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4 juillet 2015 6 04 /07 /juillet /2015 14:13

 

Source : http://www.challenges.fr

 

 

Grèce: Varoufakis accuse les créanciers d'Athènes de "terrorisme"
Challenges.fr

Le ministre grec des Finances accuse samedi les créanciers du pays de "terrorisme" et de vouloir "humilier les Grecs", qui se prononceront lors du référendum de dimanche sur leurs dernières propositions de réformes.

 

"Quel que soit le résultat du référendum, le lundi il y aura un accord, j'en suis complètement et absolument convaincu", a déclaré Yanis Varoufakis. THIERRY MONASSE / AFP"Quel que soit le résultat du référendum, le lundi il y aura un accord, j'en suis complètement et absolument convaincu", a déclaré Yanis Varoufakis. THIERRY MONASSE / AFP
 

Ce qu'ils font avec la Grèce a un nom: terrorisme", accuse Yanis Varoufakis, connu pour sa liberté de ton, dans un entretien au quotidien espagnol El Mundo. "Pourquoi est-ce qu'ils nous ont forcé à fermer les banques? Pour insuffler la peur aux gens. Et quand il s'agit de répandre la peur, on appelle ce phénomène le terrorisme", développe le ministre en parlant de la politique menée par les créanciers d'Athènes, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et l'Union européenne.

Faute d'être parvenu à un accord avec les créanciers sur une prolongation d'un programme d'aide financière au-delà du 30 juin, le gouvernement de gauche radicale grec a annoncé la fermeture des banques et le contrôle des capitaux jusqu'au 6 juillet. Quel que soit le résultat du référendum de dimanche - le Premier ministre Alexis Tsipras appelle à voter non, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker oui - les banques du pays rouvriront et il y aura un accord avec les créanciers, assure Yanis Varoufakis.

 

"Il y aura quoi qu'il arrive un accord"

"Quel que soit le résultat du référendum, le lundi il y aura un accord, j'en suis complètement et absolument convaincu. L'Europe a besoin d'un accord, la Grèce a besoin d'un accord, de sorte que nous arriverons à un accord."

Pour le ministre des Finances, qui répète qu'en cas de victoire du oui il démissionnera, "aujourd'hui ce que veut Bruxelles et la troïka c'est que le oui gagne pour pouvoir ainsi humilier les Grecs".

Humiliation de la Grèce

Il accuse aussi ses opposants de vouloir faire de "la Grèce un exemple pour les autres" à l'heure où en Espagne le parti de gauche radicale Podemos, allié du grec Syriza, gagne en force à l'approche d'élections législatives.

"Je crois que dans toute l'Europe il y a besoin de partis comme Syriza et Podemos, des partis à la fois critiques à l'égard du système mais en même temps pro-européens et démocrates. Ceux qui nous détestent veulent nous faire passer pour anti-européens, mais non, ce n'est pas vrai, nous ne le sommes pas."

(Avec AFP)

 

 

 

Source : http://www.challenges.fr

 

 

 

 

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3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 21:31

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

La Grèce est entrée en terre économique inconnue

|  Par martine orange

 

 

 

Les banques pourront-elles rouvrir mardi ? Quel que soit le résultat du référendum, l’économie grecque semble avoir atteint un point de rupture. La crise de liquidités menace. Le système bancaire est en faillite et l’économie s’est effondrée.

C’est un pays isolé, effondré économiquement, en faillite financière qui va se prononcer dimanche sur son avenir. Depuis lundi 29 juin, les banques sont fermées et un contrôle des capitaux a été instauré. Mardi 30 juin, la Grèce n’a pas honoré son remboursement de 1,6 milliard d’euros au FMI et peut être considérée comme en défaut. Aucun pays occidental n’avait jusqu’à présent fait défaut face au FMI. La destruction de l’économie est comparable à celle d’un pays en état de guerre.

 

 

En demandant son référendum, Alexis Tsipras n’avait pas seulement comme objectif politique d’obtenir une main plus forte face aux responsables européens, comme il l’espère. Dos au mur, il se devait aussi d’arrêter la machine infernale lancée contre la Grèce, d’imposer le bilan des plans de sauvetage de la Grèce orchestrés par l’Union européenne, le FMI et la BCE depuis six ans. Mais il est peut-être déjà trop tard.

Face à cette catastrophe – malheureusement annoncée de longue date –, les différentes institutions ont pour l’instant comme préoccupation première de dégager leurs responsabilités. Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, grand instigateur de cette politique, a donné le ton : tout est de la faute de Syriza et du premier ministre grec, Alexis Tsipras. « La Grèce est dans une situation difficile mais simplement à cause des agissements du gouvernement grec. Accuser les autres peut peut-être être utile en Grèce mais cela n’a rien à voir avec la réalité. Personne d’autre n’est à blâmer pour cette situation », a-t-il déclaré mercredi au Bundestag. Tous les autres responsables lui ont emboîté le pas, dénonçant l’amateurisme et le chantage du gouvernement grec, mais jamais leurs erreurs. Tous sont suspendus au résultat du référendum, qui, espèrent-ils sans même s’en cacher, marquera la défaite de Syriza et l’arrivée d’un gouvernement plus « responsable ».

Quel que soit le résultat du référendum, les responsables européens vont se retrouver confrontés à une situation plus critique qu’ils ne le croient et qu’ils ont en grande partie provoquée. Car la dégradation de l’économie a peut-être atteint un point de rupture. La suspension du versement des aides dès juillet 2014 – soit bien avant l’élection de Syriza –, l’intransigeance des créanciers face à toute reconsidération de la dette grecque, les plans de sauvetage proposés plus irréalistes les uns que les autres, la décision de la BCE en février de priver les banques grecques des guichets réguliers du système monétaire européen, puis celle de geler les fonds de liquidité d’urgence aux banques, ont créé une réaction économique en chaîne difficilement contrôlable. Aujourd’hui, le pays est au bord de l’explosion économique.

Les responsables grecs comme européens gardent un mutisme absolu sur le sujet. Pourtant, le premier choc pourrait se produire dès mardi. Les banques grecques pourront-elles rouvrir ou non, après le référendum ? Leur fermeture était devenue inévitable la semaine dernière, après la décision très politique de la BCE de geler les fonds de liquidité d’urgence. « Il n’est pas facile de rouvrir des banques, une fois qu’on les a fermées », avait prévenu alors le gouverneur de la banque de Chypre. Il parle en connaisseur. Les banques chypriotes étaient restées fermées pendant plus de deux mois, après la décision de les fermer en avril 2013. Et il a fallu attendre plus de dix-huit mois pour retrouver un fonctionnement à peu près normal et la levée du contrôle des capitaux.

La situation est mille fois plus grave en Grèce. Depuis des mois, les autorités monétaires maintiennent la fiction d’un système grec encore stable. Dans les faits, il s’est totalement écroulé. La situation a encore empiré depuis que la BCE lui a fermé l’accès aux guichets normaux pour se refinancer depuis février. Depuis, les banques grecques dépendent uniquement des fonds de liquidité d’urgence bien plus chers, au moment où elles font face à des retraits de dépôts massifs. En quelques semaines, cette assistance est passée de 50 à 89 milliards d’euros. Lors de la dernière réunion dimanche dernier, les banques grecques demandaient 6 milliards d’euros de liquidité supplémentaires, quand la BCE leur a dit non.

En dépit des restrictions imposées sur les retraits (60 euros à chaque fois), les banques grecques semblent avoir quasiment épuisé toutes leurs réserves en une semaine. Selon les chiffres qui circulent, elles auraient un milliard d’euros de liquidités, tout au plus. « Les liquidités sont assurées jusqu’à lundi, ensuite cela dépendra de la décision de la BCE », a déclaré Louka Katseli, dirigeante de la banque nationale grecque. 

« Je ne vois pas comment les banques pourraient rouvrir mardi », a prévenu un responsable de la Barclays. Une analyse partagée par d’autres analystes bancaires et de fonds d’investissement. « Quiconque pense que les banques vont rouvrir dès mardi est un doux rêveur. L’argent ne durerait pas une heure », a déclaré de son côté Constantine Michalos, responsable de la chambre de commerce grecque. Le phénomène a été documenté à plusieurs reprises : dès la réouverture des banques, les déposants se précipitent pour retirer tous leurs fonds disponibles.

Crise de liquidités

 

 

Les premiers effets des fermetures bancaires, du contrôle des capitaux et de l’exclusion de facto de la Grèce du système monétaire européen commencent à se faire sentir. Les entreprises ont les plus grandes difficultés à s’approvisionner à l’étranger ou se faire payer les exportations. Certains commerçants disent ne plus voir aucun client. L’argent manque partout. Le spectre de la crise de liquidités, comme en Argentine, commence à surgir. À ce stade, on n’ose même pas imaginer les effets sur une économie en totale dépression, si la situation se prolongeait. Et elle risque de se prolonger, quel que soit le résultat du vote de dimanche.

Les responsables européens entretiennent l’illusion que tout rentrera rapidement dans l’ordre, si la Grèce vote oui et Syriza quitte le gouvernement. Erreur ! Car la banque centrale européenne, même si elle est disposée à fournir de nouvelles liquidités au système bancaire grec, ne pourra pas ne pas demander une décote supplémentaire sur les titres apportés en garantie par les banques grecques. Cette question, poussée par le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, était déjà au cœur des discussions des dirigeants de la BCE depuis plusieurs mois. La décote paraît inévitable désormais, compte tenu de la situation économique : le FMI a déclaré officiellement la Grèce en défaut de paiement.

