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24 août 2015 1 24 /08 /août /2015 17:03

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

« Lundi noir » en Bourse : « Le CAC 40 n’avait pas enregistré une telle chute en séance depuis 2008 »

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par

 

 

 

 

A la Bourse de Shanghai, en octobre 2014.

La Bourse de Shanghai a connu une nouvelle journée noire, lundi 24 août, perdant jusqu’à plus de 9 % en séance et clôturant en baisse de 8,5 %, provoquant d’importantes secousses sur les marchés financiers mondiaux : la Bourse de Paris a perdu jusqu’à 8 % lundi après-midi, avant de fermer sur une baisse de 5,35 %.

 

Lire aussi : Les Bourses européennes clôturent en forte baisse après un « lundi noir » à Shanghaï

 

Olivier Raingeard, chef économiste chez Neuflize OBC, rappelle que ce krach intervient après des années de hausse des marchés, alimentée par les politiques très accommodantes des banques centrales.

Le CAC 40 a perdu plus de 8 % en séance avant de clôturer en chute de 5,35 %. Assistons-nous à un nouveau krach boursier ?

Nous venons en effet de vivre un nouveau krach. Le CAC 40 n’avait pas enregistré une telle chute en séance depuis 2008 lors de la crise des subprimes. Le plongeon des indices boursiers chinois a déclenché un mouvement de panique en Europe et aux États-Unis. Les investisseurs s’inquiètent de la vigueur de l’économie chinoise, qui montre des signes sévères de ralentissement, et de son impact sur l’économie mondiale. La dévaluation du yuan le 11 août a d’ailleurs été perçue comme le signe que le ralentissement de la croissance de la Chine est plus important que prévu.

 

Lire aussi : Trois questions pour comprendre l’effondrement de la Bourse chinoise et des marchés mondiaux

 

Ce krach intervient après des mois de hausse…

Au niveau mondial, les marchés boursiers connaissent un cycle haussier depuis maintenant six ans. Cette hausse des indices a notamment été soutenue et alimentée par les politiques très accommodantes des banques centrales – la Fed, la Banque du Japon, puis la BCE. Après un tel cycle de hausse, il est logique qu’au moindre accroc les actions, dont les valorisations ont fortement progressé, en pâtissent, même si l’ampleur et la vitesse de la baisse de ces derniers jours sortent de l’ordinaire.

 

Comment le marché va-t-il réagir dans les prochains jours ?

Il est toujours difficile de répondre à cette question, mais généralement après un tel krach les marchés ont tendance à se stabiliser, tout en connaissant des séances très agitées. La publication de statistiques économiques rassurantes aux États-Unis ou en Europe ou l’intervention des banques centrales des pays émergents pourraient ramener le calme sur les marchés.

 

 Frédéric Cazenave

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

 

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Source : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/

 

 
Trois questions pour comprendre l’effondrement de la Bourse chinoise et des marchés mondiaux

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par

 
 
 

A la Bourse de Shanghaï, le 13 août.

Les marchés asiatiques ont plongé, lundi 24 août, entraînés par une nouvelle débâcle de la Bourse de Shanghaï, qui a perdu 8,5 % en clôture, son plus net recul en séance depuis 2007.

Concrètement, que se passe-t-il ?

La baisse de ce lundi a été déclenchée par la conviction de plus en plus forte des investisseurs qu’un atterrissage brutal de l’économie chinoise, locomotive de l’économie mondiale pendant les dernières années, est désormais inévitable.

Lire aussi : « Les marchés ont peur d’une nouvelle faiblesse de l’économie chinoise »

Que la Bourse dévisse de la sorte signifie que les investisseurs ont décidé que les valeurs cotées sur la place chinoise valaient moins qu’avant. Ou, plus précisément, celles regroupées dans son indice « phare », comme l’explique Euronext :

« Quand vous entendez aux informations que le cours des valeurs ou que la Bourse monte, les journalistes font référence à un indice. Un indice boursier est un regroupement spécifique de valeurs : la hausse ou la baisse de sa valeur reflète les mouvements de l’ensemble des actions qui composent l’indice. »

La conséquence, dans un premier temps, est que de grandes entreprises chinoises voient leur valeur boursière baisser. Cette chute de la valeur de leurs actions ne signifie pas qu’elles perdent de l’argent, mais c’est une preuve de l’inquiétude des investisseurs qui peut limiter leurs possibilités de se financer sur les marchés.

L’autre problème de ce recul des marchés chinois est son amplitude. Au total, l’indice composite de la Bourse de Shanghaï a baissé de 38 % depuis son pic de juin. Avant de s’effondrer mi-juin, la Bourse de Shanghaï s’était envolée de 150 % en l’espace d’un an, dopée par l’endettement et de façon totalement déconnectée de l’économie réelle.

 

C’est ce qu’on appelle une « bulle » : les investissements des Chinois sur leur marché relativement récent ne reflètent pas la valeur des entreprises qui y sont cotées. Plus de 40 millions de comptes boursiers ont été ouverts entre juin 2014 et mai 2015.

Autre inquiétude, le risque de manipulation des chiffres officiels : le gouvernement a ainsi annoncé une croissance au 2e trimestre correspondant exactement aux prévisions du gouvernement alors que les indicateurs envoient de plus en plus de signaux d’alerte. Selon Patrick Artus de Natixis, la Chine serait plus proche d’une croissance de 2 ou 3 % pour cette année, que des 7 % fixés par Pékin.

Lire aussi : Chine : derrière le plongeon des marchés, la crise de l’économie réelle

 

C’est grave ?

Assez, oui. Selon les observateurs aguerris des marchés, on peut parler d’un début de panique : « Les choses commencent à ressembler à la crise financière asiatique de la fin des années 1990. Des spéculateurs se débarrassent des actifs qui semblent les plus vulnérables », avance Takako Masai, directeur de recherches à la Shinsei Bank de Tokyo.

Par ricochet, la déprime touche aussi les matières premières : le cuivre, considéré comme un baromètre de la demande mondiale, a atteint lundi son cours le plus bas depuis six ans et demi. Cette débâcle du marché chinois se double d’une chute du prix du pétrole, le brut américain repassant sous la barre des 40 dollars.

Même si les consommateurs (les industries principalement) peuvent se féliciter d’une réduction de leur facture d’approvisionnement, ces baisses de prix ne sont pas une bonne nouvelle pour l’économie mondiale : la désinflation signifie généralement un ralentissement de la croissance et donc à la clé moins de création de valeur, moins de consommation, moins d’emploi, moins d’investissement, etc.

Lire aussi : « Les marchés ont peur d’une nouvelle faiblesse de l’économie chinoise »

 

En quoi la baisse des Bourses asiatiques nous concerne ?

Qui dit mondialisation des échanges, dit aussi interdépendance entre les marchés financiers. L’argent circule d’une économie à l’autre par le biais des devises, des crédits, etc. Et les investisseurs sont des multinationales qui réfléchissent dans un monde interconnecté.

Ainsi, les principales Bourses européennes essuient de lourdes pertes lundi. Pour les spécialistes, l’analyse est claire : les investisseurs s’inquiètent des conséquences du ralentissement chinois sur la croissance mondiale.

« L’absence d’annonces de mesures par les autorités chinoises afin de stabiliser l’économie a mis le feu aux poudres, avec à la clé un effondrement des indices boursiers partout en Asie, qui contamine l’Europe ce [lundi] matin », résument les stratégistes chez Crédit Mutuel-CIC.

Jacques Attali a même prédit une « dépression planétaire » sur son blog. Expliquant que les 200 millions de membres de la classe moyenne chinoise ont investi la moitié de leur épargne en Bourse, et que l’autre moitié est investie dans l’immobilier (qui risque de souffrir considérablement d’un ralentissement de la croissance dans l’empire du Milieu), l’économiste avance :

« La récession chinoise, si elle se confirme, entraînera celle du Brésil, qui provoquera celle des Etats-Unis, puis la nôtre. »

En clair, la Chine va exporter son ralentissement dans d’autres économies émergentes : ces dernières, qui ont joué le rôle de relais de croissance quand la crise financière a frappé en 2007, ne pourront malheureusement pas rééditer l’exploit en cas de nouveau coup de froid sur l’économie mondiale.

Lire aussi : Quand la Chine vacille, le monde tremble

 

 Mathilde Damgé

 

 

Source : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/

 

 

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24 août 2015 1 24 /08 /août /2015 16:49

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Le travail le dimanche et l'intérêt du salarié
Daniel Roucous
Mercredi, 19 Août, 2015
Humanite.fr

Photo AFP/Philippe Huguen
Dans l’intérêt du salarié, le repos hebdomadaire est donné le dimanche… sauf dans les cas que nous recensons suite à la publication de la loi Macron.
 

La loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques dite « Macron » (*) est effective depuis le 8 août 2015. Voici ce qui est prévu, à effet immédiat ou à venir,  à propos du travail le dimanche et les conséquences pour les salariés.

 

Les dimanches du maire

Dès maintenant, les maires peuvent, d’ici la fin de l’année 2015, autoriser les commerces de leurs communes à ouvrir jusqu’à 9 dimanches (5 dimanches auparavant, 12 dimanches à partir de 2016). Les dimanches travaillés devront être listés avant le 31 décembre pour l’année suivante, après avis du conseil municipal ou de l’organe délibérant de l’EPCI (établissement public de coopération intercommunale) à fiscalité propre si le nombre de dimanches excède 5. Les maires (le préfet à Paris) doivent également avoir l’avis des organisations d’employeurs et des organisations des salariés.

- Côté salariés : ils doivent être volontaires pour travailler le dimanche. Ce qui signifie que ce n'est pas une obligation, qu’ils doivent donner leur accord écrit et que leur refus de travailler le dimanche ne peut être un motif de sanction ni de licenciement. Evidemment en pratique ce n'est pas si simple mais c'est la loi!

Rémunération majorée de 100% et repos compensateur équivalent en temps + dispositions à prendre par l’employeur afin que les salariés puissent aller voter les jours d’élections.

Références : articles L3132-26 à L3132-27-1 du code du travail.

