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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 14:33

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Géo-ingénierie

Modifier les océans, manipuler l’atmosphère : ces techniques qui visent à refroidir la terre

par , Sophie Chapelle

 

 

Gestion du rayonnement solaire, captation et séquestration du CO2 dans les océans ou dans le sol, ces technologies, dites de « géo-ingénierie », font partie des solutions étudiées par la communauté scientifique pour lutter contre le réchauffement du climat. Elles ont même fait leur entrée dans les négociations internationales et à la COP21. Sauf que le recul nécessaire à leur évaluation est insuffisant pour envisager de disséminer des produits dans l’atmosphère ou de manipuler l’environnement sans risques. Basta ! en partenariat avec La Revue Dessinée, à paraître le 4 décembre, a enquêté sur ces projets qui ne relèvent plus tout à fait de la science-fiction.

 

Un chiffre va être martelé dans les médias tout au long de la conférence de Paris sur le climat : + 2 °C. Soit le seuil limite d’augmentation de la température à ne pas dépasser par rapport à la période préindustrielle, afin de contenir les effets irréversibles du changement climatique. Dans les faits, les températures du globe ont déjà augmenté de 0,85 °C entre 1880 et 2012 [1]. La marge de manœuvre de l’humanité, d’ici la fin du siècle, n’est donc que de 1,15 °C... La partie est loin d’être gagnée, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). « Admettons que nous stoppions toute émission de gaz à effet de serre dans trois secondes : trois, deux, un... Maintenant ! Et bien l’augmentation des températures à la surface du globe ne commencerait à ralentir que dans dix ans, au minimum », résume une vidéo de DataGueule.

 

L’adoption de modes de vie très sobres apparaît donc essentielle mais insuffisante. En parallèle, le bilan des vingt dernières années de négociations internationales est catastrophique, avec une explosion des émissions de gaz à effet de serre en 2013 (lire notre entretien avec Amy Dahan). Dès lors, comment inverser la tendance ? Sur la Toile, un remède miracle est préconisé : « la géo-ingénierie ». Ce concept renvoie, selon le Giec, à « toute technique de manipulation délibérée et à grande échelle de l’environnement, dont le but est de contrecarrer le réchauffement climatique ». Certaines de ces techniques semblent tout droit sorties d’un livre de science-fiction, comme le montre notre enquête sur la géo-ingénierie à paraître le 4 décembre dans La Revue dessinée, brillamment illustrée par Sébastien Vassant.

 

 

La gestion du rayonnement solaire à l’étude

« Accorder une trop grande attention à ces projets pour les tourner en ridicule donnerait une image biaisée des programmes de recherche en géo-ingénierie », tient à nuancer Clive Hamilton, auteur du livre Les Apprentis sorciers du climat (éditions du Seuil, 2013) [2]. Olivier Boucher, climatologue au laboratoire de météorologie dynamique (CNRS/UPMC), fait partie des rares chercheurs en France qui étudient la géo-ingénierie, en vue de définir les potentiels et les risques inhérents au déploiement de ces techniques [3]. Il distingue deux classes de techniques de géo-ingénierie. D’abord, la gestion du rayonnement solaire, « qui consiste à rendre la Terre plus réfléchissante aux rayons du soleil, ce qui induit un refroidissement ».

 

C’est dans ce cadre qu’Olivier Boucher étudie dans son laboratoire l’injection d’aérosols dans la stratosphère. Il se base sur les observations passées et sur les modélisations. L’exemple souvent cité en référence est celui de l’éruption volcanique du mont Pinatubo, aux Philippines, en 1991. Les gaz projetés se transforment en particules et assombrirent suffisamment la Terre pour la refroidir d’environ 0,5 °C pendant une année. Avant que la situation ne revienne à la normale une fois le nuage de particules retombé au sol. Il serait donc possible de refroidir le climat. Mais à quel prix ?

 

Plusieurs études alertent sur les conséquences de l’injection intentionnelle et artificielle d’aérosols soufrés. Impacts sur le niveau de précipitations, altération de la couche d’ozone... « On se rend compte que l’on ne peut pas modifier quelque chose sans toucher autre chose », souligne Olivier Boucher, qui pointe d’autres failles. Imaginez que les gouvernements recourent à l’injection d’aérosols soufrés pendant plusieurs décennies, tout en poursuivant l’émission de gaz à effet de serre. « Que se passerait-il si l’on arrêtait soudainement la géo-ingénierie ? On verrait là un phénomène de “rattrapage climatique”, c’est-à-dire qu’en l’espace de une ou deux décennies, on rattraperait tout le réchauffement climatique évité auparavant avec la géo-ingénierie, analyse Olivier Boucher. Il y a donc un risque de changement climatique très élevé, avec des impacts importants et une adaptation beaucoup plus difficile. »

 

La captation et séquestration de CO2, solution miracle ?

Autres techniques de géo-ingénierie à l’étude, celles visant la captation et séquestration du CO2 de l’atmosphère. Des expérimentations ont été menées depuis les années 90 pour fertiliser ou modifier chimiquement les océans. Des tonnes de fer ont par exemple été déversées pour dynamiser la croissance des phytoplanctons, afin d’augmenter la captation de carbone organique. Mais, selon la Fondation sciences citoyennes, qui regroupe des chercheurs, toutes ces expériences ont montré des rendements extrêmement faibles – de l’ordre de 200 tonnes de carbone captées pour 1 tonne de fer déversée. « À ces niveaux de rendement, ce sont donc quelque 50 millions de tonnes de fer qu’il faudrait déverser annuellement dans les océans pour compenser les émissions humaines de carbone (autour de 10 gigatonnes par an) », analyse la fondation. De nombreux risques sont également pointés comme l’illustre cette planche extraite du prochain numéro de La Revue Dessinée 

 

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Plus connue et déjà mise en pratique, la reforestation fait également partie des techniques de capture et de séquestration de carbone. Les opérations telles que le parrainage d’arbres dans les pays du Sud sont particulièrement sponsorisées par les grandes entreprises pour compenser l’impact environnemental de leurs activités. Mais elles ont une limite : « ce puits de carbone n’est que transitoire puisqu’une fois arrivée à maturité, la forêt émettra autant de carbone qu’elle en absorbera », indique Olivier Boucher. Autre technique prisée : la capture et la séquestration de carbone dans le sol. D’anciens puits de pétrole, de gaz ou de charbon sont utilisés pour stocker le CO2 émis aux abords des usines, par exemple. Outre les risques de fuites observées notamment sur un site gazier à In Salah, en Algérie, les détracteurs pointent le coût élevé de cette technique.

La géo-ingénierie dans les négociations ?

Ces projets de manipulation délibérée et à grande échelle du climat ont récemment fait leur entrée dans les arènes des négociations internationales. Deux techniques de géo-ingénierie – la gestion du rayonnement solaire et l’élimination du dioxyde de carbone – ont été mentionnées dans le « Résumé à l’intention des décideurs » du rapport du Giec, rendu public en septembre 2013. Des climatologues reconnaissent à demi-mots que, pour ne pas dépasser un réchauffement de 2 °C d’ici la fin du siècle, plusieurs modèles avancent la nécessité d’émissions négatives vers 2080. Ce qui suppose de pomper du CO2 présent dans l’atmosphère et de recourir, de fait, à des techniques de géo-ingénierie.

 

Pour autant, le Giec apporte de nombreux bémols. « Il existe peu d’éléments permettant d’évaluer quantitativement et de manière complète [ces] techniques [...] ainsi que leur incidence sur le système climatique », note-t-il. Manque de connaissances, risques de « modification du cycle mondial de l’eau », « effets secondaires indésirables »... À l’heure où une réflexion éthique devrait accompagner les recherches sur la géo-ingénierie, seul un moratoire a été adopté en 2010 sur les expérimentations de fertilisation des océans. Si ce texte est un premier pas, il n’est pas contraignant. Et laisse la porte ouverte à la croyance qu’une régulation du thermostat de la planète est possible, sans même que les sociétés tentent au préalable de reprendre leur avenir en main.

 

Texte : @Sophie_Chapelle
Illustrations : © Sébastien Vassant / La Revue Dessinée

 

Retrouvez l’intégralité de notre enquête sur la géoingénierie dans le numéro 10 de La Revue Dessinée, diffusée dans les librairies à partir du 4 décembre. Ce sujet a été proposé initialement par la Fondation Sciences Citoyennes dont l’objectif est de stimuler le débat sur les questions technoscientifiques. Basta ! interviendra le 2 décembre de 18h à 20h au Place To Brief pour présenter cette enquête autour du thème "Quel est le rôle des technologies dans la transformation du monde ?”. Plus d’informations ici

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 21:58

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Agroécologie

Quand Pierre Rabhi explique comment sauver le monde

 
La première mission de l'agriculture n'est pas de produire mais de nourrir, ce qui est très différent. Célèbre pour son engagement en faveur d'une éthique de consommation respectueuse de l'homme et de la planète, l'agronome prédit le chaos rapide si persiste cette forme de croissance. Un cri d'alarme d'une lucidité glaçante.
 
Pierre Rabhi chez lui en Ardèche, en septembre 2013. ZEPPELIN/SIPA
 

La Terre. Il est des mots qui se suffisent à eux-mêmes pour décrire le réel. Tiens ! Le sol cultivable et la planète, à une majuscule d'écart, portent le même nom. Nous devrions être plus attentifs à ce genre de symboles. Or la terre, elle, se meurt. Malgré la suspicion que suscite l'évidence, qu'elle soit rétro, rance ou réac, notre monde est parvenu à une étape charnière où, faute de se soumettre, les puissances qui régissent nos destins devront disparaître. Ni Dieu, ni César, ni tribun, figure emblématique d'une conscience humaine gravée dans les valeurs de la biodiversité, Pierre Rabhi résume au travers d'un message simple et clair, comme cela n'a jamais été dit jusqu'à présent, une situation qui ne souffre, hélas, aucune controverse : si nous ne préservons pas ce qu'il reste de la mince couche de terre arable d'une quarantaine de centimètres à laquelle nous devons la vie, le genre humain disparaîtra. Une couche de terre non seulement nourricière, mais qui, depuis les temps préhistoriques, conditionne l'évolution sociale, politique et culturelle de l'humanité. «C'est à cette Terre Mère que nous devons les oiseaux du ciel, la beauté des fleurs, la majesté des arbres, les aurores, les crépuscules que nous pouvons admirer et tout ce qui nourrit notre univers intérieur en ces temps de sécheresse des esprits et des âmes», annonce Pierre Rabhi en avant-propos de l'Agroécologie, une éthique de vie, qu'il publie sous forme d'un entretien avec cet autre éminent agronome qu'est Jacques Caplat. Et de préciser : «Avec l'ère de la technoscience, de l'industrie lourde, de la productivité et de la machandisation sans limites de tout ce qui peut avoir une valeur, on ne voit plus dans la terre, les végétaux, les animaux, qu'une source de profit financier. Avec les semences standardisées, dégénérescentes, non reproductibles, les organismes génétiquement modifiés, brevetés, les engrais chimiques, les pesticides de synthèse, la monoculture, l'irrigation à outrance, le machinisme intensif, un processus meurtrier est déjà bien engagé.»

« L’agriculture moderne a porté gravement atteinte à l'intégrité physique, biologique, énergétique de la terre nourricière. »Mais Pierre Rabhi appuie là où ça fait mal, en ciblant le véritable coupable de cette calamité, la pugnacité du système néolibéral à se dépasser sans cesse : «L'agriculture n'a pas échappé à l'idéologie du productivisme qui caractérise l'obsession de la croissance et qui n'est rien d'autre que l'avidité humaine érigée en principe d'existence sur la planète entière. Suivant les processus et les mécanismes inspirés par la loi du marché et du profit illimité, l'agriculture moderne a porté gravement atteinte à l'intégrité physique, biologique, énergétique de la terre nourricière.»

Enumérant les fléaux consécutifs à cette financiarisation de la ressource, le philosophe pointe les effets dévastateurs de cette logique : «Le bilan économique, écologique et social, loin d'être positif, est dramatique : destruction de l'humus, des sols et de la vie, pollution des eaux, perte de la biodiversité domestique animale et végétale, disparition des vrais paysans, de leurs savoir-faire et de leur culture, dévitalisation de l'espace rural, avancée de la désertification, manipulation et brevetage des semences... Par ailleurs ce mode de production agricole se révèle être le plus onéreux, vulnérable et dépendant de toute l'histoire de l'agriculture. Avec les pratiques inspirées de l'industrie, plus de 15 000 l d'eau potable sont nécessaires pour produire 1 kg de viande. Il faut près 2 t de pétrole pour fabriquer 1 t d'engrais et jusqu'à 10 calories d'énergie pour obtenir une seule calorie alimentaire. Voilà où mène cette opération obstinée qui consiste à transférer le maximum d'énergie humaine vers l'industrie en produisant avec le minimum d'agriculteurs. La terre est vivante et ne peut donc subir toutes les exactions violentes sans de graves conséquences pour les générations à venir.»

Optimisation des ressources

A ce rythme de ravages, ce n'est ni une météorite qui sonnera le glas de la civilisation ni un gigantesque chaos climatique par elle provoqué, mais le déclin des ressources nourricières par la surproduction surconsommée. Les instances mondiales peuvent toujours s'affoler en convoquant des sommets de la bonne conscience où chacun s'engage à verser son obole, le processus enclenché est à la limite de l'irréversible si une main décidée n'appuie pas sans délai sur l'interrupteur. Sur cet enjeu Pierre Rabhi est formel : «L'impasse actuelle, qui dépasse largement la question agricole, est confirmée par tous les indicateurs possibles et peut susciter un sentiment d'impuissance. La perspective de notre extinction entre de plus en plus clairement dans la liste des probabilités. Le genre humain pourrait détruire la planète, mais le plus probable est que la nature nous survivra car elle n'a pas besoin de nous.» Une fois cette prédiction acquise, l'agronome humaniste lance un formidable défi en proposant un remède à ce sinistre diagnostic : l'agroécologie. Ce concept associe l'agronomie à l'écologie, c'est-à-dire le travail de la terre dans le respect de l'environnement. Plus qu'un programme et une méthode, plus qu'un processus et une vision, l'agroécologie est une éthique de vie. Sans entrer dans les arcanes de cette éthique, et en résumant à l'extrême, elle prétend nourrir l'humanité en évitant l'industrialisation de la terre par une optimisation des ressources à partir des atouts d'une agronomie durable aujourd'hui oubliés. Initié, engagé, impliqué dans cette expérience, maître en dialectique, concepteur de pratiques, Rabhi décrypte les grandes lignes de l'agroécologie dans son entretien avec Jacques Caplat.

Un petit ouvrage magistral et fondateur qu'il faudrait distribuer dans les facs et les écoles.En voici quelques éléments : «S'appuyant sur un ensemble de techniques inspirées des processus naturels comme le compostage, le non-retournement du sol, l'utilisation de purins végétaux, les associations de végétaux, l'usage des semences libres, reproductibles et transmissibles de génération en génération [aujourd'hui encadrées par une réglementation totalitaire et antilibérale], etc., elle permet aux populations de reconquérir autonomie, sécurité et salubrité tout en régénérant et en préservant leurs patrimoines nourriciers pour les transmettre vivants, et même améliorés, aux générations suivantes.» Et l'humble paysan ardéchois de poursuivre en légitimant le phénomène : «Même les grandes institutions internationales, après l'avoir négligée, handicapée ou récupérée, en reconnaissent aujourd'hui la puissance et la pertinence.» Preuve en est que, en septembre 2014, le Parlement français a adopté le programme d'agroécologie intégré par Stéphane Le Foll dans sa loi d'avenir de l'agriculture. Voilà, succinctement explicité, ce que raconte ce petit ouvrage magistral et fondateur qu'il faudrait distribuer dans les facs et les écoles. Pierre Rabhi porte en lui quelque chose de messianique. Il en a même un peu la gueule.

>> L'Agroécologie, une éthique de vie, de Pierre Rabhi, 80 p., 8 €.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 21:34

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

En images
Ils piratent les pubs parisiennes pour dénoncer les sponsors de la COP21
 

L’œil ne s’arrête pas. Il glisse, habitué, blasé, fatigué, sur l’affiche publicitaire dont émane une douce lumière blanche bien connue des citadins. C’est celle des abribus de JC Decaux, l’entreprise qui domine le marché de la pub sur mobilier urbain. Et puis, un drôle de sentiment invite à y revenir.

