des pesticides

Notes

[1Le CHSCT a pour mission de contribuer à la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs ainsi qu’à l’amélioration des conditions de travail.

[2Voir l’audition de M. Dominique Bricard, directeur général de Nutréa, de M. Michel Le Friant, responsable des métiers du grain (Caliance), et de M. Joël Pennaneac’h, coordinateur du pôle sécurité (Triskalia), par la mission parlementaire sur les pesticides en 2012.

[3En 2009, Nutréa, UCA, groupe Unicopa ont été reprises par Coopagri, actionnaire majoritaire. En 2010, Eolys, Coopagri et CAM 56 ont fusionné pour devenir Triskalia.

[4Selon deux organisations indépendantes de recherche sur le cancer, Association pour la recherche thérapeutique anticancéreuse (ARTAC), European Cancer and Environment Research Institute (ECERI), « le diagnostic de MCS repose sur l’existence d’épisodes aigus ou subaigus d’inflammation des voies aérodigestives supérieures, manifestés par la survenue de sinusites à répétition, de dysesthésies buccopharyngolaryngées, de brûlures œsophagiennes, et/ou des voies respiratoires avec alors la possibilité de bronchospasmes, qui peuvent alors évoquer une crise d’asthme. »

[5Phyto-Victimes, Générations Futures, SOS-MCS, l’Union syndicale Solidaires, la Confédération Paysanne, Attac, la LDH, Eaux et Rivières de Bretagne, Bretagne Vivante, EELV, Union Démocratique Bretonne, Ensemble, le PG, le NPA, AE2D, Sauvegarde du Trégor, Sauvegarde du Penthièvre.

[6Une version de l’article a initialement été publié par la revue Golias.

 

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

 

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