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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 19:50

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Plus fort que les lobbies, des citoyens réinventent l’aéroport de Nantes

8 juillet 2015 / Henri Le Roux (Reporterre)

 

 

 

Un « atelier citoyen » : consultation publique légitimant la décision d’une collectivité par une illusion de participation ? Non. A Nantes, une association élabore en commun une étude pour repenser l’aéroport, et éviter le gâchis à Notre-Dame-des-Landes.


- Nantes, correspondance

Ce soir du 19 juin 2015, dans une salle du cinéma Bonne Garde, près de deux-cents personnes écoutent attentivement les participants à latelier citoyen pour l’optimisation de l’aéroport de Nantes Atlantique exposer leurs conclusions. Lancée en décembre dernier, l’initiative rassemble une soixantaine de volontaires autour d’un double constat : Nantes a déjà un aéroport, on peut l’améliorer.

D’où la démarche est-elle née ? En juin 2014, le Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport (CéDpa) a demandé à deux architectes de réaliser une contre-expertise d’un rapport de la DGAC. Les auteurs, Ivan Fouquet et Franco Fedele, y pointaient de « nombreux raccourcis, lacunes et erreurs » et proposaient pour Nantes Atlantique un scénario « pensé et dimensionné avec intelligence et sobriété », deux à quatre fois moins cher.

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Ivan Fouquet

Ce fut le point de départ de l’atelier citoyen : prolonger cette expertise et permettre au public de s’approprier le débat. Pendant six mois, les bénévoles – opposants de longue date à Notre-Dame-des-Landes ou riverains plus indécis de la zone aéroportuaire, étudiants, salariés d’Airbus et d’entreprises locales – ont partagé leurs compétences pour étudier l’alternative sous différents angles.

Parmi eux, trois étudiantes en architecture, réunies au sein du Labo méta urba, ont poursuivi un travail sur l’urbanisme de la zone de l’actuel aéroport, posant la question : « Déplacer l’aéroport, n’est-ce pas déplacer le problème ? »

Jean-Marie Ravier, chef d’entreprise passionné de chiffres, et un jeune retraité, qui a passé trente ans à réparer la piste de Nantes Atlantique et souhaite garder l’anonymat, ont déconstruti les calculs de la DGAC. Résultat : la facture de la rénovation de la piste passe de 378 millions d’euros à 25 millions d’euros.

« Pourquoi Nantes Atlantique serait-il le seul aéroport où les zones de bruit devraient augmenter ? », s’est pour sa part interrogé Geneviève Lebouteux, du CéDpa, qui rappelle que le plan d’exposition au bruit (PEB) n’a pas été révisé depuis 2003 et ne tient pas compte des nouvelles technologies diminuant le bruit des avions.

Du côté du groupe « trajectoires et circulation aériennes », Thierry Masson et son collectif de pilotes doutant de la pertinence de l’aéroport ont développé leurs propositions pour fluidifier le trafic et limiter le survol de la métropole et les nuisances sonores qui en découlent.

 

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Thierry Masson, pilote de ligne expérimenté, expose les conclusions de son groupe de travail sur les trajectoires et la circulation aériennes.
Un atelier pour donner son avis

Chaque groupe de travail thématique s’organise librement, à domicile ou dans des cafés, et met en commun ses trouvailles lors de réunions mensuelles. « On voulait proposer des solutions et montrer une autre image que celle de l’opposant violent véhiculée dans les médias », explique Ivan Fouquet. Comme son confrère nantais, l’architecte installé à Paris a l’habitude d’associer les habitants à la conception des projets dont il a la charge. Les deux compères sont d’ailleurs soutenus par Patrick Bouchain, un grand nom de la profession. « Ce sont des volontaires issus de tous les bords politiques, sauf peut-être le Front national », précise Franco Fedele...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 18:53

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Pourquoi Hollande veut garder la Grèce dans la zone euro

|  Par Lénaïg Bredoux

 

 

 

Le président français répète depuis son élection qu’il est opposé à un « Grexit ». Pour ne pas être un des fossoyeurs du projet européen et pour des raisons géopolitiques. L’exécutif français prétend que les risques économiques liés à une sortie de l'euro sont faibles. « Les marchés ont banalisé la question grecque », explique à Mediapart Michel Sapin.

 

La France ne veut pas d’un “Grexit”. Ces derniers jours, elle multiplie les initiatives diplomatiques pour l’éviter : Angela Merkel était à Paris lundi soir pour permettre la reprise des négociations ; Michel Sapin est parti jeudi à Francfort pour rencontrer Wolfgang Schäuble et, selon plusieurs sources confirmant une information du Guardian, la France a dépêché plusieurs hauts fonctionnaires auprès du nouveau ministre grec des finances Euclide Tsakalotos pour préparer les mesures que la Grèce doit présenter à ses créanciers. « On ne ménage pas notre peine et on le fera jusqu’au bout », explique-t-on à l’Élysée. « Nous parlons à tout le monde », dit le ministre français des finances.

 

Angela Merkel, François Hollande et Alexis Tsipras le 7 juillet à BruxellesAngela Merkel, François Hollande et Alexis Tsipras le 7 juillet à Bruxelles © Reuters
 

Jeudi, le séminaire du gouvernement, réuni à Matignon, était aussi quasi exclusivement consacré à la Grèce. « Cette fois, la France est au centre du jeu. Nous sommes les seuls à pouvoir parler à tout monde. C’est justement le rôle d’une diplomatie. Contrairement à ce que croit Nicolas Sarkozy, ce n’est pas de sortir le revolver pour faire croire qu'on est le plus fort », estime Matthias Fekl, secrétaire d’État au commerce extérieur auprès de Laurent Fabius. « Ce n’est pas un sujet technique. Là, la technique n’a même aucun sens, explique un autre des participants, sous couvert d’anonymat. Ce n’est pas l’Europe des petits comptables qui peut changer la donne. C’est la dignité d’un peuple qui est en jeu, l’avenir de l’Europe, nos frontières à l’Est et au Sud. Cela dépasse les tableaux Excel des technocrates. »

Au gouvernement, à Matignon et à l’Élysée, tous semblent d’accord : il faut tout faire pour maintenir la Grèce dans l’euro. Pour l’histoire, d’abord. « La France a toujours cherché à faire avancer l’Europe et je ne vais pas ne pas être conforme à cette histoire, et à la place de la France, j’allais dire presque à sa dignité », a affirmé François Hollande, mardi soir à Bruxelles, après un énième Eurogroupe. Il croit à ce « projet européen », « cette belle idée », « ce vieux rêve, devenu une réalité, (…) une magnifique construction », selon les mots du premier ministre Manuel Valls. 

François Hollande l’a toujours assumé : l’Europe est son horizon politique. Toutes ces années, il a rappelé son attachement à Jacques Delors, du moins à ce qu’il représente, lui qui a commencé son parcours militant dans les clubs “Témoins” de l’ancien président de la Commission. Pour le chef de l’État, le départ de la Grèce de la zone euro, voire de l’Union européenne, serait d’abord une catastrophe politique. « Notre génération, c’est de ne pas faire en sorte que nous connaissions la dislocation de l’Europe », a également prévenu Manuel Valls mercredi. « La France ne raisonne pas à court terme, explique-t-on aussi à l’Élysée. L’Europe est un projet qui se déploie sur plusieurs décennies, qui nous dépasse tous et mérite d’être défendu en tant que tel. C’est l’intérêt général européen. » Un proche du chef de l’État résume : « Il faut savoir prendre une responsabilité historique. »

L’attachement européen de François Hollande n’est pas seulement idéologique : il correspond aussi à sa manière de faire de la politique, de la concevoir. La machinerie bruxelloise, dont il s’est souvent plaint en privé (la lenteur, les petits pays qu’il faut prendre en compte, etc.), et la culture du compromis entre la gauche et la droite qui règne à Bruxelles et Strasbourg ne détonnent guère avec le caractère et la ligne politique du chef de l’État. Il ne croit pas au rapport de forces et à la mise en scène du combat politique. Il croit à l’alignement progressif des intérêts entre gens raisonnables.

De ce point de vue, la stratégie radicalement politique d’Alexis Tsipras lui est totalement étrangère. Tout comme l’idée que le « couple franco-allemand » puisse être dépassé. Son ancrage est fondamentalement celui de l’axe Paris-Berlin, par nécessité, par idéologie et aussi parce qu’il est politiquement persuadé de la pertinence d’une grande partie des mesures mises en place en Allemagne depuis l’agenda 2010 de Gerhard Schröder. « Penser que l’Europe peut avancer en tapant sur l’Allemagne est une hérésie », dit aussi un ministre du gouvernement.

Depuis son élection, François Hollande défend sa méthode et jure que, contrairement à ce que pensent le Front de gauche, les écologistes et l’aile gauche de son parti, il a davantage obtenu de la chancelière Angela Merkel que s’il avait choisi la « confrontation ». Mardi soir, à Bruxelles, le président a de nouveau cité le pacte pour la croissance de 2012 (pourtant très faible), l’union bancaire, la politique monétaire de la BCE. « De même que sur l’affaire grecque, j’ai passé combien de soirées, encore tout à l’heure, avec la chancelière et le premier ministre Tsipras, pour essayer de faire aboutir une solution. Personne ne pourra dire que les Allemands et les Français n’ont pas agi », a insisté le président de la République, mardi. Parions qu’en cas de “Grexit”, il le redira.

« La France cherche toujours l’accord, le compromis, la France, elle l’a toujours fait, c’est sa place dans l’Europe, c’est sa place historique dans l’Europe », a même lancé François Hollande. Son premier ministre ne dit pas autre chose : « Son rôle, celui de la France, c’est le compromis. Ce n’est pas casser, exclure, renverser la table. » L’argument a l’avantage, aux yeux de l’exécutif, de justifier à la fois sa politique européenne et sa politique intérieure bien davantage centriste qu’ancrée dans la tradition socialiste.

«Une fois que c’est parti, vous ne savez pas où ça s’arrête»

Mais au-delà de ces déclarations de bonnes intentions, l’exécutif français insiste désormais sur les risques géopolitiques en cas de sortie de la zone euro, voire de l’Union européenne. « Le maintien de la Grèce dans l’euro, et dans l’Union européenne, c’est aussi un enjeu géostratégique et géopolitique de la plus haute importance », juge Manuel Valls. C’est même un des premiers arguments qu’il a utilisés mercredi devant les députés, citant « nos relations avec la Turquie, aux Balkans toujours fragiles, aux tensions à la frontière Est de l’Europe ». En mai dernier, la Macédoine semblait même au bord de la guerre civile (lire l’enquête de Jean-Arnault Dérens).

Le premier ministre a également évoqué les liens de la Grèce « avec la Russie et le monde orthodoxe », alors que Tsipras a multiplié les échanges avec Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir, les migrants et bien sûr l’appartenance du pays à l’Otan qui en fait « l’avant-poste européen d’un Proche-Orient en plein embrasement ». « La Grèce est une des frontières de l’Europe, proche de la Turquie et des Balkans », insiste-t-on aussi à l’Élysée.

Le discours de Manuel Valls à l'Assemblée mercredi

 

Jacques Delors (encore lui) a insisté sur ces aspects dans une tribune publiée par le Financial Times le 5 juillet qui a eu beaucoup d’écho à Bruxelles. « Nous devons voir la Grèce comme un pays au cœur des Balkans, une zone dont l’instabilité n’a pas besoin d’être alimentée, à l’heure d’une guerre ouverte en Ukraine et en Syrie, et d’une menace terroriste grandissante – sans même parler de la crise migratoire », écrit-il.

