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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 16:41

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

A Bure, le camp estival a élargi la lutte contre les déchets nucléaires

10 septembre 2015 / Isabelle Rimbert (Reporterre)
 


 

En août, entre 250 et 800 personnes chaque jour ont participé à un camp anti-capitaliste et anti-autoritaire à quelques kilomètres du méga projet d’enfouissement de déchets radioactifs. Objectif : renforcer le combat local, et favoriser l’émulation entre différentes composantes des luttes anti-capitalistes. Récit au cœur du camp, par 35°C dans la campagne meusienne.


- Bure (Meuse), reportage

Il faut voir un poids lourd de légumes déchargé collectivement en trois minutes par une chenille humaine spontanée pour avoir une idée de l’organisation du camp. Rien d’étonnant alors à voir sortir de terre en quelques jours : quatre cantines opérationnelles, des points d’eau potable, deux chapiteaux, des yourtes et structures légères, des toilettes sèches et douches solaires faites maison, un point accueil, un atelier vélos, des panneaux solaires et une éolienne, une boulangerie mobile, un atelier de bricolage, un lieu dédié à l’automédia avec une radio (active), une infirmerie, des bibliothèques, etc. La transformation d’un no man’s land de 7,5 hectares au cœur de la campagne meusienne en une zone autonome temporaire ne doit cependant rien au hasard. Du 1 au 10 août, s’est tenu à Bure ce camp pas comme les autres

 

 

Jess*, la cinquantaine pétillante, a longtemps travaillé sur la question de la surveillance généralisée avant de s’investir dans l’organisation en amont du camp d’été. Une organisation montée par le collectif VMC, comme Vladimir, Martine and co, qui doit son nom à Vladimir Martinenko, le conducteur de la déneigeuse qui a percuté, le 20 octobre 2014, l’avion qui transportait Christophe de Margerie, patron du groupe Total.

Jess raconte : « VMC a démarré sur une ligne entre Nancy, Bure, Paris et la Bretagne, croisant une résistance historique contre le nucléaire à celle des comités de soutien à Notre-Dame-des-Landes réunis autour d’idées anti-capitalistes et anti-autoritaires. VMC se veut un trait d’union entre différentes luttes de territoire comme Notre-Dame-des-Landes, No Tav (TGV Lyon-Turin), Roybon, Sivens, Hambach et bien d’autres. Depuis 2014, il y a eu des réunions inter-régionales et inter-comités puis des rencontres régulières à Bure à partir de janvier."

 

S’inscrire dans une lutte déjà ancrée

Forte de l’expérience de Sivens où l’Etat a pu, avec l’aide de milices pro-barrages, monter la population contre les opposants au projet imposé, la stratégie de VMC était de s’inscrire dans l’histoire d’une lutte déjà ancienne, avec les personnes concernées directement par l’annexion nucléaire du territoire. Et c’est en faisant du porte à porte que se sont faites les présentations.

Fernande*, 26 ans, est venue de Paris armée de son énergie et de ses bombes de peinture. La graffeuse a redécoré l’extérieur de l’ancienne gare de Luméville-en-Barrois, un bâtiment en cours de rénovation en plein cœur du campement. "J’avais entendu parler de Bure par le biais de mes activités militantes auprès des migrants à Paris. Grâce à des rencontres, j’ai eu envie de participer aux chantiers collectifs de préparation de camp. On est allé à la rencontre des habitants des villages alentours. Ils étaient plutôt ouverts à la discussion, souvent heureux de pouvoir parler d’un sujet qui divise." Et si les nouveaux venus ont été globalement bien reçus et souvent aidés, John, cheville ouvrière du mouvement, reconnait avoir rencontré "pas mal de résignation et de fatalisme".

 

 

Mais pour les opposants déclarés à Cigéo, le projet d’enfouissement des déchets nucléaires, cet apport de sang neuf est vu comme un espoir. Claude Kaiser, de l’association La Graine, est un "historique" de la lutte à Bure. "Ça fait vingt ans qu’on se bat contre ce projet. Pour les vieux militants que nous sommes, ce renouveau représente un grand bol d’air frais et beaucoup d’émotion. Toutes les horreurs du capitalisme sont concentrées dans ce méga projet d’enfouissement. Le seul moyen de s’en sortir est d’instaurer un réel rapport de force, et il recommence à se structurer, aussi grâce à ce camp qui mobilise bien au-delà de notre territoire."

Pour Corinne, de l’association Bure Stop 55 : "Depuis le boycott du débat public en 2013, la mobilisation locale se réveille, avec l’action de dizaines d’associations qui travaillent ensemble. Les paysans sont mécontents, et les opposants comme VMC sont bien acceptés."

Et la prise du ciment des liens se fait dans les deux sens : "On se sent d’autant plus impliqués dans une lutte et ses enjeux qu’on a la possibilité de les découvrir sur place", souligne John. Un préalable qui lui semble "nécessaire afin d’ancrer un fort soutien à la lutte, ici, dans les mois et les années à venir". Car les graines semées à Bure ont vocation à faire naitre des racines, même s’il n’y a pas lieu de parler de ZAD, n’en déplaise aux médias locaux et nationaux qui ont focalisé à l’unisson sur cette question.

Lors de l’AG (assemblée générale) d’ouverture, une personne présentant les objectifs du camp le soulignait : "Chaque lutte est singulière. Il ne s’agit pas d’une stratégie d’occupation [le camp est d’ailleurs sur un terrain privé, Ndlr], car si c’était le cas il faudrait occuper l’ensemble des départements de Meuse et de Haute-Marne où les installations nucléaires se multiplient. Il s’agit de réfléchir autrement, et c’est là un des enjeux de ces dix jours."

 

Questionner et enrichir les pratiques

Une réflexion menée à travers un intense programme autour de Cigéo : la présentation du contexte et des enjeux a ainsi réuni plus de 200 personnes sous chapiteau, et les ballades quotidiennes dans les environs de l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), à pied ou à vélo, par 36°C quelquefois, ont permis à chacun de découvrir le territoire et une partie de l’ampleur du projet nucléaire.

Le camp s’est délocalisé à plusieurs reprises, avec la tenue de picnics dans les communes alentours, ainsi qu’une discussion organisée à Bonnet, un village voisin, sur la question du foncier, avec des agriculteurs du collectif COPAIN 44 (Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’aéroport) de NDDL. Et l’assemblée antinucléaire en fin de semaine a permis de rappeler, par la voix d’un militant excédé, que "les malfaiteurs en bande organisée sont bien les lobbies qui créent ces projets mortifères. Il faut remettre les choses à leur juste place, porter haut et fort notre message et notre action."

 

 

Agir sur le transport des matières radioactives, les flux ou encore les sous-traitants dont dépendent des structures comme l’ANDRA ? Si ces idées émises semblaient faire consensus, elles n’ont cependant pas suffi à dépasser les éternelles dissensions autour des différences de mode d’action. Ni de parer à un "manque de stratégie générale et collective sur le nucléaire", déploré lors de cette même AG.

Ces dix jours avaient également pour but de permettre aux activistes de questionner leurs pratiques et de les enrichir, à travers une grande diversité d’ateliers, comme cette initiation à l’escalade militante, proposée par Cécile. Si la pétulante jeune femme est experte en blocages de convois de matières radioactives, elle aime aussi se suspendre à 80 mètres du sol pour poser une banderole revendicative comme à Francfort lors de l’inauguration de la BCE : "J’habite à Luneburg en Allemagne. Je pratique la grimpe depuis quinze ans, et c’est un moyen simple mais très efficace pour des blocages de routes, de rails, d’entrées d’entreprises, de lieux de pouvoir. Ces formes d’actions directes permettent facilement de faire passer un message politique, avec un certain aspect ludique. Dans ce camp comme dans d’autres, j’essaie de transmettre mon savoir et le virus de l’escalade." Une démonstration a ainsi pu être faite lors de l’installation d’une banderole devant un bâtiment de l’Andra ou de drapeaux antinucléaires posés au sommet de lampadaires rutilants dans le village de Bonnet.

 

 

Mais l’enjeu des débats et discussions était aussi de dépasser les lisières des luttes locales, pour s’ouvrir sur les mobilisations internationales, comme sur la question des frontières et des réfugiés, ou sur la très prochaine Cop 21, "au cours de laquelle on vise à réintroduire une dimension sociale qui a été complètement éludée au profit de la dimension environnementale", se désole John.

Ces questions, et bien d’autres, développées lors d’assemblées quotidiennes, ont permis de faire émerger certaines thématiques transversales comme notamment la pratique de l’occupation ou les violences policières. Une présence des force de l’ordre somme toute assez discrète lors de ce camp, malgré quelques coups de pression et une surveillance aérienne assidue nourrissant des banques de données sensibles à usage répressif. Le paradoxe et le danger de cette répression façon "miroir sans tain", qui voit mais n’est pas vue : une prise de pouvoir via des projections mentales qui ne sont que des suppositions mais peuvent conduire à une forme d’autocensure collective, comme on a pu le voir lors de certaines actions menées à Bure.

