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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 19:11

 

Source : http://zad.nadir.org/

 

 

Infos du 29 décembre au 3 janvier 2016

mercredi 30 décembre 2015, par zadist

Merci de nous signaler toute information sur d’éventuelles présences de flics ou d’engins de travaux autour de la ZAD au numéro d’urgence : 06 43 92 07 01. Avant de faire tourner une info, merci de la recouper en regardant sur ce site web ou en appelant le numéro d’urgence si elle n’est pas encore publiée sur le site.

Les infos d’urgence qui tournent sur les réseaux sociaux ne sont pas toujours confirmées. Restons vigilants, mais évitons de crier au loup ! Ca nous permettra de réagir rapidement. Evitons de faire tourner des rumeurs. Merci d’avance !


- S’ils reviennent... Appel et propositions de stratégies en cas de début de travaux sur la Zad


Pour verifier les clef de cryptage de notre site SSL https://zad.nadir.org et adresse mail zad(arrobase)riseup(point)net retrouver les information sur l’article ici : Vérifie nos certificats SSL & clef email GPG


Jeudi 31 décembre

Suite à l’AG extraordinaire d’hier soir, ATTENTION ! Changement de date : Mobilisation générale des opposants au projet d’aéroport le 09/01/2016 suite à l’annonce de l’audience en expulsion des habitants et paysans historiques le 13/01/2016.

Voir l’appel : Grande journée de mobilisation le samedi 9 janvier.

Ailleurs

- Un arrêté interdépartemental publié le 24 décembre officialise l’abandon du projet initial du barrage de Sivens. Une réunion de concertation devrait se tenir en janvier pour discuter des grandes lignes du prochain barrage... À suivre donc, notemment sur https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/

Mercredi 30 décembre

Info de dernière minute !

AGO-Vinci vient de relancer la procédure en référé expulsion contre les habitant-e-s historiques de la zone à défendre ajournée le 10 décembre dernier. La nouvelle audience se tiendra mercredi 13 janvier 2013 à 11h. Pour s’organiser face à cette nouvelle une assemblée du mouvement extraordinaire est prévue ce soir mercredi 30 décembre à 20h à la Vacherit. Venez nombreux et faites passer l’info !

dans presse o, ça donne ça


Mardi 29 décembre

par ici, les prairies fleurissent comme si c’était le printemps, et les réunions comme s’il y avait une tractovélo dans 15 jours ...

- Presse océan annonce que la DREAL lance des appels d’offres pour la desserte routière, puis en annule. Rappelons que le comité de pilotage d’un avenir sans aéroport remplace et annule les appels d’offres de ce type pour un we de chantier le 30-31 janvier pour la construction d’un avenir sans aéroport !

dans les médias :
- quelques étranges prédictions, et autres commentaires "Comment un ancien élu régional peut-il prétendre qu’appliquer la loi va entraîner des victimes ? »... y aurait pas comme des précédents ?
- des maires qui continuent à croire à un aéroport à NDDL, après celles et ceux de la métropole rennaise : les voeux annuels seraient une bonne occasion de leur souhaiter de changer d’avis...
- une archive du nouveau conseiller régional ...

- des nouvelles de Sivens : Pour finir 2015 et entamer 2016, une info importante : les préfets du Tarn et Tarn et Garonne ont signé l’arrêt d’abrogation de la déclaration d’intérêt général (DIG) du projet initial de barrage de Sivens…Place à Sivens 2…mais on ne va rien lacher !

- un peu de lecture : l’introduction d’une table ronde autour de l’Actualité des pratiques libertaires dans les luttes contre les projets inutiles.

et le dernier livre de Nicolas de la Casinière sur les Partenariats-Public-Privé

 

 

 

Infos du 21 au 27 décembre 2015

lundi 21 décembre 2015, par zadist


Dimanche 27

on relaie un appel à manif pour le 31 décembre à Calais

et une pétition suite au tabassage d’un opposant à la construction du stade de foot de Lyon

bonne fin d’année....

Mercredi 23

La mobilisation continue, dans la diversité des stratégies :

- l’ACIPA accuse  : "Devant le silence assourdissant des responsables face à nos arguments contre le "transfert" de l’aéroport de Nantes-Atlantique à Notre Dame des Landes, devant la poursuite implacable d’un projet inutile, coûteux et destructeur, devant les annonces réitérées de reprise imminente des travaux, nous sommes contraints de dénoncer les comportements irresponsables et condamnables qui ont mené à cette impasse." la suite dans Maintenant, nous accusons !

- les Naturalistes en lutte annoncent la découverte de 5 espèces protégées non prises en compte par les dossiers mis à l’enquête et les arrêtés préfectoraux associés : trois plantes (la Sibthorpie d’Europe, la Pulicaire commune, la Cicendie naine), un amphibien (le Triton de Blasius) et un mammifère (le Crossope aquatique).

à lire dans la presse ici

un des nouvellement recensés : le crossope aquatique ! on est bien content-e de faire sa connaissance !

- Face aux menaces d’expulsion de la ZAD : Résistance et sabotage ! : un appel lu sur indymedia : Commencer ou plutôt continuer à élaborer des réflexions à propos d’une hypothétique expulsion militaire à Notre-Dame des Landes. Ce qui s’y joue est trop important pour ne pas s’y pencher, sérieusement. Une bataille sera à mener, afin que les espoirs générés au sein de cet espace ne soient pas relégués à la mémoire de nos luttes.(...)

- [pour le 16 janvier], ça s’organise un peu partout : regardez l’agenda d’ailleurs pour connaitre les prochains rdv des comités, collectifs de lutte contre l’aéroport
réunion de préparation de la tracto-vélo-marche de Nantes : mardi 29 décembre à 20h30 à la Vache Rit
une tracto-vélo se prépare à Rennes
un rassemblement à Bordeaux
les comités de Toulouse et Lyon auront bientôt des réunions pour s’organiser pour cette journée : contactez les pour plus d’infos ;

- sans oublier l’appel d’offres pour la construction d’un avenir sans aéroport pour un we de chantiers divers les 30 et 31 janvier !

- ce qui fait dire à Reporterre :Les zadistes et opposants de Notre-Dame-des-Landes attendent 2016 de pied ferme

- dans Bastamag, un article sur À Notre-Dame-des-Landes, mille et un projets pour inventer un autre monde

et certaines choses ne changent pas
- Ségolène Royal estime que "les choses devaient être remises à plat"
- Le voeu de la Métropole de Rennes pour l’aéroport
- le club des entrepreneurs bretons soutient la création d’un aéroport à NDDL

- des nouvelles d’ailleurs  :

- un reportage de là-bas si j’y suis à écouter sur la marche de la ZAD d’Agen à la Cop21
- un récit de la manif devant la centrale à charbon de Cordemais à l’occasion de la COP21

- contre l’Etat d’urgence : à Nantes,un collectif d’associations et syndicats pour la sortie de l’Etat d’urgence a été créé, d’autres préparent un rassemblement pour le 9 janvier 2016 contre l’état d’urgence et la guerre

- à Paris, Le fascisme de l’AKP ne passera pas au Kurdistan ! Appel urgent à la mobilisation et la solidarité avec la résistance du peuple kurde ! Manifestation à Paris, samedi 26 décembre, Place du Trocadéro, 14

- des nouvelles de Calais à lire ici

Bonne fin d’année...

- pour se remonter le moral, on fait un peu de pub pour la Criée, qui lance une souscription pour l’édition de ces prochains livres sur le tourisme de masse et le détourisme...

Lundi 21

Allez, pour commencer la semaine, un minuscule morceau de revue de presse sur internet, en attendant plus de détails sur le 16 janvier...

- « NDDL, le non choix » sur france inter

- Monsieur Retailleau, avec Notre-Dame-des-Landes, ne trahissez pas la jeune génération

 

 

 

infos de la semaine du 14 au 20 decembre

mardi 15 décembre 2015, par zadist

Merci de nous signaler toute information sur d’éventuelles présences de flics ou d’engins de travaux autour de la ZAD au numéro d’urgence : 06 43 92 07 01. Avant de faire tourner une info, merci de la recouper en regardant sur ce site web ou en appelant le numéro d’urgence si elle n’est pas encore publiée sur le site.

Les infos d’urgence qui tournent sur les réseaux sociaux ne sont pas toujours confirmées. Restons vigilants, mais évitons de crier au loup ! Ca nous permettra de réagir rapidement. Evitons de faire tourner des rumeurs. Merci d’avance !

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Samedi 19 décembre

Notre-Dame-des-Landes

Appel à une journée de mobilisation à Nantes et ailleurs le 16 janvier : puisqu’il y n’aura pas d’aéroport, pour l’abandon immédiat des procédures d’expulsion.

Parmi les urgence évoquées par le nouveau président de la région Pays de la Loire : la « restauration de l’Etat de droit » à Notre-Dame-des-Landes : « Je n’accepterais pas que notre région devienne la vitrine de l’affaissement de l’autorité de l’Etat »... et « Sans aéroport international, nous perdrons la bataille dans cette concurrence entre les différents territoires. ». Oublie-t-il qu’il que la région n’a à peu près aucun pouvoir sur le dossier de l’aéroport ?

Etat d’urgence

On a reçu ça :

Mercredi 16 décembre

Ailleurs

Soirée de soutien aux squat de HAREN et aux inculpé-e-s de la zad le 19 decembre à Haren. Plus de tétail et le programme ici

En lien avec ici

- Un récit d’une action par le comité de blois

- une lettre envoyé par le comité de soutien de la Roche sur Yon à Mr Retailleau à propos de ses déclarations

Mardi 15 Decembre

Retailleau s’en va en guerre
- Notre-Dame-des-Landes : Retailleau rencontre Valls mardi pour lui demander d’évacuer la ZAD

Et la propagande commence Notre-Dame-des-Landes : les hôtels des policiers censés expulser la ZAD déjà réservés ?

Une affiche satirique d’une nouvelle constitution sous l’état d’urgence

PDF - 7.6 ko
Mercredi 16 Decembre

- Belle soirée samedi dernier à la ferme de Bellevue en soutien à la caisse du comité anti-répression. Un petit compte-rendu ici.

Documents joints

 

 

 

 

Visite d’une délégation de la Via Campesina sur la ZAD de NDDL

dimanche 13 décembre 2015, par zadist

Visite d’une délégation de la Via Campesina sur la ZAD de Notre Dame des Landes

Vendredi 11 décembre, des paysan-ne-s du monde entier ou presque de la Via Campesina, présent-e-s à Paris à l’occasion de la cop21, sont venu-e-s rencontrer la lutte d’ici, et y apporter les leurs ! un beau moment d’échanges, de solidarités internationales, et d’espoir !

- une vidéo en anglais sur Via campesina TV
- une vidéo en français, réalisée par ZineTV

- un récit ( en espagnol...traduction en cours)

 COP21 : Visita de solidaridad de La Vía Campesina a la ZAC de Notre Dame des Landes

http://viacampesina.org/es  

Notre Dame des Landes, 11 de Diciembre de 2015,

Una delegación de La Vía Campesina ha realizado una visita de apoyo a la lucha que llevan a cabo los campesinos y campesinas de Notre Dame des Landes, contra el proyecto de construcción de un aeropuerto en tierras agrícolas y ganaderas. En Francia ya existen 145 aeropuertos internacionales, más que en otros países por lo que este proyecto es una aberración. Además del impacto sobre la agricultura y la ganadería, es una zona con una gran biodiversidad que también se vería afectada.

Como nos cuentan los propios habitantes de la zona, es una lucha que inicia hace 40 años con la expropiación de la mayoría de esos terrenos. En 2012 se intensifica la presión sobre los campesinos que se mantienen en sus terrenos bajo amenazadas de expropiación, perdiendo el derecho a cultivar y vender. En estos momentos el expediente se encuentra en situación de prórroga aunque en constante amenaza.

En esta zona se encuentran tanto habitantes históricos como gente, tanto nacional como internacional, que vino a apoyar esta lucha ocupando la tierra haciendo frente al macro proyecto del aeropuerto y para luchar contra el capitalismo.

Actualmente viven unas 200 personas, aunque cuentan con otras que acudirían en caso de riesgo inmediato. Llevan a cabo tanto proyectos agrícolas como culturales como forma de resistencia del territorio desde el terreno. También es un espacio de reflexión sobre cómo hacer desaparecer el mayor número de mecanismos de dominación en el mundo. Muchos de estos proyectos se llevan a cabo con la solidaridad de los campesinos del entorno, que colaboran prestando maquinaria e incluso cediendo cabezas de ganado.

La finalización del aeropuerto estaba prevista para el 2017, pero todavía no han conseguido empezar ninguna obra. Además se ha creado un precedente inédito por las dimensiones que ha tomado la lucha ya que han llegado a hacer movilizaciones de hasta 50.000 personas. Ahora se ha querido volver a hacer visible esta lucha para denunciar la hipocresía de los gobiernos que celebran la Cumbre del Clima mientras impulsan proyectos de este estilo.

Tras la presentación del proyecto, desde La Vía Campesina se ha mostrado la solidaridad con estos proyectos de soberanía alimentaria y popular, y de superación frente el agronegocio, los tratados de libre comercio y el neoliberalismo. La Vía Campesina también cree en la producción descentralizada, en el aprovechamiento y respeto del equilibrio natural y la vuelta de la población a los campos. Distintos compañeros y compañeras han hecho llegar muestras de solidaridad desde las distintas luchas de cada lugar ya que los problemas son compartidos en la mayoría de los territorios : la lucha contra los aeropuertos también en lugares como Indonesia, Tailandia y Turquia ; contra el fracking y trenes de alta velocidad en Euskal Herria ; contra el acaparamiento de tierras en Andalucía ; la lucha de las mujeres de Brasil ; contra las explotaciones mineras en Peru ;

Equipo de Comunicación La Vía Campesina - COP21

- un texte envoyé depuis la lutte d’ici, à la suite de leur passage

De la lutte de NDDL aux paysannes et paysans de la Via Campesina, suite à la visite du 11 décembre


Aux compagnonnes et compagnons de la Via Campesina, venu-e-s sur la ZAD de Notre Dame des Landes à l’occasion de leur présence à Paris pendant la COP21, Aux compagnonnes et compagnons paysan-ne-s qui luttez chaque jour, où que vous soyez

Nous luttons ici à NDDL contre la construction d’un aéroport qui prétend faire disparaitre sous le béton 1600 ha de terres fertiles et expulser les habitant-e-s, paysan-ne-s, animaux qui vivent sur ce territoire. Cette lutte, commencée il y a plus de 40 ans par les paysan-ne-s directement menacé-e-s par le projet a depuis été rejointes par de nombreuses personnes : habitant-e-s de la zone et des environs, militant-e-s de multiples luttes, écologiques, politiques, sociales, squatteur-euse-s des villes, et d’autres encore qui veulent quitter le modèle capitaliste néolibéral industriel. Certain-e-s sont venu-e-s occuper les terres et maisons (déjà vendues pour le projet d’aéroport) et participer par leur présence à l’opposition aux travaux sur le terrain, à la vie du territoire, et à l’élaboration de manière de s’organiser, cultiver, vivre ensemble hors de logiques de domination, et de marchandisation.

