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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 17:37

 

Source : http://acteursdeleconomie.latribune.fr

 

 

Pierre Rabhi : "La COP21 manipule l'opinion"

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(Crédits : Laurent Cerino/Acteurs de l'Economie)

 

Auteur, philosophe, conférencier, agriculteur, Pierre Rabhi sème depuis plusieurs années sa conception du monde et de la nature. Face à l'urgence climatique, il dénonce l'inefficacité des grandes messes internationales, à l'instar de la COP21, qui selon lui, "manipule les esprits". Il appelle à la conscience et à l'action citoyenne pour faire bouger les lignes et ainsi se réapproprier la vraie valeur de la vie.

 

 

Acteurs de l'économie-La Tribune : Quel est votre regard sur les événements tragiques qui ont touché Paris le 13 novembre dernier ?

Pierre Rabhi. Je suis ulcéré comme beaucoup de gens et je condamne fermement cette violence. Elle est planétaire et terrible. L'humanité doit de toute urgence suffisamment évoluer pour éradiquer toute violence, et pour cela, il faut changer de processus, en allant vers une plus grande reconnaissance de l'autre.

Ces violences sont, en général, reliées à des contentieux larvés, construits au cours de l'histoire : la colonisation, l'humiliation, la non-reconnaissance, l'iniquité mondiale.Toutes les sept secondes, selon les experts de l'ONU, un enfant meurt de faim. Pourtant, la planète est suffisamment riche pour que ce fléau ne se produise pas.

L'humanité est de nos jours confrontée à une mutation sans précédent. Et dans ces bouleversements, nous devons garder le cap, c'est-à-dire, construire une fraternité humaine en adéquation et en relation avec la nature, le berceau indispensable à tous êtres humains et toutes créatures.

 

Justement, la Cop 21 est censée éviter le pire en limitant à 2°c le réchauffement climatique. Vous êtes très pessimiste concernant cette conférence...

Je n'attends pas grand-chose de ces sommets internationaux. Ces rencontres sont censées rassembler des autorités afin qu'elles prennent des décisions importantes concernant notre rapport à la vie et à la nature. Mais depuis des années, aucune grande mesure ne sort de ces grandes messes.

L'inefficacité de ces rendez-vous du type de la COP21 - au-delà du danger qu'ils font courir à la planète,- engendre un autre mal : celui d'une manipulation de l'opinion. Les décideurs font croire à la population qu'ils s'occupent de ces grands enjeux climatiques, mais ils n'apportent pas une réponse à la hauteur de la gravité de la situation.

Le problème réside dans la division entre la nature et nous. Nous sommes la nature, et l'écologie devrait ainsi être la chose qui concerne absolument tout le monde, du président de la République au balayeur. Sauf qu'aujourd'hui, il y a un clivage initié par l'être humain. Il s'est ainsi installé dans un statut dans lequel il s'est donné tous les droits contre la nature. Avec un mot d'ordre : pillons et détruisons.

Pourtant, sur l'échelle du temps, si nous reprenons un ratio temporel de 24 heures, l'Homme n'est présent sur la planète que depuis une ou deux minutes. Et dans ce très court instant, l'Homme est devenu un fléau pour la planète. Mais aussi pour lui-même. Il est son premier fléau.

 

Les discours dominants portés par les grands États et leurs responsables politiques ne sont, pour le moment, que très rarement suivis d'actes majeurs. Quels sont les blocages que vous avez identifiés ?

La première nécessité et d'analyser où se trouve désormais l'autorité. La finance s'est accaparée cette autorité et cette toute-puissance dans le monde. De ce principe d'argent roi, concentré dans les mains d'une caste qui décide, se trouve les limites du pouvoir politique. Les responsables, pourtant élus, ont ainsi un espace de décision mince.

Par ailleurs, au sein même de la sphère politique, la question climatique est substituée, depuis de nombreuses années, à d'autres priorités, à l'instar du chômage. La question du climat passe également au second plan lorsque les luttes politiques, où triomphe parfois la démagogie aux dépens du réalisme, prennent le dessus, avec pour dessein de répondre à une logique personnelle de réélection électorale.

Pourtant, face à ces blocages, nous pourrions commencer à modifier la société dès demain.

 

Quels sont les moyens disponibles, selon vous, afin de bousculer ces paradigmes établis ?

L'un des enjeux majeurs résulte de l'éducation de nos enfants. Celle-ci devrait se focaliser, non pas sur la compétition, mais sur la sociabilité et la solidarité. En très peu de temps, nous pourrions créer des êtres solidaires, et non pas opposés.

Le système actuel de l'école introduit immédiatement la notion d'antagonisme, en poussant les enfants vers un élitisme insatiable. Cette conception est nauséabonde. D'une part, elle pare l'enfant d'angoisse. D'autre part, l'enfant est ainsi préparé à avoir une perception de l'autre comme l'antagoniste étant celui qu'il faut dominer.

Ce balancier entre dominant et dominé est une aberration au regard de l'histoire. Il y a toujours eu une catégorie opprimée, qui s'est ensuite révoltée contre son oppresseur. Puis, l'opprimé devient oppresseur. Il faut donc changer totalement de schéma.

 

Vous prônez particulièrement l'action locale et citoyenne pour changer le modèle. Celle-ci, aussi dynamique soit-elle, ne se heurte-t-elle pas à un niveau décisionnel qui étouffe, à un moment donné, toutes perspectives profondes de changement ?

Nous, simples citoyens, avons un pouvoir énorme, qui par notre action peut avoir des répercussions majeures. Mais nous ne l'exerçons pas. Nous devons aller vers un comportement frugal.

Certaines multinationales sont par leurs activités nocives à notre planète. Mais ces mêmes entreprises que nous pointons du doigt, nous les nourrissons tous les jours. Certes, il y a des faits que je ne peux pas renier. Je suis également en cause sur certains comportements, lorsque, par exemple, je fais le plein d'essence de ma voiture. Mais il y a des espaces dans lesquels je peux prendre des initiatives personnelles. C'est à ce titre que je parle de sobriété.

 En devenant "simples", nous pouvons ainsi poser des soucis aux multinationales. En effet, elles fonctionnent sur une approche subliminale, qui est de mettre l'individu psychologiquement dans le manque. La marge du superflu qu'elles engendrent est sans limites. C'est face à cette tentation que grâce à notre comportement, nous pouvons jouer un rôle majeur. "Est-ce que je me comporte avec simplicité et sobriété qui me permet de répondre à mes besoins légitimes, où suis-je dans l'avidité permanente ?

La sobriété peut être heureuse, apporter de la joie en marquant un palier de satisfaction. Or nous sommes dans une société qui s'appuie sur l'insatiabilité avec le credo du "toujours plus". Que ce soit au niveau de l'État ou de l'individu, le gaspillage est énorme. Ce comportement n'a pas pour seule conséquence, notre personne, mais il se répercute sur l'autre. Notre gaspillage peut affamer notre voisin. Il y a tout un pan de l'humanité qui est dans la précarité, et nous, on fabrique 30 à 40 % de déchets.

 

La solution est donc, selon vous, en chacun d'entre nous...

La solution se construit en chacun de nous. Si nous ne nous mettons pas dans une logique de transformation raisonnée et bénévole, celle-ci s'imposera à nous. Quel que soit le chemin, nous allons vers la précarité. Il faut, selon moi, la choisir et non pas la subir, en l'ordonnant, l'organisant pour qu'elle ne soit pas douloureuse. Mais la précarité, ce n'est pas ne rien avoir, c'est simplement posséder l'indispensable.

 

Pour atteindre cette sobriété, vous prôner notamment l'agroécologie. De plus en plus de personnes s'en réclament. Comment observez-vous cette évolution ? Redoutez-vous un risque de récupération, à l'instar de ce qui s'est fait pour l'agriculture biologique ?

Il y a toujours un risque. Dans mon dernier livre (La puissance de la modération, Hozhoni Eds), j'ai souhaité rappeler d'une manière claire, l'éthique et les fondements de l'agroécologie. Au-delà de son ambition initiale, être pourvoyeuse de produit bio, elle est avant tout une éthique. Elle impose de cultiver en conscience.

