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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 17:08

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Notre-Dame-des-Landes : blocages et barrages filtrants se poursuivent cet après-midi

12 janvier 2016 / par Camille Martin (Reporterre)
 


 

Des blocages et barrages filtrants ont lieu ce mardi après-midi en Loire-Atlantique, Vendée, Maine-et-Loire, et autour de Rennes.

 

- Actualisation :

- Mardi, 16 h 26 - Les opérations de blocage ou de ralentissement ont repris cet après-midi. Selon le collectif Copain, joint au téléphone en divers lieux par Reporterre, plus de 160 tracteurs mènent les actions en Loire-Atlantique, Vendée et Maine-et-Loire.
. Pays de Retz : opération Escargot Vers Pornic D751 ;
. nord-ouest Nantes : barrage filtrant Couêron Rond point de la Montagne D101 ;
. nord-est : Oopération escargot D723 à Ancenis est ;
. nord-ouest Redon Nozay : barrage filtrant Saint-Nicolas-de-Redon, Carrefour D164 D177 ;
. Blain Presqu’ile : opération escargot N171 vers Donges ;
. Vendée : barrage filtrant au rond-point de Boufféré près de Montaigu ;
. Rennes : dix tracteurs au rond-point de l’Alma ;
. Vendée : La Roche-sur-Yon, opération escargot plus opération devant préfecture vers 15h00. Rendez-vous avec le Préfet ;
. Maine-et-Loire : barrages filtrant pont de Chalonnes.

 

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Barrage filtrant à Rennes mardi après-midi

A 15 h, l’occupation de la sous-préfecture de Chateaubriand est signalée par le site de la Zad : selon celui-ci, "Une cinquantaine de personnes, de tout âge et de toutes les composantes de la luttes occupent les locaux de la sous-préfecture. ll exige de rencontrer la sous-préfete afin qu’elle appelle François Hollande".

- Mardi, 10 h 15 - « L’opération a plutôt bien marché, en mode ralentissement autour de l’agglomération, explique à Reporterre vers 9h 30 un zadiste porte-parole du jour. Des banderoles NDDL - ni procès ni expulsions’ ont été suspendues à des ponts du périph’. Mais sept groupes ont été encadrés et arrêtés par la police, avec contrôles d’identité, et parfois gardes à vue. Des voitures auraient été embarquées à la fourrière mais on n’a pas confirmation. Par ailleurs, les trois paysans retenus en garde à vue hier lundi vers 18h ont été libérés à deux heures du matin... » Ces paysans avaient été interpellés lundi soir, au retour d’une opération de barrage filtrant (voir ci-dessous, journée de Lundi).

La fluidité du trafic a été nettement gelée par l’opération "Escargot" ce matin mardi sur les parties est, nord, et sud-ouest du périph, les embouteillages se reportant sur l’intérieur de la ville à ces heures de pointe du trafic déjà chargé en temps ordinaire.

Dans la partie sud du périphérique, aux abords de l’actuel aéroport Nantes-Atlantique, l’intervention policière pour intercepter des manifestants qui avaient déployé une banderole en contrebas de la route, sans gêne pour le trafic automobile, a de fait occasionné un ralentissement immédiat, la police occupant une des deux voies pour intervenir.

 

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Des banderoles ont été posées sur les ponts du périphérique. « Klaxonne si tu soutiens »
 

« L’heure tourne. Puisque le gouvernement reste sourd face à la contestation populaire, nous n’avons d’autres choix que de poursuivre des actions de blocage », expliquent les occupants de la Zad dans un communiqué.

- Mardi, 09 h 20 - Des voitures ont tenté une opération escargot sur la rocade sud du périphérique de Grenoble. Huit interpellations, selon France Bleu Isère.

- Mardi, 08 h 30 - Opération escargot sur le périphérique nantais. Deux convois de cinq ou six voitures chacun ont été encadrés et escortés jusqu’à une station-service hors du périphérique pour être contrôlés. par la police. Les véhicules auraient été emmenés à la fourrière. Les policiers ont empêché notre journaliste d’accéder à la station-espace où se déroulait le contrôle, à la porte de Retz.

 

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Les gendarmes prennent des photos à l’approche de la sation-service
 

- Mardi, 08 h 20 - Gros ralentissements à Limoges sur l’A20 sens Toulouse-Paris. En cause : une opération escargot en soutien à NDDL, selon France Bleu Limousin.

- Mardi, 07 h 30 - Un barrage filtrant posé à Vannes, dans le Morbihan :

 


LUNDI 11 JANVIER

- Lundi, 23 h 30 - Le collectif Copain 44 annonce qu’au retour d’un barrage filtrant, trois paysans "ont été arrêtés et placés en garde à vue, leur tracteurs ont été saisis et emmenés sur plateau".

- Lundi, 21 h 30 - « Doit-on paralyser le département pour être entendus ? » C’est la question posée ce lundi soir au gouvernement, par les agriculteurs du COPAIN 44, le Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles Indignées par le projet d’Aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Toute cette journée, les paysans ont organisé des opérations escargots et des barrages filtrants dans tout le département de Loire-Atlantique (44). Près d’une centaine de tracteurs, soutenus par 300 à 400 personnes, ont participé à ces barrages, selon les coordinateurs de la mobilisation interrogés par Reporterre.

 

 

Cette opération demande l’arrêt de la procédure d’expulsion lancée contre les paysans et habitants « historiques » de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Une audience cruciale aura lieu mercredi devant le tribunal de Grande Instance de Nantes. Le groupe Vinci, à la demande de l’État, réclame au tribunal l’expulsion immédiate des habitants de la zone où la construction de l’aéroport est prévue. Les paysans réclament donc « la garantie, claire et sans ambiguïté, conformément à ses engagements, qu’il n’y aura aucune expulsion de la ZAD avant l’aboutissement total de tous les recours. » (voir leur communiqué de dimanche).

 

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Barrage filtrant lundi après-midi
 

Cinq blocages ou opérations escargots ont eu lieu ce lundi :

- à Savenay se tenait un blocage de rond point sur la N171 en direction de la N165, puis les 15 "tracteurs vigilants" ont opté pour une opération escargot sur la route entre Coueron Saint-Etienne et Cordemais ;
- au nord-ouest de Nantes, les 25 tracteurs présents n’ont pas fait d’opération escargot mais ont perturbé le trafic avec trois blocages de carrefour en trois heures vers Blain et Bouvron en direction de Savenay sur la N171 ;
- au sud-ouest de Nantes, à Port-St-Père, pas moins de 15 tracteurs et 10 voitures qui ont permis un blocage de la route de Pornic (D723) avant l’entrée de la 4 voix D751. Ce sont finalement les gendarmes qui ont bloqué l’accès de la 4 voies dans les deux sens pendant 30 à 40 mn ;
- au sud est de Nantes, à Aiguefeuille : , une vingtaine de tracteurs et 18 voitures ont mené 2 opérations escargot : une sur la N137 au niveau de Le Bignon, puis une autre en direction de la Roche-sur-Yon.

 

 

« Nous demandons juste à être entendus et à avoir une réponse, explique Vincent Delabouglise, porte-parole de Copain 44. En particulier sur le fond du dossier, nous voudrions qu’il soit remis à plat. Mais nous n’avons eu aucune réponse, c’est incompréhensible ! »

Le président PS du Conseil départemental de Loire Atlantique, Philippe Grosvalet, a demandé au Préfet de prendre des mesures pour garantir la circulation des citoyens. "C’est un droit fondamental. Les habitants de la Loire-Atlantique doivent pouvoir circuler librement", a-t-il déclaré à France 3 Pays de la Loire.

« Quand on voit ces déclarations du président départemental, ainsi que celles du Premier ministre Manuel Valls qui confirme la construction, il y a de quoi s’inquiéter », reprend Vincent Delabouglise. « La colère monte. Le but n’est pas d’aller à l’affrontement, mais si nous n’avons pas de réponse, on va monter en puissance. Le calme ne reviendra qu’avec une réponse de Hollande. »

Ce lundi soir, les tracteurs sont rentrés pour la nuit. Mais ils ont prévu de ressortir sur les routes du département dès ce mardi matin. Une opération escargot est prévue sur le périphérique de Nantes dès 7h30, ainsi que d’autres actions, ailleurs dans le département.

 

- DIMANCHE 10 JANVIER -

• Dimanche, 23h40 - Dans la soirée, le site internet de la Zad annonce qu’une opération "ecargot" sera menée mardi 12 janvier à 7h30 sur le périphérique nantais : il s’agira pour les automobilistes opposés au projet d’aéroport de conduire lentement pour ralentir la circulation. Le "collectif escargot de l’assemblée générale" observe que cette action peut être menée dans d’autres villes (lire le communiqué).

• Dimanche, 19h40 - L’assemblée générale qui s’est tenue à La Vache Rit, au coeur de la ZAD, a été très animée. Plus de 300 personnes y ont participé. Une volonté très vive de continuer à mener des actions s’est exprimée par de multiples voix. Les opposants ne comptent pas attendre passivement le procès du mercredi 13 janvier, mais continuer à agir pour faire entendre la colère du mouvement de lutte face au ciblage des paysans vivant sur la Zad.

