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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 21:09

 

Source : http://cadtm.org

 

La « crise » migratoire : l’effet boomerang

7 septembre par Lucile Daumas

 

 

 

Aggraver les inégalités, piller les ressources du tiers-monde, refuser de prendre des mesures pour stopper le réchauffement climatique, déstabiliser toute la région du Moyen-Orient, multiplier les guerres et les conflits, tout cela a un coût que paient depuis des décennies les populations, et tout particulièrement celles du Sud. En nombre de morts, de déplacés, d’affamés, de désespérés. Et cela met des populations sur les routes, à la recherche simplement d’un endroit où survivre. Massivement, puisque l’UNHCR (l’Agence des Nations unies pour les réfugiés) estime à 50 millions le nombre de réfugiés dans le monde.

La plupart du temps, cette route de l’exode s’arrête à la région voisine, au sein du même pays, ou au territoire du pays voisin. C’est ce qui s’est passé lors de la crise du Rwanda ou de la RDC, c’est ce qui se passe en ce moment avec la guerre qui ravage la Syrie.

Pour ne prendre que ce dernier exemple, le nombre de réfugiés est aujourd’hui estimé à environ 4 millions (sur une population totale de 20 millions, 1/5 de la population !) Et plus de la moitié est accueillie dans les pays de la région : Turquie, 2 millions (pour une population totale de 75 millions) ; Liban, 1,1 million (sur une population de 5,8 millions), Jordanie, 500 000. Aux réfugiés syriens proprement dit, il faut ajouter les réfugiés que la Syrie avait accueilli au cours des décennies précédentes : Palestiniens - installés de longue date dans ce pays, ainsi qu’au Liban et en Jordanie et Irakiens - rappelons que la Syrie avait accueilli, après la chute de Saddam Hussein 1,5 million de réfugiés.

L’Europe, les États-Unis devaient bien savoir qu’un tel exode était inévitable. En envahissant l’Irak, en déstabilisant toute la région, en jouant les apprentis-sorciers avec les mouvements islamistes, pensaient-ils vraiment être à l’abri de toute répercussion ? Certes, ils subissent de loin en loin quelques attentats terroristes, amplement médiatisés. Mais qu’est-ce que cela représente par rapport à ce que vivent les populations des pays arabes, devant affronter au quotidien l’obscurantisme ? Pendant des années, ils ont laissé les pays limitrophes se dépatouiller avec ce problème, continuant à lever toutes sortes de barrières tout autour de l’Europe, renforçant de jour en jour le caractère militaire du mécanisme de défense des frontières européennes, appelé Frontex, et sommant les pays limitrophes de l’Union, qualifiés de bons voisins, de relayer la surveillance des frontières européennes, au mépris du respect des droits humains et au mépris de la Convention de Genève et du droit d’asile.

Cela fait des années que la Méditerranée s’est transformée en véritable cimetière humain sans que cela n’émeuve les responsables européens qui continuaient leur politique de blindage du bunker européen. Il aura fallu donc l’arrivée massive de réfugiés sur le territoire européen, venant notamment de Syrie, pour que les gouvernements réagissent et nous livrent, le cœur sur la main, des discours lénifiants sur les principes du droit d’asile et la nécessité d’un accueil humain des réfugiés. Qu’en sera-t-il exactement ? Les prochains jours, les prochaines semaines nous le diront. Mais ce n’est pas l’établissement de quotas par pays, ce n’est pas le tri entre migrants réfugiés et migrants économiques qui apporteront des solutions durables à cet exode massif de populations ne pouvant plus vivre dans leurs pays.

Preuve en est que de nouveaux fronts de migration sont en train de s’ouvrir. Ainsi, face à la crise, les Grecs sont aussi de plus en plus nombreux à chercher un emploi hors de leur pays. Pas moins de 300 000 se sont exilés depuis les sept dernières années, portant à près de 6 millions la population grecque émigrée. Les Espagnols eux aussi ont repris la route de la migration, au Maroc, dans les pays d’Amérique latine ou ailleurs.

Nul doute : ni les murs, ni les armes ne permettront de résoudre ce que les médias appellent la crise migratoire. Car elle n’est que l’effet boomerang des politiques néolibérales imposées depuis des décennies aux peuples du monde. Cet effet, les populations du Sud le connaissent bien, mais voilà, il s’invite aujourd’hui au cœur de l’Europe, qui tout d’un coup se rend compte qu’il n’est pas si facile d’accueillir des réfugiés.

Les solutions de fond, elles résident donc dans l’arrêt des ventes d’armes à des bandes armées de tout acabit, l’arrêt du soutien à des régimes comme celui de l’Arabie saoudite qui après avoir fomenté la création de l’État islamique se voit confier la tâche de son éradication.

Elles résident dans la fin du pillage des ressources des pays du Sud et des confrontations armées qui n’ont d’autre but que de permettre l’intervention militaire des pays occidentaux.

Elles résident dans l’annulation du système de la dette qui ne fonctionne aujourd’hui que comme mécanisme de pompage des richesses des peuples au bénéfice des banques.

Elles résident dans la dénonciation des accords de libre-échange qui, eux aussi, bafouent la souveraineté des peuples et renforce le pillage des richesses du Sud au bénéfice des banques et des multinationales du Nord.

Et en attendant, l’urgence est dans le respect des droits et des conventions relatifs à la migration et à l’asile, la mise en place de mécanismes d’accueil et d’insertion permettant d’instaurer des rapports d’humanité et de respect de la dignité.

 

 
Auteur
Lucile Daumas

membre d’Attac/Cadtm Maroc

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 20:46

 

Source : http://www.mediapart.fr/journal/france/070915/mediaporte

 

 

MediaPorte : « Après la fuite d'eau, l'appel d'air »

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Alors que l'Allemagne humilie la France en ouvrant ses portes aux réfugiés par milliers, Didier Porte se demande « ce qu'il faudrait leur mettre devant les yeux pour émouvoir nos compatriotes de droite » réunis ce week-end à l'université Les Républicains de La Baule.

 

Alors que l'Allemagne humilie la France en ouvrant ses portes aux réfugiés par milliers, Didier Porte se demande « ce qu'il faudrait leur mettre devant les yeux pour émouvoir nos compatriotes de droite » réunis ce week-end à l'université Les Républicains de La Baule, où le langage des éléments a remplacé les éléments de langage.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr/journal/france/070915/mediaporte

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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 20:17

 

Source : http://blogs.mediapart.fr/edition/vert-tige

 

 

La Confédération paysanne dénonce les mensonges de la FNSEA
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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 20:05

 

 

Source : http://bibliobs.nouvelobs.com

 

 

Les Pinçon-Charlot chez les fraudeurs fiscaux
Mathieu Delahousse

Les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot racontent leur immersion dans l'univers de l’évasion fiscale, de Genève à Bercy. Un monde d’entre-soi et de silence. Extraits en exclusivité.