L’importance de la décote, si la BCE accepte de continuer à soutenir les banques grecques, sera un sujet hautement politique. Mais quel qu’en soit le chiffre, il risque de créer de graves tensions dans le système bancaire. Les banques risquent de ne pas avoir le volume suffisant de titres à déposer en garantie pour obtenir les mêmes montants de liquidité et pourraient se retrouver prises dans le piège du rationnement. L’économie grecque avec.

Au-delà de la crise de liquidités, c’est une crise de solvabilité qui menace l’ensemble du système bancaire grec. Depuis des mois, les autorités prudentielles font comme s’il n’existait aucun problème, comme si leurs fonds propres, constitués majoritairement par des titres obligataires grecs d’État ou de grandes entreprises, avaient la même valeur qu’auparavant. Dans les faits, elles attendaient un accord européen qui permette de débloquer un fonds de réserve de 10 milliards d’euros destinés à la recapitalisation du système bancaire grec. Accord qui n’est jamais venu.

Aujourd’hui, cette fiction ne peut plus être prolongée. La Grèce a fait défaut. Pour l’instant, celui-ci ne porte que sur des créances du FMI. Mais le fonds européen de stabilité financière, principal créancier de la Grèce, fait porter une nouvelle menace. Il a déclaré vendredi se réserver de réclamer le remboursement anticipé de 130,9 milliards d'euros dus par Athènes, compte tenu du non-paiement au FMI. Autant précipiter la Grèce tout de suite dans les abîmes.

Même si la Grèce dit oui et emporte le soutien de l’Europe, comme le font miroiter les responsables de l’Union, même si un accord européen est trouvé rapidement, même si les fonds en réserve sont versés en urgence, tout cela risque de ne plus suffire à masquer la faillite de l’État et par contrecoup celle des banques. Ou inversement, tant les deux sont liés. Une perspective qui semble être intégrée dans de nombreux scénarios bancaires. Le gouvernement, quelle que soit sa couleur, n’aurait alors d’autre choix que de nationaliser l’ensemble des banques, de prélever sur les dépôts pour tenter de renflouer.

Et puis ? La suite dépendra des choix du gouvernement grec et des réactions de l’Union européenne, du FMI, de la BCE. Leur gestion du dossier grec a été si calamiteuse depuis le départ, le désastre est si grand, leur refus d’endosser toute responsabilité dans cette débâcle est si consternant, leur dogmatisme est si ancré que tout pronostic est impossible.

Jeudi 2 juillet, le FMI a publié officiellement une nouvelle étude sur la situation grecque. Que dit-il ? Que la dette est insoutenable. L’institution estime que la Grèce a besoin d’un troisième plan de sauvetage lui apportant immédiatement 10 milliards d’euros dans les mois qui viennent et 50 autres milliards sur trois ans. En échange de réformes, elle propose une restructuration de la dette, avec une période de répit de 20 ans, et en reportant la fin des paiements en 2055. Ce plan ressemble – parfois même en plus radical – à celui qu’a proposé pendant des semaines cet « énergumène » de Yanis Varoufakis aux responsables européens.

Pourquoi le FMI a-t-il mis tant de temps à reconnaître publiquement ce que des dizaines d’économistes n’ont cessé de répéter depuis au moins 2012 ? Pourquoi Christine Lagarde a-t-elle préféré adopter une attitude politique intransigeante plutôt que suivre l’avis de ses services ? Fallait-il attendre que l’économie grecque soit totalement effondrée ? Quoi qu’elle en dise, l’Europe risque de payer chèrement cette mise à genoux.  Elle a déjà dilapidé une grande partie de son capital moral.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 20:11

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

L’aéroport de Toulouse a été privatisé au profit d’une société-écran

|  Par Laurent Mauduit

 

 

 

La privatisation de l'aéroport de Toulouse-Blagnac est éclaboussée par des scandales chaque jour plus nombreux. Soupçonné de corruption, l'acquéreur chinois, Mike Poon, est en fuite. Selon notre enquête, sa société française, Casil Europe, n'a que 10 000 euros de capital, et son siège social, place de la Madeleine, à Paris, est fictif.

 

Ce devait être une grande fête protocolaire et diplomatique ! C’est du moins comme cela que les autorités françaises avaient conçu l’événement. À l’occasion de la visite en France du premier ministre chinois, Li Keqiang, qui a commencé lundi par un rendez-vous à l'Élysée avec François Hollande, le premier ministre Manuel Valls et le ministre de l’économie Emmanuel Macron avaient pris la décision de dérouler le tapis rouge à leur hôte, en organisant pour lui des déplacements en grande pompe aux quatre coins de l’Hexagone, de Paris jusqu’à Marseille, en passant par Toulouse et les usines d’Airbus.

Mais l’étape toulousaine, qui devait être jeudi le temps fort de ce voyage officiel, risque de se transformer en calvaire. Car Manuel Valls et Emmanuel Macron, qui espéraient engranger quelques gros contrats, notamment aéronautiques, auront du mal à chanter les formidables mérites de la coopération économique franco-chinoise au moment précis où elle est éclaboussée par un scandale, celui de la privatisation de la gestion de l’aéroport de Toulouse, qui prend de plus en plus d’ampleur.

Selon notre enquête, non seulement le président chinois de la société qui a remporté la privatisation, Mike Poon (aussi appelé Poon Ho Man), a disparu, et son nom est évoqué dans une affaire de corruption ; mais de surcroît, la société qu’il a créée pour gagner la privatisation à Toulouse, qui est dénommée Casil Europe, a tout d’une société fictive, ne disposant que d’un capital dérisoire et affichant une adresse fictive pour son siège social à Paris. Ce qui risque de donner de nouveaux arguments de campagne au Collectif contre la privatisation (ici sa page Facebook et là le blog sur Mediapart).

Pour comprendre l’enchevêtrement de ces scandales à répétition, il faut se souvenir de la genèse de l’histoire (lire La scandaleuse privatisation de l’aéroport de Toulouse-Blagnac). D’abord, Emmanuel Macron a prétendu qu’il ne s’agissait pas d’une privatisation puisque si les investisseurs chinois faisaient effectivement l’acquisition de 49,9 % de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, l’État gardait 10 % du capital et, avec les collectivités locales (Région, département et ville de Toulouse), disposait toujours de la majorité du capital. Mais à l’époque, en novembre 2014, Mediapart a révélé qu’il s’agissait d’un mensonge (lire Privatisation de l’aéroport de Toulouse : Emmanuel Macron a menti et Aéroport de Toulouse : les preuves du mensonge). Dans notre enquête, nous en avions apporté la preuve irréfutable : publiant des fac-similés du pacte d’actionnaires secret, nous avions révélé que ce dernier liait en réalité l’État non pas aux autres collectivités publiques mais aux investisseurs chinois et donnait à ceux-ci les pleins pouvoirs pour gérer la société française. Bien que l’affaire ait suscité beaucoup d’émoi, le ministre de l’économie n’a pourtant pas changé de ligne de conduite et a toujours refusé que le pacte d’actionnaires dans sa version intégrale soit rendu public.

 

Affichette du Collectif contre la privatisation de la gestion de l'aéroport
Affichette du Collectif contre la privatisation de la gestion de l'aéroport
 

Et le scandale ne s’arrêtait pas là. Nous avons aussi révélé que cette société Casil Europe s’imbriquait dans un groupe opaque, détenu par cet oligarque chinois dénommé Mike Poon et son épouse Christina, et dont la holding de tête se dénomme Capella Capital Limited, une holding immatriculée aux îles Vierges britanniques. Cette holding de tête a pour filiale à 100 % une société dénommée Friedmann Pacific Investiment Holdings Limited, dont le pays d’immatriculation est inconnu : cette dernière société aurait elle-même une filiale dénommée Friedmann Pacific Asset Management Limited, immatriculée aux îles Vierges britanniques. Nous racontions dans cette même enquête que cette société avait elle-même une autre filiale dénommée China Aircraft Leasing Groups Holdings Limited, implantée aux îles Caïmans.

 

 

Mais à ce premier scandale est venu plus récemment s’ajouter un autre. Plusieurs agences de presse ont annoncé ces derniers jours que le dénommé Mike Poon avait disparu et que son nom était cité dans un scandale de corruption (lire Toulouse : la privatisation éclaboussée par un scandale). Le 22 juin, l’agence Reuters a apporté ces précisions : « Selon le quotidien South China Morning Post, qui cite des sources proches connaissant bien le groupe, Poon Ho Man a disparu il y a plus d'un mois. Son nom aurait été cité dans une enquête pour corruption menée par les autorités auprès de l'une des compagnies clientes de CALC, China Southern Airlines. Le loueur avait déclaré vendredi qu'il n'avait pas été avisé d'une quelconque enquête concernant Poon Ho Man et que l'examen des dossiers concernant les échanges avec China Southern n'avait révélé aucune irrégularité. Un porte-parole a refusé de faire de nouveaux commentaires après les informations diffusées vendredi. »

Or, depuis cet article, le mystère s’est encore un peu plus épaissi. Le même quotidien chinois anglophone, South China Morning Post, dans un article en date du 29 juin (que l’on peut consulter ici), indique que 5,38 millions d’options détenues par Mike Poon sur la société China Aircraft Leasing ont été exercées le 19 juin, à un prix de 0,16 dollar, soit 90 % de moins que leur valorisation boursière, sans que l’on sache qui avait donné ces ordres de cession. Cela équivaut donc à 860 800 dollars ou 770 000 euros. Près de 429 000 options de la société Friedmann Pacific Asset Management ont également été cédées, dans les mêmes conditions mystérieuses.

