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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 20:55

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Sur le terrain 23/05/2015 à 11h32
Mon ordi était bon pour la poubelle. Puis j’ai découvert les « Repair cafés »

Perrine Signoret, journaliste

Dans les Repair cafés, les bénévoles tentent de donner une deuxième vie aux amplis, housses de guitare, vêtements ou ordinateurs abîmés. Pour lutter contre le gaspillage et l’obsolescence programmée.

 

L’atelier électronique au Repair café d’Ixelles, en avril 2015 (Perrine Signoret)

 

(De Bruxelles) Le mois dernier, mon ordinateur portable a décidé qu’il était temps pour lui de rendre l’âme. Quand je l’ai ouvert, le cadran qui entoure l’écran s’est fissuré, des vis sorties de nulle part se sont répandues un peu partout, et je n’ai plus jamais pu le refermer.

Après avoir tapé « charnière cassée » sur Google, j’ai envoyé un e-mail au fabricant. Un certain Anchev m’a répondu. Il m’a transmis « toutes ses excuses » et m’a annoncé que l’appareil n’était plus couvert par la « garantie standard ».

On me conseille d’en acheter un neuf

Sur ses conseils, j’ai fait une demande de devis, par téléphone. Une conseillère m’a demandé quel était mon problème, une fois, deux, trois fois.

« Alors ça fera 186 euros. Je prépare la commande ? »

Je lui ai dit que j’allais réfléchir encore un peu. Elle a alors évoqué des « promotions » que l’on m’accorderait si je rachetais un ordinateur de la marque au lieu de faire réparer le mien.

J’ai alors contacté le magasin où j’avais acheté mon ordinateur, pour obtenir un second devis.

« Ah mademoiselle, le problème c’est que ça va prendre du temps, et que ça va vous coûter cher… 200, 300 euros, en général c’est ce qu’on facture pour des charnières cassées. »

C’est plus de la moitié du prix de mon appareil neuf. On m’a conseillé là encore, d’en acheter un neuf.

Fidèle à mon vieux PC, je suis allée chez l’opticien du coin, qui m’a gentiment donné quelques vis, et j’ai fixé la charnière comme je le pouvais. Mais mon ordinateur, malgré ce bricolage bancal et quelques bouts de scotch, ne fermait toujours pas.

 

Imprimante, étui à guitare : tout y passe

C’est alors que j’ai entendu parler des Repair cafés. Des endroits où des bénévoles peuvent redonner vie à vos objets gratuitement, et où l’on pouvait manger des tartes et boire du thé. J’ai patienté, et le jour de la session est arrivé.

Devant moi, dans le hall du Repair café d’Ixelles, tout près de Bruxelles, il y a un homme d’une quarantaine d’années, puis une jeune femme, foulard noué dans les cheveux. Elle ne tarde pas à être rejointe par son copain et leur imprimante.

 

Frédux, Olivier et Clara (Perrine Signoret)

 

Clara et Olivier viennent ici régulièrement. La fermeture (en Belgique, on dit « tirette ») d’un blouson, un étui à guitare, un lecteur CD, une ampli, tout y passe.

Souvent, c’est une réussite, mais il arrive aussi qu’on ne puisse plus réparer l’objet qu’ils amènent. « Ils ne peuvent pas non plus faire de miracles », me dit Clara. « En général, quand ce sont des échecs, c’est parce que le matériel de base est de mauvaise qualité ». Dans ce cas, même les recettes de grand-mère ne peuvent plus grand-chose.

Ce que ces deux comédiens trentenaires aiment par dessus tout, c’est regarder les bénévoles tenter de résoudre le problème. Olivier explique :

« C’est comme une enquête policière, tu vois vraiment tout le processus qui est fait pour trouver d’où vient la panne. »

En tentant de comprendre comment fonctionnent les objets de son quotidien, le jeune homme se sent « dans un nouveau rapport à l’objet, qui est beaucoup moins dans la consommation ».

 

On attend André, un « vrai magicien »

Aujourd’hui, Clara et lui sont venus avec un ordinateur qui est devenu un peu trop lent au fil des années et, donc, une imprimante. Pour cette dernière, ils espèrent qu’André, qu’on me décrit comme un « vrai magicien », sera là. On me dit qu’il connaît un code pour remettre la machine à zéro, et faire en sorte qu’elle fonctionne même quand un logiciel lui demande de s’arrêter.

« On nous a expliqué qu’il ne serait pas là avant 16 heures mais on va attendre. »

On me glisse dans la main un petit papier bleu. Je suis le numéro 207.

 

Le planning de Post-it (Perrine Signoret)

 

Mon ordinateur passe d’abord entre les mains de Bernard Fox, cogestionnaire du lieu, qui pose un premier diagnostic. Il soulève l’appareil, le scrute, m’interroge sur les circonstances du drame :

« Quand on voit arriver un fer à repasser avec le fil effiloché, on sait tout de suite qu’il y a de fortes chances pour qu’on puisse le réparer. Là, c’est plus compliqué, je ne suis pas tranquille, je ne vous promets rien. »

Je passe alors entre les mains d’une autre bénévole, qui me fait remplir un formulaire, signer le règlement, qui stipule, entre autres, que la réussite n’est pas garantie, et me tend un Post-it de couleur, avec, cette fois, mon prénom.

 

Des pâtisseries revendues à prix doux

 

La salle d’attente du Repair café (Perrine Signoret)

 

Avec son parquet qui grince, ses moulures d’époque et ses grandes baies vitrées, la salle d’attente où je patiente ensuite (car on se presse au stand informatique) ressemble aux salons de nos grands-mères.

D’un côté, il y a des fauteuils depuis lesquels on peut regarder de petits reportages, de l’autre, une grande table où traînent différents magazines traitant de l’économie collaborative ou des modes de consommation alternatifs. Et puis il y a le coin café, avec Cristilla. Les gourmands s’y agglutinent, autour des gâteaux à la noix de coco, quiche lorraine et autres tartes aux canneberges.

Cristilla est là « depuis le début », et elle ne manque jamais une session, « sauf en cas de force majeure ». Ancienne animatrice cuisine, le Repair café, c’est son « action citoyenne » du mois. Ce qu’elle cuisine est revendu à prix doux, tout juste assez pour acheter un peu de matériel et renouveler les outils de l’association.

 

Cristilla et ses pâtisseries (Perrine Signoret)

 

Bernard se souvient de ses débuts au Repair café d’Ixelles. Il se déroulait alors dans la même rue, mais dans une salle bien plus petite.

« Il y avait tellement de monde autour de moi quand je réparais que je ne pouvais même plus me lever. »

Chacun peut lancer son propre Repair café

En quelques années, les Repair cafés ont connu, ici et partout dans le monde, une forte expansion. Martine Postma, la Néerlandaise à l’origine du concept, ne s’attendait pas à un tel succès. Ancienne journaliste, elle a toujours tenté, à travers ses articles, de sensibiliser les autres à la réduction des déchets :

« Je trouvais ça honteux que l’on jette autant d’objets alors que certains pourraient être réparés. Le neuf, c’est devenu tellement bon marché... Les gens, eux, sont constamment incités à céder, à cause de la publicité, des magazines aussi. »

Pour ceux qui lui demandent comment ouvrir leur propre Repair café, elle crée un manuel, un kit de démarrage, et bientôt une fondation. Aujourd’hui, il existe aux Pays-Bas environ 275 de ces lieux. Dans le monde, on en compterait plus de 700, répartis en Europe mais aussi au Canada, au Brésil, au Chili, au Japon, aux Etats-Unis...