 

Monique Pinçon Charlot et Michel Pinçon publient "Tentative d'évasion (fiscale)". DRMonique Pinçon Charlot et Michel Pinçon publient "Tentative d'évasion (fiscale)". DR
 
 

C’est un drôle de refrain : Fraus omnia corrumpit. L’adage juridique latin – «la fraude corrompt tout» – ne figure pas dans le nouveau livre des deux sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, mais il ne cesse de venir à l’esprit tout au long de leur périple entre Paris, Genève et Luxembourg.

 

La presse a raconté par le menu les grandes affaires récentes de fraude fiscale, le rôle des lanceurs d'alerte, les péripéties judiciaires, les familles éclaboussées par le scandale. Le couple de sociologues scrute à sa façon, dans «Tentative d’évasion (fiscale)» le dessous des cartes : les relations, le langage et autres attributs de ces citoyens décidés à échapper tant à l'impôt qu'au sens de l'histoire. Pour les deux auteurs, «la classe dominante organise la plus grande casse des temps dits modernes».

 

"Les brouillards matinaux dissipés, pleins d’une énergie nouvelle et d’enthousiasme, nous sommes tentés de renouveler l’essai que nous avions fait en 1994 : ouvrir un compte dans une des banques dont la spécialité consiste à gérer, dans la plus grande confidentialité, une richesse supposément malmenée par le fisc français...

 

*Suite de l'article sur nouvelobs (réservé aux abonnés)

 

 

Source : http://bibliobs.nouvelobs.com

 

 

 

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5 septembre 2015 6 05 /09 /septembre /2015 17:23

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

 

 

 

La tourmente grecque

 

Mardi 8 septembre 20h
Cinéma Sémaphore à Nîmes
Film débat
avec Philippe Menut, réalisateur

 

proposé par ATTAC, CADTM, Collectif nîmois de soutien au peuple grec

Un film pour débattre et comprendre la situation en Grèce.
Un gros plan à la fois humain et économique sur les causes et les conséquences de la crise.

Après la victoire électorale de janvier 2015, six mois de négociation avec les « institutions » de la zone euro ont débouché sur l’accord du 13 juillet 2015. Un troisième mémorandum d’austérité est planifié dans une situation économique et sociale insoutenable.

LA TOURMENTE GRECQUE donne la parole aux salarié-e-s, militant-e-s, économistes, médecins, ministres, chômeurs-euses, philosophes…
Ils-elles donnent leur éclairage sur la crise vécue de l’intérieur et témoignent de la résistance du peuple grec.

 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

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5 septembre 2015 6 05 /09 /septembre /2015 17:08

 

Info transmise par TINA

Sur l’État, la nation, l'insurrection...parce que avant de causer sabordage de l'Euro (l'un des moyens de la domination, on pourrait dire de la fragmentation interne des peuples), on peut discuter d'où l'on veut aller. Disons que c'est pour changer du débat sur la crise grecque...
Débat donc sur un livre faisant suite à "l'Insurrection qui vient" : "A nos amis",
du Comité Invisible, Ed. La Fabrique" (où il y a aussi des tas d'autres choses).

 

 

Source :http://www.hors-serie.net/Dans-le-Texte/2015-07-14/Lordon-Hazan-A-nos-amis-id100

 

 

Lordon, Hazan : A nos amis

Rencontre-débat sur le livre du Comité Invisible

 

 

A l'occasion de la sortie du livre A nos amis, du Comité Invisible, le Lieu-Dit a organisé à l'automne dernier une rencontre-débat entre Eric Hazan et Frédéric Lordon. Le premier dirige La Fabrique, et se trouve être l'éditeur du Comité Invisible, depuis L'insurrection qui vient. Le second est philosophe (spinoziste) et économiste (hétérodoxe) : au delà de leur profonde amitié, ils ont, sur l'Etat et les stratégies de subversion que le Comité Invisible promeut, des opinions qui peuvent parfois diverger ; sans compter les questions et interpellations du public, vives... L'ensemble constitue un document passionnant qu'il nous a semblé essentiel de faire connaître.

C'était le 27 novembre 2014, rue Sorbier à Paris, devant un public très très nombreux, ardent, mobilisé - et impatient de passer à l'acte ! Les caméras de Hors-Série étaient là pour filmer l'événement (dans des conditions techniques difficiles), événement que nous diffusons sur Hors-Série, en accès libre… N'hésitez pas à faire tourner !

P.S : Pour accéder à la fenêtre de visualisation de l'émission, faites défiler la page vers le bas. 

Dans le Texte , émission publiée le 14/07/2015
Durée de l'émission : 73 minutes

 

Lien http://www.hors-serie.net/Dans-le-Texte/2015-07-14/Lordon-Hazan-A-nos-amis-id100

 

 

 

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4 septembre 2015 5 04 /09 /septembre /2015 17:01

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

En Espagne, un «réseau de villes-refuges» se met en place

|  Par Ludovic Lamant

 

 

À l'initiative de Barcelone, des villes « indignées » se mobilisent pour accueillir davantage de réfugiés, et lancent des campagnes de solidarité. Leur objectif: faire pression sur le gouvernement de droite de Mariano Rajoy, qui se crispe sur le sujet à l'approche des élections générales.

 

Alors que le gouvernement de Mariano Rajoy rechigne à répondre aux demandes de Bruxelles en matière d'accueil des migrants, Barcelone, Madrid et d'autres villes d'Espagne dirigées depuis mai par des plateformes « indignées » veulent créer un « réseau de villes-refuges ». La mairie catalane est la première à avoir pris une initiative, en annonçant la création d'un registre des familles volontaires, pour aider les migrants de passage (en leur proposant un logement, ou en leur apportant, plus modestement, une aide matérielle).

« Ce n'est pas de la charité. L'asile est un droit de l'homme, inscrit dans les traités internationaux, mais aussi dans la charte de Barcelone », a expliqué mardi Gerardo Pisarello, premier adjoint à Barcelone, un Argentin qui s'est lui-même installé en Catalogne en 2001. Vendredi, sur sa page Facebook, Ada Colau, la maire de Barcelone issue de la société civile, avait lancé un « appel à l'empathie » qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux : « Soit nous abordons un drame humain avec cette capacité d'aimer qui est propre à l'humanité. Soit nous terminerons tous déshumanisés. Et les morts seront encore plus nombreux. Ce n'est pas une bataille pour nous protéger "des autres" à laquelle nous assistons. La guerre en cours est une guerre contre la vie. »

Le projet d'un registre des familles reste encore très embryonnaire. « Nous avons reçu beaucoup de lettres de familles, qui se proposent d'accueillir des réfugiés chez eux », raconte Ada Colau. Pisarello ne s'est pas aventuré à donner des chiffres précis. Le conseiller municipal insiste sur la nécessité, pour les municipalités, de travailler en réseau, en réponse au défi migratoire. « La Generalitat [l'exécutif catalan, ndlr] ne possède que 28 places d'accueil pour les demandeurs d'asile, pour un séjour qui peut durer jusqu'à six mois », le temps d'obtenir une réponse à leur requête, précise El País. D'après les associations d'aide aux étrangers, quelque 783 demandeurs d'asile présents ces jours-ci sur le sol catalan attendent une réponse. Le chiffre de 400 réfugiés, que pourrait accueillir Barcelone dans les semaines à venir, circule dans les milieux associatifs, mais n'a pas été confirmé par la mairie.