Dans un communiqué publié à 19h30, le collectif des paysans, le COPAIN 44, dénonce les provocations policières de samedi soir, et affiche sa volonté de "continuer le blocage". Il annonce des actions "dès demain", c’est-à-dire lundi.

- Télécharger le communiqué :

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- Actualisation - Dimanche, 12h45 - Dans la nuit, les tracteurs ont quitté le camp, dans des conditions difficiles, sous les gaz lacrymogènes des policiers, lancés alors qu’aucune action violente ou provocatrice n’avaient lieu. Une cinquantaine de tracteurs ont rejoint la Zad de Notre-Dame-des-Landes, près de La Vache Rit, centre de la zone et de la lutte. Toutes les composantes du mouvement discutent dimanche après-midi de la poursuite des mobilisations. En tout cas, dit un paysan, Dominique Lebreton, "ce qui s’est passé est une victoire. Nous avons monté un rassemblement extraordinaire avec seulement une semaine d’organisation. Et il n’y a eu aucune violence".

 

SAMEDIJANVIER

- Samedi, 23 h 45 - Alors que le campement a été rangé en une demie heure et que les tracteurs commençaient à partir, les CRS ont lancé des grenades lacrymogènes des deux côtés et ont actionné les canons à eau.

 

 

- Actualisation - Samedi, 23 h 27 - Au vu des moyens déployés - notamment des engins capables de lever des tracteurs - et de la volonté d’affrontement des forces gouvernementales - CRS en "robocop", s’approchant à quelques mètres des tracteurs -, les paysans ont décidé, en négociation avec la préfecture de Loire-Atlantique, de lever le camp. Barnums, tables et autres matériels de camp sont en train d’être rangés, et les tracteurs se préparent au départ. Ils vont se diriger vers la Zad de Notre-Dame-des-Landes : "Ce n’est pas une défaite, nous dit Mathieu Courgeau, de la Confédération paysanne, c’est un repli stratégique".

 

 

- Actualisation - Samedi, 23 h 15 - Les CRS encerclent le camp de blocage. Du matériel lourd a été apporté, notamment des camions à eau et des projecteurs. Les assiégés semblent étonnés de la rapidité de réaction des forces de l’ordre, ils escomptaient une nuit relativement tranquille.

 


- Nantes, reportage

A 21 heures, samedi 9 janvier, plus de 80 tracteurs, des paysans, et des citoyens venus les soutenir, bloquent le périphérique nantais au niveau de l’échangeur de Bouguenais. Ils affirment vouloir rester là jusqu’à ce que le président de la République réponde à leur demande de ré-examen du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

 

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Une barrière s’organise dans la soirée

Le périphérique est donc bloqué dans les deux sens sur trois bons kilomètres, ce qui bloque l’accès sud du pont de Cheviré sur les deux voies. Une bonne centaine de tracteurs, de camions et des remorques agricoles soigneusement imbriquées bloquent tout passage. Un grand feu a été allumé avec des branchages sur une voie. Une cantine est en place sous un des cinq barnums installés : "On peut nourrir 400 personnes", dit une militante.

Cette action spectaculaire a démarré dans l’après-midi, à l’issue de la manifestation pleinement réussie qui a bloqué une large portion du périphérique et le pont de Cheviré. Ce grand pont traverse la Loire à l’ouest de l’agglomération, dont il constitue un point vital pour la circulation.

Les paysans, réunis dans le Copain 44 (Collectif des organisations professionnelles agricoles INdignées par le projet d’aéroport), avaient décidé mercredi soir de prolonger le blocage. Ils ne l’ont révélé que dans l’après-midi de ce samedi, créant la surprise. Ce ne sont donc pas les zadistes – faussement présentés par les politiciens de LR et du PS comme des « ultra-violents » - qui engagent le rapport de force, ni les opposants associatifs ou élus, mais les paysans. Ceux-ci ont été choqués par le lancement d’une procédure juridique visant à l’expulsion des quatre agriculteurs qui vivent historiquement sur la Zad ; cette procédure a été lancée par le promoteur Vinci, le porte-parole d’AGO-Vinci, Jean-François Bernard annonçant agir « à la demande de l’Etat ». Si le tribunal de Nantes accédait, le 13 janvier, à la demande de la multinationale, les quatre paysans devraient partir, sous peine d’une astreinte financière de 200 € par jour. Cette attaque vise le cœur historique de la lutte et symbolise le mépris dans lequel le pouvoir tient l’activité agricole. « Cela a été un mauvais coup sur la tête », dit Dominique Fresneau, porte-parole de l’Acipa, et cousin d’un des paysans visés par les promoteurs de l’aéroport, Sylvain Fresneau.

Mais dès l’annonce de la procédure, la veille du 1 janvier, les associations d’opposants ont préparé une action spectaculaire, le blocage du Pont de Cheviré. Celui-ci s’est déroulé samedi 9 janvier à partir de midi : plus de 400 tracteurs sont venus de toute la région, convergeant avec une tracto-vélo venue de la Zad et des personnes de Nantes et d’ailleurs venues à pied. Cette occupation, réalisée dans la tranquillité – les forces de police étant invisibles – et la bonne humeur, a été pleinement réussie (Reporterre vous la racontera ce dimanche 10).

Mais mercredi 7 janvier, le Copain 44, réuni de son côté, avait pris la décision de prolonger cette action par une occupation continue du terrain, qui a donc commencé dans la foulée du blocage du Pont de Cheviré.

« Il faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles »

Le porte-parole de Copain 44, Vincent Delabouglise, explique le sens de l’action engagée :

 

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Vincent Delabouglise près du pont de Cheviré, à Nantes

Vincent Delabouglise - « Nous avons fait une requête très claire à Monsieur Hollande, à cette heure-ci [16h00], on n’a obtenu aucune réponse. La détermination paysanne est totale, la colère est très grande, on reste là et on attend une réponse de M. Hollande. Il a intérêt à nous répondre rapidement, car plus il attend, plus la colère monte. Il faut qu’il prenne la mesure de ce qui peut se passer.

Reporterre - A-t-il reçu le message clairement ?

Il y a eu un certain nombre de communications, et un comité de crise s’est réuni ce matin à l’Elysée, donc je pense qu’il est au courant.

Vers quelle heure attendez-vous une réponse ?

Quand ils veulent. Dès qu’on a obtenu nos exigences, on lève le camp.

Et s’il n’y a pas de réponse ?

Et bien ils verront. Mais ils prennent leur risque. Il faut arrêter de jouer, de nous prendre pour des imbéciles et de nous balader. On n’est pas aujourd’hui sur des questions futiles, on est sur du fond, sur des enjeux de société, qui concernent tout le monde. Nous, on ne lâchera pas. Ca fait sept ans qu’on demande une rencontre pour aborder le sujet sur le fond, et voir comment on peut en sortir, on n’a jamais reçu de réponse. La seule réponse, c’est des référés, c’est des forces de l’ordre.

S’ils envoient des forces de l’ordre pour dégager les tracteurs, ce serait sans doute de manière vigoureuse, voire violente. Les membres de Copain 44 sont-ils prêts à tenir face à ça ?

On ne résistera pas à des bulldozers. Il faut simplement qu’ils assument l’image que ça va donner. On est quatre cents tracteurs aujourd’hui, ce n’est qu’une petite partie de ceux qui pourraient se libérer. Si ça tournait à une tentative de nous virer par la force, beaucoup seraient prêts à venir pour nous aider. On est une tête de pont ici. Je pense pouvoir dire que la mobilisation serait intersyndicale large. Car là, on est sur une action paysanne, c’est vraiment les paysans qui bloquent.


- Samedi après-midi - Lire ici le récit du blocage, auquel ont participé près de 20 000 personnes et 400 tracteurs.


MANIFESTATIONS DE SOUTIEN A MARSEILLE, TOULOUSE, PARIS ET ALBI

Une manifestation de soutien...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 16:55

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Les multinationales priées de rembourser les avantages fiscaux belges
Lundi, 11 Janvier, 2016
Humanite.fr

Le ministre des finances belge
reuters
 
Comme le Luxembourg et les Pays-Bas, la condamnation européenne condamne le « tax ruling » de la Belgique. Les 35 multinationales qui avaient bénéficié d’accords fiscaux sont sommées de rembourser 700 millions d’euros à l’Etat belge, qui n’en veut pas...

Le ministre belge des finances envisage de faire appel. Il ne veut pas que les 35 multinationales remboursent à son pays les 700 millions d’euros. Voilà un ministre qui a clairement choisi son camp… Johan Van Overtveldt, ultralibéral et nationaliste flamand, est pourtant officiellement chargé de renflouer les caisses de l’Etat et de lutter contre l’évasion fiscale. Ces 700 millions d’euros qu’il refuse sont des cadeaux faits aux seules multinationales, comme le cigarettier britannique British American Tobacco (BAT) ou le numéro 1 de la bière AB InBev. Les entreprises belges, elles, n’ont pas droit à ce régime fiscal favorable sur les bénéfices, négocié en avance. C’est une bien étrange concurrence déloyale…

"Au moins 35 multinationales, principalement basées dans l'UE, ont bénéficié de ce régime et doivent maintenant rembourser les impôts impayés à la Belgique", a annoncé ainsi la Commission européenne. "Si l'Europe devait exiger la récupération des 700 millions d'euros, les conséquences pour les entreprises concernées seraient très importantes et la récupération en tant que telle s'avérerait particulièrement complexe", s’est alarmé en réponse le ministère belge des Finances, au chevet des multinationales.