La dimension spirituelle est évacuée de notre monde. Nous devons retrouver le ressentiment que nous fassions partie de quelque chose qui est complexe, mais porteur d'une forme d'intelligence, c'est-à-dire l'esprit, sans pour autant comprendre le tout. L'agro-écologie permet cela.

 

Vous êtes à la fois agriculteur, écrivain, poète...que vous permettent ces multiples casquettes ?

L'agroécologie est une activité tangible, qui ne brasse pas à l'infini des théories. J'ai cette chance l'a pratiquer, c'est-à-dire d'être en mouvement. Cette activité est un test quotidien, alors que la société d'aujourd'hui est beaucoup trop dans les concepts. On brasse, on brasse, et pendant ce temps-là, le bateau coule.

Le dilemme est désormais le suivant : sommes-nous capables de changer l'histoire par une approche tangible de la réalité des choses, où allons-nous gloser alors que nous faisons naufrage?

Il est absolument nécessaire qu'aujourd'hui, dans la façon dont nous considérons la vie, elle puisse s'incarner dans nos gestes quotidiens ; et l'agriculture est magnifique pour cela, car elle permet de vivre. Sans elle, tout est fini.

 

Comment transmettre les valeurs que vous prônez vers d'autres domaines d'activités. Tout le monde ne peut pas revenir à l'exploitation de la terre...

Le grand problème de la société, aujourd'hui, c'est qu'elle est hors sol. L'individu est concentré dans des villes de plus en plus gigantesques, éloignant ainsi davantage les populations des problématiques de la vie.

Prenons un exemple extrême. Pendant les guerres, tout le monde se souvient du cousin à la campagne. Il était pourtant jusqu'alors catégorisé comme le "pauvre type" qui n'a jamais réussi. Sauf, qu'en réalité, c'est lui qui détient la vie. Le réalisme aujourd'hui, c'est une écologie pratique, qui incarne la vie.

 

Source : http://acteursdeleconomie.latribune.fr

 

 

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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 17:02

 

Source : New Internationalist Magazine

 

https://www.facebook.com/newint/videos/10153264895188461/?fref=nf

7 h ·
 

Yesterday undercover police cracked down on anyone questioning the sponsors of a corporate “Solutions 21” event in Paris.

The action was supported by Corporate Europe Observatory, Les Amis de la Terre France, Attac France (Officiel), Climate Justice Action, JEDIs, Solidaire and Friends of the Earth France. Kandi Mossett from the Indigenous Environmental Network spoke at the event.

For more grassroots coverage from Paris: www.newint.org/live/paris

Read the truth about corporate influence at COP21: www.goo.gl/8eAZF

 

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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 16:03

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

« On accorde trop d’attention au climat par rapport aux autres questions environnementales »

25 novembre 2015 / Entretien avec Guillaume Sainteny
 


 

Et si la question climatique avait phagocyté les politiques environnementales ? C’est la thèse de Guillaume Sainteny, professeur à Polytechnique et qui a travaillé plusieurs années au ministère de l’Écologie. Il la développe dans son dernier ouvrage, Le Climat qui cache la forêt. Entretien pas vraiment orthodoxe.

 

Reporterre – Pourquoi opposer politique environnementale et politique climatique ?

Guillaume Sainteny – Je ne les oppose pas, je me demande juste si la question du climat est vraiment la plus importante. On peut le faire selon plusieurs critères. D’abord, est-ce le sujet considéré comme le plus important par les gens ? Les sondages depuis les années 1990 montrent que non.

Deuxièmement, on peut prendre le nombre de morts. La pollution de l’air, c’est 7 millions de décès prématurés par an dans le monde, à 90 % dans les pays en voie de développement. Le changement climatique, c’est moins de 10 % de cela. Et même en 2030, on comptera toujours plus de morts par pollution de l’air.

Troisièmement, on peut se référer aux recommandations des organisations internationales. Il n’y en a aucune qui vous dise que la priorité est le changement climatique. Elles vous disent qu’il y a aussi l’eau, l’air, l’utilisation non-rationnelle des ressources naturelles, etc.

Enfin, on peut lire les études sur les coûts des différentes atteintes à l’environnement. Le coût annuel des perturbateurs endocriniens ou celui de l’érosion de la biodiversité est du même ordre de grandeur, voire supérieur, à celui du changement climatique.

Je ne conclus pas que le changement climatique est un problème secondaire, mais dis simplement que, par rapport à ces indices, on lui accorde trop d’importance médiatiquement, politiquement, dans les politiques publiques, par rapport à d’autres questions d’environnement. Ce déséquilibre du climat par rapport aux sujets environnementaux est accentué en Europe par rapport au monde, et accentué en France par rapport à l’Europe.

 

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Guillaume Sainteny.

À Reporterre, on tente d’intéresser les lecteurs au changement climatique. Et on a plutôt l’impression qu’on ne parle jamais assez du climat !

C’est drôle, je n’ai pas du tout cette impression. Un exemple parmi d’autres est que la majorité actuelle, depuis 2012, a lancé deux grands projets de loi : l’un sur la transition énergétique, l’autre sur la biodiversité. Comparez la surface médiatique consacrée à ces deux projets, c’est sans commune mesure !

C’est pour cela que je n’étais pas favorable à ce que la France organise la COP 21. Cela contribue à ancrer l’idée dans l’opinion publique française que le seul sujet qui compte, c’est le climat. C’est un paravent extraordinaire pour focaliser l’attention des ONG et médias sur ce seul sujet. Or pendant ce temps-là, le gouvernement entérine des reculs extraordinaires dans le domaine de l’environnement – vous l’avez d’ailleurs relevé sur Reporterre – mais presque personne n’en parle.

 

Les militants du climat, en particulier le mouvement Alternatiba, répètent qu’on a seulement dix ans pour gagner la lutte contre le changement climatique. Le climat n’est-il pas le problème environnemental le plus urgent ?

Ce n’est pas faux, plus on tarde, plus il sera coûteux de lutter contre le changement climatique. Mais est-ce dix, vingt, trente ans ? Bien malin celui qui saurait le dire, car on disait déjà cela il y a dix ans. Et puis, on peut dire la même chose sur d’autres questions environnementales. À partir de quel moment l’érosion de la biodiversité devient-elle un problème pour la survie de l’homme sur Terre ? Idem pour l’eau : si la baisse des nappes phréatiques continue, à partir de quand cela déclenchera-t-il des migrations ? Pour la pollution atmosphérique, à partir de combien de millions de morts considère-t-on qu’on ne maîtrise plus la situation ? Donc, je suis d’accord avec ce que les militants d’Alternatiba disent, mais je ne suis pas sûr que cela ne s’applique qu’au climat.

 

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Sécheresse d’un étang près de Toucy, dans l’Yonne, en 2015.
 

Pourtant, si on perd la bataille du climat, ne perd-t-on pas toutes les autres batailles environnementales ?

La focalisation extrême sur le changement climatique a conduit à considérer qu’il était la cause des autres problèmes environnementaux – érosion de la biodiversité, désertification, sécheresse accrue, accès à l’eau, etc. – alors qu’en fait, il en est la conséquence. Par exemple, l’une des contributions majeures aux émissions de gaz à effet de serre, c’est la déforestation, à hauteur d’environ 25 %. L’une des mesures les moins chères à prendre en matière de lutte contre le changement climatique serait de la stopper. Il faut commencer par là.

 

Comment expliquer cette focalisation en France des politiques environnementales sur le climat ?

C’est un sujet que je n’ai volontairement pas abordé parce que c’est une recherche en soi. J’ai donc des hypothèses. Un, la France est un pays d’ingénieurs et de juristes, et par exemple, les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées sont très à l’aise avec ça. Le changement climatique renvoie en gros à cinq ou six gaz qui ont chacun une unité de conversion en équivalent CO2. C’est très facile de raisonner avec ça pour un ingénieur.