"Ni côte de bœuf, ni bottes de keufs"

Créer du commun aux croisements de luttes anti-capitalistes ? Un défi ambitieux, en partie relevé grâce la gestion collective du quotidien. L’autogestion à l’épreuve de la réalité, c’est une sorte de grouillement ordonné par une organisation drastique qui se veut horizontale. Chaque matin, tous les participants, invités à se rassembler en groupes tournants ("l’assemblée des barrios"), se répartissaient les tâches...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 16:27

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Une marche est lancée contre « la mascarade » de la COP 21

10 septembre 2015
 


 

François Hollande annonce à grands sons de trompe ce jeudi 10 septembre la tenue de la COP 21. Mais faut-il vraiment participer à la COP ? C’est la question que posent des dissidents, qui dénoncent l’hypocrisie des gouvernements et lancent une marche sur Paris. « Il faut parfois aller interpeller ceux qui s’obstinent à pourrir la planète précisément là où ils espèrent donner l’illusion de la sauver. »


Appel depuis les zads et autres espaces en résistance. Pour que des convois convergent jusqu’à la COP 21

Nous appelons à former des convois, marches, tracto-vélos… et à nous rendre aux manifestations contre la COP 21, sommet intergouvernemental sur le réchauffement climatique début décembre à Paris. Nous cheminerons depuis des territoires en lutte jusqu’à la capitale, avec toute l’énergie composite de nos mouvements, en créant en route des espaces de rencontres et de mobilisation.

Nous convergerons à Paris parce nous ne concevons pas de laisser le gouvernement se refaire une verte image de pourfendeur providentiel des gaz à effet de serre, alors qu’il ne veut officiellement renoncer ni à l’aéroport de Notre-dame-des-Landes, ni à mille autres projets destructeurs de vies, forêts, et prairies, de territoires habités et cultivés. Il faut parfois aller interpeller ceux qui s’obstinent à pourrir la planète précisément là où ils espèrent donner l’illusion de la sauver.

Si l’on souhaite s’attaquer réellement aux causes du réchauffement climatique, on ne peut s’en remettre un seul instant à la mascarade répétée des négociations perdues d’avance et des échanges de marchés carbone entre lobbies industriels et gouvernements, encore moins au capitalisme vert. Ce que nous affirmerons à Paris suit un tout autre tracé.

La seule réponse possible

La seule réponse cohérente possible est de sortir enfin du productivisme industriel, de la privatisation des biens communs, de la destruction des terres nourricières et de la marchandisation du vivant. Mais si l’on espère encore enrayer réellement le saccage accéléré des bases même de l’existence, on ne peut imaginer non plus construire tranquillement des alternatives et autres « processus de transition ».

Pour qu’émergent des possibles, il s’agit de bloquer concrètement dès maintenant l’avancée de leurs projets d’aéroports et de lignes à grande vitesse, l’extraction des minerais et gaz de schiste, l’enfouissement vénéneux des déchets nucléaires, la poussée de l’agro-industrie et l’éclosion incessante des center parcs et des hypermarchés…

Il faut en libérer des espaces où puissent s’inventer, ici et maintenant, d’autres formes de vie commune et d’organisation, de liens et d’échanges matériels, de cultures et d’habitats, émancipées du diktat économique...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 16:19

 

Source : http://www.rtbf.be

 

Réfugiés: la guerre de l'info de la "fachosphère"

 

 

 

Une bataille de l’information et des images se joue sur la toile à propos de la crise des réfugiés syriens. Des sites internet, liés à différents groupes hostiles à l’immigration et à l’Islam, mènent une contre-offensive très virulente sur les réseaux sociaux. Pour les internautes, il n’est pas toujours facile de distinguer le vrai du faux.

D’apparence, leurs articles semblent sérieux. Ces sites portent des noms qui font penser à de vrais organes d’information : Medias-presse.info, Novopress, Dreuze.info, 24heuresactu ou encore LesObservateurs.ch. Ils sont liés à des mouvances différentes. Mais ils ont deux points communs : ils dénoncent les médias traditionnels, parfois qualifiés de "merdias", bien pensants, politiquement corrects. Et ils ne semblent obsédés que par un sujet : les islamistes et par extension, l’islam, les musulmans, les immigrés. L’amalgame est au cœur de leur stratégie. Logiquement, leur préoccupation du moment, ce sont les réfugiés syriens.

Ce qui est compliqué avec ces sites, c’est qu’ils relaient de fausses infos comme des vraies. Ils recyclent les dépêches, les rumeurs, les vidéos YouTube et même des articles de sites parodiques. En clair, ils se servent de tout ce qui peut nourrir leurs thèses et leurs objectifs politiques. Ce mélange des genres entretient la confusion et les articles sont partagés par nombre d’internautes, eux-mêmes dupés. Au final, même des journalistes se font parfois piéger par de fausses informations reprise par la "fachosphère" qui les fait abondamment circuler sur les réseaux sociaux.

 

Le spectre des djihadistes infiltrés parmi les réfugiés

En ce moment, ce qui circule un peu partout, c’est qu’il y aurait, dans les bateaux de réfugiés, des djihadistes, des terroristes. Cela, bien sûr, personne ne peut l’exclure. Mais la volonté est clairement d’agiter les peurs. Pour cela, ils avancent des chiffres. Leurs sources sont anonymes. Il est question de "djihadistes" ou de "passeurs" qui se seraient exprimés sur les réseaux sociaux. Aucun lien vers ces déclarations anonymes. En d’autres termes, aucune preuve.

Certains sites ont tout de même des images. Mais elles ne sont que manipulations. Exemple : deux photos d’un homme syrien ont beaucoup circulé. La première le montre armé d’une kalachnikov dans le désert. La seconde le montre dans un camp de réfugiés à Kos, en Grèce. C’est effectivement le même homme. Sauf qu’il n’est pas un djihadiste. Au contraire, Laith Al Saleh a toujours combattu les islamistes. C’est un ancien commandant de l’Armée syrienne libre. Les photos ont ni plus ni moins été volées à l’agence de presse américaine Associated Press qui raconte la vraie histoire de ce héros de la lutte anti-djihadiste.

 

Débusquer les photos manipulées

Faire ce genre de vérification est à la portée de tous. Si vous avez un doute sur une photo, il suffit de la copier, d’aller dans "Google Images", d’y télécharger cette photo en cliquant sur l’icône "appareil photo". Google va alors retrouver toutes les publications de cette photo sur le Web. Cela permet de vérifier s’il s’agit d’une image actuelle ou ancienne et de voir si l’originale raconte ou non la même histoire. Afin de s’assurer qu’un cliché n’a pas été altéré, les internautes les plus aguerris pourront aussi utiliser des logiciels qui repèrent les modifications apportées à une image.

 

Identifier qui se trouve derrière les articles qui circulent sur Facebook

Savoir qui se trouve derrière un site n’est pas évident pour les internautes. Il faut commencer par chercher qui a enregistré le nom de domaine. Cette recherche, très facile à faire sur le Web, n’apportent cependant pas toujours la réponse. Quant aux articles, ils sont parfois anonymes ou écrits sous pseudonyme.

Prenons un article signé qui circule beaucoup ces jours-ci. Un article publié sur les sites populistes et d’extrême droite LesObservateurs.ch et Riposte Laïque. Il présente une jeune syrienne qui "dénonce les faux réfugiés". Le titre laisse penser qu’elle parle de "djihadistes infiltrés". Mais en réalité, quand on l’écoute, c’est une militante qui soutient Bachar al-Assad. En gros, elle affirme que les régions sous contrôle du régime de Damas sont tout à fait sûres et que les réfugiés n’ont aucun motif de quitter la Syrie, si ce n’est des raisons économiques. La jeune fille, qui n’est pas identifiée, s'exprime à Belgrade, lors d’un petit rassemblement organisé par un groupe d’extrême droite interdit en Serbie.

L’article est signé Christine Tassin. C’est son vrai nom. Condamnée pour incitation à la haine raciale, elle est la fondatrice d’un groupuscule qui s’appelle "Résistance Républicaine" et la compagne de l’animateur de "Riposte Laïque". C’est une ex-enseignante qui a notamment organisé avec le Bloc Identitaire, les "apéros saucisson-pinard" et les "Assises contre l’islamisation de l’Europe". Elle se revendique ouvertement "islamophobe". Il y a deux ans, lors d'une action contre l'Aïd el Kebir, elle déclarait être "fière de sa cause, la haine de l’Islam". Elle ajoutait "l’Islam est une saloperie". Ces propos, tenus notamment devant un micro de France Bleu, lui ont valu une condamnation à 3000 euros d’amende.

Christine Tassin n’est clairement pas une journaliste. C’est une militante. Assumée. Dans une interview, elle admettait qu’en dehors de vacances en Italie et en Grèce, elle n’avait jamais quitté la France. Le Moyen Orient, elle ne le connait essentiellement que par Internet où elle puise l’inspiration pour ses articles.