Le 27 octobre dernier, la Commission européenne avait fait ce même genre d’annonce concernant le Luxembourg et les Pays-Bas. La Commission avait alors estimé que ces deux pays avaient accordé, respectivement à Fiat Finance and Trade (filiale de Fiat basée au Grand-Duché et fournisseur de services financiers) pour le premier et à Starbucks pour le second, des "avantages fiscaux (...) illégaux au regard des règles européennes en matière d'aides d'Etat". Elle avait sommé les deux entreprises de rembourser à ces deux pays les avantages fiscaux qu'ils leurs avaient accordé. Les deux pays, fiers d’assumer leur statut de paradis fiscal, avaient eux aussi décidé de faire appel de la décision de la Commission.

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 16:39

 

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Contrat de travail, licenciements… Le patronat à nouveau à l’offensive
Mardi, 12 Janvier, 2016
Humanite.fr

AFP
 
Assouplissements du contrat de travail et nouvelles facilités de licenciement… Le Medef redouble de pression sur le gouvernement en cette période de consultation liée au plan d’urgence sur l’emploi. Les syndicats sont vent debout.
 

"Le marché du travail est bloqué en France. On a peur d'embaucher parce qu'on ne sait pas licencier", a lancé Pierre Gattaz, le président du Medef, à l'issue de son entretien avec Manuel Valls et la ministre du Travail, Myriam El Khomri. Dès dimanche, le Medef, a lancé l’offensive pour un contrat de travail "agile", dans lequel les causes de licenciement d'un salarié seraient davantage "clarifiées" en amont, afin de minimiser le "risque" juridique pour les chefs d'entreprise.
Le patronat réclame, et lorsqu’on lui rappelle ses engagements du pacte de responsabilité, Pierre Gattaz répond que la création d'un million d'emplois était "un objectif, pas un engagement"... Pour embaucher davantage, il faut une "multimédication": baisse des charges, assouplissement du licenciement et plafonnement des indemnités prud'homales. Rien que ça. Sur ce dernier point, le patronat semble avoir déjà gagné: le gouvernement veut en effet plafonner les indemnités décidées aux Prud'hommes en cas de licenciement abusif pour éviter les condamnations les plus lourdes. La ministre du travail a confirmé ce mardi matin qu’elle planchait sur un nouveau barème, au grand regret de l’intégralité des syndicats. Cette mesure était déjà prévue par la loi Macron, mais a été censurée par le Conseil constitutionnel car elle créait une distinction illégale en fonction de la taille des entreprises. Pour les autres exigences patronales, le gouvernement a renvoyé aux annonces qui seront faites par le président le 18 janvier, quand il annoncera son « plan d’urgence pour l’emploi », dans lequel il y aura, selon ce que l’on sait déjà, les 500.000 formations supplémentaires pour les chômeurs, la nouvelle prime à l'embauche pour les PME et des mesures en faveur de l'apprentissage.

 

Opposition et propositions

"J'en ai assez des vieilles recettes du patronat", s’est énervé Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, qu’on n’a pas l’habitude de voir aussi vindicatif. "Il est hors de question de toucher au contrat de travail, de faire peser sur les salariés la responsabilité du chômage. C'est une ligne jaune".
"Ça n'est pas en facilitant le licenciement qu'on va créer de l'emploi", a renchéri Philippe Martinez, pour la CGT. Et Selon Jean-Claude Mailly, de FO, le contrat de travail "agile n'est qu'un contrat de travail fragile". Les syndicats sont combatifs et s’opposent frontalement au patronat. Ils ne tombent pas cependant dans le piège de rester sur le terrain du Medef et avancent leur propositions pour le plan d’urgence sur l’emploi. La CGT a ainsi insisté sur la nécessité de "formation tout au long de la vie" et prôné une "mutualisation" des moyens avec une participation accrue des grandes entreprises. FO a défendu notamment un "soutien à l'investissement public", assurant avoir obtenu sur ce point des "réponses positives". Selon M. Mailly, François Hollande pourrait faire des annonces en ce sens mardi lors du bicentenaire de la Caisse des dépôts et consignations.
Quant à l'aide à l'embauche, la CFDT l'a liée à une révision du Pacte de responsabilité et de ses 40 milliards de baisse de coût du travail pour les entreprises. Le gouvernement a d'ailleurs annoncé une prochaine réunion avec les signataires de ce pacte. "Quand on a engagé 40 milliards (...), il est normal que chacun rende compte de ce qui a été engagé", a souligné le Premier ministre. Ce ne serait pas trop tôt…

 

 

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 16:31

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Le libre échange ruine les paysans et détruit la planète
Gérard Le Puill
Mardi, 12 Janvier, 2016
Humanite.fr
Photo Noah Seelam / AFP
 
Trois années de production agricole mondiale légèrement supérieure à la demande solvable auront suffit pour mettre en difficulté des centaines de millions paysans sur tous les continents, les agriculteurs européens étant souvent les plus durement impactés par cette baisse des cours en raisons des facilités données aux pays tiers pour exporter sur le vieux continent . Analyse.
Selon la FAO, les cours des principales denrées alimentaires ont fléchi pour la quatrième année consécutive en 2015. Ils sont en baisse de 19,1% en moyenne par rapport à l’année précédente. Ainsi, selon l’indice de la FAO, le prix des céréales, y compris le riz, a régressé de 15,5% en 2015 par rapport à 2014. La chute est de 28,5% pour les produits laitiers, de 15,1% pour la viande en moyenne, de 19% pour les huiles végétales et de 21% pour le sucre.
 
 L’Union européenne n’en finit pas de négocier des accords de libre échange sur fond de réduction des tarifs douaniers entres différents groupes de pays dans toutes les régions du monde. Elle vient aussi de produire son étude. Elle montre, sans que cela soit dit, que ce libre échange a favorisé la surproduction et la chute des cours sur le marché communautaire. Selon cette étude, 71% des produits agricoles et alimentaires importés dans les pays membres du l’Union européenne sont entrés sans le moindre doit de douane et seulement 20% se sont vu appliquer les droits de douane en vigueur au taux plein. Beaucoup de productions en provenance des pays tiers ont bénéficié de tarifs douaniers réduits.
 
Selon le rapport de la Commission, les fruits, les légumes, les noix et leurs préparations sont les produits qui ont le plus bénéficié d’un accès préférentiel au marché européen. Les préparations alimentaires sont le second secteur à avoir le plus disposé de réductions tarifaires bilatérales, tandis que les huiles végétales (en particulier l’huile de palme) et les produits non comestibles (tabac brut et fleurs coupées) étaient les autres produits profitant le plus du système de préférences généralisées appliquées par l’l’UE, indique aussi cette étude.
Il faut ici introduire un éclairage sur le rôle déstabilisateur joué tardivement par l’accord « Tout sauf les armes » négocié par le Français Pascal Lamy quand il était commissaire européen en charge du Commerce. C’était quatre ans avant qu’il ne devienne directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de 2005 à 2013. Cet accord permettait à 49 pays pauvres d’exporter en Europe des contingents de plus en plus importants de produits agricoles aussi divers que du bois d’œuvre, des fruits, du riz de l’éthanol, du sucre , de l’huile de palme, des crevettes d’élevage dans les pays membres de l’Union européenne . Assurés d’avoir des débouchés, notamment à partir de 2010, beaucoup de pays ont fait de la déforestation à grande échelle dans le but d’exporter du riz, du sucre, de l’huile de palme en Europe. L’étude de l’Union européenne le confirme à sa manière puisqu’elle révèle que les produits qui ont bénéficié des plus grandes facilités d’accès au marché européen ont été la viande, les préparations de viande, le blé, le maïs et le riz ainsi que le miel. 
 
Le double résultat de cette politique d’ouverture des frontières de l’Europe à cette gamme de produits des pays tiers, dont beaucoup sont situés en Asie, a été une baisse des cours des produits agricoles, notamment en 2015, au sein des pays membres de l’Union européenne. Souvent, les paysans des pays exportateurs ont parallèlement été dépossédés des terres qu’ils cultivaient au profit des firmes impliquées dans l’agrobusiness et tournées vers l’exportation. Avec un bilan carbone désastreux, via une vaste déforestation de ces pays, à commencer par le Cambodge.
 
Aujourd’hui, en dépit des difficultés que cette politique d’importations sans restriction impose aux paysans européens en perturbant les marchés , l’Europe continue d’ouvrir d’autres champs de ruines en négociant le TTIP avec les Etats Unis et en ouvrant une négociation parallèle avec les pays du Mercosur dont les plus gros exportateurs de produits agricoles sont le Brésil et l’Argentine. Et l’on découvre à l’occasion que les syndicalistes européenne du COPA-COGECA, structure européenne dans lequel figurent la FNSEA et les représentants des coopératives agricoles française, rappellent dans un courrier à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, qu’elles « soutiennent le processus de pourparlers de libre échange avec les Etats Unis » tout en s’inquiétant de l’ouverture de négociations avec le Mercosur, en quoi elle n’ont pas tort pour le coup.
 