Deuxièmement, cette affaire de climat ne remet pas fondamentalement en cause le système capitaliste. On peut en faire un marché. Vous pouvez développer des techniques anti-CO2, vous pouvez développer le marché des énergies renouvelables, et en fait quand vous regardez qui est sur ce marché en France, ce sont soit d’anciens promoteurs immobiliers reconvertis, soit des énergéticiens comme Total ou EDF, parce qu’il y a de très gros marchés. Quand vous arrivez sur des sujets comme le paysage, la biodiversité, cela devient beaucoup plus difficile à appréhender pour les fonctionnaires et les ingénieurs. Vous avez moins de critères quantitatifs, vous avez une opposition beaucoup plus forte à donner une valeur au vivant.

 

Quelle conséquence cette focalisation sur le climat a-t-elle sur les autres politiques environnementales ?

Quand vous faites une route, une autoroute, un lotissement, le barrage de Sivens ou l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il y a une étude d’impact. Ces études sont complètes sur certains sujets et faibles sur d’autres. L’impact environnemental se résume de plus en plus à l’impact CO2. Par exemple, vous décidez de construire une autoroute. On ajoute au bilan financier les coûts sociaux. En positif, il y a le gain de temps, les morts, les blessés, ou le CO2 évités. En France, la commission Boiteux a donné un coût pour tout ça. Et pour le reste, elle a dit : « Je ne sais pas chiffrer. » La biodiversité vaut zéro, le paysage zéro, etc.

 

Y a-t-il des politiques climatiques qui se sont révélées délétères pour l’environnement ?

Oui, par exemple le soutien aux agrocarburants. Ils supposaient des cultures intensives avec épandages de phytosanitaires, ils ont donc provoqué une pollution accrue de l’eau et de l’air, une réduction de la biodiversité, etc. Ils ont aussi provoqué la remise en culture de zones qui étaient anciennement des friches et qui stockaient du carbone. Donc, le résultat budgétaire est négatif, celui sur l’environnement aussi, et le résultat pour le climat contestable.

Deuxième exemple, il y a une loi en France extrêmement importante, c’est la loi Littoral. Or il y a eu des amendements à la loi Littoral, déposés presque tous par des députés écologistes, pour permettre la construction d’éoliennes de plus de 50 mètres de haut, jusqu’à 150 mètres, sur le littoral. Là, deux intérêts environnementaux s’affrontent : celui de développer les énergies renouvelables et celui de préserver le littoral. Il y a un arbitrage politique à avoir, mais ce débat n’a pas eu lieu.

 

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Le colza est cultivé pour la production d’huile alimentaire et d’agrocarburant. Le soutien aux agrocarburants est l’un des exemples où une politique climatique est préjudiciable à l’environnement.

 

Comment réconcilier les politiques climatique et environnementale ?

Il faut privilégier les mesures à double, triple, voire quadruple dividende. C’est-à-dire des mesures qui ont un effet bénéfique à la fois sur le changement climatique, sur la pollution de l’air, sur la biodiversité, etc. Il s’agit de presque toutes les mesures d’adaptation au changement climatique parce qu’elles vont presque toujours dans le sens de la nature : économies d’énergies, mesures pour diminuer la pollution atmosphérique, modes de déplacement doux, tous les transports collectifs, etc.

Et aussi, bien sûr, toutes les politiques qui prennent en compte le changement d’usage des terres : arrêter de retourner les prairies, d’urbaniser les sols agricoles, d’assécher les zones humides, etc.

 

Que pensez-vous de la façon dont la COP 21 aborde le climat ?

Nous n’avons pas les bons critères pour évaluer le succès environnemental et climatique de l’événement. Je critique d’abord cette focalisation sur les 100 milliards pour le Fonds vert. C’est compréhensible que les pays du Sud les réclament à ceux du Nord comme préalable aux négociations. Sauf que le problème des subventions publiques aux énergies fossiles est totalement absent des négociations. Cela représente 550 milliards de dollars par an...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net


*Guillaume Sainteny vient de publier Le climat qui cache la forêt, éd. Rue de l’échiquier, 18 €,

 

 

 

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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 14:21

 

Source : http://www.lemonde.fr/tant-de-temps

 

 

Julien Phedyaeff : “Le recyclage est une vision à court terme permettant aux pays développés de se donner bonne conscience”

Le Monde.fr | | Par

 
 

[Série] A une époque de profondes mutations, le rapport au temps est chamboulé. Nous avons invité des personnalités et des anonymes de tous horizons à se confier sur ce vaste sujet. Cette semaine, Julien Phedyaeff, le créateur de L’Increvable, un prototype de lave-linge conçu pour durer toute une vie.

 

 

Pour Julien Phedyaeff, le consommateur a sa part de responsabilité dans la généralisation de l'obsolescence programmée.

Quel regard portez-vous sur nos modes de consommation actuels ?

Je suis assez critique face au monde du prêt-à-jeter dans lequel nous vivons et j’essaie dans la mesure du possible de contourner ce modèle, intenable à long terme. Nous vivons largement au-dessus de nos moyens et je doute qu’acheter toujours plus d’objets de mauvaise qualité, fabriqués dans de mauvaises conditions nous rende heureux.

Il ne faut pas oublier que nous sommes sur une planète aux ressources limitées. Il faudrait plus de deux planètes si tous les habitants de la Terre vivaient avec le niveau de consommation moyen d’un Français.

 

Comment vous, jeune designer, en êtes venu à vous intéresser à la thématique de l’obsolescence programmée ?

Un designer, en créant des objets périssables, peut être acteur de la surconsommation. C’est à la fin de mes études que je me suis intéressé à cette thématique, avec l’envie d’assouvir ma passion : le démontage des objets. Cette pratique offre un regard utile sur le monde, j’en ai fait le sujet de mon mémoire de fin d’études. Il s’agit d’une recherche large sur les pratiques de démontage. Ce travail m’a permis d’explorer et de comprendre des enjeux comme le « verrouillage » des objets. J’y fais entre autres l’étude d’une machine à coudre, d’un détendeur de plongée, d’une table Ikea… Des produits très différents qui génèrent nombre de questionnements.

“On nous apprend à nous séparer des objets le plus rapidement possible et sans remords.”

Démonter est à mon sens le premier pas permettant d’être acteur vis-à-vis des objets. Mais cette démarche entre en conflit avec les pratiques actuelles d’obsolescence programmée et de verrouillage systématique. Nous sommes éloignés des objets, nous ne les connaissons qu’en superficie et on nous apprend à nous en séparer le plus rapidement possible et sans remords. L’utilisateur est démuni quand il y a une panne et peut facilement être manipulé.

 

Aujourd’hui, ne prend-on tout de même pas mieux en compte le cycle de vie des objets, leur recyclage, leur réutilisation ?

On vante le recyclage comme un cercle vertueux mais c’est un modèle discutable, il y aura toujours de la perte et de la consommation : perte dans la qualité du matériau, consommation d’énergie pour le transport et la transformation de ces déchets…

Pour moi, la société actuelle du prêt-à-jeter ne se soucie que de l’aspect économique, elle ne prend pas en compte la valeur humaniste associée à un objet. Le recyclage, qui semble une solution à long terme, n’est en réalité qu’une vision à court terme permettant aux pays développés de se donner bonne conscience. Avant de promouvoir l’économie circulaire, il me paraît prioritaire de favoriser une économie de la réparation et de créer des objets que l’on ne jette pas à la moindre occasion.

 

Comment analysez-vous les débats sur l’obsolescence programmée ? Quelles en sont les dérives, d’après vous ?

L’obsolescence programmée concerne de nombreux détails. On imagine que l’industriel rend volontairement les objets défectueux. Il est difficile de le prouver mais les composants défaillants ou sous-dimensionnés répondent aussi à une demande du consommateur qui souhaite acheter son produit le moins cher possible… Sans compter la marge exceptionnelle appliquée par les industriels et distributeurs, qui ne laisse guère de budget.

 

Comment le design peut-il se réapproprier le temps des objets ?