 

Une constellation de sites qui poursuivent différents objectifs

Il est compliqué de s’y retrouver dans la multitude de sites qui nourrissent la "fachosphère". A côté de ceux qui, comme Christine Tassin, se présentent en défenseurs radicaux de la laïcité, apparaissent aussi des groupes traditionalistes chrétiens. MediaPresseInfo, par exemple, est animé par des proches des mouvements ultra-catholiques Civitas et de la Fraternité Saint Pie X.

Le site identitaire Dreuze.Info se situe aussi dans la mouvance conservatrice chrétienne mais se revendique, en outre, "pro-israélien et néo-conservateur". Alors que Novopress est beaucoup plus proche du Front National (dirigé par l’ex-président du Bloc identitaire, un ancien conseiller municipal FN, passé au Mouvement national républicain).

S’ajoutent à cela, des sites qui poursuivent des objectifs : soutenant le Kremlin, soutenant la droite israélienne, soutenant Bachar al-Assad. Ou encore des sites anti-atlantistes ou conspirationnistes. Sans compter les sites parodiques, comme l’algérien El Manchar, qui faisait dire à l’émir du Qatar que si son pays n’accueillait pas de réfugiés syriens, c’est parce qu’il avait "assez d’esclaves". Cette fausse info satirique a fait le tour du web et a même eu l’honneur d’être citée sur un plateau télé.

 

 

Source : http://www.rtbf.be

 

 

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 16:01

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Justice

Intoxication aux pesticides : un céréalier français fait condamner Monsanto

par

 

 

« Cette victoire est dédiée à tous ceux qui ne sont plus là aujourd’hui pour se battre et est un message d’espoir pour les autres. » C’est un combat commencé il y a 8 ans contre le géant Monsanto qui s’achève pour Paul François, céréalier en Charente. Le 10 septembre, la Cour d’appel de Lyon a donné raison à l’agriculteur en concluant à la responsabilité de la firme multinationale dans le préjudice de Paul François suite à l’inhalation de monochlorobenzène, un composant du Lasso, un herbicide fabriqué et par Monsanto. Pour la documentariste Marie-Monique Robin, auteure de plusieurs films et ouvrages sur Monsanto, cette condamnation est réellement « historique ». « C’est la première fois qu’un agriculteur fait condamner Monsanto », souligne t-elle.

Pour rappel, l’intoxication remonte à 2004 (lire notre portrait de Paul François). Quatre ans plus tard, l’agriculteur obtient la reconnaissance de ses troubles persistants (bégaiement, vertiges, maux de tête, troubles musculaires) comme maladie professionnelle. Il lance ensuite une procédure en responsabilité civile contre Monsanto reconnu « responsable », en première instance, en 2012. Mais la firme fait appel et s’ensuivent trois années de procédure.

 

Possible pourvoi en cassation de Monsanto

« La reconnaissance de la responsabilité de Monsanto dans cette affaire est essentielle, a réagi Maria Pelletier, présidente de l’association Générations Futures, à la sortie de la Cour d’appel. Les firmes qui mettent sur le marché ces produits doivent comprendre que dorénavant elles ne pourront plus se défausser de leurs responsabilités vis-à-vis des pouvoirs publics ou l’utilisateur et que des comptes leurs seront demandés. »

« La décision est très surprenante eu égard aux inexactitudes et aux erreurs qui émaillent la thèse de Paul François. Mais ça n’est qu’une étape et la discussion va se poursuivre, le combat va se poursuivre », a de son côté déclaré l’avocat de Monsanto, Jean-Daniel Bretzner, laissant entendre que le géant américain des semences et de l’agrochimie formera « vraisemblablement » un pourvoi en cassation.

 

Encourager les victimes des pesticides à saisir la justice

Paul François assure d’ores et déjà vouloir continuer le combat mené par l’association Phyto-Victimes qui accompagne les professionnels victimes des pesticides dans leurs démarches administratives et juridiques. Plusieurs procédures sont notamment en cours d’instruction par la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions, indique l’association. « La MSA (Mutualité sociale agricole) devra tirer les conséquences de cette décision pour une meilleure prévention ainsi qu’une prise en charge comme il se doit vis-à-vis des utilisateurs touchés par l’utilisation des produits phyto-sanitaires », précise Phyto-Victimes.

Un autre jugement pourrait faire jurisprudence. En avril dernier, la famille de James Bernard Murat, un viticulteur décédé d’une maladie causée par les pesticides, a décidé de porter plainte contre X pour « homicide involontaire, omission de porter secours, abstention délictueuse et délit de tromperie » (notre article et le témoignage de Valérie Murat). Trois mois plus tard, le Procureur a décidé de donner suite à la plainte en ordonnant l’ouverture d’une enquête préliminaire. A travers cette affaire contre Monsanto, Paul François espère bien faire profiter de son expérience et aider des professionnels qui n’oseraient pas parler de leurs problèmes de santé à saisir la justice.

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 15:51

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Politique économique

« Moi Président » : trois ans de dérégulation du droit du travail et d’augmentation du chômage

par

 

 

 

 

Le gouvernement s’apprête à « simplifier » le Code du travail. Dans la lignée des lois Macron et Rebsamen avant l’été, de l’Accord national interprofessionnel et du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi auparavant, il s’agit de « libérer » toujours davantage les entreprises. Les protections des salariés sont considérées comme un « coût » pour l’économie, qu’il conviendrait de réduire, et comme un « frein à l’embauche », qu’il faudrait assouplir. Objectif : inverser la courbe du chômage. Mais plus l’exécutif socialiste dérégule, plus le chômage augmente, avec un million de chômeurs supplémentaires depuis l’entrée de François Hollande à l’Élysée. Bilan en trois actes de cette casse sociale.

En 1981, François Mitterrand voulait « changer la vie ». Deux ans plus tard, le gouvernement socialiste dirigé par Pierre Mauroy engageait le « tournant de la rigueur ». Élu sur un programme de rupture avec le libéralisme à tout crin des années Sarkozy, et pour « réorienter l’Europe », François Hollande n’aura pas mis aussi longtemps à plier sous les injonctions du « réalisme » et à renoncer à ses promesses de changement. Exit la grande réforme fiscale, le contrôle de la finance, la renégociation des traités européens. Place, dès novembre 2012, à l’oxymore du « socialisme de l’offre » annonçant – dans un premier temps – les 20 milliards d’euros de réductions d’impôts accordées aux entreprises par le biais du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).

Acte 1 : « Il faudra qu’il y ait moins de chômeurs » en 2014

L’expression est emblématique du virage politique engagé par la nouvelle majorité. Tournant le dos à la culture keynésienne qui imprégnait les partis sociaux-démocrates depuis la Seconde guerre mondiale, le socialisme de l’offre incarne le ralliement – quasi – assumé du PS à une politique économique néo-libérale. Il s’agit de créer un environnement favorable aux directions d’entreprise – donc défavorable aux salariés – et surtout au monde des affaires – donc potentiellement néfaste à l’intérêt général. Directions d’entreprises et investisseurs sont, pour le gouvernement, les moteurs supposés du « retour de la croissance », une priorité sans cesse martelée. Là où les keynésiens voulaient stimuler la demande par une hausse des salaires et de l’investissement public, les adeptes de la politique de l’offre parlent « réduction des charges », « compétitivité » et plus grande « flexibilité du marché du travail ».

 

Scène 1 : moins d’impôts et licenciements facilités

Ce fut d’abord le CICE, une réduction d’impôt accordée aux entreprises selon leur masse salariale. Puis la loi du 14 juin 2013, transcription législative de l’Accord national interprofessionnel (ANI, lire ici), de janvier 2013. D’un côté, des mesures – théoriquement – favorables aux salariés, tels les droits rechargeables à l’assurance chômage, dont on commence à constater les effets pervers, ou la surtaxation des CDD les plus courts. En contrepartie, l’ANI facilite les procédures de licenciement collectif. La philosophie est paradoxale, mais elle a le vent en poupe : pour rassurer les employeurs et donc réduire le chômage, facilitons les licenciements ! Par ailleurs, l’ANI instaure les « accords de maintien dans l’emploi », qui permettent aux entreprises, par accord majoritaire, de réduire salaires et temps de travail en période de difficultés économiques.

 

Scène 2 : Inspecteurs et médecins du travail, des gêneurs dans le viseur

L’ampleur des reculs ne se mesure qu’à travers la succession et l’accumulation des réformes. La stratégie relève du grignotage, progressif et méthodique. En parallèle du CICE et de l’ANI, Michel Sapin, alors ministre du Travail et de l’Emploi, engage une refonte du corps des inspecteurs du travail, suscitant l’opposition unanime des syndicats – à l’exception de la CFDT. Autre exemple : après l’inspection, c’est la médecine du travail qui pourrait être la prochaine à subir l’épreuve de la modernisation libérale. Les médecins du travail subissent déjà une pression accrue des employeurs sur la question de la reconnaissance de le souffrance au travail (lire notre article). L’objectif est entendu : il faut « libérer l’entreprise » de ses carcans réglementaires, améliorer la « compétitivité » pour, in fine, créer de l’emploi. « Nous allons le faire » (« We will deliver »), jubilait, le 15 juin, Emmanuel Macron devant les milieux d’affaires et la presse anglo-saxonne invités à l’Élysée.