C’est depuis cette diversité de pratiques, d’idées et de visions que nous avons eu le plaisir ( et l’honneur !) de vous accueillir à la Vache Rit, un des lieux d’organisation collective du mouvement.

Si les réalités de l’agriculture, les contextes économiques et politiques sont très différents d’un continent à l’autre, les luttes et combats qui sont menées pour la défense des terres nourricières, de la souveraineté alimentaires, des libertés, de la justice sociale se font échos et se renforcent les un-e-s les autres. C’est à partir des expériences de luttes, de fonctionnements communautaires, de réappropriation des moyens d’existence et de décisions que se construisent les mondes où l’on veut vivre. Les rencontres, les questions et réflexions que vous avez apportées vont nous nourrir longtemps. Votre passage nous apporte espoir et détermination pour continuer le combat ici, inspiré-e-s et conscient-e-s de la force des mouvements des paysannes et paysans dans le monde.

Pour tout ceci, pour la générosité et le partage de cette rencontre, soyez remercié-e-s ! et les bienvenu-e-s quand vous le souhaitez !

La résistance est fertile, la solidarité est internationale !

 

 

 

infos du 7 au 13 décembre

lundi 7 décembre 2015, par zadist

Merci de nous signaler toute information sur d’éventuelles présences de flics ou d’engins de travaux autour de la ZAD au numéro d’urgence : 06 43 92 07 01. Avant de faire tourner une info, merci de la recouper en regardant sur ce site web ou en appelant le numéro d’urgence si elle n’est pas encore publiée sur le site.

Les infos d’urgence qui tournent sur les réseaux sociaux ne sont pas toujours confirmées. Restons vigilants, mais évitons de crier au loup ! Ca nous permettra de réagir rapidement. Evitons de faire tourner des rumeurs. Merci d’avance !


- S’ils reviennent... Appel et propositions de stratégies en cas de début de travaux sur la Zad


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- Les premières dates de l’info tour ici

- Après quelque temps sans activivité la black plouc kitchen (tables d’hotes sur la zad) reprend du service. Toutes les dates et infos sur le blog : https://blackplouckitchen.wordpress.com


Dimanche 13 décembre

C’est dimanche, et donc pour bien finir le "Flach infos" de la semaine, on rajoute quelques infos et quelques liens pour parler des evènements des derniers jours... en moins "flash", donc.

Infos d’ici

- Ce vendredi 11, des paysan-ne-s du monde entier ou presque de la Via Campesina sont venu-e-s rencontrer la lutte d’ici, et y apporter les leurs ! un beau moment d’échanges, de solidarités internationales, et d’espoir !

- Sur le procès de jeudi 10 : "NDDL : la procédure d’expulsion est ajournée"

...et infos d’ailleurs ou de nulle part

- #11 Si nous vivons… : Un article qui raconte des choses qui se passent face à l’état d’urgence

- Action à Blois le samedi 12 : A l’annonce des travaux pour janvier, le comité du Loir-et-Cher a organisé un rassemblement à Blois pour rappeler que si les travaux et/ou expulsions commencent sur la Zad, nous occuperons les lieux de pouvoir. Zadistes, vous n’êtes pas seul-e-s et isolé-e-s, ce rassemblement est une piqûre de rappel pour nos représentant-e-s démocratiquement imposé-e-s.

PDF - 645.4 ko
Tract Blois 12 décembre
Vendredi 11 décembre

La semaine dernière, un homme est mort, abattu par la police à Maurepas, Rennes : Babacar GUEYE, 27 ans.

Une marche est organisée en hommage à Babacar GUEYE à Rennes, ce samedi 12 décembre à 12h. Le rdv est au centre commercial du GAST à Maurepas.

Jeudi 10 décembre

- Une bonne nouvelle de Nantes ! alors que les avocats des deux parties s’étaient entendues pour demander un report de l’audience le juge l’a refusé. Cependant les avocats de nos camarades ont obtenu finalement l’ajournement du procès : la procédure en cours est annulée, une autre devra être relancée... ou pas ! Un grand bol d’air pour toutes et tous !

- Une réaction de Sylvie Thébault, agricultrice au Liminbout et menacée par Vinci à lire sur bastamag. Solidarité et résistance !

- Solidarité entre les luttes !, un bref retour d’une discussion riche entre participant-es de la manifestation entre collectifs en lutte, le 14 novembre dernier à Landivisiau. A noter que les collectifs anti aéroports locaux appellent à se retrouver là bas samedi prochain (voir agenda) pour se coordonner.

on relaie


jeudi 10 décembre à 11h
rdv covoiturage à 10h à Notre Dame des Landes (parking de la Poste)

- et à Paris : Rassemblement et journée de soutien aux exproprié-e-s de Notre-Dame-des-Landes
le jeudi 10 décembre à partir de 11h à 19h30
place Stalingrad (Paris, 19e).

"Les personnes, les collectifs de soutien à la lutte contre l’aéroport, les organisations et associations révolté-e-s par l’annonce de ce référé-expulsions, appellent toutes les personnes concernées et les militant-e-s venus pour la COP à un grand rassemblement !

Pour informer, affirmer notre détermination et notre cohésion, dans l’esprit du convoi parti de Notre-Dame-des-Landes fin novembre..."

La suite des mobilisations à venir pour l’annulation de cette procédure, et l’abandon du projet d’aéroport bientôt !

Lundi 7 décembre

Sur la zad : passage au tribunal pour référé d’expulsion !!!

le message de l’acipa par rapport au pasage au tribunal jeudi prochain d’habitant-es, paysan-ne-s de la ZAD

"Nous avons été avertis que le 10 décembre prochain se tiendra une audience en référé expulsion à 11h30 au Tribunal de Grande Instance de Nantes. Cette assignation concerne 4 exploitations agricoles historiques et 11 familles de paysans, habitants locataires ou propriétaires historiques.

La demande d’AGO/Vinci, qui agit pour le compte de l’État via le ministère de l’Écologie, se décline en ces termes :

- expulsion immédiate, sinon astreinte de 200€ par jour, - saisie et séquestration des biens et cheptels ; - pas d’application de la trêve hivernale...

Tous ces dossiers sont concernés par l’accord politique du 8 mai 2012 passé avec F. Hollande, puis réactualisé par J-M. Ayrault ainsi que M.Valls en 2014.

Paradoxalement, AGO/Vinci signe en ce moment avec les paysans de la zone, des conventions d’occupation précaire pour l’année culturale 2015/2016. Cherchez l’erreur !

Cela est une véritable provocation entre lepeut-on lire dans le texte commun, qui acte les positions respectives des deux listes.s 2 tours des élections régionales et en pleine COP21 alors que F.Hollande se veut exemplaire en matière de lutte contre le réchauffement climatique !"

Presse

Regionales : EELV et PS fusionnent pour le deuxième tour malgre le sujet epineux de Notre Dame des Landes avec de curieuses déclarations !!! Voir leur déclaration commune à ce sujet

Article Pas de guerre en notre nom

Documents joints

 

 

 

Source : http://zad.nadir.org/

 

 

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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 18:32

 

Source : https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/

 

 

Bouilles Hebdo du 28 décembre au 3 janvier 2016

Mis en avant

Pour finir 2015 et entamer 2016, une info importante, que l’on attendait depuis la signature du protocole transactionnel : les préfets du Tarn et Tarn et Garonne ont signé l’arrêt d’abrogation de la déclaration d’intérêt général (DIG) du projet initial de barrage de Sivens…Place à Sivens 2…mais on ne va rien lacher !
-> Le point du Tarn Libre et larticle du Monde

A lire également, la dernière brochure du collectif, un recueil de réflexions et témoignages : « Paroles de paysannes et  de paysans contre le barrage de Sivens »

 
Bouilles Hebdo du 14 au 26 décembre 2015

Lundi 21 :

Vendredi 18 :

  • A noter sur vos tablettes : Mobilisation générale des opposants à Notre Dame des Landes le 16/01/2015, le  samedi 16 janvier. Voir appel dans l’agenda.
  • et un texte que l’on reçoit, en lien avec les bruits de bottes du côté de NDDL : Résistance et sabotage.

Mercredi 15/12 :

On espérait une annulation des décrets des 2 et 3 octobre 2013, et voilà qu’un protocole transactionnel entre le département et l’État a été signé, oubliant au passage tous les militants du collectif d’occupation de la vallée du Testet qui se sont mobilisés contre le projet de barrage, au péril de leur vie, au détriment de leur sécurité. Voir larticle synthétique du Tarn Libre.

En attendant, n’oubliez pas l’info tour de la ZAD NDDL en Midi pyrénées ces jours ci et un week end à venir à Roybon (« inauguration de la bulle tropicale », si si !).

 

 
Bouilles Hedbo du 7 au 13 décembre

Vendredi 11 :

 

Mercredi 9 :

Lundi 7:

Des infos en liens avec Sivens :

  • Le reportage « Ecolos : ennemis d’État » de Nolwen le Fustec,  journaliste à la boite de production de »Spécial Investigation ». Ce reportage devrait être rediffusé en clair sur Canal+ le lundi 7 décembre à 15h10.

Toujours : le dernier appel aux dons des Ami-e-s des Bouilles, sorti le 25/10 dernier.  Ce document contient notamment un cumul édifiant de toutes les condamnations connues et recensées ! La solidarité ne doit pas se relacher, faites un don (le document contient en page 2 le formulaire de don et/ou d’adhésion, et pour ceux qui paient des impots, NB, celui-ci est déductible à 66%) !

Enfin, différentes vidéos dans le cadre de la mobilisation anti-cop21:
-l’hallucinante répression d’une manifestation pacifique à Nantes :
https://nantes.indymedia.org/articles/32590
– le banquet des zad et autres territoires en lutte: https://vimeo.com/147208129
– la chaine humaine et la manif place de la république: https://vimeo.com/147359328
– les violences policières lors de la manif: https://vimeo.com/147303009
– réalisation d’un graff « l’état d’urgence pour faire oublier les tas d’urgence: https://vimeo.com/147908414

 

 

Source : https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/

 

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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 18:07

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

La bataille de Sivens continue
Stéphane Guérard
Mardi, 29 Décembre, 2015
L'Humanité

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AFP
 
Les discussions pour une nouvelle retenue d’eau vont s’engager 
après l’officialisation, jeudi dernier, de l’abandon du premier projet.

Si, à la veille de Noël, il y a bien un heureux de la publication de l’arrêté interpréfectoral signifiant l’abandon du premier projet de retenue d’eau à Sivens, c’est lui. Thierry Carcenac, président du conseil départemental du Tarn, déjà en place lors de l’approbation du barrage par son assemblée, s’est félicité ce week-end de ce « joli cadeau de Noël pour les Tarnais ». Attendu depuis au moins six mois et publié le 24 décembre sans tambour ni trompette, cet arrêté pose la clé de voûte du règlement à l’amiable trouvé entre l’État et le département, afin de tirer un trait sur le projet de retenue d’un million et demi de mètres cubes d’eau dans la vallée du Tescou, près de Sivens, lequel se voit ainsi retirer son caractère d’intérêt général.

En remettant à zéro les compteurs juridiques, l’État fait coup double. Il apaise le courroux de la Commission européenne, qui avait lancé une procédure environnementale à l’encontre de la France. Il remet aussi à zéro ses compteurs financiers avec le Tarn, grâce à un « protocole transactionnel » État-département adopté de surcroît par ce dernier le 11 décembre. Le Tarn touchera 2,097 millions d’euros de dédommagement des sommes engagées en vue de la construction de Sivens 1. S’ajouteront 1,3 million d’euros pour la remise en état des zones humides mises à sac par le début des travaux. Les contribuables paieront. Non les responsables de cette gabegie.

Une page du feuilleton Sivens est tournée. Du moins la première partie de cette histoire de projet voulu par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) en faveur de la culture intensive du maïs, mis en musique par le département, avalisé par les services de l’État, et qui a basculé dans le drame le 25 octobre 2014 avec la mort du militant écologiste Rémi Fraisse en marge d’une manifestation.

 

Pour un «recalibrage du projet»

La seconde partie, elle, devrait débuter. Et fissa fissa, selon ses soutiens indéfectibles. Pour le président de la FNSEA, Xavier Beulin, il n’y a pas de remise « en cause du projet de Sivens », mais un « recalibrage du projet ». Thierry Carcenac est de cet avis. S’il va vite lancer un « projet de territoire », avec une concertation à la clé, il a déjà souligné qu’un « choix a déjà été arrêté » et le « besoin d’eau pour l’agriculture a été reconnu ». « Il reste le volume de la retenue à déterminer. Ce sera fait en fonction du besoin des agriculteurs », a-t-il assuré, soucieux que le prochain barrage, moitié moins important que le précédent, convienne aux directives environnementales européennes, condition sine qua non pour toucher les aides de l’Union et les fonds de l’agence de l’eau locale. Pour ficelée qu’elle soit, la partie ne s’annonce pas comme un long fleuve tranquille. « Pour la première fois, les associations écologistes vont être autour de la table et discuteront de l’avenir de l’agriculture, au même titre que la FNSEA. On va porter nos alternatives », espère bien Ben Lefetey, du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, opposant à Sivens 1. La nouvelle région Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon aura, elle aussi, son mot à dire. Gérard Onesta, tête de liste EELV-Front de gauche, prévient : « Notre accord de mandature avec Carole Delga (tête de liste PS) stipule que la région lance plusieurs études alternatives en cas d’aménagement majeur, justement pour éviter le pire des scénarios connu à Sivens. Et, désormais, les schémas d’aménagement économiques et territoriaux s’imposent. »

 

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

 

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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 17:57

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Huit alternatives pour changer le monde... et bien commencer l’année

31 décembre 2015
 


 

En fin d’année, on s’est fait plaisir, et on est allé aux quatre coins de la France pour rencontrer des gens comme vous et moi... qui changent le monde. Ils sont solidaires, innovateurs, courageux, imaginatifs, modestes. Un point commun : l’optimisme.

