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9 novembre 2015 1 09 /11 /novembre /2015 17:38

 

Notre banderole "Soutien au peuple Grec" embarquée dans le voyage de Nîmes à Athènes avec quelques médicaments...

 

Objet: [SoliGrecsNîmes]Solidarité Acropole
C'EST FAIT !!

Inutile de vous dire que notre visite de l'acropole a été écourtée ... Mais visible !!
(et merci aux camarades du syndicat de la médecine générale qui ont pris les photos et ont fait diversion !!)
P.

 

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9 novembre 2015 1 09 /11 /novembre /2015 17:29

 

Info reçue par mail

 

 

PROGRAMME 15 NOVEMBRE LA RESISTANCE RESPIRE !


        AMI-E-S BONJOUR !  

PROGRAMME dimanche 15 novembre

 

1 ! 11H (onze heure du mat') projection & échanges avec la réalisatrice auto-média Roxane Tchegini
     "LA RESISTANCE RESPIRE" l'histoire de la résistance au barrage de Sivens et de la ZAD, au SEMAPHORE/NIMES
       * pensez à réserver vos places...en cas 
 
2 ! aprés le film INVITATION à L'HACIENDA/ZAD ( et oui ! c'est une Zone a Aménagement Différé )
     ( Hacienda nouvelle équipe/transition éco-lieu ) CO-VOITURAGE route d'Uzés 3 kms de Nimes, c'est indiqué ! route et
     chemin à gauche aprés la radio RFN 
 
3 ! RENDEZ VOUS A L'HACIENDA/ZAD ! Lieu magique ! garrigue/vue sur la Tour Magne ! possibilté accueil intérieur/
     extérieur 200 personnes 2 salles, convivial barzad et grande cheminée !

 

     MENU nourritures corps et esprit en vrac >>> SOUPE COLLECTIVE AU CHAUDRON/CASTAGNADE 30kgs 
                chataignes des potes de St.Martin de Lansuscle 48, TARTES & CREPES/POMMES
                vin rouge bio/biére bio des faucheurs volontaires/jus de pomme AU PRESSOIR,,sirops, Tchai,Thée à la menthe 
                 de l'Hacienda,Tisanes...PAIN ARTISANAL d'HENRI  (four à Montignargues)
                  APPORTER CE QUE VOUS VOULEZ ( légumes  pour soupe) (Nous avons des potirons) Tartes      
 
                                                 PARTICIPATION LIBRE. Pensez à amener vos verre,bol,assiette,couvert ! Question d'autonomie
               
  Présentation dans le cadre de la journée mondiale pour le climat DE LA MARCHE LOCALE d'ALES à la ZAD GOLFIQUE de St. Hilaire de Brethmas le 29 novembre en présence des ami-e-s St. HILAIRE DURABLE
                 
COP 21 & MARCHE SUR LA COP 21
                 
NOUVELLES ET SOUTIEN A SIVENS
                  DANS L'EVENTUALITE de la reprise annoncé des travaux NDDL/ marche NDDL sur la COP 21,
                  et LITTERATURE à consulter, TABLE ECHANGES/ DONS DE GRAINES ET SEMENCES
                   COIN FRIPES & OBJETS, RECUP échanges/dons, démarrage confection CONSERVES BOCAUX et
                   CONFITURES  avec économie combustible Rocket stove 
L'ORGANISATION DE CETTE JOURNEE du 15 est  déja amorcée avec ami-e-s, assos, collectifs,écolieux Gard Cévennes
 
Nous aurons le plaisir de faire connaissance ou de nous revoir et d'échanger nos expériences, nos points de vue et nos savoir faire ! Installation à l'Hacienda samedi pour préparer l'accueil du dimanche.SI vous avez des souhaits et suggestions
coordination dd >cette adresse mail *
 
(*laissez un message sur notre blog, nous communiquerons vos requêtes à la personne concernée)
 
Salut à toutes et tous !
 
 
 
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9 novembre 2015 1 09 /11 /novembre /2015 15:16

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Do It Yourself

Dans le premier garage en libre service de Marseille, c’est vous le mécano !

par

 

 

La vague du « do it yourself » prend de l’ampleur. Par passion, souci d’économie ou volonté de se réapproprier leur matériel, des automobilistes fréquentent des garages d’un nouveau genre, qui vous proposent de réparer vous-mêmes votre voiture, en fournissant matériel et précieux conseils. Visite du garage « Faites-le vous même », à Marseille.

 

Cet article a initialement été publié dans le magazine L’âge de faire.

 

« Pour une vidange ? Oui, pas de problème, j’ai une place à 15 heures. Le matériel est loué 20 euros de l’heure. On peut vous vendre de l’huile, mais si vous passez par une grande surface, achetez la plutôt avant de venir, ça vous coûtera moins cher. » Ce n’est pas un sympathique employé qui me parle, mais le patron lui-même – qui est d’ailleurs le seul employé de l’entreprise. Thierry Bassalair (« il manque juste le « e » à la fin… ») n’est pas de ceux qui courent sans vergogne après le profit. Et c’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à ouvrir, en février 2012, son propre garage, dont le nom résume le concept : le garage « Faites-le vous même ». Ici, les clients manient eux-mêmes les clés à molette et mettent les mains dans le cambouis.

A première vue, en entrant, cela ressemble à un garage tout à fait classique : des voitures au capot ouvert, montées sur des ponts, des odeurs d’huiles et d’essence, des mécanos travaillant sur ou sous les véhicules. Sauf que ces mécanos là sont en fait les clients de Thierry, qui passe d’une voiture à l’autre pour distiller ses conseils, tendre le bon outil, et donner un coup de main.

« Aider les clients »

A 44 ans, le patron a passé une bonne partie de sa vie au milieu des voitures. « J’ai commencé à travailler dans un garage à 15 ans », rapporte-t-il. A partir des années 90, si sa passion pour la mécanique restait intacte, son métier lui laissait en revanche un goût de plus en plus amer. « Je bossais dans une grosse concession. On faisait parfois payer 200 euros pour une vidange… Quand tu sais ce que ça coûte en temps et en matériel, j’étais écœuré… On me demandait du rendement, et encore du rendement. Le rapport avec le client, il n’y en avait plus. Alors que moi, justement, l’une des choses qui me plait dans ce métier, c’est d’aider mes clients ! »

 

 

Après avoir entendu parler de garages alternatifs qui fonctionnaient dans le Nord, il saute le pas et ouvre son propre « Faites le vous même ». Depuis, la clientèle n’a cessé d’augmenter. On y trouve de tout, du passionné de mécanique qui vient profiter de l’outillage pour pas cher, au néophyte qui souhaite faire des économies, en passant par celui qui souhaite apprendre quelques rudiments pour se réapproprier son véhicule. Les mécanos amateurs sont avant tout masculins, mais Thierry constate que de plus en plus de femmes viennent au garage.

Tout est faisable, ou presque, avec les bons outils et les conseils avisés du maître des lieux. « Cela dépend aussi du client. Quand un nouveau arrive, je jauge son habileté. J’arrive à savoir assez rapidement s’il sait se servir de ses mains, s’il s’y connait un peu, ou pas du tout. En fonction de ça, je le laisserai faire certaines choses, et d’autres non. »

« J’y trouve mon plaisir, et le client aussi »

Plaquettes de freins, amortisseurs, vidange, changement des filtres... Tout l’entretien ordinaire d’un véhicule est réalisable sur place. Les clients, qui paient l’outillage à la demi-heure, et qui débarquent si nécessaire avec les pièces détachées qu’ils se sont eux-même procurées, peuvent rapidement réaliser jusqu’à 50 % d’économie. Et plus on pratique, plus on va vite, plus les économies réalisées sont importantes.

