Source : https://www.mediapart.fr
De notre envoyé spécial à Ferrol, La Corogne et Saint-Jacques-de-Compostelle (Galice, Espagne). Jorge Suárez grimace lorsqu’il regarde les deux tableaux accrochés au mur. « Je les trouve affreuses, ces peintures. Mais je n’ai rien touché, rien déplacé. Je suis de passage dans ce bureau. Tout cela ne m’appartient pas », se justifie l’ancien syndicaliste, barbu, veste noire et chemise blanche. L’élu a tout de même transformé la petite salle de bains en carrelage bleu attenante, vestige d’une époque où le maire aimait – semble-t-il – prendre des bains sur ses heures de travail, en un élégant fumoir pour lui et ses collaborateurs.
Au printemps, Suárez, 39 ans, est devenu le maire « indigné » de Ferrol, l’un des ports les plus pauvres de Galice (environ 69 000 habitants), dans le nord-ouest de l’Espagne. À une cinquantaine de kilomètres de là, un autre port, La Corogne, l’un des poumons économiques de la région (240 000 habitants) a lui aussi porté au pouvoir une plateforme citoyenne, La Marée Atlantique. À l’intérieur des terres, c’est une autre « confluence », baptisée Compostela Aberta, qui s’est emparée de la capitale politique, Saint-Jacques-de-Compostelle (90 000 habitants).
Si l’attention des médias s’est portée, aux municipales de mai, sur les victoires « indignées » d’Ada Colau à Barcelone et de Manuela Carmena à Madrid (lire nos reportages ici et là), d’autres maires « rebelles » ont été élus ailleurs, de Cadix à Saragosse. Et c’est en Galice que le phénomène des « marées » a pris le tour le plus étonnant, avec trois des grandes villes de cette région – souvent comparée à la Bretagne – désormais dirigées par les héritiers du mouvement « indigné ».
Signe qui ne trompe pas, Pablo Iglesias est venu en personne observer de très près, dès 2012, ce qu’il appelle l’« écosystème » des gauches en Galice, et qui compte désormais parmi les sources d’inspiration officielles de son parti, Podemos. « Dans cette Galice où l’on croit souvent, à Madrid, qu’il ne se passe rien, maintenant, on nous situe sur la carte », sourit Yolanda Diaz, une députée régionale communiste (IU), qui participe depuis 2012 à ce travail de convergence des gauches. Cinq mois après leur arrivée au pouvoir, ces plateformes bataillent pour faire passer leurs promesses de campagne. Dans un contexte hostile, certaines redoutent même le scénario d’une humiliation « à la Syriza ».
Galice © mediapart
La métaphore maritime des « marées » a surgi dans la bouche d’un écrivain galicien, Manuel Rivas, au printemps 2014. « Nous devons être des dornas [des bateaux de pêche traditionnels de Galice – ndlr] solidaires dans la tempête, une marée solidaire de milliers de dornas, tandis que d’autres se battent pour obtenir les meilleures cabines du Titanic, sans comprendre qu’il est en train de sombrer », avait lancé Rivas. Depuis, le terme s’est imposé, en référence à l’extrême fluidité de ces plateformes sans sigles ni banderoles.
La « marée » de La Corogne est sans doute la plus emblématique des « confluences », où l’emprise des partis traditionnels est quasiment inexistante. À peine trois des dix conseillers municipaux issus de la liste de La Marea Atlantica appartiennent à des partis. Les sept autres sont issus de la société civile. Ils ont mis leur métier entre parenthèses, le temps du mandat (quatre ans). Dans cette ville, tenue par les socialistes pendant 28 ans, la dynamique s’est enclenchée très tôt, dans la foulée des européennes de mai 2014. Dès septembre, des assemblées thématiques, et par quartiers, s’organisent pour rédiger un programme.
« On retrouve dans ces plateformes des activistes du 15-M [en référence au 15 mai 2011, lorsque des "Indignés" se sont mis à camper sur les places d’Espagne – ndlr] mais de manière plus significative sans doute, des réseaux plus anciens, liés au Nunca Máis », décrit la journaliste Virginia Uzal, qui suit de près ces « marées ». Le Nunca Máis ("plus jamais", en galicien) est le nom générique d’une myriade de collectifs constitués dans la foulée de la marée noire du Prestige sur les côtes galiciennes en 2002, pour réclamer des sanctions aux responsables, et faire en sorte que d’autres désastres soient évités.
Se greffent ensuite des militants de mouvements anti-austérité, des activistes au sein de squats, ou des intellectuels qui ont lancé, ces dernières années à La Corogne, des médias indépendants, tous en galicien : une revue culturelle, Luzes (« Lumières »), ou encore un site internet consacré à des débats politiques long format, Galiza Ano Cero (« Galice année zéro », qui n’est pas sans rappeler l’expérience de la Tuerka, l’émission télé lancée par Pablo Iglesias à Madrid). Des primaires sont organisées début 2014, d’où émerge de manière consensuelle un quasi-inconnu, Xulio Ferreiro.
Dès 2012, une « Syriza galicienne »
« Personne ne me connaissait avant ma désignation comme candidat de la Marée, dans la foulée des primaires. J’étais un activiste de longue date, depuis l’université [en particulier contre le processus de Bologne – ndlr], mais je n’intervenais pas dans les médias. Rien à voir avec Ada Colau à Barcelone, par exemple, qui était déjà une figure de premier plan au moment de la campagne », raconte Ferreiro. Ce magistrat de profession, abonné au Deportivo, le club de foot de La Corogne depuis ses 22 ans, a baissé le salaire du maire, passé de 60 000 euros brut par an à 40 000 (ce qui, dans son cas, a représenté une perte de 13 000 euros par rapport à sa rémunération de 2013).
« L’une des clés de notre succès, c’est d’avoir su nous entendre sur des objectifs concrets. On n’est pas venus avec nos identités politiques et nos sigles aux assemblées. Si l’on avait dit d’entrée de jeu : moi je suis communiste, un autre écologiste, un autre nationaliste, on aurait perdu vingt fois avant de se lancer », assure-t-il. Cette méthode de « confluence » (pensée contre les « coalitions » associées aux partis traditionnels), pour établir un « programme de base » (programa de mínimos), se combine avec une forme de leadership très doux, à des années-lumière du charisme plus agressif d’un Pablo Iglesias à la tête de Podemos. « Notre leadership ne peut être que collectif », assure Ferreiro, qui continue de porter depuis son élection les mêmes chemises à carreaux qu’avant.
Si l’expérience du Nunca Máis, en réaction à la marée noire du Prestige, explique pourquoi la « confluence » en Galice a commencé très tôt, il faut aussi, pour comprendre la spécificité de ce territoire de 2,8 millions d’habitants, se plonger dans les méandres de la gauche locale plus institutionnelle. Avec une particularité de taille, au-delà des socialistes : la gauche galicienne se partage depuis toujours entre une branche nationaliste, incarnée par son homme fort, Xosé Manuel Beiras, et une branche fédérale, façon Izquierda Unida (IU, écolo-communistes). Le moment clé intervient en 2012, peu après le surgissement des « Indignés » : Beiras, totem de la gauche galicienne, né en 1936, quitte le Bloc national galicien (BNG) pour fonder Anova et se rapprocher d’IU.
« À l’époque, Beiras comprend que le débat central porte sur la démocratie [plus encore que l’indépendance de la Galice – ndlr]. On a supprimé nos droits sociaux. On a abandonné des services publics, sous prétexte de la crise financière. Les citoyens se sont fait arnaquer. C’est une lecture importante que fait Beiras, parce qu’elle n’est pas commune dans le nationalisme [en particulier par rapport aux courants majoritaires du nationalisme catalan – ndlr] », commente Yolanda Diaz, d’IU.
Aux régionales de 2012, Beiras et Diaz vont s’entendre et lancer l’Alternative galicienne de gauche, une coalition de partis que Diaz présente comme une « Syriza galicienne ». Leur campagne éclair, avec l’aide d’un conseiller inconnu à l’époque, un certain Pablo Iglesias, cartonne : une troisième place, et 14 % des votes. C’est d’ailleurs pour rendre hommage à ce succès qu’Alexis Tsipras a choisi, comme seule date en Espagne, pour sa campagne aux européennes de 2014 (le Grec était alors candidat à la commission de Bruxelles), de venir en meeting à Saint-Jacques-de-Compostelle : une consécration pour la gauche locale.
« En 2012 s’est produite la première accumulation des forces, du côté des partis de gauche. Nous avons commencé à faire éclater les frontières. Les plateformes municipales, ce fut l’étape d’après, deux ans plus tard », estime aujourd’hui le maire de Saint-Jacques-de-Compostelle, Martiño Noriega. Ce dernier présente un profil un peu différent des deux autres maires « rebelles » de la région : médecin de formation, né en 1975, il est proche de Beiras, et porte-parole d’Anova. Cet habitué des médias, avec son béret toujours enfoncé sur la tête, a déjà dirigé, pendant huit ans, une petite municipalité de la région. C’est la « marée » de Saint-Jacques, très en retard dans la préparation du programme, et assez désorganisée, qui est venue le chercher en renfort début 2015, racontent aujourd’hui des membres de l’assemblée.
« Je crois que j’ai apporté un plus, en matière d’expérience des institutions. Quand tout le monde nous tombe dessus, aujourd’hui, pour dire que l’on ne sait pas comment tout cela fonctionne, eh bien, si justement, j’ai fait ça pendant huit ans », estime Noriega. Il est convaincu qu’il doit sa victoire à la capacité de la Marée à avoir créé un « espace métissé ». « Ce brassage des gauches a permis d’élargir le spectre de la représentation. On a retrouvé des gens que la gauche partisane avait perdus. Et ce lieu a permis de contester l’hégémonie du PP et du PSOE », raconte Noriega.
Des contentieux juridiques avec des multinationales
Qu’ont fait les mairies « indignées » de Galice depuis l’été ? Elles ont adopté quelques mesures symboliques, et engagé des bras de fer à l’issue encore incertaine. Au nom de la laïcité, elles ont décidé de ne pas participer aux fêtes religieuses estivales, provoquant une polémique qui n’est toujours pas retombée (surtout à Saint-Jacques). Les conseillers municipaux élus ont tous baissé leurs rémunérations. Ils ont adopté un « code éthique » (pas de cumul des mandats, pas plus de deux mandats dans le temps). Dans les trois villes, les rues portant des noms liés au franquisme commencent à être débaptisées (il existe encore une rue "Division Azul" à La Corogne, du nom de ce bataillon franquiste parti combattre avec la Wehrmacht…).
À Saint-Jacques, une expérience pilote de budget participatif a été lancée, pour la gestion des infrastructures sportives. Un moratoire a été décidé sur l’ouverture de boutiques à touristes, dans les environs de la cathédrale. À La Corogne, l’exécutif va lancer l’an prochain, avec le soutien des socialistes, un « revenu municipal pour les ménages frappés de pauvreté » : au moins 532 euros mensuels par foyer, pour une mesure qui devrait bénéficier à une fourchette de 500 à 1 000 familles les plus démunies de la ville – de quoi amortir, espèrent-ils, certains dégâts sociaux de la crise en cours.
Au-delà, c’est un changement d’image qui est en train de s’accélérer, grâce au succès des « marées », très habiles pour jouer sur la fibre locale d’une région souvent ignorée par Madrid. La vision réductrice d’une Galice rurale et hyper conservatrice, dirigée pendant 15 ans (1990-2005) par Manuel Fraga, ex-ministre de Franco, est en train de voler en éclats. Les mémoires de l’anarchisme, à La Corogne (à l’image d’ordinaire très bourgeoise, siège du patron d’Inditex, le propriétaire de Zara), ou encore des luttes ouvrières des ouvriers des chantiers navals à Ferrol (la ville de naissance de Franco) remontent à la surface. Les maires prennent la parole en galicien, langue proscrite sous le franquisme – ce qui n’était pas le cas de leurs prédécesseurs.