Mais là encore, elles se contentent de faire part de leurs doutes concernant la « réelle volonté d’ouverture du marché » des pays du Mercosur. Elles notent que plusieurs d’entre eux ont augmenté en 2014 leurs tarifs douaniers sur les fruits et légumes et que le Brésil a reconduit pour cinq ans une mesure antidumping sur la poudre de lait de l’UE « alors qu’aucune entreprise européenne n’en avait exporté auparavant un seul kilo». Et de juger, en mettant déjà un peu d’eau dans leur vin, qu’il est « évident qu’un accord sur le chapitre agricole devra être significativement positif pour l’UE dans les deux négociations avec les Etats Unis et le Japon afin de compenser les pertes qu’engendrerait un accord avec le Mercosur ».
Ces « syndicalistes » ne semblent pas vivre sur la même planète que les paysans qu’ils ont pour mission de défendre auprès la Commission présidée par Jean-Claude Juncker. Surtout quand on lit ceci à propos de l’élevage aux Etats Unis : « Un rapport de l’administration américaine de l’alimentation et du médicament (FDA) publié au mois de décembre 2015, constate qu’entre 2009 et 2014, la quantité d’antibiotiques à usage vétérinaire distribuée dans le pays a augmenté de 22% (…) Aux Etats Unis, la majorité des antibiotiques est disponible en « vente libre » et ne nécessite aucune prescription ou surveillance vétérinaire. Les antibiotiques vendus exclusivement pour leurs indications thérapeutiques ne représentaient que 28% du volume des ventes en 2014. Les autres antibiotiques disposaient de l’indication « promoteur de croissance », combinée ou non avec l’indication « usage thérapeutique ». 
Malgré cela la négociation entre l’Europe et les Etats Unis se déroule normalement sous l’œil vigilant- mais très compréhensif - des pontes européens du COPA-COGECA totalement déconnectés des paysans qu’ils disent représenter ! 
 
 
 
 
 
 
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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 16:19

 

Source : http://www.liberation.fr

 

 

Interview
Alain Badiou : «La frustration d’un désir d’Occident ouvre un espace à l’instinct de mort»
Par et (mis à jour le )

 

 

Alain Badiou

 

Alain Badiou : «La frustration d’un désir d’Occident ouvre un espace à l’instinct de mort»Alain Badiou : «La frustration d’un désir d’Occident ouvre un espace à l’instinct de mort» Dessin Sylvie Serprix

Le philosophe publie un ouvrage sur la tuerie du 13 Novembre, dont il impute la responsabilité à l’impossibilité de proposer une alternative au monde tel qu’il est. Il pointe notamment l’effondrement des idées progressistes, victimes d’une crise profonde de la pensée depuis l’échec du communisme.

 

Comment comprendre l’énigmatique pulsion de mort qui anime les jihadistes ? Des tueries de janvier à celles de novembre, chacun cherche les causes, sociales ou religieuses, de cette «radicalisation» qui, ici et ailleurs, cède à une violence inouïe. Pour le philosophe Alain Badiou, les attentats sont des meurtres de masse symptomatiques de notre époque, où règne sans limite le capitalisme mondialisé. Dans son dernier ouvrage, Notre mal vient de plus loin : penser la tuerie du 13 Novembre, qui sort le 11 janvier chez Fayard, il rappelle la nécessité d’offrir à la jeunesse mondiale, frustrée par un capitalisme qui ne tient pas ses promesses, une alternative idéologique.

Quelles différences voyez-vous ­entre les attentats de janvier et ceux de novembre ?

Dans les deux cas, on a le même contexte historique et géopolitique, la même provenance des tueurs, le même acharnement meurtrier et suicidaire, la même réponse, policière, nationaliste et vengeresse, de la part de l’Etat. Cependant, tant du côté du meurtre de masse que du côté de la réponse étatique, il y a des différences importantes. D’abord, en janvier, les meurtres sont ciblés, les victimes choisies : les blasphémateurs de Charlie Hebdo, les juifs et les policiers. Le caractère idéologique, religieux et antisémite des meurtres est évident. D’autre part, la réponse prend la forme d’un vaste déploiement de masse, voulant symboliser l’unité de la nation derrière son gouvernement et ses alliés internationaux autour d’un mot d’ordre lui-même idéologique, à savoir «nous sommes tous Charlie». On se réclame d’un point précis : la liberté laïque, le droit au blasphème.

En novembre, le meurtre est indistinct, très évidemment nihiliste : on tire dans le tas. Et la réponse n’inclut pas de déploiement populaire, son mot d’ordre est cocardier et brutal : «guerre aux barbares». L’idéologie est réduite à sa portion congrue et abstraite, du genre «nos valeurs». Le réel, c’est le durcissement extrême de la mobilisation policière, avec un arsenal de lois et de décrets scélérats et liberticides, totalement inutiles, et visant rien de moins qu’à rendre éternel l’Etat d’urgence. De là résulte qu’une intervention rationnelle et détaillée est encore plus urgente et nécessaire. Il faut convaincre l’opinion qu’elle ne doit se retrouver, ni bien entendu dans la férocité nihiliste des assassins mais ni non plus dans les coups de clairons policiers de l’Etat.

Vous analysez le 13 Novembre comme un «mal» dont la cause serait l’échec historique du communisme. Pourquoi ? C’est une grille de lecture qui paraît nostalgique et dépassée…

J’ai essayé de proposer un protocole d’explication aussi clair que possible, en partant des structures de ­notre monde : l’affaiblissement des Etats face à l’oligarchie privée, le désir d’Occident, et l’expansion du capitalisme mondialisé, face auquel aucune alternative n’est proposée aujourd’hui. Je n’ai aucune nostalgie passéiste. Je n’ai jamais été communiste, au sens électoral du mot. J’appelle «communisme» la possibilité de proposer à la jeunesse planétaire autre chose que le mauvais choix entre une inclusion résignée dans le dispositif consommateur existant et des échappées nihilistes sauvages. Il ne s’agit pas de ma part d’un entêtement, ni même d’une tradition. J’affirme seulement que tant qu’il n’y aura pas un cadre stratégique quelconque, un dispositif politique permettant notamment à la jeunesse de penser qu’autre chose est possible que le monde tel qu’il est, nous aurons des symptômes pathologiques tels que le 13 Novembre.

Donner toute la responsabilité à l’emprise tentaculaire du capitalisme mondialisé, n’est-ce pas ignorer la responsabilité de la pensée, des intellectuels qui voulaient précisément promouvoir un autre modèle ?

A partir des années 80, un certain nombre d’intellectuels, qui sortaient déçus et amers, faute d’un succès immédiat, du gauchisme des années 60 et 70, se sont ralliés à l’ordre établi. Pour s’installer dans le monde, ils sont devenus des chantres de la sérénité occidentale. Evidemment, leur responsabilité est flagrante. Mais il faut aussi tenir compte du retard pris du côté d’une critique radicale de l’expansion ­capitaliste et des propositions alternatives qui doivent renouveler et renforcer l’hypothèse communiste. Cette faiblesse est venue de l’amplitude de la catastrophe. Il y a eu une sorte d’effondrement, non seulement des Etats socialistes, qui étaient depuis longtemps critiqués, mais aussi de la domination des idées progressistes et révolutionnaires dans l’intelligentsia, singulièrement en France depuis l’après-guerre. Cet effondrement indiquait une crise profonde, laquelle exigeait un renouvellement conceptuel et idéologique, notamment philosophique. Avec d’autres, je me suis engagé dans cette tâche, mais nous sommes encore loin du compte. Lénine disait des intellectuels qu’ils étaient la plaque sensible de l’histoire. L’histoire, entre le début des années 70 et le milieu des années 80, nous a imposé un renversement idéologique d’une violence extraordinaire, un triomphe presque sans précédent des idées réactionnaires de toutes sortes.

Dans le monde que vous décrivez, il y a l’affaiblissement des Etats. Pourquoi ne pourraient-ils pas être des acteurs de régulation face au capitalisme mondialisé ?

Nous constatons que les Etats, qui avaient déjà été qualifiés par Marx de fondés de pouvoir du capital, le sont aujourd’hui à une échelle que Marx lui-même n’avait pas prévue. L’imbrication des Etats dans le système hégémonique du capitalisme mondialisé est extrêmement puissante. Depuis des décennies, quels que soient les partis au pouvoir, quelles que soient les annonces du type «mon adversaire, c’est la finance», la même politique se poursuit. Et je pense qu’on a tort d’en accuser des individus particuliers. Il est plus rationnel de penser qu’il y a un enchaînement systémique extrêmement fort, un degré saisissant de détermination de la fonction étatique par l’oligarchie capitaliste. La récente affaire grecque en est un exemple frappant. On avait là un pays où il y avait eu des mouvements de masse, un renouvellement politique, où se créait une nouvelle organisation de gauche. Pourtant, quand Syriza est arrivé au pouvoir, cela n’a constitué aucune force capable de résister aux impératifs financiers, aux exigences des créanciers.