Ce sont les mêmes inquiétudes qui conduisent les autorités américaines à encourager tant qu’elles peuvent la conclusion d’un accord entre la Grèce et ses créanciers. « Nous continuons à encourager l'ensemble des parties à participer de manière constructive aux discussions », a déclaré mardi Josh Earnest, porte-parole de l'exécutif américain, appelant une nouvelle fois à un compromis. Depuis le référendum grec de dimanche, Barack Obama s’est entretenu avec Alexis Tsipras, Angela Merkel et François Hollande. Selon la Maison Blanche, Obama et Hollande ont évoqué « l'importance de trouver la voie à suivre pour permettre à la Grèce de reprendre les réformes et de retourner vers la croissance (...) à l'intérieur de la zone euro », reconnaissant « que cela va nécessiter des compromis difficiles de tous les côtés ».

Reste la boîte noire du raisonnement français : les risques financiers d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Hollande et Valls répugnent à les évoquer. Ils se sont parfois contredits, l’un disant qu’ils étaient nuls, l’autre s’en inquiétant. « Ce n’est pas le premier argument, ce n’est pas le sujet. On n’est pas des boutiquiers ou des comptables », insiste l’Élysée. Il y a peu, un ministre glissait pourtant sous couvert du off : « On risque d’arriver à quelque chose dont personne ne connaît les effets. » Le président français a tout de même estimé mardi que « la France défend ses intérêts aussi en faisant en sorte que ce soit l’option de l’accord qui l’emporte ». Il a notamment évoqué le « problème des prêts, des liquidités qui ont été apportées et des conséquences que cela aurait sur un certain nombre d’échanges ».

« Objectivement, les conséquences de court terme (d'un Grexit) sont extrêmement minimes », explique à Mediapart Michel Sapin, le ministre des finances. Pour Paris, un “Grexit” ne provoquerait pas de cataclysme économique et financier immédiat : « L’Europe est beaucoup plus forte aujourd’hui pour se protéger, avec le MES [mécanisme européen de stabilité] et avec l’union bancaire, estime Michel Sapin. Et la France est beaucoup plus forte qu’en 2010 ou en 2011. »

La France n’est pas non plus très inquiète d’une éventuelle remontée des taux d’intérêts en cas de sortie de la Grèce de la zone euro : « Les marchés ont banalisé la question grecque », juge Sapin. Le ministre n’est pas davantage paniqué par les pertes pour les finances publiques françaises. Un récent rapport du Sénat avance pourtant un montant total de 65 milliards d’euros d’exposition. Mais en citant aussi bien le prêt bilatéral consenti par la France à la Grèce à hauteur de 11,4 milliards que l’engagement de la Banque de France auprès de la BCE et que les prêts consentis via le Fonds européen (FESF). Cette présentation est un peu « bébête », ironise Michel Sapin. « On ne peut pas additionner des expositions directes et indirectes et des sommes parfois remboursables jusqu’en 2057. Ou alors il faudrait diviser le montant par année. C’est un peu comme Nicolas Sarkozy qui parle de 2 300 euros par foyer français », balaie le ministre des finances.

En revanche, Bercy est bien plus soucieux des répercussions en chaîne que pourrait avoir une sortie de la Grèce de la zone euro. Si les marchés financiers ont anticipé un défaut grec, ils risquent de guetter le prochain pays fragilisé, et de profondément le déstabiliser. « Notre crainte réside dans l’effet de second tour, explique Michel Sapin. Les tensions sur des pays périphériques peuvent provoquer un ralentissement de croissance dans ces pays, et donc ensuite dans l’ensemble de la zone euro. » Un scénario dont l’Europe et tout particulièrement la France n’ont franchement pas besoin.

« Un Grexit montrerait que la zone euro n’est pas stable, explique un autre ministre du gouvernement. On risquerait de voir apparaître des tendances centrifuges, avec la Grande-Bretagne ou l’extrême droite dans des pays de l’Est de l’Europe ou chez nous… Une fois qu’on voit que l’euro n’est pas fort, pas protecteur et pas durable, on ouvre la boîte de Pandore. » Puis : « Une fois que c’est parti, vous ne savez pas où ça s’arrête. »  

« On a besoin de confiance, de visibilité, et pas d’attentisme. Sinon nous aurons encore des décisions d’investissements reportées », et donc une croissance plus faible, juge le ministre des finances. Pour François Hollande, c’est crucial : la présidentielle est dans deux ans et il sait que, sans un bilan économique meilleur et une baisse du chômage, il pourra rentrer en Corrèze. Mais dimanche déjà, on saura si sa stratégie a contribué à sauver la zone euro. Ou si sa réticence à la confrontation aura eu définitivement raison de l'influence de la France en Europe.

 

 

 

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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 18:46

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Eurogroupe : ils détestaient Varoufakis, ils haïront Tsakalotos

 
 
Ceux qui se délectaient de voir Yanis Varoufakis sur le départ risquent de déchanter rapidement. Car son remplaçant au poste de ministre des Finances, Euclide Tsakalotos, est tout aussi redoutable. Si ce n’est plus. Un marxiste pur et dur, membre du comité central de Syriza, à la différence de Varoufakis qui cultivait une certaine indépendance vis-à-vis du parti. Et sa langue n'est faite ni de plomb ni de bois comme le montre l'interview qu'il avait accordée fin avril à Mediapart.
 
Euclide Tsakalotos, le nouveau ministre des Finances grec - ALESSANDRO SERRANO/AGF/SIPA
 

Face à ce bras d’honneur démocratique adressé par les Grecs aux technocrates européens et aux éditorialistes du dimanche adeptes du tout austéritaire, il fallait bien un os à ronger pour se consoler. Ouf ! Yanis Varoufakis, le tonitruant ministre des Finances, l’économiste à bécane et au franc-parler — les autres ministres de la zone euro en ont encore des sueurs froides — a donné sa démission (ou a été démissionné). C’est donc, Euclide Tsakalotos, économiste de formation, qui a suivi le même cursus que David Cameron à Oxford, qui prend la relève. Jusque-là ministre délégué aux Relations économiques internationales du gouvernement Tsipras, il connaît bien le dossier européen. Et pour cause : c’est lui qui avait pris la suite dans les discussions avec les négociateurs de Bruxelles après la première mise à l'écart de Varoufakis.

Sauf que les deux économistes ont toujours œuvré main dans la main, en témoigne cet hommage du nouveau ministre des Finances à son prédécesseur : « Sans la contribution de Yanis Varoufakis, nous n’aurions jamais atteint ce résultat ». Surtout, les deux hommes sont étroitement liés à Yannis Dragasakis, vice-Premier ministre et véritable architecte de la stratégie économique du gouvernement grec. Et si Euclide Tsakalolos est réputé « plus discret » et « plus sobre », le professeur d’économie de l’Université d’Athènes (qui a d'ailleurs su profiter de sa connaissance des lois du marché pour faire de juteux investissements), au style plus « british », n’a pas pour autant sa langue dans sa poche.

C’est ce qui ressort d’un entretien accordé à Mediapart le 27 avril dernier. Pour rappel, trois jours avant, l’Eurogroupe se réunissait à Riga, en Lettonie, pour parler du cas grec. Une réunion qui ne déboucha sur rien, malgré le changement de Varoufakis à la tête de l’équipe de négociateurs hellènes. De la à dire que le « problème Varoufakis » n’était qu’un prétexte… Interrogé par le journaliste de Mediapart sur les raisons de l’absence d’accord, Tsakalotos, selon l’expression consacrée, ne met pas d’eau dans son ouzo. Bien au contraire, le prof d’éco est du genre à le boire sec : « Ce n'est pas le gouvernement grec qui est responsable de cette situation, j'en suis convaincu. Nous sommes parfaitement fidèles à l'accord du 20 février, nous avons cru à cet accord et nous avons envoyé le 24 février une première liste de réformes. L'Eurogroupe l'avait alors acceptée, disant que c'était un bon début », explique-t-il. Et de pointer le cœur des difficultés dans ces négociations : « Le problème vient du fait que nos partenaires nous avaient parlé d'un ensemble composé pour partie des anciennes mesures, convenues avec le gouvernement précédent, et pour partie de nouvelles (…) Or si ces mesures sont nouvelles, c'est bien parce que les recettes précédentes ont échoué, qu'une nouvelle analyse de la situation est faite… »

Précisant sa pensée au sujet de la dérégulation réclamée sur tous les modes, majeurs ou mineurs, par l’ex-Troïka : « En tant que gouvernement de gauche, nous pensons qu'un marché du travail régulé est plus juste car cela permet de corriger ses déséquilibres au profit des travailleurs. (…) Ceux qui sont incapables de faire du profit sans imposer des conditions de travail inhumaines et des salaires extrêmement bas : ces gens-là doivent quitter le marché ! ». Voilà pour ceux qui espéraient que cette nouvelle voix soit plus conciliante. Questionné par le site sur des arrière-pensées qui se cacheraient derrière ces discussions à rallonge, là-aussi, le nouveau ministre ne mâchait pas ses mots : « D'après moi, il s'agit de nous conduire, avec l'épuisement des liquidités dont dispose l’État grec, à un point où nous serons obligés de faire encore davantage de compromis. » Conclusion : même sans Varoufakis, lors du sommet de l’Eurogroupe ce soir, l’ambiance risque d’être au rendez-vous…

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 17:29

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

Intervention du Premier ministre grec à la plénière du Parlement européen

9 juillet par Alexis Tsipras

 

 

 

Je vous remercie de votre invitation ; prendre la parole dans ce haut lieu de la démocratie européenne, m’adresser aux représentants élus des peuples européens à un moment crucial pour mon pays, la Grèce, pour la zone euro et pour l’Union européenne, est pour moi un honneur.

 

 

 

 

Il y a quelques jours, nous avons décidé de consulter le peuple grec en lui demandant d’intervenir dans le cours des négociations et de se prononcer sur son avenir. Il y a quelques jours, le peuple grec s’est exprimé d’une voix forte. Le mandat qu’il nous a confié nous enjoint de redoubler d’efforts et de parvenir à une solution socialement juste et économiquement viable ― loin des erreurs du passé qui ont porté un coup fatal à notre économie, loin des politiques d’austérité qui ont piégé celle-ci à l’intérieur d’un cercle déflationniste et enfermé la société dans une dépression profonde et durable. Face à une pression inouïe, à la fermeture des banques, à une véritable campagne d’intimidation ― la majorité des médias répétant que le choix en faveur du « non » était celui de la rupture avec l’Europe ―, le peuple grec a eu le courage de faire entendre sa voix.

Je me réjouis d’être dans ce temple de la démocratie car j’ai la conviction que les arguments sont ici écoutés, que chacun ici se prononce sur des arguments ― qu’on écoute avant de juger.

Par son choix courageux, le peuple grec ne s’est pas prononcé pour une rupture avec l’Europe mais pour un retour aux principes premiers de l’intégration européenne : démocratie, solidarité, respect mutuel et égalité.

Son message est des plus clairs : sans démocratie, l’Europe ― la construction européenne, l’Union ― aura toutes les peines du monde à survivre à la crise actuelle.

