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27 octobre 2015 2 27 /10 /octobre /2015 17:12

 

Source : http://www.franceinter.fr

 

 

 

AP-HP : un accord a été trouvé

Dépêches > éco du mardi 27 Octobre à 16H59

Rassemblement du personnel hospitalier contre le projet modification d organisation du temps de travail des hopitaux en mai 2015 © MaxPPP/Vincent Isoire - 2015

 

Après des mois de conflit, un accord vient d’être signé entre l'Assistance Publique Hôpitaux de Paris et la CFDT sur l'organisation et le temps de travail. Accord qui sera progressivement mis en place à partir du 1er janvier 2016

 

C'est la fin d'un long de bras de fer entamé au printemps dernier. En mars, Martin Hirsch, le patron de l'APHP, lançait un pavé au milieu des blouses blanches. Selon lui l'accord de 2002 sur le temps de travail était devenu obsolète, complètement inadapté aux enjeux actuels. Martin Hirsch proposait alors une réforme du temps de travail aux 75.000 agents (hors médecins) des 39 établissements de l'AP-HP. Une nouvelle organisation qui selon lui permettrait d'économiser plus de 20 millions d'euros et de sauver 4.000 emplois par an.

 

Au bloc, la majorité des personnels travaillent aujourd'hui plus que les 35 heures hebdomadaires, et les minutes accumulées, font des milliers de jours à rattraper. Les fameuses RTT, problème récurrent de l'hôpital et que l'AP-HP comptait résoudre en réduisant le temps de travail journalier de quelques minutes qui provoqueraient la perte de RTT et d'autres jours de congés propres à l'AP-HP.

 

 

 

Un accord qui n'est pas majoritaire

La CFDT, qui l’a signé, ne représente que 18 % des salariés, presque uniquement des cadres. Mais dans le fond, ça ne change rien. Pour lancer sa réforme, le directeur de l'APHP, Martin Hirsch n'avait pas besoin des syndicats. Il est simplement allé chercher cet accord dans le but de gagner en légitimité. Toucher aux 35 heures, sans même consulter les représentants du personnel, c'était donner l'impression d'un passage en force à 200%. Là, Martin Hirsch dispose entre les mains d'un accord, signé par au moins une organisation qui va notamment lui permettre de faire des économies.

 

Un salarié qui travaillait 7h50 par jour passera obligatoirement à 7h36 et perdra dans l'affaire 8 jours de RTT par an. La direction propose également au personnel qui travaille 7h36 de passer à 7h30 de service quotidien avec là aussi moins de RTT, mais une compensation en heure supplémentaires à la clé.

 

Pas sûr que cela suffise à calmer les cinq autres syndicats, tenus à l'écart des discussions.

Par France Inter, Maxime Debs, | 27 Octobre 2015 à 16:59
 
 
 
 
 
 
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Martin Hirsch, derrière le gouvernement, continue son attaque en règle contre les personnels de l’Hôpital Public !!!

 

dimanche 25 octobre 2015, par Robert Paris

 

 

 

Hirsch persiste et signe

Hirsch affirme que la version finale de la réforme va sortir fin octobre, que les syndicats signent ou pas. Le 25 septembre, il relance les « changements d’organisation et de rythmes de travail », annonce la « généralisation de la grande équipe qui inclut la symétrie entre les horaires du matin et ceux de l’après-midi » d’ici « le 1er septembre 2016 au plus tard », et projette de « maintenir le schéma horaire en 7 heures 36 ». Cela signifie la perte des RTT correspondantes. Il s’agit donc maintenant de supprimer la carotte en imposant à tous la « grande équipe », c’est-à-dire l’alternance irrégulière d’horaires du matin et de l’après-midi, bien souvent au pied levé du fait du manque d’effectif, ce qui désorganise la vie personnelle. Hirsch précise qu’il supprimera les « journées extra-légales », comme les journées fête des mères ou les journées supplémentaires dites « forfait protocole ». Il parle également de « rythmes en 7 heures 30 », d’un « élargissement de l’éventail des schémas horaires possibles », cela dans le cadre d’« évolutions de l’accord de 2002 ». Mais tout cela n’est que du vent si nous le décidons. Il suffit que la colère des agents sonne comme en mai-juin dernier et que nous ne contentions pas de suivre l’intersyndicale dans ses prétendues journées inactives.

 

Où en est la « réforme » bidon de Hirsch ?

C’est le silence radio sur les projets de Hirsch, mis à part pour prétendre qu’il continue à négocier, ayant trouvé un syndicat, la CFDT, encore capable de faire semblant d’écouter ses discours oiseux, malhonnêtes, à géométrie variable, mais qui visent toujours la même chose : s’attaquer à la masse salariale, accusée de plomber les comptes de l’APHP. Hirsch n’a renoncé à rien : ni la suppression des RTT et autres repos, ni l’obligation de la grande équipe, ni les suppressions de primes, ni la remise en cause des 35 heures, ni sur la remise en cause de la ½ heure de repas sur le temps de travail, ni les économies de toutes sortes en termes de moyens, d’effectifs, de personnels en fixe, de fonctionnaires, ni sur les blocages de rémunérations et on en passe. Sous la pression des personnels révoltés, les syndicats ont été contraints de se retirer les uns après les autres des prétendues négociations, du prétendu « dialogue social », des discussions de « projets de réforme » qui signifient des remises en question globales des acquis et des droits des agents hospitaliers. En mai-juin dernier, le rapport de force des personnels de l’APHP révoltés permettait de faire reculer le gouvernement mais tel n’a pas été le choix des centrales syndicales qui, alors, étaient accrochées à négocier avec Hirsch pendant que les manifestants exigeaient invariablement qu’on arrête ces négociations bidon sur un projet qui n’est pas négociable. Maintenant, les centrales syndicales se maintiennent dans une attitude d’expectative, comme s’il suffisait d’attendre pour que les fruits tombent tout mûrs dans nos mains ! De temps à autre, elles font semblant de lancer une nouvelle journée d’action et se débrouillent pour que la mobilisation ne cesse de décroître afin de finir, un jour, par justifier de reprendre le chemin de… la table de négociation. Car leur naturel, c’est de négocier même quand il n’y a rien à négocier ! Le 15 octobre, l’intersyndicale appelait encore à une journée d’action mais pas générale, seulement établissement par établissement, comme si les uns pouvaient entrer en lutte et pas les autres, alors que ce projet menace tout le monde. Il serait temps qu’on décide nous-mêmes de nos objectifs, de nos moyens d’action et de nos mobilisations en nous organisant nous-mêmes en comités et en nous liant aux autres secteurs qui luttent, notamment ceux du service public ou semi-public, des enseignants, des postiers, des agents d’EDF, des agents de la SNCF, des personnels de Radio France, de l’AFP, de France Télévisions, d’Areva, de Total, d’Air France, des banques, menacés par exactement les mêmes plans d’attaque que nous. Et cette liaison là, ne comptons pas sur les centrales bureaucratiques pour la mettre en place !

 

L’austérité touche aussi la formation

Le financement des écoles d’élèves infirmiers dépend maintenant des régions et non du budget de l’enseignement, qu’il s’agisse des études, des bourses ou des aides sociales. En fait, ce sont souvent les anciens aides soignants faisant la formation IDE qui sont de moins en moins nombreux à être financés pendant leurs études c’est-à-dire à percevoir leur salaire d’aides soignants pendant les 3 ans d’études. Comme les régions voient leurs budgets remis en cause, diminués, et différemment suivant les régions, les études des élèves infirmiers sont menacées. Ils sont descendus dans la rue pour protester contre ces remises en cause du financement des IFSI, contre les inégalités territoriales et pour la réévaluation des dotations. Et c’est aussi l’intérêt de l’hôpital public de défendre les futurs infirmiers car, si le recrutement se tarit, le poids du travail devient insupportable sur ceux qui sont au travail.

 

Hirsch s’attaque au secteur de la Chirurgie

Selon l’âne Martin, il y aurait trop de services chirurgicaux car il y aurait trop peu de chirurgiens. Il affirme que la faiblesse des effectifs, non seulement en chirurgiens mais en anesthésistes, en infirmières, doit être réglée en supprimant des services de chirurgie. Pour lui, « treize services d’orthopédie-traumatologie dans 12 hôpitaux, c’est trop ». Les équipes seraient « de trop petite taille dans la majorité des sites ». Sa solution pour face au manque d’effectifs et de moyens, c’est de sortir son bistouri et de couper dans le vif. Si on se laisse faire ! Car, en même temps, il veut réduite encore les maternités, les services d’urologie, la psychiatrie et on en passe. De là à provoquer une révolte générale, il n’y a qu’un pas qu’Hirsch s’apprête à franchir allègrement !

 

Regroupement égale diminution

Le projet de regroupement des hôpitaux Beaujon de Clichy et de Bichat est toujours dans les choux. Pendant que les diverses autorités se disputent sur le site d’implantation, on laisse ses hôpitaux se dégrader à grande vitesse, les médecins prenant la tangente, les fonds aussi, les matériels étant laissés à l’abandon. Si ça continue le fameux « pôle d’excellence » qui est projeté va se transformer en deux fermetures d’hôpitaux sans aucune construction d’un nouveau. En tout cas, il est évident qu’une fois de plus la prétendue excellence, la prétendue création de nouveaux hôpitaux recouvre une diminution de moyens. Le récent regroupement de l’APHP avec le nouveau centre hospitalier d’Evry en est une autre démonstration.

 

Martin manquait d’application…

L’AP-HP a lancé une application pour mieux communiquer !! Ah si Martin Hirsch avait disposé d’une appli dans ses contacts avec les syndicats et avec les personnels, il aurait depuis longtemps fait passer ses réformes, ayant pu mieux exposer tout l’intérêt de perdre des repos, des pauses, des rythmes, des horaires, des primes, des effectifs et autres ! Une appli, il ne lui manquait plus que ça !

 

Hôpital tombant en désuétude

De plus en plus, de nombreux appareils et matériels ne fonctionnent plus ou tellement mal qu’ils sont cause de difficultés innombrables pour les personnels quand ce n’est pas de danger pour les patients… Ils tombent régulièrement en panne et ne sont pas réparés depuis des années ni remplacés. Vu que l’hôpital et les services sont dirigés comme des entreprises, c’est-à-dire en fonction de la rentabilité, les cadres font traîner les réparations et l’achat de matériel nouveaux pour ne pas impacter leur budget dont on leur a dit qu’il est l’objectif numéro un du fonctionnement de l’hôpital ! La dégradation de la situation n’a pas d’impact sur eux dans la tranquillité de leurs bureaux mais elle en a une, et grande, sur la difficulté, sur la pénibilité, sur les dangers des travaux des personnels, rendant le travail difficile, voire pénible. Une remarque : comment se fait-il que les fameuses inspections ne remarquent jamais cela ?