En Belgique, celui d’Ixelles fut le premier. Bernard s’est lui aussi laissé surprendre par le succès.

« C’était amusant, parce que dès le début, des gens sont venus en disant : “On veut faire la même chose dans notre quartier.” »

 

« Je sais réparer, je peux vous aider ? »

Les bénévoles affluent également. Ce sont d’abord « les amis des amis », puis des personnes attirées là par le bouche-à-oreille, qui viennent un jour armées de leurs outils, et disent à Bernard : « Je sais réparer, je peux vous aider ? ».

Une voix appelle :

« Perrine ? C’est vous ? C’est votre tour. Là-bas, côté informatique, la table tout au fond. »

J’y retrouve Django, cheveux grisonnants et sweat-shirt à moustache. Sur sa table, il a étalé ses quelques tournevis, il n’attend plus que mon ordinateur, qu’il regarde d’un coin de l’œil. Non sans inquiétude. J’ai à peine le temps de lui expliquer les raisons de ma venue qu’il a déjà démonté le cadran :

« Oh là là ! Ben oui, tout est sorti là, et puis ça, c’est tordu. Là, vous voyez, ça s’est désolidarisé de l’arrière. Ah ! Mais c’est cassé aussi. Bon sang, ça va être la merde, parce que ça veut dire qu’on va devoir tout démonter. »

A la vue des minuscules vis qu’il va falloir manipuler, Django s’exclame :

« Non mais attends, tu as vu mes doigts, tu as vu les écrous ? Non seulement j’ai une mauvaise vue, mais j’ai aussi de trop grosses mains ! Bonjour les dégâts... »

« Ils méritent une deuxième chance »

Il aura fallu très exactement 3 minutes et 32 secondes pour que l’on se tutoie. Une bénévole vient proposer une part de tarte au réparateur. « T’aurais pas plutôt un calmant très fort ? », lui demande ce dernier.

Il continue de démonter mon ordinateur, pièce par pièce. L’appareil, son constructeur, les tournevis, chacun en prend un peu pour son grade. Qu’à cela ne tienne, Django part s’équiper. Rien ne lui résiste. Une loupe lumineuse et une petite pause cigarette plus tard, il revient s’asseoir plus déterminé que jamais. Je tiens les charnières, il visse. J’attrape les écrous, il se charge de les remettre à leur place.

 

Django (Perrine Signoret)

 

Entre deux pièces assemblées, Django, ancien professeur de droit et d’économie, m’explique que la réparation, chez lui, c’est une affaire de famille.

« Je tiens ça de mon père, quand il bricolait, il récupérait tout, comme les clous : il les arrachait, les redressait au marteau, puis il les réemployait sur autre chose. »

Sa sœur, qui n’est qu’à quelques mètres de nous, et son frère, gérant de plusieurs Repair cafés en France, ont été piqués par la même fièvre. Django dit :

« Ça me paraît évident de faire ça, parce que je trouve qu’il y a beaucoup de choses qui méritent une deuxième chance. »

Cela fait dix ans, depuis sa retraite, qu’il s’est mis à ouvrir des ordinateurs. Son constat sur ces appareils est sans appel :

« Au bout de quatre ans, ou avant si vous avez des animaux domestiques, ils s’encrassent. Comme la ventilation ne fonctionne plus correctement à cause de la poussière accumulée, le processeur se protège et diminue sa vitesse : ils se mettent alors à fonctionner au ralenti. »

 

Des appareils durs à réparer

Il me désigne d’un signe de la tête Clara et Olivier. C’est exactement le problème qu’ils rencontrent avec leur ordinateur. Apparemment, ce serait l’un des plus courants au Repair café. Django m’explique qu’il suffit pourtant de souffler sur la poussière pour régler le problème :

« Mais pour aller là où se trouve le ventilateur, il faut démonter toute la machine. Ça, c’est un truc qui est fait pour t’emmerder. »

 

Il constate le même problème avec les fiches d’alimentation, qui se cassent souvent à l’intérieur de l’ordinateur en cas de chute. La pièce détachée pour remédier à cela ne coûterait que quelques dizaines de centimes. Mais le plus souvent, la fiche est soudée à la carte mère. Une soudure si précise qu’elle est impossible à réaliser à la main. Django explique :

« Il existe bien quelques solutions alternatives, mais la plupart du temps, tu es obligé de racheter une carte mère. »

Dans la série des appareils difficiles voire impossibles à réparer, il y a un nom qui revient souvent : Apple.

A l’image de l’iPod Shuffle, ou de « leur dernier ordinateur ultra-plat », certains produits de la marque n’ont pas de vis apparentes. « Les techniciens sont unanimes », me dit-on, « on ne peut pas les ouvrir, c’est impossible ».

D’après Django, les entreprises ne sont pas les seules à devoir être blamées. Ce serait aussi un peu de la faute du consommateur, celui qui veut des produits toujours plus petits, toujours plus plats, mais toujours plus performants.

Bernard vient d’ailleurs nous demander comment se porte mon treize pouces : « Eh bien, pour l’instant, ça va, on espère que ça puisse durer », répond mon sauveur.

A défaut de trouver une tirelire en forme de cochon sur la table, je glisse toute ma monnaie dans le faux lingot d’or qui y trône.

 

Bernard et Philippe Van Nieuwerburgh, cogestionnaires du Repair café d’Ixelles (Perrine Signoret)

Lutter contre l’obsolescence programmée

A la table d’à côté, je trouve un autre bénévole, qui se fait appeler Frédux, et Yannick, dont l’ordinateur affiche ses premiers signes de faiblesse.

« Vous interrompez un moment très intime », me dit Yannick en souriant. Lui et le réparateur en sont persuadés : le fait que les objets sont promis à une mort certaine et précoce, ce n’est pas une invention, mais une réalité. C’est ce qu’on appelle l’obsolescence programmée, l’hypothèse selon laquelle les fabricants cherchent à réduire la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement.

Frédux me parle notamment de ce fameux « code » contenu dans les imprimantes :

« Il y a un programme, un logiciel dans ces appareils qui va comptabiliser le nombre de copies qui sont faites. Quand tu vas arriver à un certain nombre de copies, il va dire stop à la machine. Certains ont trouvé ça abusif, et ont mis au point des parades, au point de développer qui programmes qui peuvent discuter avec la partie logiciel de l’imprimante, et la remettre à zéro. »

Près de chez vous ?
Sur le site RepairCafe.org, vous pouvez localiser les Repair cafés près de chez vous, et trouver toutes les infos pour ouvrir le vôtre.

Au Repair café d’Ixelles, on ne s’inquiète pas que de la fabrication du matériel high-tech. Marie-Odette, la sœur de Django, me confie ses craintes à l’atelier couture. Cela fait 53 ans qu’elle redonne vie aux tissus de ses petits doigts de fée.

Parmi les vêtements qu’on lui apporte, elle voit toujours un peu les mêmes problèmes, des poches cassées, ou des fermetures qui se rebellent. A chaque session, elle répare celles de quatre ou cinq personnes, parfois un peu plus. Entre deux explications sur les machines à coudre, elle m’avoue trouver les vêtements actuels « très mal faits ».

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 20:36

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

Manifestation au Burkina Faso contre les OGM de Monsanto

 

Ouagadougou, envoyée spéciale

 

Au Burkina Faso, préparation de la manifestation contre les OGM.