Les négociations du gouvernement grec avec ses partenaires, négociations qui touchent maintenant à leur fin, doivent témoigner d’un double respect : respect des règles communautaires et respect absolu pour le choix démocratique des peuples.

Mon gouvernement et moi-même avons pris nos fonctions il y a un peu plus de cinq mois, mais les plans de sauvetage sont en vigueur depuis cinq ans. Si j’assume entièrement la responsabilité de l’action menée au cours de ces cinq mois, la responsabilité de l’impasse dans laquelle se trouvent aujourd’hui l’économie grecque et l’Europe tout entière ne peut nous être imputée ; elle pèse sur ces cinq ans de programmes qui n’ont pas offert d’issue à la crise. Indépendamment du jugement que chacun porte sur ces réformes, sur leur bien-fondé ou leur caractère erroné, je veux vous dire que le peuple grec a accompli en cinq ans d’énormes efforts d’ajustement qui ont épuisé ses capacités de résistance.

La Grèce n’est bien sûr pas le seul pays à cette enseigne. Des programmes d’austérité ont été appliqués dans de nombreux pays d’Europe. J’ai le plus grand respect pour les peuples qui ont été soumis à ces mesures difficiles, pour les gouvernements qui les ont adoptées. Mais nulle part ces programmes n’ont été aussi durs et d’aussi longue durée qu’en Grèce. Il n’est pas exagéré de dire que ma patrie est depuis cinq ans un laboratoire d’expérimentation de l’austérité. Il est temps d’admettre que l’expérience a échoué.

Au cours de cette période, le chômage et la pauvreté ont atteint des seuils critiques, l’exclusion sociale s’est accrue, la dette publique a explosé : elle représentait 120% du produit national avant la mise en place des plans d’austérité et équivaut aujourd’hui à 180% du PIB. Une majorité de Grecs exigent maintenant qu’une issue soit trouvée. C’est un fait, pas une vue de l’esprit. Et c’est ce désir, exprimé de manière directe et démocratique, que notre gouvernement est tenu de concrétiser.

Nous souhaitons parvenir à un accord avec nos partenaires, mais un accord qui donnera le signal d’une sortie définitive de la crise, qui permettra d’entrevoir une lumière au bout du tunnel. Un accord comportant des réformes dont nul ne nie la nécessité mais aussi des transferts de charges : le fardeau qui pesait sur les salariés, les travailleurs, les retraités doit être transféré sur les épaules de ceux qui en ont la capacité et que les gouvernements précédents n’ont pas mis à contribution.

Cet accord devra comprendre des politiques de redistribution en faveur des plus modestes, des revenus faibles et moyens, dans une perspective de croissance équilibrée et durable.

La proposition que nous soumettons à nos partenaires comporte :

― un ensemble de mesures crédibles, fondées sur une juste répartition des charges et sur le souci de réduire le plus possible les effets de la récession ;

― une demande de financement à moyen terme accompagnée d’un solide programme de développement pour la période à venir ― car nous ne sortirons pas de la crise si nous n’abordons pas la question du développement ; notre premier objectif doit être de lutter contre le chômage et de soutenir les entreprises ;

― l’engagement d’entamer une discussion de fond sur la question de la soutenabilité de la dette publique et sa résolution.

Il ne peut y avoir de tabous entre nous. Nous devons regarder la réalité en face et rechercher des solutions, si difficiles soient-elles.

Cette proposition a été soumise à l’Eurogroupe et au Sommet des chefs d’Etat qui a eu lieu hier. Nous présentons aujourd’hui une demande en ce sens au Mécanisme européen de stabilité. Nous nous sommes engagés à préciser ces propositions sous deux jours ; je souhaite que nous parvenions dans le délai imparti à répondre aux exigences de ce moment crucial, dans l’intérêt de la Grèce comme de la zone euro ― dans l’intérêt économique mais d’abord, et avant tout, dans l’intérêt géopolitique de l’Europe.

Que les choses soient claires : les propositions du gouvernement grec concernant le financement de ses obligations et la restructuration de la dette n’ont pas pour but de grever le budget des contribuables européens. Disons les choses comme elles sont : les fonds débloqués pour la Grèce ne sont jamais allés au peuple mais ont été affectés au sauvetage des banques grecques et européennes.

Depuis le mois d’août 2014, en outre, la Grèce n’a encaissé aucun des versements prévus par le programme d’aide alors en vigueur, un programme de 7,2 milliards d’euros. Entre le mois d’août 2014 et le mois de janvier 2015, la Grèce avait pourtant un autre gouvernement. Si les sommes prévues n’ont pas été versées, si le gouvernement d’alors s’est abstenu d’appliquer ce programme, ce n’était pas, et pour cause, pour des motifs d’ordre idéologique mais bien parce que ces mesures buttent sur un rejet. Il ne suffit pas qu’un programme soit conforme à nos vues pour qu’il entre en application, il faut aussi qu’il rencontre l’assentiment de la majorité sociale.

Mesdames et messieurs les député(e)s,

Au cours de ces négociations, la Grèce a revendiqué auprès des Institutions le versement de ces 7,2 milliards d’euros alors même qu’elle avait l’obligation de rembourser à ces mêmes Institutions des traites d’un montant global de 17,5 milliards d’euros. Ces sommes n’ont pu être versées qu’en mobilisant les dernières économies du peuple grec.

Mesdames et messieurs les député(e)s,

Malgré ce qui précède, je ne suis pas de ces hommes politiques qui prétendent que les « méchants étrangers » seraient coupables de tous les maux dont mon pays est affligé. Si la Grèce se trouve aujourd’hui au bord de la faillite, c’est parce que les gouvernements qui se sont succédés durant des décennies ont créé un Etat clientéliste, facilité la corruption, toléré ou encouragé la collusion du pouvoir politique avec le pouvoir économique, laissé le champ libre à la fraude fiscale des grandes fortunes. Selon une étude du Crédit Suisse, 10% des Grecs détiennent 56% de la richesse nationale. Alors que la crise et les politiques d’austérité battaient leur plein, ces 10% ont été épargnés : leur contribution aux charges a été sans commune mesure avec celle du reste de la population. Ces injustices patentes n’ont pas été rectifiées mais aggravées par les plans d’aide et les mémorandums. Aucune de ces soi-disant réformes n’a malheureusement amélioré les mécanismes de perception fiscale qui se sont effondrés, en dépit des efforts remarquables déployés par quelques fonctionnaires intègres et aux abois. Aucune mesure n’est venue contrecarrer les intérêts croisés de l’establishment politique, des oligarques et des banques, ce triangle établi dans notre pays depuis des décennies. Aucune réforme n’a amélioré le fonctionnement et l’efficacité de l’appareil d’Etat, qui s’est habitué à servir des intérêts particuliers plutôt que l’intérêt commun. Les propositions que nous déposons se concentrent, elles, sur de véritables réformes qui ont pour ambition de changer la Grèce. Il s’agit de mesures que les gouvernements précédents, l’ancien système politique et les initiateurs des plans de sauvetage ne voulaient pas mener en Grèce. Tels sont les faits.

Lutte contre la structure oligopolistique et les pratiques des cartels ― en particulier sur le marché télévisuel, anarchique et hors de contrôle ; renforcement des mécanismes de contrôle des dépenses publiques et du marché du travail, dans le but de réprimer l’évasion et la fraude fiscales ; modernisation de l’administration publique : telles sont les priorités du programme de réformes de notre gouvernement ; nous attendons bien sûr que nos partenaires souscrivent à ces priorités.

Nous nous présentons aujourd’hui forts du mandat que nous a confié le peuple, déterminés à entrer en conflit non avec l’Europe mais avec l’establishment de notre pays et avec les logiques et les mentalités établies qui ont précipité la chute de la Grèce et sont en train de provoquer celle de la zone euro.

Mesdames et messieurs les député(e)s,

L’Europe se trouve à la croisée des chemins, à un moment crucial de son histoire. Ce que nous appelons « la crise grecque » est d’abord le révélateur de la faiblesse de la zone euro à apporter une solution définitive à une crise de la dette qui ne cesse de s’alimenter elle-même. Il s’agit d’un problème européen, non d’un problème exclusivement grec. Et ce problème européen requiert une solution européenne.

L’histoire européenne est une histoire de conflits mais aussi, à la fin du jour, de compromis. C’est également une histoire de convergences, d’élargissements. Une histoire d’unité et non de division. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous parlons d’Europe unie ; ne laissons donc pas cette Europe se désunir. Nous sommes aujourd’hui appelés à trouver un compromis fructueux et honorable afin d’éviter une rupture historique qui mettrait à bas la tradition de l’Europe unie.

Je suis convaincu que nous percevons tous le caractère crucial du moment et que nous saurons être à la hauteur de la responsabilité historique qui est la nôtre.

Je vous remercie.

Traduit du grec par Dimitris Alexakis
https://oulaviesauvage.wordpress.com/2015/07/09/alexis-tsipras-discours-de-strasbourg-seance-pleniere-du-parlement-europeen-8-juillet-2015/

Voir en ligne : http://www.tlaxcala-int.org/article...
 
 
Auteur
 

Alexis Tsipras

homme d’État grec membre de la Coalition de la gauche radicale (SYRIZA), qu’il préside depuis 2012. Il est nommé Premier ministre le 26 janvier 2015, au lendemain des élections législatives anticipées remportées par son parti.

Alexis Tsipras : « Non à une zone euro à deux vitesses »

2 juin, par Alexis Tsipras

 
 
 

 

 

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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 17:09

 

Source : http://www.reporterre.net

 

Le gouvernement profite de la loi Macron pour imposer sans discussion le projet Cigéo de déchets nucléaires

8 juillet 2015 / Barnabé Binctin (Reporterre)
 


 

 

La loi Macron votée ce jeudi 9 juillet a intégré subrepticement une disposition sans discussion. Le gouvernement a accepté un amendement favorisant la création du projet Cigeo d’enfouissement des déchets nucléaires. EELV espère que le Conseil constitutionnel sanctionnera ce « cavalier législatif ».


Actualisation - 9 juillet 2015 à 17 h 00

L’amendement pro-Cigéo s’est inscrit définitivement dans la loi Macron, adoptée cet après-midi à l’Assemblée nationale.

La loi concerne officiellement "la croissance et l’emploi". Manuel Valls a, pour la troisième fois en quelques mois, fait usage de l’article 49-3 de la Constitution, suspendant ainsi tout débat sur ce projet de loi qui sera donc définitivement adopté, sauf si une motion de censure est déposée dans un délai de 24 heures - ce qui n’est pas à l’ordre du jour.

Dépités, les écologistes misent désormais sur le conseil constitutionnel pour recaler un « cavalier législatif n’ayant rien à voir avec la croissance et l’activité » .


Jeudi 9 juillet, 15 h 00
Alors qu’une commission spéciale sur le projet de loi se réunissait ce jeudi matin, un deuxième amendement a été déposé.

Après avoir défendu l’amendement déposé au Sénat par Gérard Longuet – validé avec « avis favorable » par cette commission – François Brottes, député PS et rapporteur de la loi sur la Transition énergétique, a lui-même déposé un amendement sur Cigéo.

« S’il diffère quelque peu dans l’exposé des motifs, le contenu est identique. L’amendement est doublé, en quelque sorte », explique Jean-Louis Roumégas, député EELV de l’Hérault et membre de cette commission spéciale sur la loi Macron. « Il l’a justifié par un ’fait nouveau’ : la difficulté financière d’Areva qui nécessiterait d’accélerer… un argumentaire complètement hors-de-propos ».