Notre société est en pleine mutation, les besoins évoluent au gré des découvertes technologiques et des innovations techniques. Certains objets doivent se renouveler pour satisfaire les besoins d’évolution, mais pas tous. C’est ce que je cherche à prouver avec l’Increvable qui fait partie de ces objets que je qualifie de stables : ils ont peu évolué technologiquement et formellement dans un temps donné et répondent efficacement à un usage intemporel.

 

L’Increvable est donc un lave-linge conçu pour nous accompagner toute notre vie. Comment souhaitez-vous promouvoir votre démarche aujourd’hui ?

Nous nous sommes inspirés de l’existant, en démontant et en étudiant des machines : l’enjeu est de trouver les composants qui aujourd’hui définissent la durée de vie du produit et entraînent l’obsolescence programmée.

“On se sépare plus difficilement d’un objet que l’on comprend et dans lequel on peut s’investir.”

Un grand nombre de pièces sont périssables, certaines sont soumises à l’évolution de nos usages ou des normes énergétiques… D’autres font l’objet d’une usure cosmétique comme des plastiques qui jaunissent. Pourquoi voudrions-nous réparer un objet sale ? En changeant certaines pièces susceptibles de s’abîmer ou de vieillir, on est plus enclin à garder l’objet en question plus longtemps. Notre démarche repose sur la création d’un lien « affectif » : il faut y mettre du sien et si l’entretien est simplifié, voire accompagné, cela encouragera même les plus pessimistes.

 

Peut-on aujourd’hui créer des objets qui durent et qui ne sont pas trop onéreux ?

C’est notre ambition et c’est pour cela que la machine est vendue en kit : il est ainsi inutile d’avoir une usine d’assemblage, nous distribuons des pièces détachées. Les usagers peuvent faire le montage eux-mêmes sans contrainte de temps.

 

Mais certaines grandes marques de mobilier ont aussi recours à cette démarche, sans être durables pour autant…

Effectivement, sur ce point nous nous rapprochons de célèbres marques de mobilier bas de gamme. Cependant la comparaison s’arrête là car même s’il y a une volonté commune de baisser les coûts en externalisant l’étape de montage, l’intention n’est pas du tout la même !

L’Increvable pourra être démonté et remonté à l’envie autant de fois qu’il sera nécessaire, ce qui est loin d’être le cas du mobilier en kit. Au-delà de la dimension économique, nous voyons dans cette phase de montage de nombreuses vertus. A la fois d’un point de vue pédagogique mais aussi en termes d’affect et d’appropriation. On se sépare plus difficilement d’un objet que l’on comprend et dans lequel on peut s’investir.

 

www.lincrevable.com

 

 

 

 

Source : http://www.lemonde.fr/tant-de-temps

 

 

 

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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 14:04

 

*Note perso : On ne fait que remettre au goût du jour une ancienne invention mais cela donnera peut être quelques idées à certains. Pour les plus créatifs, la version fabrication maison d'un   "lave-linge à pédales" est assez aisée à réaliser (un exemple en 2ème partie de l'article) et pendant qu'on y est, d'autre vidéos avec d'autres idées pour produire et récupérer de l'energie à moindre coût.

 

 

 

Vélo → Electricité : Incroyables Expériences [84] Electricité avec un vélo / Vélo générateur  lien

 

Des jumeaux très créatifs (plein de vidéos à leur actif dont la construction d'une éolienne) lien

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 22:53

 

Source : https://mrmondialisation.org

 

 

COP21: une compilation des violences policières devient virale

 

 

 
3 décembre 2015

 

Bientôt 1 million de vues en quelques heures. Cette compilation de captures prises le 29 novembre dernier lors des manifestations en faveur du climat se répand comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux. On peut y voir les affrontements violents depuis l’intérieur, comme vont le vivre nombre de militants écologistes. Mais d’où vient la terreur ?

 

Son auteur n’est autre que « Boby », le jeune anonymous français condamné récemment à des peines de prison avec sursis (avec deux congénères) pour avoir « attaqué » des sites gouvernementaux. Le jeune homme a compilé une série de clips, vidéos et films tournés par différents observateurs tout au long de la journée du 29 novembre, où était organisée la marche citoyenne en marge de la COP21.

Cette Marche pour le Climat qui avait pourtant bien débuté s’est terminée dans le chaos le plus total. Avec quelques 316 manifestants en garde à vue, un mémorial dévasté et la violence de quelques personnes anonymes et encagoulées, nombre de médias nationaux ont offert une vision à sens unique des évènements. Une simple recherche des mots « violence COP21 » montre systématiquement les mêmes images de cette minorité violente en marge de la manifestation. Nombre de témoignages avaient alors offerts une version alternative des évènements, plus mesurée et en phase avec les nuances de la réalité.

Boby a donc tenté d’offrir cette version alternative en compilant d’innombrables séquences filmées par divers spectateurs présents. Bien qu’elles fassent volontairement l’impasse sur la minorité black-block présente à la manifestation, les images offrent un tout autre regard du point de vue des manifestants pacifistes : des policiers qui écrasent le mémorial à plusieurs reprises, des bousculades violentes de personnes assises, un vieillard matraqué sans véritable raison et des personnes âgées bousculées, des rafles totalement aléatoires, des manifestants souriants qui scandent des slogans de non-violence, à n’en pas douter, ces images tranchent avec l’idée qu’il est possible de se faire en lisant les informations traditionnelles.

Si ces violences policières furent dénoncées par les associations, dont la Ligue des Droits de l’Homme, personne ne nie la présence de quelques personnes encagoulées, provoquant les forces de police. Ces provocations semblent cependant servir de prétexte et de couverture et un déchainement de violence de la part des forces de police. Le jeune anonymous ne mâche pas ses mots : « Parce que les médias désinforment et stigmatisent, après 8 heures de travail, de recherches sur internet pour réaliser cette vidéo, et des larmes d’émotions face à ces souvenirs, voici des images de ce dimanche 29 novembre, « oubliées » des JT.« 

Quelques heures après avoir publié sa compilation sur facebook, plus de 800.000 personnes l’avaient déjà visionnées pour près de 30.000 partages. On vous invite à la découvrir par vous même afin d’émettre votre propre jugement. (NB : Erratum signifié par « Boby » : le CRS dit bien « Doucement les journalistes, là, hein ! »)

 

 

 

Source : https://mrmondialisation.org

 

 

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 22:43

 

Source : http://www.politis.fr

 

 

 

 
La société civile violemment expulsée du salon du « greenwashing »

 

Par Erwan Manac’h - Suivre sur twitter - 4 décembre 2015

 

 

Les militants de la cause climatique se sont invités au salon « solutions 21 » pour dénoncer le « greenwashing », donnant lieu à un nouvel épisode de la répression du mouvement écologiste.

 

Midi, dans les allées guindées du Grand Palais, l’atmosphère se crispe doucement. La mine austère et l’allure imposante des policiers en civil se font de plus en plus pressantes et de nombreuses personnes sont interdites d’entrée et écartées vers le métro.

Ce vendredi, jour d’ouverture du salon « Solutions 21 », plusieurs organisations de la coalition climat 21 avaient annoncé la tenue d’un « Lobby tour », pour décrypter ce que cachent les affichages « écoresponsables », « verts » et « durables » des grandes entreprises qui se sont offertes un stand, moyennant 250 000 euros, par exemple, par Engie (ex GDF).

« On aurait pu organiser ce salon si nous avions voulu faire une caricature du "greenwashing" », ironise Audrey Arjoune, de l’ONG Peuples solidaires.

Les nominés sont (notamment) :

  • Vinci, qui présente au salon son travail dans le cadre du « tink tank » Vivapolis qui préfigure l’Institut de la ville durable qui doit être lancé le 8 décembre, avec notamment la banque HSBC, Dassault et Suez. « L’emblème de cette entreprise, c’est Notre-Dame-des-Landes. Nous n’estimons pas qu’il fasse partie des solutions », note Floriant Copain, président des Amis de la Terre.
  • Engie, ex GDF, qui détient 30 centrales à charbon dans le monde. « Si on les additionne avec les 16 centrales détenues par EDF, dont l’État français est également actionnaire, cela représente la moitié des émissions de gaz à effet de serre de la France », dénonce Sylvain Angerand, coordinateur des actions pour les Amis de la terre France.