« Les OGM n’élimineront pas la faim, mais nous les élimineront. » Samedi 23 mai, journée mondiale de résistance aux organismes génétiquement modifiés (OGM), qui devait donner lieu à quatre cent quatre manifestations dans cent quarante-neuf pays, la société civile burkinabée a elle aussi décidé d’organiser une marche à Ouagadougou pour défendre sa souveraineté alimentaire. Réunis depuis le 4 mars au sein du Collectif citoyen pour l’agroécologie, les organisations non gouvernementales et groupements agricoles à l’origine de cette mobilisation espéraient quelques milliers de manifestants venant du Burkina, mais aussi du Togo, du Sénégal, du Bénin…, pays voisins qui craignent que le Burkina ne soit la terre d’entrée des OMG en Afrique de l’Ouest.

C’est en 2003 que la firme américaine Monsanto a conclu un accord avec la recherche publique du Burkina Faso pour transformer génétiquement les semences locales de coton et les rendre résistantes aux insectes. Et en 2008, les premières distributions importantes de semences de coton dites « BT » (Bacillus thuringiensis), dans lesquelles un gène insecticide a été introduit, ont eu lieu. Lors de la campagne de 2012, les surfaces ainsi cultivées ont atteint jusqu’à 70 % du total des cultures de coton du pays.

Depuis, celles-ci sont en recul et ne devraient pas dépasser les 50 % cette année. Face à la grogne montante des producteurs cotonniers, l’Etat et la société Monsanto, copropriétaire de la semence de coton BT, ont en effet levé le pied, limitant la quantité de semences transgéniques distribuées. Car les résultats obtenus lors des premières campagnes sont loin d’être à la hauteur des promesses.

 

Perte de qualité

 

Un producteur burkinabé de coton qui a arrêté l'utilisation des OGM

« Lorsqu’on nous a proposé des nouvelles semences, nous ne savions pas ce que voulait dire “OGM”. Il nous a juste été expliqué que nous allions produire beaucoup, beaucoup plus : au moins 30 % de plus qu’avec le coton conventionnel », se souvient Mathieu Tinsoaba Basbila, 40 ans, cotonnier comme son père et ses aïeuls, qui a consacré ses 10 hectares au coton BT. Dès la première année, celui-ci a vu ses rendements passer de 700 kg à 800 kg par hectare. Cependant, « à la troisième campagne, nous avons commencé à nous poser des questions, car la rémunération de notre récolte avait brutalement chuté », raconte Mathieu Tinsoaba Basbila, qui, avec l’ensemble des dix-neuf autres membres de son groupement de producteurs de Fada, dans la province de Gourma, dans l’est du pays, a alors finalement décidé de revenir au coton conventionnel. De fait, avec le coton BT, leur bénéfice annuel à l’hectare était tombé de 245 000 francs CFA (372 euros) à 225 000 francs CFA (342 euros), alors que le coût des intrants (semences, engrais, pesticides) était « au moins » multiplié par trois.

En cause, la moindre qualité des variétés transgéniques sélectionnées, dont les fibres se sont révélées plus abondantes mais plus courtes, et les graines plus petites et plus légères que celles du coton conventionnel cultivé dans le pays. Ce qui a conduit à un déclassement de la production nationale sur le marché international, et à une perte pour les producteurs, un même poids exigeant plus de fleurs de coton.

Sans compter qu’au bout de la troisième année, la variété transgénique a commencé à perdre sa résistance aux insectes. « Et la substance chimique que sécrète en permanence le BT n’est pas sans conséquence sur les sols, les appauvrissant », souligne Christian Legay, de l’ONG belge Autre Terre, présente au Burkina.

Glyphosate

En janvier 2015, Monsanto constate le mécontentement des cultivateurs de coton burkinabés. La firme, dont les représentants au Burkina ont pour consigne de ne pas répondre aux médias, annonce alors l’introduction d’un gène supplémentaire qui permettra au cotonnier de supporter un herbicide « total », le glyphosate. Ce désherbant, le plus vendu dans le monde et présent dans le fameux Roundup, vient d’être classé cancérigène « probable » en mars 2015 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS)…

Monsanto n’entend pas s’arrêter là. La firme américaine aurait déjà versé 1,5 milliard de francs CFA à la recherche nationale pour travailler sur une semence de maïs transgénique notamment. Une incursion dans les cultures vivrières qui ne fait qu’accroître les inquiétudes. « Déjà, la première huile de consommation humaine au Burkina est l’huile de coton produite nationalement. Sur les étiquettes de ces bidons d’huile, le consommateur n’est pas informé qu’elle est faite avec du coton OGM », fait observer Hervé Le Gal, de l’association agroécologique bretonne Ingalañ, impliquée au Burkina depuis 2007 et qui organise une marche à Rennes, parallèlement à celle de Ouagadougou.

Tourner la page des OGM

« Il est très important de sensibiliser les producteurs burkinabés et de leur donner du courage de dire non aux OGM. Y renoncer est difficile pour eux, car ils se demandent ce qui va leur arriver », insiste Mathieu Tinsoaba Basbila, qui sait la contrainte que représente le système de préfinancement spécifique à la filière coton : la société cotonnière avance tous les intrants aux groupements locaux de producteurs, qui la remboursent quand la récolte leur est payée.

« L’Etat doit dire la vérité », soutient Ousmane Tiendre Beogo, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l’agro-pastoral (Syntap), seul syndicat paysan burkinabé à résister aux OGM, devenu député du Conseil national de transition. Celui-ci se félicite néanmoins que le travail de préparation de la marche de samedi ait ouvert le débat : le deuxième vice-président de ce Conseil de transition, Ibrahima Kone, s’est engagé à informer tous les députés, « dont peu, souligne-t-il, sont au fait du sujet », et à rendre compte des inquiétudes exprimées au président Michel Kafando. « En octobre, la société s’est levée et a tourné une page. La page des OGM, qui ont été imposés par l’ancien régime, doit elle aussi être tournée. La priorité doit être de renforcer les systèmes de production locaux existants. Si l’on perd le contrôle de l’agriculture, c’est une catastrophe pour le pays », s’alarme celui-ci, rappelant que 80 % des Burkinabés vivent de l’agriculture.


Source : http://www.lemonde.fr

 

 

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 18:13

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Des députés veulent limiter la liberté de manifester

|  Par Louise Fessard

 

 

 

La commission d'enquête parlementaire sur le maintien de l'ordre, créée après la mort de Rémi Fraisse, propose de créer une interdiction administrative de manifester pour les personnes signalées par les services de renseignement. Un droit constitutionnel est directement menacé.

Après la mort de Rémi Fraisse à Sivens tué par une grenade offensive lancée par un gendarme, les écologistes avaient obtenu la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le maintien de l’ordre présidée par le député Noël Mamère (groupe écologiste). Mais au vu de son rapport, présenté ce jeudi 21 mai 2015, son objet même semble leur avoir échappé au profit de la vision beaucoup plus sécuritaire du rapporteur PS Pascal Popelin.

À défaut de pouvoir enquêter sur les choix tactiques qui ont précédé la mort du jeune botaniste, en raison de l’information judiciaire toujours en cours, les parlementaires se sont focalisés sur les défis posés par les nouvelles formes de mobilisation, comme les ZAD, et l’« apparition récurrente des collectifs violents ». Des erreurs commises à Sivens, il n'est question qu'en creux, par exemple quand les députés proposent une meilleure formation au maintien de l'ordre des préfets ou leur présence physique sur les lieux afin de « pouvoir mesurer et adapter » leurs propres décisions.