 
 
 

Et le nouveau slogan de Volkswagen, récemment épinglé pour une fraude au contrôle de pollution, semble soudain bien étrange :

« Roulez plus propre. Du moins en apparence. »

On lit alors les fines écritures du bas de l’affiche :

« Nous avons omis de lever le voile sur nos émissions de CO2 parce que le réchauffement climatique ne fait pas partie de nos thématiques. »

« Pas besoin de savoir »

Plus loin, le logo du pétrolier Total s’étale à côté de la punchline :

« Notre philosophie : vous n’avez pas besoin de savoir. »

Capture d'écran d'une photo de la fausse pub Total

Capture d’écran d’une photo de la fausse pub Total - Brandalism.org.uk
 

Le collectif Brandalism – un mot-valise formé à partir de « brand » (marque, en anglais) et de « vandalisme » – revendique la pose, en région parisienne, de 600 affiches détournées.

« Mainmise des multinationales »

L’opération a eu lieu entre vendredi et samedi, pour marquer le coup à la veille de la COP21 et dénoncer « la mainmise des multinationales sur
les négociations climatiques ».

L’initiative est d’autant plus percutante que les entreprises citées font souvent parties des « généreux » mécènes qui ont financé ce grand raout international.

 

Capture d'écran de la photo d'une fausse pub :

Capture d’écran de la photo d’une fausse pub : « Ils profitent, nous nous noyons » - Brandalism.org.uk
 

Joint par Rue89, un membre du collectif, qui se fait appeler « Bill Posters » (pas mal comme vanne) explique que les clefs nécessaires à l’ouverture des panneaux JC Decaux sont plutôt « faciles à trouver dans le commerce ».

 

Capture d'écran de la photo d'une fausse pub

Capture d’écran de la photo d’une fausse pub - Brandalism.org.uk
 

Il assure que malgré les efforts de l’entreprise, il reste encore quelques affiches dans Paris qui n’ont pas été repérées depuis leur pose. Près de 80 artistes auraient participé à l’opération.

 

Capture d'écran de la photo d'une fausse pub

Capture d’écran de la photo d’une fausse pub - Brandalism.org.uk
 

Sur son site, le collectif, qui a commencé ses activités en Angleterre en 2012, se revendique d’une tradition de « guérilla artistique » qui prend son inspiration dans l’Agitprop, dans le situationnisme et bien sûr dans le « street art » :

« Le brandalisme se fonde sur la conviction, démocratique, que la rue est un espace de communication qui appartient aux citoyens et aux habitants du quartier. C’est une révolte contre l’assaut visuel des géants médiatiques et commerciaux qui ont mis la main sur les messages et les significations portés par l’espace public. »

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 21:33

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

Naomi Klein: «Cette manifestation est un geste de défi»
29 novembre 2015 | Par Jade Lindgaard
 
 
 

Pour la journaliste canadienne, le gouvernement français pratique la « stratégie du choc » en utilisant l'état d'urgence pour réduire au silence les militants du climat. Mais « les gens n'acceptent pas de se taire ». Premier épisode de notre vidéo-blog spécial COP21, en partenariat avec The Nation.

Journaliste, activiste : Naomi Klein est l'une des critiques de la mondialisation néolibérale et des régressions autoritaires qui l'accompagnent les plus populaires et les plus écoutées. Après La Stratégie du choc sur le capitalisme du désastre, qui prospère sur les violences infligées aux sociétés (cataclysme, putschs, effondrements politiques…), elle a publié en 2014 Tout peut changer, qui décrit à quel point le dérèglement climatique impose une épreuve vitale au  système capitaliste. 

 

Pendant toute la COP21, elle tient un blog vidéo sur Mediapart. Premier épisode : les manifestations interdites du 29 novembre. Tourné et réalisé par À-vifs. En partenariat avec The Nation

 

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 20:55

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

A Paris, malgré l'interdiction, les militants du climat se manifestent
29 novembre 2015 | Par christophe Gueugneau
 
 
 

Ce dimanche, l'interdiction de la grande manifestation prévue pour l'ouverture de la COP21, le sommet de Paris sur le climat, a abouti à un étrange paradoxe : ce ne sont pas un, mais deux rassemblements qui ont eu lieu. Le premier, à l'appel d'Attac et Alternatiba, a rassemblé 10 000 personnes en chaîne humaine le long de l'itinéraire initialement prévu. Le second, place de la République, destiné à manifester contre l'interdiction de manifester, a rassemblé 5 000 personnes. Des heurts y ont opposé certains manifestants aux CRS dans l'après-midi.

Ce devait être une grande manifestation pour le climat, réplique parisienne de la marche new-yorkaise de 2014 où 300 000 personnes – un record – avaient défilé, y compris ministres et hauts responsables. Attentats du 13 novembre et état d’urgence obligent, la manifestation avait été interdite. Au lieu de cela, deux rendez-vous avaient été fixés. Le premier, à l’appel d’Attac et d’Alternatiba notamment, visait à créer une chaîne humaine entre la station de métro Oberkampf et celle de la Nation, en suivant l’itinéraire initialement prévu. Un second appel à rassemblement, largement diffusé sur Internet, avait donné rendez-vous place de la République en début d’après-midi, dans le but de manifester contre l’interdiction de manifester. 

La mobilisation citoyenne avait commencé dès les jours précédents. Durant deux nuits, les activistes de Brandalism, un collectif britannique, avaient détourné certains panneaux publicitaires JCDecaux pour apposer leurs propres affiches (voir vidéo ci-dessous).

 

 

Puis à l’aube, c’est le collectif Avaaz qui est intervenu place de la République, pour disposer sur le sol des paires de chaussures censées représenter les manifestants privés du droit de marcher. Les chaussures en bon état ainsi récoltées ont par la suite été remises à Emmaüs. 

À midi, des milliers de personnes se sont rendues sur l’itinéraire de la chaîne humaine. L’objectif des organisateurs, Attac et Alternatiba, était de pouvoir faire entendre la voix de ceux qui n’avaient plus le droit de manifester, et de déployer les banderoles qui auraient dû émailler le cortège initialement prévu.

Avant même que ne débute la chaîne humaine, Geneviève Azam, coprésidente du conseil scientifique d’Attac, a tenu à préciser la démarche, justifiée selon elle par « l’état d’urgence climatique ». « L’interdiction de manifester nous permet en fait de réaffirmer encore plus le besoin de se retrouver ensemble », a-t-elle ajouté.

Pour le collectif Alternatiba, Jon Palais, son principal animateur, a détaillé : « La préfecture n’a ni autorisé ni interdit le rassemblement. Mais il nous paraît important de briser cet état de stupéfaction. » Les assignations à résidence de militants écologistes étaient bien sûr parmi les sujets de préoccupation. Juliette Rousseau, de la Coalition Climat 21, a expliqué : « Les pouvoirs publics nous ont dit de leur fournir une liste et ils se sont engagés à revoir les dossiers d’assignation à résidence. Mais ils ne se sont pas totalement engagés à les lever. »

 

Dans la chaîne humaine entre Oberkampf et Nation à Paris © Jean de Peña Dans la chaîne humaine entre Oberkampf et Nation à Paris © Jean de Peña

 

Vers midi, les personnes présentes le long de l’itinéraire fixé se sont mises en place. Banderoles, cartons, déguisements, ponctuaient les cinq grands thèmes disséminés le long des avenues : la nature à la station Oberkampf, les communautés impactées station Saint-Ambroise, les responsables du dérèglement métro Voltaire, les solutions au changement climatiques métro Charonne et, enfin, les emplois climatiques métro Nation.

Selon les organisateurs, dix mille personnes étaient au rendez-vous. Derrière des slogans tels que « Nous savons qui sont les responsables du changement climatique ! », « Premiers affectés et premiers en résistance ! », « Protéger la nature, c’est sauver notre futur ! », « Nous sommes les solutions ! » ou encore « Pas d’emplois sur une planète morte ! ».

 

Dans la chaîne humaine entre Oberkampf et Nation à Paris © Jean de Peña Dans la chaîne humaine entre Oberkampf et Nation à Paris © Jean de Peña

 

Le slogan d’Attac, « Changeons le système, pas le climat » était de fait décliné à l’envi. Gaz de schiste, Tafta (le traité de libre-échange en cours de négociation entre les États-Unis et l’Union européenne), les subventions accordées aux producteurs de pétrole, les compagnies aériennes, etc. : tous les dossiers du moment étaient déclinés le long des trois kilomètres de la chaîne humaine, qui a rassemblé entre 5 000 et 10 000 personnes.

 

Dans la chaîne humaine entre Oberkampf et Nation à Paris © Jean-Paul Duarte Dans la chaîne humaine entre Oberkampf et Nation à Paris © Jean-Paul Duarte

 

« On est là pour dire que l’urgence climatique vaut bien l’état d’urgence », déclare Isabelle, la quarantaine. « Ce qu’il faut montrer, c’est que les terroristes ne nous feront pas taire sur un sujet aussi important pour nous mais surtout pour nos enfants », complète Gilles, qui l’accompagne. Naomi Klein, présente, est accueillie comme une star. 