 

Tout dans le même sac…

Il fut un temps où les hôpitaux insistaient lourdement sur la nécessité de trier les déchets en séparant spécifiquement toutes- les matières à risque infectieux ou certains matériaux du fait du risque de blessures ou coupures qu’ils pourraient engendrer des autres déchets. On avait donc consigne de séparer les DASRI, déchets verres, coupants (sacs, cartons, boites plastique jaunes) aux déchets ménagers (sacs noirs). Mais des nouvelles consignes sont apparues : la rentabilité d’abord, les économies d’abord, la santé après !!! Pour cause les déchets des DASRI sont plus cher que les déchets ménager, du coup l’essentiel des déchets s’en vont dans les sacs noirs, souillés ou pas de sang et de liquides biologique. Les comptes financiers d’abord et tant pis pour santé publique et l’environnement.

 

L’Hôpital public au service du privé

Les labos pharmaceutiques veulent assurer leurs bénéfices et, pour cela, ils ont besoin que l’on stimule les patients afin de les pousser à consommer des médicaments. D’où les arrangements entre les labos et l’hôpital, petit commerce par lequel l’hôpital obtient des prix bas sur certains produits, même si ceux-ci coûtent en fait plus cher à la sécu, quand les patients les consomment en ville. Eh bien, c’est loin d’être le seul moyen pour les labos de pousser à la médication la plus importante et la plus chère possible. Il y a aussi les manipulations des normes, que ce soient celles des diabètes, du cholestérol, de la vitamine D, la campagne pour la vaccination grippale (tant pis si le vaccin n’est nullement assuré de soigner la dernière version de la grippe ayant muté et tant pis si le vaccin a des effets nocifs comme bien d’autres vaccins, tant pis si l’argent public sert à acheter des vaccins inutiles en masse comme le faisait Bachelot). C’est comme cela que l’APHP arrose de médicaments contre le cholestérol, et favorise de nombreux médicaments peu ou pas efficaces, du moment qu’ils rapportent à tous les Sanofi et autres boutiques pharmaceutiques… L’important, c’est que l’hôpital serve de vitrine à l’industrie pharmaceutique : du moment que c’est bon pour la santé de l’économie capitaliste !

 

Des soupes qui coûtent des briques !

Parmi les calculs économiques à courte vue des directions, qui se révèlent finalement plus coûteux, il y en a des petites et des grandes. On peut citer récemment le remplacement des soupes individuelles par les briques de soupe, ce qui suppose davantage de déchets, davantage de vaisselle à nettoyer, la direction ayant oublié les bols plastiques. Les économies bidon de la direction, on en a soupé !

 

Les risques augmentent…

Il y a un domaine où le manque d’effectifs, de lits, de moyens impacte directement la santé des malades et des agents : c’est celui des maladies graves et transmissibles, graves car difficile ou impossibles à soigner notamment à l’aide d’antibiotiques, les BMR, BHR ou ERV notamment (bactéries multirésistantes, hautement résistantes, ou à entérocoques). L’impossibilité fréquente de leur donner des moyens de protection suffisants, des personnels dédiés, des informations suffisantes sur les risques entraînent l’accroissement de ceux-ci sans que cela inquiète en quoique ce soit la direction. La pire maladie transmissible étant celle des réductions de coûts sur le dos des malades et des agents s’est diffusée d’une direction à l’autre au point de devenir insoignable !

 

« Dialogue social », le grand mot est lâché !

Hollande a une idée sur ce qui serait bon pour les salariés : accepter les gifles et dire merci du moment que celui qui vous frappe vous propose d’en discuter ou qu’il vous tend la main ! Si on vous impose de travailler plus en gagnant moins, en vous menaçant de licenciement si vous refusez, en vous traitant de « voyou » si vous vous révoltez, en venant vous arrêter à six heures du matin à votre domicile et en vous menaçant de cinq ans de prison ferme pour… avoir défendu votre emploi, votre salaire, votre famille, parce que vous estimez dangereux de conduire des centaines d’heures en plus des avions avec la responsabilité de la vie des passagers, aurez-vous envie de serrer la main qui vous frappe, de bavarder gentiment avec le patron qui vous fait subir ce chantage, avec le gouvernement qui le cautionne ?!! Ce n’est pas comme cela qu’on vous a posé le problème dans les média, dans le discours des gouvernants et des hommes politiques, c’est-à-dire des patrons et de leurs défenseurs.

Certainement pas ! C’est à vous, salariés, de le poser ainsi parce que, n’en déplaise à tous les Hollande, à tous les défenseurs du « dialogue social », s’ils défendent le dialogue, c’est qu’il y a bel et bien deux camps en présence, les salariés et les patrons, et que chacun ne peut que choisir son camp ou être trompé par le discours selon lequel nous aurions tous les mêmes intérêts, qu’on soit patron ou salarié, selon lequel l’Etat et le gouvernement seraient impartiaux et seraient là pour équilibrer les deux camps. Et les deux camps, ce sont bel et bien les deux classes sociales fondamentales de la société, les travailleurs et les exploiteurs !

Dans l’affaire des licenciements à Air France, on a bien vu que le gouvernement a déclaré « être entièrement du côté du patron » ! De même qu’il était entièrement du côté du patron de l’APHP (hôpital public) qui veut supprimer des repos et des congés, qui veut surexploiter les personnels. De même qu’il était entièrement du côté du patron de Radio France qui démolit le service public de radio comme des patrons de France Télévisons ou de l’AFP qui font de même ou du PDG de la SNCF, chargé de détruire le service public du Rail, ou encore du côté du patron de Total ou d’Areva qui suppriment massivement des emplois, du patron de PSA qui licencie ou du patron de Renault qui bloque les salaires et supprime massivement des emplois.

Quand le gouvernement a développé des crédits d’impôts, quand il a commencé à casser le droit social, supprimant les pénalités des licenciements abusifs par exemple, où a-t-on vu un gouvernement faisant l’équilibre entre patrons et salariés, quand des patrons ont lancé des plans de licenciements comme à Peugeot, à Goodyear ou ailleurs, a-t-on vu le gouvernement s’opposer une seule fois aux licenciements en prenant le parti des salariés ? Nulle part ! A-t-on une seule raison de le croire quand il dit essayer d’éviter les licenciements à Air France alors qu’il veut seulement peser en faveur du chantage patronal, faire accepter des reculs sociaux et faire passer les licenciements comme une conséquence d’un manque de solidarité des syndicats et des salariés ? Mais est-il exact que les syndicats de salariés auraient refusé le dialogue social ? Même à Air France, n’est-ce pas les syndicats de pilotes qui ont forcé les pilotes à reprendre le travail, de même que ce sont les syndicats qui ont forcé les salariés à reprendre le travail dans la grève de Radio France, qui ont imposé aux agents de l’hôpital public la négociation alors que les personnels de l’APHP affirmaient qu’il n’était pas question de discuter avec Hirsch de sa réforme bidon !

Hollande et Sarkozy, comme les média, font semblant de s’en prendre à des syndicats radicaux et irresponsables, mais ce sont les travailleurs eux-mêmes et non les centrales syndicales, qu’ils visent en réalité. La lutte des classes, c’est exactement cela qui les motive pour agir ainsi. Ils défendent les intérêts de la même classe, qu’ils soient de partis bourgeois de droite, de gauche ou d’extrême droite, ce sont des partisans de la même classe, de la classe capitaliste et des adversaires déclarés des travailleurs.

Et, dans toutes ces affaires qui ont rythmé la vie sociale de ces dernières années, où a-t-on vu que les syndicats aient refusé de négocier jusqu’au bout et même de continuer à négocier après l’annonce des attaques scandaleuses, et même ensuite de négocier pour discuter de leur mise en place ? Nulle part !

Ce qui a manqué à Air France, ce serait paraît-il le dialogue social. C’est ce qu’affirme Hollande, applaudi par les syndicats patronaux. Selon lui, l’entreprise, l’économie, le pays, c’est une seule et même barque dans laquelle tout le monde, patronat, salariés et gouvernement, est embarqué et on ne peut pas s’en désolidariser. Il y aurait bien sûr des intérêts divergents mais la seule solution serait de négocier gentiment, de se comprendre et de s’entendre. Cela suppose d’accepter des réformes, traduisez des reculs sociaux causés paraît-il par les difficultés économiques. On a entendu ce discours à toutes les sauces dans la bouche des hommes politiques, des gouvernements, dans les média.

Mais qui refuse le dialogue social ? Certainement pas les syndicats de salariés ! Certes CGT et SUD ont, pour une fois, refusé symboliquement de participer à une mise en scène de la « concertation sociale » juste après une attaque en règle contre les salariés d’Air France. Mais de là à en tirer l’idée qu’ils refusent toute concertation, qu’ils mènent la lutte des classes, de manière radicale, il y a du chemin ! Ces deux syndicats continuent à négocier avec la direction de la SNCF alors que le plan de casse du service public du Rail est en chemin. Ces deux syndicats continuent à négocier à Radio France, à France Télévisions, et partout où les attaques contre le service public sont menées tambour battant. Ils avaient négocié malgré les huées des agents de l’hôpital public APHP lors de l’attaque contre la Santé menée par le PDG de l’APHP Hirsch. Tous les syndicats ont participé à la négociation sur les retraites complémentaires, comme ils l’avaient fait aussi sur le chômage, sur le plan de sauvegarde de l’emploi, les suppressions d’emploi à Areva ou à Mory Global, sur les blocages de salaire à Renault ou à la Société Générale, avec au bout de ces négociations la signature de certains syndicats mais la caution de tous puisque tous acceptaient le cadre des négociations !!! Mais oui, n’en déplaise à Hollande, les syndicats négocient, dialoguent, ne cessent de dialoguer et le niveau social recule, ne cesse de reculer, au rythme même des négociations. Même avec Sarkozy, les syndicats ne cessaient de dialoguer, de négocier…

C’est cette tromperie sociale qui mène, de négociation en négociation, à la réduction des aides sociales, des retraites, de la santé publique, de la sécu, de l’hôpital public, de l’école publique, des allocations chômage, du code du travail et de tout droit social. Tous les syndicats, qu’ils signent ou pas ces reculs, ont accepté de les négocier !

Même la CGT, présentée par Hollande comme un syndicat de lutte de classe radicale, comme les plus rouges des rouges, a sauvé le PDG d’Air France de la colère des salariés, a dénoncé les « violences » des salariés en colère « autant que celles des patrons », a revendiqué le « retour au dialogue social calme et responsable à Air France », de même que c’est la CGT qui a fait croire à l’époque du mouvement des retraites que la grève générale n’était pas à l’ordre du jour, que le seul moyen de défendre les retraites consistait à virer Sarkozy en faisant élire Hollande ! Et c’est encore la CGT qui se refuse à défendre les salariés arrêtés, menacés de prison et de licenciement, par le seul moyen de défense qu’aient les travailleurs : en appelant les salariés d’Air France à la grève générale. C’est encore la CGT qui menait des négociations clandestines à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, discrètes pour ne pas être dérangée par les agents hospitaliers en colère. C’est encore un dirigeant CGT, qui allait devenir par la suite le secrétaire général national du syndicat, et qui a fait le rapport au Conseil Economique, social et Environnemental en faveur de la privatisation de la SNCF ! C’est toujours la CGT qui a voté à Renault en faveur du plan social de Ghosn ou encore en faveur du PDG quand il était contesté notamment pour avoir accusé mensongèrement ses collaborateurs d’espionnage.

