Les zones rurales, parents pauvres de l’accueil collectif
La carte ci-dessous a été réalisée à partir des données communales 2012 de la Caisse des allocations familiales (CAF), données croisées avec la population des moins de 4 ans par commune (lien Insee. xls).
Voir aussi le moteur de recherche : Combien y a-t-il de places dans votre commune ?
Elle montre les écarts en France quant à la répartition des places dans les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE). Plus les zones sont foncées, plus il y a de places disponibles par rapport au nombre d’enfants de 0 à 4 ans.
Certaines communes font figure d’exceptions : à Giverny (Eure), Garrigues (Tarn) ou La Morte (Isère), il ya 20 places de crèches pour… zéro enfant à garder (au dernier recensement de 2011).
Mais on voit bien qu’en zone rurale, dans les petites communes, ces EAJE (crèches, haltes-garderies, microcrèches, jardins d’enfants…) sont moins nombreuses, notamment à cause de leur coût pour la commune.
« Outre son coût plus difficile à supporter pour les petites communes, l’accueil des jeunes enfants n’est pas forcément une priorité des élus locaux, si bien que de nombreux parents ne disposent pas de crèche à proximité de leur foyer ou de leur lieu de travail en zone rurale », explique l’Institut national d’études démographiques (INED).
Sept communes du Nord-Pas-de-Calais sont dans les 10 premières du classement des moins bien nanties en places de crèches. A l’inverse, quatre villes (Paris, Lyon, Marseille et Toulouse) concentrent 13 % des places disponibles en France.
Paris, les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne, les Alpes de Haute Provence et le Var sont les mieux dotés en nombre de places de crèches
Source: Insee
Un quart des places en Ile-de-France
Au niveau départemental, on voit que, pour 1 000 enfants de moins de 3 ans en France, l’écart reste important : il peut ainsi varier de 36 à 292 places.
Les inégalités décrites plus haut en sortent renforcées. Par exemple, l’Aisne, la Sarthe, le Pas-de-Calais et la Manche ont des taux de couverture les plus faibles du pays.
Au contraire, à Paris, comme la part des enfants de moins de 3 ans est parmi les plus faibles en France, la tension entre l’offre et la demande est d’autant moins forte que la capitale concentre 716 crèches pour plus de 31 000 places, soit plus de 8 % des places en France (chiffres en libre accès dans le document de la CAF en. xls).
Résultat, en Ile-de-France, où vivent 22 % des enfants de moins de 3 ans, c’est un quart de l’ensemble des établissements collectifs métropolitains qui est offert aux parents.
Des crèches à moitié vides
Les statistiques les plus intéressantes, mais les plus difficiles à trouver (l’Insee a été dans l’impossibilité de nous les fournir) sont celles des taux d’occupation des crèches au niveau des communes.
D’autant qu’un bon taux d’occupation fait baisser le coût de l’accueil pour la structure et pour les pouvoirs publics qui la subventionnent.
En 2007, on estimait que le taux d’occupation des EAJE au niveau de l’ensemble du territoire était seulement de 65 %. Certaines structures étaient même occupées à peine à 50 % de leur capacité, avec de manière générale une très grande hétérogénéité entre les régions.
Ce taux se serait amélioré : les taux d’occupation moyen et médian sont tous deux très proches de 70 %, affirmait la CAF en 2010. Il devrait avoir encore progressé depuis, grâce à la modification de la loi qui permet une « suroccupation » de 20 %, certains jours de la semaine, pour les crèches ayant plus de 40 places disponibles.
Des demandes peu satisfaites
La France est toujours (avec l’Irlande) le pays le plus fécond d’Europe. En 2013, près de 2,4 millions d’enfants avaient moins de 3 ans.
La crèche reste, avec l’assistante maternelle, l’un des modes de garde des plus plébiscités par les parents qui travaillent : 32 % selon le baromètre de la CAF sur la petite enfance.
Ils sont un peu moins nombreux chez les parents d’enfants de 6 mois à 1 an : un quart souhaite y recourir.
Mais souhaiter n’est pas toujours obtenir, et en dépit de l’augmentation du nombre de places, celles-ci restent insuffisantes et les parents doivent parfois se résigner à garder eux-mêmes leurs enfants.
55 000 places nécessaires en 2013
François Hollande s’était engagé, pendant la primaire socialiste précédant la campagne présidentielle, à créer 500 000 places « d’accueil sous toutes ses formes » sur son mandat, soit 100 000 par an.
En 2013, Najat Vallaud-Belkacem annonçait viser 80 000 à 100 000 places de crèches d’ici à la fin du quinquennat, notamment via les fonds dégagés par la réforme du congé parental.
Selon les chiffres de la CAF, le nombre de places de garde à la disposition des parents d’enfants de moins de 6 ans (nounous, accueil collectif, école maternelle) est de l’ordre de 1,3 million.
377 000 sont des places de crèche. Selon un rapport du Haut Conseil de la famille (HCF), seulement 14 000 places ont vu le jour en 2013, au lieu des 55 000 nécessaires.
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Jérémie Baruch
(data)Journaliste au Monde Suivre Aller sur la page de ce journaliste Suivre ce journaliste sur twitter
Source : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs