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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 21:11

 

Source : http://www.informaction.info

 

La Finlande prête à expérimenter la fin du travail?

Par Michel Lachkar@GeopolisFTV | Publié le 20/07/2015 à 09H28, mis à jour le 22/07/2015 à 14H23

Sculpture à gloire travail à Helsinki en Finlande
Scultpure à la gloire du travail à Helsinki, en Finlande. © Afp/ Jonathan Nackstrand
 

Une première en Europe, la Finlande veut expérimenter une forme de revenu universel. Le nouveau gouvernement de centre droit évoque une allocation de base pour tous les citoyens. Si son montant devait atteindre les 1000 euros mensuels, le travail deviendrait alors «un choix de vie». La Finlande en a peut-être les moyens (voir en bas de p.) mais certains hésitent devant cette révolution culturelle.


On ne connaît pas encore les détails de ce projet de loi annoncé au Parlement par le nouveau Premier ministre Juha Sipilä, mais tous les citoyens finlandais, quel que soit leur âge ou leur situation sociale, auraient le droit à un revenu de base garanti. Ce revenu universel, versé sans contrepartie, serait suffisant pour vivre modestement.

Les citoyens qui souhaitent avoir un niveau de vie plus élevé pourront bien sûr compléter ce revenu de base en étant salarié, artisan ou entrepreneur. Ce salaire universel remplacera toutes les aides sociales existantes, y compris les retraites de base.
La Finlande a un PIB par habitant supérieur à l’Allemagne et à la France. Mais ce revenu de base est aussi rendu possible par une réduction sensible du nombre de fonctionnaires en charge de ses programmes sociaux.
 
Ce projet est soutenu par une grande partie de l’échiquier politique finlandais. Si certains évoquent un RSA amélioré de 500 euros, les libéraux, à l'image du député Bjorn Wahlroos, souhaitent un revenu compris entre 850 et 1000 euros par mois, pour éliminer la pauvreté.

Dans un premier temps, il sera introduit dans les régions confrontées à un fort taux de chômage a toutefois précisé le Premier ministre Juha Sipilä. En effet, malgré la richesse du pays, le chômage dépasse les 9% de la population.
 
Une Utopie aux effets pervers?
Les opposants critiquent une idée utopique, vouée à l’échec. Ils estiment que ce revenu social garanti va inciter la population à se détourner du travail, notamment des emplois pénibles qu'il faudra mieux payer.
Si on peut en effet redouter les effets pervers d’une telle mesure, les sondages montrent que 79% de la population finlandaise soutiennent cette idée à l’exception des fonctionnaires (concernés) qui y voient une menace pour leur emploi.
 

Le nouveau Premier ministre finlandais Juha Sipilä

Le nouveau Premier ministre Juha Sipilä, partisan d'un revenu universel, se dit prêt à partager le gâteau finlandais (20 avril 2015).  © AFP/ Marti Kainulainen / Lehtikuwa


D’autres en Europe, ceux qui ne croient plus au plein emploi, vont suivre de près cette expérimentation. Ils y voient une mesure révolutionnaire pour en finir avec le chômage de masse. Pour une partie de la gauche et des écologistes, il faut réduire le temps de travail, ou aller vers un travail choisi. Il est vrai que les robots qui remplacent déjà les ouvriers dans les usines n’achèteront jamais rien. Si la dynamique du capitalisme, c’est de produire plus avec de moins en moins de salariés, il a toujours besoin de consommateurs pour écouler sa production.
 
Le chômage pèse sur la consommation, à moins de distribuer un revenu à ceux qui n’ont pas de travail. C’est de cette contradiction que naît l’idée d’un revenu universel défendu par plusieurs économistes. La consommation se maintiendrait malgré le manque d’emplois.

Une façon de sortir du credo : une croissance forte pour entretenir la consommation et l’emploi, avec toutes les limites environnementales et climatiques que l’on connaît.
 
Révolution des mentalités
Ce revenu universel est surtout une révolution culturelle. Un arbitrage entre temps libre et consommation. Un autre rapport au travail. «A l’heure ou le travail se fait rare et précaire, le revenu de base est un outil pour permettre à chacun de mieux arbitrer ses choix de vie», affirme Stanislas Jourdan responsable du mouvement français pour un revenu de  base.

Avec ce temps libre dégagé, chacun pourrait être utile autrement : s’occuper de ses enfants, de ses proches, de son quartier, de son environnement. Aide aux devoirs, jardinage, faire son marché pour une meilleure santé, s’occuper des plus âgés aujourd’hui relégués, s'investir dans une assocation. Toute une utilité sociale en dehors du salariat.

Chacun pourrait faire un choix (difficile) entre temps et argent… Entre une vie simple et sans contrainte professionnelle ou confortable mais laborieuse. Pour les écologistes, cela veut aussi dire moins de déplacements domicile-travail, moins de voiture, moins de routes encombrées, moins de pollution, moins de pétrole… L’idée que l’on puisse être utile en dehors du travail salarié et de la «surconsommation» est une idée neuve en Europe. Une utopie qui mérite réflexion.
 
Erratum
Vous avez été nombreux sur les réseaux sociaux à nous alerter sur une inexactitude publiée dans la première version de cet article. Il avait été indiqué que la Finlande était «riche de son pétrole». La Finlande n'est pas la Norvège.

 

 

Source : http://www.informaction.info

 

 

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 20:58

 

Source : http://www.lexpress.fr

 

La planète ne digère pas notre consommation de viande
Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le
 

Les spécialistes préviennent: si l'on continue ainsi, l'élevage va épuiser la planète et la pêche faire disparaître les espèces commerciales de poissons d'ici 2050.

 

Au sommet de la chaîne alimentaire, les humains ont pris leurs aises, mais avec la surpêche qui vide les océans et l'aquaculture et l'élevage qui polluent l'eau, les sols et l'atmosphère, il faudra bien changer d'habitudes. Nourrir l'humanité -9 milliards d'individus à l'horizon 2050 selon les prévisions de l'ONU- nécessitera d'adapter nos comportements, surtout chez les plus riches, et d'aider massivement les pays en développement. 

 

Selon un rapport de la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation, publié jeudi, la production mondiale de viande devrait doubler pour atteindre 463 millions de tonnes afin de répondre à la demande mondiale. 

 

Un Chinois qui consommait 13,7 kg viande en 1980 en mange en moyenne 59,5 kg aujourd'hui. Dans les pays développés, on mange plus de 80 kg/personne/an. 

Du gaspillage

"Comment l'empêcher? quand le revenu augmente, la consommation de produits carnés et laitiers fait de même: il n'y a pas un exemple contraire au monde", constate Hervé Guyomard, directeur scientifique Agriculture de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique), pilote du rapport "Agrimonde"sur "les systèmes agricoles et alimentaires mondiaux à l'horizon 2050". 

 

Aujourd'hui, l'agriculture produit 4600 kilocalories/jour/habitant - largement de quoi nourrir 6 milliards d'individus. Mais sur ce total, 800 sont perdues au champ (maladies, insectes, stockage...), 1500 dédiées à l'alimentation des animaux -qui n'en restituent en moyenne que 500 dans l'assiette- et 800 sont encore perdues en gaspillage dans les pays développé

 

En outre, l'élevage coûte cher à l'environnement: 8% de la consommation mondiale d'eau, 18% des émissions de gaz à effet de serre (davantage que les transports) et 37% du méthane (21 fois plus réchauffant que le CO2) émis par les activités humaines. 

 

Et bien que source essentielle de protéines, la viande rouge n'est pas "rentable" au plan alimentaire: "Il faut 3 calories végétales pour produire 1 calorie de poulet; 7 pour une de cochon et 9 pour une calorie bovine", souligne Hervé Guyomard. 

 

Ainsi, plus d'un tiers (37%) de la production mondiale de céréales sert à nourrir le bétail -56% dans les pays riches- selon le World Ressources Institute

 

Un luxe, même si Hervé Guyomard nuance en rappelant les services rendus par un bovin: "seul capable de valoriser l'herbe, substitut à la mécanisation et producteur d'engrais par ses déjections". 

Freinons sur la viande, quid du poisson? Les océans ne peuvent plus être pris pour des garde-manger inépuisables: selon Philippe Cury (Une mer sans poissons, Calmann-Lévy), directeur de recherches à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), le nombre de bateaux de pêche est deux à trois fois supérieur aux capacités de reconstitution de la ressource. 

A ce rythme, la totalité des espèces commerciales aura disparu en 2050. A force de s'attaquer aux grands prédateurs comme le thon rouge, le consommateur est en train de détraquer le système, prévient aussi Gerry Leape, du Pew Environment Group. "Il va falloir apprendre à redescendre dans la chaîne alimentaire, sinon il n'y a plus personne pour manger les espèces du dessous qui se mettent à proliférer, comme les méduses", explique-t-il. 

L'aquaculture ne peut présenter une alternative que si elle modifie ses pratiques, très polluantes. Elle aussi surconsomme: 4 kg d'anchois ou de sardines pour produire 1 kg de saumon, et jusqu'à 14 kg de poisson pour 1 kg de thon.... 


 

Source : http://www.lexpress.fr

 

 

 

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 19:22

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Il a osé le dire
"Il ne s’agit pas d’inverser la courbe du chômage mais de diminuer le nombre de chômeurs"

 
 
Invité ce matin sur les ondes d'Europe 1, François Rebsamen, ministre du Travail, a fait tout son possible pour ne pas avoir à commenter les chiffres du chômage. Résultat des courses : on sent surtout que "Rebs" ne rêve plus que d'une chose, partir loin, très loin, de cette satanée courbe du chômage qui lui colle aux basques.
 
SOMER-POOL/SIPA
 

« Putain, encore deux ans ! », doit se répéter inlassablement, François Rebsamen. Lui qui se rêvait en premier flic de France s’est décidemment fait joué un sale tour par son ami François Hollande. Placé au ministère du Travail, « Rebs » est devenu cet oiseau de mauvais augure pour les Français, obligé de venir leur annoncer les mauvais chiffres du chômage chaque mois, tout en essayant de les convaincre que, tout compte fait, ils ne sont pas si mal que ça.

 

Invité ce matin d’Europe 1, Rebsamen a dû de nouveau se soumettre à l’exercice. Et à la question fatidique et désormais traditionnelle sur « François Hollande a dit qu'il ne se représentera pas sans inverser la courbe du chômage, vous êtes en quelque sorte son dernier espoir ? », Rebsamen a d'abord répondu par un long soupir qui en dit long sur son enthousiasme actuel. Puis, sans rire, le même a articulé cette phrase : « Non, non, parce qu’il ne s’agit pas d’inverser la courbe du chômage. Il faut faire diminuer le nombre de chômeurs, c’est ce qui pèse sur le moral des français. » Une réponse de Normand de la part d'un Bourguignon, c'est rare... On ne comprend pas trop où il veut en venir. Cherche-t-il à nous expliquer, à juste titre, que la réélection d'Hollande est secondaire par rapport au sort des chômeurs ?

Et d’embrayer vite, très vite, pour éviter d’avoir à annoncer les chiffres du chômage : « Là, j’ai des bonnes nouvelles qui vont être publiées dans la journée (…) Au deuxième trimestre, les déclarations d’embauches ont augmenté de 1,2 %. Elles avaient augmenté de 1,9 % au premier trimestre et il y a un dynamisme des déclarations d’embauches en CDI. On crée de l’emploi dans ce pays, il ne faut pas qu’on croit qu’on détruit de l’emploi ».

Ah bon ? Donc s'il y a un tel « dynamisme », le chômage devrait donc se résorber rapidement… Eh bien non, puisque le ministre du Travail doit faire face à un autre « dynamisme » qui annule l'opération : « On a un tel dynamisme démographique qu’il faut créer suffisamment d’emplois pour faire reculer le chômage. On crée de l’emploi mais on n'en crée pas encore assez pour faire reculer le chômage. » Donc le chômage ne recule pas, si on le suit bien… Oui, mais non, car nous dit-il, « à la fin de l’année, sur la base des prévisions, moi je suis obligé de me baser sur les prévisions, à cet instant, sur la base des prévisions de croissance à 1,2 %, on aura stabilisé le nombre de demandeurs d’emplois... » Et d’ajouter, dans un murmure, « ... et il baissera début de l’année prochaine, fin de l’année. »

Résultat : on ne comprend plus rien et on sent que pour Rebsamen, les vacances sont proches et qu’il n’a qu’une envie, c’est de partir loin, très loin de toutes ces données statistiques et de cette courbe qui ne veut décidémment pas se retourner. Surtout, il est bien décidé à ne pas avoir à commenter ces satanés chiffres du chômage. Car face à l’insistance du journaliste qui le questionne de nouveaux sur les chiffres que Pôle emploi s’apprête à publier, notre ministre du Travail botte carrément en touche : « Cet outil statistique qui est donc composé des chiffres publiés suite à Pôle emploi… heu... suite au recensement de Pôle emploi, ne constitue pas pour moi un outil statistique le plus fiable et je préfère les statistiques du BIT (le Bureau international du travail, ndlr) ou de l’Insee (l'Institut national de la statistique et des études économiques, ndlr) ». Pratique, puisque les chiffres fournis pas l’Insee sont toujours beaucoup moins catastrophiques que ceux délivrés par Pôle emploiEt de conclure « Je ne fais pas de pari sur les chiffres du chômage, j’agis pour qu’ils baissent ».

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 18:20

 

Source : http://www.sciencesetavenir.fr

 

 

Droit des animaux : un employé de SeaWorld aurait infiltré l'association PETA
Sciences et Avenir avec AFP

Le parc aquatique américain aurait envoyé des agents infiltrer l'association de défense des animaux PETA. Le but ? Inciter aux actions violentes... pour discréditer PETA !

 

Le parc SeaWorld d'Orlando, en Floride. © MATT STROSHANE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFPLe parc SeaWorld d'Orlando, en Floride. © MATT STROSHANE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
 
 

À lire aussi

 

 

CAPTIVITÉ. SeaWorld a suspendu un de ses employés, accusé par une association écologiste de s'être infiltré dans ses rangs. L'organisation de défense des animaux PETA a affirmé que l'entreprise américaine de parcs aquatiques avait envoyé un agent infiltré dans ses rangs pour participer à des rassemblements et inciter les défenseurs des animaux à mener des actions violentes. De tels débordements auraient probablement discrédité l'organisation. En arrière-plan de l'affaire, la question du traitement des orques, dont la vie en captivité fait polémique.

 
La liste des infiltrés

"Ces allégations à l'égard (...) d'un employé de SeaWorld sont très préoccupantes. Ces allégations, si elles sont avérées, ne sont pas cohérentes avec les valeurs de SeaWorld et ne seront pas tolérées, a réagi le groupe basé à Miami dans un communiqué. Nous avons placé l'employé en question en congé administratif le temps de mener notre enquête". Mais PETA avance que "Seaworld n'a pas limité ses efforts d'espionnage aux activités" de cet employé. Seaworld a "embauché des manifestants pour assister à des rassemblements (contre les parcs à thème) et PETA enquête actuellement sur deux autres hommes qui seraient des employés de SeaWorld recrutés pour infiltrer PETA en tant que 'volontaires', et la liste va s'allonger", affirme l'association. "Suspendre vos propres agents est une bonne vieille technique, souvent accompagnée d'ententes secrètes avec des compensations et la promesse de les réintégrer lorsque les choses se calmeront", a poursuivi l'association.

 

SeaWorld avait reconnu l'année dernière que ses revenus avaient diminué en partie en raison de campagnes dénonçant les spectacles avec des orques. En 2013, la diffusion par une chaîne nationale du documentaire acclamé "Blackfish" ("L'orque tueuse" en France, diffusé en 2014) avait alimenté le débat sur les dangers de la vie captivité pour les orques. SeaWorld a depuis entamé des travaux d'agrandissement de ses delphinariums, qui doivent être terminés en 2018.

 

 

 

Source : http://www.sciencesetavenir.fr

 

 

 

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 17:49

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Forte de son autonomie alimentaire, la Crète résiste à la Troïka

22 juillet 2015 / Emmanuel Daniel (Reporterre)
 

 

 

Toute la Grèce est en train de sombrer sous les coups de boutoir de la Troïka. Toute ? Non ! La Crète, la plus grande des îles, résiste aux puissances de la finance et a voté non à plus de 70 % lors du dernier référendum. Leur autonomie alimentaire permet aux Crétois de s’indigner sans en craindre les conséquences. Quoi qu’il arrive, ils auront toujours de quoi manger.


- Crète, Grèce, reportage

Dans l’avion qui m’amenait en Crète, la plus grande île grecque, je tentais d’imaginer ce que j’allais y trouver. Je m’attendais à tomber sur un pays à genoux, une population aux abois, des queues interminables devant les distributeurs, de la misère à chaque coin de rue. Mais les seules files d’attente que j’ai pu observer sur place étaient celles des touristes à l’aéroport, et aux stations de bus et dans les magasins.

C’est comme si la crise grecque qui fait les gros titres des médias français avait épargné les Crétois. « La Crète est l’île la plus riche de Grèce, ici, il y a beaucoup moins de chômage qu’en métropole. On n’a pas trop à se plaindre. On a le tourisme l’été et l’agriculture l’hiver. C’est dur c’est vrai mais ça l’est encore plus dans le reste du pays », m’explique un chauffeur de taxi.

La Crète tire une bonne partie de ses ressources du tourisme, pourtant, l’idée d’une nouvelle hausse de la TVA (qui est passée de 13 à 23 % ce lundi, notamment pour la restauration) ne semble pas inquiéter outre mesure Vassilis, restaurateur à Heraklion, plus grande ville de l’île. « Ça fera augmenter les prix de quelques centimes, ça ne me fait pas plaisir mais bon, ce n’est pas la fin du monde », m’explique le commerçant qui n’a accepté de me répondre qu’à condition que je lui commande une bière.

Un peu plus bas sur le port, un pêcheur au visage buriné tente de dissimuler son amertume derrière d’énormes lunettes de soleil. Près de son étal quasiment vide, il s’ennuie ferme et fume cigarette sur cigarette. Il accueille ma question sur la nouvelle vague d’austérité avec un haussement d’épaules. « Mon problème c’est le vent force 8 Beaufort, qui m’empêche de travailler », m’explique-t-il. Comme lui, depuis deux jours, les petits pêcheurs sont bloqués au port et privés de revenus.

Dans le centre-ville envahi par les touristes, le tenancier d’une épicerie aux rayons clairsemés m’accueille avec un sourire dénué de tout signe de préoccupation. Il admet néanmoins que la fermeture des banques n’est pas bonne pour le commerce et se réjouit de les voir rouvrir lundi. Lui n’a même pas de compte bancaire. « Je n’aime pas les banques, je ne leur fais pas confiance », explique-t-il. Comme un nombre conséquents de Grecs, il fait plus confiance à ses bas de laine qu’à son banquier pour veiller sur ses euros. Et la situation de ces derniers jours ne risque pas de le faire changer d’avis.

 

« Mon père a une retraite de 300 € pour lui et mon petit frère »

La plupart de mes interlocuteurs refusent d’évoquer la difficulté de la situation, comme si en parler revenait à la rendre réelle. Mais même si les Crétois s’en sortent mieux que le reste de leurs compatriotes, ils ne sont pas à envier pour autant. Un couple de restaurateurs de Rethymnos, cité balnéaire au nord de l’île, qui souhaite rester anonyme, me déclare non sans gêne qu’ils vont être obligés de frauder la TVA pour s’en sortir.

Yorgos, qui tient lui aussi un « restaurant familial » non loin de là, ne décolère pas depuis qu’il a appris cette nouvelle hausse. « On ne peut pas se permettre de répercuter les prix sur les clients sinon on les ferait fuir. Papandreou, Samaras, Tsipras, ça fait cinq ans que l’on nous impose des sacrifices pour que l’économie redémarre mais on voit bien que ça ne marche pas et ce sont toujours les mêmes qui trinquent. Moi je m’en sors car je suis propriétaire mais beaucoup de mes confrères vont avoir du mal à payer le loyer cet hiver quand les touristes seront partis. »

 

 

Visiblement affecté par l’image véhiculée dans les médias sur le peuple grec, il se sent obligé de se justifier sans que je lui demande quoi que ce soit. « On nous dit que nous sommes des mauvais européens. Mais on n’est pas des fainéants, on travaille sept jours sur sept, enfin pour ceux qui ont la chance de trouver du travail. » Pour lui, c’est « une guerre économique où la dette a remplacé les canons. Ils veulent détruire notre pays et nous empêcher de nous relever. »

Pour illustrer les conséquences de l’austérité, il prend l’exemple de sa famille. « Mon père a une retraite de 300 € pour lui et mon petit frère qui n’a pas de travail. » Mais il se reprend vite et, comme s’il s’en voulait de s’être laissé aller, relativise sa situation en pensant aux habitants d’Athènes, où « il n’y a plus de liens familiaux aussi forts qu’ici qui permettent aux gens de survivre grâce à la solidarité ».

« Nous n’avons peur de rien »

Si les Crétois accueillent avec une passivité relative les mesures qui font hurler les Athéniens, c’est que leur économie ne repose pas que sur le tourisme. L’agriculture les aide à tenir le coup. Une femme aux grands yeux curieux me dresse une liste à la Prévert de ce que le pays produit : « Lait, miel, huile, céréales, citron, oranges, moutons, légumes en tous genres, chèvres, poissons, et bien sûr l’huile d’olive. Il y a même des bananes à l’Est de l’île. »

En effet, la Crète est l’une des rares îles grecques qui pourrait s’en sortir sans le tourisme. En plus de créer une manne d’emplois conséquente pendant l’hiver, ce secteur permet aux insulaires de se nourrir sans dépenser d’argent. Yorgos, le restaurateur mécontent, m’explique qu’il a quelques chèvres et un potager qui l’aident à tenir, notamment hors saison, quand les touristes et leurs euros ne sont plus là.

C’est donc là que réside le secret de la sérénité des Crétois. « Nous sommes autonomes. Tout le monde ici sait faire pousser des légumes. Nous n’avons peur de rien. Nous avons tout ce dont nous avons besoin ici pour vivre. C’est pour ça qu’on n’a pas peur de la Troika », m’assure une vendeuse de produits locaux située dans la vieille-ville d’Heraklion.

La peur de la balkanisation

Comme elle, 70 % des Crétois ont dit non lors du référendum. Pour cette femme à la parole facile, l’autonomie de l’île n’est pas étrangère au refus net affiché lors du référendum. Beaucoup de mes interlocuteurs s’indignent quand je leur demande ce qu’ils ont voté : « OXI, évidemment ». Seule Aristea, conseillère municipale à Heraklion m’a avoué avoir voté Oui. « Je suis très heureuse que Tsipras ait réussi à trouvé un accord. Une sortie de l’euro aurait été catastrophique pour le pays. Je ne veux pas d’un retour à la drachme. Je crois qu’on peut changer l’Europe. Je crois en la collaboration entre les peuples. »

Un argument que l’on entend aussi chez certains partisans du Non. « Pour beaucoup de grecs, l’euro c’était l’entrée dans la modernité. On n’était enfin plus considérés comme un pays des Balkans. Sortir de l’euro, c’est revenir en arrière, c’est perçu comme une régression », m’explique Dimitri. Et pour cet ancien publicitaire devenu activiste, cette croyance ne vient pas de nulle part. « Donne moi le contrôle des médias et je te dirai quoi penser », glisse-il en dénonçant la propagande pro-euro dans les médias depuis des années et celle encore plus frappante en faveur du Oui qui a eu lieu la semaine qui a précédé le referendum.

Aglae, une jeune femme impliquée dans les mouvements alternatifs « refuse de céder au chantage. On nous a fait croire que sortir de l’euro c’était la mort assurée, moi je vois que c’est en restant dans l’euro que l’on meurt », argue-t-elle en citant les conséquences sanitaires effroyables de l’austérité.

Yannis, membre d’un restaurant coopératif lui aussi souhaiterait un retour à la drachme. « Le seul effet positif de cet accord c’est qu’il a fait réfléchir les gens. Maintenant, on ne nous prend plus pour des fous quand on dit qu’on veut sortir de l’euro. Pour moi, c’est la seule possibilité pour mettre en place une autre politique : nationalisation des banques, annulation de la dette, économie alternative basée sur la coopération... », développe ce militant anti-fasciste.

 

Avancer dans l’incertitude

Pour Christine, une trentenaire en perpétuelle recherche de petits boulots, le refus de l’accord n’a rien à voir avec une quelconque rationalité économique mais trouve sa source dans la culture, la géographie et l’histoire de l’île. Elle prend son petit déjeuner dans une cuisine dont une des fenêtres donne directement sur la mer agitée. C’est avec poésie qu’elle analyse le OXI crétois au référendum, un non à l’humiliation et colonialisme financier.

« La nature sauvage a forgé notre caractère. Les montagnes, la chaleur, le vent font qu’on ne se laisse pas faire, dit-elle en accueillant avec bienveillance les puissantes rafales qui s’engouffrent par la fenêtre. On a aussi une culture de la résistance. Nous avons subi de nombreuses attaques tout au long de notre histoire : les pirates, les Ottomans, les Byzantins, et même les nazis pendant la seconde guerre mondiale. Maintenant c’est la Troïka. Nous avons connu bien pire et on ne se laissera pas faire par quelques crapules en costume. »

Sans nier la propension à la résistance de ses compatriotes, Vassilis, jeune ingénieur au chômage, met en avant un paradoxe : « Nous sommes un peuple plutôt aisé mais je crois que nous aimons l’idée de révolution. » Et il précise que si les Crétois ont voté massivement pour le non, ils ont dans un passé proche fait des choix contraires : « Quand la mode était au Pasok, il ont voté Pasok [parti social démocrate], quand les conservateurs étaient au pouvoir, ils ont aussi voté pour eux. On suit le sens du vent ! »...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 17:32

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Liberté d’expression ?

Polices françaises et allemandes tentent d’entraver le tour d’Europe des alternatives

par

 

 

 

Le Tour Alternatiba, c’est un tour de France et d’Europe à vélo, pour promouvoir les alternatives écologiques et la transition énergétique dans l’espoir de limiter le réchauffement climatique. Un périple de 5 600 kms parti le 5 juin de Bayonne. Mais cette initiative ne semble pas plaire aux polices française et allemande qui ont tenté de bloquer les cyclistes. Pour cause de dopage ? Pas vraiment...

Le 20 juillet, les membres du tour marquent une pause devant la centrale nucléaire de Fessenheim. Rien d’interdit jusque-là dans un État de droit... Devant plusieurs médias et caméras, un porte-parole déplore que les milliards engloutis dans la filière nucléaire ne soient pas plutôt investis dans les politiques de sobriété énergétique, comme l’isolation des logements ou le développement des transports collectifs de proximité.

 

 

Le porte-parole d’Alternatiba dénonce également la fermeture de Nexcis, une filiale d’EDF à Aix-en-Provence, qui fabrique des vitres à la fois isolantes et productrices d’énergie solaire (notre enquête). Un exemple qui montre bien, pour les organisateurs d’Alternatiba, « que les investissements actuels tournent le dos aux économies d’énergies et aux énergies renouvelables, grâce auxquelles beaucoup plus d’emplois pourraient être créés, répartis sur tout le territoire français, qu’avec les énergies fossiles ou nucléaire ».

 

Une première opération de fichage depuis le départ du Tour

Les cyclistes reprennent ensuite la route et font une pause repas dans une ferme coopérative et alternative à Tunsel, en Allemagne. C’est là que la situation se complique avec l’arrivée de sept véhicules de police sur les lieux. « Ils ont annoncé aux cyclistes que la France avait demandé au procureur de Freibourg de contrôler l’identité de tous les cyclistes présents, et qu’en cas de refus de leur part, il convenait de bloquer le Tour », relate le communiqué d’Alternatiba. Malgré les protestations, les cyclistes, bloqués par les policiers, déclinent finalement leur identité pour ne pas mettre en retard le périple, expliquent-ils.

 

 

« Cette histoire est tout simplement surréaliste, dénoncent les organisateurs. En plein année de la COP21, la France demande à un pays étranger de bloquer le passage d’une mobilisation climatique à la fois 100 % citoyenne, entièrement pacifique et particulièrement constructive. La liberté d’expression connaitrait-elle des limites en France dès lors qu’on évoque la question du nucléaire ? ». Les cyclistes fichés étudient les possibilités de déposer une plainte contre l’intervention de la police allemande. Il s’agit également pour eux de savoir qui a fait cette demande auprès du procureur de Fribourg, et avec quelle motivation.

Ironie de l’histoire, dans une lettre officielle du 10 juillet, la ministre de l’écologie Ségolène Royal vient d’attribuer le label COP21 [1] au Tour Alternatiba. En dépit de ces déboires, la mobilisation se poursuit avec déjà, au compteur de ces cyclistes militants, plus de 2 300 kms. Au terme de ces 35 premières journées, le tour Alternatiba a participé à des dizaines de conférences publiques, de manifestations à vélos, plusieurs concerts et villages associatifs, ainsi que d’innombrables rencontres avec les collectifs, associations et élus locaux. Il leur reste un peu plus de 3 000 kms à parcourir avant d’atteindre Paris le 26 septembre prochain.

Tous nos articles sur la dynamique Alternatiba à retrouver ici.

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 17:21

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Grand format

La malédiction des phosphates : dans les coulisses polluées et désertifiées de l’agriculture chimique

par , Simon Gouin, Sophie Chapelle

 

 

 

 

En France et en Europe, le recours intensif aux phosphates dans l’agriculture provoque un appauvrissement des sols, pollue les rivières et génère la prolifération des algues vertes. Mais d’où viennent ces phosphates chimiques qui nous servent d’engrais ? De leur dispersion dans les campagnes françaises à leur extraction minière, Basta ! a remonté la filière du phosphate jusqu’en Tunisie, longtemps l’un des principaux fournisseurs de l’Europe. Oasis en voie de désertification, pathologies, pollution marine : ses impacts environnementaux, sanitaires et sociaux y sont également désastreux. Le phosphate, meilleur ami des agriculteurs, vraiment ? Reportage.

Pour profiter de ce reportage en grand format, c’est ici.

Sur les plages du Finistère, les algues vertes prolifèrent de nouveau depuis fin mai. A presque 3000 kilomètres de là, sur le littoral tunisien, les habitants de la ville de Gabès sont confrontés à une grave pollution de l’eau, de l’air et de leurs terres, et redoutent la disparition de leur oasis côtière. Le point commun entre ces maux ? Les phosphates.

En Europe, les phosphates sont abondamment utilisés dans l’agriculture comme engrais, en tant que source de phosphore, mais aussi d’azote, de calcium et d’aluminium. Initialement apporté aux cultures sous forme organique (fumiers ou compost par exemple), le phosphore est de plus en plus épandu sur les terres agricoles européennes sous forme chimique [1].

 

Si les conséquences de la sur-utilisation d’engrais phosphatés sont déjà visibles en France et en Europe [2], qu’en est-il en amont de la filière ? Basta ! a remonté la piste jusqu’en Tunisie où la production et la transformation du phosphate constituent l’un des principaux revenus du pays, avec le tourisme. La Tunisie était rangée au cinquième rang des producteurs mondiaux jusqu’en 2010 (4 % du PIB du pays, 10 % des exportations) [3]. Elle a été, pendant une décennie, l’un des trois principaux fournisseurs d’engrais chimiques de l’Europe, avec le Maroc et la Russie [4]. Confrontée aujourd’hui à des troubles sociaux, l’industrie du phosphate tunisienne est en perte de vitesse. Les contestations qui la paralysent ne sont pas sans lien avec les conséquences environnementales et sanitaires de la production et du traitement du phosphate. Et de décennies d’inconséquences.

Mais où est passée l’eau de l’oasis ?

Pour mieux comprendre l’impact du phosphate sur l’environnement, il faut se rendre à Gabès, à 450 kilomètres au sud de Tunis. Autour de cette ville grise qui borde la Méditerranée, on trouve une ceinture verte de palmiers, d’arbres fruitiers et de maraîchage. Un oasis maritime de 170 hectares où se rencontrent les eaux salées et les eaux douces. Pourtant, en ce mois de mars, seul de petites rigoles coulent ici ou là, dans le fond de la vallée. Une situation exceptionnelle ? Pas vraiment. « Les sources naturelles d’eau ont tari depuis des années », explique Mabrouk Jabri, un instituteur à la retraite. « Maintenant, on n’a accès à l’eau qu’avec des forages », ajoute Abdekhader Béji, un ouvrier agricole.

 

Mais où est passée l’eau qui faisait autrefois de cet oasis un petit paradis sur terre ? Tous les témoignages pointent le Groupe chimique tunisien (GCT). En 1970, cette entreprise d’État s’est installée sur les rives du golfe de Gabès. Elle transforme chaque année environ quatre millions de tonnes de phosphate en engrais et en détergent, dont 90 % sont ensuite exportés par bateau vers l’Europe ou le reste du monde. Une petite partie, l’engrais ammonitrate, serait consommée localement. Pour transformer le phosphate, l’usine utilise de l’eau, beaucoup d’eau. 7 à 8 mètres cubes sont nécessaires pour produire une tonne d’acide phosphorique. Soit la contenance de plus de 50 baignoires standard. « Depuis l’installation du GCT, il y a une diminution remarquable de l’eau dans l’oasis », avance Skandar Rejeb, un professeur d’université et membre de l’Association de sauvegarde de l’oasis de Chenini (Asoc).