Non, aucune centrale syndicale ne défend la lutte des classes et moins encore le syndicalisme révolutionnaire, aucune ne défend le combat contre le système capitaliste, aucune ne défend même l’idée que l’entreprise ne serait pas le lieu d’une entente de classe, que l’on ne doit pas collaborer avec son ennemi. Aucune ne défend l’idée que les travailleurs sont porteurs d’une autre société, fondée sur l’intérêt collectif de la population et pas sur celui de l’infime minorité des possesseurs de capitaux. Aucune ne prône la suppression de la propriété privée des moyens de production. Aucune n’est pour en finir avec un Etat entièrement au service de la classe capitaliste. Aucune centrale syndicale ne vit essentiellement des rentrées d’argent des cotisations et pas des sommes données par le patronat et l’Etat. Aucune centrale syndicale ne passe pas l’essentiel du temps de ses militants à des réunions avec nos ennemis du patronat et du gouvernement.

Eh bien, si la classe ouvrière, si les salariés ont besoin d’un dialogue, c’est celui entre travailleurs et pas avec nos ennemis car nous n’avons rien dont nous puissions les convaincre par la discussion alors que nous avons absolument besoin d’échanger entre nous pour développer notre programme de défense face à l’attaque patronale et gouvernementale, pour unir nos luttes, pour préparer notre avenir face à un capitalisme en faillite qui ne peut que nous préparer comme avenir que des guerres, des terrorismes et des guerres civiles, que de la misère et des violences de toutes sortes.

Alors oui au dialogue social entre ceux qui ont les mêmes intérêts à défendre : les travailleurs du public et du privé, les travailleurs en CDI et ceux en CDD, les fixes et les précaires, les actifs et retraités, ceux ayant un emploi et ceux au chômage, avec ou sans papiers, de n’importe quelle origine nationale, raciale, religieuse, ethnique et autres ! Si nous prenons conscience, malgré les divisions que l’on veut entretenir entre nous, que nous sommes une seule et même classe, nous sommes alors la classe la plus forte de toute la société et nous n’aurons aucun mal à imposer nos solutions, nos programmes, à en faire la base d’un nouveau fonctionnement de la société. Si, au contraire, nous nous solidarisons avec les mensonges des gouvernants contre d’autres salariés, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer quand nous serons nous-mêmes attaqués et, comme les salariés d’Air France, nous serons livrés à des coups de colère au lieu d’avoir un programme d’action collective à défendre et des perspectives réelles de changement social.

Oui, dialoguons avec les travailleurs de nos bureaux, de nos ateliers, des services publics, des entreprises privées, du service d’à côté, de l’entreprise d’à côté, de nos voisins de palier, du quartier, pour préparer les liens qui nous permettront de nous informer mutuellement de nos revendications, de nos luttes, pour tisser un réseau nous permettant d’unifier nos luttes et de les organiser par nous-mêmes. Le véritable dialogue social est celui au sein de notre classe sociale, celle de tous ceux qui n’exploitent personne, qui ne licencient personne, qui n’expulsent personne, qui ne font fermer le compte en banque ni le courant de personne, qui ne cassent les salaires de personne, des travailleurs de toutes professions et de toutes catégories, c’est-à-dire de l’immense majorité de la population, celle qui fait fonctionner toute la société par son travail et qui en tire de moins en moins les bénéfices. Les seuls avec lesquels nous ne devons pas dialoguer mais que nous devons combattre sont ceux qui nous combattent, ceux qui préfèrent protéger leurs milliards de profits que nos emplois, que nos salaires, que nos vies. On ne dialogue pas avec les patrons bandits, les patrons maîtres chanteurs, les patrons preneurs d’otages, les patrons casseurs des emplois, les patrons qui précarisent, qui poussent au suicide, qui harcèlent, qui fliquent les salariés, qui les terrorisent, qui les exploitent, qui réduisent leur durée de vie, qui sont cause des morts au travail, qui détruisent les vies de famille, en somme toute la classe capitaliste et ses suppôts gouvernementaux.

Tant que nous ne prendrons pas conscience qu’il y a deux classes, exploiteurs et exploités, et que la démocratie est un leurre, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer de ne pas avoir vu la réalité en face.

Hollande a déclaré que « L’alternative, c’est la réforme ou la rupture. », bien persuadé que les centrales syndicales choisissent toutes le réformisme et pas la révolution. La seule réponse que peut lui donner la classe ouvrière, comme à tous les défenseurs des intérêts du grand capital, c’est de lui donner de « la rupture », c’est-à-dire de la révolution sociale. C’est la seule chose que lui et ses semblables n’auront pas volée ! Soyons persuadés que les classes dirigeantes pousseront les travailleurs à bout comme ils le font à Air France, comme ils l’ont fait en Grèce, et plus tôt nous nous préparerons à cette situation d’explosion sociale mieux cela vaudra.

 

 

Source : http://www.matierevolution.org

 

 

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27 octobre 2015 2 27 /10 /octobre /2015 17:00

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Des citoyens veulent savoir s'ils sont fichés par les services

|  Par Louise Fessard

 

 

Une quarantaine de citoyens réclament en justice les éventuelles informations les concernant contenues dans les fichiers de renseignement. Le 9 octobre, le Conseil d'État a ordonné au ministère de l'intérieur de lui communiquer toutes les données concernant un ancien élu écologiste.

 

De façon non concertée, une quarantaine de citoyens français mènent une course de fond devant la justice administrative pour savoir s’ils sont fichés par les services de renseignement et pour accéder aux informations les concernant. Malgré plusieurs décisions favorables du tribunal administratif puis de la cour d’appel de Paris, l’État ne lâche rien, faisant systématiquement appel devant le Conseil d’État au nom de la sécurité nationale.

Depuis août 2008, Raymond Avrillier, ex-élu grenoblois écologiste de 67 ans, cherche à récupérer les informations le mentionnant dans les archives de la Direction de la surveillance du territoire (DST), des Renseignements généraux (RG) et les fichiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui leur a succédé. Ancien requérant contre le réacteur nucléaire Superphénix, à l’origine de l’affaire Carignon qui fit tomber pour corruption en 1994 le maire RPR de Grenoble et ministre de la communication du gouvernement Balladur, puis de l’affaire des sondages de l’Élysée, ce retraité savoyard a quelques raisons objectives de penser que les services ont pu s’intéresser à lui. Ne serait-ce que parce que le préfet de l'Isère lui a attribué en 2008 le titre de maire adjoint honoraire de Grenoble, « ce qui suppose qu'il se soit fait communiquer les éléments RG me concernant et prouve donc l'existence a minima d'un dossier me concernant à la préfecture de l'Isère ».

Mais le ministère de l’intérieur refuse au motif que toute communication, même celle de sa simple présence ou pas, « porterait atteinte aux finalités » du fichier Centralisation du renseignement intérieur pour la sécurité du territoire et des intérêts nationaux (Cristina), tenu par la DGSI.

Le 9 octobre 2015, le Conseil d’État a donné un mois au ministère de l’intérieur pour lui communiquer, et à lui seul, les informations qu’il détient concernant Raymond Avrillier ou « tous éléments appropriés sur leur nature et les motifs fondant le refus de les communiquer » afin de « lui permettre de se prononcer en connaissance de cause sur la légalité de ce dernier ». Seuls les juges auront accès à ces « éléments », qui ne pourront « être communiqués aux autres parties, auxquelles ils révéleraient les finalités du fichier qui ont fondé la non-publication du décret l'autorisant ».

C’est une atteinte au principe du contradictoire qui garantit que tout élément produit en justice soit communiqué à l’adversaire et puisse faire l’objet d’un débat. « Il faut faire sacrément confiance à son juge, remarque Serge Slama, maître de conférences en droit public à l’université Paris Ouest-Nanterre. C’est un contentieux surréaliste. Le citoyen se retrouve dans un flou total : il attaque un fichage, dont il ne sait même pas s’il existe, dans un fichier dont il ne connaît pas le contenu, puisque le décret l’autorisant n’a pas été publié, et le juge va vérifier ce contenu au vu d’une finalité elle aussi inconnue. »

De son côté, Raymond Avrillier commence à trouver la plaisanterie un peu longue : « 2008-2015, un septennat de procédure pour accéder à mes propres données ! » D’autant que le risque est réel qu’au terme de ce parcours d’obstacle, la justice française se contente de lui indiquer que l’État a eu raison de ne lui communiquer aucun élément.

Sous des aspects un peu ardus, c’est une vraie question démocratique qui est en jeu : l’ensemble des éléments touchant les services de renseignement relèvent-ils du secret de la défense nationale et peuvent-ils échapper à tout réel contrôle de la justice ? Pour les fichiers intéressant la sûreté de l’État, la défense ou la sécurité publique, la loi prévoit un « droit d’accès indirect ». Un magistrat de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) vérifie à la place du citoyen ses données et demande au besoin leur modification. Mais il faut à la Cnil l’autorisation du service gestionnaire du fichier, ministère de l’intérieur ou de la défense, pour communiquer au citoyen le résultat de ses investigations. À chaque fois, la réponse est négative : la Cnil indique avoir procédé aux vérifications demandées et... ne pas pouvoir apporter de plus amples informations.

Saisi à propos d’un refus d’accès au système d’information Schengen, le Conseil d’État avait jugé en novembre 2002 que « lorsqu’un traitement intéresse la sûreté de l’État, la défense ou la sécurité publique, il peut comprendre, d’une part, des informations dont la communication à l’intéressé serait susceptible de mettre en cause les fins assignées à ce traitement et, d’autre part, des informations dont la communication ne mettrait pas en cause ces mêmes fins ». C'est-à-dire que l'État doit distinguer dans ses fichiers entre ce qui est communicable et ce qui ne l'est pas. Ce principe de divisibilité vaut également pour les fichiers de renseignement : en juillet 2003, le Conseil d'État a donné raison à un membre de l'église de scientologie qui réclamait les informations le concernant contenues dans les fichiers des services des RG. 

Le 4 juillet 2013, la cour administrative d’appel a donc estimé que ce principe s’appliquait également au fichier Cristina de la DGSI et que cette dernière devrait y effectuer un tri entre ce qui relève du secret-défense et ce qui n’en est pas. Mais le ministère de l'intérieur a fait appel. « Plutôt que de prendre acte d'une jurisprudence établie qui garantit le droit des personnes, un gouvernement de gauche, qui n'avait pas de mots assez durs contre les fichiers de Sarkozy, essaie de revenir en arrière », regrette Virginie Gautron, maître de conférences en droit public à l'université de Nantes.

Pour le ministère de l’intérieur, toute information détenue par la DGSI est a minima classifiée confidentiel-défense et incommunicable au quidam. C’est une interprétation très extensive de l’arrêté du 27 juin 2008 qui accompagne la création de ce « FBI à la française » voulu par Nicolas Sarkozy. Celui-ci impose une classification pour « toutes instructions, tous renseignements et tous documents ou supports relatifs aux missions, aux objectifs, à l'organisation et au fonctionnement de la direction centrale du renseignement intérieur ». Pas moins, mais pas plus. « Ils ont dû saisir un élément dans mon dossier qui relève du secret de la défense nationale et décider que cela l'emporterait pour l'ensemble de mes données », explique Raymond Avrillier.