À Saint-Jacques-de-Compostelle, où trois maires PP (droite) viennent de se succéder en à peine quatre ans sur fond de scandales politiques, Compostela Aberta cherche aussi à dépasser la vision d’une ville saturée par le tourisme religieux. « Cette ville spectacle, cet incroyable patrimoine, tout cela fait écran. Ces façades sont propriété de l’Église. Il y a de grands déséquilibres sociaux ici. 17 % des habitants sont menacés d’exclusion sociale, explique l’adjointe à la culture Branca Novoneyra, une chorégraphe de 39 ans. Depuis ses origines, la ville a été, grâce au chemin de Saint-Jacques, un réceptacle d’idées, de processus politiques, qui sont encore présents ici, mais qui ont été enfouis. Nous voulons les déterrer, renouer avec ce Saint-Jacques qui fut le lieu d’un projet européen possible, à un moment où l’Europe traverse une crise majeure. »
« Nous avons rompu les clichés, les images préfabriquées d’une ville qui n’existait pas, où l’on ne parlait qu’espagnol, renchérit José Manuel Sande, adjoint à la culture de La Corogne, un ancien programmateur à la cinémathèque locale. Nous avons travaillé dès 2014 dans les quartiers pauvres, pour faire remonter ces contradictions qui existent depuis longtemps à l’échelle de la ville, mais que personne n’avait encore révélées. »
Mais les difficultés, sur le terrain, sont énormes. Les soutiens, aux échelons régional ou national, sont inexistants. Et les équilibres politiques restent fragiles. L’exemple le plus saisissant se trouve à Saint-Jacques-de-Compostelle. Le PP et le PSOE, les deux « vieux » partis du jeu espagnol, et officiellement adversaires de toujours, se sont associés pour mettre en minorité la plateforme au pouvoir sur un sujet clé : la fiscalité locale. Contre l’avis du maire, ils ont fait voter une baisse des impôts, qui entraînera un manque à gagner de trois millions d’euros pour le mandat à venir.
La manœuvre annonce sans doute la couleur pour la suite du mandat. « Le PP et le PSOE ont non seulement tué notre proposition qui visait à renforcer la progressivité fiscale, mais ils ont en plus adopté une loi qui limite nos ressources fiscales, ce qui leur permettra d’expliquer, à la fin du mandat, que l’on est de mauvais gestionnaires, que l’on n’a pas tenu nos promesses… », se lamente Noriega.
De là à penser qu’il existe un risque « à la Syriza », qui consisterait pour les pouvoirs traditionnels – partis comme médias locaux – à s'allier pour tuer d’entrée de jeu toute alternative naissante ? « C’est toute la difficulté de prendre le pouvoir, en acceptant de jouer un jeu dont les règles sont pipées, en se confrontant à une culture politique qui n’est pas la nôtre, poursuit Noriega. Maintenant que l’on est arrivé au pouvoir malgré ces règles pipées en faveur des vieux partis, on nous dit que l’on ne peut pas gouverner… Cela fait quatre mois que je dois justifier nos décisions sur la laïcité : c’était dans notre programme ! Cela fait quatre mois que j’explique pourquoi on a retiré les soutiens financiers aux associations anti-avortement : c’était dans notre programme ! Je passe mon temps à justifier le fait que je veux simplement appliquer le programme de la liste qui a fait le plus de voix dans la ville… »
Autre cas de figure : la mairie de Ferrol s’est trouvée dès l'été prise dans une affaire de niveaux anormalement élevés de pollution des eaux de la ville. Depuis, la mairie a toutes les peines du monde à revoir les contrats signés par l’exécutif précédent, avec des groupes privés chargés de l’exécution des principaux services publics – le ramassage des ordures, la propreté, la gestion de l’eau… En clair, la plateforme « indignée » se trouve pieds et poings liés, à court terme, par les engagements des prédécesseurs.