 

Exercice au centre national d'entraînement des forces de gendarmerie à Saint-AstierExercice au centre national d'entraînement des forces de gendarmerie à Saint-Astier © LF

 

Après s’être félicité de « la nature particulière de l’action de maintien de l’ordre dans la tradition française, compte tenu de la valeur qui s’attache à la liberté de manifester », le rapport propose la création d’une... interdiction administrative de manifester pour les personnes susceptibles d’être violentes. Lors de son audition le 3 février 2015, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve avait déjà évoqué cette « possibilité d’interdire à des manifestants violents multirécidivistes de manifester sur la voie publique, où leur comportement pourrait créer de nouvelles difficultés ».

 

Extrait du rapportExtrait du rapport
 

Selon la commission parlementaire (voir sa composition), il s’agit de régulariser une pratique existante – ce dont prenait déjà prétexte le projet de loi sur le renseignement – qui consiste à détourner les contrôles d’identité pour empêcher certains indésirables, signalés par les services de renseignements, de manifester. « Les dispositions permettant aux procureurs de requérir des contrôles d’identité en marge des manifestations servent d’ores et déjà aujourd’hui de fondement à des formes d’interdiction de manifester », écrit l'auteur, le député Pascal Popelin. Sur réquisitions écrites, le procureur de la République peut autoriser les policiers à contrôler n’importe qui, dans un périmètre et un horaire limités, afin de rechercher une ou plusieurs infractions précises.

Dans les faits, a expliqué le procureur de Paris François Molins, ce sont bien souvent les services de police qui sollicitent la justice « pour délivrer des réquisitions de contrôles d’identité qui correspondent aux heures et au parcours de la manifestation ainsi qu’à ses abords ». Lors de son audition par la commission, le préfet de police de Paris Bernard Boucault ajoutait qu’il suffisait d’attendre les personnes signalées par les services comme susceptibles de troubler l’ordre public « à la gare où elles arrivent de province et de les interpeller sur réquisition du procureur de la République ».

 

Extrait du rapportExtrait du rapport
 

La commission paraît s’inspirer des interdictions administratives de stade, créées par la loi antiterroriste de janvier 2006 et très contestées par les supporters. À ce détail près, s’étrangle Noël Mamère dans une contribution séparée, que « le droit d’assister à un match n’est pas une liberté fondamentale, contrairement à celui de manifester ». Sans compter qu’il existe déjà dans la loi française une peine complémentaire d’interdiction de manifester, prononcée, elle, par un juge (et non préventivement par une autorité administrative). Selon le ministère de la justice, cette peine complémentaire est très rarement prononcée : une fois 2008 et une autre fois en 2011... Dans une contribution séparée, le président écologiste de la commission marque donc assez vertement son désaccord avec plusieurs des mesures proposées par son acolyte socialiste. Notamment avec la « systématisation d’un local de permanence pour les contrôles collectifs d’identité » et la « présentation groupée à un officier de police judiciaire » pour accélérer les interpellations en marge de rassemblement...

Le rapport propose par ailleurs de ne confier les opérations de maintien de l’ordre qu’aux unités spécialisées (soit les quelque 12 900 gendarmes mobiles, 13 000 CRS, plus les compagnies d’intervention parisiennes). « Nombre de difficultés de gestion des manifestations ou de blessures irréversibles infligées lors de manifestations résultent spécifiquement de l’intervention d’unités non spécialisées en maintien de l’ordre », pointe le rapport. Sont notamment visés les cow-boys en civil des brigades anticriminalité (Bac), parfois chargés d’interpeller des « casseurs » parmi les cortèges, ce qui perturbe « le schéma tactique d’ensemble dont la finalité première est la gestion apaisée de foules » et crée « de la confusion aux yeux de l’opinion publique », regrettent les députés. La logique des Bacs, où priment l’initiative individuelle et le saute-dessus, paraît en effet opposée à celle du maintien de l’ordre qui repose « sur des unités constituées organisées selon un mode militaire, où prévaut le principe de la discipline à travers une chaîne de commandement », selon le chercheur Fabien Jobard.

Dans la même logique, la commission propose, à la suite du Défenseur des droits, de « proscrire ou limiter très strictement l’usage du Flashball super-pro dans le cadre de manifestations ». Ce qui ne mange pas trop de pain, puisque le ministère de l’intérieur prévoit déjà à terme de remplacer cette arme vieillissante par le lanceur de balles de défense 40 (LBD 40), plus puissant et précis. Selon nos inforamtions, un marché public a même été lancé pour trouver des projectiles courte portée, pour les LBD 40. Mais c’est la première fois qu’un rapport parlementaire souligne que « ces armes peuvent occasionner des blessures dramatiques […] avec des risques non négligeables d’énucléation » alors que « la sanction d’un individu même extrêmement violent ou coupable de dégradations ne saurait être que de nature pénale, sans être doublée d’une mutilation physique irréversible ».

« Compte tenu de ce défaut de précision, le Flashball n’est manifestement pas adapté lorsque les forces de l’ordre interviennent lors de manifestations […] qui sont l’occasion de rassemblements compacts d’individus et qui peuvent, en outre, dégénérer », poursuit le rapport qui recense « 36 cas connus de blessures graves ou de mutilations » causés par des Flashball ou LBD 40 (pas loin de notre propre estimation). Fait inédit, quatre personnes ayant été blessées au visage par des tirs ainsi que deux de leurs proches avaient été auditionnés en mars par la commission d'enquête.

Seuls les gendarmes mobiles et CRS – qui n’ont jamais été dotés de Flashball – pourraient continuer à utiliser les LBD 40 en maintien de l'ordre. Ce, même si « le LBD n’est pas, par essence, une arme dont la mise en œuvre est totalement conforme avec la doctrine traditionnelle du maintien de l’ordre » puisqu’il « individualise à la fois les comportements des manifestants et la réponse des forces de l’ordre ». La commission n’a cependant pas suivi la position de Noël Mamère, qui prônait l’interdiction de l'ensemble des lanceurs de balles de défense en maintien de l'ordre. « Le LBD constitue parfois le seul recours possible pour permettre […] le maintien à distance entre manifestants et forces de l’ordre », justifie le rapporteur, reprenant un argument souvent entendu dans la bouche de gendarmes ou CRS.

Un rapide tour d’horizon des pratiques de nos voisins montre que seules la France et l’Espagne utilisent ces lanceurs lors de manifestation. Et encore, en Espagne, « les deux forces de police d’État se préparent à l’interdiction des balles de défense de 54 et 44 mm ». «En fait d’interdiction générale des flash-balls et autres lanceurs de balle de défense, la commission se borne à proposer l’abandon d’un modèle déjà périmé sur le plan technique, a réagi dans un communiqué le syndicat de la magistrature.  Le nombre des mutilés, de Montreuil à Mayotte, en passant par Nantes et Toulouse ne pèse décidemment pas lourd face à la détermination des élus au maintien de l’ordre sécuritaire.»

Le rapport a été adopté jeudi matin par 13 voix (PS, UMP, centristes...) contre deux, Noël Mamère (groupe écologiste) et Marie-George Buffet (groupe gauche démocrate et républicaine). «L'idée, après la tragédie de Sivens, était de formuler des propositions pour que l'ordre public s'adapte au droit de manifester et c'est l'inverse qui se produit»,a dénoncé selon l'AFP Noël Mamère lors de la conférence de presse.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 20:13

 

Source : http://www.reporterre.net

 

Dans 430 villes à travers le monde, on a marché contre Monsanto

23 mai 2015 / Julie Lallouët-Geffroy (Reporterre)
 


 

Samedi 23 mai, dans 430 villes aux quatre coins du monde, des citoyens seront dans les rues « contre Monsanto, pour la souveraineté alimentaire ». Tous unis contre la multinationale, ils se sont organisés à travers les réseaux sociaux et grâce à un fonctionnement laissant la place aux initiatives locales et à l’autogestion.