Sous le même prétexte, l’État avait refusé en 2008 de publier le décret autorisant la création du fichier Cristina, géré par la DGSI, qui a repris les données de l'ex-DST, ainsi qu'une partie de celles des ex-RG. La Cour européenne des droits de l'homme a déjà censuré plusieurs fichiers de renseignement étrangers au motif de la non-publication des textes les instituant. Selon un arrêt de la Cour, la population est en effet en droit de connaître « le genre d’informations pouvant être consignées », « les catégories de personnes susceptibles de faire l’objet des mesures de surveillance », « les circonstances dans lesquelles peuvent être prises ces mesures », leur  « durée de leur conservation », et quelles sont « les personnes autorisées à consulter les dossiers ». Ce qui n'est pas le cas en France, qui risque donc à terme elle aussi une condamnation.

Le dossier de l’ancien élu écologiste Raymond Avrillier est le premier mais pas le dernier à atterrir devant la plus haute juridiction administrative. Le Conseil d’État devrait se prononcer d’ici quelques mois sur 13 autres recours, dont celui de Camille Polloni, journaliste de Rue 89, et d’Eva Ottavy, ex-salariée de Migreurop. Selon le dernier rapport de la Cnil, pour la seule année 2014, 33 citoyens ont déposé un recours devant la justice administrative pour savoir s’ils étaient fichés par les services de renseignement. Ce fichage peut avoir des impacts directs sur leur vie professionnelle.

Le contradictoire bafoué

En juin 2012, Eva Ottavy, 35 ans, s’est ainsi vu refuser par la direction chargée de l’immigration au ministère de l’intérieur la carte d’accès aux zones d’attente aéroportuaires indispensable pour son travail au sein de l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé). « L’administration a indiqué à l’Anafé qu’une enquête était nécessaire au vu des informations qu’elle avait reçues, explique la jeune femme. Nous nous sommes dit que j’étais fichée par les services. »

Eva Ottavy pense que ce fichage présumé remonte au procès de sans-papiers accusés d'avoir incendié le Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, en février 2010. « J’avais suivi l’ensemble des audiences en première instance et en appel pour le réseau Migreurop, se souvient-elle. C’était assez chaud, nous étions accompagnés par les CRS à la sortie du palais de justice de Paris et il était évident qu’il y avait aussi des agents de la DCRI. » Eva Ottavy a fini par obtenir sa carte en 2013, mais aimerait « toujours comprendre ce qui s’est passé ». « Être fichée est une chose, mais là, ça m’interdisait de faire mon travail ! » s'exclame-t-elle.

La journaliste Camille Polloni, 29 ans, suit quant à elle depuis 2009, pour Les Inrocks puis pour Rue 89, les questions de police et de libertés. Poussée par « un mélange de curiosité et de soupçons que certaines rencontres professionnelles avaient pu faire l’objet d’une surveillance et être consignées », elle tente depuis près de quatre ans de récupérer toute information la concernant dans les fichiers de renseignement des ministères de l’intérieur et de la défense. Elle informe régulièrement les lecteurs des péripéties de ce parcours du combattant. Même si la journaliste reconnaît n’avoir subi aucun préjudice direct d’un éventuel fichage, celui-ci pose des problèmes évidents pour la protection de ses sources et donc la liberté d’information. « Cela pourrait conduire à les identifier et porter atteinte à leur sécurité », souligne Camille Polloni.

Mais, au lieu de jouer en sa faveur, sa profession constitue aux yeux du ministère de la défense un argument de plus pour lui refuser toute information. Dans un mémoire cité dans cet article, le ministère estime « logique » ce refus, « sans préjudicier à la liberté de la presse qui n’est nullement en cause », au vu du « caractère sensible des sujets librement traités par Mme Polloni, aussi bien que le profil des personnes avec lesquelles elle a pu être en contact dans le cadre professionnel ».

Son avocat, Me Camille Mialot, juge cette argumentation « scandaleuse », d’autant plus qu’elle est signée « d’un membre du Conseil d’État en détachement au ministère de la défense ». « En fichant des journalistes, il n’est plus besoin de les mettre sur écoute, puisqu’on sait en vous suivant qui vous rencontrez », relève-t-il. Au vu de la jurisprudence de la Cour européenne, « très protectrice du secret des sources », la France risque selon lui « une condamnation européenne du fait de l’inaction du Conseil d’État à protéger les libertés fondamentales ».

Pour ces 13 citoyens, le tribunal administratif de Paris a ordonné à l’État, dans une série de jugements prononcés fin 2014 et début 2015, de lui communiquer les éléments les concernant dans les fichiers des divers services de renseignement ou, « le cas échéant », de justifier « la nature des pièces écartées et les raisons de leur exclusion ». L’État a fait appel. Le 25 juin 2015, la cour d’appel administrative de Paris lui a donné tort :

« Si les ministres se prévalent du caractère indivisible des informations contenues d’une part dans les fichiers de la DCRI, devenue la direction générale de la sécurité intérieure, d’autre part dans les fichiers de la DRM, de la DGSE et de la DPSD du ministère de la Défense, et s’ils font valoir que l’autorité gestionnaire d’un fichier de souveraineté est autorisée par la loi et le décret à ne communiquer aucune information tenant au contenu ou à l’existence même de données concernant un individu, eu égard aux finalités de renseignement du fichier ou pour des motifs tenant à la sûreté de l’État, la défense ou la sécurité publique, ces circonstances ne peuvent faire obstacle à la communication au juge des informations utiles à la solution du litige lorsque cette communication est la seule voie lui permettant d’assurer l’effectivité du contrôle juridictionnel », a rappelé la cour d’appel. Bien décidés à ne tolérer aucune brèche dans le mur du secret-défense, les ministères de l’intérieur et de la défense ont porté l’affaire devant le Conseil d’État.

Dans un rapport d’information sur les filières djihadistes, les sénateurs se sont eux aussi inquiétés en avril 2015 de ces « risques juridiques qui peuvent amener les services à dévoiler leurs techniques d’investigation ». Heureusement, la récente loi sur le renseignement du 24 juillet 2015 verrouille les possibilités de recours du citoyen, mettant ainsi le holà à cette dangereuse guérilla juridique !

Désormais, le Conseil d’État sera la juridiction administrative compétente « en premier et dernier ressort » en matière de renseignement, qu’il s’agisse de techniques de surveillance ou de fichiers. Ces affaires seront jugées par une formation spécialisée, composée de trois magistrats habilités au secret de la défense nationale, dont le président sera nommé par le premier ministre. Ces trois magistrats et leurs collaborateurs auront accès aux fichiers de renseignement, mais auront interdiction de révéler au requérant s’il y « figure ou non ». En cas de données « inexactes, incomplètes, équivoques ou périmées, ou dont la collecte […] est interdite », ils pourront toutefois demander aux services de les corriger ou de les effacer et d'en informer le requérant « sans faire état d'aucun élément protégé par le secret de la défense nationale ».

De même, concernant les techniques de surveillance, en cas d’absence d’illégalité constatée, le requérant sera juste informé que tout est en règle, « sans confirmer ni infirmer la mise en œuvre d'une technique ». Dans le cas contraire, les juges pourront ordonner la « destruction des renseignements irrégulièrement collectés » et en informer la personne concernée « sans faire état d'aucun élément protégé par le secret de la défense nationale ».

Officiellement, il s'agit de créer un véritable « contrôle juridictionnel » sur les techniques spéciales de surveillance utilisées par les services de renseignement (sonorisations, écoutes, Imsi-catcher, etc.). « Aujourd’hui, le contrôle juridictionnel des activités de renseignement est parfois contrarié lorsque le juge n’a pas accès à certains documents couverts par le secret de la défense nationale », argue Jean-Jacques Urvoas, président socialiste de la commission des lois, dans son rapport d'avril 2015. Pour la juriste Virgine Gautron, la loi introduit « certes quelques avancées, car le ministère de l'intérieur ne pourra plus refuser de donner des informations aux magistrats sous prétexte de secret-défense, mais l'atteinte au principe du contradictoire est telle qu'il n'y a pas en France de droit au recours effectif ! ».

Le décret, signé le 1er octobre 2015 par le premier ministre Manuel Valls et sa garde des Sceaux Christiane Taubira, qui précise les conditions kafkaïennes de ce contrôle juridictionnel, bafoue en effet le principe du contradictoire. Le citoyen n’aura pas accès aux documents couverts par le secret de la défense nationale produits pour sa défense par l’État ou la Commission de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR). Cette exclusion ne se limite pas au secret-défense, elle concerne également les écrits qui « confirment ou infirment la mise en œuvre d'une technique de renseignement », « divulguent des éléments contenus dans le traitement de données » ou « révèlent que le requérant figure ou ne figure pas dans le traitement ».

De plus, dans ce cas, le requérant ne pourra assister aux débats et n’aura pas accès aux conclusions du rapporteur public. « On voit mal comment une personne pourrait argumenter pour sa défense à partir du moment où elle ne dispose d'aucune information », souligne Viriginie Gautron. Bref, il lui faudra faire une très grande confiance au Conseil d’État…

 

 

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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27 octobre 2015 2 27 /10 /octobre /2015 14:56

 

Source : http://www.tlaxcala-int.org

 

 

 

Flanby va faire ses courses au Taipedistan
Coup de dent N° 154
 

   
Ayman El Kayman Αϋμαν Eλ Καϋμάν أيمن الكايمان
 

 

Flanby* débarque ce jeudi à Athènes, accompagné de 70 patrons des plus grands groupes capitalistes français, pour profiter des Grandes Soldes automne-hiver du plus grand dépôt de sorties d'usines d'Europe, TAIPEDISTAN  SARTL (Société à responsabilité TRÈS limitée). C'est ce qu'est devenu le pays qu'on appelait la Grèce.

Le TAIPED est un machin qui gagne à être connu. C'est  l'acronyme du Ταμείο Αξιοποίησης Ιδιωτικής Περιουσίας του Δημοσίου (Tameio Axiopoieses Idiotikes Periousias tou Demosiou), en anglais Hellenic Republic Asset Development Fund, autrement dit le Fonds de développement du patrimoine de la république hellénique. Drôle de "développement". En fait c'est l'Office de liquidation de la Grèce, mis en place en 2011 pour brader tout ce qui peut l'être. Cet organisme est privé. Il a établi la liste de tout ce qui peut être vendu en Grèce, des plages et îles aux zones vertes classées Natura 2000 en passant par les entreprises publiques d'énergie, de transport etc. Le tout bradé pour trente fois rien. Les Allemands ont déjà commencé à se servir, comme les Chinois et les Qataris, les Français ne doivent donc pas traîner s'ils veulent faire de bonnes affaires, histoire d'oublier la tragi-comédie d'Air France-KLM.
 