De la Bretagne à la Drôme en passant par les Vosges ou Bordeaux, de Rouen au Cotentin, nos reporters ont parcouru une France qui bouscule les résistances, les conservatismes et le fatalisme. Vous pouvez savourer les reportages en lisant l’article en ligne, et/ou en téléchargeant le PDF imprimable.


La ferme de demain, écolo et prospère, existe déjà, nous l’avons visitée

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À Saillans, les habitants réinventent la démocratie

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Je t’aide, tu m’aides, on rénove nos maisons

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Aller à l’école en vélo, il n’y a rien de mieux

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Dans les Vosges, l’économie circulaire fait revivre un village

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Dans un « quartier sensible » de Valence, le jardin partagé cultive bien plus que la terre

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Ungersheim, un village où la transition écologique ne convainc pas tous les habitants

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Ensemble, ils réduisent leurs factures et soulagent la planète

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Cette série Alternatives citoyennes est un projet soutenu par la Fondation de France.



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Source : http://www.reporterre.net

 

 

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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 17:37

 

Source : http://fabriquéenutopie.fr

(très chouette blog à visiter)

 

 

Stop ! Y’a plus d’éponge !
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1 janvier 2016 5 01 /01 /janvier /2016 19:09

 

Source : http://cadtm.org

 

 

L’actuel règlement des différends en matière d’investissement, un obstacle important pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable

29 décembre 2015 par Virginie de Romanet

 

 

 

 

Les accords internationaux d’investissement qu’ils soient - bilatéraux (entre deux États - TBI) ou multilatéraux - sont au même titre que la dette, l’optimisation fiscale et les paradis fiscaux ou les accords commerciaux, un puissant instrument de domination et de spoliation de la richesse des États. Or, celle-ci devrait bénéficier à la grande majorité de la population des États, même lorsque ceux-ci sont attaqués par les entreprises transnationales devant des cours d’arbitrage mises en place au nom du mécanisme de règlement des différends intégré à ces accords.

Il s’agit d’un phénomène de grande ampleur, qu’on pourrait comparer à une vaste toile d’araignée extrêmement dense qui enserrerait toute la planète. En effet, on dénombre actuellement 3 200 accords bilatéraux au niveau mondial. A cela il faut ajouter les accords multilatéraux comme l’ALENA entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique |1| ou le TTIP entre l’Union européenne et les Etats-Unis qui fait face actuellement à une forte contestation.

Le mécanisme de règlement des différends au cœur de ces accords permet aux entreprises transnationales d’un pays donné d’attaquer un autre État au motif qu’il porté préjudice aux bénéfices escomptés de son investissement dans l’État en question. Celles-ci réclament alors des dommages et intérêts qui peuvent représenter des sommes considérables qui ne pourront pas servir à satisfaire des droits aussi fondamentaux que le droit à l’éducation, à la santé, au logement, etc.

 

L’organisation de la contestation

Étant donné ces conséquences néfastes sur un grand nombre d’Etats et donc sur une partie non négligeable de la population mondiale, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) s’est emparé de la question et a organisé en octobre 2014 un Forum mondial de l’investissement.

Suite au consensus dégagé, l’expert indépendant de l’ONU pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable, Alfred-Maurice Zayas, a remis au Secrétaire général de l’ONU son rapport sur l’incidence du règlement des différends entre investisseurs et Etats pour un ordre international démocratique et équitable. Ce rapport a été soumis à l’Assemblée générale le 5 août 2015. |2|

Il faut dire que la période est propice car sur les 3 200 TBI existants, plus de 1 500 sont en passe d’arriver à expiration.
L’expert indépendant aborde la question sous un jour nouveau qui est celui de la primauté donnée aux droits humains et s’appuie sur des dispositions pertinentes de la Convention de Vienne sur le droit des traités pour la révision ou l’annulation de ces accords ou d’une partie d’entre eux.

Il s’agit en fait de la nature même de son mandat qui est la promotion d’un ordre international démocratique et équitable. Celui-ci requiert l’exercice du droit des peuples et des nations à la souveraineté permanente sur leurs richesses et ressources naturelles. Cette souveraineté a pour corollaire le droit de tous les peuples et de chaque être humain au développement ainsi que la promotion d’un accès équitable aux avantages découlant de la répartition internationale des richesses.

 

Une vision partagée par les Etats, au delà de leurs différences

Une chose encourageante qui est ressortie du Forum mondial de l’investissement de la CNUCED est l’accord sur la nécessité de réformer le régime international des investissements. Les modalités portant davantage sur l’ampleur et les modalités de la réforme. La raison de cette vision commune est que même les pays puissants sont susceptibles de se voir attaqués par des multinationales étrangères - et de perdre face à elles car dans l’immense majorité des cas ce sont les multinationales qui sont gagnantes, ces tribunaux d’arbitrage étant taillés à leur mesure.

Ainsi l’Allemagne, première puissance européenne a été attaquée par le géant de l’énergie suédois Vattenfall pour avoir décidé d’éliminer progressivement son énergie nucléaire. Vattenfall s’estime lésé et demanderait une compensation de 5 milliards de dollars. Parmi toutes les procédures d’arbitrage qui ont eu lieu, la Fédération de Russie a été condamnée au plus grand montant à payer avec 50 milliards de dollars à la compagnie pétrolière Yukos Universal Limited domiciliée dans le paradis fiscal de l’île de Man. Les frais d’avocats et de procédure pour la Russie se sont par ailleurs élevés à 60 millions de dollars.

Les très grandes entreprises sont celles qui bénéficient le plus de ce système. Selon les statistiques environ 64% des montants alloués sont revenus à des entreprises avec un chiffre d’affaire annuel supérieur à 10 milliards de dollars, 29% à des entreprises dont le chiffre d’affaire est compris entre 1 et 10 milliards de dollars ou à des individus avec un patrimoine supérieur à 100 millions de dollars.

En dépit du nombre considérable de TBI, plus de 3 200 on l’a vu, le mécanisme de règlement des différents n’a pas une portée universelle en ce sens que tous les pays ne sont pas concernés par des accords avec tous les autres pays. Cependant, les multinationales ont plus d’un tour dans leur sac. En l’absence d’un TBI adéquat entre un Etat et l’Etat d’origine d’une multinationale, celle-ci peut recourir à différents stratagèmes.

Ainsi, pour poursuivre en justice l’Australie, le cigarettier Philip Morris a créé une société écran à Hong Kong pour profiter du TBI entre ces deux pays. Un autre exemple est celui de l’Inde qui en 2012 avait adopté une législation contre l’évasion fiscale et a été poursuivie en justice par la filiale hollandaise de Vodafone, à l’encontre de taxes pour des activités dans le paradis fiscal des îles Caïmans. Dans le cas de la compagnie pétrolière Yukos, comme il s’agit à l’origine d’une société russe, elle n’aurait théoriquement pas pu attaquer la Fédération de Russie devant un tribunal d’arbitrage. Qu’à cela ne tienne ! Il a suffi de créer une filiale dans un paradis fiscal et le tour était joué.

Les activités liées aux affaires, aux entreprises, aux opérations bancaires supposent par nature une prise de risque qui justifierait l’attente de gains. C’est dans la nature même de ces activités. L’exigence d’une garantie de profit avec un système parallèle de règlement extrajudiciaire des différends qui n’est ni indépendant, ni transparent, ni comptable et qui ne prévoit pas d’appel est donc tout à fait anormal.

On constate de la part de ces multinationales et tout le système qui s’organise autour d’elles, un rejet des obligations juridiquement contraignantes mais aussi des négociations secrètes qui excluent les syndicats ou les associations de protection des consommateurs.

 

Vulnérabilité des États et conflits d’intérêt

Mais cela va encore plus loin, car les États peuvent même se voir empêchés d’adopter des dispositions de nature sociale ou environnementale.
Ainsi, Metalclad, une entreprise de gestion de déchets, a intenté une action contre le Mexique en se basant sur l’accord de libre échange nord américain. La municipalité mexicaine a refusé de délivrer le permis. Metalclad a alors attaqué le Mexique, qui, en 2003, s’est vu ordonner de payer une compensation de 16,7 millions de dollars. La justification de cette décision reposait sur le fait que l’État aurait pris une mesure équivalent à une expropriation indirecte.
Dans la même veine, la société Ethyle Corporation a présenté un recours contre la décision du Canada d’interdire un additif de carburant produit par la société pour la protection de la santé publique. Le Canada a alors choisi d’abandonner sa décision en matière de santé publique par peur de perdre.
Un ancien fonctionnaire canadien a par ailleurs témoigné que la plupart des projets de loi en matière environnementale sont resté lettre morte en raison de courriers de cabinets d’avocats de Washington et New-York.
Il ne s’agit pourtant pas des pays les plus vulnérables et démunis !

Par ailleurs, au delà des intimidations, les conflits d’intérêts ne sont pas non plus absents. Un exemple : celui de l’attaque de la multinationale française de gestion de l’eau et des déchets Vivendi contre l’Argentine. On y découvre que l’arbitre Kaufmann-Kohler est membre du Conseil d’Administration et du Comité de responsabilité des entreprises de la banque suisse UBS qui se trouve être l’actionnaire principal de Vivendi qui a attaqué l’Argentine. L’Argentine n’a eu connaissance de ce fait qu’après le prononcé du jugement et le comité d’examen a refusé son annulation.

Cependant, en dépit de sentences qui violent des principes aussi fondamentaux de l’indépendance de la justice, celles-ci ne peuvent dans l’état actuel être annulées, le réexamen de fond du dossier n’étant pas autorisé.
Ces quelques exemples parmi tant d’autres le montrent bien. Ce système basé sur des avocats et des arbitres qui gagnent des fortunes donne lieu à des abus absolument flagrants et n’apporte aucune valeur ajoutée. Il convient donc de le supprimer.
On peut faire le parallèle avec les sauvetages bancaires de 2007-2008 avec les centaines de milliards de dollars versés par les États aux banques qui ont spéculé et n’ont assumé aucune responsabilité pour leur comportement et la transformation de ces dettes privées en dettes publiques supportées par les populations des pays concernées. Il en est de même avec les montants très importants que coûte l’arbitrage aux pays. C’est chaque fois autant d’argent en moins pour mettre en œuvre des mesures sociales et c’est autant en moins pour lutter contre l’accroissement d’inégalités déjà abyssales.

 

S’appuyer sur la prééminence reconnue des droits humains

La boussole pour la mise en place d’une alternative crédible à ce système d’arbitrage inique est la prédominance au niveau international de la Charte des Nations Unies et des obligations relatives aux droits humains. L’article 103 de la Charte est on ne peut plus clair :« en cas de conflit entre les obligations des membres des Nations Unies en vertu de la présente Charte et leurs obligations en vertu de tout autre accord international, les premières prévaudront ». Cet article se voit entre autres confirmé par la Convention de Vienne sur le droit des traités. |3|

La question du financement du développement coïncide avec ce questionnement du règlement des différends avec les pertes qu’il occasionne pour les États. Si la volonté des États est d’arriver à quelque chose de significatif dans ce domaine à l’horizon 2030 des mesures radicales doivent être prises. S’attaquer au système de la dette, des paradis fiscaux, des mesures commerciales et de l’arbitrage sont en ce sens des impératifs.

 

Quelles alternatives à l’arbitrage ?

La création d’un tribunal international des investissements dans lequel la Charte des Nations Unies et les autres mécanismes de protection des droits humains prévaudront serait une alternative de choix. Il s’agirait d’une seule structure institutionnelle qui remplacerait les multiples instances d’arbitrage existant actuellement. Ce tribunal qui serait doté d’une cour d’appel pourrait être intégré à la Charte des Nations Unies comme pourrait l’être également un tribunal des droits humains et un autre sur les questions environnementales.

A défaut de la création d’une telle instance - à laquelle s’opposeront certainement les bénéficiaires de l’actuel système d’arbitrage, opposition dont il y a lieu de ne pas tenir compte puisqu’elle ne représente que les intérêts des multinationales et de leurs actionnaires ainsi que des avocats et arbitres de ce système qui prospèrent sur le dos de l’intérêt du plus grand nombre - il faudrait en revenir aux prérogatives des Etats nationaux. |4|

Il convient de signaler qu’à côté d’un tribunal sur les investissements tel que proposé, un autre portant sur les violations des droits humains par les multinationales doit également être mis sur pied. Cette instance devrait permettre non seulement aux États, mais également aux particuliers, de faire valoir leurs droits.
En effet, des activités économiques et financières peuvent se traduire par du chômage de masse, des atteintes à la dignité humaine mais aussi de graves violations des droits humains pouvant parfois aller jusqu’à des crimes contre l’humanité. Le principe de mise en danger d’autrui en droit pénal est alors tout à fait clé et doit reposer sur la compétence universelle.
Par ailleurs, étant donné le poids de la corruption au niveau mondial et des pertes de recettes qu’elle représente pour les pays par ailleurs soumis à une hémorragie de capitaux par la dette et les paradis fiscaux, la convention des Nations Unies contre la corruption de 2003 pourrait être un outil intéressant à exploiter.

Certains craindraient le départ des investisseurs et d’éventuelles retombées négatives pour le pays dont les médias commerciaux, on peut en être sûr, rendront compte abondamment. Pourtant l’exemple bolivien démontre le contraire. En dépit du changement radical dans l’affectation des recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures suite à l’élection d’Evo Morales, la grande majorité des transnationales actives dans ce secteur a décidé de respecter les conditions fixées par le gouvernement bien moins intéressantes pour elles mais dont la population voit enfin les retombées. Le besoin de ces sources d’approvisionnement est la raison d’agir de ces multinationales et cela représente un critère de premier ordre.

 

 
Notes

|1| Accord de Libre-échange nord-américain entré en vigueur le 1er janvier 1994 et contre lequel le sous-commandant Marcos et les zapatistes se sont soulevés. Celui-ci a entraîné des conséquences désastreuses sur l’économie mexicaine et en particulier sur les producteurs de maïs, céréale de base de l’alimentation mexicaine qui a fait face à l’invasion du maïs transgénique des Etats-Unis hautement subventionné, ce qui a conduit à la faillite un nombre considérable de petits producteurs.

|2| Pour son rapport l’expert a pris en compte le rapport 2014 de la CNUCED sur le commerce et le développement dans le monde, le rapport 2015 de la CNUCED sur l’investissement dans le monde. Il a également pris en considération les rapports du groupe de travail sur la question des droits humains et des sociétés transnationales et autres entreprises, ceux du Conseil des droits de l’homme et des rapporteurs spéciaux qui traitent des questions relatives à la dette, à l’alimentation, à l’eau, à la santé, à l’environnement, à l’extrême pauvreté entre autres...

|3| Convention de Vienne sur le droit des traités ; article 26 : « aucun traité signé par la suite ne peut être considéré comme légitime s’il fait obstacle à l’exécution des engagements pris en vertu des traités en vigueur » ; article 53 « les traités ou dispositions conventionnelles qui violent les normes impératives du droit international sont contraires aux bonnes mœurs et de ce fait, nuls et non avenus ».

|4| La doctrine Calvo du nom du diplomate argentin qui l’a énoncée en 1868 visait à reconnaître aux tribunaux des pays latino-américains le droit de statuer face à des attaques des pays européens - au premier rang desquels la Grande-Bretagne - et aux Etats-Unis qui soutenaient leurs entreprises dans d’autres pays. En effet, les retombées négatives de ces investissements pour le pays d’accueil et sa population ne pesaient guère dans la balance.

Auteur

Virginie de Romanet

est membre du CADTM Belgique

 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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1 janvier 2016 5 01 /01 /janvier /2016 18:37

 

Source : http://www.lutte-ouvriere-journal.org

 

 

Grèce : un vol constitutionnel
29 Décembre 2015
 
 
 
 
 
 
 

 

On pourrait croire à un conte de Noël : après avoir pressuré les travailleurs grecs depuis des années pour le compte des banquiers, la Commission européenne demande que les armateurs grecs soient soumis à l’impôt commun et contribuent ainsi à renflouer les comptes du pays.

Depuis 1975 en effet, les armateurs grecs ne payent pas d’impôts sur leurs bénéfices, mais uniquement sur le tonnage de leurs navires. Ce droit, unique au monde et inscrit dans la Constitution, revient quasiment à les exempter d’impôt, quelle que soit leur fortune. Et certaines sont colossales.

La Commission européenne donne deux mois au gouvernement grec pour revenir sur cette disposition. Mais le diable est dans les détails et dans la précision suivante : la demande ne concerne pas les navires vraquiers et les navires citernes. Autrement dit, les armateurs milliardaires, ceux qui possèdent des flottes de plus de cent pétroliers, gaziers, minéraliers, porte-conteneurs sur toutes les mers du globe, ceux qui touchent leurs dividendes sur une bonne partie de ce qui se transporte sur l’océan, sont épargnés par la mesure !

Onassis peut reposer en paix et les travailleurs grecs continuer à se serrer la ceinture.

 

Paul GALOIS
 
 
 
 
 
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1 janvier 2016 5 01 /01 /janvier /2016 18:18

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Construire un monde post-extractiviste, post consumériste

31 décembre 2015 par Nicolas Sersiron , Robin Delobel

 

 

 

 

 

Le monde post-extractiviste arrivera, quelque soit la volonté de ceux que Jean Ziegler appelle « les saigneurs de la terre », aussi désignés les 1% par Occupy et les Indignés. La question est de savoir comment il est possible de créer ce monde post-extractiviste, avant qu’il ne s’impose par la raréfaction des ressources naturelles. L’accélération des désastres climatiques et environnementaux, puis dans un proche avenir un effondrement des sociétés extractivo-consuméristes |1| avec une montée très probable de la barbarie, sont des probabilités fortes si rien ne change. Les métaux et les énergies fossiles sont des ressources finies dont les limites se rapprochent rapidement. L’eau douce, les sols agricoles, les forêts, les poissons, le sable sont eux aussi des ressources finies quand est dépassée la capacité des écosystèmes à les renouveler. Quant à la biodiversité, dont nous sommes un des éléments, elle est en chute libre pendant que le chaos climatique progresse.

 

Le productivisme agricole, initié par la « révolution verte », doit impérativement laisser la place à une agriculture respectueuse du climat, des sols, de l’environnement et de la santé des humains. Le gaspillage alimentaire, la production de nécrocarburants et la consommation de viande devront diminuer très fortement si nous ne voulons pas que la désertification et la faim ne progressent de façon irréversible. L’utilisation démentielle des énergies fossiles aura des conséquences catastrophiques sur le climat tellement la complexité des interactions est grande si nous restons sur la trajectoire actuelle. Quant aux apprentis sorciers de la géo-ingénierie qui veulent nous faire croire qu’ils peuvent lutter contre le réchauffement avec des moyens artificiels, plutôt que de s’attaquer aux émissions de GES des sociétés consuméristes, ils nous font courir des risques insensés, tel l’arrêt de la mousson en Inde avec une gigantesque famine. |2| Comme disait Einstein, « On ne résout pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont engendrés ».

 

La croissance de la consommation des ressources naturelles sur la trajectoire de ce début du 21e siècle (bien qu’en baisse ces derniers mois, notamment du à la baisse de la croissance chinoise) donne chaque jour plus de poids à l’hypothèse de l’effondrement. |3| Même la BM |4| et l’AIE, des institutions qui ont toujours soutenu le pillage des ressources naturelles et les profits capitalistiques, sont d’accord pour dire que si nous ne laissons par les trois quarts des ressources fossiles dans le sol, l’augmentation de 2°C, considérée comme une limite impérative par le GIEC, sera largement dépassée bien avant la fin du siècle. |5|

 

L’agriculture productiviste - grande émettrice de GES - ne pourra faire face à un tel bouleversement climatique. Elle sera incapable de fonctionner avec un pétrole très cher et ne pourrait s’adapter suffisamment vite aux variations de températures et de saisonnalité des pluies ou des sécheresses et nourrir les immenses agglomérations. Violence, guerre, tyrannie deviendraient alors les dernières solutions pour le partage de la nourriture et de l’énergie restantes,comme le décrit de manière très sombre le film Mad Max. Une autre agriculture, résiliente au pétrole, doit se développer rapidement. Que ce soit avec l’agroécologie urbaine, les ceintures maraîchères ou le redéploiement de l’agriculture paysanne et écologique, elle se fera avec des techniques respectueuses « des conditions de vie et du patrimoine naturel. » |6|

 

Quant aux énergies renouvelables, si elles sont de vraies solutions pour remplacer les énergies fossiles déclinantes et désastreuses pour le climat, elles nécessitent de grandes quantités de métaux et de ressources naturelles déjà limitées. |7| Le prix actuel du pétrole, très bas, masque la réalité du pic pétrolier. |8|

 

Le pic géologique, celui des matières premières minérales, le pic énergétique, le pic agricole et bientôt le peak everything seront bientôt atteints. Les énergies renouvelables ne seront une alternative crédible que dans la mesure où le gaspillage énergétique cessera. Inutile autant qu’impossible de construire des éoliennes si c’est pour consommer toujours plus. Il faut des ressources métalliques énormes pour fabriquer une grande éolienne : 1 tonne de cuivre et 500kg d’aimants de néodyme, un des métaux contenus dans les terres rares. Il en va de même pour les panneaux solaires qui nécessitent argent, cuivre, silicium, plastique et terres rares. Quant aux centrales nucléaires : elles nécessitent encore plus de métaux rares tels que titane, cobalt, tantale, zirconium, hafnium, indium, argent, sélénium et lithium « alors que les réserves de tous ces métaux si spécifiques ne dépassent pas le siècle. » |9| Philippe Bihouix explique dans ses livres comment la High Tech emballe le système.

 

Nous, les habitants des pays les plus prospères, sommes donc face à un choix très clair.

- Soit décider volontairement de diminuer notre empreinte écologique, donc notre consommation matérielle, en réduisant fortement nos besoins en bois, minéraux, viandes, poissons, énergies y compris d’origine renouvelable, eaux douces et terres arables. Aller vers la simplicité impliquera de remplacer le système de la mode, de l’obsolescence programmée et du gaspillage. Indispensable si nous voulons stopper le réchauffement planétaire produit en guère plus d’un demi-siècle conjointement aux désastres environnementaux et sociaux, pour laisser une terre viable pour nos enfants. Il faut des temps longs pour que la nature et les ressources écosystémiques retrouvent leur équilibre, les pertes de biodiversité sont définitives.

- Soit laisser le business as usual continuer à détruire notre biotope au nom du « libre » échange », de la « libre » concurrence et de la « libre » entreprise, avec pour seule idéologie le grand mensonge libéral du TINA. Que les dominants veuillent se noyer dans des piscines de bénéfices pourrait nous laisser indifférents si leurs folies ne nous entraînaient dans une débâcle aussi certaine que collective. L’incapacité de nos décideurs politiques à interdire les PFJ |10| ou à contraindre les banques trop grandes pour faire faillite à se scinder en plusieurs banques non dangereuses pour l’économie est le signe d’une connivence mortifère.

Pourquoi les banques ne continueraient-elles pas à jouer à la bourse-casino sur les matières premières, pétrole et nourriture ? Pourquoi ne pourraient-elles pas continuer à être sauvées par les contribuables quand elles tombent en faillite en entraînant celle de toute l’économie, nous disent-elles tranquillement ? Ces fameuses banques systémiques, too big to jail, trop grosses pour aller en prison, font grossir la dette publique par leurs combines d’évasions fiscales dans les paradis fiscaux, leurs délires mégalos et leurs prêts avec intérêts aux Etats. |11|

Nous devons prendre en mains notre avenir et organiser un plan de sauvetage du peuple par le peuple. Les dirigeants politiques, tout comme les responsables des grandes institutions financières, devenus les passe-plats des détenteurs de capitaux, n’hésitent plus à mentir ou à verser dans la schizophrénie. Olivier Blanchard, chef économiste du FMI, a expliqué fin 2012 que l’institution s’était trompée dans ses calculs et que les mesures d’austérité avaient en réalité des effets multiplicateurs augmentant la récession économique. Néanmoins, le FMI, à travers la Troïka, continue à imposer des mesures d’austérité aux pays européens, semblables à celles imposées depuis 30 ans aux PED. Il impose à la Tunisie des mesures d’austérité typique des PAS en échange de nouveaux prêts, ainsi que le remboursement des prêts odieux de la période Ben Ali, de même qu’il continue, par ses conseils, de faire saigner le peuple grec.

La BM continue à prêter en 2013 des dizaines de milliards de dollars pour l’extraction des énergies fossiles et alerte dans le même temps sur les cataclysmes à venir provoqués par le réchauffement climatique. Pour gagner l’élection le candidat François Hollande déclare que son plus grand ennemi est la finance, mais après trois ans de mandats, impose des mesures d’austérité au peuple, sanctifie la croissance du PIB, les profits des entreprises et rembourse une dette illégitime.

 

Les résistances sont liées

Les résistances à l’extractivisme, à la dette illégitime, à l’agriculture productiviste, à la malnutrition au Sud et au Nord comme au réchauffement climatique réussiront quand la multitude des luttes locales, internationales et des expériences alternatives seront suffisamment puissantes pour créer un effet de bascule dans la conscience du plus grand nombre. Les peuples retrouveront alors le sens de la vie en se réappropriant les grands choix de société. N’oublions jamais que l’ascenseur social et les classes moyennes occidentales sont nés du cataclysme financier de la crise de 29. Cela, contre la volonté des détenteurs de capitaux et des patrons aussi bien étasuniens qu’européens. C’est l’implication du peuple des Etats-Unis après la crise de 29 et la détermination des résistants européens dressés contre les armées nazis, après l’immense souffrance de la grande dépression, qui a permis ces grandes avancées vers plus d’égalité.

Pour construire un monde post-extractiviste, avant qu’il ne s’impose, la décroissance des inégalités, de l’agriculture industrielle et de nos comportements barbares avec les pays du Sud sont indispensables. Une décroissance volontaire de la consommation des biens matériels et alimentaires pour le 1,5 milliard d’humains qui gaspillent abondamment, est primordiale pour que d’autres peuples puissent avoir accès à une alimentation suffisante et une vie digne. Le modèle consumériste occidental issu de l’american way of life n’a été possible que par la conquête armée et le vol des ressources naturelles d’autres peuples par les Européens au cours des derniers siècles. Quand ce ne fut pas l’extermination quasi complète des peuples indigènes en Amérique du Nord, Australie, Nouvelle Zélande et ailleurs. Aujourd’hui, cette conquête par dépossession extractive est encore accentuée par les grands pays émergents qui veulent leur part du grand festin, on les comprend même si on ne les approuve pas.

 

L’impossible rattrapage

Bien que les spoliations par les accaparements de terre ou par les exploitations de mines à ciel ouvert redoublent d’intensité en ce début du siècle, le système capitaliste ne pourra jamais offrir aux près de quatre milliards d’Indiens, de Chinois et d’Africains, le même style de vie fondée sur le conso-gaspillage que celui du milliard d’habitants des pays de la Triade. Car ceci n’a été possible qu’avec la profusion d’un pétrole à très bas prix que les Occidentaux ont dilapidé au cours du 20èmeS. Cela en saturant l’atmosphère de CO2, 400 ppm en 2014 contre 280 il y a un siècle. Le banquet touche à sa fin, il faut partager les restes et cesser de dégrader le climat. Sinon, après la guerre économique en cours, c’est la guerre avec des armes qui explosera. Les Africains - dont le nombre devrait atteindre deux milliards - comme d’autres peuples, n’accepteront plus très longtemps d’être dépossédés de leurs richesses naturelles et d’avoir à subir le réchauffement dont ils ne sont pas responsables.

Pour que la trajectoire suicidaire actuelle s’infléchisse rapidement, les occidentaux, pionniers et grands responsables du pillage extractiviste, « pill-âge » ou Anthropocène, devraient être les premiers à diminuer très fortement leur empreinte écologique. Gandhi disait que c’est nous-mêmes qui devons changer si nous voulons que les autres changent.

N’est-ce pas à ceux qui ont tant profité des richesses de la terre et du travail des autres peuples d’initier la construction d’un nouveau modèle post-extractiviste, post-consumériste, socialement juste et écologiquement soutenable ?

Il est possible de vivre mieux, moralement et affectivement, en refusant d’être asservi par l’économie matérialiste. Moins de biens plus de liens proclament les objecteurs de croissance.

Il y a toujours un consommateur à la fin de la chaîne, et ce consommateur c’est vous et moi. Si nous voulons éviter un stress ingérable à l’avenir, nous devons renoncer aux idéaux du rêve américain et convaincre les politiciens que nous aspirons à autre chose que ce que le modèle consumériste du XX ème siècle a forgé dans l’inconscient collectif de la plupart des sociétés. Des modes de vie soutenables, la décroissance… sont des pistes très enthousiasmantes.  |12|

La compétition devra être remplacée par la coopération, le gaspillage par les économies de ressources et la sobriété alimentaire, la propriété intellectuelle par les savoirs partagés pour que tous puissent accéder à une vie soutenable. Nos besoins devront s’ajuster aux potentiels du renouvellement des écosystèmes pour que la planète bleue puisse continuer à offrir l’exceptionnel biotope qui a permis à la vie de naître et aux humains d’évoluer jusqu’à aujourd’hui. La conquête marchande et la civilisation industrielle se sont édifiées par des guerres, l’extension sans limites de la propriété privée, les destructions sociales et environnementales. Un avenir vivable pour tous ne pourra se construire qu’avec des relations basées sur les communs, tendant vers le partage, la gratuité et donc la paix. « Vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre » disait Gandhi. Les latino-américains avec le « buen vivir », font primer les relations avec les autres et la nature sur l’avoir. « Selon José Kaputa Lota, le « plus être » négro-africain implique la critique du développement entendu comme ‘simple croissance, simple accumulation de richesses matérielles’. » |13| Il en va de même avec le Bonheur National brut, le BNB répandu en Asie.