 

Scène 3 : malgré l’hécatombe, « il faut poursuivre les réformes »

Pour quels résultats ? L’objectif phare du gouvernement, la fameuse « inversion de la courbe du chômage », n’a toujours pas été atteint. D’après la DARES, le nombre d’inscrits au Pôle emploi, qui devait – selon le chef de l’État – commencer à reculer avant la fin 2013, connaît alors une hausse de 277 000 inscrits [1]. Malgré ce premier revers, l’exécutif persiste et signe : « Toute la politique gouvernementale est axée sur un objectif simple et compréhensible pour tous, à la fin de l’année il faudra qu’il y ait moins de chômeurs », annonce Michel Sapin pour 2014. Las. Sur les douze mois qui suivent, 310 000 chômeurs supplémentaires viennent grossir les rangs du Pôle emploi. Au total, depuis le début du quinquennat, la France compte plus d’un million de nouveaux inscrits. Qu’à cela ne tienne : malgré l’hécatombe, « il faut poursuivre les réformes », proclament en cœur les membres du gouvernement.

Acte 2 : Le recul du chômage pour « la fin de l’année » 2015 ?

Le discours sur l’« inversion de la courbe du chômage » est comparable au mirage lors d’une traversée du désert : à mesure que l’on pense s’en approcher, l’oasis reste à bonne distance. Mais la vision chimérique amène le voyageur à s’enfoncer toujours plus loin... En 2014, François Hollande interprète la défaite du PS aux européennes et aux municipales, combinée à la poussée du FN et aux victoires de l’UMP, comme un appel au durcissement de sa ligne, encore plus à droite. Manuel Valls entre à Matignon pour achever le recentrage de la politique gouvernementale. L’heure est à la restauration de l’« autorité », à la baisse des impôts – que le PS entendait encore, il y a quelques années, « réhabiliter » – et à l’approfondissement du virage entrepreneurial amorcé fin 2012.

 

Scène 1 : Manuel Valls et l’entreprise, un amour sans contrepartie

« J’aime l’entreprise ! », s’exclame le Premier ministre lors de l’université d’été du Medef, quelques mois après son entrée en fonction. Le tournant n’est plus seulement pragmatique, il est idéologique. D’une pierre deux coups, il vise à transformer la culture du Parti socialiste, mais aussi à soutenir – si ce n’est parachever – leffort de réhabilitation entrepris depuis vingt ans par le patronat français : « Ce sont les entreprises qui créent des emplois. Combien d’entre vous se battent pour préserver les emplois ? Je le dis depuis des années dans ma famille politique : il n’y a pas d’emplois sans employeurs. C’est pourquoi il est absurde de parler de « cadeaux faits aux patrons ». Une mesure favorable aux entreprises, c’est une mesure favorable au pays tout entier. »

 

Scène 2 : une dote de 56 milliards dans la poche des actionnaires

Vraiment ? Malgré les 20 milliards de baisse de cotisations et d’impôt sur les sociétés que le Pacte de responsabilité vient ajouter au CICE, soit un total de 40 milliards, l’emploi reste en panne. Pire, au cours de l’année 2014, les dividendes versées aux actionnaires du CAC 40 progressent de 30 %, pour atteindre les 56 milliards d’euros. Manifestement, toutes les entreprises ne voient pas leurs marges régresser ! Autant d’argent prélevé sur la richesse nationale qui ne viendra pas alimenter l’investissement, les salaires ou la transition écologique... Le gouvernement peut-il rester passif ? Encore une fois, si la potion amère ne fonctionne pas, c’est qu’il faut augmenter la dose. Loin d’exiger des contreparties au Pacte de responsabilité, l’exécutif s’obstine.

 

Scène 3 : Loi Macron, loi Rebsamen... Les réformes s’accélèrent

L’homme passé de la finance au ministère de l’Économie, Emmanuel Macron, prend ses aises et imprime sa marque. Il est à l’origine d’une loi imposée au Parlement au premier semestre 2015, par un triple recours à l’article 49-3 de la Constitution. La loi Macron étend le travail dominical, « rationalise » les Prud’hommes, facilite un peu plus les licenciements collectifs. Dans le même temps, la loi Rebsamen modifie les conditions du dialogue social. Elle autorise le regroupement des Institutions représentatives du personnel (IRP) en une seule instance, simplifie les obligations d’information et de négociation annuelle en entreprise (lire notre article). Au risque, selon les organisations syndicales, d’affaiblir un peu plus la capacité réelle des salariés à peser sur les orientations stratégiques et organisationnelles des entreprises.

Le prochain acte des réformes « structurelles » prévoit justement de donner plus de place aux accords collectifs, négociés au niveau des branches et des entreprises, au détriment des règles, de portée plus générale, issues du Code du travail. Emmanuel Macron, Manuel Valls, et surtout le Mouvement des entreprises de France (Medef) en rêvaient depuis longtemps, la mission Combrexelle a planché sur la question tout l’été, et rendu ses préconisations ce 9 septembre. Au programme : réduction du Code du travail à un socle de règles essentielles, création d’un « ordre public conventionnel », et recentrage des négociations au niveau des entreprises. Problème : dans un contexte de chômage massif, qui permet le moindre chantage à l’emploi, les salariés sont en position de faiblesse pour négocier au sein de l’entreprise. Cette décentralisation du dialogue social risque ainsi de se transformer... en déconstruction pure et simple du droit du travail (lire notre article ici).

Acte 3 : Haro sur le Code du travail, ce « petit livre rouge » !

Les 1er et 2 septembre derniers, c’est à dire une semaine avant la publication du rapport de la mission Combrexelle, la fondation Terra Nova, think tank proche du PS, et l’Institut Montaigne, situé plus à droite, publiaient leurs expertises, invitant à une transformation radicale du droit du travail. Dans une convergence du calendrier pour le moins surprenante, ces deux rapports suivaient de peu la sortie d’un ouvrage écrit par Robert Badinter et Antoine Lyon-Caen, intitulé Le travail et la loi. Les deux juristes y réclament une profonde simplification du Code, par ailleurs qualifié de « petit livre rouge » par certains médias [2]. L’offensive idéologique prépare le terrain pour la « réforme ambitieuse » appelée de ces vœux par le Premier ministre.

 

Scène 1 : offensive idéologique pour préparer le terrain

Pourquoi tant de haine vis-à-vis des règles qui assurent un minimum de protection et d’équité aux salariés ? L’ouvrage d’Antoine Lyon-Caen et de Robert Badinter, de même que les rapports de Terra Nova et de l’Institut Montaigne, font du Code du travail, renvoyé à sa prétendue « complexité » et à des protections excessives, le premier responsable du chômage français. « Ce constat n’est étayé par aucune étude sérieuse, pas même au sein des institutions les plus libérales comme l’OCDE, rétorque Sabina Issehnane, Maître de conférence à l’université de Rennes 2 et membre des Économistes atterrés, qui contestent frontalement ces orientations. Il s’agit d’un discours purement idéologique. Le vrai problème se situe du côté des politiques d’austérité menées à l’échelle européenne, qui compriment la demande. En persistant sur cette voie, nous allons tout droit à la catastrophe. »

Malgré l’échec des mesures engagées ces trois dernières années, le train des réformes semble parti pour ne pas s’arrêter. A sa remorque, la majorité parlementaire s’affaisse mais ne rompt pas. Après la sortie des Verts du gouvernement, la formation écologiste a vu ses chefs de groupe à l’Assemblée et au Sénat, François de Rugy et Jean-Vincent Placé, claquer la porte afin d’assumer leur soutien à l’exécutif. En prélude à l’Université d’été du PS, les frondeurs ont organisé un rassemblement traduisant leur opposition à cette ligne, mais restent incapables de l’infléchir. S’il le faut, le Premier ministre cherchera des soutiens plus au centre, et ne craindra pas d’employer l’article 49-3 pour faire passer les prochaines lois.