 
En fait, tous ces achats ne coûteront pratiquement rien aux acheteurs puisqu'ils récupèreront l'argent déboursé via les remboursements de la dette grecque aux banques françaises, allemandes etc., permis par ces ventes. Donc, vous avez bien compris : les banques européennes ont prêté de l'argent à la Grèce pour acheter des milliards de choses très utiles (armes, métro d'Athènes, Cité Olympique) aux entreprises contrôlées par ces banques. Pour les rembourser, la Grèce se livre à un strip-tease intégral et leur vend tout ce qui peut être vendu, et même ce qui, légalement, logiquement, moralement, ne pourrait pas être vendu. Bref, pour rembourser une dette odieuse, illégale et illégitime, des actes de vente illégaux, illégitimes, et odieux.
 
Conclusions ? Vive la Gauche radicale grecque ! Vive l'Internationale socialconservatolibérale !
 

PS: Y avait-il une alternative pour la Grèce ? Bien sûr, et très simple. Voilà mon Plan Z: 

La Grèce a une dette d'environ 300 milliards d'euros. De son côté l'Allemagne a une dette envers la Grèce d'au moins la moitié, soit 150 milliards, si on met ensemble tous les dégâts provoqués par l'occupation allemande de la Grèce :
-100 000 morts de famine
-50 000 prisonniers de guerre
- 20 000 travailleurs forcés
 -48 500 Juifs déportés de Salonique à Auschwitz (auxquels la Reichsbahn, ancêtre de la Bundesbahn, fit payer leur billet de train, inventant ainsi la déportation payante)
-6 000 massacres de civils,
-Sans oublier le vol de l'or et des devises de la Banque de Grèce, qualifié d' "emprunt" (avec un pistolet sur la tempe du directeur).
Donc, l'Allemagne et la Grèce pouvaient se mettre d'accord pour remettre les compteurs à zéro : je ne te dois plus rien, tu ne me dois plus rien. Resterait une petite centaine de milliards à régler. La Grèce pourrait vendre le copyright sur l'ensemble de ses sites historiques, de l'Acropole, Salamine et Marathon au Mont Athos, aux NR (Nouveaux Riches) de la planète, je veux parler des camarades chinois, qui nagent dans le fric. Pour 100 milliards, les Chinois pourraient reproduire, aux dimensions de leur choix, tous ces sites et les ouvrir au tourisme chinois, indien et brésilien. Et voilà! Il est pas beau, mon plan Z ?

AeK, pépiniériste de plans X, Y, Z

Note
*Flanby (de l'anglais "flabby", flasque) est une marque commerciale française de flan au caramel industriel commercialisée par Lactalis Nestlé. C'est Arnaud Montebourg qui, en 2003, a lancé cette comparaison restée célèbre dans les couloirs de l'Assemblée nationale : "Hollande, c'est Flanby". Le dessert est connu pour son aspect flageolant, mais il reprend toujours sa forme initiale, même secoué dans tous les sens. Pour ma part, je préfère pour l'automate ectoplasmique de l'Élysée le surnom Gouda (prononcer "Khouda"), le nom du célèbre fromage batave, rose-rouge à l'extérieur et jaune pipi à l'intérieur.
 
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’Esprit soit avec vous !
…et à la prochaine !
 
Note de la traductrice grecque, Christine Cooreman
 
Sur le plan Z: 

Je saisis parfaitement la « touche » humoristique dudit plan Z. Je tiens toutefois à préciser que, tant pour moi que pour beaucoup d’autres Grecs, ce serait impensable de considérer comme solution à la crise grecque l’ « échange » de dettes. Procéder à une « compensation » entre la dette odieuse et illégale (telle que celle créée pour la Grèce à la suite des mémorandums -entre autres…) avec la dette de l’Allemagne envers la Grèce, qui comporte une dimension morale énorme, serait un véritable outrage à la mémoire de tous ceux qui ont lutté, qui ont souffert et qui sont morts sous l’occupation allemande.


 



Merci à Coups de dent-Chronique satirique hebdomadaire sur l'actualité de la Galaxie
Source: http://tlaxcala-int.org/article.asp?reference=16253
Date de parution de l'article original: 20/10/2015
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=16253

 

 

Source : http://www.tlaxcala-int.org

 

 

 

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27 octobre 2015 2 27 /10 /octobre /2015 14:30

 

Info reçue par mail

 

 

Cher.e ami.e,

 

Les plans se précisent pour une journée mémorable dans les rues de Paris le 12 Décembre.

 

Une coalition diverse et puissante, regroupant des organisations de toute l’Europe, s’est mis d’accord sur un plan d’action pour le 12 décembre. Lorsque que le sommet sur le climat se terminera, nous ferons entendre notre voix. Notre message est clair: nous sommes ceux et celles que nous attendions: ensemble, nous pouvons faire en sorte de ne pas franchir les lignes rouges qui représentent le minimum nécessaire pour une planète vivable.

 

Certains iront vers le centre de Paris, tandis que d’autres encercleront le centre de conférence où les chefs d’Etat seront réunis afin que notre message soit entendu par tous.

 

Ce message est vraiment puissant quand il est porté par des milliers de personnes dans les rues. Rejoignez-nous le 12 décembre, en cliquant ici

 

En dépit de nombreuses promesses, le gouvernement français et la mairie de Paris refusent de coopérer et mettent des bâtons dans les roues de la société civile. Après des mois de travail de la Coalition 21 qui représente 130 organisations, les autorités ont refusé que la Marche Mondiale pour le Climat passe dans le centre de Paris. De plus, les visas nécessaires à des personnes venant de l’étranger, et en particulier des régions les plus touchées par la crise climatique, n’ont toujours pas été délivrés. Enfin, elles refusent d'aider à trouver des hébergements pour les milliers de personnes qui veulent se rendre aux mobilisations. 

 

Pourriez-vous prendre une minute pour envoyer un message à la Maire de Paris, lui demandant d’ouvrir Paris au monde pour la COP21 ?

 

La COP21 ne marquera qu’une première étape dans la mobilisation de notre mouvement. La lutte devra continuer et s’intensifier. L’accord négocié à Paris sera certainement très en-deçà des impératifs de la justice climatique et des connaissances scientifiques. Néanmoins, l’industrie fossile fera tout pour empêcher qu’il soit concrètement appliqué.

 

Si nous voulons un traité juste et ambitieux sur le climat, le mouvement global pour la justice climatique doit continuer sans relâche à confronter les multinationales du charbon, du pétrole et du gaz et leurs soutiens. Nous sommes ceux qui peuvent défendre les lignes rouges au-delà desquelles la planète n’est plus vivable.

 

C’est pour cela que nous nous centrons nos efforts sur le jour suivant la fin des négociations. C’est le moment où nous montrons aux chefs d’Etat et à l’industrie fossile que nous avons le pouvoir de vraiment faire bouger les choses.

 

Cette mobilisation massive qui se dessine a besoin de votre participation. Cliquez ici pour participer à une journée qui change l’histoire.

Merci de contribuer à construire le mouvement pour la justice climatique et rendez-vous le 12 décembre dans les rues de Paris.

Nicolas


350.org est en train de bâtir un mouvement mondial pour résoudre la crise climatique. Communiquez avec nous sur Facebook et inscrivez-vous pour recevoir nos mises à jour par courriel. Vous pouvez contribuer et soutenir notre travail en vous impliquant localement et en faisant un don ici. 

 

Qu'est-ce que 350? Rendez-vous sur notre site web pour en savoir sur plus les origines scientifiques de notre mouvement.

 

 

 

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27 octobre 2015 2 27 /10 /octobre /2015 14:20

 

Reçu par mail

 

Même si c'est long, faut le lire, pour plusieurs raisons.
D'abord c'est digne de respect : des citoyens (ils se définissent ainsi, me cassez pas les pieds...) se penchent de manière indépendante sur les faits, avant et après, pour faire un travail que ne font pas les institutions qui devraient le faire.
Ensuite c'est accablant et si le policier lambda qui a lancé la grenade n'est pas excusé de son geste imbécile, l'enquête remonte parfaitement la chaîne de responsabilité et d'illégalité jusqu'à Valls et Cazeneuve. Des autorités qui invoquent à cor et à cri la défense de la loi et de la démocratie les piétinent sans vergogne.
Pour finir, le mécanisme par lequel les responsables se dérobent, avec l'appui  de la presse aux ordres et la lenteur
servile de la prétendue justice.

A Sivens, j'ai appris que le corps de Rémi était toujours à la morgue, en attente "d'analyses complémentaires"....comme si la cause de la mort n'avait pas été connue à l'instant même ou la grenade a éclaté.
Leur mépris des gens n'a d'égal que leur connerie...infinie!

Et c'est à lire, démontré, ici:
http://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/2015/10/Rapport-Sivens.pdf

Indignez-vous!

Z
(et de fait, comme le disait l'une des chansons chantée en ce jour à Sivens, ils disent qu'il est mort mais ils l'ont tué...)

 

 

                                                        ****************************

 

 

Source : http://www.ldh-france.org

 


 

 

 

Téléchargez le rapport ici

 

 

Suite aux événements qui ont provoqué la mort de Rémi Fraisse dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, la Ligue des droits de l’Homme a constitué en novembre 2014 une Commission d’enquête citoyenne visant à recenser systématiquement les faits liés à cet événement, à analyser son contexte et à porter ainsi un éclairage sur les conditions qui ont conduit à la mort de ce jeune militant écologiste sur le site de Sivens.

Mobilisant une vingtaine de personnes, cette Commission a procédé, sur la période d’une année, à une trentaine d’auditions sur les lieux même de l’événement et à proximité, auprès de personnes ayant été directement ou indirectement les protagonistes de ce drame, qui ont bien voulu répondre à ses questions (« zadistes », responsables associatifs, élus, témoins directs des événements du 25 octobre et de la période qui les a précédés). Ce travail a été complété par la lecture et le visionnage critiques de l’ensemble des écrits et documents audiovisuels publics et privés disponibles concernant cette affaire.

Le rapport s’attache à l’historique du projet de barrage, aux conditions de gestion du dossier et de la décision publique, ainsi qu’au jeu des différents acteurs impliqués. Dans une deuxième partie, il considère l’ensemble des violences commises sur le site dès la mise en œuvre du chantier, tant celles commises sur les forces de l’ordre que celles perpétrées par ces dernières à l’encontre des opposants au barrage. Le rapport examine de façon particulière le contexte spécifique du décès de Rémi Fraisse et particulièrement les conditions d’intervention des agents et des autorités responsables du maintien de l’ordre. Enfin, il revient sur ce qu’ont été les réactions des autorités étatiques et judiciaires dans les heures et les jours qui ont suivi cette mort.

Se décalant très sensiblement des informations et des rapports précédents qui ont pu être diffusés durant toute la période considérée, et à l’occasion même des faits, ce rapport d’enquête les éclaire d’un jour original en les passant tant au crible du droit qu’à celui des pratiques démocratiques et citoyennes. Il se conclut par une série de préconisations, à partir de l’analyse critique développée.