Le député de l’Hérault craint que M. Brottes ait agi « sur ordre du gouvernement ». Si l’utilisation du 49-3 doit être confirmée d’une minute à l’autre, le Gouvernement aurait alors la possibilité de revenir sur ces amendements, en choisissant de les garder ou non. « Il en a la totale et l’entière responsabilité. Si Cigéo passe, c’est non seulement une rupture de confiance et un déni de démocratie, mais c’est un acte potentiellement irréparable et gravissime pour l’écologie » prévient Jean-Louis Roumégas. De dernières tractations étaient en cours en début d’après-midi entre le groupe écologiste de l’Assemblée nationale et le cabinet de Matignon.


8 juillet 2015

Mercredi 1er juillet, le Sénat a adopté en plénière, en nouvelle lecture, le projet de loi Macron, un texte sur lequel le gouvernement a déjà engagé deux fois sa responsabilité. Dans cette nouvelle version, l’article 54bisAA, visant à favoriser l’ouverture de Cigéo, est bien présent. Il avait été introduit le 18 avril dernier, au Sénat déjà, dans un hémicycle quasiment vide, à 5h du matin (Reporterre avait raconté cet épisode surprenant)…

Allers-retours législatifs

L’article a été retiré, mi-juin, lors du passage devant la commission spéciale de l’Assemblée nationale. Et malgré de nouvelles tentatives d’introduire ces dispositions lors du nouveau passage devant l’Assemblée nationale, l’utilisation du 49-3 annule les débats et l’examen des amendements, proposés par plusieurs députés de droite dont M. Bertrand Pancher (voir ci-dessous).

Sortie du texte de loi, la disposition y est cependant revenue puisque, dès le 19 juin, M. Longuet a déposé pour la troisième fois, en commission spéciale du Sénat, son amendement facilitant l’autorisation de Cigéo. Cet acharnement joue du flou qui règne sur les votes et les débats : « L’amendement a été noté comme rejeté pendant quelques heures avant d’être finalement adopté. C’est curieux, on ne sait pas ce qui s’est passé », relate Romain Virrion, directeur de Mirabel Lorraine Nature environnement, qui suit de près les débats.

 

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L’hémicycle de l’Assemblée Nationale

Deux amendements tentent alors de s’opposer à la disposition pro-Cigéo, mais ils ne sont pas votés. « Les choses étaient plus tranchées encore qu’en avril car ce n’était plus seulement Gérard Longuet mais toute la commission spéciale du Sénat qui soutenait Cigéo », explique Jean Desessard, député EELV porteur d’un des deux amendements d’opposition. L’article favorable à Cigéo est donc bel et bien réintroduit dans le projet de loi Macron.

« C’est très difficile à suivre pour la société civile. Tous ces allers-retours entre les les chambres du Parlement, entre commissions spéciales et séances plénières, etc. Là, c’est un sujet tellement important qu’on y consacre beaucoup d’attention, mais on imagine que sur plein d’autres sujets », avoue Romain Virrion.

Treizième tentative de glisser en douce le projet

Et pour cause : en moins d’un an (septembre 2014), c’est la treizième « tentative de glisser en douce l’autorisation du projet » dans une loi, a compté la coalition des associations écologistes qui regroupe notamment Les Amis de la Terre, France nature Environnement et le Réseau Sortir du Nucléaire.

Une chronologie de ces « intrusions de modifications législatives » a même été réalisée, depuis la toute première tentative, qui concernait alors la loi de transition énergétique (voir également à ce sujet le reportage de Reporterre) :

- Chronologie à télécharger : ici

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Emmanuel Macron

« Cela commence à faire beaucoup de tentatives, remarque Romain Virrion. Signe qu’il doit y avoir des pressions importantes. » Signe aussi, peut-être, de l’indécision du gouvernement en la matière. Si les véritables convictions de Ségolène Royal restent incertaines sur le sujet, la position d’Emmanuel Macron est simple : « Il m’a dit qu’il était favorable à Cigéo, il attend juste le bon moment politique », glisse Bertrand Pancher, député UDI de la Meuse et lui-même favorable au projet...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 17:01

 

Source : http://www.reporterre.net

 

L’Europe prête à accepter des niveaux élevés de radioactivité dans les aliments

9 juillet 2015 / Philippe Desfilhes (Reporterre)
 


 

Reporterre observe les temps forts de la session du Parlement européen. Au programme des députés cette semaine, les niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive en cas d’accident.


Les députés européens se prononceront jeudi 9 juillet sur la contamination radioactive légale dans les denrées alimentaires et les aliments pour bétail en cas d’accidents nucléaire. « Ce projet de règlement a pour but d’harmoniser les normes au niveau communautaire mais les NMA [Niveaux maximum admissibles] proposées par la Commission correspondent à des niveaux de risque inacceptables, en particulier pour les enfants », dénonce Michèle Rivasi, député Verts/ALE.

La député s’appuie sur un travail réalisé par la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), dont elle a été la première présidente. L’association a procédé à l’analyse du rapport scientifique qui valide le choix des NMA. « Elle a mis en évidence toute une série d’erreurs, d’incohérences et d’irrégularités. Ces erreurs sont graves et vont toutes dans le même sens : minimiser les risques et aboutir à la fixation de limites de contamination excessivement élevées. C’est pour cela que nous demandons que des amendements soient votés pour diminuer par 10 les limites définies pour les aliments solides et par 100 celles définies pour l’eau potable », indique la député.

 

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Dans la zone sous contrôle de Fukushima, au Japon, en juin 2014

Les NMA du règlement européen ont été définis selon un scénario peu crédible. « Les experts considèrent l’impact d’un accident lointain, survenant à plus de mille kilomètres des frontières de l’Union européenne. Partant de là, ils estiment que la contamination ne toucherait qu’une faible part de la ration alimentaire des consommateurs européens », explique-t-elle. Il faut donc, soit revoir à la baisse, et de façon drastique, les NMA, comme le demandent les députés Verts-ALE, soit rédiger un second règlement applicable aux accidents susceptibles d’affecter fortement les Etats membres. « C’est urgent : plus de 42 % des 438 réacteurs électronucléaires en fonctionnement dans le monde sont implantés en Europe », insiste la député du sud-est de la France.

Co-rapporteuse du texte pour la commission Envi (Environnement, santé publique et sécurité alimentaire), Michèle Rivasi dénonce aussi le manque de transparence qui a entouré le travail des députés...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 17:03

 

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/christophe-gueugneau

 

 

Jeudi 9 juillet, émission exceptionnelle: Mediapart donne la parole aux Grecs

 

Ne manquez pas jeudi 9 juillet, à partir de 18h, notre nouvelle émission vidéo « En direct de Mediapart », retransmise sur notre site. Cette édition spéciale sera consacrée à la crise grecque et européenne. Venus spécialement de Grèce, deux députés, une politologue et un économiste débattront sur notre plateau, autour de deux thématiques : les répercussions économiques et les solutions possibles, puis, sur les éléments politiques du débat.

Avant cela, à 18 heures, Joseph Confavreux reviendra sur les drames des réfugiés en Europe, à l'occasion du lancement de notre opération spéciale « Ouvrez l'Europe #OpenEurope » (le dossier ici, le billet annonçant l'opération là). Puis, à 19 heures, nous reviendrons sur nos révélations FranceLeaks et plus généralement sur le dossier Wikileaks, quelques jours après que François Hollande a refusé la demande d'asile déposée par le fondateur de la plateforme, Julian Assange. Voir ici le dossier complet La République sur écoute.

 

Le programme complet : 

  • 18h Opération #OpenEurope

Animé par Joseph Confavreux. Avec :
- Karen Akoka, maître de conférences en science politique à l’Université Paris Ouest Nanterre, membre du Gisti et riveraine engagée de Pajol/La Chapelle, auteure d'une thèse non publiée encore sur l'Ofpra et co-directrice, en 2012, du rapport de la Coordination française pour le droit d’asile.
- Emmanuel Blanchard, président de Migreurop, Maître de conférences à l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et chercheur au CESDIP, historien spécialiste de la police et des migrations. 

Voir notre opération spéciale Ouvrez l'Europe #OpenEurope.

 

  • 19h Retour sur nos enquêtes : FranceLeaks et le cas Julian Assange

Animé par Frédéric Bonnaud. Avec :
- François Bonnet, directeur éditorial de Mediapart
- Lénaïg Bredoux, journaliste à Mediapart
- Juan Branco, conseiller juridique de Wikileaks
- Amaëlle Guiton, journaliste à Libération

Relire nos dossiers Les Français sous surveillance, et La République sur écoute

  • 20h30 Grèce : après le référendum de dimanche

Animé par Frédéric Bonnaud, Martine Orange, Edwy Plenel et Amélie Poinssot

 

Un premier plateau politique avec
- Yannick Jadot, député européen Europe-Ecologie - Les Verts
- Filippa Chatzistavrou, chercheuse en sciences politiques à Eliamep et à l’Université d’Athènes
- Sia Anagnostopoulou, députée Syriza, membre de la commission des affaires européennes
- Ioannis Meimaroglou, membre du parti grec centriste Potami, créé début 2014

 

Un second plateau économique avec :
Xavier Timbeau, membre de l'OFCE
Cédric Durand, économiste à l'Université Paris 13, membre du collectif des économistes atterrés
Michel Husson, membre de l'institut de recherches économiques et sociales, membre d'Attac, membre de la Commission pour la vérité sur la dette publique (lire ici son pré-rapport sur la Grèce)
Yannis Eustathopoulos, qui travaille notamment pour l'institut du travail grec (centre de recherche des syndicats)

Retrouvez notre dossier Syriza au pouvoir, l'espoir grec

 

 

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/christophe-gueugneau

 

 

 

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8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 16:49

 

 

 

Le crépuscule d’une époque

mardi 7 juillet 2015, par Frédéric Lordon

 

 

 

C’est une photo comme il y en a des milliers, certaines sympathiques, d’autres grotesques : un selfie. Deux ahuris font un selfie, regards béats et satisfaits. Ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Ils sont visiblement très contents de leur coup, « on va le mettre sur Twitter pour les faire chier ». Arnaud Leparmentier et Jean Quatremer. On est jeudi 2 juillet, jour de manifestation de solidarité avec le peuple grec. Il y a une légende à la photo : « Ça va Bastille ? Nous on est rive gauche ».

En fait, oui, ça va, pas mal même. Et vous ?

***

Une victoire électorale, fut-elle massive, n’a par soi aucun vrai pouvoir de dessillement du camp d’en face, ni d’endiguement des contre-vérités. On n’attendra donc pas des deux ahuris au selfie qu’ils renoncent à leurs scies préférées : « les contribuables européens ne veulent pas payer pour les fonctionnaires grecs » ; « et si la Grèce fait défaut, ce sont les retraités slovaques et allemands qui paieront pour eux » — soit le bon sens à front de bœuf.