 

Les dimanches du préfet

C’est inchangé, les préfets peuvent autoriser les entreprises dont la fermeture serait préjudiciable au public (magasins de bricolage par exemple) à accorder le repos hebdomadaire un autre jour que le dimanche à leurs salariés.

C’est nouveau, ces autorisations peuvent être accordées pour trois ans après avis du conseil municipal ou de l’organe délibérant de l’EPCI à fiscalité propre, des chambres de commerce, d’industrie, de métiers et de l’artisanat ainsi que des organisations patronales et syndicales… sauf urgence justifiée (?).

- Côté salariés : les conditions de travail et de rémunération sont fixées par un accord collectif, à défaut par référendum à l'initiative d el'employeur. En l’absence d’accord collectif, tout salarié a la possibilité de refuser de travailler trois dimanches par an, à condition d’en informer son employeur par écrit 1 mois avant chaque dimanche qu’il refuse de travailler. 

Dans tous les cas, le travail du dimanche se fait sur la base du volontariat (accord écrit du salarié volontaire).

 

Dans les commerces de détail alimentaires

C’est inchangé, tous les dimanches sont travaillés jusqu’à 13 heures.

- Côté salariés : pas de rémunération majorée (sauf accords professionnels ou conventions collectives) mais repos compensateur d’une journée entière, par roulement et par quinzaine.

Ce qui va changer :

- dans les zones touristiques internationales (ZTI), les zones touristiques (ZT) et zones commerciales (ZC), également  dans l’emprise d’une des gares dont la liste sera arrêtée en septembre, le travail du dimanche après 13 heures est autorisé de droit. Il s'exécute aux conditions de rémunération et de repos compensateur à prévoir par accord collectif dans l’entreprise et sur la base du volontariat du salarié (accord écrit) ;

- dans les commerces de détail alimentaires d’une surface de vente supérieure à 400 m2, travailler le dimanche donne droit à une majoration du salaire d’au moins 30%.

Référence : articles L3132-13 et L3132-25-5 du code du travail.

 

Dans les entreprises ayant une dérogation de droit

C’est inchangé, les entreprises et commerces listés à l’article R3132-5 du code du travail, bénéficient d’une dérogation permanente de droit à l’obligation d’accorder le repos hebdomadaire le dimanche.

Il s’agit d’établissements dont le fonctionnement (ou l’ouverture) est rendu nécessaire par les contraintes de la production, de l’activité ou les besoins du public.

On y trouve tous les commerces d’ameublement, les services publics, les transports, la gendarmerie, la police, les établissements de santé et de soins, la presse quotidienne, les abattoirs, les hôtels, restaurants, cafés, les activités touristiques etc. – liste consultable sur http://www.legifrance.gouv.fr/

- Côté salariés : pas de rémunération majorée sauf accord collectif ou d’entreprise. Repos compensateur hebdomadaire par roulement.

Références : articles L3132-12 et L3132-13 du code du travail.

 

En zones touristiques internationales (ZTI)

C'est à venir. Les établissements de vente au détail de biens et de services situés dans les ZTI qui restent à définir par décret pourront ouvrir les dimanches jusqu'à minuit ! En fait tous les jours de la semaine jusqu'à 24 heures.

Ca concerne aussi les commerces alimentaires de détail qui pourront rester ouverts après 13 heures dans ces zones.

Même principe pour les commerces situés dans certaines gares dont la liste sera fixée par décret.

- Côté salariés : sauf dans les commerces alimentaires de détail jusqu’à 13 heures et les entreprises ayant obtenu une dérogation de droit, les conditions de rémunération et de repos compensateur seront fixées non pas par la loi mais par accord collectif ou d’entreprise. De ce fait le travail du dimanche c’est si le salarié le veut et donne son accord par écrit (et non une obligation).

Références : article L3132-24 du code du travail.

 

En zone touristique (ZT) et zone commerciale (ZC)

C'est à venir. Dans les zones d’affluence touristique, commerciale ou d’animation culturelle permanente délimitées par les maires ou les présidents des EPCI (établissements publics intercommunaux), les commerces de biens et de services peuvent ouvrir de droit tous les dimanches. En fait tous les jours de la semaine jusqu'à minuit (décret à paraître). Notons au passage que certains commerces alimentaires des grandes enseignes de la grande distribution qui ont déjà l'autorisation d'ouvrir tous les jours jusqu'à minuit, pourront désormais le faire sans autorisation et en permanence.

Ces zones remplacent les communes touristiques et thermales et les PUCE (périmètres urbains de consommation exceptionnelle).

Cela sera opérationnel dès que les maires et les présidents d’EPCI recevront l’autorisation du préfet d’ici 6 mois (3 mois s’il s’agit de la modification d’une zone existante) Et dès précisions par décrets.

- Côté salariés : pour l’instant c’est rémunération majorée de 100% (sauf accord prévoyant + ou -) + repos compensateur. Dès que ces zones seront opérationnelles, les conditions de rémunération et de repos compensateur ne seront plus définies par la loi mais par un accord collectif ou d’entreprise (sauf entreprises listées à l’article R3132-5 du code du travail et les commerces de détail alimentaires jusqu’à 13 heures). L’employeur a trois ans pour conclure cet accord qui doit également prévoir des mesures pour faciliter la conciliation de la vie professionnelle et personnelle des salariés ainsi que des contreparties pour compenser les charges induites par la garde des enfants.  

Cependant les entreprises de moins de 11 salariés non couvertes par un accord collectif ou territorial, peuvent unilatéralement déroger au repos dominical après consultation des salariés sur les contreparties approuvées par la majorité d’entre eux.

Références : articles L3132-25 à L3132-25-6 du code du travail.

 

(*) Loi n° 2015-990 du 6 août 2015 publiée au Journal officiel du 7 août.

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Notez-bien

Les salariés doivent être volontaires

Sauf dans les commerces alimentaires de détail jusqu’à 13 heures et les entreprises et commerces bénéficiant d’une dérogation permanente au repos dominical (liste article R3132-5 du code du travail), les salariés ne sont pas obligés de travailler le dimanche. En pratique ce n'est pas évident mais c'est la loi (article L3132-25-4 du code du travail) !

Travailler le dimanche se fait donc sur la base du volontariat qui se concrétise par un accord écrit (avenant au contrat du travail). En effet, il s’agit d’une modification du contrat de travail qui ne peut se faire qu’avec l’accord du salarié selon la Cour de cassation sociale (arrêt n° 12-12 953 du 5 juin 2013).

Ce qui signifie que tout salarié qui refuse de travailler le dimanche ne peut être ni sanctionné, ni licencié ni discriminé. De même, il est discriminatoire de refuser d’embaucher une personne qui ne tient pas à travailler le dimanche.

Par ailleurs, à défaut d’accord collectif, tout salarié peut revenir sur sa décision de travailler le dimanche (cas des entreprises bénéficiant d’une autorisation préfectorale) et conserve le droit de refuser de travailler 3 dimanches par an, de son choix, en prévenant un mois à l’avance son employeur (cas des entreprises situées en ZTI, ZT, ZC et les gares concernées).

 

Quant à la rémunération, vous l'avez lu, ce n'est pas systématique. Dans certains cas (dimanche du maire) elle est majorée par la loi, dans d'autres cas (ZTI, ZT, ZC, gares) sa majoration va dépendre d'accords collectifs, à défaut des patrons mais elle n'est pas imposée par la loi comme promis ! Et dans d'autres cas encore (commerces de moins de 400 m2 en ZTI, ZT et ZC en pleine expansion, entreprises ayant obtenues des dérogations permanentes (article R3132-5 du code du travail), la majoration n'est pas obligatoire. 

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

 

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24 août 2015 1 24 /08 /août /2015 16:30

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Séparation et régulation bancaires, la grande illusion

24 août par Aline Fares

 

 

 

La France à la manœuvre pour que l’Europe ne change rien.

C’est un leurre de croire que les réglementations mises en place au niveau national comme européen suffisent à nous protéger – citoyens, contribuables – d’une prochaine crise financière  : le problème fondamental des banques “trop grandes pour faire faillite” et des risques qu’elles représentent pour la stabilité du système financier, et la salubrité de l’économie et de la société dans son ensemble, reste entier. Et en la matière, les grandes banques françaises sont malheureusement exemplaires.

Les législateurs, gouvernements et parlements semblent avoir la mémoire courte  : en 2009, on nous expliquait qu’un changement fondamental était nécessaire, qu’il fallait encadrer fermement les pratiques bancaires afin d’éviter que le fiasco de 2008 ne se reproduise, avec ses conséquences désastreuses sur la société tout entière. Aujourd’hui, la réalité est bien différente  : à Bruxelles, des gouvernements parmi les plus influents, France en tête, sont occupés à limiter la portée du règlement sur la structure des banques, qui introduirait une certaine forme de séparation entre banques d’affaires et banques de dépôt à l’échelle européenne. Cela au nom de la préservation du modèle bancaire français, celui de la banque universelle “trop grosse pour faire faillite”.

 

Les “too big to fail” françaises

Contrairement à ce que leurs dirigeants prétendent, ces banques sont pourtant loin d’être les plus solides  :

• Leur modèle n’aurait pas survécu à la crise sans les injections massives des États  : en France, le sauvetage de Dexia et du Crédit immobilier de France a directement bénéficié aux autres banques françaises en leur évitant des pertes massives. Les grandes banques françaises ont également profité du sauvetage par les États-Unis d’AIG, qui devait notamment 12 milliards de dollars à la Société Générale. Et elles ont été parmi les premières bénéficiaires des crédits octroyés à la Grèce en 2011. Il est donc fallacieux de dire que le modèle de la grande banque universelle a été le plus résistant  : il a directement bénéficié d’interventions publiques sans lesquelles il se serait effondré.

• L’interconnexion entre les grandes banques est très élevée du fait de l’importance de leurs activités sur les marchés financiers, notamment via les produits dérivés. On ne peut donc se contenter d’analyser leurs situations individuelles, il faut prendre en compte leur contribution potentielle au risque systémique, contribution que le Parlement européen s’emploie à ignorer quand le Financial Stability Board en fait au contraire un sujet de préoccupation majeur.