 

Téléchargez le rapport ici

Téléchargez les annexes du rapport ici

Téléchargez l’abstract ici

 

 

 

Source : http://www.ldh-france.org

 

 

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27 octobre 2015 2 27 /10 /octobre /2015 14:07

 

Source : http://la-bas.org

 

 

LA LDH PUBLIE UN RAPPORT ACCABLANT

RÉMI FRAISSE, UN POUVOIR POUSSE AU CRIME

Le , par L’équipe de Là-bas

Daniel MERMET à l’Olympia, le 29 octobre 2014, pour les 20 ans des Ogres de Barback :

Texte de Daniel Mermet en hommage à Rémi Fraisse pour les 20 ans des Ogres de Barback par Sylvain Cauvin

 

Il y a juste un an, Rémi Fraisse, 21 ans, était tué dans le dos par une grenade offensive lancée par un gendarme sur le site du barrage de Sivens dans le Tarn. Un an après, la lumière est loin d’être faite sur ce meurtre. Selon la LDH, « la survenance d’un drame et la mort d’un homme étaient dans la logique du dispositif mis en place. »

La Ligue des Droits de l’Homme vient de publier un rapport sur les circonstances de la mort de Rémi Fraisse. Elle dénonce le choix « délibéré » de « l’autorité politique » de faire exercer « par les forces de l’ordre un niveau de violence considérable » pour évacuer les opposants du site. « Déficit démocratique » dans la décision de construction du barrage, « gestion catastrophique des opérations de maintien de l’ordre » et « désinformation organisée ».

La commission, composée d’une vingtaine de membres, s’est basée sur l’exploitation d’articles, blogs, vidéos et l’audition de 34 « militants zadistes, responsables politiques et associatifs locaux », témoins « de l’ensemble ou de certains événements » survenus sur la zone. Le président du conseil général du Tarn, le préfet et le commandant de gendarmerie n’ont pas souhaité être entendus, déplore-t-elle.

Ce rapport de 75 pages est accablant pour les forces de l’ordre. « Traîner par terre les manifestants sans ménagement, les pousser dans les fossés ou dans les ronces, leur donner des coups de pieds ou de matraque lorsqu’ils sont bloqués au sol, leur faire des clés de blocage des membres jusqu’à provoquer des luxations… Ces pratiques semblent avoir été fréquemment utilisées par les forces de l’ordre à l’encontre des opposants au barrage, quels qu’ils soient : occupants du site, habitants, syndicalistes ou élus s’opposant au projet de barrage », explique le rapport.

« La survenance d’un drame et la mort d’un homme étaient dans la logique du dispositif mis en place »
Témoignage :

« En arrivant à la maison des druides, nous découvrons des gendarmes qui avaient rassemblé les affaires de tous ceux qui occupaient la maison, et y ont mis le feu. Nous les insultons alors de "cerfs-volants" (entendre cerveaux lents), et face à nos insultes, ceux-ci se préparent pour nous charger mais sans pour autant faire une quelconque sommation. Lorsqu’ils commencent à avancer, je m’enfuis mais trébuche sur une chicane. Je me relève mais étant dès lors à leur portée, je suis frappée dans l’omoplate, dans la cuisse gauche. Face à la dureté du choc, je tombe. Au sol, ils continuent de me frapper avec une matraque. J’hurle. Ils me font une clé de bras et me traînent par les cheveux. Après m’avoir traînée sur plusieurs mètres, quelqu’un m’attrape et me met la lumière dans la figure en disant « alors, c’est qui cette petite merde que vous m’amenez ? »… Une fois allongée, ils mettent leurs chaussures sur ma nuque et sur mes membres (articulations des bras, des jambes) en m’insultant continuellement de « petite pute », de « connasse », de « femelle »... À cet instant, tremblante, je me pose sincèrement la question de savoir s’ils vont me taper, voire me violer. Ils me fouillent et laissent tout sur place sauf le talkie-walkie que je n’ai jamais retrouvé depuis... D’autres gendarmes en treillis m’amènent alors menottée dans le dos… je suis toujours tremblante et en état de choc. Un gendarme du PSIG de Gaillac me met finalement les menottes devant et me signifie mes droits, m’énonce que je suis placée en garde à vue. »

Le rapport ne minimise pas non plus les violences des opposants du site, expliquant néanmoins que si « certains opposants ou prétendus tels, présents sur le site le 25 octobre » (20 à 30 personnes), étaient venus « pour en découdre avec les forces de l’ordre », ils avaient « des moyens matériels limités qui, à l’exception de quelques rares engins incendiaires », n’étaient « pas de nature à mettre sérieusement en danger les forces de l’ordre ».

« Nous avons vraiment peur que ça recommence », a dit Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement, estimant que les pouvoirs publics, dont le Premier ministre Manuel Valls, « poussent à la violence et aux crimes » à Notre-Dame-des-Landes. « Ils sont en train de provoquer les conditions idéales d’une violence extrême. »


LES DEUX ENTERREMENTS
À la mémoire de Rémi Fraisse

Voilà deux enterrements, deux enterrements qui tombent nez à nez, face à face.

Le premier c’est un enterrement très important. C’est le patron de Total, mort accidentellement.
Hommage de la nation unanime, hommage de tous les médias, hommage de la terre entière.

Le deuxième enterrement c’est l’enterrement de Rémi. Rémi Fraisse, 21 ans, tué par une grenade offensive tirée par un gendarme lors d’une manif contre le barrage de Sivens.
Une grenade tirée dans le dos.
Hommage beaucoup moins vibrant.
Le Premier ministre parle de casseur, on parle de malheureuse bavure, on dit que si l’on veut mourir pour des idées, il faut assumer.

À l’enterrement du patron de Total (on ne l’a pas beaucoup souligné), il y avait des oiseaux, des oiseaux endeuillés, des mouettes, des goélands, tout en noir, le noir de la marée noire, le noir de l’Erika, le naufrage pour lequel TOTAL a été condamné.

C’étaient des oiseaux du parti des oiseaux, le parti des djihadistes verts. Djihadistes verts oui, c’est l’expression de Xavier Beulin de la FNSEA. Rémi Fraisse était un djihadiste vert, Rémi Fraisse aimait les oiseaux.

Ces deux figures en quelques heures sont devenues les symboles du présent, deux symboles irréconciliables.
Et là attention camarade, il faut choisir ton camp : l’assassinat ou l’accident.
L’oligarchie a choisi, le pouvoir a choisi la magouille, le cynisme, la violence et tout ce qui dégoûte et qui fait gonfler les voix dans les voiles de la Marine.

Alors, choisis ton camp camarade. Non, tu ne peux pas choisir les deux. Il n’y a pas d’arrangement, choisis ton camp et cours.

Et cours camarade.

Les oiseaux noirs te regardent.

Le vieux monde est derrière toi.

Daniel Mermet
27.10.2014
 
 
 
 
 
 

 

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26 octobre 2015 1 26 /10 /octobre /2015 18:52

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Dans le Finistère, une manifestation calme pour dénoncer l’usine à grenades

26 octobre 2015 / Nicolas de La Casinière et Lucas Mascarello (Reporterre)


 


 

Dans le Finistère, une usine méconnue fabrique grenades et balles, utilisées pour la répression policière, et qui souvent, tuent et blessent. Contre cette usine de mort, manifestations et débats ont eu lieu ce week-end. Reporterre y était.

 

- Pont-de-Buis (Finistère), reportage

Peint sur une toile de quatre mètre de large, le visage de Rémi Fraise avec la mention « Rémi, présent dans nos luttes » ouvrait le campement sur une butte face à l’usine Nobel Sport de Pont-de-Buis. Un périmètre de cent hectares collé au bourg, où se fabriquent des grenades lacrymogènes et des munitions de lanceurs de balle de défense. Du matériel utilisé pour la répression des manifestations, à Sivens ou à Notre-Dame-des-Landes, au Burkina Faso, au Bahreïn et partout en France. Et aussi dans ce petit bourg du Finistère où la poudrerie royale a été fondée par Colbert sous le règne de Louis XIV.

Les trois jours « de rencontres et d’actions », du vendredi 23 octobre à dimanche 25, initiés par des militants de l’Ouest, Rennes et Nantes, des zadistes et des Finistériens, ont vu la police faire de la poudrerie un camp retranché, interdisant toute approche de l’usine. Par trois fois, les manifestants, 300 à 500 selon les jours, ont buté devant les camions grilles de la gendarmerie barrant les ponts d’accès et les carrefours.

 

 

Les deux premières fois, les manifestants ont tourné le dos à ces blocus policiers fortement gardés. Vendredi après midi, une conférence de presse de « l’assemblée des blessés par la police » et de leurs familles s’est tenue devant les camions blindés de la gendarmerie, avec pour toile de fond ces hautes barrières posées contre le droit constitutionnel de manifester.

Samedi soir, dans la nuit, devant une autre route menant à l’usine Nobel Sport, des témoignages, aussi déterminés que drôles, ont été lus au micro, relayés par une sono mobile. Des témoignages d’ados de Notre-Dame-des-Landes et de sexagénaires italiens du Val de Suse qui luttent contre le percement du tunnel du Lyon Turin. Ecoute attentive, inattendue, aux flambeaux éteints, des tracasseries de la police et des ripostes narquoises de ceux qui refusent de subir ces présences militaires.

Un bourg meurtri dans sa mémoire

On pourra bientôt y ajouter les voix d’habitants de Pont-de-Buis, pas du tout hostiles aux jeunes manifestants, et plutôt surpris de voir leur bourg quadrillé par les gendarmes. Ils voient d’un bon œil ces trois jours contre une usine qui a tué et mutilé des ouvriers depuis des années : trois morts, quatre-vingt blessés, et des dizaines de maison détruites dans un rayon de 900 mètres lors d’une explosion en 1975. Un mort en 2006. Trois blessés graves en 2014. Sans parler des bras arrachés, des doigts coupés, des intérimaires blessés et dont les témoignages ont été ravivés par ces trois jours...

Même ceux qui y ont travaillé à temps plein ne défendent pas l’emploi dans cette usine dangereuse. « Mon oncle a vu sa deux-chevaux voler en l’air en 1975, expliquait la veille ce retraité sur un marché. Mon frère, mon beau frère et moi, on y a travaillé. Mais vous avez raison de manifester... » Devant un stand de crêpes à Châteaulin, la discussion s’engage : « Mais si on arrête les armes, qu’est ce qu’on y fera ? - Bah, après la Guerre de Quatorze, toutes les usines qui fabriquaient des obus et du matériel militaire se sont bien reconverties. Alors... ».

L’armement entre la blessure et la mort

Tuer et mutiler, c’est aussi un des thèmes récurrents des évolutions du maintien de l’ordre dans le monde qui auront été largement discutées et commentées, avec une documentation précise, lors des rencontres dans le campements à un kilomètre du bourg. La notion d’« armement rhéostatique » qu’évoque dans un livre récent le sociologue Mathieu Rigouste, a été commentée : elle cache sous les mots techniques une gradation de la dangerosité des armes, de la blessure légère à la mort. Développant une version froide, industrielle, de l’offre et la demande, le marché fait du client (les polices du monde), un partenaire réceptif aux propositions des fabricants.