 

Une société sans siège social ni boîte aux lettres

Où Mike Poon a-t-il donc disparu ? Et pourquoi ces options ont-elles été vendues ? À tous ces mystères, il va falloir en ajouter encore d’autres, car nous avons aussi voulu mieux connaître qui était cette société Casil Europe, à laquelle a été offerte dans ces stupéfiantes conditions la privatisation de la gestion de l’aéroport de Toulouse. Or, nous sommes allés, dans ce domaine-là aussi, de surprise en surprise.

D’abord, les premiers statuts de la société, qui ont été déposés au greffe du tribunal de commerce de Paris, font apparaître (voir document ci-dessous) que la société disposait à ses débuts d’un capital dérisoire : tout juste 10 000 euros.

 

 

Autre révélation apportée par ces statuts : cette société Casil Europe est en fait contrôlée par une autre société dénommée Sino Smart Inc. Limited, dont le siège serait à Hong Kong, et qui serait aussi la propriété du même Mike Poon. Mais visiblement, cette structure est elle aussi une société-écran ou une coquille juridique, puisque sa date de constitution est toute récente, à savoir le 24 septembre dernier (voir ici).

Encore plus stupéfiant, les mêmes statuts font apparaître que le siège social de Casil Europe est situé au numéro 6 de la place de la Madeleine à Paris. Ce qui fait très chic et sérieux, puisqu’il s’agit de l’un des quartiers les plus huppés de la capitale. Mais si l’on poursuit la lecture des statuts de la société, on peut y faire une autre découverte inattendue :

 

 

On y découvre en effet que cette société Casil Europe a procédé à la « signature d’un contrat de domiciliation avec la société Wolters Kluwer France », qui est une société d’édition professionnelle (ici son site internet). Trouvant cela passablement étrange, nous nous sommes donc rendus au 6, place de la Madeleine, à Paris. Et nous avons cherché en vain ses bureaux : il n’y en a pas. Nous avons aussi cherché si la société disposait au moins d’une boîte aux lettres : sans plus de succès. Nous avons alors interrogé la gardienne de l’immeuble, qui nous a expliqué comment les choses se passaient.

 

(Cliquer sur la photo pour l'agrandir)

 

Pour la façade, un contrat de domiciliation a bel et bien été signé entre Casil Europe et Wolters Kluwer France, dont le nom apparaît sur la plaque à l’entrée de l’immeuble (voir photo ci-contre). Cette société Wolters Kluwer France a un service qui s’occupe pour des clients de leurs annonces légales ou leur offre une domiciliation. Mais, concrètement, le rôle de Wolters Kluwer France s’arrête là. Et quand du courrier arrive au nom de Casil Europe, c’est la gardienne elle-même qui se charge de le faire suivre à la bonne adresse. C’est-à-dire à destination de Honk Kong ? À notre question, elle nous a dit qu’elle ne pouvait pas nous apporter spontanément de réponse, car elle avait la charge de faire suivre les correspondances de quelque 400 sociétés.

Quoi qu’il en soit, l’affaire prend une tournure de plus en plus stupéfiante. On peut la résumer ainsi : dans le plus grand secret, Emmanuel Macron a privatisé la gestion de l’aéroport de Toulouse-Blagnac à une société-écran qui n’a pas pignon sur rue en France et dont le PDG, mis en cause dans une affaire de corruption, a pris la fuite après avoir vendu en catastrophe des actions en sa possession.

Interrogée par La Tribune qui lui demandait comment elle réagissait à la disparition de l’actionnaire chinois Mike Poon, Anne-Marie Idrac, qui préside le conseil de surveillance de la société de gestion de l’aéroport, a eu cette réponse dont on ne sait si elle est inspirée par une niaiserie crasse ou une radicale mauvaise foi : « Je ne sais pas où est Mike Poon mais, à vrai dire, cela ne m'importe pas tellement. »

Tout au long de la visite du premier ministre chinois en France, toutes les parties prenantes de l’affaire seront pourtant hantées par le spectre de Mike Poon, ce mystérieux oligarque qui s’est fait la belle avec ses secrets et un gros paquet de dollars. En espérant que les rumeurs de corruption qui circulent actuellement en Chine n’aient pas un jour des prolongements en France.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 19:06

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Le Tafta vu des USA
"Nous ne pouvons attendre que des effets destructeurs"

 
Propos recueillis par
 
 
 
Au sein de Public Citizen, Melinda Saint Louis est directrice des campagnes internationales du service chargé d'observer le commerce mondial. Cette organisation, qui est pour ainsi dire l'équivalent américain de 60 millions de consommateurs, est devenue en 44 ans d'existence l’un des plus grands groupes de défense des droits des consommateurs du pays et a fait de la lutte contre le traité transatlantique son cheval de bataille.
 
Matthias Schrader/AP/SIPA
 

Marianne : Les Etats-Unis ont déjà fait l’expérience d’un grand accord commercial, l’Accord de libre-échange nord-américain (l'Alena baptisé aussi Nafta en anglais). Depuis son entrée en vigueur en 1994, les effets pervers de cet accord au Mexique comme aux Etats-Unis sont régulièrement dénoncés. Craignez-vous, à terme, des effets similaires aux Etats-Unis et en Europe avec le Tafta ?
Melinda St. Louis :
Nous faisons depuis plus de vingt ans l’expérience de l’Alena. Quand cet accord a été présenté à l’opinion publique, ses promoteurs arguaient qu’il allait créer des emplois et élever le niveau de vie dans les trois pays concernés (les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, ndlr). Au final, il s’est avéré que l’accord a produit l’effet inverse. Le secteur industriel s’en est trouvé ravagé, ce qui a conduit à un grand nombre de licenciements et à une dépression générale des salaires. Les économistes sont tous d’accord pour dire que la politique commerciale américaine instaurée par l’Alena a considérablement creusé les inégalités. Quelle que soit la richesse créée par cet accord, elle n’est allée qu’aux 10 %, sinon les 1 % des citoyens les plus riches.
Au lieu de retenir les leçons du passé, nous craignons que le Tafta ne soit bâti sur le même modèle. Tout nous indique une similarité avec l'Alena : la manière dont se déroule les négociations, leur contenu tenu secret. Aux Etats-Unis, près de 500 conseillers d’entreprises ont un accès direct au contenu des négociations alors que l’opinion publique en a été écartée. Nous ne pouvons donc attendre du Tafta que les mêmes effets destructeurs que ceux provoqués par les anciens traités dont il s’inspire.

A l'approche de l'élection présidentielle de 2016 pensez-vous que les candidats à la Maison-Blanche vont s’emparer du Tafta comme d’un objet de campagne ?
En effet, nous nous attendons à ce que la colère générée par les différents accords (Tafta, TPP...) ait des conséquences sur l'élection présidentielle de 2016. L’accent sera tout d’abord mis sur les dangers du Transpacific partnership (qui concerne les Etats-Unis et l’Asie, ndlr) du fait de son échéance toute proche. Il envisage d'instaurer, lui aussi, des tribunaux d’arbitrage privés (ISDS), des changements en matière de sécurité alimentaire, de la dérégulation financière, etc. De plus, Hillary Clinton a été forcée de s’allier avec des démocrates opposés à Barack Obama sur la question du « fast track trade authority », qui permet au président de déposer un accord international devant le Parlement sans que celui-ci puisse l’amender : il peut juste y opposer ou non son véto. Enfin, plusieurs républicains candidats à la Maison-Blanche se sont opposés à cette mesure et aux accords internationaux passés par Obama.

En France et en Europe, de nombreuses organisations et hommes politiques réclament un arrêt pur et simple des négociations, plus encore depuis l’affaire des écoutes de l’Elysée par la NSA. Assiste-t-on à la même chose aux Etats-Unis ?
Les syndicats, les groupes de consommateurs, les organisations environnementales, les « fermes familiales », les défenseurs de la sécurité alimentaire, les féministes, les religieux et même les retraités, qui n’ont pas l’habitude de manifester, se sont mobilisés pour s’opposer au programme d’accords négociés par l’administration Obama. Et même si le TPP, par sa proche échéance, reste le plus discuté en ce moment, le Tafta reste un grand sujet de débats. Ensemble, nous avons appelé à la fin du secret qui l’entoure et pour un changement des négociateurs.

La question des tribunaux d’arbitrage privés inquiète beaucoup les opposants européens au traité, notamment en raison du grand nombre de multinationales américaines prêtes à l’utiliser. Est-il autant redouté aux Etats-Unis qu’en Europe selon vous ?
Les inquiétudes à propos de l’ISDS se sont démultipliées ces derniers mois aux Etats-Unis. Elles ne sont plus seulement l’apanage des syndicats, mais désormais aussi de toutes les organisations que j’ai citées précédemment, sans compter les citoyens eux-mêmes. Tous appellent à la fin de ce système d’arbitrage. La sénatrice Elizabeth Warren, une grande figure progressiste qualifiée de « faiseuse d’opinion », a écrit un pamphlet contre les dangers de l’ISDS qui a permis aux gens de mieux en comprendre les enjeux. Il existe aujourd’hui tout un panel de leaders politiques, de juristes, de membres du Congrès, d’experts et de mouvements populaires, venus de droite comme de gauche, qui se sont unis pour s’opposer aux traités.  

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 16:45

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Survie 26/06/2015 à 17h30
Hutte primitive et four solaire : les vidéos à voir avant la fin du monde
Thibaut Schepman | Journaliste Rue89

 

 

 

S’abriter, se nourrir, se chauffer ou même produire son électricité... Rue89 a sélectionné dix tutoriels YouTube, partagés par des survivalistes ou des adeptes des « low-tech ». A regarder juste au cas où.