Aussi à l’aise devant un capot ouvert qu’une poule devant un couteau, j’ai effectué ma vidange moi-même. Pour la petite histoire, comme il a déjà dû « jauger mon habileté » lorsque je m’apprête à retirer le bouchon du carter, Thierry prend soin de me glisser que « pour dévisser, on tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre ». Je m’exécute (un peu vexé quand même…). Environ une heure après mon arrivée – quand cela ne demande théoriquement pas plus d’une demi-heure –, j’ai la satisfaction du travail accompli : j’ai laissé couler l’huile usagée dans un bac récupérateur – qui sera ensuite amené au recyclage –, revissé le bouchon du carter (en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre), changé le filtre à huile, redescendu la voiture du pont et remis de l’huile neuve dans le moteur.

Malgré ma lenteur, cela ne m’a coûté que 45,64 euros, pièces et « main d’œuvre », quand le premier prix affiché chez un grand concessionnaire du coin était de 65 euros.
« Le but, c’est que tout le monde soit content, les clients, et moi. Personnellement, j’y trouve mon plaisir : je n’ai plus la pression du rendement à tout prix, et il y a de la convivialité avec les clients », explique Thierry qui, pour payer ses frais, doit quand même effectuer environ 55 heures de travail hebdomadaire – « heureusement, c’est une passion ». Quant aux clients, « ils viennent de plus en plus nombreux, surtout par le bouche à oreille. Et quand ils sont venus une fois, ils reviennent. Quand tu vois ça, tu te dis que tu as fait le bon choix. »

Nicolas Bérard (L’âge de faire)

 

En savoir plus : le site Internet du garage. Les garages de ce type se multiplient un peu partout en France. Renseignez-vous, il y en a sûrement un près de chez vous !

Cet article est tiré du numéro 100 de L’âge de faire, partenaire de Basta !. Retrouvez sa présentation sur notre page partenaires. Dans le dernier numéro, les contributions de huit personnes engagées qui se sont livrées à un petit jeu de science-fiction, autour d’une question : « Ecole, économie, art, politique… à quoi pourrait ressembler l’avenir ? ». Pour voir le sommaire complet, c’est ici.

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9 novembre 2015 1 09 /11 /novembre /2015 15:01

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Un métier à l’heure de l’austérité

Surprises au fond des poubelles et espérance de vie limitée : le merveilleux quotidien des éboueurs

par

 

 

 

Pénible par nature, le métier d’éboueur l’est d’autant plus lorsque les tournées se font plus nombreuses, sans moyens humains supplémentaires. Les éboueurs sont parfois pris en étau entre les restrictions budgétaires des collectivités territoriales et la volonté des entreprises de faire des bénéfices. C’est ce qu’a remarqué Franck Désprez, un journaliste basé à Nancy, en Lorraine. Pendant quatre mois, il a travaillé en tant qu’intérimaire parmi les éboueurs du Grand Nancy. Il raconte l’ordinaire méconnu de ces galériens des aurores.

Autoroute A33, 3 h 30 du matin. Nuit d’encre, lundi d’insomnie. Février froid. Sur ce grand axe qui relie Nancy à Ludres, 77 éboueurs et 46 chauffeurs [1] se croisent inlassablement. Équipe du soir, équipe du matin, éternel refrain. Au loin, la cheminée d’un immense bâtiment surplombe modestement le paysage industriel horizontal, 280 hectares sur lesquels 330 entreprises, grossistes, hangars, garages et autres prestataires de services logistiques emploient 8 000 salariés.

Chaque année 120 000 tonnes de déchets sont avalées ici sur l’une des deux lignes d’incinération – un vilain terme auquel on préfère celui de valorisation. Le centre de valorisation des déchets – ainsi se nomme-t-il – produit de l’électricité et du chauffage à partir de la combustion des déchets. Une bonne partie d’entre eux est apportée par le prestataire de collecte du Grand Nancy, l’entreprise Rimma [2], filiale de Veolia Propreté, située juste à côté. C’est là que je me rends. Je quitte l’autoroute pour retrouver mes collègues. La tournée peut commencer.

Le changement, une fatigue mentale importante

Le métier d’éboueur – ou de ripeur [3] – requiert, à la base, une capacité d’adaptation constante. Mais quand tu es intérimaire, le changement, c’est tout le temps ! Changement régulier de poste, tout d’abord : être appelé pendant une semaine du soir, ou même deux, commencer à 18 h 45, finir à 2 ou 3 heures, parfois jusqu’au samedi, comme ça, et reprendre le lundi matin à 4 heures. Autrement dit, commencer sa journée à l’heure où elle se terminait deux jours plus tôt.

Mais aussi changement quasi quotidien d’équipe de travail, et donc de tournée. Rares sont les fois où l’on te fait travailler avec les mêmes personnes plus de deux jours. Il faut donc non seulement redécouvrir quotidiennement l’environnement de travail, découvrir sur le tas tous les dangers urbains (passages piétons, des vélos, des voitures), mais aussi faire ses preuves à chaque tournée avec les collègues du jour. Cela se traduit par une fatigue mentale importante et un relâchement inévitable sur le rendu du travail.

 

 

« T’embête pas à remettre bien les poubelles », me conseillait un intérimaire arrivé au terme des dix-huit mois durant lesquels il a travaillé à la Rimma, sans être embauché. « Tu les vides, et tu les remets, comme ça, c’est bon. Je suis appelé pour boucher les trous, je veux bien faire le travail. Je vide bien la poubelle, mais ça va pas plus loin. Je serai pas payé plus. » La politique de l’entreprise est de faire constamment appel à de nouveaux intérimaires plutôt que de titulariser les précédents.

 

Les tournées spéciales hôpitaux

« Tu vas voir, un peu plus loin, t’auras une benne remplie de pots de sperme de cheval. » À l’arrière du camion-benne, Wilson, un intérimaire d’une vingtaine d’années, m’avertit alors que nous longeons les immenses bâtiments d’un lycée agricole. C’est aussi ça, la réalité du métier. À côté des laboratoires où sont tentées des expériences scientifiques en journée, des traces d’un blanc douteux se sont formées autour des sacs poubelles posés à terre. De longues traînées laiteuses persistent sur les parois de la trémie qui emporte des dizaines d’éprouvettes toutes ouvertes et pleines. Il faut faire fonctionner la presse du camion des dizaines de fois pour que tout soit enfin avalé. Gloups ! Moi qui étais déjà écœuré par les cendres d’un chat que j’avais avalées en soulevant le couvercle de la poubelle d’une clinique vétérinaire, me voilà servi.

Les anciens ne sont pas impressionnés par ces histoires d’animaux. Eux ont connu les tournées spéciales hôpitaux. « C’était au temps où la Rimma travaillait avec Onyx [l’ancêtre de Veolia Propreté], se souvient l’un d’eux. Il y avait des camions fait exprès pour ramasser les “déchets organiques” de tout Nancy. Ils pouvaient contenir des restes de placentas, d’embryons... bref, des restes humains. » Un jour, un éboueur est même tombé sur un bras humain.

La « purée » jaillie des poubelles

La vue n’est pas le seul sens mis à rude épreuve. L’odorat et le toucher le sont aussi. Beaucoup de sacs poubelles, une fois compressés sous l’effet de la presse, explosent et délivrent le jus contenu à l’intérieur, parfois en plein sur le visage du ripeur accroché à l’arrière du camion. Du lait caillé, même largement périmé, passe encore. Mais la « purée » jaillie des poubelles d’une maison de retraite, elle, est vite insupportable.

Pire que les fonds de poubelles, l’éboueur est confronté à de nombreux dangers. L’un a eu la main entaillée par un couteau, lorsqu’il était intérimaire dans les années 1990. Cicatrice à vie. Un autre a eu très peur à cause d’une seringue. Une simple inhalation d’un bio-aérosol, et ce sont des problèmes pulmonaires, gastro-intestinaux et cutanés, qui peuvent s’ensuivre. Un malheureux contact avec des moisissures peut entraîner des réactions allergiques [4]. Rien qu’une poussière peut provoquer un décollement de la rétine. « Ce n’est même plus rouge qu’il était, mon œil... », me racontait un intérimaire.