Comment expliquer ce décalage entre la volonté de changement et sa non-possibilité ?
 

Il y a eu une victoire objective des forces capitalistes hégémoniques, mais également une grande victoire subjective de la réaction sous toutes ses formes, qui a pratiquement fait disparaître l’idée qu’une autre organisation du monde économique et social était possible, à l’échelle de l’humanité tout entière. Les gens qui souhaitent «le changement» sont nombreux, mais je ne suis pas sûr qu’eux-mêmes soient convaincus, dans l’ordre de la pensée et de l’action réelles, qu’autre chose est possible. Nous devons encore ressusciter cette possibilité.

Jürgen Habermas parle de l’économie comme la théologie de ­notre temps. On a l’impression que cet appareil systémique est théologique. Mais comment expliquez-vous ce qui s’est passé en France ?

Je voudrais rappeler que la France n’a pas le monopole des attentats. Ces phénomènes ont à voir avec le cadre général dans lequel vivent les gens aujourd’hui, puisqu’ils se produisent un peu partout dans des conditions différentes. J’étais à Los Angeles quand a eu lieu en Californie, après l’événement français, un terrible meurtre de masse. Cela dit, au-delà des analyses objectives, il faut entrer dans la subjectivité des meurtriers, autant que faire se peut. Il y a à l’évidence chez ces jeunes assassins les effets d’un désir d’Occident opprimé ou impossible. Cette passion fondamentale, on la trouve un peu partout, et c’est la clé des choses : étant donné qu’un autre monde n’est pas possible, alors pourquoi n’avons-nous pas de place dans celui-ci ? Si on se représente qu’aucun autre monde n’est possible, il est intolérable de ne pas avoir de place dans celui-ci, une place conforme aux critères de ce monde : argent, confort, consommation… Cette frustration ouvre un espace à l’instinct de mort : la place qu’on désire est aussi celle qu’on va haïr puisqu’on ne peut pas l’avoir. C’est un ressort subjectif classique.

Au-delà du «désir d’Occident», la France semble marquée par son passé ­colonial…

Il y a en effet un inconscient colonial qui n’est pas liquidé. Le rapport au monde arabe a été structuré par une longue séquence d’administration directe et prolongée de tout le Maghreb. Comme cet inconscient n’est pas reconnu, mis au jour, il introduit des ambiguïtés, y compris dans l’opinion dite «de gauche». Il ne faut pas oublier que c’est un gouvernement socialiste qui, en 1956, a relancé la guerre d’Algérie, et un Premier ministre socialiste qui, au milieu des années 80, a dit, à propos de la population en provenance d’Afrique, que «Le Pen pos[ait] les vraies questions». Il y a une corruption historique de la gauche par le colonialisme qui est aussi importante que masquée. En outre, entre les années 50 et les années 80, le capital a eu un impérieux besoin de prolétaires venus en masse de l’Afrique ex-coloniale. Mais avec la désindustrialisation forcenée engagée dès la fin des années 70, le même capital ne propose rien ni aux vieux ouvriers ni à leurs enfants et petits-enfants, tout en menant de bruyantes campagnes contre leur existence dans notre pays. Tout cela est désastreux, et a aussi produit cette spécificité française dont nous nous passerions volontiers : l’intellectuel islamophobe.

Dans votre analyse, vous évacuez la question de la religion et de l’islam en particulier…

C’est une question de méthode. Si l’on considère que la religion est le point de départ de l’analyse, on ne s’en sort pas, on est pris dans le schéma aussi creux que réactionnaire de «la guerre des civilisations». Je propose des catégories politiques neutres, de portée universelle, qui peuvent s’appliquer à des situations différentes. La possible fascisation d’une partie de la jeunesse, qui se donne à la fois dans la gloriole absurde de l’assassinat pour des motifs «idéologiques» et dans le nihilisme suicidaire, se colore et se formalise dans l’islam à un moment donné, je ne le nie pas. Mais la religion comme telle ne produit pas ces comportements. Même s’ils ne sont que trop nombreux, ce ne sont jamais que de très rares exceptions, en particulier dans l’islam français qui est massivement ­conservateur. Il faut en venir à la question religieuse, à l’islam, uniquement quand on sait que les conditions subjectives de cette islamisation ultime ont été d’abord constituées dans la subjectivité des assassins. C’est pourquoi je propose de dire que c’est la fascisation qui islamise, et non l’islamisation qui fascise. Et contre la fascisation, ce qui fera force est une proposition communiste neuve, à laquelle puisse se rallier la jeunesse populaire, quelle que soit sa provenance.•

 

Robert Maggiori , Anastasia Vécrin

 

Notre mal vient de plus loin, Penser les tueries du 13 novembre, Fayard, 72 pages, 5 euros.

 

 

Source : http://www.liberation.fr

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 15:07

 

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A la barre
Neuf mois de prison ferme contre d'anciens salariés de Goodyear
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Le syndicaliste CGT Mickaël Wamen, de l'usine Goodyear, fait partie des condamnés. Il manifestait à Amiens en janvier 2014. Photo François Nascimbeni.AFP

 

Les ex-employés de l'usine d'Amiens-Nord, pour la plupart syndiqués à la CGT, étaient poursuivis pour «séquestration et violence en réunion». En 2014, ils avaient retenu deux cadres pour protester contre la fermeture de leur usine.

 

 

Un verdict exceptionnellement sévère pour des syndicalistes. Le tribunal correctionnel d’Amiens a condamné, mardi,  huit anciens salariés de l’usine Goodyear à 24 mois de prison, dont 9 ferme, pour «séquestration». Parmi eux, sept étaient encartés à la CGT, dont le très énergique Mickaël Wamen, ancien délégué syndical de l'entreprise. Deux des huit salariés ont également été condamnés pour «violences en réunion», mais sans peine supplémentaire. Les faits poursuivis: la «retenue» durant trente heures, entre le 6 et le 7 janvier 2014, du DRH et du directeur de la production, pour protester contre la fermeture de l’usine, intervenue quelques jours plus tard. 

«Détresse sociale»

Cette décision n'est pas très éloignée des demandes du parquet, qui lors de l’audience du 24 novembre, avait réclamé 24 mois de prison, dont un an ferme «aménageable», pour «séquestration et violence en réunion».  Et ce, alors même que la direction de Goodyear Dunlop Tires France, ainsi que les deux cadres de l’usine concernés par les faits, avaient retiré leur plainte. A la barre, les prévenus avaient alors évoqué «un coup de colère» face à une direction qui «n’apportait aucune réponse» à la «détresse sociale» dans laquelle se trouvaient les 1 142 salariés du site. 

«C’est un jugement hallucinant», a réagi mardi Fiodor Rilov, l’avocat des salariés, qui met également en cause l’exécutif: «Ça participe d’une répression grandissante à l’égard des syndicalistes qui se battent contre la fermeture de leur usine. Et je ne peux pas croire que le parquet, qui avait réclamé de la prison ferme, ait élaboré son réquisitoire en dehors de tout cadre fixé par le gouvernement». Un verdict qui, selon lui, «va désormais peser comme une épée de Damoclès sur tous les salariés qui aujourd’hui se battent pour sauver leur entreprise». Et de prédire une grande mobilisation pour le procès en appel, «à laquelle François Hollande aura à assister en tant Président»

 

Dans un communiqué publié dans la matinée, la CGT Goodyear d’Amiens-Nord ne manque pas, elle aussi, de politiser l'affaire, qualifiant ce jugement d'«arme avec laquelle Hollande, Valls, Taubira et l’ensemble du gouvernement ont décidé d’intimider tous les salariés qui se battent pour leurs droits et leurs emplois. Le but est de faire peur aux syndicalistes pour qu’ils cessent de se battre pendant que le gouvernement prépare la suppression de la moitié du Code du travail». Réaction outragée, également, de l'ex-syndicaliste CGT des Conti, Xavier Mathieu: «C’est écœurant, on a voulu faire un exemple. Mais en matière d’exemplarité, c’est toujours les petits qui trinquent, jamais les patrons qui ferment les entreprises illégalement, comme cela a été fait pour Continental en 2009. Au final, les Goodyear payent pour ce qui s’est passé à Air France. Le but, c’est d’intimider». Et de rappeler son propre passage devant les juges: «En 2010, j’ai été condamné à une amende de 4000 euros, alors que le parquet avait requis cinq mois avec sursis. Et c’était sous Sarko...»

Ce verdict clôt - provisoirement - huit ans d’un conflit sans fin entre la direction du groupe de pneumatiques et une partie des syndicats de l’usine, dont la CGT. A l’origine de ce bras de fer: la volonté des dirigeants, en 2007, de réorganiser le travail sous la forme des 4x8 dans leurs deux usines d’Amiens (Goodyear et Dunlop). Un système complexe et controversé, rejeté à l’époque par les syndicalistes et les salariés de Goodyear lors d’un référendum, mais pas par leurs collègues de l’usine Dunlop, située de l’autre côté de la rue. La direction annonce alors un plan de 478 suppressions d’emploi pour les Goodyear. Une «punition pour avoir mal voté», estiment à l’époque les syndicalistes. S’en suivront des années de batailles judiciaires, le plus souvent remportées par la CGT, avant le baisser de rideau définitif. Puis l’échec de la reprise d’une partie du site par le PDG américain de Titan, Maurice Taylor, à l’automne 2014. Une sorte de Donald Trump du pneumatique, qui déclarait en 2014, après avoir insulté la CGT: «La France est devenue un pays communiste et quand vous tomberez aussi bas que la Russie, peut-être que vous aurez une chance de repartir». Dernier acte de cette saga, enfin, avant ce jugement au pénal: l’enterrement par la direction, à l'automne 2015, du projet de Scop (Société coopérative et participative) porté par les salariés pour reprendre une partie de la production. Quelques semaines plus tard, Goodyear et Titan signaient pourtant un accord pour produire des pneus... en Russie

Luc Peillon

 

 

Source : http://www.liberation.fr

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 14:47

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Conditions de travail

Samsung accusé de pratiques commerciales trompeuses en France

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Des enfants de moins de 16 ans qui travaillent plus de 10 heures par jour, sans protections contre les substances dangereuses qu’ils manipulent : cela se passe en Chine et en Corée, dans les usines sous-traitantes du géant de l’électronique Samsung. Et c’est l’ONG locale China Labor Watch (CLW) qui révèle ces violations des droits humains. Ce n’est pas la première fois que Samsung se fait épingler pour le travail des enfants chez ses sous-traitants. China Labor Watch a déjà révélé à plusieurs reprises que des enfants turbinent pour fabriquer les smartphones vendus par Samsung.

A chaque fois, l’entreprise promet que le problème sera réglé. Elle assure être une « entreprise responsable et citoyenne, qui [mène] des actions à travers le monde pour tendre vers un monde meilleur, protéger l’environnement et renforcer les communautés qui [l’entourent] » . Cet écart entre le discours de l’entreprise et les constatations de China Labor Watch a déjà valu au géant coréen une plainte pour « pratiques commerciales trompeuses », déposée en France en février 2013 par les associations Peuples Solidaires, Sherpa et Indecosa-­CGT, l’association de consommateurs de la CGT. Après 18 mois d’enquête, la plainte a été classée sans suite.

La solidité des éléments du dernier rapport de China Labor Watch a convaincu Sherpa et Indecosa-­CGT de recourir à nouveau aux tribunaux pour tenter de faire condamner Samsung, toujours pour « pratiques commerciales trompeuses ». Les plaignants ont cette fois retenu la citation directe, une « option » judiciaire qui ne nécessite pas d’enquête et exige donc d’avoir à sa disposition des éléments sérieux permettant de prouver l’infraction lors de l’audience et des débats. « Alors que le leader mondial du smartphone se targue de mettre en place des engagements éthiques exemplaires dans ses usines afin de prévenir les violations des droits humains, nous souhaitons faire juger ce double discours mondial qui consiste à séduire les consommateurs par une communication éthique tout en fermant les yeux sur des comportements absolument contraires », expliquent les associations. L’audience se tiendra ce lundi 11 janvier.

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 14:39

 

Source : http://www.bastamag.net

 

Amérique latine

Quand l’industrie minière assèche les fleuves et désertifie les villes

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Le Chili dépend fortement de ses exportations de cuivre. Mais le revers de la médaille est désastreux. Les multinationales minières ont dévasté des territoires, pompant et polluant l’eau, asséchant fleuves et lagunes, poussant à l’exil l’entière population de villages. Et ce, en toute impunité, l’État chilien n’ayant pas rompu avec certaines pratiques initiées sous la dictature de Pinochet. La société civile résiste malgré tout, et fait parfois reculer les géants miniers.

Quillagua a des allures de ville fantôme. Écrasée par le soleil, enveloppée de poussière, cette localité perdue dans le désert d’Atacama, au nord du Chili, a perdu 90 % de sa population en vingt ans. La faute au manque d’eau. Non pas que la pluie ait brusquement cessé de tomber : dans cette zone, la plus aride au monde selon la NASA, les précipitations annuelles n’ont jamais dépassé une moyenne de 0,2 millimètres par an…

Pourtant, Quillagua était, jusque dans les années 1990, une oasis florissante à l’agriculture prospère. Les habitants – principalement des agriculteurs issus du peuple aymara – cultivaient le maïs et la luzerne, irriguant leurs champs avec l’eau du fleuve Loa, dans lequel il faisait également bon se baigner, ce qui attirait les touristes. Mais aujourd’hui, le fleuve a disparu. Il ne reste plus que des flaques d’eau stagnante à l’odeur insupportable.

 

Le fleuve pollué à l’arsenic et à l’acide sulfurique...

« Codelco et Soquimich ont tué le Loa », explique Eliana Soza. Installée derrière la caisse du minimarché poussiéreux qu’elle tient avec son mari, elle raconte la catastrophe. Née à Quillagua il y a 53 ans, elle a vu le fleuve mourir brutalement, suite à la rupture de réservoirs d’eau contaminée par les déchets miniers de la compagnie publique Codelco, spécialisée dans l’extraction de cuivre. « C’était en mars 1997, se souvient-elle. Il y a eu de gros orages qui ont fait déborder les piscines d’eau contaminée. Il y a eu une coulée de boue noire qui s’est mélangée au fleuve. Les poissons sont morts, tous les animaux qui vivaient dans l’eau sont morts. »

La même catastrophe s’est répétée trois ans plus tard, en février 2000. En plus du fleuve, l’air et les champs alentours ont été durablement contaminés par les déchets miniers – en particulier l’arsenic et l’acide sulfurique : le bétail est mort, ainsi que les abeilles. Il est devenu impossible de cultiver les champs. La présence d’arsenic dans le sol s’étant élevée à des taux dix fois supérieurs au seuil critique.

Malgré les rapports d’experts, le ministère de l’Environnement a dédouané Codelco. L’entreprise n’a donc jamais été poursuivie, et n’a jamais versé un seul centime pour réparer les dommages subis par la communauté. Sans possibilité de cultiver la terre, et privés des revenus auparavant issus du tourisme et de l’élevage des crevettes de rivière, les habitants sont tombés dans les filets d’une autre compagnie minière, Soquimich, qui a racheté 70 % des droits d’extraction de l’eau détenus par la communauté.

 

...Puis asséché par une autre compagnie minière

Au Chili, depuis la loi sur l’eau instaurée en 1981 sous la dictature militaire du général Pinochet, l’eau est un bien commercial comme un autre, que l’on peut posséder, acheter et vendre. « Nous étions sans ressources. Des gens de la mine sont venus à la maison, ils nous ont proposé d’acheter nos droits sur l’eau. On n’avait pas le choix : on avait besoin de cet argent et, de toute façon, l’eau était contaminée, alors on a signé, » se souvient José Salazar, un habitant du village. Ce n’est pas un cas isolé : presque toutes les familles ont vendu leur droits d’extraction de l’eau. Depuis, Soquimich pompe sans relâche dans le fleuve, en toute légalité. En théorie, la communauté peut encore extraire du Loa soixante litres d’eau par seconde pour arroser ses cultures. Dans la pratique, à hauteur de Quillagua, il n’y a plus rien à prélever : le fleuve est à sec.

Suite à l’assèchement, la grande majorité des habitants sont partis. Ceux qui restent tentent de survivre. Trois fois par semaine, la ville est approvisionnée en eau potable par camion-citerne. Pas question de gâcher : « Avant, on avait autant d’eau qu’on voulait pour arroser les plantes, se laver, faire le ménage... Maintenant, il faut économiser », raconte Eliana. Économiser l’eau, mais aussi l’argent, devenu dur à gagner dans un village figé sous le sable du désert.

 

Une économie basée sur l’extraction

Les habitants de Quillagua ne sont pas les seules victimes du manque d’eau. Le nord du Chili – le désert d’Atacama en particulier – est constellé de mines, avec plus de 3 000 exploitations minières, principalement tournées vers l’extraction du cuivre. Le Chili est le principal producteur mondial de ce minerai, avec 5,7 millions de tonnes produites en 2014. C’est une ressource essentielle pour le pays, qui représente près de 50 % des exportations et contribue à hauteur de 11 % au produit intérieur brut.

Or, l’extraction du cuivre est particulièrement gourmande en eau et intervient dans une zone particulièrement sèche. Un contexte peu favorable et qui semble empirer, selon le glaciologue et ingénieur minier Jorge Hernandez : « À cause du changement climatique, les hivers sont chaque année plus courts, avec très peu de neige et des températures très élevées (à tel point qu’on peut se promener en tee-shirt à 4 500 mètres d’altitude), ce qui a un impact très fort sur l’approvisionnement hydrique de la région. » Or, l’eau utilisée dans les mines est principalement issue de la fonte des neiges et captée dans des fleuves ou des nappes souterraines près de la Cordillère des Andes.

Mélangée à divers produits chimiques, elle sert à séparer le cuivre des autres matériaux (roches, sédiments et minéraux) recueillis lors de l’extraction. « Par exemple, pour séparer le cuivre des minerais oxydés, on arrose le concentré de cuivre avec une solution d’eau et d’acide sulfurique pendant cinquante jours », explique Jorge Hernandez. Une fois utilisée, cette solution hautement toxique est conservée dans des bassins appelés « piscines de déchets ». Ces réservoirs n’ont pas vocation à être vidés : ils stockent indéfiniment des millions de tonnes de déchets toxiques issus de la mine. Lorsqu’une piscine est pleine, une autre prend le relais.

Une industrie en marge des lois

En cas de fortes pluies – très inhabituelles mais de plus en plus fréquentes dans le nord du pays, ces dernières années, probablement en raison du changement climatique – ou de tremblement de terre (le Chili est le pays le plus sismique au monde), les conséquences sur l’environnement sont désastreuses, comme ce fut le cas à Quillagua. Pour les populations locales, en majorité indigènes, l’industrie minière représente donc un double péril permanent : menaces d’assèchement des cours d’eau, d’un côté, de pollution, de l’autre. D’où de nombreux conflits entre les communautés et les entreprises minières.

C’est le cas de la communauté indigène aymara de Cancosa, située dans la région de Tarapaca, tout au nord du pays. La mine de Cerro Colorado, filiale de la multinationale BHP Billiton, est installée sur son territoire depuis 1981. Cette mine de cuivre extrait l’eau de nappes souterraines à raison de 90 litres par seconde. Or elle n’a légalement le droit d’utiliser que 35 litres par seconde. Conséquences directes : le niveau de la lagune est en baisse depuis 2002 ; le marécage d’altitude, les cinq sources d’eau de la communauté et de nombreux puits sont à sec. Il n’y a plus assez d’eau pour irriguer les cultures et abreuver les animaux.

La situation est reconnue par les tribunaux : la mine de Cerro Colorado a d’ailleurs été condamnée en février 2006 par la cour régionale de Tarapaca à verser une amende de 70 000 euros pour contamination environnementale. À cette occasion, la société s’est engagée à rétablir le niveau initial d’eau dans la lagune et le marécage (grâce à un système d’arrosage automatique puisant directement dans une nappe souterraine), et à installer des instruments d’observation pour surveiller leur niveau. Mais la solution n’est pas durable : quand la mine arrêtera d’arroser, la lagune et le marécage s’assècheront de nouveau.

Complicité et désinformation de l’État

La mine n’a jamais payé l’amende : elle a conclu un accord extrajudiciaire avec la communauté et s’est engagée à financer des programmes d’investissement et des bourses d’études pour les habitants de Cancosa. Cette stratégie de compensation directe des dommages causés aux communautés est très répandue au Chili. Les entreprises minières ont pris l’habitude de mettre en place des fondations d’aide aux résidents des communes sur lesquelles elles s’installent pour limiter les conflits potentiels.

De son côté, l’État n’hésite pas, au besoin, à désinformer les citoyens. Un exemple flagrant est l’attitude de l’État chilien face au désastre écologique provoqué par l’entreprise nord-américaine Andes Copper, puis par la société nationale Codelco dans la baie de Chañaral. « De 1938 à 1990, la compagnie Andes Copper, puis la société Codelco [à partir de 1971] , ont rejeté directement dans la mer les déchets miniers provenant de la mine El Salvador », raconte Manuel Cortés, auteur du livre La mort Grise de Chañaral et président de l’association Chadenatur, qui lutte pour la défense de la nature dans la commune. « 320 millions de tonnes de résidus solides et 850 millions de tonnes d’eaux usées ont été déversées dans la baie via le fleuve Salado », décrit-t-il en contemplant l’étendue grise qui fait office de plage.

Plage au sable toxique

Il s’agit en fait d’une accumulation de déchets miniers très fins, qui, à première vue, ressemblent à du sable. S’étendant sur neuf mètres d’épaisseur et sur près de six kilomètres de long, elle a fait reculer la mer de plusieurs centaines de mètres, rendant totalement inutilisables les installations portuaires aujourd’hui enfouies. Le sable de cette plage artificielle est hautement toxique. Une toxicité que nie totalement le gouvernement : la baignade est officiellement autorisée depuis 2003.

« De 2001 a 2003, Codelco a prétendument nettoyé la plage et la baie. Le président Ricardo Lagos [président de la République de 2000 à 2006] en personne s’est baigné ici en décembre 2003, devant les médias, pour prouver qu’il n’y avait plus aucun risque sanitaire, raconte Manuel Cortés. Et la municipalité a fait construire trois piscines sur la plage. Pourtant, les dernières analyses du sol indiquent une contamination grave, et il y a autant de nickel dans l’air qu’à proximité d’une centrale thermoélectrique. » Chañaral est d’ailleurs la commune qui compte le plus de morts par tumeurs au niveau régional, selon le service de santé d’Atacama.

Si aujourd’hui les déchets de la mine El Salvador ne sont plus rejetés directement dans la baie, c’est grâce à l’action des citoyens qui, en 1988, ont saisi la Cour suprême pour faire interdire cette pratique. Codelco a été contraint de faire construire un canal de décantation des déchets, mis en service en 2001. « Les eaux usées sont acheminées sur 78 kilomètres jusqu’à Caleta Palito, au nord de la baie. Les déchets solides tombent dans le fond du canal, et l’eau claire qui reste en surface est rejetée dans la mer… », explique Manuel Cortés. Malgré cette première victoire, le combat des habitants de Chañaral continue : « Nous exigeons la reconnaissance et la réparation des dommages subis par notre communauté. Nous réclamons le droit à vivre dans un environnement libre de contamination, comme le garantit l’article 19 de notre Constitution », martèle Manuel Cortés.

L’eau du Sud : source d’énergie pour les mines du Nord

Sa colère contre l’impunité des sociétés minières, Manuel Cortés la partage avec des milliers de Chiliens, du nord au sud du pays. Si les mines pompent l’eau du Nord, elles utilisent également indirectement l’eau du Sud, pour s’approvisionner en électricité. Si le nord du Chili est désertique, le sud est pour sa part très riche en eau, avec de nombreux lacs, fleuves et torrents, propices à l’installation de centrales hydroélectriques. Une énergie propre mais à l’impact environnemental non négligeable : les centrales fonctionnent grâce à la construction de grands barrages qui déséquilibrent totalement les systèmes hydriques, asséchant certains cours d’eau et inondant des zones sèches.

À Neltume, une localité située à 800 kilomètres au sud de Santiago, de nombreuses communautés mapuches sont mobilisées depuis 2006 contre le projet de construction de trois centrales hydroélectriques qui provoquerait l’inondation de 160 hectares de terres indigènes, dont une zone pourtant déclarée « réserve de la biosphère » par l’Unesco en 2007. L’énergie produite serait bien supérieure aux besoins locaux en électricité : « L’électricité produite au Sud, au détriment des populations locales, sert à alimenter en énergie les mines du Nord, dont les bénéfices profitent bien plus aux multinationales étrangères qu’à l’économie chilienne », dénonce Marcela Mella, porte-parole de l’association No a Alto Maipo, qui lutte contre l’installation d’une centrale hydroélectrique à quelques kilomètres de Santiago. Selon les chiffres émis par la Commission nationale d’énergie, la demande d’électricité du pays a été multipliée par quatre ces vingt dernières années, « ce qui est normal pour un pays minier, plus gourmand en énergie qu’un pays dont l’économie est basée sur d’autres types de services », a déclaré l’institution au journal La Tercera. Pour un pays qui ne dispose pas de ressources pétrolières ou gazières notables, l’énergie hydroélectrique s’impose comme la solution pour soutenir l’activité minière.

Une pression citoyenne efficace

La mobilisation citoyenne réussit cependant parfois à contrecarrer les projets industriels, comme celui baptisé HidroAysén. La transnationale espagnole Endesa prévoyait de construire une centrale hydroélectrique et cinq barrages en Patagonie ainsi qu’une ligne à haute tension de 2 000 kilomètres de long pour assurer l’acheminement de l’énergie produite jusqu’à Santiago. Sept ans de mobilisation citoyenne dans tout le pays ont finalement conduit au rejet du projet par le gouvernement en juin 2014. Face à ces difficultés d’acceptation des grands projets électriques, certaines mines mettent en place des solutions pour produire elles-mêmes une partie de leur électricité grâce à des champs de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes.

Le besoin des entreprises de redorer leur blason environnemental, d’être acceptées par les populations locales et d’anticiper un éventuel assèchement des sources d’approvisionnement en eau douce conduit les ingénieurs des mines à chercher des solutions pour résoudre les problèmes liés à l’eau. Ainsi, de nombreuses mines privilégient désormais l’usage d’eau de mer à celui d’eau douce [1]. Le groupe BHP Billiton construit actuellement, au sud d’Antofagasta, la plus grande usine de dessalement d’eau de mer du continent – d’une capacité de traitement de 2 500 litres d’eau par seconde – pour alimenter l’une de ses mines d’extraction de cuivre.