“La “loi de (non) séparation” bancaire votée en 2013 est, on le sait, loin des objectifs annoncés, et la défense des “champions nationaux” a largement prévalu sur celle de l’intérêt général”

• Sachant que les quatre grands groupes bancaires français font partie des banques d’importance systémique à l’échelle mondiale, il y a matière à inquiétude  : si l’une d’elles est en difficulté, c’est le système tout entier qui est chamboulé  !

 

L’éléphant et la souris

Malgré ces faits avérés et des annonces politiques qui se voulaient fermes, le dispositif législatif reste largement inadapté à la réalité de ces grands groupes. La France en particulier a privilégié une approche a minima. La “loi de (non) séparation” bancaire votée en 2013 est, on le sait, loin des objectifs annoncés, et la défense des “champions nationaux” a largement prévalu sur celle de l’intérêt général. Pire, on pressentait que l’initiative française préempterait le débat européen  : cela est maintenant confirmé. Alors que la Commission européenne mettait sur la table un texte à bien des égards supérieur au texte français, la France, alliée au sein du Conseil européen à l’Allemagne, n’a de cesse de faire valoir – avec succès – le “modèle” français, provoquant ainsi un dangereux nivellement par le bas.

Le Parlement européen peine de son côté à trouver un compromis, mais le vote est imminent  : il est grand temps d’en appeler à nos représentants pour que l’éléphant n’accouche pas encore une fois d’une souris.

 

Source : http://www.lenouveleconomiste.fr/se...

Aline Fares est Coordinatrice de l’expertise et des campagnes chez Finance Watch

 

 
Auteur
 
 
Aline Fares

A propos de Bancocratie

28 décembre 2014, par Aline Fares

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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23 août 2015 7 23 /08 /août /2015 13:03

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

La vraie dette est... verte
Patrick Le Hyaric
Vendredi, 21 Août, 2015
Humanité Dimanche

 

Reuters
 
L'éditorial de Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité. Contrecarrer la crise écologique, c’est stopper les dogmes de la guerre économique et la surexploitation de l’homme et de la nature.
 

L'an passé, c’était le 18 août... En 1970, c’était en décembre ... Cette année, c’était la semaine dernière, le 13 août. C’est le jour où la consommation mondiale en ressources naturelles a dépassé ce que la nature est capable de produire en un an. Dit autrement, la Terre vit désormais sur ses réserves entre cette mi-août et le 31 décembre. Et, depuis quarante ans, cette date avance de trois jours en moyenne par an. Tel est le résultat des études réalisées par l’organisation non gouvernementale Global Footprint Network, validées par les Nations unies. Ses méthodes de calcul méritent d’être confrontées à d’autres sources, discutées, améliorées ou contestées même. Mais, précisément, il n’y a pas de débat à propos de données aussi vitales, au sens propre du terme. Cela fait à peine l’objet d’une brève au milieu des faits divers des journaux télévisés.
Pourtant, l’affaire est sérieuse et plus qu’inquiétante! Il est vrai qu’un travail et des confrontations sérieuses autour de ces données s’accommodent très peu de la médiocrité de l’actuel débat politicien.
Notre belle planète voit, année après année, s’accumuler ce que l’on pourrait appeler « une dette écologique » qui, sans retournement rapide de la situation, peut faire craindre le risque d’un épuisement de la Terre. Or, dépasser, comme on le fait aujourd’hui, le seuil qui peut déstabiliser les écosystèmes qui maintiennent la vie humaine, revient à prendre le risque d’éteindre la vie sur Terre.

 

L’énoncer ne relève pas du catastrophisme et doit être compris comme un pressant appel à la conscience humaine pour engager d’urgence un processus de transition des modes de vie et de développement de nos sociétés et du monde. En effet, la terrible réalité d’un basculement est déjà là, sous nos yeux. L’homme, la nature et les animaux sont déjà touchés sous différentes formes: déforestation, baisse des ressources d’eau potable, fonte de glaciers, pollutions de toutes sortes, épuisement de réserves aquatiques, accumulation de déchets et de gaz à effet de serre, emballement du climat, chute de la biodiversité, disparition d’espèces végétales et animales, sécheresses répétées sur certaines zones de la planète qui ont pour conséquences de faire flamber les matières premières alimentaires, attisant des famines et des guerres, accélérant les migrations du sud vers le nord. C’est dire à quel point les simplismes, le rejet des autres, les racismes, le culte du chacun pour soi et de la concurrence de tous contre tous, désormais incrustés comme des évidences dans les débats politiques des forces dominantes et dans trop de consciences humaines, relèvent de la puérilité et de l’irresponsabilité. C’est dire aussi à quel point les données sur « l’empreinte écologique » ont une résonance particulière à quelques mois de la conférence mondiale sur le climat de Paris - Seine-Saint-Denis. Tout devrait être fait pour qu’elle débouche sur des actes concrets, précis, planifiés, contrôlés pour réduire sérieusement les gaz à effet de serre. Cet enjeu est autrement plus sérieux et grave que les problèmes de comptabilité analytique du monde capitaliste dont on nous abreuve en permanence pour mieux extorquer les fruits du travail des salariés, priver les retraités de leur dû, tout en réduisant les moyens consacrés à l’avenir de la jeunesse et à la culture.

 

Ce sont les mécanismes de la « concurrence », de la « compétitivité » qui épuisent en même temps les êtres humains et la nature. Pour obtenir ici une alimentation à bas prix, on détruit la forêt amazonienne pour y produire du soja qui sert à alimenter notre bétail. Ailleurs, en Afrique ou dans certaines parties de l’Asie, ce sont les cultures vivrières des populations locales qu’on empêche au profit de cultures d’exportation qui épuisent les sols pour prétendument rembourser des dettes. La Grèce, qui avait un secteur agricole de « circuit court », va devoir placer, sur injonctions des institutions européennes, son agriculture encore plus dans la concurrence mondiale. Le modèle de développement basé jusque-là sur le pétrole est à bout de souffle. L’exploitation aujourd’hui des pétroles non conventionnels comme les sables bitumineux, les gaz et pétroles de schiste, ne constitue qu’une fuite en avant dont on mesure mal les conséquences négatives. La dégradation régulière du capital naturel est donc une donnée très inquiétante. Le remboursement de cette dette verte ne peut pas se résoudre par des artifices comptables.

 

Quand, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France et l’Allemagne avaient chacune une dette représentant 200 % des richesses qu’elles produisaient, cela n’a empêché ni le redressement des deux pays, ni leur développement grâce à des dispositions techniques d’effacement de ces dettes que l’on pourrait aisément appliquer aujourd’hui pour la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la France ... En revanche, une augmentation de la température de la planète de 2 degrés dans les années à venir ne se résoudra pas par un jeu d’écriture. Ce serait vraisemblablement un pas de plus dans le violent tourbillon en cours dont le mot « crise » ne rend sans doute pas compte de toutes les complexités et implications pour le futur. De toute façon, nous ne reviendrons pas à la situation précédente.
Les combinaisons des crises économiques et financières qui font tanguer le monde, des crises politiques, culturelles, morales et de l’approfondissement de la crise écologique placent la planète et le genre humain dans une situation inédite de l’histoire de l’humanité.

 

En ce sens, le risque existe que notre Terre commune entre dans un processus de basculement poussant, si on n’y prend garde, à un effondrement de la biosphère et de nos sociétés. Le processus est en cours. Parce qu’il est sans violence apparente, il reste trop sous-estimé. L’effondrement des grandes civilisations s’est souvent étalé sur des dizaines d’années. Sans réaction au niveau nécessaire, les évolutions à l’œuvre peuvent, elles aussi, détruire notre civilisation. Les contrecarrer appelle de cesser d’appliquer les dogmes de la guerre économique qui conduisent à la surexploitation de l’homme et de la nature, de refuser le traité transatlantique, de penser une transition énergétique, de sortir du processus en cours d’industrialisation de la production agricole, de repenser la ville et les développements territoriaux, les systèmes de transport et les nouveaux logements
économes en énergie, la transformation de nos systèmes industriels, mais aussi de permettre l’émancipation des femmes qui partout doivent pouvoir être maîtresses de leurs corps ou encore de pousser partout à une révolution démocratique permettant aux citoyens d’être maîtres de leurs destins.

 

Une telle transition-révolution nécessiterait beaucoup de travail de recherche, de travail de réalisation, donc d’emplois nouveaux. En réalité, il conviendrait de s’engager dans un processus révolutionnaire de métamorphose pour un nouveau développement humain, social, environnemental.
Un tel mouvement de transition devrait pouvoir se déployer partout, à commencer par les localités, comme commencent à le faire certains maires, des associations et des groupes de citoyens impulsant une autre façon de vivre pour vivre mieux sur une Terre préservée. Il doit évidemment occuper les autorités départementales, régionales, nationales et mondiales. Seul un mouvement citoyen d’une ampleur inédite sera en mesure de l’imposer dans l’action sociale, politique et dans l’expérimentation. Ces débats occuperont une grande place dans notre Fête de l’Humanité dans quelques semaines. Elle devrait lancer un appel à la mobilisation populaire pour la réussite de la conférence mondiale sur le climat.
C’est une grande urgence! La vraie dette vis-à-vis des générations futures est verte. C’est de la vie sur Terre, de la vie humaine dont il s’agit!

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

 

 

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22 août 2015 6 22 /08 /août /2015 14:51

 

Source : http://la-bas.org

 

 

RENCONTRE AVEC JULIAN ASSANGE

QUI VEUT GAGNER CENT MILLE EUROS TOUT EN DÉTRUISANT LE CAPITALISME ?

Le

 

 

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"Si Wikileaks révelait des secrets nords-coréens, Julian Assange se verrait attribuer le Prix Nobel de la Paix..."
 