- Rennes, correspondance

Les villes de Dhaka (Bangladesh), San Francisco (USA), San Juan (Puerto Rico), Taipei (Taiwan), Accra (Ghana), Ouagadougou (Burkina Faso) ou encore Rennes (France) auront toutes, samedi, un même mot d’ordre : « Contre Monsanto, pour la souveraineté alimentaire. » Une quarantaine de pays participent à des marches contre le géant états-unien des organismes génétiquement modifiés (OGM), la firme Monsanto. Et en France, aussi, dans toutes les régions

Derrière ce slogan se trouvent des revendications multiples que Monsanto parvient à réunir. Benjamin, militant parisien, énumère : « Comportement criminel dans les pays où elle est implantée, pollutions massives, usage de pesticides, OGM et donc brevetage du vivant, faillite de la paysannerie. »

 

Chaque lieu de manifestations a ses propres enjeux, au Burkina Faso c’est le coton OGM (voir encadré ci-dessous), au Bangladesh l’aubergine et le coton, en Inde le coton. En Argentine et au Brésil, où le soja transgénique règne en maître, on parle plutôt de résistance de la population face à la multinationale, voire de victoires.

Autogestion et initiatives multipliées

Mais quelle est l’histoire de cette étonnante mobilisation internationale ?

Pour réussir à s’unir autour d’une même cible, les militants ont utilisé les réseaux sociaux et une organisation issue de la mouvance Occupy Wall Street, une « démocratie horizontale ».

La première marche a vu le jour aux États-Unis en 2013, celle de Paris au mois de mai de la même année. « On a organisé la marche en trois semaines avec les réseaux sociaux », se souvient Louise, du collectif des Engraineurs. Elle avait réuni à l’époque près de 1 500 personnes. La recette du succès ? « Je crois que la réussite s’explique par le fait qu’il n’y ait pas de tête au sommet du mouvement et des petites mains en bas », explique Louise. Comme de nombreux militants, elle a frappé à la porte d’associations, de partis politiques, sans y trouver son compte : « Trop hiérarchisés. Pour les nouveaux, il n’y a pas d’autonomie, on est juste bons à coller des affiches et à tracter. » A l’inverse, l’organisation de ces marches contre Monsanto répondent aux principes de l’autogestion : chacun fait soi-même en autonomie mais pas en solitaire. « Chacun peut prendre l’initiative, se lancer, c’est ça qui est formidable », pour Louise.

 

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Marche contre Monsanto à Paris en mai 2013

Valérie vit au Bangladesh. Elle a décidé avec Sarah il y a dix jours de mettre en place une marche dan la capitale, Dhaka. « C’est exaltant de se lancer dans l’organisation de cette marche, à notre échelle, de sentir qu’on fait partie d’un mouvement global. » Après en avoir discuté avec les ONG locales, toutes affirment leur volonté d’y participer. « J’ai alors contacté la plate-forme « March against Monsanto », j’ai discuté avec une personne du réseau qui m’a ensuite envoyé un document pour me donner des repères sur la logistique. » De l’autre côté de l’écran se trouvent des personnes comme Benjamin à Paris.

Pour éviter que des manifestations soient annoncées et non préparées, il pose quelques conditions comme s’identifier et se mettre en relation avec les associations locales. « Le but c’est que tout le monde puisse se saisir du sujet, entrer dans la boucle ; mais pas seul afin d’être efficace et ne pas tourner en rond. »

Côté coordination internationale, il n’y a pas de liens étroits entre États-Unis, Europe ou Amérique latine, pas de réunions trimestrielles avec un ordre du jour. Les liens inter-continentaux se font surtout via les associations. Par exemple, c’est l’association Ingalan qui est à l’initiative de la marche de Rennes. Elle travaille avec les paysans du Burkina Faso, ce qui explique que la mobilisation dans la capitale bretonne s’intitule « Rennes marche pour Ouaga » (voir encadré).

 

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Plantation d’arbres au Burkina Faso dans le cadre de l’association Ingalan
 
Internet et organisations traditionnelles

Cette nouvelle manière de militer, de s’organiser semble être caractéristique des jeunes générations. Emmanuel est enseignant à Rennes, il a plutôt l’habitude de travailler avec les organisations traditionnelles et est réfractaire aux réseaux sociaux. « Il est clair qu’avec internet, l’information circule bien, les gens sont au courant avant que l’on colle des affiches. Mais je crois que les deux systèmes, internet et traditionnel, doivent cohabiter pour toucher un maximum de personnes. »

Benjamin renchérit. Pour lui, il ne s’agit pas d’opposer deux modèles mais bien de travailler ensemble. « Il y a une transmission de savoir-faire, les associations sont habituées aux mobilisations, elles ont des réflexes : déclaration en préfecture, sonorisation, etc. » Louise amène un bémol : « Certains nous rient au nez quand on leur parle des réseaux sociaux, et pourtant ça fonctionne. »

Mais ça ne marche pas pour autant à tous les coups. La mobilisation contre le Tafta à Paris en novembre 2014 n’avait pas été un franc succès. Louise l’explique par l’absence d’une dynamique forte au niveau national et international sur le sujet. Selon elle, la clef c’est l’autogestion, qui permet à chaque individu de prendre l’initiative, et la dynamique générale, qui impulse le mouvement.


A RENNES, LA VILLE MARCHE POUR OUAGADOUGOU
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Le collectif qui organise la marche contre Monsanto à Rennes.

Rennes connaît bien le Burkina Faso, surtout l’association Ingalan qui collabore avec les paysans de ce pays africain pour un partage de savoir sur l’agro-écologie. C’est du fait de l’implication de cette association que la marche de samedi est baptisée « Rennes marche pour Ouaga ».

Monsanto aussi connaît bien le Burkina Faso, il y a implanté son coton OGM, il y a sept ans, avec de belles promesses de rendements. Le succès n’est pas au rendez-vous. A l’image du fiasco en Inde : rendements en berne, endettement des paysans. Le prix des semences conventionnelles est à 814 francs CFA (1,24 €) pour un hectare contre 27 000 francs CFA (41 €) pour le coton transgénique...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 17:01

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Un premier bilan de la campagne de soutien international à la Commission de la vérité sur la dette grecque

22 mai par CADTM

 

 

 

 

En un peu plus de 15 jours, l’appel de soutien au travail de la Commission d’audit de la dette en Grèce – qui avait été lancé par plus de 300 personnalités (dont Noam Chomsky, Ken Loach, Susan Georges, etc.) - a déjà récolté plus de 6000 signatures venant de l’Europe et du monde entier. A relever le soutien important des États-Unis, en particulier du monde académique, mais aussi du monde associatif et militant.

L’appel a déjà été traduit en 15 langues (français, anglais, italien, portugais,espagnol, catalan, allemand, arabe, serbo-croate, grec, berbère, russe, basque, turc et persan) et est disponible ici : http://greekdebttruthcommission.org/

Cette initiative est historique en Europe et on sait que le moment est crucial pour la Grèce, un pays mis à genoux par les politiques imposées par la Troika, où droits sociaux et économiques les plus élémentaires sont bafoués au nom du remboursement d’une dette qui n’a pas été contractée au bénéfice de sa population. Aujourd’hui, les créanciers maintiennent une pression maximale pour empêcher tout pas de côté de la Grèce. En effet, cela entraînerait une vague d’espoir dans toute l’Europe et pourrait inspirer de nombreux peuples soumis aux diktats de la dette et de l’austérité.