 

Scène 2 : pendant ce temps, en Europe : « mini-jobs » et « contrats zéro heure »

Jusqu’où le gouvernement est-il près à déréguler le monde du travail pour le soumettre aux impératifs de la « concurrence libre et non faussée » ? Les réformes réalisées, tout comme celles envisagées, répondent aux orientations de la Commission européenne en matière de réformes du marché du travail. En Espagne, ainsi qu’en Italie avec le Job act de Matteo Renzi, les conditions de licenciement ont déjà été assouplies. Au Royaume-Uni, 1,8 million de « contrat zéro heure », qui ne garantissent aucun horaire de travail car c’est à l’employé de s’adapter totalement aux exigences de son employeur, ont été signés. En plus de la grande difficulté de contester des licenciements, cette réforme a rendu le marché du travail hyper-flexible. Mais les socialistes français ont coutume de lorgner sur l’Allemagne, où les lois Hartz IV de 2002-2003 ont considérablement durci les conditions d’indemnisation des chômeurs, et institué des « mini-jobs » payés, au maximum, 450 euros par mois, qui accroissent la précarité des femmes (lire notre article).

 

Scène 3 : chômage de masse ou multitude de travailleurs pauvres ?

Le point commun de ces politiques est de sacrifier qualité et stabilité du travail au nom d’une approche visant à réduire son « coût », précarisant une fraction toujours plus importante de la population. La logique trouve son aboutissement dans ce que sociologues et économistes nomment le workfare-state, caractéristique de la régulation du travail dans les pays anglo-saxon. Au Royaume-Uni ainsi qu’aux États-Unis, un taux de chômage en apparence très faible dissimule un marché du travail extrêmement précarisé, des salaires au plus bas, et un dispositif de « retour au travail » mettant les chômeurs sous pression.

Outre manche, les working-poor, littéralement « travailleurs pauvres », sont légion ; ils cumulent parfois plusieurs emplois sans parvenir à vivre décemment. Un autre effet pervers de ces politiques est d’exclure un nombre croissant de personnes de la population active officielle. Ainsi, aux États-Unis, le taux de chômage d’environ 5 %, proche du plein-emploi, ne tient pas compte des personnes incarcérées (environ 1 % de la population active), ni des chômeurs découragés, progressivement exclus du marché de l’emploi. Le taux de participation effectif au marché du travail – c’est à dire les personnes actives rapportées à la population en âge de travailler – n’y dépasse pas les 63 %.

Epilogue : le retour du partage du temps de travail ?

En France et en Europe, quelles sont les alternatives pour échapper au rouleau compresseur néo-libéral ? « Il faut orienter les politiques publiques sur la satisfaction de besoins fondamentaux, estime l’économiste Sabina Issehnane. Au lieu d’être rabotées, les dépenses publiques devraient être relevées dans l’éducation, les hôpitaux, l’enfance, aussi pour la transition écologique. Il faut un grand plan d’investissement pour le logement social et écologique, une meilleure répartition des richesses. Enfin, engager une véritable politique de réduction du temps de travail. » Comme le rappelait Basta ! dans un précédent article (à lire ici) et contrairement aux idées reçues, en France la politique des 35 heures s’est soldée par la création nette de 350 000 emplois. Malgré de multiples réformes destinées à augmenter la flexibilité du travail et une embellie précaire en 2006 et 2007 [3], le chômage n’a, depuis, toujours pas cessé d’augmenter. En mai 2015, lors de l’élection de François Hollande, le pays comptait 4,36 millions de chômeurs [4]. Il en compte désormais – en juillet 2015 – 5,4 millions. Vous avez dit réalisme ?

@Thomas_Clerget

Photo : CC Parti socialiste

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 15:39

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Video - Le film accablant sur le déclin organisé de la SNCF

8 septembre 2015 / Gilles Balbastre
 


 
 

 

Qualité empêchée, souffrance au travail, perte de sens pour les salariés...

 

Retards, annulations de trains, accidents pour les usagers...

 

Tous les travers de la privatisation du rail anglais, que le réalisateur britannique Ken Loach dénonçait en 2001 dans son film The Navigators, deviennent une réalité quotidienne en France.

 

Il y a un an, la réforme ferroviaire votée à l’Assemblée Nationale (4 août 2014) avait été l’occasion d’une vaste campagne de manipulation de l’opinion publique orchestrée par le gouvernement de Manuel Valls, la direction de la SNCF et les médias réunis main dans la main.

 

Face à ce qu’on peut bien appeler une opération de propagande, les milliers de grévistes et les syndicats opposés à cette réforme ont eu bien du mal à exposer et à faire connaître leurs arguments.

 

Mais force est de constater que l’emploi du mot propagande ne va pas de soi pour un grand nombre de citoyens, voire de cheminots soumis régulièrement à une communication dont les moyens sont considérables. La petite musique libérale et dérégulatrice conditionne à force d’être martelée.

 

C’est dans ce contexte que le cabinet Emergences et le comité d’établissement régional SNCF Nord-pas-de-Calais m’ont proposé de réaliser un film qui renverse ces logiques de communication. Car les représentants syndicaux et les salariés savent de quoi ils parlent, mais ont du mal à exposer une autre parole dans un espace public cadenassé.

 

De cette rencontre est né le documentaire Vérités et mensonges à la SNCF qui redonne justement la parole à ceux qui se battent pour le maintien d’un réel service public ferroviaire.

- Gilles Balbastre, journaliste et réalisateur


VOIR LE FILM « Vérités et mensonges sur la SNCF » :

 

Lire aussi : Le chemin de fer français est en danger


Source : Courriel à Reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 15:05

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Servitude ?

Le travail en prison : une zone de non-droit sociale et un laboratoire de la flexibilité néolibérale

par

 

 

 

 

Les personnes détenues peuvent demander à travailler pendant leur incarcération. L’intention est louable : travailler leur apporte un revenu et leur permettra peut-être de bénéficier d’une formation. Le tout favorise leur réinsertion après leur libération, et réduit les risques de récidive. La réalité est bien plus sombre : cette possibilité n’est proposée qu’à une minorité de détenus. Et quand ceux-ci travaillent, c’est en dehors du toute réglementation minimale avec des salaires misérables pouvant descendre à moins d’1,50 euro de l’heure. Enquête sur une zone de non-droit où l’exploitation rend difficile la réinsertion.

« Vous voulez gagner en compétitivité et préserver vos marges. Courez vite à la prison, de nombreux atouts vous attendent ! ». « Problèmes de planning pendant les mois chargés ? Pas de panique ! La prison vous accueille toute l’année ». Le ministère de la Justice ne lésine pas sur la manière de rendre attractive ses prisons et la main d’oeuvre très bon marché qui y est incarcérée. Parmi ces atouts, des « charges patronales allégées (- 50%) » ou « une disponibilité totale », vantent encore les brochures du ministère.

Brochure de l’administration pénitentiaire sur les avantages du travail en prison pour les entreprises (voir aussi en fin d’article) :

 

Les prix sont effectivement très « compétitifs ». Sur une fiche de paie d’un prisonnier rendue public par l’Observatoire international des prisons (OIP) le 1er mai dernier, il est fait état d’une rémunération nette de 1,38 euros de l’heure pour 204 heures travaillées. Difficile de faire mieux en Europe. Dans ces conditions, le travail en prison sert-il vraiment les objectifs de réinsertion que ses promoteurs affichent ? Ou permet-il à des employeurs de recourir à une véritable « zone de non droit » sociale ? Le 15 septembre prochain, la législation en vigueur sera questionnée par le Conseil constitutionnel.

Travailler en prison n’est plus obligatoire depuis 1987. Quinze ans plus tôt déjà, une réforme avait supprimé toute référence au travail comme partie intégrante de la peine. La page des bagnes se tournait définitivement. Il s’agissait alors, du moins en théorie, de passer d’une logique punitive à une logique de réinsertion. Mais cette abolition répondait dans les faits à un changement de fond dans la nature du marché du travail. En 1987, le travail pénitentiaire, resté sur la logique des grosses industries de main d’œuvre, fait face à une baisse de l’offre, tournée désormais pour les tâches simples vers l’automatisation ou la délocalisation. La tendance s’est bien sûr largement confirmée depuis. En l’absence d’application du code de travail dans l’univers carcéral, le coût de la main d’œuvre en prison reste bien moins élevé qu’à l’extérieur. Mais seul un quart des prisonniers, soit moins de 20 000 personnes, ont une activité professionnelle. Depuis longtemps, la demande a largement dépassé l’offre.

Quand travailler est un privilège

Le code de procédure pénal l’énonce clairement : « Les personnes détenues, quelle que soit leur catégorie pénale, peuvent demander qu’il leur soit proposé un travail ». En principe, car dans le détail, de nombreuses restrictions apparaissent, dont certaines de simple bon sens : comme à l’extérieur, les mineurs de moins de 16 ans ne sont pas autorisés à travailler et ceux de plus de 16 ans ne le peuvent qu’à « titre exceptionnel » et à condition que ces activités « ne se substituent pas [à celles] d’enseignement et de formation ». Les détenus placés au quartier disciplinaire ou à l’isolement n’ont en pratique aucun accès au travail. Pour les premiers, l’interdiction de travailler fait partie intégrante de la sanction. Pour les seconds, la possibilité d’exercer une activité se heurte à l’interdiction de côtoyer d’autres prisonniers. Certains établissements offrent cependant des possibilités de travail aménagées pour les personnes isolées : tâches à effectuer en cellule ou nettoyage au sein du quartier d’isolement.