Les contribuables européens ne payent pas pour les fonctionnaires grecs. Ils payent pour les épargnants européens. Car c’est une tuyauterie financière désormais entièrement circulaire qui prête aux Grecs pour qu’ils remboursent les créanciers — de ces euros-là qui circulent sous leur nez, les Grecs ne voient pas la couleur. Les contribuables européens ont d’abord payé pour la reprise publique des titres grecs détenus par les banques privées — un grand classique. Maintenant ils payent directement pour eux-mêmes — enfin certains pour d’autres. On progresse…

Voir aussi « Comment sauver vraiment la Grèce », Le Monde diplomatique, juillet 2015, en kiosques.Ils payent surtout en conséquence une des plus colossales erreurs de politique économique de l’histoire, inscrite il est vrai dans les traités européens et engendrée de leur fonctionnement quasi-automatique : forcer le retour vers les 3 %-60 % en pleine récession, a conduit à la destruction d’une économie, ni plus ni moins : 25 % de PIB en moins, 25 % de taux de chômage, tout le monde connaît ces chiffres qui sont désormais entrés dans l’histoire. Le plus étonnant, mais en réalité c’est un signe d’époque, c’est l’incapacité de ces données pourtant massives, données d’une faillite intellectuelle écrasante, à désarmer l’acharnement et déclencher le moindre processus cognitif de révision. Leparmentier et Quatremer continueront donc soit de soutenir que les traités n’y sont pour rien, soit de maintenir qu’il s’agissait de la seule politique possible, soit d’assurer que pour notre bonheur ça n’était pas seulement la seule possible mais la meilleure. Soit de regarder ailleurs — les fonctionnaires grecs. Autisme et quasi-racisme (car il faut voir ce que depuis 2010 ces deux-là auront déversé sur « le Grec »). Bellicisme aussi d’une certaine manière, pour ceux qui n’ont que « l’Europe de la paix » à la bouche mais s’acharnent à jeter les uns contre les autres Grecs et « Européens » (les autres) — « contribuables européens » contre « fonctionnaires grecs », ou quand l’aveuglement idéologique n’hésite plus à répandre la discorde pour se donner libre cours : si le contribuable européen veut obtenir justice, qu’il la réclame au fonctionnaire grec. Eh bien non : si le contribuable européen veut obtenir justice, qu’il la réclame à ses gouvernants qui, « en son nom », ont pris la décision éclairée de le charger pour sauver les banques, et puis de charger la Grèce en s’adonnant à la passion macroéconomique des traités.

En matière de passions, Leparmentier et Quatremer n’ont pas que celle des contribuables : celle des retraités aussi (pourvu qu’ils ne soient pas grecs). « Qu’est-ce que vous dites aux retraités de Bavière si la Grèce ne rembourse pas ? » demande Leparmentier à Piketty qui répond à base de grande conférence sur la dette en Europe [1]. On pourrait répondre aussi que si les Bavarois avaient une retraite entièrement par répartition, cette question n’aurait même pas lieu d’être. On pourrait répondre que c’est bien ce qui arrive quand depuis des décennies on fait le choix de faire passer le financement de toutes les activités sociales — retraites, études universitaires, bientôt santé, etc. — par les marchés de capitaux, ce fléau voué à toutes les catastrophes. Et que, là encore, ça n’est pas « aux Grecs », mais à tous les gouvernants qui ont pris ce parti de la financiarisation qu’il faut s’adresser. Ou bien accepter que la retraite confiée aux marchés, ça fait… comme les marchés : ça va, ça vient, un mauvais investissement et c’est le bouillon. On pourrait d’ailleurs, et enfin, répondre qu’on n’a pas le souvenir d’avoir vu Leparmentier prendre fait et cause pour les retraités de la capitalisation lorsque les marchés d’actions se sont effondrés au début des années 2000, et toute la finance dans un bel ensemble en 2007-2008, au passage pour des pertes autrement considérables que celles qui suivraient d’un défaut grec — mais il est vrai qu’il n’y avait alors ni fonctionnaires grecs ni gouvernement de gauche à incriminer.

***

Et maintenant que peut-il se passer ? L’« alternative de la table » est-elle dépassée si peu que ce soit ?

De 2005 à 2015, si l’on fait bien les comptes, on jouit une fois tous les dix ans. C’est bon à proportion de ce que c’est rare — avouons les choses, imaginer la tête des ahuris au selfie (et de tous leurs semblables) est spécialement délectable. Mais tout ceci n’implique pas de céder complètement à l’ivresse. Il n’y a rien de significatif à gagner dans la négociation avec la troïka. Le scénario le plus avantageux est donc celui d’une reprise de négociation d’où sortiront quelques concessions de second ordre — diminution de la décimale du surplus primaire exigé, licence laissée au gouvernement grec d’organiser l’ajustement budgétaire comme il l’entend (et non sous la menue dictée de la troïka), promesse éventuelle d’une discussion sur la restructuration de la dette (en étant vraiment très optimiste).

C’est qu’il y a des raisons sérieuses à ce que rien de plus ne puisse être obtenu. On les connaît. L’Allemagne en fait partie. Qu’entre Sigmar Gabriel et Martin Schulz, la réaction du Parti social démocrate (SPD) ait été encore plus violente que celle d’Angela Merkel pourrait peut-être finir par faire apercevoir de quoi il y va vraiment dans la position allemande. Les principes d’orthodoxie dont l’Allemagne a exigé l’inscription dans les traités sont l’expression d’une croyance monétaire transpartisane et pour ainsi dire métapolitique – en amont des différenciations politiques. Elle n’est pas une affaire d’« idéologie politique » au sens ordinaire du terme, c’est-à-dire de quelque chose qui ouvrirait la perspective d’un retournement possible à échéance électorale, mais une construction symbolique de longue période qui donne leur cadre commun aux alternances.

C’est dire combien la thèse de l’« Allemagne de Merkel », cette argutie de raccroc pour tous les Bernard Guetta, faux appel à la patience d’une future « Europe social-démocrate » [2] quand le débris qu’est la social-démocratie européenne est entièrement passé à droite, c’est dire combien cette thèse était promise — par bêtise ou par cécité volontaire ? — à ne rien comprendre à ce qui se passe en Europe, et surtout à ce qui ne pourra jamais s’y passer, en tout cas dans sa configuration actuelle.

Ce qui ne pourra jamais s’y passer c’est qu’un pays, qui plus est du Sud, prétende s’être soustrait aux principes — le thème récurrent de tout le commentaire allemand sur la Grèce, c’est la règle enfreinte. Que cette règle ne convienne qu’à l’Allemagne, qu’elle soit la sienne même, que partout ailleurs ou presque son application forcenée ait tourné à l’un des plus grands désastres économiques de l’histoire européenne, rien de ceci ne produira le moindre bougé — et jusque dans les autres pays, notamment la France, en état de stupéfaction fusionnelle avec l’Allemagne, hommes politiques pour qui le « couple franco-allemand » est devenu un intouchable fétiche auquel tout sera aveuglément sacrifié, experts ressassant le catéchisme ordolibéral (dont même les économistes américains se tapent sur les cuisses qu’on puisse être bête à ce point de le prendre au sérieux), éditorialisme du gramophone.

C’est bien ici en tout cas que s’avèrera la malfaçon européenne. Le peuple allemand vit à sa manière la chose monétaire. C’est son droit le plus absolu. Mais il a choisi d’imposer sa manière à tous les autres. Et les problèmes ne pouvaient qu’apparaître. Après cinq ans d’épuisement, et même de persécution économique, le peuple grec vient de dire que cette manière, il n’en voulait plus. Ce sera donc manière contre manière, et voilà pourquoi l’« alternative de la table » se trouve reconduite à l’identique — aux concessions cosmétiques près dont on fait les communiqués de victoire des deux bords.

Voir le dossier « L’Allemagne, puissance sans désir », Le Monde diplomatique, mai 2015.Il ne faut pas douter en effet de la réponse que donnerait l’électorat allemand s’il était consulté, sans doute d’autres avec lui, mais lui tout spécialement. Au lendemain du « non » grec, les incompatibilités européennes sont maintenant aiguisées à un point qui réduit à très peu l’espace des compromis, et ne permet plus du tout d’exclure par exemple que le Parlement allemand, écrasante majorité sociale réunie derrière lui, rejette tout nouvel accord de l’Eurogroupe. Le référendum de Tsipras avait évidemment (aussi) à voir avec la préservation de sa coalition. Le refus de Merkel procédera des mêmes mobiles – auxquels il n’y a pas grand-chose à redire : à un certain moment les hommes politiques sont rappelés aux nécessités de leur politique nationale, celle qui les a mis là où ils sont.

Comme toujours la chasse aux lièvres sera ouverte et l’on verra le commentaire se précipiter avec passion sur toutes les fausses pistes : l’irresponsabilité des uns, l’égoïsme des autres, le défaut de solidarité de tous. Soit le fléau du moralisme. Car le moralisme est bien cette pensée indigente qui rapporte tout aux qualités morales des acteurs sans jamais voir ni les structures ni les rapports : rapports de force, de convenance ou de disconvenance, de compatibilité et de viabilité. On ne compose une totalité collective viable que si l’on met ensemble des parties qui entretiennent entre elles des rapports de compatibilité minimale. Et si cette compatibilité tombe sous un certain seuil critique, alors la totalité — tautologiquement — court à la décomposition. Le rapport entre la croyance monétaire allemande et les blocs d’affects de certains autres peuples européens est en train d’atteindre ce seuil. L’incompatibilité, restée masquée tant qu’un environnement macroéconomique pas trop défavorable permettait de tenir à peu près les objectifs, était vouée à devenir criante au premier point de crise sérieuse. Depuis 2009, nous y sommes.

Le droit des Allemands de ne pas vouloir voir enfreintes les règles auxquelles ils tiennent par-dessus tout est finalement aussi légitime que celui des Grecs à ne pas être précipités aux tréfonds de la misère quand on les leur applique. C’est donc d’avoir imaginé faire tenir ensemble durablement ces deux droits sans penser aux conditions où ils pourraient devenir violemment antagonistes qui était une mauvaise idée. Ou alors il faut disposer des institutions qui rendent un peu plus compatibles les incompatibles, par exemple une union de transfert, sous la forme d’une (très significative) assurance-chômage européenne — le rapiéçage minimal quand, par ailleurs, tant de lourds problèmes demeureraient. Ceci en tout cas n’a rien d’une question de morale, c’est une question de structures, capables ou non d’accommoder des forces politiques centrifuges au sein d’un ensemble mal construit, et menacé d’une perte complète de viabilité pour n’avoir pensé aucune régulation de la divergence. Si l’Allemagne ne veut pas entendre parler d’annulation d’une (part de) dette qui ne peut qu’être annulée, il s’en suivra logiquement l’éclatement de la zone euro.

Et par tous les bouts. Car il ne faut pas s’y tromper : si d’aventure il se formait une coalition d’Etats-membres pour soutenir cette annulation, et plus généralement une réforme d’ampleur des principes monétaires de la zone, c’est l’Allemagne, éventuellement accompagnée de quelques semblables, qui menacerait de prendre le large, au nom de la défense de ses irréfragables principes — Gerxit et non Grexit, l’hypothèse constamment oubliée.

***

Il ne faut donc pas se tromper dans l’appréciation de la portée de l’événement oχi. Il est des plus que douteux que le gouvernement Syriza obtienne davantage que des concessions marginales — dont il lui appartiendra de faire comme il peut une présentation triomphale… Mais ça n’est pas ainsi qu’il faut juger de l’événement, car c’est un ébranlement d’une tout autre sorte qui s’est produit dimanche 5 juillet. L’ébranlement d’un peuple entier entré en rébellion contre les institutions européennes. Et l’annonce d’un crépuscule — donc aussi d’une aube à venir.