C’est facile, il vous suffit de faire parvenir le texte du TAFTA à Wikileaks. L’organisation de Julian Assange vient de lancer un appel pour récolter 100.000 euros comme prime à celui qui fera fuiter le texte du TAFTA. Et ça marche, le jour même plus de 21.000 euros étaient déjà versés. Des personnalités comme Yanis Varoufakis, l’ex-ministre grec des finances, ou Daniel Ellsberg, qui avait divulgué les "Pentagon Papers" à la presse américaine en 1971, s’associent à l’opération. Mais pourquoi faut-il percer ce secret ?

 

TAFTA (ou TTIP) c’est le petit nom du Traité de commerce transatlantique qui va faire de l’Europe et des États-Unis un seul grand super marché commun pour 820 millions d’heureux consommateurs. Finies les barrières douanières et les différentes réglementations, nous roulerons bientôt nos caddies dans la plus grande zone de libre-échange au monde. Engagées en juillet 2013, les négociations devraient passer à la vitesse supérieure cet automne, selon la Commissaire européenne au commerce, Cécilia Malmström. Pour ces veinards d’européens, TAFTA va être à l’économie ce que l’OTAN est à la défense.

 

Mais pourquoi ce merveilleux projet s’élabore-t-il dans le plus grand secret ? Car hormis les grandes lignes connues, on nage dans l’opacité. Qui a choisi les négociateurs, quelle est leur légitimité ? Comment, dans nos grandes démocraties avec nos vigilants élus, avec nos puissants et si courageux médias, avec nos experts et nos chercheurs, comment de telles négociations peuvent-elles rester secrètes ?

 

Une enquête publiée lors des élections européennes de mai 2014 peut fournir quelques indications. L’étude montre d’abord qu’une majorité de français n’ont jamais entendu parler de ce traité (55%). Seuls 16% « savent très bien de quoi il s’agit ». Mais pour une majorité (63%) ce sont les États-Unis qui vont en profiter. Par contre c’est « plutôt une menace pour l’Europe (45%) ». Et encore plus clairement, c’est à 55% « plutôt une menace pour la France ». Seulement 28% estiment que c’est une chance pour la France.


Nous avions consacré deux émission de Là-bas si j’y suis à ce sujet :
- Là-bas Hebdo du 17 avril 2015 : "18 avril : journée mondiale contre TAFTA", Rencontre avec Raoul Marc JENNAR
- Là-bas si j’y suis du 23 avril 2014 : "Tafta Dracula", un reportage de Gaylord Van Wymeersch


Tout se passe donc comme si TAFTA, malgré l’apathie dominante, craignait de ne pas rencontrer la franche adhésion des citoyens.

Car des voix s’élèvent. « Citizen before corporation, people before profit » ("Le citoyen avant les entreprises, le peuple avant le profit"), le mouvement contre le TAFTA est actif un peu partout. Pour beaucoup, TAFTA servira surtout les intérêts des multinationales. « Le secret entourant le TAFTA (TTIP) constitue une menace pour l’avenir de la démocratie européenne, dit Julian Assange dans un communiqué, certains intérêts en profitent sans limite. Le TAFTA a un impact sur les vies de tous les Européens et entraîne l’Europe dans un conflit de long terme avec l’Asie. Il est temps de mettre fin au secret. »

En réalité TAFTA et les traités qui lui ressemblent ne sont que des vampires qui la nuit viennent sucer le bon sang rouge du peuple endormi. Mais il suffit d’allumer la lumière, il suffit de se réveiller, et les vampires tremblant de peur disparaissent avec des grognements lamentables.

 

Alors, comme dit Julian Assange : « APPRENEZ , DÉFIEZ, AGISSEZ, MAINTENANT ! » Nous vous proposons de le retrouver dans cet entretien de mars 2013 à l’ambassade d’Équateur à Londres où il vit toujours reclus. Il accordait très peu d’entretien et avec Giv Anquetil nous étions heureux d’avoir réussi ce scoop. Hostile à Julian Assange et à Wikileaks (tout comme à Edward Snowden) la direction de France Inter avait farouchement interdit toute forme de promotion sur l’antenne. Malheureusement, l’émission fut un gros succès !

 

 

À écouter : Entretien avec Julian Assange

http://la-bas.org/la-bas-magazine/long-courrier/qui-veut-gagner-cent-mille-euros-tout-en-detruisant-le-capitalisme

 

Entretien avec Julian Assange (03/2013)

 

Nouvelle version d’un entretien de Daniel Mermet et Giv Anquetil avec Julian Assange et Jérémie Zimmermann de la Quadrature du Net, diffusé pour la première fois les 20 et 21 mars 2013.

Programmation musicale :
- The New Puritans : "Fire Power"
- Sonic Disobedience : "Wikileaks samba"
- Cause : "Interference"


Reportage : Daniel MERMET et Giv ANQUETIL
Réalisation : Bertrand CHAUMETON et Franck HADERER

N’oubliez pas que le répondeur attend vos messages au 01 85 08 37 37.

 

Voir aussi

À lire :

- "Menaces sur nos libertés : comment internet nous surveille", de Julian Assange avec Jacob Appelbaum, Andy Müller-Maguhn et Jérémie Zimmermann (Robert Laffont, 2013)

- "Hackers : au cœur de la résistance numérique", de Amaelle Guiton (Au Diable Vauvert, 2013)

A écouter sur TAFTA :

- 18 avril : journée mondiale contre TAFTA, notre émission Là-bas HEBDO du 17 avril 2015

 

 

Source : http://la-bas.org

 

 

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21 août 2015 5 21 /08 /août /2015 20:51

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Melinda Saint-Louis: «Le traité transatlantique ne profitera qu’aux 1%»

|  Par La rédaction d'infoLibre et DANIEL RÍOS

 

 

Melinda Saint-Louis est directrice des campagnes internationales de Public Citizen, une organisation américaine qui s’oppose à la signature du traité transatlantique de libre-échange. Interrogée par Infolibre, elle estime que ce traité ne profitera qu’aux « 1% », soit à la seule élite économique européo-américaine.

 

elinda Saint-Louis est directrice des campagnes internationales de Public Citizen, une organisation américaine qui défend les consommateurs et s’oppose clairement à la signature du traité transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP dans le jargon bruxellois, ou TAFTA pour ses adversaires), entre l’Union européenne et les États-Unis. Elle a participé à des conférences organisées par le groupe Greens/EFA dans le cadre du Parlement européen. Infolibre, partenaire éditorial de Mediapart en Espagne, a eu l’opportunité de recueillir son point de vue sur un traité que l’experte n’annonce bénéfique qu’aux « 1% », soit à la seule élite économique européo-américaine.

 

Melinda Saint Louis, directrice des campagnes internationales de Citizen Public
Melinda Saint Louis, directrice des campagnes internationales de Citizen Public © GREENS/EFA
 

Les États de l’Union européenne traitent très différemment le TTIP. Certains en ont fait un vrai débat public. D’autres, au contraire, ont presque essayé de cacher son existence à leur population. Aux États-Unis, quelle place occupe le TTIP dans le débat public ? 

En ce moment, le pays est davantage en proie à un débat sur le TTP, partenariat dit transpacifique, que le gouvernement est en train de négocier avec le Japon, l’Australie, la Malaisie et le Viêtnam. Les Américains sont très préoccupés par la disparition de postes de travail sur le sol national qu’est susceptible d’entraîner la signature de l’accord. Les standards de travail sont, en effet, bien plus bas au Viêtnam qu’aux États-Unis. Je crois que cette préoccupation quant aux dangers du TTP nourrit en même temps la lutte contre le TTIP, dont la signature est encore plus proche quoiqu’il soit moins présent dans le débat public. 

Le TTIP est donc quand même l’objet d’un débat aux États-Unis… 

Oui, depuis plus de six mois déjà. Le débat se concentre notamment sur l’ISDS [tribunal d’arbitrage très conversé entre les investisseurs et les États] et les normes de protection des aliments. Une vaste campagne avait été lancée contre le mécanisme de législation « fast track », qu’a réussi à mettre en place le président Barack Obama. Par ce mécanisme, la signature de l’accord est facilitée, car le président n’aura plus qu’à le signer lui-même avant de le présenter au Congrès. La société civile s’est pourtant majoritairement opposée au « fast track », ainsi que les membres du Parti démocrate lui-même, pour qui le TTIP ne favorise que les grandes entreprises.

En Europe, les entreprises étant soumises à une régulation plus stricte qu’aux États-Unis, pensez-vous que le TTIP leur sera moins bénéfique qu’à leurs consœurs américaines ?   

Aux États-Unis, les entreprises ont davantage recours aux ISDS qu’ailleurs dans le monde. Des entreprises très litigieuses, notamment, ont l’habitude d’utiliser ce mécanisme juridique pour en tirer des bénéfices. L’Europe a donc de quoi se montrer inquiète : la signature du TTIP risque de donner beaucoup de pouvoir aux 47 000 entreprises américaines sur le territoire européen.

En même temps les grandes entreprises européennes ont autant soutenu ce projet que les américaines. Depuis les années 1990, d’un côté de l’Atlantique comme de l’autre, les grandes entreprises le promeuvent corps et âme ! Business Europe et la Chambre de commerce (les organisations patronales européennes et américaines) ont toutes les deux soutenu le TTIP. 

L’Europe n’est pas la seule inquiète. Aux États-Unis, par exemple, nous craignons que les grandes banques européennes essaient d’utiliser le TTIP pour réduire le peu, trop peu, de réglementation financière que nous avons, difficilement, réussi à imposer suite à la crise économique. Je vois donc moins cet accord comme une lutte entre les sociétés américaines et européennes, que comme un traité qui ne bénéficiera, des deux côtés de l’Atlantique, qu’aux « 1% », soit à la seule élite économique. Un traité qui augmentera l’inégalité entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien.

Quels effets pourraient avoir le TTIP sur le consommateur américain ?

Les Américains ont très peur que le TTIP ne dérégule à nouveau, ou devrais-je dire, encore plus, le système financier. De nombreuses personnes ont perdu leur maison ou leur travail à cause de la crise financière et de la façon dont Wall Street et les banques ont jonglé avec la finance. Pour l’instant, nous n’avons pas encore obtenu la réglementation dont le pays a vraiment besoin. Et si le TTIP vient fixer des limites à ce que nous espérions pouvoir réaliser dans l’avenir… La stabilité financière est très précaire : cela pourrait conduire à une nouvelle crise.