« Toutes ces entreprises sont propriété d’un même homme, Florentino Pérez, par ailleurs le patron du Real Madrid, râle Jorge Suarez. On est donc en pleine bataille avec ce géant, qui s’appuie sur des services juridiques bien plus puissants que les nôtres… On a quatre ans pour essayer de changer cela, ça ne va pas être simple… »
« Podemos manque de générosité »
À La Corogne, la situation semble – un peu – plus apaisée, notamment grâce à l’appui du PSOE local. Mais une inconnue persiste : comment faire pour que ces plateformes, une fois au pouvoir, ne se banalisent pas, conservent la fraîcheur des débuts, gardent le contact avec le mouvement des assemblées dans la ville ? « Ces plateformes ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Elles vont s’implanter. Mais le risque, c’est qu’elles deviennent un parti comme les autres », s’inquiète Alfonso Zarauza, un cinéaste qui a participé activement à la « marée » de Saint-Jacques-de-Compostelle.
« Le lien décisif entre ceux qui travaillent à la mairie et la Marée est un point problématique à ce jour. On s’est retrouvés, d’un coup, pris dans des rythmes de travail énormes depuis notre installation. Et c’est vrai que le fait de rendre des comptes, semaine après semaine, n’est pas simple. On se rend compte que l’on ne peut pas toujours tout dire, au quotidien, de ce qui est dans le tuyaux… », reconnaît José Manuel Sande, de l'équipe de La Corogne.
« Il y a toute une lourdeur bureaucratique, qui ralentit nos intentions politiques, poursuit Suárez. Le point décisif, c’est de miser plus que jamais sur la participation des citoyens, pour leur expliquer pourquoi l’exécution du programme prend du temps. » Mais dans les faits, aucune des trois mairies n’a encore trouvé la manière de formaliser au mieux cette promesse électorale des candidats des « marées », de rendre des comptes aux assemblées, par nature ouvertes à tous, et mouvantes d’une semaine à l’autre (à la différence d’un parti politique et de ses adhérents).
À ce stade de l’expérience, tous les acteurs des plateformes rencontrés par Mediapart sont unanimes : ils manquent aujourd’hui d’alliés, aux échelons régionaux et nationaux. Le seul réseau de villes « indignées », dont Madrid et Barcelone, ne suffit pas pour inverser les rapports de force souvent durs sur le terrain. D’où l’importance des élections législatives du 20 décembre, et des élections régionales de Galice l’an prochain. Mais la plupart d’entre eux sont aussi très sceptiques sur les chances de Podemos de l’emporter, estimant que la gauche espagnole a déjà perdu une « opportunité historique » pour construire l’« unité populaire ».
« Depuis les années 1930, nous n’avions pas eu une opportunité pareille. Et de ce point de vue, le fait que nous n’ayons pas été capables de construire une vraie candidature d’unité populaire, c’est très grave », juge Yolanda Diaz. La députée est très remontée contre le « manque de générosité » d’un Podemos « bunkérisé », mais n’épargne pas non plus son propre parti, IU, qui « a lui aussi mal fait les choses ».
« Une fenêtre d’opportunité s’est ouverte, avec des débuts de processus constituants dans certaines régions, juge le maire de Saint-Jacques-de-Compostelle. Mais le régime de 1978 [celui né de la transition espagnole, après la mort de Franco – ndlr] s’est fait un lifting. Il a changé de visages, pas de politique. On a changé de roi, mais la monarchie reste. On a changé le patron du PSOE [Pedro Sanchez – ndlr], mais c’est toujours le même vieux parti socialiste. Et au même moment, la réponse de Podemos et des plateformes citoyennes, est très mal articulée. Nous sommes en train de rater cette fenêtre d’opportunité. »