 

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Au rassemblement, la mère de Quentin Torselli, Nathalie a témoigné : « Mon fils a été mutilé par un tir de flashball au cours d’une manifestation contre Notre-Dame-des-Landes en février 2014. Il a perdu un oeil. L’enquête a prouvé qu’il était isolé et ne représentait pas une menace. »
 

D’où ces débats sur l’utilité, comme en Palestine, d’enquêter sur les implications économiques des entreprises, précédant la demande des Etats de réprimer désormais dans les corps. Cette notion de punition individualisée, de blessure personnelle trouve sa tragique illustration avec les mutilés à l’œil par balles de caoutchouc présents ce week-end, et l’évocation constante de la mort de Rémi Fraisse l’an dernier dans un bois du Tarn.

 

Gaza, Belfast, Soweto, mêmes combats

Dans la paille d’un hangar agricole monté sur place aux côtés de trois barnums, la projection d’un film sur l’armement israélien, The Lab, du réalisateur indépendant israélien Yotam Feldman, a montré l’absence de frontière entre technique d’opération militaire et répression civile, ce que l’euphémisme technocratique appelle la « gestion démocratique des foules ». Les techniques de répression se montrent évolutives, en expérimentation permanente, en Irlande du Nord dans les années 1970, en Afrique du Sud de l’Apartheid et depuis des années en Palestine.

Après le film, on a discuté des luttes actuelles dans le Finistère, des convois qui convergeront vers Paris pour la COP 21, des partages de savoir sur les premiers soins à prodiguer dans les manifestations, on a lu des textes de femmes contre les armes, chanté et lancé des montgolfières en papier.

 

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Malgré les nombreux contrôles routiers, des manifestants ont réussi à introduire des armes factices

Un camp autogéré, autonome pour tous ses repas grâce au soutien de deux cantines volantes venues de Rennes et de Brest, a posé « un acte de résistance à l’écrasement policier », dit un jeune femme venue de l’est de la France. Et ce un an après le meurtre de Rémi Fraise, omniprésent dans les discussions et les slogans, ponctués de « Ni oubli ni pardon ». Des Britanniques, des Québécois et des Espagnols étaient venus à Pont-de-Buis, attentifs à ce déplacement des mobilisations vers les usines d’armement à la dimension internationale évidente. « L’usine Nobel Sport réalise 90% de sa production pour l’export », dit un militant de la région.

Une fausse charge sur dix mètres

Après les prises de parole de l’Assemblées des blessés, des lectures du vécu d’habitants de la ZAD nantais ou de la vallée italienne du Val de Suse, les manifestants ont abandonné le face-à-face avec la police après avoir jeté quelques cailloux, deux cocktail molotov contre un camion grille et des feux d’artifice croisés avec les trajectoires de fumées de lacrymogènes. Sans autre dégât que matériel. Sans blessé. Sans arrestation.

Le dimanche, pour contourner le blocage policier des routes, la troupe de manifestants a franchi un viaduc et coupant par les champs et les bois, et s’est retrouvé dans un champ en pente face à l’entrée de l’usine toujours bien gardée, survolé par l’hélico de la gendarmerie omniprésent pendant ces trois jours.

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Toute la journée, un hélicoptère de la gendarmerie surveille le rassemblement

Là, toujours dans le souci d’être imprévisible et sans volonté d’en découdre, une discussion s’est tenue en cercle, accroupi dans la terre caillouteuse du champ, pour décider d’une fausse charge sur dix mètres en rang serrés, déclenchant le recul des CRS et gendarmes mobiles à soixante mètres de là.

La charge, hilare, a aussitôt reflué. Le grenadage massif du champ qui a suivi n’a pas gêné les manifestants, faisant aussitôt une « retraite stratégique » par les bois, la fumée de lacrymogène revenant plutôt vers les casques des soldats de l’ordre. A un carrefour, au-dessus d’une maison d’habitation, l’échange de jets feux d’artifice colorés contre lacrymo tombant en cloche dans une prairie et effarouchant les vaches n’aura duré qu’un gros quart d’heure.

« Rester imprévisible »...

 

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26 octobre 2015 1 26 /10 /octobre /2015 18:32

 

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A Sivens, l’émouvant hommage rendu à la mémoire de Rémi Fraisse

26 octobre 2015 / par Marine Vlahovic (Reporterre)
 


 

Des moments de recueillement ont été organisés dimanche 25 octobre, en hommage à Rémi Fraisse, jeune naturaliste tué par un gendarme voici un an à Sivens. Malgré l’interdiction de se rassembler sur le lieu de sa mort, plusieurs centaines de personnes ont pu se rendre sur l’ex Zad du Testet. Reportage.

 

- Sivens (Tarn), reportage

Le point de rendez-vous a été fixé sur le parking d’un centre commercial de Gaillac à 12h précises. Bravant l’interdiction de manifester édictée par la maire de Lisle-sur-Tarn, 350 personnes sont réunies dans une brume matinale qui peine à se dissiper. A cinquante kilomètres de là, un rassemblement « légal » est sur le point de débuter à Plaisance-du-Touch, ville de la banlieue toulousaine où Rémi Fraisse a grandi.

Sur le parking de Gaillac, les opposants au projet de barrage sont pourtant décidés : « J’ai les boules, je ne comprends pas cette interdiction », souffle un Toulousain qui n’aurait manqué ce rendez-vous pour rien au monde. Appuyée sur une béquille, Viviane a elle aussi tenu à venir : « Un hommage à Rémi, ça ne peut se faire qu’à Sivens » dit-elle. Des proches de Rémi Fraisse sont présents eux aussi.

 

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Réflexion collective sur le parking de Gaillac

L’arrivée du secrétaire général de la préfecture du Tarn fait sensation. Par « souci d’apaisement », la préfecture a décidé de tolérer le rassemblement au Testet . Les questions fusent : « Et si les pro-barrages sont là, qu’est-ce qu’on fait ? », « On y va à pied ou en voiture ? » Une assemblée générale se tient à même le bitume. Les participants s’engouffrent dans leurs véhicules. Roulant au pas, une centaine de voitures parcourent la quinzaine de kilomètres qui sépare Gaillac de Sivens, en passant sous le nez des gendarmes déployés tout autour de la Zad.

Le convoi arrive à la Maison de la forêt de Sivens, qui surplombe la zone humide du Testet. C’est là qu’aurait dû partir la marche pacifique finalement interdite. La brume se lève. Après avoir pique-niqué, les participants descendent à pied sur la Zad. « Avant le 26 octobre 2014 : arbres abattus. Après le 26 octobre 2014 : Rémi, 21 ans, abattu » : Guy a apporté la banderole confectionnée le lendemain de la mort du jeune naturaliste. « C’est malheureux qu’elle serve encore », confie-t-il, ému.

 

 

Au creux de la vallée du Tescou, une nouvelle fleur a poussé en début de semaine dernière. En toute clandestinité, une sculpture a été installée par le collectif La Pelle masquée sur la « zone de vie » défendue sur les forces de l’ordre la nuit de l’homicide de Rémi. Dans un silence quasi-religieux, le cortège se regroupe autour la main géante en pierre surmontée d’un globe terrestre en fer. Fuyant les caméras et les flashs des photographes, la mère et la sœur de Rémi se tiennent un peu à l’écart.

 

Munis d’un mégaphone, des intervenants lisent des poèmes. « Nous sommes nombreux, et nous n’avons pas oublié », dit l’un d’entre eux, un œil sur la sculpture. Rémi, 77 ans, s’avance pour prendre la parole d’une voix tremblante : « Je suis un ancien paysan productiviste, nous nous sommes trompés pendant des années », déclare-t-il....

 

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Source : http://www.reporterre.net

 

 

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26 octobre 2015 1 26 /10 /octobre /2015 16:03

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Concerto de sèche-cheveux contre l’obsolescence programmée

 

Transformer de vieux objets d’électroménager en instruments de musique : voilà la recette secrète du « circuit bending ». Reportage dans un atelier organisé au centre Pompidou, à Paris.

 

 

 

Sur la grande table rouge, un fer à repasser, des sèche-cheveux, un presse-agrumes et des mixeurs un peu vieillots. On se croirait dans une fin de brocante ou près des containers pour électroménager d’une déchèterie.

Pendant trois heures, ces breloques vont être malmenées par une douzaine de jeunes gens, bidouilleurs ou amateurs, qui vont insérer de nouveaux circuits électroniques dans leur ventre et les transformer en instruments de musique.

 

« Circuit bending »

Le chef d’orchestre de l’atelier, organisé à la bibliothèque du centre Pompidou, à Paris, c’est Sylvain Buffet, alias Bitcrusher. A la place de la baguette, il guidera ses élèves d’un soir avec un fer à souder. Un peu plus d’étain à gauche, faites vibrer les fils électriques, musique !

 

Bon, avant d’entendre réellement un son sortir du presse-agrumes, quelques travaux pratiques s’imposent. Les participants, studieux, lisent les fiches d’explications conçues par l’association Dataglitch qui promeut la pratique du circuit bending – cette musique conçue à partir de court-circuits d’objets électroniques – et dont Sylvain Buffet fait partie, passionné depuis dix ans.

Les premières gouttes d’étain tombent sur les circuits imprimés, qui entreront dans la composition du fer à repasser musical de Nicolas, 31 ans :

« On va le sacrifier ! »

Un participant de l'atelier au centre Pompidou avec un circuit imprimé

Un participant de l’atelier au centre Pompidou avec un circuit imprimé - Robin Prudent/Rue89
 

Ce dernier semble manier avec dextérité le soudage des fils. Les regards se tournent vers lui :

« Tu as déjà soudé, toi ?
– Oui, j’ai fait option S électronique au lycée, mais j’ai eu 5 au bac. »

L’atelier ressemble à un cours de techno avec des élèves un peu plus vieux et beaucoup plus motivés. Quelques précautions sont prises pour éviter tout accident. Les câbles d’alimentation des objets sont coupés et on éloigne les prises qui pourraient faire sauter les plombs de tout le centre Pompidou.

Déjouer les fabricants

L’étape suivante, c’est de désosser l’électroménager pour récupérer seulement son enveloppe, ses boutons et changer son cœur : le circuit électronique.

Mais la partie n’est pas aisée. Malgré la grande mallette d’outils sur la table et les différents tournevis, les fabricants ont réservé quelques surprises à ceux qui tenteraient de réparer un objet.

 

Un mixeur qui passe un sale quart d'heure

Un mixeur qui passe un sale quart d’heure - Robin Prudent/Rue89
 

Partout, des « vis de constructeurs » : conçues pour empêcher d’ouvrir les objets, elles ne correspondent pas aux standards. Dans ces cas, il faut sortir la perceuse.

A l’intérieur de ces objets, les circuits imprimés sont de plus en plus petits, soudés par des machines. C’est pour cela que Sylvain Buffet, sound designer pour jeux vidéo dans la vie professionnelle, privilégie les jouets des années 80 :

« On ne peut plus rien faire avec les composants d’aujourd’hui ! »

Réanimer les objets cassés

Cette obsolescence programmée est d’ailleurs un délit puni de deux ans de prison et 300 000 euros d’amende par la loi de transition énergétique, définitivement adoptée en juillet 2015.