C’est pour ces raisons que le soutien au travail de cette Commission d’audit est fondamental, car le but de celle-ci est de fournir une étude minutieuse sur laquelle le gouvernement grec pourra s’appuyer afin d’annuler en tout ou en partie sa dette sur base de critères d’illégalité, illégitimité, d’odieuseté et d’insoutenabilité.

Il est crucial que les mouvements sociaux en Europe et au-delà accompagnent et soutiennent une telle initiative de nature à renverser le discours dominant sur la dette et à accélérer la rupture avec l’austérité. Il est important que le travail de la Commission soit diffusé et popularisé auprès de larges couches de la population, qui sera en définitive la seule capable d’infléchir le rapport de force. Il s’agit également de soutenir les campagnes d’audit citoyen de la dette actifs dans d’autres pays (France, Espagne, Belgique, etc.) et de reproduire l’expérience dans nos propres pays !

L’audit et la remise en cause de la dette est un exercice démocratique qu’il est temps de multiplier.

C’est pour cela que nous faisons appel à tous les mouvements sociaux, les associations de la société civile, les syndicats, les militant.e.s et les collectifs pour un soutien massif et une mise en valeur de cette initiative dans leur réseaux respectifs.

La lutte du peuple grec est notre lutte !

 

 
Auteur
 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 16:54

 

Source : http://cadtm.org

 

Grèce

Les dirigeants européens veulent isoler le « virus » Syriza-Podemos avant qu’il ne se propage en Europe

23 mai par Antonis Natvanellos

 

 

 

Photothèque Rouge / MILO
 

Entretien. Présent à la récente fête du NPA 75, Antonis Ntavanellos est un des dirigeants de l’organisation grecque DEA (Gauche ouvrière internationaliste), une des composantes de la gauche de Syriza.

 

En ce moment se discute un nouvel accord entre l’Eurogroupe et la Grèce. Où en sont ces discussions  ?

L’Union européenne, la BCE et le FMI mettent la pression sur le gouvernement grec, en utilisant le problème du besoin urgent de «  liquidité  » qu’ils ont eux-mêmes créé, pour imposer des contre-réformes du «  mémorandum  » qu’ils avaient précédemment négocié avec le gouvernement de Samaras-Venizelos. Les raisons de cette attitude rigide sont financières  : une politique anti-austérité est incompatible avec les choix prépondérants dans l’Union européenne pendant la crise. Mais ce sont aussi des raisons politiques  : les dirigeants européens veulent isoler le «  virus  » Syriza-Podemos avant qu’il ne se propage en Europe.
Face à cela, le gouvernement Tsipras se défend par des demi-mesures. Il se contente de définir des «  lignes rouges  » pour les négociations  : sur les privatisations, les lois sur les relations de travail, les hausses de taxes payées par les classes populaires, les nouvelles réductions des pensions...

 

Tsipras se dit optimiste sur la possibilité d’un accord, mais l’Europe met la pression pour la mise en œuvre de nouvelles mesures d’austérité. Comment résister à cette pression  ?

Si l’Union européenne arrive à imposer une nouvelle politique d’austérité, elle ne se limitera pas à celle-ci. Elle en fera aussi payer à Syriza le coût politique, au départ par l’ouverture du gouvernement au parti néolibéral Potami, et ensuite par la pression pour un gouvernement d’union nationale, avec ou sans Tsipras comme Premier ministre... Une vraie stratégie pour effacer le résultat des élections du 25 janvier.
Nous, au sein de Syriza, nous soutenons un projet de rupture  : arrêt du paiement des intérêts, perspective d’annulation de la majeure partie de la dette, nationalisation des banques, abolition de la «  liberté  » de circulation des capitaux qui permet leur fuite, lourdes taxes sur le capital pour financer les programmes anti-austérité... Cette politique est inévitablement liée à une politique de confrontation avec l’Union européenne et le FMI, et donc clairement pas la recherche d’un compromis.

 

La Commission pour la vérité sur la dette grecque présentera le 18 juin une évaluation préliminaire sur la légalité de la dette grecque. En quoi cette question est-elle centrale  ?

La question de la dette est absolument centrale pour l’affaire grecque. Le rapport de la Commission, dont nous savons tous qu’il délégitimera une grande partie de la dette, sera extrêmement utile. Nous sommes reconnaissants envers ceux qui, comme Éric Toussaint, travaillent dans ce sens.
Mais il y a des conditions importantes pour que tout cela nous soit pleinement utile  : que le travail de la Commission soit lié à une stratégie de résistance, avec donc aucun compromis avec les créanciers  ; qu’ensuite on avance rapidement parce que les décisions les plus importantes ne peuvent plus être reportées.
En ce sens, le travail de la Commission est soutenu par la partie la plus radicale de Syriza, ainsi que par une partie des cadres d’Antarsya.

 

Comment apprécier les mesures mises en œuvre par le gouvernement Tsipras, 100 jours après son arrivée au pouvoir  ?

Au cours des 100 premiers jours, le gouvernement a pris des mesures contre la pauvreté extrême, ainsi que certaines mesures de démocratisation, mais il a aussi suspendu l’application du programme minimum (le programme dit de Thessalonique) pour chercher une solution par la négociation avec l’Union européenne. Tout cela a rafraîchi les relations du peuple avec Syriza. Ce problème, ainsi que la réduction extrême des réserves financières du gouvernement grec (suite au paiement régulier des tranches de la dette) sont les conséquences les plus négatives de l’accord du 20 février, un piège dangereux pour Syriza.

 

Quels sont les rapports entre Syriza et le gouvernement  ?

On peut dire que la conscience moyenne de Syriza se situe nettement sur la gauche de ce gouvernement. Ainsi l’exigence d’un changement de politique à l’égard des prêteurs et de la classe dirigeante grecque bénéficie d’un large soutien. De plus au sein de Syriza s’est développé un fonctionnement démocratique qui permet un large débat politique.

 

Qu’en est-il des conflits sociaux et de la mobilisation populaire depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza  ? Que penser du 1er mai dans ce contexte  ?

Nous espérions que la victoire politique de Syriza conduirait à une explosion des luttes, des exigences et des revendications. Cela n’a pas été le cas. Un état de passivité s’est installé en Grèce, aujourd’hui dans l’attente de l’issue des négociations. Tout le monde discute de politique, mais rares sont celles et ceux qui sont mobilisés.
Pour relancer cette mobilisation populaire, il y a bien entendu la responsabilité de Syriza, des dirigeants syndicaux, des dirigeants et organisations de «  l’autre gauche  »... Mais il y a aussi un facteur général, plus «  objectif  »  : le monde est confronté à des problèmes stratégiques et tactiques sans précédent, et on n’a pas encore trouvé les moyens d’y remédier. C’est aussi dans ce cadre que la mobilisation du 1er mai a été un échec.
Néanmoins, nous devons continuer à nous battre, même dans des conditions qui ne nous sont pas favorables et que bien entendu nous aurions aimé différentes. Personnellement, je pense que la signature ou le rejet du futur accord avec les créanciers sera un tournant qui va également changer l’attitude – positive ou négative – du monde du travail envers le gouvernement... Ce jeudi 20 mai, nous aurons une première grève dans les hôpitaux. Elle est décisive, nous la soutenons et nous allons regarder de très près le succès potentiel.