 

 

La maire de Madrid, Manuela Carmena, a saisi la balle au bond : « Je vais en parler à Colau, je suis intéressée, nous sommes deux grandes villes, différentes, mais d'accueil », a-t-elle expliqué mercredi sur les ondes de Onda Cero. « Nous sommes prêts à faire le nécessaire pour accueillir ceux qui en ont besoin, mais nous souhaitons que ce soit le gouvernement [de Mariano Rajoy, ndlr] qui nous dise combien de personnes vont arriver à Madrid », a poursuivi Carmena. Plusieurs maires issus du mouvement indigné, dont ceux de Madrid, Barcelone, Cadix, La Corogne ou Saragosse, se sont donné rendez-vous, vendredi à Barcelone, pour débattre de leurs expériences respectives depuis leur accession au pouvoir au printemps. Cet échange, le premier du genre, qui se déroulera en public et en plein air, sera sans doute l'occasion de préciser les contours de cet hypothétique « réseau de villes-refuges ».

Le maire de Valence, la troisième ville d'Espagne, s'est lui aussi déclaré intéressé, même s'il a précisé vouloir savoir, d'abord, « ce que vont faire la Generalitat de Valence [l'exécutif régional, ndlr] et le gouvernement [de Madrid, ndlr] ». Joan Ribó n'est pas, à proprement parler, un maire issu du mouvement « indigné » du 15-M (en référence au 15 mai 2011, lorsque des Espagnols s'étaient emparés des places d'Espagne), mais cette figure du mouvement Compromis incarne elle aussi un renouveau de la classe politique espagnole. Les villes de Pampelune (capitale de la Navarre), de La Corogne (Galice) ou encore de Las Palmas (Canaries) ont aussi exprimé leur intérêt à rejoindre ce réseau. Pampelune « sera à la hauteur, parce qu'il n'en est pas possible autrement », a déclaré son maire, Joseba Asiron (de la coalition Bildu, gauche indépendantiste).

Mardi, Pisarello, l'adjoint au maire de Barcelone, est également monté au créneau sur un autre dossier sensible, celui des fonds débloqués par l'agence de l'UE Frontex, versés aux États membres pour faire face à l'urgence humanitaire. « Ce sont les villes qui sont les mieux placées pour répondre à ce défi », a-t-il jugé. L'Espagne doit toucher 527 millions d'euros de Frontex, sur les six prochaines années, selon El País.

Cette offensive politique des maires « indignés » – encore très fragile – intervient alors que l'Espagne est l'un des pays de l'UE qui délivre le moins de statuts de réfugiés. Au printemps, la commission de Bruxelles avait fixé des quotas de réfugiés à chacun des 28 États membres, dont 5 849 personnes pour l'Espagne. Mais Mariano Rajoy, souverain en la matière, avait ramené ce chiffre à moins de la moitié. Jusqu'à présent, Madrid a donné son feu vert à l'accueil de 1 300 réfugiés déjà présents sur le sol européen, et à 1 439 autres, encore présents dans leur pays d'origine. Lors d'un déplacement en Allemagne mardi, Rajoy a toutefois lâché du lest, sous la pression de la chancelière Angela Merkel, et n'a pas exclu de faire évoluer sa position : le quota « peut être modifié », par exemple à l'occasion de la prochaine réunion des ministres européens de l'intérieur, le 14 septembre à Bruxelles.

« Nous allons faire pression, depuis les villes, grâce à ce réseau de familles solidaires, pour que le gouvernement de Rajoy modifie sa politique, et consacre bien à l'accueil des réfugiés les fonds européens qu'il reçoit à cet effet », a prévenu Ada Colau. En écho, le site d'information indépendant Contexto a mis en ligne un appel assez musclé (ci-dessous), qui exhorte l'exécutif de Madrid à « cesser de faire honte à ses citoyens » face à « ce naufrage moral et politique ». Les auteurs plaident pour que le gouvernement accepte « sans attendre les quotas établis au sein de l'UE, et aille plus loin, en augmentant encore un peu plus le nombre de réfugiés qu'il est prêt à accueillir, proportionnellement à l'ampleur de la catastrophe humanitaire qui se déroule en Méditerranée ».

 

 

La sortie de la maire de Barcelone n'a pas manqué de déclencher des réactions de ses adversaires politiques, à quelques semaines d'élections régionales en Catalogne particulièrement tendues (le 27 septembre). « Barcelone ne peut pas résoudre seule tous les problèmes du monde. Elle doit le faire de manière coordonnée et conformément à ses compétences », a fait valoir le chef du PP à Barcelone (le parti de droite au pouvoir à Madrid, minoritaire en Catalogne). Ciudadanos, le nouveau parti de centre droit emmené par le catalan Albert Rivera, a lui aussi dénoncé la démarche individualiste de la maire de Barcelone. Quant aux socialistes catalans (qui ont permis l'élection de Colau à la tête de la mairie, eux aussi minoritaires en Catalogne), ils soutiennent l'exécutif local, tout en espérant que l'on n'en reste pas au stade de l'annonce.

 

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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4 septembre 2015 5 04 /09 /septembre /2015 16:51

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Frédéric Lordon sur Mediapart : pour une autre Europe, faut-il sortir de l'euro ?

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Crise grecque, élections le 20 septembre à Athènes, en novembre en Espagne, le débat sur la sortie de l'euro, sa possibilité, ses conditions, l'élaboration d'un « Plan B », la démocratisation des instances européennes : c'est l'ordre du jour principal de cette rentrée.

 

 

Crise grecque, élections le 20 septembre à Athènes, en novembre en Espagne, le débat sur la sortie de l'euro, sa possibilité, ses conditions, l'élaboration d'un « Plan B », la démocratisation des instances européennes : c'est l'ordre du jour principal de cette rentrée.

Pour en débattre, entretien avec Frédéric Lordon, directeur de recherche au CNRS, économiste et sociologue.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 15:06

 

Source : http://cadtm.org

 

 

La bataille de Grèce, un épisode d’une guerre mondiale prolongée

2 septembre par Gustave Massiah

 

 

 

Les débats sur la crise grecque et sur la crise ouverte de l’Union Européenne ont suscité de très nombreux commentaires et de très nombreuses analyses. Ce débat va se prolonger d’autant que l’évolution, en Grèce et en Europe, est loin d’être achevée. Voici dix pistes de réflexions lapidaires sur le débat en cours.