Tout commence avec une vidéo publiée début mai sur une formidable chaîne YouTube australienne : Primitive technology. On y voit un jeune homme recourir à nombre de savoir-faire datant du néolithique pour fabriquer en quelques minutes une hutte en torchis à partir de végétaux et de boue collectés dans une forêt. Le tout sans commentaire et en un temps réduit. C’est fascinant et relaxant.

Construction d’une hutte en torchis de type néolithique

 

En quelques semaines, cette vidéo a été visionnée plus de 2 millions de fois. Dans les commentaires, beaucoup d’internautes échangent sur les meilleurs moyens de reproduire ou d’améliorer les techniques utilisées.

Quand il a été question de présenter cette pépite aux lecteurs de Rue89, pendant notre conférence de rédaction matinale, une réaction renversante a surgi :

Making-of
Ce titre est bien sûr une boutade, pas besoin d’attendre la fin du monde pour s’approprier certaines techniques voire même viser une forme d’autonomie. N’empêche, si vous lisez cet article parce qu’une rupture de la normalité se présente, nous vous souhaitons beaucoup de courage. Et vous invitons à bâtir un monde meilleur.

« Si on a besoin un jour de recourir à ces méthodes de survie, on n’aura probablement déjà plus accès à Internet et à ces vidéos. »

Si vous partagez les craintes des survivalistes, si vous aimez l’idée de vous approprier les low-tech ou si vous avez simplement toujours rêvé de faire du feu en tournant un bout de bois entre vos mains, nous vous avons préparé une liste de vidéos à regarder tant qu’il en est encore temps.

 

1 S’abriter

 

Vous êtes seul dans les bois, le froid et la pluie vous menacent. Vous vous félicitez d’avoir visionné quelques mois plus tôt les vidéos de la chaîne Primitive technology. Vous avez le choix. Tailler une pierre pour découper du bois qui fera l’ossature de votre maison puis tisser des végétaux pour couvrir votre abri et enfin fabriquer un pot en terre cuite pour transporter de l’eau et mouiller la terre argileuse qui formera votre torchis. C’est l’option de la première vidéo postée par cette chaîne australienne.

Vous pouvez aussi, si vous êtes dans un climat plus tropical, vous servir de feuilles de palmier pour concevoir une chaumière primitive.

 

 

Fabrication d’une hutte à toit de chaume

 

2 Se nourrir

 

Vous avez dépensé une quantité hallucinante de calories pour fabriquer votre abri. Vous êtes sur le point de tomber d’inanition.

Ne cherchez pas tout de suite à chasser un daim ou un sanglier. Mieux vaut commencer par une salade sauvage. Pour ce faire, les deux youtubeuses survivalistes françaises de la chaîne Les mamas prévoyantes ont tourné deux vidéos très bien faites sur les plantes comestibles de l’Hexagone.

Les plantes sauvages comestibles Partie 1

Les plantes sauvages comestibles Partie 2

 

Manger des herbes crues ne suffira pas à vous sustenter des mois durant. Pour cuire vos aliments dans un monde post-apocalyptique, rien de tel qu’un four solaire. Ce tutoriel vous permettra d’arriver à un résultat quasi professionnel en recyclant notamment une antenne parabolique.

 

 

Comment fabriquer un four solaire

 

 

3 Se chauffer

Il y a quelques mois, Corentin de Chatelperron, jeune ingénieur et aventurier, a vécu plusieurs semaines sur un bateau en fibre de jute où il a expérimenté des low-tech. Il nous avait expliqué comment il avait fabriqué un « rocket stove », sorte de poêle en système D :

« On récupère deux boîtes de conserve de tailles différentes. On perce la plus petite de plusieurs trous et on emboîte l’autre par-dessus.

On brûle un peu de bois dans la petite boîte et, au bout d’un moment, du gaz s’échappe par les trous, remonte la paroi et entre en combustion dans la grande boîte.

C’est impressionnant à quel point c’est efficace, on consomme jusqu’à sept fois moins de bois. Tous les jours, des gens utilisent du bois pour la cuisson, c’est très simple ça pourrait être utilisé partout dans le monde. »

Il a depuis publié sur son site Nomade des mers – où l’on trouve une série de tutoriels dans une « biblilowtech » de très bonne facture – une vidéo expliquant comment fabriquer un « néostove », version améliorée de ce premier exemplair

Comment fabriquer un « Néostove »

 

Les plus motivés pourront aller encore plus loin, en regardant les tutoriels du bricoleur Barnabé Chaillot qui nous apprend à fabriquer trois types de poêles maison.

 

 

Fabriquer trois types de « rocket stove »

 

Et bien sûr, l’indispensable méthode Jean Pain permet de transformer un tas de compost (immense) en système de chauffage.

Présentation de la méthode Jean Pain

 

 

4 Se déplacer

 

Le meilleur moyen de déplacement en cas de rupture de la normalité est de loin le vélo, rappelle ici Vol West, star française du survivalisme installé aux Etats-Unis.

 

 

Vol West parle du vélo

 

 

5 Produire de l’électricité

 

En cas d’urgence, le site Nomade des mers recommande un tutoriel espagnol indiquant comment transformer un vélo en un pédalier générateur électrique.

Si vous êtes nombreux et avez le temps de démarrer un chantier de plusieurs jours, on vous invite de notre côté à vous pencher sur les ateliers d’autoconstruction d’éoliennes Piggott.

Cette invention est l’œuvre d’un Ecossais, Hugh Piggott. Ce « hippie désireux de revenir à la terre » s’est installé au milieu des années 70 sur la presqu’île de Scoraig, en Ecosse, un endroit quasi désert et totalement coupé du réseau électrique.

Le jeune homme a ensuite mis au point, pendant vingt ans, une méthode permettant de construire une mini-éolienne à partir de matériaux de récupération. Depuis, sa technique se répand dans le monde entier via des stages et ateliers participatifs. La vidéo qui suit retrace le déroulé d’une de ces initiations, et permet de comprendre comment reproduire cette prouesse.

 

Stage de construction d’une éolienne Piggott de 3,60 m

 
 
MERCI RIVERAINS ! Enki

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 21:57

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Régression

En Espagne, austérité et privatisations détruisent le système de santé publique et nuisent à la qualité des soins

par

 

 

 

En Espagne, la politique d’austérité s’est traduite par des coupes budgétaires et des suppressions de postes massives dans les hôpitaux et les dispensaires publics. Aux dépens du personnel soignant, maltraité par une organisation du travail dégradé, et des patients, victimes de délais d’attente à rallonge et de négligences médicales en hausse. Le secteur privé profite, lui, d’une hausse des deniers publics, et de la privatisation rampante des hôpitaux. Les fortes mobilisations syndicales et citoyennes, ainsi que la victoire du nouveau parti de gauche Podemos à Madrid, ont pour l’instant mis un coup d’arrêt à cette destruction programmée du système de soins publics et universels. Enquête.

 

Le spectacle n’est pas très flatteur pour la direction de l’établissement hospitalier. Des lits sont entassés en quinconce dans les couloirs et dans les chambres individuelles. Les issues de secours sont bloquées et le travail du personnel soignant entravé. Avec l’augmentation des maladies hivernales, le service est rapidement saturé. La plupart des patients sont des personnes âgées, demandant une attention particuliers. L’exiguïté interdit toute intimité. Pendant que l’on vide les flacons d’urine de certains, on sert le repas à d’autres. L’odeur ambiante est désagréable. La tension entre le personnel soignant est palpable. Le service des urgences l’Hôpital 12 de Octubre, au sud de Madrid, semble au bord du burn out.

 

« Je n’en peux plus ! », soupire une infirmière tout en réalisant une prise de sang sur une vieille dame. L’infirmière est aphone, malade elle aussi, mais dans l’impossibilité de prendre un congé. Si elle le fait, sa charge de travail se répercutera immédiatement sur l’une de ses collègues. « Le personnel absent n’est pas remplacé », nous explique sa collègue. « Et puis il y a aussi de nouvelles sanctions économiques. »

 

« La saturation des urgences est devenue permanente »

En 2012, le gouvernement de Mariano Rajoy (Parti populaire, droite), a modifié le régime des indemnités journalières versées aux fonctionnaires de l’État en cas d’arrêt de travail pour les maladies et les accidents non-professionnels. Une infirmière voit ainsi ses indemnités réduites de 75% à partir du quatrième jour d’absence et jusqu’à 100% à compter du vingt-et-unième. L’infirmière enrouée ne décolère pas : « Comment voulez-vous que je récupère en étant constamment en contact avec des gens malades ? Sans compter que je dois à mon tour faire attention de ne contaminer personne. »

Ces scènes inquiétantes se banalisent. Dans un autre hôpital public de Madrid, le Clínico San Carlos, la saturation des urgences a forcé l’hôpital à annuler des interventions chirurgicales programmées de longue date afin de libérer des lits et du personnel. Quelques mois plus tôt, le personnel des urgences de l’hôpital madrilène La Paz dénonçait les graves carences de leur unité de soins : « 22 lits pour 45 malades ». La presse espagnole s’est faite l’écho du cri d’alarme généralisé des personnels soignants, mais aussi de l’indignation citoyenne face à plusieurs cas de personnes décédées. Elles avaient passé jusqu’à quatre jours aux urgences, après neuf mois sur liste d’attente !