Vers 12 h 30, la chaîne s’est dénouée. De nombreux participants ont convergé vers la place de la République, lieu du second rassemblement, où une foule éparse au début mais de plus en plus fournie « brave » selon le mot d’ordre de l’appel, l’interdiction de manifester.

 

Heurts à République

L’ambiance y était tout aussi festive vers 13 heures : des anges, des clowns, une marionnette géante de plusieurs mètres de haut, un stand de nourriture gratuite improvisé sur le terre-plein central. Dès 11 h 30, les gens commençaient à arriver en nombre sur la place. Vers 13 h 30, on comptait environ 5 000 personnes. Un cortège improvisé a commencé à faire le tour de la place avec, à sa tête, les militants d’Alternative libertaire. 

 

Place de la République à Paris dimanche en début d'après-midi © Jean-Paul Duarte Place de la République à Paris dimanche en début d'après-midi © Jean-Paul Duarte

 

On y croise l’éditeur Éric Hazan, en discussion avec l’économiste Frédéric Lordon, l’historien des idées François Cusset mais aussi le sociologue Éric Fassin (qui avait d’ailleurs écrit un billet sur son blog avant de s’y rendre).

La foule est assez jeune, exception faite des policiers en civil qui quadrillent déjà la place. Camille, du moins c'est sous ce prénom qu'il se présente, est là « pour dire que ce n'est pas au gouvernement de décider quand et où on se mobilise ». Son camarade, qui refuse de donner son prénom, abonde : « Ce n'est pas en allant dans un marché de Noël qu'on pourra se faire entendre, mais en étant nombreux ici aujourd'hui. » Le fait que le gouvernement interdise les manifestations tout en maintenant les marchés de Noël ou les rencontres sportives reviendra dans la bouche de nombreuses personnes interrogées.

Les slogans oscillent entre les appels à la justice climatique et les plus traditionnelles dénonciations de l’État capitaliste : « État d'urgence, état policier, on ne nous enlèvera pas le droit de manifester » succède à « Rémi, Rémi, on n'oublie pas », en référence à la mort du jeune botaniste Rémi Fraisse il y a un an lors d’une manifestation à Sivens.

 

Place de la République à Paris dimanche en début d'après-midi: des chaussures pour représenter des manifestants empêchés de manifester © Jean de Peña Place de la République à Paris dimanche en début d'après-midi: des chaussures pour représenter des manifestants empêchés de manifester © Jean de Peña

 

Un peu avant 14 heures, le cortège ainsi formé finit par s’engouffrer avenue de la République, toutes les autres issues de la place étant bouclées par des cordons de CRS, avant d’être bloqué à peine cent mètres plus loin. S’ensuit le premier face-à-face un peu tendu avec les CRS. Premiers jets de bouteilles et premières répliques avec des grenades lacrymogènes. Le cortège recule de quelques mètres et se stabilise. Dix minutes plus tard, la foule fait demi-tour pour retourner place de la République, où le tour de la place reprend.

 

Charge des CRS place de la République © Jean-Paul Duarte Charge des CRS place de la République © Jean-Paul Duarte

 

Un nouveau face-à-face entre une centaine de militants radicaux et les CRS a rapidement lieu côté rue du Temple. Nouveaux jets de projectiles et réplique cette fois musclée des CRS, qui lancent plusieurs charges. La place est rapidement recouverte d’un épais nuage lacrymogène. Deux poubelles sont incendiées, mais ni le mobilier urbain ni les vitrines des boutiques de la place ne sont visés. S’ensuit un va-et-vient entre manifestants radicaux et CRS. Les premiers lancent divers projectiles et reculent dès que les seconds chargent. Alors que certains parviennent à s’emparer des divers objets disposés au pied du monument central en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre, des militants plus pacifistes organisent une chaîne humaine pour protéger les lieux. Il n’empêche, bougies et pots de fleurs vont bel et bien être utilisés contre les forces de l’ordre. Tandis qu’une partie des dégâts sera aussi causée par les charges des CRS.

 

Les CRS pendant la dispersion de la manifestation place de la République © Jean-Paul Duarte Les CRS pendant la dispersion de la manifestation place de la République © Jean-Paul Duarte

 

Peu avant 15 heures, un large cordon de CRS se déploie à partir du boulevard Voltaire sur toute la largeur de la place et commence à repousser les manifestants vers les boulevards Saint-Martin et de Magenta. Au boulevard Saint-Martin, les CRS laissent sortir au compte-gouttes, non sans fouiller les sacs à dos et même les sacs à main.

Vers 18 heures, il restait encore une centaine de personnes bloquées par des CRS sur la place. Parmi eux figuraient Christine Poupin et Olivier Besancenot, porte-parole du NPA, ainsi que des membres d'Alternative libertaire, d'Ensemble ou même des syndicalistes de Sud. Joint par Mediapart vers 10 heures, Olivier Besancenot a expliqué que lui et les manifestants du NPA, d'Alternative libertaire et d'Ensemble s'étaient retrouvés coincés avec environ 300 personnes, des « manifestants pourtant bien identifiés ». « On a demandé à la préfecture de pouvoir quitter la place de la République mais ils ont refusé », nous précise-t-il, avant d'ajouter : « Ils m'ont gardé trois heures avant de me relâcher. » Les CRS se livraient par ailleurs à des courses-poursuites dans le quartier, à la recherche de militants. Environ 200 personnes ont été interpellées et plus de 170 ont été placées en garde à vue. 

Intervenant en fin de journée, le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve, le premier ministre Manuel Valls puis le président François Hollande ont tour à tour condamné ces violences. Bernard Cazeneuve a notamment déclaré au cours d'une conférence de presse qu'une « minorité violente a cherché à organiser un cortège interdit. Plusieurs dizaines d'individus cagoulés ou masqués ont pris à partie les forces de l'ordre ». Il a promis dans les semaines qui viennent, compte tenu du contexte sécuritaire, d'être « d'une extrême fermeté ». « La fermeté sera totale », a-t-il ajouté.

Manuel Valls a quant à lui écrit le tweet suivant : « Les violences contre les forces de l'ordre place de la République sont indignes. Respecter ce lieu, c'est respecter la mémoire des victimes. » Tandis que François Hollande dénonçait l'action « scandaleuse d'éléments perturbateurs ».

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 18:04

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Climat

Le nucléaire, une énergie « sans CO2 » : les intox d’EDF

par

 

 

EDF polluerait très peu. C’est en tout cas ce que suggèrent très fortement ses supports de communication. « EDF développe un mix énergétique adapté à chaque pays pour produire une électricité sûre, abordable et décarbonée », assure ainsi le site du groupe [1]. Décarbonée ? Comprenez une électricité produite avec un minimum d’émissions de CO2, et donc bonne pour le climat.

 

A l'approche de la conférence sur le climat de Paris, chacun a pu ainsi découvrir « le nouveau visage de l’électricité bas carbone » – de souriants employés d’EDF posant devant une centrale nucléaire – au fil des pleines pages de pub largement diffusées dans les quotidiens et magazines français. EDF, sponsor de la COP21, se présente comme le « partenaire officiel d’un monde bas carbone ». Et certifie produire une électricité quasiment sans CO2. « Plus de 95% de l’électricité produite en France par le groupe n’occasionne aucune émission de CO2 », expliquait déjà un dossier de presse de « l’électricien engagé pour moins de CO2 » en mai 2012 [2]. Ces chiffres sont, depuis, assénés au fil de déclarations ou de campagnes de communication. Une image que contestent les organisateurs des Prix Pinocchio du climat, qui « récompensent » les pires entreprises, celles dont le discours « vert » est le plus en décalage avec la réalité de leurs pollutions. Ils ont donc nominé EDF.

EDF : seulement 2% d’énergies renouvelables en France

Qu’en est-il ? En France, l’éolien et le solaire ne pèsent que 2% des capacités de production d’électricité d’EDF. Si l’on ajoute l’énergie hydraulique, on atteint 9% d’énergies renouvelables bas carbone. Au niveau mondial , la proportion d’électricité renouvelable est de 18,5% selon les chiffres de 2010 (2,5% d’éolien et de solaire, 16% d’hydroélectrique, dont des grands barrages pas forcément très « verts »). Du côté des énergies très polluantes, les énergies fossiles (centrales au gaz, au charbon ou au fioul), fortement émettrices de CO2, avoisinent les 15%. EDF possède, au niveau mondial, seize centrales électriques au charbon, dont certaines des centrales les plus polluantes d’Europe. Via ses filiales comme Edison ou EDF Trading, l’électricien national est impliqué dans l’extraction de pétrole et de gaz.