 

  • Avril-sofiprotéol, géant français de l’agro-industrie, qui fait la promotion de l’agrocarburant sur son stand du salon « solutions 21 ». « L’agrocarburant a provoqué l’accaparement de 17 millions d’hectares de terre et déstabilise fortement le marché de l’alimentaire », dénonce Laurence Marty, du collectif Toxic tour.

Stand d'Avril-sofiprotéol

Stand d’Avril-sofiprotéol

 

EM.

 

 

 


13 h, deux guides s’autodéclarent et commencent une visite guidée, l’un en français, l’autre en anglais. Le groupe, qui compte de nombreux journalistes, est immédiatement encerclé par les policiers en civil :

« Il faut savoir qu’un plein de voiture avec des agrocarburants représente l’équivalent de la nourriture d’une personne vivant sur le continent africain en un an. Voilà le modèle qu’on nous propose pour sauver le climat, alors que l’agriculture paysanne, en polyculture-élevage, existe », commence le guide francophone.

Toute tentative d’avancée dans les allées est stoppée par les forces de l’ordre qui finissent par bloquer un groupe d’une vingtaine de personnes. « Voilà un autre scandale, s’époumone Sylvain Angeraud, coordinateur des campagnes pour les Amis de la terre, qui a pris la suite de la visite guidée. L’huile de palme prétendument durable est cultivée avec un pesticide reconnu comme neurotoxique par l’OMS, le « paraquat ». Il aurait tué plus d’un million de personnes dans le monde. »

 

Tentative de visite à l'intérieur du Grand Salon, encadrée par la police.

Tentative de visite à l’intérieur du Grand Salon, encadrée par la police.

 

EM.

 

 

« La compensation carbone c’est aussi une grande arnaque, enchaîne-t-il dans la cohue. Ça permet à des entreprises de continuer à polluer. J’aurais aimé pouvoir aller discuter avec mes amis de Pur projet, qui se présentent comme une ONG alors qu’ils sont une entreprise qui a pour client Vinci, GDF Suez et un certain nombre d’autres entreprises qui achètent des crédits de compensations carbone. Je suis allé visiter leur projet au Pérou. Pur projet achète des forêts au Pérou et les autorités du pays interdisent aux communautés de couper un arbre, sous peine d’être poursuivies en justice. »

 

Sylvain Angeraud, des Amis de la terre, quelques secondes avant son expulsion.

Sylvain Angeraud, des Amis de la terre, quelques secondes avant son expulsion.

 

EM

 

 

Alors qu’il tente de poursuivre, il est tiré par le bras et violemment exfiltré par les forces de l’ordre. Le petit groupe subira le même sort, après une vaine tentative de s’asseoir en signe de résistance pacifique. C’est bientôt tout le salon qui sera fermé au public.

Devant le Grand Palais, les quelques 220 personnes triées au faciès, dont l’accès a été refusé, forment une manifestation improvisée. Une banderole est brièvement déployée devant les marches du monument, avant d’être repliée de force par les policiers en civil.

Deux sommations plus tard, la foule déjà émoussée par un jet de lacrymogène, ne demande pas son reste, préférant éviter les interpellations massives qui semblent se profiler.

« Tout ça pour une petite bande d’écolos », soupire une passante qui constate, dépitée, « qu’ils ont probablement coupé le réseau téléphonique ».

 

Selon le témoignage d’un exposant, le salon a été entièrement évacué vers 17 h pour faire entrer les chiens démineurs. Un pince-fesse avec VIP devait se tenir en soirée, uniquement sur invitation.

 

Document

 

 

Source : http://www.politis.fr

 

 

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 22:41

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

VIDEO. Des frigos dans la rue contre le gaspillage alimentaire à Berlin
L' Obs

 

Avec Spicee.com, le nouveau média 100% vidéo

 

C’est une initiative écolo très originale. Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, une association berlinoise a disposé dans les rues de Berlin une vingtaine de réfrigérateurs avec de la nourriture en libre service.

Le principe est simple : tous les particuliers qui le souhaitent déposent dans ces frigos les aliments qu’ils ont cuisinés en trop ou des denrées périssables au moment de partir en vacances ou en week­-end.

L’idée a un but vraiment écologique. Rien à voir avec un frigo pour SDF : tout le monde peut se servir même si les plus démunis en profitent aussi.

Cela fait deux ans que l’association allemande Foodsaver a mis en place la plateforme foodsharing. Les réfrigérateurs sont installés dans la rue, dans des halls d’immeuble ou chez des petits commerçants de la capitale allemande et de certaines villes de province.

En plus de la nourriture déposée par des particuliers, des bénévoles collectent au près des commerçants ou des supermarchés des invendus. Les frigos sont remplis trois fois par jour avec tous types d’aliments.

Halte au gâchis

Seule condition qu’ils soient sains et consommables. "Le Foodsharing n’est pas un mouvement politique. Juste un rassemblement de gens qui ne supportent pas qu’on gaspille la nourriture", explique l’une des bénévoles.

Chaque année, 22 millions de tonnes d’aliments partent à la poubelle en Allemagne alors qu’ils pourraient être consommés. L’association propose donc une solution pour réduire ce gigantesque gâchis. Et ce n’est pas tout, en plus de ces frigos, des petites cabanes ont été installées à plusieurs endroits de la ville où l’on peut déposer les objets dont on ne se sert plus. Vêtements,  jouets, livres...

En Allemagne, pays très sensible au recyclage, le concept a séduit. Désormais l’initiative s’exporte. Des pays comme la Suisse ou l’Espagne s’y sont mis.

Le journaliste de Spicee Nicolas Boero, nous emmène en balade dans les rues de Berlin à la rencontre de ces frigos et de leurs utilisateurs...

 

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 22:39
La police violente de nouveau des manifestants pour le climat

4 décembre 2015 / par Marie Astier (Reporterre)


 


 

Une manifestation pacifique était organisée ce matin dans le Grand Palais, à Paris, où les entreprises tiennent un salon des « Solutions » au changement climatique. Mais la police est violemment intervenue, évacuant ceux qui dénoncent ces « fausses solutions ». Reporterre était là, et s’est fait bousculer.

 

- Paris, reportage

Le rendez-vous était donné à midi à l’intérieur du Grand Palais, près des Champs-Élysées, par des associations (Attac, Amis de la terre, Peuples Solidaires,...). Enjeu : dénoncer ce qui, selon nombre d’associations écologistes, sont des "fausses solutions" au changement climatique.

Pour mettre en avant leurs projets auprès du grand public, de nombreuses entreprises y ont organisé « Solutions COP21 ». Avec des associations et des collectivités territoriales, elles y présentent leurs innovations en matière de lutte contre le changement climatique lors d’une immense exposition gratuite organisée au Grand Palais, à Paris, du 4 au 10 décembre. Cette initiative a coûté 4 millions d’euros.

 

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Le stand de Veolia.
 

En attendant le début de l’action, on fait le tour des stands. Chez Engie, le directeur environnement Hervé Casterman nous explique que « le gaz émet deux fois moins de gaz à effet de serre que les autres énergies fossiles, c’est donc un moyen d’accélérer la transition écologique. » Chez Evian, on nous explique fièrement que le recyclage d’une bouteille permet de fabriquer quatre stylos. Chez Cisco, entreprise californienne fournisseur de services pour l’internet, le directeur développement durable Philippe Dumont explique qu’on peut changer « la vie quotidienne et les comportements grâce à la technologie. » Au stand d’Avril, une magnifique voiture de tournesols symbolise les avantages environnementaux du Diester, qui «  émet 40 à 60 % moins de gaz à effet de serre que le diesel », nous détaille une des employées du service développement durable.

 

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Le stand d’Avril.
 

Un brouhaha de fond donne une ambiance calme, agrémentée d’un bruit de grenouilles fait par de petits véhicules vert à pédales.