 

Hausse des cas de négligences médicales

La Defensora del Pueblo – l’équivalent espagnol du Défenseur des droits –, Soledad Becerril, a publié début 2015 un rapport très critique sur la situation des services d’urgence dans les établissements hospitaliers publics [1]. Elle y signale, entre autres, que « la saturation des urgences est devenue permanente » et « augmente les cas de négligences médicales ». Reyes Gallego, infirmière à l’hôpital 12 de Octubre et membre du syndicat Syndicat unique de santé et d’hygiène (SUSH), confirme ces risques : « Quand il y trois patients dans un box prévu pour deux, les couloirs envahis par les lits et qu’un patient à besoin d’une intervention urgente, la possibilité de commettre des erreurs est exponentielle ». De leur côté, les directions des hôpitaux et les autorités sanitaires évoquent invariablement des « situations ponctuelles ».

 

Difficile de quantifier l’ampleur des négligences médicales. Il n’existe pas de statistiques officielles publiques. En 2005, l’Institut de statistiques espagnol a cessé de publier les indicateurs de la qualité de soins dans les hôpitaux. Seule l’association Defensor del Paciente (défenseur du patient), créée en 1987 pour venir en aide aux victimes de négligences médicales, publie chaque année un rapport sur la base des plaintes déposées contre les services d’urgences. D’après leurs données, le nombre de cas d’erreurs médicales présumées n’a cessé d’augmenter depuis 2010, passant de 12 162 cas (dont 554 décès) à 14 749 (dont 835 décès). Soit une hausse de 21% en quatre ans.

 

Délai d’attente moyen pour une opération : 98 jours

C’est aux experts médicaux et éventuellement aux juges de déterminer s’il y a faute professionnelle, et si ces fautes sont directement responsables des décès. « En moyenne, d’année en année, 40% des cas qui parviennent à l’association sont confirmés comme étant des négligences médicales », souligne Carmen Flores, la présidente de l’Association. Qu’en est-il des 60% restants ? Les données disponibles ne permettent pas de distinguer les plaintes rejetées de celles qui sont demeurées sans suite, les frais d’expertise juridiques à la charge du patient étant un frein pour que ces recours aboutissent.

 

L’association d’usagers est confrontée à un autre phénomène : les plaintes face à la longueur des listes d’attente. « Ces plaintes concernent les délais pour obtenir un traitement spécifique, pour être redirigé vers un spécialiste ou simplement avoir un diagnostic. Du total des plaintes que nous recevons, les deux tiers sont relatives aux listes d’attente », explique Carmen Flores. Et elles aussi augmentent depuis trois ans. D’après les propres statistiques du Système national de santé, entre juin 2012 et décembre 2013, l’attente moyenne pour une intervention chirurgicale est passée de 76 jours à 98 jours. Près d’un patient sur six est sur liste d’attente depuis au moins six mois, sur l’ensemble du territoire espagnol. Pour Carmen Flores, la cause de ces négligences et de ces délais ne fait aucun doute, ce sont les coupes budgétaires pratiquées par le gouvernement.

 

19 000 postes supprimés en deux ans

Pour les qualifier, le gouvernement espagnol a choisi un euphémisme : des « mesures urgentes pour garantir la durabilité du système national de santé et améliorer la sécurité des prestations ». Ces mesures se sont traduites par la suppression de 19 000 postes sur tout le territoire entre janvier 2012 et janvier 2014, soit 7% des effectifs de la santé publique (272 000 médecins et personnel infirmier). Le budget alloué au système de santé publique a chuté de 11 % entre 2010 et 2014. Outre la dégradation des conditions de travail et de la qualité des soins dispensée aux patients, cette politique d’austérité provoque un début d’exode du personnel soignant hors d’Espagne.

 

« Ces trois dernières années, 7 378 médecins [sur un total de 232 816 médecins inscrits à l’Ordre des Médecins en 2013] ont sollicité le certificat d’aptitude pour partir travailler hors de nos frontières », comptabilise l’Organisation médicale collégiale, qui chapeaute la profession. « Ce chiffre montre bien la crise qu’est en train de traverser la profession médicale en Espagne ». Le nombre de certificat octroyé a presque triplé depuis 2010. En parallèle, le nombre d’infirmiers au chômage a été multiplié par cinq, avec 20 000 personnels soignants sans emploi fin 2013.

 

« La Santé Publique est clairement maltraitée »

« La Santé Publique est clairement maltraitée en Espagne », s’insurge Reyes Gallego, du syndicat minoritaire SUSH. « Nous sommes surchargés de travail, et nos efforts ne sont valorisés ni par la hiérarchie ni même par la société. Comment se sentir motivés dans ces conditions ? ». Très souvent, les personnels sont directement la cible de l’énervement des usagers, qui leur attribuent la responsabilité de leur trop longue attente de soins. « Nous subissons un stress énorme. Parfois, au plus fort de l’activité des urgences, un médecin arrive et exige que nous interrompions ce que nous sommes en train de faire pour effectuer un électrocardiogramme à un patient… assis sur une chaise ! On est loin des conditions optimales enseignées à l’école d’infirmières pour faire ce genre d’interventions ! », témoigne Mar Coloma, infirmière à l’hôpital public Ramón y Cajal de Madrid. « Cette pression fait que les infirmières vivent dans la peur constante de commettre des erreurs, sans compter les lésions que cela induit ». Elle se souvient de cette infirmière surmenée dont le doigt, quelques mois auparavant, a été sectionné par une porte d’ascenseur.

 

Partout, l’évaluation quantitative, via la gestion des budgets, a pris le pas sur l’évaluation de la qualité des soins et de la prise en charge des patients (lire aussi notre article). « En tant que responsable d’un service, si l’on montre à la direction qu’on est capable de bien gérer le budget qu’elle nous a confiée, et mieux encore si l’on arrive à économiser sur ce budget, nous sommes récompensés », témoigne Luis Fernández, du service de cardiologie infantile de l’hôpital Ramón y Cajal. « Dans le cas contraire, nous sommes sanctionnés par une réduction de budget pour l’année suivante. »

 

La situation dans les dispensaires n’est guère meilleure. « L’organisation du travail a empiré ces dernières années. Avant nous avions un système d’évaluation, une plus grande participation dans la prise de décisions et un dialogue régulier avec nos supérieur. Tout cela a disparu avec le gouvernement actuel », décrit Rosa Bajo qui travaille dans le dispensaire de Campo Real, à une trentaine de kilomètres de la capitale. « Désormais, nous avons l’impression que la hiérarchie valorise davantage notre capacité à diminuer les coûts et à bien gérer le budget plutôt que d’améliorer les conditions de vie et de santé de nos patients. C’est très démotivant. »

 

L’austérité, prologue à la privatisation des hôpitaux

Plutôt que de « garantir la durabilité du système national de santé », le gouvernement espagnol est accusé de l’affaiblir, au profit des cliniques privées. Le processus de privatisation du secteur de la santé a commencé en 1991, sous le mandat du Premier ministre socialiste Felipe González. A l’époque, un rapport parlementaire pointe déjà « une certaine fatigue du système sanitaire ». « Depuis, les gouvernements successifs ont délibérément laissé se dégrader le système de santé publique. Ils ont sans cesse réduit ses budgets et ses effectifs et externalisé des services, de façon à orienter le public vers les opérateurs privés », accuse Juan Antonio Recio, ancien infirmier et membre de la Coordination anti-privatisation de la santé publique (CAS), qui regroupe des professionnels de santé, des usagers et des syndicats opposés aux mesures d’austérité.

 

C’est ce qui est arrivé à Juan José Martín. Ce patient doit subir une opération pour ôter des varices. Au préalable, il doit procéder à des examens cardiologiques et prendre rendez-vous avec un spécialiste. Or, le système public de santé madrilène est désormais équipé d’un service informatisé, géré par une société privée, qui centralise toutes les prises de rendez-vous et les redirige directement vers des médecins spécialistes en fonction de leur agenda. Initialement orienté vers un établissement privé, Juan José Martín refuse par principe, au nom du maintien des services publics. Réponse du service madrilène de santé : son rendez-vous sollicité en janvier 2015 ne lui sera accordé qu’en octobre prochain. « C’est une tactique pour décourager les patients et les diriger vers le privé où ils n’auront pas à attendre des mois pour obtenir leur rendez-vous », interprète-t-il.

 

Les budgets publics accordés au privé en forte hausse

Manuel Rengel, médecin néphrologue à l’hôpital universitaire Princesa confirme cette stratégie. Les patients qu’il reçoit ont initialement été systématiquement orientés vers les cliniques privées, sous contrat avec l’État, pour les premiers examens. Ce qui pose également des problèmes en matière de suivi de ces patients. Car si les prises de rendez-vous sont centralisés, la transmission des dossiers médicaux semble faire défaut. « Il n’y a aucune communication avec les médecins privés qui se sont chargés des premiers examens », déplore le spécialiste. « Donc, s’il y a un problème, je ne sais pas à qui m’adresser. Même si je le savais, je devrais demander l’autorisation à la direction de l’hôpital pour entrer en contact avec un médecin de l’extérieur au sujet d’un patient. » Le néphrologue exige donc que tous les examens aient lieu dans son service afin que le suivi de ses patients ne soit pas fragmenté.

 

Un rapport de la confédération syndicale CCOO (Comisiones Obreras), publié en septembre 2014, analyse en détail l’évolution des budgets octroyés au système public et aux partenariats public-privé en matière de santé [2]. Si celui destiné aux structures de soins publics diminue, l’enveloppe consacrée aux partenariats public-privé augmente. En dix ans, de 2002 à 2012, elle est passée de 3,6 milliards d’euros à 5,7 milliards en 2012. Soit une augmentation de 63 % en faveur du privé.