Depuis 2009, une « obligation d’activité » a été introduite pour les condamnés. Selon le texte de la loi pénitentiaire du sénateur Jean-René Lecerf (UMP), cette activité peut consister en un « travail », une « formation professionnelle » ou un « enseignement ». Ce peut être encore la participation à des « activités éducatives, culturelles, socioculturelles, sportives et physiques » ou à un « programme de prévention de la récidive ». L’idée était surtout que « l’administration pénitentiaire propose un ensemble d’activités au premier rang desquelles un emploi et /ou une formation professionnelle ». Dans la pratique, l’offre de formation et d’emploi est demeurée stable. Et ce désir de trouver une activité aux détenus ne s’est pas traduit par un effort qualitatif global. La réalité du travail en milieu carcéral a, dans l’écrasante majorité des cas, bien peu à faire avec une logique de réinsertion.

Quand la prison devient un sous-traitant

Les tâches proposées au sein des établissements pénitentiaires se divisent en trois catégories. La première est celle du « service général ». Le détenu est alors amené à prendre part à la vie de l’établissement, par des travaux d’entretien (nettoyage) et de fonctionnement courant (distribution des repas, plonge). Les détenus occupant ces postes sont appelés des « auxiliaires d’étage ». Certaines fonctions leur restent inaccessibles, comme la « comptabilité générale », le « greffe judiciaire » et les « services de santé ». Selon les établissements, certains travaux à plus haut degré de technicité sont proposés à quelques personnes : cuisine, maintenance, organisation d’activités socioculturelles et sportives, bibliothèque, coiffure... Pour ces tâches plus gratifiantes, les détenus ne se voient pourtant que rarement proposer une formation initiale et doivent donc apprendre « sur le tas ». Dans ces cas-là aussi, le lien entre les tâches exercées en prison et une possible insertion professionnelle à la sortie n’a donc rien d’une évidence.

Dans les plus vieilles prisons de France, qui ne disposent pas d’ateliers, le régime du service général est parfois le seul proposé aux prisonniers. Il en existe deux autres, celui du Service de l’emploi pénitentiaire, où le travail est effectué en ateliers sous le contrôle directe de l’administration, et celui de la concession, où l’administration conclut avec une entreprise un contrat qui fixe l’effectif employé – sans possibilité de sélection des travailleurs par l’entreprise – ainsi que le montant des rémunérations.

L’établissement pénitentiaire se change alors en sous-traitant d’une entreprise privée, qui n’a, en principe, aucun lien juridique direct avec les détenus. Elle peut néanmoins pourvoir à l’encadrement technique du travail, mais celui-ci est parfois assuré par les employés pénitentiaires eux-mêmes, changés en « contremaîtres ». Les travaux réalisés dans ce cadre ne demandent généralement aucune qualification – emballage, mise sous pli, conditionnement, manutention. Le secteur tertiaire commence aussi à se développer, notamment au travers de centres d’appels téléphoniques – les numéros des correspondants, auxquels n’ont pas accès les détenus, étant enregistrés à l’avance par l’entreprise.

Centres d’appels et artisanat

Les tâches réalisées dans le cadre du Service de l’emploi pénitentiaire sont souvent plus qualifiantes. Elles ne sont proposées que dans 24 établissements sur les 191 que compte le territoire français, et ne disposent en tout que de 48 ateliers. Elles concernent pour l’essentiel les métiers de l’artisanat : confection, boiserie, métallerie, imprimerie. À la prison de Rennes, les femmes détenues sont chargées de la restauration des archives de l’Institut national de l’audiovisuel. Pour ce petit atelier, c’est le coût de la prestation, de 25% moins cher que celui des laboratoires professionnels, qui a permis initialement de remporter plusieurs marchés. En théorie enfin, les détenus sont autorisés à travailler pour leur compte. Ce type d’activités demeure cependant marginal et concerne surtout des travaux informatiques, avec les difficultés qu’on imagine pour l’entrée et la sortie des commandes.

Écarté du régime général, le travail en prison se prête à de nombreux abus. Pas de congés payés, de faibles cotisations retraite, pas de droits au chômage, pas d’assurance maladie. Il arrive que des détenus travaillent un mois entier « sans journée de repos ». Seules sont appliquées les dispositions du Code du travail relatives à l’hygiène et la sécurité, sur la base desquelles peuvent intervenir l’Inspection du travail, et de manière plus limitée, les fonctionnaires et agents de contrôle des caisses d’assurance retraite et de la santé au travail. « La logique, explique Marie Crétenot de l’OIP, serait l’application du droit du travail, quitte à l’aménager par la suite. Mais c’est le contraire qui est fait. »

Réinsertion ou exploitation ?

À défaut de contrat de travail, la loi pénitentiaire de 2009 a prévu que soit signé entre « le chef d’établissement et la personne détenue » un « acte d’engagement professionnel ». Ce document doit prévoir la « description du poste de travail, le régime de travail, les horaires de travail, les missions principales à réaliser et, le cas échéant, les risques particuliers liés au poste ». Il doit également stipuler les conditions de « rémunération ». En pratique, la rédaction en est souvent très vague, et la protection juridique des personnes détenues est presque inexistante.

 

Le bulletin de paie ci-dessus, révélé par l’OIP, montre que, pour 204 h travaillées (l’équivalent d’un peu plus d’un mois de travail avec une durée légale de 35h par semaine), un détenu a été payé 282,1 €. Un extrait du Rapport général du contrôleur d’activité de 2011 rapporte le témoignage d’un détenu ayant travaillé 6 jours pour une rémunération de 60 euros. Soit 1,25 € de l’heure ! On est donc en-dessous dans bien des cas du salaire minimum imposé par la loi pénitentiaire de 2009, censé osciller, suivant le régime, entre 20 et 45% du Smic. Sur ces revenus du reste, 10% sont prélevés pour les parties civiles, 10% pour le pécule de sortie. Le reste est en général entièrement absorbé dans l’achat de quelques magazines, d’un peu de nourriture en complément d’une cantine souvent très mauvaise ou de l’abonnement à la télévision ou au téléphone – qui revient cher, du fait du monopole d’un seul opérateur. La plupart des détenus venant de milieux très défavorisés, ils ne disposent souvent au mieux que de faibles soutiens extérieurs, d’où la nécessité pour beaucoup de travailler à n’importe quelles conditions.

Une vision dégradante du travail

À leur sortie de prison, les détenus se retrouvent avec un pécule dérisoire et une absence de formation. Beaucoup, dont les plus jeunes, n’ont pas ou presque d’expérience professionnelle antérieure à la détention. Placés dans l’impossibilité pratique de préparer leur réinsertion, la plupart sont contraints de vivre des minimas sociaux. Beaucoup développent ou renforcent pendant leur période d’incarcération une vision dégradante du travail, qui reste synonyme d’exploitation. « L’idée d’une insertion par l’activité économique se perd de plus en plus avec la crise », dénonce Marie Crétenot. La France n’est malheureusement pas un cas isolé. « Certains pays ont une offre plus intéressante quant à la la protection sociale, poursuit la représentante de l’OIP, c’est le cas de l’Espagne par exemple, d’autres sur la nature des travaux. Mais les deux ne sont jamais réunis. La législation italienne est globalement plus favorable, mais elle n’est pas respectée. »

À la centrale de Saint-Maur (Indre), où il intervient en tant que concessionnaire, le musicien Nicolas Frize mène depuis près de vingt-cinq ans une expérience alternative. « J’ai un protocole qui consiste à signer avec les détenus un document sans valeur juridique, mais qui est un support de loyauté entre nous, et a le mérite de leur faire connaître le droit du travail. » « Pour moi, précise-t-il, il n’y a pas de lien entre le travail et l’argent, ils sont payés parce qu’ils ont un contrat, et ils travaillent parce qu’ils ont une compétence ». Tous les détenus qui travaillent avec lui sont rémunérés au Smic. Un budget est prévu en cas d’arrêt maladie.

Quand le respect du droit du travail fait chuter la récidive

Dans ce contexte bien sûr, il y a des droits qu’on ne peut faire respecter. Il est impossible par exemple d’aligner les cotisations retraites sur le régime général, ou de cotiser pour la caisse d’assurances chômage. Ce respect des droits a des résultats : chez les détenus avec lesquels il collabore, le taux de récidive est pratiquement nul. « Le travail, j’y crois assez peu, ce en quoi je crois, c’est la culture, poursuit-il. Les détenus ont un rapport au monde un peu particulier qui s’exprime par des rapports de force. Ce qui m’intéresse, c’est de défaire cela. »

Pour lui, il s’agit d’effectuer un parcours où l’on passe d’une logique de destruction à une logique de construction. « Vous savez, fait-il remarquer, la récidive ce n’est pas tout. Il y a des détenus qui sortent en SDF. Après la prison, on peut être détruit sans détruire, ce n’est pas beaucoup mieux que la récidive. » Le paradoxe demeure. Les prisons ont beau être gérées par le Ministère de la justice, elles restent sur bien des points des lieux de non-droit.