Évidemment, les dangers ne se trouvent pas uniquement au fond des poubelles. Après s’être pris une seringue dans la main, un jeune intérimaire a cumulé, à lui seul, une cheville foulée sur une bordure, lors d’un « coup de bourre » (deux mois d’arrêt), et une douleur inquiétante au cœur, accompagnée de suées (deux jours d’arrêt). Malchance ou conséquence du rythme qu’il faut tenir ?

Espérance de vie limitée

D’après le responsable d’exploitation de la Rimma, les accidents sont, la plupart du temps, causés par des personnes extérieures à l’entreprise. En 2013, un chauffeur passablement éméché s’est encastré à l’arrière du camion-benne, encastrant un ripeur entre le capot et la benne. Après avoir passé un long moment dans le coma, le ripeur a subi de nombreuses opérations, notamment des poses de broches et des greffes de peau. Même s’il peut marcher avec des béquilles, aux dernières nouvelles, il serait toujours handicapé. C’est l’accident le plus grave survenu dans l’entreprise, qui affirme que les accidents ne cessent de diminuer.

L’entreprise fait bien de mettre en avant le taux d’accidentologie des éboueurs, bien moins frappant que l’espérance de vie pour mesurer la dangerosité du métier. Une enquête de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, réalisée en 2004 [5], révélait que l’espérance de vie des éboueurs « à 60 ans est de 16 ans et se situe en dessous de celle des hommes ouvriers non qualifiés en France (17 ans), et loin derrière celle de l’ensemble de la population masculine au même âge (19,4 ans) ».

La libération du petit jour

« Quand on commence la tournée, la nuit nous appartient. Dans les rues vides, on a le sentiment de dominer la ville », m’avait confié un chauffeur-ripeur avant que j’entre moi-même à la Rimma. Cette domination de la ville, endormie, majestueuse, et de ses insoupçonnables paysages aux reflets hallucinés, au goût crépusculaire, je la ressens aussi en voguant à travers les boulevards. Le soir, les collectes d’ordures t’emmènent là où la concentration urbaine est la plus dense, Nancy et sa couronne incluant Vandœuvre-lès-Nancy. Parfois, tu as l’impression de pouvoir tutoyer la lune, cheveux dans le vent au-dessus des routes, accroché à la barre du camion, puissant face à la nuit.

Le matin, tu ramasses les poubelles des petits patelins du Grand Nancy. Et tu espères que les premiers rayons du soleil, gris et timides, se pointent pour te délivrer du brouillard infini et te réchauffer l’âme. C’est la libération du petit jour. Ce sentiment de liberté est sans doute renforcé par la petite marge de manœuvre que l’entreprise concède aux chauffeurs-ripeurs, et qui leur permet de passer par telle rue plutôt qu’une autre, ou de finir la journée dès la tournée achevée, quel que soit le temps mis pour y parvenir (la règle du « fini-parti »).

Mais en réalité, rien n’est laissé au hasard dans le métier d’éboueur. Les initiatives sont limitées, et la liberté n’est qu’apparente. Les tournées sont découpées, chronométrées. Si elles changent, c’est plus souvent pour les allonger que l’inverse. Un jour, un chauffeur me demande de ne pas courir sur une tournée de déchets recyclables, pour éviter que la direction décide, en voyant son camion rentrer en avance, de lui retirer l’un des deux ripeurs...

Suppression de tournées et d’acquis sociaux

Le seul client de la Rimma, celui qu’on ne cesse d’évoquer pour justifier la qualité et la quantité de votre travail, c’est la communauté urbaine du Grand Nancy. Cette dernière instaure un véritable contrôle sur la qualité du service de collecte des déchets, et dispose même d’une liste de pénalités et de sanctions financières en cas de manquements de l’entreprise. Mais sa recherche constante d’économies budgétaires l’amène à dégrader les conditions de travail des employés de la Rimma. Des dégradations qui se répercutent sur le service rendu aux usagers. En 2013, l’appel d’offres a permis de diminuer de 5 % la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM). Un nouveau contrat signé au prix de la suppression de cinq tournées d’ordures ménagères et d’acquis sociaux.

Cette contradiction venue d’en haut ruisselle dans les décisions prises à la Rimma. Ainsi, entre les règles qu’elle met en place et la réalité du terrain, le fossé est parfois large. « Vous n’avez pas le droit de courir, c’est interdit. Ce qu’on vous demande d’adopter, c’est la marche rapide », expliquent les formatrices aux futurs intérimaires dès la session de recrutement à Adecco. « Un jour, je me suis fait engueuler parce qu’un chef m’a vu en train de courir. Alors on se dit : “c’est bon, à partir de maintenant, on ne court plus”. Mais après ça, voilà qu’on était trop lent... », commente-t-on à l’arrière du camion-benne.

 

 

Augmentation de la cadence, augmentation de la durée des tournées aussi. Lors de mon expérience à la Rimma, de nombreux éboueurs se plaignaient du passage de cinq jours de 7 heures de travail à quatre jours de 8 heures 45 minutes et des tournées interminables. La communauté urbaine, toujours dans l’objectif de réaliser des économies, a réduit le nombre de collectes des déchets ménagers de Nancy (hors hypercentre) à deux par semaine – contre trois précédemment. Conséquences sur les employés ? « Les deux premiers jours de la semaine, des éboueurs travaillent jusqu’à 10 heures de suite au lieu de 8 heures », s’alarment les représentants du syndicat Force ouvrière. Et de décrire des tournées du soir (18 h 45) qui débordent parfois sur celles du matin (4 heures). Autre débordement, inévitable : celui des poubelles dans les rues... De plus en plus pleines à ras-bord !

 

La logique du bouc émissaire

Alors que les actionnaires de Veolia se sont accaparés 90 % des bénéfices de l’entreprise en 2012 (lire notre article), la logique du bouc émissaire semble omniprésente chez les éboueurs. « De toute façon, pour moi les Roms, les branleurs, les assistés, je les mets tous dans le même sac », dit un chauffeur. Une bonne partie des éboueurs regroupent, dans leur imaginaire, tous ceux qu’ils considèrent comme inférieurs à eux sur l’échelle sociale (étrangers, habitants de banlieue, bénéficiaires de minima sociaux), un mécanisme de défense qui a pour but de laisser la position de rebuts sociaux aux autres. « Tu sais, la Marine, je voudrais bien qu’elle passe pour voir ce que ça donnera », me confie un titulaire, qui n’a pourtant jamais voté. Un faux espoir auquel se raccrochent la majorité des éboueurs, moins par soutien au Front national que par écœurement de « la droite et la gauche, toujours la même chose... ».

La tournée va bientôt se terminer. L’intensité redouble : sauter du marchepied, petite foulée, agripper les éco-sacs, par grappes si possible, un nœud enroulé à chaque doigt, les jeter dans la trémie, remonter sur le marchepied. Et ainsi de suite. Monter et descendre frénétiquement du camion, coup d’œil à droite, coup d’œil à gauche, traverser, prendre de l’avance, gagner du temps, jusqu’à la délivrance. De retour à la Rimma, jambes flageolantes, ventre en sanibroyeur, tu t’apprêtes à repartir chez toi. Mais le chef de collecte t’annonce que, manque de bol, ce matin, on a encore besoin de toi pour un remplacement. Tu es reparti pour un tour, deux bonnes heures au moins. Et tu te dis que certains anciens font ça depuis dix, vingt ou trente ans.

Franck Dépretz

 

Franck Dépretz est journaliste. Il a fondé le journal Le Nouveau Jour J, « Le journal nancéien pas encore vendu au Crédit mutuel ». La banque possède en effet tous les journaux de l’est de la France. « Si l’enquête fouillée et le reportage de terrain remplissent nos colonnes, le second degré, l’ironie et l’auto-dérision restent la marque de fabrique de notre canard. » Pendant quatre mois, Franck Dépretz a travaillé en tant qu’éboueur intérimaire. Le dernier numéro du Nouveau Jour J raconte son aventure. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site Internet du journal.