 

Photos d’archives du Groupe chimique tunisien :

Photo du GCT, mars 2015 :

L’agriculture dans l’oasis a été bouleversée. Il est de plus en plus difficile de cultiver ses parcelles, particulièrement en été, où les paysans doivent attendre deux mois et demi pour irriguer leurs cultures. « Autrefois, c’était entre 10 et 15 jours », se rappelle l’instituteur Mabrouk Jabri. Puisque l’eau douce se tarit, l’eau salée devient plus présente et détériore les cultures. La biodiversité s’amenuise. « Des espèces d’arbres qu’on voyait dans chaque parcelle disparaissent progressivement, comme les pommiers, les pêchers et les abricotiers », raconte Abdekhader Béji. Face aux difficultés, les jeunes se détournent progressivement de l’agriculture. « L’oasis était un lieu de vie où chaque famille cultivait son lopin de terre. Aujourd’hui, c’est tout un savoir-faire qui est en train de disparaître. » L’oasis ne représenterait plus que 170 hectares. Il en comptait 750 en 1970. Un paradoxe, alors que les phosphates servent à augmenter les rendements agricoles, de l’autre côté de la Méditerranée !

Photos d’archives de l’oasis :

 

Photo de l’oasis aujourd’hui :

« La mer est malade »

L’agriculture de la région n’est pas la seule à être affectée par le Groupe chimique tunisien. En bord de mer, les chalutiers sont amarrés. Seuls de petits bateaux lèvent l’ancre. L’activité du port tourne au ralenti. « Avant l’implantation de l’usine, le golfe de Gabès était un paradis pour les pêcheurs, car c’est un lieu où les poissons se reproduisent, la pépinière de la Méditerranée, expliquent Abdelmajd Ghoul et Fathi Fetoui, deux armateurs. Aujourd’hui, 90 % des poissons ont disparu. La mer est malade. » Là aussi, le GCT est pointé du doigt : tous les jours, le groupe industriel rejette dans la mer environ 13 000 tonnes de boues chargées en phosphogypse, un des déchets de la transformation du phosphate. « Le fond de la mer est tapissé par ces boues, indiquent les pêcheurs. A cause du manque d’oxygène, les fonds marins se sont désertifiés. Les poissons manquent de nourriture. Et quand le soleil tape sur l’eau, une réaction chimique s’opère entre les boues et l’eau. »

 

Un désastre environnemental qui débute au pied de l’usine, où des boues noires affluent à longueur de journée et se jettent dans la Méditerranée. Pour les pêcheurs, les conséquences sont désastreuses. Un des deux armateurs employait 15 marins. Ils ne sont plus que sept. Pour trouver du poisson, ils doivent aller plus loin, vers le Nord et la ville de Sfax. Mais cela demande plus de carburant, donc les coûts augmentent. Faute de travail, de moins en moins de pêcheurs ont accès à la sécurité sociale. Certains ont vendu leur matériel ; d’autres continuent leur activité et réparent régulièrement leurs filets pris dans la colle jaunâtre qui tapisse les fonds marins. A cela s’ajoute un problème de surpêche de gros chalutiers et un manque de contrôle des

autorités.

 

 

Plus de maladies qu’ailleurs ?

En plus des pêcheurs, Gabès a vu ses plages désertées et les touristes disparaître. Les fumées de l’usine et l’odeur de soufre qui rend parfois l’air de la ville irrespirable ont eu raison de son attrait touristique. La dégradation de la qualité de l’air inquiète la population. Les rejets atmosphériques du GCT sont accusés de provoquer des cancers et des cas de fluorose. Cette maladie, Moekles, un jeune informaticien, en est atteint. « J’ai des douleurs aux os, et je peux facilement me casser quelque chose, explique-t-il. Je dois faire attention à chacun de mes mouvements. » Le médecin qui le suit n’a pas fait le lien avec les rejets de l’usine de fluor adossée au GCT. Mais les symptômes de Moekles ne sont pas rares.

Foued Kraiem, le président de l’Association tunisienne de l’environnement et de la nature, suit de près les conséquences de l’industrie du phosphate. Pour lui, la région de Gabès recense une forte densité de maladies, dont des cancers. « Dans certaines familles, plusieurs membres sont malades », atteste t-il, évoquant également des pathologies pulmonaires comme les allergies ou l’asthme. Les malades sont obligés de se rendre à Sfax, à 2h30 de route, pour être soignés, car Gabès n’a pas les infrastructures hospitalières nécessaires. « Nous demandons qu’il y ait une vraie étude épidémiologique, sur 3000 familles », réclame Foued Kraiem. Une étude qui permettrait enfin d’établir les éventuelles responsabilités de l’usine de transformation du phosphates. Et de contrebalancer l’extraordinaire poids économique qu’elle représente à l’échelle de la région, et de la Tunisie !

« Le maximum de bénéfices avec le moins de dépenses possibles »

Dans la région de Gabès, l’usine emploie officiellement près de 4000 personnes. En 2010, le GCT générait 2,1 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Des résultats qui sont tombés aux alentours de 700 millions d’euros, en 2012 et en 2013, à cause des grèves (voir ci-dessous) [5]. Malgré cette diminution, l’usine représente une manne financière extraordinaire pour la Tunisie, un véritable poumon économique... aux conséquences désastreuses sur le long terme.

« Quand l’usine de phosphate a été créée, nos parents ont applaudi : il y aura du travail », se souvient Mabrouk Jabri, l’instituteur de Chenini. Quarante ans plus tard, le bilan est catastrophique. Non seulement le GCT n’a pas investi dans le développement social de la région, mais il a détruit son environnement. « L’usine souhaite réaliser le maximum de bénéfices avec le moins de dépenses possibles, regrette Mabrouk Jabri. La région est touchée par la pauvreté culturelle et les problèmes de santé. Le GCT pourrait au moins résoudre ces problèmes grâce aux millions qu’elle gagne par jour. »

Depuis la révolution tunisienne, la liberté d’expression acquise est utilisée pour critiquer l’usine, autrefois intouchable. Les associations foisonnent, les mobilisations aussi. En 2011, les pêcheurs de Gabès ont bloqué le terminal commercial du GCT pendant une douzaine de jours, afin de faire pression pour que les rejets en mer cessent. Les jeunes de Gabès ont profité du Forum social mondial à Tunis, en mars 2015, pour alerter l’opinion publique sur la pollution environnementale. Les associations et les représentants de la société civile participent désormais à des négociations avec l’entreprise. « Avant la Révolution, il était impossible de discuter avec la compagnie », se souvient Mabrouk Jabri.

 

Entre déni et greenwashing

Le groupe chimique tunisien ouvre désormais ses portes aux journalistes. Il a même recruté un directeur en charge de l’environnement, Noureddine Trabelsi. Dans la salle de réunion sont exposés les différents produits fabriqués sur le site : acide phosphorique, engrais phosphatés, adjuvant d’aliment de bétail... « Nous sommes conscients des problématiques environnementales, que ce soit la pollution atmosphérique ou les rejets en mer, plaide t-il. Mais on injecte 7 millions de dinars dans l’économie de la région. Nous sommes la locomotive de Gabès ! » Face aux critiques, le groupe communique sur les « mises à niveau environnementales » du site de production. Noureddine Trabelsi égrène les millions de dinars investis dans de nouvelles technologies pour réduire, d’ici fin 2015, les émissions d’ammoniac et d’oxyde d’azote. Le groupe espère même « éliminer l’odeur de sulfure  », ce gaz malodorant qui envahit les rues de Gabès par intermittence. Les émissions seront donc toujours présentes, mais bien moins perceptibles, promet-on...

 

 

Si le groupe reconnaît le rejet de phosphogypse en mer – une tonne d’acide phosphorique produite pour cinq tonnes de phosphogypse ! – il dément son rôle dans la dégradation de la faune marine. Mais il admet que la pollution au phosphogypse peut avoir un effet sur la pêche, « l’amenuiser », tout en clamant que « les vrais responsables sont les grands bateaux qui drainent tout ». La responsabilité de la France est aussi pointée du doigt. « La première usine en 1972 a été créée par le SPIE Batignolles (groupe français de BTP, ndlr) qui a programmé ces rejets, rappelle Noureddine Trabelsi. A l’époque, la France rejetait le phosphogypse dans la Seine, avant que ce ne soit interdit à la fin des années 80. On ne savait pas qu’il y avait de la pollution derrière... ». Mais cette ignorance ne suffit plus à tempérer la colère des riverains.