D’autres groupes, comme Antofagasta Minerals, ne dessalent qu’une petite partie (8 %) de l’eau de mer qu’ils utilisent, le sel ne nuisant pas à la plupart des procédés de traitement du cuivre. Grâce à l’eau de mer, les mines réduisent significativement leurs besoins en eau douce et donc leur impact environnemental [2]. Selon les estimations de la commission chilienne sur le cuivre (Cochilco), ce procédé permettrait de stabiliser la demande en eau douce de l’industrie minière autour de 550 millions de mètres cubes annuels à partir de 2016.

Cette technologie représente un surcoût de production pour l’industrie, qui doit par ailleurs faire face à une baisse du prix du cuivre. Mais elle ne diminue en rien l’intérêt économique que représente le secteur, dans un pays où l’impôt minier est très faible (de 3 à 15 % en fonction des minerais et seulement pour les mines dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 7 millions d’euros). Les bénéfices annuels réalisés au Chili par les principales sociétés minières représentent environ 12,5 milliards d’euros. Des chiffres qui expliquent la volonté des mines de développer des solutions garantissant leur approvisionnement en eau et en électricité sur le long terme.

Ces initiatives limitent sans aucun doute l’impact des mines sur l’environnement, mais n’apportent cependant aucune solution à la gestion des déchets miniers qui s’accumulent dans les piscines à proximité des cours d’eau. Elles ne changent en rien la situation des habitants de Quillagua, Cancosa, Chañaral et des centaines d’autres localités sinistrées par l’industrie minière, qui voient leur environnement et leur économie détruits en totale impunité, au nom d’une course aux profits à laquelle ils ne prendront jamais part.

Anne Le Bon

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 14:23

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

En Syrie : des photos de bouffe pour narguer les affamés
 

 

 

Dans le sud de la Syrie, la ville de Madaya meurt de faim. Les 30 000 à 42 000 habitants (leur nombre n’est pas établi, d’autant qu’elle a accueilli de nombreux réfugiés) avalent des feuilles d’olivier et de mûrier et improvisent des bouillons en mélangeant des épices à l’eau chaude.

 

Carte de Syrie

Carte de Syrie - AFP/Valentina Breschi et Thomas Saint-Cricq
 

Selon une habitante, certains se sont résignés à manger chiens et chats. Un autre dit qu’il n’y a plus guère de chiens et de chats dans les rues. Un résident de Madaya indique au Monde :

« Il n’y a rien que les habitants n’aient pas essayé. A Madaya, on vit comme des animaux. »

Depuis six mois, la ville montagnarde est prise en étau par l’armée de Bachar el-Assad et celle du Hezbollah libanais. Madaya est « punie » pour son soutien à l’opposition (même s’il n’y a, officiellement, plus de combattants opposés au régime).

 

Madaya sous la neige

Madaya sous la neige - page Facebook « Madaya »
 

L’état de siège a précipité la malnutrition et la famine parmi la population. Coupée du monde, elle l’est aussi du ravitaillement. Les convois humanitaires se font rares. Le régime syrien a autorisé un premier acheminement de vivres et de médicaments en octobre 2015. Un deuxième convoi est en cours.

Mais ce n’est pas suffisant. 23 personnes seraient mortes au seul mois de décembre. Acheter un kilo de riz à Madaya coûterait entre 100 et 230 euros.

Des images de corps squelettiques

Pour alerter sur la famine en cours, la page Facebook « Madaya » (qui parle de l’actualité de la ville depuis 2013) a diffusé début janvier des photos d’enfants, aux corps rongés par la malnutrition. Le cliché de cette gamine est repris par de nombreux médias.

 

 

 
 
 

مضايا madaya

Photographe · 11 580 J’aime

· 5 janvier, 10:52 ·

‫#‏مضايا‬
‫#‏انقذوا_المحاصرين‬
أطفال مضايا نتيجة الجوع ..

 
 

Les jours suivants, les signes de la famine en cours se multiplient sur Twitter (mais aussi des fakes). Un infirmier syrien envoie plusieurs preuves à une correspondante de ABC News :

 

Permalien de l'image intégrée

Permalien de l'image intégrée

Permalien de l'image intégrée

The aid still hasn't reached & the horror continues. New photos from hardworking medical team inside

 

 

« Toujours pas d’aide humanitaire à Madaya, l’horreur continue. »

 

Un homme, se présentant comme un aide-soignant dans un hôpital de la ville, capture ces images :

 

 

 

Des images de bouffe sordides

En parallèle de la diffusion de ces images, un autre hashtag est partagé sur Twitter et sur Facebook : « #متضامن_مع_حصار_مضايا » en arabe, à traduire en français par « Je soutiens le blocus contre Madaya ».

L’idée, sordide, consiste à poster une image de repas faste et copieux, accompagnée de ce hashtag. Plusieurs internautes arabophones se prêtent au jeu. Il semblerait qu’il s’agisse à chaque fois de partisans du régime de Bachar el-Assad ou du Hezbollah libanais.

Comme cet utilisateur Facebook, dont la photo de profil est à l’effigie de Bachar el-Assad et de son père, Hafez el-Assad :

« Poisson et entrées.
JeSoutiensLeBlocusContreMadaya »

 

تنابل آل سعود متضامنين مع حصار مضايا
و شو وقفت علينا؟
و قال حتطين الحق عالشيعة و جمهور حزب الله قال 😂😂😂😂😂😂
‫#‏متضامن_مع_حصار_مضايا‬

 
 
 
 

Repérés par le site Beirut Syndrome, certains internautes ont diffusé des photos de squelettes (effacés depuis, mais accessibles en cache).

Tweet de @zeinabatallah22

Tweet de @zeinabatallah22

« Une femme de Madaya attendant son homme »

« J’ai trouvé l’homme en question. »

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 14:05

 

Source : http://gard.demosphere.eu/rv/2881

 

 

samedi 30 janvier 2016 à 10h

 

Vivre c'est un art. Vive la paix

L'Association Alter Anagia en partenariat avec la Mairie de Saint Dionisy organise le Samedi 30 janvier 2016 au Foyer de Saint Dionisy une journée, autour du thème : Vivre c'est un art . Vive la Paix ! Tout un programme ! Entrée 12€ . gratuit jusqu'à 16 ans . Réservation obligatoire en ligne ou par télépnone 0633734962 ou réservation en ligne

La paix est une denrée rare ? Depuis quand la paix est une option au bien être de la planète ? Existe-t-il une école de la paix ? Comment parler de paix sans parler de guerre ? La paix est il une notion abstraite ? J'ai des médicaments et souhaite les acheminer a ceux qui en ont besoin, comment faire ? Et les enfants au milieu de tout ça ?

Pourquoi avons-nous organisé cette journée ? D'une part pour vous faire découvrir des actions de paix autour de vous et d'autre part réunir des dons qui seront destinés à aider des enfants victimes de guerre. Nous avons pensé aux enfants qui sont au milieu des situations difficiles victimes directes et indirectes de la guerre.

Pendant cette journée , vous pourrez rencontrer des associations dont leurs actions humanitaires sont de grande importance pour aider , soulager, soigner et entretenir avec tous les êtres en dialogue de solidarité et respect des droits de l'homme.

Notre but c'est de vous faire découvrir, vous inciter à pratiquer la non-violence comme mode de vie et aussi de partager avec nous vos opinions vos suggestions et votre savoir-faire. Sous la forme d'un atelier de découverte pour grands et petits Alter Anagia vous présentera tout au long de la journée les associations humanitaires de votre entourage.

Puis le soir nous partagerons ensemble un repas tiré du sac , histoire de créer une ambiance de convivialité. Et pour clore la journée nous avons invité un groupe de 4 musiciens latino-américains qui joueront et chanterons de la Salsa des Caraïbes. Vous apprendrez à danser la salsa et vous rirez de vous-même si jamais vous pensez que vous vous ne vous bougez pas assez ! Fêtons ensemble la Paix !

Comment pouvez-vous nous aider ? Bien sûr avec votre présence et votre générosité en réservant vos places . En tant que bénévole, disposer des chaises et des tables. Participer avec vos idées et votre expérience. Diffuser cette informations autour de vous. Nous attendons plus de 100 personnes pour une action top réussite !

La réussite de cette action dépend du nombre des inscriptions à cette journée. Pour participer il est nécessaire de vous inscrire . Cela nous permettra de moins stresser et de mieux organiser la salle du foyer de Saint Dionisy, le covoiturage et les boissons.

.Qui participe à cette action: La CIMADE , Terre des enfants , LDH , Unicef , Pharmacie Humanitaire Internationale , Les petits bonheurs, les amis Quakers de Congénies. Amnesty Internationale , La maison ouverte , le groupe Salsa La YEMA et Alter Anagia alternatives intercommunales.

Programme : http://vaunage.net/vca-affiche-web.pdf

Affiche Concert http://vaunage.net/affichelayema02a.pdf

document au format PDF:


document au format PDF:

Source : http://vaunage.net/vca-affiche-web.pdf
Source : message reçu le 12 janvier 00h

 

 

Source : http://gard.demosphere.eu/rv/2881

 

 

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