Photo de Une : CC Bernard Laguerre
Photo de l’article 1 : CC Yann Garr
Photo de l’article 2 : Pixabay

Notes

[1160 salariés, en tout, si l’on ajoute les personnels d’encadrement et les employés de l’atelier mécanique. Chiffres de 2014 qui n’incluent pas les intérimaires.

[2Régie industrielle municipale mixte d’assainissement, créée à la fin des années cinquante.

[3On parle de moins en moins d’éboueur dans le jargon. Un terme anglais plus technicisé le remplace petit à petit : ripeur. Dans La révolution des métiers (Presses universitaires de France, 2002), Françoise Piolet écrit à ce sujet : « Au XIXe siècle, l’éboueur est un fermier. Il récupère les “gadoues” pour en faire des engrais. La morale hygiéniste de l’époque propage une image négative du métier. Pour la changer il faut une rupture symbolique forte. Elle intervient dans les années 1980 lorsque les éboueurs deviennent ripeurs. Ripeur est un vocable utilisé dans les mines pour signifier le geste du glissement d’un fardeau sur des supports. C’est un terme technique qui suppose un geste professionnel et non plus un mouvement “vulgaire” à la portée de tous. En outre, c’est un mot neutre n’appartenant pas au vocabulaire des déchets : il n’évoque plus la boue mais son contenant, la benne. »

[4Serge Volkoff, « “Montrer” la pénibilité : le parcours professionnel des éboueurs », Actes de la recherche en sciences sociales, numéro163, 2006/3.

[5« Ripeurs : la pénibilité d’un métier passée au crible », Travail et changement, numéro 294, février/mars 2004. Cité par Thierry Morlet dans Les Travailleurs des déchets, éditions Érès, 2011.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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8 novembre 2015 7 08 /11 /novembre /2015 20:32

 

 

Non, les patients ne sont pas d'affreux fraudeurs !

Ce sont les professionnels de la santé qui restent, hélas, les plus versés dans la fraude à l'Assurance maladie. Dispendieuses dérives...
 
Nicolas MESSYASZ/SIPA
 

Les tricheurs ont la santé. Jamais la fraude aux prestations d'assurance maladie n'a été aussi élevée : en 2014, 196,2 millions d'euros indûment facturés ont été détectés, comme l'ont révélé . Un chiffre en hausse de 17 % par rapport à l'année précédente. Contrairement à une idée tenace, les malades n'arnaquent pas la Sécu. Moins de 20 % des fraudes sont à mettre à leur compte, soit 38,8 millions d'euros. Une paille par rapport aux sommes détournées par les professionnels et les établissements de santé. En 2014, 73,1 millions d'euros de fraudes ont été repérés chez les premiers (soit 37 % du montant total), accumulés à coups de visites à domicile fictives, par exemple, et 52,6 millions chez les seconds (27 %), grâce, semble-t-il, à une optimisation du codage des actes.

Depuis le milieu des années 2000, les hôpitaux sont payés en fonction du nombre de gestes médicaux réalisés. Chacun est codé et correspond à un niveau de remboursement par l'Assurance maladie. Cette tarification à l'activité (T2A) pousse à multiplier les examens et opérations pas forcément utiles dans les blocs... ou sur le papier seulement. Certains établissements ont d'ailleurs fait appel à des prestataires privés spécialisés dans cette optimisation du codage pour réétudier tous les dossiers des patients. Avec la tentation de coder plus pour gagner plus. Face aux dérives des uns et des autres, l'Assurance maladie s'est armée de nouveaux outils pour pincer les tricheurs et, éventuellement, les faire rembourser.

En 2014, toujours selon les Echos, les sanctions financières ont atteint à peine plus de 12 millions d'euros

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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8 novembre 2015 7 08 /11 /novembre /2015 20:14

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Comment le Benelux a bloqué toutes les décisions contre les paradis fiscaux

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Deux hommes ont organisé l’opposition à tout changement dans la lutte contre les paradis fiscaux : Jean-Claude Juncker, ancien premier ministre du Luxembourg et actuel président de la Commission européenne, et Jeroen Dijsselbloem, ministre hollandais des finances et président de l’Eurogroupe.

 

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ancien premier ministre du Luxembourg, a toujours affirmé que le Luxembourg ne s’était jamais enrichi « au détriment de ses voisins » et notamment n’avait jamais encouragé l’évasion fiscale. Et pourtant.

Dans une très longue enquête, les journalistes du Spiegel, qui ont eu accès à des centaines de documents du comité fiscal européen et du groupe européen de travail sur les questions fiscales, constatent le contraire. Ces documents, écrivent-ils, « démontrent combien l’écart est grand entre les paroles et les actes sur les sujets de politiques fiscales européennes, en particulier lorsqu’il s’agit du dirigeant luxembourgeois, qui a été une figure déterminante de la politique financière européenne, pendant des années ».

Mais l’enquête du Spiegel apporte de nouvelles révélations qui pourraient se révéler embarrassantes. « Il n’y a pas que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker (...). Un autre personnage important au sommet de l’institution européenne se retrouve désormais à devoir répondre à des questions dérangeantes : le ministre hollandais des finances, Jeroen Dijsselbloem. Même après avoir accédé à sa position actuelle de président de l’Eurogroupe, son pays a continué de bloquer tout appel au changement », écrit le Spiegel.

Chaque fois que le groupe de travail sur la fiscalité a proposé des changements, le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas les ont tués dans l’œuf avec succès, selon l’hebdomadaire allemand. Les représentants du Benelux coordonnaient leurs interventions en se retrouvant auparavant.

Lire dans le Spiegel

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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8 novembre 2015 7 08 /11 /novembre /2015 20:07

 

Source : http://www.rue89strasbourg.com

 

 

  • 22:12
  • 6 novembre 2015
  • par Pierre France
Après une action de militants contre une banque, la police arrête… un journaliste
 
 
 

Les militants d'ANV COP21 à la sortie du crédit agricole. Pas de chance, c'est le journaliste qui s'est fait prendre? (Photo collectif ANV COP 21)

Les militants d’ANV COP21 à la sortie du crédit agricole. Pas de chance, c’est le journaliste qui s’est fait prendre (Photo collectif ANV COP 21)

Un journaliste collaborateur de Rue89 Strasbourg, Gaspard Glanz, a été arrêté par la police et placé en garde à vue alors qu’il filmait l’action d’un collectif dénonçant l’évasion fiscale.

À l’approche de la conférence mondiale sur le climat COP 21, la police semble plus tendue qu’à l’accoutumée. En témoigne la mésaventure qui est arrivée à Gaspard Glanz, journaliste et collaborateur régulier de Rue89 Strasbourg. Il a été arrêté et placé en garde à vue pendant 18 heures alors qu’il était en train de réaliser un reportage sur une action « de désobéissance civile » du collectif Action non violente COP21, vendredi 6 novembre.

Cette opération nationale visait à voler des chaises dans les banques françaises pour dénoncer l’évasion fiscale des banques ou de leurs filiales. Ces pratiques « [nuisent] aux efforts engagés dans la lutte contre le changement climatique » dixit le collectif, à un mois de la conférence des nations unies sur le climat (COP 21) de Paris.

Une poignée de minutes

À Strasbourg, 14 militants se sont rendus à l’agence du Crédit agricole, place de l’Homme de Fer, en fin d’après-midi. Après une brève confrontation avec les employés à l’extérieur, les manifestants se sont emparés de plusieurs chaises. Ils ont brièvement fait une déclaration dessus leurs prises et devant les passants avant de se disperser à l’arrivée des forces de l’ordre. Ils n’ont finalement réussi qu’à conserver une seule chaise. D’après un participant, tout a duré une poignée de minutes.