Dans le public, on croise des visages connus, on comprend que les militants commencent à entrer dans le Grand Palais avec le public. Mais certains témoignent d’avoir été séparés de leurs amis : « À l’entrée ils font une sélection selon l’apparence, et ils écartent certaines personnes sans explications. Des dreadlocks ou un bonnet coloré ça ne passe pas ! » On constate que des gendarmes sont postés à l’entrée et semblent fouiller le public.

Vers 13h30, les organisateurs décident qu’il y a suffisamment de militants à l’intérieur. Une militante lève une feuille blanche marquée du signe « EN », « Toxic Tour in english », appelle-t-elle. Un amas de caméras s’amasse autour d’elle. Puis un second lance « Toxic Tour in French ! » On le suit.

 

 

Très vite, le groupe de journalistes et de militants est dirigé par des policiers en civil [1] dans un couloir, au bord des stands. « Vous ne voulez pas qu’on puisse voir les logos des entreprises, c’est cela ? » questionne Sylvain Angerand, chargé de campagne aux Amis de la Terre. C’est lui qui mène la visite. « Ce n’est pas grave, regardez derrière vous par exemple, il y a le stand d’Engie. Ils disent qu’ils ne construiront plus de centrales à charbon, mais ils en ont encore trente en fonctionnement ! »

 
 
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Sylvain Angerand.

 

Il cite également Intermarché, la lessive Le Chat, le groupe Avril, Renault, énumérant des exemples démontrant en quoi ces entreprises n’ont pas de solutions pour le changement climatique mais que leurs action l’accentuent.

Pendant ce temps là, les autres « lobbys tours » poursuivent eux aussi leur chemin. Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, est en visite au salon. Un groupe de paysans se poste sur son passage, chantant « Si t’aimes bien le greenwashing frappe dans tes mains ! ». La police intervient pour les mettre dehors.

 

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Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture.
 

Dans le groupe mené par Sylvain Angerand, nous sommes cernés. D’un coup, une bousculade, les policiers le saisissent violemment pour l’évacuer du Grand Palais. Puis, les policiers entreprennent de sortir les militants qui l’entouraient et qui s’assoient, chantant à nouveau la chanson du greenwashing. Les policiers les prennent un à un, en les forçant à sortir par une des portes latérales du bâtiment. Une femme emmenée fait une crise d’asthme : « Donnez moi ma Ventoline ! » Les policiers n’écoutent pas et l’embarquent. Une autre dame, elle aussi d’une cinquantaine d’année, proteste. Elle est emmenée manu-militari.

 

 

L’ambiance semble se calmer. On se regroupe avec d’autres journalistes, un photographe, bousculé dans la cohue, a pris un coup sur l’arcade sourcilière. Le président des Amis de la Terre, Florent Compain, nous apprend que Sylvain Angerand a juste été mis dehors, il n’est pas interpellé.

 

« Les fausses solutions sentent mauvais ! »

On voit passer d’autres militants, un policier sous chaque bras, se faisant accompagner vers la sortie. C’est là que les policiers nous saisissent fermement. Malgré nos protestations en tant que journalistes, ils nous emmènent aussi dehors. Avec nous, deux journalistes étrangers également. À la sortie, un groupe de policiers relève les identités des personnes exfiltrées. On refuse de donner les nôtres. Finalement, un gendarme nous conduit à la bouche de métro.

- Écouter l’échange, enregistré au téléphone à 14 h 32 (le son n’est pas très bon) entre Marie Astier et des policiers : ceux-ci veulent l’interpeller, puis l’empêcher de travailler. Elle rappelle qu’elle exerce son métier de journaliste et empêche les policiers d’interpeller Maëlle Ausias, étudiante en journalisme et stagiaire à Reporterre :

 

 
 
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Une chaîne de militants se forme devant le Grand Palais. Pour la briser et repousser les militants, les gendarmes utilisent de petites bombes lacrymogènes. Une banderole est déployée devant les marches : « Fausses solutions 21 : pas de paix sans justice climatique ! » L’ambiance se calme. Les manifestants crient « liberté, liberté ! ».
Les gendarmes mobiles encerclent le regroupement, évacuent les manifestants. L’un d’eux, monté en haut d’un poteau d’éclairage public, est délogé par des gendarmes voltigeurs. Une journaliste états-unienne de Vice News pleure à chaudes larmes, choquée. « Certaines personnes qui essayaient de sortir de la nasse des gendarmes ont été poussées et ont reçu des coups de pieds des gendarmes », affirme un témoin. « Ils n’y sont pas allés de main morte, témoigne un des paysans présents, Emmanuel Aze. Je pense que les policiers en civil étaient de la BAC, qui n’a pas la même culture d’intervention que les CRS... »

 

 

Vers seize heures, le calme est revenu, les gendarmes retournent à leurs camions. Les militants se dispersent. L’un d’eux nous demande : « Vous n’avez rien senti dans le Grand Palais ? » Ses mains sentent le poisson. « On a répandu des extraits de poisson, car les fausses solutions sentent mauvais ! »

Alors que la police a annoncé qu’« une trentaine de manifestants ont été repoussés du Grand Palais, puis contrôlés », donc qu’aucune interpellation n’a eu lieu, les organisateurs évaluent qu’une petite centaine de militants ont pu entrer à l’intérieur et que cinq cents ont accompagné l’action depuis l’extérieur. Ils appellent à revenir sur les lieux pendant toute la Conférence climat, afin de maintenir la pression. Sous quelle forme ? « Les manifestations sont un des moyens d’expression mais il faut se montrer créatif », nous confient-ils.


MOIGNAGE DE PIERRE MOREL, PHOTOJOURNALISTE

« Aujourd’hui 4 décembre 2015, un peu avant 14 h. Je couvrais en tant que photojournaliste accrédité et en commande pour le site d’information Les Jours l’action non violente « Fausses Solutions 21 » organisée au sein du Grand Palais. Un des policiers en civil qui encerclaient des militants et des journalistes a asséné un violent coup de coude à mon appareil photo qui a ensuite heurté mon visage et ouvert une plaie au dessus de l’arcade. Je ne sais pas si son geste était volontaire ou non, mais la conséquence est là.

Rien de grave pour moi si ce n’est une prise en charge par la sécurité civile et quelques points de suture aux urgences de l’hôpital Saint-Louis. Et bien sûr, l’impossibilité de suivre le reste de l’action et le salon.

Lors de cette action, de nombreuses personnes ont été arbitrairement interdites d’entrer dans le Grand Palais. Celles qui sont entrées ont été rapidement et violemment évacuées après le début de l’action. Peu après 14 h, les policiers en civil (que je présume de la BAC, brigade anticriminalité) ont aussi procédé à l’évacuation manu militari des journalistes restants (dont une journaliste de l’Agence France Presse et une autre de Reporterre, évacuée sous mes yeux). Ces dernières ont été clairement visées.

Je tiens à souligner que je n’ai pas été la seule personne visée et de nombreux journalistes et militants ont aussi subi l’action violente de la police en civil. »


MOIGNAGE DE GILLES DEGUET, VICE-PRÉSIDENT EELV DE LAGION CENTRE

L’élu s’est retrouvé mis dehors, alors qu’il n’avait rien à voir avec les manifestations...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 22:38

 

Source : http://zad.nadir.org

 

 

bonjour à toutes et tous,
la fin avec un peu de retard de ce feuilleton haletant.
le convoi est fini mais la lutte continue et les procès s'enchainent: la Noé Verte attend des nouvelles pour le 3 décembre, de nombreux occupants historiques sont assignés au Tribunal de Grande Instance le 10 décembre... on ne laissera pas faire!

en attendant on vous rappelle que le Coordination des opposants organise une manifestation de la Vacherit au Bourget (44), départ samedi 5 décembre à 11h.





----- « On vous laisse le Bourget, on prend Versailles ! » –
Récit accéléré des 3 derniers jours de route et du banquet final des convois.

Version avec des photos ici :
http://marchesurlacop.noblogs.org/post/2015/12/02/on-vous-laisse-le-bourget-on-prend-versailles-recit-accelere-des-3-derniers-jours-de-route-et-du-banquet-final-des-convois/


// Jeudi 26 – Préaux sur Perche/Coulomb – Chaud à vélo !