 

Huit nouveaux hôpitaux gérés par le secteur privé dans le cadre d’un partenariat avec l’État ont ainsi ouvert leurs portes dans la région de Madrid. Des personnels soignants venus du public y ont été transférés. Les conditions de travail et le niveau de qualité des soins dispensés sont-ils pour autant satisfaisants ? Une étude réalisée par la Coordination anti-privatisation il y a cinq ans ans tend à montrer le contraire, en recueillant des dizaines de témoignages [3].

 

« J’ai vu des médecins craquer et rentrer chez eux en pleurant »

« J’ai vécu le transfert au nouvel hôpital comme la pire année de ma vie, avec des relations entre professionnels néfastes, une qualité des soins qui se détériore. Dès que nous avons commencé à protester, nous avons eu de gros problèmes avec la direction. Certaines de nos déclarations sont sorties dans la presse et nous avons été menacés directement », décrit un médecin urgentiste de l’hôpital privatisé de Majadahonda. « Bien que l’équipe soit plutôt jeune, entre 30 et 40 ans, les arrêts de travail sont de plus en plus longs, avec carrément des dépressions. J’ai vu des médecins craquer et rentrer chez eux en pleurant », détaille une infirmière du même hôpital.

 

La conception même de ces nouveaux hôpitaux est mise en cause par le personnel qui y travaille. « Il y a des fuites d’eau partout, les canalisations gouttent. Quand il pleut, l’eau passe sous les portes des sorties de secours des blocs opératoires alors qu’elles devraient être obligatoirement étanches ! La seule chose que propose la direction est de placer des seaux », raconte une infirmière auxiliaire de l’hôpital Infanta Leonor. Cette privatisation rampante n’a pas non plus amélioré l’accès aux soins : d’après un rapport de Médecins du Monde publié en février 2015, 40 000 personnes se sont ainsi retrouvé privées du droit aux soins médicaux gratuits – sauf cas d’interventions vitales [4].

 

Premières victoires des mobilisations sociales

La réaction face à cette dégradation du système de santé espagnol est d’abord venue des mouvements anti-austérité, nés dans le sillage du mouvement des indignés. Suite à l’annonce en avril 2012 par le ministre régional de la Santé, Javier Fernández Lasquetty (Parti populaire) de plusieurs mesures – baisse du budget de la santé publique de 7%, privatisation total de plusieurs hôpitaux et dispensaires –, de nombreux collectifs de citoyens se sont créés pour protester contre ces coupes budgétaires et privatisations.

 

Depuis des “marées blanches”, rassemblant des professionnels de santé, des syndicats, des associations de patients, des activistes anti-austérité se succèdent dans les rues de Madrid, en faveur d’un « système de santé de gestion publique, universel et de qualité ». Une première victoire est remportée en janvier 2014 lorsque le Tribunal Supérieur de Justice de Madrid décide de suspendre de façon préventive le processus de privatisation des six hôpitaux, alléguant que les « dimensions extraordinaires » de la mesure pourraient « porter un préjudice irréparable » aux usagers et personnels médicaux de Madrid [5]. Et en mai 2015, la gauche, emmenée par le nouveau parti Podemos, a ravi la ville de Madrid aux conservateurs néo-libéraux.

 

Nathalie Pédestarres, à Madrid

Photo : Marches blanches à Madrid en février 2013 / © Hugo Atman


- Article publié en partenariat avec Hesamag, magazine consacré à la santé et à la sécurité au travail, publié en français et en anglais par l’Institut syndical européen. Pour se procurer la revue, cliquez ici.

- Lire aussi :Pays riche et vieillissant, adepte de l’austérité, cherche infirmier européen pauvre pour emploi au rabais

Notes

[1« Las urgencias hospitalarias en el Sistema Nacional de Salud : derechos y garantías de los pacientes », Defensor del Pueblo, Janvier 2015.

[2« Analisis del presupuesto sanitario 2014 », Fédération de la santé et des secteurs sociaux et sanitaires, CCOO, septembre 2014.

[3« Dando voz a las profesionales, percepciones sobre los nuevos modelos de gestion de la sanidad », Consuelo Alvarez Plaza (anthropologue), Juan Antonio Gomez Liebana (Sociologue), CAS Madrid, juin 2010.

[4« Derribando el Muro de la Exclusion Sanitaria », Médecins du Monde, février 2015.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

 

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 21:41

 

Source : http://www.marianne.net

 

Je suis un Athénien

Edmond Harlé
 
 
 
Pour le Mariannaute Edmond Harlé, "si nous ne faisons rien pour les Grecs, notre lâcheté signera la défaite du progrès social" et "après les Espagnols et les Italiens viendra le tour des Français et même des Allemands". Et puisqu'il n'y a plus "hélas, aujourd’hui, ni un Kennedy ni un de Gaulle pour dire non", "il appartient aux peuples européens de se lever pour dire ensemble au monde : “Nous sommes tous des Athéniens”".
 
La déesse grecque de la guerre, Athéna - Petros Karadjias/AP/SIPA
 

Il y a cinquante-deux ans, le 26 juin 1963, face au mur de Berlin, il y eut un Kennedy pour lancer au monde « Ich bine ein Berliner » marquant ainsi la solidarité du monde dit « libre » face à la volonté soviétique d’enfermer les peuples d’Europe de l’Est derrière un mur visant à maintenir leur asservissement. Ce jour-là, la chute du Mur, accélérée par les politiques d’ouvertures de Charles de Gaulle et de Willy Brandt et le charisme de Jean Paul II, était inscrite dans l’histoire.

Hélas, depuis l'effondrement du bloc communiste, les capitalistes se sont dit qu’ils peuvent maintenant, librement, asservir tous les peuples du monde. Pour cela, il leur faut d’abord détruire les systèmes de justice et de solidarité sociale édifiés en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Ils ont choisi aujourd'hui de faire un exemple en mettant les Grecs à genoux, en leur imposant de se mutiler eux-mêmes. Hélas, aujourd’hui, il n’y a plus ni un Kennedy ni un de Gaulle pour dire nonComme le peuple grec a courageusement décidé de dire non, malgré la trahison de la classe politique traditionnelle, il va être puni afin de montrer aux autres peuples qu’ils sont obligés de se soumettre à cette régression sociale sans précédent dans l’histoire en dehors des périodes de guerre.

Hélas, aujourd’hui, il n’y a plus ni un Kennedy ni un de Gaulle pour dire non. Aucun chef d’Etat n’a le courage de dire « Je suis un Athénien ! » à cette ville berceau de la démocratie. Tous les gouvernants européens, derrière Merkel, ont trahi le peuple, l’histoire et les valeurs de l’Europe. Puisqu’aucun chef d’Etat ne le dit, il appartient aux peuples européens de se lever pour dire ensemble au monde : « Nous sommes tous des Athéniens », nous sommes tous pour la justice et la protection sociale. Si nous le voulons, cela est possible. Car ne nous y trompons pas, si nous ne faisons rien pour les Grecs, notre lâcheté signera la défaite du progrès social. Après les Espagnols et les Italiens viendra le tour des Français et même des Allemands et tout espoir de progrès social sera anéanti dans le reste du monde. Face à la lâcheté et à la trahison de nos dirigeants, seul le courage des peuples peut sauver le monde d’un chaos inégalitaire sans précédent dans l’histoire ! Puisque c’est difficile alors, ensemble, faisons-le ! Oui, je suis un Athénien !

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 21:05

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

TISA: les nouvelles révélations de WikiLeaks sur l'accord sur les services

|  Par martine orange

 

 

L’accord sur les services (TISA) est le complément du traité transatlantique. Sans WikiLeaks, il serait encore secret. Son objet : démanteler toutes les barrières, mettre à terre tous les services publics. WikiLeaks publie un avant-projet discuté en avril 2015.

 

Entre eux, ils s’appellent les « très bons amis des services ». Depuis plus de deux ans, des responsables d’une vingtaine de pays, emmenés par les États-Unis, l’Europe, l’Australie et le Canada, se retrouvent dans la plus grande discrétion, souvent à l’ambassade d’Australie à Genève, pour négocier un nouvel accord commercial. Son nom de code : TISA pour Trade in services agreement (accord sur les services).

Ces négociations s’inscrivent dans le prolongement de celles du traité commercial transatlantique (TAFTA), complétées par le dispositif sur le secret des affaires. Car même s’il est divisé en plusieurs volets, il s’agit bien du même projet visant à laisser le champ libre aux multinationales, à abaisser les dernières défenses des États. Et ces accords parallèles se discutent toujours dans les mêmes conditions : la plus totale opacité.

TISA serait resté totalement inconnu, si WikiLeaks n’avait commencé à dévoiler les premiers projets d’accord en avril 2014. Depuis, le site dévoile régulièrement les différentes étapes des discussions, portant sur les services financiers, les services informatiques, les transports maritimes, les télécommunications (voir ici). Aujourd’hui, il publie un nouvel état des compromis et des divergences entre les différentes parties établi dans un projet en date du 24 avril 2015.

Cliquer ici pour télécharger le document principal. Rendez-vous sur le site de Wikileaks pour accéder aux annexes.

Considérant qu’il n’y a plus rien à attendre des grands accords internationaux depuis l’échec du cycle de Doha, « les très bons amis des services » ont décidé de bâtir ensemble un nouvel accord cadre visant à organiser entre eux la libéralisation totale des services. Ces domaines, selon eux, sont encore bien trop protégés par les lois et les règlements nationaux. Des études de think tank – totalement indépendants comme il se doit – viennent opportunément appuyer leurs propos : la libéralisation des services se traduirait par une hausse de la croissance, de plusieurs points par an, assurent-ils, comme ils l’avaient déjà assuré lors de la libéralisation des marchés financiers, des capitaux, des échanges commerciaux, de l’énergie...