Alors que Gaspard était en train de filmer la scène, des policiers se sont rabattus sur lui et l’ont emmené dans l’agence bancaire. Lors du contrôle d’identité, Gaspard Glanz a indiqué aux agents de police qu’il était journaliste. On lui demande sa carte de presse mais gérant d’une agence de presse, il n’en a pas puisqu’elle est réservée aux salariés. Un policier lui répond que s’il n’a pas de carte de presse, il n’est pas journaliste, ce qui est faux.

On lui demande alors de montrer les images qu’il avait commencé à enregistrer. Devant son refus, il est emmené à l’Hôtel de police et placé en garde à vue à 17h45 pour « vol en réunion ». Arrivé au commissariat, son sac contenant sa caméra lui est retiré. Après un procès verbal qu’il n’a pas le temps de lire, il est emmené vers 18h30 dans une cellule du sous-sol du commissariat.

18 heures de garde à vue… pour rien

Avisés par la police en tant qu’employeur, nous confirmons auprès d’un officier de permanence la profession de Gaspard Glanz et les raisons pour lesquelles il était présent au moment de l’action du collectif. Nous demandons dès cet instant sa libération mais on nous répond que « l’enquête suit son cours ».

La veille à Bordeaux, un militant a passé 7 heures en garde à vue après une action similaire à la Société générale. Gaspard Glanz sera finalement gardé à vue 18 heures dans les geôles de l’Hôtel de police pour n’être libéré que vers 8h samedi. Les policiers lui rendent son sac, mais refusent de lui restituer sa caméra. Il constate à cet instant que l’écran de contrôle est brisé. Aucune charge n’est retenu contre lui, aucun document justifiant la réquisition de son matériel ne lui est communiqué, malgré sa demande. Il n’aura eu accès à aucun avocat.

Au nom de Rue89 Strasbourg, nous dénonçons l’entêtement des policiers à aller jusqu’au bout de la procédure alors qu’il était clair dès les premières minutes que Gaspard Glanz n’était pas impliqué dans l’action visant l’agence du Crédit Agricole. Nous ne comprenons pas bien pourquoi il a été jugé utile de le priver de sa liberté, de le ficher et de lui faire subir toute la violence d’une garde à vue nocturne. Nous dénonçons également l’exploitation des images filmées par la police, ce qui nous semble être une violation du droit de la presse.

 

(dernière mise à jour samedi 7 novembre à 21h)

 

Source : http://www.rue89strasbourg.com

 

 

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8 novembre 2015 7 08 /11 /novembre /2015 18:47

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Désobéissance civile

Sept heures de garde à vue pour avoir dénoncé les paradis fiscaux

par

 

Sylvie* ne s’attendait pas à trouver la brigade anti-criminalité devant son domicile. Ce 5 novembre, à 11h, cette femme de 59 ans est arrêtée et placée sept heures en garde à vue. Motif : sa participation le matin même, avec 21 autres militants, à une réquisition de cinq chaises dans une agence de la Société générale de Bordeaux. Un braquage citoyen : cette action répond à un appel à la désobéissance civile, lancé par plusieurs personnalités, pour « en finir avec l’évasion fiscale » et dégager des financements publics « pour des politiques de transition écologique et social » [1].

L’objectif est de réquisitionner 196 chaises au sein des banques qui comptent des filiales dans les paradis fiscaux : une chaise pour chaque État et groupe d’États représentés au sein des négociations sur le climat lors de la COP21. Les chaises « réquisitionnées » serviront à organiser une action pour dénoncer l’immobilisme des États et mobiliser les citoyens sur le sujet. Pourquoi la Société générale est-elle visée en particulier ? Selon le Tax Justice Network, la banque française a « multiplié par trois le nombre de ses filiales situées dans des paradis fiscaux », détenant désormais 787 sociétés « offshore », rappellent les Amis de la Terre dans un communiqué (lire notre enquête : Évasion fiscale, fraudes et manipulations : découvrez le casier judiciaire de votre banque).

« Les moyens déployés pour des chaises sont ahurissants »

En réaction à la réquisition de ses chaises, l’agence bordelaise a déposé plainte pour « vol en réunion », indiquent les policiers de la Bac à Sylvie au moment de son arrestation. Elle est la seule militante interpellée à l’issue de l’action, réalisée une heure plus tôt à visage découvert. Propriétaire de la camionnette dans lequel ont été placées les cinq chaises, elle a probablement été identifiée par sa plaque d’immatriculation. « La seule question qui préoccupait la police, c’était qu’elle puisse donner l’identité des gens ayant procédé à la réquisition des chaises », indique un proche, contacté par Basta !. « Elle a rappelé qu’elle agissait dans le cadre d’une action civique et citoyenne et n’a pas donné les noms. Ils sont revenus à plusieurs reprises pendant la garde à vue lui poser la même question. »

Une perquisition de son domicile, en présence de Sylvie, a lieu l’après-midi en vue de vérifier si les chaises sont chez elle. Aucune ne s’y trouve. Sylvie est finalement libérée à 18h sans poursuite immédiate. La police annonce continuer l’enquête pour identifier les mystérieux participants à l’action et retrouver le précieux butin... « Les moyens déployés suite à cette réquisition de chaises sont ahurissants », déplore son entourage. « On aimerait une réaction aussi incisive pour lutter contre l’évasion fiscale. » En France, la fraude fiscale représente un manque à gagner pour les fonds publics de 60 à 80 milliards d’euros, et atteindrait 2000 milliards d’euros au niveau européen.

Vingt réquisitions similaires de chaises ont été menées dans des agences de BNP ou de HSBC, pour un butin de 109 chaises. Avec un message : « L’argent pour le climat existe, il est dans les paradis fiscaux ». Les dangereux braqueurs à visage découvert de ces précédents hold-up ont été convoqués à de multiples reprises au commissariat, en particulier les militants de l’association Bizi !, à Bayonne, suite à une réquisition au sein d’une agence HSBC. « On attend de voir quand la police mettra les mêmes moyens pour lutter contre les banques qui organisent l’évasion fiscale et qui privent les finances publiques de milliards d’euros. On voit qu’il y a deux poids deux mesures selon qu’on réquisitionne des chaises à visage découvert, où qu’on vole des milliards », s’insurge Jon Palais, porte-parole d’Action non-violente COP21.

@Sophie_Chapelle

*Le prénom a été modifié

[Mise à jour le 6 novembre à 12h30] Deux nouvelles actions des faucheurs de chaises ont eu lieu ce matin, l’une à Marseille et l’autre à Nancy, portant le compteur à 132 chaises sur les 196 visées.

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8 novembre 2015 7 08 /11 /novembre /2015 18:36

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Un «Mouvement commun» pour dépasser les vieux partis de gauche

|  Par stéphane alliès

 

 

 

Le député socialiste Pouria Amirshahi lance ce dimanche le « Mouvement commun », qui espère être une plateforme de « reconquête idéologique » rassemblant responsables politiques de tous bords à gauche, militants associatifs et syndicaux, et citoyens. Pour Mediapart, il explique les contours et l'ambition de cette nouvelle organisation, loin du « poison de la présidentielle » et avec Podemos comme modèle assumé.

 

Il ne veut pas que ce soit un parti de plus, mais un endroit où « il faudra que les militants habitués au militantisme aient l’humilité de laisser la place aux autres ». Ce samedi, Pouria Amirshahi lance le « Mouvement commun » à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à la suite d'un appel signé pour l'heure par 1 500 personnes (lire la boîte noire en pied de cet article), au milieu desquelles on retrouve pêle-mêle des acteurs associatifs et syndicaux, des universitaires ou des artistes, aux côtés de simples citoyens et de personnalités politiques de tous bords (notamment Pierre Laurent, Clémentine Autain, Cécile Duflot, Christian Paul ou Édouard Martin).