Ce qui s’est trouvé enfin condamné et appelé à l’effacement historique sous cette poussée d’un peuple, c’est une époque et ses hommes. Nous allons enfin entrer dans l’agonie de l’économicisme, cette dégénérescence de la politique, une vocation à la non-politique qui, comme de juste, ne cesse pas de faire de la politique — de même que la « fin des idéologies » est le dernier degré de l’idéologie —, mais de la pire des façons, au tréfonds d’un mélange de mensonge et d’inconscience. Seuls de grands cyniques étaient capables de voir que le règne gestionnaire, la réduction économiciste de tout, qui se targuent de préférer l’administration des choses au gouvernement des hommes, comme l’auront répété en boucle tout ce que le néolibéralisme a compté d’idiots utiles, seuls de grands cyniques, donc, étaient capables de voir qu’il y avait dans cette profession de foi anti-politique la plus sournoise des politiques.

Quitte à être du mauvais côté de la domination, il faut regretter qu’il n’y ait pas plus de cyniques. Eux au moins réfléchissent et ne se racontent pas d’histoires — ni à nous. On leur doit l’estime d’une forme d’intelligence. Mais quand les cyniques manquent ce sont les imbéciles qui prolifèrent. Le néolibéralisme aura été leur triomphe : ils ont été partout. Et d’abord au sommet. Une génération d’hommes politiques non-politiques. Le pouvoir à une génération d’imbéciles, incapables de penser, et bien sûr de faire de la politique. Le gouvernement par les ratios est le seul horizon de leur politique. On comprend mieux le fétichisme numérologique qui s’est emparé de toute la construction européenne sous leur conduite éclairée : 3 % [3], 60 %, 2 %. Voilà le résumé de « l’Europe ». On comprend que ces gens soient réduits à la perplexité d’une poule devant un démonte-pneu quand survient quelque chose de vraiment politique — un référendum par exemple. La perplexité et la panique en fait : la résurgence des forces déniées est un insupportable retour du refoulé. Qu’il y ait des passions politiques, que la politique soit affaire de passions, cela n’était pas prévu dans le tableur à ratios. Aussi observent-ils, interdits, les événements vraiment politiques : la quasi-sécession écossaise, les menaces équivalentes de la Flandre ou de la Catalogne — le sursaut grec, évidemment. Le choc de l’étrangeté est d’ailleurs tellement violent qu’ils s’efforcent spontanément de le recouvrir. Comme la guerre de Troie, les référendums n’ont pas eu lieu.

En une tragique prédestination à l’échec, c’est à cette génération qu’a été remise la construction européenne. On lui aura dû cette performance, appelée à entrer dans l’histoire, d’une monnaie unique sans construction politique — catastrophe intellectuelle typique de l’économicisme qui croit à la souveraineté de l’économie, et pense que les choses économiques tiennent d’elles-mêmes. Même leur réveil tardif, et brutal, est aussi pathétique que le sommeil épais d’où il les tire : « il faut une Europe politique ! » Mais le pyjama est de travers, le cheveu en bataille et les idées encore un peu grumeleuses. C’est qu’il ne suffit pas d’en appeler à une Europe politique pour qu’ipso facto elle advienne. La formation des communautés politiques n’est pas un jeu de Meccano. Comment fait-on vivre ensemble des idiosyncrasies hétérogènes ? Par quelles formes institutionnelles peut-on espérer réduire leurs incompatibilités ex ante ? Quelles sont les contraintes d’une économie générale de la souveraineté ? Quelles sont les conditions de possibilité d’acceptation de la loi de la majorité ? Sont-elles nécessairement remplies ? Et dans le cas présent ? Tiens, on va aller poser toutes ces questions à Michel Sapin.

Lire « Un peuple européen est-il possible ? », Le Monde diplomatique, avril 2014.Comme un symptôme du degré ultime de soumission à l’ordre des choses qu’aura incarné la « social-démocratie », c’est en effet au Parti socialiste qu’on trouve les plus beaux spécimens de la catastrophe : Sapin donc, mais aussi Macron, Valls, Moscovici, et bien sûr, primus inter pares, Hollande. Les figures ahuries du gouvernement des ratios et, en temps de grande crise, les poules dans une forêt de démonte-pneu. Un cauchemar de poules. Il faut les regarder tourner ces pauvres bêtes, désorientées, hagardes et incomprenantes, au sens étymologique du terme stupides. Tout leur échappe. D’abord il y a belle lurette que les ratios ont explosé à dache, mais la vague angoisse qui les gagne leur fait bien sentir que c’est plus grave que ça : ça pourrait ne plus être une affaire de ratios… La pensée par ratios risque de ne plus suffire. Il faudrait refaire « cette chose… » : de la politique. « Mais comment faire ? Nous ne savons pas ».

On le sait qu’ils ne savent pas. Le pire, d’ailleurs, c’est quand ils font comme s’ils savaient. Qu’ils s’essayent à la « vision ». « Il faut que les jeunes Français aient envie de devenir milliardaires », voilà la pensée des ratios dans son effort de « prendre de la hauteur ». Les ratios en hauteur, ça donne ça : la vision civilisationnelle d’Emmanuel Macron. Voici les gens que nous mandatons pour nous conduire. Mais où peuvent-ils nous emmener si ce n’est au désastre — civilisationnel, précisément ? Comment imaginer que l’Europe à tête de bulot ait pu aller ailleurs qu’au naufrage ? Quelqu’un depuis vingt ans a-t-il éprouvé le moindre tremblement à un discours européiste ? Senti le moindre souffle ? Peut-on composer une épopée autre que grotesque lorsqu’on met bout à bout les odes à l’Europe sociale d’Elisabeth Guigou et de Martine Aubry, les bafouillements de Jacques Delors, les chuintements de Jean-Claude Juncker, les hystéries de Cohn-Bendit, les commercialismes de Lamy, les fulgurances charismatiques de Moscovici, et tant d’autres remarquables contributions à la chronique d’un désastre annoncé ? La vérité est qu’il suffisait de les écouter, ou plutôt de tendre l’oreille, en fait de percevoir l’absence de toute vibration, pour se pénétrer de la certitude de l’échec : une entreprise historique conduite par des gens de cette étoffe ne pouvait qu’échouer.

Il ne faut pas faire acception de cas singuliers : c’est bien une génération entière qui est en cause. La génération du néolibéralisme. Les autres pays ont les leurs, les mêmes : Barroso, Renzi, Monti, Zapatero, Verhofstadt, etc., tous ont été formés dans la même matrice, la matrice d’une époque. Comment l’économicisme néolibéral qui est une gigantesque dénégation du politique ne pouvait-il pas engendrer sa génération d’hommes politiques ignorants de la politique ? « Abandonnez ces sottises, regardez les ratios, ils ne sont ni de droite ni de gauche », on ne compte plus les décérébrés qui, répétant cet adage, auront cru s’affranchir de la politique, en faisant la pire des politiques : la politique qui s’ignore.

Et ceux-là auront été partout, pas seulement sous les lambris. Car c’est tout un bloc hégémonique qui aura communié dans la même éclipse. A commencer par ses intellectuels organiques, si vraiment on peut les appeler des intellectuels puisque, de même qu’il a fait dégénérer les hommes politiques, le néolibéralisme n’a produit que des formes dégénérées d’intellectuels : les experts. Et forcément : l’économicisme néolibéral ne pouvait se donner d’autres « intellectuels » que des économistes. Les dits think tanks auront été la fabrique de l’intellectuel devenu ingénieur-système. A la République des Idées c’était même un projet : en finir avec les pitres à chemise échancrée, désormais le sérieux des chiffres — la branche universitaire de la pensée des ratios.

Et derrière eux toute la cohorte des perruches — les journalistes. Fascinés par le pseudo-savoir économique auquel ils n’ont aucun accès de première main, ils ont gravement répété la nécessité de commandements économiques auxquels ils ne comprennent rien — de la même manière, on peut le parier, que, têtes vides, ils se la laisseront remplir par le nouvel air du temps et soutiendront exactement l’inverse dès que les vents auront tourné.

Il faut déjà les imaginer perturbés et angoissés par le conflit renaissant des autorités, comme des enfants devant la dispute des parents. Car on entend des économistes dissonants — si ce ne sont que des hétérodoxes, ça n’est pas trop grave. Mais il y a aussi ces prix Nobel qui disent autre chose — c’est tout de même plus sérieux. Pire encore, de l’intérieur même de la curie, du dissensus se fait entendre : des économistes du FMI suggèrent mezza voce qu’il aurait pu y avoir quelques erreurs… du FMI, une sombre histoire de multiplicateur [4], mais on comprend bien que l’édifice doctrinal n’était pas, comme on le croyait, en marbre de Carrare. Que le monde ait été plongé en plein chaos en 2008, que des pays européens se tapent des descentes façon Grande Dépression années trente, non, cela ne pouvait avoir aucun effet sur les perruches, tant que la volière restait bien arrimée : ouvrir les yeux pour s’interroger ne sert à rien puisqu’il suffit d’écouter les réponses qui font autorité. Mais quand l’autorité commence à se craqueler, et que le clou menace de céder ?…

Pour l’heure il tient encore. On dépayse la volière et les perruches prennent le chemin d’Aix-en-Provence, où l’on va se réchauffer, et se rassurer, entre soi. On reviendra dûment regonflé en répétant les éléments de langage avec d’autant plus de conviction qu’ils ne sont pas reçus comme des éléments de langage mais comme des évidences qui parlent d’elles-mêmes : réforme, ne-pas-dépenser-plus-qu’on-ne-gagne (enfin-c’est-élémentaire), la-dette-qu’on-va-laisser-à-nos-enfants. Et puis pour les plus doués, ceux qui sont en classe supérieure : archéo-keynésianisme. C’est Emmanuel Macron qui le dit, et comme nous l’avons vu, c’est quelqu’un. Evidemment la perruche ignore cette phrase de Keynes, à qui ce serait faire insulte que de le mettre en simple comparaison avec Macron, cette phrase qui dit qu’il n’est pas de dirigeant politique qui ne soit l’esclave qui s’ignore d’un économiste du passé. C’est peu dire que Macron fait partie de ces esclaves inconscients et ravis. Et pour cause : il ne connaît même pas son maître. On va le lui indiquer. Son maître s’appelle Pigou. Une espèce d’Aghion de l’époque qui a si bien plaidé la cause de l’ajustement par les marchés que Hoover, Brünning et Laval ont dans un bel ensemble précipité leurs économies dans l’effondrement de la Grande Dépression. Emmanuel Macron, qui a appris à l’ENA l’économie dans la même version que son président l’histoire — pour les Nuls — ronronne de contentement en s’entendant dire « archéo-keynesien ». Et les perruches caquètent de joie tout autour. Le problème c’est qu’il est, lui, paléo-libéral. Et qu’il ajoute son nom à la série historique des années trente.

Et puis il y a l’élite : les twittos à selfie. Même au milieu des ruines fumantes de l’Europe effondrée, eux ne lâcheront rien : ce sera toujours la faute à autre chose, les Grecs feignants, les rouges-bruns, la bêtise des peuples, l’erreur, quand même il faut le dire, de trop de démocratie. Mais tous les systèmes ont leurs irréductibles acharnés et leurs obturés du jusqu’au bout.