Olivier Favier [1]

Photo : CC martin

 

Plus d’infos, de livres et de ressources :
- La page de l’OIP [Observatoire international des prisons] sur le travail, les accidents du travail et les maladies professionnelles.
- Le travail pénitentiaire en question, La Documentation française, Paris, 2006. Une référence, librement consultable en ligne (document PDF).
- Gonzague Rambaud, Le Travail en prison. Enquête sur le business carcéral, Autrement, Paris, 2010. Un travail de terrain encore très actuel.
- Raphaël Eckert, Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu, Le Travail en prison, Presses Universitaires de Strasbourg, 2015. Une approche universitaire intéressante notamment pour les aspects historiques et juridiques.
- Le Guide du prisonnier, Paris, La Découverte, 2012 (4ème édition).
- Patrick Bellenchombre, Rémi Canino, Nicolas Frize, Dominique Lhuilier,Le travail incarcéré, Paris, Syllespses, 2009.

Documents et infographie publiés sur le compte twitter de l’Observatoire international des prisons @OIP_sectionfr le 1er mai 2015 avec ces commentaires :

En France, il y a le droit du #travail. Sauf en #prison. #1ermai

Premier degré, brochure de la DISP [Direction interrégionale des services pénitentiaires] de #Lyon : entreprises, bienvenue en #prison, laboratoire de la flexibilité au #travail.

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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 14:50

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Les crises de la dette grecque

le Mécanisme Européen de Stabilité a commencé ses versements – aux créanciers, pas à la Grèce

8 septembre par Bodo Ellmers

 

 

 

La saga du sauvetage de la Grèce a connu un nouvel épisode lors du versement des premières tranches du nouveau prêt. Le programme de prêt de 86 milliards d’euros sera financé par le Mécanisme Européen de Stabilité (MES). Le FMI a refusé de participer au paiement car il a des doutes concernant la soutenabilité du programme de prêt, négocié par l’Eurogroupe, qui ne contient pas de réduction importante du stock de la dette.

Pour de bonnes raisons : l’argent sera utilisé pour refinancer le fardeau insoutenable de la dette grecque et pour recapitaliser les banques. Alors que les créanciers ont gagné un bon moment de tranquillité, les citoyens et l’économie grecs sont de nouveau mis sur la touche.

l’argent sera utilisé pour refinancer le fardeau insoutenable de la dette grecque et pour recapitaliser les banques

Les ministres des finances et chefs d’états européens devraient être soulagés : le nouveau sauvetage devrait retarder de quelques années l’insolvabilité et donc le défaut de paiement de la Grèce. Avec un peu de chance, leurs mandats seront terminés et ce sont leurs successeurs qui devront assumer la responsabilité de la perte inévitable des milliards prêtés sous garantie des contribuables.

 

Où va l’argent ?

Le 20 août dernier, après approbation par différents parlements, l’argent du MES a commencé à être versé, mais pas à la Grèce, aux banques et créanciers :

Voici l’utilisation proposée pour ce troisième programme de sauvetage :

54 milliards pour refinancer les anciennes dettes
25 milliards pour recapitaliser les banques
15 milliards pour régler les retards de paiements et refinancer les réserves

On suppose que l’écart de 8 milliards entre les 94 milliards prévus ci-dessus et les 86 milliards que le MES devrait fournir sera financé par l’état grec : 2 milliards provenant du budget ordinaire et 6 milliards des recettes des privatisations. Cela signifie que le programme échoue non seulement à financer la reprise économique en Grèce, mais aussi que de l’argent soit retiré de l’économie et des budgets publics pour être transféré aux créanciers.

 

Début de l’ère des sauvetages circulaires à plusieurs niveaux

Un premier paiement de 13 milliards d’euros a été effectué le 20 août dernier. 3,4 milliards issus de cette somme ont été utilisés pour rembourser la BCE (3,2 milliards pour le principal, 200 millions pour les intérêts). Le fait que le MES commence à renflouer la BCE constitue un élément nouveau et un exemple kafkaïen de la manière dont les institutions européennes jouent au ping-pong avec de l’argent fictif. Et c’est aussi une bonne affaire pour la BCE et les états qui la possèdent : le CADTM a publié une excellente analyse qui explique comment la BCE fait des profits à la manière des fonds vautours sur les engagements grecs.

Le reste de l’argent sera principalement utilisé pour rembourser le crédit-pont de l’UE de 7,4 milliards que la Grèce a utilisé pour payer les tranches dues au FMI. J’ai soutenu précédemment que si la Grèce avait fait défaut sur les prêts du FMI, cela aurait été utile pour la réforme de cette institution. Ce paiement au FMI financé par le MES, c’est aussi une nouveauté : d’habitude, c’est le boulot du FMI de fournir des prêts lorsqu’un de ses membres est à court d’argent liquide, ce qu’il a fait de manière excessivement généreuse pour la Grèce ces dernières années. L’argent du FMI a principalement été utilisé par les gouvernements grecs, poussés par la Troïka, pour renflouer les créanciers privés et les banques en difficulté.

L’argent du FMI a principalement été utilisé par les gouvernements grecs, poussés par la Troïka, pour renflouer les créanciers privés et les banques en difficulté.

Nous sommes manifestement entré dans l’ère des sauvetages circulaires à plusieurs niveaux. Il serait intéressant de savoir si les conseils d’administration du FMI et de la BCE ont déjà envisagé lequel des deux interviendra lorsque le MES sera en difficulté, ce qui arrivera tôt ou tard si le MES continue à (re)financer les états insolvables.

Des 13 milliards du prochain paiement du MES, la part du lion (10 milliards) sera transférée sur un compte bloqué au Luxembourg, dirigé par le MES, hors de tout contrôle démocratique. Le paiement est destiné à la recapitalisation des banques, c’est-à-dire à leur sauvetage. Cette absence de contrôle démocratique a été critiquée par les commentaires formulés récemment par Eurodad au sujet de l’ensemble des conditions imposées par le nouveau programme. Un membre d’Eurodad, Global Justice Now, a aussi réalisé un blog sur le programme fou de privatisation, qui inclut une liste de biens à privatiser. Il est toutefois improbable qu’une nouvelle série de privatisations au rabais générera assez de ressources pour ramener la Grèce à des niveaux de dette soutenable. C’est bien cela, l’insolvabilité.

Il s’agit donc une fois encore d’un mélange de programme de sauvetage des banques et d’une déclaration d’insolvabilité reportée, c’est-à-dire d’un nouveau prêt pour refinancer de vielles dettes insoutenables, plutôt qu’une annulation des dettes une fois pour toutes. Si la Grèce était une entreprise privée, ce report délibéré serait un délit punissable. Tout cela démontre que l’UE a besoin d’un cadre ordonné et juste d’insolvabilité pour parvenir à une solution soutenable à la crise.

 

Source : Eurodad

Cet article a été traduit de l’anglais par François Sana (traduction relue par Christine Pagnoulle)

 
Auteur
 
Bodo Ellmers

 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 14:41

 

Source : http://www.bastamag.net

 

Recyclage

Quand les mégots deviennent une nouvelle matière première

par

 

 

 

La capitale a déclaré la guerre aux mégots, et communique allègrement sur ces 350 tonnes de déchets générés par les fumeurs, qu’il faut ramasser chaque année. Les résidus de cigarettes, quand ils ne finissent pas dans les stations d’épuration, partent à l’incinérateur. Une alternative existe pourtant : ils peuvent être collectés pour être recyclés et valorisés. Problème : aucune usine de transformation des filtres en plastique n’existe encore en France.

Le mégot n’est pas gros mais pollue beaucoup. Jusqu’à 15 ans et 500 litres d’eau sont nécessaires pour faire disparaître dans la nature ces 200 milligrammes de résidus. Le petit bout de cibiche que le fumeur jette avec insouciance, multiplié par des millions d’ultimes bouffées, aboutit à travers le monde chaque année, à 2,3 millions de tonnes d’un mélange de papier, de tabac, de nicotine, de phénols, de métaux lourds et de filtres. Cette pollution devient la bête noire des grandes villes, comme à Paris, dont la mairie assure ramasser 350 tonnes de mégots par an sur la voirie.

Collectés dans les égouts ou ramassés dans les caniveaux, les mégots jetés en villes finissent généralement dans une dernière incandescence, brûlés dans un incinérateur. Il est pourtant possible de recycler leurs filtres, car ils sont formés d’un composé fibreux : l’acétate de cellulose. Une fois les mégots broyés, les éléments se séparent. Le tabac, les cendres – et leurs composés chimiques – et le papier partent au compostage. Les fibres du filtre, un peu comme du coton, sont récupérées et fondues en billes, avant d’entrer dans la composition de plaques de plastiques revendues pour le bâtiment.