 

Déplacer la pollution

Au fond de la salle, une immense carte du littoral dévoile les ambitions du groupe. « On va faire six pipelines enterrés sur 23 kilomètres pour transporter les boues de phosphogypse », détaille Noureddine Trabelsi. Soutenu par l’Union européenne, le projet visait initialement à stocker les boues à Ouedref, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Gabès. « On a proposé un stockage avec une géomembrane, mais la population a refusé... On vient de proposer deux autres sites à la société civile. » Aux craintes de contamination des nappes phréatiques s’ajoutent celles relatives à la radioactivité des boues. « Avec la Révolution, c’est devenu difficile. Les habitants ne veulent plus de décharges chez eux. Et en même temps, tout le monde veut être recruté par notre groupe. »

 

 

Le GCT rejette par ailleurs toute responsabilité dans l’épuisement des nappes. « Notre groupe, c’est 6 % de la consommation d’eau à Gabès. Or, le manque d’eau est dû à l’agriculture qui en consomme 80 % », se défend le responsable environnement de l’entreprise, sans être en mesure de nous transmettre la moindre étude à ce sujet. Une chose est sûre : la consommation d’eau du groupe s’est réduite ces dernières années suite à la division par deux de la production [6]. « On rencontre des difficultés dans l’approvisionnement en phosphates. Il y a des problèmes sociaux dans le bassin minier de Gafsa, là où sont extraits les phosphates. On espère que la situation va se débloquer... »

 

Dans les mines : « Les oubliés du phosphate »

Les rails qui longent le complexe industriel de Gabès mènent au bassin minier de Gafsa, un parcours de 150 kilomètres vers l’Ouest de la Tunisie. C’est là que les phosphates sont extraits du sous-sol avant d’être envoyés à Gabès pour y être transformés. Là aussi, c’est une entreprise liée aux phosphates, la CPG [7], qui reste le principal employeur de la région. L’entreprise est l’un des plus gros producteurs de phosphates dans le monde (8 millions de tonnes en 2010). Mais a quasiment cessé d’embaucher [8].

« Avec les modernisations des techniques d’extraction, la CPG a besoin de moins en moins besoin d’ouvriers, indique Taoufik Ain, de l’Association du bassin minier pour l’investissement et développement, à Moularés. Il y en avait 15 000 en 1980, on est à 5 000 aujourd’hui. » « En 2014, les pertes, aggravées par la baisse des cours du phosphate – entamée en 2012 et qui pourrait durer jusqu’en 2025 selon la Banque mondiale –, ont atteint 20 millions de dinars (8,8 millions d’euros) en 2014 », précise le journal Jeune Afrique.

 

Dynamite, poussières, cancers

Dans cette région du Sud-Ouest, le chômage atteint 29 %. A la désespérance sociale se mêlent les problèmes sanitaires. « Les poussières provoquent des maladies respiratoires, des cancers. Il y a aussi des problèmes de dents à cause du fluor présent dans l’eau. Les os peuvent se casser. » L’absence d’hôpital à Gafsa contraint les habitants à se rendre à Tunis ou Sousse. Dans cette zone aussi, les habitants constatent l’épuisement de l’eau souterraine. « Il n’y a pas d’agriculture possible avec ces ressources en eau qui diminuent. »

 

 

« Le problème, ce n’est pas le phosphate, mais la façon dont on le traite », précise Zaybi Abdessalem, de l’association Mlal environnement. « Pour l’extraire, on utilise de la dynamite. Les secousses sont entendues tous les jours, à midi. Elles ébranlent les maisons, causent des fissures chez ceux qui sont à un ou deux kilomètres. Plus on met d’explosif pour extraire davantage de phosphate, plus les poussières se dispersent sur le territoire. » Pour éviter que les poussières ne se répandent dans l’environnement, le phosphate doit normalement être humidifié lors du transport. « Comme ils veulent gagner du temps et de l’argent, ils ne le font pas. Au Maroc, ils respectent les normes alors qu’ils extraient deux fois plus de phosphate. Ici, ils veulent en vendre plus et ils se fichent de notre santé ! » Depuis quatre ans, la vie des « oubliés du phosphate » bat au rythme des revendications sociales, des grèves et des mouvements protestataires (voir la bande annonce de Maudit soit le phosphate, un documentaire sur les grèves et leur répression).

 

http://primed.tv/maudit-soit-le-phosphate/

De Gabès à Gafsa : « pollueur payeur »

Une telle industrie, même en s’adaptant, peut-elle être plus respectueuse de l’environnement ? C’est le point de vue des responsables des associations du bassin minier de Gafsa. « L’eau qui sert à laver le phosphate pourrait être réutilisée au moins deux fois pour le lavage des nouvelles roches », illustre l’un d’eux. Ce qu’ils espèrent surtout, c’est une redistribution d’une partie de l’argent du phosphate pour soutenir le développement de la région, en termes de soins de santé ou d’éducation. « Nous avons le droit de vivre dans un bassin minier propre. Il faut respecter la loi et sinon, on doit retirer la licence de l’entreprise ! »

A Gabès, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), centrale syndicale, réclame l’application du principe « pollueur payeur ». « Il n’y a pas d’équilibre entre un secteur qui produit beaucoup d’argent, mais aussi beaucoup de dégâts. Rien n’a été fait depuis les années 1970. Nos services sanitaires ne sont pas à la hauteur. Les habitants sont obligés d’aller à Sfax ou Sousse pour se faire soigner. Malgré les législations tunisiennes, aucune étude d’impact n’est réalisée. » Le syndicat demande lui aussi un soutien au développement économique et social de la région.

Changer de modèle de développement

Autour du complexe chimique, les citoyens n’attendent plus que l’entreprise agisse. Ils multiplient les projets pour sauvegarder l’oasis de Gabès, construisant des retenues d’eau, soutenant l’installation de paysans, développant un tourisme solidaire et la commercialisation de produits locaux (voir notre reportage). Ensemble, ils démontrent qu’un autre développement de la région est toujours possible. Mais réussiront-ils si l’eau ne revient pas ?

 

 

A l’autre bout de la filière, en France et en Europe, les engrais phosphatés contribuent à une dégradation générale de la situation environnementale. Combien de temps faudra t-il pour réguler un système destructeur pour l’environnement et la santé, dans lequel les habitants et les agriculteurs sont pris au piège ? Au-delà de la seule limitation des phosphates dans les lessives et détergents pour lave-vaisselles à usage domestique...

Texte : Simon Gouin et Sophie Chapelle

Images (photos et vidéos) : Nathalie Crubézy / Collectif à vif(s)
Sauf :
- Photo de Une (algues vertes) : CC Cristina Barroca
- Photo Algues vertes : CC TheSupermat

- Le reportage photo est tiré du projet en cours "Time for change : pour une production et une consommation soutenables des matières premières" porté par l’Aitec, en partenariat avec Attac, Bastamag et le collectif à-vif(s)

Notes

[1Voir les statistiques sur la consommation d’engrais en Europe

[2La concentration excessive de phosphates dans l’eau entraine une eutrophisation des rivières à débit lent des lacs, des réservoirs et des zones côtières, qui se manifeste par une prolifération d’algues bleu-verte, une moindre infiltration de la lumière, la raréfaction de l’oxygène dans les eaux de surface, la disparition des invertébrés benthiques et la production de toxines nuisibles aux poissons, au bétail et aux humains. Source

[3La Chine, le Maroc et les États-Unis assurent à eux-seuls plus des deux tiers de la production mondiale de phosphates, voir U.S. Geological Survey, Mineral Commodity Summaries, Janvier 2015 Source

[4The World Phosphate Market, What Risk for the European Union, Inra, Juin 2014 (voir ici).

[6« La quantité de phosphates produite a pu atteindre 3,9 millions de tonnes de phosphates maximum par an à Gabès, illustre Noureddine Trabelsi. Aujourd’hui on est à deux millions de tonnes. »

[7La CPG, compagnie des phosphates de Gafsa, est une entreprise publique qui a fusionné en 1994 avec l’un des principaux groupes industriels en Tunisie, le Groupe Chimique Tunisien (également public).

[8Un plan stratégique de réforme intitulé « Plan de réhabilitation de la CPG » fut mis en place par le gouvernement tunisien à partir de 1985. Financé par des prêts, de la Banque mondiale puis de la Banque africaine de développement, ce plan prévoyait notamment la mécanisation de la production, la réduction des charges et des coûts d’exploitation et la réduction des effectifs. Voir les rapports disponibles sur le site de la Banque africaine de développement

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 17:01

 

 

Source : http://info.arte.tv

 

 

 

Réfugiés : près de Berlin, une initiative solidaire et citoyenne

Dernière màj le 22 juillet 2015

Dernière màj le 22 juillet 2015

 

 

Gransee, commune de six mille habitants près de Berlin, accueille environ 80 réfugiés. Et compte au moins autant d'habitants engagés dans l'initiative citoyenne et solidaire « Bienvenue à Gransee ».