 

 

Le procès des principaux dirigeants d’Aube dorée s’est ouvert mardi 12 mai. Est-ce à dire que l’extrême droite est durablement affaiblie en Grèce  ?

Nous souhaitons et faisons tout pour la plus lourde condamnation des dirigeants et cadres d’Aube dorée. La poursuite en justice, la perspective de ce procès, a considérablement réduit l’activité des «  escadrons d’assaut  », ces groupes violents que Aube dorée non seulement ne cachait pas mais utilisait comme base pour son développement. Aube dorée, ce n’est pas un parti quelconque de l’extrême droite grecque, mais c’est une organisation nazie fondée sur l’action de rue. En ce sens, ils ont subi un coup important. Ils ont maintenu une influence électorale, mais moins que prévu.
Aujourd’hui, c’est donc le moment de faire monter en puissance la mobilisation antifasciste  : une pression venue du mouvement ouvrier, de la gauche, pour leur interdire leurs activités nazies et une présence dans la rue, dans les écoles, dans les quartiers. C’est le seul moyen de mettre un terme à leur croissance et les mettre durablement sur la touche.

Propos recueillis par Jacques Babel

 
 
 
 
 
 
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22 mai 2015 5 22 /05 /mai /2015 21:42

 

 

Dépêches > société du vendredi 22 Mai à 07H16
 
Les grandes surfaces ne pourront plus jeter la nourriture

 

 

 

Un plan gouvernemental contre le gaspillage alimentaire © reuters - 2015

Les députés ont adopté jeudi à l'unanimité des amendements visant à lutter contre le gaspillage alimentaire. Les distributeurs du secteur alimentaire ne pourront désormais plus rendre délibérément leurs invendus impropres à la consommation.

 

 

Les grandes surfaces devront prévenir tout gaspillage, utiliser les invendus propres à la consommation humaine à travers le don ou la transformation, ou favoriser l'utilisation de ceux propres à la consommation animale, à l'agriculture ou à la valorisation énergétique.

 

75.000 euros d'amende à la clé

Les commerces de détail de moyennes et grandes surfaces de plus de 400 mètres carrés devront conclure d'ici juillet 2016 une convention avec une ou plusieurs associations caritatives, le manquement à cette mesure pouvant être passible d'une peine de deux ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende.

 

"C'est un grand pas", estime Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement

 

 

A écouter ici

 

 

Selon le ministère de l'Écologie, le gaspillage alimentaire dans la consommation des ménages représente 20 kilogrammes de déchets par an et par personne, dont 7 kilogrammes de déchets encore emballés.

 

► ► ► ALLER PLUS LOIN | Le gouvernement lance la chasse au gaspillage alimenaire

 

Les députés doivent achever dans la nuit de jeudi à vendredi l'examen en nouvelle lecture du projet de loi sur la transition énergétique, visant à responsabiliser les producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs et associations. Ils se prononceront le 26 mai par un vote solennel sur l'ensemble du texte.

 

Le gaspillage alimentaire dans le monde

 

Par France Inter avec Reuters, | 22 Mai 2015 à 07:16

 

Source : http://www.franceinter.fr

 

 

 

 

 

 

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22 mai 2015 5 22 /05 /mai /2015 21:36

 

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/benjamin-sourice

 

 

Lanceurs d'alertes et e-réputation : révélations sur la stratégie de diffamation du lobby OGM

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22 mai 2015 5 22 /05 /mai /2015 21:27

 

Source : http://www.latribune.fr

 

 

Agirc-Arrco : la baisse des pensions est quasi actée

Jean-Christophe Chanut  | 

Retraites

 

A compter de 2017, des abattements dégressifs vont être pratiqués sur les pensions de retraites complémentaires

A compter de 2017, des abattements dégressifs vont être pratiqués sur les pensions de retraites complémentaires (Crédits : Reuters)

 

 

Pour faire face à la dégradation de la situation financière des régimes de retraites Arrco/Agirc, le Medef préconise de minorer les pensions servies aux nouveaux retraités, à compter de 2017.

 

Cette fois, il y a vraiment le feu au lac sur le front de l'avenir des retraites complémentaires Agirc (cadres) et Arrco (ensemble des salariés). Les deux régimes couvrent plus de 18 millions de salariés et près de 12 millions de retraités. Ils versent chaque année plus de 70 milliards d'euros de pensions.

Or, les perspectives financières ne cessent de se dégrader. Les deux régimes sont en déficit depuis 5 ans. En 2013, le déséquilibre a atteint 4,4 milliards d'euros, soit plus de 6% des dépenses.

Les réserves financières des régimes asséchées dès 2018 ?

Résultat, pour assurer la continuité du versement des pensions, il a fallu faire appel aux réserves financières, c'est notamment le cas de l'Agirc, régime où la situation est la plus dégradée.

Nombreux sont les opérateurs financiers à signaler que le régime des cadres retire ses fonds investis afin de faire face à ses obligations dans le versement des pensions. En 2013, l'Agirc avait ainsi près de 9 milliards d'euros de réserves financières... En 2014, ce montant est tombé à 6,7 milliards d'euros.

A ce rythme, l'Agirc pourrait avoir épuisé ses réserves financières dès 2018... mais avec déjà moins de trois mois d'allocations de réserve dès 2016.

Pire, le besoin de financement augmente

Pis, avec la très faible inflation, les mesures d'urgence de sous-indexation des pensions par rapport à l'évolution des prix, prises en 2013, ont un rendement inférieur aux prévisions. Ainsi, le besoin de financement des deux régimes est maintenant estimé à 6,7 milliards d'euros en 2017 contre 5,5 milliards d'euro jusqu'ici.

Aussi, les organisations patronales et syndicales, gestionnaires de des deux régimes, ont débuté en février un round de négociations pour trouver des solutions. Une prochaine réunion importante va se tenir le 27 mai. Le scénario d'un abattement sur les pensions servies par les deux régimes à compter de 2017 est plus que jamais sur la table.

C'est, en tous cas, la piste privilégiée par le Medef qui a rencontré l'ensemble des organisations syndicales ces dernières semaines dans des séances bilatérale pour préparer l'échéance du 27 mai. Et des syndicats comme la CFE-CGC, la CFDT, et la CFTC sont prêts à y consentir, dans certaines conditions.

L'idée du Medef: un abattement dégressif

L'idée du Medef qui est en passe de devenir réalité serait la suivante. A compter de 2017, à partir de la génération née en 1957, un salarié de 62 ou 63 ans, qui déciderait de liquider sa retraite, percevrait sa retraite de base à taux plein (s'il a acquis tous ses droits) mais connaîtrait un abattement dégressif sur ses pensions de retraite complémentaire jusqu'à l'âge de 67 ans. De fait, légalement, pensions de base et pensions complémentaires ne sont pas liées.

Selon le quotidien « L'Opinion » l'abattement atteindrait 22 % du montant des complémentaires servies la première année, puis ce pourcentage baisserait chaque année pour totalement disparaître à 67 ans : 17% à 63 ans, 12% à 64 ans, 8% à 65 ans, 4% à 66 ans. Cependant, selon nos informations, le taux d'abattement de 22% proposé par le Medef n'est pas encore complètement acté.

Les petites pensions ne seraient peut-être pas minorées

Par ailleurs, les syndicats voudraient que les petites retraites soient épargnées par cette nouvelle mesure. L'idée de ne pas appliquer d'abattement sur les pensionnés exonérés de CSG est ainsi sur la table.