En 2013, l’entreprise a été classée par un rapport de Thomson Reuters parmi les 20 principaux émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre : au 19e rang juste derrière le pétrolier Shell et devant le brésilien Petrobras [3]. C’est mieux que ses concurrents allemands (RWE, E.ON), italiens (Enel) et français (Engie), mais cela n’en fait pas un producteur d’électricité « bas carbone » pour autant. Dans ces conditions, comment EDF arrive-t-elle à afficher 95% d’électricité « décarbonée » ?

Le nucléaire : mieux que le charbon, pire que l’éolien et le solaire

Selon EDF, c’est grâce au nucléaire. Les trois quarts de ses capacités de production mondiales reposent sur l’atome. Cette énergie, si l’on fait abstraction des risques d’accidents radioactifs, n’émettrait quasiment pas de carbone. Problème : c’est faux. Le fonctionnement en lui-même d’une centrale nucléaire émet effectivement très peu de CO2 : entre deux et dix grammes de CO2 par kWh d’électricité produit selon les études. Mais ces calculs ne prennent pas en compte l’ensemble du cycle nucléaire : extraction du minerai d’uranium, transport vers les usines de transformation du minerai en combustible puis vers les centrales et, enfin, traitement ou enfouissement des déchets radioactifs. Dans ce cas, les émissions de CO2 sont de dix à trente fois plus élevées. S’appuyant sur ces études, l’Ademe a comparé les émissions de CO2 par filière de production d’électricité [4]. Les réacteurs nucléaires émettent en moyenne 66 grammes de CO2 par kWh produit. C’est bien moins qu’une centrale au gaz (443 g), au fuel ou, pire, au charbon (960 g). Mais cela reste six fois plus élevé que l’éolien, l’hydroélectrique ou le biogaz (environ 10 g) et quatre fois plus élevé que l’énergie solaire (14 g).

Les affirmations de l’entreprise sont donc fortement exagérées, même si le groupe partiellement public a réalisé de réels efforts depuis 2010 pour diminuer ses émissions de CO2. Face à cette communication qu’elles jugent abusives, des organisations écologistes ont porté plainte contre EDF devant le Jury de déontologie publicitaire. Celle du réseau Sortir du nucléaire vise l’affirmation d’EDF selon laquelle l’électricité qu’elle fournit en France est à 98% sans CO2. Sur demande de l’entreprise, l’audition aura lieu le 11 décembre 2015, juste à la fin de la COP21, et le jury de déontologie aura deux semaines pour se prononcer sur la plainte (lire ici). Le réseau Sortir du nucléaire a également déposé plainte pour « pratique commerciale trompeuse » devant le Tribunal de grande instance.

Une précédente plainte avait été déposée par Sortir du nucléaire et des associations alsaciennes suite à une campagne publicitaire lancée par EDF en Alsace, où sa centrale de Fessenheim, la plus ancienne de France, est menacée de fermeture. Les publicités assuraient que l’électricité fournie par EDF en Alsace était « 100% sans émissions de CO2 ». Le Jury de déontologie publicitaire a considéré cette publicité comme une tentative délibérée d’induire les usagers en erreur sur la vraie nature de l’énergie nucléaire et de ses impacts.

Sans oublier la question du coût : l’éolien terrestre et le photovoltaïque commencent à devenir aussi compétitifs que les centrales nucléaires déjà installées. Quant au prix du nucléaire de demain, la production d’électricité à partir des nouvelles centrales EPR coûtera bien plus cher que les énergies renouvelables terrestres. Au final, derrière les controverses sur son véritable bilan climatique, c’est sans doute là l’argument fondamental contre le nucléaire : les investissements considérables qu’il mobilise serait mieux utilisés pour engager une véritable transition énergétique, plus efficace pour faire face à la crise climatique.

Ivan du Roy, avec Olivier Petitjean

Photo : CC Michael B.

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28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 17:09

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

ça bouge ! Mouvements sociaux

Comment manifester pour le climat ce 29 novembre malgré l’état d’urgence

par

 

 

 

La COP21 s’ouvre ce dimanche à Paris. Les principales manifestations pour le climat ont été interdites à Paris mais aussi dans d’autres villes de France. Certaines organisations appellent à se mobiliser de manière virtuelle, d’autres contournent l’interdiction par la formation d’une chaîne humaine ou appellent à braver l’état d’urgence ce 29 novembre. Une déclaration signée par une large coalition de mouvements internationaux demandent également à François Hollande de lever les interdictions de manifester durant la conférence internationale : « Il est impossible pour les politiques d’effectuer les changements nécessaires sans des mobilisations et mouvements massifs, créateurs d’espaces politiques et de volonté. »

 

Suite aux attentats du 13 novembre, les autorités ont déclaré l’état d’urgence et interdit la marche pour le climat initialement prévue le 29 novembre à Paris, réduisant au silence citoyens et société civile souhaitant exprimer leur point de vue face à celui des gouvernements et des lobbys économiques. Ailleurs en France, plusieurs autres manifestations sur le climat ont également été interdites, notamment à Lyon, Briançon et Aix-en-Provence. Paradoxalement, les marchés de Noël et les rencontres sportives sont maintenus. Plusieurs personnes ont déposé un recours contre l’interdiction de manifester, dont l’une vient d’être assignée à résidence. « Si l’on avait besoin d’une confirmation que l’état d’urgence est un danger pour les libertés publiques, cette mesure en attesterait tant elle révèle que la lutte contre le terrorisme n’est ici qu’un prétexte pour interdire toute voix dissonante », réagit la Ligue des Droits de l’Homme dans un communiqué.

 

Des intellectuels ont décidé de lancer un appel à braver l’état d’urgence en se retrouvant dimanche à 14h, place de la République. « S’il existe quelque chose comme une valeur française, c’est d’avoir refusé depuis au moins deux siècles de laisser la rue à l’armée ou à la police, écrivent-ils. La mobilisation à l’occasion de la COP21 est un enjeu primordial et nous n’acceptons pas que le gouvernement manipule la peur pour nous interdire de manifester. » Le Collectif des désobéissants appelle à venir dès midi sur la place de la République, « dans le calme, sans haine et sans violence, conscient des risques certes, mais présent parce que le risque est plus grand de ne pas nous manifester : combien de sécheresses, d’inondations, de famines, de guerres, combien de millions de victimes pouvons-nous éviter si nous affirmons la voix des citoyens du monde entier ? »

 

Plusieurs autres initiatives, réelles (dans la rue ou un lieu) ou virtuelles (sur les réseaux sociaux) sont également proposées par des organisations membres de la Coalition climat 21 :

 

- Une chaîne humaine pour un climat de paix : à l’initiative d’Alternatiba et d’Attac, une chaîne humaine sera formée de 12h à 13h sur les trottoirs entre place de la République et Nation, sur le boulevard Voltaire. « À tous ceux qui veulent nous empêcher de nous exprimer, nous répondons : unis et solidaires nous voulons vivre ensemble sur une Terre juste et vivable », lancent les organisateurs. Toutes les modalités sont à retrouver ici.

 

- March4me.org : à l’initiative de France nature environnement (FNE), de la Fondation Nicolas Hulot, WWF et Greenpeace, un outil virtuel a été mis en ligne « pour permettre à tous ceux qui ne peuvent pas marcher ce jour-là, de Beyrouth à Bamako en passant par Paris, de se faire représenter par tous ceux qui marcheront en Amérique, en Afrique, en Asie, en Europe. Ces derniers représenteront les marcheurs « empêchés » en arborant leurs photos et prénoms dans les défilés ».

 

- Nos chaussures marcheront pour nous : à l’initiative d’Avaaz, la place de la République sera recouverte de chaussures qui « symboliseront les pas des personnes qui devaient participer à la marche pour le climat à Paris ». Ces chaussures sont collectées chaque jour à différents points dans Paris.