 

Les Européens se sont entendus lundi pour delester provisoirement la Grèce et l'Italie de la prise en charge de demandeurs d'asile, surtout Syriens et Erythréens, mais au rabais, en n'offrant que 32 256 places, contre les 40 000 requises. -

 

En Europe, des citoyens n'ont pas attendu les décisions de Bruxelles pour favoriser l'intégration des nouveaux arrivants. Exemple à Gransee, commune de six mille âmes située près de Berlin, qui accueille environ quatre-vingt réfugiés. Et compte au moins autant d'habitants engagés dans l'initiative citoyenne et solidaire "Bienvenue à Gransee".

 

 

 

 

Source : http://info.arte.tv

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21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 20:47

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Construire l'Europe des citoyens !

Bruno Langlois
 
 
 
 
Pour le Mariannaute Bruno Langlois, il est urgent de redonner un élan démocratique à la construction européenne. Il propose donc de créer un comité d'initiative regroupant citoyens, intellectuels, militants politiques, syndicaux et associatifs. Et il appelle notamment "les dirigeants politiques européens qui aspirent à diriger les exécutifs de chacun des Etats membres de l'Union européenne" à s'engager à "organiser un vote citoyen simultané et coordonné à l'échelle de l'Union européenne qui permettra de dégager de manière transparente et démocratique les grandes orientations politiques de l'Union."
 
Emilio Morenatti/AP/SIPA
 

Il est temps d'agir. La construction européenne, depuis plus de cinquante-huit ans, a été jalonnée par un ensemble de traités entre Etats qui ont posé les fondements de l'Union européenne telle que nous la connaissons aujourd'hui. Le moteur de cette construction est désormais en panne. Seul un vote simultané et coordonné à l'échelle de l'ensemble de l'Union européenne pour désigner les pouvoirs exécutifs de chaque Etat membre autoriserait le grand débat démocratique capable de faire émerger et de légitimer les grandes orientations et prises de décisions politiques dont la construction européenne a urgemment besoin. L'absence de tout processus de cette nature participe à la désaffection des citoyens pour les institutions européennes actuelles. Ce déficit démocratique est source de confusion, de déception et souvent même de frustration. Les traités européens apparaissent aux peuples comme des accords contraignants même s'ils sont adoptés par tous les Etats membres de l'Union européenne. Ces traités définissent pourtant les objectifs poursuivis, les règles de fonctionnement, les procédures à suivre pour prendre des décisions et régir les relations entre l'Union européenne et les Etats membres. Ils étaient censés constituer le socle d'une relation de confiance et de paix. Ils donnent aujourd'hui une image très autocratique de l'Union européenne.

Dans ces conditions, comment trouver la bonne réponse à un référendum demandant au peuple souverain d'un seul Etat membre de trancher dans un différend qui l'oppose à d'autres Etats membres ? Les dirigeants de cet Etat démocratiquement élus sont-ils plus légitimes que ceux d'un autre Etat tout aussi démocratiquement élus. Quand les traités européens sont négociés et signés entre Etats souverains, ils apparaissent généralement comme le résultat de compromis qui ne revêtent aucune légitimité démocratique aux yeux des citoyens européens. Ils engagent pourtant durablement la responsabilité des Etats qui les signent et constituent les règles de droit international sur lesquelles est fondée l'Union européenne et les directives qu'elle édicte.

Pour relancer l'Europe, nous prenons l'initiative de cet appel. Nous nous croyons capables de redonner un élan démocratique à la construction européenne par une mesure simple. Nous pensons que c'est le devoir des dirigeants européens actuels et futurs de trouver une issue positive à la crise que traverse l'Union européenne en ce moment. En soutenant massivement cet appel, les peuples européens peuvent contribuer à cette prise de conscience à court terme. Nous appelons donc à la constitution dans toute l'Union européenne d'un comité d'initiative, aussi large que possible, rassemblant les peuples européens, les personnalités du monde intellectuel, culturel et économique, les militants politiques, syndicaux ou associatifs. Ce comité aura vocation à diffuser largement cet appel dans toutes les langues de l'Union européenne pour le seul but de contribuer à un mouvement démocratique d'ampleur à l'échelle de toute l'Europe autour d'une exigence claire et facile à mettre en œuvre : « Que tous les dirigeants politiques européens qui aspirent à diriger les exécutifs de chacun des Etats membres de l'Union européenne s'engagent, dans le respect des règles constitutionnelles nationales et par tous les moyens légaux à leur disposition, notamment la démission anticipée de leur mandat électif et l'exercice du droit de dissolution, à organiser un vote citoyen simultané et coordonné à l'échelle de l'Union européenne qui permettra de dégager de manière transparente et démocratique les grandes orientations politiques de l'Union sur la durée de mandats nationaux harmonisés à quatre ou cinq ans. »

Ainsi les peuples d'Europe pourront construire des majorités politiques européennes et décider ensemble d'un avenir commun à la fois dans le strict cadre des nations et au-delà des Etats nationaux. Tous les dirigeants européens qui revendiquent agir au nom de la démocratie et pour la construction d'une Europe des peuples souverains doivent adhérer à cet appel pour faire émerger le modèle politique que nous appelons tous de nos vœux et relever les défis du XXIe siècle autour de valeurs partagées à l'échelle européenne. Nous pouvons exiger de nos femmes et hommes politiques qui aspirent aux plus fonctions de nos Etats européens cet engagement public et solennel. Nous n'avons qu'un espoir : susciter le soutien massif qui donnera l'impulsion nécessaire au dépassement des petits enjeux politiciens nationaux. L'espoir commence par des actions concrètes. Il est à la portée des peuples européens.

 

Si vous souhaiter en savoir plus sur cette initiative : construireleuropedescitoyens@numericable.fr

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 19:03

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Aris Chatzistefanou : « Si la rébellion contre l’austérité persiste, ils joueront la carte du fascisme »
Entretien réalisé par Rosa Moussaoui
Lundi, 20 Juillet, 2015
Humanite.fr
Photo : Stefania Mizara
 
Le réalisateur a signé les documentaires « Debtocracy », « Catastroïka » et « Fascism Inc. ». Il est aussi cofondateur du magazine critique Unfollow. Retour sur une défaite grecque aux conséquences incertaines.

 

Athènes (Grèce), envoyée spéciale.

 

Comment jugez-vous l'accord imposé à Alexis Tsipras par les créanciers et ratifié par la Vouli malgré le « non » massif exprimé par le peuple grec lors du référendum du 5 juillet ?

Aris Chatzistefanou. Pour moi cet accord est une capitulation totale, je n'ai pas d'autre mot. Pour la première fois depuis quarante ans, le peuple grec avait enfin la possibilité de s'exprimer, de décider de son futur et ce gouvernement a finalement décidé de tourner le dos à l'expression de la volonté populaire en reprenant des négociations menant à la même impasse qu'avant le référendum. C'est à se demander s'ils voulaient vraiment gagner ce référendum, s'ils n'espéraient pas un résultat plus serré pour se revendiquer d'un mandat trop confus pour aller à la confrontation. Cela crée une situation de danger, pas seulement pour la Grèce, mais pour toute la gauche en Europe. Walter Benjamin disait du fascisme qu'il prospère sur les décombres des révolutions perdues. En ce sens, si la gauche grecque perd cette bataille, cela enverra un message négatif à tous les partis progressistes et à tous les militants de gauche en Europe mais surtout, cela libèrera l'espace pour les nazis d'Aube dorée, qui sont les héritiers en ligne directe des collaborationnistes grecs durant l'occupation allemande. Ils auront l'opportunité de se présenter comme les seuls représentants d'une ligne anti-système, anti-austérité. Dans la nuit de la ratification de l'accord, leur chef, Nikolaos Michaloliakos, s'est approprié un vocabulaire de gauche pour critiquer le capitalisme, l'Union européenne, la zone euro. Nous sommes face à un sérieux danger.

 

Cette capitulation tient-elle seulement à la volonté du Premier ministre grec, du gouvernement Syriza ? Que dites-vous de l'odieux chantage des créanciers, des institutions européennes, des autres chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro ?