 

L’audit citoyen des dettes publiques

Depuis l’arrivée de la Troika en Grèce, la liste (loin d’être exhaustive) des dégâts sur le pays se révèle effroyable : une dette équivalente à 175 % du PIB en 2014, le chômage s’élève à plus de 65 % pour les jeunes, graves atteintes à la santé publique, croissance considérable des suicide, braderie du patrimoine aux entreprises privées (plages, îles et entreprises publiques, etc.), montée des néonazis... Cette situation a été en grande partie provoquée par la priorité absolue donnée au remboursement d’une dette très majoritairement illégitime.

Des résistances se construisent, des groupes de citoyens expérimentent des manières de vivre basées sur l’autonomie, la solidarité et la gratuité, à travers des collectifs et des centres sociaux : échanges de semences, coopératives de production agricoles, soins et repas autogérées et gratuits. Les mouvements de désobéissance se développent contre les grands projets miniers, contre l’extrême droite et surtout pour un audit de la dette. 1

L’audit citoyen est un formidable moyen pour mettre au grand jour l’immense escroquerie que la dette représente pour les peuples du Sud, comme pour ceux du Nord, depuis la débâcle bancaire de 2008. Il consiste à analyser d’où vient la dette, à quoi elle a servi, qui détient ses titres, à chercher si elle a été contractée dans l’intérêt de la population ou pas. Les dettes publiques illégitimes étant le levier de l’extractivisme et de l’asservissement des peuples, l’audit citoyen est le meilleur moyen de lutter contre ces deux fléaux. Il porte en lui la reconquête de la démocratie par le contrôle des finances de l’Etat. L’audit citoyen a pour but, aussi bien au niveau local qu’au niveau d’un pays, voire d’un continent comme l’Europe, de comprendre comment l’argent des contribuables, est dépensé par les gouvernements.

L’audit permet par exemple de comprendre que les déficits chroniques des budgets ne sont pas dus à un excès de dépenses, comme on aimerait nous le faire croire, mais bien à une diminution volontaire des recettes depuis bientôt trois décennies. Le recours à l’emprunt, l’évasion fiscale, les privatisations, les PPP, (partenariats public-privé) doivent être analysés comme des cadeaux faits aux multinationales et à leurs actionnaires, et non pas comme des nécessitées économiques.

Les banques privées qui prêtent aux Etats et reçoivent les intérêts payés par les contribuables sont bien les vrais bénéficiaires, voire les véritables dirigeants, d’un système qui, en affaiblissant l’Etat, augmente le pillage des ressources humaines. Augmenter les impôts de la majorité pour faire face à la récession provoquée par les banques n’est-il pas une forme d’extractivisme appliquée à la plus-value produite par les travailleurs d’un pays. Les GPII (les grands projets inutiles imposés) associés à des PPP comme l’aéroport Notre Dame Des Landes, le train à grande vitesse Lyon-Turin (26-30 Mds d’euros), les autoroutes vides (Pau-Langon) ou les éléphants blancs dans les PED doivent être compris eux aussi comme des cadeaux faits aux grandes entreprises privées avec l’argent public ou pire avec des emprunts d’Etats faits auprès des banques privées : double jackpot. Privatiser les profits, socialiser les pertes, c’est la logique privilégiée par les gouvernants adeptes du néolibéralisme en période de crise mise en évidence par Naomi Klein dans son livre « La Stratégie du choc ».

L’Allemagne de l’Ouest avait obtenu en 1953 que le remboursement de sa dette de guerre ne dépasse jamais 5 % du montant de ses exportations annuelles |14|. En réalité elle ne l’a jamais remboursée. Les Grecs, Portugais, Irlandais, Espagnols, seraient-ils plus fautifs que les allemands des années 40 pour devoir subir de la part de la riche Europe une telle cure d’austérité ?

L’ensemble des dettes publiques peuvent être passées en revue par un audit citoyen qui agira comme un tamis en faisant apparaître toutes les dettes odieuses ou illégitimes, leur enlevant les assises pseudo légales qui fondent leurs remboursements. « Nous ne devons rien, nous ne paierons rien » est le slogan des Espagnol-e-s, sorti-e-s dans les rues en 2011 et actifs à présents pour porter les revendications des mouvements sociaux au sein des municipalités |15|.

En 2007-2008, sous l’impulsion de Rafael Correa, l’Equateur a organisé un audit gouvernemental et citoyen. Les travaux ont abouti à une annulation du remboursement de 70 % de la dette souveraine. L’Equateur n’a pas subi à ce jour de rétorsion de la finance internationale. |16|

L’Argentine a cessé ses remboursements de dettes unilatéralement en 2001. Elle était au bord du gouffre économique, conséquence d’un endettement odieux hérité de la dictature militaire de Videla.

Durant les deux dernières décennies (avant 2001), l’Argentine est un élève zélé du FMI et applique à la lettre ses contre-réformes : libéralisation financière, licenciement massif de fonctionnaires, privatisation des entreprises publiques, ouverture de l’économie, gel des salaires, diminution drastique des budgets de l’éducation et de la santé... Malgré les politiques d’ajustement structurel, le pays est prisonnier de la spirale de l’endettement. La récession économique s’installe. |17|

Après trois années sans payer, elle a obtenu une annulation de 55 % du stock de sa dette (84 Mds$). Les dix années suivantes, ce pays a eu un taux de croissance de plus de 7 %, malheureusement dans une logique économique extractiviste et libérale. Aujourd’hui, des « fonds vautours », ceux qui avaient refusé le remboursement après décote de leurs obligations, ont obtenu, après un jugement de la cour suprême des Etats-Unis, le remboursement de leurs obligations à leur valeur nominale, plus les intérêts de retard, mettant ainsi l’économie Argentine en péril. |18|

Le peuple d’Islande a obtenu, à force de casserolades dans les rues, que les contribuables ne soient pas contraints d’assumer les dettes des banques après leur faillite. Elle a, depuis 2011-12, retrouvé un taux de croissance de 3 % et un taux de chômage que tous les pays européens lui envient. Agnès Rousseau écrit dans Bastamag « …face à la pire crise bancaire de l’histoire, l’Islande fait passer les intérêts des citoyens avant ceux des banquiers. Et a décidé de mettre fin à l’impunité des délinquants de la finance. » |19| En décembre 2013 trois anciens banquiers et un important actionnaire de la banque Kaupthing ont été condamnés à plusieurs années de prison. |20|

Après une camapgen citoyenne initiée en 2011 et suite à la victoire de Syriza aux élections législatives de janvier 2015, un audit de la dette, présidée par Zoé Konstantopoulou et soutenu par le gouvernement, a été coordonné par Eric Toussaint, porte parole du CADTM. Il réunissait 30 expert-e-s, juristes, politologues, économistes venant des quatre coins du monde pour analyser la dette grecque et ainsi déceler les parts illégitimes, illégales, odieuses et insoutenables.
Inauguré en mars 2015 le comité d’audit a rendu son rapport préliminaire à la fin du mois de juin en présence d’Alexis Tsipras et de nombreux ministres. Il conclue que la totalité de la dette de la Troika est illégale, illégitime, insoutenable et odieuse.

Comme on l’a vu avec la capitulation grecque |21|, seule une très forte mobilisation de la population peut pousser le gouvernement à utiliser les travaux de l’audit et ensuite opérer une annulation des dettes illégitimes. N’oublions pas que les dettes publiques illégitimes ont un double rôle. Au Sud elles servent à contraindre les peuples et les pays endettés à exporter leurs matières premières à très bas coût pour ensuite exporter les devises nécessaires à son remboursement vers les acteurs de la finance internationale. Au Nord, elles servent à contraindre les populations à perdre une part toujours plus importante des bénéfices de leur travail au profit de l’oligarchie financière. Que ce soit par la baisse des salaires, la privatisation des services publics ou l’augmentation de la charge de la dette sur le budget national, donc sur les contribuables. Leurs annulations sont fondamentales pour se rapprocher d’une société post-extractiviste dans laquelle la recherche du bien vivre, cher aux Équatoriens et aux Boliviens, primerait sur celui du toujours plus de consommation et de croissance.

 

Paradis fiscaux et judiciaires (PFJ), prix de transfert et contrôle des changes

Bloquer ou rendre inopérant l’utilisation des PFJ relève d’une décision politique. Selon le journaliste Denis Robert, on sait exactement où va l’argent mondial. Il suffit d’ajouter ou de supprimer quelques lignes dans les ordinateurs pour fermer la porte de ces enfers pour les 99 %. Autre solution, taxer les transactions financières non pas à hauteur de 0,01 %, mais entre 1 et 3 %. Cela enlèverait une bonne part du bénéfice attendu de l’utilisation des PFJ. L’emploi de cette manne aiderait à faire disparaître les dettes publiques.

Pour lutter efficacement contre la grande pauvreté et la faim, la disparition des PFJ est fondamentale. L’extractivisme est lié à la dette et à la corruption dans les PED, le repenti John Perkins |22| le démontre avec des preuves et des témoignages. Ni les accaparements de terre ni les concessions minières, ni bien d’autres contrats léonins ne pourraient se faire sans ces trous noirs dans lesquels tombent les commissions qui vont corrompre les décideurs. Près de 100 millions d’ha en Afrique ont été accaparés pour des loyers annuels ne dépassant pas un euro par ha. Ces prix étant ridiculement bas, il est impossible que d’énormes soultes ne soient pas versées aux décideurs grâce à l’opacité des PFJ. De plus une grande partie des matières premières transitent dans ces paradis pour actionnaires, enfer pour les citoyens ordinaires - par le système des prix de transferts. Les bénéfices des multinationales n’y sont pas imposables.

Les dettes illégitimes vident les budgets des PED, les paradis fiscaux les privent de rentrées légitimes. Victor N’Zuzi de RDC, |23| paysan-journaliste, fait une comparaison saisissante : il demande comment une personne à qui on aurait coupé les bras et les jambes, ferait pour vivre et manger.

Oxfam écrit en 2013
On estime que les fuites de capitaux illicites coûtent au moins 859 milliards de dollars par an aux PED. La Commission européenne estime que l’évasion fiscale coûterait chaque année près de 1000 Mds€ à l’Union européenne, soit près de 2000€ pour chaque citoyen européen. En France, le Sénat estime que le coût pour le trésor public de l’évasion fiscale pourrait atteindre 50 milliards (par an). »  |24|

La disparition du contrôle des changes a été imposée aux gouvernements du Sud par le FMI. Remettre ce contrôle aux frontières rendrait beaucoup plus difficiles les détournements et la corruption opérés grâce aux PFJ. Et contrairement à ce que la communication dominante veut nous faire croire, la demande en ressources naturelles est tellement forte que les multinationales extractivistes seraient bien obligées de s’y soumettre si une telle décision était prise de façon concertée par un groupe d’Etats du Sud. L’évasion fiscale, les détournements de fonds publics dans les PED, les prix invisibles des accaparements de terre, les bénéfices illicites ou criminels deviendraient alors plus difficiles.

Le chiffre colossal du rapatriement des bénéfices obtenus par les multinationales dans les PED pourrait être connu et taxé en fonction des lois fiscales du pays et des pollutions environnementales produites. Les PED retrouveraient une liberté de gestion, des moyens de financement d’une autre ampleur que les pauvres prêts de secours des IFI’s avec leurs terribles conditionnalités ultralibérales ou les misérables APD, provenant des pays extractivistes. Même le FMI lui-même le reconnait enfin en 2014 : « L’évasion fiscale des multinationales est mauvais pour l’économie mondiale et les pays pauvres. Pour chaque dollar d’aide que les PED reçoivent, près de 10 dollars disparaissent à travers la corruption et l’évasion fiscale. » |25|

Pourquoi l’île de Jersey est-elle le premier exportateur de bananes ? Parce que les trois grands producteurs Dole, Chiquita et Fresh Del Monte, sociétés étatsuniennes, se transforment en acheteurs-revendeurs de leur propre production. Comment ? En passant par des sociétés filiales dans ce paradis fiscal, elles minimisent leurs prix d’achat dans les pays producteurs d’Amérique latine et maximisent leurs prix de revente à d’autres filiales dans les pays consommateurs. Selon John Christensen de Tax justice network, les multinationales créent souvent une centrale d’achats aux Îles Caïmans, délocalisent leurs services financiers au Luxembourg, versent des royalties pour l’utilisation de la marque en Irlande, font facturer les coûts de transport sur l’Ile de Man, organisent le réseau de distribution à partir des Bermudes et paient les ressources humaines à Jersey. Ces escroqueries « légales », acceptées par nos gouvernements, enlèvent des recettes fiscales aux budgets des pays où la consommation a lieu. Le prix est volontairement si élevé que la plus-value faite sur la revente des bananes dans la filiale installée dans le pays acheteur n’offre qu’une très faible valeur ajoutée taxable.

L’ensemble de la plus-value faite par ces jeux d’écritures comptables est alors réalisée à Jersey et dans d’autres PFJ où l’impôt sur les sociétés n’existe pas. En enrichissant les actionnaires de ces multinationales, elles appauvrissent les peuples du Sud et du Nord de plusieurs façons.

Le prix de vente des bananes à la production est artificiellement trop bas pour que les travailleurs des bananeraies reçoivent des salaires dignes et que les taxes sur les exportations dues aux pays producteurs puissent améliorer les conditions de vie de la population. La terre, l’eau et les travailleurs de ces pays ont produit les bananes, et en plus ils subissent la défertilisation due à ces monocultures, les pollutions de l’eau et du sol, les maladies, provoquées par le très dangereux Paraquat.

C’est ainsi que les multinationales extractivistes, opérant dans les PED pour les minerais, le pétrole ou les produits agricoles et sylvicoles, « optimisent », en réalité volent le pays producteur en ne payant que très peu de taxes.