Le jeudi est marqué par la traversé de l’Eure et Loir et la plus grosse étape de notre équipée : 80km de route pendant lesquels résonne régulièrement l’hymne du convoi sur l’air de « Chaud cacao » . « Chaaaaud à vélo!! Chaud, Chaud, Chaud sur Paris (sur Paris) Cap sur la COP 21 , Nous on recul’ devant rien!  ». Nous devons déjà nous arrêter ce soir à Coulombs à 10km de la frontière avec l’Ile de France et le département des Yvelines. Un groupe d’une dizaine de personnes a été missionné pendant la journée pour trouver des hypothèses et plans à proposer en assemblée pour le lendemain. Nous savons que Saclay est déjà bardé de policiers et la Préfecture des Yvelines nous a redit la veille qu’elle ne tolérerait pas l’arrivée de notre convoi sur son département (qui est situé en Ile de France où l’interdiction de manifester est totale). Nous envisageons de parvenir à avancer, mais aussi la possibilité d’être bloqué-e-s à Epernon sur la zone « frontalière ». Nous partons sur place en répérage pour, le cas échéant, pouvoir y déployer un camp sur un espace public et appeler alors publiquement à nous y rejoindre pour faire pression. Nous trouvons par ailleurs le contact d’un agriculteur qui a sa ferme juste 1km plus loin, mais à l’intérieur des Yvelines et qui se trouve tout disposé, au pied levé, à voir notre convoi se poser sur un de ses champs.

A la finde l’après-midi, tout le monde se retrouve sur un terrain boisé où le collectif qui nous accueille a dressé des barnums et guirlandes. S, personnage mythique qui venait, avec son camion-cuisine, nous offrir des crêpes au pied des barricades chaque dimanche pendant les expulsions a rejoint le convoi ce midi. Il s’est immédiatement remis à la tâche et distribue de nouveau ce soir frites et galettes. Ceux et celles de la marche D’Agen, partie à pied le 11 octobre sont déjà là. Face à l’incertitude de la situation, ils ont décidé de nous rejoindre prématurément, tout comme le convoi de l’est qui doit arriver le lendemain matin. Nous apprenons que 2 des personnes qui préparaient notre accueil à Saclay et sur Paris ont été perquisitionnées et assignées à résidence avec obligation de pointer 3 fois par jour au commissariat. D’autres perquisitions et assignations à résidence de militant-e-s et soutiens du mouvement ont eu lieu à Rennes, Lyon, Rouen ou dans une ferme en Dordogne.

Après la criée, les différents plans sont exposés. Il est tard et la décision sur les possibilité de passer en Ile de France est remise au lendemain matin. Quoi qu’il en soit les tracteurs et quasi tous les autres véhicules motorisés sont prêts à tenter de franchir la ligne rouge au moins jusqu’à Emancé. Nouveau coup de théâtre ! Juste après l’assemblée, à 10h du soir, une émissaire du ministère de l’Intérieur vient sur place, pour nous assurer que notre convoi ne sera pas bloqué dans sa traversée des Yvelines. Nous sommes dubitatifs. Elle nous met en lien direct avec la Préfecture qui confirme. Cogitations nocturnes…

// Vendredi 27 – Coulomb/Emancé – le manège enchanté

Le lendemain matin, lors de l’assemblée, les nouvelles arrivées pendant la nuit nous laissent 2 alternatives : pédaler le plus loin possible et monter un camp de fortune en route ou faire une première étape courte dans les Yvelines jusqu’à Emancé. La seconde option est privilégiée, pour être sûrs de compter sur une base stable, et avoir plus de temps pour cogiter, quitte à se lever à l’aube le lendemain. Des coups de klaxon sur la route nous annoncent l’arrivée du convoi de l’est. L’assemblée s’interrompt et tout le monde se regroupe à l’entrée du camp pour aller les saluer.

Le passage dans les Yvelines se fait sans encombre si ce n’est pour la voiture-balai. Ce camion 9 places et remorques, maillon indispensable du convoi, partait vide chaque matin et arrivait bien souvent plein, avec à son bord les vélos cassés du jours et leur malheureux propriétaires. Et ce même si certain acharnés, après une crevaison, prenaient leur pneu dans le camion, le rustinaient aussitôt en route et remontaient en selle à la première pause. A la sortie d’Epernon, un gendarme pris d’un osbscur coup de sang se jette sur le capot de la voiture-balai sans explications. Il lui intime l’ordre de s’arrêter en tapant sur le capot et sur les vitres. La voiture balai refuse d’obtempérer. Il tente d’ouvrir ses portières sans succès. Lui et ses collègues bloquent le tracteur qui la suit. La nouvelle court de talkies, en cris et téléphones jusqu’à la tête du convoi qui s’arrête net, solidaire. Après quelques minutes, le tracteur est libéré et le cortège repart.

Nous arrivons chez notre paysan providentiel d’Emancé. Il devait, à l’origine, nous proposer un terrain et nous ouvre finalement sa cour et ses bâtiments agricoles. Peu après, c’est l’heure de la vente à la ferme. Toute sorte de personnes arrivent et nous proposent des logements. D’autres vont voir la maire du village, qui, réticente tout d’abord, accepte de nous laisser les clés du foyer rural pour un dortoir improvisé, à condition qu’il soit nickel le lendemain matin pour un tournoi de belote. L’équipe cuisine se retrouve invitée à préparer les plats du banquet dans un gîte installé dans un château du coin. Nous sommes de plus en plus nombreuses.Le tenancier d’une école d’équitation, située un peu plus loin dans le village, nous invite à venir faire l’assemblée chez lui plutôt que de rester dans le froid et l’obscurité. Nous nous retrouvons à 400, concentré-e-s et stimulé-es, dans un fabuleux manège à chevaux assis sur le sable, debout ou plus haut sur les rambardes. Ce décor théâtral donne un souffle épique à l’assemblée et à l’élaboration de nos plans pour s’approcher de la capitale. La cantine expose ses craintes de ne pouvoir mener de front la préparation d’un repas pour le soir, celle d’un petit déjeuner quelques heures plus tard et celle du banquet du lendemain. Mais des cyclistes répondent qu’il n’y aura pas besoin de nouveaux repas ce soir, et qu’ils et elles sont même prêt-e-s à se passer aussi de petit dej’ le lendemain si il le faut. J., du groupe trajet, qui s’est prise pendant la semaine d’une passion obsessionnelle pour l’art de rouler en convoi, prévient l’assemblée : « Demain il y aura encore plus de véhicules et de cyclistes. Alors vous oubliez tout ce qu’on a fait jusqu’à maintenant et vous n’écoutez pas ce que diront les flics ! C’est nous qui décidons comment on s’organise et demain on va réinventer une autre manière de rouler en groupe. » Après avoir passé en revue diverses options, nous décidons de tout mettre en oeuvre pour aller jusqu’à…Versailles au portes de Paris et de déployer notre banquet sur la place d’armes. Tout le monde est plutôt excité par ce pied de nez à l’histoire, sans certitude d’y arriver, mais prêt à assumer que l’on nous fasse obstacle. Rendez-vous à l’aube.

// Samedi 28 – Le banquet des communes libres face à Versailles.

On pensait que le départ serait un casse-tête : sans que le soleil soit levé, après quelques heures de sommeil, avec toutes les nouvelles personnes qui nous avaient rejointes pendant la nuit et les voitures garées partout dans Emancé… Mais la détermination à aller jusqu’au bout nous tient et prend le pas sur l’inertie au démarrage qui menace tout grand groupe. Le convoi n’a jamais roulé aussi vite et bien ! A un moment donné, nous prenons la 4 voies, devancé-e-s et suivi-e-s par une escorte policière. Les gendarmes et leurs donneurs d’ordre semblent avoir pris acte du fait que nous ne nous laissions pas intimider. A un moment donné, le gouvernement a sans doute calculé que nous laisser continuer, en tout cas jusqu’à Versailles, était sans doute un moindre mal, plutôt que de se lancer dans un nouveau rapport de force, de risquer de nous faire plus de publicité et de susciter des élans de solidarité. Nous sommes détournés de Rambouillet vers la N10. Nous longeons Rambouillet puis passons dans Saint-Quentin en Yvelines. Ce sont des un fiefs plutôt conservateur, mais où le convoi se fait néanmoins encourager par de nombreux klaxons et saluts. Le 4 voies est à nous, vide de notre coté et pleine de l’autre. On s’arrête en plein au milieu pour une petite pause. On repart en passant devant Saint-Cyr et quelques autres bâtiments officiels copieusement gardés. Au fur et à mesure que nous approchons, la présence des forces de l’ordre est de plus en plus dense, celle des caméras des médias aussi.