Le premier secteur visé est le secteur financier. Les négociateurs veulent mettre en place un accord permettant une totale libéralisation des finances, l’abaissement des normes et des règles prudentielles. « Les lobbies financiers veulent ce traité, afin d’avoir les moyens de contrer une nouvelle régulation financière. Un accord sur les services financiers, adopté au niveau international, serait pour eux la meilleure garantie pour l’avenir. Cela poserait les principes d’une dérégulation globale et empêcherait par effet de cliquet tout retour en arrière, toute tentative de contrôle de la finance. TISA se veut une plateforme qui impose un cadre à tous les accords futurs. C’est le but de ce projet d’accord : interdire par traité toute régulation financière », avait analysé dans Mediapart Dominique Plihon, professeur d’économie à Paris XIII, économiste atterré et membre d’Attac, lors des premières révélations de WikiLeaks l’an dernier.

En février 2015, d’autres révélations, portant sur les services informatiques, avaient montré les intentions des multinationales de se comporter en toute puissance. Nulle contrainte ne devrait leur être opposée. Les États n’auraient pas le droit de leur demander ne serait-ce que les codes sources de certains équipements, même au nom de la sécurité. Les droits imprescriptibles des groupes doivent passer au-dessus des États.

Les nouveaux documents de WikiLeaks dévoilent le cadre plus général de ces négociations. Il ne s’agit pas seulement de la finance ou des télécommunications, mais de tous les services : le transport maritime, le e-commerce, le courrier. Avec un objectif : en finir avec tous les services publics, les normes de protection, les encadrements.

Tous les services publics en situation de monopole seraient ainsi placés sous surveillance afin de s’assurer qu’ils ne bénéficient pas d’une rente indue. Des groupes concurrents pourraient les attaquer en justice pour concurrence déloyale. Même si cela n’est pas dit explicitement, autant dire qu’ils seraient à terme condamnés, le projet d’accord visant à les dynamiter de l’intérieur. Même les services universels, comme l’obligation faite aux opérateurs de téléphonie mobile d’assurer la desserte du territoire par exemple, seraient soumis à examen, pour voir s’ils ne contiennent pas des clauses abusives, et pourraient être revus.

Les normes techniques et spécifications pour les marchés devraient être établies « selon des critères transparents et objectifs ». Quand des autorisations pour la fourniture d’un service sont requises, des contrôles devraient mis en place à intervalles réguliers pour voir si elles sont appropriées. Et « toute personne intéressée pourrait demander un contrôle ».

Toutes les règles de marchés publics, telles qu’elles sont appliquées en France, par exemple, seraient aussi vouées à disparaître. Le projet d’accord précise qu’il ne pourrait plus y avoir de préférence nationale, de clause imposant des emplois sur le territoire, de normes particulières, ou même d’y travailler ou d’y payer ses impôts. C’est le pillage généralisé des finances publiques qui s’esquisse, sans que les États puissent même espérer en avoir quelques retombées.

Impossible de se dérober à cet accord, est-il précisé dans cet avant-projet. Les États s’engagent à transposer le plus rapidement possible dans leur législation les dispositions du traité et supprimer les lois contraires.

Comme dans le cadre du traité transatlantique, ce projet organise le démantèlement de toutes les règles, de tous les pouvoirs des États, pour le seul profit des multinationales. Et tout cela se négocie dans le plus grand secret, comme d’habitude. Qui a pris l’initiative en France, en Europe d’engager de telles discussions ? Qui les mène ? Et à qui en est-il rendu compte ? Va-t-on découvrir, comme dans le secret des affaires, qu’une poignée de personnes est en train de tout brader, sans le moindre contrôle ?

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 20:23

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Le « non » de la démocratie

 

 

Daniel Ochoa de Olza/AP/SIPA
 

Constatant l’impossibilité d’arriver à un compromis acceptable avec les institutions de l’ex-Troïka, Alexis Tsipras et le gouvernement grec ont annoncé l’organisation d’un référendum le 5 juillet prochain.

 

Jusqu’au bout les négociateurs grecs auront tenté de trouver un accord, acceptant de faire de douloureuses concessions sur les objectifs d’excédent budgétaire, les privatisations, la TVA, les retraites… Mais ils ont dû faire face à l’intransigeance des créanciers, qui n’auront rien cédé durant les cinq derniers mois, à tel point qu’il est difficile de parler de négociation pour ce qui fut en réalité un processus à sens unique. Les créanciers ont prétendu imposer ligne à ligne la politique que devait suivre la Grèce ; ils ont refusé de s’engager à négocier un plan de restructuration de la dette grecque ; ils ont refusé de tenir compte de l’échec des politiques qu’ils avaient imposées aux gouvernements grecs précédents.

 

Il est dorénavant clair que, depuis le début, le but des créanciers n’était pas de trouver un accord bénéfique pour la Grèce et le reste de la zone euro, mais plutôt de contraindre Alexis Tsipras et Syriza à la capitulation, afin de tuer toute possibilité d’une politique économique alternative en Europe. C’était sans compter sur la résistance du gouvernement grec, qui a refusé jusqu’au bout de renier le mandat qu’il avait reçu des urnes. Les institutions de la Troïka, dans un ultime coup de force, ont alors décidé mercredi 24 juin de lui lancer un ultimatum : la dernière proposition des créanciers devait être acceptée sous 48 heures.

 

C’est dans ces circonstances qu’Alexis Tsipras a décidé de convoquer un référendum, demandant au peuple de se prononcer sur la proposition des créanciers. Cette décision n’a rien d’un coup de force : le gouvernement n’a fait que constater qu’il n’avait pas reçu mandat pour signer un accord guère différent des mémorandums antérieurs, que les Grecs avaient rejetés par leur vote de janvier dernier. Il faut saluer cette décision courageuse, qui est à la hauteur des exigences démocratiques dont l’Union européenne se targue d’être la dépositaire.

 

Pourtant, les institutions européennes ont tout tenté pour éviter que le référendum se tienne dans de bonnes conditions. L’Eurogroupe, réuni le 27 juin, a ainsi refusé d’accorder une extension de quelques jours du programme d’ajustement. Avec l’expiration du programme mardi 30 juin, la dernière proposition des créanciers devient caduque, rendant le référendum en apparence sans objet. Cette manœuvre a cependant fait long feu puisque Jean-Claude Juncker, après avoir dénigré le référendum comme portant sur une question devenue obsolète, a changé son fusil d’épaule et appelle maintenant à voter « oui ».

La Banque centrale européenne (BCE) n’est pas en reste : en refusant le 28 juin d’augmenter le plafond des liquidités d’urgence fournies aux banques grecques, elle savait qu’elle allait précipiter une crise bancaire, étant donné le niveau des sorties de liquidités observées les jours précédents. L’objectif inavoué de la BCE est politique : il s’agit de créer des conditions de peur au sein de la population grecque, pour que celle-ci se rebelle contre un gouvernement perçu comme aventurier et irresponsable. Les autorités grecques ont réagi en prenant la décision qui s’imposait : un contrôle des capitaux, c’est-à-dire une limitation des virements vers l’étranger et des retraits en liquide. Ceci aggravera cependant les difficultés économiques de la Grèce. La responsabilité en incombe pleinement à la BCE qui, une fois de plus, s’écarte de son rôle de garant de la stabilité de la zone euro et préfère intervenir sur le terrain politique.

 

En dépit de ces tentatives d’entrave à l’exercice de la démocratie, le peuple grec va maintenant s’exprimer. Il faut espérer que le « non » l’emporte. L’accord proposé par les créanciers ne résoudra en effet aucun problème, bien au contraire. Le plus sûr est qu’il n’assurera même pas pas le remboursement de la dette par la Grèce. Le cœur du projet d’accord est constitué de nouvelles mesures d’austérité, qui ne pourront que conduire à une nouvelle dégradation de la situation économique et sociale, comme l’ont fait les précédents mémorandums. La Grèce devrait encore effectuer 3,5 points de PIB de mesures d’austérité, ce qui réduirait celui-ci et demanderait d’autres mesures restrictives. Les mesures proposées affaiblissent notamment la compétitivité du tourisme. Pire, l’ex-Troïka a refusé « l’austérité redistributrice » que le gouvernement grec était prêt à concéder afin de faire reposer les efforts sur les épaules de ceux qui en ont les moyens ; tout à son dogmatisme idéologique, elle préfère des coupes dans les petites retraites et des augmentations de taxes sur les produits de base, plutôt qu’une imposition des riches et des entreprises les plus profitables que n’ont cessé pourtant de proposer les négociateurs grecs.

 

Contrairement à ce qui est avancé par les créanciers, un vote « oui » ne garantit donc aucunement le sauvetage du pays ni même son maintien dans la zone euro. Les milliards prétendument versés seront immédiatement engloutis dans le remboursement des échéances de dette et, dans six mois, le pays se retrouvera dans la même situation qu’aujourd’hui mais avec une économie encore plus dégradée. Seule une restructuration de la dette grecque et un plan de relance et d’investissement permettraient de sortir de cette spirale infernale.

 

À l’inverse, un vote pour le « non » permettrait de signifier démocratiquement aux institutions européennes qu’elles ne peuvent pas s’entêter ainsi dans une logique économiquement et socialement destructrice. Ce vote n’aurait pas pour conséquence immédiate la sortie de la Grèce de la zone euro : ceux qui affirment le contraire avouent implicitement qu’ils n’envisagent pas que la zone euro puisse être autre chose qu’un espace économique où l’ordre néolibéral prime sur la démocratie et les besoins sociaux.