La réglementation concernant la nourriture et les produits chimiques est bien meilleure en Europe qu’aux États-Unis, bien que plusieurs États américains se battent pour l’améliorer. Le gouvernement de Californie, par exemple, essaie de réglementer ces deux secteurs ; mais le TTIP risque de réduire sa capacité décisionnelle en la matière.

Faites-vous allusion au principe de « coopération réglementaire » inclus dans l’accord ?

La coopération alimentaire soulève de nombreuses inquiétudes. Il y a aussi d’autres préoccupations. Aux États-Unis, il y a une politique très populaire, à droite comme à gauche, qui est connue sous le nom de Buy America ou Buy Local. Cette politique vise à réinvestir les impôts des contribuables dans les emplois locaux grâce aux achats publics. Et ainsi à donner la préférence à certaines entreprises locales.

La Commission européenne juge cette politique discriminante et voudrait que les États-Unis ouvrent entièrement leurs portes aux entreprises étrangères. Alors qu’une des solutions pour sortir de la récession consiste à privilégier, protéger et investir dans l’emploi local, le TTIP risque de nous y remettre en plein dedans ! 

Vous assurez que l’argument clef qu’a trouvé Obama pour faire passer le TTIP, c’est qu’il serait utile à la sécurité nationale…

Oui, c’est en effet un argument purement rhétorique, mais je dois admettre qu’il a un certain impact sur la population. Le gouvernement sait très bien qu’il n’arrivera pas à vendre le TTIP avec des arguments économiques. Surtout quand on voit que dans le meilleur des cas, le TTIP se traduira par une croissance de 0,2 % au maximum.

Question traités de libre-échange, les États-Unis tiennent sûrement le haut du panier, on en a une palanquée. Ils ont presque tous nui à la majorité de la population, pour favoriser une toute petite minorité. Les gens ne croient plus à ces grands projets. L’ALENA (accord de libre-échange signé en 1994 entre les États-Unis, le Canada et le Mexique) a fait disparaître 1 million d’emplois au lieu des 200 000 qu’il aurait dû créer. La population est donc sceptique, elle voudrait un autre argument : alors le gouvernement explique que le TTIP est un moyen de s’allier à l’Europe contre la Russie ! 

* L'article a été publié le 10 juillet 2015 dans le journal infoLibre, partenaire de Mediapart.

Traduit par Irene Casado Sánchez

 

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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21 août 2015 5 21 /08 /août /2015 16:01

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Comment Amazon a réinventé la pénibilité au travail

Le "New York Times" a publié une longue enquête dénonçant la dureté des conditions de travail dans les bureaux d’Amazon à Seattle. Enquête que le patron et fondateur d’Amazon Jeff Bezos s’est empressé de contester dans une lettre adressée à ses employés. Auteur du livre En Amazonie, Jean-Baptiste Malet, réagit aux révélations du New-York Times et décrypte le projet "amazonien".
 
Jeff Bezos, patron d'Amazon - Ted S. Warren/AP/SIPA
 

En 2013, une plongée En Amazonie par Jean-Baptiste Malet levait le voile sur la réalité des entrepôts Amazon : cadences extrêmes, obsession de la productivité, fouilles au corps…  

Cette fois, l’enquête du New York Times  révèle que la loi de la jungle «amazonienne» n'épargne pas les « cols blancs ». Le quotidien américain a recueilli une centaine de témoignages auprès d’anciens et d’actuels salariés d’Amazon:  semaines de 80 heures, qui se prolongent le soir et les week-end, des réunions où tout le monde se tire dans les pattes et d’où chacun est déjà sorti en pleurs ; le risque en tombant malade ou enceinte de se faire écarter en un rien de temps. Délation, menaces, une gestion brutale et une pression phénoménale exercée sur les cadres. Après l'émotion suscitée sur la toile et la reprise par les médias du monde entier, le boss Jeff Bezos se devait de réagir. 

Dans une lettre adressée aux 180.000 employés du groupe, l'intéressé décrit son «amazon» à lui : « L’article du New York Times ne décrit pas l’Amazon que je connais, ni mes chers amazoniens avec qui je travaille tous les jours. » écrit-il, « Si vous avez connaissance d’une quelconque histoire du genre, je veux que vous la fassiez remonter aux ressources humaines (…) Je ne pense qu’aucune compagnie qui adopterait ce type d’approche pourrait survivre, et encore moins prospérer, dans le marché hautement compétitif actuellement pour les embauches du secteur technologique ». Un tel argumentaire ne tient pas face à l’investigation du NYT. Car c’est justement en ce qu’il décrit, un management sournois plus qu'un système répressif et un système de valeurs profondément intégré par des salariés en quête de succès que l’article trouve tout son intérêt.

La dictature du dépassement de soi

On apprend qu’Amazon dispose d’une profession de foi, auxquels les salariés adhèrent dès qu’ils intègrent l’entreprise. Etre obsédé par le désir du client, ne pas fuir le conflit pour défendre un point de vue, ne pas hésiter à critiquer la manière de travailler des autres, et surtout : toujours dépasser ses limites, toujours travailler plus. Avec un grand sens de la psychologie, le management amazonien réussit à motiver des salariés qui, dans une logique de réussite personnelle, se sentent exister grâce à leur employeur : «  Quand les nouveaux arrivants s’acclimatent, ils se sentent souvent éblouis, flattés et intimidés par la charge de responsabilité que la compagnie fait reposer sur leurs épaules et par la manière dont Amazon relie directement leur performance aux succès des projets auxquels ils sont assignés. (…) Chaque aspect du système Amazon pousse à la motivation et à la discipline: les principes de leadership, les retours rigoureux et continuels sur la performance, et la compétition entre collègues qui ont peur de manquer quelque chose, et se dépêchent alors de répondre aux emails avant que quelqu’un d’autre ne le fasse. » 

Dans cette mécanique bien huilée, ceux qui ne rentrent pas dans le moule ou ceux qui fatiguent prennent la porte rapidement, et sont tout aussi rapidement remplacés. Pour le New York Times, c’est cette ronde perpétuelle qui explique le succès d’Amazon : « Les départs massifs d’Amazon ne sont pas une faille du système, comme nous l’ont expliqué beaucoup d’employés actuels ou d’anciens employés, mais plutôt une conclusion logique : des embauches massives de nouveaux travailleurs, qui contribuent à l’essoreuse Amazon puis s’usent et laissent la place aux Amazoniens les plus engagés. » 

Jean Baptiste Malet: «Jeff Bezos est un anarcho-capitaliste qui prêche la destruction des états souverains»

Jean Baptiste Malet est journaliste, auteur du livre En Amazonie, infiltré dans le meilleur des mondes, publié en 2013 et dans lequel il dénonce la pénibilité du travail dans les entrepôts logistiques d'Amazon en France. Il réagit aux révélations du New York Times.  

 

Marianne: L’enquête du New York Times sur Amazon entre t-elle en résonnance avec votre expérience dans les entrepôts français ?  
Jean Baptiste Malet : On comprend à la lecture de l’enquête que l’aspect idéologique d’Amazon se décline partout : dans les entrepôts au niveau de la production mais également au siège et dans tous les services administratifs qui composent cette méga machine. Amazon n’est pas l’alpha et l’omega de la pénibilité du travail mais elle innove et réinvente des modes de fonctionnement. Je pense notamment au paternalisme, qui existe depuis le 19ème siècle, mais qui est retraduit de nos jours par Amazon avec cet esprit de corps que Jeff Bezos impose. Dans sa réaction à l’article du NYT, il parle de « ses amazoniens », c’est très révélateur ! J’ai d’ailleurs moi-même observé cette vénération de Jeff Bezos, au sein des entrepôts français. Un manager m’a expliqué qu’il avait été sanctionné pour avoir dit en salle de pause que la fortune de Bezos lui donnait envie de vomir. Il est considéré comme une sorte de génie alors qu’en réalité on sait bien qu’une entreprise collective de cette taille ne doit rien à un seul individu. Mais c’est symptomatique de l’aspect idéologique d’Amazon.

Y a t-il eu des progrès dans les conditions de travail au sein des entrepôts en France depuis votre ouvrage ?
Pas vraiment. En mai dernier, j’ai publié un nouvel article dans l'Humanité, sur les fraudes qu’Amazon met en place pour minimiser le nombre d’accidents du travail. A ce moment là des élus front de gauche de la région Bourgogne ont demandé le remboursement des aides publiques perçues par Amazon, qui représentent plus d’un million d’euros et avait été mise en places par Arnaud Montebourg. Mais il n’y a aucune volonté de la part du parti socialiste de croiser le fer avec Amazon. Pour moi, c’est la preuve que le PS a totalement abandonné le monde du travail. Il faut prendre conscience de l’importance de l’univers de la logistique en France aujourd’hui : il représente plus de 800 000 emplois, avec un nombre d’accidents du travail supérieur à la moyenne du bâtiment. Il y a une réelle concentration de la précarité et des travailleurs pauvres dans ce domaine : la logistique c’est la mine du 21ème siècle. Mais le parti socialiste subventionne Amazon, et défend ce modèle sans qu’aucune critique ne puisse être émise à son égard.