Têtes politiques en gélatine, experts de service, journalisme dominant décérébré, voilà le cortège des importants qui aura fait une époque. Et dont les réalisations historiques, spécialement celle de l’Europe, seront offertes à l’appréciation des temps futurs. Il se pourrait que ce soit cette époque à laquelle le référendum grec aura porté un coup fatal. Comme on sait, il faut un moment entre le coup de hache décisif et le fracas de l’arbre qui s’abat. Mais toutes les fibres commencent déjà à craquer. Maintenant il faut pousser, pousser c’est-à-dire refaire de la politique intensément puisque c’est la chose dont ils ignorent tout et que c’est par elle qu’on les renversera.

L’histoire nous livre un enseignement précieux : c’est qu’elle a des poubelles. Il y a des poubelles de l’histoire. Et c’est bien. On y met les époques faillies, les générations calamiteuses, les élites insuffisantes, bref les encombrants à oublier. Alors tous ensemble, voilà ce qu’il faudrait que nous fassions : faire la tournée des rebuts, remplir la benne, et prendre le chemin de la décharge.

Notes

[1] Thomas Piketty, « Ceux qui cherchent le Grexit sont de dangereux apprentis-sorciers », Le Monde, 4 juillet 2015.

[2] Bernard Guetta, « De l’urgence de savoir défendre l’Europe », Libération, 26 février 2013.

[3] Cf. « La règle des 3 % de déficit est née sur un coin de table », Le Monde diplomatique, octobre 2014.

[4] Olivier Blanchard et Daniel Leigh, « Growth Forecast Errors and Fiscal Multipliers » (PDF), IMF Working Paper, janvier 2013.

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8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 16:35

 

Source : http://blogyy.net

 

 

* Les questions sont placées par ordre chronologique d'édition, la 1ère question se trouve en bas de l'article.

 

 

GRÈCE : RÉPONSES À VOS PRINCIPALES QUESTIONS

 

 

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QUESTIONS -7-

7 – LE « RISQUE GÉOPOLITIQUE » D’UN GREXIT EST-IL CELUI DU TERRORISME ET DE L’IMMIGRATION ? (que penser de cet article prétendu « très sérieux » de BFM TV avec un expert universitaire sur le sujet ?)

BFMTV > International> Europe >> "La Grèce : Le risque géopolitique d'un Grexit"

 

C’EST FAUX.

A) Tout d’abord, parce que LA GRÈCE EST UNE VRAIE PASSOIRE. Elle l’a toujours été et ça ne risque pas de changer de si tôt. Et pour cause : ÇA N’A ABSOLUMENT RIEN À VOIR AVEC LES POLITIQUES SUCCESSIVES, MAIS AVEC LA GÉOGRAPHIE. Même les politiques les plus dures en la matière (par exemple, sous la dictature des Colonels) n’ont jamais eu aucun effet. Pour deux motifs principaux :
A1) La Grèce est le deuxième pays au monde pour le nombre d’îles (après le Japon), pour la plupart désertes ou très peu habitées. Il a toujours été très facile d’aborder ses côtes discrètement.
A2) La Grèce est un pays très montagneux et accidenté, où les résistances successives se sont toujours remarquablement bien cachées. Elles se sont également déplacées à l’abris des regards.

B) Ensuite parce que LA GRÈCE EST COMPLÈTEMENT EXCENTRÉE ET À L’ÉCART DANS LA ZONE EURO (car la question posée concerne la sortie de l’Union monétaire, on ne parle pas de l’Union européenne). LA GRÈCE N’A ABSOLUMENT AUCUNE FRONTIÈRE AVEC UN AUTRE PAYS DE LA ZONE EURO (la Bulgarie n’est pas dans la zone euro).

Un éventuel Grexit n’aurait donc aucune incidence majeure sur la pseudo « crise migratoire » évoquée dans l’article (qui doit plaire à Marine Le Pen).

Quant à l’incidence sur le « défi terroriste » (toujours cette association nauséabonde immigré-terroriste alors que les auteurs du massacre de Charlie-Hebdo sont nés et ont grandi en France), même remarque tout d’abord : la Grèce est une passoire et elle est à l’écart. Mais en plus, posons-nous franchement la question : qui peut croire un seul instant qu’un candidat au terrorisme ne peut pas entrer dans l’eurozone, au prétexte de vacances par exemple ou avec un visa ? (s’il n’est pas déjà un résident de l’eurozone)

En conclusion, cet article pseudo « sérieux » agite toujours les mêmes chiffons rouges qui excitent la droite et l’extrême-droite : l’immigration et le terrorisme (bref, la peur de l’autre), et prétend faire de la Grèce un rempart imaginaire qu’elle n’est pas du tout pour les raisons évidentes ci-dessus.

De plus, la principale « qualité » de cet article, parmi les médias dominants, est qu’il donne un « os à ronger » à l’opinion publique sur la question géopolitique en occultant le vrai risque, celui qui inquiète la diplomatie américaine, qui ne s’en est pas beaucoup cachée : LE RISQUE DE RAPPROCHEMENT DE LA GRÈCE AVEC LES BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ET CERTAINS PAYS D’AMÉRIQUE LATINE, ce qui pourrait donner des idées à d’autres pays de la même zone par la suite et qui modifierait les équilibres géopolitiques actuels.

L’ENJEU GÉOPOLITIQUE EST DONC, EN RÉALITÉ, CELUI DU POUVOIR DES PRINCIPAUX PAYS EUROPÉENS ET DES ÉTATS-UNIS DANS LE PARTAGE DU MONDE EN ZONES D’INFLUENCES POLITIQUES, FINANCIÈRES, ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES.

Un enjeu bien plus important que celui de repousser quelques radeaux de sœurs et frères, africains ou orientaux, affamés, parmi lesquels un nombre infime de terroristes potentiels.

A suivre…

Y.Y.
jeluttedoncjesuis.net

 

 

QUESTIONS -6-
 

6 – POURQUOI LA BCE VIENT-ELLE DE DÉCIDER* DE FRAGILISER ENCORE PLUS LES BANQUES GRECQUES ? CHERCHE-T-ELLE LE GREXIT ?

C’EST FAUX.

LA TROÏKA BLUFFE. ELLE NE CHERCHE PAS DU TOUT LE GREXIT, MAIS À FAIRE TOMBER LE GOUVERNEMENT TSIPRAS.
La diplomatie américaine a également insisté dans ce sens, toute la semaine dernière : elle ne veut pas non plus d’un Grexit parce qu’elle s’inquiète d’un rapprochement de la Grèce avec les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique-du-sud) et avec certains pays d’Amérique Latine…
Autrement dit, la BCE fait cela pour coincer Tsipras en tenaille entre deux alternatives difficiles voire fatales, CE QU’ON APPELLE UNE FOURCHETTE AUX ÉCHECS :

1 – être obligé d’accepter en urgence un accord catastrophique qui le rendrait impopulaire, diviserait aussitôt Syriza et ferait tomber son gouvernement en moins d’une semaine ;
2 – se résoudre à la banqueroute et au Grexit sans préparation technique ni préparation de l’opinion, alors que 72% des Grecs n’en veulent pas pour l’instant (la réalité est sans doute plus proche de 60%), ce qui reviendrait (si ça se faisait précipitamment) à une trahison selon eux. D’autant plus que Tsipras s’y était encore engagé vendredi soir.

A suivre…
Y.Y.
jeluttedoncjesuis.net

* La banque centrale européenne a annoncé, hier soir, qu’elle durcissait les conditions d’obtention de liquidités du système bancaire grec, au risque d’un effondrement bancaire dans les prochains jours.

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QUESTIONS -5-
 

5 – TSIPRAS N’EST-IL PAS UN PEU NATIONALISTE ? (entendu à la radio et à la télé)

C’EST FAUX.

Si Alexis Tsipras a choisi de gouverner avec le petit parti souverainiste des Grecs indépendants, aussi appelé ANEL (qui n’a rien à avoir avec Aube dorée), c’est :
1 – par défaut, car le KKE ne voulait pas gouverner avec Syriza (de longue date), Antarsya n’avait pas atteint les 3% (nécessaires pour être présent au parlement) et le Potami était clairement pour les mémorandums austéritaires (dirigé par un ancien animateur télé).
2 – par nécessité, car il manquait deux voix au parlement pour atteindre le pouvoir, sans quoi il fallait revoter, ce qui pouvait s’avérer risquer.
3 – sans alliance électorale préalable, mais uniquement par la suite, face au dilemme de prendre ou de laisser cette opportunité historique du 25 janvier.

Dans sa jeunesse, Alexis Tsipras a participé à des collectifs altermondialistes (présence à Gênes en 2001, avec une queue de cheval à l’époque et des idées fortement universalistes) et antifascistes (Tsipras a souvent rappelé la devise : « on ne discute pas avec l’extrême-droite, on la combat »).

Aujourd’hui même, à 11h00, par exemple, Tsipras a convoqué les dirigeants des principaux partis politiques du pays. Même le perfide Samaras est venu, malgré sa manipulation du scrutin qui devrait occasionner des suites. Par contre, Tsipras a fermement refusé la présence de Michaloliakos, le chef d’Aube dorée, et ce, malgré son appel à voter NON.

Pour finir, le projet politique de Tsipras n’est en rien nationaliste, car ce n’est pas l’Europe qu’il rejette (il ne cesse de le dire), mais ses dirigeants et sa politique actuels, ce qui est logique pour une « vraie gauche ». Tsipras se revendique clairement internationaliste et tisse actuellement des liens avec des projets similaires en Amérique Latine, par exemple.

Bref, TSIPRAS N’A RIEN D’UN NATIONALISTE. Il déteste Le Pen et a déjà répondu vivement aux tentatives de récupération dont il a été l’objet. Tsipras n’a d’ailleurs jamais rencontré Marine Le Pen, ni aucun des petits chefs de partis confus qui naviguent en eaux troubles autour du FN et qui se prévalent eux aussi de Tsipras. Il ne croit pas une seule seconde au tirage au sort, ni à la fermeture totale des frontières. Il l’a déjà dit à plusieurs reprises également, notamment lors d’une émission le premier mai. Il se revendique de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie (un projet de loi est en cours).

Il est, en outre, le premier chef du gouvernement de l’Histoire de la Grèce à avoir refusé de prêter serment sur la Bible, malgré un grande majorité de chrétiens orthodoxes parmi les Grecs.

Personnellement, je ne suis pas d’accord avec tout ce que dit et fait Tsipras, évidemment, mais l’accuser de nationalisme ou essayer de le récupérer à ce niveau, c’est tout simplement comique ! Si vous en croisez, ici ou là, dites aux hyènes et autres professionnels de la récup’ d’aller chercher ailleurs ou postez-leur cette contre-information en guise de démenti.

A suivre…

Y.Y.

 

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QUESTIONS -4-
 

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4 – LES LIBERTAIRES SE SONT-ILS ABSTENUS ?

C’EST FAUX.

La plupart des collectifs libertaires, communistes-libertaires, anti-autoritaires et anarchosyndicalistes en Grèce ont choisit de voter NON, soit de façon implicite (antiautoritaires d’AK, libertaires du K-VOX, etc.), soit de façon explicite (anarchosyndicalistes de Rosinante, antifascistes et communistes-libertaires d’Orma, etc.). Rares sont les anarchistes qui ont choisit d’appeler à l’abstention.