 

1. La bataille de Grèce s’est terminée par une défaite de ceux qui refusaient les plans austéritaires.

Une défaite et une reddition pour Syriza qui avait défendu cette position. Une défaite qui va peser lourd, d’abord pour le peuple grec.

 

Cette bataille a donné lieu à une démonstration de force du pouvoir financier. Elle lui a permis de montrer sa puissance et sa capacité à humilier tous ceux qui lui résistent. C’est un avertissement pour tous ceux qui pensent pouvoir passer outre aux oukases.

 

Pour autant, la guerre n’est pas terminée, ni en Grèce, ni ailleurs. Que peut-on déjà apprendre de cette bataille.

 

La question de la dette est la question cruciale. C’est à partir de là que se différencient les choix possibles. Faut-il ou non suspendre unilatéralement le remboursement de la dette. La question s’est posée deux fois, à des moments décisifs ; il est possible qu’elle se repose à nouveau.

 

Au départ, le choix de Syriza semblait aller dans ce sens. C’était un des cinq points du programme à partir duquel ce parti avait gagné les élections. Et, l’importance de la place donnée à la Commission pour la vérité sur la dette publique paraissait le confirmer. Cette position, conforme au rejet des mesures austéritaires, nécessitait un programme radical qui comprenait notamment la nationalisation des banques et une réforme fiscale de grande ampleur, la réquisition de la banque centrale pour couper sa subordination à la Banque centrale européenne.

 

Le gouvernement grec n’a pas suivi ce plan. Il a préféré ouvrir la négociation sur des mémorandums (nouveaux crédits contre réformes austéritaires) plutôt que de l’ouvrir sur un moratoire de renégociation des dettes. Le gouvernement a estimé que les risques étaient trop grands compte tenu de la violence des réactions de l’Eurogroupe.

 

Le deuxième moment décisif a été juste après le succès du non au référendum. Une nouvelle fenêtre d’opportunité avec la légitimité donnée par le résultat aurait permis de remettre en avant le plan fondé sur la suspension des remboursements. Là encore le gouvernement a préféré la négociation sur les mémorandums plutôt que la rupture. Là encore, c’est l’importance des risques qui a pesé sur le choix du gouvernement.

 

Une troisième manche est possible. Car la dette n’est pas seulement illégitime, illégale et odieuse, elle reste toujours insoutenable. Compte tenu de la capitulation sur les mesures austéritaires, elle est très mal engagée et un redressement sera très difficile.

 

2. La bataille de Grèce est un épisode d’une guerre mondiale prolongée.

Nous sommes en fait dans une guerre mondiale prolongée. Cette guerre a commencé avec la victoire du capitalisme financier et des politiques néolibérales, à la fin des années 70. La gestion de la crise de la dette, provoquée par les pouvoirs financiers et politiques, et les programmes d’ajustement structurels, en ont été les vecteurs principaux. Les plans d’austérité en sont une des déclinaisons.

 

Il s’agit d’une offensive pour le rétablissement de l’hégémonie impérialiste par rapport aux succès de la révolution de la décolonisation. Elle a combiné les coups d’État économiques et financiers, les interventions militaires et de redoutables offensives idéologiques et culturelles.

 

Un militant africain écrivait récemment : « ce qui arrive à la Grèce est lamentable et dramatique pour le peuple grec ; peut-être que les européens comprendront un peu mieux ce que nous vivons depuis quarante ans ».

 

Ce n’est pas par hasard que le CADTM, Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde, qui lutte de manière remarquable et avec opiniâtreté, depuis 1989, se retrouve en position centrale dans la lutte contre l’austérité à partir des outils forgés dans ces batailles, et notamment des comités d’audit citoyen des dettes. Rappelons qu’en 1989, la campagne « ça suffat comme ci ! » mettait en avant le mot d’ordre toujours actuel « Dette, apartheid, colonies ; ça suffat comme ci ! »

 

3. Le rapport de forces écrasant a été déterminant dans cette bataille.

Affirmer la volonté de sortir de l’austérité est un casus belli, une déclaration de guerre insupportable pour les pouvoirs dominants. Tous les moyens sont bons pour abattre ceux qui s’y risquent, encore plus quand ils le claironnent.

 

Face à un tel rapport de forces, la délégation grecque pouvait-elle gagner ? Il faut se demander : gagner quoi ? Gagner de meilleures conditions à court terme était déjà difficile. Gagner tout, c’est-à-dire gagner l’abandon des programmes anti-austéritaires, était beaucoup moins probable. Gagner tout, c’est-à-dire obtenir la défaite de la troïka au bénéfice de tous, était encore moins probable compte tenu du rapport de forces et de la possibilité financière de détruire la finance et l’économie grecque.

 

C’est pourquoi l’analyse de la défaite en termes de : « on aurait pu gagner mais certains des chefs ont trahi » n’est pas vraisemblable et n’avance pas beaucoup. D’une manière générale, la réflexion en termes de trahison a l’avantage d’éviter l’interrogation sur la situation et les responsabilités. Elle n’est jamais suffisante. La désillusion la plus forte vient d’ailleurs de ceux qui ont délégué au gouvernement grec la possibilité de gagner pour eux, de mettre à bas la troïka.

 

Le rapport de forces a joué doublement. Il a pesé sur le choix du gouvernement grec pour la négociation sur le mémorandum. Une fois ce choix confirmé, il a réduit à très peu de choses les marges de manœuvre dans la négociation.
Y-a-t-il eu des erreurs et le gouvernement grec aurait-il pu obtenir plus ? Probablement oui. Pouvait-il obtenir tout ? Probablement non. Mais il aurait pu obtenir de mettre plus en évidence la remise en cause des programmes austéritaires et la question de la dette. La question est surtout importante pour la suite en Grèce et en Europe. Pour y répondre, il faut se poser la question des prochaines étapes.

 

On arrive à la lancinante question du plan B. Nombreux sont ceux qui pensent que Syriza a perdu parce qu’il n’avait pas de plan B. Bien sûr qu’il faut un plan B, et même plusieurs. Il aurait peut-être permis de mieux négocier, mais il ne donnait pas l’assurance de gagner. Malheureusement, il ne suffit pas d’un plan B pour gagner. Un plan B n’annule pas le rapport de forces ! Ceci n’annule pas les critiques qui soulignent que l’absence explicite d’un plan B a été voulue comme une preuve de bonne foi dans la négociation et une concession qui a certainement coûté cher. Si on appelle plan B le choix de la rupture, on n’est plus dans un plan B de négociation, on est dans une orientation stratégique alternative. La question est de savoir comment s’y préparer pour la mener.