Le rétablissement du contrôle des changes et l’interdiction du recours aux PFJ sont indispensables pour que les multinationales opérant dans les PED paient les impôts sur leurs bénéfices directement aux autorités des pays où production et « extraction » ont lieu. Cette rupture avec le dogme du libre-échange permettrait de rendre obligatoire le réinvestissement d’une part importante de ces bénéfices dans l’économie du pays. Aujourd’hui, les multinationales rapatrient « librement » la quasi-totalité vers leurs actionnaires. Ces mesures ne sont pas de même nature que le protectionnisme utilisé par les pays occidentaux au 19-20èmeS, destiné à défendre leurs industries capitalistes dans un système de conquête internationale des marchés. On parle ici de protections légitimes contre l’évasion fiscale dans les PFJ.

L’aide publique au développement, l’APD, un moyen de l’extractivisme !

Une part très importante de l’APD française est gérée par l’AFD. Celle-ci administre les Contrats Désendettement-Développement, les C2D. De quoi s’agit-il ? Pour ne pas annuler une dette bilatérale, le plus souvent illégitime (soutien financier à un dictateur, argent détourné, aide liée, etc.) correspondant à un prêt fait par le gouvernement français à un pays de l’Afrique subsaharienne par exemple, l’Etat prêteur fait des C2D. Alors que la majeure partie de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, la France propose à ce pays que les remboursements de cette dette soient réinvestis dans le pays sous le contrôle de l’AFD. Ce système est éminemment retors puisqu’il qualifie d’APD les C2D. Ainsi il maintient la pression néocoloniale sur le pays pour obtenir l’accès privilégié à ses ressources naturelles ou favoriser une entreprise. De plus les C2D transforment le caractère illégitime ou odieux de la dette d’origine en aide généreuse. Pauline Imbach, du CADTM, appelle les C2D, dans le magazine les Z’Indignés, Contrat de Domination et d’Endettement. L’association Survie écrit :

les C2D sous couvert d’annulation de dette (que l’Etat bénéficiaire rembourse pourtant au final), des montants colossaux sont versés pour financer des projets cornaqués par l’AFD et pour lesquels les entreprises françaises décrochent régulièrement le pactole.

Dans « Comment l’aide au développement se privatise au profit des grandes multinationales » |26| Bastamag cite un communiqué de la plateforme des PFJ, composé de différentes ONG, expliquant que Proparco, la banque adossée à l’AFD, « malgré son mandat de développement, agit comme n’importe quel investisseur privé, guidé par la rentabilité des projets plus que par leur impact réel sur l’amélioration des conditions de vie des populations des pays du Sud ».

A contrario, la Norvège a fait réaliser un audit par le cabinet Deloitte de ses créances sur les PED. Il est apparu que 34 de ses crédits à l’exportation vers des PED étaient douteux. |27| Elle avait déjà procédé en 2007, de manière unilatérale, à l’annulation des créances illégitimes qu’elle détenait sur l’Equateur, la Jamaïque, le Pérou, la Sierra Leone et l’Egypte. |28| Si ce pays reconnaît ses actes néocoloniaux, la France,elle, prend le chemin inverse !

La main qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne disait le grand écrivain Malien Amadou Hampâté Bâ. L’APD ne porte-t-elle pas implicitement, derrière la générosité apparente, un potentiel de soumission ou de corruption de celui qui reçoit, voire les deux ? Peut-elle s’abstraire du « donner, recevoir, rendre », de l’équilibre entre ce qui est reçu et ce qui est rendu ? Colonialisme et néocolonialisme sont des « prendre sans rendre ». On parle d’« échange inégal » entre les matières premières exportées par les PED, dont la valeur restant au pays est extrêmement faible et les produits manufacturés importés dont le prix est toujours plus élevé. L’APD française comme celle des autres pays industrialisés est si maigre qu’elle ne peut en aucun cas correspondre à un « rendre » capable de rééquilibrer son « prendre » extractiviste. C’est de la communication permettant d’habiller et ainsi de faciliter la prédation néocoloniale.

Plutôt qu’une APD frelatée, la réparation-compensation de la dette écologique issue de l’extractivisme participerait à la création d’un authentique « rendre » de ces Européens et des autres qui ont tant « reçu-pris ». Mais les pays industrialisés sont paniqués à l’idée d’une décroissance matérielle, avec baisse de la consommation et du confort, fin du gaspillage et perte des profits que cela entrainerait ? C’est bien la justice et l’égalité qu’ils refusent aux autres ! Et pourtant, n’est-ce pas vers une décroissance subie que nous précipite à grande vitesse le délire matérialo-extractiviste actuel ?

En quoi les miettes, que représente l’APD mondiale de 130 Mds$ en 2010 - dont 5 à 10 % vont réellement à des projets améliorant la vie des 3 milliards d’humains vivant avec moins de 2 dollars par jour - peuvent être qualifiées d’aide réelle ? 10 % de 130 = 13 Mds$ divisé par 3 M = 4,3 dollars par an et par personne. Rien comparé aux 400 Mds$ que les migrants envoient chaque année, soit 100 $ par an et par personne ou comparé aux 300 Mds$ ou bien plus de bénéfices faits dans les PED que les multinationales rapatrient dans leur pays d’origine. Ou encore aux fonds très importants en provenance des PED, cachées dans les PFJ. De qui se moque-t-on ? Des peuples du Sud comme des naïfs et consentants citoyens du Nord qui pensent que l’on donne toujours trop aux pays pauvres !

 

L’APD doit être abandonnée et remplacée par un système d’échanges justes.

Car, comme les dettes illégitimes, elle appartient à l’arsenal du néocolonialisme. Il serait plus intéressant pour les PED de remettre des taxes variables à leurs frontières sur les produits agricoles en provenance des pays industrialisés qui subventionnent leur agriculture avec près de 750 millions de dollars chaque jour en 2013. Selon Olivier de Schutter « les pays développés sont autorisés à subventionner leurs agriculteurs à hauteur de plus de 400 milliards de dollars, sans violer les règles de l’OMC. » |29| Une escroquerie !

Il faut choisir. Soit on accepte la pauvreté, le sous-développement, la faim, et on fait semblant de combattre avec des aides faussement charitables qui ne changeront rien aux causes structurelles de l’injustice globale. Ainsi en va-t-il de l’APD, des subventions et des prêts de secours conditionnés à des cures ultralibérales ou des bateaux de céréales payés par le PAM (programme alimentaire mondial) pour compenser a minima les effets catastrophiques du libre échange imposé depuis trente ans et permettre de résorber les surplus du Nord.

Soit on choisit la voie de la justice et de l’égalité, en axant les réparations sur l’autonomie agricole, économique et politique des PED par l’annulation des dettes illégitimes, par la lutte contre la corruption et la disparition des PFJ. Ensuite, par des soutiens techniques et financiers - en compensation des siècles d’asservissement et de dégâts écologiques - les pays industrialisés pourraient contribuer à la transformation dans les PED de leurs matières premières extraites et surtout au déploiement d’une agroécologie paysanne efficiente, sans intrants extérieurs.

 

 
Notes

|1| http://www.reporterre.net/spip.php?...

|2| Géo-ingénierie : scientifiques, militaires et milliardaires s’allient pour manipuler l’atmosphère par Sophie Chapelle http://www.bastamag.net/article3404.html

|3| Naomi Oreskes, L’effondrement de la société occidentale, ed LLL 2014

|4| La BM « redoute une hausse de la température du globe de 4 °C dès 2060. Un monde à + 4°C déclencherait une cascade de changements cataclysmiques, dont des vagues de chaleur extrême, une chute des stocks alimentaires et une montée du niveau de la mer frappant des centaines de millions de personnes » http://www.lemonde.fr/planete/artic...

|5| « Comment l’Europe et la Banque mondiale subventionnent le réchauffement climatique ». http://www.bastamag.net/article777.html

|6| Dominique Meda, Nous vivons toujours dans la mystique de la croissance, Libération 10.09.2013

|7| Philippe Bihouix, l’age des low tech, ed Seuil 2014

|8| http://reporterre.net/Le-prix-du-pe...

|9| Philippe Bihouix, Penser la décroissance, ed SciencePo-LesPresses 2013

|10| http://cadtm.org/Pour-le-gouverneme...

|11| Voir Bancocratie, Eric Toussaint, Aden, 2014

|12| Harald Weltzer Libération, 22 mars 2013

|13| Paul Aries, Amoureux du bien vivre, Golias 2013

|14| http://cadtm.org/L-annulation-de-la...

|15| http://cadtm.org/Espagne-et-si-l-au...

|16| http://cadtm.org/Video-L-audit-de-l...

|17| http://cadtm.org/Argentine-la-fin-d...

|18| http://fr.radiovaticana.va/news/201...

|19| http://www.bastamag.net/article3045.html

|20| http://abonnes.lemonde.fr/europe/ar...

|21| http://cadtm.org/Grece-pourquoi-la-...

|22| John Perkins, Les confessions d’un assassin financier, éd Alterre, 2005

|23| La voix de l’Afrique http://www.youtube.com/watch?v=vW9J...

|24| http://www.oxfamfrance.org/Quand-le...

|25| http://www.imf.org/external/np/pp/e...

|26| ,http://www.bastamag.net/Comment-l-a...

|27| http://www.finances.net/infos/actio...

|28| http://cadtm.org/Le-Bresil-l-Algeri...

|29| http://www.lafranceagricole.fr/actu...

Auteur

Robin Delobel

CADTM Belgique

Auteur

Nicolas Sersiron

Ex-président du CADTM France, auteur du livre « Dette et extractivisme »
Après des études de droit et de sciences politiques, il a été agriculteur-éleveur de montagne pendant dix ans. Dans les années 1990, il s’est investi dans l’association Survie aux côtés de François-Xavier Verschave (Françafrique) puis a créé Échanges non marchands avec Madagascar au début des années 2000. Il a écrit pour ’Le Sarkophage, Les Z’indignés, les Amis de la Terre, CQFD.
Il donne régulièrement des conférences sur la dette.

 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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1 janvier 2016 5 01 /01 /janvier /2016 17:43

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

L'hôpital Pompidou mis en cause après le suicide d'un médecin
31 décembre 2015 | Par Michel de Pracontal
 
 
 

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour harcèlement moral, à la suite du suicide du professeur Jean-Louis Mégnien, cardiologue, qui s’est jeté par la fenêtre de son bureau le 17 décembre. En 2014, un de ses collègues avait alerté les responsables de l'établissement d'un « risque suicidaire » dû à un harcèlement. Il n'a pas été entendu. L'analyse des mails confidentiels des collègues de Mégnien et de la hiérarchie de l'hôpital révèle de lourdes responsabilités administratives et met en cause la directrice de l'hôpital.

Mercredi 30 décembre, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour harcèlement moral, à la suite du suicide, à 54 ans, du professeur Jean-Louis Mégnien, cardiologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), qui s’est jeté par la fenêtre de son bureau au septième étage, le 17 décembre dernier. Sophie Mégnien, l’épouse du médecin, père de cinq enfants, a été entendue par les policiers et a porté plainte, le 29 décembre. L’enquête a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne de la police judiciaire parisienne, d’après une source judiciaire interrogée par l’AFP.

 

L'entrée de l'hôpital européen Georges-Pompidou, dans le XVe arrondissement de Paris © KoS L'entrée de l'hôpital européen Georges-Pompidou, dans le XVe arrondissement de Paris © KoS

 

Le suicide de Jean-Louis Mégnien a suscité une très vive émotion dans le milieu médical, et a très vite soulevé la question de responsabilités éventuelles. À l’hôpital Georges-Pompidou, on savait pertinemment que Jean-Louis Mégnien avait été en conflit avec sa hiérarchie et avait eu un arrêt maladie de neuf mois, entre mars et décembre 2015, avant de reprendre son travail le 14 décembre. Dès l’annonce de sa mort, des collègues de Jean-Louis Mégnien ont évoqué une situation de souffrance au travail et de harcèlement, signalant entre autres qu’à son retour il avait trouvé son bureau fermé et la serrure changée. Pour y entrer, il a dû faire venir un serrurier. Trois jours plus tard, il se défenestrait de ce bureau dont on avait cherché à l’exclure.

Le 23 décembre, Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP (assistance publique-hôpitaux de Paris), a diffusé un courrier aux personnels de l’hôpital dans lequel il exprime sa « volonté d’analyser les circonstances sans aucun tabou »Le professeur Loïc Capron, président de la Commission médicale d’établissement (CME) de l’AP-HP, a pour sa part anticipé en écrivant dès le 24 décembre, dans un courrier à l’attention de ses collègues, qu’une enquête était ouverte « pour examiner les responsabilités dans une plainte pour harcèlement moral ». Loïc Capron connaissait très bien Jean-Louis Mégnien et avait mené en 2013-2014 une tentative de médiation auprès de lui afin de « remédier à sa souffrance au travail ». Dans une interview à l’agence de presse médicale APM, Capron s’efforce de minimiser le rôle de l’administration, affirmant que « c’est d’abord et avant tout une affaire médicale ». Il insiste : « S’il y a eu harcèlement, c’est un harcèlement médical, pas administratif », et estime que si l’enquête identifie des responsabilités administratives, celles-ci seront « plus ténues ».

Mais plusieurs documents que révèle Mediapart, et dont certains ont été versés au dossier de l’enquête, suggèrent que l’administration, et en particulier la directrice du groupe hospitalier, Anne Costa, ont pu jouer un rôle important dans le conflit professionnel qu’a vécu Jean-Louis Mégnien.

Ainsi d’un mail confidentiel du 23 février 2014, adressé par Anne Costa au professeur Alain Simon, ancien chef de service de Jean-Louis Mégnien, président de la Commission médicale d’établissement (CME) locale, et très influent dans l’hôpital. Ce mail est envoyé à la suite d’un problème concernant un chirurgien cardiaque, le docteur Rachid Zegdi, et sans rapport avec Mégnien. Anne Costa écrit : « Et de trois… Après souliamas DERDER voici le 3eme !!!  je ne compte pas Megnien !!!  Amitiés Anne »  [les majuscules et points d’exclamation sont d’Anne Costa].

 

 

Les deux premiers noms cités dans le mail sont ceux de médecins qui ont eu un conflit direct avec Anne Costa. Redha Souilamas (et non Souliamas) est un chirurgien thoracique de réputation internationale, qui a quitté l’HEGP fin 2013, lassé de ne pas être reconnu et d’être en butte à de multiples vexations s’apparentant à du harcèlement, selon le témoignage de certains de ses collègues ; ceux-ci estiment qu’Anne Costa a joué un rôle majeur dans son départ. Souilamas a raconté son parcours dans un livre, La Couleur du bistouri, et travaille actuellement à la Cleveland Clinic Abu Dhabi.