Actuellement, sont exonérés de CSG les retraités dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 10.633 euros pour une part et 16.311 euros pour deux parts en 2015. Au-dessus de ces plafonds, les retraités sont soumis à une CSG de 3,8% ou de 6,6% selon l'importance de leurs revenus.

Mais cette idée d'exonération n'est pas encore actée. Cela va faire partie des discussions entre organisations patronales et syndicales.

C'est exactement la même chose concernant une éventuelle hausse de cotisations pour les retraites complémentaires. Officiellement, le camp patronal ne veut pas en entendre parler. Alors que la CGC propose d'augmenter de 1,25 point la cotisation Agirc (mais qui ne génèrerait des droits supplémentaires qu'à hauteur de un point) et que FO propose une hausse des cotisations Arrco et Agirc de 0,4%.

Fusion des régimes: Medef et CFDT d'accord. La CGT pas du tout

Autre point important, selon « l'Opinion », le camp patronal préconise que la pension de réversion versée aux veufs et aux veuves ne soit plus accordée à compter de 55 ans mais de 60 ans.

Enfin, le Medef et la CFDT se retrouvent pour demander une fusion des régimes Agirc et Arrco. La CGC est totalement contre.

Au total, beaucoup de questions restent donc encore à trancher. Mais un point semble acquis : il y aura des minorations de pensions des retraites complémentaires dans les années à venir.

 

L'auteur

Jean-Christophe Chanut

Jean-Christophe Chanut

@jcchanut

 

 

Source : http://www.latribune.fr

 

 

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22 mai 2015 5 22 /05 /mai /2015 21:17

 

Source : http://www.reporterre.net

 

Du grain au pain, les paysans-boulangers sèment leurs graines de résistance

22 mai 2015 / Anaïs Cramm et Lorène Lavocat (Reporterre)

 

 

 

Les pieds dans la terre et les mains dans le pétrin, ils vont à contre-courant de l’industrialisation de la boulangerie et de la culture du blé. Les paysans boulangers réinventent le métier en remettant au goût du jour les semences paysannes. Ils s’émancipent des industries semencières afin de ne plus dépendre du système agricole industriel.


Les pieds dans la terre et les mains dans le pétrin, ils vont à contre-courant de l’industrialisation de la boulangerie et de la culture du blé. Paysans boulangers, ce sont des passionnés qui courent du four au moulin et sillonnent champs et marchés. "Le métier de paysan boulanger, c’est aller du grain au pain", explique Charles Poilly, installé dans le Lot-et-Garonne. "C’est élaborer le goût de ton pain dès le semis, comme les vignerons qui façonnent leur vin par le travail de la vigne."

A trente ans à peine, il a choisi de poser sa yourte et de construire son fournil à la ferme du Petit Béron. Deux fois par semaine, il fait chauffer le four puis distribue ses pains dans les marchés et les Amap alentour. Comme lui, de plus en plus de jeunes agriculteurs se lancent dans l’aventure. La raison de ce succès ? "La surface nécessaire à l’activité est beaucoup moins importante que pour un céréalier « classique », la transformation en pain permettant une très bonne valorisation du blé", précise l’Adear du Tarn, une association qui accompagne l’installation des paysans.

Un constat confirmé par Simon Coyard, établi depuis deux ans en Ariège : "Avec 40 hectares cultivés en bio, impossible de me contenter de produire du blé, je ne pourrais pas en vivre. Par contre, en étant paysan et boulanger, je sors un salaire confortable tous les mois." Et à l’autre bout de la chaîne, les consommateurs plébiscitent. "Les gens aiment savoir que le blé produit à côté de chez eux est celui qui les nourrit", note Charles Poilly.

 

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La collection de blés du Cetab compte plus de 200 variétés.

Signe de cet engouement, une nouvelle formation, intitulée "Paysans du grain au pain", vient d’ouvrir dans le Tarn. Un cursus qui met notamment l’accent sur la culture d’anciennes variétés de blé. Variétés de populations, de pays ou semences paysannes… autant de termes pour désigner des plantes délaissées depuis près de cinquante ans par l’agriculture conventionnelle, car pas adaptées au système agricole intensif. Des semences remises au goût du jour par une poignée d’irréductibles rêveurs, paysans et chercheurs.

Parmi eux, Jean-François Berthellot fait figure de pionnier. Il y a une vingtaine d’années, il récupère quelques unes de ces semences paysannes, gardées précieusement par une communauté du Larzac, et les cultive sur sa ferme, dans le Lot-et-Garonne. Et le résultat l’éblouit : "C’est un monde qui s’ouvrait à moi, j’ai découvert une diversité que je n’aurais jamais soupçonnée."

 

Un atout gustatif et écologique

Rue Saint-Front, à Périgueux, une vitrine attire les regards gourmands. Petites miches dorées, gros campagnards ou ficelles parsemées de lin et de sésame. Derrière son comptoir, Laurent Cattoire fabrique tous ses pains à la main, à partir de farines de blés paysans. Une évidence d’après lui. "Avec les variétés commerciales, le pain est standard, sans saveur particulière, on ne peut pas mettre toute notre personnalité", explique-t-il. "Par contre, une farine de blés anciens, ça sent les champs, et ça a du goût."

Petit rouge du Morvan, touselle, pétanielle noire. Ces blés aux noms, aux formes et aux couleurs variés confèrent au pain des saveurs complexes et subtiles. Autre intérêt, le gluten qu’ils comportent est moins modifié et plus digeste que celui des variétés commerciales. "Beaucoup de personnes intolérantes au gluten peuvent manger des céréales anciennes", constate Laurent Cattoire.

 

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Dans la boulangerie de Laurent Cattoire, des pains de toutes les formes et de toutes les couleurs.

Encouragés par les consommateurs, de plus en plus de boulangers et de paysans s’intéressent aux variétés de pays. D’autant plus que ces blés, sélectionnés pendant des siècles par des paysans travaillant sans produits phytosanitaires, sont plus adaptés à l’agriculture biologique. "Les paysans bio ne trouvaient pas leur bonheur avec les variétés commerciales, qui sont faites pour être cultivées en intensif", explique Julien Lacanette, animateur au Centre Terre d’accueil des blés (Cetab), une association de promotion des semences paysannes. "Dans des conditions environnementales difficiles et sans intrants, certaines variétés paysannes ont de meilleurs rendements."

Toute une philosophie...

Dans la chaleur parfumée de son fournil, Jean-François Berthellot enfourne habilement des pâtons. Pour lui, être paysan boulanger n’est pas qu’un métier. "On a vraiment l’impression de faire partie de la création, d’être une main qui accompagne ce processus naturel". Lui qualifie son travail de "voyage" : "J’ai voyagé à l’intérieur du blé, avec le blé, j’ai pu comprendre que certaines variétés ont un goût particulier, une manière de les aborder, d’être pétries". Travailler sur les semences paysannes est indissociable de sa pratique : il s’agit d’une démarche globale et hollistique, en amont du champ et jusqu’à l’assiette.

- "Paysan boulanger, bien plus qu’un métier". Ecouter Jean-François Berthellot :

"Le pain, c’est quand même un symbole… depuis des millénaires, il nourrit l’humanité", ajoute Laurent Cattoire. "Faire du pain n’est pas un acte anodin." A l’instar des paysans boulangers, il rejète donc les méthodes de culture et de panification industrielles, "où l’on fait du pain sans même toucher la pâte." Lui se qualifie de "résistant boulanger". Une résistance qui passe aussi par la défense des variétés anciennes. "Il s’agit pour nous paysans de s’émanciper des industries semencières et de ne plus dépendre du système agricole conventionnel", précise Charles Poilly...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



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