 

4. Si le rapport de forces était aussi défavorable, fallait-il engager la bataille ?

Face à un rapport de forces aussi défavorable, fallait-il y aller ? Pour gagner les élections, fallait-il entretenir des illusions en laissant croire qu’il était possible d’en finir avec les plans austéritaires ?

 

L’idée qu’il vaut mieux ne pas y aller quand le rapport est trop défavorable n’est pas la plus intéressante. Les plus grandes défaites viennent des batailles qu’on ne mène pas.
Souvent, la bataille permet des avantages, même avec une défaite. Elle peut permettre d’obtenir des concessions par rapport à l’acceptation du plan imposé sans bataille. En laissant ouverte la discussion sur ce qui aurait pu être obtenu d’autre ; discussion qui n’avait pas vraiment été ouverte avant.

 

La bataille a permis deux autres avancées. D’abord, elle a montré la volonté de résistance active. Elle a ouvert une séquence encore incomplète mais très prometteuse : on n’accepte pas, on résiste, on veut bien négocier, mais on consulte le peuple. Ensuite, elle a contribué à dévoiler la nature des politiques et la nature des institutions, de l’UE et du FMI. Elle a rendu plus visible la nature du système, du capitalisme européen et mondial sous ses différentes facettes. La bataille de Grèce ouvre dans de meilleures conditions une nouvelle phase de la bataille de l’Europe.

 

Pour revenir au rapport de forces défavorable et même écrasant, il faut tenir compte de ce rapport de forces pour définir les objectifs de la bataille et la manière de la mener. Et surtout, il faut inscrire la bataille dans une perspective stratégique en anticipant les prochaines batailles et les prochaines étapes.

 

C’est la question qui est posée aujourd’hui à Syriza et à ses différents courants. Avec une interrogation majeure : quelles sont les attentes et les possibilités d’engagement du peuple grec après cette première bataille ? C’est ce que le débat politique en Grèce va éclairer.

 

5. La violence de l’agression met à jour de fortes contradictions

La violence de l’agression a été croissante. Au départ, il fallait faire rentrer la Grèce et la prendre comme exemple de la règle. Le peuple grec résiste ! Il faut le réduire, l’obliger à accepter la règle, le prendre comme exemple de l’inutilité de résister, l’humilier et l’écraser.

 

Mais cette violence a montré, à contrario, que la puissance considérable n’était pas suffisante pour se faire obéir sans résistance. La menace de la table rase financière a dévoilé la nature des rapports et a mis à jour de nombreuses contradictions dans le camp des dominants.

 

La négociation avec la Grèce a montré des contradictions entre les gouvernements européens et les peuples européens et combien la question de l’austérité était sensible. Elle a montré la peur de la contagion que pouvait susciter une issue positive pour le peuple grec. Elle a montré les contradictions entre les capitalismes européens sur la conduite de l’Europe ; entre l’Europe du Nord qui suit la roideur allemande, l’Europe du Sud rétive à l’austérité, l’Europe de l’Est qui joue les bas salaires, la Grande Bretagne occupée à la définanciarisation. Elle a montré les contradictions entre les gouvernements européens sur l’avenir de l’Europe. Elle a montré que derrière le partage des rôles dans la négociation, les divergences entre la France et l’Allemagne sont réelles sur les équilibres budgétaires. Elle a montré le désaccord sur la dette entre l’Allemagne et le FMI. Elle a montré les divergences en Allemagne sur son rôle futur. Elle a montré que les politiques financières et monétaires ne suffisent pas à définir une politique européenne.

 

La crise ouverte en 2008 avec la crise financière commencée avec les subprimes a démontré que le système capitaliste est en crise et qu’il n’en est pas sorti. Après quelques hésitations autour des propositions sur une réforme du capitalisme appelée green new deal, le capitalisme financier a repris le contrôle et raidi ses positions. Pour autant la crise n’est pas résolue et les mouvements de contestation qui se sont manifesté à partir de 2011 n’ont pas faibli, même s’ils n’ont pas encore réussi à modifier le rapport de forces. Dans la bataille contre les plans austéritaires et les politiques néolibérale, la question de la dette publique est centrale au niveau mondial. Une campagne internationale pour la reconsidération et l’annulation des dettes publiques peut trouver des formes renouvelées.

 

6. L’irruption de la question démocratique

La démocratie est à la fois un élément de la bataille et une question stratégique centrale de longue période. Syriza a joué le jeu démocratique en appuyant ses demandes sur la légitimité démocratique des élections et en décidant d’organiser un référendum. Ils ont de ce point de vue marqué un point en démontrant le peu de cas pour les financiers et l’Union Européenne de toute procédure démocratique. On le savait déjà mais la grossièreté de la réponse de la Commission explicitant qu’il n’y avait là pas de place pour la démocratie peut peser dans l’avenir.

 

Consulter le peuple, faire appel au peuple, cette initiative de Syriza qu’un gouvernement grec précédent avait menacé de faire sans aller jusqu’au bout aurait pu changer la donne. Les contradictions mises à jour n’étaient pas seulement celles des pouvoirs financiers, il y en avait aussi au niveau du peuple. Le peuple voulait deux choses contradictoires : sortir de l’austérité, ne pas sortir de l’Euro. Le gouvernement voyait bien que c’était contradictoire et que le chemin possible était quasiment impossible. Mais il a consulté là-dessus dans la continuité des élections et aussi parce que poser la question de la sortie de l’Euro, donnait peu de chances de gagner le référendum.

 

Il y avait une autre opportunité, c’était d’utiliser la légitimité du référendum pour rompre la négociation, quitte à se faire imposer un grexit qui aurait peut-être mis en difficulté la troïka. Ce n’est pas ce qui a été choisi et qui a divisé Syriza. Plusieurs raisons ont pesé dans ce sens. D’abord les risques pour le peuple grec d’une guerre financière totale à travers la destruction du système financier et bancaire grec. Ensuite, le fait que les mesures pour faire face au grexit n’avaient pas été préparées. La discussion sur le choix du gouvernement grec nous concerne tous. Pour l’instant, cette discussion relève beaucoup du débat politique grec.

 

Il y a une discussion plus fondamentale sur le processus démocratique. Il y a eu, à un moment, juste après le référendum une opportunité historique, une bifurcation possible. Compte tenu de la nature contradictoire de la réponse au référendum, il n’était pas illégitime de durcir, voire d’interrompre la négociation plutôt que de l’accélérer et de capituler. Il y avait certes des risques, mais aussi des opportunités. Dans un moment de décision historique, la consultation démocratique, dans ses formes classiques, ne donne pas toujours une réponse suffisante.