Recyclage de mégots : une filière pas encore locale

Pour le moment, seule une usine, située en Lozère, procède au compactage et au stockage de ces déchets de fumeurs. Elle appartient à TerraCycle, une entreprise transnationale de recyclage et de compostage, fondée aux États-Unis en 2001. La cellulose des filtres est ensuite expédiée vers l’unique usine d’Europe qui les transforme, au Royaume-Uni. Une filière pas très locale : plus d’un millier de kilomètres séparent les deux sites. Mais l’idée fait son chemin. Des entreprises partenaires organisent la collecte des mégots. Eco Action Plus, basée à Brest, propose ainsi un programme "Recy-clope". C’est vers les entreprises tertiaires qu’est menée leur action, afin d’obtenir une masse critique de mégots. Avec l’espoir d’ouvrir une usine de transformation en France sous 5 ans.

TerraCycle vise à la valorisation de tout ce qui n’est pas recyclé habituellement (capsules de machine à expresso, emballage transparent des paquets de cigarettes, plastique des stylos à bille...). Le mégot est devenu l’une de ses matières premières. « Notre souhait est de disparaître, explique Julien Tremblin, responsable marketing de TerraCycle en France, cela voudrait dire qu’il n’y a plus de déchets non recyclables qui polluent tout autour de nous ».

140 millions de mégots par an à Paris

Avec 350 tonnes – environ 145 millions – de mégots ramassés par les services de nettoyage de la ville de Paris, sans compter ceux qui se retrouvent dans l’eau des égouts mêlés à l’ensemble des déchets, et ceux que tout un chacun jette dans sa poubelle ordinaire, le recyclage des filtres de cigarettes a de l’avenir. Dès l’automne, le neuvième arrondissement de Paris va reprendre sa croisade anti-mégots, non seulement auprès des usagers, avec une potentielle amende de 68 euros, mais par une multiplication des cendriers collecteurs. Quelques cafés en sont déjà équipés. D’autres commerçants vont être sollicités pour héberger des boîtes de carton destinées au recueil de ces quelques grammes de concentré de pollution.

Peut-être se souviendra-t-on d’une ancienne proposition de loi de février 2013 déposée par des sénateurs écologistes ? Il s’agissait de taxer les cigarettiers à hauteur d’un centime par paquet, ce qui rapporterait 26,5 millions d’euros par an à l’État… de quoi financer le recyclage des mégots. Ou même la ligne téléphonique de soutien pour les fumeurs désirant arrêter, comblant le désir affiché en slogan de Terracycle « d’éliminer la notion de déchet ».

Claire Merrien

Photo : CC Maxime Marais

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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 14:28

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Recherche 08/09/2015 à 11h25
Un hashtag clandestin pour partager la science inaccessible
Martin Clavey | journaliste

 

 

Un mème à partir du hashtag

 

Les chercheurs n’utilisent pas encore tous Twitter mais voici un hashtag qui pourrait les aider à franchir le pas : #IcanhazPDF. Ce mot-clé permet de demander aux utilisateurs un article scientifique auquel vous n’auriez pas accès.

 

Abonnements exorbitants

Les scientifiques ont constamment besoin de lire les articles de leurs collègues pour travailler, enrichir leurs connaissances et se baser sur le travail des autres pour faire avancer leurs recherches. Même si les institutions qui financent la recherche poussent de plus en plus les chercheurs à publier dans des revues en open access – système dans lequel l’article final est accessible gratuitement par tous –, la plupart des articles scientifiques se trouve encore derrière des paywalls liés à des abonnements que les laboratoires, les bibliothèques universitaires et les centres de recherche ne peuvent pas toujours payer, alors que les articles sont écrits par leurs propres chercheurs.

Et au vu du prix de l’article à l’unité (souvent 30 dollars, soit 27 euros), il n’est pas question pour un laboratoire de payer 150 dollars de plus par semaine pour qu’un seul chercheur y accède. Ceux-ci emploient donc souvent le système D pour accéder aux PDF dont ils ont besoin pour faire avancer leurs recherches.

 

« Je peine à trouver un mot suffisamment dur pour décrire les éditeurs qui veulent me faire payer 30 £ pour avoir accès à des articles publiés il y a 50 ans. »

Certains, comme leurs collègues des années 70, écrivent à l’auteur pour lui demander un tiré à part, une copie de l’article que l’auteur a gardée et peut redistribuer. Mais c’est un processus long et fastidieux. D’autres, plus habitués du numérique, s’entraident sur les réseaux sociaux et sur Twitter notamment.

 

« I can Haz Cheezburger »

L’entraide de la communauté scientifique sur les réseaux sociaux

Début 2011, Andrea Kuszewski, une chercheuse en sciences cognitives, propose à ses collègues d’utiliser le hashtag #IcanhazPDF (en référence aux lolcats et au site I can Haz Cheezburger) pour faire une demande d’article (classiquement au format PDF) et que chacun puisse y répondre sans avoir à suivre le demandeur.

 

Et ce hashtag marche plutôt bien à en croire Sylvain Deville, chercheur en science des matériaux au CNRS, qui l’utilise depuis deux ans.

« J’utilise ce hashtag presque quotidiennement. L’idée, c’est de se rendre service les uns aux autres. Quand je vois des demandes dans ma TL, je regarde si j’y ai accès et j’envoie l’article. Mon laboratoire est abonné à certaines revues scientifiques par le CNRS mais ça ne couvre pas tout. Par exemple, nous n’avons pas d’accès du tout aux revues du groupe Wiley. Et dans mon domaine, il y a beaucoup de revues qui sont chez cet éditeur.

Pour récupérer un article, il y a différentes méthodes possibles mais Twitter est la solution la plus rapide. Si l’article est publié dans une grande revue, je le reçois en cinq exemplaires en trois minutes, ça marche vraiment très bien. Ça me fait gagner du temps quand je fais ma bibliographie tous les matins. »

La communauté a même mis en place une netiquette pour l’utilisation de ce hashtag. Pour utiliser #IcanhazPDF, il suffit d’ajouter le lien vers l’article ou le DOI (l’URL de référence de l’article) et votre adresse e-mail. Une fois l’article reçu, il faut supprimer le tweet pour rester discret face aux éditeurs. Une petite étude exploratoire [PDF] de la documentaliste Carolyn Caffrey Gardner montre que les deux tiers des articles demandés sur #IcanhazPDF traitent de biologie mais il est difficile d’en savoir beaucoup plus puisque dès qu’une demande est fructueuse, le tweet est effacé. D’autres chercheurs utilisent aussi le canal /r/scholar de Reddit pour faire ce genre de demandes.

Bibliothèques clandestines

Mais certains sont passés à des méthodes plus massives de récupération d’articles scientifiques en créant de véritables bibliothèques clandestines. Deux grandes initiatives ont été créées clandestinement pour partager en masse des articles scientifiques.

Sci-hub, un réseau de proxies, permet de connecter l’utilisateur à un ordinateur qui a, lui, accès à un abonnement à la revue en question. Il a été mis en place par Alexandra Elbakyan, une chercheuse kazakh qui avait du mal à travailler sans avoir accès aux articles dont elle avait besoin. Elle explique à Torrent Freak qu’à l’origine l’idée n’était même pas de rendre toute l’information libre, « on avait juste besoin de lire ces articles pour faire avancer notre recherche ».

Quant à Libgen, c’est une vraie bibliothèque parallèle rassemblant, dans une base de données, une grande partie de la littérature scientifique et s’alimentant dynamiquement grâce aux demandes faites par les utilisateurs à Sci-hub. Selon Guillaume Cabanac qui a étudié [PDF] cette base de données, elle contiendrait environ 68% des articles des principaux éditeurs. Les éditeurs de revues et Elsevier en tête commencent donc à se sentir menacés et à attaquer ces sites juridiquement en espérant bien les rendre inaccessibles. Il est d’ailleurs de plus en plus difficile de se rendre sur Libgen car le site change de nom de domaine assez souvent.

Ces barrières juridiques vont être beaucoup plus difficiles à mettre en place face à l’utilisation du hashtag #Icanhazpdf, car les éditeurs vont devoir prouver qu’il n’y a pas seulement eu échange de messages sur Twitter mais aussi que l’échange du fichier s’est bien effectué et la multitude d’acteurs à attaquer complexifie l’efficacité de l’attaque juridique.

Cette utilisation de méthodes plus ou moins licites d’accès aux articles scientifiques montre surtout le manque criant d’accès des chercheurs aux articles scientifiques malgré les vœux politiques d’accès ouvert à la science. Mais pour Guillaume Cabanac :

« Il n’y a pas que les scientifiques qui sont intéressés par l’accès aux articles scientifiques. Beaucoup de malades, qui ont une maladie orpheline ou un cancer spécifique, ont envie de se documenter, d’aller voir les dernières études, de comprendre et de lire des articles scientifiques. Et pour ces personnes-là, il y a peu de moyen d’accéder à cette connaissance. »

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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