 

- Action #EyesonParis #ClimateChange : à partir du 29 novembre, Oxfam proposera aux citoyens de poster sur les réseaux sociaux des photos de leur regard accompagné de messages pour défendre la justice climatique. L’objectif ? Montrer aux décideurs que les citoyens ne les quitteront pas des yeux et seront attentifs à leurs engagements pour le climat. Les photos circuleront sur Twitter, Facebook ou Instagram avec les hashtags #EyesOnParis #ClimateChange

 

- Une grande clameur pour la rue ! : la « Grande Clameur pour le climat » propose d’exprimer de manière sonore l’engagement des citoyens dans la lutte contre le dérèglement climatique. « Nous pouvons faire entendre notre voix en faisant du son, et même de la musique ! »

 

- Un symbole commun pour le climat : en terrasses de café, dans les boulangeries, les coins de rue, les balcons et les fenêtres, et même sur les vêtements, un symbole commun sera proposé par les artistes qui soutiennent la Coalition climat 21. Il sera mis en ligne dans les jours qui viennent et distribué le 29 novembre.

 

- Ensemble pour le climat : affichons-nous ! : A l’initiative d’Agir pour l’Environnement, des affichettes sont proposées pour que chaque citoyen puisse les disposer là où bon lui semble : moyen de locomotion, lieu de travail ou à la maison, ou encore sur un panneau d’affichage associatif. Par ces affiches, les citoyens sont invités à porter un message pour le climat, la fraternité et la paix à l’ouverture de la COP21.

 

A noter qu’une coalition internationale d’ONG, des groupes de la société civile et des figures comme Naomi Klein et Susan George appellent François Hollande à lever les interdiction de manifester durant la COP21 à Paris. « Il est impossible pour les politiques d’effectuer les changements nécessaires sans des mobilisations et mouvements massifs, créateurs d’espaces politiques et de volonté. »

 

Photo de une : CC Stephen Melkisethian (marche pour le climat à New York, le 21 septembre 2014)

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28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 16:28

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart

 

 

 

L'état d'urgence planétaire

 

Ivan Segré, philosophe et talmudiste, signataire de l'Appel : « Bravons l'état d'urgence, appelons à manifester le 29 novembre » pense que les autorités françaises auraient dû laisser la liberté à chacun de manifester ou non. « Le message du gouvernement aurait été alors le suivant : nous sommes tous responsables de nos vies, comme nous sommes tous responsables de l'avenir de cette planète. »

Lorsqu'une Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques (COP21) a lieu à Paris une quinzaine de jours après un attentat particulièrement criminel, cynique et vicieux opéré par des hommes de main de « Daesh », et qu'une grande manifestation était prévue la veille de cette Conférence dans le but d'alerter les gouvernements du monde entier sur le danger que représentent, pour les générations futures, l'exploitation et la gestion irraisonnées des ressources d'une planète que nous habitons tous, de quelque ethnie, nation ou confession que nous soyons, qu'est-ce qui est le plus responsable : interdire la manifestation au nom d'un impératif de sécurité publique, ou bien appeler à manifester, avec ou sans la bénédiction des autorités françaises, au nom des générations futures, au nom de nos enfants et petits-enfants ?

 

Passons sur les motivations inavouables que certains pourraient être tentés de prêter aux autorités en question. Car il n'en reste pas moins qu'il est du devoir d'une autorité politique de garantir la sécurité des gens, et que nous savons tous que des hommes de main de «Daesh» sont présents sur le territoire français ou non loin, et de quoi ils sont capables lorsqu'ils passent à l'action.

 

Ceci étant posé, prenons un peu de recul et tâchons de préciser les contours des forces en présence : les Etats, en premier lieu la République Française, sur le sol de laquelle a lieu la Conférence des Nations-Unies; les hommes de mains de l'organisation terroriste « Daesh »; enfin des manifestants venus de France, d'Europe, du Monde.

 

Ce que sont les Etats, dont la République Française, on le sait tous plus ou moins : ce sont les autorités qui gouvernent ce monde. Ce qu'est « Daesh », et plus précisément ses hommes de main présents sur le territoire français, ou non loin, et susceptibles de récidiver n'importe où et n'importe quand, on le sait beaucoup moins. À vrai dire, on ne cesse d'en discuter depuis le crime du vendredi 13 novembre : sont-ce des musulmans radicalisés par une religion appelant au « djihad » contre les mécréants ? Sont-ce des individus, d'origine musulmane ou non, immigrée ou non, qui, après avoir vainement tenté de réussir par le biais de la pornographie, ou du gangstérisme, ou d'autre chose, épousent la cause d'un « djihad » sans religion, parce qu'il leur promet la « gloire » ici et maintenant, en quelque sorte à peu de frais (savoir utiliser une kalachnikov contre des civils aux mains nues, et savoir actionner le détonateur d'une ceinture d'explosif) ?

 

Comme le remarque Olivier Roy dans les colonnes du Monde (daté du 25 novembre) : les terroristes islamistes qui ont tué en France, depuis Toulouse jusqu'à Paris, « n'ont presque jamais un passé de piété et de pratique religieuse, au contraire ». Plutôt que de croire sur parole des assassins qui prétendent agir au nom de l'islam, on serait donc peut-être mieux inspiré de s'en tenir aux faits : des jeunes gens sans passé de piété ni de pratique religieuse se convertissent en quelques semaines au soi-disant « djihadisme », adoptent l'apparence vestimentaire et rhétorique de la religion, puis s'arment d'une ceinture d'explosifs et d'une kalachnikov, enfin se rendent dans quelque lieu public, terrasse de café, stade de football ou concert de musique pop, afin d'y régner en maîtres absolus l'espace de quelques minutes, avant de se donner la mort en même temps qu'ils la donnent. Tels sont les faits.

 

Or ils ne sont pas sans évoquer un fait récent, tout aussi criminel, cynique et vicieux, tout aussi nihiliste : le crash d'un avion de la Lufthansa reliant Barcelone à Düsseldorf le 24 mars 2015. On sait en effet que le copilote, Andreas Lubitz, souffrant de dépression, a volontairement empêché le commandant de bord d'entrer dans le cockpit, et a volontairement écrasé l'avion dans les Alpes, tuant 150 personnes. L'espace de quelques minutes, il était maître à bord. La vie de tous était entre ses mains, et il n'avait pas l'intention de la leur rendre. Il a ainsi joui de son emprise absolue sur le gouvernail, de son emprise absolue sur la vie des autres.

 

Une fois posé que les criminels du Bataclan ne sont pas sans quelque ressemblance avec le criminel de la Lufthansa, venons-en à la troisième force en présence : les hommes et les femmes qui viendront manifester, avec ou sans autorisation, la veille de la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques. Qui sont-ils ? Répondons : des hommes et des femmes qui exprimeront leur volonté de ne pas laisser aux gouvernants du monde la liberté de nous mener tous au désastre.

 

Qu'il soit à craindre que les hommes de main de « Daesh » tirent sur la foule des manifestants, certes, ce serait cohérent avec leur doctrine. Que les autorités françaises décident aussitôt, sans l'ombre d'un débat, d'interdire la manifestation, voilà qui en revanche n'est pas sans poser un problème de cohérence, puisque c'est écarter d'un revers de main l'autre possibilité qui s'offrait à elles : expliquer qu'il y a un danger à venir manifester, car si les forces de l'ordre feront bien entendu leur maximum pour assurer la sécurité des manifestants, elles ne seront toutefois pas en mesure de la garantir, sachant ce que sont les circonstances... Le message du gouvernement aurait été alors le suivant : nous sommes tous responsables de nos vies, comme nous sommes tous responsables de l'avenir de cette planète.

 

Une police française s'efforçant de garantir la sécurité de manifestants venus affirmer, au péril – qui sait ? - de leur vie, la nécessité de prendre vraiment en considération les générations futures, voilà qui aurait donné une signification certaine à la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques, ainsi qu'à la « guerre » des gouvernements français, américains et russes contre « Daesh ». Hélas, nos gouvernants semblent avoir une tout autre vision des choses.

 

Concluons dès lors que le dimanche 29 novembre, il ne sera pas nécessaire de s'armer d'une hache et tenter désespérément de défoncer la porte d'un cockpit afin de reprendre les commandes d'un avion parti pour s'écraser, il suffira de venir manifester pacifiquement, en dépit des menaces des uns et des autres. N'abandonnons ni les terrasses de café, ni les stades de football, ni les concerts de Eagle of death metal ou de Jean-Sébastien Bach, ni, surtout, les commandes de l'avion. Et célébrons le ciel et la terre. Telle sera notre «guerre contre Daesh». Telle sera notre victoire.            

 

Par Ivan Segré, philosophe et talmudiste.

 

 

Pour lire la tribune « Bravons l'état d'urgence, retrouvons-nous le 29 novembre place de la République », cliquez ici.

Pour signer la pétition, c'est ici.