 

Un vote « non » permettrait au contraire de rouvrir les négociations entre partenaires européens, sur la base d’une légitimité renouvelée pour le gouvernement grec. Ce dernier verrait sa position de négociation renforcée, face à des créanciers qui sont moins en position de force qu’il n’y paraît : ils ne souhaitent probablement pas prendre le risque d’une sortie de la Grèce qui aurait des conséquences économiques et politiques potentiellement désastreuses pour l’union monétaire.

 

On ne peut toutefois pas exclure que, poussées par leur aveuglement idéologique et faisant fi de toute rationalité économique, les institutions européennes persistent à refuser tout compromis. Le gouvernement grec aurait alors toute légitimité pour maintenir son refus des logiques d’austérité destructrices et, si besoin, pour tirer les conséquences de la rupture, ce qui serait en tout état de cause préférable pour la Grèce à une capitulation face aux diktats libéraux.

 

Quoi qu’il en soit, il est clair que le vote « non » est le seul à même d’ouvrir des possibilités et de recréer l’espoir en Grèce, après cinq années d’austérité qui ont engendré une crise économique, sociale et humanitaire sans précédent. Et, dix ans après les « non » français et néerlandais au Traité constitutionnel européen qui furent honteusement piétinés, c’est aussi un vote qui ouvrirait une nouvelle brèche dans la chape de plomb austéritaire qui étouffe notre continent, redonnant de l’espoir à l’ensemble des peuples européens.

 

Contre l’austérité et l’idéologie libérale, pour une Europe démocratique et sociale, soutenons le peuple grec ! « Oxi ! »

 

Sébastien Villemot

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 18:21

 

Source : http://www.marianne.net

 

Grèce : les vertus de la banqueroute

 
 
 
Faute d’accord avec ses créanciers, la Grèce est aujourd'hui en défaut de paiement. Son système bancaire pourrait s’effondrer dans les jours à venir. C’est peut-être une sacrée occasion à saisir. Déprivatisation des banques, sortie de l’euro, à ce stade, toutes les options, toutes les ruptures sont possibles. Formidable ?
 
Petros Giannakouris/AP/SIPA
 

Jusqu'ici, c'était un scénario fiction. Mais la banqueroute grecque est advenue. Mardi 30 juin à minuit, la Grèce a fait défaut, en outrepassant le délai de paiement de sa dette vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI). Tout le système bancaire grec est désormais suspendu au guichet d'urgence du Emergency Liquidity Assistance (ELA), un robinet de liquidités que la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de maintenir, mais sans en augmenter le volume, et qui pourrait fermer dans les jours à venir.

Rien ne dit, toutefois, que la banqueroute grecque est vouée à la catastrophe.

 

La banqueroute, une tradition française

« Une faillite d’Etat est finalement assez banale et l’on sait comment gérer le problème de restructuration », témoigne un ancien chief economist du FMI, dans l’essai Vive la banqueroute (2013), copiloté par François Ruffin. « Entre 1500 et 1800, la France a répudié ses dettes en huit occasions », renchérit-il. Depuis le XIXe siècle l’histoire bancaire recense pas moins de… 250 défauts sur la dette ! Et d’ordinaire, après une forte houle, les économies finissent par s'en remettre. Suivant les cas, le recul du PIB s’effacerait trois ans après. Et la période d'austérité, elle, termine froissée, en boule, dans les poubelles de l’histoire économique nationale.

En France, l’histoire regorge d’exemples allant en ce sens. « La banqueroute est nécessaire une fois tous les siècles, afin de mettre l’État au pair », déclarait par exemple l’abbé Terray, qui n’était pas un fou furieux mais le contrôleur général des finances de Louis XV. Sully, le conseiller d’Henri IV, envoya valser les « dettes illégitimes », en opérant une banqueroute pour assainir les finances du royaume. Mirabeau, à l’Assemblée nationale, choisit de combler le « gouffre effroyable » de la dette publique en « confisquant le patrimoine de l’Eglise ». Et Philippe le Bel, qui ne versait pas dans la demi-mesure, « chassa d’abord ses créanciers du royaume avant de saisir, de condamner, de brûler “les banquiers de l’Occident”… plus radical dans ses actes que Jean-Luc Mélenchon dans ses discours ! », écrit Ruffin. 

La banqueroute, l’impensé des néolibéraux

La banqueroute, en règle générale, ce n'est pas une faillite. « C’est la défaillance d’un Etat qui n’exécute pas les contrats d’emprunts qu’il a conclu. » Au moins, c’est limpide. Elle est toujours partielle, ne concerne qu'un type d’actif ou de créanciers, comme le FMI. Mais quelle que soit sa forme, la banqueroute horripile de façon congénitale les tenants de la doxa néolibérale, pour laquelle la répudiation de la dette est en fait un tabou, un mot introuvable dans leur dictionnaire, un non-scénario, un impensé.

Il faut tout l’œil affuté des économistes hétérodoxes, comme Frédéric Lordon ou Jacques Sapir, pour scruter en profondeur les angles morts de la myopie néolibérale, et envisager les vertus d’un défaut de paiement. Le tout assorti, si possible, à une certaine forme de pugnacité. Car ce sont de sacrés vents contraires qu’il s’agit d’affronter. L’ouragan des éditocrates de tout poil d’abord, dont l’écume matinale s’évanouit avec indifférence et incompréhension sur des options économiques comme la « banqueroute ». Le typhon des créanciers ensuite, qui, derrière le verbiage fait de « solidarité internationale » et de « respect des engagements », masque la misère des peuples et la violence des rapports économiques. Et bien entendu, la bise matinale des toutous économistes, qui répètent à longueur d’émissions qu’il n’y a « pas d’alternative au désendettement », que « la rigueur n’est pas un choix ».

Comment, face à tant d'épreuves, laisser les écoutilles de son entendement ouvertes au scénario du défaut ? « Doit-on respecter nos “engagements à l’égard des créanciers” ? Ou avons-nous des engagements plus sacrés, à l’égard des trois millions de chômeurs, par exemple, avec le “droit d’obtenir un emploi” inscrit dans le préambule de notre Constitution ? », questionne François Ruffin.

Dans la configuration européenne, où le système monétaire et économique est gravé, voire fossilisé, dans le marbre des traités, la banqueroute présente de sacrées vertus. Bizarrement, Vive la banqueroute est l’un des rares à se faire l’écho de cette joyeuse nouvelle. « Le défaut, c’est une bonne idée », y lâche Frédéric Lordon, qui aime bien lancer des pavés subversifs dans la platitude de la mare. « Elle a même d’excellentes propriétés si elle s’inscrit dans une stratégie économique globale. » Machiavel est à l’œuvre : après un défaut de paiement, le système bancaire et financier est par terre. L’heure, pour l’Etat, de ramasser les débris de ces institutions en ruine, par la nationalisation complète du système bancaire. Une manœuvre facile, puisqu’en chutant, la valeur financière des banques est tombée à zéro. Avec cette reprise en main, la porte est ouverte à la dévaluation, la refonte du système de crédit…

 

Scénario fictif : la banqueroute grecque et le crash bancaire

Quid de la Grèce ? Lordon s’est livré ce lundi, sur son blog « La Pompe à phynances », hébergé sur le site du Monde diplomatique, à un petit exercice d'économie fiction. Qu’advient-il à l’issue de la banqueroute grecque, si la BCE ferme, comme c’est prévu, ses robinets de prêts d’urgence, les seuls à même de refinancer les banques grecques ? « La fermeture du refinancement auprès de la BCE (via le guichet de l’ELA, ndlr), effondrera le système bancaire grec dans la journée, et forcera, de fait, au réarmement de la Banque centrale grecque », écrit-il. Après la déconfiture du crash bancaire, c’est la Banque de Grèce qui prend le relai du robinet monétaire. Celle-ci émettra ainsi une drachme, non reconnue par la nomenclature européenne, ayant l’apparence de l’euro mais qui n’en sera pas. Voilà qui actera physiquement la sortie de la Grèce de la zone euro, « vouée à s’opérer dans les plus mauvaises conditions », reconnaît l'économiste. 

Dans cette situation d’urgence, il est possible de limiter les dégâts. De s’épargner la capilotade, à condition de se saisir des leviers économiques. Déjà, la Grèce a mis en place un contrôle draconien des capitaux, en imposant depuis dimanche un bank holiday, qui limite les retraits aux guichets. Le contrôle des mouvements de capitaux devrait être très vite consolidé. Par la suite, « avec la dévaluation carabinée de la drachme qui suivra sa réintroduction, les Grecs y perdront du pouvoir d’achat international. » Devraient s’ensuivre des mesures protectionnistes ciblées, tout en laissant les entreprises grecques avoir accès aux équipements étrangers. Inutile de se voiler la face : les premiers temps devraient « être une épreuve ».

Le crash consécutif à la banqueroute installera un monde bizarre, où un vrai euro cohabitera avec un euro-drachme, et dont personne ne saura faire la différence. Tout un tas d’ajustements seront à faire, et la période sera rude. Mais, libérée de l’étau institutionnel européen, la Grèce pourra recouvrir immédiatement des marges de manœuvre sur le plan monétaire et économique. Soulagée des 26 milliards d’euros dus d’ici la fin 2015 à ses créanciers, la Grèce en termine avec la cure d’austérité. Elle envoie aussi bouler sa dette publique qui, grâce aux remèdes miraculeux de la Troïka, était passée de 100 % à 176 % du PIB entre 2008 et 2014… Voilà pour la théorie. Dans quelques jours, les Grecs goûteront peut-être à la pratique.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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