Le député, en rupture de ban du parti socialiste (il vient de voter contre le budget actuellement en cours de discussion), entend participer au « dépassement » des partis actuels, dont il juge « les appareils fatigués et fatigants », que ce dépassement survienne avant ou après la prochaine présidentielle. À ses yeux, « il ne s’agit plus de proclamer et de répéter qu’il faut relire Gramsci et mener la bataille culturelle, il faut s’y mettre et faire contre-culture ». Et pour cela, estime-t-il, « il faut s’adosser à des idées et des expériences réelles, et plus à une partie de baffes permanente entre la vraie gauche, même si elle a raison, et la gauche qui a trahi ». Entretien.

 

 

Vous lancez le « Mouvement commun » ce dimanche à Montreuil. Quel est son objectif ? Un futur parti, un club de réflexion ou un sas vers autre chose ?

C’est un mouvement politique sans visée électorale pour l’instant. L’idée part du constat que dans nos démocraties libérales (au bon sens du terme), nos gouvernants sont désormais incapables de faire face aux possédants. On est en train de passer d’un système délégataire à un système confiscatoire, des pouvoirs comme des richesses. Il faut donc faire à côté, presque sans, en demandant aux citoyens, élus ou non, de se retrousser les manches et de mettre leurs idées dans un pot commun pour dessiner la France de demain. Il nous faut définir nos causes communes dans un pays qui ne semble plus en avoir, et se réapproprier des biens communs aujourd’hui confisqués, pour dessiner une nouvelle radicalité démocratique.

Il ne s’agit pas d’ériger en théorie la rancœur et l’impatience grandissantes contre ces effets de domination, mais de construire un mouvement massif, créatif dans ses propositions, positif et bienveillant, et dont l’objectif devrait être de construire une plateforme, qui devra inspirer la société mobilisée. Il ne s’agit plus de proclamer et de répéter qu’il faut relire Gramsci et mener la bataille culturelle, il faut s’y mettre et faire contre-culture, en contestant la pente dangereuse du repli sur soi et des concurrences, en remettant au goût du jour les solidarités actives, les nouveaux combats écologiques et numériques… Ça prendra du temps, et le Mouvement commun doit s’inscrire dans le temps long de la reconquête du pouvoir.

 

Vous parlez de redéfinition de « causes communes » et les premiers signataires “politisés” vont du Front de gauche aux frondeurs, en passant par EELV et des socialistes disant appartenir encore à la majorité gouvernementale. Mais est-ce qu'aujourd’hui, avec l’orientation politique du pouvoir actuel, la gauche peut encore être commune ?

Avec le gouvernement actuel et son orientation, je n’y crois pas. Mais avec les bonnes volontés d’où qu’elles viennent, oui. Par exemple, Mao Péninou (adjoint PS d’Anne Hidalgo) ou Laurent Grandguillaume (député PS de Côte-d’Or), ce sont d’abord des militants de la cause démocrate, qui font preuve d’audace dans leur travail d’élu au quotidien. Ils ne sont pas au garde-à-vous du gouvernement, mais des relais de la société civile. Il y a des intelligences et des dynamiques innovantes dans tous les partis. Ce qui compte, c’est la sincérité, que l’on soit issu du communisme ou du socialisme républicain, du chevènementisme ou de l’écologie libertaire. Car reformuler un projet politique en plantant son drapeau et en assénant ce que doit être la gauche pure et véritable, ça fatigue tout le monde et ça ne marche pas.

Maintenant, il ne faut pas se tromper sur la part qui va être dévolue au politique dans ce mouvement. La grande majorité des signataires sont d’abord des acteurs de la société mobilisée : des représentants associatifs, de simples citoyens aux profils sociologiques divers, des élus locaux qui sont dans l’expérimentation démocratique. Ils ne se situent pas forcément dans l’échiquier partisan de la gauche, et sa recomposition ne les intéresse pas. Mais ce qu’il y a de commun à tous, c’est la volonté de discuter de la France telle qu’on veut la voir et de ne pas se résigner à la voir s’enlaidir et s’abîmer. Donc pour les politiques présents dans le « Mouvement commun », il s’agit d’être humbles, de se placer dans une logique d’égaux, et de se fondre parmi les autres.

La plus grande difficulté n’est pas, en réalité, d’additionner des points de vue de gauche, ni même d’en faire la synthèse. Le plus dur c’est d’arriver à se convaincre, dans une société qui ne cherche plus que le conflit. Il n’y a plus de maïeutique ni de débat argumenté, et c’est aussi cela qu’on doit retrouver. Prenons le débat sur les banlieues. Est-ce qu’on peut considérer, sans se sentir complice d’un quelconque communautarisme, que les jeunes des quartiers populaires relevant aujourd’hui la tête ont raison de le faire ? Je le pense. Mais on doit aussi être capable d’entendre ceux qui craignent, même si cette crainte leur a fait déserter le terrain, que des revendications sociales ne virent au communautarisme. Est-il possible d’en débattre ? Le Mouvement commun doit permettre de confronter et mettre en commun des points de vue qui ne sont pas forcément contradictoires.

Il va nous falloir proposer des changements d’angle dans la façon de se poser des problématiques, pour parvenir à se convaincre. Car si on ne se convainc pas, alors ce sera gauche libertaire contre gauche autoritaire, ou démocrates contre républicains. C’est-à-dire le type de clivages que veulent nous imposer aujourd’hui les grands médias et ceux qui gouvernent depuis si longtemps.

Vous étiez justement l’un des rares élus de gauche à avoir participé à la « marche de la dignité » samedi dernier. Cette mouvance militante a-t-elle sa place dans le « Mouvement commun », alors qu’elle cristallise des débats très vifs à gauche ?

Notre mouvement ne peut être « commun » que si toutes les expressions y ont leur place. À la fois ceux qui pensent que la laïcité, c’est l’expression de toutes les diversités et des identités singulières, mais aussi ceux qui pensent qu’elle est un ensemble de principes et de comportements qui seraient indiscutables. Paradoxalement, et personnellement, je procède un peu des deux écoles, mais sans me sentir tiraillé. Bien qu’issu de la fabrique à assimilation républicaine, alors que j’étais destiné à une république islamique [en Iran – ndlr], je vois bien que des millions de Français ne bénéficient pas de ce dont j’ai bénéficié. Les nouvelles classes populaires françaises issues de l’immigration ne le vivent plus ainsi, et il faut l’entendre.

Quoi que je pense de Tariq Ramadan, quand il fait un livre de dialogues avec Edgar Morin, ça fait avancer le débat intellectuel. Je n’ai jamais renoncé à me rendre au rassemblement commémorant le 17 octobre 1961, au prétexte que depuis dix ans les Indigènes de la République s’y rendent aussi.

Ceux-là même qui s’inquiètent de voir un certain nombre de partis ou de collectifs progresser et s’auto-organiser, ne peuvent s’en prendre qu’aux causes de cette progression, c’est-à-dire le recul de la République, de l’État et des partis dans les quartiers populaires. On me dit : “Attention, il y a du communautarisme !” Mais moi je n’ai vu à Barbès aucun communautarisme, ni aucune posture victimaire. Je n’ai vu que des Français, noirs, arabes et blancs, qui disaient “Non aux bavures policières”, “Non aux contrôles au faciès”, “Non aux discriminations incessantes”, “Non à l’effacement des mémoires immigrées de la mémoire nationale”.

À mon sens, ils ont raison. Il y avait des femmes voilées ? Et alors ? On a bien le droit de manifester dans ce pays, même avec un voile… Toutes proportions gardées, le 11 janvier, j’ai manifesté derrière des dictateurs. Ça s’appelle des contradictions secondaires, il y en a aussi dans les débats économiques et sociaux, et il faut les surmonter.

Admettons qu’il y ait une part de communautarisme dans cette mobilisation, on ne peut le balayer d’un revers de main, avec le ton professoral et docte de ceux qui sauraient ce qu’est la République. La lutte pour les droits civiques des Noirs américains était communautariste, comme celle des musulmans qui se regroupent en Inde dans certains États où ils sont persécutés, comme les Afghans qui se regroupent en Iran. On peut comprendre que l’on soit gêné par le repli communautaire, ou que l’on soupçonne une instrumentalisation identitaire. Mais il faut aussi comprendre qu’il s’agit de défenses immunitaires face à l’abandon républicain.