Avec votre ouvrage puis cette nouvelle enquête du New York Times, peut-on s'attendre à une remise en cause d'Amazon, malgré son apparente toute puissance? 
Ces révélations participent à une prise de conscience générale sur Amazon. Avant mon livre, je ne lisais que des portraits très flatteurs de Jeff Bezos dans la presse. Mais j’espère maintenant qu’on va réussir à dépasser cette étape là. La pénibilité du travail chez Amazon doit être recontextualisée dans le modèle global de cette entreprise, qui est un modèle idéologique, un modèle de société. Amazon veut réinventer le monde. Bientôt en Europe, avec le service Amazon Fresh, de la nourriture et des articles de première nécessité arriveront directement chez le client. Ce qui s’amorçe c’est la fin du commerce de proximité, la mutation de nos centres villes. Tout cela va détruire des emplois, pour en créer dans des zones sub-urbaines, dans des entrepôts logistiques où on trouvera principalement des intérimaires avec des salaires au ras des pâquerettes. Il faut se demander quelle société on veut pour le futur. Est-ce qu’on laisse Amazon faire sa loi ? Il ne faut pas oublier que Jeff Bezos est un militant de l’anarcho capitalisme, un militant libertarien qui prêche pour la destruction des états souverains au profit de consortium privés, qui seraient plus aptes selon lui à gérer l’humanité. Ca paraît fou, mais quand on voit qu’il est le 5ème homme le plus riche du monde, ça devient sérieux…
 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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21 août 2015 5 21 /08 /août /2015 15:52

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Etats "rebelles" 1/4
L'Islande: une sortie de crise sans douleur

 
 
"There's no alternative" disait Margaret Thatcher, alors dame de fer du Royaume-Uni. Pourtant certains pays ont essayé et parfois réussi à imposer un autre modèle que le tout-libéralisme. Cette semaine Marianne propose un tour du monde de ceux qui ont essayé une autre voie. Aujourd'hui l'Islande, un modèle de sortie de crise sans austérité.
 
Manifestation d'islandais en 2009 contre la renflouement des banques. Brynjar Gauti/AP/SIPA
 

C’est une réalité que les technocrates et économistes européens préféreraient sans doute ne pas voir. Une épine de plus dans le pied des tenants du tout austéritaire, des adeptes de la disparition des prérogatives de l’Etat providence et des garants du sacro-saint ordolibéralisme. L’Islande, petit état insulaire situé entre la Norvège et le Groenland, prouve par sa réussite économique et sa sortie de crise, que d’autres choix sont possibles. Il n’y a peut-être que le FMI pour se réjouir d’un tel succès, lui, qui depuis quelques années, poussé par son collège d’experts "hétérodoxes" et par le constat des dégâts économiques et sociaux causés par les cures d’austérité imposées à travers le monde et leur efficacité toute relative, n’hésite plus parfois à reconnaître ses erreurs et à proposer des solutions – comme la restructuration à hauteur de 30 % de la dette grecque- qui viennent rompre avec les dogmes de l’orthodoxie économique.

Avec une croissance de 2,7 % en 2015, un chômage passé sous la barre des 5 % depuis 2013 et une inflation ramenée de 13 % en 2008 à 0,8 % en 2015 (bien en deçà des prévisions de 2,5 % de la banque centrale islandaise), le voisin nordique a de quoi faire des envieux. Et pourtant, nulle trace de son évocation dans les récents débats européens qui ont agité les experts et négociateurs en tous genres, lors de la séquence grecque. Cette absence n’est pas un hasard, loin de là même, comme nous le confiait un économiste de Bercy : « L’exemple islandais est tout ce qu’ils redoutent. Que ce soit par les méthodes employées que par les résultats obtenus. Ils ont peur que la Grèce prenne le même chemin, qu’elle sorte de l’euro et se rétablisse vite », expliquait-il en pleine incertitude sur le sort de la Grèce alors que l’hypothèse de sa sortie était encore évoquée. L’Islande, auréolée de son succès, s’est même permis d’envoyer gentiment sur les roses l’Union européenne, en annonçant en mars dernier qu’elle retirait officiellement sa candidature d’entrée dans l’UE. Quelle insolence politique quand certains piaffent encore d'impatience pour y entrer... 

Que les plus craintifs se rassurent, le pays, sous le choc de la crise de 2008, n’a pas encore hissé le drapeau rouge sur Reykjavik, la capitale, ni collectivisé son économie. Elle n’a pas non plus échappé à la mise en place de certaines mesures sociales difficiles. Ni utopie, ni miracle. Les islandais ont simplement, comme l’écrivait le FMI dans un rapport de 2012 sur la situation économique du pays, « dévié de l’orthodoxie » pour tenter de trouver une alternative à la chape de plomb de l’austérité, renouant avec les méthodes de la social-démocratie à la mode scandinave.

Les excès de la financiarisation de l'économie

Depuis les années 2000, l’Islande s'était lancée tête baissée dans la financiarisation de son économie. Avec un secteur bancaire qui correspondait en 2008 à 10 fois le PIB du pays, porté par l’appétit démesuré des particuliers islandais pour les crédits, les banques de l’archipel, bien au-delà du raisonnable, multiplient les recours aux produits financiers les plus risqués dans une course folle au rendement à court terme. Résultat, lorsque le château de carte commence à s’effondrer outre-Atlantique, sous l’effet de la crise des subprimes, l’Islande se prend de plein fouet la crise financière puis économique. Le retour de bâton est particulièrement rude avec une chute de son PIB de 6,6 % en 2008 et une explosion du chômage qui passe de 1,6  à 8 % en quelques mois, l’Islande s’enfonce à vitesse grand V dans la récession. Victime de leurs excès et de leurs investissements hasardeux, les trois plus grosses banques islandaises (Glitnir, Landsbankinn et Kaupthing) s’effondrent.

Mais plutôt que de les renflouer à grand renfort de deniers publics, faisant ainsi passer, comme ce fût le cas en France, le fardeau sur les épaules des contribuables, le gouvernement islandais promulgue une loi d’urgence pour les nationaliser. Les transformant ainsi en banque de dépôts pour assurer les épargnes des islandais pour ensuite les recapitaliser laissant ainsi les activés de spéculations sur le bord de la route. Par la suite, deux des établissements sont revendus à des institutions financières européennes. Mais l’Etat, dans sa reprise en main de son économie, ne s’arrête pas en si bon chemin. Les islandais, forts consommateurs de crédit, se retrouvent vite acculés par des taux d’emprunt grimpant en flèche. Pour éviter d’assister à des scénarios à l’américaine, le gouvernement contraint les banques privées à abandonner toutes les créances à taux variable dépassant 110% de la valeur des biens immobiliers. Pan sur la dette ! Et en 2010, la Cour Suprême islandaise rend un jugement déclarant comme illégaux, tous les prêts indexés sur des devises étrangères octroyés à des particuliers obligeant les banques à s’asseoir ainsi sur leurs créances de ce type. Re pan ! Des prêts particulièrement « toxiques » que les collectivités locales françaises, sous les promesses de taux d’intérêts bas des VRP de Dexia, avaient massivement investi pour se retrouver, une fois la crise venue et sous l’effet de l’envolé des courts, complétement surendettées. Enfin, pour éviter une situation de bank run (fuite massive de capitaux) et une situation d’hyperinflation, le contrôle des capitaux est instauré.

Des coupes budgétaires sans austérité

Le dos au mur, l’archipel va aussi se tourner du côté du Fond monétaire international pour demander de l’aide. Mais, à l’inverse de l’habituel chantage du versement de milliards de dollars contre des plans d’austérité drastiques, l’Islande va minimiser l’impact des mesures sur son système social tout en procédant à des réformes structurelles.

Dans un rapport de 2012, le FMI tire un bilan de ces méthodes loin de l’« orthodoxie » économique et constate que si « les réductions de dépenses ont couvert toutes les catégories budgétaires, y compris la formation et la rémunération des salariés », l’Etat a aussi fait en sorte que « les prestations sociales soient préservées dans un objectif d'après-crise de maintenir les éléments clés de l'État-providence islandais » pour « protéger les groupes vulnérables en mettant en place des réductions de dépenses qui ne compromettent pas les prestations sociales et ciblant l'augmentation des recettes en mettant davantage du fardeau fiscal des groupes à revenu élevé ». Si l’Islande a bien connu une augmentation de sa fiscalité, elle s’est surtout concentrée sur les classes les plus aisées tout en gardant un niveau de protection sociale élevée. La durée d’indemnisation du chômage a même été rallongée d’une année. Autre élément rappelait le FMI, les programmes structurels de réduction des coûts ont été fait avec « la participation des partenaires sociaux à un stade précoce des négociations », ce qui a permis d’« aider à forger une plus large appropriation ». Des choix politiques qui, selon une étude de l’OCDE, place l’Islande en tête des pays sur le front de la lutte contre les inégalités de revenus disponibles. « S’agissant des autres pays, les pertes de revenu se sont ralenties en 2011 en Estonie, en Islande et au Mexique. Dans les pays ayant mis en place des mesures fiscales visant à réduire le poids des impôts pour les ménages les plus pauvres, notamment l’Islande, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande et le Portugal, le revenu des 10 % les plus pauvres a moins diminué que celui des plus riches depuis les toutes dernières années », explique ainsi le rapport.

Il faut ajouter à cela le travail de « purge » du secteur financier, résultat du travail de la commission mise en place en 2009 qui a pour objectif de chercher et d’amener devant la justice ceux qui ont eu un rôle actif dans la crise financière qui a touché le pays. Trois anciens dirigeants de la banque Kaupthing ont ainsi été condamnés en 2013. 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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21 août 2015 5 21 /08 /août /2015 14:09

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

Yanis Varoufakis : "Nous avons trahi la grande majorité du peuple grec !"
L' Obs

Nous avons rencontré l'ex-ministre des Finances grec un jour avant qu'Alexis Tsipras annonce la tenue d'élections anticipées. Il sera l'invité d'honneur ce dimanche de la Fête de la rose organisée par Arnaud Montebourg. Il revient sur sa démission et ses rapports avec le Premier ministre grec.

 

Yánis Varoufákis, ancien ministre grec des Finances (Maxime Gyselinck pour l’Obs)Yánis Varoufákis, ancien ministre grec des Finances (Maxime Gyselinck pour l’Obs)
 

C'est un homme souriant, en apparence apaisé, qui nous accueille dans sa résidence secondaire sur l'île d'Egine. Sa femme, Danaé, et un ami proche sont assis sur la terrasse qui donne sur la mer. Propos recueillis par Pavlos Kapantais.

Vous vous êtes opposé à la décision d’Alexis Tsipras, le 13 juillet, d’accéder aux demandes des créanciers. Pourrions-nous vous voir sur les listes électorales d’un autre parti lors des prochaines élections ?