 

La discussion sur une orientation stratégique alternative, même si elle a été très courte, a été beaucoup plus riche juste après le référendum. Parmi les nombreuses propositions, retenons celles de Yannis Varoufakis (reconversion de la dette en cours par une monnaie fiscale complémentaire, décote sur les obligations détenues par la BCE, réquisition de la Banque de Grèce) et celles, répétées, de Eric Toussaint (moratoire de la dette, création d’une monnaie complémentaire électronique, réquisition de la Banque Centrale Grecque, nationalisation des banques, réforme fiscale d’ampleur, mesures sociales de relance). Ces propositions sont relayées par Thomas Coutrot et Bruno Théret qui précisent que pour éviter les risques de panique bancaire et de coup d’état financier par un exode massif des capitaux, il faut une adhésion populaire. C’est sur un programme de mesures précises et sur les risques de l’affrontement que doivent porter les consultations démocratiques.

 

La bataille de Grèce ouvre aujourd’hui de nouvelles possibilités pour d’autres situations. La consultation portant sur un programme de sortie d’austérité en acceptant les risques de ruptures et en définissant les premières mesures d’un projet de transition. Une consultation sur le refus des programmes austéritaires, au risque de sortir de l’Euro, peut devenir beaucoup plus « entendable » dans plusieurs pays européens

 

7. La crise grecque ouvre une nouvelle étape de la crise de l’Union Européenne

La crise grecque ouvre une nouvelle étape de la crise de l’Union Européenne. Elle en dévoile les mécanismes et la nature.

 

L’Union Européenne est une partie avancée du néolibéralisme. La discussion porte sur son évolution. Laissons la discussion sur sa nature intrinsèque. Son évolution est-elle le résultat de la révolution néolibérale de la fin des années 1970, ou est-elle immuable depuis sa création ? La discussion n’est pas sans intérêt mais elle n’est pas fondamentale. L’Union Européenne est d’une certaine manière la pointe avancée, l’avant-garde institutionnelle du capitalisme financier. Celle qui règlemente et légifère dans l’intérêt du capitalisme financier.

 

En adoptant l’Euro, en corsetant la zone euro, elle a instauré une monnaie unique à partir de l’idée d’une monnaie commune. L’Euro qui aurait pu contester ou concurrencer le dollar comme monnaie internationale est devenu le moyen de contrôler et de mettre au pas chacun des pays européens. La crise économique et financière se traduit par une crise sociale majeure et se prolonge dans une crise démocratique.

 

Le mouvement social européen n’a pas joué un véritable rôle dans la crise grecque. Il y a eu des pétitions mais pas de véritable mobilisation. On ne peut pas parler d’unité du mouvement social européen autour de la définition d’un projet alternatif européen. La différenciation de la mondialisation entre les régions du monde concerne aussi l’Europe. La crise européenne s’inscrit dans la crise globale. La crise européenne est spécifique sur le plan économique et sur le plan géopolitique. En Europe même, plus largement qu’au niveau de l’Union Européenne, les situations se différencient suivant les régions européennes. La convergence au niveau du mouvement social européen est, de ce fait, très difficile.

 

La différenciation des situations pèse sur la définition d’une position stratégique commune des mouvements sociaux et citoyens en Europe. L’ambition est de définir un projet européen alternatif qui se dégagerait du projet européen dominant et de ses impasses et qui traduirait en termes politiques et culturels l’unité du mouvement social européen. Pour l’instant, le mouvement social européen est confronté à trois défis principaux : l’alliance avec le précariat, la rupture de l’alliance entre les compétents et les actionnaires, la lutte contre le racisme et la xénophobie. Il s’agit de trois défis mondiaux qui prennent des formes spécifiques dans chaque région du monde, notamment en Europe.

 

Une campagne européenne de longue durée pourrait adopter plusieurs déclinaisons : Nous ne voulons pas de cette Europe là ! Nous voulons une Europe sociale et démocratique ! Nous ne voulons pas de cette Union Européenne ! Nous n’obéirons pas à cette Union Européenne ! Nous ne voulons pas de cet Euro ! Nous voulons transformer l’Euro en monnaie commune !

 

8. La place des mouvements dans les affrontements

La bataille de Grèce a vu l’affrontement entre le pouvoir financier représenté par la troïka et Syriza représentant le gouvernement grec. Ni les mouvements grecs, ni le mouvement européen n’ont réussi à inverser la tendance dans le court terme.

 

Faut-il alors considérer que les mouvements sociaux ne sont pas des acteurs directs du changement. Effectivement, ils ne suffiront pas à assurer seuls, à court terme, une rupture et la mise en œuvre d’une transition. Certes, les mouvements sociaux sont insuffisants ; ils ne sont acteurs du changement que quand ils s’inscrivent dans un processus.

 

Les mouvements sont les forces anti systémiques qui combinent sous des formes diverses, les positions de classe et les alliances entre les couches sociales et les catégories qui composent la société. La démarche qui caractérise le mouvement altermondialiste est de partir des mouvements sociaux et citoyens, de leur diversité et de leurs convergences.

 

Le mouvement altermondialiste est en mutation. Le processus des forums sociaux mondiaux ne le résume pas. Il doit d’ailleurs être repensé. Dans la dernière période, trois types de mouvements forment le processus : les mouvements traditionnels, redéfinis par les années 70, (mouvement ouvrier, mouvement paysan, mouvements des femmes, …) ; les mouvements qui ont été visibles dans le processus des forums sociaux à partir de l’évolution des anciens mouvements et des mouvements qui sont devenus plus visibles (comme les peuples indigènes, l’écologie, l’extractivisme, …) ; les nouveaux mouvements à partir de 2011 (indignés, occupy, taksim, carrés rouges, …).

 

Ces mouvements renouvellent l’altermondialisme. Ils montrent que la contre-offensive de l’oligarchie dominante ne s’est pas imposée, même si elle a marqué des points. Elle montre aussi que la seule réponse des peuples n’est pas dans la droitisation des positions. Certes, la montée des courants fascistes, d’extrême droite et populistes réactionnaires est sensible. Elle prend d’ailleurs des formes différentes avec le néo-conservatisme libertarien aux Etats-Unis, les diverses formes de national-socialisme en Europe, le jihadisme armé au Moyen-Orient, le hindouisme extrême. Dans plusieurs des nouveaux mouvements, la gauche classique est battue en brèche et des courants de droite paraissent quelquefois imposer leurs points de vue. Mais, il s’agit bien de mouvements de contestation de l’ordre dominant. On le retrouve dans les mots d’ordre explicités depuis Tunis et complétés par les autres mouvements. Il s’agit d’abord du refus de la misère sociale et des inégalités, du respect des libertés, de la dignité, du rejet des formes de domination, de la liaison entre urgence écologique et urgence sociale. D’un mouvement à l’autre, il y a eu des affinements sur la dénonciation de la corruption ; sur la revendication d’une « démocratie réelle » ; sur les contraintes écologiques, l’accaparement des terres et le contrôle des matières premières.