Je m’exprime là à titre personnel, mais je serais heureux si l’on pouvait débattre de tout ça posément dans le « Mouvement commun », sans se faire la leçon, et en évitant les dérives réactionnaires d’une partie de la gauche, mais aussi les dérives démagogiques d’une autre petite partie de la gauche, qui parfois est aveugle et a pu dans le passé soutenir l’ayatollah Khomeiny. La cause sociale ne justifie pas tout, mais le meilleur moyen d’empêcher les dérives, c’est d’occuper le terrain. À la manif, plusieurs amies organisatrices de la marche, qui sont de vraies militantes antiracistes, m’ont dit « Merci d’être là, mais où sont tes copains ? » S’ils avaient été là depuis longtemps, on n’aurait pas ces débats aujourd’hui.

 

© Capture d'écran du site lemouvementcommun.org

 

Concrètement, en termes opérationnels, comment va fonctionner le « Mouvement commun » ?

Ça s’inspire de Podemos, d’Obama et de mouvements français plus traditionnels. Le mouvement ne sera pas que dans la réflexion, mais aussi dans l’action, avec des campagnes de mobilisation. Charge aux membres de les définir, après s’être entendus sur une charte de principes (indépendance politique, bienveillance, parité, éthique…) et des statuts, mais aussi après avoir identifié ensemble des causes communes. Tout cela sera soumis à un vote électronique dans les mois qui viennent.

Il y aura aussi des groupes locaux, et ce sera très ambitieux, car il faudra que les militants habitués au militantisme aient l’humilité de laisser la place aux autres. La question du partage du pouvoir est essentielle. On ne convoque pas les citoyens seulement pour voter. Il n’est plus possible que des personnes qui ont le pouvoir, parce qu’on le leur a accordé, décident de tout à notre place. Si déjà ils tenaient leurs promesses, ils respecteraient leurs mandats. Mais au-delà, on ne peut plus admettre que la légitimité démocratique permette l’omnipotence, il faut mettre un terme à cette dérive. Le pouvoir que l’on donne n’est qu’un pouvoir que l’on prête. Sur ce plan, il s’agit de renouer avec les principes fondateurs de la Révolution française.

 

Est-il possible aujourd’hui de faire de la politique en faisant l’impasse sur la présidentielle de 2017 ? Cette échéance ne va-t-elle pas planer comme une épée de Damoclès au-dessus du « Mouvement commun » et altérer sa sincérité ?

La présidentielle est un poison. Les citoyens vont être convoqués à des élections auxquelles finalement ils ne croient que peu, et qui vont progressivement se résumer à un chantage au vote utile. Je trouve d’ailleurs de mauvais goût que ceux qui ont une responsabilité directe dans la croissance du monstre depuis tant d’années s’érigent désormais en rempart, sans se remettre en question.

Le paysage politique de 2017 se résume pour l’instant à des candidats soutenus par des appareils fatigués et souvent fatigants, qui proposent aux électeurs une série de mesures élaborées par quelques experts. Enfin, même si ce sont des millions de gens qui se déplacent aux urnes, ils n’ont pas d’autre choix que de confier toutes les clés du pouvoir à un seul individu, qui décidera au nom de la nation tout entière, mais tout seul, du destin de notre élan collectif. Et pour l’instant, le casting est peu séduisant et usé. Et puis on est lucide, on voit bien depuis plusieurs présidentielles que le piétinement de la démocratie est devenu normal.

Pour autant, j’ai bien conscience que 2017 est incontournable, et si quelques militants du « Mouvement commun » iront faire campagne pour l’un ou pour l’autre, j’espère que nous pourrons adresser une plateforme aux partis et aux candidats. Si elle pouvait être inspirante pour certains des candidats et contribuer à revivifier le débat démocratique ou à faire émerger de nouveaux visages, j’en serais ravi.

Mais 2017 n’est au fond pas le problème du « Mouvement commun », qui n’a pas à s’inscrire dans le strict agenda des échéances électorales, mais plutôt dans le temps long, celui de la reconquête du pouvoir et des idées. Car même si la gauche libérale-conservatrice conservait le pouvoir, ça ne réglerait pas les questions centrales de la réduction de la pauvreté, du “bien-vivre”,  de son rapport aux pays du Sud, ou des pannes démocratique et européenne… Pour nous, la présidentielle aura comme enjeu principal de parvenir à imposer des thèmes aux candidats, et pas le contraire.

Vous allez lancer une « web-télé », directement inspirée de Podemos…

On veut s’inspirer de tous ceux qui sont dans une démarche de « chercher la vérité et de la dire », comme disait Jaurès. Dans l’histoire militante de la gauche, il a toujours fallu se doter d’un outil de presse, pour faire une propagande de reconquête culturelle assumée comme telle. On veut faire une télévision qui soit le lieu de la confrontation entre ceux qui veulent faire « cause commune » et leurs adversaires, mais aussi entre ceux qui veulent faire « cause commune » eux-mêmes, pour donner à voir les paradoxes et les contradictions, afin de mieux pouvoir les surmonter. Cette « web-télé » se veut aussi un « anti-BFM », qui rechercherait le cheminement de la conviction et non le match de boxe entre postures, qui tournerait le dos à l’anxiété permanente ou à la complaisance à l’égard des pouvoirs. On fera aussi un « journal des bonnes nouvelles », qui promouvra toutes les expériences de contre-modèle possibles, en France comme à l’étranger.

 

Il y a deux ans, quasiment jour pour jour, le député socialiste que vous êtes expliquait dans Mediapart qu’il était temps d’amorcer un « autre chemin », et vous invitiez ceux qu’on appellera ensuite “les frondeurs” à refuser certaines orientations gouvernementales. Vous nous disiez alors : « On ne va quand même pas attendre cyniquement la catastrophe électorale, que tout le monde prédit. On peut encore l’éviter. » Vous le pensez encore ?

On a trop attendu, et c’est sans doute une des leçons à tirer de la période. Il se trouve que depuis, Manuel Valls, dans sa cohérence – car il n’a jamais caché ses opinions – a décidé de dérouler sans recherche de compromis une orientation qu’il croit juste. Et c’est une orientation à laquelle je ne crois pas, non seulement parce que je la trouve injuste, mais aussi parce qu’elle n’a jamais été discutée en amont. Il y a aujourd’hui deux points de vue à gauche. Le sien, qui considère qu’il faut libéraliser l’économie, admettre certains conservatismes d’ordre sociétal et s’en tenir non plus au socialisme, mais à une culture démocrate et d’ordre républicain. Et puis il y a une vision plus émancipatrice, plus écologique et au final plus moderne.

Objectivement, je veux juste poser quelques questions. Le nombre de chômeurs a-t-il augmenté ou reculé ? La pauvreté a-t-elle augmenté ou reculé ? Le Front national est-il en hausse ou en baisse ? La réponse est dans chacune de ces trois questions, et devrait quand même appeler à un peu d’humilité de la part de ceux qui gouvernent. Que tout ne soit pas à jeter, c’est une chose. Mais on ne peut pas aller contre la vérité, y compris la vérité électorale. Je ne sais pas ce que donneront les régionales, mais je sais quels ont été les trois précédents scrutins. À un bras d’honneur politique a été renvoyé un bras d’honneur électoral.

Objectivement, on est aussi obligé de constater que la réponse alternative de gauche à ce bras d’honneur n’a pas été opérationnelle non plus. Sauf à considérer que les électeurs sont des cons, on constate que ceux qui se déplacent encore pour voter à gauche le font un peu plus pour un PS dont ils sont déçus que pour d’autres partis. Peut-être que le rassemblement de toutes ces autres forces rééquilibrerait le rapport de force, mais il n’est pas à l’ordre du jour, si l’on en croit les dirigeants de ces partis.