Yanis Varoufakis : Si les élections anticipées débouchent sur un gouvernement et un parti qui auront reçu un mandat populaire pour appliquer l’accord du 13 juillet, je ne pourrai évidemment pas en faire partie. Alexis Tsipras est rentré du sommet européen du 12 juillet, où nous avons assisté de fait à la capitulation du pays, en expliquant son positionnement. Celui-ci reposait, selon lui, sur un grave dilemme : soit on acceptait ce programme non viable, soit le plan Schäuble [le ministre allemand des Finances, NDLR] de "défenestration" de la Grèce de la zone euro était mis en action. C’est là que commence ma principale objection : je ne crois pas que le dilemme soit là. Je crois que le "plan Schäuble" est en train de se réaliser. C’est en votant "non" au référendum que je reste fidèle au programme de Syriza. Si je suis d’accord avec Alexis Tsipras pour dire que le Grexit doit être évité, selon moi, le maintien de la Grèce dans la zone euro passait justement par le rejet de ce nouveau et troisième mémorandum. C’est là que nos opinions divergent. Alexis [Tsipras] considère que cet accord est l’alternative au "Grexit" de Schäuble, moi je considère que ce mémorandum fait partie du plan de Schäuble [de sortie de la Grèce de la zone euro].

Pendant les négociations, vous avez souvent dit que pour que les négociations puissent aboutir, il aurait fallu que le FMI, la Commission et la Banque centrale européenne soient moins divisées. Quelle était la nature de ces divisions ?

- Il est évident que cela aurait été plus simple… Le FMI a reconnu dès le départ que la dette était beaucoup trop importante pour que le pays puisse espérer s’en sortir. Mais la même institution était intraitable sur les réformes du droit du travail. En revanche, lorsqu'on allait parler aux Européens, ils nous disaient exactement le contraire ! Ils étaient d’accord avec nous sur le droit du travail, mais, pour eux, le fait d’envisager un effacement même partiel de la dette était un sujet tabou. Leurs divergences sont impossible à gérer, il faut qu’ils se mettent d’accord. Quand vous vous retrouvez pris en étau entre des discours contradictoires, la négociation devient quasiment impossible : vous êtes cerné par les lignes rouges des uns et des autres et, par conséquent, la discussion ne peut pas avancer.

Quel a été le rôle de la France au sein de l’Eurogroupe, et comment jugez-vous ce rôle ?

- Le gouvernement français avait une perception très proche de la nôtre. Mais excepté quelques phrases de soutien lancées par Michel Sapin, cela ne s’est pas traduit par un réel soutien. Ses interventions ont été immédiatement rejettées par les autres, et plus particulièrement par Schäuble. Il est vrai que, lorsque j’ai fait remarquer la grande différence entre ce qui se disait à huis clos et ce qui se disait publiquement, un personnage haut-placé m’a dit que "la France n’était plus ce qu’elle était". A l’intérieur de l’Eurogroupe, nous avons pu travailler avec Michel Sapin, notamment pour trouver un compromis entre la continuité des engagements pris par l’Etat grec et le principe de démocratie. Car le peuple grec s’est très nettement exprimé contre l’austérité lors des élections législatives de janvier. Michel Sapin l’a rappelé à plusieurs reprises au sein de l’Eurogroupe. Cependant, la réponse de Schäuble fut catégorique : les élections ne changeaient rien au problème car si les règles devaient évoluer à chaque fois qu’un nouveau gouvernement était élu, l’Eurogroupe n’aurait plus de raison d’être et la zone euro s’effondrerait.

(Maxime Gyselinck pour l’Obs)

Comment s’est passée exactement votre démission le soir du référendum ? Que vous a dit Alexis Tsipras ? Avez-vous pris cette décision ensemble, ou est-ce un gage qu’il a dû respecter sous le chantage, une reddition ?

- La semaine qui a précédé la fermeture des banques, je considérais – et je considère toujours – que nous aurions dû nous opposer à cette décision scandaleuse de l’Eurogroupe. Mais comme nous étions dans la ligne droite qui menait au référendum, il était de notre devoir de rester unis et de travailler pour la victoire du "Non". Et le "Non" l’a emporté. Α ce moment-là, j’ai ressenti une immense responsabilité face à ces gens qui ont su s’opposer à toutes les attaques médiatiques contre les partisans du "Non", au moment même où les banques avaient été fermées pour leur faire peur. J’ai considéré alors que notre rôle était d’honorer ce courage. Je suis rentré à Maximou [résidence officielle du premier ministre grec, NDLR] imprégné et motivé par l’énergie de notre très courageuse population et je me suis trouvé confronté à la volonté de capitulation de la part des autres membres de notre groupe politique responsables des négociations. Ma position ayant toujours été de dire : "Je préfère que l’on me coupe la main plutôt que de signer un nouveau mémorandum", mon départ à ce moment s’est imposé à tout le monde comme une évidence.

Alexis Tsipras aurait-il dû démissionner ?

- Personnellement, je crois toujours ce que l’on me dit. Lors de notre arrivée au pouvoir, nous nous étions dit deux choses Alexis Tsipras et moi : premièrement, que notre gouvernement essaierait de créer la surprise en faisant réellement ce que nous avions promis de faire. Deuxièmement, que si jamais nous n’y arrivions pas, nous démissionnerions plutôt que de trahir nos promesses électorales. C’est pourquoi, d’ailleurs, à quelques jours du référendum, j’avais déclaré que si le "Oui" l’emportait, je démissionnerais immédiatement. Je n’ai pas la capacité de faire des choses en lesquelles je ne crois pas. Je pensais que c’était notre ligne commune. Finalement, à travers les décisions gouvernementales, c’est le "Oui" qui l’a emporté et pas le "Non"...

Vous sentez-vous trahi par Alexis Tsipras ?

- Je crois que nous avons trahi la grande majorité (62%) du peuple grec. En même temps, il est évident que ce résultat n’était pas un mandat de sortie de la zone euro. Comme Alexis Tsipras, j’ai toujours été opposé à ce scénario, même si je critique avec virulence l’architecture de l'eurozone. C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle j’ai été nommé ministre des Finances. Mais à travers ce référendum, le peuple nous a clairement dit : "Battez-vous pour un meilleur accord, et si l’on vous menace de Grexit ou de tout autre catastrophe, n’ayez pas peur."

Etiez-vous matériellement prêt à sortir de l’euro ?

- C’est une question intéressante pour la zone euro dans son ensemble. Le problème, c’est qu'on ne peut pas envisager sérieusement une éventuelle sortie d’un pays de la zone euro. Car dès que la discussion commence, le mécanisme est enclenché et aussitôt les banques du pays concerné s’écroulent. Par conséquent, il est tout simplement impossible d’avoir un plan B opérationnel. Il ne peut être que théorique. Nos études sur la question, comme celles de la BCE d’ailleurs, n’était confiées qu’à 5-6 personnes pour rester discrètes. Pour qu’un tel plan soit opérationnel, il faudrait que près d’un millier d’experts se coordonnent. Cela ne pourrait plus rester secret, et provoquerait donc une panique bancaire, avec une sortie de l’euro à la clé…

Alexis Tsipras n’a donc jamais sérieusement envisagé ce scénario ?

- Je crois que cela n’a jamais été envisagé, ni par Tsipras, ni par moi. Ce que j’ai essayé de mettre en place, après que Dijsselbloem [le président de l'Eurogroupe], dès le 30 janvier, a menacé de fermer nos banques si nous n’appliquions pas le mémorandum, çela a été une série de solutions d’urgence pour créer de la liquidité si ce scénario devait se produire. Le but était de survivre quelques semaines à l’intérieur de la zone euro malgré les banques fermées, jusqu’à ce que l’on arrive à un accord. Malheureusement, le gouvernement n’a pas voulu appliquer ce programme : on a juste attendu que le référendum ait lieu pour capituler juste après.

A quoi aura servi le référendum finalement ?

- Pour la Grèce, il n’aura servi à rien. Il n’a pas aidé le gouvernement. Il n’a pas non plus aidé le peuple qui a voté "Non". Le peuple a été abandonné et trahi. Et pourtant, à cette occasion, les peuples européens ont vu qu’il pouvait y avoir des citoyens fiers qui refusaient les chantages et ne se faisaient pas manipuler par leurs médias. Les Grecs ont montré l’exemple aux autres peuples européens. Mais le leadership politique grec, moi y compris, n’a pas su capter cette résistance populaire et la transformer en une force pour mettre fin à l’autoritarisme et l’absurdité du système.

(Maxime Gyselinck pour l’Obs)

Croyez-vous que le FMI participera au programme grec ?

- Je ne peux pas imaginer comment le FMI pourrait participer à ce nouveau programme sans que cela ne lui crée d’immenses problèmes internes. Ces derniers jours cependant, des voix au sein de l’Europe commencent à discuter d’un rallongement des maturités concernant la dette grecque.

Ne croyez pas que cela sera suffisant pour convaincre le FMI de participer ?

- Cela dépendra des paramètres mis en place. Si l’Eurogroupe décide que les 312 milliards de dette pourront être remboursés à partir de l’année 2785 et que d’ici là il n’y aura aucun versement à réaliser, cela pourrait fonctionner car il s’agirait de fait d’un effacement de la dette. Pour le moment il y a un problème tant avec la valeur nominale de la dette qu’avec le calendrier des paiements. Pour être concret, regardez ce qui est prévu pour 2022. C’est comique ! Les paiements annuels prévus passent d’un coup de 10 milliards annuels à 30 milliards ! C’est comme si l’on déclarait à la terre entière qu’à l’horizon 2022-2023, la Grèce allait faire faillite ! Qui dans ces conditions viendra investir à long terme, quand on sait qu’en 2018 le pays doit afficher un excèdent budgétaire de 3,5%, ce qui signifie évidemment d’importantes hausses d’impôts, qui conduiront le pays dans le mur…

Quelle est votre solution ?