Aris Chatzistefanou. Il ne s'agit pas seulement de chantage. Nous avons assisté à un coup d'État. De la même façon, la Banque centrale européenne était intervenue en 2011 pour renverser le gouvernement Berlusconi en Italie. Peu importe ce qu'on pense de Berlusconi : c'était un coup d'Etat financier. La BCE s'était alors employée à faire monter délibérément les taux d'intérêts de la dette, pour faire tomber un gouvernement élu. George Papandréou a subi le même sort, il a été remplacé par un banquier non élu, Lucas Papademos, incarnation d'une dictature de la finance. Je ne le nie pas : le gouvernement Tsipras a été pris au piège et s'est retrouvé dans une position très dangereuse. Mais cela tient aussi à leurs erreurs. Ces vingt dernières années, au sein de Synaspismos, puis de Syriza, il y avait cette confusion entre attachement à l'Europe et tabou de l'euro. Exprimer de la méfiance vis à vis de l'euro faisait de vous, à leurs yeux, un nationaliste tournant le dos aux autres peuples d'Europe. Mais l'Union européenne, ce n'est pas une famille de nations ! C'est juste un instrument au service des grandes puissances financières. La direction de Syriza n'a jamais voulu ouvrir les yeux là dessus. Si vous allez à des négociations sans être prêt à envisager le défaut, la sortie de la zone euro et la nationalisation des banques, il n'y a aucun espace de négociation pour vous. Il était évident que dans cette position, sans autres options, les négociateurs grecs se mettaient à la merci du chantage. Il y avait à la fois ce terrible chantage et les erreurs fatales du gouvernement Tsipras.

 

Vos films décrivent le saccage démocratique qui a accompagné les politiques d'austérité imposées au peuple grec. La dette est-elle devenue un régime politique ?

Aris Chatzistefanou. Absolument. Leur stratégie n’est plus celle de l’intervention militaire. Ils se contentent de dicter leurs choix en contrôlant, via la Banque centrale européenne, les flux de capitaux en direction des pays endettés. Pour l'instant, nous n'avons pas d'armes pour répondre à ce genre d'agression. C'est la même chose que d'envoyer des chars ou des troupes au sol. Vous n'avez pas besoin de tuer des gens, quoique... On le voit en Ukraine, l'UE n'a aucun problème à coopérer avec des fascistes qui tuent mais ça, disons que c'est le dernier stade. Avant, il y a tout une panoplie de mesures de coercition, ils les ont utilisées en Grèce. Dans les années 70 et 80, la dette est devenue le mécanisme principal par lequel ils ont pris le contrôle de nombreux pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine. Pour la première fois nous voyons, depuis cinq ans, que ce mécanisme s'applique à des pays de l'Union européenne.

 

Dans cet accord, quels aspects vous paraissent les plus préoccupants, les mesures d'austérité ou les abandons de souveraineté?

Aris Chatzistefanou. Ces deux aspects sont indissociables. Ils savent que ces mesures d'austérité, que ces privatisations ne pourront s'imposer sans perte de souveraineté, sans attaque directe contre la démocratie, contre la liberté de la presse. Pour rappel, nous avons perdu, au gré des programmes d’austérité, cinquante places dans l'indice établi par Reporters sans frontières, ce qui nous ravale au rang des dictatures ou des pétromonarchies du Golfe.

 

Pourquoi le choix de la Grèce comme terrain d'expérimentation de ce néolibéralisme autoritaire?

Aris Chatzistefanou. Bien sûr ce sont les failles architecturales de la zone euro qui ont crée et aggravé le problème de la dette mais les défauts structurels de l'économie grecque ont fait du pays un maillon faible. Peut être aussi la Grèce a-t-elle été prise pour cible parce que son peuple est enclin à la rébellion. En détruisant l'économie de la Grèce, ils tentent aussi de réduire au silence l'une des sociétés les plus politisées d'Europe.

 

D'où vient cette tradition de délibération et de résistance?

Aris Chatzistefanou. Peut-être que la guerre civile n'a jamais vraiment pris fin. Nous sommes le seul pays d'Europe où les collaborateurs des nazis ne se sont pas retrouvés dans la position des vaincus. Ils ont gagné la guerre civile et sont devenus l'armature de l'appareil d'Etat et de la classe bourgeoise, ils ont pris part à la dictature des colonels. Désormais leurs enfants, leurs petits-enfants sont les complices les plus loyaux de cette dictature financière. La gauche, elle, même réprimée, a su entretenir l'esprit de résistance et garder sa clairvoyance : nous devions survivre dans cet Etat contrôlé par les vieux ennemis de la Grèce.

 

Quelles seront les conséquences de cette défaite sur le peuple grec? Est-ce qu'elle annihile ses capacités de résistance ?

Aris Chatzistefanou. Si vous observez l'humeur des gens dans la rue, vous êtes tentés de dire que le fatalisme va l'emporter. Un tel enthousiasme a accueilli la victoire du « non » au référendum ! Et quelques jours plus tard seulement, découvrir ce nouveau mémorandum était totalement déprimant... Mais je reste optimiste. En fait, je viens de vivre le meilleur mois de ma vie. J'ai découvert un peuple qui, même sous la menace, avec les banques fermées, avec une propagande médiatique lui promettant la mort, a eu le courage de dire « non ». C'est le plus important pour moi. L’autre fois, à Athènes, un jeune couple m’a demandé sa route. L’itinéraire était un peu compliqué. Ils ont réagi en disant, avec humour : « Nous renonçons ! C’est plus simple de retourner à la drachme ! » Peu importe ce que fait la direction de Syriza, je suis sûr à 100% que ce nouveau paquet austéritaire ne pourra être appliqué en pratique. Même le FMI admet que c'est un plan fou. En fait, si je devais garder un instant de ce mois si dense, ce serait le « non » du 5 juillet, qui nous rend fiers et heureux. Ce « non » du peuple grec marquera durablement les consciences, quoi qu’il arrive.

 

Comment expliquez-vous la résistance des Grecs à l'austérité, sur une si longue durée?

Aris Chatzistefanou. Il n'y a pas d'autre choix ! Ce n'est pas seulement la posture de la Pasionaria, « mourir debout plutôt que vivre à genoux ». Certains parlent de « dignité », pour moi ce n'est pas une affaire de dignité, simplement il n'y a pas d'autre solution. Nous avons subi ces cinq dernières années deux mémorandums qui ont détruit l'économie grecque. Nous avons commencé avec une dette à 115% du PIB et après la période dite de « sauvetage », elle est montée à 180% du PIB. Les nouvelles projections évoquent une dette à 200% du PIB avec ce troisième mémorandum. Nous avons perdu un quart du PIB. Il n'y a aucun précédent historique dans un pays qui n'est pas en guerre. Nous avons 1,5 millions de chômeurs. Plus de la moitié de la jeunesse est privée d'emploi. Dire « stop », ce n'est pas une histoire de dignité, c'est une affaire de survie.

 

L'opposition entre le « oui » et le « non » au référendum a mis au jour un fort clivage de classe. Cela laissera-t-il des traces ?

Aris Chatzistefanou. Il est toujours bon de revenir aux fondamentaux, à la lutte des classe. La cartographie électorale du « non » et du « oui » révèle une claire conscience de classe. Mais ceci posé, je crains que la droite et l'extrême-droite ne tirent avantage de cette situation. Le système lui même, s'il constate que cette rébellion du « non » ne s'éteint pas, sera tenté d'instrumentaliser le fascisme pour dévoyer le mouvement populaire. Nous en sommes à ce point très critique. Bien sûr, l'histoire ne se répète pas, si ce n'est sous forme de farce, mais cela me rappelle 1923 lorsqu’Hitler, après l'échec du putsch de la Brasserie, a été mis en prison pour quelques mois. Au fond nous sommes dans la même position, avec toute la direction d'Aube dorée en prison ou en procès.

 

Cette victoire des usuriers de la Grèce va-t-elle entraver la montée des forces anti-austérité ailleurs en Europe, en Espagne en particulier ?

Aris Chatzistefanou. Nous devons attendre et observer la suite des évènements. La montée de Podemos était, c'est vrai, indexée sur celle de Syriza, jusqu'aux élections législatives du 25 janvier. Ils ont aussi profité de la victoire du « non », avant que l'adoption du nouveau mémorandum ne se traduise pour eux par une chute dans les sondages. Personnellement, j'attends de Podemos quelque chose de plus radical. Je ne suis enthousiasmé ni par leurs propositions ni par leur stratégie. Ils sont bien plus modérés que Syriza qui, déjà, est un parti de gauche modéré. Mais c’est une évidence, ce qui se passe en Grèce est déterminant pour le devenir du mouvement contre l'austérité partout en Europe. J'espère que les militants de Syriza, majoritairement opposés à cet accord, ne s'en tiendront pas là et, surtout, que le peuple grec trouvera les ressources pour réagir.

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

 

 

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