 

9. L’affrontement s’inscrit dans l’espace des partis et des gouvernements

La crise grecque montre que l’espace national est l’espace de l’affrontement, mais que l’affrontement ne peut s’y restreindre. Il s’élargit à l’espace capitaliste mondial et à l’espace de l’Union Européenne en Europe. La discussion porte sur les rapports entre les mouvements, les partis et les gouvernements.

 

Les nouveaux mouvements sont spontanés, radicaux, hétérogènes. Certains affirment que ces mouvements ont échoué parce qu’ils n’auraient pas de perspective ou de stratégie et qu’ils ne se sont pas dotés d’organisation. Cette critique mérite d’être approfondie. Elle n’est pas suffisante quand on sait que le plus vieux de ces mouvement a quatre ans. Les mouvements ne rejettent pas toutes les formes d’organisation ; ils en expérimentent des nouvelles. Celles-ci ont démontré leur intérêt dans l’organisation des mobilisations, la réactivité aux situations et l’expression de nouveaux impératifs. La question des formes d’organisation par rapport au pouvoir est à l’ordre du jour.

 

On aurait pu espérer que ce qui se passe avec Syriza, Podemos ou le Parti des gens ordinaires à New Delhi, soit le début d’une nouvelle étape. La montée en puissance d’organisations politiques qui se réfèrent aux nouveaux mouvements et qui en sont, en partie, issues. Des organisations politiques qui se donnent comme objectif d’arracher le politique au financier et qui refusent l’idée qu’il n’y a pas d’alternatives. Ce ne sont pas encore complètement des nouvelles formes d’organisation politique, mais elles assument que les partis doivent prendre leur part dans la réinvention du politique.

 

Par rapport à Syriza, ne passons pas de l’enthousiasme au grand découragement. Regardons ce qui est en jeu. On ne peut pas considérer qu’il n’y a donc pas besoin de partis, même si l’autonomie des mouvements par rapport aux partis est à reconfirmer. Pas plus qu’il ne paraît intéressant de considérer que celui-ci n’était pas le bon et qu’arrivera bien un parti d’avant-garde qui lui réussira à s’imposer.

 

Syriza est né de la gauche radicale relativement classique qui a su tirer des leçons des mouvements des indignés. Il a su aussi lier des formes de mobilisation avec une élaboration qui a tiré des leçons de la chute du soviétisme en 1989 et de l’évolution catastrophique de la social-démocratie existante.

 

Une prochaine bataille est possible en Espagne à partir de Podemos. Podemos est plus directement issu du mouvement des indignés. Il a montré sa capacité à s’inscrire dans le local et à passer des alliances assez larges. Podemos va bénéficier de la bataille de Grèce et des limites de ce premier affrontement. Essayons déjà de ne pas l’étouffer par notre impatience, et comme certains s’y essayent déjà, à prévoir les futures trahisons.

 

Il y aura d’autres batailles. Il y aura possiblement et probablement d’autres défaites. Mais il y aura aussi des résistances et des avancées, à partir des leçons tirées des défaites.

 

10. Le débat est ouvert sur les perspectives stratégiques

Le capitalisme a marqué des points et démontré sa capacité à s’adapter. Il a mené une bataille idéologique majeure, contre la valeur d’égalité, et a réussi à accentuer une droitisation des sociétés et à attiser les racismes et les xénophobies. Il a surtout réussi à mettre au service de la finance les extraordinaires découvertes scientifiques et technologiques, particulièrement dans le numérique et les biotechnologies. Il affine ses stratégies militaires et perfectionne à l’infini les moyens qui s’inscrivent dans un état de guerre perpétuelle. Il gagne du temps pour préserver les privilèges de l’oligarchie tout en préparant pour l’avenir une mutation des rapports sociaux capitalistes.

 

Le mouvement social aussi est en recomposition. Les mouvements affirment un refus et recherchent de nouvelles propositions. Ils n’opposent pas à la complexité des situations des réponses simplistes. Les rapports de production n’ont pas changé de nature, mais il faut prendre en compte les mutations scientifiques et culturelles. Les modes de pensée sont bouleversés par la révolution écologique. La révolution majeure des droits des femmes, au-delà des réactions violentes qui la rejettent, commence à peine un bouleversement incroyable des sociétés. La géopolitique est marquée par le chamboulement du monde. C’est la réinvention de la démocratie qui est au cœur des mutations et des interrogations. La démocratie économique et sociale reste un préalable. Elle est à inventer. Il est clair que la démocratie ne se résume pas au marché, mais il apparaît aussi que l’Etat ne suffit pas à définir le contraire du marché et à garantir la démocratie. Le rejet de la corruption va au-delà de la corruption financière ; il s’agit de la corruption politique. Elle est visible dans les politiques imposées et dans le mélange des intérêts. La subordination du politique au financier annule le politique. La démocratie culturelle et politique nécessite la réinvention du politique.

 

Il y a des occasions de rupture qu’il faut saisir. Mais, on ne gagne pas d’un coup, par surprise. La rupture se fait dans le temps long ; le temps que s’accumulent les nouveaux paradigmes. Rappelons-nous par exemple qu’après l’écrasement de La Commune, en 1871, il a fallu quarante ans pour que le mouvement social se recompose et inverse la tendance. Il a su tirer les leçons de la défaite et renouveler sa pensée dans la Première internationale. Il a su reconnaître la montée des ouvriers de la grande industrie. Nous sommes dans la période des quarante à cinquante ans qui suivent la réussite de la contre-offensive néolibérale. A partir de 2008, avec la confirmation de la crise ouverte de la mondialisation capitaliste et 2011, avec les nouvelles insurrections populaires, une période de rupture s’amorce.

 

Nous sommes dans une période de bouleversements et de très fortes contradictions. Probablement dans le temps d’un changement de période dans lequel cohabitent les anciennes tendances et s’amorcent de nouvelles. La citation de Gramsci est d’une grande actualité « le vieux monde se meurt ; le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Il faut à la fois lutter contre les monstres et construire le nouveau monde. Il n’y a pas de fatalité, ni dans le succès, ni dans l’échec.

le 15 août 2015

 

 

 
Auteur
 
 
Gustave Massiah
http://www.crid.asso.fr/

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 14:39

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Zoé Konstantopoulou à l’ONU : « La dette souveraine est actuellement utilisée contre la population grecque et le Parlement hellénique pour affaiblir la démocratie »

3 septembre par Zoe Konstantopoulou

 

 

 

 

Mesdames et messieurs,
leaders des parlements du monde,

 

en cette occasion du 70e anniversaire de l’ONU, marquant également les 70 ans depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en cette 4e conférence mondiale des Présidents de Parlements |1| plaçant la démocratie au service de la paix, du développement durable et de la construction d’un monde tel que les peuples le veulent, je me tiens devant vous et parmi vous, en tant que Présidente du Parlement hellénique récemment dissous pour vous adresser un appel à la solidarité envers le peuple grec et envers la Grèce, terre où la démocratie naquit, et où elle est aujourd’hui brutalement attaquée et violée. La Grèce et son peuple sont les victimes, depuis cinq ans, de politiques supposées offrir une solution durable au surendettement du pays et une voie pour sortir de la crise économique, ces politiques contenues dans des accords appelés « Memoranda - Protocoles d’accord », conclus par le gouvernement grec et un trio d’institutions internationales, à savoir le FMI, la Commission européenne et la Banque centrale européenne, connu sous le nom de Troïka, et agissant au titre de créanciers de la Grèce, ont eu pour résultat de graves violations des droits humains, et particulièrement des droits sociaux, des libertés fondamentales et de l’État de droit lui-même.