Mais le cadre juridique restera toujours moins efficace que les mises en application citoyennes comme celles-ci.

 

Une douzaine de participants à l'atelier de circuit bending à Paris

Une douzaine de participants à l’atelier de circuit bending à Paris - Robin Prudent/Rue89
 

La discipline, créée aux Etats-Unis dans les années 70, a déjà pris de l’ampleur en France avec plusieurs disques et des dizaines de concerts depuis quelques années.

Entre deux coup de ciseaux pour adapter les fils électriques à la taille des objets rapportés par les participants, Sylvain Buffet parle de cette passion, qui a envahi son corps – sous forme de tatouages de circuits électroniques :

« Ce sont des sons qui n’existent pas dans le commerce, qui sont uniques, c’est ça l’intérêt. Ma spécialité, c’est de court-circuiter des anciens jouets qui produisaient déjà du son. »

Trois heures de soudure

Sur son site personnel, il présente avec beaucoup de détails tous ses instruments : un pistolet laser, une vieille console Nintendo Nes, un sèche-cheveux. Pour chacun d’entre eux, on peut connaître le son qu’il produit et ses caractéristiques, parfois étonnantes.

Ce jeudi soir, il a apporté avec lui un vieil aspirateur orange. Le top, avec une douzaine de boutons à activer, un vrai synthétiseur-aspirateur qui peut même faire stroboscope pour mettre l’ambiance sur scène. Les participants de l’atelier vont tenter de l’amadouer, sans grand succès. Car il faut de la dextérité, comme si vous mettiez un violon dans des mains novices.

 

Des participants à l'atelier de circuit bending à Paris

Des participants à l’atelier de circuit bending à Paris - Robin Prudent/Rue89
 

21h30, les haut-parleurs du centre Pompidou annoncent la fermeture imminente du musée. Rares sont les participants à avoir fini d’assembler tous les morceaux de leur nouvel instrument. Quelques tests sur l’ampli, des branchements à refaire et... un son.

Et même plusieurs, avec trois interrupteurs qui permettent de le moduler. Un vieux téléphone fixe et un mixeur plongeur sont les premiers produits d’électroménager à prendre vie ce soir.

Il ne reste plus qu’à réviser son solfège et faire vibrer toute la cuisine.

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

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26 octobre 2015 1 26 /10 /octobre /2015 15:54

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

La crise de la dette publique est une évolution particulière de la crise économique ouverte depuis 2008

26 octobre par Eric Toussaint , Ludo Rossi

 

 

 

CC - Blandine Le Cain

 

La crise de la dette publique est une évolution particulière de la crise économique ouverte depuis 2008. Elle porte sur le risque d’insolvabilité de certains Etats fragilisés.

 

Socialisation des pertes

La fonction historique des crises du capitalisme est de permettre un nouveau cycle d’accumulation, en dévaluant fortement le capital existant, au prix de quelques faillites. Mais au niveau d ecentralisation du capital actuel, la faillite de quelques grandes banques ou entreprises entraînerait de trop gros dégâts. C’est par exemple ce qui est arrivé suite à la crise de 1929, où les faillites n’ont entraîné qu’une Grande dépression. Le phénomène est encore plus marqué aujourd’hui, d’où l’expression « too big to fail » à propos des grands trusts d’aujourd’hui. Les dirigeants sont donc prêts à injecter tous les fonds publics nécessaires pour empêcher une spirale de banqueroutes, à recapitaliser, voire nationaliser pour réorganiser et reprivatiser. Au passage, ils écornent violemment leur mascarade néolibérale qui prétendait que l’Etat n’avait ni les moyens, ni le devoir d’intervenir dans l’économie, notamment pour de la redistribution. L’Etat bourgeois agit fondamentalement dans l’intérêt général des capitalistes, en socialisant les pertes, pour maintenir les profits privés.

Déroulement

 

Contexte de surendettement

Depuis les années 1980, la tendance était déjà au surendettement. Ceci de façon globale, mais le taux d’endettement par rapport au PIB atteint des valeurs d’autant plus élevées dans les pays industrialisés, que les créanciers ont toujours compté sur eux pour être payés. C’est ainsi que dans les pays d’Europe de l’Ouest ou encore aux Etats-Unis, la dette publique est passé d’une valeur « ordinaire » inférieure à 20% du PIB à généralement plus de 60%, voire plus de 100% pour la Grèce ou le Japon dans les années 2000.

 

Sauvetage et relance massifs

Avec l’éclatement de la crise en 2008, les Etats d’Europe et d’Amérique du Nord vont puissamment intervenir, en premier lieu pour sauver les banques. Des milliards sont dépensés pour racheter les actifs toxiques.

- Etats-Unis :
- Plan Paulson aux USA : 700 milliards de dollars dépensés pour éponger des actifs toxiques
- 2500 milliards de dollars prêtés à taux zéro par la Banque fédérale
- 2000 milliards en Europe, de nombreuses nationalisations…

Il faut également ajouter à ces sauvetages immédiats les immenses plans de relance qui ont été mis en place partout.

En 2008, 27% du PIB mondial auraient ainsi été injectés pour sauver le système en perdition.

 

Crise de la Zone euro

Article détaillé : Crise de la Zone euro.
Cela évite une catastrophe économique majeure, mais au prix de déficits publics très lourds. Les Etats de la périphérie de la Zone euro sont les plus touchés, car ils étaient les plus fragiles.

- La Grèce par exemple héritait déjà à son entrée dans l’Union européenne d’une dette autour des 100% de PIB.
- La Grèce, l’Espagne, et de façon encore plus marquée l’Irlande, connaissaient une bonne croissance. Ces deux derniers pays avaient même fait baisser leur dette de façon importante. Mais les investissements provenaient en majeure partie de l’étranger, et notamment des voisins européens plus solides (France, Allemagne…), et ils ont été massivement freinés dès l’éclatement de la crise.
- Le Portugal était déjà en crise latente un peu avant 2008.

C’est la Grèce qui fut le rapidement menacée par la banqueroute. Mais là encore, malgré les tendances au repli nationaliste, les autres pays ne pouvaient simplement laisser tomber la Grèce. En premier lieu parce que nombre de leurs banques (en Allemagne, en France la Société Générale…) y ont beaucoup investi. Au printemps 2010, ces grandes banques ont convaincu l’UE et la BCE que le risque de défaut de paiement de la Grèce les mettait en danger.

En automne 2010, c’est l’Irlande qui entre dans une crise similaire, lorsqu’elle annonce que pour faire face à une fuite de capitaux elle a lancé un immense plan de sauvetage. Elle doit alors rapidement faire appel à l’Union Européenne. Puis vient le tour du Portugal, en avril 2011.

Dans tous ces cas, on parle à tout crin de « plan d’aide à la Grèce », « plan d’aide à l’Irlande », etc… pour ce qui est en réalité une aide aux capitalistes des pays prêteurs. Car il n’y a aucun don, ni même prêt à taux zéro. Comme ce qui se passe avec les plans d’ajustement structurels imposés aux pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud, les prêts sont assortis de conditions draconiennes qui mettent en position de soumission les pays receveurs. On doit véritablement parler d’un processus de semi-colonisation des pays périphériques par les plus puissants impérialistes.

Dans le même temps, il faut préciser que ces impérialismes, ce sont surtout les banques et multinationales de ces pays. La BCE prête des capitaux au taux de 1% aux banques privées qui ensuite prêtent cet argent aux Etats en difficulté à un taux doublé ou triplé pour les prêts à court terme. Ensuite, la BCE achète auprès des mêmes banques privées les titres des Etats auxquels elle s’interdit de prêter directement ! Elles pouvaient ainsi, à la fois exiger des taux d’intérêt particulièrement élevés, la fameuse « prime de risque » et être assurées du remboursement de leur principal à l’échéance. Le risque, normalement assumé par le prêteur privé, était déjà de fait transféré aux agents publics.

Tous les pays deviennent potentiellement à risque, plus ou moins vite selon l’état de santé de leur économie. On parle déjà d’une possible crise en Italie, voire à terme en France ou au Royaume-Uni, sans oublier que l’Allemagne, première puissance européenne, est loin d’être étrangère à ces problèmes. En conséquence, tous les hommes politiques bourgeois, de gauche comme de droite, s’empressent de procéder à des plans d’austérité. Ceux qui sont devant le fait accompli doivent enchaîner les mesures, comme en Grèce ou en Espagne, ceux qui ont encore un peu de marge tentent de composer avec leurs échéances électorales, comme Sarkozy en France.

La Commission européenne créé en mai 2010 un Fonds européen de stabilité financière (FESF), doté de plusieurs centaines de milliards d’euros.

 

La finance précipite les tendances

La finance moderne permet des réactions extrêmement rapides des marchés, qui ont des effets procycliques très forts : les tendances sont fortement accélérées.

 

Spéculation sur les dettes

Les banques et autres fonds d’investissement n’ont aucun scrupule à miser, selon les cisconstances, sur la réussite ou la faillite de tel ou tel Etat. Et comment en serait-il autrement alors que ce sont ces mêmes Etats qui ont marchandisé les titres sur leur dette, pour engraisser les grands capitalistes.

 

Agences de notation

Les agences de notation évaluent les risques pour les investisseurs à prêter à telle ou telle entité. En particulier, les Etats sont traditionnellement considérées comme les plus solvables, donc les titres sur leur dette publique sont très prisés. Mais avec la crise actuelle, les Etats sont de plus en plus observés par les capitalistes prêteurs, car ils risquent de plus en plus de se trouver en défaut de paiement. Or, le fait même qu’une agence de notation déclare un pays non fiable peut accélérer le processus de banqueroute de ce dernier, car l’ensemble des créanciers vont alors avoir tendance à réclamer des taux d’intérêt plus élevés.

Par exemple, lorsque l’agence Fitch Ratings a dégradé la note de la Grèce en décembre 2009, les deux autres principes agences, Standard & Poor’s et Moody’s, se sont alignées quelques jours après. Le gouvernement grec a alors dû faire pleuvoir les plans d’austérité, mais par là même a déclenché un vent de révolte populaire, ce qui rend d’autant plus sceptique les créanciers du pays. En juin 2010, la note grecque est à nouveau dégradée…

Plus généralement, les agences ont donné aux pays de la Zone euro qu’elles ont dégradé l’appellation de PIGS (Portugal-Ireland-Greece-Spain), dénotant au passage le mépris que peuvent avoir les impérialismes centraux pour la périphérie de l’UE. Quant à ces derniers, leur obsession est de ne pas perdre leur note AAA (la meilleure). Et c’est notamment ce qui se passe, avec la dégradation le 6 août 2011 de la note des Etats-Unis par S&P, de AAA à AA+.

 

Source : Anti-K

 

 
Auteur

Eric Toussaint

est maître de conférence à l’université de Liège, est le porte-parole du CADTM International et est membre du Conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Procès d’un homme exemplaire, Editions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège Dernier livre : Bancocratie ADEN, Brussels, 2014. Il est coordonnateur de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015.

 

 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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