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Source : https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart

 

 

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28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 16:11

 

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Militants assignés à résidence : lettre ouverte à Manuel Valls

 

 

 

 

Dans un courrier adressé au premier ministre, Mes Muriel Ruef et Alexandre Faro, qui défendent des militants du climat assignés à résidence, s'indignent du traitement infligé à leurs clients. « Ce sont vos opposants politiques que vous avez placés sous résidence surveillée, comme l’aurait fait n’importe quel régime autoritaire », dénoncent-ils.

Monsieur le Premier Ministre,

 

La Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur le Changement climatique (dite COP21) s’ouvre demain à Paris dans un climat de deuil qui ne tient pas seulement aux faits survenus le 13 novembre dernier.

À la veille de ce rassemblement sans précédent de Chefs d’État et de Gouvernements, vous avez décidé d’offrir au monde qui nous regarde le visage inquiétant d’un pays triste et muselé, aux rues vides et à la contestation étouffée.

Profitant de l’émotion et de la peur qui nous ont légitimement envahis au moment de ces attentats, vous avez, à la faveur de l’instauration de l’état d’urgence, sorti des vieux cartons de l’Empire la pratique de l’assignation à résidence.

Or, les mesures liberticides se justifient toujours par la promesse qu’elles ne s’appliqueront qu’aux salauds désignés. Vous l’avez vous-même confirmé devant la Représentation Nationale en arguant de leur efficacité dans la lutte contre le terrorisme. Il était pourtant évident que ces assignations à résidence auraient vocation à s’appliquer dans les seuls cas où la justice pénale, avec son arsenal complet de mesures (garde à vue, contrôle judiciaire, perquisition,…), ne trouverait pas à s’appliquer, c’est à dire contre les personnes contre lesquelles il n’existe aucune preuve démontrant qu’elles ont commis ou tenté de commettre une infraction. Nous étions donc déjà loin des salauds.

En désignant ainsi des personnes et en les empêchant de mener une vie normale vous portez une atteinte manifeste à d’autres valeurs essentielles de notre droit républicain que sont la présomption d’innocence, la liberté de circuler et la liberté de travailler et d’entreprendre. Tout ceci au nom d’un impératif de sécurité légitimée par la lutte contre le terrorisme.

Ce 25 novembre, quelques jours seulement après avoir imposé l’état d’urgence, votre gouvernement franchi un cap supplémentaire en assignant à résidence des militants environnementaux et sociaux impliqués dans la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et dans l’organisation - au grand jour et depuis plusieurs mois - des manifestations prévues à l’occasion de votre conférence internationale. Des policiers en civil sont postés en permanence devant leur porte, et ils doivent pointer trois fois par jour au commissariat.

Ce sont ainsi vos opposants politiques que vous avez placés sous résidence surveillée, comme l’aurait fait n’importe quel régime autoritaire et comme cela ne s’est plus vu dans ce pays depuis longtemps.

Vous avez utilisé la peur et l’émotion pour bâillonner une opposition à l’heure d’une réunion diplomatique sans précédent, justifiant ces mesures par l’emploi des mots «violences», «mouvance contestaire» et «ultra gauche», expressions vides de faits comme de sens, créées de toute pièce, sans la moindre consistance.

Vous aurez cependant du mal à faire croire aux spectateurs du monde entier que les militants qui  s’impliquent et qui organisent la contestation légitime à votre manière de gérer le désastre environnemental constituent des menaces pour leur sécurité.

Vous offrez au monde entier le sombre spectacle d’un pays déstabilisé par les attentats au point de renoncer à ses valeurs les plus essentielles, celles-là même que les terroristes cherchaient à atteindre ce 13 novembre.

Il aura donc suffit de douze jours pour mettre à genoux notre héritage révolutionnaire.

Il semble en effet acquis, à la lumière de vos récentes déclarations, que vous envisagez fort naturellement la poursuite de ce que les plus naïfs appeleront «une parenthèse autoritaire» bien au-delà des trois mois légaux. Vous en auriez même informé la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Les assignations à résidence de ceux qui s’opposent à vous sont, dans ces circonstances, une honte, une honte abjecte et intolérable qui emporte, avant même qu’elle n’ait commencé, votre Conférence du Désastre dans les poubelles de l’Histoire.

Nous devons cependant craindre la suite, lorsque les caméras mondiales regarderont ailleurs et que vos mesures d’exception deviendront la règle.

Il nous reste alors à espérer que les philosophes et les historiens qui, depuis plusieurs jours, appellent par voie de presse à la vigilance populaire vis-à-vis des pouvoirs que vous vous êtes octroyés soient enfin écoutés, et que la contestation, que vous tentez de museler, enfin se fasse entendre. 

 

Muriel RUEF                                                                       Alexandre FARO

Avocate au Barreau de Lille                                              Avocat au Barreau de Paris

 

 

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Source : https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart

 

 

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28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 16:01

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Un pouvoir hors la loi, un Etat hors contrôle
27 novembre 2015 | Par François Bonnet
 
 
 

Deux semaines après les attentats du 13 novembre, la Ve République présente le visage hideux de la peur, de l’emballement guerrier et d’un pouvoir hors contrôle. Cette fuite en avant sécuritaire est porteuse de nouvelles crises. Qu'un gouvernement socialiste en soit l'acteur renvoie aux pires jours de la IVe République sous Guy Mollet.

Deux semaines après les attentats du 13 novembre, la Ve République a donc radicalement changé. La voici qui présente le visage hideux de la peur, de l’emballement guerrier et d’un pouvoir hors contrôle. Qu’il est donc loin, « l’esprit du 11 janvier », célébré au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo puis de la tuerie antisémite au magasin HyperCasher de Vincennes !

Ce 11 janvier 2015, la société française se levait en masse, à l’occasion des plus grandes manifestations jamais survenues depuis l’après-guerre. Nous avions appelé à y participer (lire notre article ici), non pas pour célébrer une quelconque « union sacrée », dont l’histoire nous enseigne qu’elle mène à la catastrophe, mais pour rendre hommage aux victimes, en premier lieu, et pour être de cet immense réveil citoyen qui submergea alors la simple parole politique.

 

11 janvier, place de la République, Paris. © Thomas Haley 11 janvier, place de la République, Paris. © Thomas Haley

 

Les ambiguïtés, les dissonances, les contradictions de ces rassemblements furent relevées et débattues. Mais au moins la société était-elle là, en première ligne, dans sa force et sa diversité, mettant au défi l’ensemble de la classe politique d’élaborer des réponses radicalement nouvelles, qui ne répètent pas les erreurs tragiques du passé. Celles commises par l’administration Bush au lendemain du 11 septembre 2001. Erreurs d’ailleurs inspirées par un autre naufrage, français celui-là : les pouvoirs spéciaux accordés à Guy Mollet en 1956 et l’engloutissement de la IVe République dans la guerre d’Algérie (pour rappel, les conseillers de Rumsfeld, ministre de la défense de Bush, étudièrent de près la bataille d’Alger).

 

Ce pouvoir, qui semble se résumer depuis le 13 novembre à trois hommes, François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, n’a donc rien appris, rien retenu des crises passées qui aujourd’hui encore nous poursuivent. Le naufrage républicain de la guerre d’Algérie, le naufrage démocratique de l’après-11-Septembre : que faut-il donc de plus pour que ce pouvoir comprenne qu’il précipite le pays dans une zone de risques où, à la crise politique, se surajouteraient des déflagrations sociales ?

Il y a quelques mois seulement, au lendemain des attentats du 7 janvier, deux hommes avaient cadré les enjeux, et sans doute – avec beaucoup d’autres – endigué les tentations de fuite en avant du pouvoir. Le premier est Robert Badinter, qui avertissait alors : « Les terroristes nous tendent un piège. Ce n’est pas par des lois et des juridictions d’exception qu’on défend la liberté contre ses ennemis » (son texte est à lire ici). Le second est Dominique de Villepin : « Résistons à l’esprit de guerre. La guerre contre le terrorisme ne peut pas être gagnée, il n’y a pas de contre-exemple. Il faut une stratégie politique et une capacité à penser au-delà » (lire ici une de ses récentes tribunes).

Parleraient-ils aujourd’hui que ces deux anciens responsables politiques seraient au mieux ignorés, au pire accusés de laxisme, angélisme, traîtrise, irresponsabilité… Toutes ces formules qui, quand elles ne sont pas formulées directement par le gouvernement, sont énoncées par des médias ayant aussitôt revêtu l’uniforme et brandi le drapeau tricolore.