 

Ce qui a été présenté comme un accord de renflouement a eu pour effet la misère, le chômage à des taux jamais vus jusque-là, 72% parmi les jeunes femmes et 60% parmi les jeunes hommes, des centaines de milliers de jeunes gens poussés à l’émigration, une explosion des suicides, la marginalisation des jeunes, des vieux, des faibles, des immigrés, des réfugiés, avec la moitié des enfants du pays vivant sous le seuil de pauvreté, une situation relevant d’une crise humanitaire, documenté dans les rapports et les déclarations des experts indépendants de l’ONU sur la dette et les droits de l’homme aussi bien que dans toute une série de décisions de justice et de rapports.

 

 

Le 25 janvier 2015, il y a de cela 7 mois, le peuple grec, à travers un scrutin national, a donné au gouvernement et au parlement un mandat clair et sans équivoque : celui de se débarrasser de ces politiques assassines. Des négociations ont débuté, une commission spéciale du Parlement a été formée, baptisée Commission pour la Vérité sur la Dette Publique, avec pour mission de conduire un audit et une évaluation juridique de la Dette grecque. Cette commission a produit un rapport préliminaire en juin dernier. Le rapport a établi que la dette souveraine de l’État est illégale, illégitime, odieuse et insoutenable. Il a établi que la dette souveraine avait été contractée via des procédures qui constituent une violation flagrante du droit constitutionnel, justifiant par là même la dénonciation de la dette. Il a établi que les créanciers avaient agi de mauvaise foi en faisant délibérément peser sur la Grèce le fardeau de prêts insoutenables afin de sauver les banques privées françaises, allemandes et grecques. En dépit de ces conclusions, les créanciers de la Grèce ont exigé qu’on néglige le mandat du peuple.

 

Le 25 juin, un ultimatum de 48 heures fut posé au gouvernement grec, lui demandant d’accepter, contrairement au mandat populaire, une série de mesures démantelant le droit du travail, abolissant les garanties de sécurité sociale et la protection juridique pour les citoyens surendettés, et requérant, dans le même temps, le bradage des biens et entreprises publics les plus précieux, mais aussi des principaux ports, aéroports et infrastructures qui devraient être vendus ou cédés pour rembourser une dette odieuse et insoutenable.

 

Le Parlement hellénique a entériné la proposition du gouvernement de tenir un référendum portant sur l’ultimatum, et le peuple grec, à une large majorité de 62%, a rejeté les mesures.
Au cours de la semaine du référendum, des représentants des instances internationales et de gouvernements étrangers ont tenté d’influer sur le résultat du référendum, au moyen de déclarations visant à terroriser la population, et le référendum s’est tenu avec les banques fermées et le contrôle des capitaux imposé du fait du refus de la BCE de fournir des liquidités après l’annonce de la tenu du référendum ; et pourtant, la démocratie a prévalu, le peuple s’est prononcé clairement et a dit NON à 62% à ces mesures assassines.

 

Ce qui s’en est suivi est un cauchemar pour toute conscience démocratique, et une honte. Les créanciers ont refusé d’examiner le résultat du référendum. Ils ont insisté, usant de la menace d’un effondrement du système bancaire et d’un désastre humanitaire, que soient adoptées des mesures plus sévères encore que celles qui avaient été rejetées. Le gouvernement a été contraint d’accepter que le Parlement légifère sur des textes pré élaborés de centaines de pages, sans délibération, et à des dates prédéterminées, selon une procédure d’urgence, et avec les banques toujours fermées. Cette extorsion fut baptisée « pré requis pour un accord » et le Parlement fut appelé à abolir des lois qu’il avait votées durant les quatre mois précédents, et à s’abstenir de toute initiative législative sans l’accord préalable des créanciers.

 

Un projet de loi de cent pages, présenté comme un article unique, fut approuvé le 15 juillet en moins de 24 heures ; un autre, long d’environ 1000 pages et composé de 3 articles a été adopté en moins de 24 heures le 22 juillet ; presque 400 pages, fut adopté le 14 août en 24 heures. Le Parlement a légiféré trois fois sous la contrainte et la coercition, et cela étant fait, attestant qu’une partie importante des députés du principal parti de gouvernement, incluant la Présidente du Parlement, refusait de voter un tel texte de loi, le Parlement fut dissous de manière subite afin de garantir une majorité plus stable pour mettre en œuvre ce que le peuple a rejeté.

 

Mesdames et messieurs, la dette souveraine est actuellement utilisée contre la population grecque et le Parlement hellénique pour affaiblir la démocratie, mais la démocratie est une valeur suprême, et le Parlement ne peut être réduit à des sceaux, entérinant des normes dictées, rejetées par le peuple et conçues pour anéantir les sociétés et les générations futures.

 

J’en appelle à vous, Parlementaires du monde ; soutenez l’exigence de démocratie et de souveraineté parlementaire contre la coercition de la dette ; soutenez les initiatives de l’Assemblée Générale des Nations Unies et la commission ad hoc d’audit de la dette souveraine, ainsi que les initiatives des experts indépendants de l’ONU sur la dette et les droits de l’homme.

 

Ne permettez pas que la démocratie soit annihilée sur la terre où elle naquit. Ne permettez pas qu’un autre Parlement soit contraint de voter contre la volonté du peuple et contre le mandat de ses députés. Ne permettez pas que les droits de l’homme, les vies humaines, la dignité humaine, et les principes les plus précieux des Nations Unies soient foulés pour servir le système bancaire.


Le monde que les peuples veulent ne peut être construit sans les peuples du monde. Merci.

 

Discours prononcé le 2 septembre 2015 au siège de l’ONU à New York.

 

Traduit par Marie-Laure VEILHAN pour le CADTM

 
Auteur
 

Zoe Konstantopoulou

avocate et femme politique grecque. Députée du parti de la gauche radicale Syriza, qui a gagné les élections législatives du 25 janvier 2015 en Grèce, a été élue le 6 février 2015 présidente du parlement. Elle est, à trente-huit ans, la plus jeune présidente de la Vouli et la deuxième femme seulement à exercer cette fonction.

 

 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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