Mohamed Derder est un chirurgien plasticien qui, au moment où est écrit le mail, est menacé par Anne Costa d’une procédure de licenciement express. Motif : un patient l’a accusé d’avoir touché un versement en espèces pour une intervention remboursée par la sécurité sociale. Cette accusation ne sera jamais prouvée, le patient ne portera pas plainte, et la procédure contre Derder sera abandonnée, mais Derder est en difficulté à la date du mail.

Le troisième homme mentionné par Anne Costa, qu’elle ne nomme pas, est le chirurgien Rachid Zegdi. Son identité ne fait aucun doute parce que le mail d’Anne Costa est envoyé en lien avec un message de protestation que Zegdi a adressé à un collègue de son service (la directrice de l’HEGP ayant été mise en copie). Le message de Zegdi concerne un sujet sans rapport avec Mégnien. Anne Costa a donc jugé utile de retransmettre à Alain Simon la protestation de Zegdi, en la rapprochant des cas de Souilamas et Derder, et en mentionnant aussi Mégnien, même si elle ne le « compte pas ».

Surprenant de voir une directrice d’établissement compter les têtes qui tombent, ou qu’elle voudrait voir tomber. Et pourquoi en tient-elle au courant le professeur Alain Simon ? Ce dernier est certes président de la CME locale, et à ce titre pourrait être renseigné sur les conflits au sein de l’hôpital. Mais le ton familier du mail ne semble pas précisément celui d’une directrice informant un représentant du personnel médical.

Contactés par Mediapart, Anne Costa et Alain Simon n’ont pas donné suite au moment où nous publions cet article. Ils ont pourtant tous les deux joué un rôle crucial dans la situation professionnelle de Jean-Louis Mégnien. Alain Simon dirigeait à l’hôpital Broussais le Centre de médecine préventive cardiovasculaire (CMPCV), qui a été transféré à l’hôpital européen Georges-Pompidou en 2008. Mégnien a travaillé au CMPCV dès 1990, d’abord sous la direction du professeur Joël Ménard, puis sous celle d’Alain Simon.

Son ancien chef répand la rumeur qu'il est mentalement perturbé

À partir de 2012 se pose le problème de la succession d’Alain Simon, qui doit prendre sa retraite de chef de service. Jean-Louis Mégnien est, en dehors de Simon, le seul « PU-PH » du service (professeur des universités – praticien hospitalier). Sa compétence est reconnue. Il aurait logiquement dû succéder à Alain Simon. Or, Simon ne soutient pas Mégnien, de sorte qu’une solution atypique est retenue, celle d’une chefferie tournante. Mégnien résume la situation dans un mail à un collègue daté du 12 novembre 2013 :

« […] Chironi avec l’appui de Simon a posé sa candidature. Simon a tout fait pour que je retire la mienne.[…] Il considérait qu’il y avait 2 candidatures légitimes, et dans ses conditions, une commission ad hoc allait être constituée, avec de nombreux sous-entendus pour me faire comprendre que tout serait bidon.

« À partir de là, “j’ai retiré” de force ma candidature sur le principe d’une chefferie de service tournant, et surtout du partage des responsabilités avec codirection de la clinique, de l’enseignement et de la recherche (document joint).  

« Cela n’a pas été respecté comme écrit sur le document, et c’est sur ce point que je suis en désaccord, car depuis la signature de ce papier je suis dans un placard.

« Sur un accord non respecté, je demande à ce que G. Chironi [de] démissionne. »

Tel est donc le conflit qui s’engage à l’automne 2013 : le docteur Gilles Chironi, cardiologue mais qui n’a pas, lui, le titre de PU-PH, a été promu par Alain Simon. Un compromis est trouvé : le poste de chef du service CMPCV tournera tous les quatre ans, Chironi assurant la première rotation. Mais Jean-Louis Mégnien se rend compte que c’est un marché de dupes. Dans les faits, il va être placardisé. Il s’efforce dès lors de se défendre.

La situation s’envenime rapidement. Mégnien constate qu’il n’est plus tenu au courant de ce qui se passe dans le service, dont Chironi a pris officiellement la responsabilité, mais qui continue d’être dirigé de facto par Alain Simon (la pancarte « Pr Simon Chef de service » n’a d’ailleurs pas été retirée de la porte de son bureau, comme en témoigne la photo ci-dessous, prise en décembre 2015).

 

La porte du bureau du professeur Alain Simon, à l'HEGP © DR La porte du bureau du professeur Alain Simon, à l'HEGP © DR

 

Le 28 novembre 2013, Jean-Louis Mégnien envoie un courriel à Alain Simon, écrivant : « Merci d’accuser réception de ce mail, car depuis un mois, je n’ai eu aucune réponse de ta part à mes envois de mail, ni aucun mail de toi, ou de G. Chironi sur le fonctionnement du service… » Pourtant, « jusqu’à il y a 30 jours, A. Simon me disait tout sur tout le monde, personnel médical et administratif », indique Mégnien dans un autre mail de novembre 2013.

À la même époque, la CME, que préside le professeur Loïc Capron, a constitué un groupe de conciliation pour tenter de résoudre le conflit. Le groupe comprend, outre Capron lui-même, le professeur Béatrice Crickx, dermatologue à l’hôpital Bichat, et deux médecins de l’HEGP, les professeurs Michel Desnos et Christian Jacquot. Desnos est alors le chef du pôle cardio-vasculaire de l’HEGP, et a donc autorité sur les décisions d'organisation qui concernent Mégnien. Ce n’est pas la position idéale pour participer à une médiation.

Concrètement, la situation ne s’améliore pas. Jean-Louis Mégnien constate qu’Alain Simon interdit à certains collègues de lui parler. Et répand la rumeur qu’il est mentalement perturbé, que ses « problèmes psychiatriques » le conduisent à dénigrer Gilles Chironi. Mégnien découvre qu’on l’accuse d’avoir tenu des propos homophobes à l’égard de Chironi. Il nie cette accusation dans une lettre recommandée adressée en décembre 2013 à Anne Costa. Il affirme que ce sont Chironi et Simon qui sont responsables de la dégradation de leurs relations.

Réponse cinglante d’Anne Costa dans une lettre de janvier 2014. La directrice reprend à son compte les accusations que Mégnien a toujours niées : « Malgré les témoignages écrits, vous avez nié les faits, à savoir les propos que vous avez tenus au moins à deux reprises contre Gilles Chironi (Pédérastie-Pédophilie)… Enfin, je me suis permis de vous informer, en accord avec le Professeur Desnos, chef de Pôle, et donc responsable de la bonne organisation du service, qu’il n’était pas possible de continuer à travailler au sein d’une équipe aussi petite, en tenant de tels propos. »

Rappelons que Desnos fait partie du groupe qui tente de trouver une solution de conciliation. Or, Anne Costa s’appuie sur Desnos pour signifier à Jean-Louis Mégnien qu’il doit quitter le service, sur la base d’une accusation de propos homophobes qu’il a récusée dès le départ. Anne Costa invoque des témoignages écrits, mais pour Mégnien il s’agit de faux témoignages. Chironi a de son côté déposé une plainte pour propos homophobes, laquelle finira par aboutir à un non-lieu, mais plus tard.

Malgré tout, le professeur Mégnien tente de faire un pas en direction de Gilles Chironi. Le 27 janvier 2014, il écrit à Béatrice Crickx un mail dans lequel il propose de « rentrer dans les rangs », de « ne plus contester le management du CMPCV », et de présenter des excuses. Aux yeux de Jean-Louis Mégnien, ces concessions devraient lui permettre de reprendre le travail avec l’équipe du service. Béatrice Crickx lui répond en indiquant que son maintien au sein de l’unité dépend de la décision de Desnos. Lequel estimait précédemment, en accord avec Anne Costa, que Mégnien ne pouvait plus rester dans l’équipe…

« Pourquoi ne m’a-t-on pas écouté ? »

La réponse de Jean-Louis Mégnien à Béatrice Crickx, le 28 janvier 2014, traduit son désarroi : « Je craque. Je n’en peux plus… J’ai l’impression de descendre aux enfers. Qu’ai-je fait pour cela ??? […] Imposer un changement de bureau, à un autre étage, dans un autre service, quitter l’équipe médicale et paramédicale, couper tout lien avec le bureau des RDV, et mes patients et mes étudiants attaque ma dignité, mon honneur, et me désigne directement coupable de ? C. Jacquot m’a interpellé tout à l’heure à 18h00 pour demander ce que je faisais encore au septième étage, et pourquoi je n’avais pas déménagé. C’est une honte ! »

 

Jean-Louis Mégnien © DR Jean-Louis Mégnien © DR

 

Il faut rappeler que Christian Jacquot est censé participer à la conciliation. La dernière phrase du mail de Mégnien se passe de commentaire : « Mais que dois-je faire demain m’occuper de mes patients, contacter mon avocat ou me jeter par la fenêtre ? Je vous le demande… »

C’est peu après ce message qu’Anne Costa adresse à Alain Simon son mail « Et de trois… », qui montre que la directrice de l’hôpital et l’ancien chef de service sont en accord.

En avril 2014, Jean-Louis Mégnien dépose une plainte auprès du conseil de l’ordre contre le professeur Christian Jacquot, à qui il reproche d’avoir fait un faux témoignage pour étayer l’accusation de propos homophobes. Il est décidément difficile de comprendre comment le groupe de médiation avait une chance d’aboutir.

Début juillet 2014, les quatre membres du groupe, Loïc Capron, Béatrice Crickx, Michel Desnos et Christian Jacquot formulent pourtant une proposition : Jean-Louis Mégnien doit quitter le septième étage, et développer une nouvelle activité dans un autre secteur situé à un autre étage ; il doit aussi retirer la procédure qu’il a engagée contre Christian Jacquot auprès de l’Ordre des médecins.

Mégnien refuse cette proposition dans un mail adressé à Capron : « Je ne vois aucun principe de réciprocité, indispensable dans une conciliation », écrit-il.

Le docteur Rachid Zegdi, le « troisième homme » du mail d’Anne Costa, se rend compte de l’état de grande souffrance dans lequel se trouve Jean-Louis Mégnien. Le 27 novembre 2014, il lance une alerte via un mail à Anne Costa, intitulé « Risque suicidaire », qu’il met en copie à Martin Hirsch.

Le courriel de Zegdi aura malheureusement été prémonitoire : « Madame la directrice, je vous écris ce jour pour porter à votre connaissance une information que j'estime être de la plus haute importance. Vous allez recevoir aujourd'hui le Pr Jean-Louis Mégnien. Sachez, Madame la Directrice, qu'il est actuellement en très grande souffrance. Vous en connaissez la cause (harcèlement moral…) mais vous en ignorez son degré d'affliction ! Le Pr Mégnien a une vision très noire de son avenir immédiat et à moyen terme. Il a clairement exprimé son “envie d'en finir”; il “s'est renseigné” m'a-t-il annoncé ce matin, en pleurs! Seul son amour pour sa femme et ses 5 enfants l’a empêché de commettre l'irréparable. Prendre une décision, aujourd'hui, qui irait contre son souhait ou ses intérêts risquerait de le pousser au fond du précipice au bord duquel il se trouve actuellement. »

Ni Anne Costa, ni Martin Hirsch, le directeur général de l’Assistance publique, qui a lu ce mail, n’ont réagi à la hauteur de l’avertissement. Le professeur Mégnien est parti en arrêt maladie dans les premiers mois de 2015. À son retour, le 14 décembre dernier, il a trouvé son bureau inaccessible : la serrure avait été changée. Notre enquête ne nous a pas permis de savoir qui avait fait changer cette serrure.

Après le suicide du médecin, le professeur Bernard Granger, psychiatre à l’hôpital Tarnier, et membre de la CME de l’AP-HP, que préside Loïc Capron, a publié une lettre ouverte dans laquelle il interpelle Martin Hirsch. Rappelant le message d’avertissement envoyé par Rachid Zegdi en 2014, Granger dénonce « une maltraitance institutionnelle incarnée en premier lieu par la directrice du groupe hospitalier, qui a choisi son camp plutôt que de se situer au-dessus de la mêlée, comme cela eût été son rôle ».

Pour Bernard Granger, Martin Hirsch et ses subordonnés auront à « rendre des comptes ». Il reproche au directeur général de l’AP-HP d’avoir soutenu Anne Costa et de l’avoir confortée dans une « posture partisane, qu’elle conserve aujourd’hui encore malgré la tragédie que vit l’HEGP ».

Au cours des deux dernières années, la directrice a été mise en cause par le personnel médical de l’HEGP à plusieurs reprises. Comme on l’a vu plus haut, elle a tenté de licencier le chirurgien Mohamed Derder, sur la base d’une accusation non prouvée. On lui a reproché, au printemps 2014, d’avoir fait établir des fichiers illicites pour évaluer l’activité des chirurgiens en notant ceux qu’elle jugeait « faiblards » ou « corrects ».

Martin Hirsch n’a cependant pas remis en cause la gouvernance d’Anne Costa, concédant seulement une « anomalie » dans l’affaire des fichiers. Sa position évoluera-t-elle après la récente tragédie ? Mediapart l'a contacté par mail, sans avoir obtenu de réponse au moment où paraît cet article.

Ces jours-ci, Rachid Zegdi a renvoyé à Anne Costa et Martin Hirsch son mail de novembre 2014 après la mort de son collègue, accompagné de ce simple commentaire : « Pourquoi ne m’a-t-on pas écouté ? » 

Il a reçu cette réponse d’Anne Costa : « Après une longue concertation, nous avons pensé pouvoir apaiser la situation en séparant les acteurs, après avoir rencontré à plusieurs reprises ces derniers. Nous avons ensemble entendu la très grande difficulté dans laquelle était le professeur Mégnien, en proposant des solutions d'installation au deuxième étage pour permettre la poursuite de son activité dans des conditions plus sereines […] Lors de son retour, ses collègues et les cadres ont agi aussi prudemment que possible. Le médecin du travail a permis une reprise sous surveillance étroite. Malgré tout cela, l'irréparable s'est produit. »

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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1 janvier 2016 5 01 /01 /janvier /2016 17:33

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

David Graeber: «La bureaucratie sert les intérêts des 1%»
1 janvier 2016 | Par Joseph Confavreux et Jade Lindgaard
 
 

« Il faut mille fois plus de paperasse pour entretenir une économie de marché libre que la monarchie absolue de Louis XIV. » À partir de ce constat, l’anthropologue anarchiste David Graeber esquisse une critique renouvelée du « capitalisme bureaucratique ». Entretien.

 

« De nos jours, on ne parle guère de la bureaucratie. Au milieu du XXe siècle, en revanche, le mot était partout, notamment à la fin des années 1960 et au début des années 1970 », constate David Graeber en introduction de son nouveau livre intitulé Bureaucratie et publié par les Liens qui libèrent.