- Laissez-moi plutôt poser une autre question, que j’ai soumise aux membres de l’Eurogroupe en poussant leur raisonnement jusqu’au bout : "Ne serait-il pas mieux d’abolir les élections pour les pays se trouvant dans un programme d’aide ? Cela aurait le mérite d’être clair. Nous pourrions déclarer par la suite que nous avons créé une union monétaire en Europe qui abolit la démocratie pour les pays ayant une dette qu’ils ne peuvent pas rembourser". Comme vous l’aurez compris, la discussion s’est arrêtée là... Par ailleurs, mes opposants les plus farouches, au-delà de Schäuble, ont été les pays ayant imposé à leurs populations des cures d’austérité très dures. Quand on sait, par exemple, qu’en Lettonie la moitié de la population a dû s’expatrier à cause de la cure d’austérité imposée au pays, il est prévisible que les dirigeants lettons ne veuillent pas s’exposer à la vindicte populaire en laissant le gouvernement grec démontrer qu’une autre voie existe.

Que pensez d’Euclide Tsakalotos, le nouveau ministre des finances ? Quels conseils lui avez-vous donnés ?

- Euclide est un ami très cher et un excellent collègue. Nous sommes très proches. Il est comme un frère pour moi. Et j’ai de la peine pour lui : au moment où j’ai pris en charge le ministère, nous vivions des moments de joie, des moments historiques et héroïques. Euclide a été nommé, et il en est tout à fait conscient, pour mettre en place la capitulation. 

Comment voyez-vous aujourd’hui l’avenir de Syriza et celui de la Grèce ?

- Il faut toujours rester optimiste quand on parle d’un pays comme la Grèce qui a derrière lui une histoire longue de plusieurs millénaires. Je considère que plus la crise s’intensifie, plus nous sommes proches du moment où, enfin, on accèdera à la lumière. L’heure la plus sombre vient toujours avant l’aube. Quant à Syriza, si le parti ne parvient pas à rester uni malgré les différences d’opinion qui le traversent concernant l’accord, il n’a aucun avenir. S’il réussit, il jouera un rôle hégémonique en Grèce pendant de très nombreuses années.

Mais comment Syriza pourrait-il rester uni, étant données ses profondes divisions actuelles ?

- Les bons camarades peuvent rester unis malgré leurs divergences. Si nous parvenons à garder cet esprit, il a un espoir d’unité. Mais cet espoir disparaitra tôt ou tard si l’on continue à appliquer le mémorandum en prétendant qu’il est viable.

Pensez-vous que l’administration et l’Etat grec sont capables de se réformer ?

- Evidemment ! Il ne faut pas être négatif. Depuis une vingtaine d’années, il y a eu de nombreux progrès. Mais malheureusement la Troïka ne s’intéresse pas réellement à cela. Ce qu’elle veut avant tout c’est de garder sa mainmise sur l’économie de notre pays.

Pensez-vous publier un jour les enregistrements que vous avez des réunions de l’Eurogroupe ?

- Si je ne l’ai pas fait jusqu’ici, et malgré tous les mensonges que l’on a racontés sur moi , c’est pour démontrer que je respecte les règles du jeu. Mais malgré leur importance, il n’y a pas de compte rendu officiel de ses réunions ! Un jour, je rendrai donc ces enregistrements publics.

Comment voyez-vous votre avenir ?

- (rires) Question intéressante ! Je resterai actif politiquement quoi qu’il arrive, avec cependant une nouvelle certitude : toutes ces questions, l’austérité, la dette… doivent être pensées au niveau européen. Et en concertation avec les peuples qui souffrent et leurs représentants et non un Eurogroupe qui, lui, n’a aucune existence institutionnelle et donc n’a de comptes à rendre à aucune institution. S’il n’y a pas un mouvement européen pour démocratiser la zone euro, aucun peuple européen ne verra de jours meilleurs : ni les Français, ni les Italiens, ni les Irlandais, personne. C’est un combat fondamental qui nous reste à mener.

*(groupe de six membres du gouvernement responsable des négociations comprenant à l’époque Alexis Tsipras, Yannis Dragasakis le vice-président du gouvernement grec, Yanis Varoufakis, George Stathakis le ministre de l’économie, Euclide Tsakalotos à l’époque vice-ministre des finances, et Nikos Pappas ministre auprès du premier ministre et bras droit d’Alexis Tsipras.

 

Propos recueillis par Pavlos Kapantais

 

 

(Maxime Gyselinck pour l’Obs)

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

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21 août 2015 5 21 /08 /août /2015 13:52

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Grèce: les frondeurs de Syriza créent leur parti

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

La frange la plus à gauche de Syriza a annoncé, vendredi, la création d’un nouveau parti baptisé « Unité populaire ». Des élections législatives anticipées doivent avoir lieu le 20 septembre. Tsipras a présenté sa démission jeudi.

 

La frange la plus à gauche du parti Syriza du premier ministre Alexis Tsipras a décidé de faire sécession pour fonder un nouveau parti indépendant avec 25 parlementaires, indique un vice-président du parlement grec, vendredi. Ce nouveau parti s'appellera "Unité populaire". Il sera dirigé par l'ancien ministre de l'énergie Panagiotis Lafazanis qui a pris la tête de la fronde contre le troisième plan de renflouement financier de la Grèce négocié par Alexis Tsipras.

Avec 25 députés, cette nouvelle formation sera la troisième en importance de la Vouli, assemblée de 300 membres, devant le parti centriste To Potami et le parti d'extrême droite Aube dorée qui comptent 17 élus chacun. Cette scission intervient après la démission d'Alexis Tsipras jeudi, une initiative qui devrait aboutir à la tenue d'élections législatives anticipées sans doute le 20 septembre.

Ni Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des finances qui avait été poussé à la démission au début de juillet, ni Zoé Konstantopulou, présidente du Parlement, ne figurent dans la liste des parlementaires ralliant ce nouveau parti. Tous deux avaient pourtant été très critiques envers l’attitude d’Alexis Tsipras, qu’ils accusaient d’avoir cédé aux exigences des créanciers d’Athènes trop facilement.

Le premier ministre grec Alexis Tsipras a en effet présenté jeudi 20 août sa démission au chef de l'Etat afin d'ouvrir la voie à la tenue d'élections législatives anticipées le 20 septembre. Selon l'agence grecque ANA, Alexis Tsipras « propose des élections anticipées le 20 septembre ». Sa démission est nécessaire pour que le scrutin ait lieu. Arrivé au pouvoir en janvier, Alexis Tsipras est confronté à une opposition de l'aile la plus à gauche de son parti, Syriza, depuis qu'il a conclu un accord avec les créanciers d'Athènes sur l'octroi d'un troisième plan d'aide financière à la Grèce en échange de nouvelles mesures d'austérité.

« Le mandat que j'ai reçu le 25 janvier a atteint ses limites et le peuple grec a désormais son mot à dire », a déclaré Alexis Tsipras lors d'une allocution retransmise à la télévision. « Le Parlement actuel ne permet pas de dégager un gouvernement majoritaire, ni un gouvernement d'union nationale », a-t-il dit ensuite au président, Prokopis Pavlopoulos. Lors de son intervention à la télévision grecque, le chef du gouvernement a défendu le compromis trouvé avec les créanciers, tout en affirmant qu'il n'était pas à la hauteur de ses propres attentes. « Je vais être honnête avec vous : nous n'avons pas obtenu l'accord que nous voulions avant les élections de janvier », a-t-il reconnu. « Je ressens profondément la responsabilité morale et politique de remettre à votre jugement tout ce que j'ai fait, mes réussites comme mes échecs », a encore dit Alexis Tsipras à l'adresse des électeurs.

« L'objectif est d'avoir des élections le 20 septembre », a dit une source gouvernementale, jeudi 20 août, après une rencontre entre le premier ministre Alexis Tsipras, les principaux dirigeants de son parti Syriza et des ministres pour discuter de cette question. Tsipras a dû précipiter son calendrier après le refus d'un tiers des élus de son parti de soutenir le nouveau programme gouvernemental, le privant virtuellement d'une majorité dont il dispose au parlement. Cette accélération s'explique également par la volonté de Tsipras de retourner devant les électeurs avant que se fassent sentir les effets des nouvelles mesures d'austérité.

Le chef du gouvernement peut en outre compter sur une solide popularité. Syriza était crédité par un sondage le 24 juillet de 33,6 % des intentions de vote. Ce bon chiffre en fait le parti le plus puissant de Grèce mais n'est pas suffisant pour envisager de gouverner sans des partenaires de coalition.

Les rumeurs entourant de possibles élections anticipées au mois de septembre se sont multipliées au cours des derniers jours, plusieurs responsables dont le ministre de l'énergie Panos Skourletis ayant ouvertement appelé à un retour devant les électeurs. La probabilité d'un tel scénario est renforcée par la décision du gouvernement de ne pas solliciter un vote de confiance au parlement. Selon la télévision publique ERT, certains membres de Syriza seraient favorables à des élections les 13 et 20 septembre tandis que d'autres plaident en faveur d'un scrutin en octobre.

Alexis Tsipras avait conduit son parti Syriza à la victoire lors des législatives de janvier en faisant campagne contre la politique d'austérité menée en Grèce. Après sept mois de négociations parfois tendues avec les créanciers internationaux d'Athènes, le chef du gouvernement a accepté un plan de renflouement financier de 86 milliards d'euros assorti de hausses des impôts et de réduction des dépenses publiques.

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi qu'elle avait reçu, comme prévu, un remboursement de 3,2 milliards d'euros acquitté par la Grèce au titre de sa dette. Ce remboursement portait sur des obligations d'Etat parvenues à maturité. Après l'annonce d'Alexis Tsipras, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a dit espérer que les soubresauts de la vie politique grecque n'allaient pas remettre en cause la mise en œuvre des mesures consenties par Athènes.

« Il est essentiel que la Grèce maintienne ses engagements envers la zone Euro », a-t-il jugé dans une déclaration envoyée à Reuters par courrier électronique. « Je rappelle que le nouveau paquet de réformes a recueilli un large soutien des députés grecs et j'espère que les élections vont permettre d'obtenir un soutien plus large encore du Parlement », a ajouté Dijsselbloem.
(Reuters)

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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