N’en déplaise à Robert Badinter et Dominique de Villepin, voilà donc la France précipitée et dans la guerre, et sous un régime d’exception. C’est le choix d’un pouvoir faible, inquiet, qui par cette violente fuite en avant tente de se sauver en se barricadant derrière l’état d’urgence. L’état d’urgence de douze jours (tel que limité par la loi de 1955) aurait pu être exclusivement motivé par des impératifs sécuritaires. Complété, renforcé et prolongé de trois mois (voire plus, disent déjà des responsables), le voilà destiné à deux autres fonctions : museler la société en installant durablement cet état de peur qui tétanise ; interdire ou à tout le moins limiter les indispensables questionnements sur les choix politiques faits depuis des années.

Au-delà de l’engagement du pays dans une guerre – choix jamais véritablement discuté et expliqué –, la réponse au terrorisme est donc la mise entre parenthèses de notre démocratie. Après l’État de droit, voici l’État hors la loi. C’est un choix revendiqué par le Premier ministre. Se sentant sans doute à l’étroit entre François Hollande et Bernard Cazeneuve, Manuel Valls a bruyamment défendu l’instauration de ce régime d’exception, tout à son rôle de « Monsieur + ».

Un abandon de l'Etat de droit signifié au Conseil de l'Europe

D’abord en demandant aux députés qui examinaient la nouvelle loi sur l’état d’urgence de « ne pas faire de juridisme ». « Avançons ! », a-t-il insisté pour faire taire les rares parlementaires qui s’inquiétaient de dispositions liberticides en rien liées à la lutte contre le terrorisme. Le premier ministre n’a pas eu à insister tant le parlement avait hâte de s’incliner, et ce jusqu’aux députés communistes qui ont voté sans rechigner l’état d’urgence comme ils avaient voté les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet en 1956. « Jamais dans un passé récent des décisions aussi graves n’auront été approuvées avec une telle célérité par les parlementaires de droite comme de gauche. Tous prétendent commander aux événements ; ils ne font que s’y soumettre car ils ont peur », note l'universitaire Olivier Le Cour Grandmaison (lire ici son billet de blog sur Mediapart).

 

Manuel Valls à l'Assemblée, le 25 novembre. © Matignon Manuel Valls à l'Assemblée, le 25 novembre. © Matignon

 

Ensuite, Manuel Valls a pris soin de prévenir les mêmes parlementaires qu’ils devaient se garder de saisir le conseil constitutionnel, car cette loi d’exception ne passerait pas le filtre de la loi fondamentale. « Il y a des mesures qui ont été votées à l'Assemblée nationale qui ont une fragilité constitutionnelle », a-t-il expliqué aux sénateurs. « Si le Conseil répondait que la loi révisée est inconstitutionnelle sur un certain nombre de points, cela peut faire tomber 786 perquisitions et 150 assignations à résidence déjà faites. » Parmi ces points : la mise sous bracelet électronique d’une personne condamnée pour terrorisme et ayant purgé sa peine depuis moins de huit ans ; et la possibilité d’une dissolution administrative des associations…

Enfin, cet abandon de l’État de droit a été officialisé par la France auprès du Conseil de l’Europe. Dans une lettre à cette institution, le gouvernement annonce qu’il assume de s’affranchir de la Convention européenne des droits de l’homme. Une telle demande de dérogation est obligatoire pour pouvoir éviter d’éventuels procès devant la Cour européenne des droits de l’homme. Du coup, le pouvoir reconnaît que « certaines d’entre elles (les mesures liées à l’état d’urgence) sont susceptibles d’impliquer une dérogation aux obligations » de la convention européenne.

Cet état d’urgence installe un État hors contrôle. Au-delà des minces barrières de la justice administrative, telles que définies dans le nouveau texte, l’appareil d’État est libéré de toute contrainte et tout contrepoids. Ces quinze derniers jours en ont déjà donné l’illustration. Confiées aux seuls préfets, les décisions de perquisitions administratives et d’assignations à résidence ont provoqué une surenchère zélée.

« Oui, c’est une pêche au chalut ! », reconnaissait un préfet cité dans cette enquête de Mathilde Mathieu. Près de 300 personnes ont été assignées à résidence et plus de 1 600 perquisitions ont été conduites depuis le 13 novembre : des personnes enregistrées comme « fiches S », mais aussi des maraîchers bios, des squatteurs, des militants associatifs, des activistes du climat… Un ratissage large, permettant aussi aux forces de police de régler hors procédure judiciaire de vieilles affaires (stupéfiants, petite et grand délinquance) et aux renseignements de peaufiner la surveillance de tel ou tel groupe (lire ici notre observatoire « L’état d’urgence dans tous ses états »).

L’administration est très vite allée plus loin que ce que le texte d’exception autorise. Des mouvements sociaux ont été ciblés, des territoires entiers deviennent zones interdites (c’est le cas du plateau de Saclay – lire ici). « La lutte contre le terrorisme n’est ici qu’un prétexte pour interdire toute voix dissonante. Comme nous l’avions craint, l’état d’urgence s’accompagne de mesures de plus en plus arbitraires, note ce vendredi la Ligue des droits de l’homme. Le ministre de l’Intérieur perd ses nerfs, confond et assimile le mouvement associatif au terrorisme. »

Par une circulaire du 25 novembre révélée par l'AEF, le ministère de l’intérieur tente de freiner un zèle administratif et policier produisant des incidents en série. « C’est parce que la perquisition administrative porte particulièrement atteinte aux libertés individuelles des personnes que les policiers et gendarmes sont tenus d’être exemplaires », écrit Bernard Cazeneuve. Mais les motifs de perquisition demeurent aussi larges et flous : « des raisons sérieuses de penser que le lieu est fréquenté par une personne dont le comportement menace l’ordre ou la sécurité publics. » Tout comme le simple « comportement » d’une personne peut motiver son assignation à résidence.

Campagne caricaturale

 

Hommage national aux victimes, vendredi aux Invalides. © Reuters Hommage national aux victimes, vendredi aux Invalides. © Reuters

 

Manuel Valls n’en a cure. Endossant le nouveau programme présidentiel énoncé devant le parlement réuni en congrès, et qui puise massivement dans les projets de la droite comme de l’extrême droite, le premier ministre est le metteur en scène de cette hystérie sécuritaire qui inquiète plus qu’elle ne rassure. « La France mènera une guerre implacable » ; « éradiquer », « anéantir » Daech ; « ennemi intérieur » ; « nous sommes tous au front » ; « cette guerre sera longue » ; « extraordinaire travail des forces de l’ordre » : Manuel Valls chef de guerre écarte toute question ou hésitation.

Toute interrogation, par exemple sur la politique étrangère de la France ou encore sur la désorganisation profonde de notre appareil de renseignement (lire Un ex-directeur de la DGSE: «On a baissé la garde sur le renseignement humain»), est aussitôt disqualifiée : pas de « culture de l’excuse », pas de « culture de la repentance ». Quand le gouvernement, après les attentats de janvier, en appelait – non sans réserves – à la société, celle-ci est désormais sifflée pour se ranger dans le rang et sommée de s’adonner à la ferveur patriotique.

 

hommage hommage

 

Le résultat ? Cette caricaturale campagne gouvernementale qui voudrait réduire notre participation à l’hommage à toutes les victimes du 13 novembre, à un drapeau bleu, blanc, rouge à télécharger et à accrocher à sa fenêtre, à un « Faites un selfie en bleu, blanc, rouge » et à une pensée Twitter en 140 signes sur le hashtag #FiersdelaFrance. Choquante, la soudaine nationalisation d’une douleur partagée par la société interroge sur les arrière-pensées politiques d’un pouvoir aux abois. « Je suis révulsé par l’étatisation de l’émotion, par son appropriation par ceux-là mêmes dont le destin politique ne tient plus qu’à son instrumentalisation permanente », note Philippe Aigrain, l’un des responsables de la Quadrature du Net.

 

Cette construction dans l’urgence d’un régime d’exception ne réglera pas la question sécuritaire. Pas plus que ne l’ont réglée les dix lois visant à lutter contre le terrorisme adoptées depuis 2001. Nos libertés menacées par l’arbitraire de l’État, notre démocratie mise sous cloche, l’effacement des repères politiques dans un pays gangréné par l’extrême droite… Ces décisions sont porteuses d’autres crises. En 1955, l'état d'urgence fut rapidement jugé insuffisant. Il fallait encore et encore élargir les pouvoirs de la police et de l'armée : ce fut, un an plus tard, les pouvoirs spéciaux. Avec ces derniers, un président du conseil socialiste, Guy Mollet, donnait le signal du naufrage de la IVe République et, avec elle, d’une gauche française déshonorée. François Hollande et Manuel Valls empruntent la même pente.

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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