 

Pour l’anthropologue anarchiste rendu célèbre pour son livre sur la dette – qui s’est écoulé à des centaines de milliers d’exemplaires –, cette disparition n’est pas liée au fait que les problèmes relatifs à la bureaucratie auraient disparu mais à ce que « nous y sommes habitués » et que « nous n’avons plus envie de réfléchir à la bureaucratie », alors même qu’elle « détermine tous les aspects de notre vie », si on ne la confond pas avec l’État.

En effet, affirme David Graeber, « il faut mille fois plus de paperasse pour entretenir une économie de marché libre que la monarchie absolue de Louis XIV ». L’anthropologue rappelle en effet que « le libéralisme anglais n’a pas entraîné le dépérissement de la bureaucratie publique, mais exactement le contraire : l’expansion continuelle de tout l’éventail des juristes, greffiers, inspecteurs, notaires et commissaires de police qui ont rendu possible le rêve libéral d’un monde de libres contrats entre individus autonomes ».

Le problème, c’est que le langage de l’individualisme anti-bureaucratique, porté dans les années 1960 et 1970 par une gauche qui se battait aussi contre le capitalisme, a été repris « avec une férocité croissante par une droite qui réclame des “solutions de marché” à tout problème social ». Face à ce mouvement, « la gauche classique s’est vue de plus en plus réduite à livrer une pitoyable bataille d’arrière-garde pour tenter de sauver ce qui reste du vieil État du bien-être. Sous prétexte de rendre l’action de l’État plus “efficace”, elle a approuvé – et souvent impulsé – la privatisation partielle des services publics et l’intégration croissante, dans la structure de l’administration bureaucratique elle-même, des “principes de marché”, “incitations de marché” et autres “procédures de responsabilisation” fondées sur le marché ».

 

 

Pour l’anthropologue, tout cela conduit à une « catastrophe politique », puisque « face à tout problème social, les solutions de la gauche radicale sont presque partout exclues tout court et celles de la gauche “modérée” sont invariablement devenues la fusion cauchemardesque des pires éléments de la bureaucratie et des pires aspects du capitalisme ».

 

À suivre David Graeber, nous assistons donc « à la fusion progressive de la puissance publique et privée en une entité unique, saturée de règles et de règlements dont l’objectif ultime est d’extraire de la richesse sous forme de profits ». En effet, selon lui, « libre-échange et marché libre signifient en réalité création de structures administratives mondiales », tandis qu’une « partie des profits de l’extraction des rentes est recyclée vers des composantes privilégiées des professions spécialisées et libérales, ou sert à créer de nouveaux types de bureaucrates gratte-papier dans les entreprises », stimulant ce qu’il dénonçait dans un précédent article, à savoir l’essor des « métiers à la con », « artificiels et visiblement dénués de sens – coordinateur de vision stratégique, conseil en ressources humaines, analyste juridique, etc. –, bien qu’une fois sur deux, même les détenteurs de ces postes soient secrètement convaincus qu’ils n’apportent rien à l’entreprise ».

À quoi ressemblerait une critique de gauche de ce capitalisme bureaucratique identifié par David Graeber ? Éléments de réponse à l’occasion de son passage à Paris.

 

Alors que les intérêts privés influencent trop souvent les décisions des gouvernements, vous vous attaquez à la bureaucratie dans votre dernier livre. Est-ce le bon ennemi ?

Personne ne prétend vouloir faire de la régulation mais, en réalité, la seule chose qu’ils font c’est réguler davantage ! Cette idée de dérégulation, que signifie-t-elle au fond ? Non pas enlever de la régulation mais en créer d’autres formes. Aux États-Unis par exemple, ils ont « dérégulé » les compagnies aériennes. Concrètement, on est passé d’un système de gestion de la concurrence entre quelques petits oligopoles à la mise en concurrence de nombreuses entreprises. Ensuite ils ont dérégulé les technologies de la téléphonie et des communications, puis les banques. Dans ce domaine, on est passé d’un grand nombre de petites entreprises en compétition les unes avec les autres à un système de compétition entre un petit nombre d’oligopoles.

En réalité, la « dérégulation », cela peut vouloir dire tout et son contraire. Ce mot n’a pas de sens intrinsèque. Quand on parle de déréguler, en réalité, on parle de changer le système de régulations à sa propre convenance. C’est-à-dire le plus souvent pour que certains gagnent encore plus d’argent. C’est exactement la manière dont le capitalisme fonctionne aujourd’hui : changer les règles pour que cela profite à quelques-uns. La politique se résume de plus à plus à extraire le profit de la rente du capital et à l’utiliser pour influencer les structures politiques, afin qu’elles mettent en place de nouvelles règles qui garantissent encore plus de rente à ce même capital !

 

Pourquoi la bureaucratie, ce terme qui fleure bon les années 1960, vous intéresse-t-elle comme sujet d’étude aujourd’hui ?

Pourquoi les classes populaires sont-elles plus susceptibles de voter pour des populistes de droite que pour des partis de gauche ? Parce que leur expérience concrète de l’oppression vient moins du capitalisme en soi que des bureaucrates, de tous ceux dont le boulot consiste à rendre les pauvres malheureux de leur sort. L’ironie, c’est que plus se mettent en place des réformes de droite, plus il y a de bureaucrates. C’est un cercle vicieux qu’il faut dénoncer. Il existe un énorme potentiel pour la critique de gauche anti-bureaucratique.

Quand nous [le mouvement Occupy Wall Street, ndlr] avons parlé des 1 % et des 99 %, cela a eu une énorme résonance. Les 1 %, ce n’est pas seulement une classe de privilégiés, cela désigne le pouvoir d’une classe. Les 1 %, ce sont ceux qui donnent le plus d’argent aux candidats pendant les campagnes électorales et engrangent la plupart des bénéfices de la croissance économique. Et ce n’est pas une coïncidence. Le capitalisme aujourd’hui fonctionne de moins en moins, selon l’explication marxiste classique, par l'extraction de la plus-value sur les salaires mais de plus en plus par l’extraction directe, par la dette et diverses formes de frais et de pénalités d’impayés. Tout cela est décidé par des règles gouvernementales. En résumé, les 1 % prennent votre argent et le donnent aux politiques pour qu’ils écrivent les lois qui leur rapportent encore plus en profit.

 

Le problème, est-ce la bureaucratie, ou la manière dont le capitalisme se l’est appropriée ?

Au XIXe siècle, la Grande-Bretagne était une grande puissance capitaliste, à l’époque de l’Empire, et prenait au sérieux sa rhétorique du libre-échange. Les entreprises capitalistes étaient plutôt petites, souvent familiales. Au XXe siècle un autre système s’est mis en place aux États-Unis et en Allemagne : un capitalisme d’entreprises hautement bureaucratisées. Les États-Unis ont créé des institutions bureaucratiques : le FMI, la Banque mondiale, les Nations unies. Rien d’équivalent n’avait existé auparavant. C’est fascinant.

L’Amérique se voit comme le pays de l’individualisme dérégulé, alors que c’est une société incroyablement bureaucratisée. Et elle a imposé cette sorte de régime bureaucratique au reste du monde. Les mouvements altermondialistes ont mis cela en exergue sur l’OMC, le FMI et la Banque mondiale, et les gens ont été horrifiés de ce qu’ils ont découvert.

Mais le problème est-il l’existence en soi de cette bureaucratie ou le fait que les grandes entreprises ont plus de moyens que les autres pour défendre leurs intérêts grâce à leurs avocats ou à leurs lobbyistes ? N’est-ce pas avant tout un enjeu de rapports de force ?

Cette bureaucratie est conçue de façon à servir les intérêts de ceux qui l’ont mise en place. Pendant la période florissante de l’État providence dans les années 1940, 1950 et 1960, il y a eu une tentative de faire passer la bureaucratie du côté du peuple. Mais ce ne fut qu’un faux espoir. La bureaucratie et l’État providence n’ont pas été créés par la gauche mais, à l’origine, par des gens comme Bismarck, comme une structure verticale pour empêcher l’exercice du pouvoir par le peuple. Il les a ouvertement décrits comme une manière de soudoyer la société : « Il faut leur donner quelque chose pour obtenir leur loyauté. »

Alors que la plupart des institutions de l’État providence – l’assurance santé ou les bibliothèques publiques par exemple – ont été créées par des mouvements populaires et des syndicats, les gouvernements n'ont pas autorisé ces organisations à les gouverner elles-mêmes. Ils les ont prises en charge à travers des systèmes bureaucratiques verticaux. Le problème, c’est qu’une fois que vous abandonnez ce pouvoir de gestion, vous ne pouvez plus le reprendre. Je pense qu’une fois que vous acceptez que les choses soient gérées selon un système vertical de décision, quasi militaire, vous avez déjà perdu la partie. C’est la loi d’airain du néolibéralisme : il crée toujours plus de régulations et de bureaucrates. Après l’effondrement de l’Union soviétique, dans les dix ans qui ont suivi, le nombre de fonctionnaires a augmenté de 20 %.

 

Est-ce la faute de la gauche ?

Non, mais elle s’est comportée de manière idiote. La gauche est tombée dans son propre piège, en pensant qu’elle doit défendre la bureaucratie, alors même qu’elle agit en réalité de plus en plus au service des intérêts de la droite. Dans les années 1960, des militants radicaux (hippies, situationnistes...) portaient une critique très forte et juste de la bureaucratie. Selon eux, la démocratie sociale fonctionnant avec des institutions bureaucratiques n’était pas si éloignée du fascisme ou du socialisme d’État.

 

Thomas Piketty et David Graeber lors d'une rencontre organisée par Mediapart © jc Thomas Piketty et David Graeber lors d'une rencontre organisée par Mediapart © jc

 

Mais la situation a complètement changé aujourd’hui. La droite a repris à son compte cette vieille critique gauchiste. Le parti républicain, aux États-Unis, accuse la réforme d’Obama sur l’accès à la santé d’être une forme de socialisme d’État et de fascisme. Alors que la gauche défend la bureaucratie. Pourtant, la plupart de nos problèmes avec la bureaucratie, on les rencontre dans nos rapports avec notre banque.

Quand vous allez chez Apple pour faire réparer votre ordinateur et que vous tombez dans l’enfer des formulaires administratifs, des queues interminables et des attentes au téléphone, personne ne se rend compte que c’est de la bureaucratie. Toute cette folie administrative décrite par Kafka au début du XXe siècle, c’est notre vie quotidienne aujourd’hui. Or personne ne pense que c’est de la bureaucratie, car on associe encore cette idée à celle de gouvernement.

 

Mais peut-on imaginer une démocratie sans bureaucratie ? On a besoin d’administration pour assurer la défense de l’intérêt général…

Oui, c’est vrai. Mais il y a cinquante ans, on n’avait que 5 % de paperasserie à faire par rapport à aujourd’hui. Je ne crois pas que le monde soit beaucoup plus compliqué aujourd’hui qu’il ne l’était alors. Est-ce qu’enseigner est trois fois plus compliqué qu’il y a vingt ou cinquante ans ? C’est la même chose, sauf qu’il faut dix fois plus de personnes pour en gérer l’administration. C’est vrai que tout ne peut pas se gérer à un niveau individuel : le don d’organe par exemple. Mais il faut partir de l’idée que la bureaucratie n’est pas nécessaire pour mieux déterminer les fonctions pour lesquelles elle reste utile.

Un exemple d’alternative à la bureaucratie est ce que les gens font avec l’action directe, en créant des formes de démocratie directe. La seule forme de bureaucratie qui serait utile, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, c’est celle que l’on n’a pas : des archives de vos antécédents médicaux, par exemple. La part attirante de la bureaucratie, c’est que c’est un système impersonnel.

 

Il y a deux ans, vous avez visité l’usine des Fralib, près de Marseille, alors en grève contre leur propriétaire qui voulait les délocaliser. Qu’y avez-vous appris ?

Cette rencontre m’a beaucoup marqué dans mon analyse de toutes les fonctions intermédiaires de décision et de gestion dans l’entreprise. Je m’en suis servi pour mon texte sur les « bullshit jobs » ou « métiers à la con ».  

Pourquoi les entreprises embauchent-elles des gens qui ont l’air de ne rien faire ? Les Fralib m’ont expliqué qu’historiquement, leur usine a connu une hausse constante de la productivité et des salaires. Puis cela s’est arrêté. Quand ils ont introduit de nouvelles techniques et des nouvelles machines sur leur site de production, ils n’ont pas bénéficié d’augmentation de salaires comme cela se serait passé auparavant. À la place, leur employeur a embauché de plus en plus de cadres.

 

L'usine Fralib occupée en mai 2012 © LF L'usine Fralib occupée en mai 2012 © LF

 

Au départ, il y en avait deux : le responsable des ressources humaines et le chef. Puis il y en eut 7, 8, 9… des gens qui se sont mis à tourner autour des ouvriers, dans leurs costumes-cravates. Ils n’avaient pas grand-chose à faire. Ils se sont donc mis à observer ceux qui travaillaient, à les surveiller, à créer des systèmes d’évaluation et, à la fin, à proposer de délocaliser l’usine en Pologne. Qui sont ces gens ? Ce ne sont pas des travailleurs. Ils font du management. C’est une forme de redistribution du profit de la rente : l’entreprise est si riche, elle gagne tellement d’argent qu’elle embauche tous ces gens, même sans avoir de véritable travail à leur donner.

 

Dans votre livre, vous dénoncez la « diplômania ». De quoi s’agit-il ?

C’est un exemple de création de valeur à partir de documents et non de pratiques. Les connaissances que vous appreniez en les pratiquant nécessitent aujourd’hui d’être validées par des papiers. Les bibliothécaires ont dû réapprendre leur métier à cause de la mise en place de procédures impersonnelles, ce qui les a obligés à retourner à l’école, contracter des emprunts… Pour être thérapeute par l’art ou journaliste, tout d’un coup, il vous faut un diplôme.

Cela correspond à un état d’esprit en lien avec le capitalisme financier et bureaucratique. C’est l’idée que la valeur provient des papiers, des documents administratifs. C’est une forme de fétichisation. Si vous êtes pauvre, il faut remplir certaines conditions et beaucoup de papiers pour obtenir des aides sociales, et des gens gèrent les informations que vous communiquez. Si vous êtes dans la classe moyenne, vous passez votre temps à vous évaluer et à évaluer les autres, vos collègues… Il y a donc cette idée que notre classement est ce qui fait notre valeur, avec une chaîne géante de documentation et de formulaires à remplir dont nous pensons qu’elle crée notre valeur, alors qu’elle crée de la contrainte.

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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