Or il ne s’agit pas seulement d’avoir raison, il s’agit d’en apporter la preuve. Et on est confronté à une trop grande violence politique. Sans les mettre sur le même plan, les principaux responsables politiques, au gouvernement ou à la gauche de la gauche, de la droite ou du FN sont dans la violence verbale incessante. Et cela énerve chaque jour un peu plus un pays qui a envie d’apaisement, c’est d’ailleurs là-dessus que Hollande a gagné en 2012. Les postures martiales et les rancœurs haineuses fatiguent tout le monde et ne mènent nulle part. Elles doivent désormais se transformer en énergie positive. Mais pour cela, il faut s’adosser à des idées et des expériences réelles, et plus à une partie de baffes permanente entre la vraie gauche, même si elle a raison, et la gauche qui a trahi.

 

Vous êtes le seul député adhérent du PS à voter contre le budget. Allez-vous être exclu ? Et d’une façon plus générale, cinq mois après le congrès de Poitiers, et hormis pour préserver d’ultimes positions électorales, à quoi cela sert-il pour vous et ceux qui pensent comme vous de rester au parti socialiste ?

Concernant mon exclusion, comme il n’y a pas de précédent, il n’y a pas de raison de décréter qu’on exclut des gens en raison de leurs convictions, surtout quand celles-ci ne sont que la traduction littérale des orientations décidées par son propre parti. M’exclure reviendrait à reconnaître comme une faute la défense de décisions votées par les instances du PS le 27 juillet dernier, à propos de la politique économique du gouvernement. Les années précédentes, on avait obtenu la promesse d’un rapport d’évaluation des aides publiques aux entreprises. Dès lors que ce rapport n’existe même pas, et qu’on refuse toute discussion sur la pertinence de l’utilisation de l’argent public, il n’y a aucune raison pour que je ne vote pas contre le budget.

Par ailleurs, je ne fais pas de différence fondamentale avec ceux qui se sont abstenus, car le rejet de la pratique et de la méthode est le même. On ne peut pas dans le même temps répéter qu’il faut bien gérer l’argent public et le dilapider sans aucun contrôle. J’assume tranquillement cette divergence de vues avec Manuel Valls. Comme je ne lui reproche pas sa cohérence, qu’il ne me reproche pas la mienne. Je suis prêt à avoir le débat avec lui sur lequel des deux est le plus socialiste.

Alors pourquoi rester dans son parti, alors qu’il y a un désamour indéniable et que, 95 fois sur cent, un socialiste s’emmerde en militant ? À mon sens, l’essentiel est de continuer à se sentir libre. Les claquements de porte, c’est souvent beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Je préfère essayer de construire quelque chose d’autre, à côté, sans être dans la guerre des gauches. Aujourd’hui, il n’y a de toute façon pas de partis enthousiasmants. On est souvent dans un engagement qui est le fruit de sa première rencontre militante. Il se trouve que ma première rencontre a été avec des socialistes. Mais si cela avait été avec des trotskystes ou des écologistes, qui sait ce que je serais devenu.

Le mépris de certains socialistes vis-à-vis de partenaires de gauche, considérés comme des “minoritaires”, m’insupporte tout autant que la haine recuite de certains militants d’autres partis de gauche à l’égard de socialistes sincères, au prétexte qu’ils sont encore au PS. L’essentiel, quel que soit son parti, c’est d’être à l’aise au moment de défendre ses convictions. Mais de toute façon, tout ça ne durera pas et je suis persuadé que le dépassement de tous ces vieux partis est à l’ordre du jour, et surviendra bien plus vite qu’on ne le croit.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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8 novembre 2015 7 08 /11 /novembre /2015 18:19

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Politique

Vers un « mouvement commun » ouvert aux citoyens pour refonder la gauche ?

par

 

Un énième appel à refonder la gauche ? Pas si sûr. Le « mouvement commun » sera lancé ce 8 novembre à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Initié par le député socialiste Pouria Amirshahi, l’appel affiche de grandes « audaces démocratiques, sociales et écologiques ». Il ambitionne de « construire la France et l’Europe de demain » en inventant « un espoir commun, dans la délibération collective, plutôt que dans l’aventure personnelle ». Pas question, pour le député, de se lancer dans une vaine recomposition d’appareils politiques en déliquescence. « Ce n’est pas un parti de plus, mais un mouvement politique », assure à Basta ! Pouria Amirshahi. « Aller sur le terrain de la compétition électorale est à mon avis contre-productif. » Et ce, quels que soient les résultats des élections régionales et la configuration des scrutins présidentiels en 2017. Le député frondeur veut au contraire « prendre du temps ». Malgré les débâcles annoncées.

Et c’est peut-être ce qui fait le succès initial de l’appel. Signé par plus de 1500 personnes en cinq jours, il réunit déjà des militants et des personnalités de presque toute la gauche : des socialistes critiques (Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann…), des élus d’Europe Ecologie Les Verts (Cécile Duflot, Julien Bayou, Sergio Coronado, Noël Mamère…), du Front de gauche ou de ses composantes (Pierre Laurent notamment), des membres de Nouvelle Donne… Malgré la sympathie d’Olivier Besancenot pour l’initiative, il manque encore le NPA. L’enjeu : ne pas se limiter aux adhérents des partis et œuvrer à une véritable ouverture vers les artistes, les scientifiques, les entrepreneurs innovants, les ouvriers solidaires, la « jeunesse en mouvement et en réseaux », ou les « acteurs de luttes sociales et culturelles ». « Les acteurs de la société civile sont plus nombreux », insiste Pouria Amirshahi. « Sociologiquement et géographiquement, les signataires sont très variés. »

 

« On a laissé aux commandes une gauche qui n’a plus d’idées »

Depuis le 21 avril 2002, nombre d’initiatives de ce type, à la gauche du PS, ont fait long feu. Après le fiasco de la tentative de candidature unitaire en 2007, rares sont les dynamiques qui ont connu un succès relatif. Elles s’inscrivaient le plus souvent dans une perspective électorale. Malgré les bons scores aux élections européennes de 2009 puis aux régionales de 2010, la stratégie d’ouverture des Verts à la société civile avec Europe écologie s’est vite diluée dans les batailles internes. Le Front de gauche demeure un fragile cartel d’organisations où priment les rapports de force entre appareils. Nouvelle Donne, lancée par Pierre Larrouturou, n’a pas obtenu le succès escompté par ses fondateurs, issus des collectifs Roosevelt. « A nous de nous servir des expériences des échecs passés », positive Pouria Amirshahi, qui souhaite rompre le cloisonnement entre « des politiques qui cherchent d’autres modèles mais réfléchissent à huis clos » et « des citoyens actifs mais isolés ».

« Ce n’est pas seulement un débat interne à la gauche française. Les gouvernements sont presque partout perçus comme pas sincères ou incapables. On a laissé aux commandes une gauche qui n’a plus d’idées ». Il dénonce une « logique confiscatoire des pouvoirs et des richesses » et « le délitement progressif d’un pays qui n’a plus de causes communes ». Mais « il ne faut pas se complaire dans la critique impuissante et triste. Les procès permanents ne mènent nulle part ». A l’instar de ce qu’avaient initié les fondateurs de Podemos en Espagne, le Mouvement commun espère lancer une télé Web où débats et « bonnes nouvelles » alimenteront la réflexion sur les « contre-modèles ». Parmi les exemples positifs cités par le député, la lutte victorieuse des ouvriers de Fralib, les expériences de réappropriation des biens communs, le groupe coopératif Chèque déjeuner, ou la démocratie participative mise en œuvre dans le village de Saillans dans la Drôme. « Mais il y a une vraie résignation. Je ne sais pas si ça va marcher », conclut le député de 43 ans. Il a en tout cas entrouvert une porte vers de nouvelles perspectives.

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

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