A 2km de la place d’armes, nous sommes attendus par les personnes du bus parti de Nantes tôt dans la matinée, entre autres. Le convoi fait halte et tout le monde continue à avancer ensemble à pied derrière une grande banderole sur laquelle une phrase de Shakespeare a été peinte pendant la nuit : « Si nous vivons, nous vivons pour marcher sur la tête des rois ». A l’abord des édifices de la cour, un chant s’élève, repris en choeur, presque solennel : « fille de… » insolente complainte de gueux, paysan-n-e-s, aventurier-e-s, migrant-e-s, déserteurs-euses et de révolté-e-s de tous les temps. Nous faisons le tour de la place et entrons sur l’esplanade. Une dernière fois un rang de policiers cherche à nous contenir, en l’occurrence autour de la statue de Louis XIV. Mais nous continuons à avancer, et eux à reculer, jusque devant les grilles du château. Les tracteurs se mettent en rang entre nous et la police et des tables sont déployées en rond. De nombreux parisiens, à qui le rendez-vous de Versailles a été donné dans la matinée, arrivent avec une bouteille ou une tarte à partager. La place se remplit. Nous avons tenu notre pari. La cantine mobile du convoi, qui a cuisiné toute la nuit, a été rejoint par une autre cantine suisso-germano-néérlandaise. Ils et elles ont donné le meilleur d’eux-mêmes, multiplié les plats et il y a des montagnes de nourriture. Un ami nous raconte qu’au cours du 19e siècle, marqué par différents moments d’insurrection populaire et par une forte ébullition révolutionnaire, les réunions politiques publiques ont été régulièrement interdites. Afin de se retrouver malgré tout, et pour tromper la loi, les cercles subversifs organisaient alors de grands banquets. En ces temps d’Etat d’urgence, dont la prolongation pour 3 mois a justement été décidé dix jours plus tôt à Versailles, le banquet d’aujourd’hui leur fait écho.

Une déclaration finale de circontance a été discutée la veille, puis pendant la dernière étape du trajet, avec quelques échanges en cours de route ou aux pauses pour finir de s’accorder sur les mots. Au milieu du banquet, 5 personnes montent côte à cote sur un banc et se passent tour à tour à la parole pour revenir sur les forces multiples du mouvement qui ont rendu ce convoi possible. Elles parlent des raisons qui nous ont menées jusqu’ici, du chemin parcouru, de l’accueil inoubliable des comités. Puis la voix d’un paysan qui est venu en tracteur emplit la place et clôt notre prise de parole sous les hourras :

« C’est le 16 novembre 2015, depuis Versailles, que le sénat et le parlement réunis ont décidé de prolonger de 3 mois l’Etat d’urgence sous lequel nous vivons aujourd’hui. C’est au titre de l’Etat d’urgence qu’il a multiplié les interdictions de manifestation, les perquisitions ou les assignations à résidence de personnes qui préparaient notre accueil à Paris. Mais ces mesures liberticides ne pourront étouffer les voix de tous ceux qui considèrent que les logiques économiques et politiques actuelles nous mènent droit dans le mur.

En 1871, Les versaillais avaient écrasé la Commune de paris. Les zads sont aujourd’hui comme autant de nouvelles communes libres. Et nous affirmons ici que ces communes ne se laisseront plus expulser. Nous avons contenus les troupes policières à l’automne 2012, et avons mis en défaite les politiciens pro-aéroport. Nous les mettrons en défaite une nouvelle fois s’ils s’entêtaient à revenir dans le bocage de notre dame des landes. Il n’y aura pas d’aéroport, la zad continuera à fleurir.

C’est à l’été 1973 pendant le premier grand rassemblement de la lutte du larzac que Bernard Lambert, figure des paysans-travailleurs a déclaré « les paysans ne seront plus jamais des versaillais ». Avec les paysans venus de la zad nous sommes fiers aujourd’hui de faire résonner de nouveau ce message ici-même.

Ce banquet n’est que le point final des convois. Il se veux un appel à continuer les luttes de terrain, à Paris comme ailleurs, dans les semaines, mois et années à venir. »

D’autres voix se succèdent ensuite pour parler du Convoi de l’est, des forêts du Morvan, des terres de Bure, de Saclay ou des Lentillères….A l’issue du banquet, notre clown fait la dernière criée juché sur le toit de la remorque des toilettes sèches, avec la foule compacte d’un coté et la police de l’autre. Des dizaines de mots donnés par les participants sont lus et reflètent l’émotion euphorique qui nous a emporté sur la durée du trajet puis pendant cette dernière journée. Un mot sur deux finit par « je vous aime… ». Beaucoup plébiscitent toutes les équipes qui assuraient le fonctionnement et la cohésion du convoi : la logistique, la cantine, la com’, le groupe trajet et soirées. Des mots encore viennent défier les puissants de ce monde, leur troupes et l’état d’urgence. Et une petite inquiétude quand même : « Comment faire mieux que Versailles pour la poursuite de la lutte ? »

Parmi les participant-e-s au convoi, certaines retournent en bus à Nantes, d’autres repartent en tracteur, d’autres encore restent pour continuer les manifs, cantines et débats pendant la Cop 21, en dépit des interdits Tout le monde s’embrasse et chacun a le cœur gonflé à l’idée que le corps composite qui s’est agrégé pendant le convoi puisse se fragmenter. Des promesses sont faites : de repartir ensemble sur la route, de se retrouver pour une grande fête le 15 décembre, de se revoir outils en main fin janvier pour les chantiers de l’appel d’offres lancé par la Zad pour remplacer celui de la Préfecture…Les occasions ne manqueront pas et ce qui s’est vécu cette semaine a, à coup sûr, changé une nouvelle fois le visage du mouvement, ouvert de nouvelle possibilités, confiances et complicités.

// La gavotte finale

Il y a parmi nous deux compères qui ont fait la route ensemble en tandem, alors qu’ils se connaissaient à peine avant le départ, et qui ne se sont pas quitté d’une semelle. Dans la foulée de la criée, ils entonnent ensemble une gavotte :« c’est dans 10 ans les avions ne décolleront pas » le groupe reprend en chœur chaque fois un peu plus fort.. « Leur aéroport ils peuvent toujours l’rêver, chaque jour un peu plus on les fera cauchemarder » Tout le monde danse en cercle, corps à corps…Un ami nous interpelle : « Comment veux-tu que le pouvoir vienne à bout de personnes qui éprouvent une telle joie à lutter ensemble !».

—————

Pour finir en Bonus – La ritournelle du convoi « cap sur la cop », écrite chemin faisant (sur l’air de «chaud cacao »)

REFRAIN x2

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Chaaaaud à vélo!!

Chaud, Chaud, Chaud sur Paris (sur paris)

Cap sur la COP 21

Nous on recule devant rien!

———————–

Partout où on pédale

Soutien phénoménal

Vélos, cabanes tracteurs

Y’a de quoi leur faire peur

Ils essayent d’nous bloquer

On s’laisse pas contrôler

On s’fout des arrêtés

On va manifester

REFRAIN x2

L’état d’urgence, la pluie

Et la gendarmerie

Galères et pneus crevés

On s’arrêtera jamais

“Patates et pois cassés”

Au moins jusqu’au banquet

Et malgré la flicaille

On marche sur Versailles

REFRAIN jusqu’à voix cassée

--
Zone A defendre - http://zad.nadir.org/

 

 

Source : http://zad.nadir.org

 

 

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