Les trois motifs principaux sont les suivants :
1 – un référendum n’est pas une élection ;
2 – répondre NON à la question posée ne signifie pas dire OUI à quoi que ce soit d’autre, puisqu’il n’y a pas de proposition alternative dans l’énoncé ;
3 – le contexte actuel est une excellente occasion de troubler et faire évoluer l’imaginaire social, notamment tirer de la torpeur et de la peur des millions de résignés. Ensuite, à chacun de lutter à sa façon au quotidien et de viser plus ou moins radicalement vers l’utopie. L’un n’empêche pas l’autre.

Les murs d’Exarcheia sont tapissés partout de OXI. Et il n’y a pas une seule affiche pour le NAI. C’est sans équivalent dans Athènes (cf. photo).

Plusieurs tractages pour le OXI ont eu lieu sur la place Exarcheia. Sans le moindre problème (cf. photo).

La plupart des personnages de « Ne vivons plus comme des esclaves » résidant à Exarcheia ont voté NON. Pour trois d’entre eux, c’était la première fois qu’ils votaient. Pour deux autres, ils avaient voté pour la première fois le 25 janvier dernier. Au moins deux n’ont pas pu voter à cause de l’impossibilité de faire une procuration dans les délais (dont Vangelis).

EXARCHEIA A VOTÉ NON À 82% (participation 61%, oui 18%, non 82%).

Par comparaison, plus des deux-tiers des sympathisants du KKE (second parti communiste, celui qui n’a pas rejoint Syriza) se sont abstenus. Autrement dit, LES LIBERTAIRES ONT PLUS VOTÉ QUE LE KKE !

Méfions-nous des opinions toutes faites.

A suivre…

Y.Y.
 

 

QUESTIONS -3-
 

3 – Y A-T-IL EU DES ÉMEUTES HIER SOIR À EXARCHEIA ?

C’EST FAUX. Dimanche 5 juillet 2015, à 22h. La soirée électorale est interrompue. Les chaînes de télé grecques détournent l’attention du décompte final (beaucoup plus haut que les estimations annoncées par les sondeurs) en annonçant de « terribles émeutes à Exarcheia », près de l’Ecole Polytechnique.

22h15. J’arrive sur place. Il n’y a que 35 personnes (cf. ma photo, prise côté place Exarcheia), principalement des jeunes, qui brûlent quelques poubelles. Absolument rien à voir avec les émeutes habituelles à Exarcheia, par exemple chaque 6 décembre (400 à 2000 émeutiers).

Encore de la pure désinformation avec un but simple et précis : gâcher la fête et détourner l’attention.

A suivre…

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QUESTIONS -2-
 

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2 – LA TROÏKA A-T-ELLE OBTENU LA TÊTE DE VAROUFAKIS ?

C’EST FAUX. C’est plus une affaire de personnes et de stratégie, interne au gouvernement grec. La rumeur de sa démission circulait depuis mardi à Athènes. Et les premières tensions étaient apparues, il y a quelques semaines déjà, concernant sa participation aux négociations (et c’est déjà Euclide Tsakalotos qui l’avait remplacé à deux reprises, souvenez-vous). Varoufakis est un personnage qui ne laisse pas indifférent. Adulé par certains, détesté par d’autres. En Grèce, il a toujours eu de nombreux ennemis qui n’ont pas manqué de le caricaturer, parfois violemment. Beaucoup de jalousies aussi. Avec un caractère très différent et un esprit parait-il plus collectif, Euclide Tsakolotos sera plus calme et discret pour mener à bien les projets en préparation.

Ces derniers mois, Euclide s’occupait déjà de la politique économique extérieure, mais au ministère des Affaires étrangères. Vous me suivez ? Oui, c’est lui qui a noué des liens avec d’autres partenaires économiques potentiels, en Amérique Latine et parmi les BRICS. Et c’est aussi un économiste très critique à l’égard de l’euro.

Autrement dit, la troïka et l’Eurogroupe n’ont pas du tout gagné au change.

A suivre…

 

 

QUESTIONS -1-
 

Kalimera à tou-te-s et un grand merci pour vos très nombreux messages de soutien et d’encouragement, ici, en mp ou par mails. J’ai également noté les principales questions qui vous préoccupent. Ayant beaucoup de rendez-vous importants aujourd’hui et demain, à Athènes et au Pirée, je reviendrai, de temps en temps, plus en détails sur mes réponses.

 

1 – L’ABSTENTION A-T-ELLE VRAIMENT ÉTÉ MASSIVE.
Des médias ont parlé de 50%, est-ce vrai ?

C’EST FAUX. L’abstention n’est que de 32%. De plus, il faut savoir qu’en raison du délai très bref entre l’annonce du référendum et sa tenue (9 jours), des centaines de milliers de Grecs n’ont pas pu utiliser les formulaires de procurations (il faut s’y prendre plusieurs semaines à l’avance). On estime à plus d’un tiers la proportion des abstentionnistes qui n’ont pas pu se déplacer à leur bureau de vote souvent situé dans leur village d’origine. C’est le cas de beaucoup d’ami-e-s dans mon entourage, notamment Vangelis (cf. Ne vivons plus comme des esclaves) qui aurait voté s’il avait pu se déplacer à 7 heures de route pour le faire (je reviendrai ultérieurement sur la participation des libertaires au référendum). Autrement dit, après le décompte de cette « abstention subie » à cause des circonstances exceptionnelles du référendum, « l’abstention choisie » n’est que de 20% environ, ce qui est très faible pour la Grèce.

A suivre… 

Y.Y.

 

 

Source : http://blogyy.net

 

 

 

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 21:27

 

Source : http://www.franceculture.fr

 

 

 

Une loi pour museler la population en Espagne

02.07.2015 - 07:24

 
 
 

Une nouvelle loi sécuritaire, qui encadre le droit de manifester, est entrée en vigueur hier en Espagne hier. Elle prévoit notamment des amendes allant jusqu'à 600.000 euros pour certaines manifestations non autorisées. Ses détracteurs y voient une atteinte aux libertés les plus fondamentales.

 

Demonstrators with their mouths taped sit outside the Spanish parliament during a protest against Spanish government's new secur Juan Medina © Reuters

 

Dans quel pays imaginez-vous que l’on puisse promulguer une loi pour museler la population ? Certainement pas l’Espagne. Et pourtant. Hier, la loi dite de sécurité citoyenne est entrée en vigueur. Cette loi, qui a pour but de garantir l’ordre vise, notamment, les manifestations et les réunions publiques. Et c'est la raison pour laquelle l’opposition, mais aussi plusieurs associations et même l’ONU dénoncent aujourd'hui une atteinte aux libertés les plus fondamentales. Ils ont même rebaptisé cette loi, "loi bâillon", car disent-ils, désormais les citoyens ne pourront plus exprimer dans la rue des idées allant à l’encontre de celles de la classe politique dominante.

 

De quoi s'agit-il ? Le texte comprend 45 infractions, peut-on lire sur le site de la RTBF. Les manifestations devant le parlement et autres bâtiments officiels sont notamment classées parmi les infractions les plus graves. Ainsi, le fait de protester face au Sénat, devant la Chambre nationale des députés ou tout Parlement régional pourra être puni de 30 000 euros d'amende. Idem si vous refusez de décliner votre identité à un agent des forces de l'ordre. Si vous photographiez un policier en service pendant une manifestation, il vous en coûtera jusqu'à 600 euros Et puis si vous êtes à l’origine de l’organisation d’une activité festive, dans un endroit proscrit par les autorités (par exemple les réseaux de transport), la contravention peut monter jusqu’à 600 000 euros.

 

Pour ses détracteurs, cette loi ne serait en réalité qu’un moyen, à peine déguisé, de juguler toutes les tentatives de protester contre la politique de rigueur, mise en place par le parti conservateur. Et de fait, c'est vrai qu'en se réappropriant l’espace public, les manifestants ont mis à rude épreuve le pouvoir. Avec la crise économique, des mouvements sociaux ont commencé à se consolider, la protestation sociale s’est généralisée. De ces mouvements sont même nées des formations politiques, comme Podemos, qui forment désormais partie de l'échiquier politique espagnol. En clair, le paysage politique est en train de changer, écrit la directrice adjointe du quotidien EL MUNDO. Ou dit autrement, au travers de cette loi, le gouvernement veut taire la contestation et empêcher que d’autres forces politiques émergent. Et pour ce faire, il est indispensable non seulement de limiter le droit de manifester, mais aussi le droit de relayer les informations concernant l'action citoyenne. Les témoins de brutalité policière, par exemple, ne pourront plus en rendre compte. Et pourtant, rappelle la journaliste, nous avons tous en tête les images enregistrées par des citoyens pendant des rassemblements, qui mettaient en lumière les agissements de la police. Or avec cette nouvelle loi ce ne sera plus possible. En clair, pour les détracteurs de la loi, nous ne pourrons plus être nous-mêmes et nous ne pourrons plus désormais penser librement. Car la pensée libre est liée à la possibilité de se réunir pour parler, s’exprimer dans les places, dans les marchés, dans les rues.

 

Le texte est même tellement ambiguë que tout et n’importe quoi peut désormais tomber sur le coup de cette loi. Si vous relayez l’information sur une manifestation ou si vous retweetez simplement une information, vous pouvez être considéré comme l’organisateur de ce rassemblement et donc être fautif. En clair, cette loi vise toutes les nouvelles formes de contestations qui se jouent sur les réseaux sociaux. Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, il y a déjà quelques semaines, le collectif "Hologrammes pour la liberté" avait projeté sur la place des Cortes (où se trouve l'Assemblée nationale), des centaines d’images en 3D représentant des manifestants. Une manière de signifier que ce sera désormais la seule façon de manifester en Espagne, sans être inquiété par la police.

 

Et puis ce n'est pas tout, car l’entrée en vigueur de cette loi va également de pair avec une double modification du code pénal, lequel entraîne un glissement de la sphère judiciaire à la sphère administrative. En clair, si lors d’un rassemblement, un manifestant était interpellé et mis en garde à vue, il était jusqu'à présent présenté à un juge. Et dans la plupart des cas, ce dernier considérait que l’action du citoyen relevait de la liberté d’expression. Or avec ce nouveau dispositif, le citoyen est éloigné du pouvoir judiciaire. C’est l’administratif qui prendra désormais le relais. En d'autres termes, une fois que le citoyen aura reçu sa contravention, il lui sera plus difficile de la contester. C’est donc la police qui aura désormais le dernier mot, précise à son tour la responsable des enquêtes chez Amnesty international en Espagne.

 

Interrogé par PUBLICO, un juge ne dit pas autre chose : il estime que cette loi n’a rien à voir avec la sécurité des citoyens. C’est une loi sécuritaire du gouvernement qui fait face à la contestation citoyenne, dit-il, avant d’ajouter : le citoyen est devenu l’ennemi. D'où la conclusion signée cette fois-ci d'un bloggeur hébergé toujours sur le portail de gauche PUBLICO : c'est un triste jour pour la démocratie. Il s'agit d'une régression aussi dure qu'inutile au niveau de la lutte douloureuse que nous avons menée. La démocratie a perdu de sa vigueur. Et nous voilà désormais renvoyés à un passé que nous n'avons pas encore complètement oublié ; à l'époque de la main de fer, de la peur instrumentalisée comme arme politique et de la primauté de l'ordre sur toute divergence.

Par Thomas CLUZEL

 

 

Source : http://www.franceculture.fr

 

 

 

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